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Mes remerciements les plus sincères vont d’abord pour « le café littéraire » de Bgayet, maillon de la chaine des justes qui entretient la flamme de notre vie culturelle avec une générosité et une intelligence qui honorent leurs auteurs, démentant ainsi les sombres pronostics qui annonçaient une société définitivement gagnée par la cupidité, esclave d’un consumérisme débridé et résignée à la démission de la pensée. J’observe, en Kabylie, que malgré l’atonie des universités et l’effondrement des autres institutions culturelles devant leurs missions d’animation et de recherche dans leur champ de compétences respectifs, la collectivité a su mobiliser des ressources insoupçonnées pour susciter et animer un débat de qualité et qui plus est d’une remarquable opportunité, notamment aujourd’hui où la vie intellectuelle officielle est chloroformée ou caporalisée par les clientélismes d’Etat et les archaïsmes sociaux régénérés par la panne d’ambition pour la nation. Ce contraste donne encore plus de relief à ces ilots de lumière, de raison et d’intégrité. Comme je l’ai fait partout où des associations ont organisé des rencontres avec le grand public, il me tient à cœur de saluer cette instance qui travaille pour le bien être collectif dans des conditions que je sais difficiles ; les tracasseries qui ont émaillée cette conférence étant une illustration du parcours du combattant que doivent franchir les animateurs autonomes de la société civile. Cela dit, je veux aussi souligner que, par leur engagement, ces organisations apportent une autre démonstration : le débat public serein peut rassembler les citoyens de tout âge et de toute catégorie sociale. Je le savais un peu auparavant, je l’ai vérifié avec le succès rencontré par le livre consacré au colonel Amirouche qui a abordé des questions complexes et douloureuses mais qui a engendré des discussions qui ont pu être graves, quelques fois vives, mais toujours empreintes de retenue et de sagesse. Le désir de savoir n’est donc pas synonyme de l’anarchie que décrivent ceux qui veulent continuer à maintenir l’éteignoir sur la guerre de libération. Au delà de son contenu, l’histoire de cette publication est en elle-même caractéristique d’une société parallèle qui défie et surclasse les rétentions et les oukases qui aliènent la vie publique. 60 000 exemplaires d’un ouvrage publié à compte d’auteurs ont été écoulés. Pourtant, les obstructions étaient lourdes : tentatives de refuser la délivrance de l’ISBN, refus de tous les éditeurs de prendre en charge la distribution du récit, toutes les grandes imprimeries ont été menacées de se voir éliminées du marché de l’éducation nationale qui constitue l’essentiel de leur chiffre d’affaire si elle produisait le livre, interdiction d’exposition au salon du livre d’Alger…

Mes Remerciements Les Plus Sincères Vont d

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Page 1: Mes Remerciements Les Plus Sincères Vont d

Mes remerciements les plus sincères vont d’abord pour « le café littéraire » de Bgayet, maillon de la chaine des justes  qui entretient la flamme de notre vie culturelle avec une générosité et une intelligence qui honorent leurs auteurs, démentant ainsi les sombres pronostics qui annonçaient une société définitivement gagnée par la cupidité, esclave d’un consumérisme débridé et résignée à la démission de la pensée.

J’observe, en Kabylie, que malgré l’atonie des universités et l’effondrement des autres institutions culturelles devant leurs missions d’animation et de recherche dans leur champ de compétences respectifs, la collectivité a su mobiliser des ressources insoupçonnées pour susciter et animer  un débat de qualité et qui plus est d’une remarquable opportunité, notamment aujourd’hui où la vie intellectuelle officielle est chloroformée ou caporalisée par les clientélismes d’Etat et les archaïsmes sociaux régénérés par la panne d’ambition pour la nation.

Ce contraste donne encore plus de relief à ces ilots de lumière, de raison et d’intégrité. Comme je l’ai fait partout où des associations ont organisé des rencontres avec le grand public, il me tient à cœur de saluer cette instance qui travaille pour le bien être collectif dans des conditions que je sais difficiles ; les tracasseries qui ont émaillée cette conférence étant une illustration du parcours du combattant que doivent franchir les animateurs autonomes de la société civile.

Cela dit, je veux aussi souligner que, par leur engagement,  ces organisations apportent une autre démonstration : le débat public serein peut rassembler les citoyens de tout âge et de toute catégorie sociale. Je le savais un peu auparavant, je l’ai vérifié avec le succès rencontré par le livre consacré au colonel Amirouche qui a abordé des questions complexes et douloureuses mais qui a engendré des discussions qui ont pu être  graves, quelques fois vives, mais toujours empreintes de retenue et de sagesse. Le désir de savoir n’est donc pas synonyme de l’anarchie que décrivent ceux qui veulent continuer à maintenir l’éteignoir sur la guerre de libération. Au delà de son contenu, l’histoire de cette publication est en elle-même caractéristique d’une société parallèle qui défie et surclasse les rétentions et les oukases qui aliènent la vie publique.

60 000 exemplaires d’un ouvrage publié à compte d’auteurs ont été écoulés. Pourtant, les obstructions étaient lourdes : tentatives de refuser la délivrance de l’ISBN, refus de tous les éditeurs de prendre en charge la distribution du récit, toutes les grandes imprimeries ont été menacées de se voir éliminées du marché de l’éducation nationale qui constitue l’essentiel de leur chiffre d’affaire si elle produisait le livre, interdiction d’exposition au salon du livre d’Alger…