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DU 16  AU 22 AOÛT 2014 / http://materialismes.wordpress.com/ DIFFUSION MILITANTE N ° 13 SOMMAIRE : - Que faire ?, p.1-2 -Lu et à lire, p.2 - Etienne Balibar, Universalité de la cause palestinienne ? , p.3-4 MATERIALISMES : http://materialismes.wordpress.com/ Que faire maintenant ? Pouvions-nous croire à ces négociations indirectes menées par l’Egypte, fussent-elles un suspens dans le ciel de Gaza pour mesurer l’ampleur du crime. Nous avions pensé un accord de non-belligérance, tout au plus. Il n’aurait été en rien une solution souhaitable et satisfaisante à moyen et long termes. Mais à court terme, il aurait laissé un peuple endeuillé de lui-même, épuisé d’angoisse et de faim, reprend re un peu de ce quotidien qu’est l’infortune d’être réfugié dans son pays. Et encore, un quotidien supposerait plus que tout ce qui est possible à Gaza aujourd’hui : être un peuple réduit à « ranger à la hâte quelques effets personnels dans des valises et sacs en plastique » puis être serrés « dans des véhicules ou sur des charrettes tirées par des ânes » et se terrer dans les écoles sous protection de l’ONU. « Que Dieu punisse Israël », implore, les bras tendus vers le ciel, une vieille femme, toute vêtue de noir. « Nous avons trop souffert de cette guerre. On est fatigué de tout cela. On n’en peut plus de cette attente, de ne pas savoir quand la guerre va se terminer »  (  Le Monde, 21 Août). Nous commençons à peine à mesurer le difcile décompte physique, psychique et matériel de ce conit, les enquêtes de terrain étant ralenties. La demande d’  Amnesty Interna tional , aux autorités de Tel-Aviv et du Caire, de pouvoir se rendre immédiatement sur place, est restée sans réponse. « Nous avons déjà perdu un temps précieux et il est essentiel que les organisations de défense des droits humains puissent désormais effectuer la tâche cruciale consistant à exa- miner les allégations de crimes de guerre. Les autorités israéliennes semblent s’être adonnées à un petit jeu administratif avec nous concernant l’accès à Gaza, l’assortissant de conditions déraisonnables alors même que le nombre de morts dans la région augmentait » (  L’Humani , 21 Août) ; « Il faudra des mois pour étayer les allégations de violations du droit international humanitaire (DIH) par les deux camps. Des centaines de récits, qui mélangent parfois l’horreur d’un vécu aux rumeurs entendues, restent à démêler, et certains secrets à percer » (  Le Monde,  22 Août). Des « crimes de guerre « pourraient avoir été commis par les deux camps ». Du côté d’Israël seraient allégués : des habitations civiles devenues cibles militaires, des mesures pré- ventives insufsantes, des quatiers entiers devenus cibles militaires, des humanitaires et per - sonnels de santé visés. Du côté palestinien, des civils israéliens délibéremen t visés, une mise en danger de la population gazouie, (aucune preuve de boucliers humains), menaces d’éxécutions de collaborateurs présumés avec Israël. (  Le Monde, 22 Août). Contre la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Netanyahou a déclaré le 11 Août : « Au lieu de vérier les attaques du Hamas contre les civils israéliens et l ’utilisation des résidents de Gaza comme boucliers humains, au lieu d’enquêter sur le massacre perpétré par le président  Assad en S yrie, et le ma ssacre de Kurdes par les membr es de l’Etat islamique, l’ONU a décidé de venir enquêter sur Israël, la seule démocratie au Proche-Orien t, une démocratie qui agit en toute légitimité pour protéger ses citoyens du terrorisme meurtrier » (  Le Monde, 22 Août). La question est de savoir si Israël coopérera ou boycottera cette commission . Selon les premiers rapports de Médecins du Monde, en plus des 2066 victimes, dont une majorité de civils : « les ordres de grandeur sont connus : environ 10 000 blessés, dont une partie signicative aura besoin de traitements médicaux et chirurgicaux suivis, alors même que la moitié des hôpitaux ont été endommagés, voire détruits pour certains. Plus de 15 000 ha- bitations où logeaient 100 000 personnes sont inutilisables, partiellement ou totalement ef- fondrées, des quartiers entiers sont impraticables, bloqués par l’amoncellement de gravats évoquant les dégâts d’un tremblement de terre. Les dommages causés à plusieurs dizaines d’écoles hypothèquent la scolarisation des enfants. L’unique centrale électrique de la bande de Gaza ayant été elle aussi bombardé e, l’approvisionnement en électricité est réduit à 30 % des besoins, imposant de constants délestages dans les quartiers et agglomérations encore desservis, d’autres en étant privés en raison de la destruction des lignes électriques. L ’eau po- table manque cruellement, le réseau d’adduction d’eau n’ayant pas été épargné, de même que de nombreux commerce s, ateliers et entreprises. (…) Si l’on ne peut mesurer en toute rigueur les conséquences sur la santé de l’appauvrissement général de la population, auquel s’ajoute l’épreuve psychologiqu e de l’enfermement, il ne fait aucun doute que celles-ci existent. Soins médicaux, abris provisoires, eau potable et nourriture sont indispensables, mais les engins de travaux publics, le matériel de construction, les équipements urbains et autres produits manu- facturés le sont tout autant, et tout aussi urgemment » ; « La situation alimentaire s’est dégradée de manière préoccupante pour les habitants de Gaza en raison de l’impossibilité de réappro- visionnement, de la destruction des magasins et des terres agricoles. La rareté des aliments a entraîné une augmentation rapide des prix tandis que les liquidités à disposition de la population sont en baisse » (  L’Humani , 21 Août). Ce « territoire occupé, Gaza dépend pour sa survie immédiate comme pour son développe- ment du bon vouloir des autorités israéliennes. » (  Le Monde, 19 Août). Mais Israël a pour vo- lonté, le refus, l’intransigeance et la mort. « « Le cessez-le-feu est mort et Israël est responsable. Israël a sabordé les contacts qui auraient pu amener la paix… Sa décision était prise de faire échouer les pourparlers du Caire », (Azzam Al-Ahmad, chef de la délégation palestinienne), (  Le  Monde, 21 Août). Les ruines resteront ruines. D’autr es s’amasseront. Les morts civils, un pleur à peine séché pour certains. Prochain pour d’autres familles. La trêve a cessé le 19 Août. « Reprise de la guerre ou intimidation avant la signature d’un ac - cord de cessez-le-feu durable ? » s’interrogeait l ’Humanité  du 20 Août. Aujourd’hui, la réponse semble donnée. « L’armée israélienne a attaqué des « cibles terroristes » dans les environs de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza. Une décision prise « après le tir de trois ro - QUE FAIRE ? quettes en direction de la vill e de Beersheba, dans une zone non habitée dans le sud d’Is- raël ». Sont nommés terroristes : Mohammed  Al Abeet, seize ans et son cousin de onze ans, Saher, une femme enceinte, un enfant de quatre ans (  L’Humanit é, 21 Août), l’épouse et un ls de sept mois, de Mohammed Deif, le chef des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du Hamas. « L’ennemi sioniste a ouvert les portes de l’enfer » (Brigades Ez-  zedine Al-Qassa m), « Si Israël veut le calme, il doit accéder aux demandes et aux droits des Palestiniens » (  Le Monde, 21 Août). En fait, « Israël n’est pas intéressé à signer un accord qui pourrait être vu comme une victoire pour le Hamas. Il préfère revenir à la formule du calme contre le calme et concéder unilatéralement quelques allégements du blocus pour ne pas s’engager dans un accord à long terme » (  Le  Monde, 21 Août). C’est pourquoi nous sommes désemparés et nous ne pouvons comprendre la tribune de Claude Lanzmann, publiée le 21 Aout, dans Le Monde, « Quatre mousquetaires pro-Ga-  za en croisade contre Israël  », en réponse à celle cosignée par Baumann, Debray, Morin et Mme Hessel 1 . Claude Lanzmann la décrit comme un texte « partisan, menteur, sans courage et racoleur », sans « conscience de sa fausseté, de sa faiblesse, en un mot, de son vide ». Son accusation nous apparait être ce qu’il dénonce. Sa position nous semble in-  juste et, pour u ne part, injustiable . Comment reconnaîtr e sérieusement avec lui, que « le fait qu’Israël «cible» ses victimes doit être porté à son crédit, et à son honneur. », lorsque pour un combattant visé, des familles civiles per- dent les leurs. Nous sommes loin des « cibles militaires » (  L’Humanité, 22 Août). Que dire sur : « A qui fera-t-on croire que le Hamas, ennemi numéro un d’Israël et de son exis- tence – les programmes scolaires enseignés à Gaza aux lles comme aux garçons sont sur ce point d’une évidence et d’une unanimité sans espoir –, ait été pris par surprise par les bombard ements israélien s ? Il les a voulus. Quelles que puissent être l’horreur et la colère inspirées par le nombre des morts et des bles- sés civils, c’est le Hamas qui en est le premier responsab le ». Comment afrmer : « Les gens ne meurent ni de faim ni de soif à Gaza, les magasins regorgent de marchandises, il suf- t d’avoir de l’argent et la lutte des classes existe là-bas comme ailleurs. Les riches Ga- zaouis, qui vivent dans leurs grandes villas des hauteurs, ne font pas la charité aux réfugiés qu’ils entretiennent comme un cancer ». Les témoignages des civils sufsent à faire taire ces afrmations. Que faut-il attendre de la diplomatie, de ce qu’il serait encore possible dans cette impas- se ? Un autre tiers diplomatique que l’Egyp- te ? Ce qui est certain, c’est que « les deman- des de chacune des parties pour consentir une trêve durable sont si incompatibles qu’il faudrait de toute évidence un médiateur de poids pour avoir une petite chance d’aboutir » (  L’Humanité, 22 Août). Deux raisons à cela. La première est que le Hamas et Netanya- hou se trouvent affaiblis par des luttes inter- nes. Le Hamas, dont « la direction intérieure, qui se trouve à Gaza, subit la pression d’une population lasse de souffrir qui se montre plus favorable aux négociations avec Israël que 1. cf « M. Hollande, vous êtes comptable d’une cer- taine idée de la France qui se joue à Gaza  », Le Monde, 4 Août. Lire cet autre article critique, Richard Rossin : Le Hamas et ses compagnons de route en France. l’extérieure ». Extérieure à Gaza, « la pression du Qatar, émirat très impliqué dans le soutien nancier et militaire au Hamas entend faire échouer à tout prix la médiation égyptienne ». Il menace d’expulser Khaled Mechaal, réfu- gié à Doha, « s’il signait l’accord négocié au Caire » (  L’Humanité, 22 Août). Netanyahou, lui, sous pression internationale, est débordé par sa droite, « critiqué par les faucons de son gouvernement et les colons ultras de Cisjor- danie ». Ils lui reprochent d’avoir « transformé une victoire militaire en défaite politique en acceptant de négocier avec des terroristes, menaçant même de faire tomber le gouverne- ment et manifestant pour la poursuite de l’of- fensive militaire » (  L’Humanité, 22 Août). La seconde. A ces divisions s’ajoutent le  jeu trouble d’une géopolitique régionale, de l’Egypte, le Qatar et la Turquie . Chacun fait de la bande de Gaza, « une carte précieuse dans la région », qui condense toutes leurs rivalités, un « piège qui risque d’être mortel pour les Palestiniens » (  L’Humanité, 22 Août). L’Egypte cherche à retrouver « sa place de leader régional », refusant le Hamas comme interlocuteur, et appelle le retour de l’Auto- rité palestinienne à Gaza. De leurs côtés, le Qatar et la Turquie, « verraient bien la bande de Gaza devenir une république islamique » (  L’Humanité, 22 Août). Il est évident que ces « divisions régionales favorisent la politique coloniale, plus agressive que jamais, de l’ac- tuel gouvernement israélien » (  L’Humanité, 22 Août). Certains médias ont parlé de la nécessité d’une intervention des Etats-Unis. L’hypo- thèse nous apparaît,  a priori , ni probable, ni souhaitable pour au moins deux raisons. La  première  est que les Etats-Unis ont toujours été historiquement et idéologiquement des alliés d’Israël. Elias Sanbar a, plusieurs fois, décrit « la complicitéde des Etats-Unis avec Israël », retrouvant dans Israël, « un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui là aussi ne fut qu’en partie directement phy- sique. Il s’agissait de faire le vide, comme s’il n’y avaient jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’emmigrés du dedans » 2 , les Palestiniens devenant « les in- diens de Palestine ». A la n des années 40, lorsque le mandat britannique annonce son 2. Gilles Deleuze, Grandeur d’Arafat, Deux régi-  les de fous , Minuit 2003, p. 223.

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  • du 16 au 22 aot 2014 / http://materialismes.wordpress.com/ DIFFUSION MILITANTE

    N13

    SOMMAIRE :

    - Que faire ?, p.1-2-Lu et lire, p.2- Etienne Balibar, Universalit de la cause palestinienne ? , p.3-4

    MATERIALISMES : http://materialismes.wordpress.com/

    Que faire maintenant ? Pouvions-nous croire ces ngociations indirectes menes par lEgypte, fussent-elles un suspens dans le ciel de Gaza pour mesurer lampleur du crime. Nous avions pens un accord de non-belligrance, tout au plus. Il naurait t en rien une solution souhaitable et satisfaisante moyen et long termes. Mais court terme, il aurait laiss un peuple endeuill de lui-mme, puis dangoisse et de faim, reprendre un peu de ce quotidien quest linfortune dtre rfugi dans son pays. Et encore, un quotidien supposerait plus que tout ce qui est possible Gaza aujourdhui : tre un peuple rduit ranger la hte quelques effets personnels dans des valises et sacs en plastique puis tre serrs dans des vhicules ou sur des charrettes tires par des nes et se terrer dans les coles sous protection de lONU. Que Dieu punisse Isral , implore, les bras tendus vers le ciel, une vieille femme, toute vtue de noir. Nous avons trop souffert de cette guerre. On est fatigu de tout cela. On nen peut plus de cette attente, de ne pas savoir quand la guerre va se terminer (Le Monde, 21 Aot).

    Nous commenons peine mesurer le difficile dcompte physique, psychique et matriel de ce conflit, les enqutes de terrain tant ralenties. La demande dAmnesty International, aux autorits de Tel-Aviv et du Caire, de pouvoir se rendre immdiatement sur place, est reste sans rponse. Nous avons dj perdu un temps prcieux et il est essentiel que les organisations de dfense des droits humains puissent dsormais effectuer la tche cruciale consistant exa-miner les allgations de crimes de guerre. Les autorits israliennes semblent stre adonnes un petit jeu administratif avec nous concernant laccs Gaza, lassortissant de conditions draisonnables alors mme que le nombre de morts dans la rgion augmentait (LHumanit, 21 Aot) ; Il faudra des mois pour tayer les allgations de violations du droit international humanitaire (DIH) par les deux camps. Des centaines de rcits, qui mlangent parfois lhorreur dun vcu aux rumeurs entendues, restent dmler, et certains secrets percer (Le Monde, 22 Aot). Des crimes de guerre pourraient avoir t commis par les deux camps . Du ct dIsral seraient allgus : des habitations civiles devenues cibles militaires, des mesures pr-ventives insuffisantes, des quatiers entiers devenus cibles militaires, des humanitaires et per-sonnels de sant viss. Du ct palestinien, des civils israliens dlibrement viss, une mise en danger de la population gazouie, (aucune preuve de boucliers humains), menaces dxcutions de collaborateurs prsums avec Isral. (Le Monde, 22 Aot). Contre la commission denqute du Conseil des droits de lhomme des Nations Unies, Netanyahou a dclar le 11 Aot : Au lieu de vrifier les attaques du Hamas contre les civils israliens et lutilisation des rsidents de Gaza comme boucliers humains, au lieu denquter sur le massacre perptr par le prsident Assad en Syrie, et le massacre de Kurdes par les membres de lEtat islamique, lONU a dcid de venir enquter sur Isral, la seule dmocratie au Proche-Orient, une dmocratie qui agit en toute lgitimit pour protger ses citoyens du terrorisme meurtrier (Le Monde, 22 Aot). La question est de savoir si Isral cooprera ou boycottera cette commission.

    Selon les premiers rapports de Mdecins du Monde, en plus des 2066 victimes, dont une majorit de civils : les ordres de grandeur sont connus : environ 10 000 blesss, dont une partie significative aura besoin de traitements mdicaux et chirurgicaux suivis, alors mme que la moiti des hpitaux ont t endommags, voire dtruits pour certains. Plus de 15 000 ha-bitations o logeaient 100 000 personnes sont inutilisables, partiellement ou totalement ef-fondres, des quartiers entiers sont impraticables, bloqus par lamoncellement de gravats voquant les dgts dun tremblement de terre. Les dommages causs plusieurs dizaines dcoles hypothquent la scolarisation des enfants. Lunique centrale lectrique de la bande de Gaza ayant t elle aussi bombarde, lapprovisionnement en lectricit est rduit 30 % des besoins, imposant de constants dlestages dans les quartiers et agglomrations encore desservis, dautres en tant privs en raison de la destruction des lignes lectriques. Leau po-table manque cruellement, le rseau dadduction deau nayant pas t pargn, de mme que de nombreux commerces, ateliers et entreprises. () Si lon ne peut mesurer en toute rigueur les consquences sur la sant de lappauvrissement gnral de la population, auquel sajoute lpreuve psychologique de lenfermement, il ne fait aucun doute que celles-ci existent. Soins mdicaux, abris provisoires, eau potable et nourriture sont indispensables, mais les engins de travaux publics, le matriel de construction, les quipements urbains et autres produits manu-facturs le sont tout autant, et tout aussi urgemment ; La situation alimentaire sest dgrade de manire proccupante pour les habitants de Gaza en raison de limpossibilit de rappro-visionnement, de la destruction des magasins et des terres agricoles. La raret des aliments a entran une augmentation rapide des prix tandis que les liquidits disposition de la population sont en baisse (LHumanit, 21 Aot).

    Ce territoire occup, Gaza dpend pour sa survie immdiate comme pour son dveloppe-ment du bon vouloir des autorits israliennes. (Le Monde, 19 Aot). Mais Isral a pour vo-lont, le refus, lintransigeance et la mort. Le cessez-le-feu est mort et Isral est responsable. Isral a sabord les contacts qui auraient pu amener la paix Sa dcision tait prise de faire chouer les pourparlers du Caire , (Azzam Al-Ahmad, chef de la dlgation palestinienne), (Le Monde, 21 Aot). Les ruines resteront ruines. Dautres samasseront. Les morts civils, un pleur peine sch pour certains. Prochain pour dautres familles.

    La trve a cess le 19 Aot. Reprise de la guerre ou intimidation avant la signature dun ac-cord de cessez-le-feu durable ? sinterrogeait lHumanit du 20 Aot. Aujourdhui, la rponse semble donne. Larme isralienne a attaqu des cibles terroristes dans les environs de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza. Une dcision prise aprs le tir de trois ro-

    QUE FAIRE ? quettes en direction de la ville de Beersheba, dans une zone non habite dans le sud dIs-ral . Sont nomms terroristes : Mohammed Al Abeet, seize ans et son cousin de onze ans, Saher, une femme enceinte, un enfant de quatre ans (LHumanit, 21 Aot), lpouse et un fils de sept mois, de Mohammed Deif, le chef des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche arme du Hamas. Lennemi sioniste a ouvert les portes de lenfer (Brigades Ez-zedine Al-Qassam), Si Isral veut le calme, il doit accder aux demandes et aux droits des Palestiniens (Le Monde, 21 Aot). En fait, Isral nest pas intress signer un accord qui pourrait tre vu comme une victoire pour le Hamas. Il prfre revenir la formule du calme contre le calme et concder unilatralement quelques allgements du blocus pour ne pas sengager dans un accord long terme (Le Monde, 21 Aot).

    Cest pourquoi nous sommes dsempars et nous ne pouvons comprendre la tribune de Claude Lanzmann, publie le 21 Aout, dans Le Monde, Quatre mousquetaires pro-Ga-za en croisade contre Isral , en rponse celle cosigne par Baumann, Debray, Morin et Mme Hessel1. Claude Lanzmann la dcrit comme un texte partisan, menteur, sans courage et racoleur , sans conscience de sa fausset, de sa faiblesse, en un mot, de son vide . Son accusation nous apparait tre ce quil dnonce. Sa position nous semble in-juste et, pour une part, injustifiable. Comment reconnatre srieusement avec lui, que le fait quIsral cible ses victimes doit tre port son crdit, et son honneur. , lorsque pour un combattant vis, des familles civiles per-dent les leurs. Nous sommes loin des cibles militaires (LHumanit, 22 Aot). Que dire sur : A qui fera-t-on croire que le Hamas, ennemi numro un dIsral et de son exis-tence les programmes scolaires enseigns Gaza aux filles comme aux garons sont sur ce point dune vidence et dune unanimit sans espoir , ait t pris par surprise par les bombardements israliens ? Il les a voulus. Quelles que puissent tre lhorreur et la colre inspires par le nombre des morts et des bles-ss civils, cest le Hamas qui en est le premier responsable . Comment affirmer : Les gens ne meurent ni de faim ni de soif Gaza, les magasins regorgent de marchandises, il suf-fit davoir de largent et la lutte des classes existe l-bas comme ailleurs. Les riches Ga-zaouis, qui vivent dans leurs grandes villas des hauteurs, ne font pas la charit aux rfugis quils entretiennent comme un cancer . Les tmoignages des civils suffisent faire taire ces affirmations.

    Que faut-il attendre de la diplomatie, de ce quil serait encore possible dans cette impas-se ? Un autre tiers diplomatique que lEgyp-te ? Ce qui est certain, cest que les deman-des de chacune des parties pour consentir une trve durable sont si incompatibles quil faudrait de toute vidence un mdiateur de poids pour avoir une petite chance daboutir (LHumanit, 22 Aot). Deux raisons cela.

    La premire est que le Hamas et Netanya-hou se trouvent affaiblis par des luttes inter-nes. Le Hamas, dont la direction intrieure, qui se trouve Gaza, subit la pression dune population lasse de souffrir qui se montre plus favorable aux ngociations avec Isral que

    1. cf M. Hollande, vous tes comptable dune cer-taine ide de la France qui se joue Gaza , Le Monde, 4 aot. Lire cet autre article critique, Richard Rossin : Le Hamas et ses compagnons de route en France.

    lextrieure . Extrieure Gaza, la pression du Qatar, mirat trs impliqu dans le soutien financier et militaire au Hamas entend faire chouer tout prix la mdiation gyptienne . Il menace dexpulser Khaled Mechaal, rfu-gi Doha, sil signait laccord ngoci au Caire (LHumanit, 22 Aot). Netanyahou, lui, sous pression internationale, est dbord par sa droite, critiqu par les faucons de son gouvernement et les colons ultras de Cisjor-danie . Ils lui reprochent davoir transform une victoire militaire en dfaite politique en acceptant de ngocier avec des terroristes, menaant mme de faire tomber le gouverne-ment et manifestant pour la poursuite de lof-fensive militaire (LHumanit, 22 Aot).

    La seconde. A ces divisions sajoutent le jeu trouble dune gopolitique rgionale, de lEgypte, le Qatar et la Turquie. Chacun fait de la bande de Gaza, une carte prcieuse dans la rgion , qui condense toutes leurs rivalits, un pige qui risque dtre mortel pour les Palestiniens (LHumanit, 22 Aot).

    LEgypte cherche retrouver sa place de leader rgional , refusant le Hamas comme interlocuteur, et appelle le retour de lAuto-rit palestinienne Gaza. De leurs cts, le Qatar et la Turquie, verraient bien la bande de Gaza devenir une rpublique islamique (LHumanit, 22 Aot). Il est vident que ces divisions rgionales favorisent la politique coloniale, plus agressive que jamais, de lac-tuel gouvernement isralien (LHumanit, 22 Aot).

    Certains mdias ont parl de la ncessit dune intervention des Etats-Unis. Lhypo-thse nous apparat, a priori, ni probable, ni souhaitable pour au moins deux raisons. La premire est que les Etats-Unis ont toujours t historiquement et idologiquement des allis dIsral. Elias Sanbar a, plusieurs fois, dcrit la complicitde des Etats-Unis avec Isral , retrouvant dans Isral, un aspect de leur histoire : lextermination des Indiens, qui l aussi ne fut quen partie directement phy-sique. Il sagissait de faire le vide, comme sil ny avaient jamais eu dIndiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant demmigrs du dedans 2, les Palestiniens devenant les in-diens de Palestine . A la fin des annes 40, lorsque le mandat britannique annonce son

    2. Gilles Deleuze, Grandeur dArafat, Deux rgi-les de fous, Minuit 2003, p. 223.

  • retrait, le mouvement sioniste va alors se tourner vers les Etats-Unis, comme puissance non plus arbitre mais protectrice et allie, uvrant au seul mode de conqute quils connaissaient vraiment, celui du remplacement de lautochone. La conqute de lEst palestinien fait dsor-mais cho la conqute de lOuest amricain. Mene au nom du Bien, pour rendre justice aux perscuts juifs dEurope, la disparition du Palestinien constitue ainsi le cur de lalliance nouvelle 3. Comme le rappelle, dans les colonnes de LHumanit, un signataire de leur ptition : Je vois mal quIsral puisse lui seul dcider de se rebeller contre la totalit de la communaut internationale. Le problme, aujourdhui, cest quIsral dispose dun parrain absolu qui le cou-vre systmatiquement, qui sont bien videmment les tats- Unis (LHumanit, 22 Aot).

    A lhistoire passe des logiques de conqute coloniales et post-coloniales, qui lie les Etats-Unis Isral sajoute cette seconde raison, immdiate et nationale : le calendrier de fin de mandat prsidentiel et la ligne diplomatique dObama au Moyen-Orient. Les Etats-Unis, pris de court par la proposition dun cessez-le-feu par lEgypte lors de la premire trve, ne dclaraient-ils pas fin juillet leur participation de probable ?

    Frdric Charillon, directeur de lInstitut de recherche stratgique de lEcole militaire, nous propose une analyse clairante dans son article Le dilemme stratgique de Barack Obama, (Le Monde, 20 Aot) ou la politique dinfluence contre le recours la force. Il nous prsente ce dilemne de la diplomatie amricaine : Faut-il agir dans une situation o la morale lexige, mais dans laquelle le cot prvisible de laction risque dtre trop lev pour lintrt national rel ? Le second porte sur les moyens mettre en uvre pour faire triompher ses intrts : lusage de la force est-il toujours le meilleur moyen de simposer, ou bien cet instrument est-il devenu, dans le monde globalis des annes 2010, hautement contre-productif ?

    A lapproche dure des conservateurs, pour qui linterventionnisme militaire est une dmons-tration de puissance, qui ne fait que rajouter la guerre la guerre rpond celle plus moderne et librale . Elle mise davantage sur leffet contraignant dun systme global, o la coopration et les intrts partags en bonne intelligence par la socit mondiale forment un carcan normatif auquel tous les acteurs devront bien finir par se plier. (...). Surtout, le monde ne rpond plus aux rgles dun jeu somme nulle o ce qui tait gagn par un joueur tait perdu pour ses adver-saires. Plutt que dopter pour la dmonstration de force bien incertaine , le pari du prsi-dent amricain est autre, consistant prouver que nul ne peut se permettre le cot politique et conomique de ce type de comportement dans le monde de 2014. Il joue ainsi la carte de la puissance structurelle contre la puissance brute, et oppose lusage de la force la contrainte de rgles internationales protiformes, qui se jouent sur des terrains aussi varis que la scurit, le commerce, linvestissement, limage par comparaison avec le tout-militaire de labsurde chaos crateur des noconservateurs dans les annes 2000 (Le Monde, 20 Aot).

    En France, le prsident Hollande sest exprim, cette semaine, dans un long entretien au Monde, le 21 Aot. Il y rappelle les positions franaises quil estime avoir : exprim tout au long de ce conflit selon des principes constants : la scurit dIsral, la protection des civils, ncessit de trouver une solution pour Gaza. Des ambiguts maintenues que nous re-levons depuis le dbut de ce conflit. La France soutient la mdiation gyptienne. En tout tat de cause, Mahmoud Abbas et lAutorit palestinienne doivent tre considrs comme linter-locuteur principal , ce qui questionne sur le fond, sans que nous ayons rponse, llection et le statut du Hamas en Palestine et du point de vue international, le reconnatre ou non depuis le 1er Juin, la cration dun gouvernement de rconciliation du Hamas et du Fatah, soutenu par lAutorit palestinienne elle-mme. Comment alors aujourdhui parler de la Palestine sans le Hamas, rsoudre la division, accentue dlibrment par Isral, entre lAutorit palestinienne et le Hamas ? Comment faire avec qui il nest pas morale de dialoguer ? Hollande ny rpond pas. Les objectifs de France ? : Gaza ne peut plus rester dans la situation quon a connue. Lobjectif doit tre une dmilitarisation et en mme temps une leve du blocus. La dmilitarisa-tion ne peut se faire que sous lgide de lAutorit palestinienne. La France peut tre utile avec lEurope sur la leve du blocus Rafah . La question nest pas tant quelle peut, mais le doit. La France participera la confrence pour la reconstruction de Gaza, elle fera valoir cette vidence : Gaza ne doit tre ni une prison ciel ouvert ni une base arme. Sinon, les mmes causes produiront les mmes effets . Noublie-t-il pas la venue de Lionel Jospin Gaza en 2000, pour le projet de construction dun port pour lequel un accord avait t trouv avec Isral prs de lancienne colonie de Netzarim ? LAutorit palestinienne avait alors rachet le terrain de 2 km2 leurs propritaires. La France tait trs implique dans le projet, et Lionel Jospin, alors premier ministre, stait rendu Gaza pour signer un chque de 100 millions de francs (15 millions deuros) au prsident Arafat. En avril 2000, la premire des trois phases de dveloppement du projet, galement financ par les Pays-Bas, la Banque dinvestissement europenne et lAutorit palestinienne, tait lance. Un contrat de 70 millions deuros avait t sign avec la coentreprise franco-nerlandaise EGDG 2000 pour construire, en deux ans, un bassin de douze mtres et une digue de 730 mtres . Mais installs dans des locaux flambant neufs , les employs nont pu travailler que trois mois avant que nclate, en octobre, la se-conde Intifada. Les tanks et les bulldozers israliens ont envahi le site et tout dtruit. Lentreprise a invoqu un cas de force majeure et a vacu le personnel. LAutorit palestinienne a d lui verser environ 4 millions deuros de compensation. Le projet a t dfinitivement remis dans les tiroirs avec la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza en juin 2007 et le bouclage total de lenclave par Isral (Le Monde, 21 Aot). Cest ainsi qu Isral dispose du soutien dautres tats qui passent leur temps tenir des discours et ne pas les convertir en actes , et lUnion europenne qui ne cesse de payer la reconstruction des biens palestiniens que les Israliens ne cessent de dtruire (LHumanit, 22 Aot)

    Enfin, quelle est la position franaise ? : Nous devons tout faire pour que les ngociations reprennent entre lAutorit palestinienne et Isral pour trouver une issue. Nous en connaissons les paramtres, cest la solution des deux Etats vivant en scurit cte cte, cest la seule qui a un avenir. En cas dchec, la Communaut internationale aura prendre ses responsabilits (Le Monde, 21 Aot). Effectivement, cest la communaut internationale qui a cr Isral. elle de prendre les mesures ncessaires pour que cet tat respecte le droit international (LHu-manit, 22 Aot). Aucun moyen de pression nest officiellement dclar. A devoir prendre ses responsabilits, la France sera la premire, si elle ne devait dj les prendre.

    Cest pourquoi nous relayons cet appel du collectif Trop cest trop 4, publi le 22 Aot sur site de LHumanit, ce cri que nous rptons aujourdhui face cette nouvelle offensive mili-

    3. Elias Sanbar, Les figures du palestinien, NRF, 2004, pp. 187-188.4. Lire de lappel du Collectif : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/arti-cle/210814/trop-c-est-trop-il-faut-des-pressions-sur-israel. Trop, cest trop ! , ctait le cri lanc en dcembre 2001 par Madeleine Rebrioux, Pierre Vidal-Naquet, Stphane Hessel et dautres lorsque des coups dramatiques taient ports contre Yasser Arafat et lAutorit palestinienne Ramallah. Nous voulions soutenir les droits des Palestiniens et le dialogue entre Palestiniens et Israliens. Soutenir les Palestiniens et leur droit vivre, avoir un pays, un tat. Nous avions cette volont en tant quhommes, en tant que citoyens, en tant que Franais. Mais aussi en tant que Juifs. Jai parl de Trop, cest trop ! , de ce collectif fond il y a quelques annes autour de Made-leine Rebrioux, Pierre Vidal-Naquet et dautres, pour protester contre loccupation isralienne et contre la brutalit avec laquelle ils ont encercl Ramallah et Arafat dans la Mouquata. Trop, cest trop ! est encore actif, comme peut tre actif un collectif dintellectuels, cest--dire de temps en temps De temps en temps, donc, on publie un bulletin ou une tribune dans un journal. Cer-tains dentre vous connaissent le dernier papier sign par Pierre (Vidal-Naquet), des deux mains , comme il disait. Ce texte, crit son instigation, sintitule Assez ! . Il est paru dans Libration deux jours avant sa mort. Abraham Sgal. Pour lire larticle de P. Vidal-Naquel, Assez !, Un texte du collectif Trop, cest trop ! du 22 juillet 2006 (paru partiellement dans Libration du 27 juillet 2006 et intgralement dans LHumanit du 29 juillet 2006) : http://www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article40

    N13/ HORS-SERIE. MATERIALISMES N13/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

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    LUS Et LIREEtienne Balibar, Rsistance Insurrection Insoumission, dans La proposition de lgalibert, PUF, 2010, pp. 339-358.EtAtS-UNIS. F. Charillon, La dilemme de Barack Obama, Le Monde, 20 AotEtAtS-UNIS. D. Howard, Ferguson signe le retour de la question noire, Le Monde, 20 Aot. SYRIE. B. Barthe, Dans le nord de la Syrie, la rbellion joue sa survie, Le Monde 20, Aot.IRAK. Amer les Kurdes, solution double tranchant, ditorial, Le Monde, 19 Aot.

    taire qui ne mne rien : La socit isralienne ne veut pas, au-

    jourdhui, rechercher une solution fonde sur deux Etats et le retrait des territoires palesti-niens occups en 1967, qui puisse assurer long terme Isral un avenir pacifique. Lhyst-rie guerrire aux accents parfois franchement racistes qui a dferl pendant ce mois dop-rations militaires Gaza sest accompagne dune rpression encore jamais vue contre les pacifistes israliens et de violences contre les Palestiniens, y compris ceux de nationalit is-ralienne, et a aggrav laveuglement nationa-liste dominant. Un aveuglement qui a conduit le gouvernement isralien suspendre sa par-ticipation des ngociations laissant entrevoir une trve durable et reprendre les bombar-dements sur Gaza.

    loppos de la logique guerrire, nous pensons que des victoires militaires ne ga-rantissent pas lavenir dIsral. Seuls un dia-logue ouvert et la recherche patiente dune cohabitation avec un vritable tat palestinien permettraient aux Israliens dobtenir la paix avec leurs voisins arabes.

    Nous deMaNdoNs : que les Na-tioNs uNies iMPoseNt, sous PeiNe de saNctioNs, le retrait durable des trouPes isralieNNes de Gaza, leNvoi duNe force diNterPositioN et de ProtectioN du PeuPle Pales-tiNieN et la fiN du blocus arieN, MaritiMe et terrestre de ce ter-ritoire ; que luNioN euroPeNNe susPeNde soN accord dassocia-tioN avec isral, coMMe le Prvoit

    soN article 2 ; que la fraNce cesse iMMdiateMeNt toute cooPratioN Militaire avec isral et Mette uN eMbarGo total sur les arMes et traNsferts de techNoloGie Pou-vaNt dboucher sur uN usaGe Mi-litaire destiNatioN disral ; que la PalestiNe soit, eNfiN, recoNNue coMMe uN MeMbre Part eNtire de loNu ; que le coNseil de scurit saisisse la cour PNale iNterNatio-Nale Pour que les resPoNsables de tous les criMes de Guerre aieNt reNdre coMPte devaNt la Justi-ce ; que loN iMPose aux Produits isralieNs issus des coloNies uN traaGe Particulier Pour les dis-tiNGuer des autres et que loN cesse de Poursuivre ceux et cel-les qui teNteNt de faire resPecter la lGislatioN ou MaNifesteNt leur solidarit avec le PeuPle Pales-tiNieN. Nous aPPeloNs uN eNGa-GeMeNt Plus dterMiN eNcore de loPiNioN dMocratique fraNaise Pour iMPoser le droit iNterNatio-Nal, souteNir les asPiratioNs troP loNGteMPs crases du PeuPle PalestiNieN, iMPoser larrt de la coloNisatioN et le reNoNceMeNt au ProJet de GraNd isral , fai-re coMPreNdre eNfiN la socit isralieNNe quelle se diriGe daNs uNe iMPasse suicidaire et quelle doit reGarder la ralit eN face.

    (Humanit.fr)

  • Nous publions, avec son accord, ce premier article du philosophe Etienne Balibar, pro-fesseur mrite lUniversit de Paris-X Nanterre, distinguished professor of humanities, University of California Irvine, membre du comit de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine1. Les notes de bas de page sont de notre fait, relues par lauteur.

    1. Historiquement, le tribunal Russell a sig pour la premire fois sous la prsidence de Jean-Paul Sartre Stockholm en 1967, sur lagression du gouvernement tats-unien lencontre du peuple vietnamien. Il est n de la volont din-tellectuels rvolts par limpunit intolrable des Etats-unis dans la guerre du Vietnam. Son objet tait de prononcer un jugement moral (tribunal des consciences) dans les cas o les lois en vigueur ne consentent pas de procs et de jugements normatifs . Cre sur ce modle, le Tribunal Russell sur la Palestine a t fond en mars 2009 avec pour dclaration :

    Le Tribunal Russell sur la Palestine vise raffirmer la primaut du droit international comme base du rglement du conflit isralo-palestinien. Il ne sagit pas pour ce tribunal de dire le droit, dautres instances faisant autorit lont dj exprim, notamment la Cour Internationale de Justice, dans son avis sur les consquences juridiques de ldification dun mur dans le territoire palestinien occup, analysant cette occasion les dispo-sitions pertinentes du Droit International Humanitaire et du Droit International des Droits de lHomme ainsi que les dizaines de rsolutions internationales concernant la Palestine. Il sagit de se pencher sur linapplication du droit alors mme quil a t si clairement identifi. Notre entreprise commence l o lavis de la CIJ sest arrt : identifier les responsabilits dcoulant de lnonciation du droit, notamment les responsabilits de la commu-naut internationale. Cette dernire ne peut continuer fuir ses obligations. Le rcent conflit dans la bande de Gaza, et les violations massives du droit international par lEtat dIsral rendent notre dmarche dautant plus ncessaire et urgente. Durant ce conflit, la population civile a t expose toutes les atrocits de la guerre : nulle part o se rfugier ou fuir, nulle organisation internationale pouvant les protger, nul droit capable de servir de rempart contre les massacres, les crimes de guerre et les crimes contre lhumanit.

    Ce tribunal est ds lors une contribution la longue lutte pour ldification et la consolidation du droit international. Nous sommes les dpositaires de ce droit que des gnrations ont contribu forger pour tre lexpression de valeurs humaines et universelles. Les gnrations futures nous jugerons sur ltat dans lequel nous lguerons ce droit. Le droit international ne peut tre un instrument de la politique de deux poids deux mesures. Sa crdibilit repose sur le fait que son respect simpose quelque soit lidentit de ceux qui le violent et celle des victimes de ces violations. Nous, socit civile consciente que laffaiblissement du droit annonce le rgne de la violence avons dcid den tre les premiers dfenseurs. Le tribunal Russell sur la Palestine est ce titre un acte citoyen. Intellectuels, militants de la paix, juristes, politiques, membres dorganisations internationales ont tous rpondu cet appel pour mettre en lumire les responsabilits qui incombent nos gouvernements. Il ne suffit pas de dnoncer la violation du droit, il faut uvrer pour y mettre un terme. Or nos gouvernements pchent non seulement par leur inaction mais aussi parfois en contribuant directement ou indirectement la prennisation de lillgalit. Ce tribunal dopinion mettra ces violations sur la place publique. Cette action vise dclencher une prise de conscience de la lourde responsabilit de la communaut internationale dans la perptuation de ce conflit. En esprant que cette prise de conscience puisse tre salvatrice pour les peuples de la rgion et pour nous-mmes. .

    Ainsi ce tribunal est aussi une pierre importante apporte par des personnes du monde entier ldifice de la paix. Loccupation est le principal obstacle une paix juste et durable au Proche-Orient. Or limpunit permet la perptuation de loccupation, ruine la perspective dun Etat palestinien viable, prolonge linjustice et mne inexo-rablement la violence. En nous dressant contre cette impunit, la continuation de cette injustice qui dure de-puis plus de 60 ans, nous uvrons pour que cette rgion soit promise un avenir diffrent afin que Palestiniens et Israliens, dont certains ont contribu pleinement notre dmarche, ainsi que lensemble des peuples de la rgion puisse jouir dun avenir de paix, de coexistence et de scurit. Site : ttp://www.russelltribunalonpalestine.

    (MAI 20042, LE MONDE DIPLOMATIqUE)

    Pour quelles raisons soutenons-nous la cau-se palestinienne, nos yeux lune de celles qui permettent dvaluer la dignit et la responsa-bilit dun discours politique ? Je ne rpondrai quen mon propre nom, mais dans la perspec-tive dune large convergence dopinions, au-del mme de ceux qui se mobilisent pour une paix juste au Proche-Orient. Je prsumerai de luniversalit de cette cause. Mais non pas de son vidence : non seulement parce quil nexiste rien de tel en histoire et en politique, mais parce que, constatant jour aprs jour que nous sommes trop impliqus dans le conflit pour y demeurer neutres et trop distants pour en matriser toutes les donnes, nous devons tout le moins comprendre que les difficults qui sopposent une perception objective de la tragdie isralo-palestinienne font aussi partie des difficults de sa solution.

    En termes de justice et de droit, ce conflit ne comporte pas de dmarcation absolue il ne sagit pas dune guerre des mauvais contre les bons , mais il prsente un dsqui-libre flagrant, qui na cess de saccentuer. Isral lune des grandes puissances militai-res du monde, troitement associe lhyper-puissance amricaine et disposant de toute la panoplie des moyens de guerre moderne dit nagir que pour protger sa population civile. Les Israliens ont des raisons historiques de se sentir collectivement menacs, en quelque sorte toujours en sursis . Mais ce sont les Palestiniens qui luttent actuellement pour leur survie en tant que peuple.

    Issus pour une part des survivants et des

    rescaps du plus grand gnocide de lhistoire moderne, qui la communaut internationale a reconnu le droit de constituer une nation sur lemplacement de la Terre promise des anciens Hbreux, auxquels sest ajoute lmigration, libre ou force, de juifs des pays arabes et dautres parties du monde, les Israliens se sont heurts un environnement hostile o leur droit lexistence tait ni. Renversant la situation, ils sont passs de la dfense la conqute.

    Depuis la guerre de 1948 dclenche par les pays arabes, dont les Israliens ont profit pour procder un nettoyage ethnique dont on mesure mieux dsormais lampleur, et leurs conflits victorieux, ils font partie du concert des nations dominantes. En 1967, ils ont occup et colonis les 22 % restants de la Palestine historique, crant ainsi, lencontre du droit international, un fait accompli de plus en plus irrversible. Laboutissement logique, avou par certains et dni par dautres, cest soit la transformation des Palestiniens en sujets dun grand Etat juif , soit un nouveau transfert massif de population, soit une combinaison des deux.

    com/en/. Lire larticle de Sharon Weill, Isral, Le tribunal Russell contre limpunit, Monde diplomatique, (http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2013-01-22-tribu-nal-Russell)2. Contexte : 22 Mars 2004 : Mort du Cheik Yassine, fondateur du Hamas, suite un raid isralien. La bande de Gaza est hermtiquement boucle. des centaines de milliers de Palestiniens descendent dans la rue clamer leur colre. 17 Avril 2004 : Mort de Khaled Mechaal, suc-cesseur de Yassine, suite un tir de missile isralien. 17 Mai 2004 : tsahal lance loffensive aRC-En-CIEL , avec des affrontements qui durent une semaine, tandis que des buldozzers israliens dmolissent une soixantaine de maisons pour largir le corridor de scurit le long de la frontire gyptienne. (voir le rapport dtaill de la FIdH, : Crimes de guerre Rafah : Les violations du droit international humanitaire et des droits de lHomme au cours de lopration Arc-en-ciel (13-25 mai 2004) Enqute dans la bande de Gaza : http://www.palesti-ne-solidarite.org/Rapport_FIdH_Rafah.pdf). 28 juin 2004 : Premire roquette du Hamas qui fait ses premires vic-times civiles israliennes. dclenchement de loffensive BouCLIER aCtIF . 11 novembre 2004 : Mort de arafat Paris, le pouvoir de lautorit palestinienne est transfr Mahmoud abbas.

    En exil, un tiers des Palestiniens vivent dores et dj la condition de rfugis, souvent mis-rables, sans que lEtat dIsral accepte de leur reconnatre un quelconque droit au retour ni que les pays arabes envisagent de les intgrer et de leur confrer les droits de citoyens. Peu-ple superflu , que la catastrophe collective a fait accder la conscience nationale, ils atten-dent toujours que la communaut internatio-nale tienne sa promesse de les faire accder lindpendance dans un Etat viable. En lieu et place, ils ont t dots dune Autorit croupion, et sont tenus pour collectivement responsables des atteintes la scurit de leurs voisins.

    Les observateurs avaient not que la socit civile palestinienne, sous loccupation, faisait preuve dune tonnante capacit de rsistan-ce, cultivant ses terres, dveloppant la sant et lducation, engendrant artistes et crivains, organisant la solidarit familiale et associative. Depuis la seconde Intifada, le gouvernement et larme dIsral ont russi en casser les ressorts, dtruisant systmatiquement infras-tructures et moyens dexistence, exerant une terreur dEtat meurtrire qui vise indis-tinctement combattants et simples habitants, paralysant les administrations, accaparant les terres et atomisant les territoires. Feignant de rechercher un interlocuteur valable , ils ont systmatiquement favoris les divisions ido-logiques et les luttes de clans dans la socit palestinienne, dont, bien entendu, ils ne sont pas les inventeurs. Le moment approche o la double indpendance prvue par les ac-cords internationaux sera irralisable, avec des consquences dramatiques y compris pour Isral.

    Cette ngation de lexistence mme du peu-ple palestinien, de la Nakba jusquau mur en construction, justifie-t-elle toutes les formes de rsistance, et notamment le terrorisme auquel ont recours, contre la population civile isra-lienne, diffrentes organisations, islamiques ou non ? Il faut se poser cette question, pas seulement pour rpondre largumentation dIsral et de ses dfenseurs, mais pour des raisons de fond. Et en termes non seulement moraux, mais aussi politiques.

    Le terrorisme peut sexpliquer par le d-sespoir et limpuissance, ou par lidologie, ou par la symtrie quinduit la terreur dEtat. Il est de toute faon catastrophique pour la lutte du peuple palestinien. Premirement, il corres-pond exactement la stratgie isralienne de destruction de la socit palestinienne, en per-mettant dlever sans cesse le niveau de vio-lence exerc sur elle, mme si cette lvation cote trs cher en vies et en ressources. Cest pourquoi il ne faut pas stonner que le gouver-nement isralien en entretienne les conditions et en provoque rgulirement la relance par ses propres actions. Deuximement, il para-lyse, au sein de la socit isralienne, le gros des forces qui pourraient agir pour renverser la politique de conqute. Il met ainsi en pril la possibilit daccords intrimaires comme celle dune rconciliation des deux peuples, ce qui nouvre de part et dautre que des perspecti-ves nihilistes. Enfin, il implante dans une par-tie de la population palestinienne, notamment parmi les jeunes, une conception sacrificielle de lhrosme et une perception de la valeur de la vie humaine exclusivement rfre la distinction ami-ennemi, dont toutes les exp-riences historiques prouvent quelle se paye dune dcomposition de la civilit sur une trs longue dure.

    Le recours dune partie de la socit palesti-nienne la violence terroriste contre la violence coloniale ne change rien la dissymtrie de la situation du point de vue du droit et de la jus-tice : il ne confre Isral aucun droit danan-tir son adversaire sous prtexte de protection.

    N13/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

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    014.

    EtIENNE BALIBARUNIvERSALIt dE LA cAUSE pALEStINIENNE ?

    Cette ngation de lexistence mme du peuple palestinien, de la Nakba jusquau mur en construction, justifie-t-elle toutes les formes de rsistance, et notamment le terrorisme auquel ont recours, contre la population civile isralienne, diffrentes orga-nisations, islamiques ou non ? Il faut se poser cette question, pas seulement pour rpondre largumentation dIsral et de ses dfenseurs, mais pour des raisons de fond. Et en termes non seulement moraux, mais aussi politiques.

  • N13/ HORS-SERIE. MATERIALISMES

    Mais il risque dloigner indfiniment la possibilit dune victoire sur loccupant ou de la rendre sans objet. Il est donc profondment autodestructeur. Il appartient au peuple palestinien de r-soudre ce problme. On ne saurait en conclure que la communaut internationale na qu at-tendre, sans sen sentir responsable, la cration dun nouveau rapport de forces o l arme des faibles napparatrait plus comme la seule possible.

    Mais ces problmes ont compltement chang de nature depuis le 11 septembre 2001 et les guerres dAfghanistan et dIrak. Illustrant la loi du pire , caractristique de la conjoncture, la colonisation isralienne et la rsistance palestinienne ont t captes dans une conomie de violence mondiale qui tend imposer partout la logique de laffrontement entre forces du Bien et forces du Mal , dtruisant du mme coup la signification politique propre de leur conflit.

    Do une nouvelle dissymtrie, dans laquelle, paradoxalement, chacun devient le miroir de lautre. Isral a toujours identifi la lutte arme palestinienne un dtachement du terrorisme international , prfigurant ainsi la globalisation de la terreur laquelle poussent la fois le fon-damentalisme islamique et les Etats-Unis. De leur ct, les Palestiniens, solidaires depuis toujours dun monde arabe qui ne sest pourtant pas priv de les trahir, sont parfois tents didaliser ceux en qui ils voient les ennemis les plus irrductibles de leurs propres ennemis : hier, M. Saddam Hussein, demain, peut-tre, M. Oussama Ben Laden ou quiconque se substituerait lui. La perception sinstalle dun combat global entre deux mondes hostiles, Orient et Occident, dont le conflit isralo-palestinien ne formerait quun maillon et ne pourrait tre rsolu que par contrecoup dune victoire totale de lun ou lautre camp. Les acteurs du drame sont ainsi dpossds de leur capacit dinitiative, sauf alimenter la spirale des contre-terrorismes mimtiques.

    Cette tendance, laquelle beaucoup dentre eux rsistent de toutes leurs forces, est ruineuse pour les Palestiniens, transforms en prtextes de guerres saintes qui ne sont pas les leurs et victimes dsignes dun embrasement de la rgion. Elle est aussi trs inquitante pour Isral, moins dimaginer quil puisse se construire comme une forteresse en tat de sige permanent au sein du monde arabe. L encore, beaucoup de ses citoyens le sentent ou le pressentent, mais sans en tirer toutes les consquences. Elle reprsente enfin un danger pour le monde entier de voir stendre le choc des civilisations , absorbant et dnaturant tous les problmes de terri-toire, de souverainet et de citoyennet, de colonisation et de dcolonisation, de richesse et de pauvret, de rivalits religieuses et de distance culturelle dont le conflit isralo-palestinien forme le concentr. Cest pourquoi il est de lintrt de tous, singulirement des pays qui appartiennent au mme espace gopolitique, dessayer, sil en est encore temps, de mettre en uvre des solutions fondes sur le droit des peuples lexistence et la scurit et sur la rparation des injustices subies.

    On entend souvent dire que le soutien la cause palestinienne impliquerait la remise en ques-tion de la lgitimit de lEtat dIsral. Pas plus que lusage par certains du terrorisme comme moyen de rsistance nannule la justice de la cause palestinienne, linjustice de sa politique ne remet en question la lgitimit de lexistence dIsral comme entit politique souveraine ce qui ne prjuge en rien ni des bases territoriales de cette souverainet ni des cadres locaux ou rgionaux dans lesquels les Israliens pourraient accepter de la limiter pour assurer les conditions de lexistence dmocratique venir de leur Etat.

    Mais deux faits fragilisent cette lgitimit, voire risquent de la remettre en question aux yeux dune grande partie du monde. Lun tient la dfinition dIsral comme Etat juif . Car non seulement celui-ci ne cesse de stendre au dtriment des Palestiniens, mais, lintrieur mme de ses frontires, il leur impose une condition de citoyens de seconde zone, privs dun grand nombre de droits et exclus de lgalit symbolique avec les vrais Israliens dans la possession de leur terre commune. Lautre tient ce que, juridiquement et moralement, la lgitimit dIsral comme Etat moderne ne peut reposer ni sur un mythe dorigine sacre, ni sur la transformation dune extermination de masse dont les parents de ses habitants juifs ont t victimes en un droit souverain qui les placerait au-dessus de la loi des nations, ni sur la force triomphante ; exige la reconnaissance des peuples environnants et, par-dessus tout, celle du peuple quils ont d-plac dans un processus de colonisation dune nature tout fait spcifique. Cest pourquoi les Israliens ont besoin dune souverainet des Palestiniens gale la leur, voire associe la leur. Il est vrai que cette reconnaissance a t initialement refuse par le monde arabe et quelle conti-nue de ltre par certains, y compris beaucoup de Palestiniens. Mais, si Isral achve de dtruire la Palestine et le peuple qui lhabite, une telle reconnaissance sera dfinitivement impossible, et Isral ne sera jamais un Etat comme les autres .

    Que peuvent faire les pays extrieurs pour influer sur un conflit dont la transformation en enjeu global menace leur propre scurit ? Certes, seuls les adversaires en prsence peuvent trouver un rglement effectif fond sur la justice et sur lhistoire. Sur ces bases, toutes les formules davenir sont ouvertes, et nous, tmoins ou amis extrieurs, navons pas dcrter ce qui est rversible et ce qui ne lest pas au terme dun demi-sicle de lutte entre les projets nationaux de ces deux peuples installs sur une mme terre. Leur confrontation se droule toutefois moins que jamais dans un espace clos. Par leurs alliances, leurs intrts, leur rayonnement idologique, leurs relations de famille, de culture ou de religion, Palestiniens et Israliens sont prsents dans le monde extrieur ; et de nombreux pays interviennent dans la vie de leurs socits respectives, par leurs programmes daide humanitaire ou militaire, leurs investissements et leur coopration scientifique, leurs apports de population, leur diplomatie

    Si nul ne croit quun rglement puisse tre impos de lextrieur, personne non plus ne pense quil puisse se passer dune mdiation internationale. En plus des Nations unies, qui y jouent leur crdibilit historique, beaucoup dpend de lAmrique, de lEurope et du monde arabe. Nattendons pas lvolution de la position amricaine, dont le prsident Bush vient de rappeler et daccentuer en compagnie de M. Sharon le soutien lexpansion isralienne, et qui se trouve la merci dvnements dramatiques au Proche-Orient et de changements de politique intrieure alatoires. LEurope occupe une position-cl, non seulement pour faire valoir son point de vue autrement quen paroles, mais aussi pour imposer la participation des pays arabes aux procdu-res de mdiation. Aucune feuille de route ne peut se passer de ce rquilibrage dmocratique dont dpendent la confiance des Palestiniens, limplication de toute la rgion et la neutralisation des logiques de choc des civilisations . Aucune mdiation nest possible si les mdiateurs sont les protecteurs des envahisseurs.

    Il faut donc que nos opinions publiques se mobilisent. Et quelles le fassent sur des bases de principe, en se montrant aussi intransigeantes sur le respect des faits passs et des urgences actuelles que sur la justice des perspectives ultimes, ce qui ne va pas de soi. Il faut pour cela quelles se montrent capables, ce qui va encore moins de soi, de transformer les solidarits com-munautaires et les identifications symboliques en capacits de raisonnement et dinitiatives. Elles ne peuvent honntement tenir la balance gale entre des causes ingales, mais il faut que, dans le moment o elles feraient entendre une voix puissante pour que le monde vienne au secours de la Palestine opprime, elles lvent cette cause la hauteur de luniversalit. Est-il trop tard pour y parvenir ? Oui, il est tard, mais il ny a pas dautre voie.

    ETIENNE BALIBAR

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    annonCEEn SoutIEn au tRIBunaL RuSSELL SuR La PaLEStInE

    (http://www.russelltribunalonpalestine.com/en/)

    CoMMunICatIon dE FRanK BaRat, SECRtaIRE du tRIBunaL. LE 24 SEPtEMBRE PRoCHaIn doIt SE tEnIR unE SESSIon ExtRaoRdI-naIRE SuR LES CRIMES dE GuERRE CoMMIS PaR LaRME ISRaLIEnnE Gaza PEndant LoPRatIon BaRRIRE PRotECtRICE . PRIEz dE CoMMunIquER touS LES SIGnataIRES dE La RCEntE PtItIon dE LauRdIP (ContRE LIntERdICtIon du SoutIEn La PaLEStInE) LIn-FoRMatIon SuIVantE, aCCoMPaGnE dun aPPEL PRESSant au Sou-tIEn MatRIEL PouR quE La SESSIon PuISSE SE tEnIR danS LES dLaIS PRVuS -

    auRdIP. PtItIon : http://www.aurdip.fr

    MATERIALISMES HORS-SERIE. PALESTINEN06 - INTOLRABLEN07- LES MOTS qUI PSENTN09 - RESISTANCEN10 - AD MARTYR ET LES OISEAUX DE MORTSN11- GOLDIN CONTRE AZIMN12 - NAKBA

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    LA SEMAINE PROCHAINE : MATERIALISMES HORS-SERIE : N14

    Etienne Balibar et Jean-Marc Lvy-Leblond Guerre en Orient ou paix en Mditerrane ? (Le Monde, 2006)