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RÉPUBLIQUE DE CÔTE D;IVOIRE Qnion-g>üc:p-'Ifllfltlil
fMiaistmb~S,q,hinrntf6fa~~
)Innée uniwrsitaire 2012-2013
thm,mitl !Nanpi~6,r,goua 'V'F<l{tfes Sciences tfe fa Nature
Laboratoire ae <Biofugie et }f.méûoration aes proauctions 1/égétafes
MÉMOIRE DE MASTER II
en Gestion et Valorisation des Ressources Naturelles
Option : <BiDfogie et <PtotectiDn du 'i'lg~
THÈME
r
Mise au point de techniques de récolte de latex moins consommatrices de main
d'œuvre saigneur chez Hevea brasiliensis (Muell. Arg.): Influence de la
réduction de la fréquence de saignée et l'intensification de la stimulation ·
hormonale sur les paramètres agronomiques et physiologiques et la rentabilité
du clone PB 260 cultivé au Centre-Ouest de la Côte d'Ivoire
Présenté par: ATSIN Guy Joël Olivier
1 Soatenae pabliqaeaaeat le 27 Février 2013 devut le jury compolé de :
\ 1 M. ZORO Bi Arsène, Professeur titulaire, Université Nangui Abrogoua,
M. KOUAKOU Tanoh hilairè, Maître de Conférences, Université Nangui Abrogoua, Co-directeur
M. OBOUA YEBA Samuel, Directeur de Recherches, CNRA/Dreg Abidjan, Co-directeur
Mme. DOGBO Odette, Maître de Conférences:, Université Nangui Abrogoua,
M. SIÉ Raoul Sylvère, Maitre de conférences, Université Nangui Abrogoua,
Président
Rapporteur
Examinateur
r j
Dédicace
~ À la Sainte Trinité : Père, Fils et Esprit Saint.
~ À mon père, Monsieur ASSOUKOUA AHOU JEAN et à ma mère,
KOUADIO CHADON MONIQUE qui m'ont fait la grâce de me
scolariser et de m'aider à être ce que je suis.
~ À ma fiancée KOUAKOU Akoua Tamia Madeleine pour son
amour, son soutien et sa compréhension
~ À ma fille A TSIN Chidjè Marianne Elvira pour son amour
~ À tous mes frères et sœurs pour leur soutien et leurs
encouragements.
REMERCIEMENTS
Les travaux ici rapportés s'inscrivent dans le cadre de notre mémoire de Master II en
Biologie et Protection des Végétaux de l'Université Nangui Abrogoua. Ils ont été possibles
grâce à l'aide et au concours de certaines personnes physiques et morales que nous tenons à remercier sincèrement.
Nous adressons nos sincères remerciements et exprimons notre infinie reconnaissance
à Monsieur le Directeur Général du Centre National de Recherche Agronomique (CNRA),
Docteur Wongbé YTÉ, pour nous avoir permis d'effectuer ce stage au sein de son institut.
A Monsieur Phillipe GNOHOURY, Directeur de la station de recherches CNRA de
Bimbresso, nous exprimons notre profonde gratitude pour nous avoir accueilli sur sa station.
L'encadrement technique de ce travail a été assuré par le Docteur Samuel
OBOUAYEBA, Directeur de Recherches et Chef de Programme Hévéa/CNRA-Bimbresso.
Sa grande culture et sa compétence dans le domaine des techniques de récolte du latex ont été
d'un grand apport pour l'élaboration de ce mémoire. Qu'il soit assuré de notre profond respect et de notre gratitude.
Le Professeur Tanoh Hilaire KOUAKOU a accepté, malgré ses multiples occupations,
d'être le Directeur scientifique de ce mémoire. Nous lui sommes reconnaissants et nous lui
exprimons notre infinie gratitude pour ses conseils, sa disponibilité, ses grandes qualités
humaines et sa confiance qui nous ont permis de mener à bien ce travail.
Le Professeur Arsène ZORO BI a bien voulu accepter de présider le jury de cette
soutenance de ce mémoire. Nous lui en savons gré.
Le professeur Raoul Sylvère SIÉ n'a pas hésité à faire partie du jury de cette
soutenance de ce mémoire. Qu'il trouve ici l'expression de notre sincère gratitude.
Le professeur Odette DOGBO a bien voulu prendre activement part à l'évaluation des travaux qui sont consignés dans ce mémoire. Qu'il soit remercié.
Aux enseignants du Laboratoire de Biologie et Amélioration des Productions
Végétales de l'Université Nangui Abrogoua, qui acceptent chaque année de livrer leur savoir,
nous témoignons notre reconnaissance.
Nous tenons à exprimer nos vifs remerciements aux chercheurs de la station de
recherches de Bimbresso, les Docteurs Eric SOUMAHIN, Joseph M'PIKA, Angéline
ELABO, Siaka TRAORE, Jean W AHOUNOU et Kouman KOBENAN, Mesdames Thérèse
YAO et Chantal BOKO, Messieurs Soualiho SYLLA Michel, Yédoh GNAGNE et N'goran
ABY. Nous remercions enfin Mademoiselle Lydie BLECKOU, secrétaire aux Programmes
Il
1
1
Hévéa et ananas-banane et tous les auxiliaires du Laboratoire de Physiologie Végétale de la
station pour leur contribution à ce travail. Nous ne saurions oublier tous les stagiaires de la
station de Bimbresso notamment Falengué COULIBAL Y, Sahabane TRAORE, Joseph
ALLE, Brice ESSIS, Idriss KONE, Serge OTTRO, Alban Y AO, Pacôme BIEGOUA et
Maryse ASSI. Qu'ils soient remerciés pour leur sympathie et leur bonne collaboration.
QUE DIEU VOUS BENISSE!!!
Ill
TABLE DES MATIÈRES
Dédicace i
Remerciements ii
Liste des abreviations et des sigles vii
L. d fi ... iste es 1gures v111
Liste des tableaux ix
Introduction 1
Première partie : Revue bibliographique 4
1- Quelques généralités sur l'hévéa 5 1.1- Historique de l 'hévéaculture 5 1.2-Botanique de l'hévéa 5 1.3- Ecologie 6 1.4- Description générale de la plante 6 1.5-Fonction laticigène 7
1.5.1- Système laticifère, latex et biosynthèse du caoutchouc 7 1.5.2- Paramètres physiologiques du latex en rapport avec la production de caoutchouc 9 l .
0
5.·3- Typologie clonale de fonctionnement métabolique du système laticigène 10 1.6-Facteurs limitants de la croissance végétative de la plante 11 1. 7- Intérêts économiques de l'hévéa 12 1.8-Maladies et ravageurs de l'hévéa 12
2- Facteurs limitants de la production 14 2.1- Écoulement du latex 14 2.,1.1- Notion d'aire drainée 14 2.1.2- Cinétique de l'écoulement et de la coagulation 15
2.2- Régénération du latex in situ 16 3- Techniques de recolte du latex de l'hévéa 16
3 .1- Systèmes de saignée 16 3.1.1- Saignée de l'hévéa 16 3. l .2- Paramètres des systèmes de saignée 1 7 3.·1.3- Panneau de saignée 19
3.2- Stimulation hormonale de la production de caoutchouc 20 3.2.1- Concentration en matière active 20 3.2.2- Mode de stimulation hormonale 20
' 3.2.3- Nombre de stimulations par an 21 3.2.4- Périodes de stimulation hormonale 21
3 .3- Incidence de la récolte du latex sur la croissance végétative radiale d' Hevea brasiliensis 21
IV
3 .4- Importance du facteur humain 22
Deuxième partie : Matériel et méthodes 23
1- Matériel végétal. 24 2- Méthodes 24
2.1- Mise en place de la parcelle 24 2.1.1- Dispositif expérimental et traitements 24 2.1.1.1- Saignée 25 2.1.1.2- Stimulation 25
2.1.2- Mesures effectuées 25 2.1.2.1- Production de caoutchouc 25 2.1.2.2- Croissance isodiamétrique du tronc 26 2.1.2.3- Estimation visuelle de l'encoche sèche 26 2.1.2.4- Mesures et dosages des paramètres physiologiques du latex 27 2.1.2.4.1- Mesure de l'extrait sec 27 2.1.2.4.2- Dosage à partir du sérum 28 2.1.2.4.2.1- Dosage du saccharose 28
1 . 2.1.2.4.2.2- Dosage du phosphore inorganique 28
2.1.2.4.2.3- Dosage des composés thiols 28
2.1.2.4.3- Consommation d'écorce 28 2.2-Calculs économiques 29 2.3-Calcul théorique de l'économie de main-d'œuvre saigneur par rapport au témoin 30 2.4-Analyses statistiques 30
Troisième partie :_Résultats 31
1- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la production de caoutchouc et la croissance végétative radiale du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis 32
1.1-Production de caoutchouc des hévéas 32 1. 1. 1- Productions moyennes annuelles en g/a et kg/ha 32 1.1.2- Productivité de la saignée (g/a/s) 33 l.11.3- Productivité journalière du saigneur (kg/sgr/jr) 33
1.2- Croissance végétative radiale des hévéas 34 2- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur l'État physiologique et sanitaire du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis à Gagnoa 34
1
2.1- Profil physiologique des hévéas 34 2.1.1- Taux moyens d'extrait sec du latex 34 2.1.2- Teneurs moyennes en saccharose du latex 35 2.'l.3- Teneurs moyennes en phosphore inorganique du latex 36 2.1.4- Teneurs moyennes en composés thiols du latex 36
2.2- Sensibilité à l'encoche sèche des hévéas 38 3- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la consommation d'Écorce et la rentabilité du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis à Gagnoa 38
3.1-Durée de vie économique des hévéas 39
V
3 .2- Rentabilité des hévéas 39
Q ., . o· . 41 uatneme partie :_ iscussion .
1- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la production de caoutchouc Et la croissance végétative radiale du clone PB 260 d'Hevea brasiliensis à Gagnoa 42 2- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur l'État physiologique et sanitaire du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis à Gagnoa 43 3- Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la durée de vie économique et la rentabilité du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis 45
Conclusion et perspectives 47
Références bibliographiques 50
Annexe 58
. I
VI
LISTE DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES
2,4-D 2,4,5-T ANA Accr APROMAC B03H3 Circ CMO CMOj CNRA CSt CT CuS04 d d3 6d/7 I2m/12 d4 6d/7 12m/12 d5 6d/7 l 2m/l 2 d6 6d/7 12m/12 DlNB ECM ES ET2.5% ET5% Ex.S FIRCA g/a g/a/s GPg/a(%) GPg/a/s (%) GPkg/ha(%) GPkg/sgr (%) GT 1 m MB NbSg NbSgr Pal (1)
PB260 PF PHI Pi PS PVCc Rdt RE RSH Sac.
: 2,4-dichlorophenoxyacétique : Acide 2,4,5-trichlorophenoxyacétique : Acide a-naphtylacétique : Accroissement : Association des Professionnels Caoutchouc naturel : Acide borique : Circonférence : Coût de la main-d'œuvre : Coût de la main-d'œuvre par saigneur et par journée de travail : Centre National de Recherche Agronomique : Coût Stimulation : Coefficient de transformation : Sulfate de cuivre : Day= jour : Saignée tous les 3 jours, 6 jours ouvrables sur 7, 12 mois 12 : Saignée tous les 4 jours, 6 jours ouvrables sur 7, 12 mois 12 : Saignée tous les 5 jours, 6 jours ouvrables sur 7, 12 mois 12 : Saignée tous les 6 jours, 6 jours ouvrables sur 7, 12 mois 12 : Acide dinitro-2,2' dithio-5-5 '-di benzoïque : Economie de Main-d'œuvre : Encoche sèche : Ethéphon 2,5 % : Ethéphon 5 % : Extrait sec : Fond Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole : Gramme par arbre : Gramme par arbre par saignée : Gain de production par rapport au témoin en g/a exprimé en pourcentage : Gain de production par rapport au témoin en g/a/s exprimé en pourcentage : Gain de production par rapport au témoin en kg/ha exprimé en pourcentage : Gain de production par rapport au témoin en kg/sgr exprimé en pourcentage : Gondan Tapen 1 (clone d'hévéa) : Month = mois : Marge bénéficiaire : Nombre de saignée : Nombre de saigneur : Stimulation sur panneau de saignée à raison de 1 g de la pâte stimulante sur une bande de 1 cm : Prang Besar 260 (clone d'hévéa) : Poids frais : Plantation d'Hévéa Individuelle : Phosphore inorganique : Poids sec : Prix de vente du caoutchouc : Rendement : Recette d'Exploitation : Composés thiols : Saccharose
vii
S/2 TNB TSg
: Saignée en demi-spirale descendante : Acide thio-nitro-benzoïque : Tâche de saignée
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Schéma de la croissance rythmique de l'hévéa 7
Figure 2: Schéma simplifié de la synthèse isoprénique 8
Figure 3: Hévéa à encoche saine (indemne d'encoche sèche) .13
Figure 4: Hévéa atteint d'encoche sèche partielle 14
Figure 5 : Schéma de la forme et de la taille de l'aire drainée, en saignée descendante chez
Hevea brasiliensis 15
Figure 6: Organisation anatomique de l'écorce d' Hevea brasiliensis au niveau de l'encoche
de saignée 17
Figure 7 : Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur le taux d'extrait sec du latex du
clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au
centre-ouest de la Côte d'Ivoire 35
Figure 8 : Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la teneur en saccharose du
latex du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'lvoire 36
Figure 9 : Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la teneur en phosphore
inorganique du latex du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale
descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire 37
Figure 10: Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la teneur en groupements
thiols du latex du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale
descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'lvoire .37
Figure 11 : Effet de la réduction de la fréquence de saignée sur la consommation moyenne
annuelle d'écorce (cm/an) du clone PB 260 d'Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-
spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire 39
Figure 12: Evolution du coût journalier de la main-d'œuvre saigneur en fonction des
systèmes de récolte du latex testés sur le clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans
en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire 40
Figure 13 : Evolution des marges bénéficiaires en fonction des systèmes de récolte du latex
testés sur le clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à
Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire 40
viii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Traitements ou techniques de récolte du latex de l'essai 25
Tableau 2. Note attribuée aux arbres au cours du relevé encoche sèche 27
Tableau 3: Consommation minimale et maximale d'écorce en fonction de la fréquence et de
l'orientation de la saignée .29
Tableau 4 : Productions moyennes annuelles de caoutchouc sec en g/a et en kg/ha sur 3 ans
du clone PB 260 d'Hevea brasiliensis à Gagnoa 32
Tableau S: Rendements moyens journaliers par saigneur en g/a/s et en kg/sgr du clone PB
260 d'Hevea brasiliensis à Gagnoa 33
Tableau 6 : Accroissements moyens annuels de circonférence du tronc sur 3 ans du clone PB
260 d'Hevea brasiliensis à Gagnoa 34
Tableau 7: Taux de Longueur d'Encoche Malade et d'arbres secs du clone PB 260 d'Hevea
brasiliensis saigné en demi-spirale descendante au centre-ouest de la Côte
d'Ivoire 38
. ,
1
IX
INTRODUCTION
l 1 1 1 1
L 'hévéaculture a été introduite en Côte d'Ivoire en 1951 par des compagnies agro
industrielles (CANH, 1999) dans le cadre de la politique de diversification culturale. Elle a
connu un bel essor par le biais des différents plans (plans hévéas 1, 2, 3, 4, 5 et 5 bis) de
développement de cette spéculation (OBOUA YEBA et al., 1999). Ainsi, la Côte d'Ivoire s'est
hissée au rang de premier pays africain producteur de caoutchouc naturel et classé ime producteur mondial avec près de 235 048 tian pour une superficie plantée de 318 000 ha
d'hévéas dont 140 000 ha sont actuellement en exploitation (ANONYME 1, 2011). Malgré ce
rang honorable qu'occupe le pays, la production ivoirienne de caoutchouc ne représente que
2,2 % de la production mondiale. La Thaïlande (31 %), l'Indonésie (29 %), la Malaisie (12 %)
et l'Inde (8 %) sont les plus grands producteurs et fournissent 80 % de la production mondiale
de caoutchouc naturel (ANONYME 2, 2009). De plus, la demande mondiale en caoutchouc
naturel qui est corrélée au développement industriel est en constante progression. Il apparaît
donc nécessaire d'accroître cette production ivoirienne. C'est dans cette optique que le plan
directeur national de développement de la filière hévéa propose d'atteindre la production de
600 000 t de caoutchouc naturel d'ici l'an 2020 (ANONYME 1, 2011). Pour atteindre cet 1
objectif, les systèmes de récolte du latex plus intensifs (forte fréquence de saignée et forte
stimulation) et plus productifs sont, généralement, adoptés par les hévéaculteurs. Ces
systèmes mobilisent une importante main-d'œuvre saigneur. Or, la main-d'œuvre saigneur est
rare, instable (déplacement d'une plantation à l'autre), chère et très peu qualifiée. Ce qui
représente un sérieux handicap pour la productivité de l'hévéa. En effet, plusieurs hectares de
plantations d'hévéas, aussi bien en Côte d'Ivoire que dans le monde entier, ne sont pas
saignés par manque de saigneurs (RODRIGO et al., 2003).
Pour résoudre ce problème de disponibilité en main-d'œuvre saigneur, l'un des
moyens utilisés est la réduction de l'intensité de saignée (fréquence et/ou longueur d'encoche)
compensée par une augmentation de la stimulation hormonale. Dans cette perspective, de
nombreux travaux ont permis de réduire progressivement l'intensité de la saignée grâce à
l'apport de la stimulation hormonale, tout en maintenant un bon niveau de production
(SOUMAHIN, 2010). Ainsi, la saignée tous les deux jours a été délaissée au profit de la
saignée tous les trois jours. De même, la saignée en spirale entière a été délaissée au profit de
la saignée en demi et en quart de spirale (TONNELIER, 1981 ; ANONYME 2, 2009,
SOUMAHIN, 2010).
Cependant, malgré cette importante réduction de l'intensité de saignée grâce aux
techniques de récolte du latex de plus en plus performantes, l'hévéaculture demeure encore
fortement dépendante et consommatrice de main-d'œuvre saigneur (RODRIGO et al., 2003).
2
L'objectif général de cette étude, qui s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche
commun APROMAC-FIRCA-CNRA, est d'améliorer la productivité de l'hévéa par la mise
au point de techniques de récolte de latex moins consommatrices de main-d'œuvre saigneur.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs techniques de récolte du latex à intensité de saignée réduite ont été testées.
Après cette introduction, la première partie de notre travail sera consacrée à quelques
généralités sur l'hévéa. La deuxième partie concernera les matériels et méthodes utilisés. Les
résultats expérimentaux, qui font l'objet de la troisième partie, seront discutés dans la
quatrième partie. Une conclusion sera suivie de recommandations et de perspectives qui orienteront les prochaines études.
3
' PREMIERE PARTIE :
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
4
1- QUELQUES GÉNÉRALITÉS SUR L'HÉVÉA
1.1- Historique de l'hévéaculture
En 1876, l'explorateur britannique Henry WICKHAM, installé au Brésil, a ramené de
façon illégale de la forêt amazonienne vers l'Angleterre, environ 70 000 graines d' Hevea
brasiliensis Muell. Arg. (COMPAGNON, 1986). Ces graines ont été mises à germer en serre
et seulement 22 jeunes plants sont arrivés en Malaisie en 1877 où les conditions
pédoclimatiques étaient favorables à son développement. Ces 22 plants ont été à l'origine de
la quasi-totalité des plantations d'hévéas dans le monde (COMPAGNON, 1986). La culture
de ! 'hévéa a donc commencé en 1877 en Malaisie puis s'est propagée en Indonésie, en
Thaïlande, en Inde, au Sri Lanka, au Ceylan, au Viêt-Nam, etc. Après l'Extrême-Orient,
l'hévéa a été importé en 1948 en Afrique notamment au Liberia.
En Côte d'Ivoire, les premières plantations d'hévéas ont été créées en 1951. Le 1
domaine hévéicole est localisé dans la zone forestière de l'ouest montagneux et dans la basse
Côte d'Ivoire. Cette zone qui représente l'aire de culture de l'hévéa en Côte d'Ivoire est
limitée dans sa partie supérieure par l'isohyète 1 500 mm et présente des caractéristiques
pédoclimatiques favorables au · développement de l'hévéa comme l'a mentionné
OBOUA YEBA (2005). Certaines zones défavorables dites « marginales » peuvent s'ouvrir à l'hévéaculture en Côte d'Ivoire grâce à un choix judicieux du matériel végétal et des itinéraires
techniques (DEA et al., 1995).
1.2- Botanique de l'hévéa
Le genre Hevea (Euphorbiacée) est originaire d'Amérique latine. Il comporte dix
espèces dont Hevea benthamina, Hevea brasiliensis, Hevea camporum, hevea guianensis,
Hevea microphylla, Hevea nitida, Hevea pauciflora, Hevea rigidifolia et Hevea spruceana
(SCHULTES, 1990). Parmi les espèces à caoutchouc naturel, l 'Hevea brasiliensis, de la forêt
amazonienne, s'est révélé le meilleur producteur. Actuellement, 99 % du caoutchouc naturel
mondial provient des plantations créées à partir des plants d' Hevea brasiliensis
(COMPAGNON, 1986).
L' Hevea brasiliensis qui présente un grand intérêt économique a la position systématique
suivante:
Règne:
Embranchement :
Classe:
Ordre:
Végétal
Angiospermes
Dicotylédones
Euphorbiales
5
Famille:
Genre:
Espèce:
Euphorbiacées
Hevea
Hevea brasiliensis
1.3- Ecologie
L'hévéa prospère en climat équatorial ou tropical humide, à une température annuelle
moyenne voisine de 25 °C, avec des minima supérieurs à 15 °C. La moyenne annuelle
minimum de pluviosité requise est de 1500 mm, avec une répartition régulière sur toute
l'année. Les meilleurs résultats de production ont été obtenus dans les régions ensoleillées
avec un minimum de 1500 à 1800 heures d'éclairement par an. Quant à l'altitude dans la zone
de culture, elle doit être inférieure à 600 m à l'équateur et à 400 m à 4° de latitude.
Les vents violents causent des dégâts considérables selon les clones plantés
(ROUXEL, 1984). En raison du long pivot de la plante, sa culture requiert des sols profonds.
Les sols superficiels et hydromorphes sont donc déconseillés. Le pH optimum du sol doit se
situer entre 4,5 et 5,5. Les sols fertiles, bien pourvus en azote, bases échangeables, phosphore
et oligo-éléments, assurent de meilleures productions à l'hévéa (COMPAGNON, 1986).
1.4- Description générale de la plante
L'hévéa dans son milieu naturel, en Amazonie, est un grand arbre de forêt avec une
circonférence à hauteur d'homme pouvant atteindre jusqu'à 5 m sur les sols bien drainés du
bassin ~azonien (COMPAGNON, 1986). Dans la majorité des cas, les hévéas de plantations
sont des arbres greffés, qui n'atteignent pas un développement aussi important que ceux de la
forêt amazonienne. Ils ont un tronc droit et cylindrique, une hauteur de près de 25 m et une
circonférence de l'ordre de 1 m vers la fin de leur vie économique qui dure environ 35 ans
(COMPAGNON, 1986).
Selon HALLE et MAR TIN (1968), la croissance du système aérien de l'hévéa est
caractérisée par sa nature rythmique (Figure 1 ). Les feuilles se forment par étage à la partie supérieure de chaque unité de croissance.
6
Figure 1: Schéma de la croissance rythmique de l'hévéa (HALLE et MARTIN, 1968)
(a) Rapports entre l'organogenèse et l'allongement chez Hevea brasiliensis
(b) Correspondance entre l'unité de Morpho~enèse (UM) et l'unité de croissance (UC)
Le tronc s'accroît en circonférence en même temps que l'axe s'allonge progressivement par
formation d'unités de croissance (UC) successives. Le fonctionnement du cambium (C) est
synchronisé avec celui du méristème apical. Sur un axe aérien d'hévéa, l'unité de croissance la plus
récente ne comprend qu'une seule strie de bois et un seul manteau laticifère; celle d'avant en comporte deux (2), puis trois (3), etc.
Elles sont composées de trois folioles ovales de même dimension et insérées au même
point à l'extrémité d'un long pétiole. Les fleurs sont petites, jaune-claire et rassemblées en
grappes. 1Les fruits sont généralement constitués d'une capsule à trois loges contenant chacune
une graine. L'enracinement de l'hévéa est à la fois pivotant et traçant. L'écorce a une couleur
vert grisâtre ; son bois est homogène, tendre et casse facilement (COMPAGNON, 1986).
1.5- Fonction laticigène
1.5.1- Système laticifère, latex et biosynthèse du caoutchouc
Les cellules laticifères sont des cellules spécialisées dans la production du caoutchouc
chez l'hévéa. Elles se retrouvent dans tous les organes et à tous les stades de développement
7
de la plante où elles sont fonctionnelles à 80 % (COMBE, 1970). Elles sont formées dans le
liber, encore appelé écorce, à la suite du fonctionnement rythmique du cambium
(COMPA.GNON, 1986). Selon ANDREWS et DICKENSON (1961), le système laticifère est
constitué de tubes à latex anastomosés formant des manteaux concentriques, véritable système
para-circulatoire.
Le latex contient, outre les éléments communs à toute cellule végétale, les particules
de caoutchouc, les lutoïdes et les particules de Frey-Wyssling (COMPAGNON, 1986).
L'a synthèse du caoutchouc ou du cis-polyisoprène par les cellules laticifères se fait à
partir du saccharose issu de la photosynthèse. Schématiquement, l'élaboration du cis
polyisoprène peut être divisée en deux phases distinctes, la glycolyse et l'anabolisme
isoprénique (Figure 2).
Cytoplasme
Glycolyse
Anabolisme
isoprénique
Saccharose • Saccharose :E::= Saccharose
l H+ . H+
ATP ~ 1 1 • H+
Glucose-Fructose ADP .1
l p ADPp NAD(P) ~ATP ~NAD(P)H
PEP
lpAnP ~ATP
PT''' Acétate
Acétyl-CoA
3 ATP c::qlp 2 NADPH 3 ADP tl ~ 2 NADP
Cis-polyisoprène (Caoutchouc)
Cytosol 1, Apoplasme
Figure 2 : Schéma simplifié de la synthèse isoprénique (JACOB et al., 1989)
8
1.5.2- Paramètres physiologiques du latex en rapport avec la production de caoutchouc
Certains paramètres biophysiques et biochimiques du latex peuvent refléter l'état de
fonctionnement physiologique du système laticigène. Le dosage de ces différents paramètres,
appelé diagnostic latex, permet d'évaluer l'état physiologique du fonctionnement du système
de production de caoutchouc et de conclure à une faible récolte, à une récolte équilibrée ou à
une récolte intensive du latex (JACOB et al., 1988 ; 1995a). Les principaux paramètres pris
en compte dans le diagnostic latex sont : l'extrait sec, le saccharose, le phosphore
inorganique, et les composés ou groupements thiols.
• l'extrait sec du latex: il concerne le caoutchouc (90 % de l'extrait sec) mais aussi les
constituants autres que l'eau des cellules laticifères. Il reflète l'activité biosynthétique
globale des laticifères. Une faible valeur de l'extrait sec peut traduire une faible
régénération isoprénique susceptible d'être ou de devenir un facteur limitant de la
production. À l'inverse, une valeur élevée peut traduire un métabolisme de
régénération très efficient qui pourrait éventuellement entraver l'écoulement, du fait 1
d'une trop grande viscosité du latex (MILFORD et al., 1969). En cas de récolte
intensive du latex, on observe une diminution de l'extrait sec, liée à une régénération
insuffisa~te entre deux saignées consécutives.
• le saccharose : il est le précurseur de la synthèse isoprénique, par conséquent, il
représente potentiellement un facteur limitant essentiel du métabolisme de 1
régénération et donc de la production (LA CROTTE, 1991 ). Une forte teneur en
saccharose peut traduire un bon approvisionnement de la cellule laticifère et
s'accomprgner d'un métabolisme actif (TUPY et PRIMOT, 1976). Son taux peut,
toutefois, augmenter du fait de sa faible utilisation métabolique et se traduire alors par
une faible productivité. Une récolte intensive du latex peut aussi entraîner une
diminutio.n du taux de sucre du fait de l'effort biologique intense demandé aux arbres
(LOW et GOMEZ, 1982).
• le phosphore inorganique (Pi) : il peut être considéré comme un indicateur de
l'intensité du métabolisme énergétique dans les laticifères (JACOB et al., 1988). Il est
impliqué dans le catabolisme glucidique (JACOB, 1970) et dans l'anabolisme
isoprénique (L YNEN, 1969). Sa concentration est très fortement corrélée avec la
production (ESCHBACH et al., 1984).
• les groupements thiols : sous leur forme réduite R-SH, ils sont susceptibles de
neutraliser les formes toxiques d'oxygène (CHRESTIN, 1984). Ce sont des
antioxydants qui protègent donc la compartimentation cellulaire du latex, notamment
9
celle des lutoïdes, et par conséquent le fonctionnement des laticifères. Ils peuvent
également influer favorablement sur le métabolisme de la régénération par activation
des enzymes clés du catabolisme glucidique. Des corrélations positives entre teneurs
en thiols et production ont été mises en évidence, reflétant cette double activité
(ESCHBACH et al., 1984).
1.5.3- Typologie clonale de fonctionnement métabolique du système laticigène
La typologie clonale de fonctionnement métabolique du système laticigène est l'étude
des caractéristiques du métabolisme des laticifères des différents clones d' Hevea brasiliensis
afin de déterminer des types ou classes d'activité métabolique. Elle est basée sur leur teneur
moyenne en phosphore inorganique, en saccharose et en extrait sec. En outre, elle tient
compte de leur réponse à la stimulation et leur sensibilité à l'encoche sèche. En d'autres
termes, c'est l'étude de l'activité biologique du système laticifère (ESCHBACH et al., 1984;
SERRES et al., 1994 ; JACOB et al., 1995a et GOHET et al., 1996).
On distingue ainsi :
• Les clones à métabolisme peu actif ou «lent», tels qu' AF 261, PR 107, PB 217,
IRCA331 etlRCA41.
Ces clones à écoulement peu aisé présentent, en l'absence de stimulation hormonale,
une faible production de caoutchouc traduisant une faible activité métabolique intrinsèque.
L'indicateur physiologique correspondant est une faible teneur en phosphore inorganique (Pi).
La teneur en sucres du latex est élevée, ceux-ci n'étant que peu métabolisés. L'extrait sec est
relativement bas, signe d'une faible régénération.
L'intensification de la récolte du latex par la stimulation hormonale permet d'activer . significativement le métabolisme, notamment par l'accélération glycolytique; il s'ensuit une
très bonne réponse de ce type de clones à la stimulation hormonale, laquelle permet
d'augmenter très significativement le niveau de production de caoutchouc. Il faut aussi noter
que ces clones sont peu sensibles au syndrome de l'encoche sèche.
• Les clones à métabolisme moyennement actif ou « modéré », tels que GTI, RRIC 100,
BPM 24 et RRIM 600
Ces clones se caractérisent par un écoulement plus facile et présentent, en l'absence de
stimulation hormonale, une production moyenne de caoutchouc, indicatrice d'une activité
métabolique également moyenne. L'indicateur physiologique correspondant est une teneur
moyenne en phosphore inorganique au sein du latex. Ces clones possèdent moins de sucres
par rapport à ceux du groupe précité. L'intensification de l'exploitation par la stimulation
10
hormonale permet d'activer significativement le métabolisme dans la limite du sucre
intralaticifère disponible. Leur sensibilité au syndrome de l'encoche sèche est modérée.
• Les clones à métabolisme très actif ou « rapide », tels que PB 235, PB 260 et IRCA 18 Ces clones à écoulement très facile présentent, en l'absence de stimulation hormonale,
une forte production de caoutchouc, indicatrice d'une activité métabolique intrinsèque élevée.
L'indicateur physiologique correspondant est une teneur élevée en phosphore inorganique au
sein du latex. La teneur en saccharose correspondante est généralement faible à très faible, du
fait de son utilisation rapide par le métabolisme. L'extrait sec, élevé comparativement aux
autres types de clones, confirme une régénération rapide. La stimulation hormonale ne permet
qu'une activation modérée du métabolisme et le risque de surexploitation, lié à son utilisation,
est important. Ces clones sont les plus sensibles au syndrome de l'encoche sèche.
Dans la pratique, cette classification permet de simplifier les recommandations de
systèmes de récolte du latex, notamment en ce qui concerne l'intensité de stimulation
hormonale qui doit être mise en œuvre pour parvenir à une récolte optimale du latex de l'arbre
(GORET et al., 1996).
1.6- Facteurs limitants de la croissance végétative de la plante
Selon COMPAGNON (1986), les facteurs susceptibles d'agir sur la croissance
végétative sont, de diverses natures : climatiques, liés aux conditions d'établissement,
d'entretien, de récolte du latex de la plantation et pathologiques.
Les facteurs climatiques interviennent sur la disponibilité en eau des racines. Il s'agit 1 •
de: la pluviométrie, la température et l'éclairement.
Les facteurs liés à l'établissement et à l'entretien de la plantation regroupent le niveau
de fertilité du sol et la densité de plantation (OBOUA YEBA, 2005). Les facteurs liés à la
récolte du latex concernent la saignée qui a une influence très marquée sur la croissance des
arbres. Ainsi, la vitesse de croissance est-elle d'autant plus faible, quand la mise en saignée 1
est précoce et que la production est plus élevée (OBOUA YEBA et al., 2002). Des études
menées par OBOUA YEBA (2005) ont, par ailleurs, montré que deux conditions sont
nécessaires pour une mise en saignée permettant une récolte durable du latex de l'arbre :
- l'âge de maturité qui est de 6 ans après plantation;
- la circonférence, à 1 m du sol.
11
Les facteurs pathologiques concernent certains agents pathogènes qui attaquent les
jeunes feuilles et provoquent des défoliations précoces plus ou moins intenses, parfois de
façon répétée, sur toute la population d'arbres (COMPAGNON, 1986).
1.7- Intérêts économiques de l'hévéa
L'hévéa est cultivé pour son latex contenant des particules de caoutchouc. C'est la
principale source de caoutchouc naturel dans le monde (COMPAGNON, 1986). Le
caoutchouc naturel, grâce à ses propriétés d'élasticité, de résistance à la chaleur et aux huiles,
offre diverses possibilités d'utilisation et a une grande importance industrielle (OKOMA,
2008). Il représente un produit irremplaçable pour l'industrie des pneumatiques notamment
ceux des avions et pour la fabrication des gants à usage biomédical et des préservatifs.
L'industrie des pneumatiques utilise environ 70 % de la production mondiale de caoutchouc
naturel (MASSON, 2001). Le reste de la production est utilisé dans la construction, la
fabrication de joints et de supports antisismiques, et dans l'industrie biomédicale (JACOB et
PREVOT, 1989). En plus du caoutchouc naturel qui constitue le produit principal, l'hévéa
fournit des produits secondaires ou sous-produits. Ainsi, le tourteau des graines d'hévéas peut
servir à l'alimentation des animaux (OCHO, 1999). L'huile de l'amande peut être source de
nombreuses utilisations notamment en cosmétique (DABHADE, 1983). Le bois de l'hévéa
peut être diversement utilisé, notamment pour la fabrication de meubles ou comme bois de
chauffe pour la production d'énergie. L'hévéa apporte un revenu continu à plusieurs millions
de personnes dans les zones de culture d'où les nombreuses études effectuées pour
l'amélioration de la production du latex. En agroforesterie, elle constitue un moyen efficace
de lutte contre la déforestation (OCHO, 1999 ; SIMIEN, 2005).
1.8- Maladies et ravageurs de l'hévéa
Chez l'hévéa, il existe de nombreuses pathologies qui affectent la production de latex.
Certaines de ces pathologies sont dues à des agents pathogènes et d'autres à des problèmes
physiologiques. Les pathologies les plus rencontrées sont :
• les .maladies des racines, provoquées par des agents pathogènes ; il existe en Côte
d'Ivoire deux formes de pourriture des racines ou « pourridié des racines»; la
pourriture banche causée par Leptoporus lignosus ou Fomes lignosus et la pourriture
brune causée par Leptoporus noxius ou Fomes noxius qui peut décimer 10 à 30 %
voire 50 % du peuplement d'hévéas (OBOUA YEBA, 2005); c'est la principale
maladie d'hévéa en Côte d'Ivoire;
12
• les maladies des feuilles, également causées par des agents pathogènes ( champignon)
qui s'attaquent aux feuilles de l'arbre et provoquent la défoliation, parfois, de façon
répétée ; le Corynespora casiicola de même, attaque plus de la moitié des plantations
du clone IRCA 18 en Côte d'Ivoire depuis 2 à 3 ans ; les autres agents pathogènes sont
le Collettotrichum gloeosporioides et le Phytophtora sp., qui sont peu virulents en
Asie, en Côte d'Ivoire et au Cameroun (ANONYME 4, 1993);
• les maladies du panneau de saignée et du tronc, sont causées par des champignons ; le
principal agent causal est Phytophtora palmivora ; il se manifeste sous trois formes
que sont les raies noires, les taches brunes et les patchs Canker, de formes ovales
situées généralement au niveau de l'encoche de saignée (ANONYME 4, 1993);
• l'encoche sèche, est un syndrome physiologique qui est observé au niveau de
l'encoche de saignée (Figure 3 et 4); elle est caractérisée par l'arrêt partiel ou total de
l'écoulement de latex après la saignée (DE FAY, 1981); elle est causée par un
dysfonctionnement physiologique des arbres (PERIES et BROJIER, 1965 ; LIM,
1973).
Figure 3: Hévéa à encoche saine (OKOMA et al., 2011)
13
Figure 4: Hévéa atteint d'encoche sèche partielle (OKOMA et al., 2011)
2- FACTEURS LIMIT ANTS DE LA PRODUCTION
Les principaux facteurs susceptibles d'entraver la production sont l'écoulement du
latex et sa régénération entre deux saignées consécutives (JACOB et al., 1995a).
2.1- Écoulement du latex
2.1.1- Notion d'aire drainée Lors de l'ouverture des vaisseaux laticifères par la saignée, la pression de turgescence
exercée in situ par les parois des vaisseaux laticifères et des tissus de l'écorce tend à expulser
en partie le contenu laticifère. Il se produit alors une dilution in situ du latex (FREY -
WYSSLING, 1932) liée à une forte chute de cette pression de turgescence (BUITERY et
BOATMAN, 1966; NINANE, 1970); ce qui induit un appel d'eau des tissus adjacents vers
les laticifères. Ce phénomène joue un rôle majeur dans l'écoulement du latex lors de la
saignée (LACROTIE, 1991). Le latex qui s'écoule de l'encoche de saignée provient d'une zone d'écorce nommée
aire drainée. FREY-WYSSLING (1932) est à l'origine des travaux de cette aire drainée. Il en
a défini la géométrie en mesurant la dilution du latex (Figure 5). Cependant, l'importance de
cette aire dans la production de latex par Hevea brasiliensis a été clairement mise en évidence
par LUSTINEC et al. (1966).
14
Tronc
Pannoau do saignôo
Figure 5 : Schéma de chez Hevea l .__ _,
123cm
. , 1 ---- -- -
escendante
2.1.2- Cinétique de l'écoulement et de la coagulation
La cinétique de l'écoulement s'effectue suivant deux phases successives. On
distingue: • une première phase, dite à écoulement rapide, qui se déroule immédiatement après
l'incision de l'écorce (BUTIERY et BOATMAN, 1966; LIORET et al., 1978); elle
résulte de la détente élastique qui s'établit suite à la chute de la pression de
turgescence; la vitesse d'écoulement du latex diminue de façon exponentielle,
• la seconde phase, dite à écoulement lent, intervient ultérieurement ; le débit décroît
régulièrement, sous la dépendance du gradient de pression qui s'établit, de la viscosité,
du diamètre moyen des vaisseaux laticifères et de l'apparition plus ou moins précoce
de microfloculats, composés de particules agglomérées de caoutchouc, qui tendent à
obstruer la blessure occasionnée par la saignée.
La cause principale de l'arrêt d'écoulement du latex est l'obstruction de l'encoche de
saignée (BUTIERY et BOATMAN, 1966). En effet, les particules de caoutchouc s'agrègent
en microfloculats provoquant plus ou moins rapidement une coagulation qui obstrue
totalement les extrémités des manteaux laticifères sectionnés. Ainsi, un indice d'obstruction
« plugging index » qui permet de caractériser la cinétique de cette coagulation a pu être défini
(MILFORD etal., 1969; SETHURAJ etal., 1974).
15
De toute évidence, le phénomène de coagulation du latex apparaît fort complexe en ce
sens que différents mécanismes interagissent simultanément et conduisent à l'arrêt de
l'écoulement. Ce phénomène représente la fonction du latex et du caoutchouc chez Hevea
brasiliensis et, plus généralement, chez toutes les plantes à latex, à savoir l'expression d'un
système de défense extrêmement performant contre les blessures (JACOB et al., 1995b ).
2.2- Régénération du latex in situ
L'exploitation du latex de l'aire drainée induit une activation métabolique permettant
la reconstitution du matériel cellulaire exporté. Cette régénération peut s'opérer car in situ les
noyaux et les mitochondries des cellules laticifères ne sont pas expulsés lors de la saignée
(DICIŒNSON, 1964). L'intensité du métabolisme de régénération est fonction de la quantité
de latex préalablement exporté et devant être régénérée entre deux saignées consécutives. Le
système laticifère de l'hévéa apparaît ainsi comme une véritable « usine biologique » au sein de laquelle s'effectue cette régénération (JACOB et al., 1995a). Au cours de celle-ci, il se
produit une reconstitution globale du matériel cellulaire, notamment ses structures et leurs
constituants.
3- TECHNIQUES DE RECOLTE DU LATEX DE L'HÉVEA La technique de récolte du latex de l'hévéa tient compte de plusieurs facteurs dont la
combinaison donne le système de récolte du latex, lequel est l'association du système de
saignée et de la stratégie de stimulation hormonale.
3.1- Systèmes de saignée
3.1.1- Saignée de l'hévéa La saignée est une opération qui consiste à faire une incision dans l'écorce de l'arbre.
Ce qui entraîne la section d'un grand nombre de manteaux laticifères, et assure l'écoulement
du latex vers l'extérieur (JACOB et al., 1995a). L'organisation des cellules laticifères en
manteaux concentriques, différenciées de façon centrifuge à partir du cambium, se prête
particulièrement à cette opération (Figure 6).
Cette opération est répétée tout au long de l'année à une fréquence qui fait partie des
caractéristiques du système de saignée. L'homme intervient directement sur cette opération
répétitive pendant toute la durée de récolte du latex de l'arbre (COMPAGNON, 1986;
ANONYME 2, 2009).
16
CAMBIUM VAISSEAUX DU XYLEME
~~~~
~
Figure 6: Organisation anatomique de l'écorce d'Hevea brasiliensis au niveau de l'encoche
de saignée (JACOB et al., 1995a)
Il peut, à tout moment, modifier les caractéristiques de cette saignée afin d'optimiser le
rendement des plantations.
3.1.2- Paramètres des systèmes de saignée Les systèmes de saignée sont constitués de plusieurs paramètres dont :
• la profondeur de l'encoche de saignée : c • est la distance entre le point de départ
de l'incision et son point d'arrêt dans l'écorce de l'arbre, lors d'une opération de
saignée ; les vaisseaux laticifères les plus productifs, sur le plan de la biosynthèse du
caoutchouc, sont les plus proches du cambium (COMPAGNON, 1986); d'où
l'importance de la profondeur de l'encoche de saignée sur l'écoulement et la
production de latex (DE JONGE, 1969) ; l'incision doit toutefois respecter une zone
localisée à environ 1 mm à 1,5 mm du cambium (BOUYCHOU, 1962; ANONYME 2,
17
\
1
2009) ; la longueur de l'encoche de saignée : c'est la distance séparant la pointe
inférieure de la pointe supérieure de l'encoche de saignée ; l'encoche peut être faite en
spirale entière, en demi-spirale, en tiers de spirale etc ; ce facteur est un élément
important de la production dans la mesure où il influence la surface de l'écorce drainée
donc la durée de l'écoulement du latex (SOUTHORN et GOMEZ, 1970);
• l'épaisseur du copeau d'écorce: l'épaisseur du copeau d'écorce enlevé à chaque
saignée peut avoir une influence sur la production (BOUYCHOU, 1962;
COMPAGNON, 1986); elle doit être suffisante pour permettre une ouverture
complète de tous les vaisseaux laticifères ; la zone desséchée entre saignées, dans
laquelle l'extrémité des vaisseaux laticifères est obstruée par du latex coagulé, doit en
particulier être enlevée ; or cette zone varie avec la fréquence de saignée, les
conditions climatiques et le matériel végétal ; mais cette « consommation » ne doit pas non plus être trop importante car l'écorce représente le « capital » productif de l'arbre ; il est nécessaire que le panneau exploité ait le temps de se reconstituer
co~plètement avant une nouvelle exploitation (BOUYCHOU, 1962; COMPAGNON,
1986) ; la moyenne admise pour la « consommation d'écorce » est de 1,5 mm par
saignée ; mais, dans la pratique, on estime que cette norme peut être légèrement
réduite avec des fréquences élevées de saignée (saignée tous les deux ou trois jours), et
à l'inverse doit être légèrement accrue avec des fréquences faibles de saignée (saignée
tous les quatre, cinq ou six jours ; COMPAGNON, 1986) ;
• la direction de l'exploitation de l'écorce : l'exploitation de l'écorce peut se faire en
ravivant l'encoche de saignée vers le haut ou vers le bas ; on parle respectivement de
saignée remontante ou de saignée descendante (BOUYCHOU, 1962 ; ANONYME 2,
2009); la saignée remontante est pratiquée après neuf années de saignée descendante ;
• la fréquence et le nombre de saignée par an: l'incision de l'écorce provoquant
l'écoulement du latex induit un ensemble de processus ; la mise en place de ces
différents phénomènes est progressive et la reconstitution du stock de latex du volume
drainé demande un certain délai qui dépend de l'importance de ce qui a été « soutiré » (JACOB et al., 1995a); l'opération de saignée est répétée, mais l'intervalle de temps
entre les saignées consécutives doit tenir compte de ce délai ; les stocks d'assimilats
(amidon) contenus dans les différentes parties du tronc sont susceptibles de jouer un
rôle régulateur (GOHET, 1996) ; leur utilisation peut permettre à l'arbre de supporter
une fréquence de saignée élevée pendant quelques temps ; si ces stocks deviennent
trop faibles, il faut les reconstituer par une réduction de l'exploitation du latex :
18
réduction de la fréquence de saignée, réduction de la stimulation, arrêt de la saignée
(BOUYCHOU, 1962 ; COMPAGNON, 1986) ; le premier signe, le plus apparent, du
déficit entre l'exploitation et l'ensemble de l'approvisionnement venant des feuilles ou
des zones de stockage est la diminution de la teneur en caoutchouc du latex
(COMPAGNON, 1986); si le déficit persiste, indépendamment d'une chute
progressive de la production, des perturbations de l'écoulement du latex sont à
craindre conduisant parfois à un pourcentage élevé d'arbres totalement improductifs
(DE FA Y et HEBANT, 1980) ; la fréquence de saignée la plus utilisée, en Côte
d'Ivoire, est la saignée tous les trois jours; le nombre de saignée au cours d'une année
est un facteur déterminant de la production ; il est fonction de la fréquence de saignée ;
le nombre de saignées par an ne doit pas être trop élevé pour éviter l'épuisement de
l'arbre et des chutes de production à plus long terme, mais il doit être suffisant pour
que la production tende vers le potentiel maximum de ces arbres (BOUYCHOU,
1962) ; il, faut, toutefois, noter qu'en deçà d'un certain rythme, le prolongement du
délai entre deux saignées consécutives a un effet négatif sur la vitesse d'écoulement et
donc en fin de compte sur la production (OBOUA YEBA et BOA, 1993).
En définitive, l'intensité du système de saignée est déterminée par la longueur de
l'encoche et la fréquence de saignée. Aussi, l'intensité d'un système de saignée sera-t-elle
d'autant plus élevée que l'encoche de saignée sera longue et les saignées rapprochées et
d'autant moins intense que l'encoche sera courte et la fréquence de saignée faible
(VIJA Y AKUMAR et al, 2009).
Le travail de la saignée est repartit tous les jours ouvrables de l'année. Pour cette
raison, la plantation est divisée en « alternances » de saignée (COMPAGNON, 1986).
L'alternance de saignée est l'ensemble des parts saignées un même jour. Le nombre
d'alternances est fonction de la fréquence de saignée. Pour les fréquences d2, d3, d4, d5 ou d6
(saignée tous les deux, trois, quatre, cinq ou six jours), la plantation est divisée en 2, 3, 4, 5 ou
6 alternances. La tâche de saignée est le nombre d'arbres saignés par jour et par saigneur.
Pour fixer une tâche de saignée, il faut tenir compte en particulier de la topographie, du
dispositif de la plantation, du système de saignée, du système de récolte du latex et de l'âge
des arbres (COMPAGNON, 1986).
3.1.3- Panneau de saignée
Le tronc de l'arbre est arbitrairement divisé en panneaux. Il y a autant de panneaux de
saignée que d'encoches de saignée. Par exemple, il y a respectivement un, deux ou quatre
19
panneaux si la saignée est faite en spirale entière, en demi-spirale ou en quart de spirale
(COMPAGNON, 1986).
3.2- Stimulation hormonale de la production de caoutchouc
La stimulation est une composante du système de récolte du latex de ! 'hévéa en vue
d'intensifier son exploitation. Elle se traduit par un apport d'énergie exogène pour lui
permettre de produire davantage de caoutchouc à partir de modifications de processus
physico-chimiques de la production. Selon d'AUZAC et RIBAILLIER (1969), les agents
stimulants peuvent être des substances chimiques (CuS04, B03H3, etc.) ou hormonales (ANA,
2,4-D ; 2,4,5-T; éthylène etc.). L'Ethéphon ou acide chloro-2-éthylphosphonique,
commercialisé sous le nom d'Ethrel, générateur d'éthylène, est, de nos jours, le principal
agent stimulant utilisé, à travers le monde, par les hévéaculteurs.
Les traitements éthyléniques permettent de doubler, voire tripler la production de latex
par la prolongation de la durée d'écoulement, l'augmentation de la zone d'écorce drainée par
la saignée et par l'activation globale du métabolisme de régénération (ABRAHAM et
TAYLOR, 1967). La stimulation agit donc sur les deux facteurs limitants de la production que
sont l'écoulement et la régénération du latex entre deux saignées consécutives.
3.2.1- Concentration en matière active
Les produits utilisés pour la stimulation hormonale sont l 'Ethrel, le ELS 50 Double
Red, le Calle! et le Panover. La concentration en matière active (m.a.) de la pâte stimulante
varie selon le système de récolte du latex. Elle est de 2,5 ou 5 % d'Ethéphon, selon que la
saignée est descendante ou inversée. La quantité de matière active appliquée par arbre et par
stimulation varie de 17 à 26,5 mg d'Ethéphon, soit 0,7 à 1 g de pâte titrant 2,5 % de m.a.
(OBOUA YEBA, 1992; OBOUA YEBA et al., 1996). Actuellement, des études sont en cours
au CNRA pour l'utilisation de l'éthylène gazeux comme stimulant. Il permettrait un gain de
production plus important avec une diminution de la sensibilité des clones au syndrome de
l'encoche sèche (ANONYME 3, 2003).
3.2.2- Mode de stimulation hormonale
La stimulation hormonale est effectuée par le saigneur 48 heures avant la saignée avec
un pinceau (COMPAGNON, 1986) ou tout autre instrument similaire dont le bambou mâché.
La stimulation peut être réalisée par application de la pâte stimulante sur écorce grattée, sur
encoche de saignée ou sur panneau de renouvellement au voisinage de l'encoche de saignée
ou sur l'encoche de saignée. Dans la pratique, la stimulation est réalisée préférentiellement
20
par application de la pâte stimulante à la fois sur panneau de renouvellement et sur encoche de
saignée sur une bande de 1 à 2 cm de largeur (ESCHBACH et TONNELIER, 1984). Cette
méthode est plus facile à réaliser et plus rentable.
Actuellement, en Côte d'Ivoire, le mélange Ethrel-huile de palme et le ELS 50 Double
Red sont les plus utilisés. Ces deux produits ont la même matière active qui est l 'Ethéphon
(OBOUAYEBA, 1992; OBOUAYEBA etal., 1996).
1
3.2.3- Nombre de stimulations par an
La stimulation hormonale est appliquée au cours de l'année en un nombre de fois
appelé fréquence annuelle de stimulation. Le nombre de stimulation par an est représenté sous
forme de fraction, 1/y, 2/y, 3/y, etc. (VIJA Y AKUMAR et al, 2009) où le chiffre indique le
nombre de stimulations effectuées et y désigne year ou année. Deux stimulations successives 1
doivent être séparées d'au moins 21 jours (COMPAGNON, 1986). Le nombre de stimulations
hormonales par an est fonction de l'activité métabolique des différents clones.
3.2.4- Périodes de stimulation hormonale
Pour être efficaces, les stimulations doivent être faites en dehors des périodes sèches
(COMPAGNON, 1986). Elles doivent être proscrites en :
• périodes de défoliation-réfoliation, l'arbre étant en hivernage ;
• périodes de pluies fréquentes et abondantes, afin d'éviter le lessivage du produit
stimulant;
• périodes de faible luminosité, à cause de la baisse de l'activité photosynthétique.
3.3- Incidence de la récolte du latex sur la croissance végétative radiale d'Hevea brasiliensis
La mise en saignée des hévéas est toujours accompagnée d'une réduction drastique
du rythme annuel de croissance végétative radiale (P AARDEKOOPER, 1989) qui passe de 9
à 1 cm environ suivant la classe de croissance végétative du clone et le niveau
d'intensification de la récolte du latex (OBOUA YEBA et BOA, 1993). La récolte du latex de
l'hévéa, . et par conséquent la production de caoutchouc qui en découle, influencent
négativement la croissance végétative (OBOUA YEBA et BOA, 1993). Il apparaît une forte
compétition pour les assimilats entre croissance végétative et production de caoutchouc ; les
clones les plus vigoureux, orientant prioritairement leur métabolisme vers la synthèse de
21
biomasse primaire, sont ainsi les plus sensibles à une déviation des assimilats vers la synthèse
de biomasse secondaire (GOHET, 1996).
1
3.4- Importance du facteur humain
Chez l'hévéa, la production de caoutchouc est particulièrement tributaire du facteur
humain. .Toutefois, les aptitudes génétiques des arbres et les conditions physiologiques sont
aussi déterminantes dans le potentiel de production du caoutchouc. Le rendement effectif est
conditionné par la saignée dont les normes d'application (longueur de l'incision, fréquence de
saignée, profondeur de saignée, consommation d'écorce etc.) exécutées avec rigueur,
définissent l'intensité de récolte du latex ; dans les conditions climatiques favorables, ces
normes permettent de tirer le meilleur parti du potentiel de production des arbres. Les normes
d'exécution de la saignée étant fixées, le facteur humain intervient dans la rigueur et la qualité
d'exécution de ces normes. Le bon rendement d'une plantation demande en conséquence une
main-d' œuvre suffisante, stable et qualifiée.
L'insuffisance de saigneurs qualifiés et l'instabilité de ceux-ci constituent l'un des
problèmes. majeurs de l'hévéaculture (ANONYME 2, 2009). La saignée de l'hévéa étant
délicate, les saigneurs pour être efficaces doivent nécessairement subir une formation dans
une« école de saignée ». La plupart des saigneurs n'ont pas reçu cette formation. C'est ce qui
explique la mauvaise qualité des saignées et aussi l'instabilité des saigneurs.
Dans le monde de l'hévéaculture, il existe essentiellement deux modes de paiement
des saigneurs : le paiement mensuel (fixe) et le paiement par rendement.
Dans chacun des deux cas, il faut instaurer un suivi rigoureux et quotidien du travail
de la saignée. Cela passe par un contrôle régulier de la qualité de la saignée en vue de rectifier
les déviations ou excès dont pâtit l'état des arbres et donc la production de caoutchouc.
Lorsque le contrôle de la qualité de la saignée s'accompagne d'une prime, le rendement du
saigneur est nettement amélioré avec une modération des excès néfastes aux arbres
(SOUMÀHIN, 2010).
22
' DEUXIEME PARTIE: ,
MATERIEL ET ,
METHODES
23
1- MATÉRIEL VÉGÉTAL
Le matériel végétal est constitué de clone PB 260 (Prang Besar 260) d 'Hevea
brasiliensis. C'est un clone originaire de Malaisie (Prang Besar), qui a été planté pour la
première fois en Côte d'Ivoire en 1983. Il est issu du croisement entre PB 5/51 et PB 49. Le
PB 260 est un clone à métabolisme très actif qui se caractérise par un écoulement facile de
latex. En l'absence de stimulation hormonale, la production de caoutchouc et les teneurs en
phosphore inorganique sont élevées tandis que les teneurs en saccharose sont très faibles
(DIAN et al., 1999). Il est caractérisé par une bonne vigueur supérieure à celle du clone IRCA
18 mais inférieure à celle des clones PB 235, RRIC 100 et AYROS 2037. Le clone PB 260 est
résistant au Colletotrichum mais est très sensible à l'encoche sèche et au Corynespora
(CHAPUSET, 2001).
2- MÉTHODES
2.1- Mise en place de la parcelle
Les arbres utilisés dans cette expérience ont été plantés en 1998, à une densité de 555 arbres
par hectare (6 m x 3 m) et mis en saignée en 2004 en demi-spirale descendante. L'essai s'est
déroulé sur une parcelle monoclonale de 6 ha située à Gagnoa au centre-ouest de la Côte
d'Ivoire; il a commencé en Juin 2007 (4è année de saignée descendante) pour prendre fin en
Mars 2010.
2.1.1- Dispositif expérimental et traitements
Le dispositif expérimental utilisé était en blocs complets randomisés (BCR) de 7
traitements et 3 répétitions. Chaque parcelle élémentaire était constituée de 10 arbres. Les
arbres ont été sélectionnés sur la base de l'homogénéité de leur circonférence à 1 m 70 du sol,
de leur production à blanc et de leur taux d'encoche sèche (0 %).
Les hévéas saignés en demi-spirale descendante tous les quatre, cinq et six jours (S/2
d4, S/2 d5, S/2 d6) avec différents régimes de stimulation ont été comparés aux hévéas
saignés en demi-spirale tous les trois jours (S/2 d3, témoin). Les détails concernant ces
traitements ont été consignés dans le tableau 1.
24
Tableau 1 : Traitements ou techniques de récolte du latex de l'essai
NO Traitements ou techniques de récolte du latex IS (%) ECM(%) NAS 1 S/2 d3 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 4/y (T) 100 0 104 2 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 75 25 78
3 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 62,5 37,5 62
4 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 50 50 52
5 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 75 25 78 6 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 62,5 37,5 62 7 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 50 50 52
S/2 d3 d4 dS 6d/7: Saignée en demi-spirale descendante, tous les 3, 4, 5, 6 jours ouvrables sur 7; 12m/12: 12
mois sur 12 (témoin); ET2,5%, ET5% : Stimulation à l'aide de l'Ethéphon concentré à 2,5 et 5%; Pa(l) :
Stimulation effectuée sur l'encoche et Je panneau de saignée à raison d' 1 g de stimulant sur une bande d'l cm de
largeur; 4, 6/y: 4, 6 stimulations par an; IS (%): Intensité de saignée; NAS : Nombre annuel de saignée ;
ECM (%): Economie de main d'œuvre saigneur par rapport au témoin (traitement 1); T: Témoin.
2.1.1.1-Saignée
Le latex issu des saignées au couteau a été récolté dans une tasse en plastique. La
saignée des hévéas s'est faite 12 mois sur 12.
2.1.1.2- Stimulation
Le produit stimulant a été l'Ethrel. Il contient 480 g.r1 de matière active (acide chloro-
2-éthylphosphonique ou Ethéphon). La densité du stimulant à 480 g.r1 est de 1,2. Il contient
donc 400 g.kg" de matière active (40 %). La pâte stimulante est obtenue par mélange d'Ethrel
et d'huile de palme avec des concentrations finales de 2,5 et 5 % de matière active. Elle est . , appliquée à raison d' 1 g de pâte stimulante sur une bande de 1 cm du panneau de régénération
(Pa). Les stimulations sont reparties sur toute l'année en dehors des périodes de défoliation et
de réfoliation (janvier à mars).
2.1.2- Mesures effectuées
2.1.2.1- Production de caoutchouc
La production de caoutchouc a été enregistrée par traitement. Le coagulum, retiré à la
saignée suivante, a été collecté, pesé mensuellement (poids frais, P.F.) et conservé. Le
coefficient de transformation (C.T), pourcentage de caoutchouc sec d'un échantillon donné de
caoutchouc frais, a permis de calculer la production en caoutchouc sec (poids sec, P.S.) pour 1
25
chaque motif. Il a été calculé à partir d'un échantillon de coagulum par traitement. Chaque
échantillon a été pesé (poids frais), crêpé, séché à 80 °C à l'étuve pendant 24 h et repesé
(poids sec crêpé). Le C.T. est défini par la formule suivante :
1 C.T=(P.S/rF)xlOO 1 C . T : coefficient de transformation P.S : Poids sec ; P.F : Poids frais
La conversion de PF en PS de caoutchouc s'est effectuée pour chaque traitement à
partir de la relation suivante :
1 P.S=P.FxC.T 1
La production de caoutchouc sec a été exprimée en kilogramme par hectare et par an
(kg/ha/an), en grammes par arbre et par an (g/a/an) et en grammes par arbre et par saignée
(g/a/s).
2.1.2.2- Croissance isodiamétrique du tronc
Pour chacun des traitements, la circonférence du tronc à 1, 70 m a été mesurée sur
chaque arbre en début d'expérimentation à l'aide d'un mètre ruban, puis en fin de cycle
physiologique, avant le début de la défoliation annuelle, en Janvier. L'accroissement moyen
annuel de circonférence ( cm/an) a été déterminé par la relation suivante :
Accr, : accroissement annuel de circonférence Circ" : Circonférence des arbres de la campagne en cours Circn.1 : Circonférence des arbres de la précédente campagne.
2.1.2.3- Estimation visuelle de l'encoche sèche
La méthode de relevé rapide par estimation visuelle permet de rendre compte de
l'apparition et de l'état d'avancement de l'encoche sèche (V AN DE SYPE, 1984). Pour
chaque arbre saigné, il a été attribué un chiffre compris entre O et 6 (Tableau 2).
Pour chaque parcelle, le compte précis de l'état des arbres a été effectué et le
pourcentage de longueur totale d'encoche malade (LEM %) pour chaque traitement a été
calculé de la manière suivante :
LEM(%)= (û.l n, + 0,3n2 + 0,5n3 + 0,7I14 + 0,9ns + n6 + ES) x N-1
N : Nombre total d'arbres ; n; : Nombre d'arbres par classe d'encoche sèche ; E.S. Nombre d'arbres dont la saignée est déjà arrêtée pour encoche sèche totale.
26
Tableau 2. Note attribuée aux arbres au cours du relevé encoche sèche
L Note Signification
0% 0 Arbres sains
1 à20% 1
21 à 40% 2
Arbres atteints d'encoche sèche de très
faible niveau
Arbres atteints d'encoche sèche de faible
ruveau
41 à 60% 3 Arbres atteints d'encoche sèche de
ruveau moyen
61 à 80% 4 Arbres atteints d'encoche sèche de
niveau assez élevé
81 à 99% 5 Arbres atteints d'encoche sèche de
niveau élevé
100% 6 Arbres atteints d'encoche sèche totale ou
arbres secs
L: Pourcentage de la longueur d'encoche de saignée qui ne produit pas de latex
Pour chaque traitement, le pourcentage d'arbres totalement secs a été déterminé par la
relation suivante :
1 Arbres secs(%)= (n6 + ES) x N-1
1 1
N : Nombre total d'arbres ; n6: Nombre d'arbres pour la classe 6 d'encoche sèche; E.S. : Nombre d'arbres dont la saignée est déjà arrêtée pour encoche sèche totale.
N.B. : Au début de l'expérimentation le taux de LEM et d'arbre sec est nul pour les
traitements, seuls les arbres indemnes d'encoche sèche partielle ou totale ont été retenus.
2.1.2.4- Mesures et dosages des paramètres physiologiques du latex 2.1.2.4.1- Mesure de l'extrait sec
Le taux de matière sèche du latex a été déterminé par pesée de 1 ml de produit frais
dans un pilulier de 10 ml, avant et après étuvage à 80° C pendant 24 h. Mais, bien avant, le
poids vide du pilulier (PV) a été déterminé.
27
La teneur en matière sèche (Ex.S) s'exprime alors :
Ex.S = [(P.S. - P.V.) / (P.F. - P.V.)] x 100 P.S. : Poids sec; P.V. : Poids vide; P.F. : Poids frais.
2.1.2.4.2~ Dosage à partir du sérum
Sucres, phosphore inorganique et composés thiols réduits ont été dosés à partir du
sérum obtenu après coagulation du latex par l'acide trichloroacétique (TCA). Les résultats
sont exprimés en millimoles par litre de latex (m.mol.l").
2.1.2.4.2.1- Dosage du saccharose
Le saccharose (Sac) a été dosé par la méthode à l'anthrone d'ASHWELL (1957). En
présence d'acide concentré (TCA à 2,5%), les hexoses se déshydratent pour donner un
furfural qui réagit avec l'anthrone (réactif) en donnant une coloration bleue-verte dont la
densité optique (D.O) a été lue à la longueur d'onde de 627 nm.
2.1.2.4.2.2- Dosage du phosphore inorganique
Le phosphore inorganique (Pi) a été dosé par la méthode de TAUSSKY et SHORR
(1953), méthode utilisant le molybdate d'ammonium. Le phosphore est complexé par un
excès de molybdate d'ammonium. Le complexe formé est ensuite réduit par le sulfate ferreux,
donnant une coloration bleue dont la densité optique (D.O) a été lue à la longueur d'onde de
680 nm.
2.1.2.4.2.3- Dosage des composés thiols
Le dosage des composés thiols (R-SH) a été effectué par la méthode de BOYNE et
ELLMAN (1972) utilisant l'acide dinitro-2,2'-dithio-5-5'-dibenzoïque (DTNB). Les
composés R-SH réagissent avec cet acide pour donner de l'acide thio-nitro- benzoïque (TNB).
Le TNB est révélé par le tampon Tris en donnant une coloration jaune dont la densité optique
(D.O) a été lue à la longueur d'onde de 412 nm.
2.1.2.4.3- Consommation d'écorce
Au début de l'expérimentation puis une fois par an, en fin de campagne (février à
mars), la consommation d'écorce a été mesurée sur la hauteur du panneau de saignée, à l'aide
d'une réglette graduée perpendiculairement à l'encoche de saignée. Cette mesure a été
28
exprimée en centimètre d'écorce consommée. La consommation moyenne théorique par
saignée est consignée dans le tableau 3 (ANONYME 2, 2009).
Tableau 3: Consommation minimale et maximale d'écorce en fonction de la fréquence et de
l'orientation de la saignée
Fréquence
de saignée
Nombre de saignées
par an
Orientation de la
saignée
Consommation par
saignée
Consommation
annuelle
d3
d4
d5
d6
104
78
62
52
Descendante
Descendante
Descendante
Descendante
1,3 à 1,5 mm + 5 mm
1,5 à 1,8 mm+ 5 mm
1,7 à 1,9 mm+ 5 mm
1,8 à 2,0 mm+ 5 mm
140 à 161 mm
122 à 145 mm
116à129mm
99 à 109 mm
2.2- Calculs économiques
Pour chaque système de récolte du latex, la marge bénéficière de l'exploitation (M.B.)
a été calculée et exprimée en F CF A, à partir de la relation suivante :
M.B.= R.E. - C.E.
R.E. = Rdt x P.V.Cc.
C.E. = C.M.O + C.S.
R.E. : Recettes de récolte du latex ; C.E. : Coût de récolte du latex ; Rdt : Rendement en kg de caoutchouc bord
champ par ha; P.V.Cc.: Prix de vente du kg de caoutchouc bord champ; C.M.O.: Coût de la main-dœuvre saigneur; C.S. : Coût de la stimulation.
NB : 1 kg de caoutchouc bord champ équivaut à 0,625 kg de caoutchouc sec.
Seul le mode de paiement par journée de travail a été utilisé. Le coût de main-d'œuvre
saigneurpar journée de travail (C.M.O.J) a été déterminé par la relation suivante :
1 C.M.O.J ~ C.M.Oj x Nb.Sg x Nb.Sgr
C.M.Oj : Coût de la main-dœuvre par saigneur et par journée de travail; Nb.Sg: Nombre de saignées; Nb.Sgr : Nombre de saigneurs.
29
Les calculs des marges bénéficiaires sont des calculs théoriques faits sur la base d'une saignée
sur une superficie de 1 ha par traitement. Le prix moyen de vente du kilogramme de
caoutchouc bord champ a été de 400 F CF A. Pour le mode de paiement du saigneur par
journée de travail, le coût a été fixé à 3000 F CF A par jour et par saigneur.
2.3- Calcul théorique de l'économie de main-d'œuvre saigneur par rapport au témoin
La valeur théorique de l'économie de main-d'œuvre a été déterminée par la relation suivante:
ECM (%) = (1 -NSx / NSte) X 100 NSx : nombre de jours de saignée du traitement ;
NSte : nombre de jours de saignée du témoin.
2.4- Analyses statistiques
Les données de production, de croissance végétative, de consommation d'écorce, de
marge bénéficiaire, de diagnostic latex et d'encoche sèche ont été soumises à une analyse de
variance à l'aide du logiciel statistique XLSTAT. Le niveau de signification des différences
entre les moyennes a été estimé par le test de Duncan au seuil de 5 %.
30
' TROISIEME PARTIE: ,
RESULTATS
31
1- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR LA
PRODUCTION DE CAOUTCHOUC ET LA CROISSANCE VÉGÉTATIVE
RADIALE DU CLONE PB 260 D'HEVEA BRASILIENSIS
l.1- Production de caoutchouc des hévéas
1.1.1- Productions moyennes annuelles en g/a et kg/ha
Les arbres saignés en demi-spirale tous les quatre jours (traitements 2 et 5) ont produit
des quantités de caoutchouc en g/a et kg/ha statistiquement identiques à celle du témoin
(traitement 1) saigné en demi-spirale descendante tous les trois jours. Les traitements 1, 2 et 5
ont des productions significativement supérieures à celles des autres motifs (Tableau 4).
Pour une même fréquence de saignée, les productions de caoutchouc ont
statistiquement été équivalentes, toutefois, les arbres stimulés à fortes concentrations
(traitements 5, 6 et 7) ont donné de meilleures productions.
Les pertes de production de caoutchouc occasionnées par la réduction de l'intensité de
saignée de d3 à d4, d5 et d6, comparativement au témoin, ont respectivement varié de 7 à 31
% à la concentration de 2,5 % d'Ethéphon. À la concentration de 5 % d'Ethéphon, elles ont
respectivement été de 4, 20 et 28 %.
Tableau 4 : Productions moyennes annuelles de caoutchouc sec en g/a et en kg/ha sur 3 ans
du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis à Gagnoa
NO Traitements ou techniques de récolte du latex g/a GPg/a kg/ha GPkg/ha 1 S(2 d3 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 4/y (T) 9 452a - 3 781a 2 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 8 797a -7 3 519a -7 3 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 6 944b -26 2 778b -26 4 S/2 d6 6d/7 l 2m/l 2 ET2,5% Pa(l) 6/y 6 450b -31 2 580b -31
5 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 9 050a -4 3 620a -4
6 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 7 493b -20 2 997b -20
7 Si2 d6 6d/7 l 2m/12 ET5% Pa(l) 6/y 6 784b -28 2 714b -28
Moyenne 7 853 -19 3 141 -19
GP : Gain de production ; les valeurs suivies de la même lettre ne sont pas significativement différents (test de
Duncan à 5 %).
32
1.1.2- Productivité de la saignée (g/a/s)
Tous les traitements donnent des productions de caoutchouc en g/a/s statistiquement
supérieures à celle du témoin (traitement 1; Tableau 5). Les traitements 2 et 3 dont les arbres
sont respectivement saignés tous les quatre et cinq jours donnent des productions
statistiquement identiques. Ces productions sont significativement inférieures à celles des
traitements 4, 5 et 6. Les productions de caoutchouc en g/a/s les plus élevées statistiquement
ont été obtenues avec le traitement 7.
Comparativement au témoin, la réduction de l'intensité de saignée entraîne des gains
moyens de production de caoutchouc en g/a/s allant de 24 à 27 %, de 23 à 33 % et de 36 à
42 % pour les arbres saignés respectivement tous les quatre, cinq et six jours (Tableau 5).
' 1.1.3- Productivité journalière du saigneur (kg/sgr/jr)
Le rendement moyen du saigneur (kg/sgr/jr) augmente avec la réduction de la
fréquence de saignée et l'augmentation de la concentration en matière active (Ethéphon) de la
pâte stimulante (Tableau 5). Tous les traitements donnent des rendements par saigneur
significativement supérieurs à celui du témoin.
Tableau 5 : Productivité moyenne de la saignée (g/a/s) et productivité moyenne journalière
du saigneur (kg/sgr) sur 3 ans avec le clone PB 260 d' Hevea brasiliensis à Gagnoa
No Traitements ou techniques de récolte du latex g/a/s Gpg/a/s kg/sgr GPkg/sgr 1 S/2 d3 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 4/y (T) 91c - 36c 2 S/2 d4 6d/7 ,2m/12 ET2,5% Pa(!) 6/y 113b 24 45b 24 3 S/2 d5 6d/7 12m/l 2 ET2,5% Pa( 1) 6/y 112b 23 45b 23 4 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(!) 6/y 124ab 36 50ab 36
1 •
5 S/2 d4 6d/7 l 2m/l 2 ET5% Pa( 1) 6/y l 16ab 27 46ab 27 6 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 121ab 33 48ab 33 7 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET5% Pa(!) 6/y 130a 42 52a 42
Moyenne 115 31 46 31
Les résultats affectés de la même lettre ne sont pas significativement différents (test de Duncan à 5 %) ; Gain de production.
33
1.2- Croissance végétative radiale des hévéas
Les accroissements moyens annuels de circonférence du tronc des arbres à l'issue des
différents traitements effectués sont statistiquement identiques. Toutefois, la croissance
végétative radiale des arbres augmente avec la réduction de la fréquence de saignée (Tableau
6).
Tableau 6 : Accroissements annuels de la circonférence ( cm/an) du tronc sur 3 ans du clone
PB 260 d'Hevea brasiliensis à Gagnoa
N° Traitements ou systèmes de récolte du latex
1 S/2' d3 6d/7 12m/12 ET2.5% ET Pa(l) 4/y (T)
2 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET2.5% ET Pa(l) 6/y
3 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET2.5% ET Pa(l) 6/y
4 S/2 d6 6d/7 l 2m/12 ET2.5% ET Pa(]) 6/y
5 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET5% ET Pa(l) 6/y
6 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET2.5% ET Pa(!) 6/y
7 S/2 d3 6d/7 12rn/12 ET2.5% ET Pa(l) 6/y
Accroissement (cm/an)
3,6 a
4,0 a
4,2 a
4,6 a
4,2 a
4,4 a
4,5 a
Les résultats affectés de la même lettre ne sont pas significativement différents (test de Duncan à 5 %).
2- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR L'ÉTAT
PHYSIOLOGIQUE ET SANITAIRE DU CLONE PB 260 D'HEVEA BRASILIENSIS A GAGNOA
2.1- Profil physiologique des hévéas
Le profil physiologique des arbres est évalué à travers les paramètres que sont : le taux
d'extrait sec (Ex.S) et les teneurs en saccharose (Sac.), en phosphore inorganique (Pi) et en
groupements thiols réduits (R-SH) du latex.
2.1.1- Taux moyens d'extrait sec du latex
Les taux moyens d'extrait sec du latex sont très élevés pour toutes les techniques de
récolte du latex y compris celui du témoin (Figure 7) au début et à la fin de l'expérimentation.
Ils sont statistiquement équivalents. Toutefois, ces taux connaissent une légère baisse en fin
d'expénmentation quel que soit le traitement.
34
2.1.2- Teneurs moyennes en saccharose du latex
Tous les traitements présentent des teneurs en saccharose moyennes en début
d'expérimentation. Au terme de l'expérimentation, il y a une augmentation de toutes les
teneurs moyennes en saccharose (Figure 8). Cependant, les teneurs des traitements 2 et 5
(saignés tous les quatre jours) restent moyennes.
Ex.S (Oo)
'80
-,o
60
,~o
4(1
J'(}
l(I
1(1
-0 T
1 d3 ET:'.,,:-00..Jiy (T) 2 d-l ET2 5° o 6ty 3 d5ET2,5°o6'y _.
d{, ET25°o{i'y " cl-J ET.'.'006 y 6 d5 ET.:-00 6 y
d6ET5°o6 y
•DEBVT
•FIN
2 _, J - Trattemeuts
Figure 7: Effet de la réduction de la fréquence de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale sur le taux d'extrait sec du latex du clone PB 260 d'Hevea brasiliensis
saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire.
35
Sacc. (m.mol. 1-1)
1.2
10
8
6 ,-.
" +- 2
{I
1: d3 ET2 5° o -tly f T ., d-t ET.?.5° o 6·\ 3 d5 ET2.5°o6'y
••• d6 ET:: 5°0 6.y ,. d-t ET5° o 6 y 6 d5 ET5°o6 y
d6 ET.:-<106 y
•DEBUT
•FIN
2 J 6 Traltemeuts
Figure 8: Effet de la réduction de la fréquence de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale sur la teneur en saccharose du latex du clone PB 260 d' Hevea
brasi/iensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte
d'Ivoire.
2.1.3- Teneurs moyennes en phosphore inorganique du latex
Les teneurs en Pi du latex sont en moyenne faibles pour tous les traitements et
statistiquement identiques entre elles au début et à la fin de l'expérimentation. Ces teneurs
connaissent, toutefois, une augmentation en fin d'expérimentation avec la réduction de la
fréquence de saignée et l'intensification de la stimulation hormonale (Figure 9).
2.1.4- Teneurs moyennes en composés thiols du latex
Au début de l'expérimentation, les teneurs en composés thiols du latex sont très faibles
pour tous les traitements et statistiquement identiques entre elles. A la fin de l'essai, il y a une
augmentation très significative de ces teneurs quel que soit le traitement. Les traitements 5 et
6 donnent des teneurs faibles. Les teneurs exprimées par les traitements 1 (témoin), 3, 4 et 7
sont moyennes. Seul le traitement 2 présente une teneur en composés thiols élevée (Figure
10).
36
Pi (m.mol.l')
u 12
10
8
6
1: cl3 ET2.5° o -l1y { T) .., . d-J ET2 5° o 6·y 3. d5 ET 2.5° o 6/y -J: d6 ET2.5° o 6/y .; d-J ET.:-0 0 61y 6 d5 ET.:-0 0 6:y
---- - d6 ET.:-0 0 6'y
2
0 T
• DCBUT
• FIN
l ;z 6
Figure 9: Effet de la réduction de la fréquence de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale sur la teneur en phosphore inorganique du latex du clone PB 260
d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest
de la Côte d'Ivoire.
R-SH (m.mol.I')
l 0.9 0.8 o. - 0.6
0.5 o.~ 03
0.2 0.1
0 -1
T 1 •• -_ 11~- :1 1 r 1
1: d3 ET2.5° o-J1y {T) ., . d-J ET2 5° o 6ty -~ . <l5 ET2 .5° o 6 y ._'.\
-J d6 ET2 5° o 6'y .; . d~ ET5°o6 y 6 d.5 ET.5° o fi ·y
cl6 ET5° o 61y
•DEBUT
•FIN
1 2 6
Figure 10: Effet de la réduction de la fréquence de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale sur la teneur en groupements thiols du latex du clone PB 260 d' Hevea
brasiliensis saigné de sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la
Côte d'Ivoire.
37
2.2- Sensibilité à l'encoche sèche des hévéas Les taux de Longueur d'Encoche Malade (LEM) sont faibles dans l'ensemble
(Tableau 7). Le traitement 1 (témoin) n'affiche aucun taux de LEM. Celui-ci donne un taux de
LEM statistiquement identique aux traitements de fréquence de saignée réduite. Toutefois, ces
derniers ont permis d'enregistrer des taux d'Encoche Malade.
Au terme de l'expérimentation, aucun traitement n'a donné d'arbres totalement secs.
Tableau 7: Taux de Longueur d'Encoche Malade (L.E.M., %) et d'arbres secs(%) du clone
PB 260 d'Hevea brasiliensis saigné de 2007 à 2010 en demi-spirale descendante au centre-
ouest de la Côte d'Ivoire
NO Traitements ou techniques de récolte du latex L.E.M(%) Arbres secs (%)
1 S/2 d3 6d/712m/12 ET2,5% Pa(l) 4/y (l') Oa 0
2 S/2 d4 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 6,5 a 0
3 S/2 d5 6d/7 12m/J2 ET2,5% Pa(l) 6/y 1,5 a 0
4 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET2,5% Pa(l) 6/y 4a 0
5 S/2 d4 6d/7 12ml 12 ET5% Pa( l) 6/y 1,2 a 0
6 S/2 d5 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 6a 0
7 S/2 d6 6d/7 12m/12 ET5% Pa(l) 6/y 5,5 a 0
Les résultats affectés de la même lettre ne sont pas significativement différents (test de Duncan à 5 %).
3- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR LA
CONSOMMATION D'ÉCORCE ET LA RENTABILITE DU CLONE PB 260
D'HEVEA BRASILIENSIS A GAGNOA
Les techniques de récolte du latex de fréquence de saignée réduite sont comparées, sur
la base de la consommation d'écorce et de la rentabilité, à la technique classique ou
traditionnelle de récolte du latex qui est utilisée comme référence.
38
3.1- Durée de vie économique des hévéas
Les consommations moyennes annuelles d'écorce ne sont pas conformes aux normes
usuelles. Elles se sont avérées assez élevées comparativement aux consommations normales
(Figure 11 ). Elles diminuent toutefois avec la réduction de la fréquence de saignée quelle que
soit la concentration en matière active (Ethéphon) de la pâte stimulante.
Cons . . ( c1Jl/a n)
19 î .a
18.~
18
-•- ab .-.~ Il b
1'7' t -- :::- -1- 1 16.~ --- 16 - - . . .
l _, -' -~
Figure 11 : Effet de la réduction de la fréquence
1. d3 ETZ.5° o -J,)" f T .,. d-t ET.::.5° o 6'y 3 . d5 ET:'. 5°o6'y -J cl6 ET:: 5° o 61y
"' d-J ET.'.'0 0 6'y 6 cl5 ET5°o6y
d6 ET.'.'0 o 6 'y
R
r
(i Trattemeuts
de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale sur la consommation moyenne annuelle d'écorce (cm/an) du clone PB
260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre
ouest de la Côte d'Ivoire.
3.2- Rentabilité des hévéas Le cotît journalier de la main-d'œuvre diminue avec la réduction de la fréquence de
saignée (Figure 12). Les marges bénéficiaires des techniques de récolte du latex testées sont
toutes positives pour un coût du kilogramme de caoutchouc fixé à 400 F CF A et celui de la
main-d' œuvre saigneur à 3000 F CF A la journée de travail. Cependant, tous les traitements à
fréquence de saignée réduite ont des marges bénéficiaires inférieures à celle du témoin
(traitement 1). La marge bénéficiaire a aussi diminué avec la réduction de la fréquence de
saignée (Figure 13).
39
3~0000 - l: <13 ETZ.5°0-l'}' {n .. ~ ..•. cU ETZ.5° o 6 y -
300000 • - - _,,. d5 ET:'..5° o 61y
1~ 1- -L d6 ET::'.5° o 6'y ,-
~ 2~0000 b "' d-l ET.:-0 0 6 y V 1-- 6. d5 ET.5°06 y :::;. .200000 '(.: ( - d6 ET.:-00 6y ('"\ • • - d d :2 1~0000 r._;
100000
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0 l 2 ,l 4 ~ 6 ':" Truttemeu ts
Figure 12: Evolution du coût journalier de la maln-d'œuvre saigneur en fonction des
techniques de récolte du latex testées sur le clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3
ans en demi-spirale descendante à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire.
2~00000
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T
l 2 6
Figure 13 : Evolution des marges bénéficiaires en fonction des techniques de récolte du latex
testées sur le clone PB 260 d' Hevea brasiliensis saigné sur 3 ans en demi-spirale descendante
à Gagnoa, au centre-ouest de la Côte d'Ivoire.
40
' QUATRIEME PARTIE:
DISCUSSION
41
1- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR LA
PRODUCTION DE CAOUTCHOUC ET LA CROISSANCE VÉGÉTATIVE 1
RADIALE DU CLONE PB 260 D'HEVEA BRASILIENSIS A GAGNOA
Les traitements à fréquence de saignée réduite ont donné des productions moyennes
annuelles inférieures à celle du témoin saigné en d3 (tous les trois jours). Ceci s'explique par
la corrélation positive entre la fréquence de saignée et la production de caoutchouc chez
l'hévéa. En effet, plus l'hévéa est saigné, plus sa production de caoutchouc est importante
(OBOUA YEBA et BOA, 1993). La réduction de la fréquence de saignée, en particulier la
saignée en d4 (traitements 2 et 5), permet d'obtenir des niveaux de production à l'arbre et à
l'hectare comparables à ceux du témoin (SOUMAHIN, 2003; OBOUA YEBA et al., 2006).
L'augmentation de l'intensité de la stimulation et de la concentration en matière active de la
pâte stimulante (de 4/y à 6/y et de 2,5 à 5 % ET.) a été donc suffisante pour minimiser les
pertes de production de caoutchouc occasionnées par la réduction de la fréquence de saignée.
En effet, la stimulation hormonale de la production permet de doubler voire tripler la
production de caoutchouc (COMPAGNON, 1986). En outre, les plus faibles productions
annuelles de caoutchouc ont été enregistrées avec les traitements 4 et 7 (arbres saignés en d6)
quelle que soit la concentration en matière active de la pâte stimulante. Ces résultats sont en
accord avec ceux de BOUYCHOU (1962) et d'OBOUA YEBA et BOA (1993) qui ont montré
que la fréquence de saignée doit être suffisante pour que la production tende vers le potentiel
des arbres. En effet, en deçà d'un certain rythme, le prolongement du délai entre deux
saignées consécutives influence négativement le temps d'écoulement et donc la production.
Les fréquences de saignée réduites en d4 se révèlent donc plus efficaces que celles en d5 et en
d6 dans l'expression de la productivité du clone PB 260. Ces résultats confirment le fait que le
métabolisme de la production de caoutchouc du clone PB 260 est actif et ne peut, donc,
s'accommoder, comme le clone PB 235 (OBOUA YEBA et BOA, 1993), d'une trop forte
réduction de la fréquence de saignée.
Par ailleurs, la production à l'arbre et à la saignée est nettement améliorée par la
réduction de la fréquence de saignée. En effet, la prolongation de la durée entre deux saignées
consécutives permet une meilleure régénération du contenu des laticifères conduisant à une
amélioration de la production à l'arbre et à la saignée (JACOB et al., 1995a).
Les systèmes de saignée de fréquence réduite ont permis de rehausser le rendement du
saigneur par rapport au témoin. Cela s'explique par le fait que, d'une part, en fréquence de
saignée réduite, la production de caoutchouc à l'arbre et à la saignée est améliorée et, d'autre
42
part, le nombre d'alternances qui permet un temps de régénération suffisant est plus important
qu'en saignée classique (tous les trois jours). Ces résultats sont en conformité avec ceux de
SOUMAHIN (2010).
Les arbres saignés à fréquence réduite présentent des accroissements plus importants
comparativement au témoin (saignée en d3). La diminution de la fréquence de saignée
entraîne une augmentation de l'accroissement de circonférence quelle que soit l'intensité de la
stimulation hormonale. Le potentiel de croissance étant négativement corrélé avec la
production de caoutchouc (GOHET, 1996), l'impact dépressif de la production sur la
croissance sera d'autant plus important que le potentiel de croissance est élevé et vice versa
(OBOUA YEBA et al., 2002). En effet, une forte compétition pour les assimilats
photosynthétiques est engagée entre la croissance végétative et la production de caoutchouc
(TEMPLETON, 1969). Ainsi, pour les arbres de fréquence de saignée réduite, les assimilats
photosynthétiques sont assez suffisants pour assurer, simultanément et convenablement,
production de caoutchouc et croissance végétative d'où les accroissements de circonférence plus impprtants observés chez ceux-ci.
2- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR L'ÉTAT
PHYSIOLOGIQUE ET SANITAIRE DU CLONE PB 260 D'HEVEA
BRA~ILIENSIS A GAGNOA
Les taux moyens d'extrait sec du latex sont très élevés pour tous les systèmes de
récolte du latex au début et à la fin de l'expérimentation. Ces taux traduisent la forte activité
métabolique de régénération qui est caractéristique du clone PB 260. Cette activité des
traitements de fréquence de saignée réduite, bien que statistiquement identique, est plus
importante que celle du témoin. En effet, la reconstitution du stock de latex prélevé par la 1 • '
saignée précédente demande un certain délai (COMPAGNON, 1986; LACROTTE, 1991).
Plus ce délai est long, plus la reconstitution est importante et plus le taux d'extrait sec est élevé.
Les taux d'extrait sec du latex des traitements connaissent, de façon générale, une
diminution lorsqu'on intensifie la stimulation hormonale (de 2,5 à 5% ET; (GOHET, 1996). 1
Cette chute du taux d'extrait sec s'explique par le fait que la stimulation hormonale induit un
accroissement des transferts hydriques au sein des tissus laticifères (LA CROTTE, 1991 ). Ce
processus conduit à une dilution à terme du latex qui est à l'origine des taux de moins en
moins élevés d'extrait sec.
43
Les teneurs en saccharose plus élevées au terme de l'expérimentation indiquent un bon 1
approvisionnement des laticifères en relation avec la productivité des hévéas (V AN DE
SYPE, 1984 ). En effet, cette teneur est le reflet de l'activation du métabolisme laticigène car
le saccharose est la matière première de la biosynthèse isoprénique (OBOUA YEBA et al.,
2006). La teneur moyenne en saccharose des traitements en d4 stimulés à 2,5 % ET et en d4
stimulés à 5 % ET, comparativement au témoin, indique une utilisation accrue de ce sucre 1
dans le métabolisme isoprénique. En effet, plus la teneur en saccharose est faible, plus son
utilisation est importante et plus la fonction laticigène est efficace et productive (GOHET,
1996). Aussi, l'intensification de la stimulation hormonale se traduit-elle effectivement, quel
que soit le clone, par une chute de la teneur en saccharose intralaticifère du fait de l'activation
de l'anabolisme et par conséquent d'une accélération de la glycolyse.
Les teneurs en phosphore inorganique, en général, faibles au début et à la fin de
l'essai, augmentent avec la réduction de fréquence de saignée et l'intensification de la
stimulation hormonale. Cette augmentation peut être attribuée à l'intensification de la
stimulation hormonale qui provoque l'activation du métabolisme de régénération des cellules
laticifères. En effet, la concentration en phosphore inorganique reflète effectivement
l'intensité du métabolisme laticigène (GOHET, 1996).
Le très faible niveau des teneurs en groupements thiols du latex en début
d'expérimentation est l'expression d'un début d'amenuisement de la protection biologique
des laticifères et de la stabilité du latex (CHRESTIN, 1984). Ceci suggère une exploitation
intensive des arbres avant la mise en place de l'essai. A la fin de l'expérimentation, la forte
augmentation des teneurs en thiols semble traduire une régénération de ces derniers grâce à la
dégradation du sucre intralaticifère (DIAN et al., 1999). En effet, la dégradation de ce dernier
fournit l'énergie et le pouvoir réducteur nécessaires à la régénération des thiols. Les teneurs 1
en thiols des traitements en d4, d5 et d6 (stimulés à 2,5 % ET) sont supérieures à celle du
témoin au terme de l'expérimentation. Cependant, l'intensification de la stimulation
hormonale (de 2,5 à 5 % ET) entraîne, quelle que soit la fréquence de saignée, une baisse de
la teneur en thiols comparativement au témoin. L'augmentation de la stimulation conduit,
donc, à un stress de plus en plus intense, se traduisant par une fragilisation des systèmes
protecteurs et aboutissant à la fatigue physiologique (GOHET, 1996). En effet, les thiols (R
SH) reflètent le potentiel antioxydant du latex ; ils permettent de lutter contre les phénomènes
de sénescence générés par des mécanismes d'oxydation d'autant plus actifs que l'activité
métabolique est intense (SERRES et al., 1994).
44
Les taux d'encoche malade et d'arbres totalement secs sont, en général, faibles. Le
témoin (d3 ET 2,5 % 4/y) n'a enregistré aucun taux de longueur d'encoche malade.
Cependant, la réduction de la fréquence de saignée avec augmentation du régime de la
stimulation (de 4/y à 6/y et de 2,5 à 5 % ET) a une incidence négative sur le taux d'encoche
malade. Ce résultat est conforté par celui de CHRESTIN (1985), qui a montré que le taux
d'encoche sèche 'augmente avec la fréquence de la stimulation. En effet, l'encoche sèche est
généralement causée par la surexploitation des arbres. Le PB 260, clone à métabolisme actif,
supporte moins bien l'intensification de la stimulation hormonale d'où l'augmentation du taux
d'encoche sèche.
3- EFFET DE LA RÉDUCTION DE LA FRÉQUENCE DE SAIGNÉE ET
L'INTENSIFICATION DE LA STIMULATION HORMONALE SUR LA DURÉE
DE VIE ÉCONOMIQUE ET LA RENTABILITÉ DU CLONE PB 260 D'HEVEA
BRASILIENSIS
Les techniques de récolte du latex de fréquence de saignée réduite induisent de
meilleures consommations d'écorce comparativement à la technique classique de récolte du
latex (SOUMAHIN, 2003). Les économies théoriques d'écorce s'élèvent à 13 % pour la
saignée en d4, à 17 % pour la saignée en d5 et à 29 % pour la saignée en d6 prolongeant ainsi
la durée de vie économique des hévéas de 6 à 13 ans environ. Cependant, les économies
d'écorce qui ont été rendues possibles grâce aux traitements de fréquence de saignée réduite
sur le clone PB 260 sont de l'ordre de 4, 7 et 8 % en moyenne respectivement en saignée tous
les quatre, cinq et six jours. Ces traitements permettent ainsi de prolonger la durée de vie
économique des arbres de 4 à 8 % (environ 2 à 4 ans) comparativement au témoin (en saignée
tous les trois jours). Ces résultats sont largement en deçà de ceux obtenus, sur le clone GTl à
Bonoua et à Béttié, par SOUMAHIN (2010) qui ont enregistré une économie d'écorce de 13 à
25 % soit 6 à 1.2 ans environ. Cette différence assez marquée des résultats pourrait être
attribuée à la qualité des saignées (excès de consommation d'écorce) réduisant ainsi la durée
de vie économique des hévéas. De ce fait, les résultats attendus par l'adoption de techniques
de récolte du latex de faibles fréquences de saignée ne pourraient être obtenus qu'avec une
main-d' œuvre qualifiée.
Le coût de la main-d' œuvre saigneur diminue avec la réduction de la fréquence de
saignée. Ceci est due au fait que le nombre de journées de travail du saigneur se trouve réduit.
Les marges bénéficiaires sont toutes positives pour une rémunération journalière du saigneur
fixée à 3000 F CF A. En effet, dans le cas d'une compensation des besoins en main-d'œuvre
45
saigneur par la réduction de la fréquence de saignée accompagnée par la stimulation, les
marges bénéficiaires sont plus importantes avec le mode de paiement par journée de travail
que par rendement; cela quelle que soit la technique de récolte du latex (SOUMAHIN, 2010).
Les marges bénéficiaires du témoin ( en d3 et 2,5% ET) sont comparables à celles des
traitements 2 (en d4 et 2,5% ET) et 5 (en d4 et 5% ET). Le gain économique de main-d'œuvre
généré par ces traitements (25 % ) permet donc de combler les pertes de production de 7 %
pour le traitement 2 et de 4 % pour le traitement 5 qu'ils engendrent. Les pertes de production
occasionnées par les autres techniques de récolte du latex de fréquence de saignée réduite,
comparativement au témoin, sont trop importantes pour être compensées par les économies de
main-d'œuvre, C'est la raison pour laquelle ils sont moins rentables que le témoin. Toutefois,
ces traitements permettent d'enregistrer des économies de main-d' œuvre de l'ordre de 3 7 à
50 % ; ceci peut ainsi constituer une solution au problème de la disponibilité de la main
d 'œuvre saigneur.
46
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
47
Nos travaux sur le clone PB 260 ont montré que le problème de la disponibilité de la
main-d'œuvre saigneur en hévéaculture peut être résolu par l'adoption de techniques de
récolte du latex de fréquences de saignée réduites compensées par la stimulation hormonale.
En effet, les faibles fréquences de saignée (d4, d5 et d6) induisent des productions à l'arbre et
à l'hectare inférieures ou égales à celles de la saignée classique (d3). Les pertes de
productions de caoutchouc sont de l'ordre de 4 à 31 %, de la saignée tous les quatre jours à la
saignée tous les six jours quelle que soit l'intensification de la stimulation hormonale.
La réduction de la fréquence de saignée améliore la production de caoutchouc à l'arbre
et à la saignée comparativement à la technique classique. La réduction de la fréquence de
saignée augmente, aussi, le rendement du saigneur (24 à 42 %).
En outre, les fréquences de saignée réduites favorisent une meilleure croissance
végétative radiale des arbres quelle que soit l'intensité de la stimulation hormonale. Par
ailleurs, la réduction de l'intensité de saignée, compensée par l'intensification de la
stimulation hormonale, n'a pas d'influence significative sur les paramètres physiologiques du
latex du clone PB 260 d' Hevea brasiliensis. Toutefois, elle induit une augmentation du taux
moyen d'extraits sec du latex par rapport au témoin et une diminution lorsqu'on intensifie la
stimulation hormonale (2,5 à 5% ET). L'intensification de la stimulation hormonale (2,5 à 5
% ET) entraîne, . quelle que soit la fréquence de saignée, une baisse de la teneur en thiols, . '
signe d'une fatigue physiologique. La réduction de la fréquence de saignée avec augmentation
du régime de la stimulation ( 4/y à 6/y et 2,5 à 5 % ET) a une incidence négative sur le taux de
longueur d'encoche malade des hévéas.
Les techniques de récolte du latex de fréquence de saignée réduite induisent de faibles
consommations d'écorce comparativement à la technique classique de récolte du latex et
permettent, ainsi, de prolonger notablement la durée de vie économique des arbres de 2 à 4
ans. Toutefois, elle peut être améliorée par l'utilisation d'une main-d'œuvre qualifiée.
Les marges bénéficiaires obtenues avec la fréquence de saignée tous les trois jours sont
comparables à celles obtenues avec réduction de fréquence de saignée notamment la saignée
en d4 avec des stimulations à la concentration de 2,5 et 5 % ET. Le gain économique de main
d'œuvre généré par ces traitements (25 %) permet donc de combler les pertes de production
qu'ils engendrent. Toutefois, les saignées tous les cinq et six jours permettent d'enregistrer
des économies de main-d'œuvre de l'ordre de 37 à 50 % pouvant ainsi constituer une solution
au problème de la disponibilité de celle-ci.
L'utilisation des techniques de récolte du latex d'intensité de saignée réduite se fera
selon la sévérité de la rareté de la main-d' œuvre saigneur. Ainsi, on utilisera :
48
./ la saignée en S/2 d4 lors d'une rareté faible (évaluée à 25 % d'économie de main
d'œuvre);
./ la saignée en S/2 d5 lors d'une rareté moyenne (évaluée à 37,5 % d'économie de main
d'œuvre);
./ 1~ saignée en S/2 d6 lors d'une rareté forte (évaluée à 50 % d'économie de main
d'œuvre).
Cette étude qui met en évidence la faisabilité des techniques de récolte du latex de
fréquences de saignée réduites mérite, cependant, d'être approfondie. En effet, les
investigations suivantes peuvent être réalisées :
./ étendre cette étude aux clones de la classe d'activité métabolique lente ;
./ étudier la réduction de longueur de l'encoche de saignée compensée par
l'augmentation de l'intensité de la stimulation afin de pallier à la pénurie de la main
d' œuvre __ saigneur.
1 '
49
, ,
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ANNEXE
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ANNEXE 1: Seuils des quatre paramètres physiologiques les plus importants du latex
(JACOB et al., 1987)
ExS (%) Sac (mM) Pi (mM) R-SH(mM)
Très élevé >43 > 12 >25 > 0.90
Elevé 38 à43 9 à 12 20 à 25 0.80 à 0.90
Moyen 33 à 38 6à9 15 à 20 0.60 à 0.80
Faible 29 à 33 4à6 10 à 15 0.50 à 0.60
Très faible s29 s4 s 0.50
ANNEXE 2 : Calcul de l'intensité de saignée (IS)
Deux modes de calcul existent :
- l " mode : faire le rapport entre le nombre théorique de saignées du système considéré et
celui du système standard (S/2 d2), multiplié par deux et par la longueur de l'encoche
(exprimé en fraction de spirale).
Exemple : S/2 d3 6d/7 1 Orn/12
IS = 2 x 1/2 x 87/182 x 100 = 48 %
(Saignées théoriques: 87 avec la fréquence d3 6d/7 lOrn/12 et 182 avec la fréquence d2).
- 2è mode : Multiplier par 400 toutes les fractions de la notation du système de saignée.
Exemple : S/2 d3 6d/7 1 Orn/12
IS = 400 x 1/2 x 1/3 x 6/7 x 10/12 = 48 %.
59
RÉSUMÉ
L'hévéaculture demeure encore confrontée au problème de la rareté de main-d'œuvre saigneur qualifiée malgré une importante réduction de l'intensité de saignée grâce aux techniques de récolte du latex de plus en plus performantes. Pour y faire face, des travaux permettant d'optimiser les techniques de récolte du latex par une réduction plus importante des besoins en main-d'œuvre saigneur afin d'améliorer la productivité ont été conduits en Côte d'Ivoire. Ces travaux visent à aider l'hévéaculteur à résoudre le problème de la disponibilité de la main-d'œuvre saigneur par la réduction de ces charges de récolte du latex et 1 'augmentation de sa marge bénéficiaire. Pour ~ faire, une étude a été menée avec le clone PB 260 d' Hevea ·brasiliensis, à Gagnoa dans le centre-ouest du pays, à partir de système de fréquence de saignée réduite comparé au système classique de récolte du latex. Les résultats ont montré que les faibles fréquences de saignée ( d4, d5 et d6) induisent des productions à l'arbre et à l'hectare inférieures ou égales à celles de la saignée classique (d3). Ces systèmes de fréquence de saignée réduite n'ont pas d'incidence négative sur l'état végétatif, physiologique et sanitaire des arbres. Ils offrent au contraire l'avantage de réduire la consommation d'écorce, donc de prolonger de 2 à 4 ans la durée de vie économique des hévéas et d'améliorer la productivité du saigneur. Tout en réduisant les besoins en saigneurs jusqu'à 50 %, ces systèmes assurent une augmentation substantielle des revenus des saigneurs et des planteurs. Ils constituent une solution efficace au problème de la disponibilité et/ou de la cherté de la main-d'œuvre saigneur en hévéaculture.
Mots-clés : Hevea brasiliensis, technique de récolte du latex, fréquence de saignée réduite, main-d'œuvre saigneur, Côte d'Ivoire.
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ABSTRACT
Rubber production is still faced with the problem of availability of skilled tapping manpower despite a significant reduction in the intensity of tapping due to latex harvesting techniques more efficient. To cope, work to optimize harvesting techniques latex by a greater reduction in labor requirements tapper toimprove productivity were conducted in Côte d'Ivoire. This work aims to help rubber tree farmers to solve the problem of the availability of tapping manpower by reducing the costs of harvesting latex and increase its profit margin. To do this, a study was conducted with the clone PB 260 of Hevea brasiliensis , in Gagnoa in the center west of the country, from system frequency reduced tapping compared to the classical system of harvesting latex. The results showed that the low frequency of tapping ( d4, d5 and d6) induce the production tree and per hectare less than or equal to those of the classical tapping (d3). Such systems tapping reduced frequency have no négative impact on the vegetative . state, and physiological health of the trees. They offer instead the advantage of reducing the consumption of bark, so to exten~ 2 to 4 years the economic life of the rubber and improve productivity tapper. While reducing the need for tappers to 50%, these systems provide a substantial increase in, income tappers and farmers. They are an effective solution to the problem of availability and / or the high cost of tapping manpower in rubber.
Keywords : Hevea brasiliensis latex harvesting technique, frequency of tapping reduced, tapping manpower, Côte d'Ivoire.