27
[ins%tutanesthesiereanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (byncsa). 1 ACADEMIE DE PARIS Année 2013 MEMOIRE pour l’obtention du DES d’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois par Maxime MARCHAND Présenté et soutenu le 6 Septembre 2013 Evaluation du VSCAN™ (GE Healthcare) pour l’échographie pulmonaire en réanimation Travail effectué sous la direction du Professeur Rouby

Evaluation du VSCAN™ (GE Healthcare) pour …medias.desar.org/Memoires-Theses/Memoires/2013/c... · 0 2 * (#4 2 1 ACADEMIE DE PARIS Année 2013 MEMOIRE pour l’obtention du DES

  • Upload
    vanphuc

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

1

ACADEMIE DE PARIS

Année 2013

MEMOIRE

pour l’obtention du DES

d’Anesthésie-Réanimation

Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois

par

Maxime MARCHAND

Présenté et soutenu le 6 Septembre 2013

Evaluation du VSCAN™ (GE Healthcare) pour l’échographie pulmonaire en

réanimation

Travail effectué sous la direction du Professeur Rouby

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

2

Table des matières

RESUME ..................................................................................................................... 3

INTRODUCTION ........................................................................................................ 4

1. Principes de l’échographie pulmonaire ............................................................... 4

2. Intéret de l’échographie pulmonaire en réanimation .......................................... 7

3. Le VSCAN ........................................................................................................ 8

MATERIEL ET METHODES ...................................................................................... 11

1. Déroulement du protocole ................................................................................ 11

2. Analyse statistique ........................................................................................... 12

RESULTATS ............................................................................................................. 14

1. Population étudiée ........................................................................................... 14

2. Caractéristiques des échographies .................................................................... 14

3. Comparaison des scores d’échographie pulmonaire (LUS) ............................... 15

4. Performance diagnostique du VSCAN ............................................................. 18

5. Variabilité intra et inter-observateurs .............................................................. 19

DISCUSSION ............................................................................................................ 20

CONCLUSION .......................................................................................................... 23

REFERENCES ........................................................................................................... 24

ANNEXES ................................................................................................................. 26

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

3

RESUME

Introduction L’échographie pulmonaire trans-thoracique permet un examen rapide et

complet au lit du patient. Le but de l’étude était de comparer un échographe miniaturisé, le

VSCAN™ (GE Healthcare), à un échographe classique, l’ACUSON CV70™ (Siemens).

Il s’agissait d’une étude bicentrique, prospective et observationelle.

Matériel et méthodes Nous avons inclus tous les patients devant bénéficier d’une

échographie pulmonaire. L’objectif principal de l’étude était de démontrer une non infériorité

du VSCAN sur le score d’échographie pulmonaire (LUS) : différence ≤ 5% entre le LUS

moyen mesuré par le VSCAN et par l’ACUSON CV70. Les objectifs secondaires étaient

d’évaluer la performance diagnostique du VSCAN pour l’aération normale, le syndrome

alvéolo-interstitiel, les consolidations alvéolaires et l’épanchement pleural.

Résultats Soixante-neuf patients de réanimation ont été inclus sur une période de trois mois.

La différence entre les LUS moyens mesurés par le VSCAN et l’ACUSON CV70 était de -

0,525 ± 3,76 (limites d’agréments comprises entre -7 et +8). L’intervalle de confiance à 95%

de la différence moyenne était de [-1,32 ; + ∞]. Les LUS moyens différaient donc de plus de

5%. Chez 74% des patients examinés, les LUS individuels différaient de moins de 30% entre

les deux échographes. La concordance entre les deux appareils était bonne en ce qui concerne

les épanchements pleuraux et les consolidations alvéolaires, moyenne pour l’aération

pulmonaire normale. En revanche, elle était négligeable pour le syndrome alvéolo-interstitiel.

Conclusion Le VSCAN ne peut donc pas remplacer l’échographe utilisé classiquement pour

la réalisation des échographies pulmonaires. Ses performances sont cependant acceptables

pour le diagnostic d’épanchement pleural, de consolidation alvéolaire et d’aération normale.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

4

INTRODUCTION

Les techniques d’imagerie sont devenues indispensables à la démarche diagnostique et

thérapeutique chez les patients de réanimation. Par exemple, le diagnostic et le drainage d’un

pneumothorax ou d’un épanchement pleural localisés, l’évaluation du recrutement pulmonaire

après modification de la pression expiratoire positive (PEP) ou une manœuvre de

recrutement, l’évaluation de la perte d’aération pulmonaire et sa distribution au cours du

syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), nécessitent une imagerie directe des

poumons. Actuellement en réanimation, celle-ci repose essentiellement sur la radiographie

thoracique au lit du patient et sur la tomodensitométrie pulmonaire (TDM).

L’échographie pulmonaire s’est développée comme un outil permettant d’évaluer le statut

pulmonaire au lit du patient et pouvant être répété afin d’évaluer l’effet des traitements

entrepris [1]. Elle permet un examen rapide et complet du poumon, elle est disponible au lit

du patient, peu coûteuse et non irradiante.

1. Principes de l’échographie pulmonaire

1.1. Type de sonde utilisée et réglages

Lors de la réalisation d’une échographie pulmonaire, il faut pouvoir distinguer correctement la

ligne pleurale et ses irrégularités (fréquence d’émission élevée), mais aussi étudier le poumon

en profondeur dans le cas des consolidations alvéolaires et des épanchements pleuraux

(fréquence d’émission basse). Une sonde avec une fréquence d’émission aux alentours de 5-6

Mhz semble être une bonne alternative, proche des fréquences utilisées en échographie

abdominale [2].

Les sondes convexes ont une focalisation plus adaptée au poumon que les sondes planes. Elles

peuvent être microconvexes ou plus larges comme les sondes abdominales. La taille des

sondes utilisées en échographie abdominale parait plus adaptée à un organe de la largeur du

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

5

poumon. La fenêtre acoustique est plus large, surtout lorsque l’on réalise une coupe

transversale, ce qui permet de visualiser l’espace intercostal sous un angle plus important.

Concernant les réglages de l’échographe, ceux utilisés en échographie abdominale semblent

les plus adaptés pour l’étude de la ligne pleurale et du parenchyme pulmonaire.

1.2. Examen échographique du poumon

L’examen peut être réalisé de façon satisfaisante chez un patient en décubitus dorsal. Le

décubitus latéral permet cependant une meilleure visualisation des régions dorsales des lobes

inférieurs. Un examen complet des poumons nécessite un protocole systématique [3].

Dans un premier temps, l’examinateur doit localiser le diaphragme et les poumons. Les

consolidations alvéolaires et les épanchements pleuraux sont retrouvés principalement au

niveau des zones pulmonaires postérieures et dorsales et peuvent être facilement distingués de

la rate ou du foie une fois que le diaphragme a été localisé. En utilisant les lignes axillaires

antérieures et postérieures comme repères anatomiques, chaque hémithorax peut être divisé en

six régions pulmonaires qui doivent être systématiquement analysées : parties supérieures et

inférieures des parois antérieures, latérales et postérieures (Figure 1).

Figure 1 Repères anatomiques et cadrans utilisés en échographie pulmonaire

Limites anatomiques : PSL= ligne parasternale, AAL= ligne antérieure axillaire PAL = ligne postérieure axillaire, PVL = ligne paravertébrale Cadrans : 1=antéro-supérieur, 2=antéro-inférieur, 3=latéro-supérieur, 4=latéro-inférieur, 5=postéro-supérieur, 6=postéro-inférieur

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

6

1.3. Echographie pulmonaire pathologique

Le poumon lésé est caractérisé par une augmentation notable du tissu pulmonaire vers sa

périphérie, produisant des artefacts échographiques résultants d’une interface gaz/tissu

anormale.

1.3.1. Syndrome alvéolo-interstitiel

En présence de lésions pulmonaires, des lignes verticales brillantes naissent de la ligne

pleurale et s’étendent vers la périphérie de l’écran. Elles sont appelées « lignes B » ou

« queues de comète » (Figure 2).

Des consolidations juxtapleurales peuvent être évocatrices d’une étiologie infectieuse

lorsqu’elles sont associées à des lignes B.

Figure 2 Echographie pulmonaire: lignes B

1.3.2. Consolidation alvéolaire

La consolidation alvéolaire apparaît comme un tissu hypoéchogène pauvrement défini. A

l’intérieur de cette consolidation, des images punctiformes hyperéchogènes peuvent être

visualisées, correspondant à du bronchogramme aérique (air trappé dans les bronches). Les

ultrasons sont piégés dans ces zones gazeuses. La pénétration de gaz dans l’arbre bronchique

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

7

durant l’inspiration produit un renforcement inspiratoire de ces images (Figure 3). Au sein de

la consolidation peut être observé un shunt intra-pulmonaire en mode Doppler couleur

(Figure 4). Cette hypervascularisation peut signer le caractère infectieux de cette

consolidation.

Figure 3 Consolidation alvéolaire Figure 4 Shunt intra-pulmonaire en mode Doppler couleur

1.3.3. Epanchement pleural

Il doit être recherché en coupe longitudinale, au niveau des régions pulmonaires dépendantes,

délimité par la paroi thoracique et le diaphragme. Il apparaît comme une structure

hypoéchogène et homogène ne contenant pas de gaz, présente à l’inspiration et à l’expiration.

2. Intéret de l’échographie pulmonaire en réanimation

2.1. Evaluation échographique de la réaération pulmonaire au cours du

traitement des pneumopathies bactériennes

L’échographie pulmonaire transthoracique effectuée au lit du patient permet d’évaluer

quantitativement la réaération pulmonaire après sept jours d’antibiothérapie adaptée chez les

patients atteints de pneumonie acquise sous ventilation mécanique (PAVM). Une corrélation

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

8

étroite a été mise en évidence entre la réaération pulmonaire tomodensitométrique et les

modifications du score échographique (R² = 0,85 ; p < 0,001) [4].

2.2. Evaluation du recrutement alvéolaire dans le cadre du SDRA

Chez trente patients de réanimation atteints de SDRA, une échographie pulmonaire et des

courbes pression-volume ont été réalisées à PEP 0 puis à PEP 15. Une corrélation forte a été

retrouvée entre le score de réaération pulmonaire échographique et le volume pulmonaire

recruté mesuré sur les courbes pression-volume (R² = 0,88 ; p<0,0001). De plus, il existe une

corrélation linéaire entre la réaération pulmonaire échographique et l’augmentation de la PaO2

[5].

2.3. Echographie lors du sevrage ventilatoire

Le dérecrutement constaté, à l’échographie pulmonaire après épreuve de ventilation spontanée

sur pièce en T, est prédictif de détresse respiratoire post-extubation. Un très fort pourcentage

(85%) des patients extubés, avec un score de LUS > 17 à la fin de l’épreuve de ventilation

spontanée sur pièce en T, a présenté une détresse respiratoire post-extubation nécessitant la

mise en route de ventilation non-invasive (VNI) ou la réintubation [6].

3. Le VSCAN

3.1. Caractéristiques techniques

Le VSCAN™(GE Healthcare) est un outil échographique de poche permettant de visualiser

des images échographiques en noir et blanc et de pratiquer un Doppler couleur (Figure 5). Il

présente des dimensions réduites avec une unité d’affichage de 135 x 73 x 28 mm, un écran

de 3,5 pouces et une sonde mesurant 120 x 33 x 26 mm. Son poids est de 390 g. La fréquence

d’émission de la sonde d’échographie va de 1,7 à 3,8 MHz. Il permet uniquement la

réalisation de mesures de distances. Il est équipé d’un Doppler couleur mais ne dispose ni

d’un Doppler pulsé ni d’un Doppler continu. Le stockage des données est réalisé sur mémoire

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

9

interne (carte microSD) permettant l’enregistrement des images et de vidéos courtes (deux

secondes). Son autonomie est de quatre-vingt-dix minutes après recharge pleine de la batterie.

Figure 5 Echographe VSCAN (GE Healthcare)

3.2. Indications actuelles

3.2.1. Echocardiographie

Une étude réalisée chez cinquante patients hospitalisés en service de médecine pour

décompensation cardiaque a montré que les internes du service après une courte formation

pratique détectaient les patients présentant une FEVG < 40% à l’aide de l’échographe de

poche avec une sensibilité et une spécificité de 94% chacune, en prenant comme référence la

FEVG mesurée par l’échographe « classique » [7].

3.2.2. Echographie abdominale

Le VSCAN a été testé dans le cadre de la FAST échographie (Focus Abdominal

Sonography for Trauma) chez trente et un patients admis aux urgences pour un traumatisme

abdominal fermé. La sensibilité et la spécificité du VSCAN étaient respectivement de 75% et

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

10

100% pour le diagnostic des épanchements péritonéaux, et de 80% et 100% pour les

lacérations hépatiques et spléniques. Le scanner abdominal réalisé à l’admission servait de

référence [8].

3.2.3. Echographie pleurale

Actuellement une seule étude s’est intéressée à la performance du VSCAN dans le cadre de

l’échographie pleurale. Vingt-quatre patients de réanimation chirurgicale ont été inclus et

l’échographie réalisée à l’aide d’un échographe classique a servi de référence. La sensibilité et

la spécificité diagnostiques du VSCAN étaient respectivement de 91% et 100%, supérieures à

celles de la radiographie thoracique (74% et 31%). Les épanchements pleuraux non détectés

au VSCAN étaient de faible abondance (< 50 ml) lors de leur quantification par l’échographe

classique [9].

3.2.4. Echographie pulmonaire

Les caractéristiques techniques du VSCAN permettent la réalisation d’une échographie

pulmonaire. Mais jusqu’à présent aucune étude ne s’est interessée à la performance du

VSCAN dans le cadre de l’échographie pulmonaire.

Le but de notre étude a été d’évaluer la performance du VSCAN comparativement à un

échographe classique pour la réalisation d’une échographie pulmonaire en réanimation.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

11

MATERIEL ET METHODES

Il s’agit d’une étude bicentrique, prospective et observationnelle. Tout patient majeur

nécessitant la réalisation d’une échographie constituait le critère d’inclusion. Les critères de

non inclusion étaient les facteurs rendant impossible l’étude du poumon dans son intégralité

(emphysème sous-cutané, pansements et drains au niveau thoracique). Les patients et leurs

familles étaient informés de leur inclusion dans l’étude. L’accord du comité de protection des

personnes (CPP) a été donné (Annexe 1).

1. Déroulement du protocole

1.1. Mesure du score de LUS

Une première échographie pulmonaire était réalisée avec le VSCAN par un réanimateur

expérimenté en échographie. En utilisant les lignes axillaires antérieures et postérieures

comme repères anatomiques (cf Figure 1), chaque hémithorax était divisé en six régions

pulmonaires (parties supérieures et inférieures des parois antérieures, latérales et

postérieures).

A chaque région était attribué un score en fonction du diagnostic échographique le plus

mauvais caractérisant un ou plusieurs espaces intercostaux : 0 pour l’aération normale, 1 pour

la présence de lignes B évocatrices de syndrome interstitiel et 2 pour la présence de lignes B

évocatrices de syndrome alvéolaire, 3 pour la présence de consolidations. Les scores de ces

douze régions étaient additionnés pour obtenir un score global, dénommé score de LUS (Lung

Ultrasonography Score) allant de 0 à 36.

La présence d’un glissement pleural, d’un épanchement pleural et d’une consolidation

alvéolaire (bronchogramme aérique et shunt) était recherchée au niveau de chaque

hémithorax.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

12

1.2. Recueil des données

Les données démographiques, cliniques et échographiques ont été recueillies sur fiche lors de

chaque échographie. (Annexe 2) Des enregistrements vidéos ont été réalisés pour chaque

région d’intérêt afin de pouvoir calculer ultérieurement la variabilité intra et inter-

observateurs.

Une seconde échographie pulmonaire était réalisée immédiatement après avec l’échographe

classique ACUSON CV70™(SIEMENS). L’opérateur était en aveugle vis-à-vis des résultats

obtenus lors de la première échographie. Comme pour le VSCAN, des enregistrements vidéos

ont été également réalisés.

2. Analyse statistique

L’échographie réalisée avec l’ACUSON CV70 a servi de méthode de référence.

2.1. Critère de jugement principal et calcul du nombre de sujets nécessaires

Le critère de jugement principal était la non infériorité du VSCAN par rapport à l’ACUSON

CV70 sur le score de LUS moyen. Le pourcentage d’erreur était fixé à moins de 5% entre la

moyenne des LUS mesurés par le VSCAN et par l’ACUSON CV70 pour l’ensemble des

patients. D’après les données préliminaires obtenues chez 17 patients, la moyenne des scores

de LUS pour l’ACUSON CV70 était de 16, la moyenne des différences était de 0 et l’écart-

type des différences était de 4. La borne de non infériorité était de -0,8. Pour montrer que

l’intervalle de confiance unilatéral de la différence moyenne (VSCAN-SIEMENS) était ≥ -0.8

(-0.05x16), soixante-neuf échographies pulmonaires étaient nécessaires.

2.2. Critères de jugements secondaires

1) La concordance entre les scores de LUS individuels mesurés par le VSCAN et par

l’ACUSON CV70 pour l’ensemble des patients et par sous-groupes (conditions

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

13

échographiques bonnes ou mauvaises, utilisation d’une sonde échographique de type

cardiaque ou abdominale) a été évaluée par méthode de Bland-Altman.

2) La concordance entre le VSCAN et l’ACUSON CV70 pour les différents items

échographiques a été analysée en comparant individuellement toutes les régions d’intérêt

caractérisées par l’item échographique (par exemple résultat en antéro-supérieur droit au

VSCAN comparé au résultat en antéro-supérieur droit à l’ACUSON CV70 pour le même

examen et ainsi de suite pour toutes les régions d’intérêt) :

- poumon normal, syndrome alvéolo-interstitiel et consolidation alvéolaire ;

- shunt détecté par Doppler couleur au niveau des consolidations alvéolaires, présence de

« pieds » (consolidations sous-pleurales) et bronchogramme aérique ;

- épanchement pleural.

La concordance entre les deux échographes a été évaluée par le calcul du coefficient Kappa de

Cohen. La performance diagnostique du VSCAN a été, quant à elle, évaluée par le calcul de la

sensibilité et de la spécificité.

3) La variabilité intra et inter-observateurs a été évaluée par la mesure du coefficient Kappa.

2.3. Présentation et analyse des résultats Les résultats ont été présentés sous forme de médiane [25ème-75èmepercentiles] pour les

données quantitatives.

Le seuil de signification a été fixé avec p<0.01.

La normalité de la distribution a été étudiée par le test de Shapiro-Wilk. La distribution étant

normale, les régressions utilisées étaient linéaires.

L’analyse statistique a été effectuée à l’aide du logiciel SigmaPlot 10.0.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

14

RESULTATS

1. Population étudiée

Soixante-neuf échographies pulmonaires ont été réalisées chez quarante-sept patients sur une

période de trois mois. Les caractéristiques cliniques des patients sont présentées dans le

tableau 1.

Tableau 1 Caractéristiques des patients. Données exprimées en médiane [25ème-75ème percentiles]

2. Caractéristiques des échographies

Les durées de réalisation des échographies étaient comparables pour le VSCAN et

l’ACUSON CV70 (tableau 2). Les conditions échographiques étaient bonnes dans 89% des

cas. Sur les soixante-neuf échographies réalisées avec l’ACUSON CV70, quarante-deux ont

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

15

été réalisées avec une sonde d’échographie de type abdominale et vingt-sept avec une sonde

de type cardiaque.

Tableau 2 Caractéristiques des échographies

3. Comparaison des scores d’échographie pulmonaire (LUS)

3.1. Moyenne des scores de LUS

La différence moyenne entre les LUS mesurés par le VSCAN et l’ACUSON CV70 était de

-0,525 ± 3,76. L’intervalle de confiance unilatéral de la différence moyenne était de [-1,32 ; +

∞]. L’hypothèse de non-infériorité du VSCAN par-rapport à l’ACUSON CV 70 (différence

des LUS moyens ≥ -0,8) n’était donc pas vérifiée.

3.2. Scores de LUS individuels

La régression linéaire (Figure 5) montrait une corrélation entre les scores de LUS mesurés au

VSCAN et à l’ACUSON CV70 (R² = 0,688, p < 0.001). La représentation de Bland et Altman

montrait un biais de 0,525 entre les deux méthodes avec des limites d’agrément de -7,0 et

+8,0 (Figure 6).

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

16

Figure 5 Régression linéaire pour l'ensemble des échographies

Figure 6 Représentation de Bland et Altman pour l'ensemble des échographies

Comme le montre le tableau 3, seuls 33% des examens avaient des scores de LUS individuels

qui différaient de moins de 10% entre les deux échographes .Ce pourcentage augmentait à

74% des examens si l’on considérait comme acceptable une différence de moins de 30% entre

le VSCAN et l’ACUSON CV70.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

17

Tableau 3 Pourcentage d'examens ayant des scores de LUS considérés comme concordants en fonction de la différence tolérée entre les deux échographes

3.3. Score d’échographie pulmonaire selon les conditions échographiques

En analysant uniquement les patients chez qui les conditions échographiques avaient été

notées bonnes, les résultats n’étaient que peu modifiés (Figure 7).

Figure 7 Régression linéaire et représentation de Bland et Altman pour les échographies réalisées dans de bonnes conditions

3.4. Score d’échographie pulmonaire selon le type de sonde d’échographie utilisé

L’analyse selon le type de sonde d’échographie utilisée (abdominale ou cardiaque) ne

montrait pas non plus de modification des résultats (Figures 8,9).

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

18

Figure 8 Régression linéaire et représentation de Bland et Altman pour les échographies réalisées avec une sonde abdominale pour l'échographe SIEMENS

Figure 9 Régression linéaire et représentation de Bland et Altman pour les échographies réalisées avec une sonde cardiaque pour l'échographe SIEMENS

4. Performance diagnostique du VSCAN

4.1. Poumon normal, syndrome alvéolo-interstitiel et consolidations alvéolaires

La concordance entre les deux échographes était bonne pour les consolidations alvéolaires et

moyennes pour les régions normales. Elle était faible pour le syndrome alvéolo-interstitiel

(tableau 4).

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

19

Tableau 4 Concordance entre les deux échographes pour l'analyse des différentes régions d'intérêt

4.2. Autres items analysés

La concordance entre le VSCAN et l’échographe SIEMENS était bonne pour les

épanchements pleuraux, moyenne pour le shunt et le bronchogramme aérique. En revanche

elle était négligeable pour la détection des « pieds » ou consolidations sous-pleurales

(tableau 5).

Tableau 5 Concordance entre les échographes pour l'épanchement pleural, le bronchogramme aérique, le shunt et les condensations sous-pleurales ("pieds")

5. Variabilité intra et inter-observateurs

La variabilité intra et inter-observateurs était satisfaisante pour les deux échographes

(tableau 6).

Tableau 6 Variabilité intra et inter-observateurs

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

20

DISCUSSION

Le VSCAN est un appareil d’échographie caractérisé par sa petite taille, il est rapidement

transportable au lit du patient et peut être utilisé dans de multiples situations (services de

réanimation, urgences, SMUR). Il peut être facilement nettoyé en fin d’examen ce qui permet

de réduire le risque potentiel de transmission de Bactéries Multi-Résistantes entre les patients.

Le VSCAN a déjà été évalué dans le cadre de l’échographie cardiaque, pleurale et abdominale

avec de bonnes performances. Notre étude est la première à évaluer sa performance dans le

cadre de l’échographie pulmonaire. Avec une borne de 5%, l’hypothèse de non infériorité du

VSCAN par rapport au Siemens ACUSON CV70 sur l’analyse des LUS moyens n’a pas été

confirmée.

L’analyse des scores de LUS individuels par la méthode de Bland et Altman a montré un biais

de -0.525 ; l’absence de précision du biais avec des limites d’agrément allant de -7,0 à + 8,0

indique que le VCAN ne permet pas de remplacer l’appareil d’échographie classique

(SIEMENS ACUSON V70) pour évaluer de manière précise la perte d’aération pulmonaire.

Le score de LUS est en effet un score quantifiant la perte d’aération pulmonaire qui varie de 0

à 36. Mettre en évidence une différence en valeur absolue entre les scores de LUS ne reflète

pas forcément la discordance globale entre deux méthodes. En effet, une différence de 4

points de LUS n’est pas équivalente si la valeur de base est à 5 ou si elle est à 15. C’est

pourquoi nous avons aussi exprimé cette différence en pourcentage de variation entre les deux

mesures individuelles appariées (VSCAN vs ACUSON CV70) pour chaque examen

(tableau 3). Nos résultats montraient qu’accepter une variabilité de 30% entre les scores de

LUS des deux échographies permettait d’obtenir une bonne concordance (74%) mais qui

restait difficilement acceptable pour l’utilisation clinique. L’infériorité du VSCAN pour

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

21

mesurer le score de LUS est expliquée par ses performances insuffisantes pour détecter le

syndrome alvéolo-interstitiel (Lignes B multiples, coalescentes ou issues de consolidations

juxta-pleurales). A l’inverse ses performances sont bonnes pour analyser les consolidations

alvéolaires et les épanchements pleuraux.

La performance limitée du VSCAN pour détecter les lignes B pourrait être expliquée par

plusieurs facteurs. Premièrement, le VSCAN est équipé d’une sonde d’échographie de type

cardiaque, moins performante pour la réalisation d’une échographie pulmonaire que la sonde

abdominale de l’ACUSON CV70, en particulier pour l’analyse de la périphérie du poumon.

Cependant la fréquence d’émission de la sonde d’échographie du VSCAN étant proche de

celle de la sonde d’échographie cardiaque de l’échographe SIEMENS, la variabilité des scores

de LUS devrait être moindre et la concordance meilleure pour le sous-groupe des patients

chez qui la sonde cardiaque a été utilisée lors de l’échographie avec l’appareil SIEMENS, ce

qui n’est pas le cas. Ceci pourrait être expliqué par un système de traitement du signal

probablement moins performant que celui équipant l’échographe classiquement utilisé.

Deuxièmement, l’écran du VSCAN est de plus petite taille et de résolution plus faible que

celui de l’échographe classique, ce qui ne permet pas une visualisation optimale des images

échographiques et pourrait induire une mauvaise interprétation.

En revanche, le VSCAN montre de bonnes performances pour la détection des épanchements

pleuraux avec une bonne concordance entre les deux échographes, comme une étude

précédente l’avait démontré [8]. De plus, le VSCAN se rapproche des performances de

l’ACUSON CV70 en ce qui concerne l'aération pulmonaire normale et les consolidations

alvéolaires. L’analyse de la variabilité intra et inter-observateurs a montré une bonne

concordance entre les différents opérateurs.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

22

Concernant les limites de notre étude, on peut noter que les opérateurs réalisant l’échographie

étaient dans la majorité des cas au courant de la pathologie et de l’évolution des malades

examinés. Cela pouvait donc influencer l’interprétation de l’échographie. Par ailleurs,

l’identification des régions d’intérêt, bien qu’elles soient définies par des repères anatomiques

(cf figure 2), pouvait varier entre les opérateurs et ainsi fausser la concordance entre les deux

appareils.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

23

CONCLUSION

De par ses caractéristiques (petite taille, simplicité d’utilisation, facilité de décontamination,

coût réduit et polyvalence), le VSCAN se présente comme une alternative intéressante aux

échographes « classiques » utilisés actuellement en réanimation.

Les études réalisées précédemment ont montré de bonnes performances du VSCAN dans le

cadre de l’échographie cardiaque, de l’échographie abdominale en urgence et pour la

détection des épanchements pleuraux.

Dans le cadre de l’échographie pulmonaire chez des patients de réanimation, les performances

du VSCAN sont bonnes pour analyser les consolidations alvéolaires et les épanchements

pleuraux. En revanche, elles sont insuffisantes pour détecter le syndrome alvéolo-interstitiel.

D’après ces résultats, le VSCAN dans sa configuration actuelle ne pourrait pas remplacer un

échographe utilisé habituellement comme technique de référence. Il représente cependant une

alternative intéressante pour le diagnostic des épanchements pleuraux et des consolidations

alvéolaires. L’intégration d’une sonde d’échographie plus adaptée, avec un écran de meilleure

résolution, pourrait améliorer les performances du VSCAN dans la détection du syndrome

alvéolo-interstitiel.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

24

REFERENCES

1) Volpicelli G, Elbarbary E, Blaivas M, Lichtenstein DA, Gebhard M, Kirkpatrick

AW, et al. International Evidence-based Recommendations for Point-of-care Lung

Ultrasound. Intensive Care Medicine 2012 ;38: 577–591.

2) Brisson H, “Quel échographe, quelle voie d’abord, quelle sonde pour

l’échographie pulmonaire ? “. Journées d’Enseignement Post-Universitaires

d’Anesthésie-Réanimation 2013.

3) Bouhemad, Bélaïd, Mao Zhang, Qin Lu, and Jean-Jacques Rouby. “Clinical

Review: Bedside Lung Ultrasound in Critical Care Practice.” Critical Care 11, no.

1 (2007): 205.

4) Bouhemad B, Zhi-Hai L, Arbelot C, Mao Z, Ferrari F, Le-Guen M, et al.

Ultrasound Assessment of Antibiotic-induced Pulmonary Reaeration in Ventilator-

associated Pneumonia. Critical Care Medicine 2010 ;38: 84–92.

5) Bouhemad B, Brisson H, Le-Guen M, Arbelot C, Lu Q, Rouby JJ. Bedside

Ultrasound Assessment of Positive End-expiratory Pressure-induced Lung

Recruitment. American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine 2011;

183: 341–347.

6) Soummer A, Perbet S, Brisson H, Arbelot C, Constantin JM, Lu Q, Rouby JJ.

Ultrasound Assessment of Lung Aeration Loss During a Successful Weaning Trial

Predicts Postextubation Distress. Critical Care Medicine 2012; 40: 2064–2072.

7) Razi R, Estrada JR, Doll J, Spencer KT. Bedside Hand-carried Ultrasound by

Internal Medicine Residents Versus Traditional Clinical Assessment for the

Identification of Systolic Dysfunction in Patients Admitted with Decompensated

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

25

Heart Failure. Journal of the American Society of Echocardiography: Official

Publication of the American Society of Echocardiography 2011; 24: 1319–1324.

8) Schleder S, Dendl LM, Ernstberger A, Nerlich M, Hoffstetter P, Jung M, et al.

Diagnostic Value of a Hand-carried Ultrasound Device for Free Intra-abdominal

Fluid and Organ Lacerations in Major Trauma Patients. Emergency Medicine

Journal 2013 ; 30: e20.

9) Schleder S, Dornia C, Poscenrieder F, Dedl L, Cojocaru L, Bein T, et al. Bedside

Diagnosis of Pleural Effusion with a Latest Generation Hand-carried Ultrasound

Device in Intensive Care Patients. Acta Radiologica 2012 ; 53: 556–560.

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

26

ANNEXES Annexe 1 : accord du CPP

[ins%tut-­‐anesthesie-­‐reanima%

on.org].  Do

cumen

t  sou

s  Licen

se  Crea%

ve  Com

mon

s  (by-­‐nc-­‐sa).    

27

Annexe 2 : fiche de recueil