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MONNAIES MÉROVINGIENNES D'ALISE-SAINTE-REINE Author(s): Anatole de Barthélemy Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 8 (Juillet à Décembre 1863), pp. 377-386 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734254 . Accessed: 22/05/2014 04:35 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.188 on Thu, 22 May 2014 04:35:53 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

MONNAIES MÉROVINGIENNES D'ALISE-SAINTE-REINE

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MONNAIES MÉROVINGIENNES D'ALISE-SAINTE-REINEAuthor(s): Anatole de BarthélemySource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 8 (Juillet à Décembre 1863), pp. 377-386Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734254 .

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MONNAIES MÉROVINGIENNES

D'ALISE-SAINTE-REINE

Les numismatistes se sont déjà occupés, à plusieurs reprises, des monnaies plus ou moins anciennes qui peuvent être attribuées à Alise; je crois devoir résumer ici les principaux travaux relatifs à cette question.

Une pièce de plomb, recueillie par M. Ph. Beaune comme décou- verte en i860 au lieu dit « La Porte, » dans l'enceinte gallo-romaine du Mont-Auxois, a été publiée dans la Revue numismatique par mon savant ami et confrère, M. Adrien de Longpérier (1) : ce plomb représente à l'avers, dans un édicule, Mercure debout, tenant de la main droite une bourse, de la gauche un caducée; un coq est à ses pieds : au revers, autour d'une palme, on lit le mot ALISIENS.

Cette légende, combinée avec la provenance attribuée à ce monu- ment, donnent un certain caractère de vraisemblance à la conjecture proposée par M. de Longpérier, qui la considère comme pouvant être rattachée à l'histoire antique d'Alise -Sainte- Reine : il rapproche judicieusement de ce plomb, pour en former une série, d'autres pièces, d'un moindre module, gravées dans l'ouvrage de Ficoroni : celles-ci offrent à l'avers un Mercure, au revers les lettres ALS accompagnant un bœuf, ou simplement l'initiale A isolée dans le champ.

Peu après, M. Ponton d'Amécourt signalait un second exemplaire du plomb à la légende ALISIENS qui, de la collection de M. le doc- teur Colson, de Noyon, est passé au Cabinet de France par don de S. M. l'Empereur: M. Ponton d'Amécourt publiait ensuite un plomb identique, quant aux types, mais avec la légende PERTE, en l'altri-

(1) Revue numismatique , 1861, p. 253 et seq. VIII. - Novembre. 26

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378 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. buant au village de Perthes, ancien chef-lieu du pagus Pertensis (i) de Champagne.

Ces conjectures tendent à constater l'existence d'une numisma- tique gallo-romaine intermédiaire entre le monnayage officiel du commencement de l'empire, et celui des empereurs gaulois dont mon savant ami, le baron de Witte, nous donnera prochainement une monographie complète : ces pièces de plomb, dont Eckhel faisait si peu de cas, à tort suivant moi (2), auraient été, avec leurs divisions, des monnaies plutôt que des tessères.

Malgré tout ce qui semble militer en faveur de l'attribution à Alise-Sainte-Reine du plomb à la légende ALISIENS, j'avoue qu'il me reste encore des doutes. Il me semble que les plombs antiques se trouvent très-exceptionnellement dans les Gnules : ces monuments nous viennent le plus souvent d'Italie, par le commerce (3). J'ajou- terai que le Mercure des médailles aux légendes ALISIENS, ALS, PERTE, est représenté sur un grand nombre de pièces de même métal (4), mais avec des légendes, des initiales ou des revers diffé- rents : or je ne vois pas que cette série puisse être revendiquée par des villes gallo-romaines (5) : la palme, d'ailleurs, me paraît écarter toute idée de monnaie. Cet emblème, si fréquent sur les médaillons contorniates, se retrouve sur une grande quantité de plombs antiques dont l'usage n'a pas encore été bien déterminé;

(1) Rev. num,t 1862, p. 167 : le Perche, dans Grégoire de Tours, est également appelé pagus Pertensis. (2) Doctr. num. vet., t. VIII, p. 318. (3) Je sais cependant que le sol de la France a fourni quelques pièces de plomb :

généralement ce sont des copies de monnaies romaines qui existent on arge nt dans les collections.

(li) Montfaucon a fait graver plusieurs monuments sur lesquels Mercure est repré- senté comme sur les plombs qui nous occupent : Ant. expl ., t. I, pl. LXVIIÍ, G, LXX1I, 2.

(5) Dans Ficoroni, par exemple, je note ce môme Mercure avec les légendes HIM, ̂,Af, Vnl VA , EXP, ADR, NOLD, NH, XC, TC séparé par «ne HE Vnl VA

palme; je le trouve aussi, mais sans légende, avec les types suivants au revers : autel dans un temple (Mercure est accosté du chiffre XII), deux mains jointes, Ja Victoire, la Fortune, Mars, aigle, coq, bélier. Dans la collection du cabinet de France, et dans celle de M. le duc de Blacas, j'ai vu des plombs au Mercure avec les légendes CE, SEP, MAE, LO } NF, RV, CN, PVMa y A S' et sans léoendes» avec l'Abondance, le phallus, la palme, le caducée. Sur ces pièces on voit des noms d'homme qui doivent, tenir on garde contre des attributions séduisantes à des 'illes ou à des peuples.

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j'en ai remarqué sur lesquels la palme est combinée avec le qua- drige, le carquois et le bouclier, l'hippopotame, la couronne de laurier, etc.; ils paraissent avoir été fabriqués pour les jeux publics : d'autres, avec les trois Grâces ou le phallus, n'ont guère pu être employés que dans les lupanars. - Sans nier complètement l'at- tribution faite par M. de Longpérier, j'avoue que j'hésite encore : mon savant ami a proposé une conjecture; il est donc permis d'at- tendre que de nouveaux faits viennent lui donner le caractère de la certitude; il est permis d'allendre que les noms d'autres villes anti- ques des Gaules se lisent bien clairement sur ces monuments de plomb. La pièce de Perthes augmente mon hésitation au lieu de la diminuer.

Je n'ai pas à parler ici de monnaies gauloises sur lesquelles, il y a déjà plusieurs années, on disait avoir lu le nom d'Âlise : j'ai déjà eu occasion de constater que cette lecture n'était pas admissible (i).

A l'époque mérovingienne, on trouve des monuments numisma- tiques qui témoignent incontestablement du souvenir de l'antique importance d'Alise-Sainle-Ueine au ve siècle : voici le dessin de deux triens dont je dois la communication à M. le comte de Vesvrotte, qui possède les originaux dans sa riche collection de monnaies bour- guignonnes (2) :

H- GHADDOAE MU, ou CHARDOVE MO. Profil diadémé, it droite.

JJf. ALIGO I AC AS. Croix dans un grènetis, posée sur un globule, et accostée des lettres AL.

Par son style, par les lettres initiales qui accompagnent la croix du revers, celte pièce appartient incontestablement à la cité d'Autun;

(1) Rev. num.. 1857. p. 460. (2) Dans une découverte assez considérable qui fut faite en Bourgogne, ce triens

se trouvait avec <les tiers de sol de Châlon-sur-Saône, Autun, Dijon, Màcon, Besan- çon, Lyon, Toul, Trêves, Troycs> Clermont, Tarantaise, Virili acum, Burbulne Castrum , Anatolo > Calascone , Vateunoy Calaactas , etc.

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380 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. les numismalistes connaissent les tiers de sol assez communs i'' Au- gust o dunum, et de la première Lyonnaise, sur lesquels la croix est accostée des lettres initiales du nom de l'atelier. Remarquons d'ail- leurs l'analogie qui existe entre cette pièce et un tiers de sol conservé au musée d'Autun, dont je trouve la description dans un travail de mon regrettable ami feu Joseph de Fontenay :

4- (ßlNEMVROFT. Buste diadémé, à gauche. IV". -+-CCIGOALD MO. Croix dans une couronne de feuillage,

haussée sur un degré, cantonnée des lettres AL : nous verrons plus bas que Semur était situé dans le pagus dont Alise était la capi- tale (1).

-+- ALIS. ..A FITV. Buste diadémé, à droite.

jy CNO MVN. Ces trois dernières lettres sont liées; croix sur un globule, le pied accosté de deux globules; l'alpha et Y oméga sont suspendus aux branches de la croix. Le style de ce triens pourrait faire supposer qu'il n'est pas de la même localité que le premier : on serait tenté de chercher une bourgade homonyme telle que Alaise en Franche-Comté, ou Alisai en Normandie, désigné sous le nom à' Alisi en 1200 et â'Alisiacum en 1210 (2) : cependant un détail milite en faveur de la Bourgogne, c'est que l'alpha et l'oméga suspendus aux branches de la croix se rencontrent sur quelques monnaies mérovingiennes d'Autun, de Châlon-sur-Saône, et de localités limitrophes de la cité de Sens. J'ajouterai que, d'après M. Rossignol, ce tiers de sol a été trouvé à Alise même (3). Je n'ai

pas à parler ici du tiers de sol à la légende ALETIA PAGO, auquel je donne, ailleurs, une attribution qui me paraît incontestable : je

(1) Mém. de la Société éduenne% 18 44, p. 76, pl. IX, n° 9. - A u tun archéologique, 1848, p. 30. (2) M. Auguste Le Prévost pensait que cette paroisse de l'arrondissement de Lou-

viers remontait à l'époque mérovingienne : il rappelait à ce sujet le domaine d'j4/t- siacus de l'église de Besançon, mentionné dans une charte de 869 du roi Lothaire. (3) Mém. de la Commission dts antiquités de la Cote-d Or, t. IV, p. 277.

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le note simplement en passant, afin d'éviter à d'autres la tentation de revendiquer celte pièce pour Alise-Sainte-Reine appelée Alesia dans an diplôme de l'an 843, dont je parlerai plus bas.

Le nom d'Alise, en effet, n'est pas resté invariable dans sa forme latine : on lit Alesia dans César, 'AXifata dans Plutarque, Alexia dans Florus, ALISIlA sur une inscription antique découverte à Alise même, Alisia sur les triens mérovingiens; néanmoins, ce serait nier les témoignages les plus authentiques que d'affirmer « que de toutes les localités de la Gaule, jusqu'au xvne siècle, Alaise, en Franche- Comté, est la seule qui ait porté le nom d 'Alesia dans les actes écrits en latin (i). »

Il n'y a pas longtemps, l'antique importance d'Alise-Sainte-Reine était complètement contestée : on attribuait volontiers à l'érudition intéressée et inventive des moines de l'abbaye de Flavigny les sou- venirs historiques, j'allais dire les légendes, attachés à cette localité. Mon intention n'est pas de venir reprendre encore une question qui a perdu de son intérêt en proportion du papier qu'elle a fait con- sommer. A force de parler d'Alise et d'Alaise, de traduire et de torturer les mêmes textes, de présenter et de reproduire les mêmes arguments, on a obtenu un résultat qui rappelle involontairement cer- tains souvenirs de collège; on est parvenu à envelopper un épisode important de notre histoire nationale, de ce brouillard qui voile la beauté des vers de Virgile donnés en pensum. - Je veux seulement établir qu'aux époques mérovingienne et carlovingienne, Alise- Sainte-Reine conservait des traces d'une importance qu'une déca- dence séculaire avait peu à peu diminuée.

Tout d'abord, je crois devoir indiquer une nuance tranchée qui doit être admise au sujet de la confiance à accorder aux textes rela- tifs à la question qui m'occupe dans ce mémoire. Les uns donnent à Alise le titre de cité ; les autres, s'accordant avec le tiers de sol de M. le comte de Vesvrotte, qualifient simplement cette ville de locus, oppidum ou Castrum.

Les premiers appartiennent à la seconde moitié du ix* siècle : ils mentionnent des souvenirs de traditions antiques, mais ces souvenirs sont amplifiés aux dépens de la vérité. Pour peu que l'on ait lu des légendes de saints, on reconnaîtra facilement les interpolations et les ornements oratoires ajoutés successivement aux actes primitifs, toujours sobres et laconiques. - Dans cette catégorie, je place la légende même de sainte Reine, martyrisée i in Alisia civitate » par

(1) Revue française , 1863, art. de M. Delacroix.

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382 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. ordre d'Olibrius (1), ainsi que le poëme d'Héric, composé vers 865, paraphrase de la légende primitive de saint Germain d'Auxerre (2). Si on n'avait que ces textes à l'appui des traces de l'antiquité d'Alise pendant le moyen âge, il me semble que l'on serait assez pauvre. Mais il y en a d'autres, antérieurs à la translation à Flavigny des reliques de sainte Reine, et qui sont concluants (3).

Ainsi, nous avons la légende de saint Germain, évêque d'Auxerre, écrite à la demande de l'archevêque de Lyon par le prôtre Constance, qui vivait vers l'an 470 : dans ce document postérieur de vingt ans seulement à saint Germain, mort en 448, il est fait mention d'un prêtre, appartenant à une famille notable, résidant à Alise, et chez qui l'évêque d'Auxerre accepta l'hospitalité : « in Alisiensi loco... erat prasbiter , Senator nomine, natalibus nobilis, religione no- bilior (4). »

Nous avons encore les actes de saint Amatre, aussi évêque d'Au- xerre, de 386 à 418; la date de celte légende est déterminée par le nom même de son rédacteur, le prêtre Étienne, à la fin du vie siècle. Saint Amatre, se rendant d'Auxerre à Autun, passa par Gtibilium, Goba, à trois lieues de Saulieu, et y rencontra un personnage noble nommé Suffronius « generoso sanguine creatus, ex o ppi d o Ali sensi » à la recherche d'une certaine quantité d'argenterie qui lui avait été dérobée : Suffronius se joignit en chemin au prélat qui le consola et lui donna l'espérance d'une prompte restitution. Les voleurs furent rencontrés à trois mille pas plus loin; la restitution fut faite, et saint Amatre persuada à Suffronius de pardonner aux coupables à la condition qu'ils jureraient, sur le tombeau de saint Andoche, de changer de vie (5).

(1) Bol land., 17 sept. Parmi les miracles signalés comme accomplis sur la tombe de la sainte, la légende parle de Vulgarius, puni pour un faux serment. Le fait peut remonter au vin® siècle, mais le récit que nous en avons ne date guère que de l'époque où vivait Héric, si j'en juge par ce passage : « Habitator (Vulgarius) Alexias « quondam civitatis, nunc villae. » Au xii« siècle, Hugues de Flavigny, rappelant la translation des reliques de sainte Reine à Flavigny, en 864, s'exprimait également ainsi : « Translatum est corpus sanctœ Reginse virginis et manyris de Alesiacivi- « tate , apud Flaviniacum Castrum. » (2) Bibi. Labbe, 1. 1, p. 262. (3) Je suis convaincu qu à la suite de cette translation, les moines de Flavigny

cherchèrent à mettre en relief les antiques souvenirs d'Alise, et arrangèrent la légende de sainte Reine telle que nous l'avons aujourd'hui. (4) Bolland., 31 juillet. - Raban Maur, au ix« siècle, parlant du martyre de sainte

Reine, dit aussi : «In Edua civitate, in Galliis, /oco Alisiana » : il semble avoir connu les actes primitifs de cette sainte.

(5) Bolland , l®r mai. - Mém . concernant I hist. civ. et ecclés , d Auxerre , par l'abbé Lebeuf, édit. de 18/j8, 1. 1, p. 18 et seq .

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Maintenant, si nous descendons jusqu'au ixe siècle, mais antérieu- rement à la translation des reliques de sainte Reine à Flavigny, et aux pieuses amplifications des moines de cette abbaye, nous trouvons un diplôme de l'empereur Lothaire, de 841, parlant des dîmes à9 Alesia , et du marché public qui s'y tenait encore; or, ce diplôme n'est que la confirmation d'un jugement précédemment rendu par des missi dominici de Louis le Débonnaire; j'emprunte à cet acte, que je crois inédit, le passage suivant : « Abba et fratres aequaliter « dividant forum venalium rerum quod est in Alesia, et in ecclesia « sanclae Justae tam anniversarium quam ebdomadarium, et duas « partes decimarum quae sunt in Alesia (1). »

De tout ce qui précédé, il résulte qu'Alise-Sainte-Reine, aux v* et vi® siècles, était encore un centre de population important, locus , oppidum , Castrum; au ixe siècle il s'y tenait toujours un marché public, et, comme nous le verrons dans un instant, une circon- scription territoriale assez vaste avait conservé le nom de l'ancien Castrum.

Alise paraît avoir été ruinée à la suite de l'invasion des Sarrasins qui, suivant Guillaume Paradin (2), « prindrent quasi toute la Bour- « gongne, Mascon, Chalón, Dijon, Aucerre. » Depuis le viue siècle il n'est plus fait mention de cette localité : le fondateur de Flavigny, en 718, parle du pagus Alsensis , mais garde le silence sur l'ancien Castrum : dans le cartulaire de Flavigny, il n'y est fait allusion que dans le diplôme de Lothaire dont j'ai cité plus haut un passage.

La vénération des fidèles avait conservé et restauré « la basilique de Sainte- Reine » où reposaient les reliques de la patronne du pays : le fondateur de Flavigny, Wideradus, qui possédait des biens consi- dérables en Bourgogne, avait aussi « loca sancti Andochii Sedelo- « cinse, sanclœ Reginse Alsinse et sancti Ferreoli : » il fit par son leslament des dons à Sainte-Reine d'Alise; on s'accorde à considérer ce personnage comme étant devenu abbé de Flavigny; je penche à croire plutôt que c'était un de ces riches seigneurs laïcs, si fréquents depuis Charles Martel, qui possédaient des bénéfices ecclésiastiques.

L'ancienne circonscription dont Alise était le centre, conserva le

(1) Cartulaire de Flavigny, Bibl. imp., Bouhier, n° 128. Je ne trouve pas ce di- plôme indiqué dans les o Regesta clironologico-diplomatica Karolorum » de M. le docteur J. F. ßölinner. Voici comment il e&t daté : «Data die Jovis II non. Decem- bris, anno Christi propitio imperii domni Hlotarii pii imperatoris in Italia XXI, in Francia I. Actum Luciniaco villa in comitatu Belnense. »

(2) Guil. Paradin, Ann. de Bourgogne, p. 89.

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384 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. nom de son Castrum ruiné (1), et Semur-en-Auxois devint le chef- lieu du pagus Alisiensis ou Alsinsis , plus tard l'Auxois, qui est connu par les textes depuis le ve siècle (2). Primitivement son étendue fut plus considérable que dans les derniers temps; il serait difficile d'en indiquer les limites exactes. Mon confrère Alf. Jacobs a établi péremptoirement que sous la première et la seconde race, les pagi représentaient des circonscriptions qui n'avaient rien de bien fixe (3).

Il paraît probable que le pagus Dusmensis fut séparé entre les années 723 et 748 du pagus Alsensis (4); ainsi, le testament de Wideradus place en Auxois deux localités, Orret et Monteei, que le codicille du même personnage met en Duesmois : un acte de Charles le Chauve, en faveur de saint Martin d'Autun, mentionne le lieu de « Stolmarum in pago Dusmense et Aisense cum duabus ecclesiis (S). » Je ne sais même pas si le pagus Alsensis ancien ne débordait pas hors du diocèse d'Autun tel que ses limites existaient avant 1789.

Je donne ici la liste des lieux qui, d'après les textes, faisaient partie du pagus Alsinsis antérieurement au xii* siècle; je me suis servi des recherches de M. Joseph Garnier en les complétant par ce qu'il m'a été donné de retrouver moi-même (6) :

Aciacum, vin* siècle. Essey. Anderatum, vin» siècle. Orret. Aguniacum, vme siècle. Eugny. Alesia, ix* siècle. Alise. * Baiodrum fundum, ix* siècle. Barjon. Alta Bocha, ix# siècle. Haute-Boche. * Belrubrium, xie siècle.

(1) Il est inutile de rappeler ici les nombreux objets antiques, médailles et in- scriptions, découverts sur l'emplacement d'Alise, ni ceux que l'on y exhume encore journellement. Les lecteurs de la Revue archéologique n'ignorent pas que la Commission de topographie des Gaules est parvenue, pendant le temps où elle a exploré les ruines d'Alise, à retrouver tous les vestiges du siège de l'oppidum gaulois par César, et à donner la solution de difficultés nombreuses qui obscurcissaient la question. Les travaux entrepris depuis ont pleinement confirmé les résultats ob- tenus par la Commission. (2) In pago Alisiense , Vie de saint Germain de Paris, par Fortunat, coll. Migne,

t. LXXXVIII, p. 459. (3) Grégoire de Tours et Frédégaire, trad, de M. Guizot, édition d'Alf. Jacobs,

t. II, p. 287 et seq. - Dans le savant travail de Benjamin Guérard sur les divisions territoriales dela Gaule, il est parlé d'un pagus Alsensis dans la cité de Troyes; c'est une erreur qu'il est bon de rectifier et qui m'a été signalée par mon confrère d'Arbois de Jubain ville : aucun pagus de la cité de Troyes ne portait ce nom. (4) J- Garnier, Mém. présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et

belles-lettres, 2e série, t. III. (5) J. G. Bulliot, Essai hist . sur V abbaye de Saint-Martin d'Autun , t. II, p. 6. (6) J'indique dans cette liste par une astérisque les localités qui faisaient partie

du pagus Dusmensis ; les noms marqués en italique sont ceux que j'ai pu retrouver.

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MONNAIES MÉROVINGIENNES D'ALISE-SAINTE-REINE. 383 * Blaciniacum, ix* siècle. Blessey. Luguniacum, vin® siècle.

Blanziacum, ix® siècle. Blancey. Luciniacum, vin® siècle. Leugny. Bornadum, vme siècle. Bomay. Luveriacum, vin® siècle. Brino, ixe siècle. * Bulcolos, 11e siècle. * Madriniacum. Buxus, ixe siècle. Boux. Magnacum, vine siècle. Magny-la-Ville.

Mansionile, ixe siècle. Cadonatum, vme siècle. Chassey. Mariniacum, ixe siècle. Marigny. * Cancellum, ixe siècle. Chanceaux. * Marmania, xie siècle. Marmagne. * Cap. S. Germani, xi® siècle. St-Germain Marsiliacum, vin® siècle. Marsilly. la Fouille. Massingiacum, x® siècle. Massingy. Castrum Grinio, xi® siècle. Grignon. Meletum, ixe siècle. Meilly. * Cella de Belloco, xie siècle. Beaulieu. Miserianum (vme siècle). Missery. Ceresium, ou. Monticellis, vme siècle. Monteei. Cerisiacura, vnie siècle. Saizeray. Munellum, ix® siècle. Munois. * Cleriacum, ou. Musiniacum, x® siècle. Musigny. Cliraiura, vme siècle. Clirey. Myardum, vin® siècle. Myard. * Columbarium, vme siècle. Coulmier. Corcellis, xie siècle. Courcelles. * Naaliacus, xie siècle. Nailly. Corticell as, ix« siècle. * Novavilla, xi® siècle. Villeneuve. * Cuminiacum, xie siècle. Quemigny. Cussiacum , xe siècle (1). * Optemariacum, vin® siècle. * Origniacum, ixe siècle. Origny. Darsiacum, vin® siècle. Darcey. Dompnapetra, xie siècle. Dampierre. Polliniacum, vme siècle. Poillenay. * Duisme Castrum, xi® siècle. Duôme. Pratum Galandi, vme siècle. Préjelan. Dusiacum, x® siècle. Pruiniacum, vme siècle. Prugny.

Prusciliacum, ix* siècle. Prusilly. * Empilles Siccus, xi® siècle. Ampilly-le- Puliacus, vin® siècle. Pouilly. Sec. * Puteoli, vme siècle. Poiseul.

Fanum, x® siècle. Fain. Rocca Vanelli, xe siècle. La Roche-Van- Flaviniacum, vme siècle. Flavigny. neau. Flexus, ix® siècle. Fiée. * Fontana, xe siècle. Fontaine-les-Sèches. Safra, vin® siècle. Saffres. * Frodesium, ix® siècle. Frolois. Sanciacum (4), v® siècle. * Saniacum, ixe siècle. Saigny. Gyssiacum (vin® siècle). Gissey. S. Euphroini fanum, viue siècle. S. Eu-

phône. * Impyliriacum, ix® siècle. Ampilly. Sanciacum (vin® siècle). Saiserey. Insulis, x® siècle. Sarmatia, ixe siècle. Salmaise.

Scitiacum, x® siècle. Cessey. Jaliacum, x® siècle. Jailly. Sinemurum (vie siècle). Semur (5). Juliacus, xi® siècle. Juilly. Solicia, ixe siècle. Soussey. * Juviniacum, ix® siècle. Jugny. Spincia (vi® siècle). Epoisses. * Stafiacum, vin® siècle. Savoisy. Karaniacum (2), v® siècle. Stolmarum (6j, îx® siècle. Lamatuacum (3), v« siècle. Tarnicum (7), v® siècle. Lucennacum, ixe siècle. Lucenay. Tillidum, ix® siècle. Til-en-Auxois.

(1) Bulliot, t. II, p. 25. (2) Gall. Christ., XII, 626. (3) Ibid. (k) Ibid. (5) Bulliot, t. II, p. 6. (6) In episcopatu Eduensi sine Augustodunensi castellum de Sinemuro sicut clau-

ditur Armensona ilumine, cum supposita ecclesia in honore S. Mauritii dedicata. (Gall. Chr., XII, 424, - Don. de Sigismond à l'abbaye d'Agaune, rappelée dans une bulle du pape Adrien Ier, en 780.)

(7) Gall. Chr., XII, 424.

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Page 11: MONNAIES MÉROVINGIENNES D'ALISE-SAINTE-REINE

386 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Vabra, ix* siècle. Vesvres. * Villena, 'e siècle. Vilaine. Vallinse (Vin° siècle). Lavan. Vitriacum, ixe siècle. Verr.y. Veliniacnm, xi" siècle. Velogny. * Vulnonecum, vme siècle. B«llenod. Villa Balderici, xi® siècle. Saint-Beury. Vutellum, x® siècle. Vitteaux. Villare Villa, ixe siècle. Villa Hestenso, ix* siècle. Widiliacum, ixe siècle. Villy.

L epagus Alisiensis ou Alsinsis , à la fin du xe ou au commence- ment du xie siècle, porta la dénomination de comté , sans doute lors- que l'administration en fut confiée à des comtes amovibles (i) : sous Charlemagne il semble avoir été réuni, au point de vue civil, au comté ď Avalon (2). Le testament de Wideradus indique que 1 epagus Pauliacinsis y était annexé dès le vin® siècle (3); nous avons vu que le pagus Duesmensis en fut d'abord séparé.

Le cartulaire de Flavigny nous fait connaître le nom de Tun de ces comtes, auquel la maison de Vergy prétendait se rattacher: en lc09, Aymo comes Alsinsis , figure dans un acte de donation faite en faveur de ce monastère par un chevalier nommé Milon; en 1011, il restituait à Flavigny des biens dont il s'était emparé, et se quali- fiait cornes Alsinsis comitatus . Enfin, en 1013, dans son testament il est appelé : amministrator reipublicœ comitatus Alsinsis et Dus - mensis (4).

Aymon transmit sa charge à son fils Walo, qui ne la conserva pas: en 1020, en effet, nous le voyons donner à saint Benigne de Dijon ce qu'il possédait par droit héréditaire auprès de Salinaise; dans le préambule de cet acte, il est dit Walo vocatus comes , et il signe ainsi : signum Walonis quondam comitis (5). Le cartulaire de Flavigny mentionne aussi une charte de donation de serfs de ce personnage, Walo , miles , nobilis stemmatis linea progenitus , et Judith uxor sua. Walo eut un frère nommé Gautier, et deux iils, Hugues et Aymon.

La suite des comtes amovibles d'Auxois, de la lin du ixe siècle au milieu du xie, paraît être ainsi : Manassèb Ier, reconnu par la maison de Vergy pour son auteur le plus ancien; Manassès II, Rodolphe, Aymon, Walo ou Gualon.

Anatole de Barthélémy.

(1) Cf. Pérard, p. 168, 172, 176. - Cartul. de Flavigny. (2) Baluze, Cap. reg. franc., I, p. 441. Pogum Avalensem nique Alsensem. (3) Cartul. de Flavigny, in pago Alsinse et in Pauliacense , Meseriaco , Cesenaco.

Vallinse. (4) Cartul. de Flavigny. A cette époque le mot respublica était synonyme de

domaine royal. - Cf. Du Cange, v° Respublica. (5) Pérard, p. 176.

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