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1072 - janvier 2007 SOMMAIRE : ACTUALITÉ : page 9 A A u u f f i i l l d d e e s s j j o o u u r r s s J EAN-PIERRE MON constate que les avis divergent sur le rôle de la Banque Centrale euro- péenne, mais que les modèles d’État-Providence sont démolis partout, même en Suède. PERSPECTIVES POUR LA NOUVELLE ANNÉE : page 3 P P o o u u r r n n e e p p a a s s d d é é s s e e s s p p é é r r e e r r M ARIE -L OUISE D UBOIN suggère d’aller chercher l’information et débattre en dehors des grands médias. page 6 L L h h y y p p e e r r - - m m a a r r c c h h é é d d e e N N o o ë ë l l CAROLINE ECKERT raconte comment un collectif, à Strasbourg, incitait les badauds à réfléchir devant les vitrines préparées pour Noël. page 5 D D e e m m a a n n d d e e z z l l e e p p r r o o g g r r a a m m m m e e ! ! J ACQUES MÉNOCHET estime que le programme des anti libéraux n’est qu’une étape, il propose une autre organisation pour parvenir à dissocier travail et revenus. pages 11 L L a a r r u u p p t t u u r r e e t t r r a a n n q q u u i i l l l l e e g g r r â â c c e e a a u u B B C C G G . . AGORA VOX, sur Internet, donne références et précisions sur la société américaine de conseil en stratégie dont N.Sarkozy a loué les services pour élaborer son programme. page 12 L L e e s s d d e e r r n n i i è è r r e e s s n n o o u u v v e e l l l l e e s s d d e e d d e e m ma a i i n n ! ! GÉRARD HENRI BRISSÉ énumère bon nombre de mesures qu’un candidat devrait s’engager à prendre. RÉFLEXION : page 7 C C o o m m m m e e n n t t s s e e d d é é t t r r u u i i t t l l a a d d é é m m o o c c r r a a t t i i e e I SABELLE PIVERT a observé comment une entreprise choisit parmi les scénarios possibles celui qui va lui permettre d’être “créateur de valeur” et elle explique ce que cet objectif signifie. page 10 U U n n a a v v e e u u ? ? PAUL V INCENT a remarqué une affiche publicitaire du ministère des armées. Le slogan en est édifiant. TRIBUNE DES LECTEURS pages 14-15 Courrier des lecteurs La Grande Relève MENSUEL DE RÉFLEXION SOCIO-ÉCONOMIQUE VERS LA DÉMOCRATIE D’UNE ÉCONOMIE DE RÉPARTITION «Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» V. Hugo. GR 1072 - France 2,20 euros ISSN : 0398-2076 commission paritaire N°0408 K 83051

MENSUEL DE RÉFLEXION SOCIO-ÉCONOMIQUE VERS LA … · 2015. 6. 28. · que Caroline Eckert a vus au marché de Noël à Strasbourg et qu’elle décrit plus loin dans ces colonnes

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Page 1: MENSUEL DE RÉFLEXION SOCIO-ÉCONOMIQUE VERS LA … · 2015. 6. 28. · que Caroline Eckert a vus au marché de Noël à Strasbourg et qu’elle décrit plus loin dans ces colonnes

N° 1072 - janvier 2007

SOMMAIRE :• ACTUALITÉ :

page 9 AA uu ff ii ll dd ee ss jj oo uu rr ssJEAN-PIERRE MON constate que les avis divergent sur le rôle de la Banque Centrale euro-

péenne, mais que les modèles d’État-Providence sont démolis partout, même en Suède.

• PERSPECTIVES POUR LA NOUVELLE ANNÉE :

page 3 PPoouurr nnee ppaass ddéésseessppéérreerrMA R I E-LO U I S E DU B O I N suggère d’al ler chercher l ’ information et débattre

en dehors des grands médias .

page 6 LL ’’ hhyyppeerr --mmaarrcchhéé ddee NNooëë llCAROLINE ECKERT raconte comment un col lect i f , à Strasbourg, incitait lesbadauds à ré f léchir devant les vitr ines préparées pour Noël .

page 5 DDeemmaannddeezz ll ee pprrooggrraammmmee !!JACQUES MÉNOCHET estime que le programme des anti libéraux n’est qu’une étape,il propose une autre organisation pour parvenir à dissocier travail et revenus.

pages11 LLaa ““rruuppttuurree tt rraannqquu ii ll ll ee ggrrââccee aauu BBCCGG ..AGORA VOX, sur Internet, donne références et précisions sur la société américaine deconseil en stratégie dont N.Sarkozy a loué les services pour élaborer son programme.

page 12 LLeess ddeerrnniièèrreess nnoouuvveelllleess ddee ddeemmaaiinn !!GÉRARD HENRI BRISSÉ énumère bon nombre de mesures qu’un candidat devraits’engager à prendre.

• RÉFLEXION :

page 7 CCoommmmeenntt ssee ddéétt rruu ii tt ll aa ddéémmooccrraatt ii eeISABELLE PIVERT a observé comment une entreprise choisit parmi les scénarios possibles celui qui va lui permettre d’être “créateur de valeur” et elle explique ceque cet objectif signifie.

page 10 UUnn aavveeuu ??PA U L VI N C E N T a remarqué une af f iche publ ic i ta ire du ministère des armées .

Le s logan en est édi f iant .

• TRIBUNE DES LECTEURS

pages14-15 CCoouurrrriieerr ddeess lleecctteeuurrss

La Grande RelèveM E N S U E L D E R É F L E X I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E

V E R S L A D É M O C R A T I E D ’ U N E É C O N O M I E D E R É P A R T I T I O N

«Vous voulez les pauvres secourus, moi je veux la misère supprimée» V. Hugo.

GR 1072 - France 2,20 eurosI S S N : 0398-2076

commission paritaire N°0408 K 83051

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P E R S P E C T I V E S P O U R L A N O U V E L L E A N N É E

L a première moitié de l’année qui com-mence va être dominée, en France, par lesélections. Ce serait une excellente chose si

c’était l’occasion pour les citoyens de discutersur la façon de réaliser ensemble, grâce auxénormes moyens actuels, un monde plus juste etplus humain. Malheureusement beaucoup d’électeurs sontdéjà saturés des spectacles organisés autour decandidats transformés en stars, sinon en clowns.Certains pensent même que le véritable enjeudes élections, loin d’être l’avenir de tous, n’est,en fait, que la “carrière” des vedettes du show-business qu’est devenue la politique : les traitésqui ont été signés au niveau européen ont fixé, etpour longtemps, la marche (libérale) à suivre, ilsne laissent guère de marge de manœuvre auxfuturs élus, dont le rôle, en premier lieu celui duPrésident, est désormais de trouver des marchéspour les grandes entreprises. Dans ce contexte, plus grand monde, parmi lesgens normalement constitués, ne croit encoreaux promesses de retour au plein emploi, deredressement, de rupture, fût-elle tranquille, defin de la fracture sociale, de fin de la pauvreté,de sursaut de la France, ni à une croissance dite“durable” dans le respect de l’environnement.Même avec de nouvelles formules commesavent tellement en inventer les conseillers encommunication, ça ne “passe” plus. Alors, n’est ce que sur la comparaison de leursméthodes pour réprimer la violence, née desinégalités et autres injustices, que les électeurs sedétermineront ? Est-ce la candidate du PS quil’emportera en remplaçant le «je vous ai compris»gaulliste par «je vous ai écoutés» ? Le drame estque tous ces candidats “médiatisés” ne propo-sent rien qui soit en mesure de répondre auxproblèmes essentiels des citoyens, rien qui offreune véritable alternative à ce dont ils ne veulentplus, rien qui empêche ce qu’ils redoutent. Car l’essentiel du pouvoir, y compris le pouvoirmédiatique, est détenu, de fait, par ceux quiouvrent les crédits et gèrent les fonds d’investis-sements : ce privilège leur permet de prendre lesgrandes décisions, celles qui définissent l’avenirde tous, alors qu’ils font ces choix dans leur seulintérêt. Tant que cette logique ne sera pas remi-se en cause, l’intérêt de “l’élite” primera sur lepouvoir politique, même dans nos démocratiesdites représentatives. Et les Droits de l’Hommeet de son environnement, pas plus demainqu’aujourd’hui, ne seront respectés. C’est cettebase du système qu’il est urgent de changer,

alors qu’aucun des “décideurs” actuels n’en acure, car pas un, pas une, des candidats suscep-tibles de l’emporter n’envisage de sortir de cecarcan. Tous s’agitent en tous sens en promet-tant l’impossible, tous, tels des mouches coin-cées dans un verre retourné sur la table, cher-chent une issue qui est introuvable à l’intérieur. On ne viendra à bout ni du chômage, ni de lapauvreté, ni de la dégradation de l’environne-ment tant que le profit sera la motivation detoute activité. C’est évidemment parce que cette solution estradicale qu’on n’arrive pas à l’envisager.Prendre conscience qu’il n’y en a pas d’autreprend du temps, et, en attendant, le risque estgrand que les citoyens, lassés de promesses inte-nables, se livrent au pire, à celui qui récolte lesvoix des désespérés en cachant ses intentionssous l’air connu de «La France aux Français»,alors que l’histoire a montré, hélas, où mènentde tels slogans. Ceux qui souffrent du système sont infinimentplus nombreux que ceux qui en profitent. Maiscette immense majorité n’a, en général, mêmepas les moyens de s’informer. Le changementsalutaire ne peut donc venir que de ceux qui,entre ces extrêmes, ne sont ni illettrés, ni assezabrutis pour laisser se poursuivre la destructionde la société humaine. La raison ne l’emporteraque si une majorité de citoyens cesse de se sou-mettre à ce qui lui est présenté comme inévi-table, et qui ne résulte pourtant que d’une idéo-logie dont on voit à quelles catastrophes elleconduit. Mais il faut que ceux qui se contententde soupirer «Quel monde allons-nous laisser à nosenfants !» arrivent à refuser d’admettre docile-ment qu’il n’y a pas d’alternative à cette écono-mie de marché. Qu’ils refusent d’être mis dansl’obligation de se battre en permanence contretous pour gagner leur vie. Qu’ils nient que larivalité soit nécessaire. Qu’ils organisent entreeux la solidarité et la coopération, même quandon leur affirme que ce sont des chimères sousprétexte que l’homme ne peut être qu’un louppour l’homme.

*Ne pas se désespérer demande du courage. Plusque pour assister passivement aux débatssavamment organisés par la télévision. Et répli-quer aux candidats, par des critiques proférées,même en hurlant, devant son poste, en famille,ne sert à rien. Les informations, il faut faire l’effort d’aller leschercher ailleurs que dans les médias officiels.

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Pour ne pas d�sesp�rer

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4 LA GRANDE RELEVE - N° 1072 - JANVIER 2007

C’est d’autant moins facile qu’est bien entretenuun préjugé selon lequel un spectacle marginalest soit de mauvaise qualité, soit subversif : il nepeut être le fait que d’affreux “gauchistes”. Cet apriori n’est sans doute pas étranger au faitqu’une telle démarche est une façon, pour lecitoyen, d’acquérir plus d’autonomie, doncd’être moins docile, moins soumis à toutes lespublicités. Car c’est en allant voir des films, desdocumentaires ou de courts métrages, souventmontés avec peu de moyens et qui passent dansde petits cinémas dits “d’essai” (tels Utopia,Pandora, etc.), qu’on peut découvrir ce dontailleurs on ne parle pas. Je pense par exempleaux films de la canadienne Carole PoliquinTurbulences, ou Le bien commun, produits parISCA et diffusés en vidéo-cassettes par Média-max, à Montréal. Je pense aussi au film, plusrécent, intitulé Bamako, ce procès de la banquemondiale qui se passe tout simplement dans lacour d’une maison africaine, est magnifique.Allez le voir, il est aussi important que le filmd’Al Gore “Une vérité qui dérange”, réalisé avecd’autres moyens. Et n’ayez pas peur non plusd’assister aux spectacles de ces troupes dethéâtre, parfois d’amateurs, parfois de profes-sionnels, qui interpellent le public pour le faireréfléchir. Nos fidèles lecteurs se souviennentque nous avions annoncé le spectacle que pré-parait la compagnie de la Tribouille, de Nantes :le premier volet intitulé Le paradoxe de l’Érika,mis en scène par Philippe Piau, est passé au“théâtre économique et fraternel Mains d’œuvres”, àSaint Ouen, le mois dernier. C’est une réussite.Que trois acteurs puissent faire passer tantd’idées avec si peu de moyens, c’est formidable.Autre exemple, la troupe du Théâtre duMantois : trois personnes et sans décor, lisent un

texte au public, sous le titre “Le rêve d’Alvaro”. Si,après tout ce qu’on a pu entendre à son propos,on vous dit qu’il s’agit des communiqués écritsdans les montagnes du sud-est mexicain par le“sous-commandant” Marcos, pensez qu’il s’agitdes violents propos d’un dangereux “guérille-ro”, armé et menaçant. Mais si vous y allezquand même, vous découvrez une poésie, unenon-violence, et une profondeur de réflexioninimaginables, qui vous enchantent. Ces groupes originaux d’acteurs de théâtre sont,et c’est une bonne nouvelle, de plus en plusnombreux, et ceux que nous avons eu l’occasionde voir étaient tous très bons.Et puis soyez attentifs, à l’occasion, à des spec-tacles de rue apparement improvisés, tels ceuxque Caroline Eckert a vus au marché de Noël àStrasbourg et qu’elle décrit plus loin dans cescolonnes. Car dès qu’on accepte de faire l’effort d’allervoir ce qui se passe en dehors de ce que présen-te la grande presse, avec ses gros moyens, lemoral remonte. On s’aperçoit qu’il y a une foulede gens qui cherchent aussi comment construireensemble un monde où l’espoir ne soit plus unmot vide de sens. Et qu’ils ont plein d’idées,encore confuses, certes. C’est pour cela que lesdiscussions peuvent durer bien au delà des pro-chaines élections. Mais qu’importe, il faut sansdoute en passer par là quand les professionnelsde la politique ne représentent plus leurs man-dants.

Marie-Louise Duboin.PS : et si vous voulez mieux connaître, puis fairecomprendre les mécanismes par lesquels le pouvoirdes élus est écrasé par celui des financiers, j’ai leplaisir de vous annoncer, pour fin, février la sortied’un livre qui devrait pourvoir vous y aider…

VAULX EN VELIN(la Côte,

près de la mairie annexe)

Centre social et culturel Jean et Joséphine Peyri

rue Joseph Blein

Mercredi 7 mars 19 heures 30

TONNAY-CHARENTE

Conférence organisée à l’initiative

des Citoyens du monde

Vendredi 16 mars20 heures

ÉCONOMIE ET DÉMOCRATIEDEUX CONFÉRENCES SUIVIES DE DÉBATS SONT PRÉVUES,

RETENEZ DÉ JÀ LEURS LIEUX ET DATES :

PLUS AMPLES INFORMATIONS DANS NOTRE PROCHAIN NUMÉRO

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R É F L E X I O N

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Demandez programme !

L e programme antilibéral, pour moi, est uncatalogue de mesures provisoires, qui nepeuvent que colmater quelques brèches

dans l’économie capitaliste cautionnée par lespartis libéraux, sans oser encore poser de pers-pective à plus long terme.Qu’est-ce que l’économie capitaliste ? — C’estl’organisation d’échanges marchands dont lafinalité est de faire du profit. Qui bénéficie des profits engendrés ? — Ce nesont plus de simples patrons entrepreneurs, cesont des actionnaires, car la mondialisation rendbeaucoup trop élevés pour un individu ou unefamille les investissements et les risques liés. L’autre finalité de l’économie capitaliste, dans lamême logique, c’est de supprimer des emplois.La création d’emplois n’a jamais été le but del’économie capitaliste ; en développant les tech-niques et en remodelant constamment l’organi-sation du travail, elle est arrivée à un taux deproductivité tel que la production de richessesde plus en plus nombreuses va de pair avec unecompression de plus en plus grande du person-nel et des coûts salariaux. Donc il est malhonnê-te de cautionner cette économie capitaliste touten prétendant lutter contre le chômage, commele font les gouvernements libéraux.Le seul moyen de s’en sortir est de faire pres-sion, sans doute progressivement, pour décou-pler le travail du revenu. Dans les pays déve-loppés, il y a un surplus de richesses produitespar rapport aux besoins. Il ne tient qu’à unevolonté politique de prendre le problème à brasle corps pour distribuer à tous les citoyens unrevenu issu de la capacité de valeur d’échangede ces produits ; ce revenu permettra auxcitoyens de se fournir en produits nécessaires.Le revenu décent deviendra la norme, et nonpas un plan d’assistance à des gens qu’on mar-ginalise en les montrant du doigt.Mais pour cela il faut … introduire la démocra-tie dans l’économie, donc décider collectivementdes productions utiles, relocaliser les unités deproduction, etc… Les politiques dites libérales ne font qu’accom-pagner et cautionner les économies capitalistes.Or une politique vraiment antilibérale doit stop-per ce mouvement de fond, qui n’est pas inéluc-table. Il serait déjà indispensable d’encourageret de soutenir des expérimentations sociales,sans doute d’abord au niveau local, puis com-

munal, et régional. Pour cela, il convient de don-ner un autre sens à la monnaie ; de créer desmonnaies de substitution, comme le font desassociations comme les SEL, mais aussi d’autresinitiatives plus larges, comme en Argentineaprès l’effondrement de l’économie de ce pays.En effet, la monnaie actuelle trouve son fonde-ment dans une création anticipée qui permetaux banques d’encaisser des intérêts, et, à plusgrande échelle, à des boursicoteurs de spéculer. Introduire la possibilité d’expérimentationspourrait rendre visible le caractère conservateuret libéral de plusieurs fondements de la sociétécapitaliste, à savoir par exemple, le travail sala-rié pour chacun, et la famille. La famille, défen-due par tous les politiques (voir les discours deSarkozy et de Royal), a toujours été pour lesgouvernements un moyen de réguler les conflitssociaux, en rappelant aux parents salariés queleur but ultime est la bonne conduite de leur viefamiliale, c’est-à-dire leur devoir d’éducation,d’accompagnement de leurs enfants vers uneformation et une profession, leur responsabilitéface aux charges du foyer (payer les impôts,payer tous les crédits qu’on les a encouragés àcontracter, etc…). Et pour l’économie capitaliste,la famille (“le ménage”, disent-ils, c’est-à-direl’occupant ou les occupants d’un logement) atoujours été l’unité de consommation, visée parles publicitaires.Or, cette organisation n’a rien de démocratique.Elle est liée à l’économie capitaliste. Dans leslieux d’expérimentation sociale que je prône(que j’appellerais volontiers des “collectifs devie”), l’adhésion au projet serait le fait de chaqueindividu, et non pas d’une famille. D’où uneautre organisation du logement, déjà.Actuellement, le “marché” du logement est flo-rissant, et c’est le premier poste de dépensesdans les budgets des familles. On ne favorisepas d’autres formules, qui devraient être prisesen compte et même soutenues par une sociétéantilibérale : possibilité pour des collectifs d’in-dividus (où la pluralité serait encouragée :hommes, femmes, enfants, mélange des âges,etc…) d’acquérir ou de louer des logementscontigus, avec des pièces communes, pour unpartage de tâches et de matériels (commemachines à laver, TV, ordinateurs, etc…), et pourdes loisirs communs, (en particulier une piècequi servirait aussi aux discussions sur l’organi-

par Jacques Ménochet

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sation interne, etc…), un jardin commun à desfins de potager commun, etc… Cette organisation permettrait d’envisager, déjàà ce niveau basique, une autre façon d’avoirrecours, si besoin, au travail salarié : quelques-uns, par roulement, s’y “coltineraient” tant qu’ily aurait des postes. À une échelle plus large, il serait indispensablede privilégier les Scop, et autres formules d’or-ganisation du travail, d’appropriation par lestravailleurs de leurs moyens de production et degestion de la production et de la distribution.Car, même dans le cas d’une généralisation de la

distribution des revenus, il resterait un mini-mum de postes à pourvoir pour la productiondes biens. L’utilité de cette production devraitêtre discutée et décidée démocratiquement. Onintroduirait ainsi de la démocratie à tous lesniveaux de la production.De même les tâches qui incombent à toute socié-té (entretien des routes, soins aux malades,etc…je fais vite, chacun peut en faire une liste)seraient discutées et partagées par roulement.Mais il resterait du temps à chacun, et à chaquecollectif, pour organiser sa vie personnelle, lacréativité, la vie culturelle, etc…

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Je ne résiste pas au plaisir de vousfaire partager les activités duCollectif de Réappropriation del’Espace Public de Strasbourg. Surleur site internet, dont l’adresse estcrep.strasbourg.free.fr., vous pourreztrouver des photos qui vous donne-ront une idée. Je suis passée les voir et je n’ai pasété déçue. Il faut savoir que la ville est trans-formée en un véritable supermarchéavec son lot d’agressions sonores etlumineuses.Les membres de la CREP se proster-nent devant un arbre bleu donttoutes les branches sont doublées deguirlandes lumineuses bleues, qu’ilsappellent l’arbre à cartes bancaires,et ils chantent des hymnes à la gloirede sa sainteté consommation. Ilsinterpellent les passants pour lessensibiliser en les faisant rire. Parexemple, ils mettent des contraven-tions : j’en ai eu une pour “sous-consommation”, mais il y a de nom-breux autres chefs d’inculpation telsque “pas d’argent”, “ne croit pas aupère Noël”, “refus de boire du vinchaud”, “défaut de port du bonnet deNoël”, “non achat de bredele” (cesgâteaux qui sont ici une spécialité desaison), “le contrevenant n’est pasvenu en voiture et n’avait même pasun sac plastoc dans les mains” ouencore pour “non achat de souvenirsmade in China” (à ce propos, unedame a essayé de se justifier endisant qu’elle habitait à Strasbourg,il lui a été répondu que ce n’était pasune raison et qu’il fallait quandmême acheter des “souvenirs”), etc.

Caroline Eckert.

Tract diffusé par le Collectif de Réappropriation de l’Espace Public de Strasbourg :

Bonjour, le CREP vous invite à venir fêter l’hyper-marché de Noëldemain vendredi à partir de 18h30

MARCHÉ DE NOËL : LE SENS DU PARTAGE ? Il n’y a pas encore assez de cabanes de Noël à Strasbourg ! C’est pourquoi leCREP s’invite à “l’hypermarché de Noël“ avec six cabanes supplémentaires.Ambulantes, celles-ci bravent la foule des consommateurs venus en sur-nombre pour “partager” la “féérie” du Christkindelsmärik... à coup d’euros.Demain, vers 18h30, vous pourrez vous joindre à ces quelques cabanes autourde l’arbre bleu des commercants du centre-ville, place Gutemberg, rebaptisél’arbre des cartes bleues pour une cérémonie pas piquée des hannetons.Vers 19h15, rebelotte au pied du beau et grand sapin, place Kléber pourquelques chants de circonstance et quelques joutes verbales, vous pourrezmême vous faire prendre en photo avec les superbes cabanes ambulantespour la modique somme de 150 euros par photo.

** LA MAGIE DES JOUETS FABRIQUÉS PAR DES ENFANTS

Les cadeaux made in China déferlent sur le marché de Noël, fabriqués par desenfants, des prisonniers ou par des ouvriers exploités...Partage ou exploitation ?

* LA FÉÉRIE DE L’ÉLECTRICITÉ GASPILLÉEStrasbourg scintille, la mairie se dit écolo, parle de vélo, mais fait tout pourrester la “ville la plus illuminée d’Europe”, celle qui dilapide le plus d’électri-cité... Partage ou gaspillage ?

* LE ROYAUME MERVEILLEUX DES CADEAUX EN TROPMarchés de Noël, pubs, crédits à la conso nous conditionnent à offrir descadeaux souvent inutiles. Est-ce le seul moyen que nous ayons d’aimer nosproches ?... Partage ou hypocrisie ?

* L’ENCHANTEMENT DE LA SURCONSOMMATIONChaque année plus de cabanes, une dinde plus grosse, plus de bulles dans lechampagne. Ce sera plus Noël ? Acheter toujours plus, est-ce être plus heureux ?... Partage ou illusion ?

* LE DÉCOR EXTRAORDINAIRE DU CENTRE VILLELe temps du marché de Noël, le centre de Strasbourg devient un décor folk-lorisé, confisqué à ses habitants. Dans le super-marché de Noël, “la vie, lavraie” est bien plus belle que la vraie vie ... Noël à Strasbourg : le sens du business !

LLÕÕ hhyyppeerr--mmaarrcchh�� ddee NNoo��ll

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ÇD ésormais, vous travaillez uniquementpour l’actionnaire !» Ainsi s’exprimel’ancienne employée commerciale

d’une multinationale allemande de l’industriepharmaceutique, lors de la présentation par sesdirigeants du concept de shareholder value1 à l’en-semble des salariés. Elle raconte : «on nous aexpliqué que nous aussi on allait en profiter, puisquesi on enrichissait l’actionnaire, on aurait des primes,des augmentations… Et je peux vous dire que main-tenant je comprends tout à fait qu’une entreprise quifait des profits aujourd’hui ferme des usines ou licen-cie… Car si elle ne le fait pas, alors c’est elle quidevra fermer dans dix ans».— Vous êtes capable, vous, de prédire l’avenir àdix ans ?— Non, mais Eux ils savent…Aveuglement ? Intoxication ? Idolâtrie ? Issuedes banques d’affaires anglo-saxonnes, la share-holder value, en français création de valeur pourl’actionnaire, est un concept financier dont sesont emparés, au début des années 1990, lescabinets internationaux de conseil en organisa-tion et stratégie, pour l’implanter à tous lesniveaux de décision de la multinationale cotéeen Bourse. Et cela, partout sur la planète.En l’espace de seulement une dizaine d’annéesce concept devint opérationnel, et central danstoute grande entreprise, même non cotée. Àchaque étape de décision, donc de choix, unequestion unique est martelée, tant et si bienqu’elle tend à devenir le principe naturel etimplicite de toute “bonne” gestion, qu’on appel-le maintenant gouvernance : tel scénario crée-t-ilde la valeur pour l’actionnaire, c’est-à-dire l’en-richit-il ? Autrement dit, si l’entreprise est cotée2,cela fait-il monter le cours de l’action à laBourse ? Entre plusieurs scénarios, dits “créateurs devaleur”, on choisit d’emblée celui dont on espè-re qu’il fera le plus monter le cours, et tout desuite. Et pour cela on teste l’avis prospectif etintéressé des financiers. Telle activité, supposéegénérer 6, ou 7, ou 8 % de retour sur capitauxinvestis, sera abandonnée ou bradée, au profitde celles générant au moins 15%. Sans quitter lalogique financière, il s’agit là tout simplement

de destruction d’activités rentables, et donc derichesse et d’emplois. Ces scénarios “créateurs de valeur” privilégientla réduction immédiate des coûts, alors que l’in-novation demande du temps et de l’argent. Lasuppression de la notion de durée constitueainsi une perversion de la notion même d’entre-prise - qui est un pari sur l’avenir. Cette perver-sion provient, entre autres, de la croyance hysté-rique, mais savamment entretenue, en uneconcurrence effrénée et permanente entre tous :face à la peur de l’avenir, tout est toujours bon àprendre. De là à inverser la fin et les moyens (carla Bourse représentait auparavant l’un des outilsde financement de l’entreprise), il n’y a qu’unpas. Il fut allègrement franchi : l’hystérie inter-net au tournant du siècle servit de test involon-taire : pour faire grimper la valeur d’une start-up avant même son introduction en Bourse, lesanalystes financiers pouvaient raconter n’im-porte quoi, il suffisait qu’un maximum de gensles croit !Que faire pour que monte constamment le coursde l’action ? Telle est, maintenant, toute la stra-tégie de l’entreprise cotée. Cela n’a plus rien àvoir avec sa performance ou avec son dévelop-pement réel. Si on se place dans une telle logique financière,l’abondance de main-d’œuvre de plus en plusqualifiée joue en faveur des pays à bas coûtssalariaux, et ces transferts de production sontquasi immédiats. L’effondrement des emploisdurables dans nos sociétés “riches” génère pourles classes moyennes une insécurité sociale etéconomique permanente. Quand la réduction depersonnel, au mépris de la vie réelle de milliersde personnes et de leurs familles, est instrumen-talisée pour faire monter le cours de l’action (oufaire “cracher” l’entreprise si elle n’est pas cotéemais pilotée par des financiers absents), il y aantagonisme. Les objectifs des financiers qui ontcorrompu les dirigeants avec des stocks options,dont les montants réalisés (des dizaines ou descentaines de millions d’euros) n’ont plus rien àvoir avec la notion de rémunération du travailsur la durée d’une vie, sont opposés à ceux dessalariés, qu’ils soient cadres ou non. Et on assis-

Ancienne condisciple de François-Henri Pinault à HEC, IS A B E L L E PI V E R T futconfrontée aux mécanismes f inanciers de l ’entreprise en tant que consul-tante dans un cabinet de consei l en stratégie. Sa foi dans les vertus ducapital isme en fut ébranlée. Puis ses doutes furent conf irmés par desentret iens avec des gest ionnaires; e l le les a publ iés dans son ouvrageSolei l capital iste, entret iens au cœur des mult inat ionales (aux édit ionsdu Sextant , voir GR 1069, p.5) . Sa conclusion est c la ire, la voici :

Comment se d�truit la d�mocratiepar Isabel le Pivert

R É F L E X I O N

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Si elle n’est pas cotée,mais possédée par desfonds d’investissement,ce sont les scénariosd’enrichissement desactionnaires à trois ansqui seront privilégiés,grâce à l’endettement del’entreprise. Quitte, unefois celle-ci revendue, àla faire couler : detteénorme, réduction depersonnel, restriction dubudget de recherche,etc.

2.

Ce concept est évaluégrâce au WACC = coûtmoyen pondéré ducapital. Si le WACC est de 9%,aucun investissementrendant moins de 9%ne sera retenu. Mais les actionnairesdemandent souvent15%.

1.

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te (le processus n’est pas achevé) à la prise depouvoir et de contrôle du premier groupe sur lesecond. Au lieu de quémander des emplois ou demeilleures conditions de licenciement (!), lessyndicats feraient mieux de créer un nouveaurapport de force, basé sur la simple évidenceque l’outil de production - au sens large, donccomprenant aussi l’immatériel - est un bien col-lectif. Une telle idée, quand on sait l’argentpublic investi pour assurer les services collectifsautour d’une usine par exemple, ne peut pasêtre rejetée. En l’absence de ce rapport de force, le groupedominé développe des stratégies de “survie” (ils’agit ici de garder son emploi, donc son revenu)qui incluent des pratiques telles que de détour-nement ou rétention d’information, qui gênentla stratégie du groupe dominant, dont la “sur-vie”, et surtout la rémunération, tiennent à l’en-richissement constant de l’actionnaire. Il en résulte que deux types d’emplois commen-cent à affluer, et de manière inquiétante, dansnos sociétés occidentales. Le premier dans lacommunication-propagande (surtout faire croi-re que tout continue à être pour le mieux dans lemeilleur des mondes privatisés) pour s’acheterla docilité de millions de consommateurs et desalariés. Le second dans le contrôle et la sécurité(dans l’entreprise, avec notamment la multipli-cation des procédures, et aussi en dehors d’elle,

grâce au développement fulgurant des techno-logies de communication). Liberticide, la crois-sance des deux types d’emplois participe dumême déni de réalité : elle repose sur l’incapaci-té tragique, pour la plupart des gens, deremettre en cause leur croyance aveugle en uncapitalisme foncièrement bon. Alors qu’il y a seulement une vingtaine d’an-nées, les dirigeants présents dans l’entrepriseprenaient des décisions qui tenaient compte desrapports de force avec tous les acteurs, fournis-seurs, salariés, clients et syndicats, aujourd’huiils se soumettent, ils se déresponsabilisent,moyennant finance ou statut social, face à unactionnaire absent. Un enfant de dix ans estcapable de le voir : puisque tous sont acteursdans la production, la création de valeur pour l’ac-tionnaire n’est ni plus ni moins que la spoliationorganisée des richesses produites par tous, auseul profit de l’actionnaire. Et pourtant ce dernier, ou son exécutant, n’estqu’un être humain, aussi fragile qu’un roseaudans le vent de la vie. Aucune arme n’est poin-tée sur la tête du salarié.Et chacun est mortel. Il est grand temps de s’attaquer aux mécanismesd’une économie capitaliste en pleine perversion,et de prendre conscience des croyances sur les-quelles elle repose. Faute de quoi, c’est un nouveau totalitarismequi nous tend les bras.

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L ’ U R G E N C E D E L A M É T A M O R P H O S E

Un nouvel éditeur, Des Id�es & des Hommes, vient de sortir un ouvrage*novateur dans lequel JACQUES ROBIN et LAURENCE BARANSKI offrentun panorama complet de la situation mondiale actuelle et montrentqu’on peut imaginer le futur de l’humain et agir en inscrivant notreconscience dans l’aventure de l’univers.Partant de l’idée que l’aventure humaine s’insère dans celle de l’univers,ces auteurs mettent en exergue le fait qu’il faut prendre conscience del’imbrication étroite de ces deux processus. C’est le moyen d’élargir noscadres de références, trop étroits pour aborder les enjeux globaux aux-quels les sociétés humaines, culturellement et socialement malades, sontaujourd’hui confrontées, alors que toutes les conditions sont réuniespour qu’émerge une conscience planétaire au service d’une politiqueplus lucide et plus responsable.

«Alors que l’économie de marché est redistributive, l’ère de l’information exige le développe-ment d’une économie distributive» et notre entrée dans cette ère, au seuil de laquelle nous avonsdéjà trop piétiné, exige de transformer l’organisation des sociétés et des rapports humains. Lesdégager du piège marchand qui les bloque n’est pas simple, et nécessite une phase de transitionréaliste qui ne permette aucun retour en arrière. On peut pour cela s’appuyer sur les multiplesexpériences alternatives tentées un peu partout, et sur les réflexions qu’elles entrainent. La réussite de cette étape de transition viendra d’une confrontation lucide entre tous les acteurs,mobilisés par l’urgence, et par leur désir profond d’être en accord avec les valeurs démocratiquesau niveau planétaire.

*collection Convictions croisées, 248 pages, 19 euros.

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C H R O N I Q U E

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BO U C É M I S S A I R ESous ce titre, l’éditorialiste du très orthodoxe ettrès conformiste quotidien Le Monde écrivait1 : «lacampagne électorale présidentielle a permis de renoueravec la vieille tradition française qui consiste à tirer àboulets rouges sur les banquiers centraux». (Encoreune exception française !). Ce bouc émissaireserait le très honorable Jean-Claude Trichet, prési-dent de la banque centrale européenne (BCE). Tout cela parce que les candidats potentiels à laprésidence de la République, qu’ils soient dedroite ou de gauche, avaient, chacun dans sonstyle propre, dénoncé la stratégie monétaire miseen œuvre par le président de la BCE et même oséréclamer une redéfinition de ses missions et,notamment, que l’Institut d’émission se préoccu-pe plus de croissance et moins d’inflation ! Le 14novembre, le Premier ministre, Dominique deVillepin demandait une «véritable stratégie» euro-péenne de change et s’insurgeait contre l’eurofort ; le 9 décembre, c’est Ségolène Royal qui,après l’annonce d’un nouveau relèvement destaux d’intérêts (le sixième en un an2), déclarait :«ce n’est plus à M. Trichet de décider de l’avenir de noséconomies. C’est aux dirigeants démocratiquementélus». Elle pense que remettre l’Europe sur lesrails «suppose que la BCE soit soumise à des décisionspolitiques, bien sûr celles de l’Eurogroupe3 mais aussicelles du Conseil européen»4. L’éditorialiste du Monde pense, lui, que «leshommes politiques français sont surtout bien mal pla-cés pour critiquer la politique de change de la BCE car[…] c’est au pouvoir politique européen qu’il revientde fixer la bonne valeur de l’euro et d’agir en consé-quence». Alors que M. Juncker, Premier ministre etministre des finances luxembourgeois, qui prési-de l’Eurogroupe, souhaite se voir confier unmandat clair pour mieux coordonner les poli-tiques économiques des pays membres et il veutque s’intensifie le dialogue avec la BCE. Mais ils’est heurté à une fin de non recevoir de la part deM. Trichet qui, arguant de l’indépendance del’Institut d’émission, lui a répondu en toutemodestie «Monsieur Euro, c’est moi». À quoi, M.Juncker a répliqué : «si nous ne discutons pas dansun salon, il m’entendra par haut-parleur»5.Apparemment, le haut-parleur est resté, jusqu’àmaintenant, muet ! Quant à la Commission européenne, elle a pris,par la voix du commissaire chargé des affaireséconomiques, la défense de la BCE en expliquant«que le niveau de la croissance n’a rien à voir avec lapolitique monétaire, mais est lié à des problèmes struc-turels […] que la définition du mandat de la BCE estcorrecte […] et qu’il n’est pas réaliste d’imaginer quel’on puisse avoir des marges de manœuvre pour chan-ger quoi que ce soit dans les traités en vigueur»6.Qu’est-ce que ce serait si nous avions ratifié leprojet de traité constitutionnel ! Notons au passa-ge que ces politiciens (y compris N. Sarkozy), quiaujourd’hui s’insurgent contre l’euro fort, frein à

la croissance et responsable de l’augmentationdu coût de la vie, etc. étaient tous partisans duOui au référendum…Rassurons nous cependant, car les personnali-tés politiques ont reçu implicitement le sou-tien du Medef : «Il nous faut un gouvernementéconomique de l’Europe et des politiques coordon-nées» a insisté le Président de la commission éco-nomique du Medef, qui, sans le nommer, n’en apas moins attaqué M. Trichet : «On a une gestiontechnique de la monnaie, via les taux d’intérêt, pourmaîtriser l’inflation. Mais l’inflation a été éradiquée etil n’y a pas de tensions inflationnistes en Europe»7.Or les hausses des taux d’intérêts décidés par M.Trichet ont aussi pour effet d’augmenter le déficitdes finances publiques : d’environ 250 millionsd’euros pour une hausse d’un quart de point. Ah, si les gouvernements avaient le courage dereprendre la maîtrise de la création monétaire,nous serions moins endettés !

LE MODÈLE NORDIQUE D’ÉTAT-PROVIDENCENous avons souvent parlé de ce modèle, qui faitl’admiration de nombreux sociologues ethommes politiques français. Mais il coûte cher etimplique des taux d’imposition élevés, ce qui a,sans doute, provoqué la défaite du parti social-démocrate au pouvoir depuis douze ans enSuède, aux élections législatives de septembre2006. Pour cela, l’alliance des droites a réussi àfaire de l’emploi le thème majeur de sa cam-pagne, bien que la situation économique du payssoit très bonne, avec une croissance d’environ 5%.Mais le problème est que cette croissance ne créepas d’emplois (une leçon à méditer pour les par-tis français…). Et voilà que la droite proclame quele taux officiel de chômage de 5,7% ne représentepas la réalité ! En fait, c’est plus de 17% de lapopulation active qui serait au chômage si l’ontenait compte du nombre de Suédois en préretrai-te ou en arrêt-maladie, soit un peu plus d’un mil-lion de personnes hors du marché du travail etqui n’occupent pas un emploi à temps partiel.Alors le nouveau gouvernement martelle quedésormais «il deviendra payant de travailler».Quelles mesures croyez-vous qu’il va prendrepour y arriver ? — Dès 2007, il va baisser de 4 mil-liards d’euros l’impôt sur le revenu, supprimerles charges patronales pour une partie des ser-vices, réduire les taxes sur les services de proxi-mité et supprimer l’impôt sur la fortune. Et iln’oubliera pas de baisser les allocations de chô-mage et les remboursements pour les personnesen arrêt-maladie ou en préretraite «afin que ladifférence soit plus marquée entre les inactifs etceux qui ont un emploi» et enfin il se propose desupprimer la déduction fiscale pour les cotisa-tions aux caisses de chômage et pour l’adhésionaux syndicats. Il paraît que c’est ce que la Droite suédoise appel-le «améliorer l’État-providence» !

Jean-Pierre Mon.

Lors de sa conférencede presse du3/12/2005, le président de laBCE avait pourtantdéclaré qu’il n’entraitpas dans un cycle derelèvements destaux : «ce n’est pas unedécision ex ante duconseil des gouverneursde s’engager dans unesérie de hausses detaux». Depuis, il a procédé à6 relèvements destaux d’intérêts !

2.

L’Eurogroupe réunitles ministres desfinances de la zoneeuro.

3.

Le Conseil européenest constitué deschefs d’État et degouvernement del’Union européenne.

4.

Le Monde,08/09/2006.

5.

Le Monde,24/11/2006.

6.

Le Monde,16/11/2006.

1.

Le Monde23/11/2006.

7.

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Est-ce un aveu ?

La photo ci-dessus est celle d’une publicité du Ministère de laDéfense. Elle ornait les dessus de guéridons de nombreuxbistrots dans Paris quand elle a été prise cet automne.

Le slogan qui l’accompagne est clair : «rares sont lesentreprises où vos collègues ne perdent jamais uneoccasion de vous soutenir». N’est-ce pas hélitreuiller unpeu haut les vertus militaires et insinuer que le monde de l’en-treprise ne serait, au contraire, qu’un affreux panier decrabes ?

Je m’étonne que le Medef de Laurence Parisot n’ait pas portéplainte pour diffamation.

Ayant vu apparaître cette pub il y a quelques mois autour desUniversités, j’avais pensé que l’idée première était de récu-pérer ceux qui n’auraient pas pu s’y inscrire. Cela rappelle lessergents-recruteurs qui, sous l’Ancien Régime, racolaientdans les tavernes.Dans ce système plus moderne, l’Armée paie la pub, mais n’aplus besoin de payer les consommations !

Paul Vincent.

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Au fait, et vous, lecteurs de La Grande Relève, cherchez-vous à recruter des abonnéspour votre mensuel préféré ?

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S arkozy, c’est peut-être la rupture tranquille, maissous influence américaine. La nouvelle n’a pasfait grand bruit et pourtant elle est révélatrice de

la “méthode Sarkozy”. En fait, il ne s’agit plus de posermaladroitement aux côtés de Bush pour la postérité,mais bien de laisser les stratèges américains s’occuperde l’avenir de la France.En effet, et c’est Le Figaro1 qui le confirme, NicolasSarkozy a demandé au Boston Consulting Group, unesociété américaine de conseil en stratégie, de participerà l’élaboration de son programme économique.Passons sur l’incroyable aveu d’impuissance de l’UMPqui semble donc ne pas posséder les têtes pensantescapables d’élaborer un programme économique. Etpenchons-nous sur le Boston Consulting Group, la nou-velle égérie de Sarkozy :Fondé en 1963 par Bruce Henderson, préalablementvendeur de Bibles d’obédience républicaine2, le BostonConsulting Groupe est devenu célèbre pour avoir crééune matrice dite “BCG”, enseignée dans toutes lesécoles de management3.Cette société possède des bureaux partout, y compris enFrance. Cette internationalisation permet aux États-Unis de peser sur l’économie mondiale en fixant lesnormes, c’est-à-dire en fixant ce qu’il faut penser enmatière de management et d’économie : un ultralibéra-lisme qui ne trouve pour limite que les intérêts améri-cains.Car le BCG ne cache pas sa nature, ni ses objectifs.Comme l’indique son site Internet à Bruxelles, «il n’ya aucune limite à l’influence des consultants duBCG»4. Le BCG a pour “philosophie” (ou pour idéolo-gie ?) “la rupture” avec l’ensemble des modèlessociaux au profit... du profit. C’est ainsi que cette firmeparticipe à de nombreux regroupements d’entreprises età de grands projets de délocalisation, notamment enChine, ce qui apparaît clairement sur le site Internet deson siège aux États-Unis5.

RESTRUCTURER LA FRANCE …COMME UNE MULTINATIONALE ?

Le BCG exprime clairement sa volonté d’imposer lemodèle ultralibéral, il l’annonce ainsi sur son site :«Spécialisée dans le management, le BCG est perçucomme le leader mondial du consulting stratégique.Notre firme a construit ses pratiques mondiales sur sonleadership intellectuel et a aidé nombre de multinatio-nales à modifier leur approche pour les rendre pluscompétitives. Nos concepts sont enseignés dans lesmeilleures écoles de management partout dans lemonde. [...] Le BCG a ainsi pour clientes 500 des plusgrandes entreprises en Amérique du Nord, Asie,Europe et Australie»6.

Et pour cause, car le BCG, qui affiche une santé de fer,place en tête de ses compétences la restructurationd’entreprises avec pour objectif la performance finan-cière. Mais peut-on considérer la France comme une entre-prise ? Car cette boîte de conseil a pour principaux clients desentreprises et non pas des États, ce qui permetd’émettre de sérieux doutes sur sa capacité à entrevoirl’ensemble des enjeux sociaux et politiques que pose laconduite des affaires d’un État : on ne licencie pas descitoyens comme des employés chinois, et on ne déloca-lise pas la France comme on restructure une multina-tionale !

LA RUPTURE TRANQUILLE…SOUS INFLUENCE DES ÉTATS-UNIS.

Cette intrusion d’une des plus grosses et des plusinfluentes boîtes de consulting américaines laisse son-geur, car il n’est pas seulement question d’approche(ultra)libérale, mais aussi de l’indépendance de laFrance : un grand nombre de propositions du volet éco-nomique du programme de l’UMP sont sorties desséances de travail effectuées entre les troupes deSarkozy et du (décidément très influent) BostonConsulting Group.Finalement, le candidat Sarkozy posant aux côtés deBush, ce n’était pas une maladresse, mais un signe. Ce qui semble n’affoler personne. C’est ce qu’un candidat aux plus hautes fonctions dansnotre pays nomme “la rupture tranquille”.

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La Òrupture tranquilleÓ … gr�ce au BCG !

Voir :http://en.wikipedia.org/wiki/Bruce_Henderson

2.

Voir :http://en.wikipedia.org/wiki/Boston_Consulting_Group

3.

En bas de page dehttp://www.bcg.be/05OurTeam/5_3.aspon lit : «Il n’y a pas de limi-te à l’influence de nosconsultants».

4.

À propos de BCG, conseilen délocalisation enChine et Inde, lire :http://www.bcg.com/our_expertise/practice_area.jsp

5.

Pour savoir quel et le“job” de BCG, lire :http://www.bcg.com/news_media/news_media_background.htmlet pour “sarkosy sousinfluence du BCG”, lire :http://www.solidariteet-progres.org/spip/article.php3 id_article=2451

6.

Voir l’article du Figaro à l’adresse internet suivante :http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20061106.FIG000000304_comment_sarkozy_a_prepare_son_program-me.html

1.

La consultation d’internet n’est pas sans danger, puisque tout peut y être dit. Il ne faut donc lafaire qu’avec prudence et circonspection. Mais ce que nous y apprend Agora Vox, et que nousrapportons ci-dessous, s’appuie sur de sérieuses références, indiquées en marge :

Cette photo N’EST PAS celle d’Américains chantant The StarSpangled Banner, la main sur le cœur, selon leur habitude. Mais celle de Sarkoziens chantant la Marseillaise lors del’Université d’été de l’UMP.

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L a France a perdu en la personnede Geneviève Tabouis uneexperte dans l’énoncé sagace

des dernières nouvelles de demain. Dequoi l’avenir, qui avance à grands pas,sera-t-il fait ? Bien malin qui pourraitle dire, tant notre univers contempo-rain s’avère complexe et bardé d’incer-titudes.D’un côté, des structures présentéeshier comme permanentes s’effondrentpas pans entiers. De l’autre, la révolu-tion de l’informatique modifie profon-dément, dès la prime enfance, noscomportements. La “révolutionique”impose une certaine interactivité etdonne accès à une grande variété detransactions : avec un téléphone por-table on peut converser avec un inter-locuteur que l’on voit apparaître surun petit écran et on a le loisir deconsulter la météo, les derniers pro-grammes télé, des sites Internet, etc.Les nanotechnologies nous couvrirontde minipuces électroniques prépro-grammées pour tout faire. Et nousexplorerons (à défaut de conquérir,quel vilain terme !) les confins du cos-mos. Porte ouverte sur des milliardsd’autres mondes, jusqu’à l’infini del’espace-temps...Il faut croire que ces perspectives hal-lucinantes n’effraient pas les candidatsà la magistrature suprême : à la mi-décembre, le Conseil Constitutionnelen avait enregistré plus de 140. Tousn’y accèderont pas, car il faut avoirdans sa besace 500 signatures demaires et élus locaux dans trentedépartements différents. Telles sonthélas les exigences d’un scrutin qui seveut à vocation universelle mais qui enréalité est plus censitaire que les précé-dents !

UN P O LY P I E RD E C O N T R A D I C T I O N S

Les délocalisations d’entreprisescontribuent à façonner la mondialisa-tion et le village planétaire n’apparaîtplus comme une utopie. Mais dans lemême temps, la plus grande nation dumonde pratique, dans les faits, un pro-

tectionnisme “hard” de fort mauvaisaloi, avec des moyens financiers, maté-riels et militaires dont ne disposait pasle colonialisme de jadis, tandis que semultiplient un peu partout lesmurailles censées séparer des belligé-rants. Le mur de Berlin est tombé, celuiqui séparait en deux factions antago-nistes l’Irlande du Nord s’est écroulé,mais une muraille de béton séparedésormais Israël de la Cisjordanie, leMexique et sans doute bientôt leCanada, des États-Unis ! Le tempsn’est plus très lointain où, en Afriqueet ailleurs, on cherchera à canaliser lesgrandes migrations.Pour en revenir à la France, je voyaisrécemment sur le petit écran des repor-tages montrant des seniors parcourirles marchés à la recherche de produitsalimentaires jetés à la poubelle parceque quelque peu détériorés. Et on voitsurgir un peu partout des SDF, cher-chant la chaleur toute relative desbouches d’égoût ou de métro ou s’ex-tirpant, hagards, de tentes aménagéesà leur intention. Malgré la révolte del’Abbé Pierre depuis l’hiver 1954,j’observe que ce phénomène vas’aggravant d’année en année.Eh bien, je dois dire qu’en rentrant demission à l’étranger, j’ai honte pourmon pays. Honte de constater qu’ilexiste de plus en plus de misère, quedes jeunes végètent sans avenir et quedes retraités sont condamnés à la men-dicité pour survivre. Il faudrait aug-menter d’au moins 50% les retraites debase pour offrir à ces personnes endétresse un niveau de vie à peu prèsanalogue à celui qu’elles avaient oupouvaient espérer huit ans plus tôt. Onobserve aussi la situation lamentablede justiciables qui ne ne peuvent pasfaire valoir leurs droits parce qu’ilsn’ont pas de quoi verser des hono-raires à un avocat qui rechigne, à justetitre du reste, à préparer une plaidoi-rie, l’État lui en refusant une rémuné-ration décente.On nous offre en haut lieu le spectaclelamentable de bonnes intentions, onénonce des grands principes, on orga-

nise des réunions et des conférencessur des sujets divers. La réunionniteaiguë n’a jamais si bien fonctionné !Mais il n’en sort rien de concret, ou sipeu ! ll paraît que l’État manque demoyens financiers, alors que les inéga-lités sociales et de revenus ne furentjamais aussi flagrantes.L’attention des candidats à la magis-trature suprême est une fois de plusattirée sur ces graves dérives. Il fautexaminer dans l’urgence : la place de lapersonne dans la société, la baisse réel-le du niveau de vie de certaines caté-gories de population, le pré-salaire desétudiants (déjà à l’étude en 1955), lanécessité d’une réforme monétairepour endiguer la spéculation financiè-re stérile, l’instauration sur cette based’un revenu social garanti, sa contre-partie d’activité socialement utile etd’un partage équitable des tâches lesplus pénibles, l’aménagement de loge-ments sociaux abordables pour lesplus modestes, la réhabilitation d’unservice public en déshérence, l’urgenced’un apprentissage de l’anti-violenceactive à tous les échelons de la société,l’instauration d’un service civil decitoyenneté, la réhabilitation de la for-mation professionnelle, de la recher-che, de l’innovation, le développementdes transports publics et la promotiondu ferroutage, une politique vigoureu-se de respect de l’environnement natu-rel, de lutte contre toutes les pollu-tions, de gestion des déchets, etc. Il y a donc du pain sur la planche. Maisque se passe-t-il ? — On multiplie lestextes de loi pour se donner bonneconscience, mais en contournant ceuxqui sont promulgués et en multipliantles mesures, sur le fond rien ne change.Tout ce petit monde s’affirme “réfor-miste” à travers de grands discours…inopérants.Le pouvoir en place ne maîtrise rien,ne planifie plus rien. Il s’oriente dansune voie excessivement dangereuse,celle de l’évanescence de l’État et despouvoirs publics, alors qu’il est censéprotéger les citoyens contre les excès.Cet ultra-libéralisme débridé n’a pour

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Les derni�res nouvelles de demain ! par G é r a r d H e n r i B r i s s é

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seul guide que la loi du marché et larecherche du profit facile. Même les forcesde sécurité se diluent dans une constellationde sociétés privées, maniant la mitraillette etla caméra à défaut de bon sens. La loi garan-tit l’incitation à l’ordre à tout prix1 ! Récemment fut annoncée la disparition deMilton Friedman, l’économiste américainqui dirigea un mouvement de pensée dit“École de Chicago”. Puis Augusto Pinochet,l’ex-dictateur chilien qui fut son bon élève,disparut à son tour, mort dans son lit aprèsavoir organisé la disparition de milliersd’opposants. Retenu plusieurs mois en rési-dence surveillée en Grande-Bretagne, il n’ajamais été jugé pour ses actions criminelleset pour cause : il était le protégé des fauconsde l’ultra-libéralisme d’une hyper-puissancequi tenta de mettre la planète en couperéglée depuis la guerre de Corée. On nem’empêchera jamais de déclarer qu’il s’agitaujourd’hui, au Moyen Orient et ailleurs, dumême processus de domination d’unehyper-puissance, selon l’expression de l’unde nos plus fins diplomates, HubertVédrine.On ne m’empêchera pas non plus d’avoir desolides amitiés aux États-Unis, où lors demon dernier séjour je suis allé me recueillirau cimetière d’Arlington où l’on a fêté cetteannée le 85ème Anniversaire du soldatinconnu de l’US Army. Très impressionnan-te est la relève de la Garde devant le monu-ment de marbre blanc. Je ne pouvais m’em-pêcher de songer aux soldats américains qui,chaque jour, tombent sur le sol irakien. Onne m’empêchera pas de saluer le Démocrateet écologiste Al Gore, et l’attitude courageu-se d’un Ralph Nader, défenseur acharné desconsommateurs, face aux menées crimi-nelles d’un G.W. Bush. Cette opinion est dureste partagée aujourd’hui par une majoritéd’Américains !

DES PRIORITÉS ABSOLUESNous allons aborder en France une échéanceélectorale cruciale. Parmi les principaux can-didats se détachent trois Nicolas2. Le pre-mier mélange tout à la fois des fonctionsliées à l’exécutif et au législatif : il estministre d’État, tout en prétendant être en“rupture” avec son gouvernement, prési-dent d’un Conseil général des plus pros-pères et chef de parti. Et après être allé serrerla main d’un président américain désavouépar son opinion publique, il ne dissimulepas son admiration pour “le modèle” améri-cain : il veut bâtir une «Europe très atlantiste».Le second affiche des opinions très gaul-listes. Le troisième se présente en sauveur dela planète : il sera pris très au sérieux aussi

longtemps qu’il annoncera une candidaturede témoignage. Quant au prétendant cen-triste j’attends qu’il prenne plus clairementposition sur sa conception d’une économiedistributive.Du côté de l’opposition, je serai très attentifau “Désir d’avenir” d’une candidate qui estla seule à avoir répondu à mes proposi-tions3. Elle devra cependant affiner sesorientations. À propos de son déplacement àl’étranger, et particulièrement au MoyenOrient, elle fut la cible de critiques fort malinspirées. On ne saurait jamais autantencourager le dialogue amorcé par les parti-sans d’un ordre de paix. L’agitation qui sedéveloppe dans différents pays est très dan-gereuse à moyen terme pour notre propresécurité. La troisième Guerre mondiale acommencé en septembre 2001. Elle a frappéen plein cœur l’hyper-puissance, qui sejugeait invincible. Elle n’a pas épargnél’Europe, à Madrid et à Londres.La France ne recouvrera une place hono-rable en Europe et dans le monde que si, àParis, on redéfinit clairement, de la région àla nation, du continent européen au consor-tium planétaire, qui doit faire quoi. Quellessont les prérogatives et les compétencesd’une puissance comme la France dans lemonde d’aujourd’hui ? Les Nations-Unies,dans le cadre d’une organisation qui date de1945, représentent-elles les États tels qu’ilssont actuellement ? Tous ceux qui militenten faveur d’un ordre de paix ne devraient-ilspas être représentés au sein d’uneAssemblée constituante des Peuples ? N’est-il pas opportun de recentrer en territoireneutre (par exemple à Genève) uneOrganisation des Peuples Unis, uneOrganisation des Nations Unies au sein d’unGouvernement Fédéral Mondial, ayant descompétences de gestion planétaire, et decontrôle dans des domaines d’action et d’in-tervention bien précis ? N’est-il pas temps, àl’issue d’un référendum sur l’Europe, derepenser l’organisation d’une EuropeConfédérale des États et des Peuples, où l’onferait clairement la part entre ce qui relèvede la gestion européenne et celle des régionsou des États, selon le principe de subsidiari-té ? L’erreur serait de vouloir construire lesÉtats-Unis d’Europe sur le modèle améri-cain. Nous n’avons pas la même histoire,nous sommes tributaires d’un passé diffé-rent.Si ces signaux sont clairement perçuscomme tels, nous aurons fait en 2007 ungrand pas en avant dans la rénovation de laFrance.

LA GRANDE RELEVE - N° 1072 - JANVIER 2007 13

Selon Le Monde (16/12/2006),«l’armée des gardes de sécurité veillesur la Russie», où on dénombre-rait quelque 17.000 sociétés degardiennage privées, qui occupe-raient 4,5 millions d’employésqui, entre autres tâches, «veillentsur la fortune et les personnes desnouveaux hommes d’affaires».La Russie n’est pas la seuleconcernée par ce phénomène. Il en est de même dans d’autresrégions de la planète, en Irak parexemple, où les entreprises stratégiques ou à haut rende-ment osent s’installer et ne manquent pas de s’entourerde satrapes surarmés entièrement dévoués aux investisseurs privés !

1.

Les festivités à la gloire de SaintNicolas, présenté comme l’ancêtredu Père Noël distribuant des jouetsaux enfants, sont remises à l’ordredu jour... commercial. Mais pour l’instant la populationn’entrevoit dans le sillage du bon et généreux Saint Nicolas que la silhouette du Père Fouettard etde sa panoplie “punitive” et répressive.

2.

Si la réforme de la justice est escamotée, sauf pour faire la fortune des marchands decaméras, les propositions portant sur un revenu socialgaranti basé sur une monnaiespécifique non thésaurisable,s’inscrivent parfaitement dans le cadre plus général d’une société plus juste.L’une des revendications clairement formulée est la réforme en profondeur de la fiscalité par une modification de l’assiette de recouvrement del’impôt sur le revenu et des prélèvements obligatoires sur les salaires, qui alimentent certains budgets,celui de la Sécurité Sociale en particulier.Les prélèvements obligatoires surles salaires sont devenus uneaberration dès lors que le niveaude ces derniers stagne, voirediminue en pouvoir d’achat defaçon alarmante. En outre les salaires sont caractérisés aujourd’hui par leurprécarité. Dans ces conditions, un budgetqui puise ses ressources dans cedispositif d’un autre âge est vouéà un déficit croissant !Le prélèvement à la source, qui n’est qu’un alignement sur les modes opératoires pratiqués par les autres payseuropéens, ne fera que déplacer le problème et non pasle résoudre fondamentalement. Il contiendra toujours les mêmesingrédients d’injustices et d’inégalités.

3.

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ATTENTIONLA POSTE

SE MODERNISE !

Et c’est pourquoi nous avonsété informés qu’à partir du1er janvier prochain il n’yaura plus de boîtes postalesau Vésinet, elles seront trans-férées… au diable Vauvert !Alors il faut désormais adres-ser le courrier du journal àl’adresse suivante :

88 BO U L E VA R D CA R N O T

78110 LE VÉ S I N E T.

14

J’ ai toujours plaisir à rece-voir cette revue dans ma

boîte aux lettres et à la lireintégralement, même si je nesuis pas toujours en accordavec les rédacteurs. Ainsi jen’aime pas l’expression «de

gauche comme de droite» qui ren-voie tous les politiques à leurschères études mais qui oublie defaire la distinction entre tous lescourants de la société française, àgauche comme à droite d’ailleurs(cf article de Jean Mathieu, numé-ro de novembre, p. 4) et je n’appré-cie pas toujours la critique des«organisations syndicales» en lesmettant toutes dans le mêmepanier. Ceci dit, bravo et j’ai hâtede recevoir le numéro de décembre !

G. R., La Celle Saint Cloud.

* * *

J suis très déçue quand on merend l’exemplaire prêté sans

commentaire, ou avec quelquesmots vagues, ou bien «c’est uneutopie». Pas de réponse à maréflexion : «Oui mais c’est un deschemins de la réalité de demain etc’est un grand encouragement àlutter tous ensemble». Merci d’exister et de persévérer. Jecrois que l’utopie finira par s’impo-ser pour remplacer les voies dépas-sées.

Mme B.A., Annecy.* * *

J e prends toujours grand intérêtà lire le contenu de la revue. En

ces temps de prémisse électorale, jereste persuadé que la loi naturelle,harmonie, solidarité, réciprocité,respect de la personnalité dans ladissemblabilité, juste équilibreentre centralisation et décentrali-sation. Centralisation critique etnon exécutive, décentralisationexécutive par les conseils de com-mune, de contrée, permettra deretrouver la saine vitalité de laSociété. Il reste un long chemin àparcourir.

R. J., Palaiseau.

* * *

Une fois n’est pas coutume : j’aiété navré pour reprendre le

dernier mot de l’article auquel jeréagis, par les bornes qu’a lui-même posées Jacques Hamon à saréflexion sur “Energie et Climat”(pp.14-15 GR 1070). Ce bornageinitial imposé aux “consi-dérants” constitués par un tableauà la fois descriptif et prospectif, fortbien documenté, des données éner-gétiques et climatiques, conduitlogiquement à la conclusionnavrante : en avant pour l’avenirnucléaire !Sous la plume d’un thuriféraire dela société capitaliste, j’aurais com-pris que le recours massif à l’éner-gie nucléaire apparaisse comme laseule conclusion envisageable d’un

état des lieux qui souligne bien lagravité du problème climatique etle caractère d’urgence de l’agendad’action qui doit en découler. Parceque la pensée des tenants du systè-me est, par définition, incapable deremettre en cause le moteur mêmedu système : la croissance écono-mique, dérivant elle-même commel’expliquent les distributistes, ducercle vicieux, ou plutôt, de la spi-rale croissanciste du jeu monétaire(crédit-profit-impôt-redistribu-tion…).Mais que notre ami JacquesHamon inscrive implicitement saréflexion dans ce schéma producti-viste, en ignorant totalement (dansson texte) la logique de décroissan-ce (ou d’a-croissance, comme ditpeut-être mieux Jean Gadrey) et endonnant l’impression de prendrepour socle de prévision des besoinsénergétiques futurs l’intangibilitédes modes de production et deconsommation qui prévalentactuellement …cela me pose réelle-ment question !En termes lapidaires : croit-il ounon qu’un autre monde est pos-sible ? Sous forme plus focaliséesur le sujet de son article : accorde-t-il plus de confiance à J.M.Jancovici (excellent communicantsur le climat et l’énergie, maisétonnamment “léger” sur la ques-tion nucléaire) et à James Lovelook(célèbre écologiste rallié aunucléaire) qu’au collectif ompétent

LA GRANDE RELEVE - N° 1072 - JANVIER 2007

T R I B U N E D E S L E C T E U R S

SOUSCRIPTION PERMANENTE

POUR QUE VIVE LA GRANDE RELÈVE

P. Le Nin 7 - M. Delahaye 7 - S. Bagu 7 - P. Beau 7- Mme V. Mathelon 14 -C. Bobillier 7 - P. Dujardin 70 - R. Josse 77 - J.Fortin 17 - R. Bigot 7 -G.Rachmuhl 4 - M. Allemand 14 - C. Barre 30.Total 205 euros. (Liste arrêtée le 22 décembre)

Merci à tous!Cette souscription nous permet de modérer d’abonnement au

journal et aussi d’en faire le service gratuit à ceux que sa lecture inté-resse mais qui n’ont pas les moyens d’en payer l’abonnement. Il leursuffit pour cela de se signaler au journal en indiquant leur adresse(sachant que nous ne communiquons aucune adresse de lecteur à qui-conque).

Merci aux abonnés vigilants qui nous évitent des frais de relanceen faisant attention à la date d’échéance de leur abonnement qui estrappelée chaque mois au bas de la bande d’envoi du journal.

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de l’Association Negawatt qui, eux, propo-sent un scénario argumenté de sortie pro-gressive coordonnée à la fois du carbone etdu nucléaire ? Refusant de choisir entre lapeste et le choléra, optant de manière res-ponsable et convaincante «pour un avenirénergétique sobre, efficace et renouvelable»Sans acceptation, même «navré» d’unerelance nucléaire !

J.B., Montmiral.

* * *

L ectrice de la GR depuis plus devingt ans, c’est vous dire que vos

idées sont les miennes. Il m’est sou-vent arrivé de diffuser votre journal.Deux articles parus dans le n° 1071m’incitent à venir vous dire ce quej’en pense. Il s’agit, pour le premier,d’un article de Jean Gadrey, extrait dujournal Politis (dont je suis lectrice)intitulé “Croissance, productivité,concepts dépassés”. Article intéres-sant, riche qui mérite d’être diffusé.Vous l’avez fait, je vous en félicite etvous en remercie.Pour le deuxième article, il s’agit decelui de Philippe Meirieu sur l’ap-

prentissage dès 14 ans. Intellectuelset pédagogues doivent reconnaître quenotre enseignement secondaire et sesprogrammes ne conviennent pas à uncertain nombre d’enfants.Ces enfants ne sont pas moins intelli-gents que les autres, mais ils ont desdons que notre enseignement négligeet ne cherche pas à développer. «La culture manuelle» doit faire par-tie de la culture générale. Les créateurs de l’école laïque au 19ème siècle lui avaient laissé une placedès l’école primaire. Cette place esteffacée. Quand on a mis l’obligationscolaire à 16 ans, devant de nombreuxéchecs, on a créé les lycées techniques.Leur conception a été mauvaise pourdeux raisons : d’abord le recrutementa été fait surtout parmi les élèves enéchec dans l’enseignement général,d’où une réputation désastreuse de ceslycées techniques qui freine le choix deces établissements. Pourquoi attendre que les enfantssoient en échec pour les diriger versces lycées techniques, mot pompeuxpour dire apprentissage ?

Il faut que l’entrée dans ces établisse-ments se fasse à 14 ans et même, pour-quoi pas, dès la Sixième. Je signale à M.Meirieu que dans ces lycées techniques,l’apprentissage s’accompagne de l’étudedes langues et des mathématiques. Il est àremarquer qu’actuellement certaines disci-plines (histoire géographie, musique,sciences, etc…) sont présentées à la télévi-sion dans d’excellents émissions.Donc apprentissage, je préfère dire ensei-gnement technique, mieux encore culturemanuelle, oui à 14 ans et même avant 14ans, mais fait exclusivement dans desécoles, sans l’intervention des patrons ouentreprises, qui le plus souvent prennentdes stagiaires dans leur intérêt et exploi-tent les élèves. Et moins encore apprentis-sage chez des patrons uniquement, cequ’envisage, je crois, le gouvernement etque dénonce M. Meirieu. Je regrette que M. Meirieu n’ait pas envi-sagé la solution que je propose, elle est àsoumettre aux candidats lors des électionsprochaines !

J.M., Arcachon.

* * *

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ou par CCP : N ° d e c o m p t e 1 3 4 0 2 3 9 M P a r i s

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France (régime intérieur pour la Poste) . . . . .23 euros.(abonnement de soutien : 14 euros par exemplaire en plus).

DOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25,45 euros.TOM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 euros.

Extérieur, suivant les zones de la Poste. Au 1/1/2005 :Zone 1 (Allemagne, Italie, Bénélux) . . . . . . . .27,80 euros.Zone 2 (Espagne, Royaume-Uni, Suisse) . . . .27,15 euros.Zone 3 (Canada, États-Unis) . . . . . . . . . . . . .28 euros.Zone 4 (Autre Europe, Afrique, P- M-Orient) .27,50 euros.Zone 5 (Amérique du Sud) . . . . . . . . . . . . . . .29,90 euros.

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JE M’ABONNE À ...... EXEMPLAIRE(S) DE LA GRANDE RELÈVE À PARTIR DU N° .... VOICI MON ADRESSE, SELON LES NORMES IMPOSÉES PAR LA POSTE :

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D E S L E C T E U R S

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SUGGESTIONS D E L E C T U R E S• JACQUES DUBOIN

Extrai ts chois is dans son œuvre (1 euro) .• LES AFFRANCHIS DE L'AN 2000 .

Un roman de Marie-Louise Duboin, qui, àl’aide d’exemples, explique les mécanismes del’économie proposée et tente de montrer cequ’elle apporte à la société (16,70 euros).• ET SI ON CHANGEAIT ?

La bande dessinée par J.Vignes-Elie (3,80 euros).• D’anciens numéros (1 euro), contenant desdossiers toujours actuels, par exemple :

N°984 MA I S O Ù VA L E S E RV I C E P U B L I C ?N°989 RETRAITES : L’INTOX

POUR LES FONDS DE PENSION,N°992 L’ORGANISATION MONDIALE DU

COMMERCE (OMC).• Un résumé de nos thèses, sur deux pages.

On peut les commander au journal (les prix indiqués sont franco de port).

*Des textes, épuisés sur papier, sont téléchargeables sur notre site internet. Ce sont :

• UN SOCIALISME À VISAGE HUMAINtexte d'une conférence d’André Prime.

• KOU, L'AHURI ou LA MISÈRE DANSL'ABONDANCE

de Jacques Duboin un livre plein d'humour, écriten 1934, mais resté tellement d’actualité qu’il a étémis en scène (au théâtre belge, par ChristineDelmotte) soixante deux ans plus tard !

En mettant fin au paradoxe de l’homme inventantune machine pour travailler à sa place… mais quine travaille pas pour lui, l’économie distributivetransforme le progrès technique en progrèssocial :

EN RÉSUMÉ :

Tout ce qui est utile, matériellement et écologiquement possible, l’est financièrement. Tous les citoyens reçoivent un pouvoir d’achat

dont la masse totale correspond aux biens et services disponibles. Ce “revenu social” est versé en

“monnaie de consommation” pour permettre au consommateur de choisir ses achats.

Cette réforme fiscale rend inutile tout impôt.

La production n’est pas dirigée, mais les efforts sont orchestrés

en vue d’obtenir le plus grand rendement possible avec le minimum de peine.

Le travail humain nécessaire pour assurertant les services publics que la pérennité de la production (entretien, extention et

perfectionnements de l’équipement) revêt la forme d’un “service social»,

service civil accompli par roulement.

Ce système économique ne fait disparaîtreaucun de nos droits politiques,

mais il les compléte de droits économiquessans lesquels ils n’ont pas de sens, car, comme disait

Jacques Duboin, ÇÇppoouurr vviivvrree ll iibbrree,, ii ll ffaauutt aavvooiirr ddee qquuooii vviivvrreeÈÈ !!

16 LA GRANDE RELEVE - N° 1072 - JANVIER 2007

La Grande RelèveFFoonnddéé eenn 11993355 ppaarr JJaaccqquuee ss DDUUBBOOIINN

DDiirreecc tt rr ii ccee ddee llaa ppuubbll ii ccaatt iioonn :: Marie-Louise DUBOIN

RRééddaacc tt iioonn : les abonnés qui le souhaitent, tous bénévoles.

Les manuscrits sont choisis par le comité

de lecture et ne sont pas retournés.GGrraapphhiissmmee : Anne-Laure WITSCHGER, LASSERPEIImmpprreessssiioonn : ARTIS • DDiiff ffuussiioonn : NMPP

Adresse postale : 88 Boulevard Carnot 7 8 11 0 L e V é s i n e tTéléphone seulement les lundi et mardi et de 15 à 18 heures : 0 1 3 0 7 1 5 8 0 4

Fax : 0 1 3 0 7 1 9 3 8 9Adresse électronique : g r a n d e . r e l e v e . n e t @ w a n a d o o . f r

Site internet : h t t p : //e c o n o m i e d i s t r i b u t i v e . f r e e . f r

(Tari fs et bul let in d’abonnement sont au dos de cette page)