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Master Reference Comment identifier un trouble spécifique du langage oral chez un enfant bilingue séquentiel ? DUMOULIN, Florence Abstract Dans le cadre d’un programme de recherche européen (COST), des études sont actuellement en cours pour développer des outils d’évaluation du langage oral spécifiques aux enfants bilingues. Plusieurs outils ont déjà été proposés pour identifier un trouble spécifique du langage (TSL) chez les enfants bilingues simultanés, enfants qui acquièrent simultanément deux langues à un âge précoce. Dans le cadre du bilinguisme séquentiel (acquisition tardive de la seconde langue), une difficulté supplémentaire s’ajoute à l’identification d’un TSL. En effet, un enfant bilingue séquentiel au développement typique rencontre des difficultés très proches de celles d’un enfant monolingue avec un TSL. L’objectif de notre étude est d’évaluer si l’application des outils déjà proposés par les auteurs du programme COST est possible dans une situation de bilinguisme séquentiel... DUMOULIN, Florence. Comment identifier un trouble spécifique du langage oral chez un enfant bilingue séquentiel ?. Maîtrise : Univ. Genève, 2015 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:76155 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1 / 1

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Master

Reference

Comment identifier un trouble spécifique du langage oral chez un

enfant bilingue séquentiel ?

DUMOULIN, Florence

Abstract

Dans le cadre d’un programme de recherche européen (COST), des études sont actuellement

en cours pour développer des outils d’évaluation du langage oral spécifiques aux enfants

bilingues. Plusieurs outils ont déjà été proposés pour identifier un trouble spécifique du

langage (TSL) chez les enfants bilingues simultanés, enfants qui acquièrent simultanément

deux langues à un âge précoce. Dans le cadre du bilinguisme séquentiel (acquisition tardive

de la seconde langue), une difficulté supplémentaire s’ajoute à l’identification d’un TSL. En

effet, un enfant bilingue séquentiel au développement typique rencontre des difficultés très

proches de celles d’un enfant monolingue avec un TSL. L’objectif de notre étude est d’évaluer

si l’application des outils déjà proposés par les auteurs du programme COST est possible

dans une situation de bilinguisme séquentiel...

DUMOULIN, Florence. Comment identifier un trouble spécifique du langage oral chez

un enfant bilingue séquentiel ?. Maîtrise : Univ. Genève, 2015

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:76155

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MAITRÎSE UNIVERSITAIRE EN LOGOPÉDIE

Section de Psychologie

Comment identifier un trouble spécifique du langage oral chez un enfant bilingue séquentiel ?

Mémoire réalisé par Florence Dumoulin

Septembre 2015

Rédigé sous la direction du Docteur Hélène Delage Jury : Docteur Hélène Delage, Professeur Ulrich Frauenfelder, Professeur Philippe Prévost

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Remerciements

Je tiens tout d ’abord à remercier sincèrement Hé lène Delage pour son

encadrement de qualité , ses précieux conseils , sa disponibilité ainsi que pour

ses encouragements apportés durant la réalisation de ce travail .

Je remercie cordialement toutes les logopédistes qui ont porté un intérêt à

notre étude et qui nous ont mis en contact avec les enfants.

J ’adresse aussi mes remerciements chaleureux aux enfants et à leurs

parents, sans qui cette étude n ’aurait pas pu aboutir.

Un grand merci au Professeur Philippe Prévost pour sa contribution à la

construction méthodologique de cette étude ainsi que pour sa disponibilité et

pour toutes ses précieuses explications.

Je remercie aussi Cédrine Sublet Van-Kerckhoven pour la collaboration

partagée durant ces deux années et pour l ’aide qu ’elle a pu m ’apporter en

répondant à mes questions dans les moments de doute.

Finalement, je remercie de tout cœur mes proches pour leur patience et leur

soutien en toutes circonstances.

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Résumé

Dans le cadre d’un programme de recherche européen (COST), des études sont

actuellement en cours pour développer des outils d’évaluation du langage oral spécifiques

aux enfants bilingues. Plusieurs outils ont déjà été proposés pour identifier un trouble

spécifique du langage (TSL) chez les enfants bilingues simultanés, enfants qui acquièrent

simultanément deux langues à un âge précoce. Dans le cadre du bilinguisme séquentiel

(acquisition tardive de la seconde langue), une difficulté supplémentaire s’ajoute à

l’identification d’un TSL. En effet, un enfant bilingue séquentiel au développement typique

rencontre des difficultés très proches de celles d’un enfant monolingue avec un TSL.

L’objectif de notre étude est d’évaluer si l’application des outils déjà proposés par les auteurs

du programme COST est possible dans une situation de bilinguisme séquentiel. Nous avons

donc tenté de déterminer dans quelle mesure l’utilisation d’un questionnaire parental, d’une

tâche de répétition de non-mots et d’une tâche de répétition de phrases peut servir à identifier

un TSL chez des enfants bilingues séquentiels. Pour ce faire, nous avons comparé les

performances sur ces tâches de 61 enfants (âge moyen = 6;8 ans) dont 20 enfants bilingues

séquentiels avec un TSL, 13 enfants bilingues simultanés avec un TSL, 8 enfants bilingues

séquentiels au développement typique et 20 enfants bilingues simultanés au développement

typique. Nous avons aussi testé ces enfants via des tâches standardisées. Les résultats mettent

en évidence des différences significatives entre les enfants Bi-TSL séquentiels et les enfants

Bi-TD séquentiels pour le questionnaire parental, la tâche de répétition de non-mots et la

tâche de répétition de phrases. Ceci suggère que ces outils permettent d’identifier

efficacement un TSL chez les enfants bilingues séquentiels. De plus, la comparaison entre les

résultats des enfants Bi-TSL séquentiels et ceux des enfants Bi-TSL simultanés ne démontre

aucune différence significative (sur aucune des tâches), ce qui suggère que l’âge plus ou

moins tardif du premier contact avec la L2 n’influence pas les performances des enfants

présentant un TSL. Ainsi, les outils proposés dans cette étude semblent être applicables aux

contextes de bilinguisme séquentiel tout comme aux situations de bilinguisme simultané. De

ces résultats découlent de fortes implications cliniques : ces outils d’évaluation ayant été

créés dans le but d’être diffusés aux logopédistes professionnels.

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Table des matières

LISTE DES ABRÉVIATIONS  .....................................................................................................  1  

INTRODUCTION  .........................................................................................................................  2  

1. PARTIE THÉORIQUE  ......................................................................................................  3  

1.1 BILINGUISME ET TROUBLE SPÉCIFIQUE DU LANGAGE ................................................... 3

1.1.1  Bilinguisme    .....................................................................................................................  3  

1.1.1.1 Caractéristiques générales  ...............................................................................  3      

1.1.1.2 Développement du langage dans un contexte de bilinguisme  ....................  5      

1.1.2  Trouble  spécifique  du  langage    .......................................................................................  7  

1.1.3  Similitudes  entre  les  enfants  bilingues  séquentiels  au  développement  typique  

  et  les  enfants  monolingues  présentant  un  TSL      .......................................................................  11  

1.2 BILINGUISME ET DIAGNOSTIC DU TSL ........................................................................ 14

1.2.1  Evaluation  de  l’enfant  bilingue  séquentiel  avec  un  TSL    ...............................................  14  

1.2.2  Le  programme  COST  :  développement  de  nouveaux  outils  d’évaluation    .....................  18  

1.2.3  Recherche  de  marqueurs  cliniques    ..............................................................................  20  

1.3 PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES THÉORIQUES ....................................................... 23

2. MÉTHODOLOGIE  ...........................................................................................................  25  

2.1 POPULATION ........................................................................................................... 25

2.2 MATÉRIEL ............................................................................................................... 28

2.2.1  Questionnaire  parental    ................................................................................................  29  

2.2.2  Evaluation  de  la  phonologie  .........................................................................................  30  

2.2.3  Evaluation  du  lexique  ....................................................................................................  31  

2.2.4  Evaluation  de  la  morphosyntaxe    .................................................................................  31  

2.3 DÉROULEMENT DES PASSATIONS ............................................................................. 33

2.4 HYPOTHÈSES OPÉRATIONNELLES ............................................................................ 34

3. RÉSULTATS  ....................................................................................................................  36  

3.1 DISTRIBUTION DES DONNÉES ................................................................................... 36

3.2 HYPOTHÈSE H1 : PERTINENCE DU QUESTIONNAIRE PABIQ ......................................... 37

3.3 HYPOTHÈSE H2 : PERTINENCE D’UNE TÂCHE DE RÉPÉTITION DE NON-MOTS ............... 39

3.4 HYPOTHÈSE H3 : PERTINENCE D’UNE TÂCHE DE RÉPÉTITION DE PHRASES ................. 42

3.5 HYPOTHÈSE H4 : EFFET DE L’ÂGE DU PREMIER CONTACT AVEC LE FRANÇAIS ............ 44

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4. DISCUSSION  ...................................................................................................................  46  

4.1 RETOUR SUR LES RÉSULTATS OBTENUS ................................................................... 47

4.1.1  Pertinence  du  questionnaire  PaBiQ    .............................................................................  47  

4.1.2  Pertinence  d’une  tâche  de  répétition  de  non-­‐mots  .......................................................  49  

4.1.3  Pertinence  d’une  tâche  de  répétition  de  phrases  ..........................................................  50  

4.1.4  Effet  de  l’âge  du  premier  contact  avec  le  français    .......................................................  53  

4.2 IMPLICATIONS CLINIQUES ......................................................................................... 56

4.3 CONCLUSION GÉNÉRALE ET PERSPECTIVES ............................................................. 58

BIBLIOGRAPHIE  ........................................................................................................................  59  

ANNEXES  ....................................................................................................................................  66  

 

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Liste des abréviations

BILO Bilans Informatisés de Langage Oral

Bi-TD Bilingue au développement typique

Bi-TSL Bilingue avec un trouble spécifique du langage

COST European Cooperation in Science and Technology

L2 Deuxième langue

LexP Lexique en production

LexR Lexique en réception

MorSynP Morphosyntaxe en production

MorSynR Morphosyntaxe en réception

Mo-TD Monolingue au développement typique

Mo-TSL Monolingue avec un trouble spécifique du langage

NEEL Nouvelles Epreuves pour l’Examen du Langage

PaBiQ Questionnaire for Parents of Bilingual Children

RepMots Répétition de mots

RepNM Répétition de non-mots

RepPH Répétition de phrases

Séq Séquentiel

Sim Simultané

TD Développement typique

TSL Trouble spécifique du langage

VD Variable dépendante

VI Variable indépendante

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2  

Introduction

L’identification du trouble spécifique du langage (TSL) représente un réel défi chez

les enfants bilingues. En effet, la plupart des tests utilisés couramment en logopédie sont

standardisés sur des populations monolingues. Pourtant, la majorité des enfants sont

actuellement dans une situation de bilinguisme (Armon-Lotem, 2012). Dans le cadre d’un

programme de recherche européen (COST), plusieurs travaux récents ont tenté d’évaluer

l’efficacité de différentes tâches pour identifier un TSL chez des enfants apprenant le français

comme seconde langue (Prévost, 2013 ; Thordardottir & Brandeker, 2013 ; Grimm et al.

2014). Ces études portant en majorité sur des enfants bilingues simultanés, nous allons nous

intéresser plus particulièrement au cas du bilinguisme séquentiel (acquisition de la seconde

langue après la langue maternelle). En effet, ce type de bilinguisme semble induire certaines

difficultés dans le développement du langage, contrairement au bilinguisme simultané. Ainsi,

d’après plusieurs recherches, les enfants bilingues séquentiels au développement typique

(TD) rencontrent des difficultés langagières similaires (bien que transitoires) à celles des

enfants monolingues présentant un TSL (Paradis & Crago, 2000, 2004 ; Prévost et al. 2011 ;

Scheidnes, 2012) ce qui complique l’évaluation clinique du TSL chez les enfants bilingues

séquentiels. Pour cette raison, il est indispensable d’avoir accès à des informations précises

sur le développement langagier de l’enfant et sur les contextes d’utilisation de ses langues.

Les recherches actuelles ont d’ailleurs permis l’élaboration d’un questionnaire

parental pour récolter ces renseignements (Tuller et al. 2011). En parallèle, deux tâches ont

aussi été élaborées spécifiquement pour l’évaluation du langage chez les enfants bilingues. Il

s’agit d’une tâche de répétition de non-mots (Ferré & dos Santos, 2015) et d’une tâche de

répétition de phrases (Prévost et al. 2012). Leur efficacité ayant déjà été démontrée chez les

enfants bilingues simultanés, l’objectif de cette étude est d’évaluer la pertinence de ces outils

dans l’identification du TSL chez les enfants bilingues séquentiels. Pour ce faire, nous avons

comparé les performances sur ces tâches de 61 enfants bilingues : 20 enfants TSL

séquentiels, 13 enfants TSL simultanés, 20 enfants TD simultanés et 8 enfants TD

séquentiels.

Dans un premier temps, nous apporterons un éclairage théorique sur le bilinguisme et

le TSL ainsi que sur la problématique de l’évaluation du langage chez les enfants bilingues. À

la suite de cela, l’ensemble du protocole expérimental sera présenté ainsi que nos hypothèses

opérationnelles. Enfin, nous présenterons les résultats obtenus découlant de ces hypothèses

avant de les discuter dans la dernière partie.

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3  

1. Partie théorique 1.1. Bilinguisme et trouble spécifique du langage

1.1.1. Bilinguisme

1.1.1.1. Caractéristiques générales

Dans une perspective relativement large, le bilinguisme peut être considéré comme

l’utilisation quotidienne de deux ou plusieurs langues. Il n’implique pas forcément la

connaissance optimale et équitable de ces langues (Grosjean, 2002). En réalité, une personne

bilingue est rarement complètement fluente dans ses deux langues dans la mesure où chacune

d’elle est utilisée différemment selon des besoins et des situations différentes. C’est ce qu’on

appelle le principe de complémentarité. En d’autres termes, les bilingues acquièrent et

utilisent généralement leurs langues pour différentes raisons, dans des domaines de la vie

différents et avec des interlocuteurs différents (Grosjean, 2002). S’il est important

aujourd’hui de s’intéresser à la problématique du bilinguisme chez l’enfant, c’est surtout

parce qu’il est devenu la norme par rapport à la population d’enfants monolingues (Armon-

Lotem, 2012). La région genevoise n’échappe pas à ce phénomène puisque presque la moitié

des enfants scolarisés à Genève n’ont pas le français comme langue maternelle (Saada, 1999).

Le développement bilingue présente des caractéristiques uniques car l’acquisition de

la seconde langue (L2) peut être affectée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le

développement de la L2 dépend de l’âge auquel l’enfant y est exposé pour la première fois.

Comme le rapporte Scheidnes (2012) suite à sa revue de littérature, les enfants bilingues

maîtrisent mieux leur deuxième langue si l’exposition à celle-ci a commencé à un âge

précoce. Cependant, il n’existe pas de consensus dans la littérature actuelle quant à l’âge

exact qui représenterait la limite pour une acquisition optimale de la seconde langue.

Parallèlement à ce facteur, la durée d’exposition peut aussi introduire des variations

importantes dans l’acquisition et la maîtrise de la L2. En effet, comme le soulignent

Thordardottir & Brandeker (2013), plusieurs études ont montré que l’acquisition du langage

est affectée par la quantité d’exposition à la langue chez les bilingues. Par exemple,

Thordardottir (2011) a comparé les performances de 84 enfants dans une tâche évaluant le

vocabulaire en expression. Parmi ces 84 enfants, on trouve 9 enfants monolingues

francophones (âge moyen = 4;11 ans), 16 enfants monolingues anglophones (âge moyen =

4;10 ans) et 49 enfants bilingues français-anglais avec des durées d’exposition

différentes réparties de la façon suivante : 20 enfants avec une exposition plus importante au

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français qu’à l’anglais (âge moyen = 4;10 ans), 16 enfants avec une exposition plus

importante à l’anglais qu’au français (âge moyen = 4;8 ans) et 13 enfants avec des durées

d’exposition équivalentes entre les deux langues (âge moyen = 5 ans). Les résultats

démontrent que les performances en vocabulaire augmentent au fur et à mesure que la durée

d’exposition augmente. On peut donc légitimement se demander combien de temps

d’exposition serait nécessaire à un enfant bilingue pour atteindre des performances

équivalentes à celles d’un enfant monolingue. Le temps mis par un enfant bilingue pour

obtenir dans sa L2 les mêmes compétences que celles d’un enfant monolingue varie selon les

études. Il peut s’étendre de 4 à 8 ans pour la maîtrise du langage scolaire (Collier, 1989) et de

3 à 5 ans pour les habiletés conversationnelles de tous les jours (Hakuta et al. 2000), et ce,

pour un âge d’exposition tardif (début de l’acquisition de la L2 entre 4 et 11 ans). À côté de

cela, le développement du langage bilingue peut aussi être influencé par la quantité et la

qualité de l’exposition à la langue qui dépendent elles-mêmes du statut sociolinguistique de la

langue. Ainsi, une langue considérée comme minoritaire est peu utilisée par la population et

le système scolaire et peu valorisée par la société et les institutions (Paradis, 2010). C’est la

raison pour laquelle elle donne lieu à un nombre plus restreint d’opportunités d’utilisation par

rapport à une langue considérée comme majoritaire (Kohnert, 2010). Le statut

sociolinguistique de ses langues peut donc influencer l’acquisition du langage chez un enfant

bilingue. En effet, dans un contexte où l’enfant apprend une langue qui provient d’une

communauté minoritaire, il lui faudra plus de temps pour atteindre le niveau d’un monolingue

(Paradis, 2010). Tous ces facteurs de variations contribuent à rendre la population bilingue

très hétérogène.

Dans notre étude, nous allons surtout distinguer les enfants bilingues selon l’âge du

premier contact à la L2 (en l’occurrence le français). Dans cette optique, deux types de

bilinguisme peuvent être identifiés : le bilinguisme simultané et le bilinguisme séquentiel.

Les enfants concernés par le bilinguisme simultané sont confrontés aux deux langues dès la

naissance ; cette forme de bilinguisme correspond le plus souvent à une situation où les

membres de la famille s’adressent aux enfants dans deux langues différentes (Kohnert, 2010).

Quant au cas du bilinguisme séquentiel, il s’agit en principe de situations d’immigration. Ce

sont des enfants qui apprennent leur deuxième langue en entrant à l’école ou lorsqu’ils sont

soumis à un nombre croissant d’interactions avec la communauté dans laquelle ils sont en

voie d’être intégrés (Kohnert, 2010). Les avis dans la littérature divergent quant à savoir à

partir de quel moment le bilinguisme peut être considéré comme séquentiel. Par exemple,

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5  

selon Schwartz (2003), le bilinguisme peut être considéré comme séquentiel lorsque

l’apprentissage de la seconde langue commence à partir de 4 ans alors que selon Meisel

(2009), le seuil devrait être fixé à un premier contact à 2 ans. D’autres auteurs, comme

Thordardottir (2011), évoquent un seuil qui serait fixé à 3 ans. En tous les cas, il convient de

s’intéresser plus particulièrement au développement du langage dans ces deux situations

distinctes de bilinguisme.

1.1.1.2. Développement du langage dans un contexte de bilinguisme

Le développement du langage chez les enfants bilingues simultanés suit les mêmes

étapes de développement du langage que chez un enfant monolingue (Meisel, 2001). Ainsi,

d’après une étude réalisée sur 34 enfants bilingues simultanés au développement typique (Bi-

TD) parlant suédois et finlandais et sur 26 enfants monolingues suédois au développement

typique (Mo-TD), les performances des deux groupes sont similaires dans des épreuves

évaluant les versants expressifs et réceptifs du langage dans la tranche d’âge de 5 à 7 ans

(Korkman et al. 2012). Seule une différence est relevée dans la mesure des compétences en

vocabulaire, au détriment des enfants bilingues. Les enfants avec un bilinguisme simultané

ne présentent donc pas de retard (langagier) majeur par rapport aux enfants monolingues.

En revanche, dans le cadre du bilinguisme séquentiel, les enfants apprennent leur

seconde langue bien après la langue maternelle ; dès lors, on pourrait imaginer que ce type de

bilinguisme induit certaines difficultés par rapport au développement monolingue. Comme le

souligne Scheidnes (2012) dans sa thèse, la littérature actuelle sur le développement du

langage chez les enfants bilingues séquentiels porte essentiellement sur la morphosyntaxe, et

plus précisément sur les pronoms clitiques objets et la morphologie verbale. Nous allons donc

passer en revue quelques études qui se sont intéressées à ces aspects.

En premier lieu, les pronoms clitiques, qui font partie des pronoms personnels de la

langue française, sont ceux qui s’accrochent au verbe (devant lui) ou à l’auxiliaire et ne

peuvent en être séparés (Delage, 2008). Les pronoms clitiques objets induisent un

mouvement syntaxique : lors de la pronominalisation du groupe nominal COD, ils déplacent

ce groupe d’une position d’objet postverbale à une position préverbale (ex : Julie regarde un

chien / Julie le regarde). Plusieurs études se sont intéressées à l’utilisation de ces pronoms par

les enfants bilingues séquentiels. Par exemple, Grüter (2005) a testé 12 enfants monolingues

francophones de 6;7 ans et 7 enfants bilingues séquentiels de même âge de langue maternelle

anglaise développant le français comme seconde langue dans une tâche de production

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6  

élicitée. Les résultats montrent que les enfants bilingues séquentiels produisent beaucoup

moins de pronoms clitiques objets dans les contextes où ils sont requis et commettent

beaucoup plus d’omissions que les enfants monolingues. Paradis (2004) obtient le même

résultat en comparant 10 enfants bilingues séquentiels et 10 enfants monolingues appariés en

âge (âge moyen = 7 ans) grâce à une analyse de production spontanée. Les enfants bilingues

produisent seulement 41.5 % de pronoms clitiques objets dans les contextes où ils devraient

être utilisés, ce qui est largement en dessous des performances des enfants monolingues

(97.6%).

Les enfants bilingues séquentiels rencontrent aussi des difficultés spécifiques au

niveau de la production de la morphologie verbale. Ceci a notamment pu être mis en évidence

par Paradis (2005) qui a étudié l’utilisation des morphèmes grammaticaux chez 24 enfants

bilingues séquentiels de langues maternelles diverses1 (âgés entre 4;4 et 7;10 ans) apprenant

l’anglais comme seconde langue. Cette chercheuse a comparé les performances des enfants

bilingues par rapport aux normes des enfants monolingues anglophones dans des tâches de

langage standardisées mesurant la capacité à utiliser les morphèmes grammaticaux. Les

résultats montrent que les scores des enfants bilingues séquentiels sont largement inférieurs à

ceux correspondant aux normes monolingues. La comparaison entre les scores sur le –s

marqueur du pluriel en anglais (a book / two books) et le –s marqueur de la conjugaison de la

3ème personne du singulier (I walk / he walks) montre que les difficultés portent bien sur

l’aspect verbal car elles sont beaucoup plus importantes pour le second morphème marquant

la 3ème personne du singulier que pour le premier marquant le pluriel, alors qu’ils sont

homophones. De plus, dans cette étude, les enfants bilingues séquentiels rencontrent aussi des

difficultés spécifiques avec l’utilisation de l’auxiliaire « be » en anglais (he is walking).

Enfin, Paradis (2008) a comparé les performances de 9 enfants bilingues séquentiels chinois-

anglais   (d’abord à l’âge de 5;4 ans, puis à 6;6 ans et enfin à 7;1 ans) avec celles d’enfants

monolingues en utilisant des tâches standardisées de production élicitée de morphèmes

marqueurs de temps. Les résultats montrent que les scores des enfants bilingues séquentiels

sont en dessous de la norme monolingue lorsqu’on calcule le pourcentage de morphèmes

corrects, ceci à l’âge de 5;4 ans et à l’âge de 6;6 ans. À l’âge de 7;7 ans, les scores des enfants

bilingues séquentiels s’approchent de ceux des enfants monolingues mais se situent tout de

même encore à -1.5 écart-type de la moyenne.

                                                                                                                         

1 Coréen, mandarin, espagnol, roumain, arabe, japonais, cantonais, urkrainien, farsi, dari.

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7  

Ces recherches suggèrent que l’acquisition des morphèmes marqueurs de temps et des

clitiques objets est difficile chez les enfants bilingues séquentiels au développement typique.

Le bilinguisme séquentiel semble donc induire des difficultés supplémentaires par rapport au

bilinguisme simultané car le développement de la seconde langue est retardé. Comme le

soulignent Scheidnes & Tuller (2013), la littérature manque encore de données précises sur la

trajectoire développementale de l’acquisition de la deuxième langue chez les enfants

bilingues séquentiels. De fait, si l’on suspecte un trouble spécifique du langage oral (TSL)

chez un enfant bilingue séquentiel, l’identification d’une éventuelle déviance par rapport à la

norme pourrait s’avérer difficile. Il est donc nécessaire de connaître plus précisément les

difficultés spécifiques rencontrées dans le cadre d’un TSL afin de pouvoir les différencier des

difficultés attribuables au bilinguisme séquentiel. C’est ce que nous allons étudier dans la

section suivante.

1.1.2. Trouble spécifique du langage

En français, les termes « trouble spécifique du langage » et « dysphasie » sont souvent

utilisé de manière indifférenciée. En réalité, la dysphasie correspond à un trouble sévère et

persistant du langage oral alors que le TSL comprend des enfants qui présentent des

difficultés de sévérité variable allant du retard de langage à la dysphasie (Parisse & Maillart,

2010). On peut donc légitimement parler de spectre du TSL qui regroupe tous les enfants

présentant des difficultés spécifiques au langage oral avec des niveaux de sévérité différents.

Ce trouble présente la particularité d’être défini par des critères d’exclusion. En effet, il s’agit

d’un trouble du langage oral existant en l’absence d’atteinte neurologique, de déficience

auditive, visuelle, motrice ou intellectuelle, de carences environnementales et de troubles du

spectre autistique (Leonard, 1998). Autrement dit, il s’agit d’un trouble spécifique au langage

oral qui ne peut pas être expliqué par une difficulté dans un autre domaine. Suite à une étude

sur 7218 enfants, Tomblin et al. (1997) ont estimé la prévalence de ce trouble à 7% chez les

enfants anglophones âgés de cinq ans. Il serait plus présent chez les garçons que chez les

filles (Tomblin et al, 1997). Plusieurs classifications ont été élaborées dans la littérature et

notamment celle de Gérard (1996) qui est la plus connue. Elle met en évidence cinq profils

différents dont le plus répandu serait le type phonologique-syntaxique. Ce type de trouble du

langage est caractérisé principalement par un trouble phonologique, un trouble de l’encodage

syntaxique, un vocabulaire restreint, une compréhension peu perturbée et de bonnes

compétences pragmatiques (Gerard, 1996). Toutefois, il convient de rester prudent face à

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8  

cette classification. En effet, Botting et Conti-Ramsden (1999) ont mesuré les performances

de 201 enfants TSL âgés de 7 et 8 ans sur la base de tests standardisés et ont montré que bon

nombre d’entre eux changeaient de profil en l’espace d’une année. Quoi qu’il en soit, le

développement du langage des enfants TSL poursuit la même chronologie que celle des

enfants au développement typique tout en étant décalé dans le temps et ce retard va persister

(Parisse et Maillart, 2004). C’est d’ailleurs cette persistance des difficultés qui est un des

signes majeurs du TSL (Jakubowicz & Tuller, 2008 ; Tuller et al. 2011). En suivant les

performances de 118 enfants TSL entre les âges de 7 et 16 ans, Conti-Ramsden & Durkin

(2008) ont d’ailleurs mis en évidence la persistance des difficultés en démontrant le résultat

suivant : 85% des ces enfants obtiennent des scores inférieurs à -1 ET à l’âge de 16 ans sur

les tests standardisés qui évaluent le langage en production et en réception. Les recherches

actuelles sur les enfants TSL visent principalement à identifier des marqueurs cliniques

caractéristiques de ce trouble. Comme nous allons le voir, certaines erreurs typiques ont

effectivement pu être mises en évidence chez les enfants monolingues.

Tout d’abord, les enfants TSL francophones rencontrent des difficultés dans le marquage

temporel des formes verbales. Ainsi, Paradis & Crago (2001) ont étudié des échantillons de

langage spontané de 7 enfants TSL âgés de 7 ans et de 10 enfants TD du même âge. En

calculant le nombre de productions correctes de formes verbales, les auteurs ont pu mettre en

évidence des difficultés chez les enfants TSL au niveau de la production du futur et du passé

qui sont des temps qui impliquent l’utilisation de flexions temporelles (ex : je mangeais / tu

mangeras), contrairement au présent pour lequel aucune différence entre les deux groupes n’a

été observée. Cette étude met aussi en évidence une tendance des enfants TSL à substituer

d’autres temps verbaux par le présent. D’autres difficultés particulières à la morphologie

verbale ont pu être relevées dans l’étude de Paradis & Crago (2000) dans laquelle ils ont

proposé un entretien en posant des questions sur des événements passés ou à venir à des

enfants TSL et TD appariés en âge (7 ans). Les résultats montrent que les enfants TSL

réalisent un nombre important d’erreurs sur les auxiliaires être et avoir dans les temps

composés (ex : j’ai vu / je suis parti) et ont tendance à produire moins de verbes conjugués

que les enfants TD. Cependant, la présence d’adverbes de temps adéquats dans les

productions des enfants TSL (exemples : hier, demain) indique que la référence temporelle

est préservée et qu’il s’agit donc bien de difficultés liées à la morphologie verbale (Parisse &

Maillart, 2004). En revanche, les difficultés sur les temps composés semblent disparaître chez

les jeunes adultes avec TSL (Audollent & Tuller, 2003). Ainsi, bien que la production des

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marques de temps soit particulièrement retardée chez les enfants TSL, elle ne constitue pas

un marqueur clinique robuste du trouble langagier, du moins en français (Parisse & Maillart,

2004). En effet, les erreurs portant sur la morphologie verbale sont relativement peu

persistantes en français par rapport à d’autres erreurs réalisées par les enfants TSL.

Cependant, d’autres difficultés présentes spécifiquement chez les enfants TSL

francophones sont largement reconnues dans la littérature pour être des marqueurs cliniques

du TSL. Hamann et al. (2007) ont étudié des échantillons de langage spontané de 10 enfants

TSL (âgés de 5;10 à 10;5 ans) et de 18 adolescents TSL (10;11 - 15;7 ans) ainsi que ceux de

trois groupes d’enfants contrôles (12 enfants âgés de 6 ans, 12 enfants âgés de 8 ans et 12

enfants âgés de 11 ans). Les résultats montrent que les enfants TSL produisent moins de

phrases enchâssées que les enfants TD de 6 et 8 ans. De plus, parmi les phrases enchâssées

produites par les enfants TSL, on observe un plus grand pourcentage de phrases

agrammaticales que chez les enfants contrôles. Ces différences persistent même chez les

adolescents avec TSL. De plus, les enfants TSL mettent en place des stratégies d’évitement

des structures syntaxiques complexes qui persistent aussi à l’adolescence. En effet, ils évitent

les opérations syntaxiques qui impliquent l’enchâssement d’une subordonnée dans une

proposition principale (ex : « je suis content [parce que je gagne] ») et privilégient les

énoncés plus simples (ex : « je gagne, je suis content »). Les enfants TD, quant à eux,

complexifient plutôt la structure syntaxique des énoncés au fur et à mesure que l’âge

augmente. Les difficultés des enfants TSL semblent donc être en lien avec la complexité

syntaxique des phrases à produire. Celle-ci augmente lorsque l’ordre des constituants est non

canonique comme dans les phrases relatives objets (ex : le chien [que je regarde]) et

interrogatives objets (ex : Qui le monsieur regarde ?). D’ailleurs, Hamann (2006) a comparé

les performances de 11 enfants TSL (âgés entre 5;4 et 9;7 ans) à celles de 11 enfants TD

(âgés entre 4 et 6 ans) sur une tâche de production induite de questions commençant par un

mot interrogatif. Les résultats montrent que les enfants TSL ont plus de difficultés avec les

mouvements syntaxiques liés à la forme interrogative que les enfants TD. Ainsi, ils

produisent plus de structures in situ que d’antépositions du mot interrogatif (ex : tu pousses

qui ? versus qui tu pousses ?). L’antéposition du mot interrogatif entraîne un déplacement

syntaxique car elle tranforme l’ordre canonique des éléments de la phrase (SVO) en un ordre

non canonique (OSV). On note aussi plusieurs études dans la littérature qui relèvent un

évitement du mouvement dans les subordonnées relatives. Par exemple, Damourette (2007) a

comparé 8 enfants francophones TSL âgés de 8 à 11 ans à des enfants TD de même âge sur

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10  

une tâche d’élicitation de subordonnées relatives. Les résultats montrent une dissociation

entre la production de relatives sujets et de relatives objets. Les relatives objets entraînent un

mouvement syntaxique car l’ordre des éléments de la phrase est non canonique (OSV), ce qui

n’est pas le cas des relatives sujets dans lesquels l’ordre canonique (SVO) est préservé. Ainsi,

les relatives sujets sont plus fréquemment produites et comportent moins d’erreurs que les

relatives objets. Finalement, toutes ces études mettent en évidence des stratégies d’évitement

des mouvements syntaxiques. Comme dans les études relatées par Delage (2008), ces

stratégies mises en place par les enfants TSL (absence de déplacement syntaxique,

déplacement moins long ou enchâssement moins profond) vont toutes dans le sens d’une

réduction de la complexité.

Les déplacements syntaxiques des éléments de la phrase, impliquant un ordre non

canonique, sont aussi présents dans l’utilisation des pronoms clitiques objets. Ces pronoms

induisent donc aussi de la complexité syntaxique. C’est la raison pour laquelle les enfants

TSL rencontrent de grandes difficultés avec ces items grammaticaux. Les pronoms clitiques

objets sont notamment connus pour être acquis tardivement dans le développement typique

(Delage, 2008). Hamann et al. (2003) ont étudié des échantillons de langage spontané

enregistrés tous les trois mois durant deux ans dans des situations induisant la production de

pronoms clitiques chez 11 enfants francophones avec un TSL. Ils ont séparé les enfants en

deux groupes selon leur âge (3;10 à 5;0 et 5;1 à 7;11). La comparaison avec les enfants TD a

permis de mettre en évidence un développement parallèle mais retardé chez les enfants avec

TSL au niveau de l’omission des pronoms sujets. En revanche, on ne peut pas en dire autant

de l’utilisation des pronoms clitiques objets qui poursuit un développement atypique avec des

erreurs qui persistent dans le temps. Les enfants TSL ne respectent pas les contraintes

positionnelles de ces pronoms dans la phrase et les omettent fréquemment. Cette acquisition

atypique a aussi été mise en lumière par Tuller et al. (2011). Ces auteurs ont comparé les

productions dans une tâche d’élicitation de 36 enfants TD (24 enfants de 6 ans et 12 enfants

de 11 ans) par rapport à celles de 36 adolescents TSL (de 11 à 20 ans). Les résultats montrent

que les adolescents qui présentent un TSL produisent significativement moins de pronoms

clitiques objets à la 3ème personne (49%) que de pronoms sujets (86.6%) et réfléchis (93.6%).

De plus, le taux de production de pronoms clitiques objets des adolescents avec un TSL est

largement inférieur à celui des enfants TD de 11 ans (97.6%). Les difficultés avec l’utilisation

des pronoms clitiques objets persistent donc à l’adolescence.

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11  

Pour conclure, les enfants monolingues avec un TSL (Mo-TSL) rencontrent donc des

difficultés majeures en morphosyntaxe. Ces difficultés portent essentiellement sur les

structures de phrases contenant un mouvement syntaxique, comme lors de l’utilisation d’un

pronom clitique objet, ainsi qu’au niveau de l’utilisation de la morphologie verbale. Ces

difficultés semblent être relativement proches de celles des enfants bilingues séquentiels au

développement typique (Bi-TDséq). En effet, comme présenté dans la section 1.1.1.2, les

enfants Bi-TD séquentiels rencontrent aussi des difficultés importantes en morphosyntaxe

avec l’utilisation des pronoms clitiques objets et de la morphologie verbale. Comme nous

allons le voir dans la section suivante, cette ressemblance a déjà été mise en évidence dans la

littérature.

1.1.3 Similitudes entre les enfants bilingues séquentiels au développement typique et les enfants monolingues présentant un TSL

Certaines études ont montré que les productions des enfants Mo-TSL sont comparables à

celles d’enfants au développement typique qui apprennent le français comme seconde langue.

Par exemple, Paradis et Crago (2000) ont comparé les productions spontanées en français

récoltées durant un entretien avec 10 enfants Mo-TSL francophones (âge moyen = 7;6 ans),

10 enfants Mo-TD francophones (âge moyen = 7;3 ans) et 15 enfants Bi-TD séquentiels

anglophones apprenant le français comme seconde langue (âge moyen = 6;7 ans). Les enfants

Bi-TD séquentiels sont de langue maternelle anglaise et sont évalués après 2 ans d’exposition

au français. Dans cette étude, les auteurs s’intéressent à l’utilisation de la morphologie

verbale. Les résultats montrent que les Mo-TSL et les Bi-TD séquentiels présentent des

difficultés communes en morphologie verbale en ce qui concerne l’utilisation des marqueurs

de temps du passé et du futur (je chantais / je chanterai) et des accords sujet-verbe à la 3ème

personne du pluriel (ils vont). Par ailleurs, dans une étude ultérieure incluant les mêmes

enfants, Paradis & Crago (2004) montrent que les enfants Bi-TD séquentiels et les Mo-TSL

obtiennent tous deux de bonnes performances en ce qui concerne la morphologie nominale :

leurs performances sur l’utilisation des morphèmes marqueurs de genre et de nombre sur les

groupes nominaux (la petite fille / les chevaux) sont équivalentes à celles des enfants Mo-TD.

Comme le souligne Paradis (2010), cette opposition entre les performances en morphologie

verbale et en morphologie nominale correspond en fait au profil typique caractéristique des

enfants Mo-TSL. Par conséquent, ces deux études révèlent que les enfants Bi-TD séquentiels

présentent un profil équivalent à celui des enfants Mo-TSL, du moins après deux ans

d’exposition à la L2. Cependant, les enfants Bi-TD séquentiels semblent pouvoir rattraper

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12  

leur retard quand l’exposition à la L2 augmente. En effet, Paradis (2008) a réalisé une étude

longitudinale sur les performances en morphologie verbale de 9 enfants Bi-TD séquentiels,

comparées à celles de 2 enfants Bi-TSL séquentiels appariés en âge (de 5;4 ans à 7;1 ans).

Tous les enfants sont de langue maternelle chinoise et apprennent l’anglais comme seconde

langue. Les résultats montrent que les Bi-TD séquentiels parviennent à maîtriser l’utilisation

des morphèmes marqueurs de temps après « seulement » 34 mois d’exposition à l’anglais.

À côté de cela, Scheidnes (2012) s’est intéressée plus précisément à l’utilisation des

pronoms clitiques objets en français. Elle a comparé, dans une étude longitudinale, les

performances de 22 enfants Bi-TD séquentiels (âge moyen à T12 = 9;8 et âge moyen à T2 =

10;8) à celles de 19 Mo-TSL francophones (âge moyen à T1 = 9;9 et âge moyen à T2

=10;10). Les enfants Bi-TD séquentiels sont de langue maternelle anglaise et apprennent le

français comme seconde langue. Les âges d’acquisition du français de ces enfants varient

entre 4;6 et 10;9 ans. Les résultats montrent qu’entre T1 et T2, les Bi-TD séquentiels

améliorent leur production de pronoms clitiques objets (de 75% à 85%), ce qui n’est pas le

cas pour les Mo-TSL qui gardent des difficultés sévères (75% à T1 et à T2). Cependant, cette

amélioration ne suffit pas à rendre la différence entre les deux groupes à T2 significative.

D’autres auteurs se sont intéressés à l’utilisation des structures syntaxiques complexes chez

les Mo-TSL et chez les Bi-TD séquentiels apprenant le français comme seconde langue.

Prévost et al. (2011) ont réalisé une étude longitudinale comprenant 19 Bi-TD séquentiels

anglophones apprenant le français comme seconde langue (âge moyen = 9;9 ans), 13 Mo-

TSL (âge moyen = 9;4 ans), 17 Mo-TD de 4 ans (âge moyen = 4;2 ans) et 12 Mo-TD de 6 ans

(âge moyen = 6;5 ans). Chez les enfants bilingues, l’âge moyen du premier contact avec le

français est de 6;11 ans. Les résultats démontrent que, de la même façon que le font les

enfants Mo-TSL, les enfants Bi-TD séquentiels ont tendance à éviter les structures

interrogatives qui impliquent un mouvement syntaxique (qui tu pousses ?) en produisant plus

de formes interrogatives qui maintiennent le mot interrogatif in situ (tu pousses qui ?). Ce

pattern d’évitement est maintenu encore 12 mois plus tard chez les Bi-TD séquentiels et les

Mo-TSL. En revanche, quand la durée d’exposition augmente, les erreurs des enfants Bi-TD

séquentiels diminuent alors qu’elles persistent chez les enfants Mo-TSL. Par conséquent,

selon ces études, comme le développement d’un enfant bilingue séquentiel est retardé, il

semble présenter des caractéristiques proches de celles du développement du langage d’un

enfant Mo-TSL, même si les erreurs sont moins persistantes chez les enfants Bi-TD

                                                                                                                         2 T1 correspond à la première fois où les enfants sont testés. T2 correspond à la deuxième évaluation.

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séquentiels. Cependant, Scheidnes (2012) a montré dans son étude longitudinale qu’il existe

tout de même une structure syntaxique précise pour laquelle il n’y pas de similarités entre les

Mo-TSL et les Bi-TD séquentiels. Il s’agit de l’enchâssement. En effet, Scheidnes (2012) a

comparé le nombre d’erreurs portant sur les structures de phrases enchâssées chez les Bi-TD

séquentiels et les Mo-TSL présentés précédemment ainsi que chez 38 enfants Mo-TD (14

enfants âgés de 4 ans, 12 enfants âgés de 8 ans et 12 enfants âgés de 11 ans). Les résultats

démontrent que les erreurs diminuent chez les enfants Mo-TSL au fur et à mesure du

développement (entre T1 et T2) mais que cela ne suffit pas pour obtenir des performances

équivalentes aux enfants Mo-TD du même âge. Par contre, les enfants Bi-TD séquentiels

finissent par obtenir un profil équivalent aux Mo-TD (à T2). Les enfants Bi-TD séquentiels

maîtrisent donc plus rapidement l’enchâssement que les enfants Mo-TSL. De plus, en termes

de pourcentage d’utilisation, les Bi-TD séquentiels utilisent davantage l’enchâssement que les

Mo-TSL, l’évitement de ce type de structure étant dès lors une caractéristique du TSL. En

effet, les résultats démontrent aussi une différence significative entre les scores d’utilisation

de l’enchâssement des Bi-TD séquentiels et ceux des Mo-TSL à T2.

En tout les cas, les similitudes mises en évidence dans le domaine de la morphosyntaxe

entre les Bi-TD séquentiels et les Mo-TSL pourraient donc prêter à confusion pour

l’identification d’un TSL chez les enfants bilingues (séquentiels). En effet, il est difficile de

savoir si les difficultés rencontrées par un enfant bilingue font partie du développement

typique dans un contexte de bilinguisme ou si elles sont plus problématiques et liées à la

présence d’un TSL. Le problème se pose aussi au niveau de la phonologie. En effet, il est

connu que les enfants monolingues avec un TSL présentent des difficultés importantes en

phonologie. Edwards & Lahey (2006) ont testé 54 enfants anglophones Mo-TSL et 54 enfants

anglophones Mo-TD appariés en âge (7 ans). Ils ont effectué une analyse qualitative des

erreurs produites par les enfants dans une tâche de répétition de non-mots. Les résultats

montrent que les enfants avec un TSL se distinguent des enfants Mo-TD par un grand nombre

d’erreurs portant sur une modification des séquences syllabiques et phonémiques

(substitution ou suppression de syllabe ou de phonème). Ce résultat soutient l’idée d’une

limitation spécifique dans les compétences phonologiques des enfants Mo-TSL. Une des

hypothèses proposée pour rendre compte de cette observation a été de postuler une sous-

spécification des représentations phonologiques chez les enfants TSL. Selon Leonard et al.

(2007), comme les enfants TSL ont des difficultés à retenir la séquence phonologique des

mots, ils doivent rencontrer ce mot à de multiples reprises avant de pouvoir stocker une

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représentation phonologique correcte du mot. Ceci serait d’autant plus problématique chez un

enfant bilingue séquentiel qui est moins exposé au langage dans chacune de ses langues par

rapport à un monolingue puisqu’il les acquiert parallèlement. Comme le souligne Paradis

(2010), il faudrait donc encore plus d’exposition à ces enfants pour acquérir les propriétés

phonologiques des mots. Par conséquent, un enfant Bi-TSL pourrait donc être doublement en

difficulté du fait 1) de son TSL et 2) de son exposition réduite à ses deux langues.

En conclusion, les résultats de certaines des études présentées dans cette section mettent

en évidence le rôle de la durée d’exposition. En effet, les erreurs des enfants Bi-TD

séquentiels qui s’apparentent à celles des enfants Mo-TSL (utilisation des morphèmes

marqueurs de temps et des pronoms clitiques objets) semblent disparaître lorsque la durée

d’exposition augmente (Paradis, 2008 ; Prévost et al. 2011 ; Scheidnes, 2012). De même, de

part son exposition réduite à la L2, un enfant Bi-TD séquentiel pourrait rencontrer des

difficultés phonologiques tout comme les enfants Mo-TSL. Comme le rappelle Letts (2013),

un enfant Bi-TD séquentiel peut avoir des performances linguistiques dans une langue

similaires à celles d’un enfant Mo-TSL simplement parce qu’il a été beaucoup moins exposé

à la langue que ses camarades monolingues. Les résultats des études exposées dans cette

section montrent que les similarités dans le profil des erreurs entre les deux populations

persistent longtemps après les premiers stades d’acquisition car les enfants bilingues

séquentiels ne rattrapent leur retard que tardivement. Dès lors, comment savoir si les

difficultés langagières d’un enfant bilingue sont passagères et simplement liées au

développement bilingue typique ou si elles sont plus graves et liées à la présence d’un

éventuel TSL ? Autrement dit, ce chevauchement dans les caractéristiques des difficultés

liées au développement typique bilingue avec celles liées au TSL amène à penser que le

bilinguisme peut interférer dans l’évaluation des enfants et donc, dans l’identification d’un

trouble éventuel. C’est la raison pour laquelle nous allons nous intéresser plus précisément,

dans la section suivante, à la démarche d’évaluation du TSL dans un contexte de bilinguisme.

1.2. Bilinguisme et diagnostic du TSL

1.2.1. Évaluation de l’enfant bilingue séquentiel avec un TSL

Avant de s’intéresser spécifiquement à l’évaluation de l’enfant Bi-TSL séquentiel, il

convient de se demander si le bilinguisme ne serait pas un facteur aggravant du TSL. Comme

le bilinguisme implique automatiquement une exposition plus faible dans chacune des

langues, il se pourrait que l’enfant bilingue avec un TSL subisse un double retard lié à un

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éventuel effet cumulatif du bilinguisme et du trouble langagier. Steenge (2006) a comparé les

performances de 576 enfants Mo-TD, 137 enfants Mo-TSL, 321 enfants Bi-TD et 47 enfants

Bi-TSL à l’âge de 6, 7 et 8 ans sur une tâche évaluant la morphologie verbale et nominale.

Dans cette étude, tous les enfants bilingues sont des bilingues séquentiels et apprennent le

hollandais comme seconde langue (langue maternelle = turc, arabe ou créole surinamien). Les

enfants monolingues sont de langue maternelle hollandaise. Les résultats montrent que les

enfants Bi-TSL séquentiels ont des scores inférieurs à ceux des Mo-TSL à l’âge de 6 et 7 ans.

En revanche, la différence entre les Bi-TSL et les Bi-TD se creuse au fur et à mesure que

l’âge augmente. Ainsi, à l’âge de 8 ans, l’écart existant entre les Bi-TSL et les Bi-TD est

équivalent à celui qui existe entre les Mo-TSL et les Mo-TD. Selon Paradis (2010), ces

résultats peuvent être interprétés de la façon suivante : il n’y pas de preuve en faveur d’un

effet cumulatif du TSL sur l’impact du bilinguisme. En d’autres termes, le bilinguisme ne

rendrait pas le trouble du langage plus sévère.

Cependant, les difficultés langagières d’un enfant bilingue séquentiel peuvent tout de

même prêter à confusion au moment du diagnostic si la vigilance des logopédistes n’est pas

suffisante. En effet, les similitudes entre le développement bilingue typique et le TSL peuvent

donner lieu à des erreurs de diagnostic et ce, d’autant plus que le TSL ne peut être

diagnostiqué uniquement sur la base d’un déficit dans le domaine langagier selon sa

définition (Paradis, 2010). Plus précisément, un enfant Bi-TSL séquentiel pourrait ne pas être

adressé en logopédie car ses difficultés seraient mises sur le compte du bilinguisme.

Autrement dit, les difficultés de cet enfant seraient considérées comme étant liées au

développement bilingue et, par conséquent, résorbables. C’est la raison pour laquelle aucune

intervention ne serait préconisée. Il s’agit, dans ce cas, d’un sous-diagnostic. À côté de cela,

il existe aussi un risque de sur-diagnostic : les professionnels pourraient diagnostiquer un

TSL chez un enfant sujet au bilinguisme séquentiel et préconiser une intervention alors que

ses difficultés sont passagères et simplement liées à l’acquisition tardive d’une seconde

langue. Ces deux situations problématiques ont déjà été mises en évidence dans le cadre du

bilinguisme simultané à travers l’étude de Tuller et al. (2013) dans laquelle ils ont évalué 32

enfants bilingues arabe-français âgés de 5 à 7 ans. Selon les différents diagnostics établis par

des logopédistes francophones, 13 de ces enfants étaient suivis en logopédie pour un TSL

alors que les 19 autres ne bénéficiaient pas d’un tel suivi. L’évaluation des enfants a été

réalisée en français et en arabe à l’aide de tâches standardisées portant sur la phonologie, le

vocabulaire et la morphosyntaxe. Ces tâches sont issues de tests logopédiques existants dans

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chaque langue. L’application de seuils de pathologie3 adaptés au bilinguisme a permis de

mettre en évidence un taux d’erreurs de diagnostic de 25%. En effet, l’évaluation bilingue des

13 enfants suivis en logopédie pour un TSL révèlent que 8 enfants avaient effectivement un

TSL mais que 3 enfants n’avaient en réalité pas de troubles du langage. Les 2 autres enfants

présentaient un retard de développement plus global et non spécifique au langage. Enfin, sur

les 19 enfants sans suivi logopédique, il se trouve que l’évaluation bilingue a permis de

diagnostiquer un TSL chez 2 enfants et un retard de développement plus global chez un autre

enfant. Par conséquent, ces résultats (illustrés en figure 1) montrent que les tests

logopédiques standardisés ne suffisent pas à distinguer clairement les enfants Bi-TD des

enfants Bi-TSL dans un contexte de bilinguisme simultané.

 

Figure 1 Résultats de l’étude de Tuller et al. (2013)

Ce résultat paraît logique quand on s’intéresse de plus près aux outils d’évaluation

utilisés en logopédie. Il est effectivement important de relever que les tests utilisés

actuellement sont tous étalonnés sur des populations monolingues. Aussi, d’un point de vue

culturel, ils sont adaptés à la langue pour laquelle ils ont été construits. Sachant cela, il

convient de se demander dans quelle mesure ces outils d’évaluation sont applicables aux

situations de bilinguisme. Autrement dit, peut-on réellement baser les évaluations des enfants

bilingues sur des normes monolingues ? Les auteurs de la littérature actuelle (Paradis, 2010 ;

Thordardottir & Brandeker, 2013 ; Letts, 2013 ; Prévost, 2013 ; Tuller et al. 2013) sont

d’accord pour dire que ces tests ne sont pas adaptés à la population bilingue. Plus

précisément, Thordardottir (2014) soulève le problème du niveau de développement de

chaque langue chez un enfant bilingue. Pour pouvoir évaluer un enfant bilingue avec un outil

créé dans une langue spécifique, il faudrait notamment que son niveau de développement

langagier et que son niveau d’exposition soient équivalents à ceux des enfants monolingues

                                                                                                                         3 Les seuils de pathologie proposés par Thordardottir (2012) sont présentés dans la section suivante

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17  

sur lesquels le test a été étalonné. Or, la vitesse de développement des deux langues ainsi que

la durée d’exposition à chacune des langues d’un enfant bilingue ne sont pas identiques à

celles d’un enfant monolingue. Les enfants monolingues et bilingues ne sont donc pas égaux

face aux tests standardisés existants. C’est la raison pour laquelle les chercheurs actuels du

domaine préconisent plutôt le développement de nouveaux outils d’évaluation. Ceux-ci

devraient, dans l’idéal, être spécifiquement construits pour les enfants bilingues et insensibles

à la durée d’exposition de façon à ce qu’ils puissent être utilisés sur un large éventail

d’enfants bilingues (Paradis, 2010).

Cependant, ces outils sont encore en voie de développement et ne sont pas encore

utilisables dans la pratique clinique. Les professionnels restent donc relativement démunis et

doivent composer et trouver des solutions avec le matériel existant. En ce sens, un consensus

émerge dans la littérature par rapport à la langue de l’évaluation (Tuller, 2015; Letts, 2013 ;

Armon-Lotem et al. 2010 ; Kohnert, 2010 ; Thordardottir, 2014) : il apparaît très clairement

que l’évaluation seule de la seconde langue de l’enfant ne suffit pas pour permettre de poser

un diagnostic précis des difficultés langagières d’un enfant bilingue. En effet, une évaluation

de la langue maternelle des enfants semble nécessaire pour diagnostiquer un TSL car le

trouble se manifeste dans les deux langues (Hakansson et al. 2003). Les résultats de Tuller et

al. (2013), présentés précédemment et qui montrent un risque élevé de sur- et de sous-

diagnostic, soutiennent fortement l’idée selon laquelle les outils d’évaluation existants sont

inadaptés à l’évaluation des enfants bilingues. Bien que, dans cette étude, il s’agisse de

bilinguisme simultané, il est tout à fait pertinent de penser que ceci est d’autant plus valable

dans le cadre du bilinguisme séquentiel. En effet, selon l’âge auquel il est évalué, un enfant

bilingue séquentiel pourrait présenter de meilleures performances dans sa langue maternelle

que dans sa seconde langue pour la simple et bonne raison qu’il n’a pas été exposé de la

même manière aux deux langues. L’évaluation seule de sa seconde langue avec les outils

prévus à cet effet ne semble donc pas très pertinente. En ce sens, Paradis (2010) souligne

l’importance d’identifier la langue dominante de l’enfant ainsi que la durée d’exposition à

chaque langue pour pouvoir en tenir compte au moment de l’évaluation. Selon Thordardottir

(2014), la meilleure solution semble être d’interpréter les scores obtenus dans chaque

langue. En réalité, cela n’est que très rarement possible dans la clinique car les logopédistes

maîtrisent rarement la L2 qui nécessite d’être évaluée. De plus, ils ne connaissent souvent pas

ou peu les tests standardisés dans les autres langues. Le développement d’outils spécifiques à

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18  

l’évaluation du langage chez les enfants bilingues semble donc être une nécessité. C’est

précisément l’objectif du programme COST qui est présenté dans la section suivante.

1.2.2 Le programme COST : développement de nouveaux outils d’évaluation

Le programme COST (European Cooperation in Science and Technology) est un

programme de recherche qui favorise la coopération entre les scientifiques et les chercheurs

en Europe. Le but du programme est de développer une aire de recherche commune en

Europe. Notre recherche s’intègre dans le projet de l’action IS0804 du programme qui

s’intéresse à l’évaluation des troubles du langage dans les sociétés multilingues. Le but est de

résoudre les confusions méthodologiques et cliniques liées aux similarités entre les

caractéristiques du développement bilingue du langage et celles du TSL. Pour ce faire, les

recherches visent à identifier, à travers plusieurs pays, des marqueurs diagnostiques du TSL

chez l’enfant bilingue afin de simplifier son évaluation. L’action IS0804 est soutenue par 26

pays4 du programme COST et par quelques pays supplémentaires comme les Etats-Unis, le

Canada, le Liban et Israël.

Dans le cadre de ce programme, de nouveaux outils ont été proposés pour permettre

l’évaluation du langage dans un contexte de bilinguisme. Pour commencer, les normes

utilisées habituellement sur les enfants monolingues ont été adaptées pour les populations

bilingues (Thordardottir, 2012). C’est une proposition qui permet de tenir compte du

bilinguisme et de la dominance des langues dans l’utilisation de tests standardisés pour

l’évaluation du langage oral. Il s’agit plus précisément d’une modification des écarts-types

utilisés pour établir le seuil à partir duquel les résultats sont considérés comme déficitaires. Il

est d’abord nécessaire de définir la langue dominante de l’enfant, sachant qu’elle correspond

à celle à laquelle il a été le plus exposé (Paradis, 2010). Si l’évaluation se fait dans la langue

dominante de l’enfant, correspondant la plupart du temps à sa langue maternelle (L1) dans le

cadre d’un bilinguisme séquentiel, un écart-type de -1.5 peut être utilisé. En revanche, si

l’évaluation est réalisée dans la langue non-dominante de l’enfant, il est préférable d’utiliser

un seuil de -2.25 écart-type. Enfin, si la dominance n’est pas clairement établie ou si elle est

inconnue, un seuil de -1.75 écart-type pourra être utilisé. Pour diagnostiquer un TSL, les

scores obtenus aux épreuves étalonnées sur des enfants monolingues doivent être en dessous

du seuil de pathologie dans au moins deux domaines du langage oral (Thordardottir, 2012).                                                                                                                          

4 Allemagne, Autriche, Chypre, Croatie, Danmark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irelande, Islande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Suède, Turquie.

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19  

Cependant, ces écarts-types sont encore expérimentaux car ils n’ont pas été validés

scientifiquement et par conséquent, ils sont à prendre avec précaution.

Par ailleurs, afin d’améliorer l’évaluation du langage oral chez les enfants bilingues, les

auteurs de l’action COST proposent d’utiliser le questionnaire PaBiQ5 (Questionnaire for

Parents of Bilingual Children) pour documenter l’histoire linguistique et développementale

de l’individu. Toutes les informations obtenues grâce à ce questionnaire constituent une aide

précieuse lors de l’interprétation des données standardisées. Cependant, elles ne doivent pas

être utilisées seules comme outil de diagnostic du TSL. En effet, Grimm & Schulz (2013) ont

réalisé une étude sur 92 enfants monolingues et 74 enfants bilingues séquentiels de langues

maternelles arabe et turque, âgés entre 4 et 6 ans (âge d’acquisition de la L2 ‘allemand’ :

entre 2 et 4 ans). Ils ont scindé les enfants en deux groupes (TSL et TD) en fonction d’un

diagnostic posé sur la base de tests logopédiques standardisés pour lesquels des normes

bilingues existent déjà en Allemagne. Ils ont ensuite vérifié si les données récoltées par un

questionnaire parental pouvaient donner lieu à une répartition des enfants équivalente à celle

issue des tests standardisés. Les résultats montrent que des facteurs de risque du TSL

(apparition tardive des premiers mots, antécédents familaux de TSL, antécédents familiaux de

troubles du langage écrit) avaient été mis en évidence par le questionnaire seulement chez la

moitié des enfants du groupe TSL et chez environ 20% des enfants TD. Tuller et al. (2013)

ont obtenu des résultats plus convaincants : ils ont testé la spécificité et la sensibilité6 du

questionnaire PaBiQ chez 19 enfants Bi-TD et 10 enfants Bi-TSL7 appariés en âge (5 à 7

ans). La plupart des enfants bilingues sont des bilingues simultanés. Les résultats démontrent

que le questionnaire PaBiQ permet déjà relativement bien de distinguer les enfants Bi-TD des

enfants Bi-TSL pour ce qui est du bilinguisme simultané. En effet, 18/19 enfants TD sont

identifiés comme tels par le questionnaire (spécificité = 94.7%) et la totalité des enfants TSL

est identifiée comme telle par le questionnaire (sensitivité = 100%). Un seul enfant TD a

donc été identifié par le questionnaire comme ayant un TSL. Selon cette étude, le

                                                                                                                         5 Nous avons utilisé ce questionnaire dans notre étude. Les détails relatifs à cet outil sont présentés dans la partie 3.2.1. 6 Ces indices statistiques permettent de vérifier que la tâche utilisée discrimine efficacement les enfants avec un trouble et les enfants sans trouble. La sensibilité correspond à la proportion d’enfants TSL qui obtiennent des scores en dessous du seuil de pathologie. La spécifité correspond à la proportion d’enfants TD qui obtiennent un score en dessus du seuil de pathologie. En d’autres termes, dans une tâche très discriminante, les enfants qui ont des bons résultats sont bien des enfants au développement typique et les enfants qui ont des mauvais résultats sont bien des enfants qui présentent un trouble (Lalkhen & McCluskey, 2008) 7 Diagnostic établi selon les résultats de l’étude présentée dans la Figure 1. Il s’agit des mêmes enfants.

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20  

questionnaire PaBiQ se révèle donc être un outil plutôt efficace qui pourrait contribuer à

l’identification du TSL chez les enfants bilingues.

A travers l’adaptation des critères de diagnostic et l’élaboration du questionnaire

parental, les partenaires du programme COST proposent donc déjà quelques clés pour

atteindre une évaluation optimale du langage des enfants dans un contexte de bilinguisme. À

côté de cela, ils encouragent aussi la recherche de marqueurs cliniques qui permettraient de

différencier les enfants Bi-TD des enfants Bi-TSL. Plusieurs auteurs ont déjà identifié ce qui

pourrait être des difficultés spécifiques aux enfants Bi-TSL. Ils ont aussi proposé des tâches

qui permetteraient de les mettre en évidence. Nous allons nous y intéresser dans la section

suivante.

1.2.3 Recherche de marqueurs cliniques

Les marqueurs cliniques sont des caractéristiques langagières spécifiques aux enfants

présentant un TSL qui, une fois identifiées, permettraient de diagnostiquer avec certitude un

TSL. Dans le cadre du programme COST, comme nous allons le voir, les recherches actuelles

ont identifié chez les enfants Bi-TSL des déficits dans la construction des représentations

phonologiques et dans la répétition des structures syntaxiques complexes. Il existe deux

tâches qui permettent d’identifier ces difficultés. Il s’agit de la répétition de non-mots et de la

répétition de phrases, tâches que nous utilisons dans notre étude8.

Ce type de tâches est déjà couramment utilisé en clinique pour diagnostiquer un TSL

chez les enfants monolingues car elles permettent de différencier efficacement les

performances langagières des enfants Mo-TSL de celles des enfants Mo-TD. En effet,

Thordardottir et al. (2011) ont étudié l’efficacité d’une tâche de répétition de non-mots dans

l’identification du TSL chez des enfants monolingues francophones. Ils ont testé 14 enfants

Mo-TSL (âge moyen = 5;1 ans) et 78 enfants Mo-TD (âge moyen = 4;9 ans). Les résultats

montrent que la tâche de répétition de non-mots permet d’établir le diagnostic du TSL avec

un haut niveau de précision chez les enfants monolingues, les enfants TSL ayant des

performances beaucoup moins élevées que les enfants TD. Dans la même lignée, Leclercq et

al. (2014) ont quant à eux montré que la tâche de répétition de phrases est également un

puissant outil diagnostique du TSL chez les enfants monolingues francophones. Ils ont

comparé les performances en répétition de phrases de 34 enfants Mo-TSL (âge moyen = 9;11

                                                                                                                         8 Les détails relatifs à ces tâches sont présentés dans la partie méthodologique

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21  

ans) à celles de 34 enfants Mo-TD (âge moyen = 10;2 ans). Les résultats montrent que la

tâche de répétition de phrases permet de classifier précisément les enfants TSL et les enfants

TD. En effet, 97,1 % des enfants TSL obtiennent des résultats en dessous du seuil de

pathologie (-2 ET) et 88.2 % des enfants TD obtiennent de bonnes performances.

Plusieurs études ont déjà été réalisées pour évaluer la pertinence de ces tâches dans

l’identification du TSL chez les enfants bilingues francophones. Par exemple, Grimm et al.

(2014) ont examiné la pertinence de l’utilisation d’une tâche de répétition de non-mots pour

identifier un TSL chez les enfants bilingues. Ils ont testé 90 enfants Mo-TD (âge moyen = 5;9

ans), 18 enfants Mo-TSL (âge moyen = 7;6 ans), 176 enfants Bi-TD (âge moyen 6;2) et 42

enfants Bi-TSL (âge moyen = 6;7 ans). Dans cette étude, les types de bilinguisme sont

confondus mais on compte une majorité d’enfants bilingues simultanés (âge d’acquisition

moyen de 11;3 mois chez les Bi-TD et de 24 mois chez les Bi-TSL). Les enfants bilingues

sont de langue maternelle française, allemande et anglaise et ont des L2 très variées9. Les

auteurs ont veillé à utiliser des non-mots indépendants des caractéristiques spécifiques d’une

langue en les construisant avec des phonèmes que l’on retrouve dans la plupart des langues.

Ceci permet de contrôler l’influence du bilinguisme en évitant de désavantager les enfants

bilingues. D’ailleurs, les résultats ne révèlent pas de différence significative entre les enfants

Mo-TD et les enfants Bi-TD ainsi qu’entre les enfants Mo-TSL et les enfants Bi-TSL ce qui

montre effectivement que le bilinguisme n’influence pas les performances des enfants dans

cette tâche. Par ailleurs, les résultats révèlent une différence significative entre les enfants

Mo-TD et les enfants Mo-TSL ainsi qu’entre les enfants Bi-TD et les enfants Bi-TSL.

L’épreuve de répétition de non-mots permettrait donc d’identifier un TSL aussi chez les

enfants bilingues dans la mesure où les non-mots sont construits avec des contraintes

phonotactiques universelles. Autrement dit, les non-mots créés indépendamment d’une

langue particulière constituent un outil prometteur pour l’identification du TSL chez les

enfants bilingues.

À côté de cela, Prévost (2013) a comparé les performances de 31 enfants Bi-TD (âge

moyen = 6;5 ans), 13 enfants Bi-TSL (âge moyen = 6;7 ans), 12 enfants Mo-TD (âge moyen

= 6;0 ans) et 9 enfants Mo-TSL (âge moyen =7;8 ans) dans une tâche de répétition de phrases

complexes. À nouveau, la majorité des enfants sont des bilingues simultanés (33/44 enfants).

Les résultats vont dans le même sens qu’avec l’épreuve de répétition de non-mots, avec la

                                                                                                                         9 On retrouve 24 L2 différentes chez les Bi-TD et 15 L2 différentes chez les Bi-TSL.

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22  

mise en évidence d’une différence significative entre les enfants Bi-TD et les enfants Bi-TSL

ainsi qu’entre les enfants Mo-TD et Mo-TSL. Ceci indique que la tâche permet donc bien de

distinguer les enfants qui ont un développement typique de ceux qui présentent un trouble du

langage, ce qui est valable tout autant pour les enfants bilingues que pour les monolingues.

En revanche, aucune différence significative n’a été relevée entre les performances des

enfants Bi-TD et celles des enfants Mo-TD tout comme entre les performances des Bi-TSL et

celles des enfants Mo-TSL. Cela montre bien que la tâche n’est pas influencée par le facteur

du bilinguisme. Autrement dit, les performances langagières sont bien affectée par le TSL

uniquement et non pas par le bilinguisme. La maîtrise des structures syntaxiques complexes

semble donc être insensible au bilinguisme simultané et comme c’est un domaine

particulièrement affecté par le TSL chez les enfants monolingues, son évaluation pourrait

servir à repérer un TSL aussi chez les enfants bilingues. De plus, les résultats des différents

groupes d’enfants en fonction des structures de phrases révèlent que l’enchâssement semble

être la structure qui permet le mieux de discriminer les enfants Bi-TSL des enfants Bi-TD, ce

qui rappelle les résultats obtenus par Scheidnes (2012) et présentés en section 1.1.3.

Les tâches de répétition de phrases et de répétition de non-mots semblent donc être

efficaces pour identifier le TSL chez les enfants bilingues simultanés. Il convient donc de se

demander si ces résultats sont aussi valables lorsqu’on s’intéresse uniquement au bilinguisme

séquentiel. L’étude de Thordardottir et Brandeker (2013) constitue une piste pour répondre à

cette question puisqu’elle s’intéresse à l’influence de la durée d’exposition à la L2 sur les

tâches de répétition de non-mots et de répétition de phrases. Ces auteurs ont comparé les

performances dans ces deux tâches et dans une tâche d’évaluation standardisée du lexique en

compréhension de quatre groupes d’enfants appariés en âge (âge moyen = 5 ans) : 19 Mo-TD

francophones, 16 Bi-TD ayant reçu plus d’exposition à l’anglais, 13 Bi-TD ayant reçu une

exposition équivalente dans les deux langues et 20 Bi-TD ayant reçu plus d’exposition en

français. Les résultats montrent que les performances en français à la tâche de répétition de

non-mots restent stables entre les groupes alors que les taux d’exposition varient. Cette tâche

ne semble donc pas être influencée par le niveau d’exposition à la langue ce qui lui confère

une grande utilité clinique pour les mesures diagnostiques, ce qui n’est pas le cas pour la

tâche standard d’évaluation de la compréhension du vocabulaire. Par ailleurs, les auteurs se

sont aussi intéressés à l’effet de la longueur des non-mots dans la tâche de répétition. Ils ont

montré que les enfants Bi-TD ne semblent pas affectés par la longueur croissante des non-

mots ce qui, selon les auteurs, les distinguent fortement des enfants Mo-TSL. Ces différents

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23  

éléments laissent donc penser que la tâche de répétition de non-mots pourrait être utilisable

en clinique pour identifier un TSL chez un enfant bilingue séquentiel. En revanche, cette

étude montre aussi que la tâche de répétition de phrases est plus influencée par le niveau

d’exposition à la langue ce qui, selon les auteurs, est attribuable au fait que la tâche implique

du matériel linguistique porteur de sens contrairement à la tâche de répétition de non-mots.

Pour conclure, les tâches de répétition de non-mots et de répétition de phrases semblent

être des outils efficaces pour identifier un TSL chez les enfants bilingues simultanés. Il

convient donc de se demander si ces tâches peuvent aussi servir dans le cadre du bilinguisme

séquentiel. Selon Scheidnes (2012) toutes les structures de phrases ne pourraient être utilisées

pour distinguer les enfants bilingues séquentiels avec ou sans TSL car elle a mis en évidence

des similarités entre le profil des enfants Bi-TD séquentiels et celui des enfants Mo-TSL. Ce

serait plus précisément la structure de l’enchâssement qui permettrait de réaliser la

différenciation qui nous intéresse. Quant à la tâche de répétition de non-mots, étant donné

qu’elle semble insensible au taux d’exposition, elle pourrait constituer un outil privilégié pour

l’évaluation des enfants bilingues séquentiels.

1.3 Problématique et hypothèses théoriques

Comme nous l’avons vu, le bilinguisme séquentiel entraîne logiquement une acquisition

retardée de la L2. Le TSL entraîne également un fort ralentissement du développement

langagier avec, cette fois, des difficultés qui persistent dans le temps. De plus, les enfants

Mo-TSL et les Bi-TD séquentiels présentent le même pattern de difficultés. En effet, ces

enfants rencontrent des difficultés spécifiques dans l’utilisation de la morphologie verbale et

des structures syntaxiques complexes (par exemple au niveau des pronoms clitiques objets).

Autrement dit, ce qui est difficile pour les Mo-TSL l’est aussi pour les Bi-TD séquentiels.

Comme nous l’avons vu dans la section 1.1.3, les similitudes entre les deux profils persistent

longtemps après les premiers stades d’acquisition car les enfants Bi-TD séquentiels ne

rattrapent leur retard que tardivement (Paradis, 2008 ; Scheidnes, 2012 ; Prévost et al. 2011).

Dès lors, comment savoir si les difficultés langagières d’un enfant bilingue sont passagères et

simplement liées au développement bilingue typique ou si elles sont plus graves, persistantes,

et liées à la présence d’un TSL ? Un challenge clinique essentiel découle de cette question. Il

consiste à trouver des moyens pour identifier ou exclure un TSL chez les enfants bilingues

séquentiels, sans avoir besoin d’attendre l’augmentation de l’exposition à la langue qui

résorbera d’elle-même les difficultés initiales des enfants TD séquentiels. Dans le cadre du

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24  

programme COST, plusieurs recherches se sont déjà penchées sur la question en considérant

une majorité d’enfants bilingues simultanés. Le présent projet vise à évaluer l’efficacité des

outils développés par ce programme dans le cadre du bilinguisme séquentiel.

Tout d’abord, il a été démontré que le questionnaire PaBiQ peut contribuer efficacement

au dépistage du TSL chez les enfants bilingues simultanés (Tuller et al. 2013). Nous

formulons donc l’hypothèse selon laquelle ce questionnaire parental contribue efficacement

au dépistage du TSL chez tous les enfants bilingues et notamment dans le sous-groupe

d’enfants bilingues séquentiels (H1).

À côté de cela, comme expliqué précédemment, l’évaluation de la qualité des

représentations phonologiques ainsi que de la répétition des structures syntaxiques complexes

sont couramment utilisées pour identifier un TSL chez les enfants monolingues car des

difficultés dans ces domaines sont des marqueurs cliniques particulièrement reconnus dans le

cadre d’un TSL (Thordardottir & Brandeker, 2013). L’efficacité de l’évaluation de ces deux

marqueurs cliniques a déjà été démontrée dans des études contenant une majorité de bilingues

simultanés (Prévost, 2013 ; Grimm et al. 2014). En effet, la tâche de répétition de non-mots et

la tâche de répétition de phrases semblent permettre de bien discriminer les enfants avec un

TSL des enfants sans TSL dans un contexte de bilinguisme simultané. Nous allons donc

chercher à savoir si les résultats mis en évidence par les études de Prévost (2013) et de

Grimm et al. (2014) peuvent être répliqués chez tous les enfants bilingues et notamment dans

un sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels. En d’autres termes, nous allons nous

demander si les structures syntaxiques complexes et les représentations phonologiques

peuvent aussi servir de marqueurs cliniques dans le cadre du bilinguisme séquentiel.

Nous formulons l’hypothèse selon laquelle l’évaluation des représentations phonologiques

contribue à l’identification d’un TSL chez les enfants bilingues, et notamment dans le sous-

groupe d’enfants bilingues séquentiels (H2). De plus, il a déjà été démontré chez les enfants

bilingues simultanés que la répétition de non-mots discrimine bien les Bi-TD des Bi-TSL si

les non-mots sont construits sur la base de contraintes phonotactiques universelles (Grimm et

al. 2014). Cette construction permet de contrôler le facteur du bilinguisme. Nous nous

attendons donc à ce que les non-mots construits indépendamment d’une langue particulière

soient un meilleur outil d’identification du TSL chez les bilingues que les non-mots qui

contiennent des contraintes phonotactiques propres à une langue.

Parallèlement, nous émettons l’hypothèse selon laquelle la répétition de structures

syntaxiques complexes contribue aussi à l’identification d’un TSL chez tous les enfants

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bilingues, et notamment dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels (H3). Nous

allons nous intéresser plus spécifiquement à la structure de l’enchâssement puisque, comme

nous l’avons vu, les enfants Bi-TD et les enfants Mo-TSL se distinguent particulièrement

bien sur l’utilisation de l’enchâssement alors que des similarités entre les deux groupes ont

été mises en évidence au niveau de l’utilisation des autres structures syntaxiques complexes

(Scheidnes, 2012 ; Prévost, 2013). L’enchâssement pourrait donc servir d’outil efficace pour

l’identification du TSL chez les enfants bilingues séquentiels, d’autant plus que ceci a déjà

été vérifié dans une étude contenant une majorité d’enfants bilingues simultanés (Prévost,

2013).

Finalement, les outils développés par le programme COST semblent fonctionner pour

identifier un TSL chez les enfants bilingues simultanés. Cependant, un enfant Bi-TSL

séquentiel pourrait rencontrer des difficultés supplémentaires par rapport à un enfant Bi-TSL

simultané. En effet, il pourrait être doublement en difficulté du fait de son TSL et de son

exposition réduite à la seconde langue. C’est la raison pour laquelle, nous émettons

l’hypothèse selon laquelle l’âge du premier contact avec le français influence les

performances langagières des enfants bilingues (H4). On s’attend donc à observer des

difficultés supplémentaires chez les enfants bilingues séquentiels par rapport à leurs pairs

bilingues simultanés. Par conséquent, nous allons comparer la situation de bilinguisme

simultané à celle du bilinguisme séquentiel dans le cadre d’un TSL. L’intérêt de cette

hypothèse réside dans l’utilisation des outils développés par le programme COST. En effet, si

le bilinguisme séquentiel implique des difficultés additionnelles par rapport au bilinguisme

simultané, et donc que les enfants Bi-TSL séquentiels présentent un profil différent des

enfants Bi-TSL simultanés, il sera nécessaire de développer des outils spécifiquement adaptés

au bilinguisme séquentiel ou de créer de nouvelles normes avec une population présentant ce

type de bilinguisme. En revanche, si les enfants Bi-TSL séquentiels obtiennent des

performances équivalentes à celles des enfants Bi-TSL simultanés dans les tâches, celles-ci

pourront être utilisées pour tout type de bilinguisme.

2. Méthodologie

2.1. Population

Notre population est constituée de quatre groupes d’enfants. Nous avons un premier

groupe constitué de 20 enfants bilingues séquentiels présentant un TSL (Bi-TSL séq) et âgés

en moyenne de 7 ans (tableau I). Leur âge varie entre 5;5 mois et 8;7 mois. Le second groupe

est composé de 13 enfants bilingues simultanés avec un TSL (Bi-TSL sim) (tableau II). Ils

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26  

sont âgés en moyenne de 6;4 mois. L’âge de ces enfants varie entre 5;4 mois et 8;4 mois. Le

troisième groupe est constitué de 20 enfants bilingues simultanés au développement typique

(Bi-TD sim) (tableau III). Ils sont âgés en moyenne de 6;3 mois. Leur âge varie entre 5;6

mois et 7;10 mois. Enfin, le dernier groupe est composé de 8 enfants bilingues séquentiels au

développement typique (Bi-TD séq) âgés en moyenne de 7;1 mois (tableau IV). L’âge de ces

enfants varie entre 5;4 mois et 8;11 mois.

Tableau I Présentation du groupe Bi-TSL séq (N = 20)

  Moyenne   Minimum   Maximum  Âge   6;9   5;5   8;7  

Âge  d’acquisition  L2    2;11   2   6;10  Durée  d’exposition  L2   3;10   1;5   5;10  

Tableau II Présentation du groupe Bi-TSL sim (N = 13)

  Moyenne   Minimum   Maximum  Âge   6;4    5;4   8;4  

Âge  d’acquisition  L2   0   0   0;4  Durée  d’exposition  L2   6;3   5;4   8;4  

Tableau III Présentation du groupe Bi-TD sim (N = 20)

  Moyenne   Minimum   Maximum  Âge   6;3   5;6   7;10  

Âge  d’acquisition  L2   0;1   0   1  Durée  d’exposition  L2   6;4   5;6   8;11  

Tableau IV Présentation du groupe Bi-TD séq (N = 8)

  Moyenne   Minimum   Maximum  Âge   7;1   5;4   8;11  

Âge  d’acquisition  L2   4;2   2   6  Durée  d’exposition  L2   3;6   2;1   8;1  

Nous avons testé nous-mêmes 16 enfants à Genève dont 14 Bi-TSL séquentiels et 2 BI-

TSL simultanés. Les données cliniques relatives aux enfants testés à Genève sont détaillées

en annexe I. Pour recruter ces enfants, nous avons contacté 90 logopédistes parmi lesquels 8

ont répondu favorablement à notre demande suite à un courrier qui leur a été envoyé. La

lettre utilisée à cet effet est présentée en annexe III ainsi que les détails du recrutement. La

collaboration avec l’équipe « autisme et troubles du développement » de l’Université de

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27  

Tours nous a permis d’ajouter les données de 45 enfants (présentés en annexe II) pour obtenir

un total de 61 enfants.

La constitution des groupes est basée sur deux variables. En premier lieu, l’identification

du TSL chez les enfants est basée sur le diagnostic posé par des logopédistes à partir de tests

standardisés couramment utilisés en logopédie, comme la NEEL (Chevrie-Muller & Plaza,

2001) ou l’ELO (Khomsi, 2001). En effet, les enfants dans les groupes avec un TSL sont tous

suivis en logopédie. Nous avons donc demandé aux logopédistes concernés de nous

transmettre des informations relatives au diagnostic et aux épreuves utilisées dans son

élaboration. Les enfants des groupes considérés comme ayant un développement typique sont

des enfants qui ne sont pas suivis en logopédie. À côté de cela, la distinction entre les deux

types de bilinguisme est basée sur l’âge du premier contact avec le français (figure 2). L’âge

de ce premier contact doit être d’au moins 2 ans pour appartenir au groupe de bilingues

séquentiels. Si l’exposition au français a commencé avant 2 ans, les enfants font partie des

groupes de bilingues simultanés. Nous avons choisi ce critère car, en observant la répartition

de nos participants suite à la récolte de données, nous avons constaté la présence d’une

différence importante en termes d’âge d’acquisition du français de part et d’autre du seuil des

2 ans. En effet, nous avions d’un côté un groupe important d’enfants qui ont appris leurs deux

langues absolument simultanément, à savoir dans leurs quatre premiers mois de vie. Il s’agit

de 32 enfants. D’un autre côté, nous avions une grande quantité d’enfants avec un âge

d’acquisition variant entre 2 et 4 ans. Il est question de 22 enfants dans ce cas. Un seul enfant

se situait à mi-chemin entre ces deux groupes avec un âge d’acquisition à 1 ans. De plus,

nous avions 6 enfants avec un âge d’acquisition supérieur à 4 ans. Dans la littérature actuelle,

le seuil choisi pour mettre en évidence la différence entre les formes de bilinguisme varie

selon les auteurs. Dans le contexte de notre étude, comme la répartition des âges d’acquisition

n’est pas linéaire entre la naissance et 2 ans, nous avons trouvé plus sensé d’intégrer les

enfants ayant appris le français à 2 ans avec les bilingues séquentiels, d’autant plus que ce

seuil est aussi parfois utilisé dans la littérature (Meisel, 2009).

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28  

Figure 2 Nombre d’enfants selon l’âge (en mois) du premier contact avec le français

Nous avons contrôlé plusieurs variables sur la population. Tout d’abord, nous avons

évalué le niveau de raisonnement non-verbal de ces enfants en leur faisant passer la tâche des

matrices de Raven qui est présentée en annexe V, ceci de façon à nous assurer que tous les

enfants aient des performances dans la norme dans ce domaine (avec un score supérieur au

5ème percentile). Ceci permet d’exclure un éventuel retard intellectuel qui remettrait en cause

le diagnostic d’un trouble spécifique au langage et exclurait l’enfant en question de notre

population. Nous avons aussi contrôlé l’âge des enfants en nous assurant qu’il n’y ait pas de

différences significatives entre les âges des groupes pour pouvoir les comparer. En effet, une

telle différence constituerait un biais important dans notre étude car les résultats pourraient

alors être attribuables à la différence d’âge entre les enfants. Tous nos groupes sont donc

équivalents en âge10. De plus, nous avons aussi contrôlé la relation entre l’âge d’acquisition

du français et l’âge des enfants de façon à ce qu’il n’existe pas de corrélation significative

entre ces deux variables. En effet, si l’âge d’acquisition du français augmentait au fur et à

mesure que l’âge augmente dans notre échantillon, cela introduirait un biais important qui

nous empêcherait d’attribuer les résultats à la variation de l’âge d’acquisition du français. En

revanche, comme les groupes sont comparables en âge mais que les âges d’acquisition

varient, tous les enfants n’ont pas la même durée d’exposition au français.

2.2. Matériel

Dans le but d’effectuer une évaluation complète, notre protocole contient le questionnaire

parental PaBiQ ainsi que des épreuves standardisées et des épreuves expérimentales issues du

                                                                                                                         10 Il n’y a pas de différence significative entre les âges des Bi-TSL séq et des Bi-TSL sim (U = 83.0 ; p = 0.08) ni entre les âges des Bi-TSL séq et des Bi-TD séq (U = 71.5 ; p = 0.68). Il n’y a pas non plus de différence significative lorsqu’on compare les âges des groupes Bi-TSL et Bi-TD (séquentiels et simultanés confondus) (U = 397.0 ; p = 0.35)

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29  

programme COST. Nous avons évalué les différents domaines connus pour être déficitaires

chez les enfants avec un TSL, à savoir la phonologie et la morphosyntaxe, ainsi que le

lexique. Le protocole de passation comprenant les listes exhaustives des items utilisés est

consultable en annexe V.

2.2.1. Questionnaire parental

Dans notre étude, nous avons utilisé une adaptation du questionnaire PaBiQ (Tuller et al.

(2011) (Annexe VI). Il a été transmis aux parents qui l’ont rempli individuellement. En

revanche, nous sommes restées à leur disposition pour les aider à compléter certaines parties

et pour répondre à leurs questions. Ce questionnaire parental permet de récolter les

informations qui sont présentées dans le tableau V. Nous avons utilisé plusieurs versions de

ce questionnaire dans des langues différentes (français, portugais, anglais) en fonction des

préférences linguistiques de chaque parent.

Tableau V Informations récoltées par le PaBiQ

Section Informations

Informations générales sur l’enfant Date et lieu de naissance, langues parlées actuellement

Début des repères langagiers Âge des premiers mots et des premières phrases, âge de la première exposition à la langue

Compétences langagières actuelles Capacités d’expression, de formulation de phrases correctes, satisfaction parentale, frustration durant les échecs de communication

Utilisation de chaque langue Avec les parents, les frères et sœurs et les autres membres de la famille

Richesse linguistique Utilisation de la langue en dehors de la maison (lecture, TV) et avec les amis de l’enfant

Informations sur les parents Profession, langues utilisées au travail, niveau d’éducation, niveau de compétence dans chaque langue

Difficultés des parents et des frères et sœurs

En lecture, en écriture, en compréhension et en expression orale

Les informations récoltées permettent de calculer plusieurs scores. Nous allons nous

intéresser plus spécifiquement au score de non-risque calculé en fonction des antécédents

familiaux de difficultés langagières et de la façon dont s’est développé le langage chez

l’enfant. Ce score peut se situer entre 0 et 23. Plus le score est bas, plus l’enfant a de chance

de présenter un trouble du langage. Lors de l’élaboration de ce questionnaire, un seuil a été

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30  

défini par l’équipe COST qui a créé le questionnaire. Ce seuil détermine à partir de quel score

on peut considérer que l’enfant a de fortes chances de développer un trouble du langage. Ce

seuil correspond à un score de 19.

2.2.2. Evaluation de la phonologie

A. Versant productif : répétition de mots (RepMots)

L’épreuve de répétition de mots, issue de la batterie d’évaluation ‘Bilan Informatisé de

Langage Oral’ (BILO) (Khomsi et coll. 2007), est une épreuve standardisée qui contient 32

items présentés auditivement à l’enfant. Il s’agit d’un programme entièrement informatisé qui

enregistre quantitativement le nombre de bonnes et de mauvaises réponses. Cependant, nous

avons tout de même enregistré les réponses de l’enfant pour avoir un résultat qualitatif. La

mesure issue de cette tâche correspond à un écart-type calculé sur la base du nombre de

réponses correctes.

B. Versant productif : répétition de non-mots (RepNM)

La tâche de répétition de non-mots est une tâche expérimentale développée par Ferré & dos

Santos (2015) en collaboration avec le programme COST (COST Action IS0804). Il s’agit

d’un fichier PowerPoint contenant 71 non-mots et deux exemples qui sont présentés

auditivement à l’enfant. La longueur des items varie entre une et trois syllabes. Tous les non-

mots sont donc très courts de façon à contrôler un éventuel effet de la mémoire de travail

(Ferré & dos Santos, 2015). De plus, la tâche contient deux types de non-mots différents

selon la façon dont ils ont été construits. On trouvent tout d’abord 30 non-mots « fabriqués »

avec des phonèmes partagés par la majorité des langues. Les voyelles utilisées sont /u/, /a/, /i/

et les consonnes utilisées sont /p/, /k/, /f/ et /l/ (exemple : klipafu ; fupla ; faku). Ces non-mots

contiennent des contraintes phonotactiques qui sont universelles, ce qui permet de contrôler

le facteur du bilinguisme. C’est la raison pour laquelle nous les appelerons les « non-mots

universels ». On trouve ensuite 41 non-mots « fabriqués » avec les mêmes phonèmes que les

items présentés précédemment mais avec, en plus, des spécificités phonotactiques propres au

français. Seul le /s/ a été ajouté. Ces non-mots permettent d’obtenir des informations sur les

difficultés relatives à l’acquisition de la L2 (exemple : kusp ; skafu ; pafuski). Nous les

appelerons les « non-mots spécifiques ».

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31  

À l’issue de cette tâche, nous mesurons le nombre de répétitions correctes que nous

transformons en pourcentage de bonnes réponses. Ceci nous permet donc d’obtenir trois

scores : le pourcentage de répétition exacte sur le total des non-mots, le pourcentage de

répétition exacte de non-mots universels et le pourcentage de répétition exacte de non-mots

spécifiques.

2.2.3. Évaluation du lexique

L’évaluation du lexique a été réalisée à l’aide de tâches standardisées issues de la batterie

des ‘Nouvelles Épreuves d’Évaluation du Langage’ (NEEL) (Chevrie-Muller & Plaza, 2001).

A. Versant réceptif : pointage d’images

La tâche de pointage d’image est une épreuve de désignation qui mesure le lexique en

compréhension. Elle contient 36 items qui sont dénommés oralement par l’expérimentateur

(exemples : tasse, lavabo). L’enfant doit pointer le mot qu’il entend sur une planche

composée de huit images différentes. La mesure obtenue à l’issue de cette tâche est un écart-

type basé sur le nombre de bonnes réponses.

B. Versant productif : dénomination d’images

La tâche de dénomination d’images consiste à demander à l’enfant de dénommer des

images qu’on lui présente sur des cartes. Dans notre étude, nous avons utilisé les 36 items de

mots concrets (exemples : loupe, domino). La mesure obtenue à l’issue de cette tâche est un

écart-type basé sur le nombre de bonnes réponses.

2.2.4. Évaluation de la morphosyntaxe

A. Versant réceptif : pointage d’images

La tâche de pointage d’images est une épreuve tirée de la NEEL (Chevrie-Muller, C. &

Plaza, M. 2001). Cette tâche de désignation mesure la compréhension de la morphosyntaxe.

Elle contient 22 items présentés oralement à l’enfant par l’expérimentateur. Il s’agit de

phrases que l’enfant doit associer à l’image correspondante sur une planche de 4 images

(exemple : « le petit garçon la cueille »). La mesure obtenue à l’issue de cette tâche est un

écart-type basé sur le nombre de bonnes réponses.

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32  

B. Versant productif : complétion de phrases

La tâche de complétion de phrases, issue elle aussi de la NEEL (Chevrie-Muller & Plaza,

2001), évalue la morphosyntaxe en expression. L’expérimentateur initie une phrase que

l’enfant doit compléter, ce qui permet d’induire la production de certaines structures de

phrases ou de certains morphèmes. L’épreuve contient 16 phrases qui induisent la production

de l’accord en nombre, du passé composé (ou de l’imparfait) et du futur. Des exemples sont

présentés dans le tableau suivant. La mesure obtenue à l’issue de cette tâche est un écart-type

basé sur le nombre de bonnes réponses.

Tableau VI Exemples issus de la tâche de complétion de phrases (NEEL)

Type de structure Exemple

Accord en nombre

3ème pers. S. " 3ème pers. P. Jean écrit. Pierre et Jean …

1ère pers. S. " 1ère pers. P.

J’apprends à jouer du violon. Nous aussi nous …

Présent " passé composé (ou imparfait)

Ce matin je suis en retard alors je cours. Hier matin j’étais en retard alors …

Présent ou passé " futur Aujourd’hui on a gagné le match. Demain aussi j’en suis sûr on …

C. Répétition de phrases (RepPH) La tâche de répétition de phrases est une tâche expérimentale développée dans le cadre de

l’action IS0804 du programme COST (Prévost et al. 2012). C’est une tâche informatisée qui

consiste en un fichier PowerPoint. Elle contient 30 items. Il s’agit de phrases présentées

auditivement avec des niveaux de complexité différents qui varient. En effet, la tâche contient

des phrases de structures différentes qui sont présentées dans le tableau suivant.

Tableau VII Présentation des structures de phrases présentes dans la tâche de répétition de phrases

Structures visées Exemple Enchâssement Mouvement syntaxique

Présent Le garçon prend un bain. - -

Passé Le lapin a mangé la carotte. - -

Question objet Quel bébé mamie regarde ? - +

Complétive Le papa croit que la fille a fini sa soupe. + -

Relative Je vois le garçon que la fille a poussé. + +

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33  

Les items sont proposés en ordre aléatoire. Les phrases au présent et au passé sont des

phrases contrôles qui servent aussi à mettre en confiance le participant. La mesure obtenue

est un pourcentage de répétition exacte basé sur le nombre de phrases répétées correctement.

Nous allons nous intéresser plus particulièrement à la différence de performance en fonction

de la présence ou non d’une structure enchâssée dans la phrase. À l’issue de cette tâche, nous

obtenons donc deux scores : le pourcentage de répétition exacte sur le nombre total de

phrases et le pourcentage de répétition exacte sur les phrases enchâssées.

Pour conclure, le tableau suivant présente un récapitulatif des tâches administrées dans

notre étude.

Tableau VIII Présentation des tâches utilisées

Domaine évalué Versant Tâche utilisée Protocole

Phonologie Production Répétition de mots Standardisé (BILO)

Répétition de non-mots Expérimental (COST)

Lexique Compréhension Pointage d’images Standardisé (NEEL)

Production Dénomination d’images Standardisé (NEEL)

Morphosyntaxe

Compréhension Pointage d’image Standardisé (NEEL)

Production Complétion de phrases Standardisé (NEEL)

Répétition de phrases Expérimental (COST)

2.3. Déroulement des passations

La plupart des passations a été effectuée directement au domicile des enfants et seules

quatre d’entre elles ont été réalisées dans le cabinet des logopédistes, et ce en fonction des

préférences des parents et des professionnels. Un formulaire de consentement a été élaboré et

transmis aux parents au moment de la première rencontre (Annexe VII). Nous avons tout mis

en œuvre pour que l’enfant réalise les tâches dans de bonnes conditions. C’est la raison pour

laquelle nous avons veillé à ce que la rencontre se déroule dans un endroit calme et nous

avons toujours privilégié la relation avec l’enfant. Par conséquent, la plupart des épreuves ont

été enregistrées ce qui a permis de procéder à la cotation en différé. Le testing comporte donc

11 tâches et dure environ 90 minutes. Les tâches ont été réparties en deux sessions de 45

minutes (selon la répartition présentée dans le tableau IX).

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34  

Tableau IX Déroulement et durée des deux sessions de passation

Session 1 Session 2 Tâche Durée Tâche Durée

Langage spontané 3 NEEL LexR 12 RepNM 4 RepPH 10

NEEL LexP 9 Tâche de tri 10 Matrices de Raven 10 NEEL MorSynR 9 Empan de chiffre 5 RepMots BILO 5 NEEL MorSynP 14

TOTAL 45 TOTAL 46

Certaines tâches apparaissent dans le tableau mais n’ont pas été présentées dans cette

section car elles n’ont finalement pas été utilisées pour nos analyses en raison des données

encore manquantes à ce moment-là concernant les participants venant de l’équipe de Tours. Il

s’agit de la tâche d’empan de chiffre mesurant les compétences de la mémoire de travail et

d’une tâche de classification de cartes qui visait à évaluer les fonctions exécutives.

2.4. Hypothèses opérationnelles

Suite à la présentation de la méthode utilisée dans cette recherche, nous allons maintenant

examiner plus précisément les hypothèses opérationnelles. Ces dernières découlent

directement des hypothèses théoriques qui ont été présentées en détail dans la section 1.3.

H1 : Pertinence du questionnaire PaBiQ

Le questionnaire parental PaBiQ contribue au dépistage du TSL chez les enfants bilingues, et

notamment dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels.

A. Nous nous attendons à observer un score de non-risque plus faible chez les enfants

bilingues présentant un TSL par rapport à leur pairs (bilingues) au développement

typique et ce, aussi chez les enfants bilingues séquentiels.

ð Bi-TSL (sim + séq) < Bi-TD (sim + séq)

ð Bi-TSL séq < Bi-TD séq

VI = Type de développement (TSL/TD) VD = Score de non-risque B. Nous nous attendons à une corrélation inverse significative entre le score de non-

risque du questionnaire PaBiQ et les scores aux tâches de langage chez tous les

enfants bilingues (séquentiels et simultanés confondus) ainsi que dans le sous-groupe

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35  

d’enfants Bi-TSL séquentiels, que ce soit pour les tâches standardisées ou les tâches

expérimentales.

H2 : Pertinence d’une tâche de répétition de non-mots

L'évaluation des représentations phonologiques contribue à l’identification d’un TSL chez les

enfants bilingues, et notamment dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels.

Nous nous attendons à observer un score total de répétition exacte plus faible chez les

enfants bilingues avec un TSL par rapport à leurs pairs au développement typique et ce,

notamment dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels. Nous allons aussi comparer

les enfants Bi-TSL aux enfants Bi-TD en fonction du type de construction des non-mots.

Nous nous attendons à observer un score total de répétition exacte plus faible chez les enfants

Bi-TSL que chez les Bi-TD sur les non-mots universels ainsi que sur les non-mots

spécifiques.

ð Bi-TSL (sim + séq) < Bi-TD (sim + séq)

ð Bi-TSL séq < Bi-TD séq

VI = Type de développement (TSL/TD) VD1 = score total de répétition exacte

VD2 = score de répétition exacte pour les non-mots universels

VD3 = score de répétition exacte pour les non-mots spécifiques

H3 : Pertinence d’une tâche de répétition de phrases

La répétition de structures syntaxiques complexes, et plus précisément la répétition de

phrases enchâssées, contribue à l’identification d’un TSL chez les enfants bilingues, et

notamment dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels.

Nous allons tout d’abord comparer les enfants Bi-TSL et les Bi-TD sans distinguer les

types de bilinguisme avant de nous intéresser plus particulièrement à cette comparaison chez

les enfants bilingues séquentiels. Nous nous attendons à observer un score de répétition

exacte plus faible chez les enfants Bi-TSL par rapport aux enfants Bi-TD. Par ailleurs, nous

nous attendons plus précisément à une différence dans le même sens sur les phrases contenant

une structure enchâssée.

ð Bi-TSL (sim + séq) < Bi-TD (sim + séq)

ð Bi-TSL séq < Bi-TD séq

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36  

VI = Type de développement (TSL/TD) VD1 = Score total de répétition exacte

VD 2 = Score de répétition exacte sur l’enchâssement

H4 : Effet de l’âge du premier contact avec le français

L’âge du premier contact avec le français influence les performances langagières.

A. Nous nous attendons à observer un effet de l’âge d’acquisition de la seconde langue

sur les performances dans les tâches de langage chez les enfants bilingues présentant

un TSL. Plus précisément, nous nous attendons à ce que les scores des enfants

bilingues séquentiels avec un TSL soient inférieurs à ceux des enfants bilingues

simultanés avec un TSL dans les tâches standardisées et expérimentales.

ð Bi-TSL séq < Bi-TSL sim

VI = Type de bilinguisme (séquentiel/simultané)

VD1 = Score de répétition exacte à la tâche RépNM

VD2 = Score de répétition exacte à la tâche RépPH

VD3 = Score aux épreuves de la NEEL

B. Nous nous attendons à une corrélation inverse significative entre l’âge du premier

contact au français et les performances dans les tâches de langage chez les enfants

bilingues avec un TSL ainsi que dans le sous-groupe d’enfants bilingues séquentiels,

que ce soit pour les tâches standardisées ou les tâches expérimentales.

3. Résultats

3.1 Distribution des données

Avant de tester spécifiquement chaque hypothèse, nous avons analysé la distribution de

nos données sur les tâches expérimentales (répétition de non-mots et répétition de phrases).

Pour ce faire, nous avons effectué le test de normalité de Shapiro-Wilk sur les résultats des

enfants Bi-TSL séquentiels. Ce dernier met en évidence une distribution « non normale » des

valeurs obtenues pour la tâche de répétition de non-mots et pour celle de répétition de

phrases, comme présenté ci-dessous (figure 3 et figure 4).

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37  

Figure 3 Distribution du pourcentage de réponses correctes à la tâche de répétition de phrases

chez les enfants Bi-TSL séq

Figure 4 Distribution du pourcentage de réponses correctes à la tâche de répétition de non-mots

chez les enfants Bi-TSL séq

Par conséquent, nous avons utilisé des tests non paramétriques pour tester nos hypothèses

opérationnelles. Le test de Mann Whitney nous a servi à réaliser les comparaisons

intergroupes auxquelles s’ajoutent des corrélations de Spearman utilisées pour investiguer les

liens entre les variables11.

3.2 Hypothèse H1 : pertinence du questionnaire parental PaBiQ

Nous nous attendions à observer un score de non-risque plus faible chez les enfants

bilingues (simultanés + séquentiels) présentant un TSL par rapport à leurs pairs au

développement normal. Les résultats (figure 5) vont dans le sens de notre prédiction avec une

moyenne de 21.6 de score de non-risque pour le groupe des enfants Bi-TD alors que le

groupe d’enfants Bi-TSL obtient une moyenne de 16.9. Cette différence est significative (U =

99.0, p < .001).                                                                                                                          

11 Les indices de significativité seront représentés de la façon suivante : p <.05 (*), p <.01 (**), p <.001 (***).

Histogram: SRep-French % Total Identical RepetitionShapiro-Wilk W=.95340, p=.42169

Expected NormalInclude cases: 1:20

-10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

X <= Category Boundary

0

1

2

3

4

No.

of o

bs.

Histogram: % Total NW repShapiro-Wilk W=.88287, p=.01994

Expected NormalInc lude cases: 1:20

30 40 50 60 70 80 90 100

X <= Category Boundary

0

1

2

3

4

5

6

7

8

No. o

f obs

.

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38  

 

Figure 5 Moyennes des scores de non-risque obtenus à l'issue du questionnaire PaBiQ pour les

Bi-TSL et les Bi-TD au complet

Nous nous attendions ensuite à observer une différence similaire chez les enfants

bilingues séquentiels. Les résultats (figure 6) vont dans le sens de notre hypothèse. En effet,

les enfants Bi-TSL séquentiels obtiennent une moyenne de score de non-risque de 18.5 alors

que les enfants Bi-TD séquentiels obtiennent, eux, une moyenne de 22.4 pour ce même score.

Cette différence est significative (U = 6.0, p < .001).

 

Figure 6 Moyennes des scores de non-risque obtenus à l'issue du questionnaire PaBiQ pour les

Bi-TSL séq et les Bi-TD séq

Nous nous attendions enfin à obtenir une corrélation positive significative entre le score

de non-risque du questionnaire PaBiQ et les scores aux tâches de langage chez les enfants

bilingues (simultanés et séquentiels confondus). Les résultats vont dans le sens de notre

hypothèse. En effet, plus le score de non-risque est élevé, plus les pourcentages de réponses

correctes aux tâches de répétition de phrases et de non-mots sont élevés (respectivement Rs =

0.55, p < .001 et Rs = 0.5, p < .001). Concernant les tâches standardisées, les résultats vont

aussi dans le sens de notre hypothèse, et ce pour toutes les tâches (cf. tableau X) sauf pour

0  

5  

10  

15  

20  

25  

Bi-­‐TSL   Bi-­‐TD  Pa

BiQ  -­‐  Score  de

 non

-­‐risqu

e  

***  

0  

5  

10  

15  

20  

25  

BiTSL  séq   BiTD  séq  

PaBiQ  -­‐  score  de

 non

 risque

   

***    

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39  

celle qui évalue la morphosyntaxe en compréhension (MorSynR). Cependant, la p-valeur

n’est pas loin d’être significative (p = 0.1).

Tableau X Corrélations entre le score de non-risque du PaBiQ et les tâches standardisées chez tous les enfants bilingues

Tâches standardisées Spearman R p-valeur LexP 0.34 p < .01 LexR 0.29 p < .05

MorSynP 0.46 p < .001 MorSynR 0.21 p = 0.11 RépMots 0.45 p < .001

Nous avons fait de même en concentrant l’analyse sur les enfants bilingues séquentiels.

Les résultats montrent une corrélation positive significative entre les scores des tâches

expérimentales (répétition de non-mots : Rs = 0.43 ; p < .05 ; répétition de phrases : Rs =

0.53 ; p < .01) et le score du questionnaire PaBiQ. En revanche, il n’y pas de corrélation pour

les tâches standardisées, excepté pour une tâche (MorSynP).

Tableau XI Corrélations entre le score de non-risque du PaBiQ et les tâches standardisées chez les enfants bilingues séquentiels

Tâches standardisées Spearman R p-valeur LexP 0.20 p = 0.30 LexR -0.12 p = 0.57

MorSynP 0.37 p < .05 MorSynR -0.15 p = 0.44 RépMots 0.33 p = 0.08

3.3 Hypothèse H2 : pertinence d’une tâche de répétition de non-mots

Nous nous attendions à observer tout d’abord un score total de répétition exacte dans la

tâche de répétition de non-mots plus faible chez les enfants bilingues (simultanés +

séquentiels) avec un TSL par rapport à leurs pairs au développement normal. Avec une

moyenne de 88.6% de réponses correctes, les enfants Bi-TD sont effectivement plus

performants que les enfants Bi-TSL qui obtiennent une moyenne de 74.25 %. La différence

entre les deux groupes est significative (U = 162.5, p < .001). Les résultats (figure 7) vont

donc dans le sens de notre hypothèse.

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40  

 

Figure 7 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de non-mots pour les Bi-TSL et les Bi-TD au complet

Nous nous attendions à observer cette même différence chez les enfants bilingues

séquentiels12. Les résultats (figure 8) vont aussi dans le sens de notre hypothèse. En effet, les

enfants Bi-TD séquentiels (85.7% de répétition exacte) sont plus performants que les enfants

Bi-TSL séquentiels qui obtiennent une moyenne de 73.9%. Cette différence est aussi

significative (U = 37.5, p < .05).

 

Figure 8 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de non-mots pour les Bi-TSL séq et les Bi-TD séq

Nous tournant maintenant vers la distinction entre non-mots dits « spécifiques » versus

« universels » (comme évoqué en section 2.2.2), nous nous attendions tout d’abord à observer

des scores plus faibles chez les Bi-TSL que chez les Bi-TD. Les résultats (figure 9) vont dans

le sens de notre hypothèse lorsque l’on compare les groupes au complet (bilingues

séquentiels et simultanés confondus). En effet, pour les non-mots universels, le groupe Bi-

TSL obtient une moyenne de répétition exacte de 74% et le groupe Bi-TD obtient une

                                                                                                                         12 A noter: cette différence est aussi retrouvée chez les enfants bilingues simultanés (U = 38.5, p < .001).

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL   BiTD  

%  ré

péEE

on  exacte  

***    

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL  séq   BiTD  séq  

%  ré

péEE

on  exacte  

*    

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41  

moyenne de 88.6%. Cette différence est significative (U = 154.0, p < .001). Sur les non-mots

spécifiques, le groupe Bi-TSL obtient une moyenne de répétition correcte de 74.5% et le

groupe Bi-TD une moyenne de 88.7%. Cette différence est là aussi significative (U = 161.5, p

< .001). Par conséquent, les deux types de non-mots discriminent les enfants de la même

façon. Nous ne pouvons donc pas conclure en faveur d’un type de non-mots qui serait plus

efficace.

 

Figure 9 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de non-mots en

fonction des types de non-mots chez les Bi-TSL et les Bi-TD au complet

En revanche, lorsque l’on focalise notre analyse sur les populations d’enfants bilingues

séquentiels13 (TD et TSL), les différences ne sont plus significatives (figure 10). Ainsi, la

différence significative entre les groupes (Bi-TSL séq et Bi-TD séq) disparaît sur les non-

mots universels (U = 43.0, p = 0.06) et le même résultat est obtenu sur les non-mots

spécifiques (U = 45.0, p = 0.08). Cependant, il faut bien noter noter que les p-valeurs sont

très proches du seuil de significativité.

                                                                                                                         13 A noter: la différence entre les Bi-TSL simultanés et les Bi-TD simultanés est significative pour les non-mots universels (U = 31.5, p < .001) et spécifiques (U = 18.5, p < .001).

0  

20  

40  

60  

80  

100  

Non-­‐mots  universels   Non-­‐mots  spécifiques  

%  ré

péEE

on  exacte  

BiTSL  BiTD  

***   ***    

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42  

 

Figure 10 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de non-mots en

fonction des types de non-mots pour les Bi-TSL séq et les Bi-TD séq

3.4 Hypothèse H3 : pertinence d’une tâche de répétition de phrases

Concernant la tâche de répétition de phrases, nous nous attendions à observer un score de

répétition exacte plus faible chez les enfants bilingues (simultanés + séquentiels) avec un

TSL par rapport à leurs pairs au développement normal. Les résultats (figure 11) vont dans le

sens de notre hypothèse puisqu’ils mettent en évidence une différence significative (U = 75.0,

p < .001) entre les Bi-TSL et les Bi-TD qui obtiennent respectivement des moyennes de

47.4% et 84.2% de répétitions correctes.

 

Figure 11 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de phrases pour les

Bi-TD et les Bi-TSL au complet

0  

20  

40  

60  

80  

100  

Non-­‐mots  universels   Non-­‐mots  spécifiques  

%  ré

péEE

on  exacte  

BiTSL  séq  

BiTD  séq  

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL   BiTD  

%  ré

péEE

on  exacte  

BiTSL  BiTD  

***    

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43  

Nous avions ensuite la même prédiction concernant les enfants bilingues séquentiels14.

Les résultats (figure 12) démontrent là encore une différence significative (U = 30.0, p < .05)

entre les Bi-TSL séquentiels et les Bi-TD séquentiels sur la tâche de répétition de phrases. En

effet, les enfants Bi-TSL séquentiels obtiennent une moyenne de répétition exacte de 46.5%

et les Bi-TD séquentiels une moyenne de 74%.

 

Figure 12 Moyennes des scores de répétition exacte à la tâche de répétition de phrases pour les Bi-TSL séq et les Bi-TD séq

Enfin, nous nous attendions à cette même différence en précisant l’analyse sur les

structures de phrases enchâssées. Concernant l’analyse sur les groupes au complet, les

résultats (figure 13) vont bien dans ce sens : entre la moyenne des Bi-TSL (26.2% de

répétition exacte) et celle des Bi-TD (47.5% de répétition exacte), la différence est

significative (U = 297.0, p < .05).

 

Figure 13 Moyennes des scores de répétition exacte sur les phrases enchâssées pour les Bi-TD et les Bi-TSL au complet

                                                                                                                         14 A noter: cette différence est aussi significative chez les enfants bilingues simultanés (U = 7.0, p < .001).

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL  séq   BiTD  séq  

%  ré

péEE

on  exacte  

*    

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL   BiTD  

%  ré

péEE

on  exacte  

BiTSL  BiTD  

   *      

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44  

En revanche, cette différence significative ne se retrouve pas entre les groupes d’enfants

bilingues séquentiels15 (U = 63.0, p = 0.4) (figure 14).

 

Figure 14 Moyennes des scores de répétition exacte sur les phrases enchâssées pour les Bi-TSL séq et les Bi-TD séq

3.5 Hypothèse H4 : effet de l’âge du premier contact avec le français

Pour notre dernière hypothèse, nous nous attendions à observer un effet de l’âge

d’acquisition de la seconde langue sur les performances dans les tâches de langage chez les

enfants bilingues présentant un TSL. Les résultats ne vont cependant pas dans le sens de notre

hypothèse. En effet, pour tester cette hypothèse, nous avons comparé les performances des

enfants Bi-TSL séquentiels à celles des enfants Bi-TSL simultanés sur les tâches de répétition

de phrases, de répétition de non-mots ainsi que sur les tâches standardisées (NEEL et BILO).

Les résultats, présentés dans les figures 15 et 16, démontrent une absence de différence

significative entre ces deux groupes pour chacune des tâches. Les p-valeurs sont présentées

dans le tableau XII.

 

Figure 15 Moyennes des pourcentages de répétition exacte dans les tâches expérimentales pour les Bi-TSL séq et les Bi-TSL sim

                                                                                                                         15 Cette différence est significative chez les enfants bilingues simultanés (U = 7.0, p < .05).

0  

20  

40  

60  

80  

100  

BiTSL  séq   BiTD  séq  

%  ré

péEE

on  exacte  

0  

20  

40  

60  

80  

100  

RépéGGon  de  phrases  

RépéGGon  de  non-­‐mots  

%  ré

péEE

on  correcte  

BiTSL  séq  

BiTSL  sim  

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45  

 

Figure 16 Ecarts-types moyens caractérisant les Bi-TSL séq et les Bi-TSL sim sur les tâches standardisées

Tableau XII Résultats de la comparaison entre Bi-TSL sim et Bi-TSL séq

Type de tâche Tâches Mann-Whitney U p-valeur

Expérimentales RépNM 128.0 p = 0.96 RépPH 120.0 p = 0.73

Standardisées

LexP 80.0 p = 0.07 LexR 121.0 p = 0.75

MorSynP 90.5 p = 0.15 MorSynR 103.0 p = 0.33

RépMots BILO 115.5 p = 0.61

Enfin, nous nous attendions à une corrélation inverse entre l’âge du premier contact avec

la L2 (français) et les performances dans les tâches de langage chez les enfants bilingues avec

un TSL. Nous avons donc recherché cette corrélation chez le groupe d’enfants TSL au

complet. Les résultats, présentés dans le tableau ci-dessous, ne révèlent aucune corrélation

significative entre les tâches de langage et l’âge du premier contact avec le français.

Tableau XIII Corrélations entre l'âge du premier contact avec le français et les tâches de langage

Type de tâche Tâches Spearman R p-valeur

Expérimentales RépNM 0.01 p = 0.94 RépPH -0.04 p = 0.82

Standardisées

LexP -0.29 p = 0.10 LexR 0.02 p = 0.90

MorSynP -0.23 p = 0.20 MorSynR 0.00 p = 0.10 RépMots -0.19 p = 0.29

-­‐5  -­‐4.5  -­‐4  

-­‐3.5  -­‐3  

-­‐2.5  -­‐2  

-­‐1.5  -­‐1  

-­‐0.5  0  

Lexique  -­‐  Expression  

Lexique  -­‐  Compréhension  

Morphosyntaxe  -­‐  Expression  

Morphosyntaxe  -­‐  Compréhension   BILO  

Ecart-­‐type

  BiTSL  séq  

BiTSL  sim  

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46  

Nous avons fait de même en concentrant l’analyse sur les enfants Bi-TSL séquentiels

uniquement. Les résultats présentés dans le tableau suivant ne révèlent pas non plus de

corrélation significative.

Tableau XIV Corrélations entre l'âge du premier contact avec le français et les tâches de langage chez les enfants bilingues séquentiels (TSL + TD)

Type de tâche Tâches Spearman R p-valeur

Expérimentales RépNM 0.03 p = 0.90 RépPH -0.02 p = 0.94

Standardisées

LexP 0.00 p = 0.97 LexR -0.09 p = 0.69

MorSynP -0.04 p = 0.86 MorSynR -0.38 p = 0.10 RépMots -0.35 p = 0.95

4. Discussion

Comme nous l’avons évoqué précédemment, certaines recherches ont mis en évidence de

fortes similitudes entre le développement langagier normal d’un enfant bilingue séquentiel et

les difficultés liées à la présence d’un TSL chez un enfant monolingue (Paradis & Crago,

2000, 2004 ; Prévost et al. 2011 ; Scheidnes, 2012). Cette ressemblance entre les profils peut

porter à confusion au moment de l’évaluation du langage oral d’un enfant bilingue séquentiel.

En effet, comme nous l’avons vu dans l’étude de Tuller et al. (2013) dans la section 1.2.1,

l’évaluation du langage dans un contexte de bilinguisme comporte des risques de sur-

diagnostic et de sous-diagnostic. Ainsi, les professionnels diagnostiquent parfois un TSL chez

les enfants bilingues séquentiels et préconisent une intervention alors que leurs difficultés

sont passagères et simplement liées à l’acquisition tardive d’une seconde langue (sur-

diagnostic). Inversément, certains enfants Bi-TSL séquentiels ne sont pas adressés en

logopédie car leurs difficultés sont mises sur le compte du bilinguisme (sous-diagnostic).

Dans le cadre de la recherche sur l’évaluation du langage oral chez les enfants bilingues,

plusieurs outils applicables aux situations de bilinguisme simultané ont déjà pu être proposés.

Plus précisément, les auteurs du programme COST ont évalué l’efficacité d’un questionnaire

parental, d’une tâche de répétition de non-mots et d’une tâche de répétition de phrases.

L’objectif de notre recherche était d’évaluer la pertinence de ces outils dans l’évaluation du

langage oral des enfants bilingues séquentiels. Nous présentons ci-dessous les principaux

résultats obtenus (cf. tableau XV). Par la suite, nous discuterons ces résultats en fonction de

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47  

chacune de nos hypothèses initiales, à la lumière des données de la littérature les plus

récentes.

Tableau XV Récapitulatif des hypothèses et des résultats obtenus

Hypothèses Bilingues Résultats

H1 : Le questionnaire parental PaBiQ contribue au dépistage du TSL chez les

enfants bilingues, et notamment dans le sous-

groupe d’enfants bilingues séquentiels.

H1A Bi-TSL < Bi-TD confondus ✓

séquentiels ✓

H1B Si score de non risque

augmente, scores aux tâches de langage augmentent

confondus ✓

séquentiels Tâches expérimentales ✓ Tâches standardisées ✗

H2 : L'évaluation des représentations

phonologiques contribue à l’identification d’un TSL

chez les enfants bilingues, et notamment dans le sous-

groupe d’enfants bilingues séquentiels.

H2

Bi-TSL < Bi-TD

confondus Score total ✓ Non-mots universels ✓ Non-mots spécifiques ✓

séquentiels Score total ✓ Non-mots universels ✗ Non-mots spécifiques ✗

H3 : La répétition de structures syntaxiques

complexes, et plus précisément la répétition de

phrases enchâssées, contribue à l’identification d’un TSL chez les enfants

bilingues, et notamment dans le sous-groupe d’enfants

bilingues séquentiels.

H3 Bi-TSL < Bi-TD

confondus Score total ✓ Score enchâssement ✓

séquentiels Score total ✓ Score enchâssement ✗

H4 : L’âge du premier contact avec le français

influence les performances langagières.

H4A Bi-TSL séq < Bi-TSL sim ✗

H4B

Chez les TSL : Si âge d’acquisition augmente,

scores aux tâches de langage diminuent

confondus ✗

séquentiels ✗

4.1 Retour sur les résultats obtenus

4.1.1 Pertinence du questionnaire parental PaBiQ dans l’évaluation des Bi-TSL

séquentiels

Les résultats soutiennent l’idée d’une contribution efficace du questionnaire parental

PaBiQ dans l’évaluation du langage oral chez les enfants bilingues, qu’ils soient séquentiels

ou simultanés. En effet, dans notre étude, les réponses fournies par les parents permettent de

discriminer de façon significative les enfants Bi-TSL des enfants Bi-TD, que ce soit

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48  

lorsqu’on mélange les types de bilinguisme ou lorsqu’on s’intéresse seulement au

bilinguisme séquentiel. De plus, le score issu du questionnaire PaBiQ est corrélé positivement

aux tâches de langage lorsqu’on considère tous les enfants bilingues (simultanés et

séquentiels confondus). Lorsqu’on s’intéresse plus particulièrement aux enfants bilingues

séquentiels, le score issu du questionnaire est corrélé positivement avec les tâches

expérimentales mais pas avec les tâches standardisées. Ceci renforce la pertinence d’utiliser

ces tâches expérimentales, comparativement aux tests standardisés « classiques ». Ce résultat

est toutefois à considérer avec précaution car les groupes TSL et TD chez les bilingues

séquentiels sont déséquilibrés (8 enfants TD pour 20 enfants TSL).

Quoi qu’il en soit, globalement, les résultats suggèrent que les données relatives à

l’histoire linguistique et développementale des enfants sont de bons indices à utiliser lors de

l’évaluation du langage oral. Certaines études déjà réalisées (Grimm & Schulz, 2013 ; Tuller

et al. 2013) pour tester l’efficacité d’un questionnaire parental ont montré qu’il pouvait tout

de même y avoir quelques erreurs sur la répartition effectuée entre TSL et TD à la suite des

réponses données par les parents. C’est la raison pour laquelle ce questionnaire ne devrait pas

être utilisé comme seul outil pour établir un diagnostic sûr. En revanche, il peut servir en

parallèle à une évaluation plus approfondie pour mettre en évidence la présence éventuelle de

facteurs de risques du TSL. En effet, les informations fournies par le questionnaire permettent

de mieux comprendre la raison pour laquelle un enfant bilingue obtiendrait un score faible

dans les épreuves standardisées sur des enfants monolingues (Tuller, 2015). Le raisonnement

est le suivant : si le questionnaire met en évidence la présence d’un risque élevé de

développement d’un TSL, on peut légitimement supposer qu’un faible résultat obtenu à la

suite d’un test logopédique peut être attribuable à la présence d’un TSL. En revanche, si le

questionnaire ne met pas en évidence de risque particulier vis-à-vis de la présence d’un TSL,

on peut supposer que ce sont plutôt les difficultés liées au bilinguisme qui font chuter les

scores aux tests normés sur des enfants monolingues. En effet, si un enfant bilingue n’a pas

été suffisamment exposé à la langue dans laquelle il est évalué, il est fort probable que ses

compétences soient largement en dessous de celles d’un enfant monolingue évalué dans cette

même langue.

Le questionnaire a été créé initialement pour être diffusé aux professionnels qui sont

inscrits dans une pratique clinique. L’idée est de fournir des versions adaptées à chaque

contexte culturel et linguistique selon les pays (Tuller, 2015). Ce questionnaire permettra aux

logopédistes d’obtenir des informations sur le contexte d’acquisition de la seconde langue

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49  

chez les enfants bilingues. Ces informations servent à mettre en évidence la présence

d’éventuels facteurs de risque de développement du TSL. Ainsi, dans le cadre d’une

évaluation du langage oral chez les enfants bilingues, le questionnaire peut contribuer à

distinguer les difficultés langagières liées à un développement typique du bilinguisme de

celles liées au développement d’un TSL.

4.1.2. Pertinence d’une tâche de répétition de non-mots

D’après l’étude de Thordardottir (2014), la tâche de répétition de non-mots permet déjà

d’identifier un TSL chez les enfants monolingues. Notre étude suggère qu’il est aussi possible

de l’utiliser pour l’identification d’un TSL chez les enfants bilingues. En effet, les résultats

démontrent que la tâche de répétition de non-mots permet de discriminer les enfants TSL des

enfants TD chez les bilingues (séquentiels et simultanés confondus) et notamment dans le

sous-groupe des enfants bilingues séquentiels. Ces résultats vont dans le sens de ceux de

l’étude de Grimm et al. (2014) dans laquelle ils ont montré que la répétition de non-mots

permet d’identifier le TSL chez une majorité d’enfants bilingues simultanés.

D’autre part, nous ne pouvons pas conclure en faveur d’un type de non-mots qui

permettrait de mieux discriminer les enfants Bi-TSL des enfants Bi-TD. En effet, les

différences entre ces deux groupes d’enfants (séquentiels et simultanés confondus) sont

significatives pour les deux types de non-mots et les p-valeurs sont quasiment similaires (p <

.001). Il n’y a donc pas un type de non-mots qui est plus efficace que l’autre pour identifier

un TSL chez les enfants bilingues. En revanche, lorsque l’on concentre l’analyse sur les

enfants bilingues séquentiels uniquement, ces différences significatives disparaissent. Cette

perte de significativité peut s’expliquer par le nombre réduit d’enfants dans le groupe des Bi-

TD séquentiels (8 enfants seulement). Elle peut aussi s’expliquer par le nombre réduit d’items

lorsque l’on s’intéresse spécifiquement à un type de non-mots en particulier. En effet, d’un

point de vue qualitatif, une différence importante peut tout de même être observée entre les

Bi-TSL séquentiels et les Bi-TD séquentiels (cf. figure 10) et les p-valeurs sont très proches

du seuil de significativité (p = 0.06 pour les non-mots universels ; p = 0.07 pour les non-mots

spécifiques). Ainsi, les tendances observées vont donc tout de même dans le sens de notre

hypothèse.

Au vu de ces résultats, on peut donc conclure que l’évaluation des représentations

phonologiques peut contribuer à l’identification du TSL chez les enfants bilingues. En effet,

cette tâche semble pouvoir mettre en évidence un TSL chez les enfants bilingues, qu’ils

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50  

soient séquentiels ou simultanés. Elle peut donc être utilisée en parallèle d’autres évaluations

pour poser un diagnostic de TSL. Ces résultats mériteraient d’être confirmés par une étude

comprenant un plus grand groupe de Bi-TD séquentiels.

4.1.3 Pertinence d’une tâche de répétition de phrases

La pertinence d’une tâche de répétition de phrases pour identifier un TSL a déjà été

démontrée chez les enfants monolingues (Leclercq et al. 2014). Prévost (2013) a aussi montré

que cette tâche était efficace pour différencier les enfants Bi-TSL des enfants Bi-TD dans un

contexte de bilinguisme simultané. Nos résultats vont dans le sens de ceux de l’étude de

Prévost (2013) puisqu’ils démontrent une différence significative entre les Bi-TSL

(simultanés et séquentiels confondus) et les Bi-TD (simultanés et séquentiels confondus). De

plus, nous obtenons cette différence significative aussi entre les Bi-TSL séquentiels et Bi-TD

séquentiels.

Comme nous l’avons vu à la section 1.1.3, Scheidnes (2012) a montré que les enfants Bi-

TD séquentiels et les enfants Mo-TSL pouvaient tout de même montrer des patterns de

difficultés similaires au niveau des structures de phrases complexes. Cependant, elle a pu

identifier une différence importante entre les deux groupes d’enfants au niveau de l’utilisation

des structures de phrases enchâssées. En effet, les erreurs portant sur l’enchâssement

diminuent chez les enfants Bi-TD séquentiels au fur et à mesure que l’âge augmente alors

qu’elles persistent chez les enfants Mo-TSL. Ces structures de phrases devraient donc

permettre une meilleure identification du TSL chez les enfants bilingues séquentiels. C’est la

raison pour laquelle nous nous sommes intéressés plus précisément aux phrases contenant un

enchâssement. Cependant, nos résultats démontrent que la différence entre les Bi-TSL

séquentiels et les Bi-TD séquentiels n’est pas significative au niveau des phrases enchâssées

(complétives et relatives), même si qualitativement une différence importante peut être

observée sur la figure 14 (page 44).

Comme ce résultat ne va pas dans le sens de notre hypothèse, nous avons poursuivi

l’analyse en ciblant plus particulièrement certains types de structures enchâssées. En effet, il

se peut que la différence entre les enfants Bi-TSL séquentiels et les Bi-TD séquentiels se

marque de façon plus importante sur les structures de phrases les plus complexes, celles qui

provoquent des difficultés « maximales » chez les enfants présentant un TSL. C’est pour cette

raison que nous avons ciblé la comparaison des deux groupes d’enfants séquentiels sur les

relatives objets (contenant un enchâssement mais également un déplacement syntaxique

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51  

entraînant un bouleversement de l’ordre canonique des constituants de la phrase)16. Nous

avons fait de même sur les complétives tensées, c’est-à-dire conjuguées (contenant plus de

morphèmes ‘marqueurs de temps’ que les complétives non conjuguées aussi présentes dans

l’épreuve)17. Cependant, les résultats ne démontrent pas non plus de différence significative

entre les deux groupes (relatives objets : U = 78, p = 0.94 ; complétives conjuguées : U =

55.5, p = 0.22).

 

Figure 17 Pourcentage moyen de répétition exacte sur les phrases complétives conjuguées

Par ailleurs, pour effectuer les analyses sur la tâche de répétition de phrases, nous avons

tenu compte du score de répétition exacte. Ceci signifie que dès que l’enfant effectue une

transformation par rapport à la phrase cible au moment de la répétition, la phrase est

considérée comme répétée de façon erronée. Dans ce cas, par exemple, la transformation peut

porter sur la substitution d’un nom. Pour cibler davantage l’analyse sur la capacité des

enfants à répéter la structure de phrase qui nous intéresse (et non sur les éléments lexicaux),

nous avons comparé les Bi-TSL séquentiels et les Bi-TD séquentiels en fonction d’un autre

score : le score de maintien de la structure. Ce score tient compte uniquement des

transformations au niveau de la structure cible de la phrase18. Cependant, la différence entre

les groupes n’est pas non plus significative lorsque l’on utilise ce score (U = 57.0, p = 0.25).

                                                                                                                         16 Exemple relative objet : Je vois le garçon que la fille a poussé 17 Exemple complétive tensée : Le garçon dit que la maman a lu un livre. Exemple complétive non conjuguée : La maman sait très bien dessiner des lapins. 18 Par exemple, dans la phrase cible « Tu vois le garçon qui a dessiné la mamie », la structure syntaxique visée est la construction relative sujet. Si l’enfant produit en répétition la phrase « Tu vois le garçon qui a dessiné », il omet le dernier groupe nominal de la phrase mais la structure syntaxique visée est bien présente. La phrase est donc considérée comme répétée correctement dans le cas du score sur le maintien de la structure.

0  

20  

40  

60  

80  

100  

Bi-TSL séq Bi-TD séq

% ré

pétit

ion

exac

te

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52  

Les résultats portant sur la comparaison Bi-TSL séquentiels et Bi-TD séquentiels ne sont

donc pas significatifs dans la tâche de répétition de phrases. Cependant, on observe tout de

même une différence importante d’un point de vue qualitatif entre les scores obtenus par les

deux groupes d’enfants. Par exemple, sur la figure 17 présentée ci-dessus, la représentation

graphique des résultats met en évidence des scores beaucoup plus bas pour les Bi-TSL

séquentiels que pour les Bi-TD séquentiels. Ainsi, la tendance des résultats va tout de même

dans le sens de notre hypothèse même si le seuil de significativité n’est pas atteint.

Pour conclure, nous avons mené une analyse qualitative en fonction des types de phrases

en comparant les performances obtenues pour les différentes structures syntaxiques, et ce

pour tous les groupes (figure 18).

 

Figure 18 Moyennes des scores de répétition exacte en fonction des structures de phrases

Les résultats des Bi-TD séquentiels sont quelque peu surprenants. En effet, lorsque l’on

s’intéresse à la figure 18, les pourcentages de répétition exacte de ce groupe sont plus faibles

que ceux des Bi-TD simultanés, excepté pour la répétition de questions objets. Les faibles

scores des enfants Bi-TD séquentiels en répétition de phrases suggèrent que la tâche met en

avant leurs difficultés qui sont proches de celles des enfants Mo-TSL. Or, l’idée de la

construction de cette tâche est justement d’éviter ce biais lié à la similitude des difficultés

entre les deux groupes. Ainsi, pour que la tâche soit efficace et qu’elle puisse bien

discriminer les enfants Bi-TSL séquentiels des enfants Bi-TD séquentiels, elle devrait

pouvoir permettre aux enfants Bi-TD séquentiels d’avoir de bonnes performances. Or, le

pourcentage total de répétition exacte (toutes structures de phrases confondues) est de 74%

pour les Bi-TD séquentiels alors que celui des Bi-TD simultanés est de 88%. Cette différence

n’est pas significative (p = 0.27 ; U = 58) mais l’indice de significativé n’est pas très grand.

0  10  20  30  40  50  60  70  80  90  100  

Présent   Passé   QuesGon  wh   CompléGve   RelaGve  

%  ré

péEE

on  exacte  

BiTSLséq  

BiTSL  sim  

BiTD  sim  

BiTD  séq  

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53  

De plus, qualitativement, une différence importante peut être observée sur la figure 18. Cette

différence peut probablement être expliquée par le système de cotation. En effet, comme

expliqué auparavant, ces moyennes ont été calculées sur la base du score de répétition exacte.

Or, si on considère le score qui s’intéresse uniquement au maintien de la structure de la

phrase, le pourcentage total moyen de répétition exacte augmente à 93.7% chez les Bi-TD

séquentiels et il est de 97% chez les Bi-TD simultanés. Dès lors, le score de répétition exacte

n’est peut-être pas le meilleur indicateur des performances des enfants. Il serait préférable de

se concentrer sur le score de maintien de la structure syntaxique. À côté de cela, comme les

scores de répétition exacte des deux groupes de Bi-TD (séquentiels et simultanés) sont

équivalents en répétition de questions objets, on peut imaginer que la répétition de ce type de

structure serait plus efficace que la répétition des autres structures syntaxiques pour identifier

un TSL. En effet, on observe à nouveau des différences qualitatives importantes entre les Bi-

TD séquentiels et les Bi-TD simultanés en répétition de complétives et de relatives. Encore

une fois, ces différences ne sont pas significatives (complétives : p = 0.15 ; U = 108 et

relatives : p = 0.13 ; U = 107) mais les p-valeurs ne sont pas très élevées. Pour ce qui est des

enfants présentant un TSL, les profils de résultats des enfants Bi-TSL simultanés et

séquentiels sont très proches sur cette tâche de répétition de phrases. Ceci suggère que la

différence entre les types de bilinguisme (séquentiels ou simultanés) est très mince. Cette

observation est d’ailleurs confirmée par les analyses sur l’effet de l’âge du premier contact

avec le français qui seront discutées dans la section suivante.

4.1.4 Effet de l’âge du premier contact avec le français

Les résultats que nous avons obtenus démontrent que les enfants Bi-TSL séquentiels

obtiennent des scores équivalents à ceux des enfants Bi-TSL simultanés dans toutes les tâches

qu’elles soient standardisées ou expérimentales. Ces résultats vont dans le sens de ceux de

l’étude de Thordardottir et Brandeker (2013) dans laquelle ils avaient déjà montré qu’il n’y a

pas d’effet de la durée d’exposition sur la tâche de répétition de non-mots et sur celle de

répétition de phrases. Nous pouvons donc conclure qu’il n’y pas non plus d’effet de l’âge

d’acquisition de la L2. De plus, il n’existe pas de corrélation entre les scores obtenus dans les

tâches de langage et l’âge du premier contact avec le français, que ce soit pour le groupe

d’enfants bilingues au complet ou pour les bilingues séquentiels uniquement. Ceci signifie

que l’âge du premier contact avec le français n’influence pas les résultats dans les tâches de

langage et donc que les tâches expérimentales sont utilisables pour identifier un TSL aussi

bien dans un contexte de bilinguisme séquentiel que dans un contexte de bilinguisme

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simultané. Ce résultat est très intéressant d’un point de vue clinique car il favorise

l’application directe de ces outils dans le cadre de l’évaluation du langage chez tous les

enfants bilingues.

Nous avions choisi d’utiliser un seuil d’âge du premier contact à deux ans pour répartir

les enfants dans les groupes selon leur type de bilinguisme. Pour rappel, nous avons considéré

comme des bilingues simultanés les enfants qui ont été exposés la première fois au français

avant l’âge de 2 ans. Dans notre étude, les enfants bilingues séquentiels ont donc eu un

premier contact avec le français à partir de 2 ans. Comme nous l’avons vu à la section 1.1.1.1,

il n’y a pas de consensus dans la littérature par rapport à la frontière entre le bilinguisme

simultané et le bilinguisme séquentiel. Certains auteurs considèrent le bilinguisme comme

séquentiel à partir d’un premier contact avec la L2 à l’âge de 3 ans (Thordardottir, 2011).

Nous avons donc tenu à investiguer l’influence sur nos résultats de la limite utilisée pour

scinder les enfants bilingues simultanés et les enfants bilingues séquentiels. C’est la raison

pour laquelle nous avons modifié la répartition de nos groupes en fixant le seuil à trois ans

avant de comparer à nouveau les enfants Bi-TSL simultanés et séquentiels. Le résultat est

intéressant : les enfants Bi-TSL séquentiels ont toujours des performances équivalentes à

celles des Bi-TSL simultanés même si le seuil du bilinguisme séquentiel est fixé à un âge

d’exposition supérieur à 3 ans.

Enfin, pour s’assurer que l’âge d’acquisition de la L2 n’influence vraiment pas les

performances dans les tâches de langage, il convient aussi de s’intéresser à la comparaison

entre les enfants Bi-TD simultanés et les enfants Bi-TD séquentiels. En effet, si nos résultats

montrent que l’âge d’acquisition de la L2 n’induit pas de différence entre les Bi-TSL

simultanés et séquentiels, il n’est pas exclu qu’une différence existe entre les Bi-TD selon

l’âge du premier contact avec le français. C’est d’ailleurs cette tendance qui a été mise en

évidence dans la section précédente. Ainsi, il est possible que les résultats des enfants Bi-TSL

ne soient pas différents du fait du TSL qui implique forcément des difficultés majeures, et

donc des scores très faibles, quel que soit le type de bilinguisme. Par conséquent, le TSL

induirait un impact si majeur sur les compétences langagières que le fait d’avoir plus

d’exposition à la langue ne va pas améliorer les performances. Cependant, une différence

existante entre les Bi-TD simultanés et les Bi-TD séquentiels nous mettrait sur la piste d’un

âge d’acquisition limite à partir duquel les tâches pourraient être proposées aux enfants

bilingues. En effet, il se peut que certains enfants Bi-TD séquentiels obtiennent des scores

plus faibles dans les tâches de langage du fait de leur exposition réduite à la langue de

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l’évaluation. Nous avons donc effectué cette comparaison ; les résultats sont présentés dans le

tableau suivant.

Tableau XVI Résultats de la comparaison entre Bi-TD sim et Bi-TD séq

Type de tâche Tâches Mann-Withney U p-valeur

Expérimentales RépNM 59.0 p = 0.30 RépPH 58.0 p = 0.27

Standardisées

LexP 24.0 p < 0.01 LexR 20.0 p < 0.01

MorSynP 48.5 p = 0.11 MorSynR 27.0 p < 0.01 RépMots 28.0 p < 0.5

Les enfants Bi-TD simultanés et les enfants Bi-TD séquentiels obtiennent des scores

significativement différents pour la plupart des tâches standardisées sauf pour la tâche de

morphosyntaxe en production. Cependant, pour cette tâche, le résultat n’est pas très loin

d’être significatif (p = 0.1). Il y a tout de même une tendance vers des performances

différentes, et ce, d’autant plus que le groupe d’enfants Bi-TD séquentiels ne contient que

huit participants. Il est donc tout à fait envisageable que la différence se confirme avec un

nombre plus élevés de participants dans ce groupe. En revanche, les enfants Bi-TD

simultanés et les enfants Bi-TD séquentiels obtiennent des résultats équivalents sur les tâches

expérimentales. Il suffirait donc d’une moindre exposition pour réussir les tâches développées

par le programme COST. Ainsi, selon nos résultats, l’âge d’acquisition n’introduirait aucun

biais lors de l’évaluation du langage chez un enfant bilingue à l’aide des tâches COST. De

plus, les performances des enfants Bi-TSL séquentiels sont plus proches des enfants Bi-TSL

simultanés pour la tâche de répétition de non-mots que pour la tâche de répétition de phrases.

Ceci suggère qu’un enfant bilingue aurait besoin de moins d’exposition à la langue évaluée

pour réussir la tâche de répétition de non-mots que la tâche de répétition de phrases. Ce

résultat paraît logique car la tâche de répétition de phrases contient plus de matériel

linguistique que la tâche de répétition de non-mots. La tâche de répétition de phrases pourrait

donc vraisemblablement être plus sensible à l’âge d’acquisition de la L2. Ce résultat concorde

avec celui de Thordardottir et Brandeker (2013) qui avaient montré que la tâche de répétition

de phrases était plus sensible à la durée d’exposition que la tâche de répétition de non-mots.

Quoi qu’il en soit, les tâches COST pourraient donc vraisemblablement être proposées

dans le cadre de l’évaluation du langage chez les enfants bilingues quel que soit l’âge

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d’acquisition de la L2, tout du moins pour des âges compris entre 5;4 et 8;7 ans. Ce n’est pas

le cas pour les tâches standardisées qui se montrent plus sensibles à cette variable. Ces

résultats mériteraient tout de même d’être confirmés par des analyses sur un nombre

d’enfants plus consistant.

Par ailleurs, dans notre étude, il est difficile de départager l’effet de l’âge d’acquisition à

la L2 à celui de la durée d’exposition à la L2. Ces deux variables sont confondues. En effet,

nos groupes sont équivalents en âge chronologique mais nous avons choisi des enfants avec

des âges d’acquisition du français différents car c’est précisément cette variable qui nous

intéressait. Ainsi, comme les âges des enfants ne varient pas, le fait de faire varier les âges

d’acquisition du français implique forcément des variations de la durée d’exposition. Par

exemple, un enfant de 6 ans qui est entré en contact avec le français pour la première fois à

l’âge de 3 ans bénéficie d’une durée d’exposition au français de 3 ans. Un enfant du même

âge qui a commencé à apprendre le français à 4 ans bénéficie, lui, d’une durée d’exposition

de 2 ans. Il est dès lors difficile de départager l’effet de l’âge d’acquisition et de la durée

d’exposition sur les performances des enfants. Pour éviter la confusion entre ces deux

variables, un calcul du pourcentage d’exposition à la langue en fonction de la vie de l’enfant

pourrait être proposé. Il s’agirait de calculer le pourcentage d’exposition de l’enfant à la L2

par rapport à la durée totale de sa vie. Par exemple, un enfant de 8 ans qui est entré en contact

avec le français à l’âge de 5 ans bénéficie d’une durée d’exposition de 3 ans ce qui

correspond à 37.5 % d’exposition par rapport à la durée de sa vie. De même, un enfant de 9

ans qui a commencé à apprendre le français à l’âge de 5;6 ans bénéficie d’une durée

d’exposition de 3;6 ans ce qui correspond à un pourcentage d’exposition de 38.8%. La

comparaison de ces pourcentages pourrait permettre de déterminer si les performances sont

similaires entre des enfants qui bénéficient du même pourcentage d’exposition à leur L2 sur

la durée de leur vie mais qui n’ont ni le même âge d’acquisition de la L2, ni la même durée

d’exposition à la L2.

4.2 Implications cliniques

Nos résultats sont porteurs de conséquences importantes sur la pratique clinique de la

logopédie. En effet, comme nous l’avons vu, l’efficacité de la tâche de répétition de non-mots

et celle de la répétition de phrases ont déjà été démontrées à travers des études portant sur une

majorité d’enfants bilingues simultanés (Prévost, 2013 ; Thordardottir & Brandeker, 2013 ;

Grimm et al. 2014). Suite à nos résultats, nous pouvons conclure que les enfants Bi-TSL

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57  

séquentiels obtiennent les mêmes performances que les enfants Bi-TSL simultanés sur ces

tâches. Dès lors, ces nouvelles tâches expérimentales devraient aussi être efficaces pour

identifier un TSL chez les enfants bilingues séquentiels. En effet, nos résultats vont dans ce

sens puisque les enfants Bi-TSL séquentiels obtiennent des scores largement en dessous de

ceux des Bi-TD séquentiels dans les tâches COST. Dans le cas de résultats contraires (si les

Bi-TSL séquentiels obtenaient des scores différents des Bi-TSL simultanés ou s’ils obtenaient

des scores identiques à ceux des Bi-TD séquentiels), il aurait été nécessaire de projeter des

recherches pour développer de nouveaux outils spécifiques à l’évaluation des enfants

bilingues séquentiels. Or, nos résultats montrent que ces tâches peuvent être utilisées pour

identifier un TSL chez tous les enfants bilingues, qu’ils soient séquentiels ou simultanés.

Dès lors, il conviendrait ensuite de créer un étalonnage pour ces tâches afin qu’elles

puissent être utilisées en clinique. En effet, pour poser un diagnostic de TSL, il faut pouvoir

comparer les performances de l’enfant à celles des enfants au développement typique. Il

serait donc nécessaire d’administrer cette tâche à un grand nombre d’enfants Bi-TD afin de

créer des normes en fonction de différentes tranches d’âges. Au vu de nos résultats,

théoriquement, comme il n’y a pas de différence au niveau des performances entre les enfants

TSL simultanés et séquentiels, ni entre les enfants TD simultanés et séquentiels, il ne semble

pas nécessaire de construire des normes différenciées en fonction de l’âge d’acquisition de la

seconde langue. Par ailleurs, les résultas de l’étude de Thordardottir & Brandeker (2013)

suggèrent que la durée d’exposition à la langue n’influence pas non plus les performances

dans les tâches et donc que les normes n’auraient pas besoin d’être construites sur la base de

ce facteur. De plus, nous n’avons pas investigué l’influence de la langue maternelle des

enfants sur les performances dans les tâches. Cependant, les résultats à la tâche de répétition

de non-mots laissent penser que la langue maternelle n’influence par les scores des enfants.

En effet, les non-mots construits sur la base de propriétés phonotactiques propres au français

discriminent les enfants TSL des enfants TD tout autant que les non-mots construits sur la

base de propriétés phonotactiques communes à toutes les langues. Les enfants obtiendraient

donc des scores équivalents à ces tâches francophones quelle que soit leur langue maternelle.

Cette question mériteraient tout de même d’être approfondie en comparant les résultats des

enfants selon leur langue maternelle afin de définir si la construction des normes doit être

réalisée sur la base de cette variable. Une fois la construction des normes réalisée, les outils

pourraient être diffusés aux logopédistes.

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58  

4.3 Conclusion générale et perspectives

Notre étude a permis de confirmer la possibilité d’utiliser les tâches de répétition de non-

mots et de répétition de phrases pour identifier un TSL chez des enfants bilingues séquentiels.

Nos résultats vont dans le sens de ceux des études de Grimm et al. (2014) et Prévost (2013),

réalisées sur une majorité d’enfants bilingues simultanés, ce qui permet de conclure que les

tâches créées par le programme COST sont utilisables pour tout type de bilinguisme. De plus,

comme Thordardottir et Brandeker (2013) avaient montré qu’il n’y a pas d’effet de la durée

d’exposition sur les tâches, nous avons pu montrer qu’il n’y a pas non plus d’effet de l’âge du

premier contact sur les tâches COST. Enfin, notre étude a permis de mettre en évidence

l’intérêt de l’utilisation du questionnaire parental dans l’évaluation du langage oral chez les

enfants bilingues. En effet, nous avons pu montrer qu’il peut contribuer à l’identification du

TSL chez les enfants bilingues qu’ils soient séquentiels ou simultanés.

Il est important de rappeler que notre étude propose des analyses qui sont exploratoires.

En effet, les résultats ne sont que préliminaires car l’échantillon d’enfants compris dans le

groupe des Bi-TD séquentiels n’est pas très grand. Ainsi, il est difficile de tirer des

conclusions robustes avec seulement huit enfants. Une nouvelle étude est d’ailleurs

actuellement en cours sous la direction du Docteur Hélène Delage pour récolter un plus grand

nombre de données sur des enfants Bi-TD séquentiels.

Finalement, il aurait pu être intéressant d’appliquer les seuils proposés par Thordardottir

(2012) aux évaluations réalisées par les logopédistes avec qui nous avons collaboré. Ceci

aurait pu permettre de mesurer l’importance des erreurs de diagnostic dans notre population

d’enfants bilingues séquentiels. Dans la même lignée, il aurait été intéressant de mesurer la

spécificité et la sensibilité des tâches COST et du questionnaire PaBiQ dans l’identification

du TSL chez les enfants bilingues séquentiels. Ceci a déjà été réalisé chez une majorité

d’enfants bilingues simultanés dans l’étude de Tuller et al. (2013). En effet, les auteurs ont

utilisé un seuil de 65% de réponses correctes pour différencier les enfants TSL des enfants

TD en répétition de phrases et en répétition de non-mots. Pour le questionnaire PaBiQ, le

seuil a été fixé à 19 points. Il s’agirait ensuite de vérifier d’un point de vue individuel si tous

les enfants TSL obtiennent bien des performances en dessous du seuil et si tous les enfants

TD obtiennent bien des performances en dessus du seuil. Cette analyse permettrait de donner

plus de force à nos résultats.

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development. International Journal of Bilingualism, 15(4), 426-445.

Thordardottir, E. (2012). « Proposed diagnostic procedures and criteria for Bi-SLI COST

Action studies ». Présentation à Berlin, meeting COST (mai).

Thordardottir, E. (2014). Développement normal bilingue. Présentation dans le cadre du

module Migrations & Logopédie de l’Université de Neuchâtel.

Thordardottir, E. (2014). Evaluation du langage des enfants bilingues. Présentation dans le

cadre du module Migrations & Logopédie de l’Université de Neuchâtel.

Thordardottir, E., & Brandeker, M. (2013). The effect of bilingual exposure versus language

impairment on nonword repetition and sentence imitation scores. Journal of Communication

Disorders, 46, 1-16.

Thordardottir, E., Kehayia, E., Mazer, B., Lessard, N., Majnemer, A., Sutton, A., Trudeau,

N., & Chilingaryan, G. (2011). Sensitivity and specificity of French language and processing

measures for the identification of primary language impairment at age 5. Journal of Speech,

Language and Hearing Research, 54, 580–597.

Page 72: Master - pdfs.semanticscholar.org...le TSL ainsi que sur la problématique de l’évaluation du langage chez les enfants bilingues. À la suite de cela, l’ensemble du protocole

   

65  

Tomblin J.B., Records N.L., Buckwalter P., Zhang X., Smith E., & OBrien M. (1997).

Prevalence of specific language impairment in Kindergarten. Journal of Speech, Language,

and Hearing Research, 40, 1245-1260.

Tuller, L. (2015). Clinical use of parental questionnaires in multilingual contexts. In Armon-

Lotem, S. & de Jong, J. (eds.) Methods for assessing multilingual children: disentangling

bilingualism from Language Impairment. Bristol, UK: Multilingual Matters.

Tuller, L., Abboud, L., Ferré, S., Fleckstein, A., Prévost, P., dos Santos, C., Scheidnes, M., &

Zebib, R. (2013). Specific language impairment and bilingualism : Assembling the pieces. In

Hamann, C., & Ruigendijk, E., (eds). Language Acquisition and Development : Proceedings

of GALA 2013. Newcastle : Cambridge Scholars Publishing.

Tuller, L., Delage, H., Monjauze, C., Piller, A. G. & Barthez, M. A. (2011). Clitic pronoun

production as a measure of atypical language development in French. Lingua, 121, 423–441.

Tuller, L., Messarra, C., Prévost, P., & Zebib, R. (2011). Questionnaire pour parents d'enfants

bilingues, French version of the PaBiQ (COST Action IS0804, 2011). Ms., Université

François Rabelais, Tours.

Wechsler, D. (2005). « WISC-IV Echelle d'intelligence de wechsler pour enfants et

adolescents - quatrième edition ». ECPA.

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66  

Liste des annexes

Annexe I : Données cliniques relatives aux participants de Genève

Annexe II : Données cliniques relatives aux participants transmis par l’équipe de Tours

Annexe III : Procédure de recrutement

Annexe IV : Exemple de compte-rendu envoyé aux logopédistes

Annexe V : Protocole et liste exhaustive des items

Annexe VI : Questionnaire parental PaBiQ

Annexe VII : Formulaire de consentement

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67  

Annexe I : Données cliniques relatives aux participants de Genève

Code  enfant  

Age  (année;mois)   Sexe   L1   L2   Autres  

langues  

Premier  contact  L2  (mois)  

Durée  d'exposition  au  français  en  mois  

FIL   5;5   M   portugais  

français    

-­‐   30   35  ANA   5;5   F   serbe   -­‐   0   65  TIM   5;7   M   espagnol   -­‐   36   31  ARG   5;9   M   albanais   -­‐   36   33  MUS   6;0   M   anglais   urdu   30   42  ILI   6;0   M   arabe   -­‐   24   48  RYA   6;1   M   albanais   -­‐   24   48  ALE   6;2   M   russe   -­‐   4   70  GAB   6;6   M   portugais   -­‐   36   42  KEL   6;6   F   albanais   -­‐   24   54  ELO   7;10   F   albanais   -­‐   24   70  ROD   7;5   M   portugais   -­‐   48   41  PAT   7;7   M   portugais   -­‐   60   31  OLI   7;7   F   allemand   anglais   24   67  ANO   7;8   F   anglais   -­‐   24   25  ERE   8;7   M   turc   -­‐   36   67  

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68  

Annexe II : Données cliniques relatives aux participants transmis par l’équipe de Tours

Code  enfant   Age  en  mois   Sexe   L1   L2   Premier  contact  

L2  (mois)  

Durée  d'exposition  en  

mois  LEP 8;3 M portugais

français

82 17 JOC 7;8 M arabe 24 68 DSC 6;4 M portugais 34 42 CHB 8;1 M arabe 42 55 TOG 7;2

30 56

AKS 7;10

36 58 PAM 7;1 F portugais 0 85 LMA 8;4 M portugais 0 100 AMT 6;8 M arabe 0 80 AYT 6;2 F arabe 0 74 IME 6;11 F arabe 0 83 ISA 6;7 M arabe 0 79

MAB 6;3 F arabe 0 75 OMD 5;7 M arabe 0 67 RAD 5;7 M arabe 0 67 ZOA 6;4 F arabe 0 76 FAA 5;4 F arabe 0 64 LDP 7;7 F portugais 0 91 BEA 6;3 F portugais 0 75 AMP 7;9 M portugais 0 93 LMP 5;8 F portugais 0 68 ISL 6;2 F portugais 0 74

HAA 6;8 M arabe 0 80 ADB 5;6 M arabe 0 66 AMA 7;10 M arabe 0 94 AMB 6;7 F arabe 0 79 ANH 6;1 M arabe 0 73 CHI 5;6 M arabe 0 66 CHN 6;3 F arabe 0 75 ESA 6;9 F arabe 0 81 FAM 5;10 F arabe 0 70 KHT 6;0 F arabe 0 72 MIE 5;10 M arabe 0 70 RAB 5;10 M arabe 0 70 TNS 5;7 F arabe 0 67 TUG 5;7

0 67

CHR 7;3 F arabe 12 63 RAP 8;11 M portugais 42 65 SOA 6;0 M arabe 60 12 SAA 8;1 M arabe 72 25 ALG 8;5 F arabe 60 41 YAD 7;10 F arabe 60 34 ELB 5;4 M arabe 24 40 HAC 6;6 M arabe 48 30 IBM 6;0 M arabe 36 36

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69  

Annexe III : Procédure de recrutement

Pour recruter les participants de notre étude, nous avons rédigé une lettre à l’attention des

logopédistes exerçant en cabinet privé. Cette lettre avait pour but d’attirer l’attention des

professionnels sur les situations d’évaluation du langage oral chez les enfants bilingues,

situations auxquelles ils sont probablement confrontés régulièrement dans leur pratique

clinique. Le courrier reprend aussi les buts principaux de notre étude et présente une liste

détaillée des tâches qui sont proposées à l’enfant avec un petit descriptif pour chacune

d’elles. La lettre a été envoyée par courrier postal à plus de 80 adresses de cabinets privés de

logopédie, en grande partie dans la région genevoise mais aussi dans la région française

périphérique à la ville de Genève (Annemasse, Saint-Julien) ainsi qu’aux sections cantonales

de l’association romande des logopédistes pour le Valais et le canton de Vaud. Suite à l’envoi

du courrier, nous avons contacté les professionnels par téléphone pour sonder leur éventuel

désir de collaborer avec nous, leur rôle étant surtout de récolter l’accord des parents. Pour les

aider dans cette démarche, nous avons aussi préparé une lettre adressée directement aux

parents qui explique plus simplement l’objectif de notre étude ainsi que les différentes tâches

qui y sont intégrées. Au final, un peu moins d’une dizaine de logopédistes ont accepté de

nous transmettre les coordonnées de parents ou de nous recevoir dans leur cabinet pour les

passations. Les deux lettres utilisées sont présentées ci-dessous.

Nous avons accordé une importance particulière au maintien d’un contact privilégié avec

les professionnels qui ont accepté de collaborer avec nous. C’est la raison pour laquelle nous

leur avons transmis, à la fin de notre étude, un compte-rendu des performances de leur

patient. Finalement, nous avons aussi remercié les logopédistes en leur offrant un bon

utilisable pour les formations continues dispensées à l’Université de Genève.

Le recrutement s’est tout de même heurté à quelques difficultés. En effet, il semblerait

que la population que nous recherchions soit peu présente dans la pratique clinique. La

plupart des cabinets travaillaient plutôt des enfants sujets au bilinguisme simultané ou des

enfants sujets au bilinguisme séquentiel mais qui n’entraient pas dans la tranche d’âge que

nous recherchions. Aussi, beaucoup de patients avec du bilinguisme séquentiel n’avaient pas

un trouble spécifique au langage oral mais plutôt des difficultés qui s’intégraient dans un

syndrome ou dans un retard plus global de développement. Enfin, il n’a pas toujours été

facile de contacter les logopédistes par téléphone étant donné qu’ils sont très occupés et qu’ils

ne peuvent pas tous répondre aux appels durant les séances de traitement.

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70  

Chers  logopédistes,    

Nous  sommes  étudiantes  en  première  année  de  Maîtrise  en  Logopédie  (=  orthophonie)  à  l’Université  de  Genève.   Pour   notre   mémoire   de   master,   nous   menons   un   projet   de   recherche   qui   a   pour   objectif  d’améliorer   l’évaluation  du   langage   chez   les  enfants  bilingues  qui  présentent  des  difficultés  en   langage  oral.  

Le  plurilinguisme  étant  aujourd’hui  devenu  plus  fréquent  que  le  monolinguisme,  vous  avez  certainement  déjà   reçu   en   consultation   des   enfants   bilingues.   Avez-­‐vous   trouvé   difficile   de   distinguer   un   trouble  spécifique   du   langage   de   difficultés   passagères   uniquement   liées   à   l’acquisition   tardive   d’une   seconde  langue  ?  Vous  êtes-­‐vous  déjà  posé   la   question  de   l’origine  des  difficultés   langagières  que   rencontre  un  enfant  bilingue?  Avez-­‐vous  déjà  remis  en  question   l’efficacité  des  outils  d’évaluation  pour  ces  enfants  ?  Avez-­‐vous   déjà   pensé   au   risque   (plus   élevé)   de   poser   un   mauvais   diagnostic   dans   un   contexte   de  bilinguisme  ?  

Une   évaluation   de   la   langue   maternelle   des   enfants   bilingues   semble   être   une   solution   idéale   pour  diagnostiquer   un   trouble   spécifique   du   langage.   Or,   ceci   est   bien   souvent   impossible   dans   la   pratique  clinique.  C’est  pourquoi  il  est  nécessaire  de  développer  des  outils  précis  dans  la  langue  du  pays  d’accueil  qui  permettent  de  mieux  évaluer  le  langage  des  enfants  multilingues.  

Ce  projet  s’inscrit  dans  un  large  programme  de  recherche  européen  (COST  Action  :  http://www.bi-­‐sli.org/)  qui  vise  à  mieux  comprendre  les  relations  entre  bilinguisme  et  troubles  du  langage.  L’objectif  de  ce  projet,  dont  l’application  est  clairement  clinique,  est  d’obtenir  des  données  permettant  de  différencier  les  profils  linguistiques   d’enfants   bilingues   avec   et   sans   troubles   du   langage   en   recherchant   des   marqueurs  diagnostiques.   Le   projet   espère   ainsi   élaborer   et   adapter   des   outils   expérimentaux   qui   permettront   de  limiter   les   risques   de   sur-­‐   et   de   sous-­‐diagnostic   des   troubles   spécifiques   du   langage   chez   ces   enfants  bilingues.    

Les   données   obtenues   à  Genève   seront   comparées   à   celles   déjà   obtenues   en   France   dans   le   cadre   du  projet  COST  chez  des  enfants  monolingues  et  bilingues  avec  et   sans   troubles  du   langage.   L’objectif  des  passations   genevoises   est   d’évaluer   des   enfants   présentant   un   bilinguisme   séquentiel,   c’est-­‐à-­‐dire   qui  acquièrent  leur  seconde  langue  après  une  première  langue  (qui  est  la  langue  maternelle).  Les  résultats  de  ces   recherches   communes   fourniront   aux   cliniciens   de   nouveaux   outils   d’évaluation   qui   reçoivent   des  enfants  bilingues  en  consultation.  

Pour   mener   à   bien   notre   étude,   nous   recherchons   donc   des   enfants   bilingues   séquentiels   suivis   en  logopédie  pour  des  troubles  spécifiques  du  langage  oral  et  âgés  de  5  à  9  ans.  Nous  nous  permettons  de  vous   solliciter   pour   savoir   si   vous   suivez   actuellement   certains   enfants   qui   peuvent   correspondre   à   ce  profil.  Si  tel  est  le  cas,  nous  faisons  appel  à  votre  collaboration  afin  de  nous  permettre  d’établir  le  contact  avec   les   familles.   Nous   avons   un   formulaire   de   consentement   destiné   aux   parents   que   nous   vous  enverrons  si  vous  donnez  suite  à  notre  demande.  

Les   passations   consistent   en   deux   séances   de   45  minutes.   Elles   pourraient   se   dérouler   au   domicile   de  l’enfant,  à  votre  cabinet  ou  bien  encore  à  l’Université  de  Genève  en  fonction  des  préférences  de  chacun.  Nous  vous  présentons  les  différentes  tâches  utilisées  au  dos  de  cette  feuille.  

En   vous   remerciant   de   l’attention   que   vous   porterez   à   notre   demande,   nous   vous   contacterons   par  téléphone  dans  une  dizaine  de  jours  afin  de  savoir  si  vous  êtes  intéressé(e)  par  notre  projet.  

En   attendant,   nous   sommes   à   votre   entière   disposition   pour   d’éventuelles   questions   et   nous   vous  présentons  nos  meilleures  salutations.  

Cédrine  Sublet-­‐Van  Kerckhoven  :  cedrine.sublet-­‐[email protected]  Florence  Dumoulin  :  [email protected]  

Sous  la  direction  de  Hélène  Delage  :  [email protected]    Logopédiste,  chargée  d'enseignement  (psycholinguistique)

     

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71  

 

     Concerne  :  Projet  de  recherche  en  linguistique  et  logopédie:  Bilinguisme  et  troubles  du  langage        Chers  parents,  

Une  recherche  est  actuellement  en  cours  à   l’Université  de  Genève  sur   l’évaluation  du   langage  oral   chez  des  enfants  bilingues  présentant  un  trouble  du  langage.  

Nous   sommes   à   la   recherche   d’enfants   bilingues   âgés   de   5   à   9   ans   qui   présentent   des   difficultés   en  langage   oral   et   sont   suivis   en   logopédie,   disponibles   pour   deux   sessions   de   45   minutes.   Ces   séances  consistent  en  une  alternance  de  jeux  et  d’exercices  simples  dans  le  respect  du  rythme  de  chaque  enfant.  

Les  séances  sont  conduites  par  des  étudiantes   inscrites  à   la  Maîtrise  Universitaire  en  Logopédie  (MUL),  ayant  un  intérêt  prononcé  pour  le  domaine  du  bilinguisme.  Il  s’agit  d’une  étude  s’insérant  dans  un  large  programme  de   recherche  européen   sur   le   lien   entre  bilinguisme  et   troubles  du   langage,   permettant  de  répondre  à  un  certain  nombre  de  question  en  lien  avec  la  pratique  clinique  des  logopédistes  :  Comment  différencier   les  profils  d’enfants  bilingues  avec  et  sans  troubles  du   langage  ?  Quelles  similarités  peut-­‐on  observer  entre  des  enfants,  avec  troubles  du   langage,  monolingues  et  bilingues  ?  Quels  sont   les   tests  de  langage  les  plus  pertinents  à  utiliser  avec  les  enfants  bilingues  ?        Les   étudiantes   se   déplaceront   soit   au   cabinet   du   logopédiste   soit   au   domicile   de   l’enfant,   y   compris   le  samedi  si  cela  est  plus  commode  pour  l’enfant  et  ses  parents.  Les  parents  pourront  bien  entendu  assister  à  ces  séances.  

Les  différents   exercices  proposés   à   votre   enfant   sont  détaillées   au  dos  de   cette  page.  A   l’issue  de   cette  série  d’exercices,  nous   fournirons  au   logopédiste  et  à  vous-­‐même  (si  vous   le   souhaitez)  un  rapport  des  compétences  de  votre  enfant  dans   les  domaines  étudiés,  qui  comprennent   les  capacités   linguistiques  et  d’autres  capacités  (mémoire  de  travail,  fonctions  exécutives,  capacités  de  raisonnement  non-­‐verbal).  

Votre  participation  à  cette  étude  permettra  de  faire  progresser  la  recherche  européenne  sur  l’évaluation  du   langage   dans   un   contexte   de   bilinguisme.   L’équipe   de   recherche   multidisciplinaire   (linguistes,  logopédistes,  psycholinguistes)  rassemblée  sur  ce  projet  vous  remercie  d’avance  de  votre  intérêt  et  vous  propose  de  nous  contacter  par  email  ou  téléphone,  à  votre  convenance.    En  vous  remerciant  d’avance,  nous  vous  adressons  nos  meilleures  salutations.    

Hélène  Delage      Chargée  d'Enseignement  –  Logopédiste  -­‐  Coordinatrice  de  la  Maîtrise  Universitaire  de  Logopédie  Université  de  Genève  022 379 9170 - [email protected]    

       

   

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72  

LISTE  DES  TÂCHES  PROPOSÉES    

o Tests  standardisés  de  grammaire,  vocabulaire  et  phonologie  (prononciation)  

NEEL-­‐MorSynR  :  l’enfant  doit  désigner  une  image  par  rapport  à  une  phrase  entendue  (ex  :  «  le  clown  leur  lance  des  bonbons  »).  NEEL-­‐MorSynP  :  L’enfant  doit  compléter  une  phrase  laissé  en  suspens.  NEEL-­‐LexR  :  l’enfant  doit  désigner  une  image  par  rapport  à  un  mot  entendu  (ex  :  «  arrosoir  »).  NEEL-­‐LexP  :  l’enfant  doit  dénommer  des  images  vues  dans  un  classeur.  BILO-­‐RepM  :  l’enfant  doit  répéter  des  mots  courants  de  longueur  et  de  complexité  croissante.  

 

o Protocoles  de  répétition  de  phrases  et  de  répétition  de  non-­‐mots    

Répétition  de  phrases  :  L’exercice  consiste  en  une  épreuve  de  répétition  à  partir  d’un  stimulus  oral.  Elle  comprend  30  phrases,  précédées  de  2  phrases  d'entraînement  (ex  :  «  Je  vois  le  garçon  que  la  fille  a   poussé  »).   L’épreuve   se   présente   sous   forme   d’un   fichier   Power   Point,   où   l’enfant   peut   voir   sa  progression.  

 Répétition  de  non-­‐mots  :  L’exercice  consiste  en  une  épreuve  de  répétition  de  non-­‐mots  à  partir  de  stimuli  audio  (ex  :  «  cholnède  »).  Elle  comprend  71  non-­‐mots.  L’épreuve  se  présente  sous  forme  d’un  fichier  Power  Point.  

 o Test  rapide  de  mémoire  de  travail  

L’enfant   doit   répéter   des   séries   de   chiffres,   de   plus   en   plus   longues,   à   l’endroit   puis   à   l’envers.  L’épreuve  est  arrêtée  dès  que  l’enfant  échoue  à  deux  items  de  même  longueur  (ex  :  s’il  ne  parvient  pas  à  répéter  correctement  5  chiffres  lors  des  deux  essais).  

 o Fonctions  exécutives  

L’enfant  doit   trier   les  cartes  selon  des  critères  de   forme  et  de  couleur  puis  alterner   les  critères  de  classement  en  fonction  de  la  consigne  donnée.  

 o Capacités  de  raisonnement  non  verbal  

Cet  exercice  teste  le  raisonnement  logique  non  verbal  à  partir  d’éléments  abstraits.  Les  matrices  en  couleur   sont   constituées   de   3   séries   de   12   problèmes   de   difficulté   croissante   où   l’enfant   a   pour  tâche  de  compléter  le  morceau  manquant  dans  une  figure  ou  suite  de  figures  sans  signification,  en  faisant  un  choix  parmi  6  dessins  proposés  pour  chaque  item.  

 o Questionnaire  parental  

Les   parents   remplissent   un     questionnaire   sur   l’âge   et   le   contexte   de   l’acquisition   de   la   seconde  langue  par  leur  enfant,  les  pratiques  langagières  de  l’enfant  et  de  son  entourage  dans  chacune  des  langues   ainsi   que   les   difficultés   langagières   rencontrées   par   l’enfant.   Ce   questionnaire   existe   à  l’heure  actuelle  en  français,  arabe  et  anglais.  

     

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73  

Annexe IV : Exemple de compte-rendu envoyé aux logopédistes

 

Compte-­‐rendu  de  passation  Maxime  

Nous  avons  rencontré  Maxime,  bilingue  simultané  français-­‐russe,   le  28.01.14  et   le  21.03.14  lors  de  sa  participation   à  une  étude  menée  dans   le   cadre  de  notre  master   en   logopédie   à   l’Université  de  Genève.   L’objectif   de   cette   recherche   est   d’obtenir   des   données   permettant   de   différencier   les  profils   linguistiques   d’enfants   bilingues   avec   et   sans   difficultés   langagières   en   recherchant   des  marqueurs   cliniques   caractéristiques   des   troubles   spécifique   du   langage   dans   un   contexte   de  bilinguisme.  Dans   cette   optique,   la   passation   comprenait   des   épreuves   standardisées   évaluant   la  phonologie,   le   lexique,   la  morphosyntaxe,   la  mémoire  de  travail  et   le  raisonnement  non-­‐verbal.  En  complément,   des   tâches   expérimentales   ont   également   été   administrées   afin   de   tester   leur  contribution  dans  l’identification  du  trouble  spécifique  du  langage  oral  chez  les  enfants  bilingues.  

Les  résultats  de  Maxime  à  ces  différentes  épreuves  sont  présentés  ci-­‐dessous.  Maxime  étant  âgé  de  6  ans  lors  des  passations,  ses  performances  sont  comparées  à  celles  d’enfants  contrôles  âgés  de  6  à  8  ans  et  bénéficiant  d’un  développement  langagier  ordinaire.    

 

1.  Tâches  standardisées  

Evaluation  de  la  phonologie    

Répétition  de  mots  (BILO)  :  Tâche  dans  laquelle  l’enfant  doit  répéter  32  mots,  de  complexité  croissante,  présentés  auditivement  via  un  logiciel  informatique.    Ex  :  bateau,  horloge,  aubergine,  moissonneuse-­‐batteuse  

 Score  obtenu  =  24  mots  répétés  correctement,  ce  qui  correspond  à  -­‐0.77  ET.  Le  résultat  est  dans  la  norme.  

 Evaluation  du  lexique  

 En  compréhension  -­‐  Pointage  d’images  (NEEL)  :  L’enfant  doit  désigner  l’image  qui  correspond  à  un  mot  entendu  sur  une  planche  contenant  6  possibilités.  Ex  :  douche,  robinet,  cuillère,  feuille,  rame,  poireau  

   Score  obtenu  =  27  désignations  correctes  sur  un  total  de  36,  ce  qui  correspond  à  -­‐4.13  ET.  Le  résultat  est  largement  en  dessous  de  la  norme.  Les  erreurs  portent  sur  les  mots  suivants  :  dé  est  désigné  pour  domino,  oignon  est  désigné  pour  poireau,  accordéon  est  désigné  pour  louche,  poêle  est  désigné  pour  accordéon,  abeille  est  désigné  pour  évier,  guitare  est  désigné  pour  violon,  arrosoir  est  désigné  pour  passoire.  

 

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74  

En  production  -­‐  Dénomination  d’images  (NEEL)  :  L’enfant  doit  dénommer  l’image  qui  lui  est  présentée  sur  une  carte.  

 Score  obtenu  =  21  sur  un  total  de  72,  ce  qui  correspond  à  -­‐3.46  ET.  Le  résultat  est  largement  en  dessous  de  la  norme.  La  plupart  des  mots  ne  font  pas  partie  du  lexique  d’Maxime  car  il  ne  donne  tout  simplement  pas  de  réponse.  Son  lexique  manque  encore  de  précision  car  quelques  images  sont  dénommées  par  un  mot  sémantiquement  proche  (peinture  pour  pinceau,  microscope  pour  loupe,  piano  pour  accordéon,  feu  pour  allumettes,  guitare  pour  violon,  costume  pour  masque).    

 Evaluation  de  la  morphosyntaxe  

 En  compréhension  -­‐  Pointage  d’images  (NEEL)  :  Tâche  de  désignation  dans  laquelle  l’enfant  doit  montrer  l’image  qui  correspond  à  une  phrase  entendue  sur  une  planche  contenant  4  possibilités.  

 Score  obtenu  =  3  désignations  correctes  sur  un  total  de  8,  ce  qui  correspond  à  -­‐2.53  ET.  Le  résultat  est  en  dessous  de  la  norme.  Les  erreurs  portent  sur  les  structures  syntaxiques  suivantes  :  la  forme  passive,  les  pronoms  objets  directs  et  les  adjectifs  possessifs.  

 En  production  -­‐  Complétion  de  phrases  (NEEL)  :  L’enfant  doit  compléter  une  phrase  laissée  en  suspens  et  qui  induit  la  production  de  certaines  structures  syntaxiques  particulières.  Ex  :  Marie  tient  la  corde.  Marie  et  Monique….  ?  (tiennent)  Je  rends  le  livre  à  la  maîtresse.  Nous  aussi  nous…  ?  (rendons)  

Score  obtenu  =  2  sur  un  total  possible  de  30,  ce  qui  correspond  à  -­‐1.88  ET.  Le  résultat  se  situe  dans  la  norme  inférieure.  

 Evaluation  de  la  mémoire  de  travail  

 Empan  de  chiffres  endroit  (WISC  IV)  :  Lors  du  test,  l'enfant  doit  répéter  des  séries  de  chiffres  de  longueur  croissante  dans  le  même  ordre  que  celui  prononcé  par  l'expérimentateur.  

 Score  obtenu  =  8  items  réussis,  ce  qui  correspond  à  3.7  ET.  Son  empan  maximal  est  de  5.    

 Empan  de  chiffres  envers    (WISC  IV)  :  L'enfant  doit  répéter  des  séries  de    chiffres  de  longueur  croissante  dans  l'ordre  inverse  que  celui  prononcé  par  l'expérimentateur.  

 Score  obtenu  =  0  items  réussis,  ce  qui  correspond  à  -­‐3.25  ET.  Maxime  semble  ne  pas  être  capable  de  répéter  des  chiffres  en  ordre  inverse.      Evaluation  du  raisonnement  non-­‐verbal  

 Matrices  de  Raven  :  Il  s’agit  d’une  épreuve  à  choix  multiple  où  l’enfant  doit  trouver  parmi  six  images  celle  qui  complète  au  mieux  l’espace  vide  de  la  figure  présentée.  Cette  épreuve  teste  le  raisonnement  logique  non-­‐verbal.  

 

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Score  obtenu  =  17  désignations  correctes,  ce  qui  correspond  au  centile  25  pour  son  groupe  d’âge.        

2.  Tâches  expérimentales  

Evaluation  de  la  phonologie    

Tâche  de  répétition  de  non-­‐mots  (informatisée)  :  Tâche  dans  laquelle  l’enfant  doit  répéter  ce  qu’un  «  extraterrestre  »  lui  dit,  via  un  programme  informatisé.    Exemple  d’item  test  :    

 

 

 

 

Score  obtenu  =  59  répétitions  correcte  sur  un  total  de  71,  ce  qui  correspond  à  -­‐0.98  ET.  L’échantillon  constituant  la  population  contrôle  étant  très  réduit  (seulement  20  enfants),  cet  écart-­‐type  est  à  considérer  avec  précaution.  *Population  contrôle:  20  participants  âgés  de  5  ;6  à    7  ;10  ans  (âge  moyen  =  6  ;3  ans  ;  E.T  =  8,7  mois)    

Evaluation  de  la  morphosyntaxe  :    

 Tâche  de  répétition  de  phrases  (version  informatisée)  :  Tâche  dans  laquelle  l’enfant  doit  répéter  les  phrases  que  nous  lui  présentons  via  un  programme  informatisé.  

     Exemple  d’items  tests  :    

Structures  visées   Exemple  

Présent   Le  garçon  prend  un  bain.  

Passé   Le  lapin  a  mangé  la  carotte.  

Question  objet   Quel  bébé  mamie  regarde  ?  

subordonnée  complétive   Le  papa  croit  que  la  fille  a  fini  sa  soupe.  

subordonnée  relative   Je  vois  le  garçon  que  la  fille  a  poussé.  

 

Scores  obtenus    =  21  phrases  répétées  correctement  sur  un  total  de  30,  ce  qui  correspond  à  -­‐1.67  ET.  L’échantillon  constituant  la  population  contrôle  étant  très  réduit  (seulement  20  enfants),  cet  écart-­‐type  est  à  considérer  avec  précaution.      *Population  contrôle:  20  participants  âgés  de  5  ;6  à    7  ;10  ans  (âge  moyen  =  6  ;3  ans  ;  E.T  =  8,7  mois).    

kif

apu  

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76  

Evaluation  du  contexte  de  développement  du  langage    Questionnaire  parental  PaBiQ  :  Questionnaire  rempli  par  les  parents  permettant  d’obtenir  des  informations  sur  le  développement  précoce  du  langage  de  leur  enfant  (âge  des  premiers  mots,  etc.),  sur  les  compétences  langagières  actuelles,  sur  l’utilisation  de  chaque  langue,  sur  la  richesse  linguistique  de  l’environnement  ainsi  que  sur  les  antécédents  familiaux  de  difficultés  langagières.  Nous  présentons  ci-­‐dessous  un  extrait  de  ce  questionnaire  :    

 

   

Score  de  non-­‐risque  =  21/23  Plus  le  score  est  élevé,  moins  l’enfant  a  de  risque  de  présenter  un  trouble  du  langage  oral.    Le  seuil  se  situe  à  19,  c’est-­‐à-­‐dire  qu’à  partir  de  ce  score,  nous  pouvons  considérer  qu’il  y  a  peu  de  risque  pour  l’enfant  de  développer  un  trouble  spécifique  du  langage.  

 Conclusion  

En   conclusion,   les   tâches   standardisées   mettent   en   évidence   des   compétences   largement  déficitaires   dans   le   domaine   du   lexique   en   production   et   en   compréhension   et   de   la  morphosyntaxe  en  expression.  La  compréhension  morphosyntaxique  est  dans  la  norme  même  si  on  observe   un   score   plutôt   faible.   Les   performances   pour   le   versant   expressif   de   la   phonologie   sont  dans  la  norme.  Le  raisonnement  non-­‐verbal  et  la  mémoire  de  travail  pour  l’empan  de  chiffre  endroit  sont  également  dans  la  norme.  On  observe  cependant  une  performance  déficitaire  pour  l’empan  de  chiffre  envers  car  Maxime  n’est  pas  capable  de  répéter  des  chiffres  dans  l’ordre  inverse.  

Aux   tâches  expérimentales,  Maxime  obtient  des   résultats  dans   la  norme   lorsqu’il   s’agit  de   répéter  des  phrases  et  des  non-­‐mots.  Les  informations  récoltées  à  l’aide  du  questionnaire  laissent  à  penser  que  l’environnement  de  Maxime  ne  présente  pas  de  facteurs  de  risque  pour  le  développement  d’un  trouble   du   langage.   Il   est   tout   de   même   important   de   notifier   que   les   résultats   aux   tâches  expérimentales   sont   à   prendre   avec   précaution,   notamment   compte   tenu   de   la   petite   taille   de  l’échantillon  d’enfants  contrôles.    

Maxime  s’est  montré  très  collaborant  au  cours  de  la  passation  de  ces  différentes  épreuves  même  s’il  déviait  régulièrement  son  attention.    

Nous  vous  adressons  tous  nos  remerciements  pour  votre  participation  à  notre  étude.  Nous  restons  à  votre   entière   disposition   pour   d’éventuelles   questions   par   rapport   à   ce   compte-­‐rendu,   ou   plus  généralement  par  rapport  aux  résultats  globaux  de  l’étude.  

 

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Annexe V : Protocole et liste exhaustive des items

Tâche standardisée de répétition de mots (BILO)

Procédure de passation : L’enfant est placé devant l’écran d’ordinateur avec un casque

audio sur les oreilles. L’expérimentateur explique à l’enfant qu’il doit simplement répéter les

mots qu’il entend exactement de la même manière. La tâche fait partie d’un logiciel

informatisé. L’expérimentateur cote directement pendant la passation 1 point pour une

réponse correctement répétée et 0 point pour une réponse incorrecte en appuyant sur les

touches du clavier ce qui permet de passer à l’item suivant. Par mesure de précaution et pour

plus de précision, les réponses sont enregistrées avec un magnétophone. Un espace est prévu

pour la transcription phonétique des réponses erronées.

Consigne : « Tu vas entendre des mots dans l’ordinateur. Écoute bien attentivement puis

répète le mot exactement de la même manière. »

Protocole :

  Notation  :  0  ou  1  

Transcription  

1.  bateau                                                                      2.  chapeau      3.  robot      4.  sortie      5.  biscuit      6.  album      7.    buffet      8.  oiseau      9.  aquarium      10.  horloge      11.  entonnoir      12.    carafe      13.  anorak      14.  réservoir      15.  calendrier      16.  agenda      17.  ordinateur      18.  thermomètre      19.    anniversaire      20.    aubergine      21.    locomotive      22.    dictionnaire      23.    cafetière      24.    spectacle      25.  tracteur      

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26.  pneu      27.    kiosque      28.    éclipse      29.    casque      30.    hospitalisation      31.    réfrigérateur      32.    moissonneuse-­‐batteuse      33.  kinésithérapeute      34.  crocodile      35.  hélicoptère      36.  expression      37.  psychologique      38.  exagération      39.  excentrique      40.  aéroport      41.  substance      42.  enchevêtrement      

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Tâche expérimentale de répétition de non-mots (COST)

Procédure de passation : L’enfant est placé devant un écran d’ordinateur. Avant de

commencer le test, quelques explications sont données à l’enfant. Il réalise ensuite la phase

d’entraînement avant de commencer l’épreuve proprement dite. Les mots sont présentés

auditivement à l’enfant sous la forme d’un diaporama PowerPoint comme s’ils étaient

prononcés par un petit extraterrestre. Les réponses sont enregistrées avec un magnétophone.

L’expérimentateur ne note rien pendant la passation de façon à privilégier la relation avec

l’enfant en l’encourageant. Il cote ensuite les réponses de la façon suivante : un trait pour une

réponse correcte, 0 pour une non-réponse et 1 pour une réponse produite avec une erreur. Si

la réponse contient une erreur, l’expérimentateur transcrit phonétiquement la réponse dans la

case prévue à cet effet. Les erreurs de voisement ne sont pas prises en compte. On calcule

ensuite le score de mots non-répétés, de mots répétés correctement et le score d’erreurs de

répétition.

Consigne : « Tu vas entendre un personnage qui ne parle pas notre langue. Il va dire des

mots de sa langue. Tu dois dire exactement la même chose que lui. Donc s’il dit (cliquer sur

le premier item d’entraînement) cholnède, toi tu dis… Et si il dit (cliquer sur le deuxième

item d’entraînement) télodeuch … »

Protocole :

Entraînement   Réponse  de  l’enfant  cholnède    télodeuch    

Non  mots   ordre   Réponse  de  l’enfant   Non  mots   ordre   Réponse  de  

l’enfant  kip   1   fapus   37  

skapufi   2   fipss   38   paklu   3   pukif   39   fikapul   4   fupli   40   pliks   5   fikuspa   41   kifapu   6   kla   42   flis   7   kufalpi   43  

pafuski   8   pusk   44   spu   9   klipafu   45   faku   10   skap   46   klups   11   fli   47   skafu   12   pakifal   48   kuflapi   13   paf   49   skla   14   fikupla   50  

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80  

pilfu   15   filpa   51   piklafu   16   kifapus   52   flaplu   17   plusk   53   kupifla   18   kapi   54   flukif   19   fluk   55   klisp   20   kupalfi   56   plifu   21   fluka   57   plal   22   klis   58   kifus   23   kafip   59   plaklu   24   plu   60   lafi   25   spaf   61  

pufaki   26   fal   62   spli   27   klil   63  

kapufik   28   fiska   64   kuspa   29   pikss   65   spakifu   30   fapul   66   spiku   31   fuk   67   pifakup   32   kusp   68   klaf   33   pifukas   69   pilu   34   kis   70   klifak   35   kufal   71   flipuka   36  

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Tâche standardisée d’évaluation du lexique en compréhension (NEEL)

Procédure de passation : L’expérimentateur place la première planche devant l’enfant et lui

dit : « Montre-moi : pinceau ». Ensuite, il continue en énonçant les mots suivants sur la liste

et en passant aux planches suivantes. En cas d’échec, il note l’image qui a été montrée par

erreur. La tâche est réalisée avec les mots concrets de la liste Lexique 1 de la NEEL.

Protocole :

Items   1  ou  0   Erreurs  Mots  «  concrets  »  (A)  1.     PINCEAU   ………………….   …………………………………………………………………………….  2.   TASSE   ………………….   …………………………………………………………………………….  3.   LAVABO   ………………….   …………………………………………………………………………….  4.   ASPIRATEUR   ………………….   …………………………………………………………………………….  5.   CARTE  (à  jouer)   ………………….   …………………………………………………………………………….  6.   COCCINELLE   ………………….   …………………………………………………………………………….  (B)  7.                                   loupe   ………………….   …………………………………………………………………………….  8.   domino   ………………….   …………………………………………………………………………….  9.   chauve-­‐souris   ………………….   …………………………………………………………………………….  10.   poire     ………………….   …………………………………………………………………………….  11.   VERRE   ………………….   …………………………………………………………………………….  12.   vis   ………………….   …………………………………………………………………………….  (C)  13.   rame   ………………….   …………………………………………………………………………….  14.   poireau   ………………….   …………………………………………………………………………….  15.   poêle   ………………….   …………………………………………………………………………….  16.   LAPIN   ………………….   …………………………………………………………………………….  17.   louche   ………………….   …………………………………………………………………………….  18.   accordéon   ………………….   …………………………………………………………………………….  (D)    19.   LUNETTES   ………………….   …………………………………………………………………………….  20.   balançoire   ………………….   …………………………………………………………………………….  21.   cage   ………………….   …………………………………………………………………………….  22.   mouche   ………………….   …………………………………………………………………………….  23.   ECUREUIL   ………………….   …………………………………………………………………………….  (E  )  24.   évier   ………………….   …………………………………………………………………………….  25.   FEUILLE   ………………….   …………………………………………………………………………….  26.   allumettes   ………………….   …………………………………………………………………………….  27.   DOUCHE   ………………….   …………………………………………………………………………….  28.   ROBINET   ………………….   …………………………………………………………………………….  29.   violon   ………………….   …………………………………………………………………………….  (F  )  30.   brouette   ………………….   …………………………………………………………………………….  31.   parachute   ………………….   …………………………………………………………………………….  32.   ampoule   ………………….   …………………………………………………………………………….  33.   passoire   ………………….   …………………………………………………………………………….  34.   noix   ………………….   …………………………………………………………………………….  35.   masque   ………………….   …………………………………………………………………………….  36.   CUILLERE   ………………….   …………………………………………………………………………….  

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Tâche standardisée d’évaluation du lexique en production (NEEL)

Procédure de passation : L’expérimentateur présente à l’enfant une carte sur laquelle se

trouve une image. Dans notre étude, nous avons administrés les mots concrets de la liste

Vocabulaire 1 qui en contient 36. L’expérimentateur présente à l’enfant une carte après

l’autre en lui demandant : « Qu’est-ce que c’est ? ». Si l’enfant ne répond pas,

l’expérimentateur attend 10 secondes avant de dire : « Tu ne vois pas ce que c’est ? Tu ne

connais pas ? ». Si l’enfant donne une réponse erronée (un autre mot, voire un non mot) que

l’on note, l’expérimentateur lui dit : « Non ce n’est pas (exactement) ça, tâche de trouver le

bon mot ». S’il a donné une paraphrase explicative, une définition, ou une description – la

relever – et dire : « Oui, c’est ça, mais il faut trouver le mot ». S’il altère phonétiquement ou

phonologiquement le mot, demander « Est-ce que tu es sûr d’avoir dit le mot comme il

faut ? ». Il ne faut jamais corriger l’enfant.

Protocole :

Mots   2,  1  ou  0   Transcription  1.   PINCEAU      2.   TASSE      3.   LAVABO      4.   ASPIRATEUR      5.   CARTE  (à  jouer)      6.   COCCINELLE      7.   Loupe1      8.   domino      9.   chauve-­‐souris      10.   poire      11.   VERRE      12.   vis      13.   Rame2      14.   poireau      15.   poêle      16.   LAPIN      17.   louche      18.   Accordéon3      19.   LUNETTES      20.   Balançoire4      21.   cage      22.   mouche      23.   ECUREUIL      

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24.   évier      25.   FEUILLE      26.   allumettes      27.   DOUCHE      28.   ROBINET      29.   violon      30.   brouette      31.   parachute      32.   ampoule      33.   passoire      34.   noix      35.   masque      36.   CUILLERE      

1 Loupe : c’est pour voir les petites choses, si on regarde avec on les voit plus grosses. 2 Rame : c’est pour faire avancer les bateaux. 3 Accordéon : c’est pour faire de la musique. 4 Balançoire : on s’assied dessus pour s’amuser et si on pousse on va très loin en l’air

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Tâche standardisée d’évaluation de la morphosyntaxe en compréhension (NEEL)

Procédure de passation : L’expérimentateur présente les personnages à l’aide de la première

page de l’album avant d’énoncer la consigne pour faire une démonstration avec la première

planche. Pendant l’épreuve, la phrase soulignée est proposée en premier. Lorsque le couple

de phrases est précédé de la mention « LIRE AVANT », l’expérimentateur doit dire « Tu vois

ici il y a deux bonnes images » et lire les deux phrases en empêchant l’enfant de désigner

avant de l’interroger ensuite.

Consigne : « Tu vois ici ce sont les personnages qu'on va retrouver dans les petites histoires

de ce livre. Ici (montrer tour à tour) : le clown, le copain du clown, la danseuse, le papa, le

garçon, la maman, la fille. » La première planche est destinée à une démonstration : Tu vois

(montrer) ici et là il y a le garçon, et là (montrer) sur les 4 images il y a un gâteau. On dit

ensuite à l'enfant : Je vais te demander de me montrer des images. Tu me montres d'abord

« le garçon ne mange pas son gâteau ». Ensuite, on lui dit : « Montre-moi : le garçon mange

son gâteau » Si l'enfant se trompe, l'examinateur reprend encore une fois l'essai, après lui

avoir indiqué les images qui sont en relation avec chacune des deux phrases. Terminer en

disant : « Tu vois ce sera toujours comme ça, il y a deux 'bonnes' images, et deux images

qu'on ne doit pas montrer. »

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Protocole :

 Passé   +  ou  -­‐       1  ou  0  4.  (LIRE  AVANT)   Tu  vois  le  clown,  tu  vois  les  ciseaux  (ne  pas  montrer)          

le  clown  coupe  la  corde  .............................................................    ………..      le  clown  a  coupé  la  corde  ………………………………………………………    ………..    ………..  

Futur  (=futur  proche)          5.  (LIRE  AVANT)   Tu  vois  le  cheval  et  tu  vois  la  barrière  (ne  pas  montrer)          

le  cheval  saute  ……………………………………………………………………    ………..      le  cheval  va  sauter  ………………………………………………………………    ………..    ………..  

Forme  passive  -­‐  réversibilité  des  agents          6.   la  danseuse  est  poussée  par  le  clown  …………………………………    ………..      

le  clown  est  poussé  par  la  danseuse  ……………………………………    ………..    ………..  

Pronom  objet  (direct)          7.   le  petit  garçon  la  cueille  

………………………………………………………    ………..      le  petit  garçon  les  cueille  ……………………………………………………    ………..      

       8.   la  maman  le  lave  …………………………………………………………………    ………..      la  maman  la  lave  …………………………………………………………………    ………..    ………..  

Pronom  objet  (indirect)          9.   Tu  vois  le  clown  a  des  bonbons  (ne  pas  montrer)          

le  clown  lui  lance  des  bonbons  ……………………………………………    ………..      le  clown  leur  lance  des  bonbons  …………………………………………    ………..    ………..  

Pronoms  objet  direct  et  indirect          10.   Tu  vois  les  ballons  (montrer  tous  les  ballons  y  compris  

chacun    des  deux  ballons  sur  l'image  c)          son  papa  le  lui  apporte  …………………………………………………………    ………..      son  papa  les  lui  apporte  ………………………………………………………    ………..    ………..  

Adjectif  possessif          11.  (LIRE  AVANT)   il  court  vers  sa  maman  

…………………………………………………………    ………..      ils  courent  vers  leur  maman  …………………………………………………    ………..    ………..  

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Tâche standardisée d’évaluation de la morphosyntaxe en production (NEEL)

Procédure de passation : L’expérimentateur énonce la consigne à l’enfant. Pour que ce

dernier complète la phrase, l’expérimentateur laisse traîner la voix sur la voyelle finale avec

un allongement de la syllabe et une intonation montante pour indiquer que l’énoncé doit être

achever. Si l’enfant n’achève pas la phrase ou s’il la termine de façon incorrecte,

l’expérimentateur reprend les deux phrases en insistant chaque fois sur le verbe et en

fournissant, cette fois, la phrase en entier. Durant l’épreuve, l’enfant n’a qu’un seul essai et il

ne reçoit pas de correction. Pour les parties B,C et D, il est prévu de refaire une

démonstration en cas d’échec au premier item.

Consigne : « Je vais te dire une première phrase : Le chat finit de manger. Et maintenant je

vais commencer une deuxième phrase, et c'est toi qui termineras : Le chien et le chat … »

Protocole :

  2  ou  0  (a)   0  ou  -­‐1  (b)  A. Verbe  :  accord  en  nombre  (3ème  personne  singulier  "  pluriel)  

 1.          Le  cheval  saute  la  barrière  

Les  chevaux  …  (sautent)  …    

2.          Jean  écrit  

       Pierre  et  Jean  …  (écrivent)  …    

3.          Marie  tient  la  corde  

         Marie  et  Monique  …  (tiennent)  …    

4.          Pour  sa  fête  Jean  donnera  des  fleurs  à  Mami  

         Pour  sa  fête  Pierre  et  Jean  …  (donneront)  …      

B. Verbe  (1ère  personne  singulier  "  1ère  personne  pluriel)  

 1.          J’apprends  à  jouer  du  violon  

         Nous  aussi  nous  …  (apprenons)  …    EN  CAS  D’ÉCHEC  uniquement  (Démonstration)  Trois  filles  bavardent  ensemble.  Une  petite  fille  qui  s’appelle          Christine  dit  :  J’aime  écouter  la  musique.  Les  deux  autres  filles  Marie  et  Monique  lui  répondent  ensemble  :  Nous  aussi  nous  …  (aimons)  …    

       ………………..      ………………..      ………………..      ………………..          ………………..                  ………………..    

                                             ………………..            

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87  

 2.          Je  veux  un  téléphone  

         Nous  aussi  nous  …  (voulons)  …    

3.          Je  rends  le  livre  à  la  maîtresse  

         Nous  aussi  nous  …  (rendons)  …    

C. Verbe  :  Présent  "  Passé  composé  (ou  Imparfait)  

 1.          Ce  matin  je  suis  en  retard  alors  je  cours  

Hier  matin  j’étais  en  retard  alors  …  (j’ai  couru,  je  courais)  …    EN  CAS  D’ÉCHEC  uniquement  (Démonstration)  Aujourd’hui  il  pleut,  Maman  prend  son  parapluie.  Hier  quand  il  a  plu  Maman  …  (a  pris)  …    

2.          Aujourd'hui  la  voiture  démarre  bien  

         Hier  aussi  la  voiture  …    (a  démarré,  démarrait)  …      

3.          Aujourd'hui  à  la  course  il  est  le  premier  

         Hier  aussi  à  l'entraînement  il  …    (a  été,  était)  …    

4.          A  la  gare  je  vois  un  train  qui  part  

         Juste  avant  j’ai  vu  un  autre  train  qui  …  (partait,  est  parti)    

D. Verbe  :  Présent  ou  Passé  "  Futur  

 

1.          Aujourd’hui  le  soleil  brille  

         A  la  télévision  on  a  annoncé  :            «  Demain  aussi  le  soleil  …  »  (brillera,  va  briller)    EN  CAS  D’ÉCHEC  uniquement  (Démonstration)  Ce  sont  les  vacances,  aujourd’hui  je  fais  du  vélo  Maman  me  dit  :  «  Demain  encore  tu  …  (feras)  …  »    

2.          Aujourd’hui  on  a  gagné  le  match  

         Demain  aussi  j’en  suis  sûr  on  …  (va  gagner,  gagnera)  …        

 ………………..          ………………..                ………………..      ………………..      ………………..            ………………..                ………………..    

                       ………………..                                    ………………..          

 

Total  (a)    _______    (b)  ____                                              Total  /30  (a-­‐b)  _______  

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88  

Tâche expérimentale de répétition de phrases (COST)

Procédure de passation : L’enfant est placé devant un ordinateur avec un casque audio sur

les oreilles. La passation est enregistrée à l’aide d’un magnétophone. Une fois la consigne

énoncée, l’enfant réalise une phase d’entraînement avec deux phrases. Si l’enfant ne répète

pas exactement ce qui est dit ou s’il ne comprend pas, l’expérimentateur le corrige seulement

durant la phase d’entraînement. Durant le test, si l’enfant ne répète pas exactement la phrase

ou n’en répète qu’une partie, on ne donne aucune correction et on passe à l’item suivant. Si

l’enfant ne donne aucune réponse ou ne semble pas comprendre, on n’insiste pas et on passe

à l’item suivant. L’expérimentateur doit toujours être positif avec l’enfant, mais ne pas

montrer de l’enthousiasme particulier en face d’une réponse correcte par rapport à une

réponse incorrecte. Le passage à une nouvelle image déclenche directement le stimulus oral.

Si l’enfant le demande, on peut le laisser cliquer pour passer à l’image suivante

Consigne : « Tu vas entendre quelqu’un qui va parler et toi, tu dois dire exactement la même

chose qu’elle. On fait un essai ? » Mettre le casque sur la tête de l’enfant et brancher le haut-

parleur.

Protocole :

Phrase à répéter – Items d’essai

E1 Le bébé boit du lait.

E2 Tu le lis souvent, ce livre.

Phrase à répéter

1 Le garçon prend un bain.

2 Le lapin a mangé la carotte.

3 Le papa sait très bien conduire la voiture

4 Qui le monsieur regarde ?

5 J’ai vu le chat qui a griffé la vache.

6 Les parents ont rangé les jouets.

7 Je vois le garçon que la fille a poussé.

8 Quel enfant la maîtresse punit ?

9 Les chats boivent du lait.

10 Le garçon dit que la maman a lu un livre.

11 Le singe a pris la banane.

12 Tu vois le garçon qui a dessiné la mamie.

13 La maîtresse punit les enfants.

14 La dame dit que le garçon a pris le ballon.

15 Quel garçon le papy connaît ?

16 Tu as vu le cheval que le chien a mordu.

17 Les tortues ont mangé la salade.

18 La maman sait très bien dessiner des lapins.

19 Les enfants prennent un bain.

20 Qui la maîtresse punit ?

21 Le lapin veut manger la salade maintenant.

22 La maman a fermé la fenêtre.

23 Tu as vu la vache que le chat a griffée.

24 Qui la mamie connaît ?

25 Les parents punissent les enfants.

26 J’ai vu le chien qui a mordu le cheval.

27 Les enfants ont fermé la porte.

28 La maman lit une histoire.

29 Quel garçon le monsieur dessine ?

30 La fille croit que le papi a cassé un verre.

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89  

Tâche d’empan de chiffres

Procédure de passation : L’expérimentateur donne oralement une série de chiffres à répéter.

La tâche prend fin lorsque le critère d’arrêt est atteint, c’est-à-dire lorsque l’enfant se trompe

deux fois de suite. L’expérimentateur note le nombre de chiffres correctement répétés pour

chaque modalité (envers et endroit) et calcule l’empan mnésique de l’enfant. Une réponse

correcte est cotée avec 1 point et une réponse erronée est cotée avec 0 point. La note d’item

est la somme des notes aux deux essais de l’item. La note brute est la somme des nots aux

items des subtests ordre direct et inverse.

Consignes :

- A l’endroit : « Je vais te dire des chiffres. Ecoute bien attentivement, et quand j’aurai fini,

tu les répéteras exactement comme moi, dans le même ordre que moi. »

NB : Lire chaque essai dans sa totalité au rythme de un chiffre par seconde, en baissant

légèrement le ton de la voix au dernier chiffre de la série, et faire une pause pour permettre à

l’enfant de répéter. La répétition d’un essai n’est pas autorisée. Si l’enfant demande de

répéter, dire : « Essaie de répéter de ton mieux. » L’aide n’est autorisée uniquement pour

l’item d’exemple de l’ordre inverse.

- À l’envers : « Maintenant, je vais encore te dire des chiffres, mais cette fois, quand j’aurai

fini, tu les répéteras à l’envers, en commençant par le dernier, donc. Par exemple, si je dis 8-

2, que dois-tu répéter ? ». Si la réponse est correcte, l’expérimentateur dit « c’est bien » et

passe à l’item suivant. Si la réponse est incorrecte, il dit : « Ce n’est pas tout à fait juste. J’ai

dit 8-2, donc pour les répéter à l’envers, tu dois commencer par le dernier : tu aurais dû dire

2-8. Essayons à nouveau : 8-2. »

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Protocole :

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91  

Tâche de classification de cartes

Procédure de passation :

Première partie : Entraînement

On va jouer maintenant à un jeu. Regarde ce que j’ai ici.

L’expérimentateur présente à l’enfant 2 voitures (1 grande et 1 petite), 2 camions (1 grand et

1 petit) et 2 tracteurs (1 grand et 1 petit).

On va essayer maintenant de faire des groupes avec tout ça. On va essayer de faire 2 ou 3

groupes. On va les ranger, on met ensemble ce qui va bien ensemble. Comment est-ce qu’on

peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut mettre dans chaque groupe ?

Classification 1 : l’enfant peut classer les objets par type ou par taille. Si l’enfant n’y arrive

pas, le guider.

On va essayer maintenant de faire des groupes différents, d’autres familles. On va faire

encore des groupes, encore des familles mais on va essayer de faire des groupes différents de

ceux qu’on a fait avant.

Classification 2 : l’enfant peut classer les objets par type ou par taille, en prenant en compte

la classification 1. Si l’enfant n’y arrive pas, le guider.

Deuxième partie : Test

Maintenant, je vais te montrer des cartes.

Présenter les 18 cartes à l’enfant en les disposant sur la table en 3 colonnes – dans le sens de

l’écriture - (6 cartes par colonne) en suivant l’ordre imposé (numéro de la carte inscrit au

dos).

Classification 1

On va essayer maintenant de faire des groupes avec les cartes. On va essayer de faire 2 ou 3

groupes. On va ranger les cartes, on met ensemble ce qui va bien ensemble. Comment est-

ce qu’on peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut mettre dans chaque groupe, dans chaque

famille ?

Si l’enfant n’arrive pas à classer les cartes, lui fournir un indice.

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92  

Indice 1

Présenter à l’enfant 2 cartes : la carte avec un rond jaune et la carte avec un rond rouge.

Regarde ces deux cartes. Tu vois la différence ? Peux-tu ranger toutes les autres cartes selon

ce que tu as dit/la couleur ?

Si l’enfant n’arrive pas à classer les cartes, lui fournir le deuxième indice.

Indice 2

Présenter à l’enfant 2 cartes : la carte avec un rond jaune et la carte avec un carré jaune.

Regarde ces deux cartes. Tu vois la différence entre celles-là ? Peux-tu ranger toutes les

autres cartes selon ce que tu as dit/selon la forme ?

Si l’enfant n’arrive pas du tout à classer les cartes, interrompre l’épreuve (score = 0 à toutes

les classifications).

Classification 2

Si l’enfant classe les cartes en 2 ou 3 groupes, réorganiser les cartes de la même manière

pour la deuxième classification et dire à l’enfant :

Maintenant, regarde les cartes. On va essayer de faire des groupes différents. On va les

ranger encore une fois, on va mettre ensemble ce qui va bien ensemble mais on va

essayer de faire des groupes différents de ceux qu’on a fait avant. Comment est-ce qu’on

peut faire ? Qu’est-ce qu’on peut mettre dans chaque groupe ?

Si l’enfant n’arrive pas à changer le critère de classification, lui fournir un indice.

Indice 1

Avant tu as fait des groupes de X (couleur, forme, quantité) – développer (ex : un groupe de

rouge… ou un groupe de grands…), maintenant fais des groupes différents, pas des groupes

de X mais des groupes différents.

Si l’enfant n’arrive toujours pas à classer les cartes, lui fournir un 2ème indice.

Indice 2

Présenter à l’enfant deux cartes qui diffèrent à un seul niveau Y que l’enfant n’a pas encore

fait. Regarde ces deux cartes. Tu vois la différence ? Peux-tu ranger toutes les autres cartes

selon ce que tu as dit/selon Y ?

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93  

Répéter pour la 3ème classification.

Protocole :

Indice Score

Indice Oui Précision (indice donné) Non

Classification 1 Indice 1 Indice 2

Classification 2 Indice 1

Indice 2

Classification 3 Indice 1 Indice 2

TOTAL Nombre total d’indices =

Nombre d’indices n°2 (C1 et C2 seulement) = M=

L’enfant a-t-il eu besoin de l’indice n°2 pour les classifications 2 ET 3 ? oui ☐ non ☐

L’enfant a-t-il réussi à faire les 3 classifications sans aucun indice ? oui ☐ non ☐

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94  

Tâche de complétion d’images

Procédure de passation : L’expérimentateur présente la première planche à l’enfant en lui

énonçant la consigne ci-dessous. Si l’enfant n’a pas compris, il continue l’explication jusqu’à

ce que la réponse soit correcte. Ensuite, l’expérimentateur présente tour à tour les planches

suivantes. Une fois la passation terminée, il calcule le score total et le convertit en percentile

pour situer l’enfant par rapport à la norme.

Consigne : « Regarde bien ce grand dessin (en montrant la figure du haut). C’est un dessin

dont une partie a été enlevée. Chacun de ces morceaux-là (on les montre tour à tour) a la

forme qu’il faut pour remplir cet espace vide (montrer l’espace vide); seul un a le dessin qu’il

faut. Le n°1 a la forme qu’il faut, mais il n’a pas le bon dessin. Le n°2 n’est pas du tout un

dessin. Le n°3 est tout à fait faux. Le n°6 est presque bon, mais est faux ici (en montrant la

partie du morceau laissé en blanc). Un seul des morceaux va tout à fait bien. Montre-moi le

morceau qui va tout à fait bien. »

Exemples d’items :

Protocole :

N°  item   Réponse  correcte   Réponse  de  l’enfant   Nb  de  points  

A1   4      A2   5      A3   1      A4   2      A5   6      A6   3      A7   6      A8   2      A9   1      A10   3      A11   4      A12   5      

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95  

AB1   4      AB2   5      AB3   1      AB4   6      AB5   2      AB6   1      AB7   3      AB8   4      AB9   6      AB10   3      AB11   5      AB12   2      B1   2      B2   6      B3   1      B4   2      B5   1      B6   3      B7   5      B8   6      B9   4      B10   3      B11   4      B12   5      

Total  :      /  36  

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Annexe VI : Questionnaire parental PaBiQ COST IS080419

1. Informations générales sur l’enfant 1.1 Date de naissance : ____________________________________ 1.2 Si le lieu de naissance est différent du pays de résidence actuelle, date d’arrivée au pays de résidence : ____________________________________ 1.3 Quelles langues est-ce que votre enfant parle actuellement (plus que des mots isolés) ?

Portugais Français Autre

1.4 Selon vous, dans quelle langue se sent-il le plus à l’aise ? __________________________________________ 2. Histoire précoce de l’enfant : Langage et autre 2.1 A quel âge votre enfant a produit son premier mot ? ____________________________________ 2.2 A quel âge votre enfant a mis ensemble des mots pour faire de petites phrases ? Ex : encore pain; a plus gâteau; etc. ____________________________________ 2.3 Avant l’âge de trois-quatre ans de votre enfant, vous êtes-vous inquiété du langage de votre enfant ? ____________________________________ 2.4 Votre enfant a-t-il eu des problèmes d’audition ou des otites fréquents ? NON ou OUI _______________________________________________________________________________________ 2.5Avant l’âge de 4 ans, votre enfant a-t-il été en contact avec :

0 Jamais 0%

1 Rarement 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Score/4

Portugais Portugais Français Français Autre Autre

2.6 A quel âge ce contact a-t-il commencé ?

Age Age Portugais Autre Français

2.7 Dans quel contexte ce contact a-t-il eu lieu (cochez les cases appropriées) ?

Portugais Français Autre a. Echanges avec la mère b. Echanges avec le père c. Echanges avec les grands-parents d. Echanges avec la nounou / femme de ménage

                                                                                                                         1Ce questionnaire est une traduction/adaptation du Questionnaire for Parents of Bilingual Children (COST Action IS0804, 2011). Il s’agit de la version courte d’un questionnaire plus long piloté par des groupes de recherche dans plusieurs pays de l’Action COST IS0804, qui a été en partie basé sur l’ALEQ (Paradis, 2011) et sur l’ALDeQ (Paradis et al., 2010).

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97  

e. Echanges avec d’autres adultes (précisez) f. Echange avec les frères et sœurs g. Garderie/école maternelle Total (1 point par case) Total par langue /6 (ou 7) /6 (ou 7) /6 (ou 7) 3. Habiletés actuelles

Portugais Français Autre 3.1 Comparé à d’autres enfants du même âge, comment pensez-vous que votre enfant s’exprime en … ? 0 = pas très bien/ pas aussi bien qu’eux; 1 = un peu moins bien / à peu près comme eux avec quelques différences; 2 = pareil/ en général oui; 3 = très bien, mieux, beaucoup mieux

0 1 2 3 0 1 2 3 0 1 2 3

3.2 Est-ce que vous pensez que votre enfant parle … comme un enfant …. du même âge qui ne parle que le ….. ? 0 = pas très bien/ pas aussi bien qu’eux; 1 = un peu moins bien / à peu près comme eux avec quelques différences; 2 = pareil/ en général oui ; 3 = très bien, mieux, beaucoup mieux

0 1 2 3 0 1 2 3 0 1 2 3

3.3 Comparé à d’autres enfants du même âge, est-ce que votre enfant a des difficultés pour produire des phrases correctes ? 0 = beaucoup de difficultés ; 1 = quelques difficultés ; 2 = pareil/ en général ; 3 = pas de difficultés, mieux que d’autres enfants

0 1 2 3 0 1 2 3 0 1 2 3

3.4 Etes-vous satisfait des capacités de votre enfant à s’exprimer en … ? Toujours ? 0 = très peu satisfait/pas du tout satisfait; 1 = moyennement satisfait/pas très satisfait ; 2 = assez satisfait/en général satisfait ; 3 = très satisfait/entièrement satisfait

0 1 2 3 0 1 2 3 0 1 2 3

3.5 Est-ce que votre enfant se sent frustré quand il ne peut pas communiquer en … ? 0 = très frustré/presque toujours frustré/très souvent frustré; 1 = souvent frustré/oui ; 2 = quelquefois frustré mais pas souvent ; 3 = jamais/presque jamais frustré/non

0 1 2 3 0 1 2 3 0 1 2 3

Total par langue /15 /15 /15

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4. Langues utilisées à la maison 4.1 Avec les parents

Mère ↔ Enfant Père ↔ Enfant

0 Jamais 0%

1 Raremen

t 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

0 Jamais 0%

1 Raremen

t 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Portugais

Français Autre

4.2 Avec un autre adulte qui s’occupe de votre enfant de façon régulière ? (grands-parents, nounou, femme de ménage, etc.)

Autre adulte ↔ Enfant

0 Jamais 0%

1 Rarement 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Portugais Français Autre

4.3 Avec ses frères et sœurs : Frères et sœurs ↔ Enfant

0 Jamais 0%

1 Rarement 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Portugais Français Autre Calcul du score de l’utilisation de chacune des langues à la maison (Questions 4.1 à 4.3): additionner les scores puis diviser le total par le nombre de scores multiplié par 4. Exemple pour l’utilisation du portugais :

Situation Score

Mère ↔ Enfant (question 4.1)

1

Père ↔ Enfant (question 4.1) 3 Autre adulte ↔ Enfant

(question 4.2) --

Enfant 1 ↔ Enfant (question 4.3)

3

Total utilisation : Total des scores

(Nombre de scores x 4)

7 3x4

Grand total d’utilisation

 

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5. Langues parlées en-dehors de la maison 5.1 Quelles activités l’enfant fait-il chaque semaine et dans quelle(s) langue(s)? Portugais Français Autre(s) Activités 0

Presque jamais

ou jamais

1 Au moins une fois

par semaine

2 Tous les

jours

0 Presque jamais

ou jamais

1 Au moins une fois

par semaine

2 Tous les

jours

0 Presque jamais

ou jamais

1 Au moins une fois

par semaine

2 Tous les

jours

a. Lecture (livres, revues, BD, journaux)

b. Regarder la télévision ou des films

c. Raconter des événements ou des histoires

Total Total par langue /6 /6 /6 5.2 Quelle langue est utilisée entre votre enfant et les camarades avec qui il joue régulièrement ?

Enfant – Camarades

0 Jamais 0%

1 Rarement 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Portugais

Français

Autre (spécifier) ______________

5.3 Les amis de la famille qui viennent régulièrement chez vous utilisent :

0 Jamais 0%

1 Rarement 25%

2 Parfois 50%

3 Souvent 75%

4 Toujours 100%

Portugais

Français

Autre (spécifier) ______________

Calcul du score de richesse linguistique (questions 5.1, 5.2, 5.3) Question 5.1 /10 Question 5.2 /4 Question 5.3 /4 Total /18 Portugais Français Autre (spécifier) ______________

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6. Informations sur la mère et le père 6.1 Informations sur la mère 6.1.1 Dans quel pays êtes-vous née ?__________________________________________ 6.1.2 Si vous exercez une profession actuellement, quelle est la langue de votre travail ?_____________________ 6.1.3 Scolarité :

Nombre d’années Précisions éventuelles

Ecole primaire Oui / Non

Ecole secondaire Oui / Non

Université Oui / Non

Formation Professionnelle Oui / Non

6.1.4 Selon vous, quel est votre niveau dans les langues suivantes (cochez les cases correspondantes) :

0 Inexistant (maximum

quelques mots)

1 Faible

(se débrouille difficilement)

2 Moyen

(se débrouille)

3 Bon

(est à l’aise)

4 Excellent

(parle couramme

nt) Portugais

Français

Autre

6.2 Informations sur le père 6.2.1 Dans quel pays êtes-vous née ?__________________________________________ 6.2.2 Si vous exercez une profession actuellement, quelle est la langue de votre travail ? 6.2.3 Scolarité :

Nombre d’années Précisions éventuelles

Ecole primaire Oui / Non

Ecole secondaire Oui / Non

Université Oui / Non

Formation Professionnelle Oui / Non

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101  

6.2.4 Selon vous, quel est votre niveau dans les langues suivantes (cochez les cases correspondantes) :

0 Inexistant (maximum

quelques mots)

1 Faible

(se débrouille difficilement)

2 Moyen

(se débrouille)

3 Bon

(est à l’aise)

4 Excellent

(parle couramment)

Portugais

Français

Autre

7. Difficultés Pour chaque case, indiquez OUI (1 point) ou NON (0 point) :

Frère/soeur Mère Père

Difficultés en lecture et en orthographe

Difficultés à comprendre les autres quand ils parlent dans votre langue maternelle

Difficultés à s’exprimer à l’oral (prononciation, former des phrases, trouver le bon mot, etc.) dans votre langue maternelle

TOTAL

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102  

Annexe VII : Formulaire de consentement

Etude  :  Vers  une  meilleure  évaluation  du  langage  dans  un  contexte  de  bilinguisme

Responsable  de  la  recherche  :    Dr.  Hélène  Delage      Chargée  d'Enseignement  –  Logopédiste  -­‐  Coordinatrice  de  la  Maîtrise  Universitaire  de  Logopédie      Université  de  Genève,  Maîtrise  de  logopédie,  40  boulevard  du  Pont  d'Arve,  1211  Genève  4  [email protected]  tel  :  022  379  9170  

CONSENTEMENT DE PARTICIPATION À LA RECHERCHE ET INFORMATIONS

Chers parents, cher enfant, Nous aimerions inviter votre enfant à participer à une étude sur le langage dans un contexte de bilinguisme. Cette étude est réalisé dans le cadre d’un projet de maîtrise en logopédie (orthophonie) au sein de l’université de Genève. Elle serait réalisée avec votre enfant dans le cabinet de sa/son logopédiste ou directement à domicile, selon vos préférences. Le projet est décrit ci-dessous. Bien entendu, nous sommes à votre entière disposition pour toute information supplémentaire et votre participation à cette étude est totalement libre. Objectifs généraux de la recherche : Genève étant une ville plurilingue, de nombreux logopédistes reçoivent en consultation des enfants dont la langue maternelle n’est pas le français. Il est alors parfois difficile de faire la part des choses entre un trouble spécifique du développement du langage et des difficultés passagères uniquement liées à l’une acquisition tardive d’une seconde langue. Une évaluation de la langue maternelle des enfants serait la solution idéale pour réaliser cette distinction ; or, ce procédé est bien souvent impossible dans la pratique clinique. Il est alors nécessaire de développer des outils précis dans la langue du pays d’accueil qui permettent de mieux évaluer le langage des enfants multilingues. Ce projet s’inscrit dans la lignée d’un large programme de recherche européen (COST Action IS0804: Language impairment in a Multilingual Society: Linguistic patterns and the Road to Assessment, 2009-2013, http://www.bi-sli.org/) qui vise à mieux comprendre les relations entre bilinguisme et troubles du langage. L’objectif de ce projet, dont l’application est clairement clinique, est d’obtenir des données permettant de différencier les profils linguistiques d’enfants bilingues avec et sans troubles du langage et ainsi de limiter les risques de sur- et de sous-diagnostic des troubles spécifiques du

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langage chez ces enfants. Vous trouverez, via le lien suivant, des informations simples qui sont destinées spécifiquement aux parents d’enfants bilingues et qui ont été élaborées dans le cadre du projet européen COST : http://www.bi-sli.org/files/FAQ/FAQ-Parents_French.pdf Protection des données (mesures d’archivage/destruction des données) : les documents informatiques et écrits collectés lors de l’étude à la FPSE seront conservés 10 ans sur place sous la direction du Docteur Hélène Delage. Les données figurant sur support informatique ne porteront que l’identité codée des participants pour empêcher toute identification.

Confidentialité et usage qui sera fait des résultats : un codage des noms et prénoms assurera le respect de la confidentialité.

Procédure, exercices/jeux proposés aux enfants : des exercices ludiques seront proposés aux enfants et dureront chacun en moyenne 10 à 15 minutes, comme écouter puis répéter des mots (des phrases ou des suites de chiffres), compléter une phrase laissée en suspens, dénommer une image ou bien encore désigner une image parmi 4 par rapport à un mot ou à une phrase entendue. Nous mesurerons également leurs capacités de raisonnement logique avec des suites de figures à compléter. Enfin, nous vous demanderons de remplir un questionnaire sur l’âge et le contexte de l’acquisition du français par votre enfant, ses pratiques langagières (ainsi que celles de la famille) dans chacune des langues que vous parlez ainsi que sur les difficultés langagières rencontrées par votre enfant. Nous pourrons bien sûr vous accompagner pour remplir ce questionnaire et répondre à toutes vos questions.

Durée des expériences : Deux sessions de 45 minutes

Durée du projet : Passations avec les enfants entre janvier 2014 et septembre 2014

Bénéfice que mon enfant peut éventuellement en attendre : Les différents exercices sont conçus spécialement pour les enfants et sont donc relativement ludiques. Même si aucun bénéfice direct n’est attendu, les répercussions de cette recherche sur le traitement logopédique des troubles du langage oral dans un contexte de bilinguisme sont importantes et correspondent à une demande des cliniciens qui reçoivent des enfants bilingues en consultation. La/le logopédiste qui suit votre enfant et vous-mêmes (si vous en faites la demande) recevrez systématiquement un retour sur les résultats de l’enfant dans les diverses tâches, vous permettant ainsi d’avoir une idée plus précise des compétences langagières de votre enfant en comparaison avec une population bilingue de référence.

Contraintes et risques éventuellement encourus : aucun risque n'est encouru par l'enfant qui peut à tout moment décider d’arrêter l’exercice. L’examinateur arrêtera lui-même la séance si l’enfant montre des signes de fatigue.

Accès aux résultats de la recherche : Les résultats de votre enfant vous seront transmis sous forme de compte-rendu détaillé.

Ethique : cette étude a été soumise à la commission d’éthique de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Genève, et acceptée.

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Informations complémentaires : vous pouvez vous adresser à tout moment à la responsable de l’étude (Hélène Delage) pour l’obtention d’informations complémentaires.

"Sur   la   base   des   informations   qui   précèdent,   le-­‐la   soussigné-­‐e   consent   à   ce   que   son  enfant     {prénom/nom   de   l'enfant]   participe   à   la   recherche   «  Vers   une   meilleure   évaluation   du  langage  dans  un  contexte  de  bilinguisme  »  et  autorise  :    

• l’utilisation  des  données  à  des  fins  scientifiques    et  la  publication  des  résultats  de  la  recherche  dans  des  revues  ou  livres  scientifiques,  étant  entendu  que  les  données  resteront  anonymes  et  qu’aucune  information  ne  sera  donnée  sur  notre  identité  ;    

OUI NON

• l’utilisation  des  données  à  des  fins  pédagogiques  (cours  et  séminaires  de  formation  d’étudiants  ou  de  professionnels  soumis  au  secret  professionnel).  

OUI NON

J’ai   choisi   volontairement   de   d’autoriser   mon   enfant   à   participer   à   cette   recherche.   J’ai   été  informé-­‐e  du  fait  qu'il  pourra  se  retirer  en  tout  temps  sans  fournir  de  justifications  et  que  je  peux,  le  cas  échéant,  demander  la  destruction  des  données  le  concernant."  

Ce   consentement   ne   décharge   pas   les   organisateurs   de   la   recherche   de   leurs   responsabilités.   Je  conserve  tous  mes  droits  garantis  par  la  loi.  

Prénom Nom du (des) parent(s)

Date

Signature(s)

ENGAGEMENT DU CHERCHEUR

L’information   qui   figure   sur   ce   formulaire   de   consentement   et   les   réponses   que   j’ai   données   au  participant  décrivent  avec  exactitude  le  projet.    Je  m'engage  à  procéder  à  cette  étude  conformément  aux  normes  éthiques  concernant   les  projets  de  recherche   impliquant   des   participants     humains,   en   application   du   Code   d’éthique   concernant   la  recherche  au  sein  de  la  Faculté  de  psychologie  et  des  sciences  de  l’éducation  et  des  Directives  relatives  à   l’intégrité   dans   le   domaine   de   la   recherche   scientifique   et   à   la   procédure   à   suivre   en   cas   de  manquement  à  l’intégrité  de  l’Université  de  Genève.  Je   m’engage   à   ce   que   le   participant   à   la   recherche   reçoive   un   exemplaire   de   ce   formulaire   de  consentement.      

Responsable de l’étude : Hélène Delage

Date Signature

Etudiantes en master de logopédie : Florence Dumoulin & Cédrine Sublet-­‐Van  Kerckhoven

Date Signature