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Maud Abram Dossier de synthèse 2017

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Page 1: Maud Abram Dossier de synthèse 2017

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SOMMAIRE

Introduction................................p2

Le dialogue.................................p3

L’ambiguité du réel.........................p9

Le mouvement................................p17

La récupération comme point de départ.......p23

INTRODUCTION

Après une année d’études aux Beaux Arts, pleine de découvertes mais aussi de questionnements, d’in-certitudes, et parfois d’incompréhensions face à la découverte du milieu de l’art contemporain que je ne connaissais que très peu, voici le moment de faire le point sur cette année.

« Les artistes conceptuels sont des mystiques plu-tôt que des rationalistes. Ils sautent à des conclu-sions que la logique ne peut atteindre. » a dit Sol Lewitt. Cette année était une année de découvertes. Décou-vertes d’un monde que je ne connaissais pas. Décou-vertes de multiples facettes de l’art, allant bien plus loin que ce que je ne pouvais l’imaginer. Tout cela est encore flou pour moi. Plus que des modes de création, j’ai eu l’impression de découvrir des mo-des de pensée cette année. Une pensée qui me semble parfois très abstraite, mais qui me semble aussi appréhender les choses dans leur essence et leur profondeur. Une pensée comme le dit justement Sol Lewitt, qui échappe parfois à la logique que nous avions jusqu’alors, mais qui en est encore plus at-tirante, car elle ouvre de nouvelles portes.

Le fait de revenir sur le travail réalisé pendant cette année me permet de me rendre de compte de ce qu’elle m’a apporté. Après l’action, après avoir eu le nez en plein dedans sans trop prendre de recul, le fait d’y réfléchir m’aide à comprendre le sens et la continuité des travaux réalisés cette année, et me permet d’en envisager une suite.

Voici les différents pistes qui en ressortent .

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LE DIALOGUE

Ce qui m’a poussée à explorer le milieu de l’art, c’est l’envie de questionner des choses qui m’appa-raissaient comme logiques et acquises, alors que je ne les avais jamais remises en question.

Ayant d’abord travaillé sur des questions plastiques en début d’année, c’est pendant une semaine de cours avec Pierre Joseph, lors de laquelle il nous était proposé d’écrire un manifeste, que cette envie m’est revenue. S’est alors posée la question d’un moyen de réalisation, qui inciterait à se questionner, sans donner de réponses précises, mais en laissant au contraire les regardeurs trouver leurs propres ré-ponses.

L’idée du dialogue entre plusieurs éléments m’est alors venue, inspirée par le travail de John Baldes-sari. Je me suis plus particulièrement intéressée à ses associations de texte et image. Le texte offre une nouvelle lecture à l’image, et vice versa.

John Baldessari – Goya Series (1997)

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J’ai essayé, à travers une vidéo, de bouleverser les associations logiques qu’on ferait entre le son et l’image, nous invitant à en faire de nouvelles. Ce serait un peu comme dire : « Ceci évoque cela. Mais si je le met en lien avec quelque chose de complète-ment différent, qu’est ce que cela évoque t’il ? »

Certaines associations d’image et son ont été réali-sées avec une idée précise du dialogue qui pourrait en ressortir, d’autres ont été faites au hasard, par curiosité de voir ce qui serait créé. Le son offre une nouvelle lecture à la vidéo, et vice versa. Cette lecture est définie par le spectateur, qui est libre de l’interprétation qu’il en fera.

https://www.youtube.com/watch?v=eNF65Eoo9R4https://www.youtube.com/watch?v=38Vkeyrpxec

J’ai voulu réitérer l’expérience à travers une autre vidéo. J’ai associé des vidéos amateurs de soirées, en y laissant l’image et le son, à une bande sonore d’une lecture d’un passage d’un texte de Descartes. Curieuse d’en voir le résultat, ces deux éléments étant à première vue opposée, j’ai été étonnée de voir le lien qui s’est créé entre les deux éléments, qui me semblaient se répondre l’un à l’autre.

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Ici, c’est entre une image et un texte que j’ai vou-lu créér un dialogue. Le texte remet la photo dans son contexte. La photo nous ramène au contexte du texte. La photo peut être vue comme métaphore vi-suelle du souvenir.

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L’AMBIGUITÉ DU RÉEL

La question du réel dans l’art me revient souvent. L’art en est incontestablement détaché, mais y est également incontestablement lié. Il est parfois difficile de désigner la barrière entre les deux. Où est le mythe et où est le vrai ? C’est une question que je me pose souvent à propos de paroles d’artistes.

C’est notamment face au travail de Jeff Wall, et ce-lui découvert plus tard de Gregory Crewdson, que ces questions me sont venues et que j’ai voulu les abor-der.La photographie est intimement liée au réel car elle est censée le représenter. Ce médium est souvent, et notamment dans la presse, considéré comme source sûre et neutre. Cependant, en étudiant d’un peu plus près plusieurs photographes lors des cours de pho-tographie que nous avons eu cette année, je me suis rendue compte qu’en photo, tout était question de choix. Et ces décisions prises par le photographe déterminent la manière dont il va représenter le réel. Le travail de Jeff Wall m’a beaucoup intriguée, par son ambivalence entre réel et mis en scène. A pre-mière vue, on croirait presque à de la photographie documentaire, ou à une capture au moment décisif, alors que tout est au fait mis en scène et calculé.

Jeff Wall - Milk (1984)

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Jeff Wall - In front of a nightclub (2006)

Gregory Crewdson - série Dreamhouse (2002)

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A l’issu des cours de photographie, j’ai appris quelques techniques de base me permettant de faire mes choix au moment de prendre une photo, et de ne plus laisser l’appareil photo en déci-der. C’est alors plutôt la démarche inverse qui m’a attirée : donner du réel, non mis en scène, capturé sur le moment, une impression d’irréel, peut être mise en scène, peut être cinématogra-phique, ou surréaliste. J’ai également retra-vaillé des photos prises auparavant dans cette idée.

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LE MOUVEMENT ET LE CORPS

A l’issu du dessin de modèles vivants, je me suis demandé comment retranscrire cela à ma manière, d’une manière plus personnelle. Le corps est un sujet qui m’intéresse. J’admire beaucoup le travail de Lucien Clergue. Il propose des compositions dans lesquelles le corps reste pré-sent, et on peut le distinguer, mais avec un regard d’ensemble, ce sont des paysages qui se forment, ou même des compositions abstraites.

Lucien Clergue - Géantes de la mer (1978)

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Les courbes du corps sont intéressantes à travail-ler, car elles offrent des possibilités infinies. A chaque être humain, un corps différent, en change-ment constant, succombant au temps. Dans une société où le corps est soumis à un idéal et des normes esthétiques, il me semble intéressant de s’attarder sur la réelle beauté, plus humaine, qui en ressort. Ce qui m’intéresse également, c’est ce qui est lié au corps ; le mouvement, la vie, le plaisir, la sen-sation. Pour représenter le mouvement et la vie, j’ai dé-cidé d’utiliser la courbe. Un trait peut véhiculer beaucoup. Lors des cours de nu, nous avons eu une séquence pendant laquelle le modèle vivant était en mouvement constant. La manière la plus adaptée pour capturer le vivant m’a alors parue être le trait instinctif. Cela englobe ce que l’on voit, mais aus-si notre manière de l’appréhender, par notre mouve-ment. Plus qu’un travail de réflexion, ceci est un travail d’action, et c’est ce qui me plaît.A ce sujet, le visionnage du film « Même les choses invisibles se cachent » et sa présentation par son réalisateur Jean Baptiste Durand m’ont beaucoup tou-chées et parlé.

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A la suite de ce travail, et parfois un peu las-sée de la trop grande place que la réflexion avait dans mes travaux, je me suis plutôt intéressée à l’acte de création, en tant qu’expérience à part en-tière. Amatrice de musique, j’ai voulu lier musique et création plastique. Ceci serait alors comme une danse. Les mouvements inspirés par la musique se re-transcrivent sur le papier. J’ai utilisé le fusain, pour ne pas à avoir à me soucier de la couleur, mais vraiment me focaliser sur le mouvement. De plus, le fusain permet de faire une trace, mais aussi de l’effacer.

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LA RECUPERATION COMME POINT DE DEPART

La récupération ouvre à des nouvelles possibilités. Travailler avec de la récupération revient selon moi à réinventer ce qui existe déjà. Redonner un rôle à ce qui n’en a plus. Je suis face à ça, qui est déjà là pour quelque chose, qui à la base a déjà une fonction, mais qui a été abandonné car cela ne ser-vait plus, que puis-je faire avec ? Cela mène à des résultats inattendus. La rue offre des matériaux et formes intéressants par leur diversité. La récupération est également intéressante par l’indépendance financière qu’elle offre à la création : il suffit de sortir, d’avoir un œil curieux, et on trouve des trésors.

Ici, j’ai récupéré des objets divers sur un ter-rain anciennement squatté. Je me suis ensuite in-terrogée sur leurs propriétés en tant que matériaux. Les tiges plates en bois étaient souples. Les trous aux deux extrémités m’ont permis de les courber en les tendant grâce à des chaînes. L’association de ces deux objets en a donné un nouveau. J’ai répé-té le geste plusieurs fois, pour au final me re-trouver avec un peu plus d’une dizaine de modules. Il était marrant de constater que c’était la même question qu’au début qui se posait : j’ai plusieurs éléments, que puis-je faire avec, comment puis-je les lier?J’ai testé plusieurs configuartions, qui marchaient plus ou moins bien. Le but étant de voir la diversité et la multitude de choses pouvant éma-ner d’un seul et même module ; les possibilités de création de mouvements divers et différents avec des modules dessinant tous une seule et même courbe.

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Je considère tous ces travaux comme des points de départ, des idées à faire germer. Cette année m’a permis d’explorer pleins de domaines qui m’étaient inconnus, et je me rend également compte de tout ce qu’il y a encore à découvrir.Cela m’a aussi permis de savoir un peu plus de quelle manière je voulais travailler.

En écrivant ce mémoire, je me rend compte que j’ai encore beaucoup de questions, sur l’art, la créa-tion, auxquelles je n’ai pas encore de réponses, et que j’aimerais approfondir.