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193 Alors que le monde de l’édition vit sa révolution numérique, Tours, berceau de l’imprimerie en région Centre, a accueilli depuis le 4 octobre 2010 la nouvelle école supérieure des techniques d’édition numérique : l’ESTEN. Cette révolution numérique est une réalité qui bouleverse le domaine de la publication. Depuis quelques années, on observe une évolution de ce secteur : les produits et les marchés actuels, suite à l’expansion fulgurante des nouvelles technologies de communication et multimédia, se développent et requièrent des compétences novatrices. DAM, CMS, GED, DPS, SaaS (1)… des acronymes barbares qui sont autant de nouvelles technologies dont les services de communication ou de rédaction doivent s’équiper de plus en plus. Il faut savoir publier sur tous supports, le Marketing moderne en a décidé ainsi ! Support papier, Internet, multimédia, eBooks, mobiles, tablettes… tous les moyens sont bons pour toucher de nouvelles cibles. Dans l’univers des nouveaux métiers liés à ces supports de communication innovants, les diplômés de l’Esten seront le chaînon indispensable à cette industrie de la publication. Pour cela, ils doivent adapter leurs compétences aux exigences d’un marché pour lequel la profession recherche des collaborateurs qualifiés et rapidement opérationnels. Ainsi, une approche moderne et globale des nouvelles techniques d’édition numérique dans le cadre d’un processus pédagogique s’avère une nécessité. Basée sur trois compétences distinctes : la maîtrise de la chaîne éditoriale de la chaîne graphique et la compréhension des techniques multicanal, le cursus de l’Esten a su s’adapter aux demandes innovantes du secteur professionnel. Le chargé de com. ou le chef de projet du xxi e siècle doit savoir réécrire un texte, hiérarchiser des informations, mettre en page pour le print, le Web et les livres électroniques, et conduire des projets éditoriaux multicanal. Les formations initiales proposent jusqu’ici des savoir-faire spécialisés dans des domaines mono-compétence (prépresse, webmasters, infographistes multimédia…). Le but de l’Esten est de dispenser un savoir transversal regroupant toutes les filières de communication : papier, Internet et multimédia, au travers de compétences rédactionnelles, techniques et managériales. Recrutés après le Bac, les futurs diplômés de l’école se voient attribuer, dès leur première année, un trousseau identique, propriété de l’élève: un ordinateur portable Apple MacBook Pro ainsi que les principaux logiciels de publication en vigueur. Adobe Master collection et Quark Xpress sont les deux outils dont les élèves vont apprendre à en maîtriser toutes les facettes. D’ailleurs, au terme des trois premières années du cursus court (Bac + 3), les étudiants seront certifiés experts par l’un des deux éditeurs. C’est un gage de compétence reconnu dans le domaine des arts graphiques, et ce, dans le monde entier ! Ce trousseau, d’une valeur de 17 000 euros, est un métiers de la publication : Tours s’empresse d’évoluer ! emmanuel RoC Fondateur de l’école esten avril 2010

métiers de la publication : Tours s’empresse d’évoluermanuscritdepot.com/internet-litteraire/e-paperworld.01/... · 2010. 12. 18. · ou de rédaction doivent s’équiper de

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Alors que le monde de l’édition vit sa révolution numérique, Tours, berceau de l’imprimerie en région Centre, a accueilli depuis le 4 octobre 2010 la nouvelle école supérieure des techniques d’édition numérique : l’ESTEN.

Cette révolution numérique est une réalité qui bouleverse le domaine de la publication. Depuis quelques années, on observe une évolution de ce secteur : les produits et les marchés actuels, suite à l’expansion fulgurante des nouvelles technologies de communication et multimédia, se développent et requièrent des compétences novatrices.DAM, CMS, GED, DPS, SaaS (1)… des acronymes barbares qui sont autant de nouvelles technologies dont les services de communication ou de rédaction doivent s’équiper de plus en plus. Il faut savoir publier sur tous supports, le Marketing moderne en a décidé ainsi ! Support papier, Internet, multimédia, eBooks, mobiles, tablettes… tous les moyens sont bons pour toucher de nouvelles cibles.Dans l’univers des nouveaux métiers liés à ces supports de communication innovants, les diplômés de l’Esten seront le chaînon indispensable à cette industrie de la publication. Pour cela, ils doivent adapter leurs compétences aux exigences d’un marché pour lequel la profession recherche des collaborateurs qualifiés et rapidement opérationnels.Ainsi, une approche moderne et globale des nouvelles techniques d’édition numérique dans le cadre d’un processus pédagogique s’avère une nécessité.

Basée sur trois compétences distinctes : la maîtrise de la chaîne éditoriale de la chaîne graphique et la compréhension des techniques multicanal, le cursus de l’Esten a su s’adapter aux demandes innovantes du secteur professionnel. Le chargé de com. ou le chef de projet du xxie siècle doit savoir réécrire un texte, hiérarchiser des informations, mettre en page pour le print, le Web et les livres électroniques, et conduire des projets éditoriaux multicanal.

Les formations initiales proposent jusqu’ici des savoir-faire spécialisés dans des domaines mono-compétence (prépresse, webmasters, infographistes multimédia…). Le but de l’Esten est de dispenser un savoir transversal regroupant toutes les filières de communication : papier, Internet et multimédia, au travers de compétences rédactionnelles, techniques et managériales. Recrutés après le Bac, les futurs diplômés de l’école se voient attribuer, dès leur première année, un trousseau identique, propriété de l’élève: un ordinateur portable Apple MacBook Pro ainsi que les principaux logiciels de publication en vigueur. Adobe Master collection et Quark Xpress sont les deux outils dont les élèves vont apprendre à en maîtriser toutes les facettes. D’ailleurs, au terme des trois premières années du cursus court (Bac + 3), les étudiants seront certifiés experts par l’un des deux éditeurs. C’est un gage de compétence reconnu dans le domaine des arts graphiques, et ce, dans le monde entier ! Ce trousseau, d’une valeur de 17 000 euros, est un

métiers de la publication : Tours s’empresse d’évoluer !

emmanuel RoCFondateur de l’école estenavril 2010

Page 2: métiers de la publication : Tours s’empresse d’évoluermanuscritdepot.com/internet-litteraire/e-paperworld.01/... · 2010. 12. 18. · ou de rédaction doivent s’équiper de

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atout considérable lors d’un recrutement, car nos jeunes diplômés sont opérationnels immédiatement et c’est une carte supplémentaire à mettre au crédit de leur CV.Au terme du cursus long (Bac + 4), la formation débouche sur le métier de Chef de projet numérique. Le premier cursus court leur ayant fait prendre conscience des contraintes techniques inhérentes aux divers supports de diffusion, ces futurs managers seront

à même de conduire des projets ambitieux et innovants. L’Esten a fait le pari qu’en maîtrisant la technique, le manager sait mieux que quiconque comment gérer le projet qui lui a été confié. C’est d’autant plus vrai que la technologie devient de plus en plus pointue.Souvent prise pour une école de graphisme multimédia, et comme le dit souvent Emmanuel Roc, le fondateur de l’école :« Nous ne sommes pas une école d’infographie, ni une école d’informatique.Nous ne formons pas des artistes conceptuels ni des ingénieurs, mais des techniciens de la publication rompus aux dernières technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Cependant, les principes créatifs de mise en page sont enseignés afin que nos étudiants acquièrent une plus grande autonomie intellectuelle.En revanche, ils travailleront conjointement avec les infographistes pour orchestrer de manière optimisée les flux de communication. De même, ils auront à manager les développeurs informatiques dans le cadre de leur conduite de projets. »

EN BREF :> L’école supérieure des techniques d’édition numérique (Esten) a ouvert à la rentrée d’octobre 2010.> Les études (post-bac) durent trois ans pour le cycle court, quatre pour le cycle long et comprennent techniques éditoriales, techniques de publication et gestion de projets éditoriaux.> Chaque étudiant sort avec une certification Adobe ou Quark, Toeic et Voltaire.> 100% des diplômés seront placés en entreprise.> La scolarité coûte 7 500 euros par an, trousseau matériel compris (ordinateur et logiciels notamment).> La certification ISO 9001 est en cours.> De nombreuses entreprises se proposent déjà dans un premier temps d’accueillir les étudiants en stage.z

(1) DAM : Digital Asset Management / CMS : Content Management System / GED : Gestion Électronique de Documents / DPS : Dynamic Publishing System / Saas : Software as a Service.

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Révolution

Tout au long de son histoire, l’humanité a connu des vagues d’évolution ou des révolutions qui ont suscité des mutations économiques, technologiques, culturelles et spirituelles. Depuis l’avènement de la « galaxie Gutenberg », nous vivions au sein de la civilisation de l’imprimé avec ses règles de production, de diffusion et de consommation. Celle-ci a connu sa culmination avec l’ère industrielle, et fut à l’origine d’une phase particulièrement brillante et féconde pour l’humanité. La civilisation de l’imprimé, hiérarchique, pyramidale, née d’une révolution, a conduit vers une nouvelle révolution, celle du numérique et de l’électronique, avec l’arrivée d’Internet et de l’ordinateur individuel, puis celle de nombreux médias et applications intelligentes comme le papier électronique et le téléphone cellulaire. Cette révolution a mené vers une nouvelle civilisation, “hétérarchique”, en réseau. L’ère industrielle a laissé place à l’ère post-industrielle. Le capitalisme s’est trouvé remplacé par le post-capitalisme, fondé sur les services, la connaissance et l’intelligence. Il en résulte l’émergence de nouvelles façons de faire, de concevoir, de penser, d’organiser sa vie, d’élaborer et de gérer une entreprise.Ces nouvelles façons sont analysées dans un livre remarquable et visionnaire « la septième dimension, le nouveau visage du monde », écrit par Guy Millière, économiste et philosophe, enseignant à l’université Paris VIII, Vincennes à Saint-Denis. Ce livre analyse la mutation en cours, en insistant sur le passage de l’analogique au numérique, de l’atome au photon, de l’ère de la découverte à celle de la maîtrise, de la matérialisation à la dématérialisation.

vers une société “hétérarchique” L’auteur part de la révolution technologique qui s’est opérée au cours des trente dernières années,

pour élargir ses perspectives, jusqu’à un horizon planétaire. Il définit la différence entre le fonctionnement industriel et postindustriel : « Le fonctionnement industriel repose sur la production de marchandises matérielles et implique une utilisation importante de main d’œuvre dans le secteur produisant ces marchandises matérielles. Le fonctionnement postindustriel repose quant à lui, sur une production immatérielle (vente de brevets, de services, de savoir-faire) et implique un glissement graduel de la population active vers le secteur correspondant à cette production immatérielle (…). La logique économique du fonctionnement postindustriel a pour matériau essentiel et presque unique l’innovation, la création et la connaissance ; les sociétés postindustrielles sont dans une situation de dépendance matricielle par rapport à l’efficacité des institutions d’enseignement et à la performance des moyens d’information (…). Le fonctionnement postindustriel remet fondamentalement en cause les procédures centralisatrices et fait éclater les structures que ce fonctionnement suscite. Il brise les anciens clivages de la division du travail et fait de chacun un décideur potentiel ».

Les réseaux et les nouvelles dimensionsGuy Millière explique que le fonctionnement post-industriel implique un changement d’organisation, car la structure pyramidale adéquate à l’ère industrielle est condamnée à l’obsolescence et doit céder la place au réseau qui permet à tous ses membres d’apporter sa contribution et sa créativité. Fondant sa réflexion sur les travaux de George Gilder, Guy Millière précise que la hiérarchie cède la place à une « hétérarchie », ce qui se traduit par « une complémentarité synergique de singularités créatives individuelles ». Chaque individu devient ainsi son propre entrepreneur à travers l’exploitation de son capital intellectuel : c’est le passage du capitalisme au post-capitalisme.L’auteur interprète cette logique d’ensemble comme un passage vers une sixième dimension. « Aux

eric Le RaY Phd

Guy Millière, La septième dimension le nouveau visage du monde, Après la crise, Paris, Éd l’àpart de l’esprit 2009, 402 pages

La septième dimension le nouveau visage du monde, après la crise

Bibliographies