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Université d’Auvergne Laboratoire de StatistiquesFaculté de Sciences Economiques Appliquées à l’Analyse et àClermont-Ferrand I la Recherche en Economie
(LASAARE)Casablanca - Maroc
Analyse du fonctionnement du prêt individuel :
Cas de 2 Associations de Microcrédit (AMC) marocaines
Utilisation de données d’enquêtes
Rapport de stageMagistère deuxième année de Développement Economique
Master I Analyse Economique et Développement International
ParM’baye Linguère
Encadreur : Monsieur Fouzi Mourji,Professeur à l’Université Hassan II de Casablanca Année Universitaire 2005-2006Directeur du LASAARE
1
Remerciements
Je tiens à remercier très sincèrement mon encadreur Monsieur Fouzi Mourji, qui a
fait en sorte que le stage se déroule dans les meilleures conditions possibles. Je le remercie
pour son accueil, ses conseils, sa disponibilité et l’intérêt qu’il a porté à mon travail tout au
long de ce stage.
Je voudrai citer Mme Caroline Brandt et M. Brahim Lamriss, respectivement
responsable produits et chargé des prêts au logement à l’association Al Amana ; M. Rouini de
la Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit. Je les remercie pour toute l’aide qu’ils
m’ont apportée et pour m’avoir facilité le travail.
Je remercie tous les agents de crédit et tous clients rencontrés lors des enquêtes, pour
le temps qu’ils ont bien voulu nous accorder.
Je voudrai également adresser mes remerciements aux six étudiants en Licence de
Sciences Economiques et de Gestion, sans qui ce travail n’aurait pas pu être fait: Hassna
Jabar, Khadija Jouad, Hanane Jadir, Charifa Jabbar, Abd El Lattif Jaajan et Hayat Janah. Ils
m’ont véritablement aider en traduisant et en administrant le questionnaire.
Je remercie particulièrement Hicham Masmoudi et Jaouad Ezrarri pour leur
disponibilité, leur aide, leurs suggestions, leur gentillesse et leur soutien tout au long de ce
stage.
Je remercie Manal Lamkas pour son aide sur STATA, ainsi que toutes les personnes
qui m’ont aidé dans la réalisation de ce travail.
Je fais une mention spéciale à mes parents pour leur soutien indéfectible et aux
familles Benjelloun Touimi et Bakraoui qui m’ont accueilli comme une des leur et m’ont fait
découvrir et aimer la culture marocaine. Je leur présente ici toute ma reconnaissance et ma
gratitude. (Zineb, je te remercie pour tout !)
2
Sommaire
Analyse du fonctionnement du prêt individuel :
Cas de 2 Associations de Microcrédit (AMC) marocaines
Utilisation de données d’enquêtes
Résumé
Introduction Générale page 1
Chapitre1 : L’émergence du microcrédit au Maroc et la nécessité de son
développement
Section 1 : Le contexte général page 4
A- Les indicateurs socio-économiques du Maroc page 4
1- Portrait chiffré du Maroc page 4
a) La Structure de la population page 4
b) Pauvreté et niveau de vie des ménages marocains page 5
2- La compétitivité du secteur privé page 7
B- Le fonctionnement du marché du crédit au Maroc page 8
1- Les problèmes d’asymétrie d’information page 8
2- Les caractéristiques du secteur informel page 8
3- Les problèmes d’accès au crédit des microentreprises page 9
a) Les besoins de financement des microentreprises page 9
b) L’inadaptation de la finance informelle page10
c) L’inaccessibilité du système bancaire page11
d) La défaillance des programmes étatiques page13
Section 2 : Le Développement du microcrédit au Maroc page14
A- Les tendances du secteur page14
1- Le contexte marocain : généralités sur le microcrédit au Maroc page14
3
a) L’évolution du secteur page14
b) L’aide apportée aux AMC
c) Le cadre légal page 14
d) La réglementation et la supervision page 15
2- Les caractéristiques du secteur page 16
B - Les nouveaux segments de marché : place du prêt individuel dans le microcrédit
1- Les enseignements des expériences internationales page 17
a) Le fonctionnement du crédit individuel page 17
b) La comparaison entre crédit individuel et crédit solidaire page 18
c) Quelques exemples de réussite page 24
2- De nouveaux enjeux pour les AMC marocaines page 27
a) La saturation d’un certain segment du marché page 27
b) Se diversifier : une stratégie récente des AMC page 27
c) Le crédit à l’habitat page 28
Section 3 : Présentation des 2 associations page 30
A- Historique et situation des deux associations page 30
1- Al Amana page 30
2- La Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit page 30
B- Le développement du prêt individuel au Maroc page 31
1- Procédures et Conditions d’octroi des prêts individuels de Al Amana page 31
a) Les conditions d’octroi du prêt page 31
b) Le processus d’octroi du prêt page33
c) L’analyse du revenu et du bilan du foyer page 34
d) L’évaluation du projet d’habitat (prêt au logement) page 34
e) Les comités de crédit page 34
f) Les conditions d’acceptation ou de rejet de la demande de prêt page 35
g) Les garanties page 36
h) Le déboursement des prêts page 38
i) Le cas des clients renouvelants page 38
2- L’analyse des retards du prêt individuel à la production page 38
a) L’évolution des retards à Rabat et à Casablanca page 38
b) Les causes des retards page 39
4
c) Les moyens mis en œuvre pour minimiser les retards page 39
d) Les recommandations pour une gestion efficace des retards page 39
Chapitre 2 : Caractérisation de la clientèle de Al Amana et de la Fondation
Banque Populaire pour le Microcrédit
Section 1 : Les enseignements de la statistique descriptive page 41
A- Présentation des données page 41
B- Analyse bivariée page 43
1- L’étude des caractéristiques des clients page 43
2- La comparaison des profils des clients individuels et solidaires page 47
3- Le montant des prêts et les caractéristiques socio-économiques des clients
individuels page 55
4- L’analyse du comportement des clients individuels face à la finance
informelle page 57
5- La caractérisation des clients individuels en retard page 58
Section 2 : Essai de modélisation des déterminants de l’accès au prêt
solidaire versus le prêt individuel page 61
A- Présentation du modèle page 61
B- Résultats et discussions page 63
Conclusion Générale page 65
Bilan professionnel et personnel
A- Objectif du stage page 66
B- Travail effectué page 66
C- Entretiens réalisés page 68
D- Apports du stage page 69
E- Difficultés rencontrées page 69
Bibliographie
5
Annexes
Présentation du LASAARE
Le Laboratoire de Statistiques Appliquées à l’Analyse et la Recherche en Economie, a
été créé en 1995 à Casablanca. Il réalise plusieurs études dans des domaines très variés qui
vont, par exemple, de la microfinance aux questions de transferts des migrants.
6
Résumé
Le Maroc a fait ces dernières années beaucoup de progrès en matière de
développement économique. Pourtant c’est un pays encore très inégalitaire, où le chômage et
la pauvreté restent de véritables problèmes. C’est pour y faire face que le secteur informel
s’est largement développé. Malheureusement la plupart de ces structures sont confrontées à
des difficultés d’accès au crédit. En effet, la finance informelle, basée sur les relations
personnelles et les solidarités communautaires, est inadaptée à leurs besoins. Le système
bancaire leur est inaccessible parce qu’il s’agit souvent de projets à faibles montants qui
nécessitent des coûts de transaction élevés, ce qui n’est pas rentable pour les banques. A cela
s’ajoute le fait que ces microentreprises ne sont pas en mesure de fournir toutes les garanties
demandées. Enfin, les programmes étatiques mis en place n’ont pas toujours été adaptés et ne
répondaient pas aux besoins de ces microentrepreneurs.
La solution du microcrédit a donc été mise en place, comme cela s’est fait dans
beaucoup de pays, afin de faire face à toutes ces difficultés. Bien que le secteur soit
relativement récent (l’activité a réellement débuté en 1996), il s’est développé assez
rapidement. Dans une première phase de développement, le savoir faire des associations de
microcrédit (AMC) est resté focalisé sur des produits faciles à gérer, comme le crédit
solidaire, permettent une certaine « standardisation », donc une croissance rapide afin
d’atteindre l’équilibre financier.
L’arrivée à maturité du secteur a changé la donne : d’une part les associations matures
ont une meilleure capacité à gérer des produits financiers diversifiés ; d’autre part, la
saturation du marché, la concurrence accrue entre les associations, la sophistication de la
clientèle, les pressions du financement et de la pérennité poussent les associations à vouloir
davantage fidéliser leur clientèle.
C’est dans ce but, que de nouveaux segments de marché sont apparus comme le prêt
individuel. Il concerne principalement les clients qui n’ont pas encore la possibilité d’accéder
aux banques et qui ne sont pas non plus éligibles aux AMC. Il peut également s’agir d’anciens
7
clients de groupes solidaires. Dans les deux cas, l’AMC a tout intérêt à élargir et à conserver
cette clientèle.
La comparaison entre l’individuel et le solidaire montre de grandes différences
notamment au niveau des procédures et du rôle de l’agent du crédit. Bien qu’étant plus récent
que le solidaire, l’individuel a été mis en place dans plusieurs pays et l’expérience montre des
résultats très satisfaisants.
Afin de montrer comment ce nouveau segment de marché s’est développé au Maroc,
nous avons étudié les procédures d’octroi des prêts individuels et analyser le rapport des
retards de l’association Al Amana qui est l’une des associations avec qui nous avons travaillé.
Cette analyse a été approfondie avec l’étude des caractéristiques des clients
individuels des associations que nous avons effectué en faisant de la statistique descriptive,
plus précisément une analyse bivariée. Nous avons également tenter de pousser notre
réflexion plus loin, en essayant de modéliser les déterminants de l’accès au prêt solidaire
versus le prêt individuel. Les principaux résultats obtenus montrent que les femmes, les
personnes d’âge mûr (entre 35 et 50 ans), les mariés, ceux qui ont fait des études supérieures,
ont plus de chance d’accéder au crédit individuel que les autres. L’analyse nous a permis
d’établir les relations qui peuvent exister entre le montant des prêts et les caractéristiques
socio-économiques des clients individuels. Elle a aussi montré que même si la finance
informelle est moins adaptée que le microcrédit, elle a encore sa place dans le système
financier. Enfin, nous avons également pu dresser le profil des clients en retard.
8
Introduction Générale
Simohamed n’avait rien. Il chômait et vivait dans un dénuement total. Avec ses amis,
il a pu emprunter auprès d’une association de microcrédit et acheter un peu de marchandises
pour la revendre. « Au moins, j’ai une occupation. Je suis content. Et la baraka que cela me
suffira pour le moment. Pourvu que vous n’ayez pas honte de moi et que je puisse rembourser
à temps ». Simohamed est l’un des 600.000 bénéficiaires d’un programme de microcrédit au
Maroc. Son exemple illustre bien le rôle que jouent les associations de microcrédit dans la
lutte contre la pauvreté au Maroc et dans le monde en général. En effet, le développement
spectaculaire de la microfinance a permis avec la mise en place de plusieurs associations, de
couvrir un nombre significatif de personnes dans le monde (environ 60 millions).
L’activité du microcrédit consiste en l’attribution de prêts de faibles montants à des
entrepreneurs locaux qui ne peuvent bénéficier des prêts bancaires classiques. Le Royaume du
Maroc est un modèle et un leader mondial dans ce domaine. Il a été distingué par le prix
international du microcrédit par les Nations Unies en novembre 2005 ; ceci grâce au
dynamisme de ses associations et à l’ampleur des financements réalisés. En effet, avec une
gestion de qualité, de la transparence et beaucoup d’initiatives, les associations marocaines
disposent de l’un des meilleurs portefeuilles mondiaux de microcrédit.
Pourtant, malgré ces performances, il reste des besoins importants à couvrir.
L’évolution de la demande de la clientèle actuelle fait de la diversification des produits
financiers offerts par les associations de microcrédit une nécessité. D’ailleurs en 2005, parmi
les objectifs des associations, figurent la mise en place de nouveaux services, afin d’atteindre
et d’élargir les populations cibles, et la création de nouveaux produits tels que la
microassurance, l’épargne ou le crédit individuel. Ce dernier type de prêt est différent de ce
qui a été mis en place jusqu’ici, à savoir le crédit solidaire. On parle de prêt solidaire
lorsqu’un groupe de quatre ou cinq co-entrepreneurs est engagé à réaliser des investissements
rentables à court terme, et à se cautionner mutuellement pour le remboursement de leur prêt.
Quant au prêt individuel, il se divise en deux catégories : la première est le prêt individuel
9
entreprise qui s’adresse d’une part à une clientèle dont l’activité est plus structurée et d’autre
part à des clients qui ont réussi leur prêt dans le système solidaire et qui désirent investir dans
l'équipement de leur entreprise. La seconde catégorie est le prêt individuel au logement, qui
comme son nom l’indique, est octroyé individuellement à des microentrepreneurs, des
employés et/ou salariés, désireux d'investir dans l'amélioration, l'acquisition, la construction,
de leur logement, et/ou son raccordement aux réseaux d'eau potable et d'électricité. On
considère les crédits ruraux des associations de microcrédit comme faisant partie du prêt
individuel. C’est une véritable innovation dans la mesure où l’agriculture est un nouveau
secteur d’activité pour les associations.
L’enjeu est de taille quand on sait que les segments de marché sont de plus en plus
étroits alors que la clientèle évolue de plus en plus vite. La plupart des services financiers
offerts par les associations se retrouvent dans la catégorie de microcrédit à court terme
(inférieur à douze mois), adapté pour financer la trésorerie des microentreprises. Cela ne
couvre qu’une partie des besoins : dès qu’on parle d’investissements à moyen ou long terme
(pour l’agriculture ou les microentreprises plus grandes), il est nécessaire de prêter plus
d’argent sur une plus longue durée. Pour des crédits plus élevés, les mécanismes garanties de
type caution solidaire ne peuvent s’appliquer et l’association ne peut pas pour autant se
limiter aux garanties classiques prises par les banques. Par ailleurs, le financement de l’habitat
des populations à faibles revenus étant un enjeu économique et social majeur dans les pays en
développement, il est normal que les associations de microcrédit, qui ont pour but ultime la
lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie, fasse du crédit habitat l’un de
leur cheval de bataille.
Comment fonctionne le prêt individuel ? Quelle est la place du prêt individuel
dans le microcrédit au Maroc ? Quelles sont les procédures et les conditions d’octroi des
prêts individuels ? Comment améliorer les performances de remboursement des
associations de microcrédit qui ont mis en place le prêt individuel ? Qu’est-ce qui
différencie l’individuel du solidaire ? Quelles sont les caractéristiques des clients
individuels ? Quels sont les déterminants de la probabilité d’avoir un prêt individuel ou
un prêt solidaire ?
Pour tenter de répondre à toutes ces questions, nous avons effectué à la fois un travail
de recherche et un travail de terrain qui a consisté à mener une enquête auprès des clients de
10
deux associations de microcrédit que sont Al Amana et la Fondation Banque Populaire pour le
Microcrédit.
Nous commencerons par étudier l’émergence du microcrédit au Maroc et montrer la
nécessité de son développement, puis nous ferons l’analyse quantitative de la clientèle des
deux associations avec lesquelles nous avons travaillé.
11
Chapitre1 : L’émergence du microcrédit au Maroc et la nécessité de son
développement
Avant d’étudier le développement du microcrédit au Maroc et de présenter les
associations avec lesquelles nous avons collaboré, nous allons d’abord nous intéresser au
contexte général dans lequel nous avons évolué.
Section 1 : Le contexte général
Afin de mieux cerner le sujet et comprendre le contexte dans lequel nous avons
travaillé, il est important de présenter les indicateurs socio-économiques du Maroc et de
montrer le fonctionnement de son marché du crédit.
A- Les indicateurs socio-économiques du Maroc
Le Maroc fait aujourd’hui parti de la catégorie des pays émergents au même titre que
la Tunisie ou la Turquie. Cela s’explique par l’amélioration de ces indicateurs socio-
économiques au cours des vingt dernières années, même si des progrès restent à faire en
matière développement économique.
1- Portrait chiffré du Maroc
a) La Structure de la population
En 2005, sur 30.991.000 habitants, les femmes représentent 50% de la population
totale et les moins de 35 ans, 67.22%. 58% de la population habitent en ville, ce qui témoigne
de l’urbanisation massive de la population à laquelle on assiste depuis 1994. En effet, La
population urbaine est passée de 13.270.000 habitants en 1994 à 18.204.000 habitants en
2005 ; soit une hausse de 37.18% en 10 ans.
Contrairement, à la population urbaine, la population rurale a stagné ces 10 dernières
années et d’après les statistiques, elle devrait même baisser d’ici 2014. Cette situation est en
12
grande partie due au phénomène d’exode rural qui affecte particulièrement les campagnes
marocaines.
b) Pauvreté et niveau de vie des ménages marocains
Les données cartographiques et statistiques, du Haut-Commissariat au Plan marocain,
montre qu’en 1994, la pauvreté touchait 16.5% de la population marocaine. Ce taux est estimé
en 2004 à 14.2%, soit une baisse de 14% en 10 ans. Malgré cette baisse, la pauvreté reste dans
une large mesure un phénomène rural (bien que la population rurale représente 46% de la
population totale, le taux de pauvreté y est de 66%). En effet, la pauvreté en milieu rural est
presque trois fois supérieure à la pauvreté en zone urbaine. En 1994, elle touchait 10.4% de la
population urbaine contre 26% en milieu rural. En 2004, elle est estimée à 7.9% dans les
villes, alors qu’elle est de 22% dans les ménages ruraux. On retrouve les mêmes disparités
entre rural et urbain au niveau des dépenses : les dépenses par tête sont en moyenne de 8280
DH par mois au niveau national. En ville elles représentent 10.641 DH par mois. Soit le
double du niveau des dépenses par tête en milieu rural qui représentent 5280 DH par mois1.
Dans les zones rurales et urbaines, les pauvres ne sont généralement pas instruits, ont
des grandes familles et peu de membres actifs. La pauvreté est très concentrée dans les
régions du Centre et du Nord-Ouest. Au niveau national, la répartition des pauvres par secteur
d’activité montre que la plupart des pauvres travaillent dans le secteur agricole (57%), suivi
par les services (26%) et la construction (13%). Les causes structurelles de la pauvreté urbaine
et rurale sont liées. La plupart des ménages ruraux pauvres sont engagés dans des activités
productives mais disposent de terres agricoles petites et mal irriguées, ce qui rend leur
productivité faible. Ces ménages n’ayant pas de titres fonciers et peu de garanties à fournir, ne
peuvent accéder aux crédits bancaires, ce qui les empêche d’investir dans leur propriété. Ils
sont donc obligés de trouver d’autres sources de revenus notamment en ville. On assiste alors
à des phénomènes d’exode rural. Les populations pauvres urbaines font face au chômage,
elles n’ont accès ni au logement ni aux services de base.
Selon le Rapport de la Banque Mondiale sur la pauvreté au Maroc (2005), 25 % de la
population marocaine sont considérés comme « économiquement vulnérables » (ceux qui se
situent au seuil de pauvreté ou à moins de 50 % au-dessus du seuil de pauvreté). Ces
personnes ne sont pas préparés à absorber des chocs, tels qu’une maladie prolongée, la
sécheresse ou la perte de travail et peuvent ainsi tomber dans la pauvreté. De plus, ils peuvent
constituer une menace pour la stabilité sociale puisqu’ils luttent pour s’en sortir et sont
1 10dirham=0.90euro=1.16$ US
13
souvent frustrés par l’inégalité ; alors que les très pauvres se concentrent sur la difficulté
journalière de satisfaire leurs besoins de base. Si l’on rassemble les « populations pauvres » et
les « économiquement vulnérables », c’est environ la moitié de la population à qui il faut
donner plus de possibilités pour participer à la croissance et avoir accès aux services de base.
La baisse de la pauvreté entre 1994 et 2004 s’est accompagnée de l’amélioration des
indicateurs sociaux. Grâce à des programmes d’alphabétisation et de développement du
monde rural, le Maroc a réalisé beaucoup de progrès. En matière d’éducation, le taux de
scolarisation primaire est passé de 58% en 1990 à 92% en 2003. L’espérance de vie était de
67 ans en 90 contre 70 ans en 2001. En 2000, 80% des marocains ont accès à l’eau potable
contre 75% en 1990.
Cependant, des efforts restent à faire. En effet, malgré les avancées récentes, le taux
de pauvreté, notamment en milieu rural reste quand même élevé et le Maroc a du mal à se
mettre au même niveau que les pays à revenus similaires en terme de développement des
ressources humaines.
Lutter contre la pauvreté et la vulnérabilité suppose une amélioration de la croissance
économique. Cette dernière est en grande partie dépendante des aléas climatiques, ce qui
explique son instabilité. En effet, la croissance réelle du PIB était de 1.8% dans les années 90,
elle est passée à 4% de 1999 à 2003. En 2005, le taux de croissance est retombé à 1.8%; alors
qu’en 2006 dans le n° 13 d’Info CMC, la note que publie le Centre Marocain de Conjoncture
(CMC), les analystes tablent sur un taux de croissance du PIB de 7,1%. Il serait porté par
l’amélioration de l’environnement économique interne, grâce notamment à une bonne
campagne agricole, une demande extérieure plus soutenue, un soutien accru d’une politique
économique de grands chantiers de promotion de l’investissement, de modernisation
compétitive du système productif et de développement social. Ce tableau serait couronné par
la maîtrise de l’inflation (taux d’inflation inférieur à 1%) et une baisse du taux de chômage.
En effet, selon le Haut Commissariat au Plan, le taux de chômage moyen était de 9.8%
au premier trimestre 2006, passant pour la première fois depuis 35 ans sous la barre des 10%.
En revanche, le chômage urbain reste relativement élevé puisqu’il atteint 15.4%. Les jeunes
et les instruits enregistrent respectivement des taux de chômage de 32% et 27%, qui restent
largement supérieur à la moyenne nationale.
Etant donné que la population active urbaine s’accroît de 4 % par an, principalement
en raison de l’exode rural, l’amélioration des conditions sociales dans les milieux urbains
14
requiert à la fois des efforts concertés dans les zones urbaines et l’amélioration des niveaux de
vie dans les zones rurales.
2- La compétitivité du secteur privé
Le Maroc aura des perspectives de croissance à moyen terme plutôt modérées si la
compétitivité du secteur privé n’est pas améliorée. De récents progrès ont été faits dans ce
sens :
- En décembre 2003, la nouvelle loi bancaire accorde plus d’indépendance à la Banque
Centrale, ce qui permet la mise en place d’une meilleure gouvernance dans le secteur
bancaire.
- On assiste à la libéralisation dans plusieurs domaines de l’économie comme les
infrastructures ; le commerce avec les Accords de libre-échange (ALE), qui ont pour but de
renforcer la compétitivité des exportations à travers une plus grande spécialisation et la baisse
des coûts des intrants importés.
- Mise en place de fonds pour subventionner certaines entreprises qui sont dans des
secteurs porteurs comme le tourisme et le textile.
- Exonérations fiscales pour stimuler la croissance de certaines entreprises.
Cependant, ces réformes comportent un risque pour le gouvernement dans la mesure
où il engage des dépenses assez importantes à un moment où les recettes ont tendance à
diminuer (en raison de la baisse des droits de douane dans le cadre des ALE) et où il cherche
des moyens pour réduire le déficit financier.
15
B- Le fonctionnement du marché du crédit au Maroc
1- Les problèmes d’asymétrie d’information
On parle d’asymétrie d’information lorsque lors d’un contrat, des agents disposent
d’informations que les autres n’ont pas. L’asymétrie d’information apparaît lorsqu’il est trop
coûteux pour les AMC d’obtenir de l’information sur les caractéristiques et le comportement
de l’emprunteur. Elle entraîne des phénomènes de sélection adverse et d’aléa moral. Stiglitz et
Weiss dans leurs articles de 1981 et 1983, analysent les marchés du crédit avec une
insuffisante circulation de l’information et expliquent la sélection adverse : les banques sont
amenées, pour se protéger des emprunteurs jugés risqués, par manque d’information, à
rationner le crédit en élevant les taux d’intérêt. Comme il y a un arbitrage entre les
rendements et les risques des projets, ce sont les emprunteurs les plus risqués qui seront prêts
à payer les taux d’intérêt les plus élevés, alors que les « bons » emprunteurs se retirent du
marché du crédit.
Lorsqu’on parle d’aléa moral, on fait référence aux emprunteurs qui font peu d’efforts
pour fructifier leur prêt ou en font un mauvais usage. Pendant le déroulement du contrat, le
banquier n’a aucune idée sur l’utilisation effective du prêt.
L’asymétrie d’information a des conséquences assez néfastes, notamment dans des
économies comme celles du Maroc où les marchés financiers sont loin de fonctionner
parfaitement.
2- Les caractéristiques du secteur informel
Nous ne pouvons parler des problèmes d’accès au crédit des microentreprises (ME)
sans aborder au préalable la question du secteur informel2, auquel appartiennent la plupart de
ces structures. Le secteur informel est une composante structurelle de l’économie marocaine.
Les premiers résultats de l’Enquête Nationale sur le secteur informel non agricole
(1999/2000) nous apprennent qu’au Maroc, le nombre d’unités productives informelles (UPI)
2 Même si le l’informel regroupe à la fois des activités en marge de la loi au même titre que les unités productives exerçant des activités honnêtes, c’est à dernière catégorie que l’on fait allusion lorsque nous parlons de secteur informel.
16
est estimé à 1 233 240 dont 71.6% sont localisés en milieu urbain. En effet, le secteur
informel attire beaucoup de créateurs qui sont souvent confrontés à la complexité
administrative et aux coûts des charges. C’est une solution au problème du chômage en
général, et du chômage urbain en particulier, créé entre autre par l’exode rural. Ces emplois
permettent à une partie de la population de disposer de revenus et leur offrent ainsi une
chance de sortir du cercle vicieux de la pauvreté.
Au Maroc, les principaux secteurs dans lesquels se manifestent les activités
informelles sont : le commerce, les services, le textile, la cordonnerie, la confection, la
restauration et le bâtiment. (Adair et Hamed, 2004). 80.9% des unités informelles sont
dirigées par les indépendants contre 10.6% pour les employeurs et 8.5% pour les associés. Le
taux de féminisation est de 12.4%, soit une présence des femmes assez limitée à la tête de ces
unités. En ce qui concerne l’inscription aux registres administratifs, la grande majorité des
UPI restent inconnues des autorités publiques. Les enregistrements les plus fréquents sont
relatifs aux patentes et registres de commerce, avec respectivement 23.3% et 13%. 40.9% des
unités informelles disposent d’un local professionnel fixe. Près de la moitié des patrons
informels exercent leur activité sans disposer de local (48%) et 11.1% sont installées à leur
domicile.
Le secteur informel est aussi caractérisé, comme c’est le cas dans beaucoup de pays,
par des conditions de travail difficiles et un accès quasi-inexistant aux services publics. De
plus, la situation de précarité dans laquelle se trouvent les actifs de ce secteur les empêche de
pouvoir recourir aux banques pour financer leur activité.
3- Les problèmes d’accès au crédit des microentreprises
Avant d’expliquer les difficultés d’accès au crédit des ME, il est nécessaire de
montrer dans un premier temps, quels sont leurs besoins de financement.
a) Les besoins de financement des microentreprises
Les besoins de financement des microentreprises relèvent de trois catégories :
- Les besoins de financement de démarrage : il s’agit de l’investissement que l’entreprise doit
effectuer lors du lancement de l’activité. Il comprend le local (s’il y en a), les biens
d’équipements…Les coûts de cet investissement dépendent du secteur, de la nature de
l’activité et du degré de technicité du matériel.
17
- Les besoins de financement de court terme (ou besoin de fonds de roulement) : c’est tout ce
qui touche le financement du cycle d’exploitation : achat de matières premières, de
marchandises, rémunération du travail…Ce besoin implique que l’entreprise dispose de
liquidité, ce qui n’est pas toujours le cas, étant donné que le plus souvent les ME octroient
plus de crédits clients qu’ils ne reçoivent de crédits fournisseurs.
- Les besoins de financement à moyen terme : il sert à financer la croissance de l’entreprise
pour faire face à la concurrence, satisfaire la demande…Pour cela les entreprises doivent
engager des salariés supplémentaires, acheter de nouvelles machines pour améliorer leur
productivité et la qualité de leurs produits. Ces prêts recouvrent une durée de remboursement
souvent longue, ce qui engendre un risque plus important pour les banques et constitue une
raison de réticence dans l’octroi des crédits aux microentrepreneurs. (Voir ci-dessous : la
défaillance des banques).
Les microentreprises rencontrent généralement trois principaux problèmes :
l’inadaptation de la finance informelle, la difficulté d’accéder au système bancaire et la
défaillance des programmes étatiques.
b) L’inadaptation de la finance informelle
Les Très Petites Entreprises (TPE) marocaines, avant l’avènement du microcrédit,
avaient difficilement accès au capital et n’avaient comme seule solution, pour palier l’absence
du système bancaire, l’autofinancement, l’entourage familial ou amical, ou le recours au
secteur financier informel. Ce dernier est défini selon Lelart (1990), comme étant un ensemble
d’activités de financement se déroulant en dehors de toute réglementation ou supervision des
autorités monétaires et financières ; il se caractérise par la prédominance des transactions en
espèce, l’absence d’enregistrement et de réglementation, l’échelle réduite des opérations, et
l’échange d’actif qui se fait hors de tout cadre juridique. Le fonctionnement du circuit
informel s’appuie sur les relations personnelles ou sur les solidarités communautaires. Ce
secteur comprend les usuriers, les crédits fournisseurs, les tontines, les prêteurs à gage….
18
Le tableau suivant nous montre le Classement des microentreprises (ME) selon le
mode de financement au moment de la création :
En % de la population totale
Fonds propres 91.90%
Emprunts familiaux 38.47%
Crédits bancaires 4.05%
Autres cas 3.58%
Avances sur projets 2.02%
Circuits informels 0.16%
Sources : Mourji F. (1998), Le développement des microentreprises en question
Ce tableau indique que l’autofinancement est largement utilisé par une grande partie
des microentrepeneurs, alors que les moyens externes de financement viennent loin derrière.
Ainsi une petite part des financements se fait de façon informelle, ce qui témoigne des
déficiences du système. Cela peut s’expliquer par le fait que ce mode de financement a
plusieurs inconvénients :
-Les coûts sont très élevés, ce qui entame la marge de l’activité des ME, qui n’est
généralement pas très importante. Les taux d’intérêt peuvent aller jusqu’à 10% sur trois
semaines, ce qui fait 173% sur l’année. [Mourji, 2002].
- Le crédit informel est incertain et irrégulier : la famille ou les amis ne disposent pas toujours
des montants nécessaires.
- Les montants sont souvent faibles et insuffisants par rapport aux besoins.
- Les délais de remboursement sont courts, ce qui est inadapté compte tenu de l’activité et des
besoins des ME.
- Dans certains cas, il peut y avoir des obligations sociales qui sont liées à l’endettement.
c) L’inaccessibilité du système bancaire
La difficulté d’accéder au crédit bancaire est une véritable entrave au développement
des microentreprises. Les banques justifient leurs réticences à l’octroi des crédits aux ME en
invoquant la non rentabilité des projets à faibles montants, qui nécessitent des coûts de
transaction élevés et l’absence de garanties : en effet, les microentrepreneurs ne disposent
généralement pas d’actifs circulants ni de titres de propriété, ce qui constitue un risque pour le
banquier qui ne pourra pas récupérer ses fonds en cas de faillite. A cela, s’ajoute le risque
important de défaut de remboursement lié à l’asymétrie d’information et non couvert en
19
l’absence de cautionnement. Dans ce cas, le rationnement du crédit résulte des conditions
d’octroi des prêts et non d’une sélection par les taux d’intérêt.
Mourji F. dans Le développement des microentreprises en question, nous apprend que
suite à la libéralisation des taux d’intérêt, des taux plafonds débiteurs ont été mis en place. La
faiblesse de ces taux débiteurs a entraîné une hausse de la demande de crédit poussant les
banques à rationner le crédit en faveur des grandes entreprises qui offrent des garanties plus
sures que les ME.. Étant considérées comme plus risquées et demandant des montants plus
faibles, les ME sont confrontées à des coûts d’emprunt élevés et à des délais d’octroi très
longs.
L’étude de Mourji nous apprend également que même si les banques acceptent
d’octroyer des crédits, elles le font lorsque l’activité est déjà lancée, quand elles sont sures
que la microentreprise est viable. La preuve en est que seuls 21% des prêts aux ME sont
octroyés au lancement des projets contre 78% lorsque l’activité est déjà mise en place. Adair
et Hamed, dans leur étude sur le financement de la microentreprise au Maghreb confirme ce
constat : plus l’entreprise est mature et donne une image de pérennité, plus l’accès au
financement bancaire est facile.
Les conditions d’octroi des crédits sont tellement difficiles pour les ME, que ces
dernières procèdent à de l’auto-sélection : étant découragées par les différentes
conditionnalités et ayant peur que leur dossier présentent des failles, elles ne font même plus
l’effort de s’adresser aux banques commerciales. Mourji cite à titre d’exemple, les ME de
produits chimiques : 94.7% de ces entreprises n’ont jamais demandé de crédits, en revanche,
toutes celles qui l’ont fait, ont vu leur dossier accepté.
Selon Rhyne et Otero (1994), les méthodes des institutions financières sont inadaptées
aux microentreprises. En effet, elles doivent couvrir les charges générées par le traitement des
prêts, s’informer sur la capacité de remboursement des emprunteurs. Mais les moyens utilisés
pour garantir la qualité des prêts sont chers : le contrôle du crédit, l’évaluation du projet
financé coûtent chers et les ME ne tiennent pas une comptabilité fiable pouvant permettre de
tirer des conclusions sur la viabilité d’un projet. De plus, elles n’ont pas d’historique de crédit
avec les banques permettant d’établir un rating de crédit et elles n’ont pas non plus de biens
commercialisables à mettre en gage.
A titre d’exemple, nous pouvons citer La Banque de Crédit Populaire (BCP) et la
Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) qui étaient les seules dans les années 90 à
20
octroyer de petits crédits, mais leurs programmes étaient plutôt adressés aux petites
entreprises et les méthodes étaient inadaptées.
d) La défaillance des programmes étatiques
Le Maroc a mis en place le crédit « jeunes promoteurs » à la fin des années 80. « Ce
programme s’adresse aux entrepreneurs âgés de 20 à 45 ans, titulaires d’un diplôme
universitaire ou de centre de formation professionnelle. L’entrepreneur doit apporter 10% du
capital et l’Etat 45% à des conditions favorables : crédits sur 12 à 15 ans, taux d’intérêt de
5% avec un différé possible allant jusqu’à 10 ans. Les banques prêtent les 45% restantes sur
une période de 7 à 10 ans à un taux de 9% avec un différé allant jusqu’à 3 ans ». [Mourji,
1998]. Le point fort de ces programmes concerne l’implication des banques. Cependant, il
présente plusieurs failles. En effet, la population qui y a accès est relativement restreinte dans
la mesure où seuls les jeunes diplômés ayant les moyens de fournir les 10% du capital sont
concernés, ce qui excluent une grande partie de la population démunie qui n’a pas eu accès à
l’instruction et qui n’a pas les moyens de fournir ces fonds.
Ces programmes étatiques en général n’étaient pas toujours adaptés et ne répondaient
pas aux besoins des microentrepreneurs.
Comme nous venons de le voir, avec les problèmes d’asymétrie d’information,
l’inadaptation de la finance informelle et des programmes étatiques et la quasi impossibilité
de combler les besoins de financement grâce au système bancaire, il n’est pas du tout simple
pour les petites structures d’entreprendre et de développer leur activité comme elles le
souhaiteraient.
Face à toutes ces difficultés, il est important d’accorder une place importante à la
création et au développement des très petites entreprises afin de trouver des solutions aux
défis démographiques, économiques et sociaux du Maroc. Il a donc été envisagé de mettre en
place, comme cela s’est fait dans beaucoup de pays en développement, des banques destinées
aux « laissés pour compte » du système bancaire. La solution du microcrédit semble en effet
la mieux adaptée aux ME marocaines dans la mesure où les AMC sont des institutions qui à
travers un jeu coopératif permettent de diminuer les problèmes de sélection adverse, de hasard
moral et d’incertitude. De plus, l’expérience a montré l’efficacité des AMC dans le
financement des ME. Ces associations connaissent mieux les structures et sont plus à même
de proposer des produits financiers conformes à leurs besoins.
21
Section 2 : Le développement du microcrédit au Maroc
A- Les tendances du secteur
1- Le contexte marocain : généralités sur le microcrédit au Maroc
a) L’évolution du secteur
Le secteur du microcrédit est relativement récent au Maroc. Les premiers programmes
destinés au financement des personnes à bas revenus ont débuté en 1993-1994. Mais ce n’est
qu’en 1996, que l’activité de microcrédit a réellement débuté. A cette époque, il y avait peu de
partenaires. Une seule association était spécialisée dans le microcrédit, c’est Al Amana qui a
été crée en février 1997. D’autres associations comme Zakoura et AMSED bénéficiaient de
contacts avec la communauté internationale et octroyaient des petits prêts.
Le gouvernement du Maroc et le PNUD ont alors mis en place le programme
Microstart en février 1998 (arrêté en décembre 2001), qui avait pour objectif de faciliter aux
microentrepreneurs l’accès aux services financiers. Pour atteindre cet objectif, il a fallu
renforcer les capacités des associations pour leur permettre de faire face à la demande.
b) L’aide apportée aux AMC
Les principaux bailleurs de fonds des AMC sont l’USAID, le plus important en termes
de fonds : 16 millions US$ accordés, suivi par la Dotation du Fonds Hassan II qui a accordé
en 2000 et 2001 une subvention de 100 Millions de Dirhams soit 8.7 millions US$ accordés.
Le financement de ce fonds a eu un impact considérable sur le secteur, ce qui témoigne de
l’implication et de la volonté du gouvernement à aider les associations. En troisième position,
vient le PNUD avec le programme Microstart qui dispose d’un budget opérationnel de
1.7millions US$. Il existe d’autres bailleurs comme la Commission Européenne, les
Coopération Espagnole et Italienne à travers des ONG, le FADES, la KFW, la Banque de
développement allemande et l’Agence du Nord (organisme gouvernementale).
c) Le cadre légal
La loi 18-97 promulguée en 1999 a apporté plusieurs changements :
- Des facilités au niveau fiscal sont accordées aux AMC : elles sont exonérées de TVA
pendant 5 ans à partir de leur date d’agrément. Cette période de grâce a été prolongée, puisque
sans exonération, c’est la clientèle qui risque de supporter la TVA.
22
- Elle instaure le contrôle des AMC et la vérification de la légalité des fonds.
- Elle autorise les associations, agréées par le Ministère des Finances, à octroyer des
microcrédits avec des intérêts, ce qui n’était pas le cas avant. Cependant, elles ne
peuvent pas accepter les dépôts.
- Elle fixe le plafond des prêts (50000DH).
- Le Ministère des Finances peut fixer les taux d’intérêt spécifiques au secteur. C’est très
important dans la mesure où le Microcrédit est un domaine spécifique, distinct des opérations
bancaires et nécessitant des taux d’intérêt plus élevés3. A ce propos, il faut préciser que les
taux d’intérêt des AMC étaient de 28%. Ils sont récemment passés à 14%, ce qui constitue
une baisse considérable. Donc pour continuer à mener des activités pérennes et être viable
malgré cette baisse, les AMC ont maintenant le droit d’augmenter les frais de dossiers selon
les montants octroyés. Ces frais vont de 50 DH pour les plus faibles montants à 150 DH pour
les montants les plus élevés.
- Au moment de la demande d’autorisation d’exercice, les projections financières des
AMC doivent faire ressortir leur viabilité au terme de cinq ans. Cet article permet aux
associations d’assurer leur propre pérennité et exclut celles qui n’ont pas de vision de long
terme et qui pourraient fragiliser le secteur.
d) La réglementation et la supervision
La réglementation n’est pas encore complète et les structures ne sont pas tout à fait
fonctionnelles. C’est le Ministère des Finances qui se charge de délivrer les autorisations pour
l’exercice d’activité, de mobiliser des ressources financières, notamment tout ce qui concerne
l’aide extérieure et de la diversification. Lorsque les AMC contractent des prêts en devises, il
fait la coordination entre les associations et les organismes financiers. Ce type d’opération
nécessite une autorisation spéciale. En effet, le Ministère des finances est chargé de définir
s’il y a un risque (en devise) pour l’AMC, si elle a une bonne capacité d’endettement ou pas.
C’est important dans la mesure où le microcrédit étant un secteur encore restreint au Maroc, la
défaillance d’une association ferait un effet boule de neige sur tout le secteur et pourrait
totalement le déstabiliser.
Le rôle de la supervision est d’assurer le respect de la réglementation, notamment pour
tout ce qui concerne le montant des prêts, les taux d’intérêt appliqués, le respect des règles
d’audit. C’est le Service des Banques au sein de la Direction du Trésor et des Finances
3 Le microcrédit nécessite un taux d’intérêt plus élevé que celui des banques, pour que les AMC puissent être autosuffisantes ; Cela ne doit pas les empêcher d’être aussi efficaces que possible et de proposer des taux raisonnables à leurs clients.
23
extérieures qui assurait la supervision des AMC. Mais avec le nouveau dispositif légal, le
contrôle et le suivi des activités des AMC sont assurés par la Banque Centrale du Maroc.
2- Les caractéristiques du secteur
Le secteur a connu une croissance considérable. Il existe aujourd’hui 13 AMC agréées
au Maroc dont 12 opérationnelles. Ces AMC sont : Al Amana ; La Fondation Zakoura
Microcrédit ; La Fondation Banque populaire pour le Microcrédit ; FONDEP ; AMSSF ;
AIMC ; AMOS ; Al Karama ; INMAA ; ATIL ; APS ; AMAP ; La Fondation de Microcrédit
de la Caisse Nationale de Crédit. Il existe de grandes disparités entre associations. En effet,
certaines associations, connaissent des insuffisances institutionnelles dues notamment à leur
jeunesse et à leur croissance très rapide.
Le nombre de personnes desservies par les AMC est plus important que celui des
banques4. Nous pouvons donc dire, que les AMC sont devenues une composante du système
financier marocain. Elles ont été introduites dans la nouvelle loi bancaire en tant
qu’organisme financier.
Cependant, la portée du secteur reste quand même limitée dans la mesure où les AMC
ne couvrent que 10% à 25% du marché. En effet, on constate une couverture assez faible du
marché potentiel, ce qui explique l’apparition de nouveaux segments de marché.
B - Les nouveaux segments de marché : la place du prêt individuel dans le
microcrédit
4 Il est important de préciser qu’il y a une complémentarité entre les AMC et les banques au Maroc. On ne peut pas parler de concurrence dans la mesure où la clientèle ciblée n’est pas la même.
24
1- Les enseignements des expériences internationales
a) Le fonctionnement du crédit individuel
Pour la mise en place d’un produit comme le prêt individuel, l’institution doit définir
le profil des clients à qui ce produit doit être adressé et savoir exactement ce qu’ils
recherchent pour ne pas se tromper de cible. En effet, la connaissance des clients et de leur
historique est un élément important dans l’octroi du prêt et de la performance de
remboursement.
Pour cela, il est nécessaire de connaître le pourcentage de clients qui peut prétendre à
des prêts plus larges et qui serait éligible au prêt individuel. Lorsqu’il s’agit de nouveaux
clients que l’institution ne connaît pas, elle commence par accorder de petits montants pour de
courtes durées. Cette méthode présente plusieurs avantages :
- Elle permet à l’emprunteur de se familiariser avec les règles financières de
l’institution.
- L’AMC, en procédant ainsi, fait preuve de prudence puisqu’elle réduit le
risque financier tout en augmentant son chiffre d’affaires.
- C’est une opportunité d’apprentissage pour les agents de prêts qui peuvent se
familiariser avec ce nouveau produit.
Ensuite, il faudrait estimer le potentiel du marché, c'est-à-dire identifier les nouveaux
clients et les services financiers adaptés à leur activité (on retrouve ici la même démarche que
pour le prêt solidaire).
- Le profil des clients individuels
Deux questions se posent alors à l’institution : Quel est le profil de clients ? Quel est le
pourcentage de clients solidaires éligibles au prêt individuel ?
Le prêt individuel est souvent adressé à d’anciens membres des groupes solidaires qui
veulent élargir la taille de leur prêt. D’après la publication de la Women’s World Banking
(2005), Product diversification in Microfinance: Introducing Individuel Lending, Product
Diversification Series, en moyenne entre 10% et 30% du portefeuille de clients des
associations peut prétendre à des montants plus importants et le prêt individuel leur serait
25
adapté. Le reste de la demande est constituée de nouveaux clients avec une grande capacité de
remboursement.
La segmentation des clients un exercice important avant l’introduction du prêt
individuel, dans la mesure où elle permet de connaître le pourcentage de clients solidaires qui
est éligible au prêt individuel. Pour cet exercice, l’AMC doit disposer de données sur la taille
de l’activité, ses perspectives de croissance et la capacité de remboursement.
Il est donc important de faire une bonne sélection des clients pour avoir un taux de
recouvrement efficace. Il faut procéder à une enquête sur l’historique du client, vérifier qu’il a
de bonnes références chez les offreurs, les voisins, les créanciers. En somme, il faut avoir une
bonne information. Le client doit également montrer qu’il a une bonne capacité à payer à
travers la productivité et le dynamisme de l’activité.
- Les termes des prêts individuels
Lorsqu’il s’agit d’anciens clients du solidaire, le risque est moindre parce qu’on
suppose que l’institution les connaît bien et a eu le temps d’avoir les informations les
concernant, limitant ainsi les risques d’asymétrie informationnelles. L’institution a tout intérêt
à garder ces bons clients et à leurs octroyer des prêts plus larges.
De plus, l’introduction du prêt individuel est souvent liée à la pression du groupe. En
effet, la taille du groupe peut être trop grande et les réunions trop fréquentes.
Afin de passer du solidaire à l’individuel, il faudrait également ajuster la taille des
prêts.
- La question institutionnelle
Les institutions doivent se préparer aux changements que demande la mise en place
de ce nouveau segment de marché et être prêtes à les intégrer. Cela implique alors d’avoir de
bonnes capacités institutionnelles.
b) La comparaison entre crédit individuel et crédit solidaire
- Les principales différences entre l’individuel et le solidaire au niveau des procédures
Avant de faire les comparaisons au niveau des procédures, il faut préciser qu’une
importante différence entre le prêt individuel et le prêt solidaire, c’est la flexibilité qui est
offerte aux clients. Contrairement aux prêts de groupes où les termes du contrat et la taille des
prêts sont en partie déterminés en fonction des cycles de prêts, le montant des prêts, la taille
ou encore la périodicité de remboursement, les prêts individuels sont déterminés en fonction
26
des besoins et des capacités de chaque emprunteur. Intégrer le prêt individuel requiert non
seulement d’adapter les compétences des agents et des managers, mais cela demande aussi la
flexibilité du système administratif.
Pour le prêt solidaire, le « screening » (la sélection), le « monitoring » (la
surveillance), l’ « enforcement » (l’application du contrat) sont assurés par le groupe qui
exerce des pressions. Alors que pour l’individuel, l’état financier des clients ainsi que les
informations sur leurs caractéristiques individuelles sont analysés par l’agent de prêt.
Tableau comparatif :
27
Prêts individuels Prêts solidaires
Screening
Réputation, historique
Credit scoring
« Vérification du client »
Sélection par les
membres du groupe
Processus de
formation du groupe
Evaluation des acquis
Etat financier
La conception du
projet
Estimation du capital
Insistance sur le
capital humain
Contrôle de
l’expérience
Analyse financière
rigoureuse
Cash flow de l’affaire
et du ménage
Le montant du prêt est
déterminé
approximativement
Capacité de remboursement
Analyse collective
Estimation
approximative des
cash flow
Montants de prêts
standard déterminés
par cycle de prêts.
Monitoring
Agent de prêt
responsable Suivi des prêts
Les membres du
groupe sont les
premiers responsables
Enforcement
Nantissement des
actifs
Garant
Mécanismes incitatifs
Garantie que constitue
le groupe
Epargne obligatoire
Sources: Women’s World Banking (2005), Product Diversification in Microfinance: Introducing Individual
Lending
Commentaires :
28
Le screening : Pour le solidaire, les membres du groupe se connaissent généralement
et ont une idée des risques potentiels que peuvent présenter chacun de leurs partenaires.
Concernant l’individuel, ce sont les agents de crédit qui sont les principaux
responsables. Ils doivent vérifier l’historique de remboursement des prêts précédents, la
réputation auprès de la communauté, les références commerciales. Toutes les décisions de
crédits doivent être basées sur l’analyse financière du projet, la capacité de remboursement de
l’emprunteur et le niveau du risque du client et de son projet.
Le monitoring : Au niveau des groupes solidaires, c’est la transparence et la
surveillance entre tous les membres du groupe qui prévaut. Ils sont « responsables » les uns
des autres et surveillent mutuellement leur performance de remboursement.
En ce qui concerne l’individuel, c’est l’agent de crédit qui est responsable du suivi de
chaque prêt et de la performance de remboursement de chacun. Ces agents doivent bien
connaître les dossiers de chaque client afin de pouvoir anticiper les éventuels problèmes de
remboursement qui peuvent survenir.
L’enforcement : La principale incitation à rembourser pour le groupe solidaire est la
coresponsabilité. En effet, la réputation, la solvabilité et l’accès futur à d’autres crédits
dépendent du comportement de chaque membre du groupe. L’épargne est utilisée pour assurer
l’AMC contre d’éventuels mauvais payeurs.
Pour le prêt individuel, il y a plusieurs incitations au remboursement. La caution
requise et les garanties en général dépendent de l’AMC et de la taille du prêt. Le client doit
strictement respecter les termes du contrat s’il veut bénéficier de prêts plus importants à des
conditions plus avantageuses.
- L’activité des agents de crédits
Un agent de crédit solidaire doit être compétent pour motiver, organiser et encadrer les
groupes. En plus de ces qualités, un agent de prêt individuel a besoin d’un solide bagage en
gestion des affaires, en finance et en comptabilité. Il doit avoir aussi bien des qualités
analytiques que des qualités d’observation.
L’agent de crédit du solidaire organise sa journée comme suit : réunions dans
différents centres de l’AMC, suivi des versements, formation des groupes et visites de
vérification, suivi des arriérés, documentation et classement.
29
L’agent de prêt individuel participe à des comités d’arriérés, des comités de crédit,
détermine les clients en retard, téléphone à ceux qui ont des arriérés, fait des visites sur le lieu
de travail et au domicile de l’emprunteur, vérifie les références, fait un suivi des arriérés,
analyse les prêts et prépare les réunions du comité de crédit.
Le rôle que joue l’agent de crédit est d’autant plus important quand on sait que la
performance de remboursement est liée à la qualité de son travail, sa perspicacité et la
confiance établie entre le client et lui.
- La comparaison au niveau des performances de remboursement
Plusieurs travaux montrent que face aux problèmes d’asymétrie d’information, la
constitution de groupes solidaires est une bonne solution pour à la fois remplacer l’absence de
garanties et assurer par la pression du groupe le remboursement des crédits. En effet, avec le
groupe l’existence de liens sociaux, l’homogénéité, influencent la performance de
remboursement dans la mesure où ils favorisent le « peer monitoring » : le contrôle des
actions des emprunteurs et le « peer pressure » : la pression au remboursement.
S’agissant du prêt individuel, les individus ayant déjà appartenu à un groupe solidaire
avec un bon historique suscitent la confiance des AMC. Ces dernières considèrent que ces
clients peuvent prétendre à des montants plus importants et n’ont plus besoin de la garantie
constituée par le groupe parce que ce sont des emprunteurs avec « un bon passé ».
Marie Godquin (2006) dans son étude sur les performances de remboursement (des
crédits solidaires) des institutions de microcrédit (IMF) au Bangladesh, parle d’optimum de
1er rang et de 2nd rang : l’optimum de 1er rang correspond à un taux de remboursement de
100%. Si les IMF ne peuvent pas l’atteindre, elles peuvent viser l’optimum de second rang,
c'est-à-dire qu’elles essaient d’avoir le taux de remboursement le plus élevé possible.
Pour cela, l’emprunteur acquiert des informations sur le projet qu’il veut financer,
l’argent dont il aura besoin, les rendements et la probabilité de réussite de son projet.
L’emprunteur peut également être incité par les membres du groupe à développer un projet
similaire à celui du reste du groupe afin de réduire les différences dans les probabilités de
remboursement.
Contrairement au prêt individuel, cela peut être une contrainte pour les membres du
groupe solidaire qui veulent développer un autre projet. Dans ce cas, il y a plus de liberté dans
l’individuel que dans le solidaire.
30
Bratton en 1986 compare la performance des prêts groupés et des prêts individuels au
Zimbabwe. Il aboutit à la conclusion que les prêts groupés ont une meilleure performance que
les prêts individuels les années de bonne récolte mais une performance moindre les années de
sécheresse, parce que c’est une période où les membres du groupe ne peuvent pas payer leurs
dettes.
Paxton (1996) étudie les déterminants de remboursement de 140 groupes de prêts au
Burkina Faso. Il observe un « effet domino » négatif qui peut plus que compenser l’effet
positif du prêt groupé. L’effet domino c’est lorsque le non remboursement de certains
membres du groupe entraîne celui des autres.
Le prêt individuel permet d’éviter cet effet domino puisque l’emprunteur a l’entière
responsabilité de son prêt.
Toujours dans cette même étude, Paxton aborde le « matching problem ». Il s’agit
d’un problème d’appariement : les termes du contrat ne sont plus appropriés à tous les
membres du groupe lors du renouvellement des prêts. Cela pourrait également être évité par le
prêt individuel dans la mesure où il s’agit du contrat d’une seule personne.
Les études sont mitigées sur l’effet positif de la responsabilité solidaire qui existe entre
les membres d’un groupe. Contrairement à Zeller (1998), Wenner (1995) et Wydick (1999),
qui montrent que la sélection par les pairs, le contrôle et la pression des différents membres du
groupe augmentent la performance de remboursement, Diagne et al (2000) en travaillant sur
des données du Malawi montrent que le contrôle, la pression par les pairs et la responsabilité
solidaire ont un impact faible ou négatif sur la performance de remboursement.
L’absence de diversification des risques, qui limitent les possibilités d’auto-assurance
des membres du groupe et l’impact négatif des problèmes d’appariement vont plus que
compenser l’impact positif de l’homogénéité du groupe. Pour Diagne et al. (2000), le facteur
le plus incitatif pour le remboursement du groupe, c’est la possibilité d’accéder à de nouveaux
crédits. Cela est valable pour l’individuel : cela atténue donc l’importance accordée à la
responsabilité solidaire du groupe. En effet, même sans appartenir à un groupe, l’objectif de la
majorité des emprunteurs c’est de pouvoir renouveler leurs crédits et continuer à avoir accès à
un financement ; et cela qu’ils appartiennent à un groupe solidaire ou qu’ils soient des clients
individuels.
En définitive, nous pouvons dire que la coresponsabilité n’améliore pas
nécessairement les taux de remboursement, ce qui donne au prêt individuel toute sa légitimité.
31
c) Quelques exemples de réussite
Le prêt individuel, bien qu’étant plus récent que le solidaire, a déjà été mis en place dans
plusieurs pays et l’expérience montre que les résultats sont très satisfaisants. En témoigne ces
quelques exemples :
- The Agrocapital Foundation of Bolivia: cette fondation est un pionnier dans le
développement du prêt individuel dans les zones rurales et dans les zones urbaines
défavorisées. Elle offre uniquement des prêts à la production. La clientèle travaille
principalement dans l’agriculture, mais la fondation touche d’autres secteurs d’activité comme
l’agro-industrie ou le commerce. Afin d’avoir un taux de recouvrement efficace, la fondation
définit des conditionnalités d’octroi des prêts bien précises :
Les clients doivent avoir une expérience d’au moins un an dans leur domaine.
Un bon historique c'est-à-dire de bonnes références auprès de leurs voisins, des
offreurs, des créanciers.
Une personne qui se porte garant pour l’emprunteur.
L’emprunteur doit démontrer sa capacité à rembourser à travers la productivité et
le dynamisme de son activité.
Le suivi est fait à travers la fréquence des paiements qui constituent un mécanisme
préventif. Le taux d’intérêt est basé sur le marché, les risques et les sommes. La fondation a
octroyé 25068 prêts. ces derniers sont situés entre 1000$ US et 50000$ US.
Les associations de ce type en Amérique Latine enregistrent une forte demande de
services ruraux financiers avec des taux de remboursement record.
- Mibanco : c’est une institution de microfinance créée en 1972 au Pérou et qui est
aujourd’hui la deuxième IMF d’Amérique Latine par la taille. A la fin des années 90, l’IMF
constate le besoin croissant des populations pauvres d’accéder à la propriété et/ou d’améliorer
leurs conditions d’habitat. Mibanco lance alors en 2000 l’expérimentation d’un produit de
crédit habitat, appelé Micasa, qui s’adresse à deux cibles : la clientèle traditionnelles des
microentrepreuneurs de l’IMF et une clientèle nouvelle, composée de travailleurs à faibles
revenus mais résidant dans les mêmes communautés.
Un an après le lancement, le programme Micasa comprend 3000 clients pour un
encours de 2.6 millions d’US$. Le taux de remboursement à l’échéance est de 99%. Le
produit est suffisamment rentable pour permettre à Mibanco de continuer à le proposer à la
clientèle et la direction de l’institution prévoit que le crédit habitat représentera au bout de
32
cinq ans, 50% de son portefeuille total d’ici. Deux ans plus tard, la deuxième cible (la
clientèle nouvelle) représente le tiers des clients du produit habitat et au total les femmes
représentent la moitié du portefeuille de prêts habitat.
La méthodologie adoptée par Mibanco est proche de celle de ses microcrédits
classiques :
L’IMF octroie des crédits successifs pour la construction ou la réhabilitation de
logements par étape : l’idée est de se caler sur les principes de l’auto-construction
progressive des ménages, ce qui permet de proposer des montants de crédits
accessibles et de motiver les clients au remboursement par la promesse d’un accès
ultérieur à un plus gros crédit.
Le montant moyen des crédits habitat octroyé est de 1000$ US soit l’équivalent
d’un PNB annuel/tête au Pérou et soit deux fois le montant des crédits
classique proposés par l’institution.
La durée maximum du crédit est de 36 mois (contre 24 mois pour le
microcrédit classique) et le remboursement du capital et des intérêts est
progressif.
Le taux d’intérêt oscille entre 4/5 et 9/10 du taux des microcrédits classique
selon la taille du crédit.
Comme la plupart des IMF qui font du crédit habitat, Mibanco n’utilise pas de
garantie hypothécaire parce qu’elle est trop coûteuse à mettre en place par
rapport au montant du crédit et est difficilement réalisable. L’institution réalise
une étude précise des revenus globaux du ménage (comme pour le microcrédit
classique) et incite fortement au remboursement par la promesse d’un accès à
des prêts habitat de plus gros montants.
Mibanco ne procure ni n’exige, de la part de la clientèle, une assistance
technique dans la prévision et l’exécution des travaux d’habitation effectués.
De même, elle n’exige pas de titre de propriété foncière.
Pour distribuer ce produit, l’institution utilise son réseau d’antennes et d’agents
existants.
Selon Mibanco, le succès de cette expérimentation relève d’une bonne implantation
initiale dans les communautés, d’un appui sur un réseau expérimenté d’agents de crédits
qui connaissaient la clientèle visée et d’une méthodologie de prêt éprouvée et efficace.
33
- Beit el Mal : l’exemple de cette institution illustre une articulation originale entre
microfinance et politique publique de l’habitat. Il s’agit en effet d’une IMF mauritanienne
qui réalise du crédit habitat dans le cadre de la mise en place d’une politique d’habitat
social en Mauritanie5.
L’Etat mauritanien a décidé de financer un programme de développement urbain
appelé Twize. Le but de ce programme est de mettre à la disposition des familles démunies le
financement nécessaire à la construction d’un habitat décent. Beit el mal est la composante
microfinance de ce programme.
Le mécanisme financier de l’habitat social se décompose en trois parts : une participation
initiale des bénéficiaires (15% du coût), une subvention de l’Etat mauritanien (50% du
coût) et un crédit habitat (35% du coût).
Le principal inconvénient de ce système est qu’il rend les IMF dépendantes de l’Etat, tant
au niveau technique que politique.
- SEWA Bank (Self-Employed Women’s Association Bank): il s’agit d’une banque privée
indienne qui accorde des prêts individuels aux femmes ayant déjà constitué une épargne. La
banque propose également des prêts au logement et a mis en place un système d’assurance à
partir de l’épargne déposée en cas d’hospitalisation ou d’emploi intermittent. Cet exemple est
intéressant pour le Maroc dans la mesure où il montre l’importance et le rôle que peut jouer la
constitution d’une épargne préalable dans le financement des projets et la mise en place d’un
système d’assurance. En effet, les AMC marocaines, selon le dispositif légal, n’ont pas le
droit de mobiliser l’épargne, ce qui peut être un frein à leur activité.
2-De nouveaux enjeux pour les associations de microcrédit (AMC) marocaines
a) La saturation d’un certain segment du marché
Avant l’apparition des nouveaux segments de marché, les associations desservaient
principalement les entrepreneurs du milieu urbain. Seules la FONDEP et AMOS avaient
5 La Mauritanie a connu une urbanisation importante durant les trente dernières années ; en témoigne la
population de Nouakchott qui est passée de 20.000 habitants en 1960 à 600.000 habitants.
34
investi le milieu rural. En effet, plusieurs facteurs limitent l’implantation des AMC en milieu
rural : elles sont focalisées sur le court terme, avec une exigence de remboursement régulier,
ce qui permet de financer principalement des activités de commerce, de petit artisanat, de
transformation agroalimentaire …Les activités de moyen terme restent en dehors de leur
champ. La demande étant plus forte dans les villes et le potentiel de clients étant jugé plus
important, (les clients ruraux ne représentaient que 15% du total des clients des AMC), on a
un phénomène de saturation dû au fait que les associations servent les mêmes zones, elles
touchent le même type de clients et octroient les mêmes montants de prêt.
On assiste à des phénomènes de « prêts croisés » dans plusieurs villes marocaines : il
s’agit de clients qui souscrivent plusieurs prêts en même temps auprès de différentes AMC.
On aboutit à un surendettement des clients. Cela montre que les associations commencent à
octroyer des prêts aux mêmes individus. Ce phénomène de « prêts croisés » est aussi expliqué
par le fait que les emprunteurs veuillent compléter les crédits octroyés par les AMC et
trouvent là le moyen de le faire.
b) Se diversifier : une stratégie récente des AMC
Le problème de la saturation du marché, outre le fait que ce sont les mêmes zones qui
sont desservies, a pour principales causes le manque de nouveaux segments de marché et de
diversification des produits de prêt.
Toutes les associations utilisent le crédit solidaire de la même façon. Cette
méthodologie, qui consiste à offrir des petits prêts remboursables à court terme avec des
paiements fréquents et qui cherche à remplacer les garanties réelles avec la caution solidaire,
est très efficace pour les microentrepreneurs urbains ayant un besoin de financement de leur
fonds de roulement (le marché touché actuellement au Maroc). Mais elle n’est pas appropriée
à toute la clientèle. En effet, deux domaines sont insuffisamment couverts par l’offre en
microfinance :
- Le « haut » du marché composé de microentreprises plus grandes ou en voie de
développement se trouvant en milieu urbain : les AMC ne couvrent pas le plus souvent
un certain nombre de besoins en investissement ou renouvellement de l’équipement de
l’entrepreneur, qui exigeraient des crédits à moyen terme.
- Le « bas » du marché concentré en milieu rural (donc le secteur agricole). Par
ailleurs, les activités agricoles sont soumises à des risques importants, qui tendent à
décourager un certain nombre d’AMC soumises à des impératifs rapides d’équilibre
financier, en l’absence d’outils de sécurisation efficaces des crédits.
35
En somme, nous pouvons dire que le secteur agricole et les ME plus grandes désirent
des montants plus élevés sur une durée plus longue. Or le crédit solidaire est rigide et ne
peut pas répondre à leurs besoins. De plus, la concurrence naissante entre institution
pousse les IMF à vouloir davantage fidéliser leurs clients et mieux analyser leurs besoins
pour adapter leurs produits.
C’est à partir de ce constat que quelques associations ont commencé à mettre en place
le prêt individuel. Il permet de desservir une plus grande clientèle en élargissant la gamme
de produits offerts et en adaptant les méthodologies à chaque type de clients. Les
associations peuvent ainsi élargir leurs opérations et éviter la stagnation du secteur. Cela
ne veut pas dire que toutes les associations doivent changer de méthodologie, elles doivent
d’abord cibler leur clientèle et à partir de là, proposer une méthodologie qui leur soit
adaptée.
c) Le crédit à l’habitat
Il est important de faire la distinction au niveau du prêt individuel entre le prêt à la
production et le prêt au logement. Les AMC en recherche de nouveaux marchés ont
compris que le crédit habitat pouvait être proche de la méthodologie de microcrédit
classique. Par ailleurs des bailleurs de fonds de plus en plus soucieux de l’impact social
des AMC, s’intéressent au crédit habitat pour lequel l’impact sur le bien-être familial est
évident.
- Le financement de l’habitat offert par des AMC correspond généralement à des crédits
successifs de faible montant pour une amélioration progressive de l’habitat calée sur les
pratiques d’auto-construction des habitants, par opposition au financement classique de
l’habitat qui vise le logement neuf et abouti, avec une garantie hypothécaire.
- Le crédit à l’habitat des AMC et le crédit à l’habitat classique impactent tous les deux
sur la valeur des actifs et parfois sur le revenu.
- Le montant pour le premier type de crédit est situé entre 200 et 1500 US$, alors que pour
le crédit classique, il est supérieur à 1000US$.
- Il n’y a pas de garantie hypothécaire pour le crédit de l’AMC, contrairement au crédit
classique, mais une caution morale, des biens domestiques et surtout une sécurisation
foncière.
36
- La durée du prêt se situe entre 2 et 15 ans, généralement 3 ans en ce qui concerne les
AMC. Pour le crédit classique, la durée est le plus souvent supérieure à 10 ans.
Le prêt individuel bien qu’étant un nouveau produit, prend une place de plus en plus
importante dans le microcrédit au Maroc.
Afin d’étayer notre propos et d’être le plus près possible de la réalité, nous avons
travaillé avec deux AMC à savoir l’association Al Amana et la Fondation Banque
Populaire pour le Microcrédit.
Pour le prêt individuel, nous faisons la distinction entre le prêt au logement et le prêt à
la production. Nous insistons également sur le prêt en milieu rural (qui peut être assimilé à
de l’individuel) dans la mesure où les AMC s’implantent progressivement en milieu rural
et que ce segment commence à prendre de l’importance.
Section 3 : La présentation des 2 associations
Nous avons choisi de travailler avec ces deux associations tout d’abord parce qu’elles
font partie des plus importantes au Maroc. Elles sont connues pour leur dynamisme et leurs
37
bons résultats dans le domaine de la microfinance. Ensuite parce que nous avons pu établir
facilement des contacts avec elles et qu’elles nous ont apporté toute leur aide.
A- Historique et situation des deux associations
1- Al Amana
Depuis sa création en 1997, l’association Al Amana a connu d’excellents résultats en
matière de développement de services financiers destinés aux plus démunis. C’est la première
AMC du Magrehb et d’Afrique, la 12ème institution du monde et est dans le top 10 des
institutions les plus performantes du monde. Selon la revue Assahifa Almagrhibia, dans son
édition numéro 45 daté du 28 juillet au 3 août 2006, Al Amana détient 40% du marché du
microcrédit au Maroc. Actuellement, elle est le leader dans le secteur de la microfinance au
Maroc.
Al Amana disposait en 1997 de 1495 clients ; elle est passée aujourd’hui à 323841
clients. Nous avons actuellement 8338 prêts individuels à l’entreprise alors que les clients de
ce type de prêts n’étaient que 114 en 2001. Les prêts individuels au logement sont
actuellement au nombre de 7980 alors qu’en 2003, nous avions seulement 42 clients qui
avaient souscris à ce type de prêt. Le portefeuille en cours est de 1214.2 millions de Dhirams.
Ces chiffres montrent l’évolution très rapide qu’a connue l’association, notamment
dans le prêt individuel. Ceci témoigne d’une réelle volonté de trouver de nouveaux segments
de marché et d’être le plus proche possible des besoins des clients.
2-La Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit (FBPMC)
Elle a été crée en 1998 et a reçu son agrément en 2000. La FBPMC dessert
principalement les zones urbaines et péri-urbaines. Elle se diversifie vers le prêt individuel
mais au niveau du processus, elle est moins avancée que Al Amana. On peut expliquer cela
par le fait que Al Amana a plus d’ancienneté que la Fondation. Cette dernière a 63180 clients
actifs et son encours de prêts est estimé à 172.000.000.
B- Le développement du prêt individuel au Maroc
Afin de montrer comment le prêt individuel s’est développé au Maroc, nous allons
nous baser uniquement sur l’expérience d’Al Amana qui a mis à notre disposition son
38
manuel de procédures d’octroi des prêts individuels et son rapport sur les retards du prêt
individuel à la production.
1- Procédures et Conditions d’octroi des prêts individuels de Al Amana
Nous allons tenter d’étudier et d’expliquer les procédures et les conditions d’octroi de
prêt de l’association Al Amana à travers son manuel de procédures.
L’association a commencé avant toute chose par faire la promotion du prêt individuel
en ayant comme principaux acteurs les agents de crédits qui sont chargés de contacter,
d’informer et de sensibiliser au produit.
Une fois que les clients sont informés, l’association étudie les différentes demandes de
prêt et réalise un entretien préliminaire avec ses éventuels futurs clients. L’objectif de cet
entretien est de déterminer le type de crédit dont le client a besoin, d’informer le client sur les
conditions d’éligibilité et sur le processus d’octroi de prêt, de pré-sélectionner et d’inscrire les
clients qui sont éligibles.
Au cours de l’étude de la demande de prêt, il est donc nécessaire de vérifier les
conditions d’éligibilité du client qui ne sont pas forcément les mêmes selon qu’il demande un
prêt individuel entreprise ou un prêt au logement.
a) Les conditions d’octroi du prêt
Les conditions communes aux deux types de prêts :
- Avoir entre 21 ans et 70 ans : c’est un intervalle assez large qui permet de couvrir le
maximum de personnes.
- Avoir au minimum un an d’expérience dans le même domaine d’activité.
- Disposer des garanties minimales exigées.
Les conditions spécifiques au prêt à l’entreprise :
- Etre resté au minimum un an dans un local.
- Etre propriétaire et gérant de son activité.
- Avoir un local fixe : cette condition n’est pas valable pour les taximen et les
marchands ambulants.
39
Les conditions spécifiques au prêt au logement :
- Le client doit être un chef de ménage.
- Le client peut être : micro-entrepreuneur ; salarié ou fonctionnaire (les salariés en
CDD sont acceptés à condition d’avoir une ancienneté de deux ans dans le même
emploi) ; gardien de parking, à condition d’être reconnu par l’Etat et d’être
propriétaire de son logement (il faut préciser qu’il s’agit d’un métier très répandu au
Maroc) ; proriétaire-bailleur dont la principale source de revenus est le loyer ; rentier
dont la principale source de revenu est la retraite ; ambulant à condition d’avoir un
garant et d’être propriétaire de son logement ou d’avoir l’autorisation du propriétaire
de son logement.
L’agent est chargé d’administrer un petit questionnaire au client afin de s’assurer qu’il
remplit toutes les conditions.
Les frais de dossier sont de 50 DH pour les prêts inférieurs ou égaux à 2000 DH,
100DH pour ceux variant de 2000 à 3000 DH, et 150 DH pour ceux supérieurs à 3000 DH.
Les frais d’adhésion sont de 20 DH à l’occasion du premier prêt accordé et les frais
d’accompagnement de 2,5% du montant brut du prêt.
Conditions Prêts individuels
Montants De 2000 DH à 30 000 DH
Modalité de
remboursement
Bi-mensuelle : 12
à 72 échéances
Mensuelle : 6 à 36 échéances payables par période de
30 jours.
40
payables par
période de 14
jours.
Première
échéance due 4
semaines après
l’octroi.*
Si le déboursement est effectué les 1ère, 2ème, 3ème ou
4ème semaine du mois 'm', le 1er remboursement
intervient le jour financier de la même semaine du mois
'm+1'.*
Si le déboursement est effectué la 5ème semaine du
mois 'm', le 1er remboursement intervient le jour
financier de la 1ère semaine du mois 'm+2'.*
Pour les salariés et assimilés, la première échéance est due le premier jour
financier du mois suivant l’octroi.
Durée du
remboursement
6 à 36 mois
Garanties
minimales
En fonction de l’activité, de l’ancienneté du client et du montant du prêt :
signature personnelle, billet à ordre, garant personnel, nantissement de
fonds de commerce
Sources : Manuel de procédures d’octroi des prêts individuels du 13/12/2005 d’Al Amana
Le prêt au logement est destiné à financer l’acquisition d’un terrain, la construction,
l’extension ou l’amélioration d’un logement, l’achat d’un logement. Les habitations
insalubres de type bidonvilles, non réglementaires ou qui sont en litige et l’achat du pas de
porte ne sont pas financées. De plus, les prêts ne peuvent être destinés à financer l’équipement
du domicile en appareils électroménagers ou en meubles. Le client doit détenir tous les
documents administratifs et les justificatifs nécessaires.
Le prêt à la production finance l’achat d’immobilisations, de matières premières ou de
marchandises et l’aménagement de la micro-entreprise.
b) Le processus d’octroi du prêt
- Le client doit signer la demande de crédit ainsi que la demande de documents de
garanties.
- Ensuite l’agent reçoit, vérifie et évalue les garanties proposées par le client.
- Dans le cas du prêt à la production, l’agent doit visiter l’entreprise pour établir les
états financiers, à savoir le bilan et le compte d’exploitation.
41
- Dans le cas du prêt au logement, il doit visiter le domicile pour connaître la
localisation et évaluer les actifs, les revenus et les dépenses de la famille, la valeur du
patrimoine maison, ainsi que les conditions d’habitat. Il doit également visiter le projet
d’habitat afin de déterminer le coût du projet.
- Il est également chargé de préparer et de présenter les dossiers au Comité de Crédit ;
puis de remplir, signer et légaliser les contrats de garantie.
- La fin du processus est marquée par le déboursement du prêt.
c) L’analyse du revenu et du bilan du foyer
Cette étape est décisive dans la mesure où elle a pour objectif d’évaluer : la capacité de
remboursement du client et de vérifier qu’elle correspond au montant demandé; les risques
éventuels que peut présenter le prêt ; la moralité, la situation familiale, le niveau de vie du
ménage et les conditions d’habitat dans le cas du prêt au logement.
Autant pour le prêt individuel à la production que pour le prêt individuel au logement,
la visite de l’entreprise ou du foyer est une étape importante, parce qu’elle permet à l’agent de
vérifier les informations fournies par le client.
d) L’évaluation du projet d’habitat ( prêt au logement)
L’objectif est ici de faire un diagnostic du projet, de vérifier que le client a reçu toutes
les autorisations exigibles et de faire l’estimation la plus exacte possible du coût du projet.
e) Les comités de crédit
Lors du comité de crédit, la première étape est de présenter le client et son activité. Au
moment de la prise de décision, il faut vérifier plusieurs points :
- Le dossier contient tous les documents requis.
- Pour les micro-entrepreneurs, la marge commerciale est compatible avec l’activité.
- Pour les salariés et assimilés, le ratio échéance du prêt/ revenus nets est ≤ à 60%.
- Le ratio échéance/capacité de remboursement est ≤ à 70%.
- Croiser la capacité de remboursement avec le niveau de vie du foyer, l’épargne et les
derniers investissements effectués (foyer et entreprise, le cas échéant)
42
- Vérifier que la durée du prêt correspond à la destination à la capacité de
remboursement.
- Vérifier les garanties présentées.
- Vérifier les informations sur le conjoint.
- Le projet a reçu les autorisations nécessaires pour les travaux.
- L’apport personnel du client et le montant net du prêt couvrent le coût total du projet
logement.
Pour les comités qui examinent les prêts ≤ à 10.000DH nets, l’agent encadrant prend la
décision, en concertation avec les autres agents présents.
Pour les comités « grands prêts » qui examinent les prêts> à 10.000DH nets (prêt
logement), les décisions sont prises par la majorité, en cas de différence d’avis, c’est le
président qui tranche.
f) Les conditions d’acceptation ou de rejet de la demande de prêt
Les dossiers peuvent être rejetés, ajournés, approuvés sous réserve ou approuvés.
- La demande prêt est rejetée si : les conditions d’inscription ne sont pas remplies ;
l’échéance/capacité de remboursement est < à 70% ; l’activité présente des risques
importants ; la destination du prêt ne présente pas une opportunité pour le client ;
l’investissement est non réalisable ou encore s’il y a des doutes sur la moralité du client.
- La demande de prêt est ajournée si les données financières sont incomplètes et les
éléments disponibles insuffisants ; s’il y a des doute au niveau des garanties ; s’il manque
des pièces de garantie nécessaires ; si l’accompagnement de l’agent sur le terrain par
l’agent encadrant ou le coordinateur projet/régional pour vérifier certaines informations
est nécessaire.
- La demande est approuvée sous réserve s’il y a erreur dans la passation des écritures
comptables n’affectant pas la capacité de remboursement ou si les données sur le client dans
le résumé ne sont pas complètes.
-La demande de prêt est acceptée si les dossiers présentés sont complets au niveau de
l’analyse financière et des garanties et sont conformes aux procédures ; si le client a la
43
capacité de rembourser le prêt ; si les risques présentés par le dossier sont supportables par Al
Amana.
g) Les garanties
- La signature personnelle : le client apporte un garant de sa famille et donne à Al Amana ses
biens personnels et professionnels en garantie de son prêt. La valeur des biens pris en
nantissement doit être ≥ au montant total à rembourser.
-La garantie personnelle : un garant s’engage à rembourser le prêt en cas de défaillance du
client. Il donne comme garantie son salaire ou ses revenus.
- Le billet à ordre : c’est un titre par lequel une personne s’engage à payer une somme
déterminée à une date précise à un bénéficiaire ou à l’ordre de celui-ci.
-Le nantissement de fonds de commerce : c’est un gage sans dépossession qui porte sur la
clientèle et l’achalandage, le nom commercial, l’enseigne, le droit au bail.
- La main levée du nantissement de fonds de commerce : c’est lorsque le client, à la fin du
prêt, demande à radier le nantissement de son fonds de commerce. Il doit remplir le bordereau
de mainlevée, le faire signer et donner ce contrat au client, qui le donne au tribunal de
commerce pour opérer la radiation du nantissement de fonds de commerce.
La garantie que doit présenter un client dépend de son activité, de son ancienneté et du
montant de prêt :
- Les clients micro-entrepreneurs et bailleurs :
44
2000 – 5000. 6000 -
10000
11000 - 15000 16000 – 30000
1er prêt SP
Garant personnel / ou nantissement de fonds de
commerce / ou billet à ordre si le client a un compte
bancaire
2éme prêt (1er prêt
individuel ou solidaire) (avec
6 mois minimum dans le 1er
prêt) SP
Garant personnel / ou nantissement de
fonds de commerce / ou billet à ordre si
le client a un compte bancaire
3éme prêt & plus (les prêts
précédents sont individuels
et/ou solidaires) (avec 12
mois minimum dans les
prêts qui précèdent) SP
Garant personnel / ou
nantissement de fonds
de commerce / ou billet
à ordre si le client a un
compte bancaire
Sources : Manuel de procédures d’octroi des prêts individuels du 13/12/2005 d’Al Amana
SP : Signature du conjoint si le client est marié ou d’un membre de la famille s’il est
célibataire + nantissement des biens de la maison et de l’Entreprise.
Pour les taximen, seule la garantie personnelle est acceptée, quel que soit le montant du prêt à
financer même en cas de renouvellement.
Pour les ambulants à déplacement organisé (prêt entreprise), la garantie «garant
personnel » est exigée si le client est locataire de sa maison. S’il est propriétaire de sa maison,
toutes les garanties sont acceptées. (Pour un prêt au logement, l’ambulant ou son conjoint
doivent être propriétaire de leur logement).
Pour une personne travaillant à Al Amana, elle peut garantir un client, mais elle ne peut
pas bénéficier d’un prêt.
- Les clients salariés, fonctionnaires et rentiers (prêt logement) : la signature du
client est constituée par le billet à ordre.
45
h) Le déboursement des prêts
Il constitue la dernière étape de la procédure. L’objectif est d’établir des prévisions
fines de déboursement pour une gestion de trésorerie optimale et de débourser le client en
disposant de toute la documentation nécessaire.
i) Le cas des clients renouvelants
Un client est dit renouvelant, s’il a déjà bénéficié d’au moins un prêt individuel, qu’il a
totalement remboursé, et s’il sollicite un nouveau prêt individuel du même type (entreprise ou
logement).
Le renouvellement du prêt peut être refusé s’il y a eu des incidents de retard de
remboursement lors du prêt précédent, des difficultés dans le remboursement du prêt antérieur
ou des doutes quant à la moralité et la transparence du client.
Tous les contrats de garantie doivent être remplis de nouveau pour le nouveau prêt sauf
pour le cas de la garantie « nantissement de fonds de commerce » qui est valable 5 ans.
2- L’analyse des retards du prêt individuel à la production
Nous allons baser notre analyse à partir du rapport sur les retards du prêt individuel à
la production de l’association Al Amana.
Ce rapport a pour objectif de prévoir le nombre de clients en retard dans la capitale Rabat
et à Casablanca ; de connaître les causes des retards, c’est à dire savoir s’il s’agit de causes
conjoncturelles ou structurelles ; présenter les moyens mis en œuvre pour minimiser les
retards et définir une stratégie pour un meilleur suivi des retards.
d) L’évolution des retards à Rabat et à Casablanca (depuis janvier 2004)
En 2005, on avait 34 prêts en retard dont 95% dans la capitale contre 8 prêts en retard
en 2004, tous situés à Rabat.
Il est important de préciser qu’en 2005, on a eu une évolution importante des retards à
cause d’une augmentation des encours.
Les statistiques prévoient 57 prêts en retard à Rabat et à Casablanca le 31 décembre
2006.
46
e) Les causes des retards6
On dénombre quatre principales causes de retard :
- L’insuffisance de l’encadrement
- Le non respect de la procédure des retards prêt individuel
- Le manque de gestion des retards clair et efficace
- Le manque d’information sur les clients risqués lors de la phase d’expérimentation du prêt
individuel entreprise en 2003 et 2004.
f) Les moyens mis en œuvre pour minimiser les retards
Les villes qui connaissent les retards les plus élevés disposent d’un agent encadrant
différent ; les nouveaux agents consacrent la majorité de leur temps au traitement des retards ;
les agents sont chargés d’exercer une grande pression sur les clients ; mise en place d’une
procédure judiciaire ; limitation des déboursements des agents à partir de 4 clients en retard
et enfin, les agents essaient d’améliorer le suivi des retards.
Les agents doivent également mener des actions préventives en identifiant le profil des
clients à risque, et en le communiquant aux responsables de comité ; ils doivent approfondir
l’entretien préliminaire et l’entretien avec les garants ; ils demanderont les lettres de mise en
demeure à partir de 15 jours de retards ; ils doivent également renforcer la procédure des
garanties pour les clients risqués et élaborer la procédure de limitation des déboursements
pour les agents prêt individuel.
g) Les recommandations pour une gestion efficace des retards
Il faut élaborer et valider un système de suivi des retards ; coordonner le travail avec le
service informatique pour fiabiliser l’état de retard hebdomadaire ; définir les états à
envoyer au terrain pour communiquer sur les clients en recours judiciaire ; mesurer la
force des garanties sur la base des dossiers en justice, et élaborer des rapports réguliers de
suivi des retards.
Depuis la mise en place de du principe de microcrédit au Maroc, il y a dix ans, le
secteur s’est développé très rapidement et a connu de nombreux changements. Face à la
saturation du marché, les AMC ont compris qu’il fallait qu’elles réagissent en proposant 6 Lors de nos enquêtes, nous avons pu discuté avec des agents de prêts qui nous ont donné différentes causes de retard (en plus de ceux qui sont cités ici), parmi lesquels l’éloignement des domiciles des clients par rapport aux antennes ; le fait qu’ils soient salariés(notamment pour les prêts logement) et ne peuvent pas se déplacer les jours financiers ; les clients transporteurs qui sont souvent en déplacement et peu disponibles pour effectuer leur remboursement à temps.
47
de nouveaux services et de nouveaux produits. Le prêt individuel est l’un de ces produits.
Il permet à beaucoup de personnes de ne pas être oubliées du système et d’avoir accès à
un financement.
Nous allons maintenant essayer de vérifier nos différentes hypothèses à travers
l’analyse quantitative de la clientèle de Al Amana et de la Fondation Banque Populaire
pour le Microcrédit.
Chapitre 2 : Caractérisation de la clientèle de Al Amana et de la Fondation
Banque Populaire pour le Microcrédit
Nous allons étudier les caractéristiques de la clientèle des deux associations avec
lesquelles nous avons travaillé, en faisant une analyse quantitative, qui a pour but de nous
aider à approfondir les résultats de notre revue de littérature empirique. Notre analyse est
48
essentiellement basée sur l’étude de tableaux croisés entre les différentes variables qui nous
semblaient les plus pertinentes pour notre sujet.
Nous ferons dans un premier temps faire de la statistique descriptive et dans un
deuxième temps nous essaierons de modéliser les déterminants d’avoir accès à un prêt
individuel ou à un prêt solidaire.
Section 1 : Les enseignements de la statistique descriptive
A- Présentation des données
Nous avons choisi de travailler avec des données d’enquêtes. Pour cela, nous avons eu
à réaliser deux questionnaires : l’un destiné aux clients des deux AMC (c’est sur ce
questionnaire que s’est essentiellement basé notre étude statistique) et l’autre destiné aux
dirigeants des AMC (cf. annexe 2 : questionnaires administrés à la clientèle et aux AMC).
Les questions ont porté essentiellement sur les caractéristiques des clients, les montants
des prêts, les types de prêts… Avec ces questionnaires nous voulions non seulement
déterminer les caractéristiques des clients individuels, comparer l’individuel et le solidaire,
mais aussi analyser la performance de remboursement des deux associations.
Malheureusement, pour cette dernière, il s’est avéré que nous n’avions pas assez de
variabilité. En effet, nous n’avons pu rencontré que très peu de clients en retard, ce qui ne
nous permettait pas de pouvoir déterminer et d’expliquer les performances de remboursement.
Notre échantillon est composé de 443 individus et de 66 variables. L’enquête a concerné à
la fois les clients du solidaire et ceux de l’individuel. Nous avons eu à interroger 381 clients
solidaires et 61 clients individuels. Nous avons effectuer un échantillonnage pseudo-
aléatoire : c’est à dire que nous avons administrer le questionnaire aux personnes qui venaient
pour rembourser leur crédit. Toutefois, il nous est arrivé lors des enquêtes, de nous déplacer
sur les lieux de travail ou au domicile des clients, sans pour autant que ces derniers soient au
courant. Les variables avec lesquelles nous avons a le plus travaillé sont les caractéristiques
individuelles : le sexe, l’âge, la situation familiale, l’activité professionnelle, le niveau
d’éducation, le revenu, la nature du prêt : « est-ce qu’il s’agit d’un prêt individuel ou d’un
prêt solidaire ? », le montant des prêts.
49
Nous avons travaillé sur neuf sites en tout : six antennes de l’association Al Amana :
quatre à Casablanca : Derb Ghalef, Bernoussi, Oulfa, Sidi Otmane et le site de Takadoum à
Rabat. Les sites Hay Hassani et Yacoub Al Mansour à Rabat étaient prévus mais ont été
enlevé pour des questions de temps. Pour la FBPMC nous avons travaillé sur quatre sites :
Médina, Cité Jemaa, Korea et Hay Nassim. Ce sont des antennes essentiellement urbaines ou
péri-urbaines. Nous les avons choisi en fonction de leur position géographique (pour des
raisons financières et des raisons de temps, il fallait qu’elles ne soient pas trop éloignées du
centre) et pour certaines d’entre elles, en fonction de la nature des activités qui y sont
développées : par exemple Derb Ghalef et Korea sont des zones essentiellement
commerçantes, ce qui peut être intéressant à étudier pour voir s’il y a un « effet zone »
notamment au niveau des clients en retard.
Les enquêtes ont été menées avec l’aide de quelques étudiants en Licence d’Economie et
de Gestion de la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Casablanca. Ils
ont traduit et administré le questionnaire client en arabe dialectal, puisque la plupart des
clients s’expriment uniquement dans cette langue. Ils nous ont également aidé à réaliser la
base de données.
Comme nous n’avions pas assez de données concernant les clients en retard, nous avons
demandé aux associations de nous fournir les données dont nous avions besoin pour traiter les
caractéristiques de ces clients. La FBPMC ne disposant pas de ces données, nous n’avons pu
travailler sur cette question qu’avec les informations fournies par Al Amana.
Nous avons traiter nos données à l’aide de deux logiciels économétriques : SPSS et
STATA.
B- Analyse bivariée
1- L’étude des caractéristiques des clients
a) La part des hommes et des femmes dans l'échantillon
50
Sexe Fréquence Pourcentage Cumulative
Féminin 247 55.76 55.76
Masculin 196 44.24 100.00
Total 443 100.00
Les femmes représentent près de 56% de notre échantillon soit plus de la moitié, alors
que les hommes ne représentent que 44%. Cela reflète une réalité bien connue quant à la place
assez importante qu’occupent les femmes dans le microcrédit au Maroc et dans le monde en
général.
L’expérience du terrain a montré que les femmes sont plus solvables et plus sérieuses.
Elles sont plus souvent chez elles et sont donc moins exposées à la tentation de la vie que les
hommes. C’est pourquoi les associations se tournent plus vers elles. Même si les femmes
continuent de constituer la majorité des clients desservis par les AMC, les hommes
commencent à gagner du terrain. Ils sont d’ailleurs de mieux en mieux représentés sur le
marché du microcrédit marocain.
b) L’âge
Classes d’âge Fréquence Pourcentage Cumulative
[21 ; 35[ 103 23.25 23.25
[35 ; 50[ 224 50.56 73.81
[50 ; 65[ 109 24.60 98.42
[65 ; 72] 7 1.58 100.00
Total 443 100.00
L’âge moyen est de 42 ans (cf. annexe3 : tableau des moyennes) et les 35-50 ans
représentent 50.56%. Cela montre que la plupart des clients des AMC sont des entrepreneurs
d’âge mûr. Ces derniers sont plus ciblés par les associations parce qu’ils sont jugés plus
responsables ; ils sont pour la plupart des soutiens de leur famille qui ont en charge plusieurs
personnes et ont donc besoin d’exercer une activité et d’avoir une source de revenus.
Les jeunes (comme pour les 50 à 65 ans) représentent, à peu près, le quart de
l’échantillon. Même si ce pourcentage n’est pas faible, il est nettement inférieur par rapport à
celui des 35-50 ans. Cette moindre représentativité peut s’expliquer par le fait que les jeunes
ont moins de charges et de responsabilité que les autres, ils ont moins peur de l’avenir et
51
jugent prématuré la création d’une entreprise. L’autre aspect, c’est qu’ils sont peut être jugés
moins consciencieux ou moins matures et sont considérés comme un peu plus risqués pour les
associations. Ces dernières devraient faire plus d’efforts vis à vis de cette classe d’âge pour lui
offrir plus de perspectives parce que cette tranche d’âge est la plus touchée par le chômage 7et
reste quand même assez vulnérable.
Les personnes âgées ne sont que 2%, ce qui se comprend sachant que la plupart
d’entre eux sont des inactifs.
c) La situation familiale
Situation familiale Fréquence Pourcentage Cumulative
Célibataire 69 15.58 15.58
Marié(e) 289 65.24 80.81
Divorcé(e) 45 10.16 90.97
Veuf (ve) 40 9.03 100.00
Total 443 100.00
L’explication de ce tableau rejoint ce qui a été dit plus haut. 65.24% des clients sont
mariés ; ces clients sont des chefs de famille et il est normal que les associations se tournent
vers eux. Pour les célibataires, il s’agit pour la plupart de jeunes, donc l’explication est la
même : ils ont moins de responsabilité par rapport aux personnes mariées, ce qui justifie leur
faible proportion. Les divorcés et les veufs représentent respectivement 10% et 9% de
l’échantillon. Ces faibles taux ne sont qu’apparents parce que la part de ces deux situations à
l’échelle nationale selon les données du dernier Recensement Général de la Population et de
l’Habitat en 2004, ne représente que 2,0% et 5,6% respectivement. Se retrouvant seuls, les
divorcés et les veufs surtout de sexe féminin ne disposent pas de soutien matériel, ce qui les
pousse à solliciter des microcrédits auprès des AMC pour se prémunir contre le risque de la
pauvreté et de l’exclusion sociale.
d) L’activité professionnelle
7 Selon les données de l’enquête nationale de l’emploi en 2005, le taux de chômage pour les classes d’âge 15-24 ans et 25-34 a atteint respectivement 15,7% et 16,5% alors qu’il n’est que de 2,1% pour les 45 ans et plus.
52
Activité
professionnelle
Fréquence Pourcentage Cumulative
Commerçants 308 69.53 69.53
Artisans 88 19.86 89.39
Autres8 45 10.61 99.55
Total 443 100.00
Ces chiffres confirment le fait que la majorité des clients des AMC sont des
commerçants, suivi des artisans. Cela s’explique aussi par rapport aux quartiers dans lesquels
nous avons enquêté notamment à Derb Ghalef et à Korea qui sont essentiellement des zones à
caractère commercial.
e) Le niveau d'éducation
Niveau d’éducation Fréquence Pourcentage Cumulative
Néant 155 34.99 34.99
Primaire 160 36.12 71.11
Secondaire 112 25.28 96.39
Universitaire 16 3.61 100.00
Total 443 100.00
96.39% des clients n’ont pas fait d’études supérieures et 71.11% d’entre eux ne sont
jamais allés à l’école ou se sont arrêtés au primaire. En effet, la population servie par les
associations de microcrédit (en général, pas seulement au Maroc) manquent d’instruction et
est analphabète dans sa grande majorité. Les associations font des efforts, dans la mesure où
certaines d’entre elles offrent des services non financiers comme l’alphabétisation, font des
formations pour permettre aux clients de faire un bon usage de leur crédit. C’est à la fois dans
l’intérêt des clients et des AMC qui auront plus de facilité à communiquer avec eux, à leur
expliquer le fonctionnement du crédit et surtout améliorer leur performance de
remboursement. En effet, des clients instruits ont plus de facilité pour gérer leur activité, ce
qui peut les aider à limiter le risque de faillite et donc de non remboursement.
f) Les revenus8Dans cette catégorie on retrouve des électriciens, des menuisiers, des garagistes, chauffeurs de taxi…
53
Revenus Fréquence Pourcentage Cumulative
[750 ; 1900[ 86 19.41 19.41
[1900; 4500[ 257 58.01 77.43
[4500; 8000[ 73 16.48 93.91
[8000; 13000[ 23 5.19 99.10
[13000; 35000] 4 0.90 100.00
Total 443 100.00
Le revenu moyen est de 3530DH par mois (cf. annexe3 : tableau des moyennes) et
58% des clients gagnent entre 1900DH et 4500 DH par mois, soit plus que le SMIC marocain
qui est fixé à 1900DH. Seuls 20% touchent moins le SMIC. Ce n’est pas un faible
pourcentage, mais l’ensemble des chiffres de ce tableau montre bien l’effet plus que positif
que joue le microcrédit dans la lutte contre la pauvreté. En effet, plus de la moitié des clients
ont des revenus qui leur permettent de vivre décemment. Un sixième des clients (16.5%) ont
un bon niveau de vie. Même si ce n’est une qu’une faible proportion, 5% des clients sont
largement au dessus de la moyenne et, on peut même dire qu’ils font partie de la classe aisée.
Le revenu maximum (cf. annexe 3 : tableau des moyennes) est de 35000DH par mois.
Il s’agit d’un chiffre assez important, qui mérite une explication, sachant que nous sommes
dans le cadre du microcrédit au Maroc, où même si les revenus peuvent être conséquents, ils
ne sont généralement pas aussi élevés. Ce revenu est celui d’une femme qui commercialise
des gâteaux et qui se fait aider par ses enfants. Elle nous a expliqué lors de l’enquête, que son
revenu variait beaucoup selon les périodes. Dans les périodes normales, elle gagnait à peu
près 10.000DH par mois, alors qu’à l’occasion des mariages ou du mois de ramadan, elle
pouvait gagner jusqu’à 60.000DH par mois. Comme elle n’avait pas de salaire fixe, nous
avons fait la moyenne, ce qui nous a donné ce chiffre.
2- La comparaison des profils des clients individuels et solidaires
a) La part des clients individuels dans l’échantillon
Nature du prêt Fréquence Pourcentage Cumulative
Individuel 61 13.77 13.77
54
Solidaire 382 86.23 100.00
Total 443 100.00
Ce tableau montre que les clients individuels ne représentent que 13.77% de notre
échantillon contre 86.23% de clients solidaires. Cela correspond bien à la réalité, dans la
mesure où comme nous l’avons dit plus haut, le prêt individuel est un nouveau segment qui
est investi depuis peu par les AMC. Il est donc normal qu’il y ait plus de clients du prêt
solidaire, qui a été mis en place depuis le début du microcrédit au Maroc en 1997.
b) Le Sexe
Tableau 1 : Ventilation de la nature ou type de prêt selon le sexe de l’interviewé
Sexe de l’interviewé Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
Masculin
% des hommes qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid9 qui sont des hommes
25
12,8%
41,0%
171
87,2%
44,8%
196
100%
44,2%
Féminin
% des femmes qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont des femmes
36
14,6%
59,0%
211
85,4%
55,2%
247
100%
55,8%
Total
% de clients indv/solid
% des hommes/femmes
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
Près de un sixième des femmes (14.6%) ont un prêt individuel contre12.8% des
hommes. D’autre part, il y a 87.2% d’hommes dans le solidaire contre 85.4% de femmes.
Bien que les différences ne soient pas trop grandes, il y a plus de femmes que d’hommes dans
le prêt individuel, alors que c’est l’inverse dans le solidaire. Cela s’explique par le fait que
beaucoup de clients de l’individuel sont d’abord passés par le solidaire ; et comme les
femmes sont considérées « plus sérieuses » que les hommes, elles accèdent plus facilement au
prêt individuel. En effet, les AMC considèrent que l’expérience du solidaire est importante,
pour à la fois, la formation des clients, mais également pour recueillir des informations sur
9 PI= prêt individuel ; PS= prêt solidaire ; indv=individuels ; solid=solidaires
55
leur comportement et la gestion de leur activité. Cela leur permet ainsi de limiter les
problèmes d’asymétrie d’information.
c) L’âge
Tableau 2: Ventilation de la nature ou type de prêt selon la classe d’âge de l’interviewé
Classe d’âge de l’interviewé Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
[21; 35[
% des clients qui ont entre 21 et 35 ans qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont entre 21 et 35 ans
7
6,8%
11,5%
96
93,2%
25,1%
103
100%
23,3%
[35; 50[
% des clients qui ont entre 35 et 50 ans qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont entre 35 et 50 ans
25
11,2%
41,0%
199
89,8%
52,1%
224
100%
50,6%
[50; 65[
% des clients qui ont entre 50 et 65 ans qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont entre 50 et 65 ans
27
24,8%
44,3%
82
75,2%
21,5%
109
100%
24,6%
[65; 72[
% des clients qui ont entre 65 et 72 ans qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont entre 65 et 72 ans
2
28,6%
3,3%
5
71,4%
1,3%
7
100%
1,6%
Total
% de clients indv/solid
% selon la classe d’âge
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
Nous avons 41% et 44.3% des clients de l’individuel qui sont, respectivement, dans les
classes d’âge [35 ; 50[et [50 ; 65[. Pour le solidaire, nous avons la moitié des clients qui ont
entre 35 et 50 ans, et les jeunes représentent 25.1% des clients. Il y a donc plus de jeunes que
de personnes d’âge mûr dans les groupes solidaires et vis versa pour l’individuel. En effet,
contrairement au solidaire où c’est le groupe qui se porte garant, l’individuel demande
d’autres types de garanties un peu plus contraignantes, que les jeunes ne peuvent pas fournir.
d) La situation familiale
56
Tableau 3 : Ventilation de la nature ou type de prêt selon la situation familiale de
l’interviewé
Situation familiale Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
Célibataire
% des client (e) s célibataire qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont célibataires
3
4,3%
4,9%
66
95,7
17,3%
69
100,0%
15,6%
Marié(e)
% des client (e) s marié(e)s qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont marié(e)s
39
13,5%
63,9%
250
86,5%
65,4%
289
100,0%
65,2%
Divorcé(e)
% des client (e) s divorcé(e)s qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont divorcé(e)s
2
4,4%
3,3%
43
95,6%
11,3%
45
100,0%
10,2%
Veuf(ve)
% des client (e) s veuf(ve)s qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont veuf(ve)s
17
42,5%
27,9%
23
57,5%
6,0%
40
100,0%
9,0%
Total
% de clients indv/solid
% selon la situation familiale
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
A la fois pour l’individuel et pour le solidaire, plus de 60% des clients sont mariés. On
remarque qu’il y a plus de célibataires et de divorcés dans le prêt solidaire que dans
l’individuel. 27.9% des clients individuels sont veufs contre 6.02% dans le solidaire. Pour les
célibataires, l’explication est liée à l’ancienneté des clients : nous avons vu plus haut que
beaucoup de clients de l’individuel sont des anciens du solidaire. On suppose que dans un
premier temps ce sont des jeunes célibataires qui prennent un crédit solidaire et au fur et à
mesure qu’ils évoluent dans le microcrédit, ils améliorent leur situation sociale et peuvent se
permettre, d’une part de se marier et d’autre part d’apporter les garanties nécessaires pour
acquérir un crédit individuel.
57
Les divorcés sont plus nombreux dans le crédit solidaire parce qu’ils ne disposent pas
forcément d’une personne qui se porter garant, ce qui est une des conditions pour avoir accès
au crédit individuel.
Pour la catégorie « veuf(ve) », on peut penser que le fait de se retrouver sans
conjoint, réduit le capital social, ce qui peut être un frein pour faire partie d’un groupe
solidaire. Le crédit individuel est donc une bonne solution pour que ces personnes ne soient
pas exclues du secteur financier.
e) L’activité professionnelle
Tableau 4:Ventilation de la nature ou type de prêt selon l’activité professionnelle de
l’interviewé
Activité professionnelle Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
Commerçants
% des clients commerçants qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont commerçants
33
10,7%
54,1%
275
89,3%
72,0%
308
100,0%
69,5%
Artisans
% des clients artisans qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui sont artisans
12
13,6%
19,7%
76
86,4%
19,9%
88
100,0%
19,9%
Autres
% des clients qui exercent d’autres activités qui ont un
PI/PS
% des clients indv/solid qui exercent d’autres activités
16
34,0%
26,2%
31
66,0%
8,1%
47
100,0%
10,6%
Total
% de clients indv/solid
% selon l’activité professionnelle
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
Pour l’individuel, ce n’est pas l’artisanat qui est la seconde activité la plus exercée,
comme c’est le cas pour le solidaire, mais c’est la catégorie « autres », dans laquelle on
retrouve des électriciens, des menuisiers, des garagistes, chauffeurs de taxi… Cette catégorie
représente 26.2% des clients individuels contre 8.1% des clients solidaires. Ce sont des
métiers qui demandent généralement plus de fonds, donc ces personnes vont plus se tourner
vers le prêt individuel qui accorde des montants plus élevés que le prêt solidaire.
58
f) Le niveau d’éducation
Tableau 5 : Ventilation de la nature ou type de prêt selon le niveau d’éducation de
l’interviewé
Niveau d’éducation Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
Néant
% des clients qui n’ont aucun niveau d’éducation qui ont
un PI/PS
% des clients indv/solid qui n’ont aucun niveau
d’éducation
27
17,4%
44,3%
128
82,6%
33,5%
155
100,0%
35,0%
Primaire
% des clients qui ont le niveau primaire qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont le niveau primaire
15
9,4%
24,6%
145
90,6%
38,0%
160
100,0%
36,1%
Secondaire
% des clients qui ont le niveau secondaire qui ont un PI/PS
% des clients indv/solid qui ont le niveau secondaire
15
13,4%
24,6%
97
86,6%
25,4%
112
100,0%
25,3%
Universitaire
% des clients qui ont le niveau universitaire qui ont un
PI/PS
% des clients indv/solid qui ont le niveau universitaire
4
25,0%
6,6%
12
75,0%
3,1%
16
100,0%
3,6%
Total
% de clients indv/solid
% selon le niveau d’éducation
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
Il y a plus de clients individuels qui ont fait des études supérieures que de clients du
solidaire (6.6% contre 3.3%)10. Ces personnes s’orientent plus vers l’individuel, parce qu’ils
connaissent mieux le secteur financier, sont mieux informés sur les segments et les nouveaux
produits de marché et les avantages qu’ils proposent. De plus, le prêt individuel demande
quand même un minimum de compétences en gestion, en organisation, en finance qu’ils ont
10 Il est important de préciser que pour l’individuel, 6.6% de 13.77%, ont plus de poids que 3.3% de 86%.
59
déjà alors que les autres devront peut être faire des formations pour les acquérir. Ce qui
motive les AMC à attirer ces clients puisque avec eux, elles gagnent en temps et en argent.
g) Le montant des prêts
Tableau 6: Ventilation de la nature ou type de prêt selon le montant de prêt auprès de
l’AMC
Montant du prêt auprès de l’AMC Type de prêt
Individuel Solidaire Ensemble
[1200; 6000[
% des clients qui ont un prêt entre 1200 et 6000 DH qui
sont des clients du PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un prêt situé entre 1200 et
6000 DH
26
11,8%
42,6%
195
88,2%
51,0%
221
100,0%
49,9%
[6000; 10000[
% des clients qui ont un prêt entre 6000 et 10000 DH qui
sont des clients du PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un prêt situé entre 6000 et
10000DH
9
8,3%
14,8%
100
91,7%
26,2%
109
100,0%
24,6%
[10000; 20000[
% des clients qui ont un prêt entre 10000 et 20000 DH qui
sont des clients du PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un prêt situé entre 10000 et
20000DH
24
22,9%
39,3%
81
77,1%
21,2%
105
100,0%
23,7%
[20000; 40000[
% des clients qui ont un prêt entre 20000 et 40000 DH qui
sont des clients du PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un prêt situé entre 20000 et
40000 DH
2
25,0%
3,3%
6
75,0%
1,6%
8
100,0%
1,8%
Total
% de clients indv/solid
% selon le montant du prêt auprès de l’AMC
61
13,8%
100,0%
382
86,2%
100,0%
443
100,0%
100,0%
60
On observe que 42.6% des clients individuels ont un petit prêt contre 51% des clients
solidaires ; 39.3% des clients du individuels ont un prêt entre 10000 DH et 20000 DH contre
21.2% du solidaire et 1.6% de ces derniers ont un prêt entre 20000 DH et 40000 DH contre
3.3% des clients de l’individuel. Avec ces chiffres, on observe que les clients de l’individuel
reçoivent des montants plus importants que ceux du solidaire. En effet, le principe même du
prêt individuel est d’octroyer des montants plus élevés que le solidaire, notamment pour les
clients qui ne sont pas assez démunis pour bénéficier du solidaire mais qui ne disposent pas de
moyens suffisants pour accéder aux banques (cf. Chapitre 1 ; section 2-B)
h) Les revenus
Tableau 7 : Ventilation de la nature ou type de prêt selon la classe de revenu des clients de l’AMC interviewés
Montant du revenu Type de prêtIndividuel Solidaire Ensemble
[500; 1900[% des clients, qui ont un revenu entre 500 et 1900 DH, qui
ont un PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un revenu entre 500 et 1900 DH
1618,6%
26,2%
7081,4%
18,3%
86100,0%1
9,4%
[1900; 4500[% des clients, qui ont un revenu entre 1900 et 4500 DH,
qui ont un PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un revenu entre 1900 et 4500 DH
3312,8%
54,1%
22487,2%
58,6%
257100,0%
58,0%
[4500; 8000[% des clients, qui ont un revenu entre 4500 et 8000 DH,
qui ont un PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un revenu entre 4500 et 8000 DH
79,6%
11,5%
6690,4%
17,3%
73100,0%
16,5%
[8000; 13000[% des clients, qui ont un revenu entre 8000 et 13000 DH,
qui ont un PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un revenu entre 8000 et 13000 DH
521,7%
8,2%
1878,3%
4,7%
23100,0%
5,2%
[1300; 35000[% des clients, qui ont un revenu entre 13000 et 35000 DH,
-- 4100,0%
4100,0%
61
qui ont un PI/PS
% des clients indv/sold qui ont un revenu entre 13000 et 35000 DH
1,0%0,9%
Total% de clients indv/solid
% selon le montant du revenu du client
6113,8%100,0%
38286,2%100,0%
443100,0%100,0%
Nous avons 8.2% de clients du prêt individuel qui gagnent entre 8000DH et 13000DH
contre 4.7% du prêt solidaire pour la même classe de revenus: les personnes du solidaire
gagnent des montants moins élevés que celles de l’individuel. En effet, ces dernières ayant
des prêts d’un montant plus élevé, peuvent développer des activités plus importantes que les
clients du solidaire, ce qui permet de dégager plus de bénéfices et donc d’avoir des revenus
plus élevés.
g) L’usage des prêts
Tableau 8: Ventilation de la nature ou type de prêt selon l’usage des prêtsUsage des prêts Type de prêt
Individuel Solidaire EnsembleLogement% des clients qui ont un prêt au logement qui ont PI/PS% des clients indv/sold qui ont un prêt au logement
4378,2%70,5%
1221,8%3,1%
55100,0%12,4%
Activité professionnelle% des clients qui ont pris un prêt pour activité professionnelle qui ont PI/PS% des clients indv/sold qui ont un prêt pour activité professionnelle
164,2%
26,2%
36795,8%
96,3%
383100,0%
86,7%
Besoins urgents% des clients qui ont un prêt pour besoins urgents qui ont PI/PS% des clients indv/sold qui ont un prêt pour besoin urgents
250,0%
3,3%
250,0%
0,5%
4100,0%
0,9%Total% de clients indv/solid% selon l’usage des prêts
6113,8%100,0%
38186,2%100,0%
442100,0%100,0%
70.5% des clients individuels ont contracté un prêt au logement11 contre 3.1% des
clients du solidaire. Et inversement, la grande majorité des clients du solidaire ont un prêt
pour une activité professionnelle : 96.3% contre 26.2% pour les clients individuels. Ces
résultats confirment que le prêt solidaire a toujours été assimilé à un prêt à la production alors 11 Le prêt au logement regroupe tout ce qui concerne la construction, la rénovation, l’agrandissement…
62
qu’avec le prêt individuel, on a introduit en plus du prêt à la production, le prêt au logement.
Nous pouvons donc dire que grâce à l’apparition des nouveaux segments de marché et à la
diversification des produits, les personnes démunies peuvent non seulement développer une
activité professionnelle, mais aussi avoir accès au logement, ce qui est une avancée
considérable.
3- Le montant des prêts et les caractéristiques socio-économiques des clients
individuels 12
a) Le sexe et le montant des prêts
Montant prêt
Sexe
[1200; 6000[ [6000; 10000[ [10000; 20000[ [20000; 40000] Total
Féminin
19
52.78
73.08
4
11.11
44.44
12
33.33
50.00
1
2.78
50.00
36
100.00
59.02
Masculin
7
28.00
26.92
5
20.00
55.56
12
48.00
50.00
1
4.00
50.00
25
100.00
40.98
Total
26
42.62
100.00
9
14.75
100.00
24
39.34
100.00
2
3.28
100.00
61
100.00
100.00
42.62% des crédits octroyés sont des montants situés entre 1200DH et 6000DH. Il
s’agit donc ici de petits prêts.
52.78% des femmes ont des petits prêts contre 28% des hommes ; alors que 48% des
hommes ont des prêts dont les montants sont situés entre 10000DH et 20000DH contre 33%
des femmes. Ainsi donc, même si les femmes sont plus nombreuses que les hommes, les
montants qui leur sont accordés sont plus faibles. Il y a donc un biais à l’encontre des
12 Ici, nous avons choisi de garder les deux caractéristiques les plus significatives en terme de résultats, à savoir le sexe et l’âge.
63
femmes. Ces résultats confirment l’étude de Marie Godquin (2006) qui aboutit à la même
conclusion.
b) L’âge et le montant des prêts
Montant prêt
Age
[1200; 6000[ [6000; 10000[ [10000; 20000[ [20000; 40000] Total
[21; 35[
2
28.57
7.69
1
14.29
11.11
4
57.14
16.67
0
0.00
0.00
7
100.00
11.48
[35; 50[
12
48.00
46.15
3
12.00
33.33
10
40.00
41.67
0
0.00
0.00
25
100.00
40.98
[50; 65[
11
40.74
42.31
5
18.52
55.56
9
33.33
37.50
2
7.41
100.00
27
100.00
44.26
[65; 72]
1
50.00
3.85
0
0.00
0.00
1
50.00
4.17
0
0.00
0.00
2
100.00
3.28
Total
26
42.62
100.00
9
14.75
100.00
24
39.34
100.00
2
3.28
100.00
61
100.00
100.00
16.67% des moins de 35 ans ont un prêt entre 10000 DH et 20000 DH, contre 41.67%
des 35-50 ans et 37.50% des 50-65 ans. Plus on est mûr, plus le montant du prêt est important.
L’explication est la même que celle donnée plus haut : c'est-à-dire que les personnes matures
sont considérées comme plus responsables et suscitent plus la confiance des AMC.
4- Analyse du comportement des clients individuels face à la finance
informelle (appartenance à une tontine, crédit fournisseurs, crédit auprès d’autres personnes,
64
appréciation de leur crédit)
Voir comment les clients individuels apprécient le crédit qu’ils ont reçu auprès de leur
association, nous permet de mieux comprendre leur attitude face à la finance informelle et
pourquoi certains d’entre eux ont recours à d’autres sources de financement alors qu’ils sont
déjà inscrits auprès d’une association.
Ainsi, à la question « Est-ce que le crédit contracté correspond à vos attentes »,
32.74% des clients du crédit individuel interrogés répondent non et jugent leur crédit
insuffisant (cf. annexe 4 : comportement des clients individuels face à la finance informelle).
Même s’ils ne sont (heureusement) pas majoritaires, ils représentent quand même le tiers des
clients individuels.
37.70% des clients individuels appartiennent ou ont déjà appartenu à une tontine ;
21.31% ont recours à un crédit fournisseur et 13.11% ont des dettes auprès de leurs proches, à
savoir la famille, les amis ou l’épicier du coin (cf. annexe 4 : comportement des clients
individuels face à la finance informelle).
Ces chiffres montrent que même si la finance informelle est moins adaptée que le
microcrédit (cf. chapitre1), elle a toujours sa place dans le système financier. La première
explication est que les clients qui jugent leur crédit insuffisant, empruntent soit pour le
compléter, soit pour développer leur activité ou pour rembourser d’autres crédits. Il y a
également des raisons sociales : les liens sociaux dans la société marocaine sont très forts ; ce
qui explique que les gens se tournent naturellement vers leurs proches lorsqu’ils ont des
besoins urgents. Il ne faut pas oublier, par exemple, que les tontines renforcent les liens entre
les membres d’une communauté par le mécanisme de solidarité qu’elles créent. Les relations
ainsi tissées peuvent donc se poursuivre au-delà du cadre de la tontine.
5- Caractérisation des clients individuels en retard13
Il est important pour les associations de connaître le profil des clients retardataires
dans la mesure où cela peut les aider à comprendre les causes des retards et donc à y remédier
plus facilement.
13 Dans ce cas précis, il s’agit uniquement des clients de Al Amana
65
a) Le sexe
Sexe Fréquence Pourcentage Cumulative
Féminin 28 33.73 33.73
Masculin 55 66.27 100.00
Total 83 100.00
66.27% des clients en retard sont des hommes contre 33.73% du côté des femmes.
L’hypothèse selon laquelle les femmes remboursent mieux que les hommes est pleinement
vérifiée. Les femmes, étant chargées de gérer la maison, la répartition du budget, l’éducation
des enfants…ont des capacités de gestion et d’organisation que n’ont pas forcément les
hommes. Elles utilisent donc mieux leur prêt et par conséquent rencontrent moins de
difficultés pour le rembourser.
b) La situation familiale et l’âge
La situation familiale
Situation familiale Fréquence Pourcentage Cumulative
Célibataire 8 25.81 25.81
Marié(e) 21 67.74 93.55
Veuf (ve) 2 6.45 100.00
Total 31 100.00
L’âge
Age Fréquence Pourcentage Cumulative
[21; 35[ 20 30.77 30.77
[35; 50[ 35 53.85 84.62
[50; 65[ 10 15.38 100.00
Total 65 100.00
66
67.74% des retardataires sont mariés et 53.85% des clients ont entre 35 et 50 ans. Ces
résultats ne sont pas surprenants parce que ces catégories ont plus de charges et de contraintes
familiales que les célibataires ou les jeunes. Surtout lorsqu’on sait que les problèmes
familiaux constituent l’une des principales causes de retard.
c) Le montant des prêts
Le montant des prêts Fréquence Pourcentage Cumulative
[1200; 6000[ 21 25.30 25.30
[6000; 10000[ 9 10.84 36.14
[10000; 20000[ 37 44.58 80.72
[20000; 40000] 16 19.28 100.00
Total 83 100.00
44.58% des clients en retard ont des prêts situés entre 10000DH et 20000DH et
19.28% ont des prêts entre 20000DH et 40000DH. La majorité des clients en retard ont reçu
des gros montants. En effet, plus le prêt est important, plus le montant des échéances est élevé
et plus il est difficile pour les clients de payer leur dette à temps. Les AMC devraient donc
mieux s’assurer de la solvabilité et de la capacité à rembourser des clients à qui ils octroient
ces prêts.
d) La zone d’habitation
Zone d’habitation Fréquence Pourcentage Cumulative
Argane 2 2.41 2.41
Boughaz 5 6.02 8.43
Rabat 38 45.78 54.22
Casablanca 18 21.69 75.90
67
Centre-Est 15 18.07 93.98
Oriental 3 3.61 97.59
Tensift 2 2.41 100.00
Total 83 100.00
Nous avons 45.78% des clients qui habitent à Rabat, la capitale administrative ;
21.69% des clients à Casablanca, la capitale économique et 18.07% qui habitent la ville de
Fès. Ces chiffres nous montrent que les retards se concentrent principalement dans les
grandes villes. En effet, la vie est plus chère dans ces zones et les charges y sont plus
élevées ; ce qui est un facteur non négligeable puisque cela pèse sur le résultat des
microentreprises qui se retrouvent avec des difficultés de trésorerie et ne peuvent donc pas
honorer leurs échéances à temps.
Section 2 : Essai de modélisation des déterminants de l’accès au prêt
solidaire versus le prêt individuel
A- Présentation du modèle
Nous allons essayer de vérifier et d’approfondir les résultats de la statistique
descriptive, surtout en ce qui concerne la comparaison entre le prêt solidaire et l’individuel.
Nous allons faire l’analyse des déterminants un type de prêt auquel accède les clients en ayant
68
comme variables explicatives le montant des prêts et les caractéristiques individuelles, à
savoir : le sexe, l’âge, la situation familiale, l’activité et le niveau d’éducation. Une
probabilité étant contrainte par les valeurs 0 et 1, nous allons recourir au modèle logit, qui est
un des modèles utilisés pour l’économétrie des variables qualitatives.
Le modèle est le suivant : l*i=βxi + εi
est la probabilité de l’enquêté d’avoir un prêt solidaire
x est un vecteur de variables explicatives
ε est l’écart aléatoire que nous supposons suivre une loi logistique
Le tableau présente les résultats de l’estimation du modèle économétrique d’analyse des
déterminants y type de prêt auquel accède les clients.
Déterminants d’avoir accès au prêt solidaire versus le prêt individuel
Variables Coefficient T de student
Constante -.349534 -0.28
Sexe -.0893523 -0.25
Age -.0356319 -1.93
Célibataire 3.078738 3.45
Marié(e) 1.729012 3.91
69
Divorcé(e) 2.978247 3.52
Veuf Ref Ref
Commerçant 1.609297 3.80
Artisan 1.026641 2.06
Autres Ref Ref
Néant 1.272971 1.71
Primaire 1.552129 2.11
Secondaire .994477 1.36
Supérieur Ref Ref
Revenus .0000687 1.05
Montant des prêts -.000069 -1.95
Nombre d’observations = 442
Log likelihood = -139.2835
LR chi2(12) = 65.05
Prob > chi2 = 0.0000
Pseudo R2 = 0.1893
N.B :
- Comme il s’agit de variables qualitatives, nous avons discrétiser les variables situation
familiale, activité et niveau d’éducation.
- Les modalités « veuf » dans la variable situation familiale, « autre » dans la variable activité
et « supérieur » dans la variable niveau d’éducation constituent nos variables de références à
partir desquelles nous allons baser notre raisonnement et l’explication de nos résultats.
- Un cœfficient est significatif à 5% si le T de student est supérieur à 1.96.
B- Résultats et discussions
- Même si la variable sexe joue dans le sens attendu (avec signe négatif du coefficient,
on est amené à penser qu’il y a plus de femmes dans le prêt individuel et plus d’hommes dans
le solidaire), notre coefficient n’est pas du tout significatif puisqu’on a un T de student égal à |
0.25| < |1.96|. On a effectivement noté avec la statistique descriptive que même si les femmes
sont plus nombreuses dans l’individuel et les hommes dans le solidaire, il n’y avait pas de très
70
grandes différences dans les chiffres. Le sexe serait peut être moins déterminant qu’on ne le
pense dans l’octroi d’un prêt individuel ou solidaire.
- Avec la variable âge, nous avons un coefficient assez significatif avec un T de
student de |1.93| ≈ |1.96| et avec un signe négatif. Plus on est mûr, plus on a des chances
d’avoir un prêt individuel.
- Les modalités « célibataire », « marié(e) », « divorcé(e) » ont des coefficients très
significatifs avec un signe positif, qui est le signe attendu. Cela veut dire qu’être célibataire,
marié(e) ou divorcé(e) augmente la probabilité, par rapport à un veuf, d’avoir accès à un
crédit solidaire plutôt qu’à un crédit individuel. Autrement dit, un veuf a plus de chances
d’avoir un crédit individuel qu’une personne célibataire, mariée ou divorcée. Ces trois
catégories sont plus représentées dans le solidaire que dans l’individuel, ce qui confirme les
résultats de notre statistique descriptive.
- Les modalités de l’activité professionnelle ont des coefficients et des T de student qui
vont exactement dans le sens de ce que l’on a trouvé précédemment : on a plus de chances de
retrouver dans le prêt solidaire, des commerçants et des artisans plutôt que des électriciens,
des chauffeurs de taxi, des garagistes… qui constituent les métiers de la catégorie « Autres ».
Ces derniers optent le plus souvent pour l’individuel. Ici également, le résultat obtenu est le
même que celui de notre statistique descriptive.
- Pour le niveau scolaire, les clients n'ayant aucun niveau et ceux dont le niveau ne
dépasse pas le secondaire optent beaucoup plus pour le crédit solidaire que ceux qui ont le
niveau supérieur.
- Le coefficient de notre variable « revenu » n’est pas significatif. Cela voudrait dire
que le niveau du revenu n’a pas d’impact sur l’octroi d’un prêt individuel ou solidaire : en
d’autres termes, ce n’est pas parce qu’une personne gagne peu qu’elle ne pourra pas accéder à
un crédit individuel. Ce résultat peut paraître un peu surprenant quand on suppose que
beaucoup de clients de l’individuel sont censés être un peu plus aisés que ceux du solidaire
parce qu’ils ont les moyens de se constituer leur propre garantie. Mais on peut expliquer cela
par le fait que l’on inclut dans l’individuel les clients du rural qui sont pour la plupart d’entre
eux des personnes démunies.
71
- Le coefficient devant la variable montant des prêts peut être considéré comme
significatif (T de student= |1.95|). Avec le signe négatif, nous pouvons dire que les clients qui
désirent un montant élevé auront plus tendance à demander un crédit individuel qu’un crédit
solidaire.
Avec notre étude économétrique, nous avons pu vérifier et confirmer notre statistique
descriptive. En effet, l’ensemble des résultats14 obtenus lors de l’essai de modélisation rejoint
les conclusions de la statistique descriptive. Nous n’avons pas repris les explications, sachant
que ce sont les mêmes que celles fournies dans la partie statistique.
Limite
La principale faiblesse de notre étude économétrique, est que nous n’avons pas pu
effectuer les tests économétriques.
Cela s’explique par le fait que nous avons travaillé avec des logiciels assez nouveaux
pour nous, ce qui ne nous permettait pas compte tenu du temps limité, de résoudre ce
problème.
Conclusion Générale
Le crédit individuel commence, grâce au travail des associations, à prendre une place
de plus en plus importante dans le domaine du microcrédit au Maroc. Son développement est
nécessaire, pour relever les défis de la croissance des AMC, qui font face à une saturation du
marché et à une concurrence accrue.
14 A une exception près qui est la variable « revenu ».
72
Afin d’assurer de bonnes performances de remboursement et un bon fonctionnement
du prêt individuel, les associations doivent essentiellement se baser sur la connaissance des
clients, le professionnalisme des agents de crédit et le respect des procédures et des conditions
d’octroi des prêts. C’est justement à ce niveau que se trouvent les principales différences entre
l’individuel et le solidaire.
Par ailleurs, l’analyse quantitative a montré que le profil des clients individuels est
bien différent de celui des clients du solidaire. Elle nous a également permis de voir la relation
entre le montant des prêts et les caractéristiques socio-économiques des clients individuels,
d’analyser leur comportement face à la finance informelle et de dresser le profil des clients
individuels en retard.
La pérennité des associations de microcrédit dépend en grande partie de la mise en
place de nouveaux segments de marché et de la diversification des produits. Ainsi, elles
devraient en plus du crédit individuel, se tourner vers d’autres produits comme les services
d’épargne, la microassurance ou encore les services de transferts d’argent.
Bilan professionnel et personnel
A- Objectif du stage
La mission au cours de ce stage était de travailler dans le domaine du microcrédit et
plus précisément de faire l’analyse du fonctionnement du prêt individuel, qui est un
73
segment de marché de marché qui s’est développé récemment au Maroc. Le but était de
faire à la fois un travail de recherche et un travail de terrain.
B- Travail effectué 15
Avant toute chose, on a eu une réunion de prise de contact avec le maître de stage,
Monsieur Mourji, pendant laquelle on a défini le thème sur lequel il fallait travailler et
établi un planning.
Il a fallu rédiger, dans un premier temps, une note de recherche (cf. annexe 1 : note de
recherche), qui a pour but de bien définir les objectifs, préciser la démarche à suivre et
montrer l’intérêt d’une telle étude pour les associations de microcrédit ainsi que leur
clientèle.
Il a été question de faire une revue de littérature sur le sujet afin d’enrichir la partie
théorique.
La collaboration avec les étudiants
Le travail de terrain a commencé par la réalisation des questionnaires destinés à la
clientèle et aux associations. Seul le questionnaire clientèle a été traduit et administré en arabe
dialectal par six étudiants de troisième année de Licence de Sciences Economiques, qui
avaient également un mémoire sur le microcrédit à rendre. J’étais chargée de coordonner le
travail, d’organiser les déplacements au niveau des antennes, de fixer les rendez-vous avec les
agents de prêt. Ces étudiants m’ont aidé avec Monsieur Hicham Masmoudi (un statisticien qui
intervient au Lasaare), à réaliser la base de données avec les réponses recueillies. Par ailleurs,
ils avaient chacun un thème prédéfini pour leur mémoire et l’une de mes missions a été de
faire de la statistique descriptive pour chaque thème.
La collaboration avec les associations
15 J’ai eu à effectuer d’autres tâches sans rapport direct avec le sujet traité, mais cela faisait aussi parti de mon
apprentissage : À la demande de M. Mourji, j’ai préparé un powerpoint sur mon étude pour une présentation
qu’il devait faire au Conseil d’administration de l’association Al Amana auquel il appartient. J’ai également
réalisé un questionnaire relatif à l’étude des transferts des Ménages modestes au MAROC qui a été administré
par d’autres étudiants du 6ème semestre ; et préparé la base de donnée.
74
Nous avons eu à faire la coordination avec Al Amana et la Fondation Banque
Populaire pour le Microcrédit (FBPMC). Il a été question de discuter avec ces associations
des modalités des enquêtes, à savoir : le choix des antennes, les horaires, les dates…. (cf.
annexe 5 : comptes rendus des entretiens réalisés). Avec M. Mourji, nous avons insisté
auprès des dirigeants pour enquêter sur les sites de Derb Ghalef (Al Amana) et Korea
(FBPMC) parce que ce sont des quartiers intéressants dans la mesure où le secteur informel y
est très développé.
Pour donner une idée du déroulement des enquêtes, je fais le compte rendu de deux
journées « type » que nous avons passé dans deux antennes : le site de Derb Ghalef et de
Bernoussi.
Enquête à Derb Ghalef : Nous avons été très bien reçu par les agents de l’antenne. Je
suis restée avec les étudiants, qui ont administrés le questionnaire, pour les assister au cas où
ils auraient des questions et pour coordonner le déroulement de l’enquête avec les agents.
Comme il n’y avait pas beaucoup de monde à l’antenne, les agents ont accepté
d’accompagner les étudiants voir les clients sur leur lieu de travail ou à leur domicile.
L’enquête s’est déroulée sans problèmes et les clients ont été très réceptifs.
Enquête à Bernoussi : Cela s’est moins bien passé qu’à Derb Ghalef. On a trouvé peu
de monde. Concernant les impayés, les agents nous ont répondu que la plupart des clients
avaient payé leur dette. L’autre difficulté que l’on a rencontrée, c’est que les clients habitaient
loin ou étaient des salariés et n’étaient onc pas disponibles.. Nous n’avons pas pu administrer
tous les questionnaires, nous avons donc pris RDV pour la semaine suivante pour terminer
l’enquête au niveau de ce site.
C- Entretiens réalisés
J’ai eu à rencontrer plusieurs personnes lors de ce stage dans le but de rassembler le
maximum d’informations et surtout d’avoir le point de vue des personnes directement
concernées. (Les comptes rendus détaillés de tous les entretiens sont classés dans l’annexe 5).
Je me suis entretenue avec des responsables des deux associations qui m’ont fait des
remarques très pertinentes sur mon questionnaire :
75
- Pour la FBPMC, j’ai discuté avec M. Rouini. Il m’a donné des informations générales sur le
secteur du microcrédit au Maroc. Il a également exprimé beaucoup de réserves par rapport au
prêt individuel.
- Concernant l’association Al Amana, nous avons discuté des modalités pour administrer le
questionnaire auprès de la clientèle avec Mme Caroline Brandt Responsable Produits et M.
Lamriss Brahim chargé des prêts au logement. Ils ont mis à ma disposition le « Rapport sur
les retards du prêt individuel en entreprise » et le « Manuel de procédures pour l’octroi des
prêts individuels ». Ils m’ont également communiqué les différentes antennes, les adresses et
les coordonnées des agents encadrants ; les données sur les retards, notamment le dernier
listing des clients en retard.
J’ai pu discuter lors d’une enquête avec M. Rachid Allas chargé d’audit interne à Al
Amana. Notre conversation fut très intéressante et m’a appris beaucoup de choses sur
l’association.
J’ai eu à rencontrer à la Direction du Trésor Mme El Attar, chargée des
Associations de Microcrédit au Maroc. Elle m’a donné plusieurs informations très
intéressantes par rapport à la microfinance au Maroc et sur mon thème en particulier.
J’ai réalisé un entretien avec Mme Anicca C. Jansen de : Office of Microenterprise
Development et M. Terence A. Miller : General Business Specialist, de l’USAID (U.S
Agency for International Development). Je les ai rencontré lors d’une visite à M.Mourji dans
le cadre du financement d’un nouveau Master de microfinance au Maroc. Je leur ai expliqué
mon thème d’étude et ils m’ont posé diverses questions sur le sujet. Ils ont également apporté
quelques suggestions et ont déclarés être intéressés par l’étude.
J’ai eu un rendez-vous avec Madame Karima Kadioui : directrice de l’Agence Casa
Sahraoui de la banque Attijariwafa Bank. Je lui administré un questionnaire sur les
conditionnalités d’octroi des prêts, en vue d’avoir des éléments de comparaison notamment
entre le système bancaire classique et les AMC.
D- Apports du stage
76
Ce stage a été très utile et m’a apporté beaucoup de satisfaction tant au niveau
professionnel que personnel.
En effet, outre les rencontres, très enrichissantes dont je viens de parler, j’ai pu
travaillé sur une étude de sa conception jusqu’à son aboutissement. J’ai dès le début était
responsabilisée par, le maître de stage, M. Mourji. J’ai été très bien encadrée, ce qui ne m’a
pas empêché de garder une certaine autonomie.
La réalisation de cette étude m’a permis de découvrir et d’apprendre à utiliser des
logiciels économétriques tels que STATA et SPSS, de concevoir la base de données avec
laquelle j’ai travaillé, notamment avec l’aide de deux statisticiens Hicham Masmoudi et
Jaouad Ezrarri. J’ai également pu améliorer mes capacités organisationnelles, mes capacités
d’analyse et de recherche grâce au travail effectué à la fois dans la partie théorique et dans la
partie statistique descriptive. De plus, j’ai fait l’expérience du travail en groupe avec les
étudiants.
Enfin, j’ai pu lier de nouveaux contacts, découvrir la beauté du Maroc et apprécier la
chaleur et la générosité de ses habitants.
E- Difficultés rencontrées
Nous avons eu quelques difficultés à rencontrer des clients individuels, pour la bonne
et simple raison qu’ils sont moins nombreux que les clients du solidaire. Il en est de même
pour les clients avec des retards ou des impayés. En effet, nous avons voulu travailler sur la
qualité des remboursements, mais par manque de variabilité, cela n’a pas été possible.
Il n’a pas été toujours facile d’avoir des rendez-vous qui convenaient à tout le monde,
c’est à dire aux agents des antennes et aux étudiants.
Nous aurions aimé aller dans d’autres villes en plus de Casablanca et Rabat, pour avoir
le plus de variabilité possible, mais cela n’a pas été possible par manque de temps et de
financement.
77
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Mourji (2004), Les caractéristiques du financement de l’économie marocaine et la
microfinance : un dispositif complémentaire des mesures de modernisation des
mécanismes de financement in Les politiques macroéconomiques : les politiques
budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante ans et perspectives pour les vingt
prochaines années, Sagou, p.48-49.
Mourji (2002), le financement semi formel du secteur informel au Maroc : le microcrédit,
une alternative à l’impasse ? Les Cahiers du GRATICE, Premier semestre 2002, n° 22
Mourji F. (1998), Le développement des microentreprises en question, Fondation banque
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Rhyne & Otero 1994, The new world of microentreprise finance, IT Press
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Women’s World Banking (2005), Product diversification in Microfinance: Introducing
Individuel Lending, Product Diversification Series
Sites Internet: - www.lamicrofinance.org
- www.planetfinance.org
- www.worlbank.org
80
Annexes
Annexe 1 : Note de recherche
Thème de l’étude : Analyse du fonctionnement du prêt individuel : Cas de 2
associations de Microcrédit (AMC) marocaines - Utilisation de données d’enquêtes
81
Objectif de l’étude : Voir comment fonctionne le prêt individuel à travers la
comparaison avec le solidaire, l’étude des procédures, des conditionnalités d’octroi
des crédits des AMC et des caractéristiques de la clientèle.
Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire de :
Comparer l’individuel et le solidaire au niveau des procédures, de la clientèle,
de la performance de remboursement.
Analyser leurs procédures pour l’octroi des prêts individuels en distinguant le
prêt au logement et à la production.
- les délais de remboursement (durée des prêts)
- le montant des prêts
- les taux d’intérêt pratiqués
- les garanties demandées (types, valeur estimée)
Etudier les caractéristiques des emprunteurs : sexe, âge, activité
professionnelle, secteur d’activité…
L’intérêt de cette étude pour les AMC marocaines :
Face à la saturation du marché, la concurrence qui s’accroît et les nouveaux
besoins des clients, cela permettrait aux associations de mieux développer les nouveaux
segments de marché, de fidéliser ou d’accroître le nombre de leurs clients et de relever les
défis de la croissance.
L’intérêt de cette étude pour la clientèle :
Cette étude va permettre de mieux cerner le profil des clients individuels et donc
de leur proposer des produits mieux adaptés à leurs besoins.
Annexe 2 : Questionnaires administrés à la clientèle et aux AMC
Questionnaire administré à la clientèle
82
Enquête auprès de la clientèle : questionnaire relatif aux Caractéristiques des clients,
aux Conditionnalités d’octroi des prêts individuels et Performance de remboursement
des AMC au Maroc
1. Sexe de l’interviewé : Masculin Féminin
2. Âge de l’interviewé …
3. S’il vous plaît, aidez nous à remplir le tableau suivant :
Situation familiale
Activité
Niveau d’éducation2
Classe de revenus (salaires)1 (1). Célibataire (2). Marié(e) (3). Divorcé(e) (4). Veuf (ve) (5). Autres à préciser 2 (1). Néant (2). Primaire (3). Secondaire (4). Universitaire ou formation professionnelle
(5). Autres à préciser
4. Combien de personnes y a-t-il dans votre foyer ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Combien de personnes dans votre foyer y compris vous-même travaillent ? . . . . . . . . . . . . .
6. Subissez vous des prélèvements fiscaux sur votre activité ou sur un patrimoine (y compris
les taxes communales) ?
1. oui 0. Non
7.1. Si la réponse est oui, quels sont le montant et l’échéance de ces impôts et taxes
Prélèvements Montant Échéance
Impôt 1
Impôt 2
Impôt 3
………………………………
………………………………
……………………………..
………………………………
………………………………
……………………………..
8. Quel type de logement occupez vous ?
1. Appartement 2. Maison marocaine 3. Maison sommaire ou bidonville
4. Autres à préciser ……………….
9. Quel est le statut d’occupation de votre logement avec votre famille ?
1. Propriétaire 2. Locataire 3. Hypothèque (pseudo-hypothèque) 4.Autres à
préciser………………
9.1 Si la réponse est 3, quel est le montant mensuel de l’hypothèque et du loyer (en dh) ?
83
L’hypothèque……………………………Le loyer…………………………………..
10. Si vous êtes locataire, quel est le loyer mensuel (en dh) ?……………………
11. Dépenses en moyenne de votre ménage par mois ?
Alimentaires
Vestimentaires
Voyages-Loisirs
Autres
Total
12. Le prêt que vous avez contracté est-il :
1. Solidaire 2. Individuel
13 .Quel est le montant de ce prêt auprès de votre AMC?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
14- Est-ce qu’il correspond à vos attentes ?
Oui Non
14.1 Si non, pourquoi ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Logement (acquisition, rénovation, transformation…)
Activité professionnelle (Création d’entreprise, achat de matières premières, d’équipement,
embauche de main d’œuvre, développement d’activité…)
Besoin urgent ou imprévu (scolarité des enfants, naissance, décès…)
16. Avez-vous dépensé la totalité du prêt pour le motif avancé ?
Oui Non
16.1 Si non, quel usage avez-vous fait du reste du prêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
17. Y t-il des garanties que l’on vous a demandées et que vous n’avez pas été en mesure de
fournir ?
Oui Non
18. Si oui, lesquelles et pourquoi ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
19. Avez-vous des difficultés à rembourser votre prêt actuel?
Oui Non
19.1 Si oui, quelles sont les causes de vos problèmes de remboursement ? . . . . . . . . . . . . . . . .
. 20. Que pensez-vous des procédures de votre AMC ?
1. Le taux d’intérêt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2. Les garanties demandées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3. Les politiques de remboursement :
84
-échéance : ….. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
- montant : ….. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4. Les montants des prêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5. Les cycles de prêt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
21. Avez vous un autre crédit actuellement avec une autre une association?
1. oui 0. Non
21.1 Si oui, auprès de quelle association ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . .
21.2 Pourquoi avez-vous contacté ce crédit ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . .
21.3 Quel est le montant de ce prêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22. Appartenez-vous à une tontine ?
1. oui 0. Non
22.1 Si oui, combien êtes-vous dans le groupe ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22.2 Si oui, quelle est la périodicité de la cotisation ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
22.3 Quel est le montant de la cotisation ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
23. Est-ce qu’il vous arrive de recourir à un crédit fournisseur ?
1. oui 0. Non
23.1 Si oui, aidez-nous s’il vous plaît à remplir ce tableau :
Produits Montant du prêt (prix
du produit)
Durée du prêt Prix du marché
( Si vous disposiez de
liquide,combien
auriez-vous payez ?)
24. Avez-vous contracté des dettes auprès d’autres personnes ?
1. oui 0. Non
24.1 Si oui, auprès de qui ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24.2 Quel est le montant du prêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24.3 Quelle est la durée du prêt ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
25- Degré de satisfaction de votre AMC :
Très satisfait satisfait Peut satisfait Pas du tout satisfait
85
Questionnaire administré aux associations de microcrédit
Enquête auprès des AMC : questionnaire relatif aux Caractéristiques es clients, aux
Conditionnalités d’octroi des prêts individuels et Performance de remboursement des
AMC au Maroc
1- Nom de l’AMC : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2- Localisation : . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . .
3-Le nombre de clients par activité ?. . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4- Nombre d’agents : . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5- Nombre de clients : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6- Types de crédits octroyés :
Clients Portefeuille
Prêts solidaires
Prêts individuels (total)
Prêts individuels au logement
Prêts individuels à la production
Autres
Total
7- La population servie au niveau des prêts individuels :
Hommes Femmes Handicapés
Total
Jeunes (- 35 ans)
8- Ressources financières :
Fonds propres
Etat
ONG
Autres
86
9- Quelles sont vos stratégies d’approches des clients ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .
10. Caractérisation du portefeuille de prêt
Prêt individuel au
logement
Prêt individuel à la
production
Prêt solidaire
1° cycle 2° cycle 1° cycle 2° cycle
Montant maximum
Périodicité des
remboursements
Echéance des
remboursements
Montant des échéance
des remboursements
Taux d’intérêt
pratiqué
Frais de dossier
Montant minimum
Périodicité des
remboursements
Echéance des
remboursements
Montant des échéance
des remboursements
Taux d’intérêt
pratiqué
Frais de dossier
11- Quels sont les types de garanties demandées ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12- À quelles conditions octroyez-vous les prêts ? (Qualification de l’emprunteur) . . . . . . . . .
13- Question concernant les retards de remboursement
Date du 1er
prêt
Montant de
l’octroi
Nombre de jours de retards
Echéance1 Echéance 2 Echéance 3
87
14- A partir de combien de jours de retard de remboursement l’AMC décide-t-elle de prendre
des mesures ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
15- Quels types de mesures prend elle ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
16- A votre avis, pourquoi est-ce qu’il y a des défauts de remboursement ? . . . . . . . . . . . . . . .
17- Est-ce que vous offrez des services non financiers (accès à la santé, l’alphabétisation, la
formation professionnelle et technique) ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1. oui 0. Non
18- Si oui, Quels sont ces services non financiers offerts par l’AMC ? . . . . . . . . . .. . . . . . . . . .
Annexe3 : tableau des moyennes
443 21,00 72,00 42,4831 10,3900
443 750,00 35000,00 3529,1196 2829,1247
443
Âge de l’interviewé
Les revenus par mois
N valide (listwise)
N Minimum Maximum Moyenne Ecart type
88
Annexe 4 : Comportement des clients individuels face à la finance
informelle (appartenance à une tontine, crédit fournisseurs, crédit auprès
d’autres personnes, appréciation de leur crédit)
« Est-ce que le prêt correspond à vos attentes ? »
Est-ce que le prêt correspond à vos attentes ? Fréquence Pourcentage Cumulative
NON 20 32.79 32.79
OUI 41 67.21 100.00
Total 61 100.00
Appartenance à une tontine
Appartenance à une tontine Fréquence Pourcentage Cumulative
NON 38 62.30 62.30
OUI 23 37.70 100.00
Total 61 100.00
Recours à un crédit fournisseur
Recours à un crédit fournisseur Fréquence Pourcentage Cumulative
NON 48 78.69 78.69
OUI 13 21.31 100.00
Total 61 100.00
Dettes contractées auprès d’autres personnes
Dettes contractées auprès d’autres personnes Fréquence Pourcentage Cumulative
NON 53 86.89 86.89
OUI 8 13.11 100.00
89
Total 61 100.00
Annexe 5 : Comptes rendus détaillés de tous les entretiens
Rencontres avec M. Rouini de la Fondation Banque Populaire pour le
Microcrédit.
90
1 ère rencontre : Prise de contact
Lors de notre première rencontre, je lui avoir présenté le sujet sur lequel je travaille, je
lui est présentée mes questionnaires (clientèle et AMC) pour qu’il me donne son avis dessus.
Il m’a donné des informations générales sur le secteur microcrédit au Maroc ; il a
également exprimé beaucoup de réserves par rapport au prêt individuel. Je peux même dire
qu’il est d’un avis défavorable en ce qui concerne le prêt individuel.
Le Maroc a une expérience jeune en ce qui concerne le microcrédit. Dans un premier
temps, ce sont les crédits solidaires qui ont été mis en place. Le principe est assez simple, un
groupe de personnes exprime ses besoins, et sous certaines conditions, l’AMC décide
d’accorder le prêt ou non. Parmi ces conditions, on peut citer la constitution d’une caution
spéciale au paiement du crédit, si jamais il y a défaillance.
Il existe 13 associations au Maroc dont les plus grosses sont l’association Al Amana,
l’association Zakoura, la Fondep, la Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit). Il
existe des associations régionales et locales. Les taux d’intérêt font partie des plus bas du
monde, ils sont en effet de 14%.
Selon M. Rouini, ce sont les bailleurs de fonds comme le PNUD, l’USAID,… qui
poussent les AMC à passer à l’individuel en finançant des besoins personnels comme les prêts
au logement. Il estime que les AMC sont trop « jeunes » pour se lancer dans ce produit. Il y a
plus de contraintes pour l’individuel. En effet, les petites associations risquent de disparaître à
cause de la diversification des produits dans la mesure où elles ne sont pas assez matures et
n’ont pas les capacités nécessaires pour gérer ces nouveaux produits. Alors qu’avec les prêts
solidaires, le problème ne se pose pas, parce que le groupe est là pour contrecarrer l’absence
de garanties réelles.
En définitive, pour M. Rouini, le solidaire marche très bien, la demande d’individuel
n’est pas très importante et il est trop tôt pour se lancer dans ce produit.
2 ème rencontre : Modalités des questionnaires et discussion sur le sujet avec M.
Rouini et M. Mourji.
Concernant les cycles de prêt évoqués dans le questionnaire, il m’a expliqué que la
plupart des impayés survenaient pendant le 2° cycle de prêt. La raison est que les montants
91
sont plus importants lors de ce cycle et que le premier prêt n’a pas toujours un impact positif
sur le 2ème prêt. Il m’a suggéré d’étudier l’effet du premier cycle sur le 2ème cycle de prêt.
Nous avons choisi 4 zones pour effectuer les enquêtes : Ennasim, Medina, Korea, Hay
El Hassani. Nous travaillerons sur un échantillonnage pseudo-aléatoire : c'est-à-dire que nous
(avec les étudiants) administrerons le questionnaire clientèle aux personnes qui viennent
rembourser leurs prêts. Les jours de remboursement sont le lundi et le mardi. Le jeudi est le
jour du déblocage.
Comme j’ai besoin de variabilité dans mon étude, il faut que j’interview des personnes
qui ont des retards ou des impayés. M. Rouini m’a dit qu’ils n’avaient quasiment pas
d’impayés sur Casablanca, ce qui n’était pas le cas sur Mekness. Pour des raisons de temps et
de logistique, je ne pourrai pas me rendre dans cette ville.
Il faut quand même noter que les AMC le plus souvent ne veulent pas reconnaître
qu’ils ont des impayés. C’est un peu un sujet tabou. Ils soutiennent avoir des taux de
remboursement de 98%, 99%.
Dans le cas de la Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit, comme on risque
d’avoir peu de variabilité, M. Mourji a proposé pour les déterminants de la qualité des
remboursements d’avoir deux sous-groupes au niveau des groupes solidaires : ceux qui font
vraiment parti du groupe solidaire et les anciens clients qui ne font plus parti du groupe et qui
bénéficient de prêt individuel. Dans ce sous-groupe, nous ferons la distinction entre les prêts
au logement et à la production. Nous pourrons donc interroger ces anciens membres de
groupe solidaire qui ont eu des impayés et à défaut, les membres du groupe auquel ils
appartenaient.
Pour cela, il faudrait qu’on est la liste des impayés, l’ancienneté des clients
retardataires (liste des retardataires de plus de « mois et des impayés réels ; les membres du
groupe auquel il appartenait).
Rencontre avec l’association Al Amana
Nous avons discuté des modalités pour administrer le questionnaire auprès de la
clientèle avec Mme Caroline Brandt Responsable Produits et M. Lamriss Brahim chargé des
prêts au logement qui ont été très gentils et très disponibles.
92
Je devrai administrer l’enquête les jours de remboursement qui sont lundi, mardi et
mercredi. Je pourrai prendre des RDV pour éventuellement rencontrer des clients les autres
jours. Il sera possible de faire des interviews lors de la réception des prêts qui se fait tous les
jours de la semaine.
Puisque je travaille sur les performances de remboursement, j’ai insisté sur le fait que
je devais rencontrer des personnes qui ont des jours de retards ou des impayés pour avoir de la
variabilité. Il a été convenu que je ferai les enquêtes sur Casablanca et sur Rabat, parce qu’il y
a plus d’impayés dans cette dernière zone. Pour les impayés les interviews se feront les après-
midi du jour financier ou le lendemain donc jeudi et vendredi. Ils m’ont dit qu’il y avait des
comités de retard avec les agents de crédit tous les lundis ; je vais voir si je pourrai y
participer éventuellement.
Ils m’ont donné le « Rapport sur les retards du prêt individuel en entreprise » et le
« Manuel de procédures pour l’octroi des prêts individuels » ; les différentes antennes, les
adresses et les coordonnées des agents encadrants. J’ai également reçu des données sur les
retards, notamment le dernier listing des clients en retard.
Ils m’ont fait des remarques très pertinentes sur mon questionnaire et ils m’ont
suggéré d’étudier :
- le problème des salariés sur les logements (qui constituent la majorité des prêts au logement)
- la concentration des retards par agent.
Ils m’ont également donné quelques renseignements : Des clients ont disparu
notamment en ce qui concerne les prêts entreprises. En effet, pour les prêts logement, c’est
plus difficile de disparaître. Ils voudraient pour éviter les cas d’impayés, mettre en place
d’autres conditionnalités. Par exemple, pour les non propriétaires imposer d’autres garanties ;
vérifier le niveau de risque…
Entretien avec M. Rachid Allas
J’ai pu discuté avec M. Rachid Allas chargé d’audit interne à Al Amana. Il m’a parlé
entre autre de la nouvelle loi qui a décidé de la baisse des taux d’intérêts des AMC : ils sont
passés de 28% à 14%, ce qui constitue une baisse considérable. Il m’a expliqué que pour
93
continuer à mener des activités pérennes et être viable malgré cette baisse, les AMC ont le
droit d’augmenter les frais de dossiers selon les montants octroyés. Ces frais vont de 50 DH
pour les plus faibles montants à 150 DH pour les montants les plus élevés.
Nous avons également discuté des causes des retards parmi lesquelles il a cité :
- les clients habitent loin des antennes
- ils sont salariés (notamment pour les prêts logement) et ne peuvent pas se déplacer
les jours financiers
- les clients transporteurs qui souvent en déplacement et peu disponibles pour
effectuer leur remboursement à temps.
Rencontre avec Mmen El Attar, chargée des Associations de Microcrédit au
Maroc, à la Direction du Trésor
J’ai eu plusieurs informations très intéressantes par rapport à la microfinance au Maroc
et sur mon thème en particulier. J’ai pratiquement eu toutes les réponses aux questions que
j’avais préparées.
Le Ministère des Finances s’occupe principalement de délivrer les autorisations pour
l’exercice d’activité ; de mobiliser des ressources financières, notamment tout ce qui concerne
l’aide extérieure et de la diversification. Lorsque les AMC contractent des prêts en devises, il
se charge de faire la coordination entre les associations et les organismes financiers. Ce type
d’opération nécessite une autorisation spéciale du Ministère. Ce dernier est chargé de dire s’il
y a un risque (en devise) pour l’AMC ou pas, si elle a une bonne capacité d’endettement ou
pas. C’est important dans la mesure où le microcrédit étant un secteur encore restreint au
Maroc, la défaillance d’une association ferait un effet boule de neige sur tout le secteur et
pourrait totalement le déstabiliser.
Le contrôle et le suivi des activités des AMC sont assurés par la Banque Centrale du
Maroc.
Informations générales sur le secteur du microcrédit au Maroc
94
Il existe 13 AMC agréées au Maroc dont 12 opérationnelles. Les principaux secteurs
d’activité sont le commerce, les services, l’agriculture. Le secteur agricole n’était pas très
développé au début ; mais avec l’implantation progressive de AMC en milieu rural, le
secteur a commencé à devenir important.
- Place des AMC dans le système financier : Les AMC sont devenues une
composante du système financier marocain. Elles ont été introduites dans la
nouvelle loi bancaire en tant qu’organisme financier. Il y a une complémentarité
entre les AMC et banques existant au Maroc. On ne peut pas parler de concurrence
dans la mesure où la clientèle ciblée n’est pas la même.
- Informations sur les taux d’intérêt : Le taux de bancarisation est de 20% au Maroc.
Les taux d’intérêt pratiqués par les AMC se situent entre 24% et 36% par an.
- Aide apportée aux AMC : Il existe la Dotation du fonds Hassan II, qui est une
subvention de 100 Millions de Dirhams ; des accords de coopération avec le
FADES, ou la KFW, qui est la Banque de développement allemande.
Au niveau fiscal, il existe aussi des facilités accordées aux AMC : elles sont
exonérées de TVA pendant 5 ans à partir de leur date d’agrément. Cette période de
grâce a été prolongée, puisque sans exonération, c’est la clientèle qui risque de
supporter la TVA.
- La dépendance par rapport aux subventions : Les grandes associations ne sont
plus dépendantes des subventions de l’Etat. En effet la plus grande part de leurs
ressources sont commerciales (prêts commerciaux…). Si l’Etat mobilise des
ressources, c’est pour le Fonds de Refinancement. L’argent de ce fondes est affecté
selon le degré de risque, le niveau de demande des AMC, la capacité de
remboursement.
Le prêt individuel
Le prêt individuel résulte de la volonté des clients qui ne veulent pas du crédit
solidaire et désire bénéficier de montants plus élevés. Selon Mme El Attar, les AMC ont
95
développé ce produit par besoin, pour retenir leur clientèle. Le prêt individuel est moins
développé par rapport au solidaire, il ne représente pas une part importante dans le
portefeuille et pour elle, il n’influence pas beaucoup la performance de remboursement des
AMC. L’explication qu’elle donne est la suivante : pour les AMC, le prêt individuel est plus
risqué que le solidaire dans la mesure où les montants demandés sont plus élevés, les taux
d’intérêt plus faibles, donc la rentabilité est moins importantes pour ces prêts. Il faudrait
instaurer de nouvelles garanties, le crédit serait beaucoup sélectif dans la mesure où il serait
octroyé aux clients qui ont fait leurs « preuves ». De plus, il n’est pas sûr qu’elles aient la
capacité de gestion nécessaire pour assumer ce produit.
Il est à noter que Mme El Attar tient le même discours que M. Rouini de la Fondation
Banque Populaire pour le Microcrédit.
La critique que l’on peut faire lorsque Mme El Attar évoque le risque lié au prêt
individuel, c’est qu’au contraire, le prêt individuel devrait être moins risqué que le solidaire,
dans la mesure où les AMC demandent plus de garanties et sont donc mieux assurées d’être
remboursées.
A partir de là, se pose le problème de la diversification des produits des AMC. Mme
El Attar nous explique qu’il y a des réserves par rapport au prêt individuel et aux autres
produits comme la microépargne (la loi marocaine l’interdit), la mise en place de
microassurance…parce que les autorités jugent que les associations ne sont pas matures pour
ça, c'est-à-dire si elles sont capables d’avoir des ratios prudentiels, de mettre de l’intérêt sur
l’épargne constituée par les clients, de gérer l’activité tout simplement. De plus, si elles se
mettent à se diversifier, elles pourraient concurrencer les banques, il n’ y aurait plus de
différences entre les deux.
Dans ce cas précis, la critique est que même si elles se diversifient, les AMC ne
concurrenceront pas les banques dans la mesure où la clientèle n’est pas la même.
Entretien avec Madame Karima Kadioui, directrice de l’Agence Casa Sahraoui
de Attijariwafa Bank
Les prêts à la Consommation aux particuliers :
96
1) Le crédit express : (système de scoring) crédit aux particuliers (sauf les professions
libérales) qui concerne les salariés et les fonctionnaires.
Les conditions d’octroi du crédit : il faut un bon historique du client ; un taux
d’endettement qui représente au maximum 30% du salaire. La banque prend en
compte la profession, le salaire, le nombre d’enfants ; elle vérifie si le client a
d’autres crédits en cours.
Les garanties demandées avant l’octroi du prêt : bulletin de paie, une attestation
de salaire.
Si le dossier est autorisé, le déblocage se fait au niveau de l’agence.
Caractérisation du portefeuille de prêt : le prêt peut aller jusqu’à 100.000 DH sur
60 mois pour un crédit à la consommation.
2) Le Crédit direct ou crédit amortissable : crédit fait aux professions libérales, aux
particuliers qui ne sont ni salariés, ni fonctionnaires ; aux coopératives (Exemple : les
cabinets de médecin, de notaires), plus généralement, les personnes morales et les
commerçants.
Les conditions d’octroi du crédit et les garanties demandées : La banque prend en
compte domiciliation de revenu ; assurance vie ; assurance complémentaire ;
mouvements du compte ; hypothèque ; nantissement de marchandises, de fonds de
commerce, de valeur ; billet à ordre.
C’est la gestion globale risque qui étudie toutes les demandes de crédit et le déblocage se
fait au niveau du siège de la banque.
Caractérisation du portefeuille de prêt : le prêt peut aller jusqu’à 150.000 DH sur
60 mois « sans garantie réelle » (voir plus haut).
3) Le crédit hypothécaire avec nantissement sur fons de commerce : Il n’y a pas de
limite pour le montant.
Le crédit logement aux particuliers
Il existe plusieurs catégories de crédit :
97
1) le crédit à l’acquisition : On a un système de scoring comme pour les prêts à la
consommation, mais l’application est plus approfondie : il y a un senior chargé
d’étude (l’étude du dossier dure 48 h maximum).
Les conditions d’octroi du crédit et les garanties demandées : information sur la
profession, le bien à acquérir, la durée du prêt, le salaire.
Caractérisation du portefeuille de prêt) : la durée du prêt peut aller de 3 ans à 25
ans.
2) le prêt à la construction
3) Prêts pour les fonctionnaires du ministère de l’éducation nationale
4) Formules pour les personnes à revenu limité : La banque ne demande pas de
bulletin de salire, ni d’attestation. Exemple pour les marchands ambulants non
déclarés, veux qui n’ont pas de statut professionnel clair en général. Ceux dont le
salaire est inférieur à 3000 DH ; Le crédit peut aller jusqu’à 200.000 DH.
5) Les crédits conventionnés : ils sont à taux fixe et les frais de dossiers sont nuls.
Enquête administrée à Mme Kadioui
1. Principaux secteurs d’activité ? Toutes les catégories socioprofessionnelles confondues.
2. Nombre de clients : l’agence compte 1900 clients.
3. Portefeuille : Clientèle : - 3000 DH
Clientèle club : de 5000 DH à 20.000 DH
Clientèle prestige : « gros » potentiel
4. population servie au niveau des prêts individuels :
Hommes Femmes Handicapés
Total + élevé
98
Jeunes (- 35 ans) De +en+ de jeunes ;
développement de
formules adaptées,
notamment du crédit
logement pour les
jeunes
5. Elles sont vos stratégies d’approches des clients ?. .Fidéliser les jeunes qui seront de futurs
bons clients ; attirer les clients à gros potentiel en proposant des produits adaptés.
6. Caractérisation du portefeuille de prêt
Prêt individuel au
logement
Prêt individuel à la
consommation
1° cycle 2° cycle 1° cycle 2° cycle
Montant maximum 150.000 DH
Périodicité des
remboursements
Echéance des
remboursements
Mensualités
ou tous les 3
mois
mensualités
Montant des
Echéance de
remboursements
260 DH
Taux d’intérêt
pratiqué
Banque du
Maroc à
partir de
5,50%
Frais de dossier 1000 DH
après
utilisation
du prêt
99
Montant minimum 10.000 DH 10.000 DH
Périodicité des
remboursements
de 3 ans à
25 ans
De 6 mois à
60 mois
Echéance des
remboursements
Mêmes
conditions
Montant des
échéances de
remboursements
Taux d’intérêt
pratiqué
Frais de dossier
7. Quels sont les types de garanties demandées ? Voir plus haut ; dépend des crédits pour le
crédit logement, hypothèque, billet à ordre ect.
8. À quelles conditions octroyez-vous les prêts ? (Qualification de l’emprunteur) . . Il faut des
garanties suffisantes, la solvabilité du client, le statut professionnel, l’historique, la
recommandation : quelqu’un se porte caution pour une personne (cas par cas).
9. Question concernant les retards de remboursement : 3 impayés. Le taux de non
remboursement est plus important dans les succursales
10. À partir de combien de jours de retard de remboursement la banque décide-t-elle de
prendre des mesures ? Pour le crédit immobilier, la banque prend des mesures au bout de 3
impayés ; 15 jours plus tard, elle envoie une relance
11. Quels types de mesures prend elle ? Lettre de mise en demeure. Il y a un service de
recouvrement à l’amiable
12. A votre avis, pourquoi est-ce qu’il y a des défauts de remboursement ? Licenciement,
problèmes familiaux, clients qui ne veulent pas payer.
13. Est-ce que vous offrez des services non financiers (accès à la santé, l’alphabétisation, la
formation professionnelle et technique) ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
100
1. oui 0. Non
18- Si oui, Quels sont ces services non financiers offerts par la banque ? . . . . . . . . .. . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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