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[desarmi.org/]. Document sous License Crea6ve Commons (byncsa). 1 ACADEMIE DE PARIS Année 2015 Mémoire pour l’obtention du DES d’Anesthésie-Réanimation Coordinateur : M. le Professeur Benoit PLAUD Le thromboélastogramme (TEG®) en péri-partum: Valeurs normales pour les grossesses non compliquées à terme Par Valérie BITOT Présenté et soutenu le 4 Septembre 2015 Travail effectué sous la direction du Docteur Agnès RIGOUZZO et du Docteur Nicolas LOUVET Université Pierre et Marie Curie Paris VI, CHU Armand Trousseau

Mémoire pour l’otention du DES d’Anesthésie …medias.desar.org/Memoires-Theses/Memoires/2015/Sessions_septemb… · LY30: pourcentage de réduction du MA à 30min ... monocytes

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ACADEMIE DE PARIS

Année 2015

Mémoire pour l’obtention du DES

d’Anesthésie-Réanimation

Coordinateur : M. le Professeur Benoit PLAUD

Le thromboélastogramme (TEG®) en péri-partum:

Valeurs normales pour les grossesses non

compliquées à terme

Par Valérie BITOT

Présenté et soutenu le 4 Septembre 2015

Travail effectué sous la direction du Docteur Agnès RIGOUZZO

et du Docteur Nicolas LOUVET

Université Pierre et Marie Curie Paris VI, CHU Armand Trousseau

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REMERCIEMENTS

Je souhaiterais tout d’abord remercier le Dr Agnès Rigouzzo et le Dr Nicolas Louvet de m’avoir

encadré et soutenu dans l’élaboration de ce projet. Merci pour votre disponibilité et votre rigueur de

travail.

Merci également à l’équipe d’Anesthésie de l’Hôpital Trousseau pour leur participation à l’inclusion

des patientes pour cette étude : Dr Malika Omarjee, Dr Laure Girault, Dr Federica Piana, Dr Magali

Farrugia…

Un grand merci également au Dr David Lobo et au Dr Mathieu Martin qui, de manière indirecte,

m’ont permis de mener à bien ce mémoire. Vos conseils avisés me seront toujours utiles.

Merci à mes co-internes, sans qui cette formation n’aurait pas été aussi riche !

Merci à mes amis, toujours présents.

Merci à ma famille qui a cru en moi tout au long de ces années.

Merci à Mickaël pour le présent et le futur…

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RESUME

Introduction La grossesse est marquée par un état d’hypercoagulabilité physiologique,

permettant de limiter les conséquences des pertes sanguines en péri-partum. Cependant, malgré ces

phénomènes d’adaptation, les hémorragies du péri-partum (HPP) restent encore la première cause

de mortalité maternelle en France. Les décès maternels pourraient être diminués en optimisant la

prise en charge des HPP, notamment en diagnostiquant plus précocement les coagulopathies

associées. Des méthodes d’hémostase délocalisée, telles que le thromboélastogramme (TEG) et la

thromboélastométrie (ROTEM) se sont développées afin d’adapter les thérapeutiques, en particulier

l’administration de produits sanguins. Or, les normes des paramètres TEG utilisées aujourd’hui en

obstétrique sont identiques à celles extrapolées de volontaires sains, hors contexte obstétrical.

L’interprétation de tracés pathologiques de TEG, notamment en cas d’HPP, nécessite une bonne

connaissance des valeurs normales. Notre objectif principal était donc de déterminer les valeurs de

référence normales de paramètres TEG pour les grossesses non compliquées menées à terme. Les

objectifs secondaires étaient de comparer les TEG pré et post-partum ainsi que les modes

d’accouchement.

Matériel & Méthodes Etude monocentrique observationnelle prospective portant sur des

patientes enceintes, sans antécédent notable, ayant une grossesse d’évolution normale et arrivant à

un terme > 36 SA. A l’arrivée en salle de naissance, un premier bilan sanguin était prélevé pour

réaliser une NFS, un bilan d’hémostase (TP, TCA, fibrinogène) et une analyse TEG. En l’absence d’HPP,

un bilan identique était prélevé à H2 post-partum. Enfin, une NFS était effectuée à H24 pour le calcul

des pertes sanguines. Chaque analyse de TEG était effectuée sur sang total et comportait un test

« Fibrinogène Fonctionnel » (FF) et un test Kaolin. Les paramètres SP, K, R, angle, MA, G, LY30, LY60,

MRTGG et FLEV étaient recueillis.

Résultats Quarante-huit patientes ayant eu une grossesse normale ont été incluses, leur moyenne

d’âge était de 33,5 ans (±4,5). Cinquante-huit pourcent d’entre elles ont accouché par voie basse

(AVB) et 42% par césarienne. Les bornes de référence établies montrent un état d’hypercoagulabilité

avec une augmentation de la force du caillot (paramètres angle et MA), par rapport aux valeurs des

volontaires sains. La comparaison des TEG pré et post-partum au sein de notre échantillon montre

une majoration de l’état procoagulant après accouchement. Les patientes du groupe « AVB »

présentent un profil d’hypercoagulabilité en post-partum plus marqué que les patientes du groupe

« Césariennes ».

Conclusion Nos valeurs de référence de paramètres TEG confirment les données de la littérature

sur l’état pro-coagulant de la fin de grossesse non compliquée. Les bornes de référence normales

établies dans notre étude pourraient permettre d’améliorer in fine la prise en charge des HPP.

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 8

1.1. EPIDEMIOLOGIE ....................................................................................................................... 8

1.2. HEMOSTASE HORS GROSSESSE ............................................................................................... 8

1.3. COAGULATION PHYSIOLOGIQUE DURANT LA GROSSESSE .................................................... 11

1.4. L’HEMORRAGIE DU POST PARTUM (HPP) ............................................................................. 13

1.5. TESTS BIOLOGIQUES D’HEMOSTASE ..................................................................................... 15

1.5.1. Tests de laboratoire ........................................................................................................... 15

1.5.2. Tests rapides de coagulation ............................................................................................. 18

1.5.3. Méthodes délocalisées d’évaluation de l’hémostase ....................................................... 19

1.5.3.1. Principes de la thromboélastographie (TEG) ................................................................. 19

1.5.3.2. Données cliniques sur la thromboélastographie ........................................................... 25

1.6. OBJECTIFS DE L’ETUDE .......................................................................................................... 27

1.6.1. Objectif principal ............................................................................................................... 27

1.6.2. Objectifs secondaires........................................................................................................ 27

2. MATERIEL ET METHODES .............................................................................................................. 28

2.1. Type d’étude .......................................................................................................................... 28

2.2. Critères d’inclusion ................................................................................................................ 28

2.3. Critères d’exclusion ............................................................................................................... 28

2.4. Déroulement de l’étude ........................................................................................................ 29

2.5. Recueil des données .............................................................................................................. 30

2.6. Analyse statistique ................................................................................................................ 32

3. RESULTATS ..................................................................................................................................... 33

3.1. Population ............................................................................................................................. 33

3.2. Données démographiques et obstétricales .......................................................................... 33

3.3. Données de biologie standard ............................................................................................... 36

3.4. Données thromboélastographiques ...................................................................................... 37

4. ANALYSE DES DONNEES DE TEG .................................................................................................... 39

4.1. Comparaison des TEG pré et post-partum ............................................................................ 39

4.1.1. Au sein de l’ensemble de l’échantillon .............................................................................. 39

4.1.2. Au sein du groupe « AVB » ................................................................................................ 40

4.1.3. Au sein du groupe « Césariennes » ................................................................................... 41

4.2. Comparaison des groupes « AVB » et « Césariennes » ......................................................... 42

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4.2.1. TEG pré-partum ................................................................................................................. 42

4.2.2. TEG post-partum ............................................................................................................... 43

5. DISCUSSION ................................................................................................................................... 44

6. CONCLUSION ................................................................................................................................. 49

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 50

ANNEXES ................................................................................................................................................ 55

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Les facteurs de coagulation

Annexe 2 : Les voies de la coagulation : voies intrinsèque et extrinsèque

Annexe 3 : La coagulation in vivo

Annexe 4 : La fibrinoformation

Annexe 5 : Les inhibiteurs de la coagulation

Annexe 6 : Exemples de tracés de TEG

Annexe 7 : Etudes portant sur les normes de paramètres de TEG au 3eme trimestre de grossesse

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LISTE DES ABREVIATIONS

FLEV : taux de fibrinogène fonctionnel

SP (Split Point) : temps jusqu’au point précis d’initiation du caillot

R : temps jusqu’aux premières traces de fibrine

K : temps entre R et le moment où l'écartement des deux branches du diapason atteint 20 mm

Angle α : angle formé par la tangente à la courbe de formation du caillot

MA : amplitude maximale du caillot

G : mesure de la résistance du caillot

LY30 : pourcentage de réduction du MA à 30min

LY60 : pourcentage de réduction du MA à 60min

MRTGG (maximum rate of thrombus generation) : pic de vélocité maximale de force viscoélastique du caillot

ACT : Activated Clotting Time

CIVD : Coagulation Intra-Vasculaire Disséminée

Complexe TAT : complexe Thrombine-AntiThrombine

HEA : hydroxyléthylamidons

HPP : Hémorragie du Post-Partum

FvW : Facteur von Willebrand

FT : Facteur Tissulaire

NFS : Numération Formule Sanguine

PAI-1 et 2: Inhibiteur de l’activateur du plasminogène 1 et 2

PE : Pré-éclampsie

PFC : Plasma Frais Congelé

PSL : Produits Sanguins Labiles

ROTEM® : Thromboélastométrie rotative

TCA : Temps de Céphaline Activée

TEG® : Thromboélastogramme

TFPI : Inhibiteur de la voie du facteur tissulaire plasmatique

TP : Taux de Prothrombine

tPA : activateur tissulaire du Plasminogène

TQ : Temps de Quick

SA : Semaines d’Aménorrhée

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1. INTRODUCTION

1.1. EPIDEMIOLOGIE

Avec 2,01 enfants par femme en 2014, la France possède le taux de fécondité le plus élevé de

l’Union Européenne. En effet, comptabilisant 822 000 naissances en 20121, la France se situe en tête

des pays européens en matière de natalité. Parmi l’ensemble des modifications de la grossesse, il

existe une hypercoagulabilité permettant de limiter les conséquences des pertes sanguines

physiologiques en péri-partum. Cependant, malgré ces phénomènes d’adaptation, les hémorragies

du péri-partum (HPP) restent encore la première cause de mortalité maternelle en France. En effet,

elles représentent 25 % des causes de décès et un taux de mortalité maternelle estimé à 1,9/100 000

naissances vivantes2. Selon les experts, 90% de ces décès par hémorragies sont considérés comme

évitables car ils sont le plus souvent liés à des mesures thérapeutiques inappropriées, à un retard

diagnostique ou de prise en charge des pertes sanguines et de la coagulopathie associée. Le

monitorage de l’hémostase en péri-partum est donc un point clé de la prise en charge des

parturientes afin de diminuer la morbi-mortalité maternelle autour de l’accouchement. Certaines

techniques délocalisées d’évaluation de la coagulation, telles que la thromboélastographie (TEG) ou

la thromboélastometrie (ROTEM), sont actuellement utilisées dans diverses pathologies et

pourraient permettre d’optimiser également la prise en charge des HPP. Cependant, alors qu’il existe

un état pro-coagulant physiologique pendant la grossesse qui modifie les valeurs normales des

différents paramètres biologiques de la coagulation, les valeurs de référence des paramètres de TEG

employées en obstétrique sont basées sur les données de volontaires sains recueillies hors du

contexte obstétrical.

1.2. HEMOSTASE HORS GROSSESSE

L’hémostase physiologique comporte l’ensemble des mécanismes assurant la prévention des

saignements spontanés ainsi que l'arrêt des hémorragies en cas de rupture de la continuité de la

paroi vasculaire par la formation locale d'un caillot et sa dissolution.

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L’hémostase primaire

Cette première phase consiste en l’obturation de la brèche vasculaire par la formation du clou

plaquettaire (« thrombus blanc »). Cette étape met en jeu deux éléments cellulaires que sont les

cellules endothéliales et les plaquettes, et deux éléments plasmatiques que sont le facteur von

Willebrand (FvW) et le fibrinogène.

Après vasoconstriction localisée du vaisseau lésé, la brèche vasculaire est comblée par les plaquettes

qui adhèrent à la structure sous-endothéliale alors mise à nu. L'adhésion se produit en grande partie

par la GPIb qui se fixe au sous endothélium grâce au facteur Von Willebrand, jouant un rôle de

ciment, permettant de former une première couche monocellulaire de plaquettes. Après activation,

les GPIIbIIIa de surface subissent une modification conformationnelle qui leur permet de fixer le

fibrinogène en présence de calcium. L’agrégation plaquettaire se poursuit grâce au fibrinogène qui

établit des liaisons entre les plaquettes, créant un premier thrombus fragile (agrégation réversible).

Ensuite grâce à la libération des enzymes et du contenu granulaire des plaquettes, le caillot se

solidifie (agrégation irréversible), constituant le clou plaquettaire.

La coagulation

La deuxième phase correspond à une cascade de réactions enzymatiques aboutissant à la formation

de fibrine. L'enzyme central assurant la transformation du fibrinogène en fibrine est la thrombine. Le

processus de formation de la thrombine est complexe avec une série d'activations enzymatiques qui

surviennent à la surface des phospholipides membranaires des plaquettes, cellules endothéliales ou

monocytes. Les facteurs de la coagulation, synthétisés pour la plupart par le foie, sont divisés en

précurseurs de sérine-protéases (facteurs II, VII, IX, X, XI, XII), en cofacteurs (facteurs V, VIII) et en

substrat (fibrinogène) (Annexe 1). La vitamine K intervient au stade terminal de la synthèse des 4

facteurs de la coagulation vitamine K dépendants en leur faisant acquérir la capacité de se complexer

avec le calcium et les phospholipides. Ainsi, pour que l'activation enzymatique des facteurs de la

coagulation se déroule normalement, la présence de phospholipides et de calcium est nécessaire.

En théorie, le concept des étapes de coagulation comporte deux voies d'activation (Annexe 2) :

La voie intrinsèque (ou endogène) dans laquelle tous les éléments nécessaires de la

coagulation sont présents dans le plasma sans apport extérieur.

La voie extrinsèque (ou exogène) qui pour être activée nécessite la présence d'éléments

tissulaires appelés thromboplastine tissulaire.

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Cependant, le déroulement de la coagulation in vivo ne respecte pas cette distinction voie

intrinsèque / voie extrinsèque. Cette conception dichotomique de l’hémostase correspond en fait

aux processus de coagulation in vitro et s’avère être utile pour l’exploration de la coagulation car la

voie intrinsèque et la voie extrinsèque sont respectivement explorées par le temps de céphaline

activée (TCA) et le temps de Quick (TQ). Le raisonnement diagnostique d'interprétation des tests de

coagulation se base sur ce schéma, bien qu’il ne corresponde pas à la réalité in vivo.

La conception actuelle de la coagulation in vivo associe les différentes voies d’activation, dont

l’élément déclenchant principal est le facteur tissulaire (FT) (Annexe 3). Ce dernier est un récepteur

membranaire de très haute affinité pour le facteur VII. Il est normalement absent de la circulation

sanguine mais est exprimé au niveau des cellules musculaires lisses de la paroi vasculaire et des

fibroblastes. Ainsi, lors d'une lésion vasculaire, ce dernier est exposé et entraine le phénomène de

coagulation.

Lorsque le FT se trouve en contact du sang, il active le FVII circulant en formant un complexe [FVII

activé - FT]. A partir de la formation du complexe, deux voies d'activation sont possibles :

Quand le FT est en excès, le complexe [FVII activé - FT] active directement le facteur X (FX).

Cette voie peut être rapidement inhibée par l’inhibiteur de la voie du facteur tissulaire, le TFPI.

Quand le FT est en faible quantité (ou l'inhibition par le TFPI prépondérante), le complexe

[FVII activé - FT] active alors le facteur IX (FIX). L'accumulation de FIX activé en présence de son

cofacteur le facteur VIII (FVIII) activé, de phospholipides et d'ions calcium permettra secondairement

l'activation du FX en FX activé.

Quelle que soit la voie empruntée in vivo, le point central sera la génération de FX activé. Le FX activé

en présence de facteur V activé (FVa), de phospholipides des membranes cellulaires, et de calcium,

s'appelle le complexe prothrombinase. Ce dernier active la prothrombine (facteur II) en thrombine

(facteur IIa), dont le principal substrat est le fibrinogène. Il existe également plusieurs boucles de

rétro-activation de la thrombine, amplifiant sa propre production en favorisant la génération de

FVIIIa, FVa et FXIa. Elle active en outre le facteur XIII qui va jouer un rôle majeur dans la stabilisation

du caillot.

Dès qu'apparaissent des traces de thrombine, le processus de coagulation s'amplifie jusqu'à la

formation d'un réseau de fibrine qui emprisonne les globules rouges, constituant ainsi le « thrombus

rouge » (Annexe 4).

Afin de réguler l’activation de la coagulation, plusieurs systèmes inhibiteurs sont mis en jeu pour

limiter les phénomènes thrombotiques. Chaque facteur activé possède par conséquent son

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inhibiteur spécifique. Il existe trois systèmes inhibiteurs principaux : l’antithrombine (AT), les

protéines S et C, et l’inhibiteur de la voie du facteur tissulaire (Annexe 5).

La fibrinolyse

Il s’agit du troisième temps de l’hémostase qui vise à limiter l’extension du caillot au sein du vaisseau

et donc à assurer sa reperméabilisation, en lysant les polymères de fibrine. La fibrinolyse fait

intervenir des éléments plasmatiques tels que le plasminogène, synthétisé par les hépatocytes et

circulant sous forme inactive. L’activation du plasminogène en plasmine est entre autre effectuée par

la voie de l’activateur tissulaire du plasminogène (tPA), qui circule dans le plasma lié à son inhibiteur

(PAI-1).

Ces trois étapes sont indispensables pour obtenir une hémostase efficace et contrôlée. En

pathologie, on peut assister dans de nombreuses situations à une rupture de cet équilibre,

aboutissant à des phénomènes hémorragiques ou thrombotiques. En revanche, de manière

physiologique, la grossesse apparait comme une période à risque thrombotique afin de limiter les

pertes sanguines lors de la délivrance.

1.3. COAGULATION PHYSIOLOGIQUE DURANT LA GROSSESSE

La grossesse et l’accouchement sont des périodes de la vie associées à une modification du profil

hémostatique dans le sens du développement d’un état d’hypercoagulabilité.

La grossesse normale est en particulier caractérisée par des phénomènes inflammatoires avec une

activation leucocytaire, une expression de marqueurs de l’inflammation à la surface des

granulocytes et des monocytes ainsi qu’une augmentation des radicaux libres intra-cellulaires

leucocytaires. Sacks et al. ont comparé les marqueurs de l’inflammation au cours de grossesses

normales, de grossesses compliquées de pré-eclampsie et chez des patients présentant un sepsis

grave. Ils ont montré ainsi que les phénomènes inflammatoires observés au cours des grossesses non

compliquées étaient comparables, mais non identiques, à ceux observés au cours du sepsis3. Ainsi,

cet état inflammatoire contribue en partie à l’hypercoagulabilité observée chez les parturientes.

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Selon certains auteurs, cet état physiologique pro-coagulant est décrit comme une coagulation

intravasculaire disséminée (CIVD) de bas grade permettant ainsi de diminuer le risque hémorragique

pendant l’accouchement et le post-partum immédiat 4,5.

Les marqueurs principaux de cette hypercoagulabilité sont une réduction de l’activité de la protéine

S, une augmentation de l’activité prothrombine et une plus grande concentration de certains

facteurs de la coagulation comme le fibrinogène, les facteurs VII, VIII et FvW. Les capacités

fibrinolytiques sont également diminuées, principalement à cause de niveaux élevés d’inhibiteur de

l’activateur du plasminogène-1 (PAI-1) provenant des cellules endothéliales et d’inhibiteur de

l’activateur du plasminogène-2 (PAI-2) provenant du placenta. Paradoxalement, il y a une

augmentation des D-dimères allant jusqu’à 1000-1200 ng/mL à terme (normal < 500 ng/mL) qui est

le témoin de la formation excessive de caillots de fibrine, par excès de thrombine, entraînant une

fibrinolyse réactionnelle physiologique.

Globalement, la plupart des facteurs de coagulation et le fibrinogène augmentent, alors que les

antagonistes de la coagulation voient leur activité diminuée ou inchangée.

Le taux de plaquettes reste lui relativement stable au cours de la grossesse, hormis pendant le

dernier trimestre au cours duquel apparait parfois une thrombopénie gestationnelle modérée (entre

80 et 150 10^9/L), dont le retentissement clinique précis est inconnu 6,7 (Figure 1).

De nombreuses études ont montré que cette hypercoagulabilité était liée à l’âge gestationnel8 et

qu’elle perdurait durant les 24 premières heures après l’accouchement9 . Durant une grossesse

normale, l’incidence d’évènements thrombo-emboliques est six fois plus élevé que pour les non

parturientes, avec un risque croissant dès le 1er trimestre10.

Le pic d’activité procoagulante, proplaquettaire et hypofibrinolytique survient immédiatement après

la séparation du placenta, objectivée par une importante augmentation du taux des D-dimères11. Le

risque thrombotique est maximum dans le post-partum immédiat et dure pendant au moins 6

semaines, jusqu’à normalisation des facteurs de coagulation12.

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FACTEURS

PROCOAGULANTS

FACTEURS

ANTICOAGULANTS

AUGMENTATION

PENDANT LA

GROSSESSE

Fact VII

Fact VIII

Fact IX

Fact X

Fibrinogène

Fact Von Willebrand

PAI 1

TFPI

Complexe TAT

Fragment 1 et 2 prothrombine

D-dimères

Fibrinopeptide A

STABILITE

RELATIVE PENDANT

LA GROSSESSE

Fact V

Fact XIII

Fact XI

Protéine C

Antithrombine

BAISSE PENDANT LA

GROSSESSE

Plaquettes

Protéine S

tPA

Figure 1 : Modification de l’hémostase lors d’une grossesse normale

Malgré cet état pro-thrombotique en peri-partum, la complication maternelle la plus fréquente des

accouchements en France reste l’hémorragie du post-partum.

1.4. L’HEMORRAGIE DU POST PARTUM (HPP)

Les HPP concernent au total environ 5% des naissances. Elles se caractérisent par leur imprévisibilité

et par le volume potentiellement important de pertes sanguines. Ces HPP se définissent par une

perte excessive de sang au cours des 24 heures suivant l’accouchement : supérieure à 500 mL après

un accouchement par voie basse et supérieure à 1000 mL après une césarienne 13. Les HPP sévères

(environ 1% des naissances) sont généralement définies par un saignement supérieur à 1500 mL, une

chute du taux d’hémoglobine supérieur à 4 g/dL, la transfusion de plus de 4 concentrés de globules

rouges (CGR) ou le recours à une embolisation ou à des techniques d’hémostase chirurgicale14,15. Le

pronostic de cette complication est un problème de santé publique puisque sa mortalité en France

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reste de nos jours supérieure à celle des autres pays développés. Ainsi, la mortalité maternelle

française par HPP a été évaluée à 0,5 pour 100000 naissances.

La prise en charge optimale d’une hémorragie du post-partum, liée aux trois causes prédominantes

que sont l’atonie utérine, les anomalies d’insertion placentaire et les plaies de la filière génitale,

nécessite la mise en route d’un protocole régulièrement réactualisé et accessible à tout moment,

ainsi qu’une dotation suffisante en équipement adapté et en personnel. Editées en 2004 et

réactualisées récemment en 2014, les recommandations actuelles de prise en charge de l’HPP

détaillent les étapes par ordre chronologique16–18. Ces recommandations mettent en avant la

nécessité d’une évaluation précoce de la coagulation et le traitement précoce des anomalies de

l’hémostase (entre 30 et 60 minutes après le diagnostic).

Comme dans toute hémorragie aigue, les HPP sévères sont souvent associées à une coagulopathie

secondaire précoce, dont les causes et les facteurs aggravants sont nombreux :

- consommation des plaquettes et des facteurs de la coagulation

- hémodilution en lien avec le remplissage massif

- acidose, notamment lactique

- hypothermie, favorisée par l’administration de solutés intraveineux

- hypocalcémie, secondaire à la transfusion sanguine et à la dilution

- modification rhéologique liée à la baisse de l’hématocrite

- fibrinolyse

- coagulopathie d’origine médicamenteuse (hydroxyéthylamidons (HEA), gélatines).

Parmi tous ces éléments, le taux de fibrinogène a une place centrale dans l’apparition de troubles de

la coagulation en péri-partum. En effet, l’hypofibrinogénémie est la principale anomalie de la

coagulation de survenue précoce, dont le diagnostic et la correction rapide pourraient conditionner

le pronostic et donc la morbi-mortalité des HPP16. Ainsi, la baisse de la concentration sérique du

fibrinogène est à ce jour le meilleur paramètre prédictif précoce de la sévérité de l’hémorragie

obstétricale. La diminution du taux de fibrinogène est corrélé au volume du saignement17. Charbit et

al. ont montré qu’un taux de fibrinogène < 2g/l au cours d’une HPP avait une valeur prédictive

positive de 100% pour une évolution vers une hémorragie sévère18. Dans l’étude de Gayat et al 19, les

cinq facteurs prédictifs d’une HPP sévère nécessitant un traitement invasif retrouvés étaient : la

présence d’une anomalie d’insertion placentaire, une tachycardie supérieure à 115 bpm, une

troponine positive, un TP inférieur à 50% et un fibrinogène inférieur à 2 g/L. Plusieurs études

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récentes ont également validé un seuil de fibrinogène ≤ à 2 g/L comme meilleur marqueur

indépendant précoce de sévérité dans les HPP17,20,21.

La coagulopathie ne doit pas être perçue comme un événement inéluctable car elle est accessible,

dans une certaine mesure, à des stratégies de prévention. Cette prévention passe d’abord par une

prise en charge coordonnée multidisciplinaire à l’hôpital permettant une bonne réactivité dans la

prise de décision d’hémostase chirurgicale ou interventionnelle. Le monitorage étroit des variables

influençant l’hémostase et leur correction rapide, peuvent limiter la constitution d’un véritable cercle

vicieux. Ainsi, ces études et les recommandations qui en découlent mettent en avant la nécessité

d’une évaluation précoce et répétée de l’hémostase au cours des hémorragies du péri-partum, afin

de permettre une administration adaptée des produits pro-coagulants : fibrinogène, plasma

thérapeutique, plaquettes et acide tranexamique.

1.5. TESTS BIOLOGIQUES D’HEMOSTASE

1.5.1. Tests de laboratoire

L’évaluation de la coagulation repose actuellement sur des tests standards d’hémostase réalisés au

laboratoire, à savoir le taux de prothrombine (TP), le temps de céphaline activée (TCA), le taux de

fibrinogène et la numération plaquettaire. Ces examens demeurent à l’heure actuelle le « gold

standard » pour la détection de troubles de l’hémostase puisqu’ils sont prédictifs du mauvais

pronostic en cas d’HPP, incluant le décès maternel22.

Cette exploration doit se faire sur des prélèvements en présence d’un anticoagulant, le citrate

trisodique, à raison d’un volume pour 9 volumes de sang. Les tests doivent ensuite être réalisés dans

les 4 heures qui suivent le prélèvement. Afin d’en assurer la fiabilité au quotidien, des outils de

contrôle de qualité sont réalisés et reposent sur deux types d’échantillon biologique :

- des pools de plasmas normaux ou anormaux préparés localement et aliquotés

- des plasmas lyophilisés préparés industriellement par différentes firmes pharmaceutiques qui sont

soit des plasmas étalons ou standards de calibration, soit des plasmas de « contrôle » ayant une

valeur moyenne et un intervalle de confiance déterminée selon la technique utilisée.

Ces différents échantillons utilisés pour le contrôle de qualité journalier permettant la validation

quotidienne des résultats. Le contrôle de qualité interne doit aussi vérifier les étapes pré analytiques

(prélèvements) et post analytiques (validation, rendu et archivage des résultats).

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Taux de prothrombine (TP)

C’est le temps de coagulation d’un plasma citraté, pauvre en plaquettes et recalcifié en présence de

thromboplastine tissulaire. Le TP explore la voie extrinsèque de la coagulation.

Une fois le plasma déposé dans une cupule, on y ajoute une bille magnétique. Après incubation

d’une minute, la coagulation est déclenchée par l’introduction de 100µL thromboplastine calcique,

chauffée à 37°C. Le temps de coagulation se mesure ensuite par l’arrêt du mouvement de billes. Les

résultats sont exprimés en pourcentage d’activité prothrombinique.

En pratique courante, le temps de Quick (TQ) est converti en taux de prothrombine (TP) exprimé en

pourcentage. La conversion du TQ en TP se fait à l’aide d’une droite d’étalonnage ou droite de

« Thivolle », établie à partir de plasmas normaux testés en dilution. Les valeurs moyennes normales

sont comprises entre 70 et 100%.

Temps de céphaline activé (TCA)

C’est le temps de coagulation d’un plasma citraté, pauvre en plaquettes, recalcifié à 37°C en

présence de substitut plaquettaire (céphaline) et d’un activateur (kaolin, silice ou acide ellagique)

standardisant l’activation des facteurs contacts et en présence de calcium. Le TCA explore la voie

endogène de la coagulation ainsi que la voie commune. Seul le facteur VII n’interfère pas sur ce test.

Après ajout de 50µL de plasma citraté, 50µL de céphaline activateur et une incubation de 3 minutes,

le temps de coagulation est mesuré par l’arrêt du mouvement des billes, comme pour le TP. Pour

cela, le réactif déclenchant de la coagulation est une solution de CaCl2. Les résultats sont exprimés

en secondes et varient entre 20 et 40 secondes.

Si le TCA d’un patient est allongé, on réalise un TCA sur le mélange à volume égal du plasma du

malade et du plasma du témoin :

- une correction du TCA indique un déficit en un ou plusieurs facteurs de la voie intrinsèque

- une non correction du TCA indique la présence d’anticoagulants circulants

Taux de fibrinogène

Le fibrinogène est une glycoprotéine de haut poids moléculaire, synthétisée par le foie, qui intervient

dans la thrombogénèse et l’athérogénèse. Il s’agit d’une protéine de la phase finale de la coagulation : le

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fibrinogène est transformé par la thrombine en fibrine, principale protéine de la formation du caillot

sanguin. Sa demi-vie est de 3 à 4 jours.

Le dosage repose sur l’évaluation chronométrique selon la méthode de Von Clauss. En présence d’un

excès de thrombine, le temps de coagulation du plasma préalablement dilué est proportionnel à la

quantité de fibrinogène plasmatique. Le taux de fibrinogène normal hors grossesse, est compris entre 1,8

et 4 g/L (le temps de coagulation mesuré est compris entre 8 et 20 secondes.)

Numération Formule Sanguine (NFS)

C’est l’étude quantitative et qualitative des éléments figurés du sang. La NFS comporte la numération

des cellules sanguines (globules rouges, globules blancs et plaquettes) et l’étude des constantes

hématologiques parmi lesquelles le taux d’hémoglobine (Hb), l’hématocrite (Ht) et le volume

globulaire moyen (VGM).

L’ensemble de ces examens permet d’avoir une vision globale de l’état de la coagulation chez un

patient à un instant t. Cependant, les seuils des tests de coagulation standards, extrapolés des

hémorragies non obstétricales, ne sont pas clairement définis pour le traitement de l’HPP. Les seuils

d’interprétation de ces tests et donc les seuils de traitements sont principalement dérivés des

hémorragies non obstétricales, principalement des polytraumatismes. Or la grossesse est marquée

par des modifications du système de coagulation. Ainsi, les valeurs des tests standards de la

coagulation ne reflètent que partiellement cet état d’hypercoagulabilité et les valeurs seuils de

traitement au cours des hémorragies obstétricales sont différentes des valeurs classiquement

reconnues au cours des hémorragies non obstétricales. Le meilleur exemple est celui du fibrinogène

dont les taux augmentent au cours de la grossesse normale pour atteindre à terme 4 à 6 g/l 7,23. En

dehors des hémorragies obstétricales, il est recommandé de maintenir un taux supérieur à 1 g/L

alors que les études obstétricales suggèrent logiquement de maintenir un taux supérieur à 2 g/L. Le

même raisonnement peut s’appliquer aux valeurs de TP et TCA. Les valeurs de TP et TCA ne sont que

très peu ou pas corrélées au volume du saignement et ne commencent à se modifier que pour des

pertes sanguines très importantes17. Ainsi, des taux considérés comme habituellement normaux

correspondent à des hémorragies déjà sévères au cours des HPP 17,18.

Par ailleurs, le TP et le TCA étudient uniquement la phase d’initiation de la coagulation et ne

représentent que les premiers 4 % de production de thrombine24. Ils ne peuvent pas par conséquent

donner d’information sur la stabilité du caillot et sur les interactions in vivo entre les facteurs de

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coagulation et les plaquettes. Leurs valeurs peuvent être considérées comme normales alors que la

coagulation est anormale, par exemple en cas d’hyperfibrinolyse25,26.

Enfin, le délai d’obtention des résultats biologiques validés est la principale limite de cette

évaluation. En effet, plusieurs études ont montré que la durée estimée pour récupérer les résultats

d’hémostase était supérieure à 60 minutes, impactant par conséquent sur la prise en charge

médicale27,28. En contexte d’hémorragie obstétricale, le délai de prise en charge est un élément clé

puisque, comme nous l’avons vu, il existe fréquemment une coagulopathie multifactorielle associée,

aggravant le phénomène hémorragique et le pronostic. Le diagnostic biologique de troubles de

l’hémostase est donc souvent retardé, voire rétrospectif et ne correspond plus à l’état de la

coagulation au moment où le résultat est obtenu. Ainsi, en cas d’hémorragie active, compte tenu des

délais d’obtention des résultats biologiques, l’administration des produits sanguins et des produits

dérivés du sang, est basée dans un premier temps sur des critères essentiellement cliniques. Cette

évaluation probabiliste peut aboutir soit à un retard transfusionnel, par sous-estimation des pertes

sanguines, soit à une sur-administration de produits sanguins, exposant à des complications

potentielles (TRALI, allergies, risques infectieux, risque d’immunisation…)17.

1.5.2. Tests rapides de coagulation

Une des limites de la biologie d’hémostase en laboratoire est le délai d’obtention des résultats. Ainsi,

plusieurs tests rapides d’évaluation de la coagulation ont vu le jour, et sont employés notamment

pour un monitorage renforcé au bloc opératoire.

Plusieurs firmes ont développés leur système pour la mesure de l’INR (CoaguChek® de Roche,

INRatio® de Hemosense, Thrombi-Stat® de Hart Biologicals) ou du TCA. En comparaison avec les

examens de laboratoire, ils garantissent une précision des résultats satisfaisante29.

Utilisés en particulier lors des chirurgies cardiaques, ils permettent de guider la stratégie

transfusionnelle en temps réel et de limiter le recours aux PFC30. L’ACT (Activated Clotting Time)

(Hemochron®, Hepcon® de Medtronic, i-STAT®) est utilisé pour monitorer l’anticoagulation par

héparine non fractionnée au cours des circulations extracorporelles où de fortes doses sont utilisées.

Cependant, ce dernier ne donne que peu d’informations sur les anomalies de coagulation et ses

valeurs sont allongées par l’hypothermie et l’hémodilution31,32.

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Enfin, les fonctions plaquettaires peuvent être étudiées par le PFA-100®, mais sa fiabilité est limitée

en cas de thrombopénie inférieure à 100 000/mm3 ou d’hématocrite inférieur à 30%. De plus, ce test

a une faible valeur pour prédire le risque de saignement33.

Dans ce contexte, des dispositifs médicaux de monitorage délocalisé de la coagulation se sont

développés depuis une dizaine d’années, au premier rang desquels le thromboélastogramme (TEG)

et la thromboélastométrie (ROTEM).

1.5.3. Méthodes délocalisées d’évaluation de l’hémostase

Ces méthodes délocalisées de monitorage de la coagulation permettent de tester en temps réel la

force visco-élastique d’un caillot sur des échantillons de sang total. Le TEG et le ROTEM ont été

initialement utilisés pour l’évaluation de l’hémostase au bloc opératoire pour les chirurgies

hémorragiques afin de guider les thérapeutiques transfusionnelles.

Les coagulopathies induites par les polytraumatismes ont également été explorées par ces méthodes

de biologie délocalisée. Plusieurs études ont montré leur intérêt dans l’optimisation de la prise en

charge des patients polytraumatisés lorsqu’ils faisaient partie des arbres décisionnels34–36.

1.5.3.1. Principes de la thromboélastographie (TEG)

Initialement décrite en 1948 par Hartert, la thromboélastographie permet de monitorer en temps

réel la coagulation, de la formation du caillot jusqu’à sa dissolution37. Elle présente l'avantage d'être

réalisée sur sang total natif, évitant ainsi l’étape de centrifugation, ce qui réduit le délai de rendu des

résultats, de l’ordre de 15 à 20 minutes pour les premiers résultats38–40. De plus, il prend en compte

tous les acteurs plasmatiques et cellulaires de la coagulation présent dans le sang ainsi que

l’ensemble des interactions entre les activateurs de la coagulation et de la fibrinolyse : l’interaction

des plaquettes avec les protéines de la coagulation, l’agrégation plaquettaire, la génération de

thrombine et la cascade de la coagulation, la formation de fibrine et la polymérisation, et enfin la lyse

du caillot41. La force du caillot dépend des plaquettes à 80 % et de la fibrine à 20%.

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Le principe du TEG repose sur la mesure du changement des propriétés viscoélastiques du sang

lorsqu'il coagule. Les tests actuels utilisent des activateurs et des inhibiteurs spécifiques, qui

permettent de réduire les temps d'analyse comparativement aux tests classiques. Ils sont associés à

des logiciels informatiques qui permettent le calcul des différents paramètres.

Le principal dispositif de thromboélastographie utilisé à ce jour est le Thrombelastograph® TEG5000®

[(Modèle : Thrombelastograph (TEG) Système Hemostasis série 5000, en utilisant le Logiciel

Analytique TEG version 4 (TASTM). Fabricant : Haemonetics Corporation, Haemoscope division, 6231

W. Howard Street, Niles, IL 60714, USA](Figure 2). Le Thrombelastograph et les réactifs utilisés

(Kaolin, Functional Fibrinogen) disposent d’un marquage CE.

Figure 2 : Thromboelastograph 5000

Réalisation d’un examen thromboélastographique

Le TEG donne une représentation graphique de la formation du caillot et de sa lyse. Un échantillon

de 360µL de sang veineux natif est déposé dans une cupule préalablement chauffée à 37°C et animée

d'une rotation oscillante constante (Figure 3). Un axe relié à un fil de torsion est plongé dans la

cupule. Les mouvements de la cupule sont progressivement transmis par le caillot en formation à

l'axe qui oscille à son tour et est relié au système de détection. L'amplitude des mouvements de l'axe

dépend de la fermeté du caillot. Le système informatique établit ainsi une représentation graphique

montrant l’évolution de la force viscoélastique en fonction du temps (Figure 4). Le développement

du caillot est visualisé en temps réel et l'analyse de la coagulation se fait à la température du patient.

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Figure 3 : Mécanisme du TEG

Les différents paramètres mesurés à partir de la courbe formée sont les suivants (Figure 4) :

- Le temps jusqu’au SP (Split Point), exprimé en minutes, qui correspond au point précis

d’initiation de la formation du caillot.

- le temps de réaction R qui correspond au temps de latence avant l'apparition des premières

traces de fibrine (en minutes). Il signe le début d’activation des facteurs de coagulation

plasmatiques et la génération de fibrine.

- le temps K qui représente la durée entre la fin du R et le moment où l'écartement des deux

branches du diapason atteint 20 mm (en minutes). Il exprime la cinétique de formation du caillot.

- l'angle α, formé par la tangente à la courbe de formation du caillot. Il traduit la vitesse de

formation du caillot. Comme le K, il dépend du fibrinogène et des plaquettes qui consolident le

maillage de brins de fibrine.

- l'amplitude maximale du caillot MA (en mm) mesure la viscosité maximale atteinte par le caillot

et dépend principalement des plaquettes et de la fibrine.

- le paramètre G, déduit du MA, qui représente la mesure de la résistance du caillot (en dyn/cm2).

Il est calculé par la formule G = (5000 × A)/(100 × A), et donne une représentation plus réaliste de

la force du caillot42.

Fil de torsion

Axe

360 µL de sang

total Elément

chauffant et

capteur

Cupule

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- Les paramètres LY30 et LY60 correspondent à la phase de fibrinolyse. Ils sont mesurés par le taux

de réduction (en %) du MA après 30 (LY30) et 60 minutes (LY60).

Figure 4 : Représentation graphique de la formation du caillot

De plus, à partir du tracé d’origine du TEG, la cinétique de formation est calculée comme la première

dérivée de la courbe de la force viscoélastique, elle est nommée Vcurve (courbe de vélocité). Sur

cette courbe est notamment mesuré le MRTGG (maximum rate of thrombus generation),

correspondant au pic de vélocité maximale de force viscoélastique.

Plusieurs tests peuvent être simultanément réalisés sur les deux canaux du TEG avec des réactifs

spécifiques (Figure 5) :

Le test Kaolin (K) est réalisé en présence d’un activateur de la coagulation, le kaolin qui joue

le rôle de facteur-contact. Il permet une exploration globale de la coagulation (capacité de formation,

de consolidation et de lyse du caillot).

Le test Fibrinogène Fonctionnel (FF) explore les qualités viscoélastiques du caillot en

l’absence de plaquettes, après activation de la voie extrinsèque par du facteur tissulaire et inhibition

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de l’agrégation des plaquettes par de l’abciximab (un antagoniste de la glycoprotéine GPIIbIIIa

plaquettaire). Il mesure donc uniquement la contribution du fibrinogène fonctionnel à la force du

caillot.

Ce second test délivre un paramètre nommé FLEV qui correspond à un taux de fibrinogène

fonctionnel exprimé en g/L. Ce paramètre est calculé d’après l’amplitude maximale du caillot (MA)

obtenue avec le test FF. L’épaisseur en millimètre est convertie en g/L d’après une courbe de

calibration établie par l’industriel.

THROMBOELASTOGRAMME

Echantillon sanguin natif

KAOLIN FIBRINOGENE FONCTIONNEL

(FT+ inhibiteur Gp IIb/IIIa)

MA-K : Amplitude maximale MA-FF : Amplitude maximale -> FLEV

MA-K

MA-FF

PLAQUETTES + FIBRINOGENE FIBRINOGENE

Figure 5 : Courbes de formation du caillot selon le réactif utilisé

Dans les 15 premières minutes suivant le début du TEG, l’analyse du profil de la courbe obtenue

selon le réactif utilisé permet de conclure à la présence d’un trouble de la coagulation et d’en

déterminer l’origine (déficit en facteur de coagulation, thrombopénie, hypofibrinogénémie,

fibrinolyse) (Figure 6 et Annexe 6).

FIBRINOGENE FONCTIONNEL KAOLIN

Exploration plaquettes + fibrinogène

Exploration fibrinogène seul

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Figure 6 : Exemples pathologiques de tracés TEG

Performances et reproductibilité interne / externe du TEG 5000®

Selon les données du constructeur, la précision des différents tests est satisfaisant, en comparaison

avec d’autres instruments de mesure de la coagulation.

Pour le test Kaolin, le coefficient de variation (CV) a été déterminé à partir de 40 mesures issues de 5

prélèvements de donneurs sains. Les résultats sont de 13,4% pour le paramètre R, de 4,4% pour le

paramètre K, de 2,8% pour le paramètre ANGLE et de 6,3% pour le paramètre MA.

Pour le test FF, une étude de la corrélation entre des valeurs de fibrinogène mesurées par la

méthode de Clauss et les valeurs de MA du test FF, (à l’aide d’échantillons reconstitués de

fibrinogène humain) retrouve une corrélation significative (r²=0,9 ; p<0,001). Un audit indépendant

britannique (UK NEQAS)43 portant sur les moniteurs d’hémostase délocalisé, a évalué la précision des

mesures du test Kaolin entre 18 laboratoires, à l’aide de plasmas témoins et pathologiques. Les

coefficients de variation inter-laboratoire étaient compris entre 14,5% et 39,9 % pour le paramètre R

et entre 7,1% et 32,6% pour le paramètre MA.

Tracé normal

Tracé d’hypercoagulation :

-Diminution R

-Augmentation angle α et K

Tracé d’hyperfibrinolyse :

-Augmentation R

-Diminution angle α, K et MA

Tracé d’hypocoagulation :

-Prolongation R

-Diminution angle α, K et MA

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1.5.3.2. Données cliniques sur la thromboélastographie

En offrant un monitorage en temps réel la coagulation, la thromboélastographie permet de guider la

thérapeutique44. Depuis de nombreuses années, en effet, l’utilisation du TEG en situation

hémorragique en chirurgie cardiaque ou hépatique a permis une amélioration de l’hémostase per-

opératoire, une diminution de la quantité de produits sanguins transfusés, une diminution des taux

de reprise pour hémostase chirurgicale ainsi qu'une réduction des coûts de prise en charge

hospitalière45–51.Les données de la littérature montrent également que ce monitorage permet une

détection rapide et efficace des hyperfibrinolyses chez le polytraumatisé25,52,53. Une étude récente

réalisée chez 300 patients polytraumatisés montre que l’utilisation de paramètres viscoélastiques, et

en particulier la mesure de l’amplitude du caillot à 5 min permet une identification des patients à

risque de coagulopathies (sévérité des lésions et choc) ou avec coagulopathie déjà constituée26. La

correction des troubles de l’hémostase guidée par la thromboélastographie améliore la survie des

patients44. L’évaluation d’un algorithme intégrant le TEG dans la prise en charge des coagulopathies,

au cours hémorragies post traumatiques, a montré récemment, d’une part une baisse de la mortalité

par troubles de la coagulation et d’autre part, une diminution de l’administration inappropriée des

produits sanguins ou dérivés du sang35.

Il existe cependant des divergences quant aux bénéfices de l’utilisation de ces techniques. Dans une

méta-analyse incluant des études portant sur des patients de chirurgie cardiaque ou de

transplantation hépatique, les protocoles de transfusion basés sur le TEG et le ROTEM diminuaient

les pertes sanguines chez les patients nécessitant une transfusion massive. Cependant, il n’y avait pas

de différence quant au nombre de produits transfusés ni de baisse de la morbi-mortalité54.

Enfin, l’obstétrique est également un domaine où la place du TEG et du ROTEM dans le diagnostic et

le traitement des troubles de la coagulation dans les HPP a été suggéré55. En effet, le TEG permet de

mettre en évidence l’hypercoagulabilité de la grossesse, avec une diminution des paramètres R et K,

une augmentation de l’Angle et du MA, ainsi qu’une diminution de la fibrinolyse (diminution du

paramètre LY30) par rapport à 8 semaines post-partum56. Au cours de césariennes programmées

sans hémorragie du post-partum, les paramètres TEG ne sont pas modifiés57. Plusieurs travaux ont

montré que le monitorage par thromboélastographie a permis de diagnostiquer précocement des

troubles de la coagulation au cours des HPP dans des situations aussi variées que l’atonie utérine58,

les hématomes rétro-placentaires59 ou les HELLP syndromes60. Dans une étude prospective incluant

des patientes présentant une hémorragie du post-partum, Karlsson et al. ont mis en évidence qu’au

cours des HPP sévères les paramètres TEG du test Kaolin sont modifiés avec une diminution de la

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fermeté du caillot (diminution de MA), associé à une diminution de la fibrinolyse (diminution de

LY30) et du temps de coagulation (diminution de R). De plus, le paramètre MA était corrélé à la

gravité de l’hémorragie, ainsi qu’au taux de fibrinogène et de plaquettes20.

Dans ce contexte, l’utilisation des données obtenue par un monitorage délocalisé de l’hémostase,

dans un délai plus rapide que la biologie conventionnelle, faite en parallèle (15 min versus 60 min)

permettrait d’orienter précocement le diagnostic et la prise en charge en cas d’hypofibrinogénémie

et/ou de fibrinolyse en péri-partum. L’intérêt médical de la thromboélastographie pour

diagnostiquer rapidement et guider la correction précoce des coagulopathies dans le contexte des

hémorragies du péripartum est régulièrement évoqué15,55. Cependant, les valeurs de normes utilisées

en maternité et fournies par le constructeur, sont des valeurs établies pour les patients sains hors

contexte obstétrical, ou extrapolés d’hémorragies en contexte chirurgical ou traumatique.

Or, l’état pro-coagulant physiologique de la grossesse nécessite une réévaluation des valeurs de

paramètres TEG dans le cadre de la grossesse non compliquée, afin de tenir compte de ces

modifications et d’avoir ainsi une prise en charge qui en intègre les spécificités physiologiques. Seules

quelques études ont tenté de déterminer les valeurs normales des paramètres du TEG en fin de

grossesse61–64 (Annexe 6). Le protocole de ces études comportait une analyse du sang total en

présence de réactif Kaolin. On peut remarquer qu’aucun de ces travaux n’avait émis de norme pour

les paramètres MRTGG (Kaolin et FF), qui semblent pourtant être un élément important dans la prise

de décision précoce puisqu’il est le paramètre le plus rapidement disponible (en quelques minutes)

après l’initiation de l’analyse par TEG65. De plus, aucune étude récente n’a jusqu’à l’heure actuelle

tenté d’établir de norme pour le paramètre FLEV, obtenu grâce au réactif FF dans des délais

également très courts65.

Ainsi, afin d’être capable de donner une interprétation clinique d’un tracé anormal de TEG dans le

cadre des complications du péri-partum, les valeurs normales attendues pour l’ensemble des

paramètres dans le cadre de la grossesse normale à terme doivent être établies. L’interprétation des

résultats et la prise en charge des patientes pourraient être optimisées en cas de complication

obstétricale de type HPP.

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1.6. OBJECTIFS DE L’ETUDE

1.6.1. Objectif principal

L’objectif principal de cette étude est de déterminer les normes des valeurs de TEG (FF et Kaolin)

dans le cadre de la grossesse normale à terme, chez des patientes sans antécédent.

1.6.2. Objectifs secondaires

Les objectifs secondaires de cette étude sont :

- de comparer les paramètres de TEG pré et post-partum au sein de chaque groupe

(population totale, AVB et césariennes)

- de comparer les paramètres de TEG pré et post-partum entre les groupes « AVB » et

« Césariennes »

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2. MATERIEL ET METHODES

2.1. Type d’étude

Il s’agit d’une étude prospective monocentrique observationnelle, réalisée à l’Hôpital Armand

Trousseau (APHP) à Paris, dans le service de maternité de type 3, effectuant plus de 4000

accouchements par an. Les patientes ont été inclues dans l’étude d’avril 2014 à mai 2015, soit une

période de 13 mois d’inclusion. Avant de participer à l’étude, les patientes étaient informées

oralement du déroulement de celle-ci, et pouvaient à tout moment révoquer leur consentement sans

que cela ne modifie leur prise en charge.

Un avis pour validation en tant qu’étude observationnelle a été demandé au CPP IDF 3.

2.2. Critères d’inclusion

Les patientes enceintes, sans antécédent notable, ayant une grossesse d’évolution normale et

arrivant à un terme > 36 SA étaient éligibles pour participer à l’étude.

2.3. Critères d’exclusion

- Refus de la patiente à la participation à l'étude

- Patiente mineure

- Coagulopathie préexistante à la grossesse

- Prise de médicaments interférant avec la coagulation sanguine

- Insuffisance hépato-cellulaire ou rénale

- Patiente privée de liberté par une décision judiciaire ou administrative

- Patiente faisant l’objet de soins psychiatriques

- Patiente majeure faisant l'objet d'une mesure de protection légale

- Absence d’affiliation à la SS, à l’Aide Médicale d’Etat (AME) ou à la Couverture Médicale

Universelle (CMU)

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2.4. Déroulement de l’étude

Pour chaque patiente, 2 prélèvements sanguins ont été réalisés : le premier, avant l’accouchement et

le deuxième, 2 heures après l’accouchement. Chaque prélèvement comportait : une numération

formule sanguine (NFS), la mesure du TP, du TCA et du taux de fibrinogène, ainsi qu’un prélèvement

de 2 ml au maximum pour l’analyse par TEG.

Pour les patientes en travail, admises en salle de naissance, le premier prélèvement a été réalisé à

l’arrivée en salle de naissance. Le suivi du travail et l’accouchement se dérouleraient selon les

procédures locales de service. En l’absence d’HPP, un deuxième prélèvement sanguin a été réalisé

deux heures après l’accouchement, quel que soit le mode d’accouchement (par voie basse ou

césarienne).

Pour les patientes bénéficiant d’une césarienne programmée, le premier prélèvement a été réalisé

juste avant la césarienne, lors de la pose d’une voie veineuse. Le deuxième prélèvement a été réalisé

deux heures après la fin de la césarienne.

Les échantillons de sang étaient prélevés soit lors de la pose d’une voie veineuse périphérique à l’aide

d’un cathlon (ProtectIV® Plus Safety JELCO 18 ou 20G), soit par ponction franche à l’aiguille

(SARSTEDT® Safety-Multifly- Set 23G). Dans les 2 situations, les 2 premiers mL de sang étaient jetés,

puis étaient prélevés dans l’ordre suivant :

- 2 mL de sang dans une seringue sans adjonction d’anticoagulant, pour une analyse par TEG®,

- 2,9 mL de sang pour le TP, TCA, fibrinogène (S-Monovette® citrat-coag, Sarstedt), contenant

une concentration molaire 0,106 de citrate (correspondant à 3,2 % de citrate tri-sodique),

- 2,7 mL de sang pour la NFS (S-Monovette® EDTA, Sarstedt) contenant de l’EDTA K3 avec une

concentration finale de 1,6 mg d’EDTA/mL de sang.

La NFS, la mesure du TP, du TCA et du taux de fibrinogène ont été effectué au laboratoire

d’hémostase et d’hématologie de l’hôpital selon les procédures standards. La NFS a été réalisée sur

automate Sysmex XS®, Siemens, Canada. Les mesures du TP, du TCA et du fibrinogène ont été réalisés

sur automate STA Compact.

L’analyse de la coagulation par Thromboélasotographie était faite par un Thrombelastograph® TEG5000®

(Modèle : Thrombelastograph® (TEG®) Système Hemostasis série 5000, en utilisant le Logiciel Analytique

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TEG (TAS) version 4.2.3). Fabricant: Haemonetics Corporation, Haemoscope division, 6231 W. Howard

Street, Niles, IL 60714, USA.

La machine de TEG était localisée au bloc opératoire, à proximité immédiate de la salle de naissance. Les

anesthésistes avaient préalablement été formés aux modalités de prélèvement et au fonctionnement de

l’analyseur.

Le TEG était localisé au bloc opératoire, à proximité immédiate de la salle de naissance. Les anesthésistes

avaient préalablement été formés aux modalités de prélèvement et au fonctionnement de l’analyseur.

L’analyse était menée par l’anesthésiste en charge de la patiente, sur sang natif (sans adjonction

d’anticoagulant) et selon les directives du fabricant. Deux mL de sang étaient prélevés dans une seringue

lors de la ponction veineuse, puis l’analyse était effectuée dans les 4 minutes suivant le prélèvement, à la

température de 37°C. Deux réactifs étaient utilisés systématiquement : le test Kaolin et le test

Fibrinogène Fonctionnel.

L’analyse était menée par l’anesthésiste en charge de la patiente, sur sang natif (sans adjonction

d’anticoagulant) et selon les directives du fabricant. Trois mL de sang étaient prélevés dans une seringue

lors de la ponction veineuse, puis l’analyse était effectuée dans les 4 minutes suivant le prélèvement, à la

température de 37°C. Deux réactifs étaient utilisés systématiquement : le test Kaolin et le test

Fibrinogène Fonctionnel.

- Test Kaolin : 1 mL de sang était déposé dans le tube de réactif « Kaolin ». Après mélange doux,

360 µL de sang étaient pipetés dans une cupule d’analyse.

- Test FF : 500µL de sang étaient disposés dans le tube de réactif « Functional Fibrinogen

Reagent ». Après mélange doux, 360µL de sang étaient pipetés dans une cupule d’analyse.

La maintenance et les étalonnages réguliers de l’appareil étaient effectués selon les

recommandations du constructeur. Le dispositif, ainsi que les réactifs utilisés, disposent d’un

marquage CE et ont été utilisés conformément à la notice d’utilisation, sans aucune procédure

supplémentaire ou inhabituelle de diagnostic.

2.5. Recueil des données

Paramètres cliniques recueillis

Les données démographiques de la patiente : âge, poids de début et fin de grossesse, taille et

antécédents médico-chirurgicaux.

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Les données obstétricales : parité, gestité, déroulement de la grossesse, dernière valeur des taux

d’hémoglobine et d’hématocrite connues avant l’accouchement.

Les données de l’accouchement actuel : terme, heure et modalités d’accouchement, estimation visuelle

des pertes sanguines par sac de recueil ou par poche d’aspiration chirurgicale, volume des cristalloïdes

administrés.

Paramètres recueillis pour le TEG

-Test Kaolin : valeur des paramètres SP, R, K, G, Angle, amplitude maximale (MA-K), pourcentage de lyse

à 30 et 60 minutes (LY30 et LY60) et vitesse maximale de génération du thrombus en utilisant G (MRTGG-

K).

-Test FF : valeur des paramètres SP, R, K, G, Angle, amplitude maximale (MA-FF), taux de fibrinogène

fonctionnel (FLEV) et vitesse maximale de génération du thrombus en utilisant G (MRTGG-FF).

Paramètres biologiques recueillis

Sur chacun des bilans standards, étaient recueillis le taux d’hémoglobine, l’hématocrite, le taux de

plaquettes, le TP, le TCA et le taux de fibrinogène.

Les pertes sanguines ont été calculées par la méthode du delta d’hématocrite. Grâce à la réalisation

d’une NFS de contrôle entre 24 et 48 heures après l’accouchement, les pertes sanguines totales (PST)

étaient calculées, à partir du calcul du volume sanguin total (VST), de l’hématocrite pré-partum, de

l’hématocrite post-partum et des pertes sanguines compensées. En raison de l’absence de syndrome

hémorragique per-partum, aucune compensation des pertes sanguines n’a été effectuée.

VST = (Poids de base (en Kg)* × 65**) × 1,4***) = Résultat en mL

*Poids de base avant grossesse

** 65 ml/Kg. Cette formule permet le calcul du VST chez une femme de corpulence normale d’après les recommandations

transfusionnelles 66,67

***Correspond aux 40% d’augmentation moyenne du volume sanguin pendant la grossesse 68

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PST= [(Hématocrite prépartum - Hématocrite postpartum) x Volume Sanguin Total x 100/35]*

+ Pertes sanguines Compensées ** = Résultat en mL à 35% d’Hématocrite

* Pertes sanguines non compensées

**Pertes sanguines compensées = nombre de culots globulaires transfusés X 500 mL

(1 culot globulaire = 500 ml de globules rouges à 35 % d’hématocrite)

2.6. Analyse statistique

L’analyse statistique a été réalisée grâce au site internet Biostatgv et au logiciel Statistica.

Les variables quantitatives sont présentées par leur moyenne et écart-types. Les variables

qualitatives sont représentées par leurs effectifs et pourcentages. Les comparaisons entre deux

groupes distincts, comportant des variables quantitatives, ont été effectuées par un test de Student.

Les comparaisons au sein d’un même groupe ont été effectuées par un test de Student apparié. Les

comparaisons entre groupes de variables qualitatives ont été effectuées par le test exact de Fisher.

Les bornes des valeurs de référence calculées sont exprimées soit en 5e-95e percentiles, soit en

moyennes (±2 ET).

Les valeurs de moyennes et d’écart -type des différents paramètres du TEG ont été colligés à partir

de plusieurs études publiées. Une valeur « moyenne » de moyenne et d’écart-type a été calculée

pour l’ensemble de ces études, pondérée par les effectifs de chacune de ces études.

Enfin, un risque alpha de 5 % a été considéré.

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3. RESULTATS

3.1. Population

Parmi les 93 dossiers recensés, 5 patientes ont refusé de participer à l’étude. Quatre-vingt-huit

dossiers ont donc été étudiés et parmi eux :

- Six patientes (soit 7%) ont été exclues en raison de l’apparition d’une hémorragie du post-

partum (HPP)

- Vingt-six patientes (soit 29%) présentaient un dossier incomplet (absence d’un ou plusieurs

bilans biologiques et/ou TEG). Les dossiers incomplets comportaient 9 échecs de

manipulations d’échantillons sanguins, aboutissant à des courbes non interprétables (3

échantillons FF et 6 échantillons Kaolin) et 15 analyses TEG non réalisées, sur l’ensemble de

notre population (soit 152 analyses TEG au total).

- Huit patientes (soit 9%) ont présenté une pré-éclampsie (PE).

Quarante-huit patientes ont donc finalement été inclues dans notre étude. Parmi elles, 28

accouchements se sont déroulés par voie basse (AVB) (soit 58%) et 20 accouchements ont eu lieu par

césarienne (soit 42 %), dont 17 programmées et 3 en urgence (Figure 7).

3.2. Données démographiques et obstétricales

L’ensemble des patientes incluses avaient en moyenne 33,5 ans (±4,5).

La majorité d’entre elles était 2eme geste (42%) et 61% étaient nullipares ou primipares (Figure 8).

L’Indice de Masse Corporelle (IMC) avant grossesse était compris entre 18 et 24,9 Kg/m2 pour une

majorité des patientes (71%, soit n=34).

Le principal antécédent obstétrical retrouvé chez les patientes était la présence d’un utérus uni ou

pluri-cicatriciel, notamment dans le groupe « Césariennes ».

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Le terme de l’accouchement était compris entre 36 et 38+6 SA dans 29% des cas et compris entre 39

et 40+6 SA dans 63% des cas. Enfin, 6% des accouchements étaient dits « post-matures », c’est-à-dire

à un terme supérieur ou égal à 41 SA.

Figure 7 : Diagramme de flux de la population étudiée

Figure 8 : Répartition de la gestité et de la parité au sein de notre population

27%

34%

21%

10%2% 2% 4%

Parité

P0 P1 P2 P3 P4 P5 P6

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Le dernier taux d’hémoglobine de l’échantillon avant l’accouchement était en moyenne de 11,6g/dL

(±1,1) et le taux d’hématocrite était en moyenne de 34% (±0,8).

Le saignement estimé visuellement était physiologique quel que soit le mode d’accouchement, c’est-

à-dire < à 500mL pour les AVB et < à 1000mL pour les césariennes. Les patientes ayant des pertes

sanguines supérieures à ces volumes étaient exclues de l’étude, car considérées comme ayant une

HPP.

Il n’existait pas de différence pour le calcul des pertes sanguines totales entre les deux groupes avec

309mL (±503) en moyenne pour le groupe « AVB » contre 150mL (±400) en moyenne pour le groupe

« Césariennes » (p=0,243).

Le remplissage vasculaire était effectué par des cristalloïdes (Ringer Lactate® majoritairement) avec

un volume moyen de 1072mL (±350) pour le groupe « AVB » et de 1420mL (±290) pour le groupe

« Césariennes ».

La comparaison des données démographiques et obstétricales entre les patientes du groupe « AVB »

et du groupe « Césariennes » montre une différence pour l’antécédent d’utérus cicatriciel (p=0,001),

le terme de la grossesse (p=0,004) et pour le volume de remplissage administré (p=0,0007)

(Tableau 1).

AVB (n=28) Césariennes (n=20) p

Age (ans) 33 (±4) 35 (±4) 0,117

Poids avant G (Kg) 60 (±8) 66 (±13) 0,06

Poids fin G (Kg) 72 (±9) 77 (±12) 0,141

IMC (Kg/m2) 21,8 (±3) 24 (±4,6) 0,066

Utérus cicatriciel 4 (14%) 12 (60%) 0,001*

Terme (SA) 39+3 (±1) 38+2 (±1) 0,004*

Dernière Hb (g/dL) 11,7 (±1) 11,4 (±1,2) 0,509

Remplissage (mL) 1072 (±350) 1420 (±290) 0,0007*

Pertes sanguines calculées (mL) 309 (±503) 150 (±400) 0,243

Tableau 1 : Comparaison des données démographiques entre le groupe « AVB » et le

groupe « Césariennes » *p<0,05

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3.3. Données de biologie standard

Avant accouchement :

Sur la NFS, la moyenne du taux d’Hb était de 11,7g/dL (±1,2), la moyenne du taux d’Ht était de 34,4%

(±3) et la moyenne du taux de plaquettes était d’environ 209 000/mm3 (±67 000). Sur le bilan

d’hémostase, la moyenne du TP était de 103% (±11), la moyenne du TCA était de 0,88 (±0,1) et la

moyenne du taux de fibrinogène était de 4,5g/L (±0,8).

Après accouchement :

Sur la NFS, la moyenne du taux d’Hb était de 11,4g/dL (±1,2), la moyenne du taux d’Ht était de 33,3%

(±3) et la moyenne du taux de plaquettes était d’environ 201 000/mm3 (±69 000). Sur le bilan

d’hémostase, la moyenne du TP était de 98% (±10), la moyenne du TCA était de 0,92 (±0,08) et la

moyenne du taux de fibrinogène était de 4,3g/L (±0,7).

Bilan à H24 :

La moyenne du taux d’Hb était de 10,8g/dL (±1,2), la moyenne du taux d’Ht était de 31,8% (±3) et la

moyenne du taux de plaquettes était de 203 000/mm3 (±72 000).

La comparaison entre les bilans standards pré et post-partum ne montre pas de différence hormis

une baisse modérée du TP en post-partum (p=0,03) (Tableau 2).

AVANT APRES p

Hb (g/dL) 11,7 (±1,2) 11,4 (±1,2) 0,20

Ht (%) 34,4 (±3) 33,3(±3) 0,09

Plaq (/mm3) 209 000 (±67 000) 201 000 (±69 000) 0,54

TP (%) 103 (±11) 98 (±10) 0,03*

TCA 0,88 (±0,1) 0,92 (±0,08) 0,06

Fib (g/L) 4,5 (±0,8) 4,3 (±0,7) 0,15

Tableau 2 : Comparaison des bilans biologiques pré et post-partum

*p<0,05

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3.4. Données thromboélastographiques

Pour l’ensemble de l’échantillon de population étudié, nous avons calculé les moyennes et écart-

types des différents paramètres TEG, en fonction du réactif utilisé. A partir de ces résultats, nous

avons ensuite déterminé les bornes de référence, exprimées du 5e au 95e percentile. L’ensemble de

ces données est présenté dans le tableau 3.

Moyenne Ecart-type BORNES 2ET BORNES

(5e - 95e p.)

Réa

ctif

FF

FLEV 5,9 0,9 4,2-7,6 4,8-7,1

SP 1,8 1,1 0-4,0 0,5-2,9

R 2,7 1,5 0-5,6 0,8-5,6

K 3,7 1,9 0-7,5 1,2-7,7

Angle 53,9 12,0 30,0-77,9 34,1-74,5

MA 32,3 4,8 22,8-41,8 26,1-38,9

G 2,4 0,5 1,4-3,5 1,8-3,2

LY30 0,0 0,1 0-0,2 0-0

LY60 0,1 0,4 0-0,8 0-0

MRTGG 4,4 2,2 0-8,9 1,8-9,4

Moyenne Ecart-type BORNES 2ET BORNES

(5e - 95e p.)

Réa

ctif

Ka

olin

SP 4,7 1,9 0,9-8,4 1,5-8,3

R 5,4 2,0 1,5-9,3 2,2-8,8

K 1,4 0,4 0,7-2,1 1,0-2,1

Angle 70,5 4,2 62,0-78,9 63,5-76,6

MA 73,7 3,6 66,5-80,9 66,2-79,3

G 14,4 2,6 9,2-19,5 9,8-19,1

LY30 0,4 0,9 0-2,2 0-3,0

LY60 1,9 2,0 0-5,8 0-6,7

MRTGG 13,0 3,3 6,5-19,6 8,7-19,1

Tableau 3 : Bornes de référence des paramètres de TEG en pré-partum (5e-95e percentiles),

établies en fonction des moyennes et écart-types (ET) observés

Afin de comparer nos résultats aux données de la littérature, nous avons répertorié les études

portant sur les normes des paramètres TEG durant le 3e trimestre de la grossesse. Aucune étude n’a

établi de normes pour les paramètres du test FF en contexte obstétrical. En revanche, nous avons

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trouvé 8 travaux ayant déterminé des valeurs de référence pour le test Kaolin (Annexe 6). Le tableau

suivant présente les moyennes et écart-types des différents paramètres TEG pour le test Kaolin,

calculés à partir des 8 études précitées (Pool d’études), ainsi que les résultats de notre étude à

Trousseau (Tableau 4). Nous pouvons observer qu’aucun travail n’a étudié jusqu’à présent le

paramètre MRTGG.

Nous avons ensuite calculé les moyennes et écart-types globaux pour l’ensemble des études

(Trousseau + Pool) pour obtenir des valeurs de référence les plus représentatives possibles. Ces

dernières sont présentées dans le tableau 5 avec les normes de volontaires sains hors grossesse,

fournies par le constructeur.

SP R K Angle MA LY30 LY60 MRTGG

Trousseau 2015

0,9 - 8,5 1,4 - 9,4 0,6 - 2,2 62,1 - 78,9 66,5 - 80,9 0 - 2,2 0 - 5,9 6,4 - 19,6

Pool d’études (n=8)

1,2 - 9,6 1,7 - 10,5 0,2 - 3,6 47,9 - 81,5 64,4 - 83 -6,1 - 8,3 -0,9 - 6,3 -

SP R K Angle MA LY30 LY60 MRTGG

Trousseau + Pool

1,1 - 9,1 1,7 - 10,4 0,2 - 3,4 49,5 - 81,3 64,6 - 82,8 0 - 6,3 0 - 6,1 6,4 - 19,6

Constructeur - 4 - 8 0 - 4 47 - 74 54 -72 0 - 8 0 - 15 -

Tableaux 4 et 5 : Valeurs de référence en moyennes et écart-types

pour les paramètres TEG du test Kaolin

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4. ANALYSE DES DONNEES DE TEG

4.1. Comparaison des TEG pré et post-partum

4.1.1. Au sein de l’ensemble de l’échantillon

Pour les paramètres du test FF, la comparaison pré et post-partum au sein de notre échantillon ne

montre pas de différence.

Pour les paramètres du test Kaolin, la comparaison montre une baisse du K (p=0,002), une

augmentation de l’angle (p=0,01) et une augmentation du MRTGG (p=0,0002).

L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau 6.

AVANT APRES p

Moyenne Ecart-type Moyenne Ecart-type

Réa

ctif

FF

FLEV 5,9 0,9 5,9 0,8 0,96

SP 1,8 1,1 1,8 1,2 0,77

R 2,7 1,5 2,7 1,5 0,95

K 3,7 1,9 3,5 2,2 0,59

Angle 53,9 12,0 55,4 11,4 0,44

MA 32,3 4,8 32,4 4,7 0,96

G 2,4 0,5 2,4 0,5 0,91

LY30 0,0 0,1 0,0 0,0 0,32

LY60 0,1 0,4 0,0 0,0 0,32

MRTGG 4,4 2,2 4,7 2,1 0,52

Réa

ctif

Ka

olin

SP 4,7 1,9 4,1 1,4 0,10

R 5,4 2,0 4,8 1,3 0,08

K 1,4 0,4 1,2 0,3 0,002*

Angle 70,5 4,2 72,5 4,5 0,01*

MA 73,7 3,6 74,4 4,6 0,19

G 14,4 2,6 15,1 3,4 0,07

LY30 0,4 0,9 0,2 0,4 0,05

LY60 1,9 2,0 1,5 1,4 0,10

MRTGG 13,0 3,3 15,4 4,4 0,0002*

Tableau 6 : Comparaison des paramètres TEG avant et après accouchement

au sein de notre population (n=48)

*p<0,05

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4.1.2. Au sein du groupe « AVB »

Pour les paramètres du test FF, la comparaison pré et post-partum au sein du groupe « AVB » ne

montre pas de différence.

Pour les paramètres du test Kaolin, la comparaison pré et post-partum montre une baisse

significative des paramètres SP (p=0,03), R (p=0,004) et K (p=0,0008) après accouchement. De plus, il

existait une augmentation de l’angle (p=0,009) et du MRTGG (p=0 ,001) en post-partum par rapport

au TEG initial. Enfin, les paramètres LY30 et L60 étaient plus petits après accouchement (p=0,03 et

p=0,02, respectivement).

L’ensemble des résultats est colligé dans le tableau 7.

AVANT APRES p

Réa

ctif

FF

FLEV 5,8 (±0,8) 5,7 (±0,9) 0,13

SP 1,7 (±1,4) 1,7 (±1,4) 0,87

R 2,7 (±1,8) 2,5 (±1,7) 0,51

K 3,7 (±1,9) 3,6 (±2,7) 0,77

Angle 53,5 (±14,3) 56,6 (±12,7) 0,17

MA 32,0 (±4,4) 31,3 (±4,9) 0,34

G 2,3 (±0,5) 2,3 (±0,5) 0,39

LY30 0,02 (±0,1) 0 0,32

LY60 0,09 (±0,5) 0 0,32

MRTGG 4,4 (±2,6) 4,9 (±2,4) 0,18

Réa

ctif

Ka

olin

SP 4,9 (±2,4) 3,8 (±1,5) 0,03*

R 6,1 (±2,0) 4,8 (±1,0) 0,004*

K 1,5 (±0,3) 1,2 (±0,2) 0,0008*

Angle 67,8 (±5,4) 71,5 (±5,3) 0,009*

MA 73,7 (±3,5) 74,7 (±4,2) 0,13

G 14,3 (±2,6) 15,3 (±3,1) 0,07

LY30 0,5 (±1,0) 0,1 (±0,3) 0,03*

LY60 2,2 (±1,9) 1,5 (± 1,2) 0,02*

MRTGG 13,0 (±3,5) 15,5 (±3,9) 0,001*

Tableau 7 : Comparaison des paramètres TEG pré et post-partum

pour le groupe « AVB » (n=28)

*p<0,05

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4.1.3. Au sein du groupe « Césariennes »

Pour les paramètres du test FF, la comparaison pré et post-partum au sein du groupe « Césariennes »

ne montre pas de différence.

Pour les paramètres du test Kaolin, la comparaison pré et post-partum montre une augmentation du

MRTGG (p=0,04).

L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau 8.

AVANT APRES p

Réa

ctif

FF

FLEV 5,9 (±0,9) 6,1 (±0,7) 0,41

SP 1,6 (±0,5) 1,9 (±0,8) 0,34

R 2,6 (±0,8) 2,8 (±1,1) 0,51

K 3,5 (±1,9) 3,2 (±1,1) 0,65

Angle 53,9 (±9,5) 53,6 (±9,3) 0,92

MA 32,6(±5,3) 33,8 (±4,0) 0,35

G 2,4 (±0,5) 2,5 (±0,4) 0,36

LY30 0 0 1

LY60 0 0 1

MRTGG 4,4 (±1,6) 4,1 (±1,4) 0,67

Réa

ctif

Ka

olin

SP 3,2 (±1,6) 4,2 (±1,6) 0,06

R 4,4 (±1,3) 4,8 (±1,7) 0,34

K 1,2 (±0,2) 1,2 (± 0,3) 1

Angle 70,2 (±7,1) 72,6 (±5,0) 0,14

MA 73,6 (±3,7) 73,9 (±5,1) 0,78

G 14,3 (±2,6) 14,8 (±3,6) 0,46

LY30 0,2 (±0,6) 0,2 (±0,4) 0,78

LY60 1,4 (±1,8) 1,4 (±1,7) 0,81

MRTGG 13,0 (±2,9) 15,1 (±4,9) 0,04*

Tableau 8 : Comparaison entre les paramètres TEG pré et post-partum pour le groupe « Césariennes » (n=20)

*p<0,05

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4.2. Comparaison des groupes « AVB » et « Césariennes »

4.2.1. TEG pré-partum

Pour les paramètres du test FF avant accouchement, la comparaison entre les groupes « AVB » et

« Césariennes » ne montre pas de différence.

Pour les paramètres du test Kaolin, la comparaison entre les groupes montre une différence pour les

paramètres SP (p=0,008), R (p=0 ,0008), K (p=0,002) et angle (p=0,0007).

L’ensemble des résultats est colligé dans le tableau 9.

AVB (n=28) CESARIENNES (n=20) p

Réa

ctif

FF

FLEV 5,8 (±0,8) 5,9 (±0,9) 0,63

SP 1,7 (±1,4) 1,6 (±0,5) 0,55

R 2,7 (±1,8) 2,6 (±0,8) 0,74

K 3,7 (±1,9) 3,5 (±1,9) 0,67

ANGLE 53,5 (±14,3) 53,9 (±9,5) 0,99

MA 32,0 (±4,4) 32,6 (±5,3) 0,67

G 2,3 (±0,5) 2,4 (±0,5) 0,63

LY30 0,02 (±0,1) 0 0,32

LY60 0,09 (±0,5) 0 0,32

MRTGG 4,4 (±2,6) 4,4 (±1,6) 0,94

Réa

ctif

Ka

olin

SP 4,9 (±2,4) 3,2 (±1,6) 0,008*

R 6,1 (±2,0) 4,4 (±1,3) 0,0008*

K 1,5 (±0,3) 1,2 (±0,2) 0,002*

ANGLE 67,8 (±4,2) 70,2 (±7,1) 0,0007*

MA 73,7 (±3,5) 73,6 (±3,7) 0,97

G 14,3 (±2,6) 14,3 (±2,6) 0,99

LY30 0,5 (±1,0) 0,2 (±0,6) 0,31

LY60 2,2 (±1,9) 1,4 (±1,8) 0,14

MRTGG 13,0 (±3,5) 13,0 (±2,9) 0,96

Tableau 9 : Comparaison des paramètres TEG pré-partum entre les 2 groupes

*p<0,05

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4.2.2. TEG post-partum

Quel que soit le test réalisé, la comparaison entre les groupes « AVB » et « Césariennes » ne montre

pas de différence pour les paramètres TEG en post-partum.

L’ensemble des résultats est présenté dans le tableau 10.

AVB (n=28) CESARIENNES (n=20) p

Réa

ctif

FF

FLEV 5,7 (±0,9) 6,1 (±0,7) 0,06

SP 1,7 (±1,4) 1,9 (±0,8) 0,53

R 2,5 (±1,7) 2,8 (±1,1) 0,49

K 3,6 (±2,7) 3,2 (±1,1) 0,51

ANGLE 56,6 (±12,7) 53,6 (±9,3) 0,34

MA 31,3 (±4,9) 33,8 (±4,0) 0,06

G 2,3 (±0,5) 2,5 (±0,4) 0,06

LY30 0 0 1

LY60 0 0 1

MRTGG 4,9 (±2,4) 4,1 (±1,4) 0,16

Réa

ctif

Ka

olin

SP 3,8 (±1,5) 4,2 (±1,6) 0,41

R 4,8 (±1,0) 4,8 (±1,7) 0,97

K 1,2 (±0,2) 1,2 (± 0,3) 0,74

ANGLE 71,5 (±5,3) 72,6 (±5,0) 0,85

MA 74,7 (±4,2) 73,9 (±5,1) 0,56

G 15,3 (±3,1) 14,8 (±3,6) 0,65

LY30 0,1 (±0,3) 0,2 (±0,3) 0,47

LY60 1,5 (± 1,2) 1,4 (±1,7) 0,83

MRTGG 15,5 (±3,9) 15,1 (±4,9) 0,78

Tableau 10 : Comparaison du TEG post-partum entre les 2 groupes

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5. DISCUSSION

L’objectif principal de notre étude était d’établir des valeurs de référence pour les paramètres de

TEG (FF et Kaolin) pour les grossesses normales à terme chez des femmes sans antécédent. L’intérêt

de ce travail est de connaître les valeurs normales de TEG pour pouvoir mieux interpréter des tracés

pathologiques de TEG, en particulier en cas d’HPP.

L’état d’hypercoagulabilité de la fin de grossesse est une notion connue depuis des dizaines d’années

grâce aux examens de biologie réalisés en laboratoire d’hémostase8–10,69. Plus récemment,

l’utilisation de méthodes délocalisées d’évaluation de l’hémostase telles que le TEG s’est développée

en contexte obstétrical. Le statut pro-coagulant de la grossesse a alors été confirmé, avec une

modification significative des valeurs de paramètres de TEG des parturientes par rapport à celles des

volontaires sains70–72 (Annexe 8). En effet, plusieurs études se sont attachées à mettre en évidence

cet état procoagulant à l’approche de l’accouchement en étudiant les paramètres TEG de

parturientes en bonne santé et arrivant à terme. Qu’il soit réalisé sur sang total ou sur sang citraté,

ce test a permis de montrer une initiation de la formation plus rapide et une augmentation de la

force du caillot, par rapport aux données thromboélastographiques standards établies à partir de

volontaires sains en dehors du contexte obstétrical. Ainsi, dans une étude menée par Karlsson et al.

en 201256, 45 patientes en bonne santé ont bénéficié d’une évaluation de leur statut de coagulation

en fin de grossesse par TEG (réactif Kaolin) sur sang total. Ont été observées une diminution des

paramètres R et K (exprimés en minutes), témoignant d’une accélération de la formation initiale du

caillot, ainsi qu’une augmentation de l’angle et de l’amplitude maximale, témoignant d’une

augmentation de la force viscoélastique du caillot et enfin une diminution du paramètre LY30,

attestant de la diminution de la fibrinolyse physiologique.

A partir des résultats de TEG observés dans notre travail, nous avons délimité des valeurs normales

pour les différents paramètres de TEG juste avant l’accouchement, quel qu’en soit le mode. Elles sont

présentées dans le tableau 3 sous forme d’intervalle 5e-95e percentiles. Nous avons ensuite regroupé

les études ayant travaillé sur les normes de TEG des parturientes en fin de grossesse afin de faire un

« état des lieux » des données de la littérature actuelle. Nous avons calculé les moyennes et écart-

types globaux de ce pool d’études, après avoir pondéré chaque valeur sur l’effectif de patients inclus.

Les bornes des différents paramètres semblent comparables, même si celles établies à partir de

notre échantillon sont plus resserrées. En effet, nos valeurs s’intègrent dans les bornes calculées

pour le pool d’études. Cette donnée peut être expliquée par une plus grande homogénéité des

termes des parturientes notre étude par rapport aux termes observés dans les études poolées. Ces

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dernières ont inclus des patientes avec des termes variables au sein du 3e trimestre de la grossesse,

alors que les patientes de Trousseau étaient incluses juste avant leur accouchement. Notre

population est ainsi plus homogène et cette caractéristique s’illustre probablement dans le calcul des

bornes de référence de TEG.

Enfin, afin d’obtenir des valeurs représentatives du 3e trimestre de la grossesse, nous avons ensuite

regroupé les résultats de notre étude à Trousseau et les résultats du pool d’études. Lorsque l’on met

en relation ces bornes de valeurs avec les bornes fournies par le constructeur et basées sur des

volontaires sains73, on constate un profil hypercoagulable avec principalement une augmentation de

l’angle α et du MA, témoins d’une augmentation de la force visco-élastique du caillot. Les autres

paramètres semblent comparables, même si on observe une tendance à une initiation de la

formation du caillot plus rapide avec un paramètre R plus court. Ces résultats confortent donc les

données de la littérature sur le statut pro-coagulant de la fin de grossesse, mis en évidence par le

thromboélastogramme.

Cependant, la totalité des études sur le TEG menées en obstétrique se base sur le test Kaolin

uniquement. L’absence d’analyse en présence de réactif FF dans les études nord-américaines est

expliquée par la non disponibilité de ce réactif. Les seules études intégrant des analyses TEG avec le

réactif FF concernent principalement les patients polytraumatisés et ont été réalisées dans les pays

scandinaves74,75. Il n’existe par conséquent pas, à notre connaissance, d’étude ayant déterminé de

normes pour ces deux paramètres issus de l’étude après réactif FF pour les femmes enceintes à

terme.

Dans notre étude, nous avons pu déterminer des bornes de valeurs de paramètres TEG en utilisant à

la fois le réactif Kaolin et le réactif FF sur sang natif. Ainsi, nous apportons une donnée

supplémentaire par rapport aux données actuelles de la littérature puisque nous avons étudié le

paramètre FLEV, correspondant au fibrinogène fonctionnel, et le paramètre MRTGG, correspondant

à la vitesse maximale de formation du thrombus. Nous avons donc pu ainsi contribuer à déterminer

une valeur de référence pour les grossesses physiologiques menées à terme pour les paramètres

FLEV et MRTGG. Les bornes de valeurs normales pour le FLEV étaient dans notre travail de (4,8-7,1),

celles du MRTGG FF de (1,8-9,4) et celles du MRTGG K de (8,7-19,1).

Ces éléments pourraient constituer des outils majeurs dans la prise en charge des HPP et des

coagulopathies associées, compte tenu de la rapidité des délais d’obtention des résultats. En effet,

dans des travaux menés récemment au sein de l’hôpital Trousseau et présentés à l’ASA en 201365,76,

les délais d’obtention de ces paramètres étaient en moyenne de 3min(±3) pour le MRTGG FF, de

8min(±3) pour le MRTGG K et de 18 min(±9) pour le FLEV. En outre, une valeur de MRTGG FF < à 0,9

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est prédictive d’un taux de fibrinogène mesuré par la méthode de Clauss inférieur à 2g/L, seuil admis

pour définir la sévérité d’une HPP de manière précoce18,19. Le FLEV était également corrélé au taux de

fibrinogène (R²=0.6; p<0.001). Le MRTGG K était quant à lui corrélé à la prédiction d’une

thrombopénie < 80 000/mm3 ou d’une hypofibrinogénémie < 2 g/L 76.

Afin de rechercher une éventuelle influence de la voie d’accouchement sur les résultats de TEG, nous

avons comparé les valeurs TEG pré et post-partum des groupes « AVB » et « Césariennes ». Lors du

TEG pré-partum, on observe une différence significative pour le SP (p=0,008), le R (p=0 ,0008), le K

(p=0,002) et l’angle (p=0,0007) du réactif Kaolin, avec des valeurs plus grandes pour le groupe AVB

par rapport au groupe « Césariennes ». Ce résultat suggèrerait que le délai de formation du caillot

serait plus long pour les patientes qui vont a priori accoucher par voie basse et qu’elles sont donc

moins hypercoagulables que les patientes qui vont bénéficier d’une césarienne. Même si cette

différence est significative d’un point de vue statistique, la pertinence clinique de ce résultat ne

semble pas évidente et les valeurs des paramètres TEG restent dans tous les cas dans les normes

établies. Aucune donnée de la littérature ne permet d’interpréter cette différence statistique. En

revanche, lors du TEG post-partum, cette différence entre les 2 groupes n’existe plus, attestant d’un

état pro-coagulant semblable après accouchement par voie basse et par césarienne.

Au sein du groupe « AVB », nos résultats suggèrent une majoration de l’état pro-coagulant entre la

période pré-partum et la période post-partum immédiat (2 heures). Les paramètres reflétant le délai

d’initiation du caillot sont plus courts, l’amplitude maximale et le MRTGG sont plus grands et la lyse

du caillot est moins marquée. Ces résultats n’ont été observés que pour le réactif Kaolin et non pour

le réactif FF. Cette différence de résultats entre les deux réactifs pourrait être expliquée par les

différents activateurs de la cascade de coagulation en présence pour chacun des deux tests. En effet,

le test Kaolin permet une exploration globale de la coagulation après activation de celle-ci par le

kaolin, alors que le test FF permet une évaluation de la viscoélasticité du caillot après activation de la

voie extrinsèque par l’ajout de facteur tissulaire (FT) et inhibition de l’agrégation plaquettaire par

l’abciximab. Ainsi, la présence du FT comme activateur pour le test FF et sa libération physiologique

d’origine placentaire après la délivrance, si elle n’empêche pas la mise en évidence d’une différence

entre les paramètres pré et post partum pour le test Kaolin, conduit par sa présence en excès pour le

test FF à expliquer l’absence de différence entre les paramètres pré et post partum pour ce dernier.

Dans notre échantillon, au sein du groupe « Césariennes », l’hypercoagulabilité post-partum parait

semblable à celle constatée avant l’accouchement. La réalisation d’une césarienne n’augmenterait

donc pas significativement l’état procoagulant de la fin de la grossesse. Ce résultat est en accord avec

les conclusions d’une étude de Butwick et al. dans laquelle les paramètres TEG n’étaient pas modifiés

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au cours des césariennes programmées sans hémorragie du post-partum57. L’objet de ce travail était

d’évaluer le retentissement sur la coagulation, explorée par TEG, d’une expansion volémique par

cristalloïde versus colloïde au cours d’une césarienne. Aucun effet significatif sur la coagulation avec

TEG n’avait été observé suite à une précharge de 1500mL de cristalloïdes. L’administration de

colloïde avait eu en revanche des effets significatifs sur les paramètres de TEG, bien que ceux-ci

soient restés dans une marge de référence normale. Nos résultats sont similaires à ces conclusions

puisque les patientes ayant eu le plus grand volume de cristalloïde, à savoir les césariennes, n’ont pas

présenté de modifications notables après accouchement. Par ailleurs, aucune de nos patientes n’a

bénéficié de remplissage par colloïde au cours de l’étude. Ces données sur l’influence de la

césarienne restent cependant un sujet de controverse puisque Boyce et al. ont récemment montré

qu’il existait une diminution des paramètres R et K et une augmentation de l’angle α après

césarienne par rapport aux valeurs pré-opératoires77.

Concernant les limites de notre étude, nous pouvons soulever la question de la faisabilité du TEG en

pratique courante dans une salle de naissance. Outre la problématique de la formation initiale des

équipes, c’est la technique même du TEG qui peut en limiter l’utilisation. Les prélèvements sanguins

dans notre protocole étaient réalisés sur tube sec et devaient donc être techniqués dans les 4

minutes suivant la ponction veineuse, comme le préconise le fabriquant. Contrairement au recueil

sanguin sur des tubes citratés qui permettent une analyse dans l’heure suivant la ponction, cette

méthode nécessite une bonne coordination des intervenants afin d’obtenir une analyse fiable des

TEG. Le Département d’Anesthésie de Trousseau a fait le choix de réaliser les TEG sur sang non

citraté puisque les machines de TEG sont situées au sein du bloc opératoire, à proximité de la salle

de naissance de l’Hôpital. Ce choix s’explique également par les délais plus courts d’obtention des

résultats de TEG, puisque l’on s’affranchit des délais d’acheminement jusqu’au laboratoire (éloigné

géographiquement) et de l’attente éventuelle pour qu’un technicien soit disponible. En pratique, ce

délai limité de 4 minutes n’entrave pas ou très peu la réalisation des TEG au sein du service.

Cependant, parmi les dossiers exclus de notre étude, certains présentaient des courbes de TEG non

interprétables. Ces résultats proviennent probablement d’une mauvaise manipulation des

prélèvements. Ce problème technique a déjà été reporté dans plusieurs travaux61,78. Il est donc

primordial que les opérateurs soient formés à la technique et qu’ils utilisent le matériel en pratique

courante. Par ailleurs, La connaissance de ce problème par les anesthésistes est nécessaire, afin

d’identifier les courbes de TEG resultant d’une erreur de manipulation et de ne pas aboutir à des

interprétations fausses.

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La fiabilité et la reproductibilité des mesures peuvent être une autre limite de ce travail. En effet, les

conclusions de la littérature sur la supériorité d’un monitorage délocalisé d’hémostase par rapport à

un autre, à savoir le TEG ou le ROTEM, sont très variables. Quelle que soit la machine utilisée, il existe

une certaine variabilité inter-individuelle des résultats, comme en attestent les conclusions de

l’étude UK NEQAS43. Cette dernière montre que la variabilité des résultats du TEG semble moindre

que celle des résultats du par ROTEM. Cependant, dans une étude récente, Anderson et al. suggèrent

que les analyses par ROTEM semblent plus reproductibles que celles par TEG, avec des coefficients

de variation inter et intra-opérateur significativement plus faibles pour le ROTEM79. Cette variabilité

inter-individuelle représente probablement le prix à payer pour un monitorage délocalisé

d’évaluation de l’hémostase, dont l’atout majeur est la rapidité d’obtention des résultats. Dans le

contexte obstétrical, et a fortiori dans un contexte d’HPP, on comprend bien l’importance du délai de

prise en charge des complications à type de coagulopathies. Ainsi, ces méthodes délocalisées sont

certes moins reproductibles que les tests d’hémostase au laboratoire, mais elles ont l’avantage non

négligeable de donner des résultats pertinents sur le plan clinique dans des délais très courts.

Enfin, une des limites de notre étude réside dans le faible effectif de patientes incluses. De nouvelles

études sont donc nécessaires pour valider ces premiers résultats, en particulier les valeurs des

paramètres TEG issus du réactif FF ainsi que les normes des paramètres MRTGG pour les deux

réactifs. Néanmoins, la perspective de disposer des valeurs normales des paramètres TEG dans le

cadre du 3ème trimestre de la grossesse non compliquée, ouvre le champ d’une meilleure

interprétation des troubles de la coagulation dans le cadre des pathologies sévères du péri-partum

comme l’HPP ou la pré-éclampsie sévère.

Complémentaires et toujours réalisés parallèlement aux tests biologiques conventionnels, les

paramètres issus de la thromboélastographie offrent en effet l’immense intérêt de fournir une

première orientation diagnostique dans des délais beaucoup plus courts, permettant ainsi

d’optimiser la prise en charge des patientes à risque de coagulopathies.

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6. CONCLUSION

Jusqu’à présent, l’hypercoagulabilité de la fin de grossesse n’était pas prise en compte pour la

définition des valeurs de référence des paramètres de TEG fournies par le constructeur, car elles

étaient extrapolées de volontaires sains hors grossesse. Il paraissait donc indispensable de

déterminer des bornes de paramètres de TEG adaptées à cet état pro-coagulant, caractéristique des

modifications physiologiques de l’organisme maternel au cours de la grossesse.

Les résultats de notre étude ont contribué à établir des valeurs de référence pour les grossesses non

compliquées arrivant à terme. Ces valeurs attestent de l’état d‘hypercoagulabilité à l’approche du

terme : elles sont en accord avec les données de la littérature, tout en les complétant par l’étude des

paramètres FLEV et MRTGG qui semblent être des outils intéressants dans le diagnostic précoce des

coagulopathies associées aux HPP. Par ailleurs, la comparaison des TEG pré et post-partum au sein de

notre population montre une majoration de l’état procoagulant après l’accouchement.

Cette contribution à la définition des bornes de référence pour les paramètres TEG au cours des

grossesses normales à terme pourrait permettre d’améliorer la prise en charge des patientes

suspectes de coagulopathie au cours des HPP. L’identification rapide de tracés et de valeurs

pathologiques lors de l’analyse TEG pourrait permettre d’adapter au plus vite les thérapeutiques,

notamment l’administration de produits sanguins, et ainsi contribuer à faire diminuer la morbi-

mortalité de cette complication obstétricale.

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ANNEXES

Annexe 1 : Les facteurs de coagulation

Annexe 2 : Les voies de la coagulation : voies intrinsèque et extrinsèque

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Annexe 3 : La coagulation in vivo

Annexe 4 : La fibrinoformation

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Annexe 5 : Les inhibiteurs de la coagulation

AT : antithrombine – TFPI : inhibiteur de la voie du facteur tissulaire – PC/PS : protéines C et S

Annexe 6 : Exemples de tracés de TEG

Tracé normal

30 min

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Tracé hypocoagulable

Tracé prothrombotique

30 min

30 min

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Tracé fibrinolytique

30 min

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Annexe 6 : Etudes portant sur les normes de paramètres de TEG pour le test Kaolin en fin de grossesse

n

SP R K angle MA LY30 LY60 MRTGG

moy ET moy ET moy ET moy ET moy ET moy ET moy ET moy ET

Sharma 2013 : non obèse 24 11,2 3,2 3,7 2 48 11,2 68,4 5,8

obèse 24 5,5 2,2 1,6 0,45 66,1 6,4 77 3,9

Butwick 2011 52 5,4 2,1 69,9 3

Polak 2011 60 4,75 1,74 1,48 0,45 69,58 5,52 71,33 4,45 2,68 1,8

Macafee 2012 50 7 3 2 0,9 64,8 8,6 75,4 5,4 1,6 3,6

Davies 2007 93 4,5 1,8 1,4 0,5 70 9 73 5

Karlsson 2012 38 8,4 2,2 61,6 68,5 0,3

Fassoulaki 2013 52 5,7 1,9 2,1 0,9 58,6 9,1 85,1 4,6

Karlsson 2014 49 6,3 1,8 65,2 72,9 1,5

Trousseau 2015 48 4,7 1,9 5,4 2,0 1,4 0,4 70,5 4,2 73,7 3,6 0,4 0,9 1,9 2 13 3,3

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