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Médecine des maladies Métaboliques - Septembre 2008 - Vol. 2 - N°4 436 Brèves Obésité Vous sentez-vous obèse ? L’obésité est source de discriminations, d’exclusions et de réduction de la vie sociale. Les patients obèses mettent souvent en avant la problématique « du regard de l’autre (ou de la société) » sur les silhouettes comme première source de « mal-être ». À l’inverse, les messages de prévention et d’information largement diffusés et destinés à la population géné- rale ne doivent pas stigmatiser le surpoids. Difficile équilibre. Mais une autre question est pertinente : quelle perception ont les sujets de leur propre poids ? Johnson F et al. ont mené une enquête en Grande- Bretagne, pays particulièrement touché par l’accroissement rapide de l’obésité. Il ressort de cette étude que plus la préva- lence de l’obésité augmente… moins on se sent en surpoids ! Ainsi, la « norme » pondérale individuelle varie en fonction de ce que chacun de nous constate là où on vit. Une des conséquences possibles de cette évolution est qu’on peut craindre une moindre attention de la population aux messages de prévention du surpoids si le sentiment d’être concerné disparaît ! F. A. Johnson F, Cooke L, Croker H, Wardle J. Changing perceptions of weight in Great Britain: comparison of two population surveys. BMJ 2008;337:a494. Metformine et PYY La metformine, couramment employée pour le traitement du diabète de type 2, est également employée au cours du syn- drome des ovaires polykystiques (SOPK). L’effet bénéfique obtenu dans ce cas est lié en partie à une perte de poids obtenue avec ce traitement. Tsilchorozidou T. et al. montrent un mécanisme possible expli- quant la perte pondérale suite au traitement par metformine. Dans l’étude publiée, huit femmes d’indice de masse corporelle (IMC) normal (25 kg/m 2 ) et 20 femmes atteintes du SOPK (IMC moyen de 29,5 kg/m 2 ) ont été traitées par metformine (850 mg 2 fois par jour) pour une durée comprise entre 10 jours (pour le premier groupe) et 6 mois (pour le groupe SOPK). Dans les deux groupes (68 % des patientes du premier groupe et 55 % des patientes SOPK), il a été constaté une hausse de la concentration circulante de PYY (hormone digestive impliquée dans la satiété) suite au traitement par la metformine. La hausse de la concentration de PYY était corrélée à la réduction du tour de taille, du poids, de l’IMC et à l’amélioration des paramè- tres gynécologiques. Ainsi, la fréquence importante de femmes atteintes de SOPK et non répondeuses à la metformine pour- rait s’expliquer par l’absence d’effet de ce traitement sur la concentration de PYY. F. A. Tsilchorozidou T, Batterham RL, Conway GS. Metformin increases fasting plasma PYY in women with PCOS. Clin Endocrinol (Oxf) 2008, Apr 24 [Epub ahead of print]. Research Highlights: “Metformin treatment increa- ses PYY levels in some women with PCOS”. Nature Clin Pract Endocrinol Metab 2008;4:474. Quelle diététique pour la NASH ? La stéatose hépatique non alcoolique (NASH) est une pathologie fréquente, associée au surpoids avec ou sans dia- bète de type 2. Une évolution favorable de cette pathologie peut être observée après perte de poids. Néanmoins, se pose la question d’une diététique spécifique de la NASH, diététique non encore établie. Fraser A. et al. ont randomisé 259 patients obèses et diabétiques de type 2 atteints de NASH en trois groupes : un groupe (n = 85) suivant les recommandations diété- tiques de l’American Diabetes Association - ADA (50-55 % de glucides, 30 % de lipides et 20 % de protéines) ; un groupe (n = 89) suivant un régime avec glucides d’index glycémique faible (50-55 % de glucides, 30 % de lipides et 20 % de pro- téines) ; un groupe (n = 85) suivant une diète méditerranéenne (35 % de gluci- des d’index glycémique faible, 45 % de lipides constitués en majorité de lipides mono-insaturés et 15-20 % de protéines). L’amélioration de la stéatose hépatique la plus importante a été constatée dans le groupe « diète méditerranéenne » qui pourrait être une diététique à préconiser dans cette pathologie. F. A. Fraser A, Abel R, Lawlor DA, et al. A modified Mediterranean diet is associated with the grea- test reduction in alanine aminotransferase levels in obese type 2 diabetes patients: results of a quasi-randomised controlled trial. Diabetologia 2008;51:1616-22. Index glycémique bas et insulinosécrétion Chez le patient diabétique de type 2 traité par régime seul, quelle diététique proposer ? Wolever T et al. ont rando- misé 162 patients diabétiques de type 2 traités par régime seul en un groupe avec glucides d’index glycémique élevé (n = 52), un groupe glucides avec faible index glycémique (n = 56) et un groupe appauvri en glucides et enrichi en lipides monoinsaturés (n = 54). Les patients ont été suivis pendant 1 an et des hypergly- cémies provoquées par voie orale (75 g de glucose) ont été réalisées à T 0 puis à 3, 6 et 12 mois. Les résultats montrent que seul le régime comportant des gluci- des avec index glycémique faible permet de préserver la sécrétion d’insuline, alors même que le poids était similaire dans les trois groupes au début et à la fin de l’étude. F. A. Wolever TM, Mehling C, Chiasson JL, et al. Low glycaemic index diet and disposition index in type 2 diabetes (the Canadian trial of Carbohydrates in Diabetes): a randomised controlled trial. Diabetologia 2008;51:1607-15. Nutrition Diabète

Metformine et PYY

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Page 1: Metformine et PYY

Médecine des maladies Métaboliques - Septembre 2008 - Vol. 2 - N°4

436 Brèves

Obésité

Vous sentez-vous obèse ?

L’obésité est source de discriminations, d’exclusions et de réduction de la vie sociale. Les patients obèses mettent souvent en avant la problématique « du regard de l’autre (ou de la société) » sur les silhouettes comme première source de « mal-être ». À l’inverse, les messages de prévention et d’information largement diffusés et destinés à la population géné-rale ne doivent pas stigmatiser le surpoids. Difficile équilibre. Mais une autre question est pertinente : quelle perception ont les sujets de leur propre poids ? Johnson F et al. ont mené une enquête en Grande-Bretagne, pays particulièrement touché par l’accroissement rapide de l’obésité. Il ressort de cette étude que plus la préva-lence de l’obésité augmente… moins on se sent en surpoids ! Ainsi, la « norme » pondérale individuelle varie en fonction de ce que chacun de nous constate là où on vit. Une des conséquences possibles de cette évolution est qu’on peut craindre une moindre attention de la population aux messages de prévention du surpoids si le sentiment d’être concerné disparaît !

F. A.

Johnson F, Cooke L, Croker H, Wardle J. Changing perceptions of weight in Great Britain: comparison of two population surveys. BMJ 2008;337:a494.

Metformine et PYY

La metformine, couramment employée pour le traitement du diabète de type 2, est également employée au cours du syn-drome des ovaires polykystiques (SOPK). L’effet bénéfique obtenu dans ce cas est lié en partie à une perte de poids obtenue avec ce traitement. Tsilchorozidou T. et al. montrent un mécanisme possible expli-quant la perte pondérale suite au traitement par metformine. Dans l’étude publiée, huit femmes d’indice de masse corporelle (IMC) normal (25 kg/m2) et 20 femmes atteintes du SOPK (IMC moyen de 29,5 kg/m2)

ont été traitées par metformine (850 mg 2 fois par jour) pour une durée comprise entre 10 jours (pour le premier groupe) et 6 mois (pour le groupe SOPK). Dans les deux groupes (68 % des patientes du premier groupe et 55 % des patientes SOPK), il a été constaté une hausse de la concentration circulante de PYY (hormone digestive impliquée dans la satiété) suite au traitement par la metformine. La hausse de la concentration de PYY était corrélée à la réduction du tour de taille, du poids, de l’IMC et à l’amélioration des paramè-tres gynécologiques. Ainsi, la fréquence importante de femmes atteintes de SOPK et non répondeuses à la metformine pour-rait s’expliquer par l’absence d’effet de ce traitement sur la concentration de PYY.

F. A.

Tsilchorozidou T, Batterham RL, Conway GS. Metformin increases fasting plasma PYY in women with PCOS. Clin Endocrinol (Oxf) 2008, Apr 24 [Epub ahead of print].Research Highlights: “Metformin treatment increa-ses PYY levels in some women with PCOS”. Nature Clin Pract Endocrinol Metab 2008;4:474.

Quelle diététique pour la NASH ?

La stéatose hépatique non alcoolique (NASH) est une pathologie fréquente, associée au surpoids avec ou sans dia-bète de type 2. Une évolution favorable de cette pathologie peut être observée après perte de poids. Néanmoins, se pose la question d’une diététique spécifique de la NASH, diététique non encore établie. Fraser A. et al. ont randomisé 259 patients obèses et diabétiques de type 2 atteints de NASH en trois groupes : un groupe (n = 85) suivant les recommandations diété-tiques de l’American Diabetes Association - ADA (50-55 % de glucides, 30 % de lipides et 20 % de protéines) ; un groupe (n = 89) suivant un régime avec glucides d’index glycémique faible (50-55 % de

glucides, 30 % de lipides et 20 % de pro-téines) ; un groupe (n = 85) suivant une diète méditerranéenne (35 % de gluci-des d’index glycémique faible, 45 % de lipides constitués en majorité de lipides mono-insaturés et 15-20 % de protéines). L’amélioration de la stéatose hépatique la plus importante a été constatée dans le groupe « diète méditerranéenne » qui pourrait être une diététique à préconiser dans cette pathologie.

F. A.

Fraser A, Abel R, Lawlor DA, et al. A modified Mediterranean diet is associated with the grea-test reduction in alanine aminotransferase levels in obese type 2 diabetes patients: results of a quasi-randomised controlled trial. Diabetologia 2008;51:1616-22.

Index glycémique bas et insulinosécrétion

Chez le patient diabétique de type 2 traité par régime seul, quelle diététique proposer ? Wolever T et al. ont rando-misé 162 patients diabétiques de type 2 traités par régime seul en un groupe avec glucides d’index glycémique élevé (n = 52), un groupe glucides avec faible index glycémique (n = 56) et un groupe appauvri en glucides et enrichi en lipides monoinsaturés (n = 54). Les patients ont été suivis pendant 1 an et des hypergly-cémies provoquées par voie orale (75 g de glucose) ont été réalisées à T0 puis à 3, 6 et 12 mois. Les résultats montrent que seul le régime comportant des gluci-des avec index glycémique faible permet de préserver la sécrétion d’insuline, alors même que le poids était similaire dans les trois groupes au début et à la fin de l’étude.

F. A.

Wolever TM, Mehling C, Chiasson JL, et al. Low glycaemic index diet and disposition index in type 2 diabetes (the Canadian trial of Carbohydrates in Diabetes): a randomised controlled trial. Diabetologia 2008;51:1607-15.

Nutrition

Diabète