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ÉCONOMIE De grandes marques jouent les militants sur des enjeux de l’heure Avis légaux.............B2 Édito.......................A6 Grille TV..................B7 Idées.......................A7 Météo.....................B6 Mots croisés...........B6 Sports.....................B6 Sudoku...................B6 INDEX VOL CXII N O 97 / LE MARDI 4 MAI 2021 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $ WWW.LEDEVOIR.COM CULTURE Le mea culpa de Maripier Morin ne convainc qu’à moitié | B 8 ACTUALITÉS Le campement du boisé Steinberg est démantelé A 8 Pour suivre l’actualité en continu, consultez nos plateformes numériques Les Directions de la protection de la jeunesse sont désormais perçues à tort comme la porte d’accès à des services d’aide parce que le financement des services de première ligne s’avère insuffisant, selon la commission Laurent. JACQUES NADEAU LE DEVOIR JEAN-FRANÇOIS NADEAU LE DEVOIR Un virage majeur en faveur de la pré- vention, la mise en place d’un leader- ship fort pour coordonner les diffé- rentes instances d’aide à l’enfance et une réforme de la Loi sur la protec- tion de la jeunesse : voici le noyau dur des recommandations du rapport de la commission Laurent sur les droits des enfants rendu public lundi. « Il faut investir massivement dans les services de prévention », répètent les commissaires par la voix de la pré- sidente, Régine Laurent. « Nous devons passer du déni dans lequel nous nous sommes trop long- temps réfugiés à l’aveu que nous n’avons pas pris les moyens suffisants la jeunesse, placé sous l’égide du mi- nistère de la Santé, afin d’« adapter le modèle des CISSS-CIUSSS à la réalité des services sociaux ». Il y a eu 118 000 signalements aux Directions de la protection de la jeu- nesse (DPJ) l’an passé. Le nombre a plus que doublé en 25 ans. À tort, les DPJ sont désormais perçues comme la porte d’accès à des services d’aide. Pourquoi ? Parce que le financement des services de première ligne et de prévention s’avère insuffisant, martèle la commission Laurent. VOIR PAGE A 8 : LIRE AUSSI PAGE A 6 : PLEINS FEUX SUR LA PRÉVENTION, L’ÉDITORIAL DE MARIE-ANDRÉE CHOUINARD 20 % C’est la propor- tion des députés qui ont répondu à notre sondage qui ont déjà con- tacté les autori- tés après avoir reçu un com- mentaire sur les réseaux sociaux. III COMMISSION LAURENT La DPJ en dernier recours Québec doit revoir le rôle de la protection de la jeunesse et investir dans la prévention, indique la commissaire dans son rapport Menaces et insultes contre les députés Certains ont cessé de relayer les mesures sanitaires sur les réseaux sociaux par crainte des réactions […] pour assurer à nos enfants, et parti- culièrement aux plus vulnérables d’en- tre eux, un environnement soutenant, stimulant, bienveillant et aimant », a dit Régine Laurent. La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, lancée le 30 mai 2019, constate l’inefficacité de la réforme des services de santé — la réforme Barrette de 2015 —, du moins en ce qui a trait aux services sociaux desti- nés à l’enfance. À cet égard, la com- mission recommande au gouverne- ment de faire en quelque sorte mar- che arrière, en créant une gestion et une coordination plus autonomes pour l’aide à l’enfance. Elle propose aussi la création d’un directeur national de la protection de SARAH R. CHAMPAGNE LE DEVOIR e Québec aura en- fin son fromage fermier. Après plus de sept ans de ges- tation, le projet de- vient un règlement pour encadrer ce terme valorisant. Il sera publié dans La Gazette offi- cielle mercredi, a appris Le Devoir d’une source gouvernementale proche du dossier. Les fromagers concernés s’en réjouissent, tout en voyant tout le travail qui reste à faire pour établir une reconnais- sance solide de leurs produits. « C’est l’aboutissement officiel et une reconnaissance vraiment bienve- nue », dit Jean Morin, copropriétaire de la Fromagerie du Presbytère, qui a participé au développement de cette initiative. La démarche fut peut-être ardue, mais son résultat survient à un moment crucial : « Il y a un éveil plus que jamais à la nécessité de sa- voir d’où les aliments viennent. Et c’est exactement ce qu’on vient défi- nir avec ce terme », dit-il. VOIR PAGE A 4 : L Il y a un éveil plus que jamais à la nécessité de savoir d’où les aliments viennent. Et c’est exactement ce qu’on vient définir avec ce terme. JEAN MORIN » Un fermier et son fromage Après sept ans d’affinage, le terme valorisant « fromage fermier » sera accordé aux producteurs-transformateurs laitiers MYLÈNE CRÊTE CORRESPONDANTE PARLEMENTAIRE À QUÉBEC LE DEVOIR L’image est sans équivoque : un crâne avec une balle en plein front. C’est l’un des nombreux messages haineux envoyés par des citoyens en colère à la ministre Caroline Proulx durant les premiers mois de la pandémie. « Je ne savais pas trop comment re- cevoir ça, honnêtement », avoue la ministre du Tourisme, qui a avisé la Sûreté du Québec. Son portefeuille n’est généralement pas polarisant, mais cette ancienne journaliste habi- tuée à la polémique s’est retrouvée, bien malgré elle, au cœur de la tour- mente sur les réseaux sociaux. « C’était lié à la séquence de décon- finement de l’été dernier, raconte-t-el- le en entrevue. Les gens voulaient sa- voir quand. Quand on va pouvoir avoir des déplacements interrégionaux, quand on va pouvoir aller au camping, quand on va pouvoir aller au parc d’at- tractions… Leur impatience était là. » Pour se faire entendre, des citoyens l’ont inondée de messages. Certains l’ont traitée de « plante verte », se sont attaqués à ses capacités intellec- tuelles ou à son physique. Le Devoir a voulu prendre la mesure de ce phénomène qui fait malheureu- sement partie du quotidien de la plu- part des élus. Nous avons fait parvenir un questionnaire aux 125 députés de l’Assemblée nationale. Ils avaient le choix d’y répondre de façon anonyme ou à visage découvert. En tout, 95 ont répondu tous partis confondus et, de ce nombre, presque la totalité a dit re- cevoir des messages désagréables, inti- midants, haineux ou menaçants sur les réseaux sociaux. L’effet COVID-19 Ils sont nombreux à avoir remarqué une amplification depuis le début de la pandémie à un point tel que cer- tains filtrent les sujets qu’ils abordent sur leurs comptes Facebook, Twitter, Instagram ou YouTube. Certains ont révélé ne plus relayer les mesures sa- nitaires controversées, comme le port du masque, de peur de recevoir une volée de bois vert. Une députée libéra- le a même indiqué qu’on l’avait mena- cée de brûler sa maison tout en faisant VOIR PAGE A 2 : TOUS POLARISÉS

Menaces et insultes contre les députés

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Page 1: Menaces et insultes contre les députés

ÉCONOMIEDe grandes marques jouent les militants sur des enjeux de l’heure

Avis légaux.............B2Édito.......................A6Grille TV..................B7Idées.......................A7Météo.....................B6Mots croisés...........B6Sports.....................B6Sudoku...................B6

INDEX

VOL CXII NO 97 / LE MARDI 4 MAI 2021 / 1,52 $ + TAXES = 1,75 $WWW.LEDEVOIR.COM

CULTURELe mea culpa de Maripier Morin ne convainc qu’à moitié | B 8

ACTUALITÉSLe campement du boisé Steinberg est démanteléA 8

Pour suivre l’actualité

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Les Directions de la protection de la jeunesse sont désormais perçues à tort comme la porte d’accès à des services d’aide parce que le financement des services de première ligne s’avère insuffisant, selon la commission Laurent. JACQUES NADEAU LE DEVOIR

JEAN-FRANÇOIS NADEAULE DEVOIR

Un virage majeur en faveur de la pré-vention, la mise en place d’un leader-ship fort pour coordonner les diffé-rentes instances d’aide à l’enfance et une réforme de la Loi sur la protec-tion de la jeunesse : voici le noyau dur des recommandations du rapport de la commission Laurent sur les droits des enfants rendu public lundi. « Il faut investir massivement dans les services de prévention », répètent les commissaires par la voix de la pré-sidente, Régine Laurent.

« Nous devons passer du déni dans lequel nous nous sommes trop long-temps réfugiés à l’aveu que nous n’avons pas pris les moyens suffisants

la jeunesse, placé sous l’égide du mi-nistère de la Santé, afin d’« adapter le modèle des CISSS-CIUSSS à la réalité des services sociaux ».

Il y a eu 118 000 signalements aux Directions de la protection de la jeu-nesse (DPJ) l’an passé. Le nombre a plus que doublé en 25 ans. À tort, les DPJ sont désormais perçues comme la porte d’accès à des services d’aide. Pourquoi ? Parce que le financement des services de première ligne et de prévention s’avère insuffisant, martèle la commission Laurent.

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LIRE AUSSI PAGE A 6 : PLEINS FEUX SUR LA PRÉVENTION, L’ÉDITORIAL DE MARIE-ANDRÉE CHOUINARD

20%C’est la propor-tion des députés qui ont répondu à notre sondage qui ont déjà con-tacté les autori-tés après avoir reçu un com-mentaire sur les réseaux sociaux.

III COMMISSION LAURENT

La DPJ en dernier recoursQuébec doit revoir le rôle de la protection de la jeunesse et investirdans la prévention, indique la commissaire dans son rapport

Menaces et insultes contre les députésCertains ont cessé de relayer les mesures sanitaires sur les réseaux sociaux par crainte des réactions

[…] pour assurer à nos enfants, et parti-culièrement aux plus vulnérables d’en-tre eux, un environnement soutenant, stimulant, bienveillant et aimant », a dit Régine Laurent.

La Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, lancée le 30 mai 2019, constate l’inefficacité de la réforme des services de santé — la réforme Barrette de 2015 —, du moins en ce qui a trait aux services sociaux desti-nés à l’enfance. À cet égard, la com-mission recommande au gouverne-ment de faire en quelque sorte mar-che arrière, en créant une gestion et une coordination plus autonomes pour l’aide à l’enfance.

Elle propose aussi la création d’un directeur national de la protection de

SARAH R. CHAMPAGNELE DEVOIR

e Québec aura en-fin son fromage fermier. Après plus de sept ans de ges-tation, le projet de-vient un règlement

pour encadrer ce terme valorisant. Il sera publié dans La Gazette offi-cielle mercredi, a appris Le Devoir d’une source gouvernementale proche du dossier. Les fromagers concernés s’en réjouissent, tout en voyant tout le travail qui reste à

faire pour établir une reconnais-sance solide de leurs produits.

« C’est l’aboutissement officiel et une reconnaissance vraiment bienve-nue », dit Jean Morin, copropriétaire de la Fromagerie du Presbytère, qui a participé au développement de cette initiative. La démarche fut peut-être ardue, mais son résultat survient à un moment crucial : « Il y a un éveil plus que jamais à la nécessité de sa-voir d’où les aliments viennent. Et c’est exactement ce qu’on vient défi-nir avec ce terme », dit-il.

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Un fermier et son fromageAprès sept ans d’affinage, le terme valorisant « fromage fermier » sera accordé aux producteurs-transformateurs laitiers

MYLÈNE CRÊTECORRESPONDANTE PARLEMENTAIREÀ QUÉBECLE DEVOIR

L’image est sans équivoque : un crâne avec une balle en plein front. C’est l’un des nombreux messages haineux envoyés par des citoyens en colère à la ministre Caroline Proulx durant les premiers mois de la pandémie.

« Je ne savais pas trop comment re-cevoir ça, honnêtement », avoue la ministre du Tourisme, qui a avisé la Sûreté du Québec. Son portefeuille n’est généralement pas polarisant, mais cette ancienne journaliste habi-tuée à la polémique s’est retrouvée, bien malgré elle, au cœur de la tour-mente sur les réseaux sociaux.

« C’était lié à la séquence de décon-finement de l’été dernier, raconte-t-el-le en entrevue. Les gens voulaient sa-voir quand. Quand on va pouvoir avoir des déplacements interrégionaux, quand on va pouvoir aller au camping, quand on va pouvoir aller au parc d’at-tractions… Leur impatience était là. »

Pour se faire entendre, des citoyens l’ont inondée de messages. Certains l’ont traitée de « plante verte », se sont attaqués à ses capacités intellec-tuelles ou à son physique.

Le Devoir a voulu prendre la mesure de ce phénomène qui fait malheureu-sement partie du quotidien de la plu-part des élus. Nous avons fait parvenir un questionnaire aux 125 députés de l’Assemblée nationale. Ils avaient le choix d’y répondre de façon anonyme ou à visage découvert. En tout, 95 ont répondu tous partis confondus et, de ce nombre, presque la totalité a dit re-cevoir des messages désagréables, inti-midants, haineux ou menaçants sur les réseaux sociaux.

L’effet COVID-19Ils sont nombreux à avoir remarqué une amplification depuis le début de la pandémie à un point tel que cer-tains filtrent les sujets qu’ils abordent sur leurs comptes Facebook, Twitter, Instagram ou YouTube. Certains ont révélé ne plus relayer les mesures sa-nitaires controversées, comme le port du masque, de peur de recevoir une volée de bois vert. Une députée libéra-le a même indiqué qu’on l’avait mena-cée de brûler sa maison tout en faisant

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TOUS POLARISÉS