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Ministère de la culture et de la communication 3, rue de Valois 75033 Paris Cedex 01 www.culture.gouv.fr www.culture.fr LA LETTRE D’INFORMATION Ministère de la culture et de la communication N° 134 - mensuel - février 2006 ISSN 1255 - 6270 LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE EUROPÉENNE ENTRE DANS SA PHASE OPÉRATIONNELLE ET AUSSI... LA PROGRAMMATION DU FESTIVAL DES FRANCOFFFONIES ! LES MESURES DE SOUTIEN AU DISQUE

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Ministère de la culture et de la communication

3, rue de Valois75033 Paris Cedex 01

www.culture.gouv.frwww.culture.fr

LA LET TRED’INFORMATIONMinistère de la cultureet de la communication

N° 134 - mensuel - février 2006

ISSN 1255 - 6270

LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUEEUROPÉENNE ENTRE DANS SA

PHASE OPÉRATIONNELLE

ET AUSSI... LA PROGRAMMATION DU FESTIVAL

DES FRANCOFFFONIES !

LES MESURES DE SOUTIEN AU DISQUE

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2/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION30 janvier 2001

Directeur de la publication : Henri Paul Rédacteur en chef : Paul-Henri DoroComité de rédaction : Jacques Bordet, Emmanuel Boutier, Manuel Candré, Marc-Antoine Chaumien, Robert Fohr, XavierFroment, Nicole Gasser, Marie-Christine Hergott, Vincent Lorenzini, Sylvie Perruchon,Astrid Roche.Conception graphique : Jeanne VerdouxMaquettiste : Emmanuel Boutier Impression : PLB CommunicationN° de commission paritaire : 1290 AD, nouvelle sérieTirage : 35 000 exemplaires 0,30 s le numéro Pour recevoir la lettre d’information :Adresser une demande écrite au DIC, ministère de la culture et de la communication3, rue de Valois, 75033 Paris Cedex 01 Fax : 01 40 15 81 72 internet : http://www. culture. gouv. fr

Dossier

SOMMAIRE

Dossier Page 7La Bibliothèque numérique européenne entre en phase opérationnelle

Actualité Page 4Art contemporain : un Magasinpluridisciplinaire à Grenoble

Page 5Droits d’auteur : un projet de loipour réconcilier les internautes et les créateurs

Page 6Plusieurs mesures vont renforcerla production phonographique

Page 11Grande-Bretagne : actualités du mécénat

Page 12Lancement de l’année Cézanne

Page 13Un contrat de performance pour l’Ecole du Louvre

PortraitPage 16Jean-Pierre Siméon : « la poésien’est pas ce que vous croyez »

En couverture : Emmanuel Boutier ©Council of Europe

En accueillant le18 janvier, au ministèrede la culture et de lacommunication,« Francofffonies ! lefestival francophone en France » qui va se tenir de mars àoctobre, RenaudDonnedieu de Vabres a souligné l’importancede « ceux qui ont lefrançais en partage ».Il a aussi placé lamanifestation sous le signe de l’écrivainLéopold Sédar Senghordont on célèbre en 2006le centenaire de lanaissance.

Le coup d’envoi du festival Francofffonies a été donné le18 janvier dans les salons de laRue de Valois où régnait une effervescence des grands jours.Pas moins d’un ancien présidentde la République, le SénégalaisAbdou Diouf, actuellement à latête de l’Organisation interna-tionale de la francophonie (OIF)et de deux ministres français enexercice, Gilles de Robien, mi-nistre de l’éducation nationale,de l’enseignement européen etde la recherche, et Brigitte Gi-rardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, ont été

accueillis par Renaud Donne-dieu de Vabres pour présenter lesprincipaux événements de cette« aventure francophone » sansprécédent.Car c’est bien une « aventure »que le président de la Répu-blique, Jacques Chirac, a lancéeen 2002 lors du sommet de Beyrouth. Elle réunira quelquesoixante-trois États et Gouver-nements. Avec un double objec-tif : d’une part, montrer la

ÉvénementEN 2006, UN FESTIVAL SERA CONSACRÉ AUX CULTURESFRANCOPHONES

vitalité des cultures de l’espacefrancophone, et, d’autre part,affirmer un projet politique com-mun, que Renaud Donnedieu deVabres a résumé ainsi : « établirun dialogue constructif entre desidentités culturelles diverses, dansle respect de chacune d’elle ». C’estle sens même de la conventionsur la protection et la promotionde la diversité des identités cul-turelles qui a été adoptée àl’Unesco le 20 octobre 2005.

Hassane Kouyate, le directeur artistique de Caravansérail © E.Legrand.

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3/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

CÉLÉBRATIONS : SENGHOR,PÈRE FONDATEUR DE LAFRANCOPHONIELe 9 janvier 1906, naissait àJoal, une petite bourgade duSénégal, celui qui allait devenirun homme d’Etat écouté enmême temps qu’un des plusgrands poètes de languefrançaise du XXe siècle.Léopold Sédar Senghor, donton célèbre cette année le cen-tenaire de la naissance, est éga-lement un des initiateurs del’idée (et de la pratique !) de lafrancophonie. « Ces valeurs,plus actuelles, plus nécessaires quejamais, a souligné Abdou Diouf,qui a succédé à Senghor à laprésidence de la Républiquedu Sénégal, sont, vous le savez,celles que nous a léguées LéopoldSedar Senghor, père fondateur dela Francophonie ».

TROIS LETTRES POUR UN FESTIVAL : FFFUne « faute d’orthographe »pour la bonne cause ! « Fran-cofffonies ! avec trois « f », commefortissimo, c’est aussi une excla-mation intense, profonde et puis-sante, un message, une voix fortedans le concert des cultures dumonde », a indiqué RenaudDonnedieu de Vabres.Monique Veaute était déjà revenue sur cette graphie dansles colonnes de la Lettre d’in-formation en décembre 2005 :« Cette graphie fantaisisterappelle, d’une part, les trois « f »du titre, le festival francophoneen France, mais elle est aussi un clin d’œil affectueusement insolent aux contraintesorthographiques de la languefrançaise auxquelles l ’image de lafrancophonie est souvent liée ».Elle ajoutait malicieusement :« Disons que l ’idée d’une franco-phonie génétiquement modifiéene nous a pas déplu »…

LA SEMAINE DE LA LANGUE FRAN-CAISE SUR LA FRANCOPHONIEDu 17 au 26 marsComme chaque année depuis1996, la langue française serafêtée par tous ceux qu’elle unit ourelie dans le monde - notammentles 63 États et gouvernementsmembres ou associés de l’Organi-sation internationale de la franco-phonie. Organisée conjointementpar le ministère de la culture et dela communication et le ministèredes affaires étrangères, elle a pourobjectif de faire découvrir larichesse du français et de montrercomment la langue, orale ouécrite, est par excellence l’outil del’expression personnelle et du dia-logue avec l’autre, de l’accès à lacitoyenneté et à la culture. Elleprend, cette année, une colorationparticulière en donnant le coupd’envoi au festival francophone enFrance Francofffonies. Et, commechaque année, dix mots seront dela fête : ACCENTS,BADINAGE, ESCALE,FLAMBOYANT, HÔTE,KALÉIDOSCOPE, MASQUES,OUTRE-CIEL, SOIF,TRESSER. Il appartient àchacun de s’en emparer…

www.semainelf.culture.fr

Une programmation ambitieuse« Ce festival n’est pas un événe-ment, ni une saison culturellecomme les autres », a assuré Renaud Donnedieu de Vabres.« Il aura pour vocation, expliqueMonique Veaute, commissairegénérale de la manifestation, demettre en valeur les réalités de lafrancophonie, la richesse et la vi-talité des peuples qui la composent »car « la francophonie n’est pas en-core une évidence en France ».Comment traduire cette évi-dence ? Par une « grande fête desdits et des écrits, des gestes et descouleurs », selon Monique Veaute,qui a ajouté que la manifesta-tion serait pluridisciplinaire etse tiendrait dans toute la France.Le véritable coup d’envoi seradonné au Salon du livre quimettra un accent particulier,entre le 16 et le 22 mars, sur ladécouverte des auteurs franco-phones, d’Europe, des Caraïbes,d’Afrique, d’Asie, des Amé-riques et du Pacifique. Ces écri-vains participeront également àla journée internationale de la francophonie, qui a lieu le 20 mars, aux semaines du conteet de la poésie et seront les prin-cipaux acteurs de la Semaine de la langue française, du 17 au26 mars. Autre événement : aucours des 207 jours que comptele festival, un mot sera quoti-diennement mis à l’honneurdans la presse. Autour des dé-bats d’idées, un colloque re-viendra sur les enjeux respectifsde « Francophonie et mondia-lisation » (27-28 avril au Sénat).Entre politique et littérature, onretiendra un colloque qui aura

lieu à l’Assemblée nationale le26 juin sur « La pensée politiquede Senghor » et une rencontreorganisée le 19 septembre àl’Unesco pour célébrer le « Cin-quantenaire du 1er congrès desécrivains et artistes noirs ».Concernant les « scènes franco-phones », de nombreuses mani-festations et festivals seront cen-trés sur la création francophone :la fête de la musique, les 6e

Rencontres chorégraphiques d’Afrique et de l’Océan indien, lesactivités du Centre national decréation et de diffusion cultu-relles de Chateauvallon, lesFrancophonies en Limousin,etc. De même pour les « Regardsfrancophones », autour du cinémaet de l’audiovisuel, où l’on noteque les « cartes postales choré-graphiques » de DominiqueHervieu seront diffusées surTV5 et pour les « installationsfrancophones » avec la « Fête duChâtelet » qui mariera art ettechnologies le 9 septembre.Avec « demain, la francopho-nie », on se penchera, enfin,sur le volet éducatif de la fran-cophonie.

www.francofffonies.fr

PARTENAIRESFrance Télévisions, Radio France, Alcatel, Accor, Air France, CNP assurances, EDF, le Forum francophone des Affaires, les Laboratoires Pierre Fabre, Veolia, la SNCF, l’Agence française dedéveloppement et la Caisse des dépôtset consignations

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4/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Après deux ans de travaux, le Magasin,centre national d’artcontemporain deGrenoble, franchit allè-grement le cap de sonvingtième anniversaire.Pour sa réouverture, le21 janvier, il a accueilliplusieurs expositionspluridisciplinaires,dont celle sur lesCinéma(s).

En lançant un vaste « tour deFrance pas comme les autres, celuides Centres d ’art » pour 2006-2007, Renaud Donnedieu deVabres soulignait en octobre2005 qu’il voulait « mieux les faireconnaître ». « Ce tour de Francenous permettra de tracer, en concer-tation avec tous les partenaires etles artistes, les perspectives d’évo-lution et de développement de ces

lieux, afin de faciliter la rencontreentre la création contemporaine etun très large public », ajoutait-il.

Réouverture du Magasin Première étape : Grenoble, àl’occasion de la réouverture ducentre d’art. Ouvert en 1986, leMagasin répondait à un doublepari : replacer la situation artis-tique française sur la scène eu-ropéenne et renforcer la décen-tralisation culturelle. Vingt ansaprès, ces deux objectifs sontplus que jamais à l’ordre du jour.La restitution du rapport com-mandé à Xavier Dupuis (Centrenational de recherche scienti-fique) sur les centres d’art parl’Association des directeurs decentre d’art (DCA) a notam-ment constitué un des tempsforts de la journée d’inaugura-tion, le 21 janvier.

De nouveaux espaces pour pré-senter les artistesLa réouverture du Magasin, c’estaussi une politique d’expositions

qui redémarre. Avec les travauxmenés par l’architecte PatrickBouchain, le Magasin étend no-tamment ses capacités d’expo-sition. Et renforce la probléma-tique du lieu : montrer l’art entrain de se faire. Comment ? Enproduisant des expositions tem-poraires mais aussi en faisant ap-paraître les contextes qui sous-tendent la fabrication desœuvres d’art. Une sculpture, untableau, une photographie, unevidéo, une installation ou un siteinternet ont une histoire qui leurest propre. En plus de sonintérêt intrinsèque, ce qui ap-paraît important aux yeux del’historien de l’art Yves Aupeti-tallot, directeur du Magasin etcommissaire de nombreuses ex-positions, c’est de faire remon-ter à la surface le pourquoi et lecomment elle est apparue. Ainsi,du travail monumental mené parl’artiste britannique MichaelCraig-Martin (né en 1941) toutspécialement pour coïncideravec les nouveaux espaces du

UN AMBITIEUX PROGRAMMEDE TRAVAUX La verrière de la Halle Eiffel,un ancien espace industriel,était en mauvais état. En 2004,la Ville de Grenoble, proprié-taire du bâtiment, engage unecampagne de travaux avec l’appui de l’Etat, du Conseilrégional de Rhône-Alpes, duConseil général de l’Isère et de fonds européens. 1600 m2

de verrières ainsi que lesinstallations de sécurité ont été refaites. Par ailleurs, unedeuxième tranche de travauxdevrait être conduite en 2007pour conforter l’évolution despratiques d’exposition. Elledevrait aboutir à une requalifi-cation des abords du bâtiment,avec notamment une entréesur la côté longitudinal,apprend-on de la direction.

Art contemporainUN « MAGASIN »PLURIDISCIPLINAIRE À GRENOBLE

Magasin. Changement de cli-mat est un gigantesque papierpeint collé sur les 770 m2 demurs qui représente une soixan-taine d’objets contemporainsgéants. Ainsi, également, du tra-vail original de Claude Closky(né en 1963) qui présente, pen-dant toute la durée des travauxdu Magasin, plus de soixante ar-tistes sur A la Une du site inter-net du centre d’art. Belle ma-nière d’indiquer la continuité dela création contemporaine. Maisl’extension des espaces d’expo-sition répond à un autre enjeu :multiplier la pluridisciplinaritédes travaux présentés. Ainsi,pour la réouverture du lieu, ontrouve une exposition transver-sale sur la question du ou desCinéma(s). Point commun : lesexpériences exposées sontconcentrées à Grenoble et sa ré-gion. Avec de grands défri-cheurs : Jean-Luc Godard etJean-Pierre Beauviala avec sa

Bernard Joisten Le château, 2004 © D.R.

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5/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Vidéogazette qui est considéréeaujourd’hui comme une des pre-mières télévisions de proximité.Ou des artistes qui enseignentà l’école d’art de Grenoblecomme Ange Leccia ou Jean-Luc Vilmouth. Le résultat estpassionnant.

Cinéma(s), jusqu’au 7 mai Changement de climat par MichaelCraig-Martin, jusqu’au 3 septembre et A la Une, exposition en ligne conçue par Claude CloskyMagasin - Centre national d’artcontemporain de Grenoble, site Bouchayer-Viallet, 155, cours Ber-riat 38028 Grenoble cédex 1 Tél. : 04 76 21 95 84 www.magasin-cnac.org

Où en est le projet surle droit d’auteur dontl’examen à l’AssembléeNationale s’est arrêté à l’article 7 à la fin du mois de décembre2005 ? Depuis cetteinterruption, le texte aévolué afin de renforcerencore davantage le point d’équilibre entre la liberté desinternautes et la libertédes créateurs : l’enjeuest de les réconcilierafin de garantir l’avenirde la musique et ducinéma français et defaire vivre la diversitéculturelle. Le texte quipassera au parlementrépond à quatre objectifs :

Une offre légale plus abondanteTout d’abord, il crée les condi-tions pour que se développe surInternet une offre légale abon-dante et diversifiée de musiqueet de films. L’objectif est d’adapter la diffusion de la culture aux nouvelles réalitéstechnologiques afin de la rendreaccessible par des prix attractifs.Un internaute a du mal à trou-ver légalement une grande di-versité de musique et de films

sur internet : l’offre légale, enpleine expansion, est encore peu développée. Sans offre légale, un internaute prend unrisque par rapport à l’œuvre età son matériel informatique :la qualité de l’œuvre n’est pasgarantie et il y peut y avoir desvirus. Grâce au projet de loi, uneoffre légale pourra enfin se développer sur internet : denombreux films et une offre mu-sicale variée pourront être disponibles. Cette offre sera sécurisée : elle permettra aux internautes d’acquérir en touteconfiance les œuvres. Evéne-ment majeur, l’accord sur lavidéo à la demande signé le 20 décembre 2005 pour lecinéma est un partenariat entreles fournisseurs d’accès à inter-net, les télévisions et le mondede la création cinématogra-phique. Grâce à cet accord, uneoffre nouvelle de films sur in-ternet va pouvoir apparaître. Etplus des offres légales se déve-lopperont, plus les prix de ventede la musique et des films surinternet baisseront.

Un droit essentiel : la copie privéeLe projet de loi garantit le droitessentiel à l’exception de copieprivée, qui donne la liberté decopier des œuvres pour soi et ses proches.

Diminution des sanctionsAujourd’hui, quand un inter-naute télécharge de manière illégale de la musique ou un

Droits d’auteurUN PROJET DE LOI POURRÉCONCILIER LES INTERNAUTES ET LES CRÉATEURS

Travaux de restauration de la verrière duMagasin, novembre 2005 © Photographie :Maurice Duverney-Prêt / Ville de Grenoble

film, il est susceptible d’êtrecondamné pénalement, la sanc-tion pouvant atteindre jusqu’à300 000 s et 3 ans de prison.De plus en plus d’internautessont concernés par ces peines car le nombre de plaintes de sociétés d’auteur est en pro-gression régulière et il risqued’augmenter fortement. Le pro-jet de loi change complètementcette situation : quand un inter-naute téléchargera illégalementde la musique ou un film pourson usage personnel, il ne ris-quera plus de prison. Le projetde loi instaure un régime gra-dué et proportionné d’amendes.Un internaute qui téléchargeraillégalement de la musique ouun film risquera une contraven-tion d’un montant peu élevé. Uninternaute qui mettra à disposi-tion un nombre d’œuvres endessous d’un certain seuil ris-quera une contravention d’unmontant plus élevé. En cas demise à disposition d’un nombreimportant d’œuvres l’amendes’élèvera à près de 4 000 s. Parailleurs, des sanctions pluslourdes viseront les logiciels quifavorisent le piratage.

Lire les œuvres quel que soit lesupportLe projet de loi crée les condi-tions de l’interopérabilité, pourpermettre de lire quel que soitle support des œuvres acquiseslégalement. Sur ce sujet essen-tiel pour l’essor des offres enligne, la France est pionnière enEurope.

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6/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Lors de sondéplacement au MIDEM,qui s’est tenu à Cannes,le 22 janvier, RenaudDonnedieu de Vabres a présenté plusieursdispositions pourrenforcer le soutienéconomique à laproductionphonographique.Quelques jours avant,le 16 janvier, il avaitinstallé le Conseil supé-rieur des musiquesactuelles, témoignantdu soutien apporté à unsecteur resté longtempsà la marge del’intervention de l’Etat.

Lors de son déplacement auMIDEM, le 22 janvier, RenaudDonnedieu de Vabres a annoncéplusieurs dispositions visant àrenforcer le secteur de la pro-duction phonographique. Pre-mière mesure : la création d’uncrédit d’impôt, limité à« 350 000 euros par enregistre-ment et à 500 000 euros par en-treprise et par an », vient d’être« notifié à la Commission deBruxelles », a précisé le ministre.Il sera applicable à « toutes les dé-penses artistiques », en particu-lier « celles qui concernent le développement et la numérisationde nouveaux talents ». Secondemesure : un fonds d’avancesremboursables va être créé etsera « doté de 2 millions d ’euros

et réabondé chaque année de 500 000 euros ». Ce fonds estdestiné à « soutenir les plus petitesentreprises du secteur ».

Installation du Conseil supérieurdes musiques actuellesPar ailleurs, afin de prolongerles débats fructueux qui se sonttenus à Nancy le 7 octobre 2005lors du Forum national des mu-siques actuelles (FORUMA), leministre de la culture et de lacommunication a installé, le16 janvier, le Conseil supérieurdes musiques actuelles (CSMA).La création de cette nouvelleinstance de consultation et depropositions traduit son enga-gement et son soutien en faveurd’un secteur resté longtemps àla marge de l’action de l’Etat.« Aujourd’hui, a souligné RenaudDonnedieu de Vabres, avec l’ins-tallation du conseil supérieur desmusiques actuelles, nous franchis-

sons une nouvelle étape ».Présidé par David Kessler, di-recteur général de France Cul-ture, le CSMA est chargé detraiter l’ensemble des sujets fon-damentaux pour la structurationdu secteur : l’emploi, les pra-tiques amateurs, la formation,l’insertion professionnelle, lacréation et la diffusion. Il estcomposé de représentants d’or-ganisations professionnelles, decollectivités territoriales, de syn-dicats et de représentants du mi-nistère de la culture et de lacommunication.

Premiers dossiers : les lieux etl’enseignement« S’agissant de la politique du ministère en faveur des lieux,a indiqué le ministre, j ’ai bienconscience que nous devons ensemble, avec les collectivités territoriales, pérenniser les moyensconsacrés à ces équipements. Je sou-

PLUSIEURS MESURES VONTRENFORCER LA PRODUCTIONPHONOGRAPHIQUE

Le conseil supérieur des musiques actuelles © Didier Plowy

haite que chaque projet parmi les140 que soutient le ministère de laculture à hauteur de 7,5 millionsd ’euros, puisse faire l ’objet d ’unexamen attentif et d ’un soutienadapté, afin d’améliorer les condi-tions de travail des équipes encharge de ces lieux, qui sont parfois difficiles ». Il a aussi in-diqué vouloir « permettre auxmusiques actuelles d ’être davan-tage présentes et actives au sein des lieux généralistes ».Second sujet : l’enseignementdes musiques actuelles. « L’en-seignement des musiques actuelleset l’accompagnement des pratiquesmusicales reposent principalementsur un réseau associatif dense etvarié, que je souhaite mieux faireconnaître, reconnaître, valoriser etaccompagner. Tel est le sens de lapolitique conventionnelle durableque je veux mener, notamment avecles associations et les conservatoiresde musique », a-t-il conclu.

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7/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

N° 134 - mensuel - février 2006

DOSSIER

LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUEEUROPÉENNE ENTRE DANS SAPHASE OPÉRATIONNELLE

Lancée par le président de laRépublique, Jacques Chirac, lorsde l’ouverture des rencontrespour l’Europe de culture, le 2 mai2005, la création de la biblio-thèque numérique européenne(BNUE) est un grand projet qui a trouvé l’adhésion de nom-breuses grandes bibliothèqueseuropéennes. Lors de la qua-trième réunion du comité depilotage, présidée par Renaud Donnedieu de Vabres, il a connu,le 11 janvier, une avancée déci-sive avec l’examen de plusieursscénarios destinés à préciserl’architecture de la futurebibliothèque. Quatre prioritésont été définies : l’intensifica-tion des échanges ; la conversiondes contenus numériques exis-

tants ; l’élaboration d’un plande financement et d’un modèleéconomique et la constitutiond’une plate-forme commune enterme de contenus et d’infra-structure technique. S’inscrivantdans un contexte fortementconcurrentiel, la BNUE devrafaire face à une situationmarquée par la course à la miseen ligne de contenus de qualité.La France dispose d’une lon-gueur d’avance grâce notam-ment à Gallica, un site riche de 80 000 ouvrages numérisés.Elle doit aujourd’hui compteravec les évolutions rapides des technologies, notammentavec les nouveaux standards qui s’imposent dans le monde d’Internet.

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A la suite de la réuniondu comité de pilotageen vue de la créationd’une véritable« bibliothèque dessavoirs », la Bibliothè-que numérique euro-péenne, plusieursavancées ont étéretenues. Dès juin 2006,un site Internet seralancé : il donnera accèsà un ensemble dedonnées numériséesexistantes en France, etnotamment certainscontenus modernisésde la bibliothèquenumérique Gallica.

Vingt-trois grandes biblio-thèques de l’Union européenne

ont déjà donné leur accord. Ob-jectif : mettre en commun ré-flexions et moyens pour la consti-tution d’une bibliothèquenumérique européenne (BNUE)qui devrait voir le jour en 2007.Ce grand projet, dont l’idée a étélancée par le président de la Ré-publique, Jacques Chirac, à l’oc-casion des Rencontres pour l’Eu-rope de la culture qui se sonttenues à Paris les 2 et 3 mai 2005,constitue un axe ambitieux pourrenforcer l’identité culturelle del’Europe. Un projet pour lequella France et, au premier chef, laBibliothèque nationale de France(BNF), joue un rôle moteur.

EvolutionsLors d’une réunion qui s’esttenue sous la présidence de Re-naud Donnedieu de Vabres, le11 janvier (la quatrième en sixmois), le comité de pilotage, misen place le 13 juillet 2005, a pré-senté plusieurs avancées notablesconcernant l’architecture et une

première « maquette » du pro-jet. Toutefois, le comité ad’abord souligné les importantesévolutions du contexte globaldans lequel se situe la biblio-thèque numérique. Premierpoint : aujourd’hui, les acteursmajeurs de l’Internet se livrentà une course pour la numérisa-tion et surtout l’indexation decontenus de qualité sur Inter-net. Il apparaît donc que la fu-ture bibliothèque constitue uneoffre incontournable dans cenouveau contexte. Second faitnouveau : l’évolution des « stan-dards » de l’Internet. La Francedispose avec Gallica, biblio-thèque numérique en ligne richede quelque 80 000 ouvrages,d’une longueur d’avance.Toute-fois, le contexte fortementconcurrentiel impose une évolu-tion vers davantage de convivia-lité pour l’internaute qui feraitpasser la BNUE d’une logiquede bibliothèque destinée auxchercheurs à un fonctionnementouvert vers le grand public.

Une structure juridique associantpublic et privéD’ores et déjà, il paraît impor-tant de procéder en 2006 à un« transfert » de technologiespour rendre les contenus de Gal-lica plus « lisibles » selon cesnouvelles normes. C’est ce qu’onappelle en langage technique :l’OCRisation des données, soitla conversion du mode image enmode couleur, texte et image.Concrètement, l’ensemble deslivres qui vont être numérisés àpartir de 2006 le seront selon cenouveau mode conforme aux« standards internet ». En 2007,on étudiera l’opportunité d’unpassage à une numérisation demasse des nouveaux contenus.

Au cours du premier semestre2006, un test de numérisationintensive va être mis en place et,en fonction de ses résultats, onpourrait numériser environ150 000 ouvrages par an pen-dant deux ans pour un budgetannuel évalué à environ 9 Ms.

Public/privéEn proposant une structuremixte qui associe le secteur pu-blic et le secteur privé, notam-ment les éditeurs et les indus-triels, le projet de bibliothèque

AVANCÉES POUR LA BIBLIOTHÈQUENUMÉRIQUE EUROPÉENNE

VERBATIM : « LA BNUEOFFRIRA UN POINT D’ACCÈSPRIVILÉGIÉ AUX RESSOURCESNUMÉRISÉES DE L’EUROPE »Dans une communication enconseil des ministres du 8 février,Renaud Donnedieu de Vabresa souligné que le projet deBNUE était entré, « après unephase intense de concertation etde réflexion », dans « une phaseopérationnelle ». Premier objec-tif : la Bibliothèque numériquesera réalisée « pour le grand pu-blic, comme une bibliothèque dessavoirs ». « Gage d’efficacité etde visibilité, les fonctions derecherche, d’affichage et d’héber-gement des données serontconfiées à un portail Internetunique », a poursui-vi le ministre avant d’ajouterque « l ’apport français à cette bibliothèque numérique pourraitreprésenter de 300 000 à 400000 documents ». Second objec-tif : la mise en place d’unestructure public-privé associantles éditeurs. « Ainsi la bibliothè-que numérique européenneconstitue-t-elle aussi un espace decoopération technique, juridiqueet financière entre le privé et lepublic. Elle constitue aussi uneopportunité économique pour leséditeurs auxquels elle offre lachance de participer collectivementà la conception d’un nouvel outilde diffusion et d’intégration àl’Internet ».

Exemple d ’une édition Gallica de Gargantua (Rabelais 1542) ; à titre d ’exemple, la collec-tion Gallica ne contient pas de texte de Gargantua en français moderne (il existe deux autreséditions numérisées du XIXe siècle, mais toujours en français ancien).

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LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT DU COMITÉ DE PILOTAGECe comité, créé par décret du président de la République,associe les ministres de la recherche, de l’industrie, des affaireseuropéennes et de la culture. Présidé par Renaud Donnedieu deVabres, et dont le vice président est Jean Noel Janneney il estcomposé de hauts fonctionnaires des ministères associés et de sixpersonnalités qualifiées où sont présents des industriels du secteurprivé. Un secrétariat permanent lui est adjoint composé d’AlexandreMoatti, ingénieur des mines et de Valérie Tesnière, conservateur desbibliothèques. Les personnalités qualifiées sont au nombre de six.On distingue les industriels - Franck Dangeard (Thomson), AlainKouck (Editis), Serge Eyrolles (Editions Eyrolles) - les experts du secteur public - Jean-Michel Hubert (ingénieur des télécoms),Jean-Michel Cazenave (La Documentation Française) et enfin un expert doté d’une double compétence (questions européennes et intellectuelles) Olivier Duhamel (Professeur des universités àl’Institut d’Etudes Politiques de Paris).

21/09 2004

annonce des chantiersnumériquesdu ministère de la culture

02/05 2005

13/07 2005

16/03 2005

30/08 2005

01/04 2005

programme national de numérisationdu ministère de

la culture et de lacommunication

lancement du projeteuropéen Michael

Jacques Chirac reçoit à l’Elysée

Renaud Donnedieu deVabres et Jean-Noël

Jeanneney

Jacques Chiracannonce la créationd’une bibliothèque

numérique européenne

installation auministère de la culture et de la

communication du comité de pilotage

seconde réunion du comité

de pilotage

11/01 2006

élaboration de scénarios d’action

du comité de pilotage

numérique est une grande oc-casion de lancer la mise en lignecombinée de contenus patrimo-niaux et sous droits. En suivantdes modes de rémunération etdans une proportion à définir.« C’est un exemple précieux en cestemps où il revient à l ’Etat d’ac-compagner et d ’inscrire dans ledroit les mutations technologiquesqui frappent les industries cultu-relles »,a souligné le ministre de la culture et de la communication.Les chantiers opérationnelspourraient être menés par uneentité juridique légère qui pro-longerait le comité de pilotagedans sa composition actuelle.Une telle plate-forme consti-tuerait un atout incontestablepour l’ensemble des acteurs del’opération et les internautes lorsde l’ouverture au grand publicdu portail prévue mi 2006.

Une nouvelle phase Si la France a un rôle moteur, le

projet de BNUE a une vocationessentiellement européenne.C’est pourquoi la Bibliothèquenationale de France a déjà en-tamé une coopération avec seshomologues des pays de l’Unioneuropéenne sur la base des orien-tations arrêtées par le comité depilotage. Renaud Donnedieu deVabres lui a demandé de « l ’in-tensifier ». Au delà d’autres par-tenaires européens sont attenduséditeurs ou archives. À terme, vase poser la question de la struc-ture opérationnelle, celle-ci pour-rait être, notamment un GEIEdépendant du programme eu-ropéen MINERVA ou une fon-dation européenne ? D’autresstructures juridiques pourrontêtre aussi envisagées. Restentégalement à étudier deux ques-tions complémentaires : la pré-servation des contenus numé-riques et le dépôt légal sousformat numérique des livres.Concernant le calendrier, Re-naud Donnedieu de Vabres pren-

dra des « contacts au nom du gou-vernement avec les membres de lacommission européenne ». « Je trai-terai les contacts avec mes homo-logues, a-t-il souligné, notammentdans la perspective des rencontrespour l ’Europe de la culture qui auront lieu à Grenade fin avril etdu conseil des ministres de la cul-ture et de la communication quiaura lieu à Bruxelles le 19 mai ».

Sans attendre le résultat de ceséchéances européennes, le pro-jet de BNUE a d’ores et déjà per-mis à la France de progresser sur divers chantiers. Notamment,sur celui de la mise en valeur des contenus francophones selonles nouveaux standards techno-logiques. Elle continuera d’assu-mer un rôle moteur en ce domaine.

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10/Dossier

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

LE PROJET MICHAELLe projet Michael (inventairemultilingue du patrimoine cul-turel européen) est un travailcommun élaboré entre laFrance, l’Italie et le Royaume-Uni, soutenu par la Commis-sion européenne - programmeeTen, dédié au déploiementdes nouvelles technologies enEurope. Il vise à proposer unaccès simple et rapide aux collections numérisées des services du patrimoine, desmusées, des bibliothèques etdes archives des différents payseuropéens. Cette plate-formemultilingue est dotée d’un mo-teur de recherche capable derestituer les informations surdes collections dispersées dansdes lieux et sur des serveursdifférents. Les applicationssont nombreuses, pour l’éduca-tion et la recherche, mais aussipour le développement de ser-vices commerciaux innovants,notamment pour le tourismeet l’éducation. Cet outilconstitue donc une étapeindispensable vers la créationd’un espace culturel européensur Internet. Par ailleurs,Michael permet de valorisernon seulement les collectionsnationales, mais aussi lessavoir-faire en matière denumérisation et de constitu-tion d’inventaires numérisés.De cette façon, il occupe uneplace de premier plan dans lapolitique de développement deservices en ligne en Europe.

Renaud Donnedieu deVabres a réuni le17 janvier l’Observatoi-re des usagesnumériques culturels.Cette deuxième réuniona permis d’explorer les évolutions des nouveaux modèles etdes nouveaux usagesd’accès à la culture.

En créant, le 18 juillet 2005,l’observatoire des usages numé-riques culturels, Renaud Don-nedieu de Vabres montrait toutela place qu’il comptait accorderau débat sur la numérisation.Dans un contexte particulier,celui des discussions au sujet duprojet de loi sur les droits d’au-teur, il l’a réuni pour la secondefois, le 17 janvier. « C’est un vé-ritable débat de société, a soulignéle ministre de la culture et de lacommunication, un débat diffi-cile, car nous devons faire preuvede pédagogie, dans une matière trèstechnique, et parce que nous tou-chons à des valeurs aussi fonda-mentales que la liberté et le droitde propriété, dont le droit d’auteurest un élément essentiel ». Au pro-gramme : évolution des offreslégales sur Internet, nouveauxmodèles d’accès aux œuvres etinteropérabilité, c’est-à-dire lapossibilité pour les internautesde disposer de ces offres sur toustypes de matériels.

Evolution des pratiquesDepuis l’été 2004, les offres lé-gales de musique sur Internetont fortement progressé avecl’ouverture de nouveaux sites légaux de téléchargement.

Concernant le cinéma, tout ré-cemment encore, un accord in-terprofessionnel a été signé le20 décembre sur les offres decinéma à la demande (VOD).Elles ne représentent qu’unefaible part des marchés de lamusique et du cinéma et doiventaujourd’hui devenir plus at-trayantes et plus diversifiées,grâce notamment à l’apport descatalogues indépendants, quijouent un rôle déterminant pourla diversité culturelle. L’offre enligne doit impérativement pourcela franchir plusieurs obstacles.

Formation des prixLa formation des prix constituela question « la plus délicate », asouligné le ministre. Le coût desoffres en ligne est encore perçu,notamment par les jeunes,comme une entrave à laconsommation. Elle « doit êtreexpliquée et la recherche de modèlestarifaires encouragée pour rendreplus accessibles aux consommateursles offres », a poursuivi RenaudDonnedieu de Vabres.Autre point sensible : les modesde paiement. Le comité de suivide la charte « musique & Inter-net » a indiqué, le 17 janvier, queprès de 20 millions de titres

avaient été téléchargés en 2005.Il faut consolider ce mode deconsommation. Et trouver desmodes de paiement faits pourles plus jeunes doivent êtretrouvés comme c’est déjà le caspour le téléphone mobile.Des progrès importants ont étéréalisés pour rendre disponiblesles catalogues. On aurait dépasséen France 900 000 titres sus-ceptibles d’être commercialisésen ligne et plus d’un million etdemi dans le monde. Il existe denouveaux modèles d’accès auxoeuvres, déjà expérimentés horsde nos frontières, comme la lo-cation, la vente à l’acte, le for-fait s’il assure une rémunérationproportionnelle pour les titu-laires de droits. Il doivent éga-lement se développer dans notrepays.Enfin, l’interopérabilité, c’est-à-dire la possibilité pour les in-ternautes de disposer de cesoffres sur tous types de maté-riels, est un objectif essentiel quimérite un examen attentif. Jesouhaite proposer au PremierMinistre, qui en a accepté leprincipe, de désigner un parle-mentaire en mission pour quenous soyons plus offensifs en lamatière.

OBSERVATOIRE DES USAGES NUMÉRIQUES CULTURELS : L’OFFRE EN LIGNE DOIT ÊTRE PLUS ATTRAYANTE

QUEL BUDGET POUR LA BNUE ? Répondant à la question dubudget prévisionnel du projetde bibliothèque numérique eu-ropéenne, Renaud Donnedieude Vabres a estimé la 11janvier que la somme « d’unmillion d’euros abondé pour untiers par les 400 000 eurosinscrits en 2006 au budget demon ministère me paraît la clefde voûte de tout l ’édifice ». « Lesconcours privés sont, à ce titre,indispensables, qu’il s’agisse deprises de participation ou demécénat », a-t-il poursuivi.

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11/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Actualités multiples pour lemécénat, en ce début d’année :outre la rencontre organisée les 3 et 4 février à Royaumont,les experts-comptables ont été réunis au Grand Palais le17 janvier afin de leur faireconnaître la législation sur le mécénat. De plus, une ren-contre entre Britanniques etFrançais a été l’occasion deconfronter les réalités de nosdeux « modèles ».

Concernant le mécénat, le dé-veloppement des réseaux connaîtun nouvel épisode. Réunis le17 janvier au Grand Palais, lesexperts-comptables, commis-saires aux comptes et directeursfinanciers regroupés par l’acadé-mie des sciences techniquescomptables et financières ontsouhaité participer à une confé-rence exceptionnelle sur lemécénat culturel. Après une vi-site de l’exposition Klimt,Schiele... 450 professionnels dela finance ont débattu de l’ap-proche que leur profession pou-vait organiser pour accroître lescapacités de mécénat des insti-tutions culturelles. RenaudDonnedieu de Vabres leur aadressé un message enregistréen vidéo. « Parce que vous êtes desconseillers écoutés des chefs d ’en-treprise, votre expertise est appré-ciée. Alors, donnez de bons conseils,s’est-il exclamé. Donnez le conseilde l ’investissement dans le patri-moine, dans le soutien à la créa-tion ou à l ’action artistique, grâceau mécénat ». Cette réunion dé-bouchera dans les prochaines semaines sur la signature d’unprotocole de développemententre le ministère et la professionintitulé : Ambition mécénat.

L’EXPERIENCE BRITANNIQUEDU MÉCÉNATDans les années 1980, les im-portantes restrictions du budgetde l’Etat outre-Manche ontamené le milieu culturel britan-nique à accélérer le développe-ment des ressources du secteurprivé, développant ainsi une pra-tique du mécénat solidementancrée dans les mentalités.Mécénat et sponsoring ont alorspris un essor beaucoup plus im-portant. L’idée que la cultureconstitue un potentiel de créa-tivité, d’imagination et de pos-sibilités pour l’entreprise a pro-fondément séduit les esprits.Lors d’une rencontre réunissantà Paris, le 17 novembre 2005,responsables anglais et françaisdu mécénat, ces derniers se sontretrouvés pour faire part de leursexpériences respectives. Côtébritannique, Janet Dunnett,directrice du développement àA&B Manchester, était accom-pagnée d’acteurs de terrain quiont pu illustrer concrètementleurs démarches. Créée en 1976,Art & Business (A&B) qui se dé-finit comme « le réseau de créa-tivité le plus dynamique et le plusdéveloppé au monde », dispose deneuf agences régionales et de150 salariés. Cette structure aideles entreprises à collecter dumécénat et du sponsoring,qu’elle conjugue directementavec des fonds publics que luialloue le ministère de la culturebritannique.

Rencontrer les chefs d’entreprisesL’idée de l’engagement en fa-veur d’un projet est chère aussià Charlotte Platt, qui a dirigépendant de nombreuses annéesle mécénat du Royal Exchange

Theatre. Aujourd’hui consultanteen mécénat, elle témoigne : « J’aiune grande passion pour le théâtreet il est essentiel pour moi de com-muniquer cette passion à mes in-terlocuteurs. Mais j’ai aussi la pas-sion de convaincre un hommed’affaires, ce qui est bien souventun grand défi ! » Comment abor-der l’entreprise ? Cultiver les ré-seaux est essentiel. Les chefs d ’en-treprise avec lesquels j’ai créé unerelation deviendront des ambas-sadeurs qui m’aideront à rencon-trer d’autres donateurs potentiels.Et cette grande spécialiste dumécénat conclut par une bou-tade : « Au fond, si certaines ins-titutions culturelles n’obtiennentpas de mécénat, c’est parce qu’ellesn’en demandent pas ». Est-ce cepragmatisme qui tarde à at-teindre la France ? MarianneEshet, déléguée générale d’AD-MICAL, remarque que dansnotre pays les institutions cul-turelles ne disposent pas destructure comme A&B suscep-tibles de les accompagner dansleur recherche de mécénat :

« c’est un rêve du milieu culturel »,dit-elle. Une idée à creuser, sansaucun doute.

Contacts : [email protected] actes de l’atelier : Mécénat : l’expérience britanniquesont disponibles gratuitement à : [email protected] ou 01 40 15 79 15

MécénatACTUALITÉS DU MÉCÉNAT

Un atelier-théâtre à l ’aéroport de Manchester, le plus important mécène du nord de l ’Angleterre© D.R.

UNE RENCONTRE INTERNATIO-NALE SUR LE MÉCÉNATLes 3 et 4 février à l’abbaye deRoyaumontAlors que le dispositif fiscal attractif qui résulte de la loi du 1er août 2003 sur le mécénatcommence à porter ses fruits, lecentre culturel de rencontre del’abbaye de Royaumont a orga-nisé une rencontre sur « le mécé-nat, acteur du développement cul-turel et artistique ». « Convaincuque les rapprochements constituentune chance, j’ai souhaité que serencontrent les directeurs d’insti-tutions culturelles de nombreuxpays pour étudier l ’éventail despossibles », a indiqué RenaudDonnedieu de Vabres. Nous reviendrons plus longuement lemois prochain sur cetévénement.

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12/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Renaud Donnedieu de Vabres a lancél’Année Cézanne, le 3 janvier, au côté deMaryse Joissains Masini,député-maire d’Aix-en-Provence, président dela communauté du Paysd’Aix et président ducomité de célébration del’Année Cézanne 2006.

Le centenaire Paul Cézanne(1839-1906) est conduit par uncomité de pilotage regroupantles différentes institutions par-tenaires du projet : ville d’Aix-en-Provence, Communauté duPays d’Aix, ministère de la cul-ture et de la communication,Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Conseilgénéral des Bouches-du-Rhône,Rectorat. La mission Cézanne2006, mise en place par les ins-titutions partenaires, a pour rôlede coordonner et piloter l’en-semble des événements de lacélébration. Pour honorer le cen-tenaire de la mort de celui quivoulait apporter « la vérité enpeinture » et que de nombreuxartistes ont considéré comme unpère, cette année sera donc mar-quée par des dizaines de mani-festations organisées notammenten Provence, où Paul Cézanne apassé la majeure partie de sa vie.Deux grandes expositions inter-nationales jalonneront cette célé-bration : l’exposition « Cézanneet Pissarro (1865-1885 ) », quisera présentée du 28 février au 28 mai au musée d’Orsay àParis, puis à New York et à Los Angeles, et l’exposition« Cézanne en Provence », qui,inaugurée à Washington fin jan-

LANCEMENT DE « L’ANNÉE CÉZANNE 2006 »vier, sera présentée du 9 juin au 17 septembre au musée Granetd’Aix-en-Provence.

Deux grandes expositionsRéalisée par le musée d’Orsay etla Réunion des musées natio-naux, en collaboration avec leMuseum of Modern Art deNew York et le Los AngelesCounty Museum of Art, « Cé-zanne et Pissarro » rassembleraau musée d’Orsay une soixan-taine de peintures venues dumonde entier.Toutes ces œuvres,exceptionnellement réunies, per-mettront d’étudier les relations- sur vingt ans - entre l’art desdeux peintres qui s’étaientconnus en 1861 et ont peint côteà côte pendant plusieurs années,sans jamais cesser pour autantd’approfondir leur « sensation »personnelle. Co-produite par laCommunauté du Pays d’Aix etla Réunion des musées natio-naux, et co-organisée avec la National Gallery of Art de Washington, l’exposition « Cé-zanne en Provence » (*), d’abordprésentée à Washington avantde l’être au musée Granet d’Aix-en-Provence, rassembleraquelque cent seize œuvres dupeintre, elles aussi venues dumonde entier, et toutes liées à laProvence. Reconnue d’intérêtnational par la direction desmusées de France, elle bénéficieà ce titre d’une subvention ex-ceptionnelle de l’Etat. Elle a étédéfinie par les deux commis-saires, Philip Conisbee, SeniorCurator à la National Gallery deWashington, et Denis Coutagne,directeur du musée Granetd’Aix-en-Provence, autour d’unthème qu’aucune expositionn’avait jusqu’ici traité. Parailleurs, il est apparu que cethème était un moyen de lecture

de toute l’œuvre de Cézanne, quifaisait « du Poussin sur nature » àses dires. Aussi ce dernier a-t-iltrouvé en Provence (et non àParis ou à Rome) les paysages,les personnages, les arbres dontil avait besoin. « Il y aurait destrésors à emporter de ce pays-ci, quin’a pas trouvé encore un interprèteà le hauteur des richesses qu’il déploie » indiquait Cézanne en1886. Ce faisant, il a changé lanature même qu’il regardait.Dorénavant les noms du Jas deBouffan, de L’Estaque, de Châ-teau-Noir, de Bibémus, desLauves et de la Sainte-Victoiresont devenus universels… Choi-sir de montrer l’œuvre du peintreun siècle après sa mort à Wa-shington pour manifester cetteuniversalité, à Aix-en-Provencepour la révéler dans sa lumièred’origine ne pouvait mieux ensignifier la valeur.

Un musée entièrement rénovéEngagés depuis plusieurs années,les travaux de rénovation etd’agrandissement du muséeGranet touchent à leur fin et,début mars, le public pourraredécouvrir une partie des ex-ceptionnelles collections (13 000œuvres) de ce grand « musée deFrance » notamment la galeriedes sculptures des XVIIIe et XIXe

siècles. L’exposition occupera àpartir de juin les niveaux supé-rieurs. L’ensemble du musée etdes collections seront accessiblesau printemps 2007. Dirigés parles architectes Pierre Brotons etJean-François Bodin, les travauxont notamment permis de fairepasser la surface d’exposition de750 m2 à 4 500 m2, et de le doterd’équipements qui lui faisaientjusqu’alors défaut. Outre sa participation à ces travaux, qu’ila financé à hauteur de 30 %,

La palette de Cézanne © Jean-Claude Carbone

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LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

l’État a également contribué à larestauration des collections dumusée et à leur enrichissement :soixante-et-onze des œuvres provenant de l’exceptionnelle donation anonyme faite à l’Etaten 2000 et composée de nom-breuses pièces d’artistes majeursdes XVIIIe, XIXe et XXe siècles ont été mises en dépôt au muséeGranet…

Tout ce programme est accessible sur :www.cezanne-2006.com.

(*) l’exposition « Cézanne enProvence » a reçu le label d’exposition« d’intérêt national » et a bénéficié, à ce titre, d’une subvention exception-nelle de l’État.

Une dation au musée d’Orsay Le musée d’Orsay accueilleraprochainement une grandetoile de la première manière del’artiste, Le Christ aux limbes,qui fut peinte en 1866 directe-ment sur la paroi du salon duJas de Bouffan. L’œuvre a étéremise en dation par lesdescendants de l’un des plusremarquables collectionneursde Cézanne, Auguste Pellerin,qui s’en était porté acquéreurau début des années vingt.

Des parcours de découverte, des animations pédagogiques,des colloques, despublications…

De très nombreuses autres manifes-tations accompagneront pendanttoute l’année la célébration duMaître d’Aix. Parmi celles-ci figurentnotamment :

» des parcours guidés, intitulés « Leschemins de Cézanne », qui permet-tront de partir sur les traces dupeintre et de découvrir les principauxsites liés à sa vie et à son travail (leJas de Bouffan, les carrières de Bibé-mus et l’atelier des Lauves ont faitl’objet, à cette occasion,d’importants travaux engagés par laville d’Aix-en-Provence et laCommunauté du Pays d’Aix) ;

» d’autres circuits, qui permettrontde découvrir, outre un parcours encentre ville, un vaste ensemble delieux cézanniens : les sites de laroute Cézanne avec - omniprésente -la montagne Sainte-Victoire,Gardanne où Cézanne a séjourné du-rant l’hiver 1885-1886 et développésa conception structurale de la pein-ture, et L’Estaque où il a faitplusieurs séjours entre 1869 et 1890 ;

» une quinzaine de colloques etconférences consacrés à différentsaspects de l’œuvre du peintre et desanimations pédagogiques à destina-tion des scolaires de tous niveaux etportant sur différentes disciplines :arts plastiques, musique, géographieet géologie (plus de 300 enseignantsde l’Académie d’Aix-Marseille ontconçu ces différents projets pédago-giques en liaison avec la mission Cé-zanne 2006) ;

» des concerts (parmi lesquels celui,le 5 juillet, du Berliner Philharmoni-ker, au pied de la montagne Sainte-Victoire), des concours de peinturesà destination des amateurs, des ex-positions d’art moderne ou contem-porain rendant hommage à Cézanneet une dizaine de publications, comprenantcertes les catalogues des principalesexpositions, mais aussi des ouvragesdestinés aux jeunes… et même unebande dessinée.

Le ministère de la culture et de la communication a conclu le22 décembre 2005 avec l’Ecole du Louvre, établissement d’ensei-gnement supérieur d’histoire de l’art, d’archéologie et de muséo-logie, un contrat de performance pour la période 2006-2008.

Aux termes de ce contrat, l’Ecole du Louvre, qui se met en harmonie avec la nouvelle structure de l’enseignement supérieurfrançais et européen (réforme « LMD » : Licence-Master-Docto-rat) s’attachera à :

» améliorer l’insertion professionnelle de ses élèves ;

» accroître ses échanges d’étudiants et de professeurs avecl’étranger ;

» favoriser l’accès de l’enseignement de l’histoire de l’art au plusgrand nombre d’auditeurs.

La poursuite de ces objectifs s’appuiera notamment sur une opti-misation des ressources humaines et financières de l’Ecole, caracté-risée par un développement de ses ressources propres qui doiventcroître de plus de 18 % en trois ans (les moyens délivrés par l’Etatrestant constants). Neuf indicateurs de performance définis conjoin-tement par l’Ecole et ses tutelles permettront chaque année demesurer les résultats.

UN CONTRAT DE PERFORMANCEPOUR L’ÉCOLE DU LOUVRE

L’Ecole du LouvreImplantée à Paris dans des locaux situés au sein du Palais du Louvre,l’Ecole, fondée en 1882, bénéficie, depuis le 1er janvier 1998, d’unstatut d’établissement public à caractère administratif sous tutelle duministère chargé de la culure.Elle accueille chaque année 1 600 élèves auxquels elle propose unenseignement qui se décompose en trois cycles d’études, sanctionnéschacun par un diplôme spécifique, et en une classe préparatoire auxconcours de conservateur du patrimoine.Parallèlement à la formation de ses élève, l’Ecole organise, hors cursus universitaire, des cycles de cours et de conférences ouverts auplus large public (elle accueille, dans ce cadre, environ 12 000 auditeurschaque année) et des formations spécialisées destinées auxprofessionnels de certains secteurs patrimoniaux.

Une étudiante attentive lors d ’un cours de l ’École du Louvre © D.R.

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LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

PublicationLES PUBLICS DES ARCHIVES Quel est le profil des publics desarchives et quelles sont leursattentes ? Tel était l’objectif del’enquête confiée au départementdes études, de la prospective etdes statistiques (DEPS) par laDirection des archives de France.Les lecteurs des quatre centresdes Archives nationales ont étéinterrogés : le centre historiquedes archives nationales, le centrehistorique des archivescontemporaines, le centre des ar-chives d’Outre-Mer et le centredes archives du monde du travail.Il ressort notamment de l’enquêteque plus de la moitié des lecteurs

ÉvénementJOURNÉES PORTES OUVERTES À L’ENSAD ET A L’ENSCILes 10 et 11 février à ParisPour la première fois, deuxgrandes écoles sous tutelle du mi-nistère de la culture et de la com-munication ont décidé d’ouvrirleurs portes au public en mêmetemps. L’Ecole nationalesupérieure des arts décoratifs(ENSAD) et l’Ecole nationalesupérieure de création industrielle(ENSCI) présenteront aux publicsleurs différents ateliers les 10 et11 février ainsi que les travaux deleurs élèves entre 11h et 20h.Design, architecture intérieure,nouveaux médias, création textilefigurent parmi les nombreusesformations de ces écoles.

www.ensad.fr et www.ensci.com

PublicationLE « GRAND VERSAILLES » DANSMONUMENTALA la Une de la dernière livraisonde Monumental, le vaste projet dedéveloppement plus connu sous lenom de « Grand Versailles ». Ceprogramme, le plus importantmené à Versailles depuis Louis-Philippe, doit se dérouler jusqu’en2020. Il porte sur l’ensemble dupatrimoine historique : duchâteau au parc et desdépendances à la célèbre Galeriedes Glaces dont la première phasedes travaux de restauration vien-nent de se terminer. Au sommaireégalement, un article sur l’accueildes handicapés dans lesmonuments et une réflexion surles lieux de mémoire, commel’Anse-aux-Meadows (Canada) etl’île de Gorée (Sénégal).

Monumental, 2005/2, est la revuescientifique et technique desmonuments historiques publiée sousl’égide de la direction de l’Architectureet du Patrimoine (ministère de la cul-ture et de la communication), 30 s

BibliothèqueDEUX OUVRAGES DU XVIe SIÈCLEONT ÉTÉ NUMÉRISÉS À SAINT-DIEAvec la participation de la direc-tion régionale des affaires cultu-relles de Lorraine (DRAC), deuxdocuments anciens d’un intérêtunique conservés à la bibliothèquemunicipale de Saint-Dié (Vosges)ont été numérisés. Il s’agit de té-moignages du rayonnement intel-lectuel européen qui fut celui deSaint-Dié, entre 1505 et 1515,grâce au mécénat du duc de Lor-raine. Un manuscrit de formatexceptionnel contenant plus de1300 peintures et pesant près dequarante kilos sera ainsidésormais accessible au publicsous forme numérisée. Parailleurs, un rarissime exemplairedu traité de géographie,Cosmographiae Introductio, publiéà Saint-Dié en 1507 par MartinWaldseemuller, a été égalementnumérisé. Ce document pourraêtre exploité par les chercheurs etle public intéressé dans laperspective du prochain Festivalinternational de géographie deSaint-Dié qui sera précisémentconsacré au cinquième centenairedu baptême de l’Amérique.

Contacts presse : Isabelle Wagner,DRAC Lorraine, tel : 03 87 56 41 39, mél : [email protected]

ArchitectureLES NOUVEAUX ALBUMS DES PAYSAGISTESLe 2 février, les lauréats des Nouveaux albums des paysagistesont été désignés par un jurynational présidé par RenaudDonnedieu de Vabres et composéde paysagistes, d’architectes, demaîtres d’ouvrage et de personna-lités qualifiées. Ouverts aux pay-sagistes européens de moins de 35 ans, ayant réalisé en France aumoins un projet ou participé à unconcours, par le biais d’un appel àcandidature, les Nouveaux albumsdes paysagistes ont pour objectif,sur le modèle des Nouveauxalbums des jeunes architectes,

RevueAUDIOVISUEL FRANÇAIS :OBJECTIF MONDEAu moment où la chaîne d’infor-mation internationale (CFII)vient de voir le jour, les Nouveauxdossiers de l’audiovisuel veulentdéterminer, dans le numéro dejanvier-février 2006, si « la Franceest-elle une puissance audiovisuelleinternationale ? » Forte d’uncinéma de premier plan et denombreux réseaux audiovisuels, laFrance tente de faire valoir sadifférence entre le marché tout-puissant et une diplomatienuancée. Pour « créer uneconscience internationale », commele suggère Pascal Rogard, ledirecteur de la SACD ?

Les nouveaux dossiers de l’audiovisuel,n°8, janvier-février 2006, 7 euros

ont dépassé la cinquantaine, prèsde la moitié sont dans la vieactive, que les étudiants représen-tent moins d’un lecteur sur sept.Les lecteurs viennent surtoutpour satisfaire un goût marquépour l’histoire, la généalogie etfont près de la moitié desrecherches dans le cadre de leursloisirs. Cette enquête, qui vient encomplément d’une précédente surles publics des archivesdépartementales et communales,a été réalisée dans la perspectived’accueillir les lecteurs dans debonnes conditions au nouveaucentre des Archives nationales àPierrefitte-sur-Seine, dontl’ouverture est prévue en 2009.

Publié par le Département des études,de la prospective et des statistiques(Délégation au développement et auxaffaires internationales), le Développement culturel n°152 est téléchargeable sur le serveur duMinistère de la culture et de lacommunication :http://www.culture.gouv.fr/culture/editions/r-devc/dc152.pdf

ManifestationLE FESTIVAL DE L’IMAGINAIRELa dixième édition du Festival de l’Imaginaire se déroulera du 23 février au 9 avril dans différentslieux parisiens (Cirque d’Hiver-Bouglione, Institut du MondeArabe, etc.), mais aussi à Auber-villiers, Aurillac, Bordeaux,Douai, La Rochelle, Lille,Rennes, Vitré, Anvers et Genève.Pour la première fois, le Festivals’associera à une autre manifesta-tion, Francofffonies !, en lui consa-crant la moitié de sa programma-tion. Au total, 60 représentationsde 23 manifestations différentesen provenance de 16 pays sont àl’affiche.

Renseignements : 01 45 44 72 30 ou http://mcm.asso.frMaison des Cultures du Monde, 101, boulevard Raspail, 75006 Paris

les marionnettes sur eau du Vietnam © D.R.

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15/Actualité

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

PublicationIZNIK OU L’AVENTURE D’UNECOLLECTION DE CERAMIQUES Pour découvrir une remarquablecollection de céramiques, la Réu-nion des musées nationaux metl’accent sur la collection d’Iznik(l’antique Nicée, en Turquie) ini-tialement constituée par le muséede Cluny et aujourd’hui rassem-blée au musée national de la Re-naissance, au château d’Ecouen.Constituée principalement deplats, mais également de pichets,de hanaps et de carreaux, cettecollection, unique au monde,donne un remarquable aperçu dela production des ateliers d’Iznikdes XVIe et XVIIe siècles.

Iznik. L’aventure d’une collection. Lescéramiques ottomanes du musée na-tional de la Renaissance, au châteaud’Ecouen, Editions de la Réunion desmusées nationaux, 2005, 54 s.

Art contemporainLES LUMIERES DU TEMPS DETHIERRY KUNTZELJusqu’au 9 avrilVoué à la formation artistique, lestudio du Fresnoy est aussi unlieu où de nombreux travauxcontemporains sont produits etexposés. L’artiste Thierry Kuntzely présente ses vidéos et photogra-phies jusqu’au 9 avril sous le titreLumières du temps. « L’art deThierry Kuntzel vient de très loin,écrit Raymond Bellour, lecommissaire de l’exposition. Detemps quasi immémoriaux qu’ils’agit d’éclairer pour croire au moinsles retrouver ». Né en 1948, ilmène de front, depuis sa thèse di-rigée par Roland Barthes, une ré-flexion sur la pratique et la théo-rie des images. Depuis unetrentaine d’années, vidéos, photoset installations scandent un par-cours dont le vidéaste Bill Viola asouligné qu’il était façonné par« la beauté et la douleur ».Parallèlement, se tient une autreexposition des travaux de ThierryKuntzel au Musée des Beaux-Artsde Nantes, du 10 février au 4 mai.

Le Fresnoy, studio national des artscontemporains, 22 rue du Fresnoy, BP 179, 59202 Tourcoing cedex www.lefresnoy.net

Nostos I, vidéo, (1979) de ThierryKuntzel © Thierry Kuntzel

ArchéologieAPPEL À COMMUNICATIONS Les XXVIIe Journéesinternationales d’archéologie mérovingienne, organisées parl’Association française d’archéo-logie mérovingienne et le CentreMichel de Boüard (Centre de re-cherches archéologiques et histo-riques médiévales de l’Universitéde Caen-Basse-Normandie), sedérouleront à Caen (campus 1 del’université) du 29 septembre au1er octobre 2006. Elles auront

L’actrice espagnole Pénélope Cruz a tenu sous son charme l’en-semble du public ainsi que les nombreux photographes venus assis-ter le 11 janvier à la remise des insignes de chevalier des arts etlettres. « En peu d’années, a souligné Renaud Donnedieu de Vabres,vous avez conquis les amoureux du cinéma que nous sommes, en com-mençant par l ’Espagne bien sûr, en France, votre pays ami, mais aussien Italie et aux Etats-Unis, vos autres terres d’adoption, qui ont tousen commun d’être de grands pays de cinéma » faisant allusion à la car-rière que la comédienne mène aujourd’hui à Hollywood. Le mondedu cinéma était de nouveau distingué, le 12 janvier, avec les déco-rations remises au grand réalisateur russe Andrei Konchalovski,aux comédiens François Berléand et Hugues Quester et à la rédac-trice en chef de l’hebdomadaire professionnel le Film français, Flo-rence Dacbert.

DécorationLE MONDE DU CINÉMA DISTINGUÉ

Aux côtés de Renaud Donnedieu de Vabres, Pénélope Cruz est accompagnée par sa soeur Monicaet par la comédienne Salma Hayek © D.Plowy.

de favoriser l’insertionprofessionnelle de jeunespaysagistes et de les aider à accé-der à la commande. Organisésavec le soutien de la Fédérationfrançaise du paysage, de la Fonda-tion européenne pour l’architec-ture du paysage et de laFédération internationale des ar-chitectes paysagistes, ils s’insèrentdans la politique de promotionconduite par le ministère de laculture et de la communication enfaveur des jeunes professionnelsœuvrant pour le cadre de vie.

pour thème général « la Gaulemérovingienne, le mondeinsulaire et l’Europe du Nord (Ve - VIIIe siècles) » et proposerontun vaste panorama de la recherchedans les pays concernés.Un second thème, à caractère ré-gional, portera sur « L’actualité del’archéologie du haut Moyen Ageen Normandie (Ve - Xe siècles) ».

CRAHM - Université de Caen Basse-Normandie - Esplanade de la Paix - 14032 Caen Cedex. Courriel : [email protected](avec mention du sujet « 27e journéesAFAM 2006 »).

Hugues Quester, François Berléand, Andrei Konchalovski et Florence Dacbert © Farida Bré-chemier

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16/Portrait

LETTRE D’INFORMATIONMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONfévrier 2006

Pour sa 8e édition, le Printempsdes poètes aura lieu du 4 au12 mars. Au programme,actions poétiques en tout genreautour d’un thème : « Le chantdes villes ». Mais on connaîtmoins les activités permanentesde l’association. Le poète Jean-Pierre Siméon, son directeur,nous en parle.

En matière de divertissement,Jean-Pierre Siméon, le directeurdu Printemps des poètes, choi-sit le rugby. Pas la poésie. Et ledit à sa manière : attentive auxautres, chaleureuse, un sourireengageant aux lèvres. Engageonsla conversation, donc. « La poé-sie, explique-t-il, est une expé-rience qui nécessite une attention,de la lenteur, le fait de pouvoir re-prendre une seconde lecture, d’êtreà l ’écoute, à l ’affût ». Tout lecontraire de l’actualité du di-vertissement qui chercheraitplutôt, quant à elle, à faire di-version. On comprend que saconception de la poésie est à lafois élevée et modeste. Commepoète, comme simple lecteur depoésie, comme éditeur et aussicomme directeur du Printempsdes poètes.

Plusieurs printemps pour les poètes« Manifestation lancée en 1998,le Printemps des poètes a connuplusieurs évolutions. Une équipes’est d’abord constituée pour concré-tiser de façon permanente le tra-vail réalisé autour de la manifes-tation », poursuit-il. Il insistebien : « un travail de fond ». Cequ’il appelle son « laboratoired’idées », cette petite équipe decinq personnes qu’il a bâtie, nese contente pas de la partieémergée de l’iceberg et s’attachenotamment à des actions de for-mation en direction des biblio-

thécaires et des petits éditeurset donne une impulsion pouraider l’édition dans ce secteur,ou encore encourage la créationpar la commande de textes auxpoètes ou par le soutien à la dif-fusion de spectacles utilisant letexte poétique comme support.« On ne connaît pas suffisammentcet aspect de notre travail », re-grette-t-il. Qui est fondé sur lalongue durée et aussi sur uneforte conviction « de service public ». Il faut « élargir une pratique culturelle, celle de la lec-ture des poètes, et faire connaîtrele répertoire poétique dans toute sa diversité, sans exclusive ».Comment élargir l’audience dela poésie, en effet ? « Pendantune semaine, nous encourageons unfoisonnement de manifestationsqui correspond à la réelle diversitédes formes poétiques : aux lecturespubliques s’adjoindront toutes sortes d ’actions poétiques commela diffusion de tracts poétiques oucomme les brigades d’interventionpoétiques que j ’ai lancées il y a

plusieurs années avec le metteur enscène Christian Schiaretti. Leprincipe est simple : une ou deuxpersonnes entrent dans une classede façon impromptue et lisent untexte. Pas de commentaire, pas deglose : rien que la lecture. Autreévénement : j’ai découvert que lagrande chorégraphe américaineCarolyn Carlson, qui dirige ac-tuellement le Centre Chorégra-phique national de Roubaix, étaitnon seulement une grande adeptede poésie mais qu’elle écrivait unepoésie dense, inspirée de la Chine.Le 12 mars, pour la clôture, elle aaccepté de venir au musée d’Orsaypour dire ses textes ».

ParadoxesFace à cette « extériorisation »de la poésie, une question sepose : ne risque-t-on pas deperdre l’essentiel, à savoir unevéritable « appropriation » despoèmes ? Jean-Pierre Siméonest conscient de l’enjeu. Et nouslivre sa clé : faire en sorte que le spectaculaire, la théâtralité,ne l’emporte jamais sur une

juste expression des choses. Etconduise, in fine, à ouvrir unlivre de poésie. Si le livre, resteune finalité indépassable, la rencontre fondamentale, il voitdans la « transmission orale »beaucoup de grandeur. « En Palestine, quand Mahmoud Darwich lit sur la place publiqueses poèmes, pourtant assez diffi-ciles, il n’y a aucune appréhensiondu public, aucun préjugé. Aucontraire, on trouve une ouverture,de la générosité. C’est de l’humainqui parle à de l ’humain ». Mêmechose dans nos ZEP ou en milieu carcéral : « les jeunes sontsouvent curieux d’entendre un lan-gage autre ». En France, « cer-tains comédiens sont d’extraordi-naires passeurs de poèmes ». Et de citer Laurent Terzieff, DenisLavant ou Jacques Bonnaffé.Passeur de poèmes, c’est juste-ment sa vocation, passer ettransmettre sa passion. Et si lagrande affaire de la poésie,c’était la transmission ?

www.printempsdespoetes.com

JEAN-PIERRE SIMÉON : « LA POÉSIEN’EST PAS CE QUE VOUS CROYEZ »

JEAN-PIERRE SIMEON EN CINQ DATES :

1950 : naissance à Paris

1983 : devient formateur d’enseignants (IUFMd’Auvergne)

1984 : commence à publier chez Cheyne éditeur

1996 : associé au CDN de Reims,puis au TNP de Villeurbanne auxcôtés de Christian Schiaretti

2001 : il prend la direction du Printemps des poètes