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N° et date de parution : 19421 - 04/07/2007 Diffusion : 320704 Périodicité : Quotidien Page : 17 leMonde1_19421_17_321.pdf Taille : 80 % Site Web : http://www.lemonde.fr Copyright (Le Monde) Reproduction interdite sans autorisation 1 / 1 autonomie universitaire enfin Quarante ans après loi Faure actuel projet de réforme doit être socle une salutaire rénovation projet de loi qui sera présenté mercredi au conseil Richard Descoings des ministres est une chance historique pour les universi- françaises Nicolas Sarko- Directeur de Sciences Po zy arbitré cette semaine proposition de Fran- telle volonté de se transformer était çois Fillon de Valérie Pécresse assurément pas acquise Pendant cammeilleur projet de loi que pouvaient espé- pagne présidentielle Nicolas Sarkozy rer les universités françaises pour était engagé donner aux universités conquérir leur autonomie relever leurs qui voudraient leur autonomie Elles deux grands défis: réussite de leurs veulent toutes Le chef de Etat gouétudiants place de recherche fran- vernement en étroite association avec çaise dans compétition internationale CPU ont donc su convaincre au-delà Sur fond abord les avancées par même de ce qu' pouvaient attendre rapport au projet de loi initial sont consi- Les conseils administration des unidérables versités vont être dotés de pouvoirs réels Toutes les universités non pas seule- Leurs compétences sont considérablement certaines entre elles vont progres- ment élargies Chacune des universités sivement être dotées des compétences françaises va désormais pouvoir définir juridiques des moyens financiers des une stratégie ensemble alliant leurs difmodes de gouvernance qui leur permet- férentes composantes en un même projet tront de remplir avec succès les missions commun Le nombre des membres de ces qui sont les leurs Missions auxquelles conseils administration qui peut enfin été rajoutée celle de insertion pro- aujourd' hui atteindre 60 sera fixé par les fessionnelle de leurs diplômés On aurait universités elles-mêmes entre 20 30 pu craindre qu' une partie des universités Le choix concerté de cette fourchetsoient rétives exercice des responsabili- va permettre atteindre un tés nouvelles que confère autonomie autre des deux objectifs que doit poursuin' en rien été: Conférence des prési- vre composition un conseil adminisdents université CPU est unanime tration: une taille suffisamment réduite vouloir entrer en mouvement est ines- pour que les délibérations soient construcpéré quelques années encore une tives; une taille cependant suffisante pour que soient représentés les différents acteurs qui constituent une communauté universitaire Sciences Po est gouverné par deux conseils administration: celui de IEP de Paris comprend 29 sièges dont pour les élus étudiants pour les élus enseignants pour les personnels administratifs; celui de Fondation nationale des sciences politiques comprend 34 membres Je peux témoigner que on peut faire du bon travail dans un établissement enseignement supérieur de recherche avec des conseils administration de cette taille La première mouture du projet de loi soumis concertation prévoyait de limiter nombre de sièges 20 nombre des membres élus 13 ces chiffres avaient été maintenus on serait passés un extrême autreLes présidents université vont sortir de situation assez invraisemblable dans laquelle sont enfermés par régime juridique actuel Le projet de loi unifie les moments de élection du conseil administration de élection du président Aujourd' hui distorsion fréquente entre ces deux moments peut conduire une situation de cohabitation institutionnalisée Les présidents université vont pouvoir choisir leurs équipes gérer les ressources humaines oeuvrant au sein de université proposer leur conseil administration des choix budgétaires qui ne seront plus dictés par Etat Enfin pourront engager dans durée puisqu' leur sera possible de se représenter issue un premier mandat de quatre années La Révolution française avait supprimé les universités considérant qu' elles constituaient des corporations fallu attendre loi Edgar Faure de 1968 pour réhabiliter idée université dans notre pays La loi de 2007 va donner une réalité cette idée Chacune des universités françaises va désormais pouvoir définir une stratégie ensemble Sur forme les conditions élaboration du projet ne sont pas moins révolutionnaires encore quelques semaines les médias relayaient idée que Nicolas Sarkozy voulait passer en force que concertation engagée par Valérie Pécresse était qu' artifice que tous les arbitrages étaient rendus depuis longtemps voilà qu' aujourd' hui parce que projet initial été amélioré grâce au travail en commun de CPU des organisations étudiantes de Valérie Pécresse certains laissent entendre que gouvernement aurait reculé que projet serait vidé une partie de sa substance Alors quoi Qu' aurait-on voulu Réformer les universités sans les étudiants Mieux encore contre eux Aurait-on voulu faire dire au législateur que sélection est meilleur remède aux maux des universités que ce faisant est plus important instaurer une sélection entrée en master que de se préoccuper de réussite en licence Aurait-on souhaité un de ces débats bien idéologiques front contre front qu' on tant aimés dans notre pays qui ont emporté dans leur sillage Alain Savary puis Alain Devaquet ou empêché Lue Ferry de jamais voir ses projets discutés au Parlement Les universités sur fondement de loi nouvelle Parlement accepte de voter devraient pouvoir engager dans les réformes de fond: celle des premiers cycles universitaires celle du statut étudiant celle de leurs liens avec les grands organismes de recherche Pour réussir elles ont bien besoin de partir un socle institutionnel solide adopté dans une unité suffisamment large SCIENCES PO

Monde (Le) N° 19421 - 04/07/2007 - 321 · 2018. 9. 3. · N° et date de parution : 19421 - 04/07/2007 Diffusion : 320704 Périodicité : Quotidien Page : 17 leMonde1_19421_17_321.pdf

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N° et date de parution : 19421 - 04/07/2007Diffusion : 320704Périodicité : Quotidien Page : 17leMonde1_19421_17_321.pdf Taille : 80 %Site Web : http://www.lemonde.fr

Copyright (Le Monde) Reproduction interdite sans autorisation

1 / 1

L' autonomie universitaire,

enfin 1

Quarante ans après la loi Faure,

l' actuel projet de réforme doit être le socle d' une salutaire rénovation

L

e projet de loi qui seraprésenté mercredi au conseil

Richard Descoingsdes ministres est une chance

historique pour les universi---------------------------------------------------tés françaises .

Nicolas Sarko- Directeur de Sciences Po

zy a arbitré cette semaine,

--------------------------------------------------sur la proposition de Fran- telle volonté de se transformer n' étaitçois Fillon et de Valérie Pécresse

,

le assurément pas acquise .

Pendant la

cammeilleur projet de loi que pouvaient espé- pagne présidentielle ,

Nicolas Sarkozyrer les universités françaises pour s'

était engagé à donner aux universitésconquérir leur autonomie et relever leurs qui le voudraient leur autonomie

.

Elles le

deux grands défis: la réussite de leurs veulent toutes. Le chef de l' Etat et

le

gouétudiants et la place de la recherche fran- vernement,

en étroite association avec la

çaise dans la compétition internationale.

CPU,

ont donc su convaincre au-delàSur le fond d' abord

,

les avancées par même de ce qu' ils pouvaient attendre.

rapport au projet de loi initial sont consi- Les conseils d' administration desunidérables

.versités vont être dotés de pouvoirs réels

.

Toutes les universités,

et non pas seule- Leurs compétences sontconsidérablement certaines d' entre elles

,

vont progres- ment élargies . Chacune des universitéssivement être dotées des compétences françaises va désormais pouvoir définirjuridiques ,

des moyens financiers et des une stratégie d' ensemble,

alliant leursdifmodes de gouvernance qui leur permet- férentes composantes en un même projettront de remplir avec succès les missions commun

.Le nombre des membres de ces

qui sont les leurs.Missions auxquelles a conseils d' administration

, qui peutenfin été rajoutée celle de l' insertion pro- aujourd'hui atteindre 60

,

sera fixé par lesfessionnelle de leurs diplômés .

On aurait universités elles-mêmes entre 20 et 30 .

pu craindre qu'une partie des universités Le choix concerté de cette «

fourchetsoient rétives à l' exercice des responsabili- te» va permettre d' atteindre l' un et

tés nouvelles que confère l' autonomie.

Il l' autre des deux objectifs que doitpoursuin' en a rien été: la Conférence des prési- vre la composition d' un conseil d'

adminisdents d' université(

CPU)

est unanime à tration: une taille suffisamment réduitevouloir entrer en mouvement

.C' est ines- pour que les délibérations soient

construcpéré .

Il

y

a quelques années encore,

une tives; une taille cependant suffisante

pour que soient représentés les différentsacteurs qui constituent une communautéuniversitaire

.Sciences Po est gouverné

par deux conseils d' administration: celuide l' IEP de Paris comprend 29 siègesdont 8 pour les élus étudiants

,

8 pour lesélus enseignants et

3 pour les personnelsadministratifs; celui de la Fondation nationale des sciences politiques

comprend 34 membres . Je peux témoignerque l' on peut faire du bon travail dans unétablissement d' enseignement supérieuret de recherche avec des conseils d'

administration de cette taille.La première

mouture du projet de loi soumis à la

concertation prévoyait de limiter le nombre de

sièges à 20 et le nombre des membres élus à

13 .Si ces chiffres avaient été maintenus

,

on serait passés d' un extrême à l' autre.

Les présidents d' université vont sortirde la situation assez invraisemblabledans laquelle ils

sont enfermés par le

régime juridique actuel.Le projet de loi unifie

les moments de l' élection du conseil d'

administration et de l' élection du président .

Aujourd'hui,

la distorsion fréquente entreces deux moments peut conduire à unesituation de cohabitationinstitutionnalisée . Les présidents d' université vontpouvoir choisir leurs équipes , gérer lesressources humaines oeuvrant au sein de

l' université, proposer à leur conseil d'

administration des choix budgétaires qui ne

seront plus dictés par l' Etat.

Enfin,

ils

pourront s' engager dans la durée,

puisqu'il leur sera possible de se représenter à

l' issue d' un premier mandat de quatreannées

.

La Révolution française avaitsupprimé les universités

,

considérant qu'ellesconstituaient des corporations .

Il a falluattendre la loi Edgar Faure de 1968 pourréhabiliter l' idée d' université dans notrepays .

La loi de 2007 va donner une réalitéà cette idée

.

Chacune des universités

françaises va désormais

pouvoir définirune stratégie d' ensemble

Sur la forme,

les conditions d'

élaboration du projet ne sont pas moins «

révolutionnaires »

.

Il

y

a encore quelques semaines,

lesmédias relayaient l' idée que NicolasSarkozy voulait passer en force

, que la

concertation engagée par ValériePécresse n' était qu'artifice et que tous les

arbitrages étaient rendus depuis longtemps .

Etvoilà qu'aujourd'hui

, parce que le

projet initial a été amélioré grâce au travailen commun de la CPU

,

des organisationsétudiantes et de Valérie Pécresse

,

certains laissent entendre que le

gouvernement aurait reculé et que le projet seraitvidé d' une partie de sa substance

.

Alors

quoi ! Qu'aurait-on voulu ? Réformer lesuniversités sans les étudiants ?

Mieuxencore contre eux

?Aurait-on voulu faire

dire au législateur que la sélection est le

meilleur remède aux maux desuniversités et que ,

ce faisant,

il est plus importantd' instaurer une sélection à l' entrée enmaster que de se préoccuper de la

réussite en licence? Aurait-on souhaité un de

ces débats bien idéologiques ,

frontcontre front

, qu'on a tant aimés dansnotre pays et qui ont emporté dans leursillage Alain Savary puis Alain Devaquetou empêché Lue Ferry de jamais voir ses

projets discutés au Parlement?

Les universités,

sur le fondement de la

loi nouvelle si le Parlement accepte de la

voter,

devraient pouvoir s' engager dansles réformes de fond: celle des premierscycles universitaires

,

celle du statutétudiant

,

celle de leurs liens avec les grandsorganismes de recherche

.Pour réussir

,

elles ont bien besoin de partir d' un socleinstitutionnel solide

,

et adopté dans uneunité suffisamment large .

a

SCIENCES PO