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Mémoire de source, propension à halluciner et psychose : Identification de marqueurs cognitifs et cliniques chez une population à haut risque génétique Thèse Marie-Anne Gariépy Doctorat en psychologie – Recherche et intervention (orientation clinique) Philosophiae doctor (Ph.D.) Québec, Canada © Marie-Anne Gariépy, 2016

Mémoire de source, propension à halluciner et psychose

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Mémoire de source, propension à halluciner et

psychose : Identification de marqueurs cognitifs et

cliniques chez une population à haut risque

génétique

Thèse

Marie-Anne Gariépy

Doctorat en psychologie – Recherche et intervention (orientation clinique)

Philosophiae doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

© Marie-Anne Gariépy, 2016

iii

Résumé

Les déficits cognitifs sont centraux à la psychose et sont observables plusieurs années avant

le premier épisode psychotique. L’atteinte de la mémoire épisodique est fréquemment

identifiée comme une des plus sévères, tant chez les patients qu’avant l’apparition de la

pathologie chez des populations à risque. Chez les patients psychotiques, l’étude

neuropsychologique des processus mnésiques a permis de mieux comprendre l’origine de

cette atteinte. Une altération des processus de mémoire de source qui permettent d’associer

un souvenir à son origine a ainsi été identifiée et a été associée aux symptômes positifs de

psychose, principalement aux hallucinations. La mémoire de source de même que la

présence de symptômes sous-cliniques n’ont pourtant jamais été investiguées avant

l’apparition de la maladie chez une population à haut risque génétique de psychose (HRG).

Or, leur étude permettrait de voir si les déficits en mémoire de source de même que le vécu

d’expériences hallucinatoires sont associés à l’apparition de la psychose ou s’ils en

précèdent l’émergence, constituant alors des indicateurs précoces de pathologie. Afin

d’étudier cette question, trois principaux objectifs ont été poursuivis par la présente thèse :

1) caractériser le fonctionnement de la mémoire de source chez une population HRG afin

d’observer si une atteinte de ce processus précède l’apparition de la maladie, 2) évaluer si

des manifestations sous-cliniques de symptômes psychotiques, soit les expériences

hallucinatoires, sont identifiables chez une population à risque et 3) investiguer si un lien

est présent entre le fonctionnement en mémoire de source et la symptomatologie sous-

clinique chez une population à risque, à l’instar de ce qui est documenté chez les patients.

Les résultats de la thèse ont permis de démontrer que les HRG présentent une atteinte de la

mémoire de source ciblée à l’attribution du contexte temporel des souvenirs, ainsi que des

distorsions mnésiques qui se manifestent par une fragmentation des souvenirs et par une

défaillance de la métacognition en mémoire. Il a également été observé que les expériences

hallucinatoires sous-cliniques étaient plus fréquentes chez les HRG. Des associations ont

été documentées entre certaines distorsions en mémoire et la propension à halluciner. Ces

résultats permettent d’identifier de nouveaux indicateurs cliniques et cognitifs du risque de

développer une psychose et permettent de soulever des hypothèses liant l’attribution de la

source interne-externe de l’information et le développement de la maladie. Les implications

empiriques, théoriques, méthodologiques et cliniques de la thèse sont discutées.

v

Abstract

Cognitive deficits are at the core of psychosis and are observed before the onset of the

disease. Episodic memory deficits are frequently reported to be among the most severe

impairments, both in patients and in at risk populations. In psychotic patients, a refined

analysis of episodic memory within a neuropsychological framework allowed for a better

understanding of the specific altered processes. Previous studies of psychotic patients

showed dysfunctions of source memory processes, which are responsible for the attribution

of memories to their specific origin, that were associated with psychotic positive

symptoms, especially hallucinations. However, source memory processes and subclinical

hallucinatory-like experiences have never been studied before the onset of psychosis in

offspring at genetic high risk of psychosis (GHR). It is still unknown if source memory

alterations and subclinical symptoms appear at the onset of psychosis or if they precede it,

therefore being an early marker of risk. To address this issue, three main objectives were

pursued in the present thesis: 1) to examine if an alteration of source memory precede the

onset of psychosis by characterizing source memory functioning in GHR, 2) to assess if

subclinical hallucinatory-like experiences are present in this at-risk population and 3) to

evaluate if source memory and hallucinatory experiences are associated in a GHR

population, as seen in patients. Findings of the thesis showed that GHR have impaired

source memory functioning, specifically in the retrieving of the temporal context of

souvenirs, and present memory distortions as showed by an alteration in the binding of

memories and in metacognition processes. It was also observed that GHR experience

hallucinatory-like experiences more frequently than controls. Associations were found

between hallucination proneness and distortions in source memory. Those results contribute

to the identification of new cognitive and clinical markers of psychosis and suggest a

specific association between the attribution of internal-external source of information and

the development of psychosis. Empirical, theoretical, methodological and clinical

contributions of this thesis are discussed.

vii

Table des matières

Résumé ........................................................................................................................................... iii

Abstract ........................................................................................................................................... v

Table des matières ....................................................................................................................... vii

Liste des tableaux .......................................................................................................................... ix

Liste des figures ............................................................................................................................. xi

Liste des abréviations ................................................................................................................. xiii

Remerciements ............................................................................................................................. xv

Avant-propos ............................................................................................................................... xix

Introduction générale .................................................................................................................... 1

1. Fonctionnement cognitif des patients présentant un trouble psychotique .......................... 3

2. Identification des marqueurs cognitifs liés au risque de développer une psychose ............ 5

3. Mémoire de source et psychose .............................................................................................. 11

3.1 Modèle de mémoire de la source ........................................................................................ 12

3.2 Dysfonctionnements de la mémoire de source dans la psychose ........................................ 14

3.2.1 Mémoire de source chez les patients psychotiques ................................................... 14

3.2.2 Mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose. ....................... 17

3.3 Population générale, expérience hallucinatoire et mémoire de source. .............................. 19

3.4 Modèle intégratif des hallucinations ................................................................................... 23

4. Principaux constats et limitations .......................................................................................... 26

5. Objectifs et hypothèses ............................................................................................................ 27

6. Structure de la thèse ................................................................................................................ 29

CHAPITRE II Mémoire et psychose : Les altérations de la mémoire de source précèdent

l’éclosion de la psychose chez des jeunes à haut risque génétique de psychose ............ 31

Résumé .......................................................................................................................................... 33

CHAPITRE III Associations entre expériences hallucinatoires sous-cliniques et

distorsions en mémoire de source chez des jeunes à haut risque génétique de

psychose ............................................................................................................................... 63

Résumé .......................................................................................................................................... 65

CHAPITRE IV Discussion générale .............................................................................................. 93

1. Contributions empiriques ....................................................................................................... 96

1.1 Caractérisation de la mémoire de source ............................................................................ 96

1.1.2 Comparaison entre HRG et patients psychotiques .................................................... 99

1.2 Propension à halluciner ..................................................................................................... 104

viii

1.3 Mémoire de source et symptomatologie ............................................................................ 108

2. Contributions méthodologiques ............................................................................................ 112

2.1 Utilité des tâches expérimentales ...................................................................................... 112

2.2 Impact du sexe sur le fonctionnement de la mémoire de source ....................................... 113

2.3 Comparaison des troubles schizophréniques et bipolaires ................................................ 114

3. Contributions théoriques ....................................................................................................... 117

3.1 Modèle de mémoire de source ........................................................................................... 117

3.1.1 Développement normal de la mémoire de source. .................................................. 117

3.1.2 Dissociation des processus en mémoire de source. ................................................. 119

3.1.3 Architecture des processus de mémoire de source .................................................. 123

3.2 Vers une hypothèse développementale des hallucinations ................................................ 125

3.3 Trajectoire développementale de psychose. ...................................................................... 128

3.4 Sensibilité et spécificité du profil en mémoire de source .................................................. 131

3.5 Candidature en tant qu’endophénotype. ............................................................................ 132

3.6 Conceptualisation de la psychose ...................................................................................... 133

4. Contributions cliniques .......................................................................................................... 135

4.1 Outils et considérations pour le neuropsychologue clinicien ............................................ 135

4.2 Pistes en remédiation cognitive ......................................................................................... 136

4.3 Considérations pour les équipes en psychiatrie. ................................................................ 137

5. Principaux constats, limites et perspectives futures ............................................................ 140

Conclusions ................................................................................................................................. 143

Références ................................................................................................................................... 145

Annexe A : Distributions des données individuelles en mémoire de source selon le

groupe ................................................................................................................................ 159

Annexe B : Performances en mémoire de source chez les HRG en fonction de la

présence d’un risque clinique de psychose ..................................................................... 163

Annexe C : Propension à halluciner chez les 18-25 ans .......................................................... 169

Annexe D : Comparaison des performances en mémoire de source chez les HRG en

fonction du diagnostic du parent atteint ......................................................................... 173

Annexe E : Hypothèses de modélisation des trajectoires développementales de

mémoire de source en psychose ....................................................................................... 179

Annexe F : Modèle des hallucinations d’Aleman et Laroi (2008) .......................................... 183

Annexe G: Launay-Slade Hallucination Scale (LSHS) – Version française ........................ 187

Annexe H : Questionnaire PQ-16 ............................................................................................. 199

ix

Liste des tableaux

CHAPITRE II

Table 1. Sociodemographic data and global IQ .................................................................... 58

CHAPITRE III

Table 1. Sociodemographic data for offspring and controls ................................................. 87

Table 2. Distribution of current clinical diagnoses among offspring ................................... 88

Table 3. LSHS scores between GHR and controls (mean±SD) ........................................... 89

Table 4. Distribution of participants reporting any hallucinatory experience on LSHS

visual/verbal hallucination factors ............................................................................... 90

Table 5. Source memory performances between offspring with low hallucination proneness

(HP-; N=15) and high hallucination proneness (HP+; N=12)1 ................................... 91

ANNEXES

Tableau B 1. Caractéristiques cliniques et socio-démographiques des HRG à risque clinique

de psychose (HRG-C) comparativement aux HRG sans risque clinique connu. ...... 165

Tableau B 2. Comparaison des performances en reconnaissance et en attribution de

l’origine entre les HRG à risque clinique de psychose (HRG-C; N=6)

comparativement aux HRG sans risque clinique connu (N=21). .............................. 166

Tableau D 1. Variables sociodémographiques des jeunes à haut risque génétique selon le

diagnostic du parent atteint. ....................................................................................... 175

Tableau D 2. Comparaison des performances en mémoire de source entre les jeunes à haut

risque génétique selon le diagnostic du parent atteint. .............................................. 176

xi

Liste des figures

CHAPITRE II

Figure 1. Discrimination Index (PR) for origin (source and temporal context) attribution

between groups (Mean ± SD) ...................................................................................... 59

Figure 2. Proportion of recognized words for which both source and temporal context were

correctly attributed (Mean ± SD) ................................................................................ 60

Figure 3. Proportion of erroneous answers among those scored with high confidence (KCI

Index) in a) recognition, and b) temporal context attribution (Mean ± SD) ............... 61

ANNEXES

Figure A 1. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de mémoire

centrale (Indice de discrimination (PR) en reconnaissance, en attribution de la source

et en attribution du contexte temporel). ..................................................................... 161

Figure A 2. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de

distorsions mnésiques (Unification des représentations en mémoire (Binding);

Métacognition (Indice KCI de corruption des connaissances) en reconnaissance et en

attribution du contexte temporel). ............................................................................. 161

Figure B 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice

de discrimination de la source) et du contexte (Indice de discrimination contexte). 167

Figure C 1. Score total de propension à halluciner au LSHS selon le groupe chez les

participants âgés de 18 ans et plus. ............................................................................ 171

Figure D 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice

de discrimination de la source). ................................................................................. 177

Figure E 1. Modélisation des trajectoires développementales de la mémoire de source chez

des jeunes à haut risque génétique ............................................................................ 181

xiii

Liste des abréviations

ANOVA Analysis of variance

BR Response bias index

DSM-IV-TR Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth

Edition – Text revised

DSM-5 Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fifth Edition

FAR False Alarm Rate

HR Hit Rate

CHR/HRC Clinical high risk / Haut risque clinique

GHR/HRG Genetic high risk / Haut risque génétique

HRG-C Haut risque génétique ayant également un risque clinique

HP+ Propension à halluciner élevée

HP- Propension à halluciner faible

IQ/QI Intellectual quotient/Quotient intellectuel

K-SADS-PL Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age

Children-Present and Lifetime Version

KCI Knowledge Corruption Index

LSHS Launay-Slade Hallucination Scale

PQ-16 Prodromal Questionnaire – 16 questions

PR Discrimination Index

SCID Structured Clinical Interview for DSM

SD/ET Standard deviation/Écart-Type

SOFAS Social and occupational functioning assessment scale

WAIS-III Wechsler Adult Intelligence Scale – Third edition

WASI Wechsler Abbreviated Scale of Intelligence

WISC-IV Wechsler Intelligence Scale for Children – Fourth edition

xv

Remerciements

La réalisation de cette thèse n’aurait été possible sans la présence et le support de

nombreuses personnes que je souhaite remercier sincèrement pour leur soutien inestimable

tout au long des années investies à la réalisation de mon doctorat.

Merci d’abord aux participants de la présente thèse et à leur famille pour leur généreuse

collaboration et leur ouverture à contribuer à la recherche malgré les difficultés parfois

présentes sur leur parcours. Cette thèse n’aurait pu être réalisée sans votre apport. Vous

avez toute ma reconnaissance.

Je tiens à remercier sincèrement Nancie Rouleau, directrice de la thèse, pour votre soutien,

vos conseils et votre confiance tout au long de ce parcours. Merci de m’avoir fait découvrir

et aimer profondément ce magnifique domaine qu’est la neuropsychologie pédiatrique;

votre passion est contagieuse! Vos réflexions scientifiques, théoriques et cliniques toujours

justes auront eu un apport significatif à la réalisation de ma thèse, certes, mais ont surtout

fait de moi une meilleure clinicienne et scientifique. Merci pour tout.

Merci également à Caroline Cellard et Nathalie Gingras, membres du comité de thèse, pour

vos réflexions et vos commentaires toujours constructifs. Vos regards aiguisés et nos

discussions toujours intéressantes auront assurément contribué à parfaire la thèse présentée.

Merci également aux membres qui se sont ajoutés au jury de thèse, Carol Hudon et Frank

Laroi, pour vos précieux commentaires sur le travail accompli.

À toute l’équipe du Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de

Québec (CRIUSMQ), mille mercis. Merci au Dr. Michel Maziade pour votre passion pour

la recherche et pour votre appui à la réalisation de la thèse. Un immense merci à Elsa

Gilbert, pour ton support dans la mise en place de ce projet, pour ton écoute, tes conseils et

ton mentorat. Merci à Valérie Beaupré-Monfette pour ton soutien inestimable dans la

coordination du recrutement. La réalisation de mon projet aurait été moins aisée sans nos

nombreux coups de fil et sans ta bonne humeur! Merci à toute l’équipe clinique, Linda,

Marie-Claude, Joanne et Louise pour le support dans l’évaluation clinique des jeunes à

xvi

risque. Merci à Frédéric, Sonya, Denise et Sylvie pour le soutien administratif et technique.

Merci finalement à la direction du centre de recherche pour la mise en place d’un milieu de

recherche aussi stimulant et supportant pour les étudiants gradués.

Je remercie le centre thématique de recherche en neurosciences (CTRN) pour le support

financier offert via l’octroi d’une bourse doctorale pendant la rédaction de la thèse, qui

m’aura permis pendant un an de m’investir complètement dans l’avancement de mes

travaux.

Merci à Eugénie Simard et Anne-Sophie Godbout, étudiantes de recherche dirigée, pour

votre aide au recrutement des participants contrôles et pour votre enthousiasme débordant

face au projet.

Je tiens également à souligner l’apport des cliniciens passionnés que j’ai eu la chance de

côtoyer lors de mon parcours doctoral; Simon Précourt, Élyse Limoges, Stéphanie

Tremblay et Marie-Ève Routhier. Bien que votre implication n’ait pas touché directement

mes travaux de recherche, vos connaissances et votre passion pour la neuropsychologie

pédiatrique m’ont permis d’enrichir ma pratique comme clinicienne, de développer un

regard critique sur l’apport de la recherche clinique, et m’ont surtout convaincu de

l’importance de maintenir des liens forts entre chercheurs et cliniciens.

Je ne pourrais par ailleurs passer sous silence la présence de plusieurs collègues et amis, qui

ont par leur présence enrichi de façon tellement significative mes années de doctorat. Merci

à ma collègue, Pascale, pour le support mutuel dans un parcours pas toujours « comme

prévu ». Alexandra, ton amitié aura été une belle surprise de ce doctorat. Traverser les

cours, les stages, les préparations de séminaires, d’examens, et j’en passe, aura été un

plaisir à tes côtés. À mes amis de longue date, Audrey, David, Ariane, Meggy et Caroline,

merci pour votre amitié sans faille, votre compréhension et surtout, votre brin de folie qui

m’aura permis de rester saine d’esprit et de garder l’équilibre! Votre amitié m’est si

précieuse, merci d’être dans ma vie!

xvii

Je tiens également à exprimer toute mon affection à mes beaux-parents, Claude et Colette,

qui ont été témoins de toutes ces années de travail. Merci pour votre support constant, votre

intérêt sincère et pour tous ces coups de pouce qui ont adouci notre quotidien de grands

étudiants.

Je tiens aussi à témoigner un merci immense à ma famille pour son amour et ses

encouragements. Merci à mon père, Jean, pour ta confiance inébranlable. Merci de nous

avoir montré la valeur du travail acharné, et surtout, de nous avoir montré toutes jeunes à

quel point il est beau de découvrir et de comprendre ce qui nous entoure. Merci à ma mère,

Dominique, pour ton support constant et ton amour profond de l’être humain et des enfants

qui n’est sans doute pas inconnu à mes choix de vie. Merci pour ta compréhension et tes

coups de pouce quand j’en avais besoin. Merci finalement à mes sœurs. Catherine, merci

pour ton amour, tes encouragements et ton intérêt envers mon cheminement. Merci surtout

pour ta compréhension face à mes horaires chargés qui ont parfois fait de moi une sœur,

une tante et une marraine moins présente que je ne l’aurais souhaité. Florence, merci pour

ton amitié inébranlable, ta complicité, ton humour et ton écoute. Nos nombreux fous rires,

soupers, entraînements et j’en passe continuent d’ensoleiller mon quotidien.

Finalement, les mots me manquent pour exprimer toute ma reconnaissance, mon amour et

ma gratitude à mon conjoint, complice de vie et meilleur ami, Bernard. Merci pour ton

amour, ta confiance et ta présence sereine à chaque instant, depuis le tout début de cette

grande aventure. Merci d’avoir toujours cru en moi, parfois plus que moi-même. Merci

pour tous les sacrifices, toutes les bouchées doubles, tout le support (moral et

technologique!) et tous les encouragements. Je n’aurais jamais pu accomplir ce doctorat

comme je l’ai fait sans ta présence et ton amour. Merci de me rappeler tous les jours ce qui

compte le plus et de donner un sens à tous ces efforts investis. Que tu sois à mes côtés fait

de moi une personne meilleure. Je t’aime.

xix

Avant-propos

La présente thèse est constituée d’un chapitre d’introduction générale, de deux chapitres

expérimentaux et d’une discussion générale au sein de laquelle sont intégrées des annexes

présentant des résultats supplémentaires de la thèse. Les chapitres expérimentaux sont

présentés sous forme de manuscrits d’articles rédigés en anglais qui ont tous deux été

soumis pour publication à des revues internationales.

Le premier article présenté dans le chapitre II s’intitule « Memory and Psychosis: Source

memory dysfunctions precede onset in non psychotic offspring» a été soumis pour

publication à la revue Schizophrenia Bulletin. Le deuxième article présenté dans le chapitre

III s’intitule « Significant subclinical hallucinatory experiences in offspring at genetic risk

of psychosis and their association with source memory distortions» et a également été

soumis à la revue Schizophrenia Bulletin. Les résultats issus de ces articles ont été

présentés au 5e congrès de la Schizophrenia International Research Society en avril 2016.

La contribution des coauteurs se détaille comme suit :

MARIE-ANNE GARIÉPY, candidate au doctorat et première auteure des articles, École de

psychologie de l’Université Laval, Centre de recherche de l’Institut Universitaire en Santé

Mentale de Québec (CRIUSMQ) : Recension des écrits scientifiques, développement du

protocole de recherche, suivi éthique, recrutement et collecte des données (jeunes à haut

risque génétique et participants contrôles), saisie, analyse et interprétation des résultats et

rédaction des manuscrits.

MICHEL MAZIADE, psychiatre, professeur et chercheur, Faculté de médecine de l’Université

Laval, CRIUSMQ : Collaboration à l’élaboration du protocole de recherche, à

l’interprétation des résultats et à la rédaction des manuscrits.

ELSA GILBERT, neuropsychologue et coordonnatrice de recherche, CRIUSMQ :

Collaboration à l’élaboration du protocole de recherche, à l’interprétation des résultats et à

la rédaction des manuscrits, soutien à la mise en place du projet, au recrutement et à la

démarche de collecte de données.

xx

CAROLINE CELLARD, professeure et chercheure, École de Psychologie de l’Université

Laval, CRIUSMQ : Collaboration à l’analyse et à l’interprétation des données, révision des

manuscrits, supervision de la démarche scientifique.

NATHALIE GINGRAS, psychiatre et professeure, Centre Hospitalier Universitaire de Québec,

Faculté de médecine de l’Université Laval : Collaboration à l’analyse et à l’interprétation

des données, révision des manuscrits, supervision de la démarche scientifique.

NANCIE ROULEAU, professeure et chercheure, École de Psychologie de l’Université Laval,

CRIUSMQ : Directrice de la thèse, supervision de la démarche scientifique, collaboration à

l’élaboration du protocole de recherche, à l’analyse, à l’interprétation des résultats et à la

rédaction des manuscrits.

1

Introduction générale

La psychose se définit comme un amalgame de symptômes altérant le fonctionnement et le

contact avec la réalité des patients atteints. Les principaux symptômes de psychose sont les

symptômes positifs, qui comprennent les délires et les hallucinations, le désordre de la

pensée ou du discours, le désordre du comportement moteur et la présence de symptômes

négatifs, qui sont caractérisés par une hypoactivation par rapport au niveau fonctionnel

normal (i.e. avolition, anhédonie, alogie, asociabilité). Ces symptômes induisent une

souffrance significative chez le patient et altèrent de façon marquée son fonctionnement au

quotidien, tant au plan comportemental, cognitif, social, qu’affectif (American Psychiatric

Association, 2013).

Bien que typiquement associée au spectre des troubles psychotiques comme la

schizophrénie, la psychose se retrouve également au sein d’autres diagnostics

psychiatriques, dont le trouble affectif bipolaire et la dépression majeure. Certains auteurs

conceptualisent d’ailleurs le phénomène de la psychose comme prenant place sur un

continuum allant des troubles de l’humeur à la schizophrénie (e.g. Ivleva, et al., 2010;

Ketter, Wang, Becker, Nowakowska, & Yang, 2004; Maier, Zobel, & Wagner, 2006;

Murray, et al., 2004). De nombreuses études se sont intéressées à l’apparentée entre les

diagnostics de ce continuum, notamment entre le trouble bipolaire et la schizophrénie, et

supportent la présence de nombreuses similitudes entre ces conditions.

L’apparentée génétique entre le trouble bipolaire et les troubles du spectre de la

schizophrénie est aujourd’hui bien documentée. Des études d’association génétique

soulignent la contribution des mêmes gènes ou loci dans l’émergence de ces troubles.

L’observation d’une agrégation familiale, à savoir que le fait d’avoir un historique familial

de schizophrénie ou de trouble bipolaire constitue un facteur de risque pour les diagnostics

de l’ensemble du continuum, supporte également l’idée que des déterminants génétiques

communs sous-tendent ces troubles (voir Ivleva, et al., 2010; Maier, et al., 2006 pour des

revues). Au plan neurobiologique, des anomalies cérébrales structurelles semblables sont

également observées, bien que celles documentées en schizophrénie soient généralement

plus sévères et étendues. Ainsi, il a été démontré que les patients schizophrènes et

2

bipolaires présentent tous deux une diminution globale du volume de la matière blanche et

un élargissement ventriculaire (Ivleva, et al., 2010; Moller, 2003), de même qu’une

réduction de la matière grise au niveau du cortex préfrontal, du thalamus, du gyrus temporal

médian, cingulé et caudé (Yu, et al., 2010). Certaines anomalies seraient néanmoins

davantage typiques du profil des patients schizophrènes, dont la réduction du volume de

l’amygdale (alors qu’un volume normal ou une augmentation est retrouvée dans le trouble

bipolaire) de même que la réduction du volume hippocampique, ce qui pourrait d’ailleurs

refléter certaines différences retrouvées entre ces troubles sur le plan de la symptomatologie

(p.ex. réduction de l’affect en schizophrénie vs élévation de l’humeur dans le trouble

bipolaire, ce qui est cohérent avec la variation du volume de l’amygdale qui est impliquée

dans le système limbique) (Murray, et al., 2004). Finalement, de nombreuses études ont

souligné la similitude entre les profils cognitifs de patients schizophrènes et bipolaires, chez

qui un profil d’atteintes très semblables est présent, malgré une intensité d’atteintes plus

modérée chez les patients bipolaires par rapport aux patients schizophrènes (Hill, Harris,

Herbener, Pavuluri, & Sweeney, 2008; Hill, et al., 2013; Jabben, Arts, van Os, &

Krabbendam, 2010; Seidman, et al., 2002). Des profils cognitifs similaires ont également

été documentés avant l’éclosion de la pathologie chez des populations vulnérables à la

schizophrénie ou à un trouble de l’humeur (Bora, et al., 2014; Maziade, et al., 2009), de

même que lors de la phase prodromique de ces diagnostics (Olvet, et al., 2010), suggérant

une similitude qui s’étend au-delà de la phase active de ces troubles. En somme, les

nombreuses similitudes au plan génétique, neurobiologique et neurocognitif documentées

entre les diagnostics au sein desquels se retrouve la psychose ont mené à une vision

dimensionnelle de ces troubles, soulignant l’apport de leur étude conjointe dans la

compréhension d’un phénomène comme la psychose, qui chevauche les catégories

diagnostiques traditionnelles (Ketter, et al., 2004).

Bien que la psychose soit classiquement définie par l’ensemble de symptômes présenté ci-

haut, des atteintes neuropsychologiques1 sont également reconnues comme étant une partie

intégrante de ce phénomène, tant en début d’évolution qu’en phase chronique (Mesholam-

1 La notion d’atteinte est définie dans la plupart des études par une performance d’un écart-type sous la

moyenne du groupe de comparaison.

3

Gately, Giuliano, Goff, Faraone, & Seidman, 2009; Schaefer, Giangrande, Weinberger, &

Dickinson, 2013). Des altérations du fonctionnement cognitif sont même identifiées des

années avant l’éclosion d’un premier épisode psychotique et sont présentes chez des

individus considérés à risque de psychose (Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al.,

2014; Correll, Hauser, Auther, & Cornblatt, 2010; Fusar-Poli, et al., 2012; Maziade, et al.,

2009; Pukrop & Klosterkötter, 2010). La présence de déficits cognitifs plusieurs années

avant l’apparition de la maladie a d’ailleurs mené à l’hypothèse que l’altération de la

cognition constituait un marqueur précoce de la pathologie. Ainsi, certains

dysfonctionnements cognitifs sont aujourd’hui considérés comme des endophénotypes de la

pathologie, appuyant le fait que les déficits cognitifs sont un élément central à la pathologie

à tout stade de son évolution (Braff, Freedman, Schork, & Gottesman, 2007; Chan &

Gottesman, 2008; Gottesman & Gould, 2003; Green & Harvey, 2014). Le fonctionnement

neuropsychologique a même été démontré comme étant un élément significatif permettant

de prédire l’évolution et le rétablissement des patients psychotiques (Addington &

Addington, 1999, 2000, 2008; Green, 1996; Green & Harvey, 2014; Green, Kern, Braff, &

Mint, 2000; Green, Kern, & Heaton, 2004; Nuechterlein, et al., 2011; Tandon, Nasrallah, &

Keshavan, 2009). De récentes hypothèses soutiennent également que les altérations

cognitives documentées chez les patients pourraient contribuer à l’étiologie de la

symptomatologie psychotique (e.g. Aleman & Larøi, 2008d; Brébion, Bressan, Ohlsen, &

David, 2013; Brookwell, Bentall, & Varese, 2013; Laroi, Van der Linden, & Levaux, 2008;

Waters, Allen, et al., 2012; Waters, Woodward, Allen, Aleman, & Sommer, 2012).

L’association intrinsèque présente entre les déficits cognitifs et la psychose appuie la

pertinence d’étudier le fonctionnement cognitif au sein du continuum des troubles

psychotiques afin de mieux comprendre cette pathologie et ses déterminants.

1. Fonctionnement cognitif des patients présentant un trouble psychotique

Des atteintes neuropsychologiques ont été identifiées de façon consistante chez les adultes

aux prises avec un trouble psychotique, avec des tailles d’effets modérées à fortes2. Les

nombreuses méta-analyses réalisées sur le sujet démontrent qu’un affaissement global du

2 Nomenclature de Cohen (1988) pour l’appréciation des tailles d’effets : Taille d’effet faible : ~0.2;

modérée : ~0.5; forte : ~0.8.

4

fonctionnement cognitif est associé à la psychose, au sein duquel des déficits spécifiques

plus marqués sont observés, notamment sur le plan de la mémoire épisodique et de la

vitesse de traitement de l’information (Aleman, Hijman, de Haan, & Kahn, 1999; Heinrichs

& Zakzanis, 1998; Mesholam-Gately, et al., 2009; Schaefer, et al., 2013; Tandon, et al.,

2009). Ces déficits cognitifs multiples sont présents tant chez les patients adultes

chroniques que ceux en début d’évolution de la maladie, ce qui soutient l’idée que les

atteintes cognitives ne peuvent être attribuées à des facteurs confondants comme la

chronicité de la maladie, la présence d’hospitalisations multiples ou la prise prolongée de

psychotropes. Un profil cognitif similaire a également été observé chez des patients

psychotiques adolescents (Brickman, et al., 2004; de la Serna, et al., 2010; Øie, Sundet, &

Ueland, 2011; Wozniak, Block, White, Jensen, & Schulz, 2008; Zabala, et al., 2010),

supportant le fait que les déficits cognitifs sont inhérents à la pathologie peu importe l’âge

des patients évalués.

Bien que les troubles psychotiques soient relativement bien caractérisés à ce jour, on tente

encore aujourd’hui de comprendre les mécanismes impliqués dans leur survenue. Une

meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait améliorer la prise en charge et par le

fait même l’évolution clinique des patients, les troubles psychotiques demeurant encore

aujourd’hui la source d’incapacité significative pour les patients atteints. Le modèle

vulnérabilité-stress, qui postule que les troubles psychotiques émergent de l’interaction

entre des stresseurs environnementaux (p.ex. trauma, période de transition, consommation

de drogues) et des facteurs de vulnérabilité (p.ex. risque génétique, complications

périnatales, milieu de vie nordique ou urbain, etc.), a longtemps occupé une place

prépondérante dans la compréhension de ces troubles, en orientant la recherche vers une

meilleure compréhension à la fois des facteurs de risques et des éléments pouvant précipiter

un premier épisode psychotique. Plus récemment, une adaptation de ce modèle a été

développée, et présente l’étiologie et l’évolution des troubles psychotiques comme

découlant d’un modèle vulnérabilité-stress-compétence (Nuechterlein, et al., 1994; Ventura,

Nuechterlein, Subotnik, Green, & Gitlin, 2004). Ce modèle postule plus précisément que

l’émergence et l’évolution des troubles psychotiques découlent certes d’une interaction

entre des facteurs de vulnérabilité et des stresseurs ponctuels, mais qu’une médiation de

5

cette interaction prend place via la présence de facteurs de protection individuels, telles les

habiletés et compétences sociales, la capacité à gérer le stress, la présence de réseau social

et, dans une optique d’évolution et de prévention de la rechute, la prise de médication

(Lecompte & Leclerc, 2012; Nuechterlein, et al., 1994; Ventura, et al., 2004). Cette

modélisation a ouvert la voie à tout un pan de recherche portant sur la reconnaissance et le

renforcement des facteurs de protection en tant qu’élément pouvant modifier la trajectoire

de la maladie, par exemple en diminuant les rechutes ou en améliorant la récupération après

un épisode de maladie. De façon plus embryonnaire, ce modèle ouvre également la voie au

développement d’approches préventives, en permettant la mise en place d’interventions

visant à renforcer les facteurs de protection chez des populations vulnérables, dans

l’optique de peut-être arriver à prévenir ou encore à retarder la survenue d’un épisode

psychotique. L’étude du fonctionnement cognitif constitue en ce sens un élément d’intérêt

afin de soutenir ces recherches, en permettant de mieux comprendre les indicateurs

précoces de la pathologie et éventuellement, la façon dont ils peuvent être modulés par

divers facteurs de protection afin d’intervenir sur l’évolution du trouble.

2. Identification des marqueurs cognitifs liés au risque de développer une psychose

L’étude de la phase prodromique de la psychose a occupé une part grandissante de la

littérature dans les dernières années. La chronicité et la sévérité de la schizophrénie et des

autres troubles du spectre psychotique de même que leur impact majeur sur la qualité de vie

des patients ont mis en lumière la nécessité de développer des approches permettant d’agir

de manière préventive, en amont du premier épisode psychotique. Dans cette optique, de

plus en plus d’auteurs s’intéressent à l’identification précoce des individus qui

développeront un trouble psychotique. L’étude du fonctionnement cognitif s’avère être une

avenue intéressante à explorer en ce sens. En effet, il est postulé qu’un profil

développemental atypique accompagne la vulnérabilité à développer un trouble

psychotique, tel que suggéré par les modèles neurodéveloppementaux de la psychose. Ces

modèles soutiennent que les déficits cognitifs sont une manifestation du dérèglement

cérébral qui précède l'émergence des symptômes psychiatriques (Censits, Ragland, Gur, &

Gur, 1997; Cornblatt, et al., 2003; Rapoport, Addington, Frangou, & Psych, 2005). Ainsi,

les déficits cognitifs sont considérés comme une composante de la maladie qui précède

6

l’éclosion franche des symptômes et qui pourrait faciliter l’identification des personnes à

risque de développer un trouble psychotique. Cette approche apparaît particulièrement

pertinente considérant qu’un diagnostic précoce améliore l’efficacité de la prise en charge

et que la durée de la maladie non traitée a été identifiée comme un des principaux facteurs

de mauvais pronostic (Chang, et al., 2013; Jeppesen, et al., 2008; Perkins, Gu, Boteva, &

Lieberman, 2005).

Les études de cohortes ont été parmi les premières à tenter d’identifier de manière

prospective les futurs patients. Ces études sont parvenues à démontrer que la cognition était

un élément permettant d’identifier les individus qui allaient développer un trouble

psychotique plusieurs années avant l’apparition de la pathologie. Ainsi, il a été démontré

que les individus ayant développé un trouble psychotique à l’âge adulte présentaient des

performances plus faibles au niveau du fonctionnement intellectuel global de même qu’au

plan langagier, et ce, de 10 à 15 ans avant l’éclosion des premiers symptômes

psychiatriques francs (Bearden, et al., 2000; M. Cannon, et al., 2006; T. D. Cannon, et al.,

2000). Une autre étude de cohorte a même observé que les individus qui avaient développé

un trouble psychotique à l’âge adulte présentaient dès l’âge de 8 ans un retard

développemental au plan de la cognition équivalent à près d’un an (Gur, et al., 2014). Il a

également été observé qu’un déclin au plan du fonctionnement intellectuel, de la vitesse de

traitement de l’information et de la mémoire épisodique entre l’adolescence et l’âge adulte

précédait le développement de troubles du spectre de la schizophrénie (Meier, et al., 2014).

De telles études de cohorte ont permis d’acquérir des connaissances des plus intéressantes

par le passé, mais sont de plus en plus rares, car elles exigent des ressources immenses, tant

en termes de temps que de budget, et doivent habituellement composer avec d’importants

taux d’attrition et une faible incidence de la maladie, ce qui limite l’accès aux

connaissances sur la psychose.

Pour ces raisons, deux principaux courants de recherches ont été mis de l’avant afin

d’étudier le fonctionnement d’individus considérés comme davantage vulnérables au

développement d’un trouble psychotique que la population générale étudiée via les études

de cohorte, dans le but de mieux comprendre et identifier les indicateurs sous-jacents à une

7

telle vulnérabilité. Deux populations ont ainsi été ciblées, à savoir les individus considérés

à haut risque clinique (HRC) de développer un trouble psychotique en raison de

particularités cliniques considérées comme prépsychotiques ou prodromiques, ainsi que

ceux considéré à haut risque génétique (HRG) de développer un trouble psychotique en

raison d’un historique familial de pathologie.

L’identification d’individus considérés à haut risque clinique (HRC) de développer une

psychose a été à l’origine du développement de plusieurs critères définissant ce statut, dont

les plus fréquemment retrouvés dans la littérature font mention 1) de symptômes

psychotiques positifs atténués, 2) de symptômes psychotiques brefs, limités dans le temps

et intermittents ou 3) de facteurs de risques biologiques dont un diagnostic de trouble de la

personnalité schizotypique ou un historique familial de psychose accompagné d’un déclin

du fonctionnement social dans le dernier mois (Correll, et al., 2010; Miller, et al., 2003;

Yung & McGorry, 1996). Cet état de haut risque clinique a été associé à 20 à 50% de

risque de développer une psychose dans l'année suivant l'émergence de ce statut clinique

(Brewer, et al., 2005; T. D. Cannon, et al., 2008; Jang, et al., 2011; Lencz, et al., 2006; Lin,

et al., 2011; Simon, et al., 2011; Thompson, Nelson, & Yung, 2011; Yung, et al., 2003), ce

qui est largement supérieur aux incidences retrouvées dans la population générale, qui

oscillent plutôt entre 1 et 3 % (American Psychiatric Association, 2013).

Le risque accru de conversion associé aux critères de HRC a d’ailleurs été au cœur d’un

débat récent entourant la parution du DSM-53, où il a été sérieusement considéré d’inclure

un nouveau diagnostic dans la section des troubles psychotiques, soit le Syndrome de

psychose atténuée. Ce syndrome, fort semblable au statut de HRC, a été défini par la

présence de symptômes psychotiques atténués (délire, hallucination ou désordre du

discours) présents avec suffisamment d’intensité pour justifier une attention clinique, mais

dans un contexte où le contact avec la réalité demeure préservé. Ces symptômes doivent

avoir été présents au moins une semaine dans le dernier mois, avoir débuté ou s’être

aggravés dans la dernière année et induire suffisamment de détresse ou de

3 Manuel de référence dans l’évaluation des troubles mentaux définissant les entités cliniques et leurs critères

diagnostiques.

8

dysfonctionnement pour nécessiter une démarche clinique. La présence d’altérations

cognitives est décrite comme fréquemment observée au sein de ce syndrome (American

Psychiatric Association, 2013). Bien qu’il ait finalement été décidé d’inclure ce syndrome

dans la section « Conditions nécessitant davantage de recherche » au terme de la mise à

jour du DSM, son inclusion reconnait l’importance de poursuivre les recherches visant

l’identification précoce des individus à risque de développer un trouble psychotique (voir

Shrivastava, et al., 2011; Tsuang, et al., 2013; Woods, Walsh, Saksa, & McGlashan, 2010

pour une présentation de l'argumentaire ayant entouré l'inclusion de ce syndrome dans le

DSM-5).

Plusieurs études ont évalué le fonctionnement cognitif des HRC afin de vérifier si les

déficits cognitifs identifiés chez les patients psychotiques étaient présents avant l’apparition

des premiers symptômes psychiatriques francs. De manière générale, les études concluent à

la présence de déficits dont la nature est semblable à ce qu’on retrouve chez les patients

atteints, mais d’une amplitude moindre (tailles d’effets modérées plutôt que fortes). De tels

déficits cognitifs seraient particulièrement marqués en mémoire épisodique et sur le plan

des fonctions exécutives (Bora, et al., 2014; Fusar-Poli, et al., 2012; Pukrop &

Klosterkötter, 2010), soit, de manière intéressante, au sein de domaines cognitifs également

identifiés comme particulièrement déficitaires chez les patients atteints.

En plus de caractériser les HRC au plan cognitif, on s’est par ailleurs également intéressé

aux facteurs cognitifs permettant de prédire quels individus convertiraient vers la psychose.

En effet, bien que l’identification des critères HRC permette de cibler des individus

particulièrement vulnérables à la psychose, il demeure qu’une forte proportion d’entre eux

ne développera pas la maladie ou connaîtra une rémission spontanée de ses symptômes

(Simon, et al., 2011). La recherche de « marqueurs de conversion », c'est-à-dire de

caractéristiques permettant de distinguer les HRC qui développeront la maladie de ceux qui

ne la développeront pas, a donc fait l’objet de plusieurs études qui démontrent l’apport de

la cognition dans l’identification des futurs patients psychotiques. Des revues de la

littérature portant sur les HRC ont indiqué que la cognition pouvait être un marqueur de

conversion d’intérêt. Ces revues ont indiqué que les indicateurs de conversion vers la

9

psychose qui apparaissent les plus prometteurs pour la recherche future sont les

performances en traitement de l’information et en mémoire épisodique verbale (Correll, et

al., 2010; Pukrop & Klosterkötter, 2010). Ces impressions ont été corroborées par deux

récentes méta-analyses ayant comparé les performances cognitives des HRC ayant

développé un trouble psychotique avec les performances de HRC n’ayant pas développé la

maladie. Une première méta-analyse a montré que la mémoire épisodique et la mémoire de

travail étaient plus déficitaires chez les HRC ayant développé un trouble psychotique, et ce,

avant l’apparition du premier épisode psychotique (De Herdt, et al., 2013), alors qu’une

seconde a identifié des performances plus faibles sur l’ensemble des domaines cognitifs

chez les HRC ayant développé un trouble psychotique, avec un écart plus marqué pour la

mémoire épisodique, la mémoire de travail et la fluidité verbale (Bora, et al., 2014). Une

autre étude a pour sa part observé que les HRC ayant développé un trouble psychotique au

terme d’un suivi de 6 mois se démarquaient au temps de base par des atteintes cognitives

plus sévères, notamment au plan de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire de

travail et des fonctions exécutives (Barbato, et al., 2013). Une équipe de recherche

américaine a également démontré une contribution significative de la mémoire verbale à un

modèle de prédiction de la conversion vers la psychose (Seidman, et al., 2010), et ce, même

en considérant l’apport de variables cliniques comme la présence de pensées inhabituelles

ou la consommation de substances (Thompson, et al., 2011). Une autre équipe a par ailleurs

observé que les taux de conversion vers la psychose étaient accrus chez des HRC présentant

une atteinte sur le plan mnésique par rapport à ceux sans trouble mnésique (48,8% vs

20,6% de conversion respectivement; Lin, et al., 2011), suggérant encore une fois une

contribution des performances mnésiques dans la prédiction de la conversion vers un

trouble psychotique franc.

Il apparaît ainsi clair que des anomalies cognitives sont associées au risque clinique de

développer la pathologie et en précèdent l’émergence. Néanmoins, l’étude des HRC permet

difficilement de déterminer si ces déficits cognitifs sont uniquement liés à la présence de

symptômes, même atténués, ou s’ils en précèdent l’apparition et sont un indicateur de la

vulnérabilité génétique sous-jacente qui serait à l’origine de la maladie. L’étude d’individus

considérés à haut risque génétique de psychose (HRG), définis comme des individus en

10

bonne santé, sans symptôme psychotique ni diagnostic psychiatrique sévère, mais ayant au

moins un proche (apparenté de 1er degré) atteint par la maladie, permet d’éclairer ce point.

Les effets potentiellement confondants de la médication, de la symptomatologie et des

hospitalisations n’entrent pas en ligne de compte chez cette population et permettent de

tirer des conclusions plus claires quant aux marqueurs cognitifs associés précocement à la

vulnérabilité génétique à développer la maladie. Par ailleurs, les HRG n’étant pas tous de

futurs patients puisque seuls 9 à 18 % d’entre eux développeront un trouble psychotique

(Tandon, Keshavan, & Nasrallah, 2008), leur étude offre une meilleure compréhension des

trajectoires développementales associées à la pathologie en permettant le suivi et la

comparaison d’individus à risque qui développeront et qui ne développeront pas le trouble.

À l’instar des études ayant porté sur les individus HRC, plusieurs groupes de recherche se

sont intéressés à l’étude des HRG. Plusieurs méta-analyses et revues de littératures portant

sur le fonctionnement cognitif de cette population rapportent globalement des altérations

cognitives associées à des tailles d’effets faibles à modérées sur le plan de l’attention, de la

mémoire de travail, des fonctions exécutives et de la mémoire épisodique, ces deux derniers

domaines étant souvent associés aux plus grandes tailles d’effet, tant chez les apparentés

adultes non atteints que chez les jeunes HRG n’ayant pas encore dépassé l’âge de

conversion vers la pathologie (Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al., 2014; Kremen,

et al., 1994; Sitskoorn, Aleman, Ebisch, Appels, & Kahn, 2004; Snitz, MacDonald, &

Carter, 2006; Trandafir, Méary, Schürhoff, Leboyer, & Szöke, 2006).

En résumé, les études récentes portant sur l’étude de populations à risque de développer un

trouble psychotique (HRC et HRG) appuient la pertinence d’étudier le fonctionnement

cognitif afin de mieux comprendre la trajectoire développementale des troubles

psychotiques avant l’éclosion franche du premier épisode. En effet, il apparait clair que des

altérations cognitives sont à la fois associées à la vulnérabilité génétique et au prodrome de

la pathologie. De même, il est suggéré que le fonctionnement cognitif soit un marqueur de

conversion vers la psychose. De manière intéressante, la mémoire épisodique apparaît être

une composante du fonctionnement cognitif particulièrement informative, entre autres car

elle est constitue une des atteintes cognitives les plus sévères chez les populations HRC et

11

HRG tout comme chez les patients, et est associée au développement de la maladie et au

fonctionnement futur des patients dans de nombreuses études. Considérant cela, le

fonctionnement des processus de mémoire épisodique apparaît particulièrement informatif

de l’évolution des troubles psychotiques, et constituera en ce sens le sujet d’intérêt de la

présente thèse.

3. Mémoire de source et psychose

Comme présenté ci-haut, la mémoire épisodique apparaît être un des marqueurs cognitifs

de la maladie les plus constamment documentés, des déficits mnésiques étant répertoriés

tant chez les patients que chez les populations à haut risque clinique et génétique (Aleman,

et al., 1999; Bora, et al., 2014; Mesholam-Gately, et al., 2009; Schaefer, et al., 2013;

Sitskoorn, et al., 2004; Snitz, et al., 2006; Stone, et al., 2011; Trandafir, et al., 2006). De

plus, la mémoire a été liée au pronostic clinique des patients (Gilbert, et al., 2014; Verdoux,

Liraud, Assens, Abalan, & van Os, 2002) ainsi qu’à leur fonctionnement social (Addington

& Addington, 1999, 2000, 2008; Green, 1996; Green & Harvey, 2014; Green, et al., 2000;

Green, et al., 2004). Finalement, les déficits en mémoire semblent répondre à tous les

critères d’endophénotype pour la psychose, à savoir qu’ils accompagnent la pathologie,

sont héritables, indépendants de la phase active de la maladie et présents même chez les

membres non atteints de familles de patients (Braff, et al., 2007; Chan & Gottesman, 2008;

Gottesman & Gould, 2003), faisant de la mémoire un processus d’intérêt dans la

compréhension de la vulnérabilité génétique au trouble psychotique. Une compréhension

plus approfondie du fonctionnement mnésique apparaît donc être une avenue tout indiquée

afin de mieux comprendre la psychose et ses marqueurs de vulnérabilité. Toutefois, la

plupart des études citées ci-dessus abordant la cognition ont étudié la mémoire épisodique

de manière globale et sous un angle souvent psychométrique, en s’intéressant généralement

au nombre d’items rappelés (le « quoi ») suite à l’apprentissage d’une liste de stimuli et un

délai, négligeant souvent, d’une part, le rappel des informations périphériques à l’item

comme la source de l’information ou le contexte d’encodage (le « qui » et le « quand »), et

d’autre part, les processus et mécanismes impliqués dans ce rappel (le « comment»).

Pourtant, de nombreux processus cognitifs sont déployés lors du rappel d’une information.

Une compréhension plus raffinée des processus mnésiques liés à la psychose pourrait

12

permettre de mettre en lumière des liens plus spécifiques entre la cognition et la maladie, en

identifiant de façon plus détaillée le patron des processus déficitaires et préservés associés à

la pathologie. Parmi les processus connus en mémoire épisodique, les processus de

mémoire de source sont maintenant de plus en plus étudiés, compris et documentés chez les

patients psychotiques, bien que peu d’études se soient à l’heure actuelle intéressées au

fonctionnement de la mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose.

3.1 Modèle de mémoire de la source

La mémoire de source se définit comme le processus cognitif permettant la récupération de

l’origine d’un souvenir en mémoire. Ce processus cognitif est caractérisé par la mise en

action d’un mécanisme décisionnel basé sur la multitude de caractéristiques encodées

simultanément à un souvenir et qui permettent collectivement de spécifier les conditions

dans lesquelles celui-ci a été acquis (Johnson, Hashtroudi, & Lindsay, 1993). Johnson et ses

collaborateurs (1993) ont proposé un modèle de contrôle de la source qui explicite le

fonctionnement de ce processus mnésique. Leur conception repose sur la notion que

lorsqu’un évènement est encodé en mémoire, une multitude d’informations périphériques à

cet évènement (p.ex. le lieu, les gens présents, le temps de l’année, le moment de la

journée, etc.) sont également encodées et forment une trace intégrée et unifiée en mémoire

qui constitue alors un souvenir unique et distinct d’autres évènements similaires. Lors du

rappel d’un souvenir, les processus de mémoire de source permettent de récupérer ces

éléments périphériques à l’évènement cible afin de le remettre en contexte et de retracer son

origine. Ce processus permettant de récupérer l’origine d’un souvenir repose notamment

sur un jugement décisionnel quant aux caractéristiques périphériques encodées au même

moment que l’item et peut conduire à une attribution de l’information centrale à une source

externe (i.e. l’information provient de l’extérieur comme une autre personne, un journal,

etc.) ou interne (i.e. l’information a été générée (dite, pensée, faite) par l’individu lui-

même). Les principales caractéristiques évaluées pour ce faire sont l'information

perceptuelle (sons, couleur) et contextuelle (spatiale, temporelle), les détails sémantiques,

l'information affective (réactions émotionnelles) et les opérations cognitives qui ont été

encodés lorsque la trace mnésique a été formée. Ainsi, la présence en mémoire de plusieurs

informations périphériques visuelles, sonores et spatiales facilitera une attribution externe

13

de l’origine du souvenir. Dans le même ordre d’idée, la présence de plusieurs

caractéristiques auditives qui correspondent par exemple au schéma en mémoire de la voix

d’un individu contribuera à son identification comme source de l’information rappelée

(Johnson, et al., 1993).

L’attribution de l’origine d’une information peut être réalisée par le biais de deux niveaux

de traitement de l’information, soit de manière automatique via un traitement heuristique de

l’information, ou être le fruit d’un effort conscient via un traitement plus systématique. Un

jugement heuristique impliquera des critères décisionnels tels que le niveau de familiarité

ou la quantité d’informations perceptuelles disponibles, alors qu’un jugement systématique

se basera plutôt sur le caractère plausible de ce qui est rappelé en regard des connaissances

et expériences antérieures d’un individu. Ce deuxième type de jugement, plus lent et

délibéré, implique la mise en relation de différents souvenirs et connaissances. Ces deux

types de jugement peuvent tous deux être modulés par les biais, les suppositions, les buts

ainsi que les contraintes temporelles présentes au moment où le souvenir est récupéré

(Johnson, et al., 1993). Le type d’information à traiter influence également la nature du

jugement mis en place. Ainsi, de l’information qui génère un fort sentiment de familiarité

sera prioritairement traitée de manière heuristique, alors qu’une information qui se

différencie grandement des expériences mentales antérieures sera traitée de façon plus

systématique en raison du sentiment d’incongruité qui y est associé (Mitchell & Johnson,

2009).

En résumé, Johnson et ses collaborateurs (1993) proposent une conceptualisation de la

mémoire de source qui permet de mieux comprendre les processus cognitifs à l’œuvre dans

la formation d’un souvenir complet, de même que les processus qui permettent

collectivement de mettre ces souvenirs en contexte. Ce modèle permet de mieux

comprendre les éléments contribuant au fonctionnement harmonieux de la mémoire

épisodique, laquelle, rappelons-le, est d’une importance capitale au fonctionnement de tout

individu puisqu’elle est à la base de tout apprentissage de même que du développement de

sa propre identité et vision du monde.

14

3.2 Dysfonctionnements de la mémoire de source dans la psychose

Le fonctionnement de la mémoire de source a été l’objet d’une attention croissante dans les

dernières années en lien avec la compréhension du phénomène de la psychose. L’hypothèse

d’un trouble au plan de l’attribution de la source des informations apparaissait cohérente

pour les chercheurs avec la symptomatologie psychotique, notamment au plan des

hallucinations, puisque la définition même de ce symptôme repose sur l’idée d’une méprise

quant au caractère réel (i.e. externe) d’un évènement interne (voix, vision, sensation). Il a

de plus été noté que les symptômes positifs de psychose comme les hallucinations ont un

caractère intrusif et génèrent peu d’activité mentale, ce qui favoriserait leur externalisation

(Johnson, et al., 1993; Morrison, 2001). La présente section vise à faire le point sur les

conclusions des dernières années de recherche portant sur la mémoire et le contrôle de la

source au sein de populations psychotiques ou à haut risque de psychose, qui ont confirmé

que la mémoire de source est un processus d’intérêt en psychose.

3.2.1 Mémoire de source chez les patients psychotiques

Plusieurs études réalisées chez des patients psychotiques adultes supportent la présence

d’altérations de la mémoire de source chez cette population. Une méta-analyse réalisée à

partir des 29 études publiées de 1975 à 2007 sur le sujet a d’ailleurs permis d’identifier des

dysfonctionnements de la mémoire source chez cette population, associés à une taille d'effet

modérée (Achim & Weiss, 2008). Des études subséquentes ont également corroboré ce

résultat. Ainsi, dans une tâche de mémoire de source verbale, des patients ont démontré des

performances plus faibles que des participants contrôles en reconnaissance des items

centraux, répliquant l’atteinte globale bien connue en mémoire épisodique, mais ont

également démontré des performances plus faibles lorsqu’ils devaient statuer sur l’origine

de mots appris. De plus, un biais d’attribution externe, c'est-à-dire une tendance à attribuer

une information provenant d’une source interne à une source externe, a été identifié chez

les patients présentant des hallucinations par rapport aux patients sans hallucinations

(Woodward, Menon, & Whitman, 2007). Un résultat semblable a été obtenu dans les

travaux de Brunelin et collaborateurs. Cette équipe a observé des atteintes au plan de la

discrimination de la source interne et externe chez des patients psychotiques, les patients

aux prises avec des hallucinations étant les plus atteints (Brunelin, et al., 2006; Brunelin, et

15

al., 2007; Brunelin, et al., 2008). Une performance similaire a été observée dans une tâche

de mémoire de source verbale utilisant des stimuli plus complexes, soit des phrases

complètes plutôt que des mots seuls (Stephane, Kuskowski, McClannahan, Surerus, &

Nelson, 2010). Une atteinte au plan de la mémoire de source des actions a aussi été

documentée chez des patients schizophrènes, qui ont montré une performance déficitaire

lorsqu’ils devaient départager des actions imaginées d’actions réellement exécutées

(Gawęda, Moritz, & Kokoszka, 2012). Une récente méta-analyse indiquait d’ailleurs

qu’indépendamment de la méthodologie employée, la capacité à reconnaître ses propres

actions, paroles ou pensées était constamment identifiée comme perturbée chez des patients

atteints de schizophrénie (Waters, Woodward, et al., 2012).

Quelques études ont par ailleurs porté sur le fonctionnement de la métacognition en

mémoire qui est défini dans la littérature comme le processus mental permettant de poser

un jugement et d’évaluer son propre fonctionnement mnésique. La métacognition en

mémoire est en ce sens le processus qui permet d’affirmer avec certitude de la véracité d’un

souvenir récupéré s’il apparaît riche et bien contextualisé, ou à l’inverse d’en douter si

l’origine de ce souvenir apparaît floue lorsqu’il est récupéré en mémoire. Il a été observé

que les patients psychotiques adultes peinent à juger adéquatement de la qualité de leurs

attributions en mémoire de source et démontrent une confiance anormalement élevée

lorsqu’ils commettent des erreurs en mémoire, témoignant d’une altération de la

métacognition en mémoire chez les patients psychotiques (Gawęda, et al., 2012; Moritz, et

al., 2014; Moritz & Woodward, 2002; Moritz, Woodward, & Rodriguez-Raecke, 2006;

Moritz, Woodward, Whitman, & Cuttler, 2005).

Un fonctionnement semblable en mémoire de source a été documenté chez des adolescents

en premier épisode psychotique par notre équipe de recherche. Ainsi, des performances

plus faibles ont été observées sur le plan de l’attribution de l’origine des souvenirs, tant au

niveau de la capacité à attribuer correctement la source interne-externe de l’information

(i.e. l’item était-il prononcé par le participant ou l’expérimentateur) que le contexte

temporel (i.e. l’item était-il dans la liste 1 ou la liste 2). Ces performances altérées se sont

également accompagnées de représentations en mémoire moins unifiées, c’est-à-dire d’une

16

fragmentation du souvenir. De plus, une altération de la métacognition en mémoire, telle

qu’évaluée par le jugement de confiance posé envers la qualité des attributions réalisées, a

été documentée à l’instar de chez les populations adultes. (Doré, Caza, Gingras, & Rouleau,

2007).

Alors que le fonctionnement cognitif tel qu’évalué classiquement est rarement associé à la

symptomatologie psychotique positive, les processus de mémoire de source montrent pour

leur part une association avec le symptôme hallucinatoire. Ainsi, notre équipe de recherche

a identifié chez des patients psychotiques adolescents un lien significatif entre la présence

d’un biais d’attribution externe, soit la tendance à attribuer une information auto-générée à

une source externe, et l’intensité des symptômes positifs de psychose (Doré, et al., 2007).

Ce lien entre le fonctionnement mnésique et la symptomatologie a été répliqué dans une

étude subséquente dans laquelle l’intensité de la symptomatologie positive chez des

adolescents en premier épisode psychotique a été liée à des erreurs d’intrusion dans une

tâche de mémoire de mots, lesquelles peuvent être considérées comme découlant d’un

mauvais contrôle de la source de l’information (Doré, Caza, Gingras, Maziade, & Rouleau,

2009). Les altérations de la mémoire de source ont également été fréquemment liées à la

symptomatologie clinique dans les travaux de Gildas Brébion et de son équipe. En effet,

dans un modèle intégrant plus d’une décennie de travaux sur le sujet, Brébion et ses

collaborateurs (2013) ont présenté une conceptualisation selon laquelle la présence

d’altérations des processus de mémoire de source en psychose contribue aux erreurs

habituellement observées aux tâches classiques de mémoire (intrusions, répétitions, biais),

et est associée à la symptomatologie psychotique (hallucinations et délires). Deux méta-

analyses ayant porté spécifiquement sur la question du lien entre hallucination et mémoire

de source ont finalement observé que le biais d’attribution externe en mémoire de source

constituait un déterminant cognitif important dans la survenue du phénomène hallucinatoire

en psychose (Brookwell, et al., 2013; Waters, Allen, et al., 2012).

En somme, les études disponibles indiquent que les populations psychotiques démontrent

clairement des atteintes en mémoire de source. Ces atteintes semblent de plus être associées

avec la symptomatologie positive chez les patients, bien que la compréhension des

17

mécanismes sous-tendant cette association demeure à explorer davantage. Ainsi, l’étude des

processus de mémoire de source constitue une voie intéressante à explorer, notamment

puisqu’elle pourrait contribuer à une meilleure compréhension des processus cognitifs et

mnésiques impliqués dans la psychose, mais également à une meilleure compréhension de

la symptomatologie psychotique et de ses déterminants.

3.2.2 Mémoire de source chez les populations à haut risque de psychose

La mémoire de source a été nettement moins étudiée au sein des populations à haut risque

de psychose, tant clinique que génétique, que chez les patients psychotiques. On en sait

donc très peu vu les connaissances actuelles disponibles sur le fonctionnement de ce

processus avant l’éclosion de la pathologie franche. Parmi les rares études s’étant

intéressées au fonctionnement de la gestion de la source chez les individus à haut risque

clinique, seul le contrôle direct de la source a été étudié à l’aide de méthodologies

demandant principalement une discrimination perceptuelle (i.e. bottom-up) de la source,

c'est-à-dire sans que les aspects mnésiques ne soient sollicités. Ainsi, dans une tâche

exigeant de distinguer sa propre voix de celle d’un étranger après qu’une distorsion sonore

ait été appliquée, certains chercheurs ont identifié des performances plus faibles chez les

individus à haut risque clinique (Johns, et al., 2010), alors que d’autres ont observé des

performances équivalentes chez des patients atteints, des contrôles, des apparentés adultes

de patients et des individus à haut risque clinique (Versmissen, Janssen, et al., 2007). Dans

les deux cas, aucune corrélation n’a été obtenue entre les performances à la tâche et la

symptomatologie clinique. Ces deux études apparaissent contradictoires dans leurs

résultats, et le manque de données sur le sujet rend difficile une clarification de la situation.

Au meilleur de notre connaissance, la mémoire de source n’a pour sa part jamais été étudiée

auprès des populations à risque clinique de psychose.

Chez les individus à haut risque génétique, peu de données sont disponibles, et celles-ci

concernent surtout les apparentés d’âge adulte plutôt que les enfants de patients. Or, bien

que l’étude des apparentés adultes soit informative quant à l’étude de l’association entre

cognition et gènes de vulnérabilité, elle renseigne peu sur les trajectoires

développementales de la pathologie puisque les apparentés adultes non atteints ont

18

généralement dépassé l’âge d’apparition de la pathologie et ne sont donc plus à risque

significatif de conversion. Cela dit, il demeure que des anomalies de la mémoire de source

ont été documentées chez cette population. Ainsi, dans une tâche de contrôle de l’action,

c’est-à-dire une tâche demandant d’identifier un décalage entre un mouvement réalisé à

l’aide de la main et un mouvement reproduit simultanément à un écran, un taux d’erreurs

plus élevé a été observé chez des apparentés de patients par rapport à un groupe contrôle.

Ces erreurs ont montré une association avec une échelle sous-clinique de délire, mais n’ont

pas été associées à l’expérience hallucinatoire (Versmissen, Myin-Germeys, et al., 2007).

Dans une tâche de mémoire de source verbale, il a également été démontré que des

apparentés adultes non atteints de patients psychotiques présentaient des altérations de leur

capacité à discriminer la source (interne ou externe) de mots appris, ce qui a mené les

auteurs à suggérer que la mémoire de source pouvait être un marqueur de vulnérabilité

génétique à la psychose (Brunelin, et al., 2007). Finalement, des études s’étant intéressées à

la mémoire de source chez un échantillon d’adolescents atteints du syndrome vélo-cardio-

facial (syndrome de délétion 22Q11.2) ont permis d’acquérir davantage de connaissances

sur le lien entre mémoire de source et vulnérabilité génétique à la psychose à un plus jeune

âge. En effet, ce syndrome est associé à une présence élevée de symptômes positifs à

l’enfance ainsi qu’à un risque très accru de psychose (prévalence de plus de 40%

comparativement à 1-3% dans la population générale; Schneider, et al., 2014). Ce groupe

d’adolescents a présenté une performance équivalente à un groupe contrôle en terme de

reconnaissance des actions, mais a commis un nombre plus élevé d’erreurs d’attribution de

la source, sans qu’aucun biais d’attribution ne soit toutefois identifié (Debbané, Van der

Linden, Glaser, & Eliez, 2008). Une étude plus récente portant sur la mémoire de source

verbale réalisée chez ce même échantillon a néanmoins permis d’identifier un biais

d’attribution externe dans le traitement de matériel verbal. Ainsi, les adolescents atteints du

syndrome de délétion 22q11.2 avaient tendance à identifier un mot répété dans leur tête

comme un mot ayant été lu à voix haute (Debbané, Van der Linden, Glaser, & Eliez, 2010),

ce qui se rapproche davantage des performances obtenues chez des patients psychotiques.

À la lumière de ces données, il ressort qu’il manque à ce jour d’études afin de tirer des

conclusions claires et étayées quant au fonctionnement de la mémoire de source chez des

19

populations à haut risque de psychose, bien que quelques études puissent laisser penser que

ces altérations sont présentes avant l’apparition de la psychose. De plus, aucune étude ne

s’est à notre connaissance intéressée au fonctionnement de la mémoire de source chez des

jeunes à risque génétique de psychose n’ayant pas encore dépassé l’âge d’éclosion de la

maladie, alors qu’il s’agit d’une population qui pourrait permettre une meilleure

compréhension des indicateurs précoces de psychose. Il s’agit d’ailleurs d’un élément

important appuyant la pertinence et l’originalité de la présente thèse qui porte précisément

sur cette question.

3.3 Population générale, expérience hallucinatoire et mémoire de source

La notion voulant que l’hallucination soit nécessairement le symptôme d’un désordre

psychotique sous-jacent a été remise en question par l’idée que les hallucinations se

distribuent sur un continuum allant de la population générale non psychiatrique aux

populations psychotiques. Plusieurs études se sont dans cette optique intéressées à la

présence d’expériences hallucinatoires dans la population générale non clinique. La notion

de propension à halluciner (hallucination proneness) est fréquemment employée dans ces

études et se définit comme une prédisposition à expérimenter un phénomène hallucinatoire.

La propension à halluciner est généralement mesurée par un amalgame d’expériences

hallucinatoires sous-cliniques et d’états mentaux pouvant prédisposer au vécu de telles

expériences, comme une imagerie mentale vive ou un caractère intrusif de la pensée

(Bentall & Slade, 1985). Plusieurs études utilisent la Launay-Slade Hallucination scale

(LSHS; adaptation: Bentall & Slade, 1985; version originale: Launay & Slade, 1981) pour

mesurer ce construit (eg. Kanemoto, Asai, Sugimori, & Tanno, 2013; Kråkvik et al., 2015,

Levitan, Ward, Catts, & Hemsley, 1996; Vellante, et al., 2012; Vercammen & Aleman,

2010). Ce questionnaire auto-rapporté, également validé en français (Larøi & Van Der

Linden, 2005), permet l’obtention d’un score total de propension à halluciner, qui regroupe

donc à la fois le vécu d’expériences hallucinatoire et d’éléments associés, mais qui peut

également être décortiqué en facteurs évaluant plus spécifiquement la présence

d’expériences hallucinatoires sous-cliniques.

20

Des études menées auprès d’adultes et d’étudiants universitaires à l’aide de la LSHS ou

d’instruments similaires ont relevé des taux de 1,5% à plus de 30% de phénomènes

hallucinatoires auto-rapportées survenus à au moins une reprise (pour des revues et méta-

analyses, voir Aleman & Larøi, 2008a; Johns & van Os, 2001; Kelleher, et al., 2012; Stip &

Létourneau, 2009; van Os, Linscott, Myin-Germeys, Delespaul, & Krabbendam, 2009). Il

en va de même pour les études réalisées auprès d’enfants et d’adolescents qui ont relevé des

prévalences de 7% à 33% d’expériences hallucinatoires (Escher, Romme, Buicks,

Delespaul, & Van Os, 2002; Garralda, 1984a; Jardri, et al., 2014; Larøi, Van der Linden, &

Goëb, 2009; McGee, Williams, & Poulton, 2000). Cela dit, une grande variabilité demeure

présente dans les prévalences rapportées, notamment en raison de la méthodologie utilisée.

Il a en effet été constaté que les études basées sur des questionnaires autorapportés

relevaient des prévalences systématiquement plus élevées que les études où les symptômes

étaient évalués par le biais d’une évaluation clinique (van Os, et al., 2009). Ce fait a été

vérifié empiriquement dans une étude ayant réévalué à l’aide d’une entrevue clinique des

participants qui avaient rapporté la présence d’au moins une expérience psychotique à vie

dans un questionnaire autorapporté. Des 16% de l’échantillon initial qui avaient mentionné

avoir vécu au moins une expérience hallucinatoire, seuls 6% ont vu leur expérience

confirmée à la suite d’une évaluation clinique. Par contre, le groupe de participants

considérés comme faux positifs, c’est-à-dire dont les expériences psychotiques subjectives

n’avaient pas été confirmées cliniquement, présentait néanmoins un profil distinct de celui

du groupe contrôle. Ainsi, à l’instar des participants dont l’expérience psychotique avait été

confirmée cliniquement, le groupe faux positif était plus à risque que le groupe contrôle

d’avoir présenté un trauma à l’enfance, d’avoir un trouble anxieux ou de l’humeur, d’avoir

été victime d’intimidation, d’avoir fait usage de cannabis, d’avoir vécu un évènement de

vie négatif dans la dernière année et d’avoir un fonctionnement social altéré (van Nierop, et

al., 2012). Ainsi, il semblerait que l’expérience hallucinatoire, même lorsque subjective,

soit liée à une histoire de vie aversive. D’ailleurs, le lien entre la présence d’hallucinations

chez une population non psychotique et différents évènements de vie stressants ou

traumatiques a été rapporté dans plusieurs études chez des enfants et des adolescents (Best

& Mertin, 2007; Jardri, et al., 2014; Mertin & Hartwig, 2004; Schreier, 1999).

21

Sachant que l’expérience hallucinatoire peut être retrouvée à l’enfance, plusieurs études se

sont par ailleurs intéressées à l’évolution clinique des enfants qui rapportaient avoir déjà

vécu une expérience hallucinatoire, afin de comprendre s’il s’agissait réellement d’un

phénomène pouvant s’inscrire dans un développement normal plutôt qu’un précurseur de

pathologie. Quoiqu’hétérogènes, les résultats de la littérature indiquent que dans une forte

proportion, les hallucinations font partie d’un développement normal, sont transitoires et

disparaissent sans intervention professionnelle (Edelsohn, 2006; Escher, et al., 2002). Une

étude très citée rapporte toutefois que la présence d’hallucinations à l’âge de 11 ans

augmente de plus de 16 fois les risques de développer un trouble schizophréniforme une

fois adulte (Poulton, et al., 2000). Un tel ratio n’a par contre pas été répliqué dans les études

subséquentes à cette publication. Une plus récente méta-analyse portant sur l’évolution des

expériences hallucinatoires dans la population générale a pour sa part confirmé que dans la

grande majorité des cas, l’expérience hallucinatoire rapportée dans la population générale

était un phénomène transitoire. Néanmoins, il a également été observé que le vécu

d’expériences hallucinatoires pouvait augmenter de 2,5 à 6,6 fois le risque de développer

un trouble psychotique chez un sous-groupe d’individus présentant des marqueurs de

sévérité accrus tels une psychopathologie non psychotique comorbide et un niveau de

fonctionnement prémorbide inférieur (Rubio, Sanjuán, Flórez-Salamanca, & Cuesta, 2012).

Une revue de la littérature portant sur les expériences hallucinatoires chez les enfants et les

adolescents indique pour sa part que les hallucinations constitueraient un élément pouvant

s’inscrire dans un développement normal chez les enfants, bien que la présence de ce

phénomène augmente de 3 à 5 fois le risque de présenter des symptômes

psychopathologiques tels que mesurés par des inventaires de comportements (ex. CBCL)

chez les enfants de moins de 8 ans. Par contre, le vécu d’expériences hallucinatoire

constituerait un facteur de risque plus important lorsque celles-ci persistent à l’adolescence,

où elles augmenteraient alors de 5 à 6 fois le risque de développer un trouble psychotique

(Jardri, et al., 2014). Quelques études plus récentes proposent par ailleurs que le vécu

d’expériences hallucinatoires constituerait un marqueur de risque particulièrement

significatif lorsque des idées délirantes sous-cliniques viennent se surajouter à l’expérience

hallucinatoire (Krabbendam, et al., 2004; Nuevo, Van Os, Arango, Chatterji, & Ayuso-

Mateos, 2013). D’autres études semblent davantage indiquer que les expériences

22

hallucinatoires s’accompagnent plutôt d’un risque accru à développer une psychopathologie

non psychotique, comme des troubles du comportement, des troubles de l’humeur ou de

l’anxiété (Dhossche, Ferdinand, van der Ende, Hofstra, & Verhulst, 2002; Garralda, 1984b;

Larøi, et al., 2009).

L’association entre le vécu d’expériences hallucinatoires à l’enfance et le développement

d’un trouble psychotique demeure en ce sens à explorer davantage puisque certaines

inconsistances restent présentes entre les études. Une intégration des données disponibles

semble pour l’instant indiquer que l’expérience hallucinatoire sous-clinique pourrait

constituer un marqueur précoce de psychose spécifiquement lorsque ce phénomène se

présente en association avec d’autres marqueurs de risque et qu’il persiste dans le temps.

Une récente conceptualisation théorique des hallucinations pédiatriques et de leur évolution

propose d’ailleurs que si la survenue initiale de l’expérience hallucinatoire à l’enfance

découle d’une interaction entre des facteurs prédisposants (p. ex. génétique, trauma,

adversité sociale), protecteurs (p. ex. habiletés de théorie de l’esprit) et culturels (p. ex.

spiritualité, religion), leur évolution vers une pathologie psychotique dépend plutôt de

l’ajout d’éléments qui influencent à la fois la persistance du phénomène et la détresse qu’il

instille (p. ex. comorbidité psychiatrique, valence émotionnelle négative de l’hallucination,

usage de cannabis, fonctionnement global inférieur, etc.) (Jardri, et al., 2014). Ainsi, une

meilleure compréhension du lien entre le vécu d’expériences hallucinatoires à l’enfance et

le développement à l’âge adulte d’un trouble psychotique nécessitera une recherche plus

détaillée de la dynamique entre ce phénomène et la survenue d’autres facteurs de risques

associés. Globalement, il ressort toutefois des études présentées que les hallucinations

peuvent être observées à la fois dans la population générale et la population psychiatrique,

et ce, à tout âge de la vie. Si la plupart des expériences hallucinatoires sont transitoires et ne

nécessitent pas d’intervention, elles peuvent néanmoins constituer pour certains enfants un

risque accru de présenter une psychopathologie, psychotique ou non, à l’âge adulte. De

manière surprenante, il semble néanmoins que la présence de tels indices cliniques n’ait été

que peu explorée chez les populations à risque génétique de psychose en tant que marqueur

du risque de développer un trouble psychotique.

23

La présence d’un lien entre les hallucinations et la mémoire de source a aussi été explorée

dans la population générale, afin de voir si l’association retrouvée entre les deux

phénomènes était exclusive à la pathologie psychotique ou si elle pouvait être documentée

dans la population générale. La mémoire de source a donc été étudiée auprès de participants

issus de la population générale rapportant des expériences hallucinatoires ou une

propension accrue à halluciner. L’étude de ce phénomène a montré que les individus

rapportant ce type d’expériences commettaient davantage d’erreurs d’attribution externe en

mémoire (i.e. tendance à reconnaître à tort qu’un élément auto-généré provient de

l’extérieur) que les participants sans expérience hallucinatoire (Allen, Freeman, Johns, &

McGuire, 2006; Brébion, Larøi, & Van der Linden, 2010; Brookwell, et al., 2013; Dehon,

Bastin, & Larøi, 2008; Larøi, Collignon, & Van der Linden, 2005; Waters, Allen, et al.,

2012). De manière intéressante, ces résultats semblent conformes à ceux obtenus chez des

patients psychotiques, chez qui la présence d’hallucinations avait été liée à la présence d’un

biais d’attribution externe (Brookwell, et al., 2013; e.g. Brunelin, et al., 2006; Brunelin, et

al., 2007; Doré, et al., 2007; Waters, Woodward, et al., 2012; Woodward, et al., 2007).

Ainsi, il semble que des performances anormales sur le plan de la mémoire de source soient

associées au phénomène hallucinatoire, même dans la forme sous-clinique du symptôme.

Notons néanmoins que d’autres paramètres de la mémoire de source, comme les aspects

spatio-temporels ou les mécanismes d’unification du souvenir, ont été beaucoup moins

étudiés en lien avec l’expérience hallucinatoire non clinique. Il est possible que ces

paramètres de la mémoire de source soient associés de façon distinctive à l’hallucination

selon la nature psychotique ou non psychotique du symptôme étudié (Badcock & Hugdahl,

2012; Chhabra, Badcock, & Maybery, 2013).

3.4 Modèle intégratif des hallucinations

Comme présenté ci-haut, plusieurs études ont relevé des liens entre la mémoire de source et

les hallucinations, tant auprès des patients psychotiques que dans la population générale.

Aleman et Laroi (2008d) ont tenté de conceptualiser ce lien en proposant un modèle

intégratif des hallucinations reprenant les résultats issus de la littérature portant sur la

question et pouvant être appliqué à l’ensemble des hallucinations, tant celles issues des

populations psychiatriques que non cliniques (voir Annexe F pour une illustration du

modèle). Ce modèle permet d’outrepasser l’idée d’une simple association entre mémoire de

24

source et hallucination, et suggère une contribution étiologique de la mémoire de source à

l’émergence du symptôme hallucinatoire.

Ainsi, ce modèle propose une conceptualisation étiologique des hallucinations, qu’elles

soient psychotiques, issues de la population générale ou associées à d’autres conditions

médicales non psychiatriques (ex. épilepsie, migraines, etc.). Quatre voies explicatives

distinctes constituent ce modèle, soient 1) un phénomène d'activation dû à des lésions au

niveau des voies sensorielles ou du système d'éveil, 2) une altération des centres corticaux

qui intègrent l'information perceptuelle, 3) une activation involontaire du focus attentionnel

et 4) une voie cognitive impliquant des facteurs émotionnels, des processus top-down et le

contrôle de la source de l’information. Les deux premières voies seraient responsables

d’une minorité d’hallucinations ayant une origine principalement neurologique (p.ex.

hallucinations présentes en contexte d’épilepsie ou suite à une lésion cérébrale), alors que

les voies trois et quatre expliqueraient les hallucinations psychiatriques, induites par les

drogues et issues de la population générale. La voie cognitive est considérée comme étant

la plus représentative dans ce modèle de l’émergence des hallucinations en contexte

psychiatrique et dans la population générale (Aleman & Larøi, 2008d).

Cette voie cognitive postule que les hallucinations découlent d’un traitement erroné de

l’information qui mènerait à attribuer à tort une information auto-générée comme une

pensée ou un discours sous-vocal à une source externe, ce qui serait central dans la genèse

des hallucinations. Ce traitement inadéquat de l’information interne découlerait de la mise

en action de divers éléments, dont les états affectifs comme le stress, l’anxiété et la

dépression qui altèreraient les processus de contrôle de la source en influençant les

processus perceptuels. Ceci est d’ailleurs cohérent avec les résultats d’une étude

expérimentale en mémoire de source ayant montré que le fait d’être prioritairement attentif

à ses propres émotions lors d’un évènement à mémoriser nuisait à une bonne attribution de

la source d’une information (Johnson, Nolde, & De Leonardis, 1996). La voie cognitive

propose de plus que des processus Top-Down, soit des facteurs tels les connaissances

antérieures, le contrôle attentionnel ou les attentes perceptuelles, viennent moduler

l’expérience perceptuelle et peuvent contribuer à la survenue d’hallucinations, par exemple

25

via l’instauration de biais perceptuels inadéquats ou le déploiement d’une vigilance accrue

par rapport aux perceptions. Ces processus seraient également influencés par des facteurs

émotionnels et motivationnels (Aleman & Larøi, 2008d).

Ce modèle intégratif des hallucinations est le modèle le plus englobant disponible à l’heure

actuelle et est également cohérent avec les conceptualisations cognitives proposées

antérieurement pour expliquer le phénomène hallucinatoire. Ainsi, il est possible au sein de

ce modèle de replacer les grandes théories des hallucinations, qui somme toute ont en

commun l’idée qu’une hallucination repose sur l’externalisation d’un évènement interne.

Par exemple, Bentall (1990) postulait que les hallucinations émergent d’un déficit en

contrôle de la réalité et a été parmi les premiers à amener l’idée que les personnes aux

prises avec des hallucinations avaient un biais qui consiste à attribuer des évènements

internes à une source externe. Il considérait déjà que le stress, l’environnement, de même

que les déficits cognitifs associés aux troubles psychotiques conduisaient à un traitement de

l’information plus rapide et superficiel, facilitant les erreurs d’attribution chez des individus

probablement déjà déficitaires à ce niveau (Bentall, 1990). Morrison (2001) avait

également soulevé l’idée de l’attribution externe dans sa conception des hallucinations en

proposant que ce symptôme émergeait d’une externalisation des pensées intrusives qui

prendrait place lorsque les intrusions sont non conformes aux croyances, aux valeurs ou

aux motivations de l’individu. L’attribution de l’intrusion à une source externe serait, selon

cette conceptualisation, mise en place afin de réduire une dissonance cognitive causée par

le différend entre la pensée intrusive et les croyances personnelles. Cet auteur considérait

que les hallucinations sont la manifestation d’un phénomène intrusif normal puisqu’elles se

retrouvent dans la population générale (Morrison, 2001), ce qui est cohérent avec la théorie

du continuum présentée plus tôt. Finalement, le modèle d’Aleman et Laroi (2008d) est

également conséquent avec la conception de Frith (1992), qui a proposé que les

hallucinations relevaient d’un contrôle de soi déficitaire qui faisait en sorte que les patients

aux prises avec des hallucinations perdent toute notion d’effort ou d’intention face à un acte

délibéré, ce qui les amènerait à percevoir leurs actions comme provoquées par une

incidence externe plutôt que par eux-mêmes. Ainsi, il semble que l’association entre la

gestion de la source de l’information et le vécu d’hallucination ait été supportée par de

26

nombreuses données et théories explicatives, qui sont aujourd’hui intégrées dans le cadre

interprétatif proposé par Aleman et Laroi (2008d), en faisant de ce fait une référence des

plus intéressantes dans l’interprétation des données issues de la recherche sur le sujet.

4. Principaux constats et limitations

Les études sur la cognition en psychose ont mené au constat maintenant bien établi que les

déficits cognitifs sont au cœur de la pathologie. Des déficits cognitifs ont été documentés

de manière consistante à tous les stades de la pathologie. Parmi ces déficits, l’atteinte en

mémoire épisodique a été ciblée comme l’une des plus marquées et a également été

associée au fonctionnement social et clinique des patients. Cette atteinte a également été

documentée avant l’apparition du premier épisode psychotique chez les futurs patients et

les populations vulnérables à la psychose. L’étude des patients psychotiques a de plus

permis de préciser les processus mnésiques à la base de cette atteinte globale en mémoire

épisodique et d’identifier la présence d’altérations de la mémoire de source chez cette

population. Ces altérations ont été liées aux symptômes positifs de psychose,

particulièrement à l’hallucination. De manière intéressante, ce lien entre mémoire de source

et expérience hallucinatoire a également été observé chez la population générale non

clinique rapportant des expériences hallucinatoires, amenant un appui supplémentaire à

l’idée qu’une association existe entre les deux phénomènes.

Cela dit, certains questionnements demeurent face à l’état des connaissances sur le lien

entre le fonctionnement cognitif et la psychose. Ainsi, il est connu que les atteintes

cognitives sont caractéristiques des troubles psychotiques plusieurs années avant l’éclosion

de la pathologie, notamment chez les populations à haut risque clinique et génétique de

psychose. On s’est néanmoins peu intéressé chez ces populations vulnérables à comprendre

les processus précis sous-jacents aux altérations globales documentées à l’aide de tâches

classiques. Quelques rares études semblent pourtant indiquer de manière préliminaire que

des atteintes de la mémoire de source pourraient être présentes avant l’éclosion du premier

épisode psychotique chez ces populations vulnérables, constituant ainsi un marqueur

précoce de la psychose. Néanmoins, les études présentes sont trop peu nombreuses et

aucune ne s’est intéressée de façon spécifique au fonctionnement de la mémoire de source

27

chez des jeunes à haut risque génétique de psychose n’ayant pas atteint l’âge critique de

développement de la pathologie. Pourtant, l’étude de cette population pourrait permettre de

mieux comprendre si l’atteinte en mémoire de source documentée chez les patients

psychotiques est présente avant l’apparition de la pathologie chez cette population

vulnérable. Par ailleurs, aucune étude ne s’est pour le moment intéressée à évaluer la

présence d’expériences hallucinatoires chez une population de jeunes à haut risque

génétique alors que de nombreuses études soulignent aujourd’hui que l’expérience

hallucinatoire à l’enfance et à l’adolescence pourrait constituer un marqueur de risque à

développer un trouble psychotique à l’âge adulte. L’étude d’une telle symptomatologie

sous-clinique chez des jeunes à haut risque génétique permettrait d’observer si une

survenue accrue de ce type d’expérience accompagne leur vulnérabilité à développer une

psychose. Finalement, il demeure impossible à ce jour de déterminer si l’association entre

mémoire de source et hallucination est également retrouvée avant l’apparition de la

pathologie chez les populations vulnérables, comme c’est le cas chez les patients

psychotiques. La présente thèse propose de combler certaines de ces lacunes, en

investiguant le fonctionnement en mémoire de source et la présence d’expériences

hallucinatoires sous-cliniques chez une population de jeunes à haut risque génétique de

psychose.

5. Objectifs et hypothèses

L’objectif principal de la présente thèse est d’identifier des indicateurs cliniques et cognitifs

de psychose présents avant l’éclosion franche de la maladie, afin de mettre en lumière des

éléments d’intérêts dans l’identification de marqueurs précoces de la pathologie. Plus

précisément, l’objectif de cette thèse est d’évaluer si certaines anomalies documentées chez

les patients psychotiques, à savoir l’altération de la mémoire source de même que la

présence de symptômes hallucinatoires, peuvent être identifiées avant l’éclosion de la

maladie chez une population vulnérable à la psychose. Pour ce faire, une population à haut

risque génétique issue de familles densément affectées par la maladie a été choisie comme

objet d’étude, puisqu’il s’agit d’une population exempte de plusieurs facteurs confondants

qui accompagnent les troubles psychotiques (ex. effets de la médication, de

28

l’hospitalisation, etc.), mais ayant une vulnérabilité accrue à la psychose en raison d’une

histoire familiale de psychose.

Deux études distinctes permettant conjointement de répondre à l’objectif principal de la

thèse ont été menées. Une première étude présentée dans le chapitre II a porté sur la

caractérisation du fonctionnement de la mémoire de source chez une population

d’adolescents et de jeunes adultes à haut risque génétique de psychose. L’objectif de cette

étude était d’observer si les atteintes de mémoire de source précèdent l’apparition de la

psychose chez une population à risque génétique ne présentant aucun symptôme franc de

psychose et peuvent constituer un marqueur précoce du développement d’un trouble

psychotique. Les performances en mémoire de source, soit la capacité à récupérer la source

et le contexte temporel d’items appris, ont été observées. Plus précisément, la capacité à

récupérer l’origine des souvenirs, la présence d’un biais d’attribution, l’intégrité des

représentations en mémoire et la qualité du jugement métacognitif en mémoire ont été

évalués. Sachant que les HRG présentent un profil cognitif semblable à celui des patients

psychotiques (Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al., 2014), et en se basant sur les

résultats obtenus auprès d’adolescents psychotiques à l’aide de la même tâche

expérimentale que celle utilisée dans la thèse (e.g. Doré, et al., 2007), il était attendu que les

jeunes HRG présentent des performances inférieures à celles d’un groupe contrôle en

mémoire de source. Plus précisément, en accord avec ce qu’on retrouve chez les patients

psychotiques, il était attendu qu’un biais d’attribution externe soit identifié, que les HRG

présentent des représentations mnésiques moins unifiées et des altérations au plan

métacognitif par rapport à des participants contrôles.

Une seconde étude présentée au chapitre III avait pour objectif d’évaluer si des

manifestations sous-cliniques de symptômes psychotiques, soit les expériences

hallucinatoires, précèdent l’apparition de la pathologie et sont identifiables chez une

population vulnérable non psychotique. Au plan clinique, il était évident que les

symptômes francs retrouvés en psychose, dont les hallucinations, ne pourraient être

retrouvés dans la population générale non psychotique – dans le cas contraire, on parlerait

alors de psychose. La poursuite de cet objectif a donc nécessité d’adapter le construit

29

évalué en conséquence. Ainsi, plutôt que d’investiguer la présence d’hallucinations

franches, la présence d’expériences hallucinatoires sous-cliniques a été investiguée, suivant

le postulat qu’il s’agit d’un phénomène présent dans la population générale, mais qui

pourrait également être une manifestation clinique précoce de risque chez une population

vulnérable. Bien que cette hypothèse soit de nature exploratoire en raison de l’absence

d’études portant sur le vécu d’expériences hallucinatoires chez des HRG, il était néanmoins

attendu que l’échantillon présente une propension à halluciner supérieure à celle retrouvée

dans la population générale puisqu’il s’agit d’une population plus à risque de développer un

trouble psychotique. En effet, conformément à cette hypothèse, il a été suggéré dans

quelques études que le vécu d’expériences hallucinatoire puisse constituer un marqueur du

risque à développer un trouble psychotique (Jardri, et al., 2014; Poulton, et al., 2000;

Rubio, et al., 2012; Sommer, et al., 2010). Un second objectif de cette deuxième étude était

d’investiguer la présence d’un lien entre le fonctionnement en mémoire de source et la

symptomatologie psychotique sous-clinique chez les HRG. Puisqu’une association entre

mémoire de source et symptômes positifs de psychose a été documentée, tant chez les

patients (Allen, et al., 2004; Brébion, et al., 2013; Brunelin, et al., 2006; Doré, et al., 2007;

Waters, Woodward, et al., 2012) que dans la population générale (Brébion, et al., 2010;

Brookwell, et al., 2013; Dehon, et al., 2008; Larøi, et al., 2005; Waters, Allen, et al., 2012),

et que des postulats théoriques soutiennent la présence de ce lien (Aleman & Larøi, 2008d),

il était attendu que les HRG montrant la plus grande propension à halluciner démontrent

des altérations plus sévères au plan de la mémoire de source. Les études antérieures ont

surtout abordé la présence d’un biais d’attribution externe en association avec l’expérience

hallucinatoire. Néanmoins, de manière plus exploratoire, les associations avec les

performances en mémoire de source, la présence de biais d’attribution, l’unification du

souvenir et la métacognition ont toutes été mises en association avec les expériences

hallucinatoires rapportées par les HRG.

6. Structure de la thèse

La présente thèse, rédigée sous forme d’articles expérimentaux, est présentée de la façon

suivante. Un premier article intitulé « Memory and Psychosis: Source memory dysfunctions

precede the onset in non psychotic offspring » aborde le premier objectif de caractérisation

30

de la mémoire de source avant l’apparition de la pathologie chez une population à risque.

Un second article intitulé « Significant subclinical hallucinatory experiences in offspring at

genetic risk of psychosis and their association with source memory distortions » porte

quant à lui sur l’évaluation de l’expérience hallucinatoire sous clinique et de ses liens avec

la mémoire de source. Une discussion générale abordant les contributions de la présente

thèse au plan empirique, méthodologique, théorique et clinique est ensuite présentée. Dans

cette discussion sont incluses des annexes présentant des résultats complémentaires de la

thèse n’ayant pu être abordés dans les articles centraux. Ces annexes constituent des

résultats supplémentaires qui permettent dès maintenant de soulever des hypothèses et des

directions de recherche en lien avec l’objectif principal de la thèse et qui orienteront la

poursuite des travaux du laboratoire. Ces résultats feront l’objet de futures publications du

laboratoire.

31

CHAPITRE II

Mémoire et psychose : Les altérations de la mémoire de source précèdent l’éclosion de

la psychose chez des jeunes à haut risque génétique de psychose

33

Résumé

Introduction. Des déficits cognitifs sont documentés sans équivoque chez les patients

atteints de psychose, chez les apparentés non atteints de même que chez les enfants de

patients psychotiques. Parmi les déficits cognitifs répertoriés chez ces trois populations, les

atteintes de la mémoire épisodique sont fréquemment identifiées comme étant parmi les

plus sévères. Néanmoins, les études ayant évalué le fonctionnement mnésique ont rarement

mis de l’avant une approche neuropsychologique de la mémoire qui permettrait d’isoler les

processus spécifiques à l’origine de cette atteinte globale. Les processus de mémoire de

source, qui permettent d’unifier les souvenirs et d’en récupérer l’origine en mémoire, ont

été démontrés comme atteints chez des patients psychotiques. Toutefois, la mémoire de

source n’a jamais été étudiée avant l’apparition de la pathologie chez des jeunes à haut

risque génétique de psychose (HRG). L’objectif principal de cette étude était en ce sens de

caractériser le fonctionnement de la mémoire de source chez une population de jeunes HRG

non psychotiques afin de vérifier si l’altération de la mémoire de source précède

l’émergence de la psychose. Méthode. Vingt-sept jeunes HRG âgés entre 9 et 25 ans ainsi

que 30 participants contrôles appariés pour l’âge et le sexe ont complété une tâche de

mémoire de source. Résultats. Les résultats obtenus ont démontré une atteinte des

processus d’attribution du contexte temporel de l’information, mais un fonctionnement

intact des processus d’attribution de la source interne-externe du souvenir. De plus, les

HRG ont montré des altérations de leur capacité à unifier leurs représentations mnésiques

de même que de leur métacognition en mémoire. Conclusion. Les résultats obtenus

supportent la présence d’une altération de la mémoire de source avant l’apparition du

premier épisode psychotique chez une population à risque de psychose. Les HRG

présentent un profil très similaire à celui de patients psychotiques, hormis pour l’atteinte de

l’attribution de la source interne-externe des souvenirs, qui est identifiée uniquement chez

les patients psychotiques. Le suivi longitudinal des HRG sera d’un intérêt particulier afin

d’identifier les individus de l’échantillon qui développeront un trouble psychotique, et de

mieux comprendre comment le fonctionnement de la mémoire de source est associé à la

vulnérabilité génétique et contribue à la conversion vers la pathologie

35

Memory and Psychosis: Source Memory Dysfunctions Precede Onset in Non-

Psychotic Offspring

Gariépy, M-A.1,3, Maziade, M.1,2, Gilbert, E.1, Gingras, N.1,2, Cellard, C.1,3 & Rouleau,

N.*1,3

1 Centre de recherche, Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec, Québec, Canada.

2 Département de Psychiatrie et Neurosciences, Faculté de Médecine, Université Laval,

Québec, Canada.

3 École de psychologie, Université Laval, Québec, Canada.

*Address for correspondence: Nancie Rouleau, Ph.D.

Centre de recherche

Institut universitaire en santé mentale de Québec

2601, chemin de la Canardière (F-2472)

Québec (Québec) G1J 2G3 Canada

Fax: 418-663-5971

E-mail: [email protected]

Authors’ note: This article includes portions of a dissertation by M-A Gariépy in partial

fulfillment of the requirements for a Ph.D. degree.

37

Abstract

Background. Cognitive deficits are well documented in psychotic patients, as well as in

their non-affected relatives, and in children born to an affected parent. Memory alterations

were associated with the largest effect sizes among these three populations. However,

memory has rarely been formally studied within a cognitive neuropsychological approach

to isolate specific cognitive processes responsible for poorer memory performance. Source

memory processes, which refer to the attribution of an origin to a memory and the

unification of memory representations, were shown to be at the core of episodic memory

impairments in patients, but have not been studied before the onset of psychosis. The goal

of this study was to investigate source memory impairments before the onset of psychosis

in non-symptomatic offspring. Methods. Twenty-seven offspring at genetic high risk

(GHR) for psychosis, 9 to 25 years old, and 30 healthy controls matched for age and gender

completed a source memory task. Results. Results showed impaired memory for temporal

context attribution, but preserved memory for external/internal source of information.

Furthermore, GHR showed memory distortions, namely reduced relational binding

processes and metacognition alterations. Conclusions. Findings support the presence of a

source memory dysfunction years before illness onset in populations vulnerable to

psychosis. GHR show a profile very similar to psychotic patients, except for attribution of

internal/external source, which is affected only in patients. It will be interesting to follow

our GHR group to identify converters and better understand how source memory is related

to genetic vulnerability and contributes to conversion to psychosis.

Key words: Psychosis; Cognition; Genetic high risk; Source memory.

39

Introduction

Cognitive deficits are at the core of psychosis. Among deficits identified by cognitive

research, a decrease in total recall of information in memory tasks is present with large

effect size both in psychotic patients1-4 and in non-affected relatives.5-9 Traditionally,

episodic memory has been investigated with tasks that quantify items recalled or

recognized following learning trials, with the main focus being on ‘how many’ are recalled.

Understanding the underlying memory processes causing a poorer performance may help to

better characterize the cognitive architecture of psychosis.

Source memory includes processes that allow the attribution of a specific origin to retrieved

information.10 Typically, the origin is simultaneously encoded with the target information

and enables contextualization of the information. The literature has shown impairments of

source memory in psychotic patients. Source memory deficits were hypothesized to be

responsible for the errors observed in clinical episodic memory tasks.11 According to this

hypothesis, internal or self-generated information falsely remembered as coming from an

external source (which is called an ‘external biais’) causes intrusions in recall. Confusion

about the time when external information was heard or seen (e.g. a problem in encoding the

temporal source) leads to perseverations, for instance when just-recalled information is

confused with a more distant time of presentation (e.g. the learning phase). The study of

those errors within a cognitive neuropsychological framework like source memory theory

can lead to a better understanding of the cognitive processes that might contribute to the

overall episodic memory failure documented in patients.

A meta-analysis of 29 studies from 1975 to 2007 confirmed poorer source memory in adult

psychotic patients.12 Other studies in adult patients specifically showed impaired attribution

of internal/external source of memories13-18 and impaired metacognition, as evidenced by

overconfidence in memory errors.17, 19-21 We have previously shown similar source memory

deficits in adolescents hospitalized for a first episode of psychosis.22 Adolescent patients

were severely impaired in identifying the internal/external source as well as the temporal

context of recognized words, and this was associated with an effect size larger than that

usually found with clinical word list learning. Furthermore, patients failed to unify their

40

memories because of a defect in binding processes and showed altered metacognition,

characterized by overconfidence in their erroneous answers compared to controls.

Interestingly, failure to correctly attribute the source of memories correlated with the

intensity of positive symptoms.

Cognitive dysfunctions are also present in children and adolescents at risk for developing

psychosis and are similar to those found in patients.8-9, 23-25 In our previous studies, we

showed marked episodic memory deficits in offspring at genetic risk24, 26-27 using clinical

standardized tasks such as the California Verbal Learning Test or Rey Complex Figure.

However, to the best of our knowledge, source memory processes have never been studied

before the onset of illness among young offspring at genetic high risk (GHR) of psychosis.

The few available studies mainly focused on non-affected adult relatives (NAARs) at

genetic risk, but who had passed the critical mean age of onset. In a source monitoring task

in which participants were instructed to discriminate the source of an action or voice that

was either self- or externally-generated, NAARs performed poorly compared to healthy

controls.28-30 Our group also found that parents of schizophrenic patients showed impaired

capacity to consciously recollect the specific context in which a piece of information was

encountered, which supports the idea that source memory could be altered in relatives of

patients, as recollection processes support the recall of different aspects of memories, such

as their origin.31 A few studies conducted with adolescents affected by the 22q11.2 deletion

syndrome (associated prevalence of psychosis over 40% vs 1% in the general population32)

also showed impaired source memory.33-34 This supports the idea that source memory

deficits are part of the genetic vulnerability to psychosis and could be present years before

onset.

GHR offspring are a population of interest to better understand early development of

psychosis and the earliest cognitive precursors of illness. This population allows for a more

efficient strategy in research on cognitive precursors of psychosis since 9-18% of them

convert to psychosis compared to 1% in the general population.35 GHR present no

psychotic symptoms and take no antipsychotic medication, which eliminates confounding

factors usually present in prodromal or clinical high risk studies. Data on source memory

41

functioning in GHR may shed light on the timing of the appearance of source memory

impairment in the course of the developmental trajectory of psychosis.

The main objective of this study was to investigate source memory functioning in GHR

offspring in order to see if those impairments are present before the onset of psychosis. In

line with the literature and considering the similar cognitive profile of GHR and psychotic

patients, it was hypothesized that GHR would show impaired source memory for both

source and temporal context compared to healthy controls, with non-unified memories and

impaired metacognition.

Methods

Participants

Twenty-seven participants between 9 and 25 years of age and at genetic risk of psychosis,

from densely affected families in eastern Québec, were recruited for this project (these

families have been described elsewhere24, 36). Inclusion criteria were to be 1) an offspring of

a parent diagnosed with schizophrenia, schizoaffective disorder or bipolar disorder (with or

without psychotic features), 2) part of a multigenerational family densely affected by

psychosis, and 3) 25 years old or younger, i.e., still under the mean age of psychosis onset.

Exclusion criteria were a diagnosis of intellectual disability, psychosis, bipolar disorder or

recurrent major depression, or a metabolic or neurological disorder known to affect

cognition (e.g. traumatic brain injury, epilepsy). Thirty-two controls matched on age and

gender were also recruited. Exclusion criteria for controls were the same as for GHR, plus

1) a family history (1st and 2nd degree) of schizophrenia, schizoaffective disorder,

psychosis, bipolar disorder or recurrent major depression disorder, and 2) a history of

psychiatric diagnosis in psychiatric evaluations (past and present; based on DSM-IV-TR).

Two controls were excluded based on the last criterion, leaving a final sample of 30

controls. Sociodemographic data are presented in Table 1.

___________________

Insert Table 1 about here

___________________

42

Procedure and materials

GHR participants were assessed as part of a broader research program in two 3-hour

sessions, while controls were assessed in one 2-hour session.

IQ was assessed using a standard intelligence scale (WISC-IV37; WAIS-III38 for GHR and

an abbreviated scale (WASI39) for controls. The presence of a psychological diagnosis was

evaluated by certified professionals or supervised graduate students with the Structured

Clinical Interview (SCID40) for participants 18 years and over, and with the Schedule for

Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age Children–Present and Lifetime

Version (K-SADS-PL41) for participants under 18. Socioeconomic status was assessed with

the Blishen Index42. This index is based on a Canadian Census of over 500 occupational

categories according to the Canadian Classification and Dictionary of Occupations and

provides a mean Canadian norm for the general population (mean = 42.74; SD = 13.3).

Source memory was assessed with the Source Memory Task22, an experimental task

designed by our research team based on the source memory paradigm10 and recently

computerized (coded in Java v7). Two lists of 20 words are presented individually on a

computer screen. Participants and experimenter alternated in reading each word aloud. The

pace of word presentation is managed by the experimenter (4-5 sec/word) according to the

participants’ reading pace to ensure sufficient time to encode presented words. Lists are

separated by a 20-minute break. Participants are instructed to memorize the words as well

as their source (i.e. who read the words) and their temporal context (i.e. List 1 or 2). After

the learning phase and a 5-minute break, participants are presented with a recognition

condition in which the 40 targets and 20 distractors (10 semantically related to a target

word and 10 neutral) are presented. If a word is recognized, participants must identify its

source and temporal context. Finally, for every answer given, participants are asked to

make a confidence judgment about their answer using a four point scale (1=guess; 2=rather

uncertain; 3=rather certain; 4=certain). This represents the attribution of origin (source and

temporal context) and assessment of metacognition respectively.

43

Analysis

Data were analyzed using SPSS 18.0 for Windows. Student’s T-Tests and repeated-

measures analyses of variance (ANOVA) were performed to assess between-group

comparisons with appropriated correction when the homogeneity of variance assumption

was not met. The Two-High Threshold Theory43 was used as a reference for the

computation of source memory scores (as in our previous studies22). First, memory for

central items (i.e. recognition of target words) was analyzed. Second, source memory was

assessed via the attribution of source and temporal context to the words correctly

recognized in the first condition. Finally, in order to explore the processes underlying

recognition and source memory, errors and distortions were analyzed.

All analyses were performed with an alpha value of 0.05 (bilateral). Effect sizes were

calculated using Cohen’s d based on SPSS-derived eta square (d = √[4η²/(1-η²)])44.

Results

As seen in Table 1, groups differed on socioeconomic status (SES) and mean IQ. For SES,

however, both groups were in the mean range of Canadian norms, indicating an average

middle class SES in both groups42. The lower IQ in GHR is in line with results obtained in

our previous studies24, 26 and in the literature on GHR8-9.

Memory for central information

Discrimination index (PR index) in recognition was computed as an index of accuracy of

response (Hit Rate – False Alarm Rate). A higher value on the PR index is associated with

increased ability to detect target and reject distractor words. A significant difference was

observed, with GHR performing more poorly than controls (t(55) = -3.091, p = .003, d = -

.83). Recognition is thus significantly impaired in offspring.

To assess the differential influence of semantic distractors on recognition, a 2 (Group;

GHR, Controls) x 2 (Distractors; Related, Not Related) ANOVA was computed. Results

showed a significant influence of Group (F(1, 55) = 9.704, MSE = .462, p = .003, d = .84),

with GHR performing more poorly. The main effect of type of Distractors was significant

44

(F(1, 55) = 24.475, MSE = .211, p < .001, d = -1.33), with semantic distractors being harder

to discriminate from target words in both groups. The interaction between Group and

Distractors, however, was not significant (F(1, 55) = .006, MSE = .001, p = .939),

suggesting that discriminating semantic distractors is more difficult for both groups and is

not a specific characteristic of memory functioning in GHR.

Memory for source and temporal context

Discrimination indexes (PR) were also calculated for source and temporal context on

correctly recognized words. Source PR index represents the number of items correctly

attributed to the external source (i.e., experimenter) minus the number of self-generated

words wrongly attributed to the experimenter. Temporal context PR index corresponds to

the proportion of items correctly attributed to List 1 minus the proportion of words from

List 2 wrongly attributed to List 1. A 2 (Group; GHR, Controls) x 2 (Origin; Source,

Temporal Context) ANOVA was conducted. A main effect of Group (F(1, 55) = 9.196,

MSE = .456, p = .004, d = -.82) and Origin was observed (F(1, 55) = 28,111, MSE = .794,

p < .001, d = -1.43), with a significant interaction effect (Group x Origin; F(1, 55) = 6.610,

MSE = .187, p = .013). Post-hoc multiple comparisons analysis showed that GHR

performed more poorly than controls specifically for the attribution of temporal context

(t(55) = -3.944, p < .001, d = -1.07), along with preserved attribution of source (t(55) = -

.876, p = .385, d = -.24; see Fig. 1).

_____________________

Insert Fig. 1 about here

_____________________

Memory distortions

As GHR were impaired in basic recognition and temporal context attribution, we further

analyzed memory errors and distortions that might contribute to those performances and

were traditionally documented in patients, i.e. response bias, altered relational binding and

impaired metacognition.

Response bias. Response bias (BR) index measures a distinctive tendency to

attribute recognized words to a specific origin. A higher score on the BR temporal context

index represents a tendency to attribute recognized words to a more distant time, i.e. to List

45

1 rather than List 2. No differential bias was detected in GHR (t(55) = -.566, p = .563, d = -

.15).

Binding processes. Relational binding is of particular interest in the study of source

memory since it allows for a measure of the integrity and unification of memory

representations. Binding is calculated with the proportion of correctly recognized target

words for which both source and temporal context were successfully identified. As shown

in Fig. 2, GHR showed impaired binding compared to controls (t(55) = -2.514, p = .015, d

= -.68).

__________________

Insert Fig. 2 about here

__________________

Metacognition. Metacognition in memory refers to the ability to adequately judge

the quality of responses given. Metacognition was assessed with the knowledge corruption

index (KCI) measuring the proportion of erroneous judgments among all answers

associated with a high level of confidence (rating of 4 = certain). As seen in Fig. 3, GHR

confidence judgments were more corrupted than those of controls, both in recognition

(t(55) = 2.412, p = .019, d = .65) and in temporal context attributions (t(55) = 2.030, p =

.047, d = .55). However, as those results may simply reflect GHR’s general higher

confidence in their answers, complementary analyses were computed with all answers (not

just the ones rated 4) in recognition and temporal context attribution. On average, GHR

showed equal or inferior judgment of confidence (recognition: t(55) = -.714, p = .478;

temporal context attribution: t(55) = -2.200, p = .032 with GHR showing lower overall

confidence). This result indicates that the distinctive overconfidence of GHR appears

specific to their erroneous answers.

_____________________

Insert Fig. 3 about here

_____________________

It could be argued that the oldest offspring in our sample could be in a prodromal phase and

thus contribute to the deficits found in source memory in a confounding way. However, we

reanalyzed all our data excluding the offspring older than 23 years old and all results

remained the same.

46

Age and gender effect

The contribution of age and gender to source memory performance was explored in

complementary sets of analyses. To assess the effect of age, Pearson’s correlations were

performed in both groups separately between age and source memory measures associated

with impairment in GHR (PR recognition, PR temporal context, binding, KCI recognition,

and KCI temporal context). No significant correlation was observed for GHR, for any

variable. However, a correlation was obtained between age and metacognition in controls

(KCI recognition; r = -.413; p = .023), showing an improvement in metacognition in

controls as they grow older but no such development in GHR.

To assess the effect of gender, all source memory performances were analyzed in 2 (Group;

GHR, Controls) x 2 (Gender; Female, Male) ANOVAs. Surprisingly, a significant main

effect of gender was obtained for many variables (PR recognition, PR source, PR context

and binding; p < .05 for all), with men performing significantly more poorly than women.

However, gender effect did not affect differences previously reported between controls and

GHR since all ANOVAs computed with gender also had a significant main effect of group

with no significant interaction.

Discussion

The aim of this study was to assess source memory functioning before the onset of

psychosis in offspring of parents diagnosed with schizophrenia and bipolar disorder born

from densely affected families. An experimental task based on the source memory

paradigm 10 was developed in our laboratory 22 and used to assess memory for the origin of

information. Participants had to memorize lists of words, who read them (source) and the

list in which they were presented (temporal context). This task allows for the calculation of

memory for central information and its origin, as well as memory distortions such as

impaired binding, response bias and failure in metacognition. As expected, our results

showed poorer old/new word recognition in offspring, and a specific impairment in

attribution of the temporal context of items. Attribution of the source, which is measured

with the identification of self- or experimenter-generated words, was completed normally

47

for GHR. Finally, results showed memory distortions in binding processes and

metacognition, but no response bias.

Memory for words and their origin

In line with studies using classical tasks measuring memory for items8-9,24,45-47, our

offspring participants showed impaired recognition as seen by less ability to discriminate

between target and distractor words.

Compared to controls, GHR showed impaired attribution of the origin of recognized words,

specific to temporal context. Attribution of external vs internal origin of words was,

however, intact. Our data thus suggest that GHR struggle with temporality in memory.

Episodic memory is characterized by the elaboration of time-specific memories and by its

unique capacity to time-travel across memories encoded in different life periods. This time-

traveling capacity is also at play in the recovery of memories.48 Impairment in time-

traveling processes may thus contribute to episodic impairments found in GHR and

warrants further attention.

The intact memory for internal-external source of words was rather surprising since we

previously reported this deficit in psychotic patients using the same task.22 We suggest that

impairment in the capacity to discriminate between self- and externally-generated events

could be specific to the active stage of psychosis and may not be observable before onset.

This would be consistent with studies showing a relationship between source attribution

alterations and positive symptoms,22, 49-52 as both phenomena are characteristic of psychotic

patients.

Memory distortions underlying altered performances

As shown in patients, altered performances in episodic memory could be explained by

source memory distortions. We specifically assessed the presence of response bias,

impaired relational binding and impaired metacognition, as those distortions were found in

patients.11, 21-22, 53

48

No response bias was observed in temporal context attribution, which is in line with the

performance documented in adolescent psychotic patients on this task, where this bias was

not observed.22 Consequently, a ‘temporal bias’ does not appear to contribute to the time-

traveling dysfunction observed in GHR. The response bias in psychosis could then be

specific to the internal-external attribution of source.

Our results also showed impaired binding processes in GHR, as seen by a particular

difficulty in integrating into a unified memory multiple pieces of information related to a

target word. Similar impairments were documented in psychotic patients.12, 22, 53 In our

opinion, deficient binding could fragment memories and be a causal factor for inefficient

episodic memory performance in GHR. This is consistent with deep processing theory

suggesting that poor memory traces are not retrieved as well.54

Metacognition refers to the capacity to evaluate the accuracy of retrieved memories (i.e. be

confident about real memories and doubtful about false ones) and to make a confidence

judgment about memories.17, 19-21, 55 Our results showed that both in recognition and in

temporal context attribution, GHR had an increased proportion of erroneous answers with

high confidence. This result was observed although GHR showed similar or lower than

average confidence than controls in their answers generally, making it clear that their

impairment in metacognition was marked by a specific overconfidence in erroneous

answers and not by a general overconfidence in all their responses. The few available

studies with psychotic patients also found that metacognitive processes are impaired in

psychosis17, 19-22, 55 and our results support the hypothesis that metacognition could be

dysfunctional years before onset. This distortion probably contributes to deficits in episodic

memory by altering decision processes in recall. Indeed, recall of a memory is based on a

decision process in which different characteristics of the memory are evaluated in order to

retrieve its origin or context.10 A failure in metacognition could prevent the efficient auto-

correction of false memories and the accuracy of decision processes.

Overall, our results confirm that memory distortions, or at least impairments in binding and

metacognition, are observed in the absence of any psychotic symptoms before the onset of

49

psychosis and may contribute to the episodic memory impairments found in GHR in studies

using classical item memory tasks. Source memory distortions may thus be considered

potential markers for psychosis, observable quite early in development since our

participants were as young as 9 years old.

Development of source memory processes

As our sample ranged from childhood to young adulthood, we wanted to analyze the effect

of age on group differences. Interestingly, metacognition showed development between 9

and 25 years of age in controls but not in GHR, whose performance remained stable over

time. Other variables did not show any development after age 9, suggesting an earlier

normal development of those processes. This result is informative for the normal

development of source memory, given that metacognition would typically develop toward

adolescence and young adulthood, while other processes such as origin attribution or

binding apparently mature earlier in life. This is in line with studies suggesting

improvement in source memory between 4 and 8 years old56-57, and in metacognition in

memory in later childhood and adolescence.58 We first reported a development of binding

processes in controls aged 12 to 17.22 The presence of a large proportion of participants

aged between 18 and 25 in the present study may prevent the finding of such an

association. Future studies of source memory should focus on younger participants to better

characterize its developmental trajectory, to verify if source memory impairments in GHR

rely on a developmental delay or a rupture in development.

Gender effect

Women significantly outperformed men in recognition, attribution of origin and relational

binding. This effect was similar in controls and GHR, and has rarely been considered in

previous studies on source memory. This gender effect was found in episodic memory

studies, where women frequently had better performances than men.59-61 Bemis and

colleagues observed this gender effect in a source memory task done with children asked to

retrieve the temporal context of given information.62 More research is needed on this aspect

since one study did not find any gender effect.63 Nonetheless, gender should be considered

in the development of source memory tasks, and norms should be developed for men and

50

women, especially since psychosis is related to gender. Such a finding should also be

considered in future studies, with controls and patients individually matched on gender.

Comparison of GHR with psychotic adolescent patients

A comparison of GHR and psychotic patients is of particular interest for the study of the

contribution of cognitive dysfunctions in the developmental trajectories of psychosis. As

our source memory task was also used by our research team with psychotic adolescents22,

this enabled a direct comparison of the effect sizes observed in patients and GHR.

Several similarities between our patients and GHR participants were observed, such as

impairments in recognition, attribution of temporal context, relational binding and

metacognition. More importantly, the effect sizes were the same magnitude in both groups

(moderate to large). However, GHR had a normal performance in the attribution of

external/internal source, contrary to patients who were impaired. We thus suggest that

whether alterations in temporal context, relational binding and metacognition are present

years before the onset of the disease in vulnerable populations, a deficit in source

attribution could be associated with the presence of psychosis. Future studies should help

clarify if source attribution deficits are due to a decline prior to onset, if they appear with

the onset of psychosis, or if they are present years before the onset of psychosis in a

subgroup of GHR, who will later convert to psychosis. In this latter case, source attribution

could be considered an early cognitive marker of the disease. The longitudinal follow-up of

our GHR sample could shed light on this aspect in the coming years.

Limitations

Findings must be interpreted in light of some limitations. First, our relatively small sample

size might have increased type II errors and results need replication. It could be interesting

to assess offspring of parents with a sporadic form of the disease, considering that the

strong genetic load of our sample could have led to a larger effect size.

51

Conclusion

This was the first study to assess source memory functioning in offspring at genetic risk of

psychosis. Children without any psychotic symptoms born from affected parents showed

source memory dysfunctions similar to psychotic patients. Our study showed impaired

central memory, with recognition and temporal context attribution abnormalities. Memory

distortions were also observed, with altered relational binding and metacognitive processes.

Impairments were similar in nature and intensity to those previously documented in

psychotic patients by our team and other groups, supporting our hypothesis that source

memory impairments are present years before the onset of psychosis. However, some

processes that were deficient in patients were intact in GHR, such as internal-external

attribution. We thus suggest that 1) dysfunctions in the processes of attribution of

internal/external and temporal context are both necessary to the presence of illness, and 2)

there is a decline in internal/external attribution processes before or at the onset of

psychosis. This points up the need for longitudinal studies in at-risk populations to better

understand the trajectory of source memory processes as cognitive precursors of psychosis

and their potential as markers of future conversion.

Acknowledgements

We are grateful to all participants and their families for their contribution to this study, to

Valérie Beaupré-Monfette for coordinating recruitment, and to Eugénie Simard and Anne-

Sophie Godbout for their contribution to testing control participants.

Financial support

This work was supported by a doctoral scholarship from the Centre Thématique de

Recherche en Neurosciences (CTRN) (M-A.G.). It was also supported by grants from the

Canadian Institutes of Health Research (CIHR; M.M., N.R., grant number #MOP-74430)

Conflict of interest

None.

Ethical standards

The authors assert that all procedures contributing to this work comply with the ethical

standards of the relevant national and institutional committees on human experimentation

and with the Helsinki Declaration of 1975, as revised in 2008.

52

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58

Table 1. Sociodemographic data and global IQ

GHR Controls p or 2

M (SD) Min/Max M (SD) Min/Max

Gender 13F/14M -- 16F/14M -- .793

Age 20.15 (4.69) 9.72/25.86 19.85 (4.76) 9.17/25.61 .816

Education 11.37 (3.20) 4/16 13.23 (4.38) 3/20 .075

SES1 32.69 (13.83) 22.08/62.87 41.98 (20.16) 22.08/71.62 .046

IQ2 90.59 (13.97) 65/118 115.97 (11.79) 93/137 .001 1Blishen socioeconomic index for occupations in Canada (Blishen et al., 1987) 2WISC-IV/WAIS-III (GHR) and WASI (controls)

59

Figure 1. Discrimination Index (PR) for origin (source and temporal context) attribution

between groups (Mean ± SD)

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

Source Temporal context

PR

Ind

ex

Origin

GHR

Controls

*p < .05

*

60

Figure 2. Proportion of recognized words for which both source and temporal context were

correctly attributed (Mean ± SD)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Binding (%)

Pe

rce

nta

geGHR

Controls

*p < .05

61

Figure 3. Proportion of erroneous answers among those scored with high confidence (KCI

Index) in a) recognition, and b) temporal context attribution (Mean ± SD)

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

Recognition

KC

I In

de

x

GHR

Controls

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

Temporal context

KC

I In

de

x

GHR

Controls

*p < .05 *p < .05

1.0 1.0

63

CHAPITRE III

Associations entre expériences hallucinatoires sous-cliniques et distorsions en

mémoire de source chez des jeunes à haut risque génétique de psychose

65

Résumé

Les hallucinations sont un des symptômes centraux au phénomène de la psychose et ont été

associées chez les patients psychotiques à la présence de distorsions en mémoire de source.

Toutefois, aucune étude n’a tenté de documenter la présence d’expériences hallucinatoires

sous-cliniques avant l’apparition de la psychose chez une population à haut risque

génétique de psychose (HRG), ni le lien entre ces expériences et le fonctionnement de la

mémoire de source. Nous avons récemment démontré que des jeunes provenant de familles

densément atteintes par la psychose présentaient des altérations dans leur fonctionnement

en mémoire de source. L’objectif de cette étude était d’évaluer la présence d’une

association entre ces altérations en mémoire de source et une propension à expérimenter

des expériences hallucinatoires sous-cliniques, sachant que de telles expériences sont

retrouvées dans la population générale. Pour ce faire, 27 jeunes HRG âgés entre 9 et 25 ans

et 30 participants contrôles ont complété une tâche de mémoire de source et un

questionnaire évaluant la propension à halluciner. Les HRG ont été significativement plus

nombreux que les contrôles à rapporter au moins une expérience hallucinatoire au cours de

leur vie. De plus, les HRG ayant obtenu les scores les plus élevés à l’échelle de propension

à halluciner ont présenté une altération plus marquée de leur métacognition en mémoire,

apportant un appui supplémentaire à l’idée d’une association entre les distorsions en

mémoire et la symptomatologie, tel qu’observé chez les patients. Il est suggéré que les

distorsions en mémoire de source pourraient être associées à l’émergence d’expériences

hallucinatoires plusieurs années avant l’apparition de la psychose, bien que cette

association soit considérée comme évoluant au fil du développement de la maladie.

67

Significant subclinical hallucinatory experiences in offspring at genetic risk of

psychosis and their association with source memory distortions

Gariépy, M-A.1-3, Maziade, M.1-2, Gilbert, E.1, Gingras, N.1,2 & Rouleau, N.1-3

1 Centre de recherche, Institut universitaire en santé mentale de Québec, Québec, Canada.

2 Faculté de médecine, Université Laval, Québec, Canada.

3 École de psychologie, Université Laval, Québec, Canada.

Address for correspondence: Nancie Rouleau, Ph.D.

Centre de recherche

Institut universitaire en santé mentale de Québec

2601, chemin de la Canardière (F-2472)

Québec (Québec) G1J 2G3 Canada

Fax: 418-663-5971

E-mail: [email protected]

Authors’ note: This article includes portions of a dissertation by M-A. Gariépy in partial

fulfillment of the requirements for a Ph.D. degree.

69

Abstract

Hallucinations are a core feature of psychosis and have been associated with source

memory distortions in psychotic patients. It is not known if these markers are present

before the appearance of illness and no study has examined subclinical hallucinations in

populations at genetic high risk (GHR) for psychosis or their association with source

memory. We recently demonstrated that offspring from families densely affected by

psychosis present source memory dysfunctioning. The purpose of this study was to

examine the association between source memory alterations and proneness to experience

subclinical psychotic-like symptoms, which are found in a significant proportion of the

general population. Twenty-seven non-psychotic GHR offspring, 9 to 25 years old, and 30

controls completed a source memory task and a questionnaire assessing hallucination

proneness. GHR reported significantly more hallucination-like experiences than controls.

GHR with greater hallucination proneness showed poorer metacognition in source memory,

supporting the association between memory distortions and subclinical symptoms, as seen

in patients. We suggest that distortions in source memory could be associated with the

appearance of hallucination-like experiences years before the onset of psychosis and that

this association evolves across the developmental trajectory to psychosis.

Key words: Genetic high risk, Psychosis, Source memory, Hallucination proneness

71

Introduction

Neuropsychological studies of psychosis have consistently reported episodic memory

deficits in patients.1-3 Among specific memory processes, source memory is known to be

impaired in psychotic patients.4-7 Source memory is defined as the cognitive process that

allows the attribution of a specific source (i.e. origin) to information retrieved from

memory.8 It is still not known how source memory processes are related to psychosis or its

etiology.

Several studies reporting source memory deficits in psychotic patients observed an

association with psychotic positive symptoms, particularly hallucinations. For example,

patients with higher levels of hallucinations showed increased external bias, i.e. a tendency

to misattribute self-generated information to an external source.9-13 We also previously

demonstrated the presence of source memory distortions in adolescents with first-episode

psychosis, and the relationship between external bias and positive symptoms.6 Interestingly,

this association was also supported in a transcranial magnetic stimulation study, where a

reduction in hallucinations was associated with improvements in a verbal source memory

task in schizophrenic patients.14 This association between symptoms and source memory in

patients was supported recently in a model developed by Brebion and colleagues to address

the specific association between memory errors and hallucinations.15 According to Aleman

and Larøi's comprehensive model,16 hallucinations arise from a cognitive pathway in which

emotions, top-down factors such as expectations and prior knowledge, and source memory

failures interact and cause internal stimuli such as mental imagery or inner speech to be

misattributed as external to the self (e.g. a voice).

This relationship between source memory and hallucinations before the onset of psychosis

in vulnerable populations has never been studied, and the point in time at which these

markers appear in the course of the illness has not been identified. We recently showed

impaired source memory in offspring at genetic high risk (GHR) that was similar in nature

and intensity to that observed in patients.17 Obviously, for their clinical presentation, GHR

do not display psychotic symptoms as they were screened with no diagnosis in the broad

spectrum of psychosis. However, some studies point to the existence of subclinical

72

attenuated positive symptoms or hallucination-like experiences in non-clinical populations.

Hallucination proneness refers to a predisposition to non-clinical hallucinatory experiences

and non-pathological mental states that could lead to hallucinations such as vivid mental

imagery or intrusive thoughts.18 According to various studies, 1.5% to 30% of individuals

in the general population report having had such experiences once in their life. Prevalence

varies a lot depending on the methodological features of studies,19-21 but it is now accepted

that these experiences may occur without any diagnosis of psychosis or prodromal state.

Hallucination proneness thus seems an interesting avenue to explore the risk in genetic high

risk offspring.

In non-psychotic populations, hallucination proneness has been associated with source

memory performance. For example, poorer performances in source memory were

documented in participants from the general population reporting higher hallucination

proneness.22-25 Another study showed that participants with higher levels of psychotic-like

experiences displayed greater external attribution bias than other participants.26

Vulnerable populations such as offspring born from an affected parent are studied in order

to understand factors associated with a predisposition to develop psychosis in the absence

of confounding factors such as medication or hospitalization. Among the documented

cognitive factors that could contribute to the development of psychosis, source memory

processes are serious candidates.17 To the best of our knowledge, however, the presence of

hallucination proneness and its relationship to source memory have never been studied in

this population and this is the first study to report hallucination proneness in GHR offspring

and its association with source memory distortions.

Objectives and hypothesis

The objectives of this study were to 1) explore if non-psychotic GHR offspring report

greater hallucination proneness than controls, and 2) examine the relationship between

hallucination proneness and source memory in this population in order to verify if they

were related before the onset of psychosis. As previously shown in psychotic patients as

well as in the general population, it has been suggested that hallucination proneness could

73

be associated with source memory performance in GHR. If this association was found

before the onset of psychosis, this would suggest that both phenomena depend on

mechanisms altered years before onset and would support our hypothesis that source

memory distortions may have an etiologic role in the development of psychotic symptoms.

Methods

Participants

Twenty-seven non-affected offspring between 9 and 25 years of age from densely affected

families in eastern Québec were recruited (these families have been described elsewhere27-

30). Inclusion criteria were to be 1) the offspring of a parent diagnosed with schizophrenia,

schizoaffective disorder or bipolar disorder from these families densely affected by

psychosis, and 2) not more than 25 years old, which is considered the mean age of

psychosis onset. Exclusion criteria were 1) a diagnosis in the spectrum of psychosis, 2) a

diagnosis of intellectual disability, and 3) a metabolic or neurological disorder known to

alter cognition (e.g. traumatic brain injury, epilepsy). Thirty-two controls matched on age

and gender were also recruited. Exclusion criteria were the same as for offspring, along

with 1) a family history (1st and 2nd degree) of schizophrenia, schizoaffective disorder,

bipolar disorder or recurrent major depression disorder, 2) a history of any psychiatric

diagnosis (based on DSM-IV-TR), and 3) an actual diagnosis following our rigorous

psychiatric evaluation. Two controls were excluded based on these last two criteria (one

had a previous diagnosis of anorexia and one has a current diagnosis of chronic motor tic

disorder), leaving a final sample of 30 healthy controls. All participants were French

speaking. Sociodemographic data are presented in Table 1. Clinical diagnoses present in

the GHR group are shown in Table 2.

___________________________

Insert Tables 1 and 2 about here

__________________________

Materials and procedure

Participants were assessed as part of a broader research program, in two 3-hour sessions for

GHR and a total of 2 hours for controls.

74

For both groups, the presence of a past or present psychiatric diagnosis was evaluated by a

certified professional or a supervised Ph.D. psychology student using a semi-structured

interview conducted with the SCID31 for participants over 18 years old and with the K-

SADS-PL32 for children and adolescents. Medical records and past consultations with

mental health professionals were also examined if available. Social functioning was

evaluated with the SOFAS,33 a scale ranging from 0 to 100. Socioeconomic status (SES)

was assessed with the Blishen index.34a Hallucination proneness was assessed with the

French modified version of the Launay-Slade Hallucination Scale (LSHS) (original

version;18 French adaptation35). This 16-item self-report questionnaire assesses subclinical

hallucinatory-like experiences and related features (e.g. vividness of mental imagery,

intrusive character of thought) and is answered on a 5-point scale (0 = “certainly does not

apply to me,” 1 = “possibly does not apply to me,” 2 = “unsure,” 3 = “possibly applies to

me,” and 4 = “certainly applies to me”). The total score (/64) is composed of 5 factors:35 1)

sleep-related hallucinatory experiences, 2) vivid daydreams, 3) intrusive or vivid thoughts,

4) auditory hallucinations, and 5) visual hallucinations. The total refers to more general

experiences in comparison to the last two factors that address more specifically

hallucination-like phenomena. The questionnaire was answered by participants on their

own, except for younger participants (aged 12 and under) to whom the experimenter read

the questions aloud to ensure an accurate understanding. Source memory results were

measured in the same session but were reported in a previous paper.17b Results were

analyzed in parallel with hallucination proneness scores in the present paper to examine the

association between source memory and hallucination proneness.

a This index is based on a Canadian Census of over 500 occupational categories according to the Canadian

Classification and Dictionary of Occupations and provides Canadian norms for the general population (mean

= 42.74; SD=13.3). b The Source Memory Task (Doré et al., 2007) was designed by our research team and based on the source

memory paradigm (Johnson et al., 1993). We used our recently computerized version (Java v7) for more

efficient administration and correction. In this task, two lists of 20 words are presented individually on a

computer screen and participants and experimenter alternate in reading them aloud. Subjects are instructed to

memorize the words, as well as their source (i.e. who read the words) and their temporal context (i.e. List 1 or

2). Presentation time is managed by the experimenter, with a 5-second break between words, but according to

the participants’ reading pace to ensure sufficient time to encode words. A 20-minute break is taken between

the lists. After a 5-minute break, a recognition condition (old/new; 40 targets and 20 distractors) is presented.

When a word is recognized as previously studied, participants must identify its source and temporal context.

For every answer given, a confidence judgment is measured using a 4-point scale (1=guess; 2=rather

uncertain; 3=rather certain; 4=certain).

75

Analysis

Data were analyzed using SPSS 18.0 for Windows. Unless specified, analyses were

performed with a critical p value of 0.05 (two-tailed tests). Student’s t Tests and repeated-

measures analyses of variance (ANOVA) were performed to examine between-group

comparisons on the variables of interest with appropriate correction when the homogeneity

of variance assumption was not met. Effect sizes were calculated using Cohen’s d based on

SPSS-derived eta square (d = √[4η²/(1-η²)]).36

As in our previous papers, source memory scores were computed based on the Two-High

Threshold Theory,37 with indexes for memory for central information (recognition), origin

of words (i.e. source and temporal context) and distortions (namely response bias, relational

binding and metacognition).

Results

Hallucination proneness

Total and factor scores on the LSHS are presented in Table 3. GHR did not differ from

controls on the total score (t (55) = .777, p = .441, d = .21). To test for group differences on

LSHS factors, a 2 (Group) x 5 (Factors) repeated-measure ANOVA was computed. A

significant effect was observed for Factors (F(1,4) = 38.49, p < .001). However, no main

effect of Group was observed (F(1,4) = .662, p = .419, d = .22) or Group x Factors

interaction (F(1,4) =.968, p = .896).

As the literature indicates an association between source memory and hallucination

specifically, and considering our a priori hypothesis, we were particularly interested in

looking at the last two factors in isolation (i.e. auditory and visual hallucination factors).

Participants were divided into two groups according to their answers on each item for the

auditory and visual hallucination factors. They were considered as reporting hallucinatory-

like experiences if at least one question was answered with a score of 2, 3 or 4 (i.e.

“unsure”, “possibly applies to me” or “certainly applies to me”) on one of those factors (see

table 4 for the distribution of participants by group according to this split). A chi-square test

for independence indicated that the report of a lifetime auditory/visual hallucinatory-like

76

experience was significantly more frequent in offspring (² (1, N = 57) = 2.92, p = .044

(unilateral)).

______________________________

Insert Tables 3 and 4 about here

______________________________

Supplementary analysis of individual characteristics revealed a correlation between age and

hallucination proneness. In GHR, stability of hallucination proneness (total score) was

observed across development (r = -.137; p = .495). Controls, on the other hand, showed a

negative correlation between age and LSHS total score (r = -.500; p = .005), indicating a

decrease in hallucination proneness with age for controls but not GHR. Gender did not

impact the LSHS total score (GHR: t(25) = -1.258, p = .220; controls: t(28) = -.718, p =

.478). Finally, the presence of a clinical diagnosis did not affect the LSHS total score when

comparing GHR with (N=11) versus without (N=17) a non-psychotic clinical diagnosis

(t(25) = .193, p = .849).

Hallucination proneness and source memory functioning

To study the relationship between source memory dysfunctions and hallucination proneness

in GHR, we split the group according to the LSHS median score (LSHS median total score

= 11). Fifteen GHR were identified with low hallucination proneness (HP-) and 12 with

high hallucination proneness (HP+). HP- and HP+ subgroups were equivalent in terms of

gender (²(1, N=27) = .030, p = .863), age (t(25) = .527, p = .603), education (t(25) = .775,

p = .446), and SES (t(25) = 1.123, p = .272). The distribution of GHR with a clinical

diagnosis was equivalent in the subgroups (²(1, N=27) = .767, p = .381). HP+ and HP-

were then compared on their source memory performances. The source memory task

assesses central memory for words with the recognition index (i.e. ability of participants to

discriminate targets from distractors) and the origin attribution indexes (i.e. ability to

correctly determine the origin of words retrieved from memory). Binding index represents

the level of integrity of memories and is assessed with the proportion of words recognized

for which both source and temporal context are correctly attributed. Finally, memory

77

distortions are assessed, namely response bias (i.e. tendency to attribute recognized words

to a particular source or temporal context) and metacognition (i.e. ability to judge the

accuracy of memories with confidence judgments). Metacognition is assessed with the

Knowledge Corruption Index (KCI), which represents the proportion of erroneous high-

confidence answers.

As seen in Table 5, both subgroups performed similarly on their ability to memorize items

and their origin (i.e. no difference on recognition, origin attribution, and binding indexes).

However, the HP+ group had significantly lower metacognition, as shown with KCI

recognition and KCI origin attributions. This suggests that decreased ability to accurately

judge the quality of retrieved memories is associated with increased hallucination

proneness.

_____________________

Insert Table 5 about here

_____________________

Discussion

The main objective of this study was to explore hallucination proneness in GHR offspring

and its association with source memory performance. Hallucination proneness was self-

reported with the LSHS questionnaire. GHR and controls did not differ on their total score.

However, a more in-depth analysis of questions specifically assessing hallucination-like

experiences (auditory and visual hallucination factors) showed that a greater number of

GHR reported at least one significant hallucination-like experience. This finding suggests

that subclinical hallucination-like experiences are more frequent in individuals born from

an affected parent, even if they do not seek help for or present any clinically significant

psychotic symptoms. This also indicates that hallucination proneness is an inclusive

concept targeting experiences that go beyond what is traditionally considered hallucination

per se. Indeed, it is neither the vividness of mental imagery and daydreaming, nor the

intrusive nature of thoughts that seems to be distinctive in GHR offspring but rather their

hallucination-like experiences. This suggests that some LSHS factors may be more

78

informative in the assessment of precursors of psychosis, or that hallucination factors may

be detectable before or with more sensitivity than other experiences in this population.

Compared with literature using the LSHS questionnaire, our participants (GHR as well as

controls) reported average total scores slightly below those observed in previous studies.

An average score around 18 was reported25-26 while our participants reported scores around

12 (controls) and 14 (GHR). This difference could be partly because our participants

completed the questionnaire in the presence of the experimenter (who was available to read

questions or help), while the studies in the literature mostly had epidemiologic objectives

and questionnaires were distributed simultaneously to several participants in large groups.

This may have induced a feeling of anonymity. Also, our participants were informed at the

time of consent that they were taking part in a study on the risk of psychosis, which may

have made them reluctant to report hallucinatory experiences.

Evolution of hallucination proneness in development

Complementary analyses were performed to understand how individual characteristics

impact on hallucination proneness, and a distinctive effect of age was observed. Older

controls reported less hallucination proneness (LSHS total score) than younger ones

whereas GHR maintained a similar level over time. Importantly, this result indicates that

GHR are not characterized by a general increase in hallucination proneness across their

lifespan, although some of them will convert to psychosis. They show a stability in their

level of hallucination proneness across development instead of the expected decrease seen

in controls, as in our study and also in others.20 At a clinical level, hallucination proneness

in its broad definition could be informative and discriminant only after a particular timing

in development. In young infants, of course, those experiences are clinically considered

more typical and are expected with imaginary friends for instance, but not later in

development. Hallucination proneness could therefore become a marker of interest for

clinicians working with young adults. Interestingly, among offspring, the presence of a

non-psychotic clinical diagnosis (see Table 2) was not associated with increased

hallucination proneness. This result supports the idea that hallucination proneness is not

79

associated with a general clinical state but could be specific to psychosis, which will need

to be addressed further.

Source memory distortions and hallucinatory experiences

In the literature, source memory was associated with clinical hallucinations in patients and

with hallucination proneness in healthy controls.6,9,12-16,23-26 We previously found source

memory impairments in GHR offspring.17 However, until now the association between

source memory and hallucination proneness had never been studied before the onset of

psychosis in vulnerable populations. Our results showed that GHR with high hallucination

proneness displayed significantly poorer metacognition in source memory than GHR with

low hallucination proneness. This illustrates a dysfunction in the judgement of the veracity

of information retrieved from memory in hallucination-prone offspring since they are very

confident in their memories even when mistaken. We suggest that this particular cognitive

organization is probably directly linked to the mechanisms of psychosis.

This association between metacognition and hallucination proneness could be because

metacognitive processes can impact how an event is recalled. With normal metacognition,

an individual retrieving a false memory would typically doubt the information and then

consider it a possible erroneous memory. A metacognitive disturbance could lead to more

confidence in wrong source attributions and then to increased reports of hallucinatory

experiences in offspring at genetic risk of psychosis.

It should be noted that this association in GHR here is different from the one found in

patients, where clinically significant psychotic hallucinations were associated instead with

an external attribution bias, i.e. a tendency to attribute self-generated information to an

external source.6,9,11-13,15,38 Nevertheless, it appears that for both populations memory

distortions rather than central memory are associated with clinical psychotic or psychotic-

like symptoms. This association is probably dynamic and evolves along the trajectory of

the development of psychosis. We suggest that the development of psychotic hallucinations

and the illness might be marked or even partially induced by an alteration of source

memory processes. The presence of an external bias in source memory, which was more

80

contributive to symptoms in patients, could be an indicator of a transition toward or marker

of a more clinical form of psychotic symptoms. If so, the appearance of an abnormally high

tendency toward external bias in the cognitive profile of vulnerable individuals should be of

particular interest in clinical neuropsychological assessment and in the research in clinical

staging of early developmental signs of psychosis. Nonetheless, this also indicates that

clinical psychotic hallucinations and hallucination proneness are somehow different

phenomena associated with different cognitive features according to the timing in the

trajectory. This hypothesis has been examined in a way in studies exploring the idea of a

symptom continuum from the general population to patients.22,39 However, more studies

with longitudinal designs will be required to draw firmer conclusions on this issue, and we

are currently following the evolution of our GHR offspring.

It could be argued that the causal relationship between memory distortions and

hallucinations could be bidirectional. We suggest that memory distortions are firstly causal

with respect to hallucination in its clinical and non-clinical form, based on the

developmental timing of both phenomena. Source memory impairments were observed

early in development in GHR offspring, with an intensity similar to patients.17 This

suggests a stability of memory impairments over time in the trajectory of psychosis. On the

other hand, increased proneness to hallucination is an attenuated and pre-clinical form of

psychiatric hallucinations and appears distinctive only in young adults. The presence and

stability of source memory impairments prior to abnormal proneness to hallucination

supports our hypothesis of an etiologic association between both markers. This proposition

is consistent with theoretical models of hallucination.16 We suggest that the mechanisms

underlying this association depend on the genetic vulnerability to psychosis and/or their

interactions with environmental factors. We propose that those genes could lead to

neurophysiological abnormalities that disturb the development of source memory

processes, causing distortions observable in neuropsychological tasks. Later in

development, source memory distortions, particularly external bias and dysfunction in

metacognition, could give rise to susceptibility to greater hallucination proneness, which

could evolve to psychotic hallucinatory experiences. The appearance of an external bias

early in development, in addition to memory distortions, may be a cognitive marker of the

81

risk of conversion to psychosis. This hypothesis, built from a long series of research studies

in our laboratory, will need to be validated in future studies. However, if found to be true,

source memory alterations will have to be considered neuropsychological markers of major

importance and significance compared to general episodic memory measures. Memory

distortions should also be a priority target in preventive interventions such as cognitive

remediation.

Limitations

Results should be interpreted in light of some limitations of our study. First, as this was the

first study to examine hallucination proneness in GHR, results need replication. Also, the

wide age range of our sample might have prevented some findings by limiting the statistical

power due to potential developmental effects. A larger sample in a developmental design

could help with this aspect. It is also important that the GHR in our sample came from

densely and multigenerational affected families, meaning that they present a strong genetic

load. The results obtained here may not be representative of GHR from families with a

sporadic form of the disease. Finally, results and hypotheses will need to be confirmed with

help-seekers and clinical high-risk individuals and with longitudinal designs in order to

build the next step of our theoretical proposition.

Conclusion

This original study was the first to examine hallucination proneness in GHR offspring and

its association with source memory functioning in a vulnerable population before the onset

of psychosis. Results showed that, compared to controls, more GHR report subclinical

auditory and visual hallucination-like experiences, indicating a greater frequency of this

phenomenon in this vulnerable population. GHR with high hallucination proneness showed

poorer metacognition in source memory. It is suggested that distortions in source memory

could be etiologically linked to hallucination proneness and to the developmental trajectory

of psychosis. However, these results need replication since this is the first report in the

literature. We are following our GHR offspring to see if future converters to psychosis were

mainly in the high proneness group at the time of the present assessment, confirming

hallucination proneness and memory distortions as potential early markers of conversion to

psychosis.

82

Acknowledgements

We are grateful to all participants and their families for their contribution to this study, to

Valérie Beaupré-Monfette, Marie-Claude Boisvert, Linda René, Joanne Lavoie and Louise

Bélanger for their contribution to the clinical assessment of participants, and to Caroline

Cellard for her comments on previous versions of this article.

Financial support

This work was supported by a doctoral scholarship from the Centre Thématique de

Recherche en Neurosciences (CTRN) to M-A.G. and by grants from the Canadian Institutes

of Health Research (CIHR; grant number #MOP-74430) to M.M. and N.R.

Conflict of interest

None.

Ethical standards

The authors assert that all procedures contributing to this work comply with the ethical

standards of the relevant national and institutional committees on human experimentation.

83

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87

Table 1. Sociodemographic data for offspring and controls

Offspring Controls p or 2

Mean (SD) Min/Max Mean (SD) Min/Max

Gender 13F/14M -- 16F/14M -- .793

Age 20.15 (4.69) 9.72/25.86 19.85 (4.76) 9.17/25.61 .816

Education 11.37 (3.20) 4/16 13.23 (4.38) 3/20 .075

SES1 32.69 (13.83) 22.08/62.87 41.98 (20.16) 22.08/71.62 .046

SOFAS2 72.59 (12.17) 50/90 -- -- -- 1Measured with the Blishen socioeconomic index for occupations in Canada (Blishen et al., 1987) 2Social and occupation functioning assessment scale (Smith et al., 2011)

88

Table 2. Distribution of current clinical diagnoses among offspring

Diagnosis* # of offspring

Mood/adjustment disorder

with depressive mood

3

Addiction disorder 3

ADHD

ADHD, learning disorder and

global developmental delay

2

1

Learning disorder and global

developmental delay

1

No diagnosis 17

*Clinical evaluation based on a supervised complete semi-structured interview with the SCID (Spitzer et al., 1992) or K-

SADS-PL (Kaufman et al., 1997), medical records and past consultations

89

Table 3. LSHS scores between GHR and controls (mean±SD)

GHR Controls

Mean (SD) Mean (SD)

LSHS total (/64) 14.07 (9.61) 12.27 (7.95)

LSHS factors

Sleep-related hall. experiences (/16) 3.37 (3.09) 2.97 (3.12)

Intrusive or vivid thoughts (/12) 4.52 (2.99) 4.30 (2.69)

Daydreaming (/12) 3.07 (2.39) 3.10 (2.51)

Auditory hallucinations (/12) 1.37 (1.69) 0.80 (1.65)

Visual hallucinations (/8) 1.00 (1.36) 0.40 (.77)

90

Table 4. Distribution of participants reporting any hallucinatory experience on LSHS

visual/verbal hallucination factors

Groups

Presence of a self-reported hallucinatory

experience Total

No1 Yes2

GHR 16 11 27

Controls 24 6 30

Total 40 17 57 1As defined by a score of 0 or 1 on all questions on the auditory or visual hallucination factors 2As defined by a score of 2, 3 or 4 on any questions on the auditory or visual hallucination factors

91

Table 5. Source memory performances between offspring with low hallucination proneness

(HP-; N=15) and high hallucination proneness (HP+; N=12)1

HP-

(X ± SD)

HP+

(X ± SD)

df t or F P Cohen’s

d3

Recognition2

PR4 index .514 (.208) .477 (.173) 25 .491 .628 -.20

Origin attribution

PR source .466 (.222) .394 (.184)

PR temporal context .241 (.194) .116 (.183)

Group 1 2.506 .126 -.63

Origin 1 31.261 <.001*

Group*Origin 1 .354 .557

Response bias in origin

attribution

BR4 source .706 (.154) .684 (.184)

BR temporal context .465 (.132) .476 (.105)

Group 1 .027 .870 .06

Origin 1 23.811 <.001*

Group*Origin 1 .123 .729

Binding (%)2 48.6 (13.2) 41.1 (10.1) 25 1.638 .114 -.66

Metacognition in

recognition2

KCI recognition .079 (.077) .174 (.119) 25 -2.508 .019* 1.01

Metacognition in origin

attribution

KCI source .108 (.119) .162 (.164)

KCI temporal context .196 (.222) .383 (.123)

Group 1 6.695 .016* 1.03

Origin 1 12.477 .002*

Group*Origin 1 2.298 .142 1Low proneness group defined by a total LSHS score ≤ 11; high proneness group defined by a total LSHS score >11 2Analyzed with T-Test for independent samples. All other analyses presented are based on repeated-measures ANOVAs. 3Cohen’s d based on SPSS Eta square (ANOVAs) or mean and SD for each group (T-Test) 4PR = Discrimination index; BR = Response bias index *Group difference significant at p < 0.05 (bilateral)

93

CHAPITRE IV Discussion générale

95

Discussion générale

Tel que discuté dans le premier chapitre de cette thèse, les atteintes cognitives sont au cœur

du phénomène de la psychose, et ce, tant chez les patients que chez des individus non

psychotiques à risque de développer la pathologie. Ainsi, un fonctionnement cognitif

globalement affaissé a été documenté chez les patients psychotiques, au sein duquel se

retrouvent des altérations cognitives particulièrement marquées notamment sur le plan de la

vitesse de traitement de l’information, des fonctions exécutives et de la mémoire

épisodique. Chez les patients psychotiques, des études réalisées à l’aide de tâches

expérimentales en mémoire ont par le passé permis d’identifier les processus spécifiques à

l’origine des atteintes globales identifiées à l’aide de tâches de mémoire normées provenant

classiquement de la clinique. Les processus de mémoire de source, soit les processus

cognitifs permettant d’attribuer une origine à un souvenir, ont notamment été ciblés comme

étant déficitaires chez les patients, mais également comme étant liés à la symptomatologie

psychotique. Cela dit, ces processus de même que des manifestations sous-cliniques de la

symptomatologie psychotique n’ont été que peu considérés dans la recherche d’indicateurs

précoces de trouble psychotique. L’étude d’individus vulnérables au développement d’un

trouble psychotique, comme ceux ayant un risque génétique accru, mais n’ayant pas

dépassé l’âge d’apparition de la pathologie, constitue en ce sens une population d’intérêt

afin de mieux comprendre les manifestations précoces de la psychose, tant au plan clinique

que cognitif. Ainsi, afin de combler certaines lacunes identifiées dans la littérature actuelle,

la présente thèse a poursuivi trois objectifs, à savoir la caractérisation des processus de

mémoire de source, l’évaluation de manifestations sous-cliniques des symptômes

psychotiques, plus particulièrement des expériences hallucinatoires sous-cliniques, de

même que l’investigation des liens présents entre ces deux phénomènes chez une

population à haut risque génétique de psychose (HRG). Les contributions liées à la

réalisation de ces objectifs seront ici discutées, tant sur le plan empirique, méthodologique,

théorique que clinique.

96

1. Contributions empiriques

Les nouvelles connaissances acquises via la présente thèse ont fait l’objet de deux chapitres

adressant chacun un volet de la thèse. Le Chapitre II a permis de présenter les données

découlant de la caractérisation du fonctionnement en mémoire de source chez des jeunes à

haut risque génétique de psychose (HRG; Gariépy et al., soumis-a), alors que le chapitre III

a permis d’évaluer la présence d’une symptomatologie sous-clinique chez les HRG et de la

mettre en lien avec leurs performances en mémoire de source (Gariépy et al., soumis-b).

L’échantillon étudié était constitué de jeunes à haut risque génétique de psychose (HRG)

ayant un parent atteint de schizophrénie ou de trouble bipolaire avec ou sans

caractéristiques psychotiques et faisant partie de familles lourdement atteintes par la

psychose de façon multi générationnelle. Ces jeunes étaient âgés entre 9 et 25 ans au

moment de participer à la thèse afin de ne pas avoir dépassé l’âge moyen d’apparition de la

pathologie. Tous les HRG rencontrés ont fait l’objet d’une évaluation psychiatrique

clinique complète permettant de valider qu’ils ne présentaient aucun diagnostic de trouble

psychotique ni de symptômes sous-cliniques d’intensité suffisante pour nécessiter une

attention clinique. Cette évaluation clinique a également permis de confirmer qu’aucun des

HRG de l’échantillon ne répondait au statut de haut risque clinique (HRC) tel que défini

dans la littérature de même qu’à la présence du syndrome de psychose atténuée présenté

dans le DSM-5.

1.1 Caractérisation de la mémoire de source

Afin de caractériser le fonctionnement de la mémoire de source chez les HRG, une tâche

expérimentale informatisée développée et publiée par notre équipe de recherche (Doré et

al., 2007) a été employée. Cette tâche permet l’évaluation des processus de mémoire

centrale de même que de distorsions mnésiques pouvant altérer les performances en

mémoire. Les processus de mémoire centrale comprennent la reconnaissance des

informations cibles encodées en mémoire épisodique, de même que l’attribution de la

source interne-externe et du contexte temporel associés à ces informations. Les distorsions

mesurées incluent quant à elles la présence de biais de réponse (i.e. de tendances marquées

97

vers un type de réponse), la capacité d’unification des souvenirs et la métacognition en

mémoire telle qu’évaluée via le jugement de confiance envers la justesse de l’information

rappelée en mémoire.

L'étude du fonctionnement de la mémoire de source chez les HRG a permis de caractériser

un patron de processus préservés et déficitaires chez cette population vulnérable à la

psychose. Les résultats obtenus ont dans un premier temps permis de répliquer la présence

d’une atteinte de la reconnaissance de l’item, tel que démontré dans la littérature portant sur

le fonctionnement cognitif des HRG à l’aide de tâches classiques en mémoire épisodique

(pour des revues, voir Agnew-Blais & Seidman, 2012; Bora, et al., 2014). Une analyse plus

spécifique des processus mnésiques portant sur les processus d’attribution de l’origine du

souvenir a été effectuée afin d’évaluer la capacité à attribuer adéquatement la source et le

contexte temporel associés à l’apprentissage des informations cibles. Les résultats ont

montré que les HRG présentent des atteintes non généralisées lorsqu’ils doivent récupérer

l’origine d’un souvenir. Une dynamique de processus sains et déficitaires a ainsi été mise

en lumière chez cette population, contrairement à ce qui a antérieurement été documenté

chez des patients psychotiques, chez qui un affaissement global de ces processus est

observé. Les HRG présentent un fonctionnement similaire aux participants contrôles au

plan de l’attribution de la source interne ou externe de l’information. Néanmoins, une

altération significative au plan de l’attribution du contexte temporel (i.e. contexte

d’apprentissage du mot cible – Liste 1 ou Liste 2) a été identifiée et apparait similaire à

celle observée chez les patients.

Tel que discuté dans le chapitre II, il est suggéré que l’altération documentée chez les HRG

en attribution du contexte temporel découle d’une défaillance des processus mnésiques de

déplacement temporel (« time traveling »). Le déplacement temporel a été décrit par

Tulving (2005) comme étant un processus typique à la mémoire épisodique humaine

permettant de voyager mentalement d’un souvenir à un autre, du passé au présent en

passant même par l’anticipation d’évènements futurs, à l’image d’une ligne du temps en

mémoire (Tulving, 2005). Il apparait plausible que l’attribution du contexte temporel telle

qu’évaluée via la tâche de mémoire de source implique ce processus. En effet, l’attribution

98

du contexte temporel repose sur la capacité à distinguer un souvenir sur la base du moment

de sa création, afin de le situer adéquatement dans le temps (i.e. dans le cadre de la tâche,

est-ce que le souvenir est récent (liste 2) ou a-t-il été formé antérieurement (liste 1)).

L’attribution du contexte temporel associé à un souvenir requiert donc, au moment du

rappel, d’arriver à voyager mentalement entre divers souvenirs afin de distinguer un

souvenir formé quelques minutes précédemment ou plusieurs minutes plus tôt. Il apparaît

d’ailleurs plausible qu’une altération des processus de déplacement temporel contribue aux

atteintes bien documentées en mémoire épisodique, tant chez les patients psychotiques que

chez les populations à risque. En effet, une perturbation de l’organisation temporelle des

souvenirs rend certainement plus ardue leur récupération, en réduisant le caractère distinct

de chaque épisode formé en mémoire. En ce sens, l’identification de l’altération de la

capacité à récupérer le contexte temporel des souvenirs en mémoire chez les HRG

contribue à préciser les processus spécifiques à l’origine des atteintes globales documentées

en mémoire épisodique à l’aide de tâches classiques.

Une analyse plus approfondie des distorsions mnésiques pouvant être à l’origine des

atteintes en reconnaissance et en attribution du contexte temporel a par ailleurs permis

d’identifier que les HRG présentent des représentations en mémoire fragmentées, tel que vu

par une moindre capacité d’unification des souvenirs. Ils présentent également un

dysfonctionnement de la métacognition en mémoire qui se manifeste par une corruption des

connaissances, c’est-à-dire par une confiance élevée envers les souvenirs récupérés en

mémoire lorsque ceux-ci sont erronés. Le biais d’attribution externe souvent documenté

chez des patients n’a par contre pas été identifié chez les HRG, ceux-ci ne montrant pas de

style de réponse distinctif en comparaison aux participants contrôles.

La caractérisation de la mémoire de source chez les HRG indique en somme une altération

en mémoire centrale sur le plan de la reconnaissance globale et de l’attribution du contexte

temporel au profit d’une capacité intacte à attribuer la source de l’information, de même

que la présence de distorsions au niveau de l'unification du souvenir et de la métacognition

en mémoire. Afin d’investiguer si les altérations identifiées au sein du groupe de HRG sont

représentatives des performances du groupe entier ou si elles découlent plutôt de l’effet

99

d’un sous-groupe plus atteint, les répartitions des données individuelles ont été observées

pour les variables ayant mené à l’obtention de performances significativement altérées chez

les HRG (i.e. la reconnaissance de l’item, l’attribution du contexte temporel, l’unification

du souvenir et la métacognition) de même que pour l’attribution de la source (voir Annexe

A; Figures A1 et A2). Une inspection visuelle des données individuelles a permis de

constater que pour plusieurs mesures, quelques individus se distinguent au sein du groupe

des HRG et montrent un résultat inférieur à celui de tous les contrôles, indiquant une

performance plus atypique du fait qu’elle se retrouve hors du registre des performances

« normales » pouvant être observées chez les participants contrôles. Notons néanmoins que

les individus démontrant les performances les plus faibles ne sont pas les mêmes d’une

variable à l’autre et ne représentent donc pas un sous-groupe de l’échantillon qui

manifesterait un affaissement global de ses performances en mémoire de source. Il semble

plutôt que divers profils d’atteintes en mémoire de source puissent être identifiés chez les

HRG, avec une intensité d’atteinte pouvant varier chez un même individu selon le

processus évalué. Cela dit, il demeure que les HRG se distribuent de façon relativement

homogène en tant que groupe, avec des performances en moyenne inférieures aux

participants contrôles, supportant les conclusions soulevées par rapport aux performances

du groupe entier.

1.1.2 Comparaison entre HRG et patients psychotiques

Les patients atteints de psychose présentent des altérations de la mémoire de source (e.g.

Achim & Weiss, 2008; Brébion, et al., 2013; Brookwell, et al., 2013; Doré, et al., 2007;

Waters, Allen, et al., 2012; Waters, Woodward, et al., 2012), de même que des distorsions

mnésiques sous-tendant ces plus faibles performances, dont la présence d’un biais

d’attribution externe, des représentations fragmentées en mémoire et des altérations de la

métacognition qui se manifestent par une confiance accrue envers les faux souvenirs

récupérés (e.g. Brunelin, et al., 2006; Caza, Doré, Gingras, & Rouleau, 2010; Doré, et al.,

2007; Moritz & Woodward, 2002; Moritz, et al., 2006). De manière intéressante, les

atteintes identifiées chez les HRG sont très semblables aux atteintes répertoriées chez les

patients psychotiques adultes. Notre équipe de recherche ayant déjà évalué des adolescents

psychotiques à l’aide de la même tâche que celle utilisée dans la présente thèse (Doré, et

100

al., 2007), il a été possible de comparer les atteintes spécifiques à chaque groupe afin

d’observer si un profil en mémoire de source similaire peut être identifié avant l’apparition

de la pathologie chez les HRG. Cette comparaison a permis de mettre en relief le fait que

les HRG présentent des altérations semblables à celles d’adolescents psychotiques en ce qui

concerne les atteintes en attribution du contexte temporel de même que les distorsions en

mémoire (représentations fragmentées, trouble de la métacognition), tant sur le plan du type

d’atteinte que de leur intensité. Ces altérations ne sont donc pas associées de manière

exclusive à la phase active de la pathologie, puisqu’elles se retrouvent avec une intensité

similaire avant même l’apparition des premiers symptômes chez une population non

psychotique à risque de développer un trouble psychotique.

Cette comparaison a également mis en lumière le fait que l’atteinte d’un processus précis

semble distinguer les profils en mémoire de source des HRG et des patients psychotiques

malgré les nombreuses similitudes mises de l’avant. Ainsi, l’attribution de la source de

l’information, soit le jugement quant à la provenance interne ou externe de l’information

mémorisée, distingue le profil cognitif observé chez les patients, qui sont déficitaires, de

celui des HRG, qui démontrent un fonctionnement similaire à celui des contrôles. Cette

altération des processus d’attribution de la source apparait spécifique au profil des patients

et pourrait constituer un potentiel marqueur de la pathologie puisqu’il s’agit de la seule

variable permettant de distinguer le profil d’un patient de celui d’un individu non

psychotique à risque de psychose. Il est possible que cette atteinte soit davantage

caractéristique de la phase active de la maladie et qu’elle se manifeste plus tardivement

chez les individus qui développeront un trouble psychotique. Considérant cela, les autres

processus de mémoire de source dont l’altération est documentée chez les HRG avant

l’apparition de la psychose (notamment l’atteinte en attribution du contexte temporel, la

fragmentation des représentations mnésiques ou les atteintes métacognitives) apparaissent

davantage prometteurs dans la recherche de marqueurs du risque de développer un trouble

psychotique.

Afin d’explorer plus en profondeur l’hypothèse d’une association spécifique entre

l’attribution de la source et le développement de la psychose, des analyses préliminaires

101

supplémentaires ont été réalisées et sont présentées sous forme d’annexes dans les

prochaines sections. Dans un premier temps, un questionnement a été soulevé afin de savoir

si certains individus au sein du groupe HRG présentaient des indices de risque clinique,

dans l’objectif d’observer si le fonctionnement en attribution de la source était davantage

altéré chez un sous-groupe d’individus montrant des indicateurs cliniques précoces de

pathologie. Afin d’explorer cette question, des données cumulées dans le cadre d’un

protocole de recherche plus vaste réalisé auprès de l’échantillon HRG ont été investiguées.

Les résultats obtenus au questionnaire PQ-16 (Ising, et al., 2012) 6 ont ainsi été analysés. Le

PQ-16 est un questionnaire auto-rapporté évaluant la présence d’indicateurs précoces de

psychose utilisé pour dépister l’entrée en début d’évolution de maladie (voir annexe H pour

une présentation de la traduction française du questionnaire). Cet outil propose un seuil

critique au-delà duquel un risque clinique à développer la maladie est jugé probable.

L’utilisation de ce questionnaire a permis d’identifier 6 HRG présentant un risque clinique

de développer une psychose (HRG-C), soit des individus atteignant ou dépassant le seuil

critique proposé par l’outil. Rappelons toutefois que ces individus ne répondaient pas aux

critères de prodrome7, tel que bien documenté lors de l’évaluation clinique supervisée

réalisée auprès de tous les participants. Ces 6 individus peuvent ainsi être considérés

comme présentant un risque clinique intermédiaire, soit un risque supérieur à celui des

autres HRG, mais inférieur à celui documenté en phase prodromique.

Les données sociodémographiques de ces 6 HRG-C sont comparées à celles du reste de

l’échantillon dans le tableau B1 de l’Annexe B. Comme indiqué dans ce tableau, malgré

qu’ils soient identifiés comme à risque sur le plan clinique, les HRG-C ne se distinguent du

reste de l’échantillon sur aucune variable sociodémographique, que ce soit l’âge, le sexe, la

scolarité, la proportion de diagnostics cliniques ou le fonctionnement social. Ceci apporte

d’ailleurs un appui supplémentaire au fait que les participants à l’étude ne sont pas en phase

prodromique de la pathologie. En effet, si ces 6 individus à risque clinique avaient été en

6 Le PQ-16 (Ising et al., 2012) est un questionnaire auto-rapporté de 16 questions, validé et permettant de cibler un risque

clinique accru vers la psychose à l’aide d’un seuil critique de 6/16. Une traduction libre en français a été utilisée.

7 La notion de prodrome réfère ici tant au Syndrome de psychose atténuée du DSM-5 qu’aux critères de Haut risque

clinique (Ultra high risk) utilisé dans la littérature. Voir l’introduction pour un retour sur ces critères.

102

prodrome, on se serait attendu à ce qu’ils présentent notamment un fonctionnement social

altéré et soient possiblement plus âgés, ce qui n’est pas le cas au sein de notre échantillon.

Lorsque la capacité d’attribution de l’origine des mots des HRG-C a été comparée à celle

des HRG sans risque clinique, il a été observé que les HRG-C présentaient une

performance significativement plus faible lorsqu’ils devaient attribuer l’origine de leurs

souvenirs que les autres HRG, sans qu’il ne soit possible d’identifier une atteinte plus

spécifique au niveau de la source ou du contexte temporel (voir le tableau B2 de l’annexe B

pour une présentation des résultats associés). En d’autres termes, il semble que le fait de

présenter un risque clinique en plus d’un risque génétique soit associé à un affaissement

plus prononcé de la mémoire de source, tant pour l’attribution de la source que du contexte

temporel (voir annexe B Figure B1 pour la répartition individuelle des HRG-C au sein de

l’ensemble des HRG en attribution de la source et du contexte). Il est toutefois à noter que

tous les résultats obtenus aux mesures d’attribution de l’origine au sein de l’échantillon

entier et présentés au chapitre II demeurent les mêmes lorsque la comparaison entre les

HRG et les contrôles est refaite en retirant ces six participants HRG-C. Les résultats

obtenus chez l’échantillon entier ne reposent donc pas uniquement sur la performance des

individus pouvant être considérés à risque clinique de psychose.

Bien qu’il s’agisse de données exploratoires, ces résultats sur les performances des HRG-C

apportent un appui préliminaire des plus intéressants à l’idée d’une association entre

l’atteinte des processus d’attribution de la source et le développement de la psychose. En

effet, les participants identifiés comme étant à risque clinique présentent une altération plus

prononcée de leur capacité en attribution de l’origine (donc à la fois de la source et du

contexte), soit un profil qui apparaît davantage similaire à celui documenté chez les patients

psychotiques qui présentent eux-mêmes un affaissement généralisé en attribution de

l’origine. Les résultats obtenus semblent donc suggérer qu’un affaissement de la mémoire

de source pourrait se manifester simultanément aux premiers indices de risque clinique

plutôt qu’avec l’apparition franche du premier épisode psychotique puisqu’on détecte déjà

une performance plus faible chez les HRG-C comparativement au reste de l’échantillon.

D’autres études devront confirmer cette hypothèse, mais dans un tel cas, l’atteinte de

103

l’attribution de la source pourrait être considérée d’un intérêt particulier dans la recherche

d’indicateurs précoces de conversion vers la psychose.

L’hypothèse que l’atteinte des processus d’attribution de la source soit associée de façon

plus spécifique à la psychose pourrait par ailleurs signifier que les individus qui

développeront un trouble psychotique présentent une altération précoce au plan de

l’attribution de la source. Cette hypothèse, si fondée, expliquerait la différence observée

entre le profil de mémoire de source documenté chez les HRG et celui documenté des

adolescents atteints du syndrome vélo-cardio-facial (22q11.2). En effet, une atteinte de

l’attribution de la source interne-externe a été mise en lumière chez cette population

également considérée à haut risque génétique de psychose (Debbané, et al., 2010).

Néanmoins, l’échantillon 22q11.2 se distingue des HRG évalués dans la thèse par une

incidence attendue de psychose largement supérieure, estimée à plus de 40% de conversion

une fois adulte (Schneider, et al., 2014) contre 9 à 18% chez les HRG (Tandon, et al.,

2008). Le fait que l’échantillon 22q11.2 comporte davantage de « futurs patients » pourrait

supporter l’idée d’une association précoce entre les processus d’attribution de la source et

le développement de troubles psychotiques. En effet, si davantage de futurs patients sont

présents dans cet échantillon et qu’il est postulé que ceux-ci sont atteints précocement en

attribution de la source, il est cohérent que des différences de moyennes ressortent lorsque

le groupe entier de 22q11.2 est comparé à un groupe contrôle. La concentration plus élevée

de futurs patients chez les 22q11.2 pourrait donc expliquer qu’une atteinte en attribution de

la source soit observée chez cette population et non chez les HRG bien qu’une vulnérabilité

génétique existe chez les deux populations. L’absence d’altération de l’attribution de la

source documentée chez les HRG pourrait donc simplement découler du fait que le nombre

de futurs patients est trop faible pour que leur performance ait une incidence significative

sur la performance moyenne du groupe.

En somme, il apparaît possible que le développement d’un trouble psychotique soit

spécifiquement associé à des altérations des processus d’attribution de la source, puisque

des individus présentant un risque accru au développement de la psychose comme les

HRG-C ou les adolescents atteints du syndrome 22q11.2 présentent des performances plus

104

altérées que celles observées chez l’échantillon de HRG. Ces résultats laissent suspecter

que les processus d’attribution de la source pourraient s’avérer d’intérêt dans la recherche

de marqueurs de conversion vers la psychose. Davantage d’études seront toutefois requises

pour élucider ce point, notamment dans une perspective longitudinale.

1.2 Propension à halluciner

La section précédente de la thèse visait à caractériser le fonctionnement en mémoire de

source chez des jeunes à risque de psychose, dans le but d’identifier des indicateurs

cognitifs de pathologie présents avant l’éclosion de la maladie. Le second volet de la thèse,

présenté dans le Chapitre III, visait quant à lui à investiguer la présence d’indicateurs

cliniques subtils d’une future symptomatologie en développement. Plus précisément, cette

seconde portion visait à investiguer la présence d’expériences hallucinatoires sous-cliniques

chez des HRG, et à explorer les relations entre ces expériences et les performances en

mémoire de source. Pour ce faire, un questionnaire validé évaluant la propension à

halluciner (Larøi & Van Der Linden, 2005; voir Annexe G) a été utilisé et analysé de deux

façons. D’abord, le score total au questionnaire a été utilisé afin d’évaluer la propension à

halluciner dans sa définition large, soit représentant à la fois le vécu d’expériences

hallucinatoires sous-cliniques et la présence d’états mentaux pouvant prédisposer au

phénomène (caractère intrusif des pensées, vivacité de l’imagerie, etc.). Un intérêt plus

spécifique en ensuite été porté aux questions évaluant directement le vécu d’expériences

hallucinatoires sous-cliniques.

Les résultats obtenus ont permis dans un premier temps de confirmer que la propension à

halluciner est un phénomène pouvant être documenté dans la population générale non

psychiatrique, ce qui est en accord avec la théorie selon laquelle l’expérience hallucinatoire

se retrouve sur un continuum allant de la propension retrouvée dans la population générale

à l’expérience psychotique pathologique (van Os, et al., 2009), de même qu’avec plusieurs

études ayant documenté la présence d’expériences hallucinatoires au sein de la population

générale (p. ex. Aleman & Larøi, 2008c; Johns & van Os, 2001; Kelleher, et al., 2012 pour

des revues).

105

La comparaison des HRG et des contrôles sur la base de leur score total de propension à

halluciner telle qu’évaluée par le LSHS a dans un premier temps montré que les deux

groupes présentent une propension à halluciner équivalente. Toutefois, considérant les

hypothèses formulées dans la thèse spécifiquement en lien avec le symptôme

hallucinatoire, une attention particulière a été portée aux facteurs de la LSHS évaluant

l’expérience hallucinatoire. Cette analyse plus fine a permis de mettre en lumière le fait que

significativement plus de HRG que de contrôles rapportaient avoir vécu une expérience

hallucinatoire à au moins une reprise dans leur vie, sans que cette expérience hallucinatoire

n’ait toutefois atteint une intensité suffisante ou une fréquence significative pour mener à

une consultation médicale ni induit de détresse. Ces résultats permettent de soulever

l’hypothèse que le vécu d’expériences hallucinatoires sous-cliniques pourrait être plus

fréquent chez une population à risque de psychose. Néanmoins, il importe de noter que ce

résultat pourrait également découler en partie de l’impact des facteurs environnementaux et

non uniquement de la présence d’un risque génétique. En effet, il a été montré que le vécu

d’expériences hallucinatoires non psychotiques dans la population générale s’accompagnait

fréquemment d’expériences de vie aversives (Best & Mertin, 2007; Janssen, et al., 2004;

Jardri, et al., 2014; Kråkvik et al., 2015; Mertin & Hartwig, 2004; Schreier, 1999; van

Nierop, et al., 2012). Or, du fait qu’ils ont vécu avec un parent atteint, les HRG sont plus à

risque d’avoir été exposés à des stresseurs importants, comme l’hospitalisation de leur

figure parentale ou de l’instabilité psychosociale. Ainsi, malgré l’hypothèse proposée selon

laquelle la vulnérabilité génétique explique le vécu accru d’expériences hallucinatoires chez

les HRG, il demeure qu’une interaction potentielle avec les facteurs environnementaux

pourrait également contribuer à la survenue de ce phénomène.

Il pourrait par ailleurs être argumenté que la différence observée entre les HRG et les

contrôles au plan du vécu d’expériences hallucinatoires repose sur la présence, chez

certains HRG plus âgés, de symptômes psychotiques atténués caractéristiques du prodrome

qui viendraient fausser les résultats observés. Or, rappelons que l’échantillon à l’étude a été

évalué de manière exhaustive sur le plan clinique8. Les HRG ne présentaient au moment de

8 L’évaluation clinique a été réalisée à l’aide d’entrevues cliniques semi-structurées validées (SCID ou K-

SADS) et menée par des professionnels certifiés formés en santé mentale ou par des étudiants de niveau

doctoral en psychologie. Tous les dossiers ont été supervisés afin de confirmer le statut clinique retenu.

106

leur participation au projet aucun diagnostic psychotique, ne rapportaient aucun symptôme

psychotique cliniquement significatif, et n’étaient pas en recherche d’aide pour de tels

symptômes. Ils ne répondaient donc ni aux critères de prodrome ou de haut risque clinique

établis dans la littérature, ni aux critères de psychose atténuée du DSM-5. Il est donc

possible de croire que la plus grande occurrence d’expériences hallucinatoires répertoriées

chez les HRG est propre à leur statut de population à risque de psychose, et non à un biais

d’échantillonnage chez les participants plus âgés. De plus, si le vécu d’expériences

hallucinatoires observé chez les HRG reflétait uniquement une transition graduelle vers un

trouble psychotique, on pourrait s’attendre à ce que tout au plus 9-18% de l’échantillon ait

expérimenté un tel phénomène, était donné que ce ratio représente l’incidence attendue des

troubles psychotiques dans un échantillon vulnérable au plan génétique (Tandon, et al.,

2008). Or, comme démontré dans le chapitre III, près de 40% de l’échantillon HRG ont

rapporté avoir vécu une expérience de type hallucinatoire, ce qui dépasse largement la

proportion de conversion attendue. Dans un tel contexte, le fait que l’expérience

hallucinatoire soit associée aux caractéristiques de l’échantillon plutôt qu’à un glissement

vers la pathologie chez seulement quelques individus qui développeront le trouble apparaît

défendable.

L’impact des caractéristiques individuelles sur la propension à halluciner a également été

investigué afin de mieux comprendre les facteurs influençant ce phénomène. De manière

intéressante, il a été observé que le sexe, l’éducation, le statut socio-économique et même la

présence d’un diagnostic clinique non psychotique (ex. TDA/H, anxiété) n’influençaient

pas le taux de propension à halluciner rapporté, tant chez les contrôles que chez les HRG.

Toutefois, un effet significatif de l’âge a été observé chez les participants contrôles, chez

qui une diminution significative de la propension à halluciner rapportée a été documentée

avec l'avancement en âge. Ainsi, si la présence d’une propension à halluciner accrue semble

fréquente à l’enfance, une diminution normale apparaît accompagner l’adolescence et l’âge

adulte. Ce résultat est d’ailleurs cohérent avec les conclusions d’une récente méta-analyse

sur l’évolution développementale des expériences hallucinatoires ayant démontré une

prévalence plus élevée du phénomène chez les 9-12 ans par rapport aux 13-18 ans

(Kelleher, et al., 2012). Or, contrairement à cette observation chez les contrôles, les

107

résultats de la présente thèse ont montré une certaine stabilité du phénomène chez les HRG

âgés entre 9 et 25 ans, ce qui soulève l’idée d’une trajectoire développementale distincte

associée à la vulnérabilité à développer un trouble psychotique. Conformément à cette

différence développementale, il a d’ailleurs été observé dans une analyse supplémentaire

que lorsque seuls les jeunes adultes (i.e. les participants âgés de 18 à 25 ans) étaient

considérés, une propension globale à halluciner significativement plus importante était

observée chez les HRG alors qu’aucune différence ne ressortait au sein de l’échantillon

entier (voir Annexe C). Ainsi, la propension à halluciner, prise dans sa définition globale,

pourrait être un indicateur du risque à développer un trouble psychotique, mais uniquement

à partir d’un certain stade développemental, soit davantage vers la fin de l’adolescence

plutôt qu’à l’enfance. Ceci est d’ailleurs en accord avec la proposition d’une récente méta-

analyse qui soulignait qui si le vécu d’expériences hallucinatoires pouvait s’inscrire dans un

développement normal à l’enfance, la persistance de ces expériences à l’adolescence

constituait un marqueur de risque vers le développement d’un trouble psychotique (Jardri,

et al., 2014).

Il demeure toutefois possible que la propension à halluciner accrue observée chez les HRG

âgés entre 18 et 25 ans représente plutôt une mesure plus sensible des premiers indicateurs

du développement d’une symptomatologie psychotique, à un moment où les outils de

dépistage traditionnels et les paramètres actuels définissant la notion de prodrome

n’arrivent pas encore à capter ce phénomène. Dans un tel cas, la mesure d’une propension à

halluciner accrue chez les jeunes adultes pourrait constituer un phénomène d’intérêt dans la

recherche de marqueurs précoce de la pathologie. Un suivi longitudinal permettra de

clarifier la pertinence de cette mesure dans la recherche de marqueurs de conversion, en

élucidant si les HRG de l’échantillon qui développeront un trouble psychotique sont ceux

qui présentaient la propension à halluciner la plus élevée au moment de réaliser la présente

thèse. Le cas échéant, il pourrait s’avérer pertinent de considérer cette mesure dans la

définition de critères de risque clinique plus sensibles que ceux actuellement mis de l’avant

dans la littérature.

108

1.3 Mémoire de source et symptomatologie

L’étude présentée au chapitre III a également porté sur la présence d’une association entre

le fonctionnement de la mémoire de source et la propension à halluciner chez les HRG.

Pour ce faire, les HRG ont été séparés en deux groupes sur la base de leur score total à

l’échelle de propension à halluciner. Ces deux groupes ont ensuite été comparés en fonction

de leurs performances en mémoire de source. Cette comparaison entre les participants HRG

présentant une propension à halluciner élevée et ceux présentant une propension plus faible

a permis d’identifier un fonctionnement plus optimal des processus métacognitifs en

mémoire chez le second groupe. Ainsi, une propension accrue à halluciner a été associée à

une altération des processus de métacognition en mémoire, tel qu’observé par une difficulté

à juger adéquatement de la véracité d’un souvenir et, plus spécifiquement, par une certitude

accrue envers la véracité des souvenirs erronés récupérés.

Il a été suggéré que cette particularité mnésique pouvait en partie être à l’origine de la

propension à halluciner accrue rapportée au questionnaire LSHS, en influençant la

récupération des souvenirs et de ce fait les réponses fournies par les participants lors de la

complétion du questionnaire. Ainsi, il est possible que lorsque qu’un individu ayant une

faible métacognition en mémoire récupère un faux souvenir ou un souvenir erroné, il ne le

remette pas en doute en raison la grande confiance qu’il y accorde. Une perception erronée

(p.ex. avoir l’impression d’avoir entendu quelque chose alors qu’il n’y a rien) pourrait alors

être rappelée avec certitude comme un évènement s’étant réellement produit. Or, dans une

situation similaire, un individu présentant une métacognition intacte pourrait remettre en

doute le souvenir récupéré, particulièrement s’il représente un évènement peu probable ou

peu plausible comme une expérience hallucinatoire, et juger alors qu’il s’agit d’une

confusion ou d’une erreur de perception.

Il serait évidemment possible de suggérer que le lien entre métacognition et propension à

halluciner opère dans la direction opposée, à savoir que la propension à halluciner induit

l’altération des processus métacognitifs. En effet, une propension à halluciner élevée se

définit par le vécu de perceptions erronées (p.ex. les expériences hallucinatoires), de même

que par des pensées plus intrusives et une imagerie mentale plus vive. Or, de tels éléments

109

peuvent atténuer la distinction entre la trace mnésique d’un vrai souvenir, qui est

normalement caractérisé par de nombreuses informations perceptuelles ou émotionnelles, et

celle d’une pensée n’ayant jamais eu lieu réellement, laquelle se retrouve associée à une

trace en mémoire anormalement riche en raison de la vivacité de l’imagerie mentale. Il

pourrait alors devenir plus ardu de juger avec confiance de la véracité d’un souvenir

récupéré en mémoire puisque des évènements pensés ou imaginés se retrouveraient

marqués par un souvenir potentiellement aussi vif et saillant que celui associé à un

évènement réel.

La temporalité des atteintes semble néanmoins suggérer l’association inverse, à savoir que

les troubles métacognitifs sont en partie à l’origine des expériences hallucinatoires vécues.

En effet, les atteintes au plan de la mémoire de source et de la métacognition en mémoire

sont présentes tôt dans le développement des HRG, soit au moins dès l’âge de 9 ans, avec

une intensité similaire à celle retrouvée chez les patients. Ceci suggère d’une part une

stabilité de cette atteinte au fil du développement et d’autre part une apparition précoce de

l’atteinte en mémoire de source comparativement à la propension à halluciner, qui elle

semble se manifester de façon atypique davantage à l’adolescence et au début de l’âge

adulte. Ainsi, la manifestation plus précoce et plus stable des altérations en mémoire de

source apporte un appui à l'hypothèse que cette altération contribue en partie à la genèse

des anomalies documentées en propension à halluciner plutôt que l’inverse, puisqu’elle en

précède l’émergence. L’atteinte en métacognition en mémoire apparaît de ce fait être un

processus cognitif d’intérêt dans la compréhension des mécanismes sous-tendant la

propension à halluciner.

Il demeure cependant possible que l’association entre la propension à halluciner et la

présence de distorsions en mémoire de source découle plutôt du fait que ces deux construits

représentent des mesures différentes d’un seul et unique phénomène. L’étude des

psychopathologies peut en effet être conceptualisée comme s’orientant autour de différents

niveaux d’analyses qui abordent d’un front commun un même phénomène selon des angles

disciplinaires distincts (i.e. génétique, neurobiologique, cognitif et comportemental/

affectif). Chacun de ces niveaux offre une contribution et une interprétation distincte, mais

110

complémentaire d’un même phénomène clinique. Bien que l’expérience hallucinatoire ne

constitue pas une psychopathologie en soi, il s’agit d’un phénomène suffisamment

complexe pour le transposer au sein de ce cadre interprétatif. La propension à halluciner se

définit bien sûr a priori au niveau comportemental/affectif puisqu’il s’agit d’une

manifestation symptomatique sous une forme atténuée, alors que le fonctionnement de la

mémoire de source s’inscrit pour sa part au niveau cognitif. Il est toutefois possible,

conformément au cadre conceptuel présenté, que l’observation d’une association entre

propension à halluciner et distorsion en mémoire soit plutôt le reflet de la mesure du même

phénomène, à deux niveaux d’analyse distincts. Dans un tel cas, l’observation de ce

phénomène comportemental sous la lunette du niveau cognitif pourrait prendre la forme de

distorsion en mémoire de source. L’association entre ces deux manifestations représenterait

alors simplement deux façons d’approcher un même phénomène en fonction d’angles

disciplinaires différents. D’ailleurs, le fait qu’on observe une évolution parallèle de la

propension à halluciner et de la métacognition en mémoire de source dans la population

générale supporte l’idée d’un lien entre les deux phénomènes. Ainsi, une amélioration des

processus de métacognition entre l’enfance et l’âge adulte est observée, et semble évoluer

parallèlement à une diminution de la propension à halluciner rapportée dans les mêmes

âges. Cette évolution conjointe pourrait suggérer que les deux phénomènes reposent sur des

déterminants communs, que ceux-ci soient génétiques ou neurobiologiques.

Il importe finalement de souligner que le lien postulé entre la propension à halluciner et

l’atteinte de la métacognition en mémoire diffère quelque peu des résultats issus de la

littérature chez les patients psychotiques. En effet, les données issues de la littérature ont

principalement associé les symptômes hallucinatoires à une autre distorsion mnésique, soit

le biais d’attribution externe qui représente la tendance à attribuer un élément interne à une

source externe (p.ex. Brookwell, et al., 2013; Doré, et al., 2007; Waters, Allen, et al.,

2012). Ainsi, bien que les résultats de la thèse soutiennent que les distorsions mnésiques,

par opposition aux processus de mémoire centrale, sont impliquées dans la compréhension

des déterminants cognitifs associés à l’expérience hallucinatoire, la nature de la distorsion

impliquée semble évoluer avec le développement de la pathologie. Différentes hypothèses

pourraient expliquer le fait que la distorsion mnésique associée à la propension à halluciner

111

(i.e. l’altération de la métacognition) se distingue de celle associée aux hallucinations (i.e.

le biais d’attribution externe). Il est d’abord possible que les distorsions en mémoire soient

effectivement à l’origine des expériences hallucinatoires en tout genre, mais que la nature

de la distorsion détermine la nature du phénomène hallucinatoire ou encore la détresse qu’il

crée, un biais externe étant alors particulièrement associé à l’émergence d’hallucinations

d’intensité clinique, alors que la métacognition serait davantage à l’origine d’une

propension à vivre des expériences hallucinatoires non psychotiques. Cette hypothèse serait

en accord avec les études ayant soulevé l’idée que les hallucinations vécues par les patients

et par une population non psychotique sont partiellement distinctes et pourraient présenter

des étiologies différentes sur le plan des mécanismes cognitifs impliqués (Voir Badcock &

Hugdahl, 2012 pour une revue). Il est par ailleurs possible que cette différence soit plutôt la

manifestation d’une association dynamique entre mémoire de source et hallucination, qui

évoluerait au fil du développement de la pathologie chez les futurs patients, selon par

exemple la présence d’éléments environnementaux aversifs. L’idée d’une telle évolution

allant d’un symptôme sous-clinique à une expérience pathologique a d’ailleurs été postulée

précédemment (Jardri, et al., 2014; van Os, et al., 2009). Si cette seconde hypothèse

s’avérait fondée, alors la détection d’un biais d’attribution externe chez un individu

cumulant déjà certains facteurs de risque serait particulièrement importante à considérer

dans l’évaluation de la trajectoire de risque vers la psychose puisqu’elle pourrait indiquer

une transition vers une symptomatologie d’intensité clinique.

En somme, la réalisation de la présente thèse a permis de contribuer aux connaissances

empiriques sur la psychose en démontrant que certaines caractéristiques cognitives et

cliniques bien documentées dans la phase active du trouble sont présentes avant l’éclosion

de la pathologie chez une population vulnérable au plan génétique. Ainsi, plusieurs

anomalies des processus de mémoire de source bien documentées chez les patients ont été

identifiées, et ce, avec une intensité équivalente à celle retrouvée chez les patients,

indiquant que certains processus en mémoire de source sont atteints très précocement dans

le développement chez une population à risque de psychose. De plus, la présente thèse a

permis de démontrer que le vécu d’expériences hallucinatoires était plus fréquent chez un

échantillon à risque de psychose, indiquant que des indices cliniques subtils peuvent être

112

documentés avant l’apparition franche des premiers symptômes de la maladie. Une

association a également été observée entre les distorsions en mémoire de source et la

propension à halluciner, soulevant des pistes quant à la compréhension des liens entre

manifestations cliniques et cognitives de la pathologie. Ces particularités cognitives et

cliniques pourraient constituer des indicateurs du risque à développer un trouble

psychotique, et ce, des années avant l’âge d’apparition du premier épisode psychotique.

Finalement, les résultats de la présente thèse soulignent que certaines particularités

mnésiques comme l’attribution de l’origine interne ou externe de l’information pourraient

présenter une association particulière avec le développement de la psychose, puisque ce

processus demeure intact chez une population vulnérable alors qu’il est atteint chez les

patients psychotiques, soulevant des pistes intéressantes dans la recherche future de

marqueurs de conversion vers la psychose.

2. Contributions méthodologiques

La réalisation de cette thèse a également permis de contribuer à l’acquisition de nouvelles

connaissances méthodologiques qui gagneront à être considérées dans la poursuite de futurs

travaux dans le domaine.

2.1 Utilité des tâches expérimentales

D’abord, les résultats issus de la présente thèse réitèrent la pertinence d’utiliser des tâches

expérimentales élaborées à partir de modèles théoriques afin de mieux comprendre les

processus cognitifs spécifiques impliqués dans la pathologie. En ce qui concerne le

fonctionnement de la mémoire, il était déjà bien documenté que les HRG présentent des

anomalies globales en mémoire épisodique, tel que fréquemment mesuré via des tâches

classiques. Toutefois, de nombreux processus sont à l’œuvre afin de permettre un

fonctionnement mnésique optimal et la présence d’atteintes sur des tâches classiques ne

permet pas d’identifier précisément les processus responsables du déficit mnésique global.

La tâche de mémoire de source que nous avons développée a permis de répliquer la

présence d’une atteinte en reconnaissance de l’information mémorisée, mais a également

permis de mieux comprendre l’origine de cette altération en départageant les processus

préservés et déficitaires présents chez les HRG. En précisant les processus atteints, il

113

devient alors possible de mieux caractériser les atteintes présentes avant l’apparition de la

pathologie et de cibler plus précisément les marqueurs d’intérêt dans l’évaluation du risque

et des trajectoires développementales de la psychose. Par ailleurs, si on considère

l’hypothèse selon laquelle les atteintes cognitives découlent des anomalies génétiques

associées à la pathologie, et donc sont la manifestation d’un génotype de risque tel que

postulé par la théorie des endophénotypes en psychiatrie (Gottesman & Gould, 2003), il est

possible que l’étude de processus ciblés permette d’orienter plus précisément la recherche

génétique. En effet, l’identification des processus spécifiques qui sont déficitaires dans la

pathologie permet de réaliser des études d’association avec des construits plus épurés et

donc possiblement associés à un nombre réduit de déterminants génétiques, ce qui permet

d’aiguiller plus aisément la recherche génétique.

L’évaluation de la mémoire de source chez un échantillon HRG a également permis de

démontrer qu’il s’agit d’un construit sensible chez cette population, pouvant être utilisé au

moins dès l’âge de 9 ans. De ce fait, il s’agit d’un construit permettant de cibler tôt dans le

développement les marqueurs cognitifs associés à la psychose. La mémoire de source

apparaît conséquemment être un élément pertinent à évaluer dans les études de dépistage de

risque ou dans les suivis longitudinaux s’intéressant aux trajectoires développementales

associées à la vulnérabilité à développer un trouble psychotique.

2.2 Impact du sexe sur le fonctionnement de la mémoire de source

Une autre considération méthodologique et empirique importante mise en évidence via la

thèse est la présence d’un effet de sexe significatif en mémoire de source. En effet, tant

chez les contrôles que chez les HRG, il a été observé que les femmes présentaient une

performance supérieure à celle des hommes sur plusieurs variables de la tâche employée,

notamment en reconnaissance des items, en attribution de la source et du contexte temporel

de même qu’en unification des souvenirs. Ce résultat est en continuité avec les études

démontrant un effet de sexe en mémoire épisodique (e.g. Boman, 2004; Grysman &

Hudson, 2013; Q. Wang, 2013) et apporte un appui supplémentaire aux quelques études

ayant abordé l’effet de sexe en mémoire de source. Ainsi, dans une étude sur la mémoire,

une performance supérieure a été observée chez des fillettes âgées de 4 à 9 ans par rapport à

114

des garçons du même âge lorsqu’elles étaient questionnées sur l’origine (i.e. moment et

contexte d’apprentissage) d’une information apprise (Bemis, Leichtman, & Pillemer, 2011).

Chez des adultes, il a également été observé que les femmes étaient en mesure de rappeler

davantage de détails et d’informations contextuelles lors de la narration d’un souvenir (Q.

Wang, Hou, Tang, & Wiprovnick, 2011), ce qui pourrait être la manifestation d’une

mémoire de source plus efficace permettant une meilleure unification des souvenirs

encodés. Par contre, toutes les études sur l’effet de sexe en mémoire de source n’ont pu

répliquer ce résultat (e.g. B. Wang, 2012) et davantage d’études seront requises pour

éclaircir ce point. La majorité des études semblent toutefois indiquer des performances

supérieures chez les femmes, et cet effet semble apparent tôt dans le développement.

Conséquemment, il apparaît adéquat d’affirmer que l’effet de sexe requerra dorénavant

d’être considéré dans la mise en place de futurs devis expérimentaux étudiant la mémoire

de source. D’abord, il apparait crucial de mettre en place des groupes contrôles et

expérimentaux appariés au plan individuel en fonction du sexe. De plus, cet effet devra être

considéré dans le développement de nouvelles tâches de mémoire de source à portée

clinique, afin d’assurer la mise en place de deux ensembles normatifs selon le sexe.

Finalement, il importera de considérer l’effet de sexe dans les analyses réalisées lors

d’études futures afin d’éviter de conclure à tort à des associations qui pourraient être

modulées par un effet de sexe, particulièrement dans les études portant sur des pathologies

connues pour affecter les hommes et les femmes de façon inégale, comme c’est le cas de la

psychose.

2.3 Comparaison des troubles schizophréniques et bipolaires

L’apparentée entre le trouble bipolaire et les troubles du spectre de la schizophrénie est de

plus en plus documentée, tant au plan génétique, neurobiologique que cognitif (voir Hill, et

al., 2008; Ivleva, et al., 2010; Ketter, et al., 2004; Maier, et al., 2006 pour des discussions

sur les similitudes entre ces entités diagnostiques). Cette apparentée a d’ailleurs conduit

dans la présente thèse au choix méthodologique de considérer le risque génétique à

développer un trouble psychotique comme découlant d’un historique familial

transdiagnostique incluant à la fois le spectre de la schizophrénie et le trouble bipolaire.

Ainsi, les individus HRG ayant participé à la thèse provenaient tous de familles lourdement

115

atteintes par la psychose et avaient un parent atteint soit de schizophrénie, soit de trouble

bipolaire avec ou sans caractéristique psychotique. Cette approche méthodologie constitue

une stratégie de recherche intéressante et surtout efficace puisqu’elle permet l’accès à des

échantillons plus nombreux, et apparaissait justifiée pour l’étude d’une population à risque,

notamment du fait que des travaux antérieurs de notre équipe ont démontré à l’aide de

tâches cognitives classiques que les HRG ayant un parent schizophrène ou bipolaire

présentent des performances similaires malgré une tendance chez les HRG ayant un parent

bipolaire à présenter une intensité d’atteinte plus modérée (Maziade, et al., 2009). Les

données issues des travaux de notre équipe de recherche et de la littérature scientifique sur

le sujet supportaient en ce sens la pertinence d’étudier conjointement ces diagnostics via un

devis méthodologique inclusif.

La similitude au plan cognitif entre les patients atteints de trouble bipolaire et de

schizophrénie n’a par contre jamais été investiguée concernant les performances en

mémoire de source. Afin d’observer si le diagnostic du parent atteint avait une incidence

sur le patron de performances documenté chez les HRG, une comparaison des données

sociodémographiques et des performances en mémoire de source en fonction du diagnostic

du parent a été réalisée via des analyses supplémentaires (voir Annexe D). Comme indiqué

au tableau D1, le diagnostic du parent n’a pas influencé de manière significative les

données sociodémographiques telles que le sexe, l’âge, la scolarité, le statut socio-

économique ou le QI. Notons toutefois que pour cette dernière variable, une différence

marginalement significative est présente, et semble due au fait que les HRG dont le parent

présente un diagnostic de trouble bipolaire sans caractéristiques psychotiques présentent un

niveau de fonctionnement intellectuel marginalement plus élevé. De manière intéressante,

cette disparité ne semble pas due à la différence de diagnostic en soi, ce qui serait le cas si

seuls les HRG dont le parent est atteint de schizophrénie se différenciaient des autres.

Plutôt, la différence semble découler de la présence de caractéristiques psychotiques,

indépendamment du diagnostic associé, puisque le fonctionnement intellectuel semble

similaire entre les enfants de parents schizophrènes et de parents bipolaires avec

caractéristiques psychotiques. Ainsi, malgré la similarité génétique entre ces troubles, il est

possible que des atteintes plus importantes au plan du fonctionnement intellectuel soient

116

davantage représentatives du legs génétique d’un parent lui-même psychotique, et ce,

indépendamment du spectre plus large dans lequel s’inscrit la psychose. Ceci supporterait

d’ailleurs la vision de la psychose en tant que phénomène transdiagnostique pouvant être

conceptualisé sur un continuum allant des troubles de l’humeur à la schizophrénie.

En mémoire de source, les résultats supportent par contre de façon moins franche la notion

d’une similitude du profil cognitif indépendamment du diagnostic du parent atteint. La

comparaison des performances en mémoire de source des HRG en fonction du diagnostic

du parent atteint conduit à l’obtention de différences marginalement significatives qui se

doivent d’être abordées (voir Tableau D2). Ainsi, une différence malgré tout étonnante est

présente au plan des processus d’attribution de la source, où les HRG ayant un parent

atteint de schizophrénie présentent une performance marginalement plus faible que les

HRG ayant un parent bipolaire (avec ou sans caractéristique psychotique). Bien que cette

tendance doive être interprétée avec prudence vu la petite taille d’échantillon (seulement 5

HRG ayant un parent atteint de schizophrénie) et la variabilité interindividuelle importante

présente sur ce construit, certaines hypothèses demandent à être considérées. D’abord, ce

résultat pourrait indiquer que les enfants ayant hérité des gènes d’un parent schizophrène

ont davantage tendance à démontrer des défaillances en attribution de la source

comparativement aux enfants de parents atteints de trouble bipolaire, montrant ainsi une

spécificité diagnostique à cette atteinte. Une intensité plus importante de l’atteinte en

attribution de la source en lien avec la schizophrénie ne semble par contre pas soutenue par

les études réalisées chez les patients. Ainsi, le fonctionnement en mémoire de source évalué

à l’aide de la même tâche chez des adolescents psychotiques n’avait pas permis d’observer

de différence au plan de l’attribution de la source entre les jeunes ayant reçu un diagnostic

de schizophrénie ou de trouble schizophréniforme (5 participants), de trouble schizoaffectif

(6 participants) ou de trouble bipolaire (5 participants) (Doré, et al., 2007). On pourrait par

ailleurs soulever l’hypothèse que cette différence découle plutôt du fait que les individus

ayant un parent atteint de schizophrénie sont les mêmes que ceux présentant un risque

clinique (HRG-C) dont il était question en Annexe B. Or, de ces six participants ayant été

identifiés à risque clinique de psychose, aucun ne fait parti du sous-groupe ayant un parent

atteint de schizophrénie. Conséquemment, en regard des résultats actuels, il apparait

117

difficile de statuer sur l’origine de cette tendance envers une performance plus faible en

attribution de la source chez les HRG ayant un parent atteint de schizophrénie. Des études

présentant un meilleur équilibre entre le nombre d’individus en fonction du diagnostic du

parent atteint seront requises afin de mieux comprendre ce résultat et d’exclure la

possibilité qu’il s’agisse d’un artefact statistique dû à la petitesse de ce sous-groupe,

particulièrement considérant que l’inspection des données individuelles semble indiquer

que ce résultat atypique pourrait en partie découler de la performance anormalement faible

d’un seul individu de ce groupe, qui est également le HRG ayant montré le plus faible score

sur cette variable au sein de l’échantillon entier (voir Figure D1).

3. Contributions théoriques

Les conclusions de la présente thèse permettent également de contribuer aux connaissances

théoriques sur le fonctionnement normal de la cognition en précisant certains modèles

existants, de même qu’aux connaissances sur les processus pathologiques impliqués dans

survenue d’un trouble psychotique.

3.1 Modèle de mémoire de source

La mémoire de source telle que conceptualisée par Johnson et ses collaborateurs (1993) est

un construit central de la présente thèse. Les résultats obtenus à la tâche de mémoire de

source utilisée, notamment auprès des participants contrôles, permettent de préciser le

fonctionnement normal de certains processus de mémoire de source, de même que de

mieux comprendre leurs paramètres développementaux.

3.1.1 Développement normal de la mémoire de source

Les données obtenues chez les participants contrôles ont permis de mettre en lumière des

trajectoires développementales distinctes selon le processus de mémoire de source étudié.

Ainsi, une analyse de l’effet de l’âge sur le fonctionnement en mémoire (tel que présentée

dans le chapitre II) a permis d’observer un développement de la métacognition de l’enfance

à l’âge adulte, tel que vu par une amélioration de la capacité à juger de la véracité d’un

souvenir via un jugement de confiance avec l’avancement en âge. Cette observation est

d’ailleurs cohérente avec les résultats d’une revue de littérature indiquant un

118

développement de la métacognition en mémoire pendant l’enfance et l’adolescence

(Souchay, Guillery-Girard, Pauly-Takacs, Wojcik, & Eustache, 2013), et soulève l’idée que

la métacognition continue de se développer jusqu’au début de l’âge adulte. Ce résultat est

d’ailleurs conforme à l’idée que la métacognition est un processus dont le développement

est intrinsèquement lié à l’accumulation de diverses expériences de vie. En effet, la capacité

à porter un jugement sur l’adéquation de ses propres souvenirs en mémoire repose

assurément sur la construction expérientielle de schémas de références sur lesquels s’appuie

ce processus. Le bagage de connaissances qu’un individu développe sur le fonctionnement

de sa propre mémoire lui permet d’avoir un point de référence et de comparer un souvenir

récupéré à la richesse d’un vrai souvenir ou à la connaissance de ce qui constitue un

évènement plausible ou anormal en fonction des connaissances antérieures. Il n’est donc

pas surprenant que la métacognition se développe jusqu’à l’âge adulte si on pense qu’il

s’agit d’un processus dont le fonctionnement se raffine avec l’usage.

À l’inverse, les autres processus de mémoire de source, dont le développement repose

d’ailleurs peut-être moins sur l’expérience, ont quant à eux montré une stabilité avec

l’avancement en âge au sein de notre échantillon, soit entre 9 et 25 ans. Ainsi, il est possible

que les processus de mémoire centrale tels que l’attribution de l’origine des souvenirs

arrivent à maturité plus tôt dans le développement, ce qui serait cohérent avec les données

d’études montrant une amélioration de la mémoire de source plus tôt entre 4 et 8 ans

(Lloyd, Doydum, & Newcombe, 2009; Sluzenski, Newcombe, & Ottinger, 2004; Sluzenski,

Newcombe, & Kovacs, 2006). Notons toutefois que des travaux antérieurs de notre équipe

de recherche ont montré une amélioration des processus d’unification du souvenir chez des

participants contrôles âgés de 12 à 17 ans (Doré, et al., 2007). Il est probable que la

composition de l’échantillon de la présente thèse soit responsable de cette divergence de

résultat. En effet, les résultats de Doré et ses collaborateurs indiquent que les processus

d’unification en mémoire se développent pendant l’adolescence et atteignent leur maturité

au début de l’âge adulte. Or, l’échantillon de la thèse comportait une grande étendue d’âges

(9 à 25 ans), avec peu de participants âgés de 13 à 18 ans et une majorité de participants

âgés de 18 à 25 ans, ce qui a pu empêcher l’obtention d’un tel effet développemental.

Davantage d’études développementales seront nécessaires pour bien comprendre le

119

développement normal de la mémoire de source et par le fait même mieux comprendre les

anomalies développementales caractéristiques du développement des troubles

psychotiques. Les résultats actuels permettent d’émettre des pistes quant au développement

typique de la mémoire de source, ce qui est essentiel afin de pouvoir mieux comprendre les

déficits répertoriés chez les HRG et leur développement. En effet, une meilleure

compréhension de ces trajectoires permettra d’orienter la mise en place d’interventions, par

exemple en visant le développement et la rééducation de processus encore en émergence et

l’adaptation ou le développement de stratégies compensatoires pour un processus déficitaire

mature.

3.1.2 Dissociation des processus en mémoire de source

Les résultats obtenus auprès des HRG, à savoir une atteinte des processus d’attribution du

contexte temporel accompagnée d’une performance intacte en attribution de la source, ont

également permis d’observer que les processus en mémoire de source pouvaient être

atteints de manière distincte. Dans leur présentation originale du modèle de mémoire de

source, Johnson et ses collaborateurs (1993) présentaient le processus d’attribution de

l’origine comme un processus décisionnel unitaire permettant de statuer sur l’origine d’une

information sur la base de l’ensemble des caractéristiques encodées, sans distinction pour le

type d’information, et ce, via trois paramètres décisionnels soient 1) interne-externe (i.e.

l’information est-elle autogénérée ou provient-elle d’une source externe), 2) interne-interne

(i.e. si l’information est autogénérée, a-t-elle été dite, pensée, écrite) ou 3) externe-externe

(i.e. si l’information provient d’une source externe, est-ce d’un média, d’un proche, d’une

lecture, etc.). La présente thèse permet donc en ce sens de proposer un ajout au modèle de

Johnson et ses collaborateurs (1993), en distinguant le traitement des différentes

caractéristiques encodées en périphérie de l’information cible, du moins en ce qui concerne

la source (interne ou externe) et le contexte temporel associé au souvenir. Une atteinte

ciblée d’un seul processus a rarement été répertoriée dans les études réalisées dans le

domaine de la psychose, tant chez les patients que dans les quelques études sur les

populations à risque. Ceci peut néanmoins s’expliquer au plan méthodologique, car d’une

part, la plupart des études ont mis de l’avant une méthodologie permettant d’évaluer un seul

paramètre de l’origine de l’information mémorisée, soit en majorité le paramètre de source

interne-externe (e.g. Debbané, et al., 2010; Hommes, et al., 2012; Johns, et al., 2010;

120

Versmissen, Janssen, et al., 2007; Versmissen, Myin-Germeys, et al., 2007; Woodward, et

al., 2007). D’autre part, les quelques études ayant évalué la mémoire de source pour

différentes composantes ont plutôt observé une atteinte généralisée chez des patients

psychotiques, indépendamment de la caractéristique étudiée (e.g. Achim & Weiss, 2008;

Brébion, et al., 2013; Doré, et al., 2007). La dissociation observée chez les HRG permet

ainsi de mieux comprendre l’attribution de l’origine de l’information, en soulevant la

possibilité que des traitements distincts sous-tendent la récupération de l’origine de

l’information en fonction du type d’informations encodées.

Cette dissociation observée entre les processus d’attribution de la source et du contexte

temporel pourrait possiblement s’expliquer par la présence de structures cérébrales

distinctes sous-tendant le traitement de ces deux types d’informations. S’il n’est pour

l’instant pas possible vu l’état des connaissances sur le sujet d’identifier avec précision des

structures candidates, il demeure que certaines hypothèses peuvent être formulées en regard

des connaissances accumulées via les études de neuroimagerie réalisées dans les dernières

années. Ainsi, une revue de littérature portant spécifiquement sur les études d’imagerie par

résonnance magnétique en mémoire de source a permis de souligner la contribution de

plusieurs structures cérébrales au fonctionnement de ce processus cognitif (Mitchell &

Johnson, 2009). Il y est documenté que les processus associatifs d’unification du souvenir

reposent principalement sur les structures du lobe temporal médian (formation

hippocampique, cortex périrhinal et parahippocampique), bien que la contribution

spécifique de chaque structure demeure à préciser. Le cortex préfrontal est également ciblé

comme étant impliqué dans le fonctionnement de la mémoire de source, tant sur le plan de

l’unification des souvenirs que de l’encodage des éléments contextuels associés. De

manière intéressante, la contribution des différentes structures du cortex préfrontal au

fonctionnement de la mémoire de source semble mieux définie et permet de soulever une

piste intéressante expliquant la dissociation observée chez les HRG entre l’attribution de la

source et du contexte temporel. Ainsi, une hypothèse de latéralisation gauche-droite du

cortex préfrontal latéral propose une spécialisation de la portion gauche dans la gestion du

matériel autogénéré – ce qui comprend donc la notion de distinction entre une source

interne-externe – alors que la portion droite serait davantage impliquée dans la gestion

121

d’informations moins différenciées, en plus d’être impliquée dans le jugement de récence

(voir Mitchell & Johnson, 2009 pour une revue). Ainsi, il est possible que chez les HRG,

une atteinte plus marquée des structures préfrontales droites soit présente, au profit d’un

fonctionnement plus intact des structures préfrontales gauches, qui se manifesterait par le

profil d’atteintes spécifiques à l’attribution du contexte temporel observé. Il s’agit bien

entendu d’une hypothèse qui devra être validée, mais qui apparait plausible en regard des

anomalies déjà documentées chez les populations HRG par les études de neuroimagerie qui

ciblent notamment des atteintes préfrontales, tout en indiquant qu’une exacerbation des

déficits frontaux semble accompagner l’émergence de la psychose (Lawrie, Stanfield,

Johnstone, & McIntosh, 2012; Smieskova, et al., 2013), ce qui serait cohérent avec le

passage d’une atteinte spécifique à une atteinte généralisée de la mémoire de source chez

les patients. Les résultats de la présente thèse appuient par ailleurs la conclusion de

Mitchell et Johnson (2009) à savoir que les études de neuroimagerie profiteront d’une

approche davantage basée sur l’étude des processus associés à des contenus ou des

caractéristiques spécifiques en mémoire.

Par ailleurs, il est possible que cette distinction entre le jugement de la source et du

contexte temporel soit plutôt la résultante de la mise en action d’un type de traitement de

l’information distinct, dont un seul serait atteint chez les HRG. En effet, tel que présenté

dans le chapitre d’introduction, le rappel de l’origine d’un souvenir peut reposer sur deux

types de jugements par rapport aux caractéristiques encodées en mémoire; un jugement plus

automatisé et plus rapide, appelé jugement heuristique, ou un jugement plus systématique,

mais plus lent. Dans leur présentation initiale du modèle de mémoire de source, Johnson et

ses collaborateurs (1993) indiquaient que le type d’information en mémoire peut influencer

le type de jugement déployé. Ainsi, un souvenir dont les informations périphériques sont

riches, claires et distinctives sera généralement traité rapidement et sur la base d’un

sentiment de familiarité afin d’en récupérer l’origine. À l’inverse, un souvenir dont les

caractéristiques encodées sont peu nombreuses, peu distinctives ou paraissent peu

plausibles en regard des connaissances antérieures conduira généralement à un traitement

plus systématique et réfléchi (Johnson, et al., 1993). Or, le traitement de la source et du

contexte temporel ne conduit probablement pas à des traces mnésiques identiques. En effet,

122

les informations perceptuelles liées à l’attribution de la source sont plus riches et

contiennent des renseignements sonores (voix de l’expérimentateur vs sa propre voix),

peut-être visuels si le participant a regardé l’expérimentateur lorsqu’il prononçait les mots,

voire cognitifs si une stratégie d’encodage particulière a été employée pour distinguer les

mots lus soi-même de ceux lus par l’expérimentateur. À l’inverse, la mémorisation du

contexte temporel repose sur peu de caractéristiques tangibles. En effet, les mots de la liste

1 et de la liste 2 étaient présentés sur le même écran d’ordinateur, dans la même pièce, lus

en alternance de la même manière, étaient semblables au plan de la longueur, de la

fréquence, etc. En d’autres termes, les caractéristiques temporelles étaient probablement

moins distinctives l’une de l’autre que les différentes sources mémorisées. Considérant

cela, on pourrait s’attendre à ce que l’attribution de la source ait pu être effectuée via un

jugement heuristique et automatisé. À l’opposé, l’attribution du contexte temporel pourrait

plutôt avoir nécessité de recourir à un traitement systématique de l’information en mémoire

vu le peu de différences entre les traces mnésiques de la première et de la seconde liste.

Selon cette hypothèse, il serait alors possible de postuler que les atteintes spécifiques de la

mémoire de source observées chez les HRG découlent d’une défaillance des processus plus

systématiques conduisant soit à un jugement erroné, soit à une surutilisation des processus

heuristiques. Ceci expliquerait le fait que lorsqu’un jugement heuristique est suffisant pour

juger de l’origine d’une information, par exemple lors de l’attribution de la source, les

HRG montrent une performance similaire à celle des contrôles, alors que lorsque la nature

de l’information requiert un traitement plus approfondi, les HRG tendent à maintenir un

jugement plus rapide, au détriment de la qualité de leurs réponses. De manière intéressante,

le fait que les HRG présentent une atteinte au plan métacognitif pourrait également être

cohérent avec cette idée. En effet, les HRG présentent une altération de la métacognition en

mémoire qui se manifeste notamment par une confiance accrue en leurs erreurs. Cette

absence de doute face aux souvenirs pourrait faire en sorte qu’ils ne sollicitent pas leurs

processus systématiques lorsqu’ils font face à de l’information peu différenciée, du fait

qu’ils ont à la base très confiance en leurs jugements, même erronés, contribuant ainsi à

leurs performances altérées lorsqu’ils doivent récupérer le contexte temporel associé à un

souvenir. Cette hypothèse n’apparaît d’ailleurs pas contradictoire avec l’hypothèse d’une

atteinte préfrontale latérale droite présentée précédemment, puisque cette structure

123

cérébrale est impliquée à la fois dans les jugements de récence, mais également dans le

traitement de stimuli indifférenciés, par opposition au traitement de l’information distincte

qui elle relèverait davantage des structures du cortex préfrontal latéral gauche (Mitchell &

Johnson, 2009). Ces hypothèses explicatives demanderont davantage d’exploration, mais

offrent d’emblée quelques pistes afin de mieux comprendre le profil mnésique associé au

risque génétique de développer une psychose, tel qu’observé chez les HRG. De façon

intéressante, cette hypothèse apparait compatible avec certaines données publiées

antérieurement par notre équipe (Doré, et al., 2009) et par d'autres auteurs (e.g. Brébion,

David, Jones, & Pilowsky, 2004; Gsottschneider, et al., 2011) qui démontrent un traitement

cognitif plus superficiel en mémoire épisodique chez les patients psychotiques. Ainsi, un

style mnésique marqué par un traitement superficiel semble caractéristique des patients

psychotiques, mais également des populations à risque n’ayant pas encore atteint l’âge

d’apparition de la pathologie.

3.1.3 Architecture des processus de mémoire de source

Finalement, les résultats de la thèse permettent de soulever des hypothèses quant aux

processus mnésiques associés à la psychose et à leur interaction. Les données empiriques

ont permis de constater que le risque génétique à développer un trouble psychotique se

manifestait notamment par une altération de la reconnaissance en mémoire épisodique et

une altération de l’attribution du contexte temporel des souvenirs, de même que par la

présence de distorsions en mémoire, dont une atteinte des processus d’unification du

souvenir de même que de la métacognition. Nous avons postulé dans le chapitre II que les

altérations observées en mémoire centrale découlent notamment de la présence des

distorsions mnésiques. Plus précisément, il a est suggéré que les difficultés en mémoire

épisodique documentées chez les HRG découlent de la présence d’une fragmentation de la

trace mnésique lors de l’encodage des souvenirs, qui rend le souvenir beaucoup moins

saillant lors de sa récupération, de même que d’une métacognition altérée face aux faux

souvenirs qui nuit à la remise en question qui permet généralement de moduler la

récupération des souvenirs. Les distorsions mnésiques apparaissent donc centrales dans la

compréhension du fonctionnement mnésique altéré associé à la psychose.

124

La dynamique particulière présente entre les différentes distorsions demeure néanmoins à

explorer. Une meilleure compréhension de cette dynamique permettrait notamment de

mieux comprendre le cœur des anomalies mnésiques liées à la psychose, en ciblant les

processus précis à l’origine des atteintes globales répertoriées. Cette compréhension serait

pertinente d’une part pour aiguiller la recherche génétique et neurobiologique, mais

également l’intervention préventive puisque la connaissance du processus à la base des

anomalies mnésiques pourrait permettre la mise en place d’interventions ciblées, par

exemple en remédiation cognitive. Ainsi, s’il est possible que les distorsions observées au

plan de l’unification des représentations en mémoire et de la métacognition soient

simplement en cooccurrence et soient toutes deux à la base des altérations mnésiques

retrouvées en psychose sans présenter d’interactions entre elles, il est également possible

que ces processus interagissent hiérarchiquement. Si tel était le cas, il est postulé que ce

sont les failles en unification du souvenir qui seraient à l’origine des atteintes

métacognitives et de manière plus large, des atteintes de la mémoire centrale. En effet, la

fragmentation du souvenir qui découle des atteintes en unification des représentations

mnésique a pour résultat d’appauvrir la trace mnésique du fait que moins d’éléments y sont

associés. Cet appauvrissement rend alors la trace en mémoire moins saillante et moins

accessible pour la récupération ou la reconnaissance subséquente (Tulving & Craik, 2000).

Or, la différenciation entre un souvenir réel et un faux souvenir repose notamment sur la

richesse de la trace observée dans les vrais souvenirs. Dans le cas d’un faux souvenir, peu

de caractéristiques sont encodées pour enrichir la trace mnésique et aucune information

perceptuelle n’est présente. Or, en raison de l’appauvrissement du vrai souvenir dû à

l’altération des processus d’unification, la différence perceptuelle entre un souvenir réel et

un faux souvenir devient plus difficile à déceler, rendant de ce fait le jugement face au

caractère réel ou non d’une information récupérée en mémoire beaucoup plus ardu. Ceci

pourrait en partie expliquer le fait que les HRG ont une confiance trop élevée lorsqu’ils

récupèrent un souvenir erroné tel que démontré via l’atteinte en métacognition, puisqu’ils

n’ont pas accès au contraste perceptuel de la trace mnésique qui permet normalement de

douter de l’information en mémoire lorsque celle-ci n’est pas encodée avec suffisamment

de richesse. Si cette hiérarchie s’avérait fondée, alors l’atteinte de l'unification des

représentations mnésiques serait un élément central à la base des dysfonctions mnésiques

125

associées au risque génétique à développer une psychose. Il s’agirait alors d’un élément

d’intérêt autour duquel poursuivre les recherches et articuler l’intervention visant à évaluer

et réduire les facteurs de risque cognitifs associés au développement de la psychose.

3.2 Vers une hypothèse développementale des hallucinations

La psychopathologie cognitive est un domaine relativement récent dans l’étude des

psychopathologies dont l’objet vise notamment à comprendre les troubles

psychopathologiques via la mise en relation des dysfonctionnements cognitifs et de la

symptomatologie (Van der Linden & Ceschi, 2008). Dans l’étude des troubles

psychotiques, cette approche s’est entre autres manifestée par le nombre grandissant

d’études s’intéressant à la compréhension des particularités cognitives sous-tendant le

symptôme hallucinatoire (e.g. Aleman & Larøi, 2008b; Brookwell, et al., 2013; Ditman &

Kuperberg, 2005; Laroi, et al., 2008).

Dans la présente thèse, le symptôme hallucinatoire a été étudié dans une forme sous-

clinique via la notion de propension à halluciner. Une association a été documentée entre la

présence d’une propension à halluciner accrue chez les HRG et une altération des processus

métacognitifs permettant de juger de la qualité d’un souvenir en termes de niveau de

confiance. La possibilité d’un lien causal entre cette distorsion en mémoire de source et le

symptôme hallucinatoire a déjà été discutée précédemment (voir section 1.2.1 Mémoire de

source et symptomatologie de la présente discussion). D’un point de vue théorique, la

présence d’une telle association entre les distorsions mnésiques et la propension à

halluciner chez une population HRG permet par ailleurs de soulever des hypothèses quant à

la survenue des expériences hallucinatoires.

Ainsi, il apparaît plausible que la présence des gènes de vulnérabilité associés à la psychose

soit à l’origine de la fréquence accrue des manifestations sous cliniques du phénomène

hallucinatoire observée chez les HRG. Plus précisément, il est proposé que le fait d’être

porteur de gènes qui rendent vulnérable au développement d’un trouble psychotique induise

des anomalies au plan du développement neuroanatomique, qui influencent à leur tour le

développement cognitif et causent des perturbations notamment sous la forme de

dysfonctions de la mémoire épisodique et de la mémoire de source. Les distorsions

126

observées en mémoire sur le plan de l’unification du souvenir et de la métacognition

pourraient être associées à la persistance de la propension à halluciner présente chez les

HRG à l’adolescence et au début de l’âge adulte, alors qu’une diminution du phénomène

est normalement observée dans la population générale (Jardri, et al., 2014). La transition de

l’expérience hallucinatoire sous-clinique vers le développement d’hallucinations

psychotiques pourrait quant à elle être associée à une détérioration des processus

d’attribution de la source, notamment via l’apparition d’un biais d’attribution externe. Il est

ainsi suggéré que cette détérioration contribuerait à cristalliser l’expression du symptôme.

Cette transition d’une expérience sous-clinique vers un symptôme d’intensité psychiatrique

pourrait dépendre entre autres de la cooccurrence de facteurs de risques environnementaux

ou sociaux (ex. trauma, transition, consommation de substance) qui peuvent moduler la

perception d’un individu face au symptôme, sa valence émotionnelle, sa fréquence ou la

détresse qu’il instille.

Une telle hypothèse de l’expérience hallucinatoire, bien qu’embryonnaire et nécessitant

d’être soutenue empiriquement avant d’être validée, permet de rassembler différentes

propositions théoriques qui ont été formulées antérieurement et qui liaient les particularités

mnésiques aux hallucinations psychotiques. Ainsi, que ce soit en postulant que les

hallucinations proviennent d’une confusion entre le réel et l’imaginaire (Bentall, 1990),

qu’elles sont le fruit d’une externalisation de pensées intrusives (Morrison, 2001) ou encore

qu’elles découlent d’erreurs des processus d’attribution de l’origine du souvenir (Brébion,

et al., 2013), la plupart des auteurs convergent vers l’idée que des distorsions quant à

l’origine des pensées et des souvenirs sont à l’origine des hallucinations (notons que

d’autres études seront néanmoins requises pour confirmer ce lien; voir Ditman et

Kuperberg (2005) pour une revue critique de cette hypothèse). Dans un modèle intégratif de

la littérature sur le sujet, Aleman et Laroi (2008d) ont d’ailleurs postulé que parmi les voies

d’émergence des hallucinations, une voie cognitive intégrant les processus de gestion de la

source était particulièrement adaptée aux hallucinations psychiatriques ainsi qu’à celles

retrouvées chez des populations non cliniques, comme c’est le cas au sein de notre

échantillon de HRG. La proposition amenée ici quant à la spécificité des distorsions en tant

que contributeur mnésique permet de préciser la voie cognitive proposée dans le modèle

127

d’Aleman et Laroi (2008d). Par ailleurs, la suggestion que des processus environnementaux

soient impliqués dans l’évolution vers une intensité clinique des hallucinations reprend la

suggestion de Van Os et ses collaborateurs (2009) et de Jardri et collaborateurs (2014), qui

ont postulé que la présence d’éléments aversifs dans l’environnement jouait un rôle dans la

transition entre le phénomène hallucinatoire sous-clinique et clinique. L’hypothèse

proposée dans la thèse reprend cette suggestion, tout en offrant une précision

supplémentaire en positionnant l’apport de la distorsion mnésique en tant qu’indice cognitif

évoluant conjointement au symptôme.

La nature du lien entre les distorsions en mémoire et l’expérience hallucinatoire demeure

toutefois à être précisée. En effet, pour que ce lien puisse être considéré comme causal et

spécifique, il faudrait pouvoir démontrer que les hallucinations ne peuvent être présentes

sans distorsions mnésiques chez les patients psychotiques. L’hypothèse présentée dans la

thèse est en ce sens audacieuse en regard des connaissances actuelles, mais ne se veut pas

formulée comme un modèle théorique cristallisé des hallucinations tant que comme une

hypothèse appelée à évoluer au fil des nouvelles découvertes afin de guider la recherche et

d’offrir un cadre interprétatif aux résultats observés.

Il importe par ailleurs de considérer la possibilité que les distorsions en mémoire de source

ne soient pas une composante étiologique de l’expérience hallucinations, mais plutôt,

comme présenté précédemment, une mesure différente du même phénomène. Dans un tel

cas, l’hypothèse développementale suggérée à l’instant pourrait également s’appliquer,

mais on postulerait alors que les gènes associés à une vulnérabilité à la psychose se

manifestent simultanément par des anomalies qui, selon la façon dont on les mesure,

prennent la forme de distorsions en mémoire ou d’expériences hallucinatoires sous-

cliniques. La modification de ces deux éléments conjointement au développement de la

psychose, à savoir via le développement d’un biais d’attribution externe et le passage vers

le vécu d’hallucinations cliniques, soutiendrait d’ailleurs l’idée que ces deux manifestations

découlent d’une étiologie similaire puisqu’elles évoluent de pair dans le développement de

la psychose.

128

3.3 Trajectoire développementale de psychose

Comme présenté précédemment, les résultats de la thèse permettent de suggérer une

association spécifique entre une atteinte au plan de l’attribution de la source et le

développement de la psychose, du fait que les processus d’attribution de la source sont les

seuls qui distinguent le profil des HRG de celui des patients. Différentes trajectoires

développementales pourraient néanmoins expliquer cette association. En effet, l’étude

d’individus HRG ne conduit pas à l’étude d’un groupe homogène au plan du pronostic

clinique. Au sein de l’échantillon, seule une fraction des individus développera un trouble

psychotique dans les prochaines années. On peut donc considérer que l’échantillon à

l’étude est constitué de futurs patients, mais également de futurs adultes non atteints, ce qui

est d’ailleurs cohérent avec le fait qu’une vulnérabilité génétique n’est pas déterministe de

l’apparition de la pathologie puisque l’étiologie de la psychose découle d’une interaction

entre une vulnérabilité génétique, des facteurs de risques environnementaux et des facteurs

de protection (Tandon, et al., 2008; Ventura, et al., 2004).

Le fait que les processus d’attributions de la source apparaissent intacts chez le groupe de

HRG entier a soulevé l’hypothèse que ces processus sont particulièrement associés au

développement de la pathologie. Deux trajectoires pourraient expliquer les résultats obtenus

et être représentatives du lien entre attribution de la source et psychose (voir Annexe E pour

une modélisation de ces trajectoires). D’une part, il est possible que les processus

d’attribution de la source soient atteints précocement dans le développement, mais

uniquement chez les HRG qui convertiront dans les années à venir (i.e. chez les futurs

patients), faisant d’une atteinte en attribution de la source un marqueur précoce de

conversion (Voir Figure E1A). Dans un tel cas, l’objectivation d’un déficit en attribution de

la source constituerait un marqueur de la nécessité de mettre en place un suivi et une prise

en charge visant à atténuer au long cours la présence de facteurs de risque et à développer

des facteurs de protection pouvant influencer la trajectoire développementale de la maladie.

D’autre part, il est plutôt possible que les capacités d’attribution de la source déclinent

progressivement jusqu’à l’éclosion de la psychose, ou encore qu’elles déclinent plus

rapidement lors du prodrome ou avec le développement de la psychose franche, en faisant

un indicateur de la trajectoire développementale de la psychose (voir Figure E1B). Dans ce

129

deuxième cas, ce serait plutôt la présence d’un déclin intra-individuel des performances en

attribution de la source qui permettrait d’aiguiller la prise en charge. Il pourrait même alors

s’avérer pertinent de considérer la présence d’un tel déclin dans la conceptualisation

théorique de la notion de prodrome vers la psychose, afin d’inclure cet élément dans les

critères d’identification des individus à haut risque clinique. Si une telle trajectoire s’avérait

juste, le suivi et la réévaluation ponctuelle de jeunes présentant des facteurs de risque au

développement de la psychose seraient particulièrement importants afin de pouvoir

documenter les variations intra-individuelles au fil du développement, pour ainsi mieux

cibler les individus ayant un besoin plus important de prise en charge.

Des études longitudinales seront requises afin de déterminer empiriquement laquelle des

deux trajectoires postulées entre attribution de la source et développement de la psychose

(Figure E1A ou E1B) est conforme à l’évolution réelle de la pathologie. Le suivi

longitudinal de notre échantillon sera un premier pas dans cette direction afin de revisiter le

profil en mémoire de source des HRG qui développeront un trouble psychotique dans les

prochaines années. Il est néanmoins possible d’investiguer de façon préliminaire ces

hypothèses via l’observation des données individuelles obtenues dans la présente thèse. En

effet, si l’hypothèse soulevée par la trajectoire E1A) selon laquelle les HRG qui sont de

futurs patients sont atteints de manière précoce et distinctive en attribution de la source

s’avère exacte, alors il est possible de s’attendre à ce qu’un sous-groupe de HRG se

distingue déjà au sein de l’ensemble du groupe par des performances plus faibles à cette

mesure. Considérant les taux de conversion connus chez les individus à risque génétique,

qui se situent entre 9 et 18% (Tandon, et al., 2008), on pourrait s’attendre selon cette

hypothèse à ce que 2 à 5 individus de notre échantillon (proportion représentative de ce

pourcentage) présentent une conversion vers la psychose et donc, possiblement, se

distinguent dès maintenant du groupe entier quant à leurs capacités en attribution de la

source. Sur le plan de l’attribution de la source, que nous postulons comme étant

particulièrement associée à la pathologie, 2 HRG présentent un score plus faible que celui

des autres HRG et que celui du plus faible des contrôles, témoignant d’une performance

plus atypique (voir Annexe A Figure A1). Si un suivi longitudinal permettait de

documenter une conversion vers la psychose chez ces 2 individus, nombre qui serait

130

cohérent avec l’incidence attendue chez une population vulnérable au plan génétique, cela

soutiendrait l’hypothèse d’une atteinte précoce et sévère de l’attribution de la source

uniquement chez les futurs patients.

Par contre, si les HGR qui développeront la maladie sont au contraire distribués au sein du

groupe sur le plan de leurs performances actuelles en attribution de la source, l’hypothèse

d’une atteinte précoce semblerait moins convenir et il deviendrait alors intéressant de

considérer la piste d’un déclin des processus d’attribution de la source en lien avec

l’apparition de la pathologie. Or, de manière intéressante, les 6 HRG identifiés comme

étant à risque sur le plan clinique (HRG-C) sont effectivement distribués au sein de

l’échantillon de HRG au niveau de leur performance en attribution de la source plutôt que

d’être ceux démontrant le plus faible score, sans toutefois faire partie de ceux performant le

mieux (voir figure B1 de l’annexe B). Cette observation pourrait être représentative de cette

seconde hypothèse, bien que ces 6 individus ne soient pas, rappelons-le, en prodrome de la

pathologie, et qu’il ne soit pas possible de statuer sur un potentiel déclin en mémoire de

source vu le seul temps de mesure disponible.

Au plan théorique, ces deux hypothèses retrouvent également des appuis dans la littérature,

permettant difficilement de trancher sur la question. En support à l’hypothèse d’une atteinte

précoce des processus d’attribution de la source chez les futurs patients, il a été suggéré par

deux revues de littérature que la mémoire épisodique verbale faisait partie des marqueurs

précoces de conversion vers la psychose les plus prometteurs pour la recherche future

(Correll, et al., 2010; Pukrop & Klosterkötter, 2010). De plus, des atteintes en attribution de

la source ont été observées chez une population d’adolescents atteints du syndrome vélo-

cardio-facial, aussi appelé syndrome de délétion 22q11 (Debbané, et al., 2010), qui présente

un risque de conversion vers la psychose de plus de 40% (Schneider, et al., 2014). Ce

résultat soulève l’idée qu’un risque de conversion plus élevé, et donc un plus grand nombre

de « futurs patients » au sein d’un groupe, permette d’observer précocement une atteinte en

attribution de la source.

131

En support à la seconde hypothèse d’un déclin des processus d’attribution de la source au

fil du développement de la pathologie, il a néanmoins été démontré qu’un déclin de la

mémoire épisodique accompagnait le développement de la psychose (Meier, et al., 2014),

ce qui pourrait laisser penser qu’un déclin de la mémoire de source est à même d’être

observé, la mémoire de source étant un processus de la mémoire épisodique. Des études

longitudinales effectuant des suivis dès l’âge scolaire et jusqu’à l’âge adulte permettront

d’éclaircir cette question. Le besoin d’investir dans de telles recherches chez les

populations HRG a d’ailleurs été soulevé dans les conclusions d’une récente méta-analyse

(Bora, et al., 2014), soulignant l’importance dans les prochaines années de mettre en place

des devis de recherche longitudinaux.

3.4 Sensibilité et spécificité du profil en mémoire de source

La proposition que certains processus en mémoire de source constituent des indicateurs

cognitifs du risque à développer un trouble psychotique soulève la question de la sensibilité

et de la spécificité du profil observé en lien avec le spectre des troubles psychotiques. La

mémoire de source apparaît être un processus cognitif altéré plusieurs années avant

l’apparition de la psychose et sensible à la présence d’un risque génétique à développer un

trouble psychotique, du fait qu’un profil distinct est observé chez les HRG et que ce profil

est en partie similaire à celui observé chez les patients, tant sur le plan de la nature des

atteintes que de leur intensité. La question de la sensibilité de l’atteinte en mémoire de

source en tant qu’indicateur des futurs patients (i.e. des individus qui développeront un

trouble psychotique) était au-delà des objectifs de la présente thèse et demandera davantage

d’études pour être éclaircie. Néanmoins, les résultats de la thèse soulignent des pistes

d’intérêt dans la recherche de tels marqueurs de conversion. Ainsi, l’étude d’atteintes

spécifiques au plan de l’attribution de la source interne-externe apparaît d’un intérêt tout

particulier à explorer dans une perspective longitudinale, afin de mieux comprendre le

moment d’apparition de cette atteinte et le lien qu’elle entretient avec le développement

d’un premier épisode psychotique.

La spécificité du profil documenté en association avec la psychose demandera également

davantage d’études pour être confirmé, en étudiant conjointement diverses pathologies afin

132

d’observer les spécificités du profil mnésique associées à chacune. En effet, plusieurs

pathologies sont associées à des atteintes de la mémoire épisodique de même qu’à des

altérations de la mémoire de source (ex. troubles du spectre de l’autisme, démences). Cela

dit, quelques indices laissent présager que la dynamique entre les processus de mémoire de

source déficitaires et préservés observée chez les HRG apparaît unique lorsqu’on la

compare à d’autres pathologies. Ainsi, des travaux antérieurs de notre équipe de recherche

ont démontré à l’aide de la même tâche de mémoire de source un profil distinct chez des

jeunes atteints d’un trouble du spectre de l’autisme, chez qui un profil inverse à celui des

HRG avait été noté, à savoir un fonctionnement intact des processus d’attribution du

contexte temporel et une atteinte de processus d’attribution de la source, laquelle avait

d’ailleurs été liée à leur fonctionnement social (Gilbert, 2011). Cette double dissociation

entre les deux populations supporte l’idée d’une spécificité entre le profil d’atteintes

observées chez les HRG et le spectre pathologique étudié.

3.5 Candidature en tant qu’endophénotype

Le concept d’endophénotype se définit comme un indicateur mesurable agissant à titre

d’intermédiaire entre un génotype donné, p.ex. la combinaison de gènes à l’origine des

troubles psychotiques, et un phénotype pathologique, p.ex. l’éclosion d’une psychose

franche. Les endophénotypes sont considérés comme des indicateurs simplifiés d’une

combinaison génétique associée à un trouble ou un syndrome complexe. Leur utilisation

permet de « déconstruire » de tels syndromes et d’étudier plus directement la manifestation

d’anomalies génétiques via l’identification de marqueurs de vulnérabilité génétique plus

épurés que le syndrome clinique. Pour être considéré comme un endophénotype, un indice

doit répondre à certains critères, à savoir 1) être associé à la pathologie, 2) être héritable, 3)

être présent à l’extérieur de la phase active de la pathologie, et 4) au sein d’une famille,

l’endophénotype et la pathologie doivent coségréger, c'est-à-dire que l’endophénotype doit

être présent chez les apparentés non atteints de patients de manière plus importante que

dans la population générale (Gottesman & Gould, 2003).

La mémoire épisodique est considérée comme une candidate prometteuse dans la recherche

des endophénotypes de la psychose. Les résultats de la présente thèse soutiennent la

133

possibilité que la mémoire de source, qui est un processus plus précis de la mémoire

épisodique, puisse se qualifier en tant qu’endophénotype des troubles psychotiques,

raffinant davantage la connaissance des processus mnésiques pouvant être considérés dans

la recherche d’endophénotype. Il était déjà connu via des études antérieures que des

altérations en mémoire de source sont présentes chez des patients psychotiques (Achim &

Weiss, 2008; Caza, et al., 2010; Doré, et al., 2007; e.g. Gawęda, et al., 2012; Lefèbvre, et

al., 2010). D’autres études avaient également démontré des anomalies en mémoire de

source chez des adultes non atteints apparentés de patients (Brunelin, et al., 2007;

Versmissen, Myin-Germeys, et al., 2007), bien que des inconsistances demeurent à ce sujet

(Versmissen, Janssen, et al., 2007). La présente thèse apporte par ailleurs un appui à l’idée

voulant que ce déficit soit héritable, puisque les HRG ayant contribué à cette thèse ont tous

un parent atteint. Plus précisément, les processus d’attribution du contexte temporel de

même que certaines distorsions en mémoire (unification des souvenirs et métacognition)

apparaissent des candidats intéressants dans la recherche d’endophénotype puisqu’on les

retrouve à la fois chez les HRG et chez les patients, alors que d’autres processus comme

l’attribution de la source semblent davantage liés au phénomène complexe du

développement de la pathologie plutôt qu’aux marqueurs génétiques du trouble. Il

demeurerait néanmoins requis d’évaluer les parents des HRG évalués pour valider

l’héritabilité des altérations documentées, bien que la littérature sur les atteintes chez les

patients psychotiques laisse présager que ce soit le cas. Lorsqu’on considère ces résultats, il

apparait donc raisonnable de suggérer que certains processus de la mémoire de source

soient des endophénotypes de la pathologie, et donc des processus cognitifs d’intérêt à

éventuellement jumeler aux études génétiques afin de mieux comprendre l’origine des

troubles psychotiques, bien que la démonstration de certains critères demande réplication

ou validation.

3.6 Conceptualisation de la psychose

L’approche psychiatrique traditionnelle présente la survenue de la psychose comme un

morcellement de la pensée et du comportement qui interrompt le contact avec la réalité et

s’accompagne de symptômes majeurs comme les hallucinations, les délires ou la

désorganisation du comportement ou du discours (American Psychiatric Association,

134

2013). Or, la présente thèse a permis de démontrer que ce morcellement caractéristique de

la phase active de la maladie se reflète bien avant l’éclosion des premiers symptômes francs

dans le fonctionnement mnésique de jeunes vulnérables à la psychose au plan génétique, tel

qu’observé par la fragmentation des souvenirs en mémoire. Ainsi, il semble que le

morcellement caractéristique de la psychose puisse également être observé dans le

fonctionnement mnésique avant même l’éclosion d’un épisode psychotique. On peut donc

se demander, à la lumière des résultats de la thèse, si le début de la psychose ne serait pas

bien plus précoce que ne le laisse suspecter l’approche psychiatrique traditionnelle. Si des

éléments bien documentés dans la psychose comme les atteintes cognitives ou les

expériences hallucinatoires peuvent être observés avant même l’éclosion du premier

épisode psychotique franc, une question importante se doit d’être posée : quand débute

réellement la psychose? Et surtout, quand faut-il intervenir pour soutenir un individu à

risque ou malade? Si on postule que l’éclosion de la psychose franche constitue

« l’aboutissement » d’une trajectoire développementale pathologique, il importe de se

questionner sur le seuil permettant d’identifier le plus précocement possible cette

trajectoire, l’éclosion d’un premier épisode psychotique étant de toute évidence trop tardive

pour la mise en place d’interventions préventives. L’étiologie de la psychose découlant de

l’interaction entre une vulnérabilité génétique et des facteurs de risque et de protection

environnementaux, on ne peut néanmoins se baser uniquement sur les éléments documentés

comme associés à la vulnérabilité génétique pour identifier les trajectoires pathologiques,

puisque seule une fraction de la population à risque génétique développera effectivement un

trouble psychotique. À la lumière des résultats de la thèse, il est suggéré que la défaillance

des processus d’attribution de la source constitue un élément d’intérêt qui pourrait

permettre d’identifier peut-être plus précocement une trajectoire pathologique. Si tel était le

cas, il pourrait alors être suggéré que cette défaillance marque le début de la psychose, et

par le fait même, désigne la nécessité de mettre en place des interventions afin de réduire

les facteurs de risque ou de favoriser le développement de facteurs de protection dans le

but, qui sait, de peut-être arriver à faire dévier la trajectoire de la maladie, ou du moins, à

assurer une prise en charge plus rapide et efficace du premier épisode.

135

4. Contributions cliniques

La réalisation de cette thèse permet finalement de mettre de l’avant des retombées sur le

plan clinique qui pourraient être intégrées aisément à la pratique professionnelle auprès de

populations psychiatriques ou à risque de psychose.

4.1 Outils et considérations pour le neuropsychologue clinicien

D’abord, la tâche de mémoire de source utilisée de manière expérimentale dans ces travaux

et des travaux antérieurs de l’équipe de recherche apparait certainement être une tâche

d’intérêt pour le neuropsychologue clinicien travaillant auprès d’une clientèle pédiatrique.

L’accumulation de nouvelles données chez des participants contrôles de 9 à 25 ans élargit

les données déjà disponibles sur le fonctionnement normal à cette tâche et permettra sous

peu de rendre disponible un manuel d’utilisation et des normes préliminaires, bien que

davantage de participants contrôles soient encore souhaitable. De plus, l’informatisation à

la fois de la passation et de la cotation de cette tâche en fait maintenant un outil peu coûteux

en termes de temps d’administration et de cotation pour le clinicien.

Sachant que des anomalies au plan de la mémoire de source sont détectables tôt dans le

développement chez une population vulnérable à la psychose, l’utilisation de la tâche

apparaît être une façon accessible de documenter la présence d’un tel risque pour les

professionnels travaillant auprès des populations pédiatriques, particulièrement considérant

les hypothèses formulées quant au lien entre une défaillance des processus d’attribution de

la source (que celle-ci soit présente de façon stable tôt dans le développement ou qu’elle

apparaisse graduellement) et le développement de la psychose. La mise en place de cette

pratique clinique pourrait permettre de cibler plus tôt les individus vulnérables ou ceux

chez qui un trouble psychotique est en train de s’installer, favorisant ainsi une prise en

charge précoce. Ceci souligne l’importance que les neuropsychologues soient sensibilisés

aux indicateurs précoces d’un risque à développer un trouble psychotique. En ce sens, la

présente thèse permet maintenant de disposer de nouveaux indices de risque, tant sur le

plan cognitif avec la mémoire de source que sur le plan clinique avec la propension à

halluciner et l’expérience hallucinatoire sous-clinique.

136

4.2 Pistes en remédiation cognitive

Les résultats de la thèse permettent également de soulever des pistes intéressantes dans le

développement d’interventions en remédiation cognitive. En effet, la remédiation cognitive

a été démontrée efficace chez des patients schizophrènes et psychotiques, tant dans

l’amélioration du fonctionnement cognitif que dans l’amélioration du fonctionnement et de

l’intégration sociale (Wykes, Huddy, Cellard, McGurk, & Czobor, 2011). Or, sachant que

les atteintes en mémoire de source sont présentes bien avant l’apparition de la pathologie, et

qu’elles pourraient être associées à certains symptômes ou même à l’émergence du trouble,

il serait intéressant de tenter la mise en place d’un programme de remédiation cognitive

spécialement centré sur les processus de mémoire de source, afin d’évaluer l’impact d’une

amélioration de ce processus cognitif sur l’évolution de la psychose. Une telle intervention,

si efficace, pourrait être mise en place de manière préventive chez les individus à risque

clinique ou génétique afin d’observer si l’amélioration de la mémoire de source

s’accompagne d’une diminution des taux de conversion vers la psychose, d’une émergence

plus tardive de celle-ci ou même d’une symptomatologie atténuée.

Les informations obtenues quant au profil en mémoire de source des HRG permettent

d’ailleurs de suggérer la priorisation de certains processus dans la mise en place d’un tel

programme de remédiation de la mémoire de source. Ainsi, la présente thèse a permis de

postuler que les atteintes en mémoire centrale observées chez les HRG, notamment au plan

de la mémoire de l’item et de la mémorisation de son origine, reposent sur des distorsions

au plan de l’unification du souvenir et de la métacognition. Il a de plus été suggéré que les

troubles métacognitifs pouvaient découler de la fragmentation des souvenirs. En ce sens,

les processus d’unification du souvenir apparaissent être au cœur de la dynamique

cognitive observée et seraient une cible d’intervention pertinente à prioriser, de concert

avec un entraînement de la métacognition, sachant que le développement de ce second

processus est en partie expérientiel et se développe avec l’usage. La conceptualisation

théorique de mémoire de source de Johnson et ses collaborateurs (1993) fournit d’ailleurs

des pistes intéressantes à cibler, comme le renforcement des associations lors de

l’encodage, ou encore l’entraînement des processus utilisés pour récupérer un souvenir, par

exemple via la mise en place volontaire d’un jugement systématique plutôt qu’automatisé.

137

Ces pistes pourront servir à la réflexion entourant le développement éventuel d’un

programme de remédiation de la mémoire de source. Si efficace, on pourrait s’attendre à ce

qu’une amélioration des processus de mémoire de source s’accompagne d’une diminution

de la symptomatologie, que ce soit dans une forme franche ou atténuée, puisque des liens

ont été documentés tout au long du continuum de la psychose entre ces deux phénomènes.

Cette hypothèse semble d’ailleurs appuyée de façon préliminaire par une étude de cas ayant

démontré une diminution des symptômes psychotiques chez un patient à la suite d’un

programme de remédiation de la mémoire de source (Favrod, Vianin, Pomini, & Mast,

2006).

Notons finalement qu’une meilleure compréhension du développement normal de la

mémoire de source permettra de mieux cibler d’une part la nature des interventions à

proposer en remédiation cognitive, mais également la fenêtre d’intervention à prioriser en

fonction du processus atteint et ciblé. En effet, la présente thèse a permis de démontrer que

la métacognition se développait jusqu’au début de l’âge adulte, alors que d’autres processus

semblent atteindre leur maturité plus tôt, par exemple vers la fin de l’adolescence pour

l’unification du souvenir (Doré, et al., 2007) ou peut-être même avant l’âge de 9 ans pour

d’autres processus. Une connaissance plus approfondie du développement normal

permettra de mieux cibler le type d’intervention à mettre en place, par exemple afin de

soutenir le développement d’un processus encore en maturation, ou à l’inverse de mettre en

place des mesures compensatoires pour un processus dont le développement est arrivé à

maturité.

4.3 Considérations pour les équipes en psychiatrie

Les résultats de la thèse soulignent par ailleurs l’importance d’une évaluation exhaustive de

la mémoire chez les individus à risque de psychose ou encore chez ceux qui consultent en

psychiatrie, puisqu’une atteinte des processus mnésiques accompagne comme démontré la

vulnérabilité à développer un trouble psychotique. Or, une atteinte mnésique peut

influencer plusieurs aspects de la prise en charge clinique, que ce soit au niveau de la

démarche diagnostique ou de l’intervention.

138

Sur le plan de la démarche diagnostique, il importe d’abord de considérer qu’une atteinte de

la mémoire de source peut altérer la justesse de l’information rapportée par le patient, par

exemple en rendant difficile la contextualisation des premiers symptômes, ce qui peut

s’avérer essentiel dans la démarche différentielle (p.ex. pour distinguer une psychose

toxique d’un trouble schizophréniforme, ou encore pour distinguer un épisode dépressif

majeur d’un trouble de l’adaptation avec humeur dépressive). En ce sens, la connaissance

d’une atteinte de la mémoire de source chez un patient pourrait orienter la démarche

diagnostique, par exemple en favorisant la recherche de sources d’informations alternatives

(ex. famille, proches) pour valider les informations importantes. La présence de

neuropsychologues dans les équipes diagnostiques en psychiatrie apparaît de ce fait

nécessaire afin de caractériser adéquatement le profil du patient et d’orienter la collecte

d’information des intervenants en prenant en considération le profil observé.

L’accumulation de données sur le fonctionnement de la mémoire de source au sein de

différentes pathologies (i.e. population psychotique, population à risque de psychose,

population atteinte de troubles du spectre de l’autisme) pourrait par ailleurs contribuer à la

démarche de diagnostic différentiel, puisque des profils distincts semblent caractériser

différentes conditions médicales.

La présence d’atteintes en mémoire de source est également à même d’influencer le suivi

offert en psychothérapie ou lors d’interventions familiales, puisque l’intégration des

concepts proposés en thérapie ou encore leur récupération par le patient au temps opportun

afin de lui permettre la mise en place de stratégies adaptatives est à risque d’être altérée par

une mémoire de source dysfonctionnelle. Prenons à titre d’exemple des interventions de

types cognitivo-comportementales, qui incluent fréquemment des interventions visant à

semer un doute face à une pensée ou une interprétation, pour ensuite pouvoir la restructurer

ou la recadrer. Les troubles métacognitifs identifiés dans la thèse, qui se manifestent par

une absence de doute face à un souvenir erroné, pourraient certainement nuire à cette

démarche thérapeutique, en rendant plus ardue la mise en place du doute nécessaire à la

restructuration cognitive. De plus, les difficultés à unifier les souvenirs pourraient faire en

sorte que lorsque de nouvelles stratégies sont apprises, il est plus difficile pour le patient de

les récupérer et de les utiliser à bon escient, car son souvenir est fragmenté et il n’est peut-

139

être pas en mesure de se souvenir que telle stratégie est plus adaptative, car elle est associée

au contexte thérapeutique, qu’elle a été discutée, entraînée, etc. En somme, la présence

d’atteintes en mémoire de source nécessite d’être prise en compte dans le suivi effectué afin

de permettre une prise en charge optimale. Considérant cela, il est possible que dans le cas

où un patient aurait accès à la fois à une thérapie de type TCC et à une remédiation

cognitive de la mémoire de source, il soit préférable de débuter par la remédiation, pour

ensuite offrir une TCC qui ne serait pas entravée par l’atteinte mnésique, favorisant alors

l’obtention de gains significatifs chez le patient.

Finalement, les résultats de la thèse permettent de contribuer aux connaissances sur les

trajectoires de risque vers la psychose, en soulignant la présence de nouveaux indices

cliniques et cognitifs précédant de plusieurs années l’éclosion de la psychose. Ces indices, à

savoir les altérations de certains processus en mémoire de source et le vécu d’expériences

hallucinatoires sous-cliniques, s’ajoutent aux indices à considérer pour le clinicien œuvrant

auprès de populations pouvant être à risque de psychose. Da façon intéressante, les

indicateurs mis de l’avant dans la présente thèse apparaissent détectables tôt dans le

développement, soit dès l’âge de 9 ans, et pourraient contribuer à l’identification précoce

des individus à risque de psychose auprès de qui orienter les services. Il demeure toutefois

que l’identification d’individus vulnérables à la psychose doit considérer une additivité de

facteurs de risques. De ce fait, un profil clinique combinant plusieurs indices parmi une

histoire familiale de trouble psychotique ou de trouble bipolaire, des atteintes

développementales ou langagières, le vécu d’évènements traumatiques, le vécu

d’expériences hallucinatoires sous-cliniques (surtout si celles-ci persistent à l’adolescence),

et la présence d’altérations de la mémoire de source devrait être considéré par les cliniciens

comme un profil développemental de risque suffisamment marqué pour justifier une

intervention. Devant un tel profil, il apparaitrait alors essentiel d’instaurer une intervention

préventive visant à 1) réduire les facteurs de risque de conversion environnementaux

connus, par exemple via de la sensibilisation afin d’éviter la consommation de substances

ou de la psychoéducation sur l’importance du soutien lors de périodes de transition, 2)

limiter les facteurs de risque développementaux identifiés, par exemple via une remédiation

cognitive et 3) soutenir le développement de facteurs de protection, notamment par le biais

140

d’interventions psychosociales soutenant le développement d’habiletés sociales ou

d’habiletés de résolution de problème et de gestion du stress. L’évaluation systématique des

enfants ayant un parent atteint au sein d’une structure clinique sensible à ces marqueurs de

risque pourrait d’ailleurs constituer une initiative des plus pertinentes afin de permettre

l’identification d’individus à risque et la mise en place de telles interventions, ce qui

pourrait possiblement contribuer à retarder, voir même à réorienter une trajectoire de risque

identifiée.

5. Principaux constats, limites et perspectives futures

En résumé, la présente thèse aura permis d’acquérir des nouvelles connaissances sur les

indicateurs cliniques et cognitifs associés au risque de développer un trouble psychotique.

D’abord, la réalisation de la thèse a permis de clarifier le fonctionnement de la mémoire

épisodique avant l’apparition de la maladie chez une population à haut risque génétique de

psychose, en précisant pour la première fois le fonctionnement des processus de mémoire

de source chez cette population. Les résultats obtenus ont permis de démontrer une atteinte

sélective de la mémoire de source plusieurs années avant l’apparition de la pathologie, ce

qui en fait un marqueur précoce du risque à développer un trouble psychotique. Ainsi, il a

été observé que les HRG présentent une atteinte au plan de la mémorisation du contexte

temporel associé à un souvenir, qui semble reposer sur des distorsions en mémoire sur le

plan de l’unification du souvenir et de la métacognition. Les résultats de la thèse ont aussi

montré que le profil cognitif identifié chez les HRG en mémoire de source s’apparente à

celui retrouvé chez des patients psychotiques sur le plan de la nature et de l’intensité des

déficits, à l’exception des processus d’attribution de la source qui sont atteints chez les

patients, mais préservés chez les HRG. Il est en ce sens suggéré que ces processus soient

particulièrement associés au développement de la pathologie, bien que la nature exacte de

cette association demande à être précisée dans les prochaines années. De plus, la présente

thèse a permis d'observer que des manifestations cliniques subtiles, à savoir le vécu

d’expériences hallucinatoires sous-cliniques, sont présentes de façon plus fréquente chez

une population vulnérable au développement de la psychose. La propension à halluciner a

également montré une association avec le fonctionnement de la mémoire de source,

soulevant l’idée que les distorsions en mémoire puissent être étiologiquement liées au vécu

141

hallucinatoire. De façon plus large, les résultats de la thèse soulignent le fait qu’une

meilleure compréhension de la psychose repose sur une connaissance approfondie des

indicateurs développementaux du risque à développer un tel trouble. En ce sens, la

mémoire de source de même que l’expérience hallucinatoire sous-clinique apparaissent être

des construits d’intérêt dans la compréhension de la maladie et de son évolution.

Les résultats de la présente thèse se doivent néanmoins d’être interprétés à la lumière des

limites qu’elle présente, qui permettront d’ailleurs d’orienter la poursuite des études sur le

sujet dans les prochaines années. Ainsi, des recherches ultérieures seront requises afin de

répliquer les résultats obtenus auprès d’un échantillon indépendant plus nombreux étant

donné qu’il s’agissait de la première étude évaluant la mémoire de source et l’expérience

hallucinatoire chez des jeunes HRG. L’évaluation d’un échantillon de HRG mieux stratifié

sur le plan de l’âge serait également pertinente afin de mieux comprendre les aspects

développementaux liés à la mémoire de source, tant au plan du développement normal chez

les participants contrôles qu’au plan de la compréhension des particularités

développementales associées à une vulnérabilité génétique. Par ailleurs, un suivi

longitudinal de l’échantillon de la thèse sera pertinent afin de distinguer les trajectoires

liées à l’éclosion de la psychose des trajectoires saines, notamment au plan du

fonctionnement en mémoire de source mais également de l’évolution des expériences

hallucinatoires sous-clinique. La contribution de la mémoire de source dans l’identification

des individus à risque accru de conversion devra être explorée. Des hypothèses ont été

formulées dans la présente thèse à ce propos et pourront être validées ou bonifiées à l’aide

d’un tel suivi. Finalement, différentes études pourraient s’avérer pertinentes afin de mieux

comprendre le fonctionnement de la mémoire de source, par exemple via l’évaluation de la

mémoire de source pour des stimuli visuels ou sociaux, particulièrement considérant que

des études en mémoire épisodique ont démontré un développement distinct entre mémoire

épisodique verbale et visuelle chez des jeunes à risque de psychose et des apparentés non

atteints de patients (Maziade, et al., 2011). L’étude des processus de mémoire de source en

lien avec d’autres anomalies psychopathologiques (ex. dissociation, traits de personnalité,

etc.) pourrait également contribuer à mieux comprendre la spécificité du profil documenté.

Il pourrait par ailleurs être intéressant d’évaluer la mémoire de source chez une population

142

de jeunes ayant un parent atteint d’une forme sporadique plutôt que familiale de la

pathologie. Ceci permettrait une généralisation des résultats obtenus à l’ensemble des

jeunes à risque sur le plan génétique et permettrait de vérifier si les données obtenues sont

associées à la densité des antécédents familiaux de notre échantillon ou si elles se

retrouvent chez des jeunes à risque ayant une histoire familiale moins chargée. Finalement,

en regard des conclusions de la thèse, il apparaitra judicieux de considérer les processus

déficitaires en mémoire de source dans les études génétiques à venir afin de cibler peut-être

plus aisément les gènes impliqués dans le développement de la psychose.

143

Conclusions

Au final, les résultats de la thèse contribuent à l’avancement des connaissances sur les

indices cognitifs et cliniques pouvant être documentés avant l’apparition d’une première

psychose chez une population à risque de développer un trouble psychotique. Ces nouvelles

connaissances acquises permettent, en s’intégrant dans un bassin plus large de recherche, de

réaliser un pas de plus vers une identification précoce des individus à risque de psychose à

l’aide d’indices tant cognitifs que cliniques. Il apparait clair que la poursuite de cet objectif

nécessitera la mise en place d’études intégrant une approche multidisciplinaire, qui

permettra de mieux comprendre les interactions complexes entre les gènes, la

neurobiologie, la cognition et le développement de la symptomatologie. Les études

cognitives à venir auront tout avantage à miser sur une investigation basée sur les modèles

cognitifs, en cherchant à comprendre de façon plus précise les patrons de processus

déficitaires et préservés associés à la maladie. Si les tâches classiques ont permis de dresser

un bilan global de la cognition en psychose, la recherche basée sur des tâches

expérimentales supportées par une approche théorique de la cognition ouvrira la voie à un

raffinement des connaissances sur la psychose et sur les liens entre cognition, gènes,

neurobiologie et symptômes. Depuis les 40 dernières années, des avancées remarquables

ont été réalisées afin de caractériser les troubles psychotiques. La recherche est maintenant

tournée vers l’avenir, vers la prévention et vers l’intégration harmonieuse et épanouie des

patients atteints dans la société. Les résultats issus de la présente thèse ainsi que les pistes

de réflexion à explorer dans le cadre d’études futures constitueront certainement un autre

pas dans la poursuite de ce but.

145

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159

Annexe A :

Distributions des données individuelles en mémoire de source selon le groupe

161

Figure A 1. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de mémoire centrale (Indice de discrimination (PR) en

reconnaissance, en attribution de la source et en attribution du contexte temporel).

Figure A 2. Répartition des données individuelles selon le groupe sur les scores de distorsions mnésiques (Unification des

représentations en mémoire (Binding); Métacognition (Indice KCI de corruption des connaissances) en reconnaissance et en attribution

du contexte temporel).

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

PR

re

con

nai

ssan

ce

Groupes

EHRContrôles

-0,2-0,1

00,10,20,30,40,50,60,70,80,9

1

PR

so

urc

eGroupes

EHRContrôles

-0,2-0,1

00,10,20,30,40,50,60,70,80,9

1

PR

co

nte

xte

Groupes

EHR

Contrôles

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Bin

din

g (%

)

Groupes

EHR

Contrôles

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

KC

I re

con

nai

ssan

ce

Groupes

EHRContrôles

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

KC

I co

nte

xte

Groupes

EHR

Contrôles

*Une valeur élevée aux indices PR indique une bonne performance.

*Binding : Une valeur élevée indique une bonne performance. KCI : Une valeur élevée indique un taux de corruption plus important, et donc, une

performance inférieure.

163

Annexe B :

Performances en mémoire de source chez les HRG en fonction de la présence d’un

risque clinique de psychose

165

Tableau B 1. Caractéristiques cliniques et socio-démographiques des HRG à risque

clinique de psychose (HRG-C)1 comparativement aux HRG sans risque clinique connu.

Variable HRG HRG-C p ou χ2

N 21 6 --

Sexe (H/F) 11/10 3/3 .918

Dx clinique2 (Oui/Non) 8/13 3/3 .601

Âge 19.65 (5.12) 21.90 (2.28) .139

Scolarité 11.14 (3.34) 12.17 (2.77) .500

SSE3 31.98 (13.44) 35.15 (16.20) .631

QI Global4 91.00 (13.23) 89.17 (17.68) .278

Fcmt social5 73.57 (12.02) 69.17 (13.20) .445

* Différences significatives à p < 0.05 (bilatéral) 1HRG-C identifiés par la présence d’un score ≥ 6 au questionnaire PQ-16 (Ising et al., 2012). 2 Présence d’un diagnostic clinique actuel tel qu’évalué cliniquement via l’histoire de vie, l’histoire médicale et une

évaluation semi-structurée complète réalisée avec le SCID (Spitzer et al., 1992) ou le K-SADS-PL (Kaufman et al., 1997)

selon l’âge.

3 Statut Socio-économique mesuré à l’aide du Blishen socioeconomic index for occupations in Canada (Blishen et al.,

1987) 4 QI Global mesuré à l’aide des échelles complètes WISC-IV ou WAIS-III selon l’âge. 5 Fonctionnement social mesuré à l’aide de la SOFAS (Smith et al., 2011), une échelle complétée par l’évaluateur sur la

base des informations recueillies lors de l’évaluation clinique qui permet d’évaluer le fonctionnement social des

participants sur une échelle de 0 à 100.

166

Tableau B 2. Comparaison des performances en reconnaissance et en attribution de

l’origine entre les HRG à risque clinique de psychose (HRG-C; N=6) comparativement

aux HRG sans risque clinique connu (N=21).

HRG HRG-C df t ou F p d de Cohen3

Moy. (ÉT)

Reconnaissance1

PR index .514 (.199) .441 (.158) 25 .815 .423 -.39

Attribution de l’origine2

PR Source .467 (.207) .320 (.166)

PR Contexte .233 (.175) .022 (.189)

Groupe 1 6.701 .016* -1.03

Origine 1 24.528 <.001

Groupe*Origine 1 .353 .558 1Analysé avec un Tests T pour échantillons indépendants. 2Analysé avec une ANOVA à mesures répétées. 2d de Cohen calculé à partir de l’Eta carré fourni par SPSS dans le calcul d’ANOVAs, ou sur les moyennes et écart-types

pour les Tests-T. *Différences significatives à p < 0.05 (bilatéral)

167

Figure B 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice de discrimination de la source) et du

contexte (Indice de discrimination contexte).

-0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

PR

So

urc

e

GHR

Contrôles

* = Participants HRG-C, i.e. identifiés comme étant à risque clinique accru selon le PQ-16 (Ising et al., 2012).

-0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

PR

Co

nte

xte

GHR

Contrôles

169

Annexe C :

Propension à halluciner chez les 18-25 ans

171

Figure C 1. Score total de propension à halluciner au LSHS selon le groupe chez les

participants âgés de 18 ans et plus (Moy. ± ES).

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

Groupes

Sco

re t

ota

LSH

S (/

64

)

GHR 18-25 ans

(n=18)

CTL 18-25 ans

(n=22)

*

64

*p < 0.05

173

Annexe D :

Comparaison des performances en mémoire de source chez les HRG en fonction du

diagnostic du parent atteint

175

Tableau D 1. Variables sociodémographiques des jeunes à haut risque génétique selon le

diagnostic du parent atteint.

Variable HR SZ1 HR BP+ HR BP- p*

N 5 8 14 --

Sexe (H/F) 3/2 7/7 4/4 .922

Âge 21.18 (5.48) 18.67 (4.98) 20.63 (4.41) .570

Scolarité 12.10 (3.85) 9.38 (3.26) 12.25 (2.58) .106

SSE2 25.76 (3.86) 30.64 (14.01) 36.33 (15.39) .312

QI Global3 83.00 (14.54) 85.13 (10.72) 96.43 (3.65) .071 * Différences significatives à p < 0.05 (bilatéral) 1 HR SZ : Parent atteint de schizophrénie; HR BP+ : Parent atteint de trouble bipolaire avec caractéristique psychotique;

HR BP- : Parent atteint de trouble bipolaire sans caractéristique psychotique. 2 Statut Socio-économique mesuré à l’aide du Blishen socioeconomic index for occupations in Canada (Blishen et al.,

1987) 3 QI Global mesuré à l’aide des échelles complètes WISC-IV ou WAIS-III selon l’âge.

176

Tableau D 2. Comparaison des performances en mémoire de source entre les jeunes à haut

risque génétique selon le diagnostic du parent atteint.

Variables1

Diagnostic du parent2

df F p* HR Sz

(n=5)

HR BP+

(n=8)

HRBP-

(n=14)

Moy (ÉT) Reconnaissance PR rec .357 (.216) .573 (.170) .504 (.178) 2 2.163 .137 Attribution de l’origine PR source .268 (.216) .538 (.166) .434 (.194) 2 3.083 .064 PR contexte .256 (.092) .115 (.161) .201 (.234) 2 0.879 .428 Unification des

représentations mnésiques 45.20 (9.28) 44.88 (10.48) 45.54 (14.76) 2 .007 .993

Métacognition en

reconnaissance

KCI rec .184 (.132) .156 (.094) .079 (.094) 2 2.631 .093 Métacognition en

attribution de l’origine

KCI source .187 (.161) .104 (.081) .129 (.163) 2 0.522 .600 KCI contexte .209 (.160) .412 (.181) .228 (.206) 2 2.750 .084 * Différence significative avec un niveau p < .05 1 Comparaisons réalisées avec des ANOVAs à plan simple pour chaque variable, entre les trois groupes. Variables : Un

score élevé aux variables BR représente un biais de réponse plus marqué envers une source externe (BR Source) ou la liste

1 (BR contexte); Un score élevé aux variables KCI représente un taux de corruption des connaissances élevé, i.e. une

mauvaise métacognition. 2 HR SZ : Parent atteint de schizophrénie; HR BP+ : Parent atteint de trouble bipolaire avec caractéristique psychotique;

HR BP- : Parent atteint de trouble bipolaire sans caractéristique psychotique.

177

Figure D 1. Distributions individuelles des participants en attribution de la source (Indice de

discrimination de la source).

* = HRG ayant un parent atteint de schizophrénie.

-0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1P

R S

ou

rce

GHR

Contrôles

179

Annexe E :

Hypothèses de modélisation des trajectoires développementales de mémoire de source en

psychose

181

A) B)

Figure E 1. Modélisation des trajectoires développementales de la mémoire de source chez des jeunes à haut risque génétique. A)

Processus d’attribution de la source si l’hypothèse que les atteintes sont présentes dès l’enfance uniquement chez le sous-groupe de

futurs patients est exacte. B) Processus d’attribution de la source si l’hypothèse que les atteintes sont liées à l’éclosion de la pathologie

est exacte.

Non clinique Pré-clinique Diagnostic de la psychose

Pro

cess

us

d'a

ttri

bu

tio

n d

e la

so

urc

e

Futurs nonatteints

Futurs patients

Non clinique Pré-clinique Diagnostic de la psychoseP

roce

ssu

s d

'att

rib

uti

on

de

la

sou

rce

Futurs nonatteintsFuturs patients

183

Annexe F :

Modèle des hallucinations d’Aleman et Laroi (2008)

185

Figure F 1. Modèle des hallucinations présenté dans Aleman et Laroi (2008).

* Note des auteurs:

DLPFC = dorsolateral prefrontal cortex; STS = superior temporal sulcus; PPC = posterior parietal cortex; FFG = fusiform gyrus.

187

Annexe G:

Launay-Slade Hallucination Scale (LSHS) – Version française

189

190

191

192

193

194

195

196

197

199

Annexe H :

Questionnaire PQ-16

201

Traduction du Prodromal Questionnaire (PQ-16)

Référence : H K. Ising, W Veling, RL. Loewy et al. (2012) The Validity of the 16-Item Version of the Prodromal Questionnaire (PQ-16) to Screen for Ultra High Risk

of Developing Psychosis in the General Help-Seeking Population, Schizophrenia Bulletin, 38, 1288-1296

Si vous avez répondu VRAI, à quel point avez-vous ressenti de la détresse?

Aucune Légère Modérée Sévère

1. Les choses que j’aimais ne m’intéressent plus. Vrai Faux 0 1 2 3

2. J’ai souvent l’impression de vivre des événements exactement comme s’ils avaient déjà eu lieu (sensation de déjà vu).

Vrai Faux 0 1 2 3

3. Parfois, je goûte ou je sens des choses que les autres ne peuvent pas goûter ou sentir. Vrai Faux 0 1 2 3

4. J’entends souvent des sons inhabituels comme des cognements, des cliquetis, des sifflements, des claquements ou des tintements.

Vrai Faux 0 1 2 3

5. Je me suis parfois demandé si une situation que j’ai vécue était réelle ou imaginaire. Vrai Faux 0 1 2 3

6. J’ai déjà vu le visage de quelqu’un dans le miroir, ou mon propre visage, se transformer alors que je le regardais.

Vrai Faux 0 1 2 3

7. Je suis extrêmement nerveux lorsque je rencontre des gens pour la première fois. Vrai Faux 0 1 2 3

8. J’ai déjà vu des choses que les autres ne semblent pas pouvoir voir. Vrai Faux 0 1 2 3

9. Mes pensées sont parfois si intenses que je peux presque les entendre. Vrai Faux 0 1 2 3

10. J’ai l’impression de voir des significations particulières aux publicités, aux vitrines de magasin ou à la façon dont les choses sont disposées autour de moi.

Vrai Faux 0 1 2 3

11. J’ai parfois l’impression de ne pas contrôler mes propres idées ou pensées. Vrai Faux 0 1 2 3

12. Je suis parfois soudainement distrait par des sons lointains que je ne remarque pas habituellement.

Vrai Faux 0 1 2 3

13. J’ai déjà entendu des sons que les autres n’entendent pas, comme des gens qui chuchotent ou qui parlent.

Vrai Faux 0 1 2 3

14. J’ai souvent l’impression que les autres m’en veulent. Vrai Faux 0 1 2 3

15. J’ai déjà eu l’impression qu’une personne ou une force m’entourait, même si je ne pouvais voir personne.

Vrai Faux 0 1 2 3

16. J’ai l’impression que certaines parties de mon corps ont changé ou qu’elles fonctionnent différemment maintenant.

Vrai Faux 0 1 2 3

Traduction réalisée par A.Gilbert, traductrice