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MARDI 22 MAI 2007 Munyurangabo El Baño del Papa Marjane Satrapi Petite/Grande Histoire MÁSyMÁS Plus de jeunes talents, plus d’histoires ENGLISH VERSION ONLINE: WWW.NISIMASA.COM #2

MAS Y MAS #2 - Petite_Grande Histoire (fr)

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MAS Y MAS #2 - Petite_Grande Histoire (fr)

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Mardi 22 Mai 2007

MunyurangaboEl Baño del PapaMarjane Satrapi

Petite/Grande Histoire

MÁS y MÁSPlus de jeunes talents, plus d’histoires

English vErsion onlinE: www.nisiMasa.coM

#2

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Carte blanche NISI MASA à Cannes46ème Semaine Internationale de la Critique

Festival de CannesMercredi 23 mai 2007 à 15h

Espace Miramar – 35, rue Pasteur

Programme: 20 visions de Paris

Paris Vitrine / 6ème, Pablo Sánchez & Román Perona (Espa-gne, 2006, 4’38’’)Un gros quartier pourri / 13ème, Alkistis Tsitouri & Photis Millionis (Grèce, 2006, 2’26’’)La Commune / 20ème, Alexander Richter (Allemagne, 2006, 1’54’’)

Survive Style

Some senses, some cities, Ljiljana Cavic (Serbie, 2006, 8’)Travelling, Antonio Gabelic (Croatie, 2007, 4’)

DOKO YOMI – Documenting Kosovo’s Youth of Mitrovica

In Cage, Zivko Grozdanoski (Macédoine, 2006, 3’10’’)Road to Home, Sami Mustafa (Kosovo, 2006, 8’09’’)

Concours européen de scénarios

Lodka / A Boat, Michal Szczesniak (Pologne, 2006, 16’32’’)Soir bleu, Arnaud Bénoliel (France, 2006, 16’)If I fall, Hannaleena Hauru (Finlande, 2007, 11’33’’, première)

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Edito

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Une leçon poUr le cinéma français

Les chevaux de John Wayne galopaient par ici hier soir...

Auschwitz appréhendé du point de vue d’un jeune allemand déso-

rienté (Am Ende kommen die Touris-ten). La visite du Pape dans un village uruguayen comme moteur d’une chro-nique néoréaliste à bicyclette (El Baño del Papa). Le génocide rwandais évoqué par le biais d’une amitié maléfique et vengeresse (Munyurangabo). L’inter-vention de l’OTAN au Kosovo, toile de fond d’une bouffonnerie villageoise roumaine (California Dreamin’). Un at-tentat à la bombe comme pivot de la vie d’une femme madrilène (La Soledad). Concours de circonstances ou résultat d’une ligne éditoriale? Toujours est-il que la sélection d’Un Certain Regard

interroge avec force et bien plus que les autres sections cannoises, la nature des multiples liens possibles entre grande et petite histoire. Du fait même de leur diversité stylistique et d’approche, ces films véhiculent des lectures et des visions très différentes de l’Histoire. Tantôt chaotique, tantôt déterministe, voire cyclique. Accordant une marge de liberté plus ou moins restreinte à ses principaux protagonistes. Il n’empêche.

Aussi soumises soient-elles aux sou-bresauts de l’Histoire, les petites histoi-res ont toujours leur place au cinéma. Pour les réalisateurs, se confronter à l’Histoire passe inévitablement par une série d’interrogations : Comment abor-

der un événement historique par l’outil fictionnel? Comment donner à voir une communauté de destins à travers des parcours individuels? Quels enjeux amènent la revisite d’un passé plus ou moins proche? Toutes ces questions sont évidemment passionnantes.

Ces films, chacun à leur manière, sont nécessaires. A l’heure où le cinéma français non seulement se dépolitise, mais a tendance à vider ses histoires de leur substance historique, ces nouvelles en provenance des quatre coins de la planète tracent des voies à suivre. Pour éviter que Indigènes ne soit l’arbre qui cache le désert.

Cliché du jourCliché du iour

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Ce premier long-métrage, présenté à Un Certain

Regard, et réalisé par César Charlone et Enrique Fernan-dez, nous révèle la chronique des habitants de Melo. Dans ce petit village uruguayen, proche de la frontière brési-lienne, les habitants sont per-suadés que la halte annoncée de Jean-Paul II dans leur vil-lage va leur amener des mil-liers de pèlerins affamés et assoiffés. Ils se ruinent donc en provisions, chorizos et galettes. Tous commerçants, tous riches demain. L’un d’eux, Beto, songe à construi-re des toilettes payantes pour écluser les liquides dispensés par d’autres.

L’ouverture du film est du genre documentaire. Les sublimes images de César Charlone (à qui l’on doit la photo de La Cité de Dieu) nous emportent immédiate-

ment dans l’univers du film. Des jeux d’ombres sur les personnes qui pédalent leurs vélos, et le son de respiration en voix-off, nous introdui-sent ainsi dans l’univers de ces petits gens, dans leurs voyages d’espoir. Ce plan sé-quence remarquable s’achève avec le passage d’un moteur, révélant des contrebandiers en vélos qui traversent la frontière entre Brésil et Uruguay pour importer des aliments dans leurs villages. Aussi bien pour les contre-bandiers que pour les pèle-rins, il s’agit d’un voyage vers l’espoir. Dans le village de Melo, « que Dieu a oublié», les villageois préparent des aliments pour lesquels ils in-vestissent toute leur vie, leurs économies pour sortir de la misère. Le scénario du film se centralise sur l’arrivée du Pape, cet homme « attendu»

et « invisible » qui va leur offrir une « vie prospère». Le personnage de Beto, un-fou furieux ayant la rage de réussir, nous emporte dans son délire d’idées ingénieu-ses. Son jeu si naturel laisse bouche bée.

Sur un mode tragi-co-mique, le film se construit ainsi sur l’espoir de ces gens, sur une arrivée qui pourrait changer leurs vies. Malheu-reusement, le message du film est aussi celui-là : «il ne suffit pas seulement de travailler pour gagner de l’argent». C’est une histoire très touchante, de dignité et de solidarité, mélangeant les grands espoirs d’un peuple qui veut changer son destin, et racontée à la lueur néo-réaliste.

El Baño del Papa

azra Deniz okyay

césar charlone et enriqUe fernanDez,UrUgUay, Ucr

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Am Ende Kommen Touristenrobert thalheim, allemagne, Ucr

laUre croiset

Munyurangabo (Liberation Day)lee isaac chUng, etats-Unis, Ucr

laUre croiset

Ouverture. Telle pourrait être la thé-matique principale des films sélec-

tionnés à Un Certain Regard. Un jeune réalisateur américain d’origine coréenne choisit l’angle du génocide au Rwanda pour dépeindre l’impact de l’Histoire sur le destin individuel de deux jeunes hommes. Une histoire tragique dont la machette représente à la fois le point d’orgue du récit et la fugacité de ces massacres.

A la base, Sangwa et Ngabo, tous deux amis, partent de Kigali pour cher-cher du « travail ». Ils rejoignent la fa-mille de Sangwa. Mais le constat est là. Le village a changé. Le père de Sangwa aussi. La maladie, le désespoir ont ga-gné du terrain. L’ami d’enfance de San-

gwa lui révèle les tueries qui ont eu lieu ici. Sangwa n’ose y croire. Le désarroi se lit sur son visage. Pourtant, très vite, on découvre la réelle teneur du voyage de ces deux jeunes hommes. Ngabo a pour unique objectif de tuer un homme qui serait à l’origine de la mort de son père. Le rapport de force s’inverse. Le danger plane. D’un coup, Ngabo pro-nonce le terme de «génocide». On entre au cœur du sujet. L’Histoire fait irrup-tion dans la vie de ces jeunes hommes. Un événement vient ternir cette amitié. Avec subtilité et audace, le récit ga-gne en épaisseur et la machette refait surface. Le père, désespéré, intervient auprès de son fils et lui partage son ex-périence : « Ce garçon, tu ne sais donc

pas qu’il est Tutsi? Ignores-tu que les Tutsis sont mauvais? Ils ont massacré notre peuple. Maintenant, je souffre à cause d’eux. Ils ont essayé de m’empri-sonner malgré mon âge. Les Hutus et les Tutsis sont des ennemis. L’ignores-tu? » Désormais, Sangwa doit choisir son camp. Trahir les siens ou préserver son amitié. Le dispositif scénaristique privilégie le dialogue aux images de ces massacres. Le point de vue de l’auteur n’est pas le génocide, mais ses consé-quences. Le champ de la réf lexion est alors ouvert. Le film aurait gagné à être moins didactique mais l’émotion reste intacte. Et on ne peut que saluer un tel esprit d’ouverture sur les images du monde.

Mais que va donc cher-cher un jeune Alle-

mand à Auschwitz? Evoca-tion d’une jeunesse errante, Am Ende Kommen Touristen appuie là où ça fait mal. Là où les traces de l’Histoire, peu à peu, se dissipent. Tel sera le sort de la valise de Krzeminski, survivant d’Aus-chwitz. Une valise refusée par les conservateurs du musée, tant le temps a effacé toutes empreintes historiques. Abî-mée, niée, rejetée, cette valise symbolise ce passé tragique contre lequel il est bien diffi-cile de se battre.

Robert Thalheim, jeune auteur remarqué avec son

premier long métrage Tout ira bien (sorti le 16 mai en France), l’histoire d’un jeu-ne loser rêveur et solitaire, s’inscrit dans la lignée du cinéma allemand contempo-rain, s’emparant de l’histoire germanique avec un regard léger et déculpabilisé. Le réalisateur s’est inspiré de ses années de service civil passées en Pologne pour re-later le récit de Sven, jeune Allemand qui a choisi de faire son volontariat à Aus-chwitz. Errant tant bien que mal dans cette ville où tout est histoire, le voilà confron-té au passé de son pays. Il est interloqué par la violence des

propos qu’un jeune Polonais lui tient dans un bar : « Hé les gars, l’armée allemande est de retour à Auschwit ! » L’incident est clos. Sven reste impassible, dissipé par la jeune guide Polonaise Ania. Il se détache de Krzeminski qu’il trouve rébarbatif et pointilleux et semble ébahi lorsqu’il l’entend prononcer une phrase en allemand. Il faudra attendre une rencon-tre entre le rescapé et des étudiants allemands pour que la réalité historique re-fasse surface chez ce volon-taire. Un jeune questionne le vieillard « A-t-il réellement eu un numéro? ». Sven ouvre

alors les yeux. Il questionne Ania sur la difficulté de vi-vre au quotidien dans cet endroit où les pires atrocités humaines ont eu lieu. Elle lui rétorque immédiatement: « Et toi, que ressens-tu en tant qu’Allemand? ».

Sous des abords légers, Am Ende Kommen Touris-ten provoque et questionne la jeune génération. Ne pas devenir un simple touriste, mais agir en tant que citoyen, conscient de la réalité histo-rique de son pays, tout en se tournant vers l’avenir…Vaste programme pour la jeunesse européenne.

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Jeune artiste et réalisatrice finlandaise Marja Mikko-

nen (née en 1979) sera pré-sentée demain à la Cinéfon-dation avec son nouveau film Rondo (2006). Elle a déjà été à Cannes avec son film ex-périmental très apprécié 99 Years of My Life (2003). Etant enseignée comme artiste de performance ainsi qu’en Maitrise en Beaux Arts, elle utilise une variété de formes médiatiques dans ses œuvres, tels que le vidéo, l’installa-tion, le son, la photographie et la performance en directe.

Rondo est un film non-narratif dans lequel les per-sonnages, les motifs visuels et la musique et la bande son composent une sensation rêveuse, peut être celle de la mémoire. Le film excelle à créer une émotion profonde, néanmoins un peu f lue, semblable à quand on essaye de se souvenir de quelque chose dans le passée. Après l’avoir regardé, le spectateur

cherche à le retracer dans une situation concrète, mais c’est aussi impossible que d’essayer de se rappeler du passée exactement tel qu’il était vraiment.

Mikkonen explique que l’origine du film vient des idées visuelles et une cer-taine émotion : « Les souve-nirs, et l’acte de se souvenir de quelque chose, ont eu un rôle important dans mes œuvres. Mon approche à la création artistique est plutôt personnelle, Je le fait de mes expériences personnelles de la vie ». Peut-être que c’est de là que les thèmes du mémoi-re et du changement aient étés apportés à ce travail. Le synopsis nous informe que le film cherche à décrire l’état de l’esprit d’un individu qui se trouve entre évènements, éprouvant un moment d’in-certitude. La tentative est plutôt convaincante.

La vie est un spectacle! Voilà ce qu’apprendra le

spectateur en regardant All that Jazz. Joe Gideon, un metteur en scène, doit créer une comédie musicale pour la produire à Broadway. En-tre manque d’inspiration et peur d’échouer, il se plonge corps et âme dans le travail, négligeant ainsi tout le reste. Sa vie de famille est un échec, il trompe sa femme, il consa-cre peu de temps à sa fille et s’encombre de trop nombreu-ses maitresses. Mais cet hom-

me qui semble bien loin du bonheur va enfin trouver du réconfort quand il apprend que la vie qu’il mène va finir par le tuer. L’excès de drogue et d’alcool va le conduire à converser avec la mort. C’est là qu’il dresse un portrait de son existence. Cette existence qui n’a été, en somme, qu’une grande scène.

Ce film, Palme d’or à Cannes en 1980, apparaît encore aujourd’hui comme une œuvre au centre des pré-occupations intemporelles

de l’homme. Si la peur de la mort est une donnée om-niprésente dans l’œuvre de Bob Fosse, elle est à prendre avec un certain épicurisme. Ce qui compte, c’est en ef-fet le moment présent et les bonheurs de la vie. Si le film évoque avec un certain hu-mour que l’homme n’est pas Dieu et que de ce fait chacun mourra un jour, Bob Fosse rajoute que le deuil peut être vécu comme une grande fête permettant ainsi de célébrer la tombée de rideau !

Le réalisateur devait alors avoir conscience, en présentant son film en 1980, du caractère autobiographi-que que cette œuvre allait finalement revêtir. En effet, mort en 1987 d’épuisement au travail, cet illustre met-teur en scène laisse derrière lui une riche filmographie comme un éternel héritage festif repris très récemment par Rob Marshall dans son excellent Chicago. « And the show must go on! »

All that Jazzbob fosse, etats-Unis, cinéma De la plage

alexis cathala

marja mikkonen, finlanDe, cinéfonDation

mikko remes

RondoCourt:

Flashback

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Trois questions àelsa poUDoU

propos recUeillis par thibaUt solano

Rencontre professionnelle: laUre garDette, chef monteUse

Una gUnjak

Laure Gardette est venue présenter le travail de

post-production au cours de la deuxième rencontre professionnelle avec les par-ticipants des 60 à Cannes. Après avoir travaillé avec les réalisateurs tels que Maïwen Le Besco et Daniel Karlin, elle présente un film en tant que monteuse Caramel, une production franco-libanaise dans la sélection Un Certain Regard.

Son parcours de monteuse s’est construit autour d’une

passion, dont elle n’était pas consciente étant jeune. Elle n’a pas fait d’école de cinéma, mais elle s’est formée toute seule, en fréquentant des laboratoires et les ateliers de cinéma et, en découpant les courts-métrages de ses amis. Ne voulant pas faire l’assis-tant-monteuse, cette femme s’est formée sur le tas.

Le travail de mon-tage très captivant, il exige beaucoup d’investissement intellectuel et beaucoup de concentration. Un dialogue

s’installe entre les images, le réalisateur et la monteuse. Elle doit y être attentive afin de construire le film. La chef monteuse insiste sur le rapport fondamental de confiance entre le réalisa-teur et le chef monteur. Le réalisateur est un guide pour le monteur et le monteur est le soutien moral et psychi-que du réalisateur. Ce qu’elle trouve surtout exceptionnel dans le montage, c’est le processus de réécriture. La structure du scénario peut

changer du tout au tout dans le montage. Il se rapproche en cela de l’écriture de scé-nario.

Il est enthousiasmant de voir la passion et l’engage-ment de cette femme lors-qu’elle évoque sa profession. Ses deux conseils : avoir un bon assistant et ne pas négli-ger le rôle des projections. Elle confie que même avec sa riche expérience, elle appré-hendera toujours la présen-tation de chaque film qu’elle monte.

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asse lecklin

Décoratrice et accessoiriste sur des courts-métrages, cette jeune femme de 24 ans est l’une des sept membres du Jury Jeunes de Cannes.

Un titre de film pour évoquer ton ex-périence au sein du Jury Jeunes ?

La vie est belle. On a une chance inouïe de voir des films en avant-pre-mière dans des conditions exception-nelles. Je prends ça comme un cadeau même si j’essaie de rester concentrée pour juger les films à leur juste valeur.

C’est vrai que certaines journées sont assez dures, quand on enchaîne cinq projections à la suite. Mais tout de même, dès que l’on rentre dans une salle, on est content. Surtout qu’il n’y a pas deux films qui se ressemblent.

Un titre de film pour évoquer le festi-val de Cannes ?

Soleil trompeur. Pour la plupart des gens, Cannes, ce sont des stars qui montent des marches en Gucci, en Pra-da... Il y a des fêtes partout, on voudrait donner l’illusion d’un monde magique, parfait mais c’est faux. Le festival que l’on vit n’a rien à voir avec ça. Les stars et les paillettes, on ne le voit que de loin alors qu’on vit de très beaux moments en découvrant des petits films. Le soleil n’est pas là où l’on croit : il est dans les salles obscures.

Un film pour résumer ta passion du cinéma ?

Le voleur de bicyclette. Tout ce film est basé sur le vol d’une bicyclette et pourtant, pendant deux heures, il y a une tension énorme. C’est conforme à l’idée que je me fais du pouvoir du ci-néma. C’est à dire créer de l’émerveille-ment, de grandes émotions autour de choses simples.

Flashback

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Téhéran, 1978, capitale en proie aux changements

politiques et aux agitations sociales. Marjane, huit ans, fille unique d’une famille aisée, témoigne de cette épo-que d’un regard jeune, rêveur mais loin d’être naïf. Au fil de ses anniversaires, les pérégri-nations de Marjane nous en-trainent dans les rapports hu-mains, les débats politiques, les questionnements sociaux tourmentant la diaspora ira-nienne. Marjane, c’est Mar-jane Satrapi, mais c’est aussi Persépolis, une bande dessi-née à succès des années 2000. Aujourd’hui, après plusieurs années de réflexion, d’écritu-re et de création, les planches s’animent pour une première projection cet après-midi au Théâtre Lumière.

Fonceuse, indépendante, critique, énergique, la belle et charmante iranienne Marja-ne Satrapi présente l’adapta-tion au cinéma de ses quatre albums autobiographiques. Une femme de 38 ans peu ordinaire de part son passé, ses passions, ses valeurs et ses dons particuliers. Oui, une dessinatrice engagée, une historienne humaniste,

une pacifiste convaincue !Née à Racht, petite ville

au bord de la Mer Caspienne, Marjane grandit à Téhéran. Suite à la Révolution Islami-que, elle est envoyée à 14 ans par ses parents à Vienne pour terminer ses études. Ayant un penchant pour le graphisme, elle déménage à Strasbourg pour étudier aux Arts Déco. Elle aime griffonner, expé-rimenter, créer. Suivant son instinct, elle part travailler à l’Atelier des Vosges (Paris), où elle rencontre des dessi-nateurs contemporains tels que Christophe Blain (Isaac le Pirate) ou David B. (l’As-cension du Haut Mal). Ces auteurs deviendront petit à petit de vrais amis, des sour-ces d’inspiration et surtout les déclencheurs de sa car-rière d’auteur, de conteuses d’histoires.

Forte du soutien de son éditeur, l’Association, et grâce à son talent Persépolis voit le jour en 2000. Au fil des années, trois tomes sui-vront. Quatre étapes de son histoire personnelle, contées avec un coup de crayon épuré, stylisé, efficace et concis. L’Histoire iranienne

se déroule sous nos yeux, à travers ceux d’une petite fille grandissant sous différents régimes. Fuyant les préjugés des Mollahs, elle se retrouve confrontée aux préjugés des Européens sur l’Iran et l’Is-lam. Et le message passe : simple, politique, didactique, touchant. A la hauteur de son caractère entier. Ce qu’il y a d’unique chez Marjane, ce sont ses souvenirs. Héri-tage de son passé, ce travail de mémoire, d’une concision impressionnante, lui donne la matière première de ses histoires.

Franche, exigeante, fière, pédagogue, généreuse, té-méraire, discrète, Marjane Satrapi est une femme de cœur. Ça y est Marjane, « le mois qui n’arrive jamais » est là ! Doux mois de mai car sûrement demain sera plus facile, soucis envolés ou du moins remplacés par d’autres… Et la spectatrice que je suis attend avec impa-tience l’entrée dans la salle, la venue de l’obscurité pour s’entendre susurrer à l’oreille : « Viens, viens, je vais te ra-conter une histoire…»

marjane satrapiPo

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fanny boUlloUD

MÁS y MÁS est un magazine gratuit publié par l’association NISI MASA avec le soutien du Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. REDACTION Rédacteur en chef Matthieu Darras Secrétaire de rédaction Joanna Gallardo Maquettiste Lasse Lecklin, [email protected] Ont contribué à ce numéro: Mercedes Alvarez, Fanny Boulloud, Alexis Cathala, Laure Croiset, Una Gunjak, Judy Lister, Azra Deniz Okyay, Mikko Remes, Thibault Solano Fabrication – Imprimerie Cyclone, 12 rue des Mimosas, 06400 Cannes. NISI MASA 10 rue de l’Echiquier, 75010, Paris – + 33 (0)1 53 34 62 78, + 33 (0)6 32 61 70 26