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CHAPITRE I : LES MEMOIRES DE LA SGM EN FRANCE - LECTURE HISTORIQUE Quelles mémoires la Seconde Guerre mondiale a-t-elle produites et comment se sont-elles élaborées ? Dans quelle mesure la Seconde Guerre mondiale constitue-t-elle un enjeu de mémoire ? Comment les historiens ont-ils replacé ces mémoires dans l'analyse historique ? Comment a Sgm deviennent-elles des objets d'histoire ? I. Histoire et mémoire : des rapports à la fois complexes et nécessaires A. Le sens des mots Pierre Nora “Entre mémoire et Histoire. la problématique des lieux” in Les lieux de mémoire Henry Russo Le syndrôme de Vichy, de 1944 à nos jours, 1987-1990 Mémoire : - individuelle = le souvenir du vécu Fonction de cohésion sociale = peut devenir 1 groupe mémoriel et les repères mémoriels se transmettent au long du tps == nourrit représentations Patrimoine vivant = inscrite dans le présent + sélective, faillible, ancrée dans l’affectif Perçue comme 1 discipline de l’histoire—généralisation au point de parler de « devoir de mémoire » au lieu de « devoir d’histoire » Presse alimente débat mémoriel + crée lien consubstantiel entre mémoire et présent Nora : « Le 20 ème siècle apparaît comme un moment-histoire en France » Histoire : - science sociale collective Honnêteté intellectuelle = ne prétend pas atteindre la vérité absolue, mais une parcelle de vérité Historien prend parti selon ses opinions Nora : « une reconstruction problématique et incomplète de ce qui n’est plus » Révisionnisme et négationnisme : - se nourrissent du complotionisme Reconstruction parcellaire et orientée par volonté d’accéder à une certaine vérité donne lieu à ces deux courants (loi Gayssot 1990 = loi mémorielle contre les négationnistes des crimes contre l’humanité – critiqué par les historiens qui considèrent ne connaître aucun tabou dans leur enquête) Transforment la mémoire par la lecture critique de l’histoire Relation de méfiance entre histoire et mémoire. Nora : « La mémoire installe le souvenir dans le sacré, l’historien l’en débusque », « La mémoire est un absolu et l’histoire ne connaît que le relatif »

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CHAPITRE I : LES MEMOIRES DE LA SGM EN FRANCE - LECTURE HISTORIQUE

Quelles mémoires la Seconde Guerre mondiale a-t-elle produites et comment se sont-elles élaborées ? Dans quelle mesure la Seconde Guerre mondiale constitue-t-elle un enjeu de mémoire ? Comment les historiens ont-ils replacé ces mémoires dans l'analyse historique ? Comment a Sgm deviennent-elles des objets d'histoire ?

I. Histoire et mémoire : des rapports à la fois complexes et nécessairesA. Le sens des mots

Pierre Nora “Entre mémoire et Histoire. la problématique des lieux” in Les lieux de mémoireHenry Russo Le syndrôme de Vichy, de 1944 à nos jours, 1987-1990

Mémoire : - individuelle = le souvenir du vécu Fonction de cohésion sociale = peut devenir 1 groupe mémoriel et les

repères mémoriels se transmettent au long du tps == nourrit représentations

Patrimoine vivant = inscrite dans le présent + sélective, faillible, ancrée dans l’affectif

Perçue comme 1 discipline de l’histoire—généralisation au point de parler de « devoir de mémoire » au lieu de « devoir d’histoire »

Presse alimente débat mémoriel + crée lien consubstantiel entre mémoire et présent

Nora : « Le 20ème siècle apparaît comme un moment-histoire en France »

Histoire : - science sociale collective Honnêteté intellectuelle = ne prétend pas atteindre la vérité absolue,

mais une parcelle de vérité Historien prend parti selon ses opinions Nora : « une reconstruction problématique et incomplète de ce qui

n’est plus »

Révisionnisme et négationnisme : - se nourrissent du complotionisme Reconstruction parcellaire et orientée par volonté d’accéder à une

certaine vérité donne lieu à ces deux courants (loi Gayssot 1990 = loi mémorielle contre les négationnistes des crimes contre l’humanité – critiqué par les historiens qui considèrent ne connaître aucun tabou dans leur enquête)

Transforment la mémoire par la lecture critique de l’histoire

Relation de méfiance entre histoire et mémoire. Nora : « La mémoire installe le souvenir dans le sacré, l’historien l’en débusque », « La mémoire est un absolu et l’histoire ne connaît que le relatif »

B. Des rapports complexes

Mémoire nourrit l’histoire : Témoignages essentiels pour historiens : Jacques Le Goff «les

témoins et leur mémoire constituent le plus beau matériau de l’histoire » 

Témoignages à confronter avec écrits et remis dans leur contexte

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A partir des années 80 : histoire orale – anciens déportés expliquent aux enfants leur vie dans camps de concentration (initié par Primo Levi en 70) = histoire prend un visage, un relief que seule la recherche ne peut donner

Histoire nourrit la mémoire : Par leur prise de position, les groupes mémoriaux s’identifient à

certains historiens (argument d’autorité)

C. L’exemple de la France comme révélateur de la complexité de ces rapports

Mémoire et histoire en harmonie jusqu’en 1914 :- Histoire sert à la construction de l’identité nationale Nora « l’histoire a

été en France le recteur de la mémoire nationale »- Ernest Lavisse : écrit manuel histoire pour école élémentaire (histoire

positive où il renforce la mémoire de la perte de l’Alsace-Lorraine) = surnommé le « grand instituteur » Guerre mondiale fait exploser le rapport histoire – mémoire :

- Confrontation générationnelle- Discréditation de l’histoire par totalitarismes

Fin du siècle : - le retour des mémoires : volonté de commémoration car demande

sociale de se rappeler par un « devoir de mémoire » ≠ compréhension- historiographie renouvelée dès années 80 : refroidissement événement,

témoins disparaissent == débat dépassionné sur GM +permet à la société d’accepter les conclusions des historiens

- mémoires de la guerre d’Algérie restent très passionnelles (mémoire prend le pas sur l’histoire)

II. La construction d'une mémoire nationale univoque au prix d'une histoire trituréeComment s'impose le consensus résitancialiste (néologisme créé par Henry Russo dans le Syndrôme de Vichy) au détriment d'une mosaïque mémorielle pourtant elle aussi en gestation ?

Mémoire commune   : souvenirs de la guerre qui résultent de l'expérience. Multiple et contradictoire. Survit difficilement à la disparition de la génération qui a vécu la guerre.

Mémoire historique : récit qui réduit la diversité des souvenirs à une interprétation dominante. Elle se manifeste lors des commémorations qui utilisent le passé à des fins politiques.

Résistancialisme   : concept forgé par Henry Russo, désignant le mythe qui a visé à minimiser le soutien accordé par les Français à Vichy et à les présenter majoritairement et naturellement résistants. Version gaulliste et communiste.

A. Hors du champ historique, une construction mémorielle à chaud qui impose une lecture univoque du conflit

1. Le sillon tracé par «   l'homme du 18 juin   »

De Gaulle multiplie les dicours dans les quels il analyse la situation à partir de la libération de Paris – 25 août 1944- :

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25 août 44– discours place de l'hôtel de ville : « Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »

12 septembre 44 - « La flamme de la Résistance française ne devait pas s'éteindre ; elle ne s'éteignit pas. »

==== série de discours qui trace les contours d'une grille de lecture :- Résitance – affaire d'une Nation == régénérer la Nation Fçs- volonté d'éliminer tous les autres acteurs possibles (Bataille de Normandie peu commémorée au début)

2. La mise en route des appareils judiciaire et législatif pour liquider Vichy

a. Par les ordonnances

Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) – juin 44/octobre 46 – prend des décisions d'autorité par ordonnances (textes réglementaires permettant de passer sous silence un régime) :- 9 août 44 : Commissaire du Gouvernement à la Justice, François de Menthon signe l'ordonnance « Ordonnance relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental » = depuis juin 40, on considère que l'autorité est passée aux mains de la France Libre :

Article I : « La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister. »

Article 7 : « Les actes de l'autorité de fait (Vichy pas nommé), se disant gouvernement de l’État français dont la nullité n'est pas expressément constatée dans la présente ordonnance ou dans les tables annexes continueront à recevoir provisoirement application »

≡ Vichy et Pétain effacés de la mémoire, de la continuité républicaine

b. Par l'épuration et le procès de Vichy

Commence dès 44, 2 périodes : sauvage et extrajudiciaire : 9 000 exécutions, humiliations publiques 20 000

femmes tondues – fin par 2 Ordonnances du 26 juin 1944 (continue après lentement)

épuration légale et judiciaire (800 peines de mort, 2000 peines de mort commuées, 25 000 peines de prison + 50 000 dégradations nationales sur 300 000 dossiers instruits )

Procès de Vichy : création de la Haute Cour de Justice par ordonnances de juin, spéciale pour juger les fonctionnaires de Vichy

- Laval condamné à mort, exécuté 15 oct 1945- Pétain (défendu par maître Isorni) = thèse du bouclier // condamné à mort et

à dégardation nationale, peine commuée par De Gaulle en prison à perpétuité, meur chez lui suite à une mesure d'élargissement le 23 juillet 1951.

Epuration critiquée : dénoncée par François Mauriac «  Il ne faut à aucun prix que la IVème

République chausse les bottes de la Gestapo », « Il faut être assuré de frapper juste lorsque l’on est résolu à frapper fort. » - 1944, Le Figaro – plaidoyer pour Robert Brasillach (exécuté)

Russo : « Elle a exercé enfin une fonction identitaire et de reconstruction nationale. En éliminant les traîtres à la patrie, à la nation et à la République,

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la France pouvait espérer fonder son destin futur sur une identité retrouvée. « Un pays qui manque son épuration, manque sa rénovation », écrivait alors Albert Camus. »

c. Par les lois d'amnistie

Accélérer le processus de rétablissement de l'identité nationale par oubli : 5 janvier 1951 ( tous les condamnés pour collaboration à une peine de

moins de 15 ans st absolus août 1953 : loi plus large (seulement 100 personnes restent emprisonnés pr

collaboration) ≡ volonté réelle d'oubli 11 février 1953 : tribunal de Bordeaux donne verdict sur 14 co-accusés dt

13 « malgré nous » (travaux forcés) responsables du massacre de 650 personnes en Oradour-sur-Glane = verdict ne satisfait ni alsaciens ni limousins

Empressement à adopter lois d'amnistie car contexte de GF – PC 33 % = crainte de son influence même après départ des ministres communistes du gouvernement à partir de mai 1947 ==== amnistie essaie de renforcer l'unité nationale.

3. L'oeil engagé du cinéaste

La bataille du Rail – René Clément (produit par SNCF, Résistence -Fer, Coopérative Générale du Cinéma Français composée de membres du PC et de la CGT – Conf gale du travail) montre cheminots résistants à la SNCF.Obtient Grand Prix international de la critique du festival de Cannes en mai 1946 == renforce « processus d'identification » aux cheminots

Nuit et Brouillard – Alain Resnais, 1956 – utilise images de l'ouverture des camps = censuré car on cherche à minimiser le rôle des français dans la déportation

L'armée des ombres – Jean-Pierre Melville, d'après le roman de Joseph Kessel -fin époque résitancialiste)

≡ créér une grille de lecture univoque de la Sgm

B…. Qui étouffe et refoule une mémoire plurielle1. Les mémoires des acteurs de la Guerre

Mémoire discrète :- les soldats de 1940 vus comme perdants malgré les 100 000 victimes = ignorés, aucun honneur national, prestige et blâmés pour défaite et débâcle. Seuls les prisonniers évadés rejoignant la France Libre st reconnus + oubli participation soldats ds libération 44-45, mis àn part les héros de la Fce libre comme le Général Leclerc

- les requis du STO, mis en place en 43, ou travailleurs en Allemagne (800 milles à un million), essaient d'obtenir le titre de « déporté du travail » argumenté par sabotage des usines allemandes.

Mémoire revendicative :-pétainiste et néo-vichyste : alimente thèse du bouclier et dénonce épuration comme contre patriotique. Renforce mémoire de Verdun divisant la personnalité de Pétain entre ces deux moments de sa vie. Cherchent à réhabiliter la mémoire

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du Maréchal + extrême droite = ADMP (association pour Défendre la Mémoire du Maréchal Pétain) – activisme contre-communisme

- mémoire des déportés qui va mettre du temps à émerger. Français ne font pas de différence entre les déportés + confusion camps de concentration et camp d'extermination + destruction des lieux de Mémoire (1953 – Vel d'Hiv/ rafle en juillet 42)

C… Et laisse le champ libre à un résitancialisme de nature politique à la fois consensuel et concurrentiel

Résistants sont adeptes du discours « tous résistants », mais se divisent en deux groupes : Pression de la GF, mais tension s'apaise à partir de 58 avec l'arrivée de De Gaulle au pouvoir, les deux groupes se divisant l'organisation, les lieux de mémoire :

Résistance gaulliste :- Figures : De Gaulle, Général Leclerc – libère Paris et participe à la Bataille de Normandie, Colonel Rémy – agent secret résistant des Forces Françaises Combattantes- Symboles : Récompense « Les Compagnons de la Libération », Concours de la Résistance et de la Déporation- Géographie : création d'une vingtaine de musées pour la France Combattante pdt années 60 : premier est inauguré en 60, par De Gaulle Mémoriel de la France combattante au Mont Valérien – traduit division par deux portes, aux pieds de la forteresse où étaient exécutés les résistants par les nazis. + Londres, Alger

Résistance communiste :- Figures : Guy Môquet fusillé en 41 à 17 ans + autres otages de Chateaubriand (48 otages fusillés en représailles après la mort de Karl Hotz) ; Francs-tireurs et partisans - main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) ; FN résistant ; Organisation Spéciale – membres du PC- Géographie : maquis de Vercors (600 combattants et 200 civils morts en 44), Chateaubriand près de Nantes, maquis du Limousin

Apogée du Résistancialisme : discours de Malraux le 19 décembre 1964 à l'occasion de l'entrée au Panthéon des centres de Jean Moulin. Discours d'auto-célébration : « Ce Conseil national de la Résistance, qui groupe les mouvements, les partis et les syndicats de toute la France, c'est l'unité précairement conquise, mais aussi la certitude qu'au jour du débarquement, l'armée en haillons de la Résistance attendra les divisions blindées de la Libération. »

III. La fin progressive de l'amnésie. Le retour des mémoires refoulées(début des années 70- années 90)Quels facteurs expliquent l’éclatement du consensus résitancialiste ? Comment la compréhension des « années noires » se renouvelle-t-elle ?

A. Un contexte désormais favorable. Les premiers jalons du réveil des mémoires

1. Contexte politique et social

1969 – départ volontaire de De Gaulle1968 – prise de recul des jeunes = conflit générationnel (demande de comprendre ce qui s'est passé) + jeunesse attirée par critique des parents

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2. Les Français face au miroir brisé de leur propre histoire

Le Chagrin et la Pitié – Marcel Ophüls = documentaire fleuve réalisé à Clermont-Ferrand - réalisateur interroge personnes sur leur passé jusqu'à ce qu'ils oublient qu'ils se trouvent devant une caméra = une vie sous l'occupation authentique exposé, ne se cache plus derrière le mythe de la résistance. 600 000 spectateurs au cinéma 1969. Programmé pour passer à la télé en 1971, mais censuré car les deux chaînes sont contrôlées par ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française). — révèle l'attentisme et la vie au jour le jour oubliée volontairement

≡ produit un basculement immense de la mémoire nationale : sa censure est critiquée par Françoise Giroud dans l'Express « Le choc du passé » - 3 mai 1971 : « On tient, en haut lieu, les Français incapables de se regarder dans une glace, tels qu'ils furent, tels qu'ils se dépeignent eux-mêmes, tels qu'ils se jugent. »

Années 70 – 90 : TV devient un canal privilégié pour voir l'évolution de la recherche historique. Mais Chagrin et la Pitié substitue une réduction de l'histoire à une autre (ts collabos)

3. Le renouvellement historiographique fondamental venu d'Outre-Atlantique

1954 – 1973 : aucun livre permettant de renouveler la lecture de la période de Vichy.1973 : Robert Paxton, La France de Vichy (1940-1944) publié à une maison d'édition grand public Le Seuil – se heurte aux réticences françaises et n'a accès qu'aux archives allemandes.== encourage recherche de jeunes historiens :- François Bedarida et Jean Pierre Azéma : La France des « années noires » (expression inventée par eux)- Pascal Ory : Les Collabos- Henry Russo : Le syndrome de Vichy ; Vichy, un passé qui ne passe passionnelles------- provoquent ouverture des archives françaises et renouvellent historiographie par leurs publications aux maisons d'édition publiques

B. Un pouvoir politique encore hésitant voire rétif aux nouvelles grilles de lecture

Personnel politique a connu ou a fait la guerre jusqu'à Chirac – leurs choix mémoriels sont largement critiqués1971- Pompidou donne une grâce présidentielle à Paul Touvier (chef de la milice de Lyon, soutenu par groupes d'extrême droite) jugé par contumace = volonté d'oublier

Mitterand : élu en 1981 (correspond à la diffusion du documentaire d'Ophüls)- 1994 : Pierre Péant, Une jeunesse française = critique Mitterrand pour être passé de l'extrême droite (a eu des responsabilités politiques pendant 2 ans à Vichy avant d'entrer dans la résistance + fait fleurir la tombe du maréchal pétain + fait partie des Vichysto-résistants) à l'extrême gauche- nie implication de l’État dans la collaboration et persiste dans le mythe résitancialiste dans une interview le 12 septembre 1994

C. L'émergence d'une mémoire juive qui devient centrale

Une mémoire oubliée jusqu'en 1960 :

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- volonté de ne pas aggraver les divisions après guerre + concurrence entre deuc groupes mémoriaux (résistants, déportés)- traumatisme des événements- Marie Claude Vaillant-Couturier témoigne aux procès de Nüremberg sur Auschwitz mais n'était pas dans le camps des déportés raciaux + terme de « génocide » ne s'impose pas au début- pas de prise de conscience d'appartenir à un groupe mémoriel car endroits mémoriels négligés comme le Vel d'Hiv détruit

Une prise de conscience soudaine 1960-61( en Amérique du Sud et Israël) :-Hannah Arendt – n'a pas connu camps, couvre le procès d'Eichmann (a contribué à la prise de la « solution finale lors de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942) qu'elle qualifie « d'homme petit », « un bourreau ordinaire » - grille de lecture provoque indignation de la communauté juive = réveil de la force militante et activiste de la mémoire juive (lutter contre l'oubli)≡ entrée dans ce que Annette Wievorka appelle « l'ère des témoins »- France : mémoire réveillée par couple Klarsfeld qui lancent une chasse une chasse aux responsables nazis de vichystes dans l'Espagne franquiste et en Amérique du Sud

La mémoire juive :- années 70 : émergence de témoins marqués par le génocide, notamment les Sonderkommandos (Filip Müller, David Olère – témoigne par dessins)- années 80 : mémoire juive reconnue comme telle et on lui attribue une géographie spécifique : Vel d'Hiv, Maison d'Izieu (mémorial des enfants juifs exterminés)- 1985 : film Shoah par Claude Lanzmann : montre au public français des témoins parlant de leur expérience, popularise le terme de Shoah -destruction en hébraïque)- procès qui ont conduit à des condamnations des criminels nazis-1990 : loi Gayssot punit d'ammende et même d'emprisonnement les propos négationnistes quant aux camps de concentration- 2002 : mise en place d'une journée européenne du souvenir de l'Holocauste-2005 : à l'échelle mondiale ONU crée une journée et en Fce on ouvre un mémorial de la Shoah (avec le nom des 75 000 déportés français d'origine juive)

Le peuple tsigane, une mémoire encore peu affirmée (pas de tradition écrite)

IV. Devoir d'histoire et devoir de mémoire, de nouveaux enjeux mémoriels depuis le début des années 90.Comment les historiens se positionnent-ils face à ces nouveaux enjeux ?

A. Les historiens, entre engagement et réflexion disciplinaire1. Contre le négationnisme

Le développement des thèses négationnistes :- 1972 : mise en place du FN – extrême droite, nostalgique de l'Algérie française, intégriste = s'appuie sur relais universitaires pour donner un contour au révisionnisme et au négationnisme- Octobre 1978 : l'Express interroge une voix de Vichy de son exil en Espagne : Louis Darquier de Pellepoix (ex commissaire général aux questions juives de Vichy) « A Auschwitz oui, on a gazé, mais seulement les poux » - alimente hypothèse du grand complot juif international

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- Décembre 1978 : le Monde publie « Le problème des chambres à gaz ou la Rumeur d'Auschwitz » par Robert Faurisson, article noyé par articles des autres historiens qui réfutent cette thèse ainsi qu'une condamnation par le recteur de l'Université de Lyon de son enseignant- 78-79 : recul de l’événement + conflit israélo-palestinien renforcent débats

Historiens prennent place dans le débat-Pierre Vidal Vaquet, Les assassins de la mémoire : pas de discussion possible avec les négationnistes car pas de front commun- Jean Claude Pessac « Pour en finir avec les négateurs » : entreprend de détruire les thèses négationnistes par une description détaillée des événements pour compenser le manque des images – est passé du négationnisme à la reconnaissance≡ historiens prennent position dans un engagement sociale et critiquent l’hyper-criticisme comme contre historique

2. La réflexion autour de la transmission de la mémoire de la Shoah

D Borne « Faire connaître la Shoah à l'école » = passer d'une Shoah mémorielle à une Shoah historicisée en réalisant une laïcisation et limitant les réactions émotionnelles. École = un creuset où les élèves sont se confronter à l'histoire de la Shoah.

3. Une recherche historique vivace et source de débats

- années 90 : ouverture des archives = historiographie augmente en plus par documents communiqués par la presse dont les groupes mémoriels se nourissent- Stéphane Courtois et Gérard Chauvy mettent en accusation les époux Aubrac (résistants célèbres) ≡ Libération organise une table ronde pour discuter la Seconde Guerre mondiale- Docs célèbres :

Plan original des chambres à gaz dans Bild projet de loi portant sur le statut de juifs avec annotations de Pétain f'une

source privée en octobre 2010 Pierre Laborie, Le Chagrin et le vénin = nuance le propos, crée un équilibre

entre résistants et collaborateurs

B. Le temps des polémiques1. L'historien au tribunal

Procès des responsables nazis couverts par les médias répondent à une attente du public selon Olivier Wievorka qui y voit la fin de l'épuration.- 1987 : Klaus Barbie chef de la police allemande à Lyon ,appelé le « boucher de Lyon » condamné à perpétuité (première fois qu'un procès est couvert par la presse)- René Bousquet inculpé en 1991 (organisateur de la rafle du Vel d'hiv) mais assassiné avant son procès en 1993- Paul Touvier accusé par contumace en 1994 et meurt en prison en 96 où il exécutait une peine de prison à perpétuité pour avoir été le chef de la milice lyonnaise-Maurice Papon 1998 (complicité aux crimes contre l'humanité alors qu'il était secrétaire général de la préfecture de Gironde) invite historiens à son procès Paxton, Russo, Majfus (ces deux derniers refusent)

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Fonctions du procès : mettre accusés devant leurs responsabilités = fonction judiciaire + fonction commémorative + fonction pédagogique

2. Les historiens face au devoir de mémoires

1990 : lois Gayssot + autres = loi mémorielles contre lesquelles les historiens s'élèvent car posent des contraintes à leur travailMémoire des groupes mémoriels victimes prend de plus en plus de place (commémorations)16 juillet 1996 : Chirac reconnaît responsabilité de la France pour Vichy lors de la commémoration du Vel d'Hiv mais un discours encore empreint d'une volonté d'affirmer la supériorité des Résistants en Fce (valeurs françaises restent tjrs vivantes)Institutions commencent à demander pardon : SNCF, Eglise, Police ≡ permet une surenchère de la mémoire.≡ Devoir de mémoire devient une forme d'hypermnésie

C. Une politique mémorielle plus consensuelle   ?

2007 : entrée des justes au Panthéon après discours de SarkozyGroupe mémoriel des résistants très fort : 2014 Hollande annonce en son discours au mont Valérien l'entrée de deux hommes et deux femmes au Panthéon symbolisant l'entrée de l'esprit Résistant au Panthéon : Jean Zay – Geneviève de Gaulle-Anthonioz – Germaine Tillion – Pierre Brossolette