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MOBILITÉ(S) SFR : DÉMOCRATISER LA DATA MOBILE Bertrand Mabille, récemment nommé à la tête de SFR Entreprises, enclenche le turbo sur les offres data. P. 23 TÉLÉCOMS QUATRE VISIONS DE LA TOIP IPBX localisés, centralisés, hébergés ou mutalisés : quelle solution choisir ? P. 17 RÉSEAUX SIEMENS : DEVENIR NUMÉRO DEUX L’équipementier met tout en œuvre pour talonner Alcatel dans la téléphonie d’entreprise. P. 28 PANORAMA TÉLÉPHONES SIP D’ENTRÉE DE GAMME Ces terminaux s’affranchissent du monde propriétaire. P. 46 OPÉRATEUR COLT, UNE STRATÉGIE PAYANTE L’opérateur européen s’autofinance et innove dans la ToIP. P. 10 Une publication du réseau mondial N° 236 - Avril 2006 L’ASIE DES TÉLÉCOMS L’ASIE DES TÉLÉCOMS ISSN 1251-8964 • 7 Le groupe Bolloré a créé la surprise en se portant candidat à une licence Wimax sur les vingt-deux régions ouvertes. Que vient donc faire un industriel, nouvel acteur des médias, dans le paysage des télécoms fran- çaises ? Jean-Christophe Thiery, directeur général de Bolloré Média, nous éclaire sur la stratégie et les ambitions du groupe. P. 9 ACTUALITÉ Marc Guillaumot Wimax : la stratégie de Bolloré D.R. D.R. D.R. La menace asiatique pèse sur les télécoms européennes. En renvoi d’ascenseur, opérateurs et construc- teurs occidentaux déploient leurs forces en Asie. Programme : alliances et compétition. P. 34

N° 236 - Avril 2006 du réseau mondial Une publication L’ASIE · 34 Réseaux & Télécoms | n° 236 | Avril 2006 La plupart des équipementiers occidentaux sous-traitent maintenant

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M O B I L I T É (S)

SFR :DÉMOCRATISERLA DATA MOBILE

Bertrand Mabille, récemmentnommé à la tête de SFREntreprises, enclenche le turbosur les offres data. P. 23

T É L É CO M S

QUATRE VISIONS DE LA TOIPIPBX localisés, centralisés,hébergés ou mutalisés :quelle solution choisir ? P. 17

R É S E AU X

SIEMENS : DEVENIRNUMÉRO DEUX

L’équipementier mettout en œuvre pourtalonner Alcateldans la téléphonied’entreprise. P. 28

PA N O R A M A

TÉLÉPHONES SIPD’ENTRÉE DE GAMME Ces terminaux s’affranchissentdu monde propriétaire. P. 46

O P É R AT E U R

COLT, UNE STRATÉGIEPAYANTEL’opérateur européens’autofinance et innove dans la ToIP. P. 10

Une publication du réseau mondial N° 236 - Avril 2006

L’ASIE DES TÉLÉCOMS

L’ASIE DES TÉLÉCOMS

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Le groupe Bolloré a créé la surprise ense portant candidat à une licence Wimax surles vingt-deux régions ouvertes. Que vientdonc faire un industriel, nouvel acteur desmédias, dans le paysage des télécoms fran-çaises ? Jean-Christophe Thiery, directeurgénéral de Bolloré Média, nous éclaire surla stratégie et les ambitions du groupe. P. 9

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Wimax : la stratégie de Bolloré

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La menace asiatique pèse surles télécoms européennes.En renvoi d’ascenseur,opérateurs et construc-teurs occidentauxdéploient leurs forcesen Asie. Programme :alliances et compétition. P. 34

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La plupart des équipementiers occidentaux sous-traitent maintenanten Asie – et notamment en Chine – une partie de leur R&D,les prototypages, les tests et la fabrication en volume.

télécommunications», expliqueJulien Salanave, responsable dupôle équipements télécoms ausein de l’Idate.

C’est la ruée vers l’or. Les équi-pementiers occidentaux voientdans l’unité de production duFar East l’opportunité de faired’une pierre deux coups : d’unepart, ils transfèrent leur pro-duction dans un pays émergeantaux charges salariales réduiteset, d’autre part, ils se rappro-chent de futurs clients straté-giques. Une quinzaine de sites enChine encouragent la coentre-prise dans les secteurs de l’élec-tronique et de l’informatique.

Un marché devenuincontournable

On assiste à l’ouverture desappels d’offres d’infrastructureaux industriels étrangers et audécollage du marché chinois.Alcatel, Siemens et les Scandi-

naves investissent à Shanghai.En trois ans, la Chine est deve-nue un marché incontournablepour tout équipementier du sec-teur des télécommunications.En 2004, les achats des opéra-teurs asiatiques dépassent, pourla première fois, ceux de leurshomologues européens et amé-ricains.

Le retour à l’envoyeur

En sens inverse, les équipe-mentiers asiatiques attaquentl’Europe. Avec le soutien despouvoirs publics locaux, ils s’af-firment vite chez eux et accè-dent à une expertise interna-tionale à travers des contrats decoopération. Leur portefeuilled’équipements pour les infra-structures fixes et mobilesdevient techniquement compé-titif. Les cycles d’améliorationsont rapides et profitent desachats locaux. Les benchmarks

L’Asie des télécoms : de l’atelier au labo mondial

Coréens et Chinoissont passés maîtresdansl’artde conce-voir et de fabriquerdes produits élec-

troniques pour le grand public.Les terminaux sortent de leurschaînes d’assemblage en grandesérie et à faible coût. En matièrede téléphonie mobile, la messeest dite. Hormis l’AméricainMotorola et le Finlandais Nokia,les équipementiers occidentauxjettent l’éponge : ils se désenga-gent d’un secteur trop compé-titif pour se concentrer sur l’in-frastructure réseau et ses logicielscomplexes. Si l’on veut com-prendre la stratégie actuelle desOccidentaux, il faut retracer lesgrandes étapes de leur collabo-ration avec les fabricants d’Asiedu Sud-Est depuis dix ans. Onpeut discerner quatre phasesfondamentales pour aboutir àl’actuel stade de «coopétition» enmatière d’infrastructures réseaux

et télécoms, un mélange aigre-doux de coopération et deconcurrence acharnée.

L’outsourcing off-shore

Dans les années 1990, les pre-miers accords d’externalisationoffshore sont noués avec l’Inde,la Chine et Taiwan. Les équipe-mentiers occidentaux s’appuientsur des sociétés neutres, encorepeu présentes dans le secteurdes télécoms, principalementpour bénéficier de leurs pro-cessus d’assemblage à faiblevaleur ajoutée. «Les ScandinavesNokia et Ericsson commencentpar confier leurs équipementsd’infrastructure mobile. C’est lemarché qui a été le plus loin danscette logique. En ce qui concernel’assemblage des stations de bases(les BTS), les transceivers conçus,l’électronique reste simple. Pasbesoin d’expertise poussée en

P lus de la moitié desPC portables vendus

dans le monde sontfabriqués par deuxsociétés taiwanaises,qui assemblent leursproduits en Chinecontinentale. QuantaComputer et CompalElectronics représen-tent ainsi deux des prin-cipaux exportateurs deChine. Le PC à bas prixdu MIT destinés aux

écoliers d’Afrique,d’Amérique du Sud etd’Asie sera assemblépar Quanta. Cet OLPC(«One Laptop PerChild»), devrait êtrevendu entre 100 et200 dollars. Les deuxgroupes tentent d’ap-pliquer aux téléphonesmobiles les recettes quiont fait leur succèsauprès des grands del’informatique, Apple,

Dell et HP entreautres noms.La méthode estbien huilée : ilsconçoiventet

assemblentdes équipementsmodulaires, puis vontvoir les grandes

marquesafin de leur pro-

poser un cataloguecomplet, avec des priximbattables sur degrandes séries.

Quanta et Compal, deux exportateurs méconnus

Julien Salanave,responsable du pôle équipementstélécoms au sein de l’Idate.

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leur deviennent vite favorables.Payés cash, ils peuvent à présentsonger à leur expansion. Faceaux différentes normes de latéléphonie mobile, on s’orga-nise. Les Américains et leurnorme CDMA ont transférétoute leur chaîne de valeur par-fois : «L’Américain Motorola estd’abord venu conquérir un vastemarché asiatique. Ecrasé par leséquipementiers locaux, il a réagien relocalisant là-bas, jusqu’à sarecherche. En forte croissance, ildevient leader de la téléphoniemobile en Chine», retrace NaviRadjou, analyste au ForresterResearch.

Traiter d’égal à égal

L’adhésion de la Chine àl’Organisation mondiale ducommerce (OMC) en 2001, l’ou-verture de son marché intérieuret l’accueil des jeux Olympiquesà Pékin en 2008 accélèrent lesdéveloppements industriels. Lesopportunités commerciales atti-rent de nouveaux capitauxétrangers, placés jusque dans lesservices informatiques en Indeet en Chine. Résultat : des forcesplus massives d’ingénierie tra-vaillent au développement denouveaux produits. Le balan-cier se retournerait-il ? «Fautede parvenir à gagner une posi-tion significative dans le domainedes réseaux CDMA, Alcatel passedes accords avec ZTE sur cetteinfrastructure. Le Français s’enremet à un équipementier chi-nois pour développer ses produits»,

illustre Julien Salanave. Simul-tanément, les méthodes d’achatdes opérateurs évoluent : «Onachète désormais les BTS au tra-vers d’enchères inversées, commedes ramettes de papier !» Cela endit long sur l’état de la compé-tition dans le secteur des télé-communications.

Avec un revenu moyen parhabitant inférieur à 700 euros,la Chine ne se trouve pas à l’abride gros problèmes sociaux, éco-logiques et de santé publique.Son agriculture est en crise, etles candidats au départ restentassez nombreux. Le pays nefigure toujours pas parmi lesplus avancés en matière derecherche. Pourtant, ses progrèsfulgurants dans le domaine desréseaux et des télécommunica-tions encouragent un nombrecroissant d’industriels occiden-

Dans un pays de9 584 000 km2

(dix-sept fois la France),les infrastructuresréseaux sont forcémentdémesurées. Pas moinsde cinquante villescomptent plus d’un mil-lion d’habitants, et prèsde 500 millions de Chi-nois – soit un tiers de lapopulation – vivent enzone urbaine. En com-paraison, le nombre

d’abonnés au fixereste modeste, autourde 350 millions. Enrevanche, la Chinecompte déjà 400 mil-lions d’abonnésmobiles et en ajoute5 millions de pluschaque mois, ce qui enfait le premier marchémondial de téléphoniemobile. Dès 2007, sonréseau 3G pourraitaccueillir de 6 à 7 mil-

lions d’utilisateurs. Etl’on estime, grâce audécollage de la 3G, qu’ily aura 200 millions d’in-ternautes mobiles à

l’horizon 2010. En 2005,le total des sino-inter-nautes a déjà franchiles 100 millions. Il croîtde 30 % par an.

La Chine des télécoms en quelques chiffres

taux à partager une partie deleurs recherches avec ses labo-ratoires. Nul doute que sa longuemarche vers l’innovation ne faitque commencer.

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B ien que très surveillés,les moyens de com-

munication actuellementdéployés en Chine multi-plient les échanges hori-zontaux, plus efficacesque tous les contrôles hié-rarchiques. Aucun doute,le téléphone mobile, lesservices Internet et les

logiciels de peer-to-peertransforment en profon-deur la société chinoise. Sile logiciel suédois Skype(ToIP) a été bloqué untemps par une filiale deChina Telecom, c’était parcrainte d’une «perte decontrôle des communica-tions locales». Chez

Skype, étrangement, onminimise l’affaire : «Leseul pays bloquant encorela killer application duhaut débit, c’est la Coréedu Nord.» Le progrès jus-tifie quelques conces-sions. Oscillant entre lesréflexes d’hier et ceux del’économie de marché, la

Chine s’apprête à attri-buer ses licences 3G, avantl’été 2006. Quatre opéra-teurs locaux sont déjà surles rangs : China Telecom,China Netcom, ChinaMobile et China Unicom.Et trois technologies sonten lice : le WCDMA (Wide-band CDMA, norme euro-

péenne), le TD-SCDMA(Time Division CDMA,standard chinois) et leCDMA 2000 1X (normeaméricaine).

Des licences 3G en 2006

Rendez-vous à Canton,Shanghai ou Pékin.Effectuez un tour com-

plet sur vous-même dans l’unede ces trois plus grandes villes deChine. Prenez garde aux jeunesautomobilistes, de plus en plusnombreux. Levez les yeux : lesgrues s’élèvent partout dans leciel, comme autant de promessesfascinantes et inquiétantes à lafois. Défiant les grandes puis-sances économiques et l’envi-ronnement, les mégapoles chi-noises ressemblent au New Yorkdes années 30. Le contraste avecla Chine d’il y a dix ans est sai-sissant. Le mode de vie occi-dental, dans tous ses excès,devient le modèle. Il ne suffitplus d’avoir une auto et un télé-phone mobile. Pour s’affichersur sa webcam comme unauthentique Chinois du XXIe

siècle, il faut avoir accès au réseaumondial Internet et… si pos-sible, les yeux ronds (débridés?),quitte à passer sur le billard !«Les Chinois ont une culturevisible, mais silencieuse. Ils se fon-dent dans la société où ils viventet posent rarement de problèmes.En affaire, ils sont redoutables.La preuve : ils ont avalé Thomson

Multimedia, des pans d’Alcatel,les PC d’IBM et provoqué leretrait de Siemens dans les télé-phones mobiles», observe BrunoMaurel, le PDG de TelecomDesign.

D’excellentes cartes en main

La Chine a de sérieuses cartesen main pour ce qui concerne leséquipements réseaux et télé-coms. Elle compte en vendreaux sociétés et opérateurs occi-dentaux, mais tient égalementà en profiter sur son territoiredix-sept fois plus vaste que laFrance. Plus d’un téléphone surdeux vendus dans le monde estfabriqué sur le sol chinois. Maisl’atelier mondial des télécomsne se cantonne pas au terminal.Les équipementiers comme ZTEou Huawei Technologies fabri-quent les routeurs et les châssisde commutation dernier cri, ycompris les modèles les plus exi-geants du cœur de réseauoptique des opérateurs.

La Chine se situe au mêmeniveau d’innovation que l’Occi-dent en matière de voix et detéléphonie sur IP. Elle fournit

La Chine consomme aussi des équipementsOn la dit souvent prête à avaler des pans entiersde l’industrie occidentale, sans faire de bruit.Mais la Chine consomme également un nombrecroissant d’équipements réseaux et de servicesde télécommunication.

les infrastructures, les softswitcheset les passerelles médias ; bref,tous les éléments fondamen-taux. Huawei Technologies estomniprésent sur son marchénational, chez China Telecomet China Mobile notamment,tout en remportant d’autresmarchés, au Japon et en Europe.Seuls les Américains font obs-tacle, mais pour combien detemps encore ?

Les sirènesdu “made in China”

Dans le secteur des logicielsde télécommunications, le«made in China» attire aussi unnombre croissant d’opérateurset de prestataires de services IP,

à commencer par… la Chine etl’Inde. Les algorithmes extrême-orientaux génèrent et suiventles factures de communication,assurent la relation avec lesclients et détectent même lesfraudes ! «Des éditeurs commeAsiaInfo ou Subex (à Pékin et àBangalore en Inde) sont très per-formants. Ils s’apprêtent à tra-vailler en Europe à leur tour»,illustre Geoff Butcher, CEO del’éditeur irlandais PrimeCarrier.Selon lui, les acteurs chinoisimpliqués dans la sécurité destransactions sont également enpointe : «En Asie, on pense quecelui qui contrôlera la sécuritédes réseaux pourra contrôler lesmarchés.» Issue du rapproche-ment de l’entité services de

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Lenovo et d’AsiaInfo, la coen-treprise chinoise Lenovo-AsiaInfo propose déjà des pas-serelles VPN, des pare-feu et desservices de sécurité en infogé-rance. On est bien loin de lamontre ou du jouet de paco-tille…

La coentreprise pour modèle

Jeune et conquérante, la popu-lation chinoise se compose d’en-fants uniques arrivant mainte-nant sur le marché du travail.Ces «petits empereurs» atten-dent beaucoup de leur vie pro-fessionnelle : des communica-tions illimitées, un système desoins et de rémunération queleurs parents n’ont pas connu. Laplupart nourrissent l’espoird’être parfaitement éduqués afinde travailler pour un leadermondial du secteur tertiaire, quece soit dans l’énergie, les trans-ports, l’informatique ou les télé-communications.

L’accession de la Chine auxrègles de l’OMC, en 2001, luipermet d’accueillir les derniersprogrammes d’éducation. L’in-génierie et le commerce inter-national sont deux volets privi-légiés. Aujourd’hui, la Chine estle pays qui reçoit le plus d’in-vestissements externes aumonde, devant les Etats-Unis.Une grande partie de cettemanne financière internationaleest injectée dans les coentre-prises, un modèle de participa-tion quasi obligé qui permet decontrôler les investissementsétrangers.

Dans les appels d’offres d’opé-rateurs chinois, quelques com-pagnies occidentales peuventfournir des services de télé-communications, sous certainesconditions. En pratique, l’Etatcontrôle toujours les services debase, mais libéralise progressi-vement les services à valeurajoutée. Récemment, depuisdécembre 2004 pour être pré-cis, les prestataires étrangerspeuvent investir les secteurs dela transmission de données oude la téléphonie mobile. Mais,jusqu’ici, ils doivent respecterune limitation géographique àdix-sept villes chinoises. D’ici àla fin 2006, cette contrainte sup-plémentaire devrait être levée,ainsi que la participation étran-gère dans les joint-ventures, pla-fonnée à 49 %.

Bien pratique, la coentreprise.Huawei Technologies, fournis-seur d’opérateurs locaux maisaussi de France Télécom et deBT Group, s’est associé, tour àtour, à l’Américain 3Com, àl’Allemand Siemens et auJaponais NEC. Depuis janvier2005, le Canadien Nortel Net-works lui a préféré le ChinoisPutian. Ce concepteur d’équi-pements pour les infrastructures3G a aussi été élu par le Finlan-dais Nokia et est chargé de faireévoluer ses infrastructures versla 3G. Putian développe en par-ticulier des systèmes WCDMAet TD-SCDMA ; il peut doncservir les marchés américains,européens et asiatiques. Nortels’est néanmoins associé aussi auCoréen LG Electronics pour dis-poser d’une seconde source

d’approvisionnement. On estjamais trop prudent.

Les expériences chinoises nese révèlent pas toujours posi-tives pour les industriels occi-dentaux. Sans faire de bruit, laChine avale même des pansentiers de l’industrie occiden-tale. Alcatel s’active pourtant àShanghai depuis 2001. Sondémarrage rapide en Chinecoïncide avec une stratégie ambi-tieuse, fondée sur des partenaireslocaux, tels Datang et ShangaiBell. Il s’agit d’accéder de façonsignificative au marché des télé-coms chinois avec de puissantssoutiens locaux.

Des partenaires redoutables

D’autres coopérations sontnouées autour du centre de R&Dd’Alcatel, notamment avecl’équipementier ZTE. Maisl’aventure Tamp Ltd (TCLMobile et Alcatel MobilePhones), qui devait devenir l’undes cinq premiers fournisseursmondiaux de téléphonesmobiles, tourne court. La struc-ture a officiellement démarréau cours de l’été 2004 avec unactif net de 80 millions d’euros.Neuf mois plus tard, en mai2005, la coentreprise à 51% chi-noise jette l’éponge. Alcatel sedésengage et cède sa participa-tion contre seulement 6 millionsd’euros en actions TCL. Sansobstacle, le Chinois peut désor-mais commercialiser ses por-tables sous la marque Alcatel.

L’harmonisation des culturesn’est pas gagnée d’avance.

«Un joint-venture est un vastechantier qui exige un travaildiplomatique pour réussir l’in-tégration de deux équipes auxcultures différentes», conclutPierre Goyeneix, le vice-prési-dent pour l’Europe du Sud de3Com, partenaire du ChinoisHuawei.

Pascal Sage

Pour ses études techno-logiques et marke-

ting, France Télécomconfronte les idées dequatre mille chercheursorientaux et occidentaux.Les services mobileset haut débit formentun enjeu planétaire.Anticiper sur les prochainsservices de télécommuni-cations, qu’ils soient fixes(xDSL) ou bien mobiles(3G, 4G), est devenu indis-pensable pour préserver

les parts de marché. Classésecond mondial dansl’ADSL, avec six millionsd’abonnés mi-2005,l’opérateur est devancépar China Telecom, quicompte plus du doubled’abonnés. Les décideursde France Télécom R&Dencouragent donc le bras-sage d’idées entre leslabos occidentaux et asia-tiques. Au total, septcentres de recherchesphosphorent au-delà des

frontières de l’Hexagone.Deux sont situés enEurope (au Royaume-Uniet en Pologne), deux auxEtats-Unis et trois en Asie(Chine, Corée et Japon).La R&D de l’opérateurcompte ainsi quatre millecerveaux défiant les cloi-sonnements culturels,économiques ou techno-logiques. «La concurrencen’oppose plus des pro-duits entre eux, mais desmodèles économiques

complets et innovants»,martèle-t-on chez FranceTélécom. Il faut donc anti-ciper, voire créer les pro-chains services incontour-nables des utilisateurs,fussent-ils professionnelsou particuliers. Il s’agitaussi d’adapter une offrepléthorique aux attentesdes clients de chaquecontinent ; sans délai.L’activation et le paramé-trage automatique desservices, puis leur person-

nalisation via le Web, passent par de nombreuxdéveloppements informa-tiques. Les centres derecherche et de dévelop-pement doivent travaillerplus efficacement. Refon-dus en groupes transver-saux multidisciplinaires,ils doivent maintenantdébattre sans cloisonne-ment et fédérer leursobservations en mêmetemps que leurs bonnespratiques.

France Télécom R&D : travail collaboratif sur trois continents

L es Chinois Huawei Techno-logies et ZTE vendent non

seulement des équipementstélécoms, mais aussi des offresintégrées à BT, Neuf Cegetelet France Télécom notam-ment. Ils ravissent aux équipe-mentiers traditionnels desparts de marché et sont pré-sents dans les comptes straté-giques, au cœur même desréseaux optiques hollandais(KPN et Telfort). Les Occiden-taux voient néanmoins d’unmauvais œil le modèle pro-posé par l’Asie du Sud-Est, quiles assimile un peu trop à desimples distributeurs. Ils pré-fèrent un autre modèle, plusglobal, dans lequel une partiede la conception, du marke-ting et surtout des ventesreste pilotée par les bureauxeuropéens. Le design, hormisles fonctions de pointe, et laproduction incombent déjàaux partenaires de Chine oud’Inde.

Les opérateurseuropéens validentle “made in China”

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Le marché chinois peut-ilformer un tremplin pourrenouer avec la crois-

sance ? A en voir les effets sur3Com, Siemens ou NEC, on esten droit de le penser. L’équi-pementier Huawei Technologiesveut s’imposer de part et d’autre

de la Grande Muraille. Il aidel’Américain 3Com, l’AllemandSiemens et le Japonais NEC àrevenir dans la course aux rou-teurs et aux châssis de commu-tation d’entreprise, en Asie eten Europe principalement.

Tous les châssis et routeursd’entreprise de 3Com provien-nent maintenant du joint-ven-ture créé en 2003 avec le ChinoisHuawei Technologies. La coopé-ration entre les deux équipe-mentiers remonte au début decette année-là. Les deux parte-naires érigent leur structurecommune en novembre 2003,le temps de lever tous les freinsadministratifs. «Les premierscontacts ont été amorcés par3Com, qui avait la volonté derevenir sur le marché des réseauxd’entreprise», retrace PierreGoyeneix, vice-président pourl’Europe du Sud de 3Com.

Grâce à une gamme complètede châssis de cœur de réseau etde routeurs adaptés aux entre-

prises de toute taille, HuaweiTechnologies permet à plusieursfournisseurs de revenir dans lacourse au marché des entre-prises, un secteur où Cisco cara-cole en tête. 3Com résiste diffi-cilement à son benjamin. Sauf enEurope, où il réalise un peu plusde la moitié de son chiffre d’af-faires. Suivant la bulle Internet,la fortune de 3Com a fondu

entre 2001 et2003. En 2003,l’équipementierdéplace son siègesocial de SantaClara (Califor-nie) vers Marl-borough (Mas-sachusetts), surla côte est desEtats-Unis. Enfait, le barycentreéconomique sedéporte plusloin encore, versl’Asie.

C’est logique-ment par le biaisdu joint-venturesino-américainque le retour engrâce de 3Comsemble se profi-ler. Chaque par-

tie veut contribuer à l’essor de lasociété commune, 3Com pro-curant son expertise des logi-ciels IPv6, de la sécurité et de laconception de circuits Asic, etHuawei apportant ses techno-logies et ses moyens de pro-duction. Une success story entredeux adversaires économiquesdevenus amis ? «La doublemarque Huawei-3Com rencontre

Huawei s’appuie sur 3Com pour franchir la Grande MurailleOuverture internationale, pugnacité commerciale,souplesse et réactivité caractérisent les équipeschinoises qui président désormais à la destinéede la gamme entreprise de 3Com.

Huawei offre à3Com l’occasion

de revenir sur le marchédes entreprises mon-diales avec une offrecompétitive, tant éco-nomiquement quetechnologiquement.Après avoir passé plu-sieurs années chez CiscoSystems, Pierre Goye-neix, vice-présidentde 3Com pour l’Europedu Sud, n’hésite pas àcomparer la réactivitédu Chinois face à celledu géant américain :

«Nous sommescapables d’apporterune nouvelle fonction-nalité à un équipe-ment, parfaitementopérationnelle, enquinze jours seule-ment. Grâce à cela,nous avons remportéun contrat au Créditagricole, qui exigeaitd’adapter une applica-tion monétique decompensation inter-bancaire sur x25.» Lejoint-venture Huawei-3Com disposerait d’une

ingénierie souple etrapide, sans équivalentchez les fabricants occi-dentaux : «Chez Cisco,une telle demanded’évolution exigeraitbeaucoup plus detemps, la validation parde nombreuses strateset le déblocage préa-lable d’un budget.»Autre continent, autresmœurs : l’implantationde réseaux en Chine,semble bien éloignéedes processus occiden-taux. En contrepartie,

les Chinois admettentplus volontiers l’instal-lation d’équipementsen version alpha, quitteà déplacer des ingé-nieurs pour corrigerles bugs et ajouter lesfonctionnalités néces-saires par la suite. «Celaparaît inenvisageabledans une banque occi-dentale. C’est pourquoil’alliance avec 3Comapporte la mixité inté-ressante, le filtragequalitatif et les adapta-tions qui sont tolérées.»

Le Crédit agricole bénéficie de développements rapides

Huawei Technologiesconçoit et produit des

équipements réseaux ouverts,des commutateurs en châssiset des routeurs d’entreprise.Le Chinois assure lui-mêmel’écriture des logiciels et lesservices sur mesure demandéspar ses clients. Le prix derevient des équipementset services, extrêmement bas,lui permet d’être agressif surson propre marché ainsi quedans le reste du monde. «Il estcourant que l’écart de prixatteigne 20 % sur le prix Ciscoune fois ajusté, car leur posi-tion de leader permet demaintenir un niveau de margetrès élevé», note Pierre Goye-neix, vice-président pour l’Eu-rope du Sud de 3Com, parte-naire du Chinois. Selon lui,l’apport essentiel concerneles structures de soutienaux clients. Il ne s’agit pas debrader le support 3Com, ni deproposer des configurationssous-dimensionnées : «Nouslivrons des routeurs avec unjeu de logiciels complet et avecle niveau de mémoire optimal.Livré par Cisco, le produitéquivalent doit être gonfléen mémoire RAM, et il fautlui adjoindre des logiciels.»

Un écart de 20 % surles prix Cisco ajustés

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un succès croissant depuis main-tenant deux ans, auprès des clientschinois et japonais en particu-lier», confirme Pierre Goyeneix.Huawei possédait 51% et 3Com49 % de la structure commune.Cette répartition vient récem-ment de s’inverser, conformé-ment à l’accord prévu à la finde l’année 2003. 3Com vient dereprendre la majorité, avec 51%des parts. Mais pour obtenir les2 % qui lui manquaient, l’Amé-ricain a dû attendre l’assouplis-sement des lois fixant la part descapitaux étrangers dans les coen-treprises et débourser 28 mil-lions de dollars.

Quatre fois plus de bras en trois ans

Dès le départ, la cible du joint-venture Huawei-3Com s’étendau marché mondial. Sa stratégiepeut se résumer en trois volets :premièrement, elle fournit deséquipements réseaux conformesaux attentes des entreprises auxdeux équipementiers ; deuxiè-mement, elle commer-cialise ces nouveauxéquipements en Chineet au Japon sous unlibellé mixte ; troisiè-mement, elle noue desaccords OEM, avec Sie-mens, NEC et quelquesautres fournisseurscherchant à compléterleur famille de produits.En moinsde deuxans, lemarchévalide cettestratégie. D’une part, les équipesaugmentent à grande vitessepour conquérir les marchésémergeants. Partis à sept centcinquante en novembre 2003,ils sont trois mille employés àprésent. Et, d’autre part, le résul-tat financier est au rendez-vous,avec même un an d’avance surles prévisions.

Dans chaque zone ciblée, letriptyque fonctionne mieux queprévu. En particulier, les venteschinoises connaissent une crois-sance colossale. Dès 2004, lejoint-venture tablait sur 150 à200 millions de dollars de chiffred’affaires, puis sur 300 millionsen 2005 et enfin 400 millionscette année. Fin 2004, il a affiché275 millions de dollars de

recettes. Et, en 2005, la coentre-prise a terminé l’année à plusde 400 millions de dollars, soitle résultat prévu initialementpour cette année. Les courbesgagnent donc un an sur le plande développement initial, et celapour une raison simple : «L’ex-

pertise technologique,

ajoutée à la connaissance des mar-chés occidentaux, apporte uncocktail efficace. Nous avons pudevancer, par exemple, des besoinsau Japon», illustre Pierre Goye-neix. En somme, l’écoute desmarchés et la pugnacité com-merciale des équipes déployéessur le terrain comptent autant– si ce n’est plus – que la qua-lité des équipements. Sur troismille employés, un millier sontdédiés au seul commerce deséquipements réseaux sur laChine et le Japon.

Que se passe-t-il en Europepour les deux partenaires ? Leniveau des charges salarialesrend impossible, comme en Asie,la multiplication des forces vives.Le renfort vient donc, une fois

de plus, de Chine. Les équipesinternationales de Huawei Tech-nologies ciblent avant tout lesopérateurs, traquant leurs plansd’expansion ou de renouvelle-ment de routeurs. Mais pas seu-lement. Une partie des techni-ciens chinois soutient aussi lesventes de 3Com. Ce faisant, ceséquipes apprennent beaucoupdes entreprises occidentales.Coordinateurs et ingénieurs issusde Huawei-3Com accompa-gnent donc les commerciaux ettechniciens avant vente dès lesphases d’études, puis lors dumaquettage des réseaux d’en-treprise. A ce stade, ils n’hési-tent pas à proposer et à déve-lopper des fonctionnalités jugéesimportantes par le client. ChezEDF, dans les ministères fran-çais comme dans les banquesoccidentales, on apprécie ce ser-vice «sur mesure». Récemment,le Crédit agricole a bénéficiéd’une adjonction essentiellepour ses activités monétiquesqui lui a fait retenir des équipe-ments 3Com-Huawei (lire l’en-cadré page 38). Et la DSNA(l’aviation civile) fait confianceaux routeurs de Huawei pourfaire évoluer son infrastructurede communication.

Les défis à relever

Capable de conquérir desmarchés distants (chinois, japo-nais, occidentaux) en adaptantrapidement ses équipements, lejoint-venture a encore plusieursdéfis à relever.

Les grands comptes améri-cains hésitent à confier leur ave-nir informatique à une struc-ture sino-américaine. L’effortactuel de 3Com consiste doncà garantir aux clients que sescontrôles qualité s’appliquentaussi aux processus de fabrica-tion chinois. En outre, la coen-treprise doit répondre auxattentes de ses clients en matièrede sécurité, les portables PC del’entreprise étant utilisés à lamaison, dans les transports etconnectés à des points d’accèspublics. Les réseaux sans fil, lesterminaux mobiles et leurs ser-vices doivent être pris en consi-dération. «Cette piste de déve-loppement est importante, maisc’est un aspect du marché surlequel on reste prudent», admetPierre Goyeneix. Jugée plusstratégique, l’acquisition deTippingPoint en 2005 permetde sécuriser les flux du réseaud’entreprise. Le spécialiste de laprévention d’intrusions va faireévoluer les infrastructures de3Com-Huawei. Les équipementsréseaux pourront identifier etbloquer les tentatives de déni deservices, de vol ou de piratagede transactions, par exemple.De tels algorithmes pourraient-ils échapper au contrôle de3Com ? «Tout est différent enChine, y compris la vision de laprotection intellectuelle. Noussommes très attentifs, mais nousavons toute confiance dans notrefiliale et notre partenaire HuaweiTechnologies», observe le vice-président. Selon lui, le contrôlecomplet de la chaîne de valeurs

C réé en 1988, l’équi-pementier chinois

Huawei Technologiesdispose d’une forcede travail de trente-sixmille collaborateurs,dont 45 % sont dédiésau développementde nouveaux produits.Ses ventes en 2005ont atteint 8,2 milliardsde dollars, soit unecroissance annuelle de40 %. L’investissementen R&D représente10 % de son chiffre

d’affaires. Le principalsuccès du Chinoisconsiste à confortersa position dans lesréseaux fixes. Lesgrands contrats signés– avec Neuf Cegetel etCompletel en Francepar exemple – couvrentle transport optique etl’ADSL. Après le pland’expansion annoncéen 2005 par Completel,Huawei devient ainsile fournisseur privilégiéde l’opérateur français

pour la fourniture denouvelles infrastruc-tures reposant surles DSLAM et sur latechnologie optiqueDWDM. Sa faculté depersonnalisation desproduits, associée auprix des solutions glo-bales, fait la différencedans un secteur haute-ment compétitif. Lespartenariats universi-taires, industriels etmarketing préparentl’avenir. Pas moins

de vingt programmesd’éducation sont spon-sorisés par Huawei enChine. Agere Systems,Intel, Texas Instru-ments, Sun Microsys-tems, Motorola, Qual-comm, Microsoft etInfineon Technologiespartagent leurs labora-toires avec l’équipe-mentier. IBM, Intel,Texas Instruments etMotorola entamentune coopérationmarketing.

Huawei séduit Neuf Cegetel et Completel

Du cœur de réseaudes opérateurs auxproduits destinés auxentreprises, Huaweicouvre tout le spectredes besoins en télécoms.

Photos D.R.

D O S S I E R

40 Réseaux & Télécoms | n° 236 | Avril 2006 www.reseaux-telecoms.net

Quelles sont les spécificitésde votre entreprise ?

Lin Cheng : Ce qui nous diffé-rentie des autres équipemen-tiers, c’est avant tout notreassise sur le marché chinois.Avec vingt-sept milleemployés, nous sommesle premier fabricant d’équipe-ments de télécommunicationsen Chine. Présents àShanghai, à Shenzhen,à Pékin (et aussi en Inde etau Pakistan, ndlr), nous tra-vaillons de façon étroite avecles opérateurs. Cette collabo-ration joue un rôle très signi-ficatif à cause du nombrecroissant d’abonnés. Le succèsdes opérateurs asiatiques faitnotre succès. Les opérateurseuropéens s’intéressent deplus en plus au marché chi-nois et aux acteurs majeurscomme nous. Mais il nousreste encore beaucoup à faire.Nous devons garantir lapérennité de nos produitset de nos développementsdans le temps.

Vous vous installez dansle Poitou. Est-ce pour fabriqueren France ?

L. C. : Nous n’avons pas l’in-tention de fabriquer d’équipe-ments en France, mais nousouvrons un centre de forma-tion et de maintenance. Plustard, éventuellement, nousouvrirons un centre de migra-tion. Cela nous permet de tra-vailler avec des sociétés fran-çaises et européennes et detester sur place des solutionsglobales. Notre siège européenest déjà en France. C’est unmarché très dynamique etcentral pour l’Europe. Ony trouve des ressources trèscompétentes parlant l’anglais.Notre premier client enEurope est France Télécom.

Notre coopération porte surles terminaux mobiles sousLinux. Nous développons,sur notre plate-forme logi-cielle, des logiciels embarquéspour le smartphone ZTE.Avec Alcatel, notre accordconcerne principalementla norme CDMA. Alcatel estun fournisseur global présentdans le monde entier, quigagne des parts de marchéavec notre produit d’infra-structure radio CDMAgreffé sur son propre cœurde réseau.

Quel est actuellementvotre principal défi ?

L. C. : Pour l’instant, notreplus grand défi consiste ànous imprégner de la cultureeuropéenne, très éloignée dela culture chinoise. Nos col-lègues et nos employés euro-péens apprennent, eux aussi,à connaître ZTE et sa culture.Nous souhaitons intégrerdes Européens dans le circuitde décision. C’est un défique nous voulons relever pourdévelopper notre marque auplan mondial. Nous étionsprésents aussi à Barcelone,lors du 3GSM, avec trois tech-nologies radio et avec notrecœur de réseau IMS, pourla convergence fixe-mobile.Nous ciblons, pour l’instant,les opérateurs exclusivement.Les entreprises viendrontdans une étape ultérieure,au-delà de 2007 sûrement.Nous n’avons pas encore lataille pour aborder ce marché,ni la force d’ingénierie tech-nique et marketing.

Quels équipements commercialisez-vous ?

L. C. : Nous disposons d’unegamme très large d’équipe-ments, allant des terminaux

mobiles ou fixes aux équipe-ments DSLAM, en passant parles infrastructures radio. Noustravaillons sur les réseaux fixeset mobiles, le cœur et la péri-phérie des infrastructuresd’échange de données. Notrecollaboration avec Intel, parexemple sur le réseau Wimax,est très active. Elle concerneles normes 802.16b et 802.16e(non encore figée). Les mar-chés sont plus mûrs en Asiepour ces derniers réseaux.

Comment vos clients choisis-sent-ils entre les deux Wimax ?

L. C. : Tout dépend des appli-cations principalement. Lanorme 802.16 b convientaux applications fixes lorsquel’utilisateur ne bouge pas.Elle s’inscrit entre des stationsde base GSM ou 3G ou bienen déport d’abonnés, là oùle réseau filaire ne passe pas.Le standard 802.16e adressedavantage le nomadisme et lesaccès Wi-Fi. L’Asie commencepar déployer la norme802.16b. Le marché européenest un peu plus limité pournous à cause des accès à hautdébit UMTS déjà déployés. Leroaming n’est pas très urgent,et les stations de base sontdéjà reliées par des fibresoptiques. En revanche, lespays émergeants adopterontle réseau Wimax, en particu-lier là où la téléphonie n’estpas encore très développée.

Propos recueillis par Pascal Sage

ENTRETIEN AVEC L IN CHENG, ZTE

ZTE s’installe dans le Poitou

Lin Cheng, vice-président de ZTEpour l’Europe de l’Ouest

D.R

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passe par un processus mieuxhuilé d’écoute des marchés,d’imagination des futurs besoins,de développement et de com-mercialisation de nouveaux pro-duits. L’offre des deux parte-naires pourra s’étendre peu àpeu à la téléphonie sur IP et à lamessagerie ambiante, notam-ment via une collaboration avecRIM qui permet d’intégrer leterminal Blackberry dans l’in-frastructure réseau de l’entre-prise.

La téléphonie sur IP à l’horizon

Des commutateurs Wi-Fi etdes équipements SIP complé-teront également la gammeactuelle. Une coopération ren-forcée avec les équipementiersoccidentaux et sud-coréens estd’ailleurs prévisible, autour desmesh networks notamment :«Nous annoncerons des accordstechnologiques en Europe pro-chainement. Sans concurrencerles fabricants de terminaux grandpublic, nous interfacerons lessmartphones avec les applica-tions convergentes de l’infra-structure, avec des fonctions auto-matiques de gestion de latéléphonie sur IP», prévoit le vice-président. 3Com n’a pas voca-tion à aller vers la périphérie duréseau, mais plutôt à instillerdavantage de fonctionnalitésdans l’infrastructure d’entre-prise. Elle reconnaîtra les diffé-rentes applications ainsi que lesutilisateurs des terminaux fixesou mobiles, sans transformerl’environnement en place :«Notre but consiste à mieux ser-vir l’utilisateur final sans toucherà son poste de travail», confirme-t-on chez 3Com.

3Com et son allié chinois veu-lent élargir le cercle vertueuxdessiné ensemble à partir de laChine, puis étendu aux pays pré-sentant un fort potentiel dedéveloppement en réseaux ettélécommunications. Accom-pagner l’essor des marchés s’ou-vrant au reste du monde est unetactique habile. Mais les deuxpartenaires ne doivent pas négli-ger les mutations actuelles, liéesnotamment à la convergencedes infrastructures fixes etmobiles et à celle des servicesvoix et données.

Pascal Sage

D O S S I E R

www.reseaux-telecoms.net Réseaux & Télécoms | n° 236 | Avril 2006 43

Le niveau de service desfabricants asiatiques estsemblable à celui des Occi-

dentaux, et il progresse vite», sou-ligne Bruno Maurel, PDG deTelecom Design. Sur un mar-ché vaste et fragmenté, le Bor-delais procure des modules decommunication amovibles auxgroupes Thales eTransaction,Sony, Pionneer, Thomson Multi-media ou encore Canal+. Cesderniers raccordent leurs ter-minaux via le réseau télépho-nique commuté (RTC), un lienRNIS, un modem câble, un brinEthernet, un canal Wi-Fi ouencore une liaison GSM/GPRS.Les modules Telecom Design auformat Xtract, sont très appré-ciés. Compacts, ils sont prochesde la taille d’une extensionPCMCIA, mais plus robustes,plus économiques et plus sûrsque celle-ci.

Atouts chinois : le prixet la réactivité

«Nous avons commencé parattaquer les décodeurs satellite,puis les machines à affranchir etles terminaux de paiement.L’essentiel de nos revenus est issude ces trois marchés», retrace leBruno Maurel. Ascenseurs, équi-pements médicaux, automatescomplètent l’offre M2M dufournisseur français. Son plande développement prévoit d’al-ler vers davantage de segments :«Innover demeure indispensable.Nous travaillons les technologiespour y parvenir. Mais nos rivauxqui se portent bien ont fait lesmêmes choix d’externalisationque nous.» Confronté à uneclientèle exigeante, TelecomDesign doit sans cesse comparerles coûts de fabrication et demaintenance. Selon son PDG,

l’écart de prix est rare-ment inférieur à 20 % enfaveur de la Chine. Second fac-teur : la réactivité. «La Chine sortde la misère, et son appétencecroît de façon exponentielle.»Pour un petit industriel, cela setraduit par une capacité deréponse et des délais de pro-duction deux à trois fois pluscourts. A l’heure du time to mar-ket rapide, c’est une donnée deplus en plus sensible.

Le principal partenaire asia-tique de Telecom Design est In-tech, dont le siège est à Hong-kong. Cette entreprise emploiequatre mille personnes à Shen-zhen, et son usine fabrique éga-lement les téléphones Dect dePhilips. Le volume de produc-tion de Telecom Design (un mil-lion et demi d’unités depuis2001) est «trop réduit pouratteindre les bons optimums élec-troniques. Avec In-Tech, nouspouvons mutualiser notre panierd’achat et acheter au prix dessous-traitants électroniqueschinois.»

Devenus concepteurs, lesChinois épaulent réellementleurs clients occidentaux. Unfabricant comme HTC produitdes équipements de A à Z, dansdes délais incomparables. «Ils

disposent debibliothèques technolo-

giques pour construire les boîtiersélectroniques aux fonctions lesplus demandées, intégrer l’envi-ronnement système, un micro-contrôleur et un conditionnementpersonnalisé.» Bref, ce ne sontplus des loueurs de chaînes deproduction, mais bel et bien despartenaires pour l’entreprise.

Un justeéquilibre

La zone de danger pour unePMI serait de «se transformer ensimple distributeur en mainte-nant seulement le marketing etle commercial», reconnaît-il. MaisTelecom Design n’en est pas là :elle pilote toujours le processusindustriel, et sa cellule marketingtravaille en binôme avec un chefde projet R&D. «Si nos métiers seréduisent au commerce, on perdnotre âme. Mais une organisa-tion peu externalisée impliquedes prix excessifs. Il faut doncmanœuvre entre les deux.»

Les modules de communica-tion amovibles équipent les ter-minaux en fin de production,un intérêt d’autant plus évidentque la plupart des produits sont

assemblés en Europe de l’Est ouen Chine. La PMI bordelaisecompte maintenant pour clientsdes Chinois tels Force Electronicou Anam.

Un million et demi de modules

Le Français Telecom Designcommercialise, depuis Bordeaux,des modules de transmission dedonnées et d’échanges M2M.Depuis 2001, il a produit un mil-lion et demi de modules de com-munication. Son partenaire chi-nois In-Tech lui permet de passerà la vitesse supérieure, huitmodules sur dix étant destinésà l’international. Son cœur decible se compose de fabricants determinaux de paiement élec-troniques, décodeurs, centralesd’alarme, ascenseurs ou pan-neaux d’affichage. Créée en 2000,la PMI a été introduite sur lemarché libre Euronext pourgagner en visibilité auprès desgrands industriels. Son chiffred’affaires 2004 atteint 9 millionsd’euros, et l’entreprise est ren-table. Avec le soutien du réseaud’affaires local INS, focalisé surles télécommunications, elle asu convaincre de grands fon-deurs de silicium. Elle travaillenotamment avec Agere, Silicon-Labs, Motorola, Freescale pourles modules Ethernet et Zigpee,avec Connexant et Siemens pourle GSM/GPRS.

Pascal Sage

Telecom Design exploite le filon chinoisSes grands clients doivent livrer des terminauxintelligents compatibles avec de multiples liaisonsde données. La PME bordelaise relève le défiavec un sous-traitant chinois.

Modules de Telecom DesignLe fabricant sous-traite en Chine :moins cher et plus réactif.

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44 Réseaux & Télécoms | n° 236 | Avril 2006 www.reseaux-telecoms.net

Les Américains craignent-ilsles équipementiers chinois ?

Navi Radjou : Pas vraiment.J’ai discuté avec des décideursde Cisco. Ils ne sont paseffrayés par leurs homologueschinois et évoquent volontiersl’accord entre Huawei et3Com, car ce concurrent n’estjamais parvenu à pénétrerle marché américain. Ils fontvolontiers l’amalgame avec lemarché automobile, sur lequelles véhicules chinois sontencore des modèles d’entréede gamme. Mais la compéti-tion touche aussi le haut degamme. Un opérateur commeBT retient Huawei pour sesapplications critiques.

Qu’est-ce qui leur permetde se croire intouchables ?

N. R. : Les standards de la télé-phonie mobile, en particulier,forment une barrière d’entréepour les équipementiers asia-tiques. Les Européens ont desinfrastructures plus per-méables. Aux Etats-Unis, lespartenariats entre fabricantsnord-américains (Cisco,

Nortel…) et opérateurslocaux datent de plusieursdécennies. On peut mêmeparler de connivence avec lesgéants de la communicationsans fil en particulier. Autreexemple, le câblo-opérateurComcast noue uniquementdes relations donnant-don-nant. Si l’on observe les struc-tures des équipementiers, desrelations financières existentaussi. Pourtant, je ne sais passi tous ces éléments permet-tront au bastion américain derésister encore longtemps.

Quels phénomènes peuventfaire évoluer les choses ?

N. R. : Forrester Researchprévoit davantage d’échangesmobiles entre les humains,mais aussi entre des auto-mates et des machines com-municantes. Cet avènementdu M2M transformera lemonde IP. Avec l’explosion dunombre de terminaux, les bar-rières d’entrée vont s’écrouler.Un autre marché s’ouvre. Onévoque beaucoup la téléméde-cine, les besoins des personnesâgées, la télésurveillance. Bref,

le pouvoir d’Internet seraétendu aux machines. Ducoup, le statu quo actuel deséquipementiers et des opéra-teurs me semble fragile. Laconcurrence exerce une pres-sion sur les opérateurs, quidoivent réduire leurs coûtspour attaquer de nouveauxsegments. Tous ces facteurschangent la donne.

Où en sont les équipementiersasiatiques en 2006 ?

N. R. : Les Chinois veulents’interfacer avec les clientsoccidentaux, à travers uneprésence locale. La coentre-prise permet des partenariatsà court terme et aussi unecommercialisation dans lespays européens. Ils appren-nent comment fonctionnentles marchés. A terme, ces équi-pementiers pourraient suivrele modèle des Indiens dans lesservices informatiques, etacheter peu à peu certains deleurs partenaires occidentaux.On peut aussi imaginer untandem sino-indien – Huawei-Wipro par exemple – partantà l’assaut des marchés améri-cains et européens. La sociétéde services indienne Wiprodispose déjà d’un pôle decompétences et prospecte leséquipementiers chinois.Comme les entreprises occi-dentales attendent des solu-tions clés en main, l’enjeuconsiste à accéder aux déci-deurs métiers, et non seule-ment aux responsables infor-matiques et télécoms.

Les services et infrastructuressont-ils toujours en retrait ?

N. R. : Le marché des servicesest très fragmenté en Chine.En Inde, cinq grands acteurscontrôlent plus de la moitiédu marché ; en Chine, les

vingt premiers fournisseurs deservices ne contrôlent que 20à 30 % du marché en valeur.Nous prévoyons une consoli-dation, à ce niveau, d’ici cinqà dix ans : un ou deux grandsfournisseurs de services émer-geront. Les équipementierschinois n’ont pas encore l’es-prit «services». Il existe degrandes différences entre lesopérateurs occidentaux et chi-nois, en termes de combinai-sons de technologies et deprocessus. En Chine, on nedispose pas d’inventaire de cequi est mis en place. Il existe laversion officielle et la versionofficieuse en terme de nœudsde réseaux. Ce manque detransparence pose des pro-blèmes, car la capacité réelledes réseaux est difficile àdéterminer. En Europe et auxEtats-Unis, on mène desaudits officiels des infrastruc-tures. Les constructeurs occi-dentaux veulent savoir où enest exactement la Chine. Maisle pays est encore réticent,sans doute par peur de décou-vrir son retard réel, commedans l’exploration spatiale. Ilsouhaite maintenir une imagede pays avancé.

Propos recueillis par P. Sage

ENTRETIEN AVEC NAVI RADJOU, FORRESTER RESEARCH

L’Amérique du Nord, ultime bastion à conquérir

Navi Radjou,analyste chez Forrester Research

D.R

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Le centre de recherches de Microsoft à BeijingLes Américains ne sont pas effrayés par leurs homologues chinois.

D.R

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PA N O R A M A

SIP fait baisser les prix des Malgré des gages d’interopérabilité limités, les terminaux SIP d’entrée de gammes’affranchissent du monde propriétaire et fournissent les services voix de base.

Panorama

H.323

MGCP

Ecran

codecs

Commutateur

PoE 802.3af

Prix

Sept postes etun titre à pourvoir

IP 10Soui

oui

afficheur graphique

G.711, G.729, G.723.1

10/100

oui

130 € HT

SWISSVOICE

BudgeTone 102non

non

LCD/LED, 12 caractères

G.711, G.729, G.723.1, G722, G726, G728

10Base-T

non

85 € HT

GRANDSTREAM

SpeedTouch 2020non

non

2 X 16 caractères

G.711, G.729, G.723.1

10/100

oui

90 € HT

THOMSON

Evidemment, il y a Cisco, Mitelou Avaya… mais il existe aussides acteurs moins prestigieuxet beaucoup moins chers sur lemarché des téléphones SIP

(Session Initiation Protocol). Or, le prixest sans conteste un critère fondamental duchoix d’un parc pour l’entreprise qui veuts’affranchir des solutions propriétaires etmettre en place un réseau de téléphoniesur IP (par exemple avec un IPBX SIP detype Asterisk, logiciel Open Source pouvantêtre installé sur un système Linux). Pourl’entreprise qui reste fidèle à un grandconstructeur, il faut être plus nuancé. Lechoix du terminal est alors largement condi-tionné par le choix de l’autocommutateur.Car SIP assure souvent le service minimal,les services à valeur ajoutée restant plutôtassociés aux protocoles propriétaires. Leprotocole de signalisation permettra biende s’interfacer avec des logiciels commeLive Communication Server (Microsoft) ouLotus Sametime 7.5 (IBM) pour appor-ter de nouveaux services de convergenceaux utilisateurs. Mais pour les postes, ilparaît assez logique de choisir les terminauxde la marque de son IPBX pour bénéfi-cier de toutes ses fonctionnalités. «Pour lesappels voix, il n’y a pas de problème ; maisdès que l’on veut, par exemple, faire de l’au-thentification, on n’est plus vraiment sûr del’interopérabilité», estime Laurent Strullu,

consultant en architecture NGN (NextGeneration Network) chez Devoteam. Bienentendu, même dans un monde proprié-taire, il y a toujours des utilisateurs quin’auront besoin que de services voixbasiques. Ceux-là pourront donc se conten-ter de téléphones SIP bon marché.

Chez Avaya, le premier téléphone SIPest vendu 180 euros (modèle 4602). ChezMitel, on passe à 190 euros (5212) et chezNortel à 333 euros (i2004), en attendantles mises à jour SIP prévues pour l’été surles postes d’entrée de gamme du fabricantaméricain. Les terminaux qui figurentdans le tableau ci-dessous sont, quant àeux, proposés à un maximum de 130 eu-ros. En outre, les tarifs donnés ici sont lesprix publics, et les prix réellement prati-qués par les distributeurs sont souventlargement inférieurs ; parfois jusqu’àdeux fois ! Il faudra donc se garder descomparaisons hâtives quant aux écartsconstatés dans le tableau.

Des fonctions classiques

Les téléphones SIP présentés suppor-tent tous les protocoles de qualité de ser-vice à mettre en place pour garantir labonne marche d’un réseau de téléphoniesur IP : 802.1q pour l’isolement des fluxvoix dans des réseaux locaux virtuels(VLAN), 802.1p pour la gestion des

classes de service et Diffserv pour la prio-ritisation des flux sur le réseau étendu.Même si, comme le souligne LaurentStrullu, «le surdimensionnement se révèleparfois plus simple que la mise en place decertains protocoles de qualité de service».D’autant plus que l’algorithme standardde numérisation des flux, G.711, limite laconsommation de débit à 64 Kbit/s. Leprotocole G.729 compresse même cettevoix sur 8 Kbit/s. Et G.723.1 limite le dé-bit consommé à 6,3 Kbit/s.

Parmi les terminaux d’entrée degamme présentés ici, seul l’IP10S deSwissvoice supporte les protocoles H.323

46 Réseaux & Télécoms | n° 236 | Avril 2006 www.reseaux-telecoms.net

Sour

ce :

Gar

tner

Dat

aque

st,

janv

ier

2006

VENTE DE TÉLÉPHONES IP PAR CONSTRUCTEUR

24,1%

15,4%11,8%

8%

7,8%

32,9%

CiscoSystems

Alcatel

En Europe de l'Ouest, en 2005

Siemens

Autres

Nortel

Avaya

téléphones IP

OptiPoint 150 Snon

non

2 X 16 caractères

G.711, G.729, G.723.1

non

oui

90 € HT

SIEMENS

i220 SIP Phonenon

non

2 X 16 caractères

G.711, G.729, G.723.1

3 ports 10/100

oui

119 € HT

AASTRA MATRA TELECOM

3101 Basic Phonenon

non

graphique, 160 x 33 pixels

G.711, ADPCM, G.729ab

10/100

oui

130 € HT

3COM

SPA901non

non

non

G.711, G.726, G.729, G.723.1

non

non

109 € HT

LINKSYS

PA N O R A M A

et MGCP. Si l’histoire du premier est,a priori, plus longue que son avenir, lestandard MGCP (Media Gateway ControlProtocol) semble particulièrement appré-cié depuis quelques mois avec l’émer-gence des offres d’hébergement de la té-léphonie. Tous les opérateurs de CentrexIP ont recours à ce protocole, qui placel’intelligence des services téléphoniquesau cœur du réseau et permet, de fait, desdéploiements très rapides de réseaux deToIP. Bien entendu, Swissvoice n’est pas leseul à avoir compris l’intérêt de MGCP.Le récent modèle SpeedTouch 2030 deThomson, par exemple, le supporte aussi.

Pour le reste, les différents modèles pré-sentent des fonctions classiques : affichagedu numéro de l’appelant, voire de sonnom, haut-parleur avec ou sans modemains libres… Les téléphones possédantun commutateur avec deux ports Ether-net peuvent être simultanément branchéssur le réseau local et sur le poste de tra-vail. L’entreprise y fait l’économie d’undouble câblage et d’un port Ethernet parposte sur les commutateurs de périphé-rie. Si l’on excepte les modèles BudgeTone102 et SPA901, le réseau Ethernet pourraaussi assurer l’alimentation électrique desterminaux grâce à la compatibilité802.3af. Ce qui permet là encore de fairel’économie d’un câble. Bien sûr, commu-tateur et alimentation électrique parEthernet sont assurés sur tous les modèleshaut de gamme des constructeurs.

Comme H.323, SIP permet de trans-porter d’autres flux que la voix, la visio-

phonie par exemple. Mais les modèlesbon marché ne sont pas conçus pour ap-porter ce type de service. De toute façon,leur mise en place demanderait une étudeplus approfondie de chaque produit, carl’interopérabilité a ses limites. SIP veuttout dire et pas grand-chose, puisqu’untéléphone compatible SIP peut respecter àla lettre la dernière RFC (Request ForComments) promulguée par le SIPForum comme il peut se contenter de res-

pecter une vieille recommandation. Ainsi,le téléphone SIP d’entrée de gamme chezCisco est vendu 130 euros (modèle4905G) ; la fiche technique américaineprécise une compatibilité avec la RFC2543, établie en mars 1999 et aujourd’huitotalement dépassée. La présentationfrançaise du produit préfère d’ailleurs nepas mettre en avant cette conformité, leterme SIP étant absent de sa présentation.

Olivier Descamps

Le raz-de-maréeasiatique ne

semble pas encoreavoir submergé lemonde de la télé-phonie SIP. Bienentendu, bonnombre de termi-naux sont fabriquéslà où la maind’œuvre est bonmarché, donc enAsie ; mais les princi-paux fournisseursrestent malgré toutdes Européens etdes Américains.L’offre de Huawein’est par exemplepas encore dispo-nible en Europe.

Le leader s’appelletoujours Cisco, enparticulier sur lehaut de gamme,et ses challengersThomson ou Swiss-voice. Quant auxpetits fabricants,notamment asia-tiques, ceux quine cherchent pasà innover, mais quirespectent scrupu-leusement lesnormes, ils semblentdavantage percerdans le monde descommutateurs quedans celui des termi-naux. Une histoired’esthétisme ?

«Nous recevons par-fois en tests des pro-duits de petits four-nisseurs asiatiques,explique JérémyCohen, directeur deIP&Co, un distribu-teur spécialiste de laToIP, mais lorsqu’untéléphone ne payepas de mine, qu’ilprésente une coquedes années 60, onest sûr qu’il ne sevendra pas. Enoutre, il est difficilede conquérir le mar-ché européen sansun grand nom !»Cisco, en tout cas,semble avoir pris

les devants.Le constructeurconnaît toujours lemême succès. Mais,bien conscient queson offre n’est pas lamoins chère, il s’estoffert il y a un an lefabricant asiatiqueSipura pour lecompte de sa divi-sion Linksys. Si unjour SIP est vraimenten mesure de ren-verser le marchédu propriétaire, nuldoute que l’entréede gamme de Ciscosaura se mettreau niveau deses concurrents.

Les fournisseurs asiatiques en retrait

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Phot

os :

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