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1 Présentation de la Gestion Intégrée et Participative des Déchets Urbains (GIPADU) Commune de Mbalmayo, département du Nyong et So’o, Région du Centre Cameroun Mbalmayo, ville propre Mbalmayo, ville durable Septembre 2011

Mbalmayo, ville durable - aimf.asso.fr · 2 I. Introduction GIPADU est le programme de Gestion Intégrée et Participative des Déchets Urbains. Il est le fruit d’un partenariat

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Présentation de la Gestion Intégrée et

Participative des Déchets Urbains

(GIPADU)

Commune de Mbalmayo, département du

Nyong et So’o, Région du Centre Cameroun

Mbalmayo, ville propre

Mbalmayo, ville durable

Septembre 2011

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I. Introduction

GIPADU est le programme de Gestion Intégrée et Participative des Déchets Urbains. Il est le

fruit d’un partenariat public/privé entre la commune de Mbalmayo (promoteur institutionnel),

dans le chef lieu du département du Nyong et So’o, région du Centre Cameroun et le Centre

International de Promotion de la Récupération, qui est une ONG camerounaise basée à

Yaoundé.

Ce partenariat commence en 2005 avec l’organisation d’un atelier diagnostic /

planification en concertation très étroite avec les autres acteurs de développement,

dont les services étatiques compétents les leaders communautaires, les associations

locales d’assainissement, autour de la recherche d’une solution pertinente, efficace,

efficiente et durable à un problème de pollution urbaine aigüe dans un contexte

marqué par la pauvreté et le chômage.

Le partenariat a continué avec la mise en œuvre d’un projet pilote financé en 2009 par la

coopération canadienne baptisé Cité-PROPRE (Promotion du Recyclage des Ordures

Plastiques et de Récupération des Emballages), une copie du même projet mis en œuvre à

Yaoundé. Il s’est avéré concluant avec l’introduction de la composante de collecte et de la

valorisation de la fraction biodégradable des ordures ménagères.

Au cours de la même année une proposition est soumise à l’Union Européenne qui accepte

d’appuyer financièrement l’action qui devra être mis en œuvre de janvier 2010 à décembre

2012, soit trente six mois.

Des réponses de type HIMO (Haute Intensité de Main d’œuvre) ont été apportées aux

à la situation de départ présentée plus bas:

- La pré collecte sélective, l’apport motivé aux postes de collecte, l’achat et la

récupération artisanale ou valorisation à l’industrie des constituants plastiques

des déchets ménagers de Mbalmayo

- La pré collecte sélective, la collecte motivée et le compostage de la constituante

organique des déchets ménagers dans 03 centres de compostage répartis sur la

ville. La réutilisation de ce compost à des fins agricoles par les agriculteurs de

Mbalmayo et périphérie.

- L’appui au renforcement organisationnel et au développement institutionnel des

associations d’assainissement à la base.

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II. Les objectifs

Conformément aux missions d’assainissement dévolues à la commune au niveau

local, l’objectif spécifique suivant a été assigné à GIPADU :

- Promotion des actions concertées, synergiques ou complémentaires en vue de la

collecte, du traitement, de l’élimination, de la récupération et/ou valorisation des

ordures ménagères dans les quartiers défavorisés de Mbalmayo en vue de limiter

la détérioration du cadre de vie des populations et générer des revenus aux plus

démunis.

Cet objectif a été décliné en 04 sous objectifs :

- L’implication et la collaboration des populations de Mbalmayo dans la gestion

des déchets ménagers urbains.

- Les organisations de développements (ONGs, GICs et associations) actifs dans la

gestion des déchets sont renforcées professionnellement et sont individuellement

et collectivement efficaces et pérennes sur le terrain.

– la collecte sélective, le traitement et la valorisation des déchets réduisent

significativement le niveau de pollution et génèrent des revenus aux groupes cibles.

– le chômage est réduit à Mbalmayo grâce aux emplois crées et/ou soutenus par la

mise en œuvre de GIPADU.

III. Situation avant le démarrage

Suite à la crise économique qui frappait les pays africains dans les années 90, l’Etat

camerounais a commencé à se désengager de certaines activités comme la gestion

des déchets. C’est ainsi que certains acteurs comme les collectivités locales

décentralisées, les associations d’assainissement et les ONG se sont intéressées à

ce secteur d’activités.

Mbalmayo, était alors marqué par l’absence d’un réseau de collecte d’ordures

ménagères ce qui entraînait un déversement incontrôlé des déchets dans les rues,

les bas fonds marécageux, les lits des cours d’eau et du fleuve Nyong, provoquant

ainsi des inondations. Il y avait à Mbalmayo une accumulation des déchets et

l’apparition des décharges spontanées dans les quartiers surtout à accès difficile.

L’incinération à ciel ouvert était le seul moyen de traiter les ordures et laissait

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échapper d’importantes quantités de gaz toxiques, à effet de serre qui polluaient

l’atmosphère ambiant, exposant ainsi la population à de graves risques sanitaires.

Par ailleurs, les acteurs non étatiques notamment les associations des quartiers

étaient très mal structurées et mal organisées. Les populations croupissaient sous

une pauvreté aigüe dont l’une des manifestations majeures était le chômage des

jeunes.

IV.Problématique

La mauvaise gestion des déchets (matières organiques, plastiques et caoutchouc,

ferrailles et autres métaux, verres et céramiques, papier et cartons, déchets liquides)

à Mbalmayo apparaît comme le corollaire de la pauvreté : de nombreux problèmes

se posent à la gestion de ces déchets de par leur variabilité et leurs quantités (un

habitant produit en moyenne 0,7kg de déchets par jour) ; la multiplicité et

l’individualisme des acteurs. On note :

- Des problèmes d’ordre technique et institutionnel importants liés à la

multiplicité des intervenants sans moyens appropriés, ni soucis d’efficacité, et

le manque de concertation des acteurs et de coordination des actions ; ces

acteurs ont très souvent des intérêts complètement divergents ;

- Des moyens financiers insuffisants, ou absents : l’absence d’autonomie

financière de la municipalité, liée à la faible subvention de l’Etat. Les

contraintes financières représentent le problème majeur de la gestion des

déchets urbains par la Mairie.

- Faible participation des populations, insuffisamment informées ou

sensibilisées ;

- Des conséquences nombreuses et graves sur l’environnement, la santé publique

et l’image de la ville et sur l’économie.

V. Rapport narratif

V.1. Mobilisation des ressources

Les ressources humaines et techniques nécessaires à la mise en œuvre du projet ont été

mobilisées dans le cadre d’une collaboration étroite entre la commune et l’agence

d’exécution. A compétence et/ou niveau d’utilité égales, le principe de mobilisation

desdites ressources a priorisé l’utilisation des ressources locales. Le projet dispose

d’un magasin de stockage des produits et de 03 sites de compostages opérationnels

d’une superficie moyenne de 1000 m² offerts par la commune, d’un local aménagé et

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équipé à Mbalmayo, des matériels roulants (01 véhicule de relais, 02 camions de

collecte et 04 motos), d’une importante bureautique (ordinateurs, imprimantes, internet

etc….). Il emploie de façon directe 30 personnes (dont 07 femmes) et contribue

indirectement à la réalisation des revenus de nombreux ménages de la ville.

Les ressources financières du projet proviennent essentiellement de l’Union

Européenne (partenaire financier principal), du CIPRE à travers les recettes issues de

la valorisation des déchets et de la commune de Mbalmayo (mise à disposition du

projet d’un magasin de stockage avec des bureaux et des sites de compostage).

La gestion de ces différentes ressources est assurée au niveau opérationnel par l’équipe

chargée de la mise en œuvre du projet, qui est encadré au niveau stratégique par un

comité de pilotage comprenant la mairie, la direction du CIPRE et les principaux

acteurs de développement de Mbalmayo (Services étatiques de l’environnement, OSCs

locales, leaders communautaires, représentants des groupes cibles et des

bénéficiaires). L’Union Européenne assurant le suivi et l’évaluation de l’ensemble du

processus.

V.2. Les activités de GIPADU

Pour atteindre les objectifs énoncés plus haut, le programme GIPADU est divisé en

trois composantes principales qui sont :

- La Promotion et Appui au Développement Intégrée de l’Agriculture Urbaine et

Péri urbaine (PADIAUP). Cette composante concerne la fraction organique

des déchets organiques et s’occupe de la pré collecte des ordures ménagères de

leur transformation en compost de l’encadrement agricole et de la promotion de

la fertilisation organique. Ici, les déchets sont collectés sous trois modalités :

par apport motivé des déchets triés dans les sites de compostage à raison de

300F/ sac de 50 Kgs ; pré collecte des déchets triés auprès des ménages à 150F/

sac de 50Kgs et paiement du service de collecte à domicile des ordures non triés

par les ménages à 500F/mois.

- La deuxième composante concerne la Promotion du Recyclage des Ordures

Plastiques et de Récupération des Emballages (cité-PROPRE). Les déchets

plastiques sont achetés aux postes fixes à 75F/kg en moyenne selon le type de

polymère, traités, conditionnés et rétrocédés aux industriels à 200F/kg. Les

femmes sont également formées au tissage des films et sachets d’emballages

plastiques en objets utilitaires et régulièrement suivies dans leurs ateliers. Un

réseau d’Auxiliaires d’Information et de Collecte (AIC) et Artisans

Récupérateurs (AR) est animé.

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- La troisième composante concerne l’Appui au Renforcement Organisationnel et

Développement Institutionnel des Associations d’Assainissement (ARODIAA).

Elle anime et accompagne les associations d’assainissement dans leur

professionnalisation. Elle concerne, l’organisation des séances d’investissement

humain baptisées Jeudi-PROPRE. Les appuis matériels, techniques et

financiers.

A côté de ces trois composantes, on peut noter les activités de communication et de

sensibilisation des populations autour de la gestion saine et rentable des déchets

urbains. Ces activités concernent les grandes campagnes de sensibilisation avec défilé

motorisé et sonorisé, les causeries éducatives, les émissions radio, les productions des

articles dans les journaux et magazines, les projections des films documentaires.

V.3. Résultats obtenus

A ce jour, le projet a créé 16 postes de collecte sélective et motivée des déchets

plastiques et 03 sites de compostage des déchets organiques. En 21 mois d’exécution,

22,5 T de déchets plastiques ont été collectés, débarrassés de la nature et recyclés à

l’industrie pour 1 301 200 F CFA reversés aux populations à titre de revenus. En 12

mois, 1325T de déchets organiques ont été récupérés des ménages, transformés en

270T de compost, redistribués aux agriculteurs urbains et péri urbains et 3 200 000 F

CFA reversés aux populations comme revenu. 60 agriculteurs urbains et péri urbains

sont régulièrement encadrés, suivis dans leurs exploitations et formés. 30 emplois

directs (dont 07 femmes) et de multiple autres indirects (artisans récupérateurs et

auxiliaires d’information et de collecte) ont été générés. En collaboration avec

l’association BAWCA (Bafut Women and Cultural Association) un groupe de 28

femmes ont été formées sur le tissage des déchets de films plastiques en objets

utilitaires (casquettes, chaussures, sacs, poufs etc.) et fonctionne en réseau mercantile.

09 organisations de base (comités de développement, associations de gestion des

déchets et d’assainissement) ont été formées sur des thèmes divers et appuyées

techniquement et financièrement. 06 clubs écologiques avec jardins scolaire encadrant

160 jeunes sont fonctionnels dans la ville. Trois grandes campagnes de sensibilisation

touchant environ 20 000 personnes ont mobilisées les populations de Mbalmayo

autour de la gestion des déchets en ville.

Les données quantitatives sont enregistrées progressivement sur les fiches de suivi et

capitalisées avec les données qualitatives dans les différents rapports périodiques

adressés aux partenaires

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V4. Difficultés rencontrées

Sur le plan sociologique, la population considère le travail des déchets comme plus

dégradant et souillant que celui de la terre et pire encore, l’achat de leurs « saletés »

reste encore mal perçu par certains.

On pourrait comprendre cela sur un autre plan lorsqu’on imagine les distances que doivent

couvrir ces populations pour venir se débarrasser de leurs ordures dans les sites qu’ils

trouvent sans agents aux heures creuses. Le problème de distance se pose même avec les

agents de pré collecte qui mènent l’activité sur un rayon limité au voisinage du site de

compostage.

Le projet éprouve des difficultés quant à la gestion des rebuts qui représentent 10 %

des déchets à cause de l’absence d’une décharge municipale appropriée, la CDE

(Camerounaise des Eaux) ayant émis des réservent sur la localisation de l’ancienne

décharge.

La vente du compost reste un levier important sur lequel il faut agir au regard des

résultats obtenus jusqu’à présent. Le compost est un amendement qui ne réagit pas

aussi spontanément que l’engrais chimique, ce qui est un argument qui œuvre en sa

défaveur surtout pour ceux qui pratiquent une agriculture mercantile. Le problème de

baisse de la fertilité des sols ne se pose pas encore chez les agriculteurs de Mbalmayo,

les sols sont suffisamment humifiés, généreuses et disponibles. Ces arguments

justifieraient la mévente du compost à Mbalmayo jusqu’à présent.

V.5. Leçons tirées

- Le processus de changement de comportement nécessite une bonne

compréhension des déterminants sociaux culturels des populations. Il est

important de considérer le temps comme une donnée importante dans la

planification de tout projet visant ce type de changement. La sensibilisation,

l’information, l’éducation et la communication constituent ici des outils

précieux pour l’atteinte des objectifs fixés.

- L’implémentation d’un projet de développement dans une communauté devrait

toujours prendre en compte les réalités locales et prioriser l’utilisation des

ressources locales. Ceci présente l’avantage de renforcer la participation de la

population et d’assurer plus tard la pérennité du projet.

- La prise en compte des autres acteurs de développement dans une communauté

favorise et facilite les stratégies synergiques pour des impacts plus larges. Ils

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constituent également des partenaires sérieux dans les mécanismes de suivi des

réalisations des projets. La commune de Mbalmayo a tiré cette conclusion dès

l’étude diagnostique et son mode d’action s’intègre profondément dans ce cadre

- Il est important d’inscrire toute action de développement dans une communauté

dans la mouvance actuelle de décentralisation qui reconnait au gouvernement

locale une place centrale en matière d’orientation des actions de

développement. C’est en cela que réside l’un des atouts majeurs de ce projet,

initié et porté par la commune de Mbalmayo.

V.6. Durabilité

Prenant conscience des dangers de la pollution urbaine, la commune de Mbalmayo a

initié une concertation avec les différents acteurs de développement et a confié au

CIPRE, l’exécution du programme GIPADU. Cette structure devra non seulement

conduire la mise en œuvre du projet, mais également assurer un transfert progressif des

technologies vers les associations locales d’assainissement, la population et les

services techniques compétents de la commune. La transmission de cette expertise est

assurément la garantie d’une durabilité institutionnelle de cette action au terme de la

période contractuelle du projet (03 ans).

A travers la conscientisation des populations sur les dangers de la pollution liée aux

déchets ménagers urbains et l’intérêt de leurs valorisations, réalisée à travers les

nombreuses actions de sensibilisation, éducation et formation, le projet enfonce

profondément les racines d’une pérennité culturelle et socio économique. La

promotion d’une approche de gestion rentable et saine des déchets ménagers urbains et

de l’approche filière de traitement des ordures est de nature à renforcer la durabilité de

cette action.

Dans un souci de consolidation et pérennisation des résultats obtenus au cours de la

mise en œuvre de GIPADU, un arrêté municipal dûment approuvé par la tutelle

institue une journée communale de propreté baptisée « Jeudi-propre ». En effet, tous

les jeudis matin jusqu’à 10 heures, toute la population est conviée aux activités

d’assainissement sous la supervision directe du maire de la ville. Les individus surpris

en flagrant délit de pollution sont assez souvent frappés d’une amende par la

commune.

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En trois ans le projet débarrassera la ville de 72 T de déchets plastiques et redistribuera

3,6 millions F CFA aux populations pauvres comme revenus issus de la valorisation de

ces déchets. Par ailleurs, le projet procèdera au compostage de 9 000 T de déchets

organiques enlevés dans les ménages de la ville et le compost qui en est issu va

fertiliser les nombreux champs de la ville et sa périphérie, contribuant à la chute des

coûts de production et réduisant la pollution liée aux engrais chimiques de la nappe

phréatique et des cours d’eaux. Ces actions contribueront inéluctablement à

l’assainissement de l’environnementale urbain de Mbalmayo et portent en eux les

gènes d’une pérennité certaine.

La pérennité financière du projet est assurée par les recettes issues d’une part du

recyclage des plastiques à l’industrie et d’autre part de la vente du compost issu de la

transformation des déchets organiques des ménages de la ville.

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