Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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  • 7/24/2019 Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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    Vendredi 20 novembre 2015 - 71eanne - No 22035 - 2,20 - France mtropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directeur : Jrme Fenoglio

    Algrie180 DA,Allemagne 2,50 ,Andorre 2,40 ,Autriche 2,80 ,Belgique 2,20 ,Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $,Cte d'Ivoire 1 900 F CFA,Danemark 30 KRD,Espagne 2,50 ,Finlande 4 ,Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 ,Grce 2,80 , Guadeloupe-Martinique2,40 ,Guyane 2,80 ,Hongrie 950 HUF,Irlande 2,50 ,Italie 2,50 ,Liban 6 500 LBP,Luxembourg 2,20 ,Malte 2,50 ,Maroc 13 DH,Pays-Bas 2,50 , Portugal cont. 2,50 ,La Runion 2,40 ,Sngal 1 90 0 F CFA,Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 ,Suisse 3,50 CHF,TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT,Turquie 10,50 TL,Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    LUNIONNATIONALE,PRIVILGEPRSIDENTIELLIRE P AGE 30

    La France disposait dl-ments sur une oprationen prparation mais na past en mesure dintercepter temps le commando

    Les services de rensei-gnement se basent surune collecte massive din-formations, mais nont pasles moyens de les analyser

    Chaque pays europenutilise sa propre mthodede surveillance etprivilgie la collaborationbilatrale une union

    Les terroristes se sont-ilsmls aux migrants pourrevenir en Europe ? Lesenquteurs sinterrogentL I RE PA G ES 2- 3

    C e nest pas la France qui achang de diplomatie, cesont les circonstances quiont volu : telle est largumenta-tion du Q uai dOrsay pour justi-fier le virage de la diplomatiefranaise annonc par FranoisHollande, lundi 16 novembre, de-vant le Congrs runi Versailles.Lors de son allocution, le prsi-dent de la Rpublique a claire-

    ment fait de la lutte contre lorga-nisation Etat islamique (EI) lapriorit de laction de la France auProche-Orient, aprs les attentatsde Paris et de Saint-Denis.

    christophe ayadLIRE LA SUITE PAGE 9

    Coalitioncontre lEI,la voie troite

    DIPLOMATIE

    LE REGARDDE PLANTU

    I l a eu beaucoup de chance. A26 ans, Louis Samka a vu lamort en face . Aprs avoirreu une balle dans la cuisse gau-che, il marche. Responsable de

    salle, depuis deux mois, au cafdu Bataclan, il refait le film decette terrible soire du vendredi13 novembre, qui a fait 129 mortset plus de trois cents blesss. Ouplutt, sa soire lui, sur la ter-rasse du caf qui jouxte la salle despectacle.

    II ny a plus grand monde.Le concert des Eagles of DeathMetal a commenc. Il se souvientdavoir rpondu par texto unami qui devait le retrouver : OK ,avec un smiley. Il est 21 h 40. Puisdes tirs. Jai aperu un mec qui

    braquait un fusil dassaut ou unekalachnikov, mon 6e, 7eou 8esensa compris quil y avait un danger.Je me suis immdiatement mis ausol et jai plong lintrieur du

    caf. Je me suis accroupi, jai reuune balle. Ma chance est quelle natouch que le flanc, le muscle, etpas lartre fmorale. Un coll-gue, lintrieur du bar, qui pas-sait fond la musique de Led Zep-pelin, scrie : Cest quoi ce dlire,cest des ptards ?

    Il y a plein dautres rafales. Un collgue, que Louis a revuquatre jours aprs, lui dit quil avait fait le cabri . Lui ne sesouvient pas trs bien.

    pascale santi L I RE L A S UI T E PA G E 14

    TMOIGNAGE

    LE BARMAN DU BATACLAN : JTAIS EN MODE SURVIE

    Christine Angot - Pnlope

    Bagieu- Christophe Blain

    Frdric Boyer - Genevive

    Brisac - Arnaud Cathrine

    Agns Desarthe - Jabbour

    Douaihy - Alaa El Aswany

    Jrme Ferrari - Marcello Fois

    Richard Ford- Jean Hatzfeld

    Bertrand Leclair - Charif

    Majdalani - Eric Marty

    Laurent Mauvignier

    Ian McEwan - Jean-Claude

    Milner - Scholastique

    Mukasonga- Joyce Carol Oates

    Pierre Pachet - Olivier Rolin

    Daniel Rondeau - Mathieu

    Sapin - Zeruya Shalev- MarcWeitzmann - Alice Zeniter

    crirecontre

    la terreur Aprs les attentats

    du 13 novembre,28 auteurs prennentla plume

    Une srie douvra-ges paraissentsur lhistoirede Charlie Hebdo LE MONDE DES LIVRES SUPPLMENT

    LES NOUVELLES BRCHESDE LA LUTTE ANTITERRORISTE

    TAT DURGENCEMANUEL VALLSVOQUE LE RISQUEDATTAQUES LARME CHIMIQUEL I RE PA G E 5

    ENQUTESAMY AMIMOUR SA PETITE SUR :SE FAIRE EXPLOSER,

    CEST UNE BELLEMORT L I RE PA G E 6

    Cest un dluge militaire qui sestabattu pendant sept heures, mer-credi aux aurores, sur limmeu-ble de Saint-Denis, o les forces

    de lordre pensaient avoir localislorganisateur prsum des atten-tats du 13 novembre, AbdelhamidAbaaoud. Un immeuble dlabr,au 48, rue de la Rpublique, dontles habitants ont vcu, ttaniss,une improbable rencontre entreleur vie de galre et la traque desterroristes. Ils sont marocains,roumains, slaves, gyptiens, afri-cains de lOuest et payaient unefortune pour ces appartementsen piteux tat. Aujourdhui, lim-meuble menace de seffondrer.

    L I RE PA G E 8

    A Saint-Denis,aprs le dlugede feu

    REPORTAGE

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    2 | les attaques terroristes paris VENDREDI 20 NOVEMBRE 20150123

    Les alertes La France dispo-sait dlments sur la prpara-tion des attentats mais na past en mesure de les prvenir.

    Les suspectsSelon la police,11 700 personnes ont desliens avec le conflit syrien.Le noyau dur compte2 000 individus, suivis parle renseignement.

    Les moyensLes services de-mandent plus de moyenstechniques pour organiserune collecte massive de don-nes, alors quils peinent dj analyser tous ces lments.

    Les routes migratoiresLespays europens sinquitent

    de lutilisation des routes mi-gratoires par les terroristes.Cest avr pour un seul den-tre-deux, qui a utilis le passe-port dun soldat syrien mort.

    Les fichiersBruxelles sen-gage acclrer les discus-sions sur le PNR, le fichierdes passagers ariens.

    LA RIPOSTE

    Ce quil fautsavoir

    Les failles de la lutte antiterroristeLes services de renseignement sont mis en cause pour navoir pas vu

    venir les attentats du 13 novembre. Alors quils rclament une collecteplus massive de donnes, cest surtout lanalyse qui semble faire dfaut

    ANALYSE

    Manquements, brches,impuissance, faillite,les qualificatifs varientselon les interlocuteursmais, aprs deux atta-ques terroristes majeu-

    res perptres sur le sol franais en moinsdun an, le modle antiterroriste franais estmis mal. Aprs lmotion et la traque desauteurs de ces tueries vient le temps desquestions : pourquoi les autorits franaisessont-elles incapables de juguler la totalit dela menace ?

    Comme lors de lattaque deCharlie Hebdoet de lHyper Cacher de Vincennes,lessentiel

    des assaillants des attaques du 13 novembre Paris et Saint-Denis sont franais. Unebonne part tait connue de la justice ou de lapolice. Ils ont pu se dplacer librement sur lesol franais et europen sans tre inquits,alors que certains taient activement recher-chs. Des signaux clairs attestant dun acteen prparation avaient t reus par le biaisde personnes dtenues ou de bribes de ren-seignements techniques et humains collec-ts par des pays allis.

    La France a bombard le camp dentrane-ment des Franais et francophone de lEtatislamique (EI) Rakka, en Syrie, dans la nuitdu 8 octobre. Au mme moment, le minis-tre de la justice dsignait nommment,dans un document interne, AbdelhamidAbaaoud, inspirateur des attaques de no-vembre, et dtailla it lun de ses objectifs : une salle de spectacle .

    La France disposait donc dlments maisna pas t en mesure de les analyser etdintercepter, temps, les commandos suici-

    des. Selon une source ministrielle de hautrang, le problme rside dans la masse din-formations traiter et le nombre de person-nes surveiller . Dbut novembre, le nom-bre de personnes recenses par les pouvoirspublics pour leurs liens avec le conflit syrienslevait 11 700 noms. Le premier cercle,qualifi par le ministre de lintrieur, Ber-nard Cazeneuve, de haut du spectre ,compte 2 000 individus aussi dsignscomme le noyau dur de la mouvance dji-hadiste et suivis par la Direction gnrale dela scurit intrieure (DGSI).

    Ces failles ne seraient pas, selon le mmeresponsable, lies un manquement, ellessont inhrentes au systme et imputables des rgles de droit qui interdisent, notam-

    ment, la collecte massive de donnes encontinu afin dtre capable de suivre enpermanence ces 11 700 personnes .Aujourdhui, toujours selon ce mme tmoi-gnage, la mise sous surveillance dindividusobirait encore, en dpit de ladoption, cett, de la loi sur le renseignement, descontraintes de droit et techniques qualifiede bureaucratiques .

    Capter les signaux faibles

    Cette prise de position vise les procduresdobtention dautorisation dinterceptions etles justifications que les services doiventfournir la Commission nationale decontrle des techniques de renseignement(CNCTR), dont le pouvoir est consultatif, quia remplac la Commission nationale decontrle des interceptions de scurit(CNCIS). Le nombre de demandes serait considrable si on passait par la procdureactuelle qui fonctionnerait, par ailleurs, avecdes moyens trop limits au regard desenjeux.

    A en croire le monde du renseignement, lasolution rsiderait dans la duplication, enFrance, du systme qui a permis aux Etats-Unis de se protger aprs le 11 septem-bre 2001, grce au Patriot Act, savoir unevritable collecte mass ive de donnes etlinterconnection de tous les systmes defichiers. En croisant les infos et en utilisantun algorithme trs puissant dj connu, nousserions en mesure de surveiller, en temps rel,

    ces 11 700 personnes,assure la source minis-trielle.En croisant des fichiers sociaux, terro-risme, de droit commun et de toute autreforme de collecte de signaux, on aurait lemoyen par triangulation de faire des rappro-chements et de capter les signaux faibles.

    Ce souhait de collecte massive et sanscontrainte vise combler les lacunes inh-rentes aux structures mme de lEurope.Labsence de continuum sur le territoireeuropen en termes de surveillance desmouvements intracommunautaires ainsique la porosit des frontires, rgies par lesrgles de Schengen, constituent lun destrous noirs de la lutte antiterroriste. En rf-rence directe aux vnements deCharlie, leprsident du conseil italien, Matteo Renzi,

    pointait, le 9 janvier, cette bance et appelait la cration dune agence europenne durenseignement . Ses partenaires, dont laFrance, nen ont pas voulu. Ils avaient fait ins-crire, en 2007, dans le Trait de Lisbonne, quele domaine du renseignement relevait de lastricte souverainet nationale.

    Interrog par Le Monde, en janvier, Jean-Paul Laborde, le directeur du comit contre leterrorisme au Conseil de scurit des Na-tions unies, regrettait, pourtant, que les

    Etats[aient]chacun leurs mthodes et privil-gient la coopration bilatrale en matirede renseignement. Personne na, disait-il, lemonopole de la lutte contre le terrorisme,mais tout le monde doit faire face sesresponsabilits.

    Les mesures purement franaises censesstopper les dparts dapprentis djihadistesvers la Syrie ont aussi montr leur limite. Lenombre de dpart, 480 depuis janvier, selonun cadre de la DGSI, a augment par rapport la mme priode en 2014, en dpit de deuxlois antiterroristes votes depuis 2012. Celle denovembre 2014 autorisait, notamment, le re-trait de passeports, imposait des autorisa-tions de sortie de territoire pour les mineurset crait un dlit d entreprise terroristeindividuelle . Enfin, la loi sur le renseigne-ment de 2015 et de gros efforts budgtaires de-puis 2008 en faveur des services, en moyenstechniques et humains, nont, semble-t-il, paspermis dendiguer le pril terroriste.

    Collecte massive de donnesComme les Etats-Unis avant le 11-Septembre,la France paie sa faiblesse dans le domaine delanalyse des donnes et renseignementsdj collects en trs grand nombre. Desquestions se posent notamment sur la dci-sion des services franais extrieurs (Direc-tion gnrale de la scurit extrieure, DGSE)de modifier leur organisation interne endonnant un poids indit un vaste servicecontre-terroriste au dtriment des analystespays. Bernard Bajolet, actuel patron de laDGSE, avait ainsi indiqu, lors dun conseil dedfense lElyse en 2014, que son serviceavait tout les lments pour prvoir loffen-sive de lEI Mossoul, en juin 2014, mais nelavait pas vu venir.

    Au lendemain des attentats du 13 novem-bre, Paris, comme dautres capitales occiden-tales aprs les attaques du 11-Septembre,semble convaincu que la seule rponse effi-cace la menace terroriste consistait met-tre en place une surveillance dEtat et unecollecte massive de donnes. Ce dispositif,hberg la DGSE, existe dj. Il a t portsur ses fonds baptismaux en 2008 et a tmutualis pour lensemble des services derenseignement franais. Son fonctionne-

    ment, obtenu en contournant la loi de 1991sur les interceptions, a t lgalis en 2015par la loi sur le renseignement.

    Le chef de lEtat, Franois Hollande, devantle Parlement runi en congrs, lundi, a an-nonc sa volont de modifier la Constitutionafin dy inscrire de faon prenne une formedEtat durgence. Pour pallier les failles de lalutte antiterroriste, lissue rsiderait doncdans lextension des prrogatives en matirede scurit, notamment sur les perquisitionset les assignations rsidence.

    La France veut donner tout pouvoir lapolice administrative, dcrypte, pour LeMonde, Marc Trvidic, ancien juge antiterro-riste. Le souhait du prsident acte la mise lcart des juges dans la lutte antiterroriste enfaisant mine de leur donner, par ailleurs, plusde moyens. Cest absurde, le monde du rensei-gnement est, par exemple, oblig de dtruireassez vite les enregistrements de ses intercep-tions, ce qui nest pas le cas du juge. En met-tant le juge lcart, on se dirige, terme, vers

    un Guantanamo la franaise, sans juge, saufque les Amricains avaient au moins pris soinde ne pas linstaller sur leur territoire.

    Face lEtat islamique, la France opposeradonc essentiellement la puissance de ses ser-vices de renseignement technique. Une voiequi laisse intacte la question du problme delanalyse de donnes issues dune collecteencore plus large. Pour Alain Chouet, anciendirecteur du renseignement de scurit laDGSE de 2000 2002 et spcialiste de la lutteantiterroriste, le recours la collecte massivede donnes prsente un risque majeur : Sa-crifier nos liberts, de la part de la populationcomme des politiques, pour une telle menace,cest faire le jeu des terroristes. p

    jacques follorou

    LA FRANCE VEUTDONNER TOUT

    POUVOIR LA POLICEADMINISTRATIVE.

    [CELA] ACTE LA MISE LCART DES JUGES

    DANS LA LUTTE

    ANTITERRORISTE MARC TRVIDICancien juge antiterroriste

    Le ministre de lintrieur, Bernard Cazeneuve, arrive Saint-Denis, sur les lieux o a t donn lassaut policier, mercredi 18 novembre. FRANOIS GUILLOT/AFP

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    0123VENDREDI 20 NOVEMBRE 2015 les attaques terroristes paris | 3

    Craintes duneinfiltration par

    lEI des routesmigratoiresUne attention accrue est dsormaisporte aux camps de transit

    Une vraie inquitudesest rpandue au seindes services de scu-rit europens et am-

    ricains sur lutilisation par lorga-nisation Etat islamique (EI) desroutes migratoires pour dissimu-ler lenvoi de commandos sur lesol europen. Ds lannonce de la

    prsence, au Stade de France, Saint-Denis, dun passeport sy-rien prs des restes dun assaillantstant fait exploser, le ministrede lintrieur confiait ses inter-locuteurs quil existait une forteprobabilit que les terroristessoient, pour certains, revenus deSyrie en se faisant passer pour desmigrants .

    Le passeport incrimin, por-tant une fausse photographie,ayant t enregistr chaquetape de la route migratoire desBalkans, certains pays concernspar larrive des flux de migrants,notamment lAllemagne et laGrande-Bretagne, ont pris con-tact avec la France, pour anticiperune ventuelle menace de cettenature sur leur propre territoire.Les changes se sont multiplis,en ce sens, dans le cadre des rela-

    tions bilatrales entre les servi-ces de coopration des policeseuropennes. Europol et Interpolont galement t mis contri-bution afin de resserrer lesmailles du filet.

    A ce jour, lenqute sur les atta-ques du 13 novembre na formelle-ment mis en vidence le passagepar cette route migratoire quedun terroriste, celui du Stade deFrance. Enregistr au mois docto-bre, il est, comme cela a dj t

    dit, pass par lle grecque de Le-ros. Le passeport nest pas celui dukamikaze mais les empreintes re-leves lors de son entre dans les-pace europen sont bien les sien-nes. La pice didentit paratavoir appartenu un soldat d-cd du rgime de Bachar Al-As-sad au visage assez ressemblant. Il

    a emprunt le mme chemin queles quelque 500 000 rfugis ve-nus majoritairement de Syriepour fuir la guerre.

    Le parcours de Samy Amimour,28 ans, lun des kamikazes du Ba-taclan, inspire aussi des doutes.Aprs tre parti en Syrie, avoir s-journ notamment Rakka et Alep dans les rangs de lEI, il est re-venu en Europe et notamment enBelgique. Lui aussi serait entr vraisemblablement par laGrce , selon une source prochede lenqute ; et ce , alors mmequil tait sous mandat darrt in-ternational. Son statut judiciairelaisse penser aux enquteurs quila galement pu emprunter lesroutes migratoires.

    Mais dautres membres ducommando navaient nul besoinde se mler au flux des migrants

    pour pntrer sur le sol euro-pen. Au mois daot, Salah Ab-deslam, 26 ans, souponn dtrelun des tireurs qui a mitraill, le13 novembre, des terrasses de ca-fs et restaurants des Xeet XIear-rondissements de Paris, est re-venu de Syrie par la Grce, selonune source proche de lenqute,avec ses propres papiers diden-tit. Cet homme, dont les poli-ciers se demandent sil avait ga-lement vocation se faire explo-

    ser, est aujourdhui activementrecherch.

    Reste, ce jour, le cas de celui quiest prsent comme le principalinspirateur de cette campagnedattaques terroristes, Abdelha-mid Abaaoud. Jeudi, la policescientifique navait toujours paspu tablir, contrairement certai-nes dclarations, sa prsencedans lappartement de Saint-De-nis o des cadavres fortement en-dommags ont t retrouvsaprs lassaut des forces de lordre.Selon les services de renseigne-ment, si sa prsence est au moinsavre en Europe au cours des

    derniers mois, cela signifiera quecet homme a pu effectuer des al-lers-retours avec la Syrie sans trerepr, mettant en vidence lab-sence de surveillance intracom-munautaire.

    Gestion communautaire

    Si la question des modes de dpla-cement des membres ducommando est aujourdhui soule-ve par les services de scurit deplusieurs pays europens, le chef

    de lEtat franais a rappel, lundi,devant le Parlement runi en con-grs, Versailles, que ce sont desFranais qui ont tu des Franais .

    Une faon dviter lamalgame en-tre rfugis et terroristes .

    Reste quune attention accrueest dsormais porte sur lescamps de transit des migrants etsur les flux de rfugis. Selon unmembre de la Direction gnralede la scurit intrieure (DGSI),des analyses pousses du traficdes communications manantde ces lieux ou y aboutissant ontt renforces. Les moyens decommunication intressent ga-

    lement les services de renseigne-ment, pour qui lessentiel de lef-fort doit nanmoins porter surles points dentre sur le terri-toire europen, notamment laGrce, pas simplement sur lesflux de rfugis.

    LEurope qui peinait avancersur une gestion communautairede la crise migratoire, trouvera-t-elle dans ces faits un argumentsupplmentaire pour aller vite ?La mise en place imminente des hotspots , ces lieux permettantde trier les migrants conomi-ques de ceux qui ont un besoin deprotection, devrait amliorer le

    contrle des entres officielles en Europe. Ce dispositif officielle-ment vendu comme moyen desoulager les pays en premire li-gne dans les arrives, est aussi unmoyen pour les autres de scruterde plus prs ces entres et de ren-forcer la prsence de Frontex,lagence de gestion des frontiresextrieures de lespace Schengen.

    En revanche, il est illusoire depenser que toutes les arrives seferont par ces points. Le commis-

    saire europen la migration etaux affaires intrieures, DimitrisAvramopoulos, rappelait tout demme mardi, en vue de la ru-nion extraordinaire du Conseiljustice et affaires intrieures du20 novembre, que cest dans lespolitiques de migration matriseset contrles, comme la relocalisa-tion ou la rinstallation, que nousoffrons un filtre scuri taire. Ce nestpas le cas dans les mouvementsnon organiss de migrants .

    Un sujet dont la France est djconvaincue, elle qui a effective-ment mis en place des interroga-toires pour les rfugis quelles

    rinstallent. Les relocaliss, eux,sont interrogs par les services delOffice franais de protection desrfugis et des apatrides (Ofpra),qui, en cas de suspicion de proxi-mit avec des milieux terroristes,peuvent sappuyer sur des don-nes extrieures. En revanche, lesindividus qui ne demandent paslasile, eux, passent entre toutesles mailles des contrles.p

    maryline baumardet jacques follorou

    Lenqute na mis

    en vidence le

    passage par cette

    route migratoire

    que dun

    terroriste, celui du

    Stade de France

    a la suite de la tuerieau sigede Charlie Hebdoet lHyper Ca-cher, en janvier, Bruxelles avait vi-

    vement ragi dj, disant sa vo-lont dagir. La Commission avaitpromis de ractiver une proposi-tion de directive PNR (fichier desdonnes des passagers ariens) etde renforcer la coopration avecles gants du Web pour faire lachasse aux sites djihadistes. Fina-lement, rien ou presque na boug.

    Cette fois, la Commission pro-met, comme le Conseil, une acc-lration des discussions sur lePNR, pour un accord avant la finde lanne. Le projet de directive afinalement t approuv cet tpar la commission des liberts duParlement, qui lavait longtempsbloqu. Mais cette version finali-se est toutefois en retrait parrapport au souhait de plusieursEtats, dont la France.

    Au Parlement europen, lesdeux principaux partis de lhmi-

    cycle, les conservateurs du Partipopulaire europen (PPE) et lessociaux-dmocrates ont changdes propos trs acides sur le PNR. Un PNR europen aurait d tremis en place depuis 2011. Combiendautres tragdies faudra-t-il pourconvaincre les sociaux-dmocra-tes et libraux du Parlement euro-pen dagir ? , a demand AlainLamassoure, du PPE, lors dunpoint presse Bruxelles. Utiliserla tragdie pour vouloir gagnerdes voix par le mensonge est, hu-mainement, parfaitement mpri-sable. Nous serons contraints decontinuer de travailler avec le

    groupe PPE sur ce dossier, seulmoyen de dgager une majorit,mais ils doivent savoir que leur cy-

    nisme nous rvulse ,a rpondu legroupe social-dmocrate dans uncommuniqu.

    Sourde oreille

    La runion extraordinaire des mi-nistres de lintrieur, convoquevendredi 20 novembre Bruxel-les, la demande de Paris, doit, se-lon les Franais, atteindre plu-sieurs objectifs : des progrs rapi-des sur le PNR, un meilleur con-trle des armes feu et lasystmatisation des contrlesaux frontires extrieures delUnion pour les Europens ren-trant dans lespace Schengen.Mais, sur ce dernier point, laCommission, trs rticente dsquon parle de changer Schen-gen, semble vouloir faire lasourde oreille.

    Bruxelles espre relancer le pro-

    jet dun systme de contrle in-telligent aux frontires ou lacration dun centre de contre-terrorisme europen. Le collgede la Commission a par ailleursadopt mercredi une srie de pro-positions lgislatives pour renfor-cer le contrle des armes et inter-dire la dtention de certaines ar-mes semi-automatiques. Les re-gistres nationaux seraientinterconnects, et le refus doctroidarmes certains individus com-muniqu entre Etats membres.p

    ccile ducourtieuxet jean-pierre stroobants

    (bruxelles, bureau europen)

    LEurope rsolue agir

    Des rfugis et des migrants lors dune distribution de nourriture, le 15 novembre, sur l le grecque de Leros. FOTIS PLEGAS/REUTERS

    PRIX MDICIS ESSAI

    Un plaidoyer pour le combat,lchappe belle, laction.

    Un rcit littraireentre intime et universel.

    Poignant.

    Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche

    Julie Clarini, Le Monde des Livres

    Un livre inclassable,

    dune admirable vitalit. Nathalie Crom, Tlrama

    L A L I B R A I R I E

    D U X X I e S I C L E

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    Le sentiment dinjustice des assigns rsidenceDepuis la mise en place de ltat durgence, 118 personnes sont concernes

    Dans son petit apparte-ment de la rgion pari-

    sienne, Z. nen revienttoujours pas : Je ne

    comprends pas. Sur lcran de satlvision, un match de footballdonne la victoire lArgentine, etZ., assign rsidence par arrtministriel depuis le lundi 16 no-vembre, conclut le rcit de deuxjours de cogitation, dinterroga-tions, dindignation, aussi : Onne fait pas la distinction entre lesgens, on prend au hasard pourfaire des exemples.

    Mercredi 18 novembre, en dbutdaprs-midi, un communiqu duministre de lintrieur annonait 118 assignations rsidence pro-nonces depuis la mise en placede ltat durgence au lendemaindes attentats du 13 novembre Pa-ris et Saint-Denis. En thorie, lamesure concerne les personnes

    juges les plus dangereuses par laDirection gnrale de la scuritintrieure (DGSI) dangereuses,mais sans quil existe suffisam-ment dlments pour envisagerune action judiciaire. Deux hom-mes assigns en Ile-de-France ontaccept de rencontrerLe Monde,sous rserve danonymat.

    Z. ntait pas chez lui lorsque lespoliciers sont venus lui notifier lamesure, lundi, en fin de journe.Sa femme lappelle, panique. De-vant son immeuble, six policiersen civils. Jai sorti ma carte diden-tit. Je me suis dit : Fais-le douce-ment, pour pas quils croient que tusors une arme. Le climat tait lec-trique. Surtout, il ne fallait pas fairede mouvements brusques.

    Lorsque Z. pntre sous le porchede son immeuble, il dcouvre troispoliciers de plus en bas de lesca-

    lier, un devant la porte de son ap-partement, et enfin deux chez lui,avec sa femme. Au total, une dou-zaine de fonctionnaires se sont d-placs. Ils me disent : On a quel-que chose vous faire signer. Dansma tte, je me dis que a fait beau-coup de policiers pour un simple

    papier. Je doute un peu. Lofficier de police explique alors

    Z. quil fait lobjet dune assigna-tion rsidence avec interdictionde sortir de la commune, quil doitse prsenter au commissariat qua-tre fois par jour pour pointer, etquil a lobligation de rester chezlui entre 21 h 30 et 7 h 30. Je leurdemande ce qui justifie tout a. Ilsme rpondent que cest dans les do-cuments. Je lis le papier, et, l, je necomprends pas.

    Z., qui fait partie de lassociation

    cultuelle qui gre sa mosque, najamais eu le moindre dml avecla justice ou la police. Mais lar-

    rt, qui tient sur un peu plus dedeux pages, affirme qu il existedes raisons srieuses de penser quelintress est li une activit ca-ractre terroriste . A lappui decette affirmation, plusieurs faits :Z. aurait conduit deux fois unimam considr comme radical laroport, il serait en relationavec des vtrans djihadistes ainsique des islamistes radicaux notoi-res . Et puis pas mal de contexte,le profil des relations supposesde Z. prenant plus de place que lesfaits le concernant directement.Le document conclut quil est dtermin rejoindre les djiha-distes sur la zone irako-syrienne .

    Sur ce dernier point, aucun l-ment concret nest fourni. Sur lesautres, certains faits sont moitifaux le jour de lun des deux

    transports supposs laroport,Z. tait ailleurs et peut en justifier, dautres approximatifs si lestrois djihadistes ou islamis-tes cits ont bien frquent lamme mosque que Z., lun deuxa dmnag, un autre la quittedepuis plusieurs mois, et le der-nier nest mme pas dans ses con-tacts tlphoniques.

    Les policiers sen vont. Lafemme de Z. ne peut pas semp-cher de stonner voix haute : Vous ne faites pas de perquisi-

    tion ? Non, on nest pas l poura , rpond lofficier. Un para-doxe, alors que larrt voque enconclusion la gravit de la me-nace que Z. reprsente pour lordreet la scurit publics ce qui esten fait une phrase rituelle qui nefait que reprendre les termes de laloi de 1955.

    Cet ancien ducateur pour jeu-nes en grande difficult veut garder la tte froide .Aujourdhui, il ne peut plus tra-verser sa rue de lautre ct, uneautre commune dbute et sa re-cherche dun travail est remise encause. Il venait dachever une for-mation dans la restauration fi-nance par Ple emploi. Maiscomment trouver un emploi dansune petite ville de moins de10 000 habitants quand on doit

    se rendre quatre fois par jour aucommissariat ?

    Vellits djihadistes

    O., lui, nous rencontre sur la ter-rasse dun McDonalds quasi vide,dans une ville un peu plus grandede banlieue parisienne. Cethomme dune quarantaine dan-nes, qui a vcu une jeunesseheurte, a t impliqu dans undossier d association de malfai-teurs en relation avec une entre-

    prise terroriste . Avec un groupe

    damis, ils avaient mis en com-mun un peu dargent quelquescentaines deuros , selon euxpour faire leur hijra , installa-tion en terre musulmane. La jus-tice a estim quils avaient gale-

    ment des vellits djihadistes.Larrt concernant O. est plussuccinct : un seul paragraphe dejustification. On sent que ladmi-nistration se sent dispense derentrer dans les dtails, son passjudiciaire suffit. Lassignation luia t notifie ds dimanche. Il ya en a trois qui me parlaient enmme temps, je lai signe sanslavoir lue. Il y est affirm que O., islamiste radical prnant le dji-had arm, a t incarcr dans lecadre de son implication dans un

    dossier terroriste, ce qui est faux.O. a pass linstruction sous con-trle judiciaire, et il a t con-damn une peine de prisonferme suffisamment courte pourquelle soit amnage.

    Larrt affirme galement quilest en relation avec plusieurs ac-tivistes radicaux prodjihadistes mais personne nest nomm et quil existe des raisons srieusesde penser [quil] a pour projet derejoindre la zone irako-syrienne etest li une activit terroriste .Quelles raisons ? Mystre. Ces af-firmations graves nont pas justi-fi, non plus, une fouille de sondomicile.

    Ils navaient rien crire, ils mechargent pour me charger, dnon-ce-t-il.Pour pouvoir dire aux Fran-ais : Oui, on travail le. Mais

    mamalgamer avec ce qui sestpass vendredi a, cest vraimenttrop Je suis franais ! La cons-quence de la mesure sur sa recher-che demploi est lourde : sil netrouve pas de travail, son amna-gement de peine tombera, et il ris-que la prison.

    Aujourdhui, les deux hommesvont dposer un recours. Leur d-fense est limite. Comme pour lesinterdictions de sortie du terri-toire (IST) cres par la loi du13 novembre 2014, les arrts das-signation rsidence se fondentsur des notes blanches de laDGSI difficiles contester, puis-quelles ne contiennent ni auteur,ni source.

    Quelques avocats ont accept deporter ces recours, dans un con-texte peu favorable. Pour Me Ka-rim Morand-Lahouazi, les v-

    nements qui se sont produits sonttragiques, le mal et les souffrancescauss indescriptibles. Mais il estde notre devoir de ne pas tomberdans le pige tendu notre dmo-cratie. La motivation des assigna-tions est parfois lacunaire, voire in-

    fonde . Des personnes nayantabsolument rien se reprochervoient leur libert daller et venirentrave. La prcipitation et la vin-dicte nous plongent progressive-ment dans une zone de non-droitau risque de nous comportercomme nos agresseurs , ajouteMeXavier Nogueras.p

    laurent borredon

    Arrestation dun homme Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mercredi 18 novembre. FRANOIS MORI/AFP

    Les arrtsse fondent

    sur des notes

    blanches de

    la DGSI difficiles

    contester,

    puisquelles ne

    contiennent ni

    auteur ni source

    le changement de piedest radical. Uneinstruction de la Direction gnrale de lapolice nationale (DGPN) est en prpara-tion pour autoriser les policiers porter

    leur arme hors service durant ltat dur-gence, y compris lorsquils ne portent pasde gilet pare-balles. Mercredi 18 novembre,lors de la discussion du projet de loi deprolongation de ltat durgence, la secr-taire dEtat, Clotilde Valter, qui supplaitBernard Cazeneuve, a assur que le mi-nistre de lintrieur envisage, pour le tempsque durera ltat durgence, de mettre enuvre cette mesure . MmeValter rpondait une demande damendement du dputGuillaume Larriv (Les Rpublicains,Yonne).

    Au lendemain des attentats de Paris, le di-recteur gnral, Jean-Marc Falcone, avait aucontraire envoy un tlgramme tous lesservices pour rappeler que le port de larme

    implique systmatiquement le port du gi-let pare-balles . Les syndicats de policiersavaient vivement ragi. LUNSA-Police(troisime syndicat chez les gardiens de la

    paix) avait exig lamnagement imm-diat, pour nos collgues qui le souhaitent, dela possibilit rglementaire dtre porteursde leur arme de service, en tout temps et entous lieux . Jean-Claude Delage, secrtairegnral dAlliance-Police nationale (pre-mier syndicat), estimait, lui, que le minis-tre doit autoriser les policiers dtenir et

    porter leur arme sans restriction. Cela doitdevenir le principe et le dpt de larme lex-ception .

    Avoir un brassard police sur soi

    Les syndic ats ont t entendus : selonFrance Inter, linstruction de la DGPN pr-voit comme seules conditions d avoir unbrassard police sur soi pour viter toute con-

    fusion , davoir fait au minimum unesance de tir rglementaire , davoir avissa hirarchie . Un comit technique excep-tionnel doit se runir rapidement pour in-

    tgrer ces modifications au rglementdemploi.

    La question ne fait pourtant toujours paslunanimit. Mercredi, lamendement deGuillaume Larriv a t critiqu par lancienministre de lintrieur Daniel Vaillant (PS,Paris) : Quand [les policiers] sont en repos,ils sont souvent fatigus, et on sait parailleurs leur fragilit quon considre lenombre de suicides dans la police (). Votre

    proposition permet-elle la scurisation desarmes domicile, garantit-elle contre leurvol ventuel, leur utilisation dans des condi-tions illgitimes ? A vouloir faire trop bien, onrisque de prendre une mesure qui va se re-tourner contre les policiers eux-mmes. p

    l. b.

    Les policiers pourraient porter leur arme en dehors de leur service

    LE CONTEXTE

    BILANDepuis dimanche 15 novembre,413 perquisitions ont permis lasaisie de 72 armes (dont 30 ar-mes longues et 11 armes deguerre), 63 interpellations onteu lieu et 118 assignations rsi-dence ont t prononces danstoute la France lencontre din-dividus prsums dangereux.

    CIBLESLes perquisitions administrativesvisent diffrents types de cibles.Ainsi, Lyon, les oprationsdans la nuit de samedi 14 di-

    manche 15 novembre ciblaientles milieux de la dlinquance,avec lobjectif de rechercherdes armes. La nuit de dimanche lundi visait plus particulire-ment des personnes soupon-nes de frquenter les mouvan-ces de lislam radical.

    PROCDUREA Lyon, le parquet a demandaux services de police dexclurede leur liste de perquisitions ad-ministratives les suspects impli-qus dans des procdures judi-ciaires en cours, afin de ne pasles compromettre. Un quilibrecompliqu trouver ,selon unresponsable policier.

    Aujourdhui,

    Z. ne peut plus

    traverser la rue et

    sa recherche dun

    travail est remise

    en cause

  • 7/24/2019 Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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    0123VENDREDI 20 NOVEMBRE 2015 les attaques terroristes paris | 5

    Etat durgence : le projet de loi vot en acclr Dautres liberts peuvent tre temporairement limites , a dclar M. Valls, jeudi, lAssemble nationale

    A loi dexception, proc-dure dexception. Ltat

    durgence dclar de-puis samedi 14 novem-

    bre minuit ne peut durer quedouze jours. La loi le prorogeantpour trois mois doit donc entreren vigueur jeudi 26 novembre auplus tard.

    Le projet de loi pass en conseildes ministres mercredi 18 no-vembre et au Conseil dEtat a texamin par la commission deslois de lAssemble nationalelaprs-midi mme. Il devait treapprouv ds jeudi par les dpu-ts avant dtre vot sans la moin-dre modification vendredi par leSnat afin de laisser du temps encas de recours au Conseil consti-tutionnel.

    Dans un autre contexte,jaurais t le premier condam-ner une telle procdure ,a assur

    Jean-Jacques Urvoas, le prsidentsocialiste de la commission deslois et rapporteur de ce projet deloi rformant aussi la loi de 1955.Le plus dlicat, a-t-il insist pourtenter de prvenir les vellitsdes dputs de loppositioncomme de la majorit en sancejeudi, est que lon mette le Snaten position de devoir voter le texteconforme . Cest pourquoiM. Urvoas a travaill avec Phi-lippe Bas, du parti Les Rpubli-cains (LR), le prsident de la com-mission des lois du Snat, afin denapporter au projet de loi gou-vernemental que les modifica-tions que les snateurs seraientsusceptibles daccepter.

    Trop timide

    Une bonne partie des amende-ments proposs en commission

    taient destins durcir ltatdurgence en donnant encoreplus de prrogatives aux prfets,au ministre de lintrieur et lapolice. Le texte dfendu par Ber-nard Cazeneuve paraissait pres-que trop timide.

    Les trois sujets les plus dbattusmercredi sont le durcissementdes modalits de lassignation rsidence, la possibilit de lac-compagner du port dun braceletlectronique et le contrle desmdias pendant ltat durgence.Le ministre de lintrieur a insistsur le fait que ltat dur gencenest pas le contraire de ltat dedroit, il en est le bouclier .

    Mais les dputs en veulentplus et semblent ttaniss par lerisque politique quil y aurait sopposer aux propositions lesplus rpressives. Ainsi le groupeLR a-t-il propos que les assigna-tions rsidence dcides par le

    ministre de lintrieur puissenttre assorties dune astreinte demeurer domicile 24 heuressur 24. Le projet de loi gouverne-mental prvoyait une astreintelimite huit heures qui peutsaccompagner dune obligationde se prsenter aux services depolice ou de gendarmerie troisfois par jour.

    Le gouvernement, reprsentpar Clotilde Valter, secrtairedEtat la rforme de lEtat, a re-jet dabord une telle proposition,la jugeant contraire aux obliga-tions internationales de la

    France , en particulier la Con-vention europenne des droits de

    lhomme. Une interdiction desortir 24 heures sur 24 sapparen-terait une dtention dcide parle ministre de lintrieur et non lajustice. Des prventions balayespar le groupe LR, mais galementpar certains dputs de la majo-

    rit. Guy Geoffroy, dput LR de laMarne, a rsum le dilemme : Sinous plaons des personnes dan-

    gereuses en rsidence surveillependant huit heures par jour, nosconcitoyens se demanderont si ces

    personnes ne sont juges dange-reuses quun tiers du temps

    M. Urvoas sest dit ouvert uneextension au-del de huit heures,mais sans aller jusqu vingt-qua-tre heures. Lamendement a trejet par la commission, tantentendu que le gouvernement,en concertation avec les rappor-teurs des deux assembles, devaitproposer un amendement en cesens en sance.

    Dans un autre

    contexte, jaurais

    t le premier

    condamner une

    telle procdure JEAN-JACQUES URVOAS

    prsident de la commissiondes lois lAssemble

    Un texte qui interroge les juristesGardiens des liberts publiques, des spcialistes du droit analysent le projet de loi

    S ils sont particulirementattachs au respect desprincipes du droit en g-nral, et la protection des liber-ts individuelles en particulier,les juristes ne sont pas totalementinsensibles au climat politique ni ltat de lopinion. En tmoignela tonalit (relativement) bien-veillante de leurs ractions lalecture du projet de loi prorogeantde trois mois ltat durgence.

    Ce texte nest pourtant pas leurtasse de th. Une lgislation dex-ception, qui offre aux autoritsadministratives un large panel de

    mesures coercitives (couvre-feu,perquisitions, fermetures delieux publics, assignations rsi-dence) Vraiment pas de quoi en-chanter ces vigilants gardiens deltat de droit.

    Gesticulation

    Mme Danile Lochak, profes-seure mrite de droit public Pa-ris-X et ancienne prsidente duGISTI (Groupe dinformation etde soutien des immigrs), en con-vient pourtant : Si ltat dur-

    gence navait dur que douzejours, il aurait peut-tre eu un im-pact rassurant pour lopinion.

    Cest vrai que les gens ont peur. Ce sera la seule brve concessionde cette militante de toujours desdroits de lhomme au dispositifde la loi de 1955, dont plusieursdispositions sont renforces dansle texte du gouvernement. Pour lereste, MmeLochak continue desinquiter des risques pour lesliberts dune lgislation quisapparente, selon elle, de la gesticulation .

    Professeure de droit public luniversit Paris-IV, Roseline Let-teron se montre plus pondre.Selon elle, il est un peu prma-

    tur davoir un point de vue tran-ch . Elle observe que le gouver-nement a instaur plusieurs garde-fous , parmi lesquels lapossibilit de dposer un recoursdevant le juge administratif.

    De manire gnrale, MmeLette-ron juge que tout dpendra de lamanire dont ce texte est appli-qu . Aussi plaide-t-elle pour quele Parlement assure, par la cra-tion, par exemple, dune missiondinformation, le contrle de lap-plication de cette loi. Reste sa-voir si le Parlement semparera du

    pouvoir de contrler constammentles orientations de lexcutif et leurs

    applications , souligne Marie-Laure Basilien-Gainche, profes-seure de droit public luniversitLyon-III, davantage inquite ducontenu de ce texte : Une margede manuvre bien trop large estofferte aux autorits. Le contrledu juge administratif semble peu mme de sanctionner les atteintesdmesures aux liberts.

    Risque darbitraire

    Professeur de droit constitution-nel luniversit Paris-I, et an-cien membre du Conseil sup-rieur de la magistrature, Domini-

    que Rousseau commence par d-cerner quelques satisfecit autexte : Tant sur la proportionna-lit des mesures que sur leur tem-

    poralit, ce projet de loi me paratrelativement quilibr, voire bien

    proportionn par rapport au res-pect des liberts . M. Rousseausalue la suppression dune dispo-sition de la loi de 1955, qui per-mettait dordonner une censurede la presse. Dans des circons-tances exceptionnelles, il est im-

    portant que la libert de la pressesoit totale pour quelle puisse d-noncer dventuels excs ou dys-

    fonctionnements , observe-t-il.

    Il trouve en revanche dispro-portionne lextension de lassi-gnation rsidence toute per-sonne lgard de laquelle ilexiste des raisons srieuses de pen-ser que son comportement consti-tue une menace pour la scurit etlordre public .

    Professeur de droit public et dontologue la mairie deStrasbourg, Patrick Wachsmannreconnat, lui aussi, prouverdes sentiments mlang s lgard de ce projet de loi. Il note son tour les quelques garantiesoffertes dans le texte, mais il

    aurait souhait que les mesu-res les plus graves , comme lesperquisitions et les saisies,soient soumises une autori-sation pralable du juge admi-nistratif , et non son seul con-trle a posteriori. Je ne suis pas

    fanatique de la loi de 1955 Maiscest un moindre mal, par rap-

    port ltat de sige et larti-cle 16 , affirme-t-il.

    Les dfenseurs des libertsavaient renonc de longue date tout idal. Depuis les attentats du13 novembre, ils ne rvent plusque dun moindre mal .p

    jean-baptiste de montvalon

    Le dbat a pris la mme tour-nure au sujet de la surveillancelectronique des assigns rsi-dence. Principale difficult decette proposition, le bracelet lec-tronique est une prrogative ex-clusive de la justice. Il est utilis

    comme une peine alternative lemprisonnement, comme unepeine complmentaire la prisonpour certains rcidivistes, voireune mesure de sret avant con-damnation. Cela deviendrait unemesure administrative.

    Le ministre de lintrieur ne ledemandait pas, le groupe LR aprvenu quil en ferait un pointdur du dbat lAssemble.M. Urvoas en a surpris plus dunen affirmant quil tait favora-ble au principe de cet amende-ment . L encore, lamendementrejet en commission devait fairelobjet dune proposition gouver-nementale en sance jeudi.

    Manuel Valls lAssemble nationale, jeudi 19 novembre.FRANOIS GUILLOT/AFP

    Le troisime sujet longuementdbattu par les parlementairesportait sur le contrle des m-dias. Entre les amendements des-tins fermer les sites de propa-gande djihadiste, une possibilitqui existe dj dans la loi, et ceux

    destins contrler linforma-tion diffuse en direct sur les op-rations de police, les vellits desdputs sont nombreuses. Lesamendements ont finalementt rejets, de peur dune censureconstitutionnelle.

    Le seul amendement vot encommission autrement que pourdurcir la loi a t celui propospar M. Urvoas. Il augmente lecontrle parlementaire pendantcette priode. Le gouvernementdevra dsormais informer sansdlai les deux assembles desmesures prises pendant ltatdurgence.p

    jean-baptiste jacquin

    VERBATIM

    Il fallait une rponse lahauteur, immdiate et puis-

    sante. [Le]dispositif prvu parla loi du 3 avril 1955 [ltatdurgence], dcrt en moins dedeux heures, a permis aux pou-voirs publics de mettre en uvresans attendre des moyens etprocdures exceptionnels pourprotger nos citoyens. Dautresliberts ont t ou peuvent tretemporairement limites. (...)Cette guerre nouvelle reste uneguerre planifie, mene par unearme de criminels. Ce qui estnouveau, ce sont les modes op-ratoires : les faons de frapper,de tuer voluent sans cesse (...) Ilne faut aujourdhui rien exclure.Je le dis avec les prcautions qui

    simposent, mais nous savons etnous lavons lesprit : ily a aussi le risque darmeschimiques, bactriologiques.

    Manuel Valls, lAssemblenationale, jeudi 19 novembre,lors de lexamen du projet de loisur le prolongement de ltatdurgence.

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  • 7/24/2019 Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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    6 | les attaques terroristes paris VENDREDI 20 NOVEMBRE 20150123

    Au lendemain de las-

    saut men par le RAID langle de la rue de laRpublique et de la rue

    du Corbillon Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) mercredi 18 novem-bre, au cours duquel les policiersont tir prs de 5 000 munitions,les enquteurs attendaient avecimpatience les conclusions desconstatations sur place et lissuedu travail didentification descorps des personnes tues. Len-jeu est de taille. Comme la expli-qu le procureur de la Rpublique Paris, Franois Molins, lorsdune confrence de presse tenuemercredi en fin de journe, il estencore trop tt pour dire si Abdel-hamid Abaaoud, commanditaireprsum des attentats du 13 no-vembre Paris et Saint-Denis, fi-gure parmi eux.

    Il ne fait en tout cas pas partiedes huit personnes, sept hommeset une femme, interpells puisplacs en garde vue Levallois-Perret (Haust-de-Seine) dans leslocaux de la sous-direction anti-terroriste (SDAT), lissue de lop-ration policire mene Saint-Denis. Ces gardes vue peuventdurer 96 heures voire 144 heuresen cas de risque srieux dimmi-nence daction terroriste .

    Une source proche de lenqutenexcluait pas, jeudi matin, quecertaines des personnes interpel-les naient rien voir avec la cel-lule terroriste dmantele. Les en-quteurs de la direction gnralede scurit intrieure (DGSI) et dela SDAT vrifiaient toujours leurprofil, mais rien ne se dga-geait , explique la mme source.Limmeuble tant en partie

    squatt, il est difficile pour les po-liciers dtablir une liste prcisedes occupants.

    Dbris de corps

    Si la mort dAbdelhamidAbaaoud tait annonce dans lesheures qui viennent, cela consti-tuerait un soulagement videntpour les enquteurs mais cela si-gnifierait aussi que lun des dji-hadistes francophones a pu ren-trer sur le territoire franaischappant ainsi la vigilance desservices de renseignements fran-ais et plus largement europen.Une hypothse dont lventuelleconfirmation est complique parltat de lappartement le sol afini par seffondrer et ltat des dbris de corps , conscutifs la violence de lassaut. Toutefois,

    la morphologie des corps encours didentification ne corres-pond pas celle du djihadistebelge sauf imaginer quil aitpris un poids certain depuis lesdernires images connues de lui,qui datent de fvrier.

    En outre, aprs avoir indiququune femme stait fait explo-ser dans lappartement, sur labase de tmoignages des policiersayant men lassaut, le parquet deParis a finalement fait machine

    arrire, en indiquant que ce pointdevait tre vrifi. Preuve suppl-mentaire de la confusion qui a r-gn sur place.

    Cest un renseignement par-venu aux enquteurs lundi, auxenvirons de 17 heures, qui les aconduits Saint-Denis. Au dbut,les policiers sont assez sceptiquessur la crdibilit du renseigne-ment qui leur est transmis. Aprsde nombreuses vrifications, no-

    tamment tlphoniques et ban-caires, ils acquirent la convictionquAbdelhamid Abaaoud et sacousine Hasna Aitbouhlacen peu-vent se trouver dans lapparte-ment de la rue du Corbillon.

    Lors de lassaut, lorsque laporte blinde de lappartementrsiste aux explosifs, ils sont ac-cueillis par un feu nourri de kala-chnikov, leur stupfaction. Ilssaperoivent alors quil y a plus

    de deux personnes lintrieur.Trois hommes sont interpells,puis mesure que les policiersprogressent, deux autres per-sonnes caches dans les gravasle sont leur tour. Comme cer-taines images ont pu le montrer,tous ont t presque intgrale-ment dshabills par les poli-ciers pour sassurer quils neportaient aucun engin explosif.Dans le mme temps, la brigade

    Le corps dun des terroristesvacus, mercredi

    18 novembre, Saint-Denis.RIC FEFERBERG / AFP

    Confusion aprs lassaut de Saint-DenisJeudi matin, les enquteurs navaient pas de certitude sur la prsence dAbdelhamid Abaaoud dans limmeuble

    trange veilleque celle qui se tenaithier soir dans la famille de Samy Ami-mour, Drancy (Seine-Saint-Denis). Lepre, la mre et la jeune sur du kami-kaze qui sest fait exploser avec deux

    autres terroristes au Bataclan le 13 no-vembre sont sortis prouvs de 36 heu-res de garde vue. Amel, la sur anedu djihadiste, vient de rentrer de Duba,o elle travaille.

    Regroups dans le salon o dfilent lesconnaissances, ils se repassent en bouclele film de ces derniers mois. Mesurentleur navet . Car jamais la famille naperdu le lien avec Samy, parti rejoindrelEtat islamique en septembre 2013, bienquil soit plac sous contrle judiciaireaprs avoir t souponn, un an plustt, de vouloir partir faire le djihad en So-malie. Il avait peur dtre condamn silrestait en France, o il ne pouvait pas vi-vre sa foi comme il le voulait, o il se sen-

    tait stigmatis. Durant les premiers moisquil a passs en Syrie, il allait bien. Il taitheureux, libre. On se parlait sur Skype ,raconte Amel. Toute la famille se metalors daccord pour viter de le provo-

    quer, et chacun se garde daborder les su-jets sensibles ou de poser trop de ques-tions.

    Des ceintures de TNT

    Cest lui, parfois, qui lche des anecdo-tes, comme celle du jour o les respon-sables de lEI ont dsarm son groupe eto, la place des fusils, ils se sont mis porter des ceintures de TNT ( a dis-suade les kidnappings ) En f-vrier 2014, Samy est bless la jambelors dune explosion. Le lien avec sesproches se distend, sauf peut-tre avecMaya, sa jeune sur de 21 ans. Un jour, lajeune fille lui raconte quelle a rv quilexplosait. Samy linterroge : Contre ma

    volont ? Non. Alors cest une bellemort ! , lance-t-il.

    A plusieurs reprises, il lui a demandde le rejoindre, et elle a esquiv. Maiscest pourtant sa cadette quil charge

    dorganiser le dpart vers la Syrie deKahina, 17 ans, une jeune femme duBlanc-Mesnil quil compte pouser. Lecouple sest rencontr en 2012, dans lebus que conduisait Samy. Elle portait leniqab, et comme elle tait grande, il la cruplus ge. Je crois quils taient rellementamoureux , assure Maya. A lautomne2014, la demande de son frre, la jeunefille planifie et paie une partie du voyagede sa future belle-sur vers la Syrie, vialItalie. Pour cela, Maya a t interpellele 3 mars 2015 et a pass 96 heures engarde vue. Les policiers pensaient quejallais partir moi aussi ,confie la jeunefille, place sous contrle judiciaire.

    Aujourdhui, elle qui avait repris une

    formation de stylisme et animait descentres de loisirs pendant les vacancesscolaires voit nouveau lespoir dunevie range sloigner. Tout comme sonpre, interrog en vain par les enqu-

    teurs sur son voyage en Syrie, enjuin 2014. Les parents et les surs du dji-hadiste ont tout tent pour le raisonner,au risque denfreindre eux-mmes la loi.Ils avaient fini par se prparer quelquechose comme a, mais pas en France ,avoue Maya dans un sanglot. Samy nedonnait plus de nouvelles depuis lt.Selon Kahina, il aurait quitt son domi-cile de Rakka en aot, laissant cette der-nire, enceinte, avec des surs . Unsort dont elle ne sest jamais plainte.Dans un SMS adress cette semaine desproches, la compagne de Samy Ami-mour sexclamait : Je suis une femme dekamikaze ! p

    stphanie marteau

    Samy Amimour sa petite sur : se faire exploser, cest une belle mort !

    LenquteLes enquteursattendent les rsultats desdifficiles constatations surla fusillade de Saint-Denis.

    Le commanditaireIl estencore trop tt pour savoirsi le commanditaire desattentats, AbdelhamidAbaaoud, figure parmiles victimes de la tuerie.

    Les djihadistesLes profils

    inquitants des auteursdes attentats, SamyAmimour et Bilal Hadfi.

    LantismitismeA Marseille, le professeurdune cole juive a t blessau couteau mercredi 18 no-vembre et une femme voilefrappe la veille.

    LENQUTECe quil fautsavoir

    de recherche et dintervention(BRI) se rend un appartementboulevard Carnot o sont sus-ceptibles de se trouver des com-plices.

    Si lappartement est vide, deuxinterpellations ont lieu dans larue, dont celle de celui qui a logles terroristes rue du Corbillon,apprhend devant les camrasde BFM TV. Cet homme, Jawad B, aassur lAFP puis la chane din-

    formation quil ignorait tout desgens qui il avait rendu service.Condamn cinq reprises pourdes faits de droit commun, dontune pour coups mortels devantla cour dassises de Seine-Saint-Denis, prononce en 2008, il estactuellement en garde vue.

    Un doute

    Le droulement des vnementsdu vendredi 13 novembre conti -nue galement se prciser. Alorsquun doute subsistait sur lenombre de personnes qui ont tirsur les terrasses de caf dans le 10e

    et le 11e, des images saisies par unecamra de vidosurveillance de larue de la Fontaine-au-Roi sont ve-nus confirmer quil y avait troispersonnes.

    Sur les trois, une seule certitude,

    Brahim Abdeslam, lhomme qui afini par se faire exploser devant lecomptoir Voltaire, en faisait parti.Un SMS envoy depuis un tl-phone retrouv dans une pou-belle proximit du Bataclan estvenu confirmer la coordinationdes diffrents commandos. Oncommence on est parti , indiquaitle message envoy 21 h 42 et dontle destinataire est toujours in-connu.

    Comme la indiqu FranoisMolins, lon sait dsormais aussique les diffrentes quipes sontarrives en convoi le 12 novembreen rgion parisienne bord de laPolo retrouve devant le Bataclan,de la Seat abandonne Mon-treuil ayant servi au commandoayant mitraill les terrasses decaf et de la Clio rcupre dans le18e arrondissement Paris.

    Ces trois vhicules ont tous tlous par les frres Abdeslamdans une socit de location belge(la Polo et la Clio par Salah ; la Seatpar Brahim). Selon les dernierslments de tlphonie dont dis-posent les enquteurs, il se pour-rait que Salah Abdeslam ait con-duit le commando du Stade deFrance bord de la Clio. Enfin, lesrecherches sur lidentificationdun des kamikazes du Stade deFrance et de lun des assaillantsdu Bataclan taient toujours encours. p

    laurent borredonet simon piel

    Interpellation dun dessuspects par la police,

    mercredi 18 novembre, Saint-Denis.

    PETER DEJONG/AP

    Limmeuble tant

    en partie squatt,

    il est difficile

    pour les policiers

    dtablir une liste

    prcise des

    occupants

  • 7/24/2019 Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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    0123VENDREDI 20 NOVEMBRE 2015 les attaques terroristes paris | 7

    La radicalisation clair de Billy du Hood Bilal Hadfi, lun des trois kamikazes du Stade de France, a laiss des bribes de sa vie sur sa page Facebook

    Parcourir la page Face-book de Bilal Hadfi, cest

    passer dimages dedoigts dhonneur en pa-

    gaille un index lev vers le ciel,un geste devenu entre autres le si-gne de ralliement des combat-tants de lEtat islamique.

    De tous les terroristes identifisaprs les attentats de Paris, le plusjeune dentre eux, un Franais r-sidant en Belgique, est a priori leseul avoir laiss des bribes de savie sur un rseau social. Et uneimage : un visage juvnile de20 ans, une barbe naissante, ledoigt tendu. Muni dune ceinturedexplosifs, Hadfi, alias Billy duHood ( de la rue ) dans sa vienumrique, est lun des trois ka-mikazes qui se sont fait exploserdevant le stade de France ven-dredi soir.

    Grosses voitures, liasses de

    billets neufs, photos avec labande de potes, poses de rap-peurs et commentaires lortho-graphe incertaine : cest le quoti-dien a priori banal dadolescentsquon devine difficile que donne voir Billy du Hood sur Face-book, celui de la cit Versailles de Neder-Over-Heembeek, Bruxelles. Un horizon de barresgrises min par le chmage et lapetite dlinquance, selon les as-sociations et mdias belges.

    Daiich mon pote !

    Aux photos de soires passes traner dans le quartier sajoutentdes images qui renvoient un chotroublant aujourdhui. Des ar-mes : un clich sans doute tl-charg sur Internet avec fusils pompe, mitraillettes et pistoletssovitiques Tokarev. Et une photo

    dans laquelle il tient un fusil,torse nu et en short, sous le re-gard dun petit garon : Hahaha,ta cru quoi petit, on joue dans lacours des grands . Progressive-ment, au tournant de lanne2014-2015, la Palestine, dabord,puis la Syrie, prennent une partplus importante dans les discus-sions et le vocabulaire se fait plusguerrier et religieux.

    Bilal Hadfi se serait radicalisprogressivement partir du prin-temps 2014, selon sa mre, lon-guement interviewe le 3 novem-bre par le journalLa Libre Belgique,dix jours avant les attaques, titrede mre de djihadiste en Syrie : Ila arrt de fumer ()Il sest mis

    jener le lundi et le jeudi pour de-

    mander pardon Dieu. Moi je trou-vais cela positif quil se repentisse etquil ne soit plus dans lalcool et les

    joints. En juillet, rare tmoignagedun acte militant, il prend la poseavec les petits frres au milieudune manifestation propalesti-nienne, index lev vers le ciel et vi-sage masqu par un keffieh.

    En fvrier, il prend le large, di-rection la Syrie. Plus de nouvelles,

    jusquau dbut de lt : quand ilposte la photo dune kalachnikovet, dans un commentaire, se r-jouit aprs quun incendie a pro-voqu la panique et des blessslors dun concert Tawan, enjuin ( Al hamdoulilah, louange Dieu ). Comme les frres Abdes-lam, qui auraient fait partie de

    lquipe qui a mitraill les terras-ses des bars Paris, Bilal Hadfitait fich par les services de po-lice belge. SelonLaLibre Belgique,les trois hommes figuraient surune liste de lOrgane de coordina-tion pour lanalyse de la menace(OCAM), qui compte 800 noms.

    Au moins un des membres de labande de Versailles a gale-ment sjourn ou sjourne en-

    core en Syrie, si lon suit leschanges entre proches et con-naissances de Hadfi (qui nont pasdonn suite aux sollicitations du

    Monde) propos de la situationdans ce pays. Et ce sans prcau-

    tion aucune. Il pourrait sagirdAbou Islam Al-Belgiqi, connupour avoir pos, sourire aux l-vres, aux cts dun corps dca-pit. Le collectif dinvestigationbritannique Bellingcat a gale-ment tabli un lien via Facebookentre le jeune kamikaze et unmembre de la famille des frres

    Abdeslam.Deux jours aprs les attentats,

    alors que son identit commen-ait tre divulgue, rares taientles familiers de la page de Hadfi voquer son sort. A lexception dequelques habitus des images pri-ses au bas des tours : Allah Yarah-mek, frre [que Dieu taccorde samisricorde], on toubliera jamaisquallah touvre les porte du para-

    dis inshaallah ,qui, samedi, com-mentaient rageusement les rac-tions de musulmans franais cho-qus par les attentats : Tous ceuxla avec le drapeau de France bandede tratre vous mritez de vous

    faire tirez dessus. Deux phraseseffaces depuis.

    La dernire trace numrique de

    Bilal Hadfi remonte, elle, au18 aot. Postant une srie dephotos d archives dans les-quelles il pose avec ses frres de Versailles, il conclut ses mes-sages dun que Dieu vous

    garde . Le Daiich [Daech] monpote ! dun membre de la bandesalue cette dernire apparitionde Billy du Hood .p

    madjid zerrouky

    COP21 : le gouvernement interditles marches pour le climatTrs dues, les ONG cherchent des alternatives pour maintenir

    une mobilisation citoyenne et peser sur les ngociations climatiques

    L e gouvernement a dcid,mercredi 18 novembre,dinterdire la Marche mon-diale pour le climat prvue Pa-ris et dans dautres villes deFrance dimanche 29 novembre,veille de louverture de la COP21au Bourget (Seine-Saint-Denis),ainsi que les vnements prvusle 12 dcembre, au lendemain dela clture de la confrence.

    Dans un communiqu, le mi-nistre des affaires trangres,Laurent Fabius, qui assure la pr-sidence de la COP21, estime que la situation cre par les atten-tats odieux du 13 novembre et lesinvestigations menes depuis im-

    posent que les conditions de scu-rit soient renforces .Si les ma-nifestations de rue sont bannies,les vnements organiss dansles espaces ferms et aismentscurisables sont maintenus.Plus de 300 initiatives, dbats etconfrences doivent avoir lieupendant la dure de la conf-rence sur le climat.

    Cest une dcision difficile etqui dcevra sans doute certains deceux qui envisageaient dy partici-

    per mais, dans le contexte actuel,lexigence de scurit limpose ,ajoute le ministre des affairestrangres, qui souligne la nces-

    sit pour la COP21 daccueillirtrs largement la socit civile etses organisations.

    Les ONG sont dues. Nous re-grettons quaucune alternativenait t trouve pour permettrenos mobilisations. Pour autant,nous sommes plus que jamais d-termins faire entendre nos voixsur les questions de justice clima-tique , a ragi la Coalition cli-mat 21, qui regroupe 130 ONG,syndicats et associations.

    Nous avons conscience de lagravit de la situation. Plus quejamais, nous ferons preuve decrativit pour mobiliser et ras-sembler. Il ny aura pas de COP21

    sans mobilisation de la socit ci-vile , plaide Juliette Rousseau,coordinatrice de la Coalitionclimat 21. Le collectif rflchit dautres formes daction. Une cy-bermanifestation sur Internetest envisage.

    Certaines organisations prpa-rent dautres alternatives. Le

    gouvernement peut bloquer cesmanifestations, mais il ne stop-

    pera pas notre mobilisation, et ilne nous empchera pas de renfor-cer le mouvement pour le climat,estime ainsi Nicolas Haeringer,de 350.org France.Bien quil soitdifficile de maintenir ce que nousavions initialement prvu, noustrouverons comment faire ensorte que notre aspiration la jus-tice climatique soit entendue.

    Alternatives

    Le village mondial des alternati-ves, le week-end des 5 et 6 d-

    cembre Montreuil (Seine-Saint-Denis), devrait tre maintenu, ycompris les vnements dans lesrues. Mme si lon prfreraitque les rendez-vous dans des lieuxclos soient privilgis, on devrait

    pouvoir s curiser aussi lext-rieur, par des barrirages parexemple , explique-t-on danslentourage du ministre des affai-res trangres, Laurent Fabius. Lasemaine de mobilisation et dac-tion La zone daction climat , laZAC, organise au 104, dans le19earrondissement de Paris, estaussi sauvegarde. p

    rmi barroux

    Photos extraites

    de la page Facebookde Bilal Hadfi. DR

    Progressivement,

    la Palestine, puis

    la Syrie, prennent

    une place plus

    importante

    et le vocabulaire

    se fait plus guerrieret religieux

    A Marseille, une agression antismiteet une attaque islamophobeUn professeur dune cole juive a t bless avec un couteau mercredi.

    La veille, une femme voile a t violemment frappe par un homme

    marseille- correspondant

    U ne jeune femme musul-mane voile a t agres-se, mardi 17 novembre,en plein centre-ville de Marseille,et, le lendemain, un professeurdhistoire dune cole juive por-tant une kippa a t frapp etbless avec un couteau dans lesquartiers nord de la ville. Lesauteurs de ces agressions nont past interpells, mais les servicesdenqute disposent dimages vi-do montrant deux jeunes hom-mes en scooter proximit deslieux de lagression du professeurde lcole juive. Ils ont t rejoints

    par un troisime qui a filmlagression sur son portable.

    On va dabord tamocher, on tetuera aprs , sest entendu direlenseignant du centre Yavn, leplus important des seize tablisse-ments scolaires juifs de Marseille.Ag de 56 ans, lhomme a tabord par deux jeunes en scooterqui lui ont montr, lun une photode Mohamed Merah sur son porta-ble, lautre un tee-shirt leffigie deDaech sous son blouson. Frappeau visage, la victime a t tailladeaux jambes et aux bras, mais sesblessures sont peu profondes etlenseignant a quitt les urgences

    de lhpital Laveran aprs les pre-miers soins. Il va bien, autantquon puisse aller bien aprs unetelle agression ,a prcis MichleTeboul, prsidente du CRIF Mar-seille-Provence. Ses enfants lontretrouv en tat de choc, assis surle trottoir devant son domicile.

    Les agresseurs ont t mis enfuite par larrive de trs nom-breuses patrouilles de police surles lieux de lagression, le quartierSaint-Just, dans le 13e arrondisse-ment de Marseille.

    Environnement hostile

    La veille, au mtro Castellane, enplein cur de Marseille, une jeune

    femme portant le voile mais le vi-sage dgag avait t agresse parun homme dissimulant son vi-sage sous une capuche. Tout a,cest de votre faute, cest cause devous ce qui est arriv ,a-t-il lanc la jeune femme en lui arrachantson voile. Celle-ci na eu que letemps de rpondre : Je nai rien voir l-dedans avant dtre frap-pe. Lagresseur, g dune ving-taine dannes, a alors tent de luiporter des coups de cutter. Lesimages vido montrent quelagresseur a suivi pendant un mo-ment la jeune musulmane.

    Pris isolment, ces actes islamo-

    phobe et antismite sont odieux etignobles, mais, prcise LaurentNunez, prfet de police,ces agres-sions proccupantes, traites parles services denqute de faon qui-libre, interviennent () dans lecontexte gnral dune ville calme.

    Il ny a pas de psychose Marseilleet assez peu de provocations.

    Jointe mercredi soir par le minis-tre de lintrieur Bernard Caze-neuve, la prsidente du CRIF con-fie toutefois son inquitude. Le24 octobre, proximit du com-missariat situ sur la Canebire,un rabbin et un petit groupedamis se rendant la grande syna-gogue avaient t agresss par un

    passant porteur dun couteau.Trois personnes avaient t bles-ses. Les victimes, certaines en-sanglantes, avaient poursuivileur chemin jusqu la synagogueo elles avaient t secourues.

    Des gens taient la terrasse descafs et ne les ont pas aids, dploreMmeTeboul.Ils ont senti un envi-ronnement tellement hostile quilsont pens ne trouver de salut qu lasynagogue. Lauteur, connu desservices de police, a t plac en d-tention et sera jug le 9 dcembre.Une expertise psychiatrique a trclame par la justice.p

    luc leroux

    Les vnements

    organiss dans

    les espaces

    ferms sont

    maintenus

    HUIT TERRORISTES

    Abdelhamid AbaaoudCe djiha-diste belge est souponndtre le cerveau des attaquesdu 13 novembre.

    Fabien Clain Ce Franais a enre-gistr le message audio de re-vendication des attentats aunom de lEtat islamique.

    Salah AbdeslamCe Franais quia grandi en Belgique est en fuite.Il serait lun des trois auteurs dela tuerie dans le 11e.

    Ismal Omar MostefaUn deskamikazes du Bataclan.

    Samy AmimourUn des kami-kaze du Bataclan.

    Brahim AbdeslamIl sest faitexploser boulevard Voltaire.

    Bilal HadfiUn des trois auteursdes attentats-suicides du Stadede France.

    Ahmad Al-MohammadCest lenom du titulaire du passeportsyrien retrouv ct dun kami-kaze du Stade de France.

  • 7/24/2019 Monde 2 en 1 Du Vendredi 20 Novembre 2015

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    8 | les attaques terroristes paris VENDREDI 20 NOVEMBRE 20150123

    Limmeuble de lassaut, concentr de misre humaineUn dluge de tirs sest abattu pendant sept heures sur le 48, rue de la Rpublique Saint-Denis, mercredi

    Cest une matinecomme il nen a ja-

    mais vcu. Elle acommenc par des

    coups taps la porte puis un or-dre chuchot. Ouvrez ! Il est3 h 50 du matin, ce mercredi18 novembre. Marwan[le prnom,comme ceux des autres tmoins, at modifi]obit. En face de lui,un soldat , fusil au poing, luidit : Bouge pas. Terrifi, lEgyp-tien de 35 ans se couche terre,entourant dun bras sa femme etleur bb.

    La nuit a t courte. La veille, autroisime tage, deux hommessont arrivs avec une fille vers mi-nuit et ils ont fait du bruit . PourMarwan, locataire de lapparte-ment du dessous, il sagit de sonpropritaire, Jawad B. : Il fait sou-vent des problmes, il amne desfemmes, il fume. En ralit, les vi-

    siteurs du mardi soir ntaientsans doute pas l pour faire la fte.Trois personnes qui, la suite duntmoignage, ont amen la police faire de ce troisime tage du 48,rue de la Rpublique, Saint-De-nis (Seine-Saint-Denis), la cible delassaut de mercredi laube.

    Cent dix hommes en arme(RAID, BRI, CRS), sept heures das-saut dans une ville en tat desige, un hlicoptre qui quadrillele ciel, plus de 5 000 munitions ti-res : voil le dluge militaire quisest abattu sur un immeuble ver-moulu dans lequel les forces delordre pensaient avoir localis leterroriste le plus recherch deFrance, Abdelhamid Abaaoud, or-ganisateur prsum des attentatsdu vendredi 13 novembre.

    Il est dans les gravats

    Le 48 de la rue de la Rpublique,est un concentr de misre hu-maine, lun des quinze immeu-bles dlabrs du centre de Saint-Denis que la mairie a prvu de ra-cheter pour rnovation. Trente-huit appartements dans plusieurscorps de btiment autour dunecour intrieure, langle de la ruede la Rpublique et de la rue duCorbillon. Cest tellement pourril-dedans Il y a des dealers, de laprostitution, des marchands desommeil. Tu passes mais tu ne tar-rtes pas , raconte un vieuxDyonisien.

    La mairie, rsolue dclarerlimmeuble en tat dinsalubritirrmdiable , selon une respon-sable du service habitat de Saint-

    Denis, y avait envoy un inspec-teur salubrit la semaine der-nire. Face aux menaces , ilavait d tre accompagn par lapolice. Ce sont des rues difficiles,reconnat le maire, Didier Paillard(PCF), en fonction depuis 2004.Rue de la Fontaine et rue du Cor-billon, il y a beaucoup de trafic deproduits illicites, de la vente lasauvette, de la drogue. Llu estsous le choc. En quelques jours, saville a t meurtrie deux fois, auStade de France vendredi 13, etmercredi 18, avec la dcouverte dela prsence de prsums terroris-tes en plein centre-ville.

    Les habitants du 48 ny peuventrien et sont les victimes dune im-

    ble.Depuis 2010, on pousse les pro-pritaires agir. Ils ne rpondentpas. Ils ne paient pas leur quote-part de coproprit.

    Pendant lassaut, leffondre-ment du plafond au deuximefait sauter les canalisations aupremier tage. Jelena y habite de-puis deux mois avec son mari, sabelle-fille et son bb. Lapparte-ment a t rnov, et le couple,dorigine slave, sy sentait bien. Jai t rveille vers 4 heures parquelquun qui criait Ouvrez la fe-ntre ! Puis un grand boum.Aprs, jai entendu des voix fermeta gueule, lve les mains !, expli-que cette quinquagnaire pluttfrle sous sa frange courte. On nevoyait rien, jtais terrorise. Et puisil y a eu cette explosion, leau a

    coul partout au-dessus de nos t-tes. A 5 h 40, cest s on tourdtre libre. Un soldat nous adit : sortez de l , limmeuble vasauter ! On a attrap le bb et ona couru. On na pas eu le temps delui mettre des chaussures ,ajoute-t-elle en se tordant les doigts.

    Cest nous quils visaient

    Sur le mme palier, Costica, unjeune Rom, est sorti en paniquede chez lui une heure plus tt etsest retrouv nez nez avec unhomme du RAID qui lui a or-donn de se mettre terre et dequitter limmeuble en rampant. Jai ramp, dit Costica. Et jaicompris que ctait pas une opra-tion de plus contre les dealers delimmeuble.

    Un par un et comme ils peuvent,les habitants du 48 sortent par le

    porche, escorts par des policiersou des sauveteurs de la scurit ci-vile. Malgr le vacarme des tirs etdes explosions, un vieux mon-sieur narrive pas se rsoudre apparatre dans la rue en caleon.Il faudra une couverture de laCroix-Rouge pour le dcider re-joindre le centre de sant du Cy-gne, 500 mtres de l, en vitantla horde de journalistes franaiset internationaux parque devantlhtel de ville depuis laube. In-terdits dapprocher la zone din-tervention, ces derniers se jettentsur chacun des jeunes de Saint-Denis prsents sur le parvis.

    Parmi eux, souvent goguenardset essayant parfois de vendreleurs vidos aux chanes trang-res, il y a ceux qui racontent lesdtonations, les cohortes dhom-mes en armes, les sirnes et les

    hlicoptres. Il y en a dautres quidveloppent devant une quipede tlvision corenne perplexedtranges thories du complot. Ily a enfin Chrif, 19 ans, tudiant lIUT de Saint-Denis, qui remet lespendules lheure. Les mecs quise cachent rue de la Rpublique,dit-il, cest nous quils visaient.Vendredi 13, je me suis senti fran-ais pour la premire fois de mavie. Parce que jai compris quilsauraient pu tirer sur ma mre.

    Marwan, Jelena, Costica etSamia, leur voisine du premiertage, tentent de retrouver leursesprits au centre de sant o unpetit-djeuner a t prpar. Despsychiatres les ont pris en charge,et la mairie soccupe de leur relo-gement, au moins pour la pre-mire nuit. Autour du 48, rue de la

    Rpublique, dautres se terrentencore dans un primtre sousblocus total. Ils ne sont pas isols,tout le monde les appelle : leursproches rfugis au centre desant, leur famille reste au pays,sans oublier certaines radios etchanes de tlvision qui se sontprocur leur numro.

    Etayer les murs

    Lassaut a pris fin, mais limmeu-ble, lui, reste inaccessible et invisi-ble sauf la faade en face de LaPoste, que lon aperoit par-des-sus le cordon policier. Au-dessusdune enseigne Orange, dun ma-gasin asiatique et dun marchandde lgumes, on distingue les tra-ces du dernier incendie, il y a troisans, aux fentres des deuxime et

    troisime tages. Mais pas cellesde lassaut, qui a eu lieu du ct dela rue du Corbillon.Alors que lapolice scientifique procdait surplace aux prlvements et auxanalyses balistiques, un contre-temps est survenu. Le procureurde Paris, Franois Molins, a pr-cis lors dune confrence depresse que ses quipes avaient dinterrompre leurs investigationsparce que limmeuble menaaitde seffondrer. Il a fallu dabordtayer les murs.

    On est des sinistrs. Ma familleest l, cest le principal , souffleSamia. Ce soir, elle dormira lh-tel. Pour les jours suivants, je nesais pas. Une chose est sre, je neretournerai plus jamais l-bas. p

    serge michelet sylvia zappi

    A Saint-Denis,le 18 novembre.MICHEL EULER/AP

    Jai ramp et

    jai compris que

    ctait pas une

    opration de plus

    contre les dealers

    de limmeuble

    COSTA

    habitant du 48, rue de laRpublique, Saint-Denis

    probable collusion entre leur viede galre et la traque des auteursprsums des attentats les plusmeurtriers jamais commis enFrance. Ils sont marocains, rou-mains, slaves, gyptiens, africainsde lOuest et paient une fortunepour ces appartements en piteuxtat. Marwan dbourse 650 eurosde loyer et 150 euros de chargespour partager un deux-picesavec sa famille ainsi que troisautres compagnons dinfortune. Pour les femmes, cest gratuit ,dit-il. Jawad B., son propritaire,est aussi celui qui a affirm de-vant la camra de BFM-TV avoirhberg les cibles de lassaut, au3e tage, tout en prcisant quilnen connaissait pas lidentit.

    Cela fait une heure et demie que

    Marwan se terre silencieusementquand le plafond seffondre duncoup sous le souffle dune explo-sion plus forte que les autres. Altage du dessus, la femme kami-kaze vient dactionner sa ceintureexplosive aprs que trois de sescomplices ont t matriss. Il ya un homme qui est tomb par letrou. Il est dans les gravats. La po-lice a ouvert la porte et a crivas-y, vas-y pour nous faire sor-tir. Lescalier tait moiti effon-dr , raconte lEgyptien en cher-chant ses mots.

    Des trous dans le plancher, au48, rue de la Rpublique, il ny apas besoin de kamikazes pour encreuser. Le service habitat d-nombre trois effondrements deplafond et deux incendies ces der-nires annes. Cet immeuble, onle connat bien, ajoute la responsa-

    Les habitants

    de limmeuble

    paient une

    fortune pour des

    appartements

    en piteux tat

    que des grenades

    et des tirs sont en

    train de rduire

    en miettes

    LAmbassade du Royaume dArabie Saoudite a Paris lance un appel doffres

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    0123VENDREDI 20 NOVEMBRE 2015 les attaques terroristes paris | 9

    Diplomatie : lavoie troite vers

    une coalitionunie contre lEIHollande va rencontrer Obamaet Poutine afin dunir les effortsdans la lutte antidjihadiste

    suite de la premire page

    De Bachar Al-Assad, qui tait jus-qu tout rcemment lobstaclemajeur une lutte efficace contrele mouvement djihadiste et lacause principale du chaos en Syrie,il nest plus question. Nous som-

    mes passs dun objet diplomati-que, la crise syrienne, un sujet descurit nationale, fait-on remar-quer dans lentourage du ministredes affaires trangres, Laurent Fa-bius.A lvidence, nous ne sommes

    pas attaqus par Bachar Al-Assad. Dailleurs, le nom du chef de lEtatsyrien na pas t prononc uneseule fois durant toute lallocutionprsidentielle lundi.

    Alors que Franois Hollandeavait rejet loffre russe de partici-per une grande coalition contrelEI, en septembre lors de lAssem-ble gnrale de lONU, il entenddsormais uvrer une coali-tion unie incluant Moscou etWashington. Il rencontrera dansce but Barack Obama, mardi

    24 novembre, puis Vladimir Pou-tine, jeudi 26.

    Moscou a volu aussi , esti-me-t-on Paris, en soulignant quela Russie avait fait un pas impor-tant en sengageant, vendredi13 novembre Vienne, sur un ca-lendrier prcis pour la transition

    politique en Syrie, offrant ainsiune perspective aux rebelles sy-riens modrs, quil est essentieldenrler dans la lutte contre lEI.

    Stratgie de rechange

    Des sources diplomatiques fran-aises font galement remarquerque les frappes russes en Syrie vi-sent dsormais plus lEI que la r-bellion ou les civils syriens, unecondition pose par Paris pour tra-vailler avec la Russie. Les diploma-tes franais notent enfin avec sa-tisfaction laccord de Moscou pourinclure un volet humanitaire dansles discussions de Vienne sur laSyrie. Un changement dattitudequi sexplique, selon Paris, par lat-tentat revendiqu par la branche

    gyptienne de lEI, dont a t vic-time un avion de ligne russe au-dessus du Sina le 31 octobre(224 morts), mais aussi par linca-pacit de larme syrienne de rega-gner du terrain face aux rebelles.Moscou serait donc la recherchedune stratgie de rechange.

    Pour autant, il est trop tt pourparler de coalition militaire avecla Russie, mme si Paris admetquune coordination opration-nelle est bien luvre en ma-tire doprations ariennes. Leprincipal obstacle un tel rappro-chement, estime-t-on au QuaidOrsay, est lIran, avec qui les dis-

    cussions sannoncent nette-ment plus compliques causedes enjeux rgionaux, notam-ment la proximit de la Franceavec lArabie saoudite.

    Ct amricain aussi, les chosesbougent, soulignent les diploma-tes franais : Depuis vendredi, ilsnous ont ouvert leurs livres [de

    renseignement], permettantainsi des frappes plus soutenueset efficaces. La France, qui tra-

    vaillait avec la coalition amri-caine contre lEI en Syrie, en est deplus en plus partie prenante. Parisconstate galement avec satisfac-tion que la Turquie est volontaire

    pour fermer le tronon de frontire[turco-syrienne] restant contrlpar les djihadistes , permettantaux recrues de lEI dentrer et de

    sortir de Syrie, notamment pouraller commettre des attentats surle sol europen.

    Lannonce, mardi, par le secr-taire dEtat, John Kerry, de la miseen place dune zone sre en Sy-rie, le long de la frontire turque,laisse entrevoir une ouvertureavec Ankara, qui conditionne lalutte contre lEI au containment( endiguement ) des rebelleskurdes syriens dans la rgion.

    Mais si, sur le papier, tout a lairde converger pour la mise enplace dune coalition unique contre les djihadistes de lEI, laralit qui attend Franois Hol-

    lande sannonce plus tortueuse.Outre lIran, qui risque de poserdes conditions exorbitantes uneffort commun, la Russie necompte pas perdre son leadershipinternational dans le dossier sy-rien. Ainsi, alors que Paris comptedposer un projet de rsolutionau Conseil de scurit des Nations

    unies sur la lutte contre lEI enlieu et place de son projet de textedil y a quelques semaines destin embarrasser Moscou, appelant protger les civils syriens et mettre fin aux bombes barils ,Moscou sest empress de remet-tre sur la table son propre projet,mercredi New York.

    Le texte russe, assez semblableau projet dj avanc en septem-bre par Moscou, demande tousles Etats de participer la luttecontre le terrorisme en accordavec lEtat syrien, en loccurrencele rgime de Bachar Al-Assad. Lacouleuvre sera difficile avaler

    pour Paris, dautant que le projetde rsolution russe entre en con-currence directe avec le projetfranais. La toute nouvelle solida-rit bruyamment affiche par laRussie envers la France, victimestoutes deux de la violence terro-riste de lEI, a ses limites.p

    christophe ayad

    Il est trop tt

    pour parler de

    coalition militaire

    avec Moscou,

    mme si Paris

    admet une

    coordination

    oprationnelle

    Pkin reste discret sur lassassinat dun otageLes autorits ont empch les rseaux sociaux dvoquer le meurtre commis par lEI

    pkin - correspondant

    Lannonce mercredi 18 no-vembre de lassassinat parlorganisation Etat islami-

    que (EI) dun otage chinois, cinqjours aprs les attentats de Paris, arendu un peu plus palpable uneralit que les Chinois observaientde trs loin. Dabiq, la publicationen ligne de Daech, a publi dansson dition du 18 novembre unephoto de Fan Jinghui, un consul-tant de Pkin g de 50 ans, bar-re dun bandeau indiquant ex-cut aprs avoir t abandonn parles nations et organisations kafir[infidles]. Un otage norvgien asubi le mme sort.

    La mme publication avait mon-tr il y a deux mois, en septembre,des photos de M. Fan en uniformejaune, avec la mention otage chi-nois vendre, au ct du Norv-

    gien. Suivait un petit texte expli-quant que chaque otage avait t abandonn par son gouverne-ment, qui na pas fait tout son possi-ble pour racheter sa libert . Ceuxqui souhaitaient payer la ranonpour sa libration taient donc in-vits contacter un numro. Lof-fre tait limite dans le temps .

    Les autorits chinoises avaientimmdiatement annonc avoirdclench un mcanisme dur-gence, puis plus aucune nouvellede M. Fan navait filtr. Les raisonsde sa prsence sur le territoire con-trl par lEI nont pas non plus tclaircies. Lancien consultant et

    photographe a t dcrit dans la

    presse chinoise comme une sortede paum qui sest jet dans lagueule du loup. Il aurait travaill la tlvision ou la radio officielle.Mercredi, le porte-parole du mi-nistre des affaires trangres chi-nois, Hong Lei, sest dit profond-ment choqu par linformationpublie dans Dabiq, qui tait, a-t-ilprcis, en cours de vrification . Depuis le moment o ce citoyenchinois est lotage de lEtat islami-que, le gouvernement chinois namnag aucun effort pour le sau-ver , a ajout M. Hong.

    Mercredi, le sort de M. Fan adabord embras la Toile avantque les censeurs ninterviennentmassivement, purgeant les messa-ges sur le Twitter chinois et met-tant fin aux sections spciales desportails dinformation. Des com-mentateurs y accusaient les auto-

    rits de lchet . Dautres de-mandaient des reprsailles : SilEI veut la guerre, allons-y. Feu ! ,crit lun. Dautres en appelaientau calme, au motif que les troublesen Syrie taient luvre des Occi-dentaux une rhtorique dont lapresse officielle a souvent us lorsdes attentats de Paris.

    Mais jeudi, aucun mdia ne con-sacrait sa une lassassinat deFan Jinghui, et seules subsistaientsur les sites dinformation les d-clarations sommaires du porte-parole du ministre des affairestrangres, ainsi que les condo-lances du prsident Xi Jinping la

    famille de M. Fan. Car la protectionpar la Chine de ses ressortissants ltranger est devenue une proc-cupation de premier plan pour P-kin, qui se sait vulnrable aux criti-ques dinternautes nationalistes.

    Attentats imputs aux Ougours

    Si Pkin sefforce de rester en re-trait sur le dossier syrien, il nen estpas moins un soutien du rgimede Bachar Al-Assad au ct desRusses et a des intrts trs subs-tantiels dans la rgion, notam-

    ment dans le ptrole irakien. LaChine nest pas non plus pargnepar le terrorisme islamiste : elle aconnu en 2013-2014 une vaguedattentats de masse imputs desdjihadistes ougours venus du Xin-jiang. Dans cette rgion situe auxconfins de lAsie centrale, Pkin r-prime brutalement les aspirationsethno-nationalistes de la popula-tion musulmane et turcophone.

    Avares dinformations sur les fi-lires de recrutement ltranger,les autorits chinoises nen sontpas moins trs conscientes des d-fis que posent le thtre syrien et leretour de combattants entrans,

    mme si ceux-ci sont plutt asso-

    cis