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COMMISSIONS POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX MONASTIQUE BULLETIN DES COMMISSIONS FRANCOPHONES N° 52 - Juillet 2015 Colloque-Bouddhistes-Chrétiens Meylan Juillet 2015

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COMMISSIONS POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX MONASTIQUE

BULLETIN DES COMMISSIONS FRANCOPHONES

N° 52 - Juillet 2015

Colloque-Bouddhistes-Chrétiens – Meylan Juillet 2015

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Prière interreligieuse

Dieu tout-puissant et éternel, Père bon et miséricordieux ; Créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ; Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, Roi et Seigneur du passé, du présent et de l’avenir ; seul juge de tous les hommes, qui récompense tes fidèles par la joie éternelle ! Nous, descendants d’Abraham selon la foi en toi, Dieu unique, juifs, chrétiens et musulmans, nous sommes humblement devant toi et nous te prions avec confiance pour ce pays, la Bosnie-Herzégovine, afin que puissent y habiter en paix et dans l’harmonie les hommes et les femmes croyants de diverses religions, nations et cultures. Nous te prions, ô Père, pour que cela advienne dans tous les pays du monde ! Renforce en chacun de nous la foi et l’espérance, le respect réciproque et l’amour sincère pour tous nos frères et sœurs. Fais qu’avec courage, nous nous engagions à construire la justice sociale, à être des hommes de bonne volonté, remplis de compréhension réciproque et de pardon, artisans patients de dialogue et de paix. Que toutes nos pensées, nos paroles et nos œuvres, soient en harmonie avec ta sainte volonté. Que tout soit en ton honneur et à ta gloire, et pour notre salut. Louange et gloire éternelle à toi, notre Dieu ! Juifs, chrétiens et musulmans, aux côtés du pape François, lors de sa visite apostolique en

Bosnie-Herzégovine ont prié « afin que puissent y habiter en paix et dans l’harmonie les

hommes et les femmes croyants de diverses religions, nations et cultures ». 6 Juin 2015

Belgique :

La Commission Interdiocésaine pour les Relations avec l’Islam (CIRI) a organisé la 10ème rencontre de la CIRI, le Samedi 7 mars 2015,

à Louvain-la-Neuve. Le thème en était :

« Comprendre et prévenir la radicalisation de jeunes musulmans. »

Après le mot d’accueil par Monseigneur Guy HARPIGNY , et l’ introduction de la journée par Ignace BERTEN O.P. Théologien, membre de la CIRI , le Film de Dounia BOUZAR « Endoctrinement, mode d’emploi », traitait le problème sous l’angle anthropologique, Philippe van MEERBEECK. Professeur émér ite UCL l’étudiait sous une approche

psychologique, « L’adolescence et la quête d’idéal ». Felice DASSETTO. Professeur émér ite UCL , selon une approche sociologique.

« Radicalisme et djihadisme ». Approche anthropologique selon Film de Dounia Bouzard « Endoctrinement, mode d’emploi. » L’endoctrinement s’appuie sur le mythe de la pureté et du martyre : * Pureté – les gens du groupe doivent ressentir la même chose. Le mimétisme remplace la raison. Les élus du djihad ont plus de discernement, les autres ne peuvent pas comprendre, donc les autres ne sont pas des vrais musulmans. *Mythe du martyre : Ils cherchent la mort parce qu’on leur a promis le paradis ! Pour le Prophète, la fin du monde est maintenant, seuls les martyrs iront au paradis. Un descendant du Prophète, dernier Imam, descendra sur la terre. Ce sera la troisième guerre mondiale. Tous les humains iront brûler en enfer, sauf ceux qui auront cru au vrai Islam et qui auront combattu. Approche psychologique de l’adolescence et sa quête d’idéal, par Philippe van MEERBEECK, Comment comprendre et prévenir la radicalisation du jeune musulman surtout s’il n’a aucune référence ? *D’où vient chez les jeunes l’incroyable besoin de croire ? Lors de la puberté vient le pouvoir de donner la vie, survient aussi le pouvoir de donner et de se donner la mort. Il s’agit d’entrer dans un travail psychologique qui a été occulté en Occident. Il faut revoir l’éducation juvénile comme une initiation. Les jeunes sont contraints à s’initier par eux-mêmes, on pense qu’ils vont se débrouiller tout seul. Or le moment pubertaire ramène toutes les pulsions de la petite enfance. Entre 0 et 6 ans, l’enfant grandit avec tous les interdits enfouis en lui, quand on fait sauter un interdit, tous sautent en même temps : vampirisme, cannibalisme, etc… Les enfants soldats sont contraints de violer des femmes de l’âge de leur mère et de les étrangler ensuite, (inceste et meurtre).

EVENEMENTS - RENCONTRES

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C’est une période de mutation radicale du corps. Il y a une prise de distance face aux « parents menaçants ». Le cerveau se développe extrêmement entre 15 et 25 ans, cela se joue aussi dans les liens avec les autres (amitiés…). Il y a un désir de croire, un désir d’entendre le discours, de dédier sa vie à plus grand que soi. Le cerveau de l’ado est grandement ouvert à tout cela ! Mais qui leur donne tout cela aujourd’hui ? La capacité de croire en soi, en l’autre, s’inaugure au tout début de la vie, il faut un père aimant ! Les pulsions se calment entre 6 et 12 ans, puis, elles explosent ! C’est un âge hautement « pervers », les grandes tentations universelles apparaissent. (Mimétisme, faire partie du groupe en étant original). L’adolescent et le mythe arien : ce fut le siècle le plus cruel de toute l’histoire de l’humanité. Il y a eu des discours fanatisants qui ont amené des millions de morts ! Si personne ne répond à ce

besoin de croire, tout saute ! Ce monde est-il géré par un divin qui contrôle et dirige tout ? Le communisme a prétendu que l’idée de Dieu était une idée historique, donc qu’on pouvait vivre sans dieu…Nous sommes face à un besoin de croire dans un monde désenchanté. Chacun est singulier, et recherche. Sur internet nous trouvons les questions suivantes : « Dieu existe-t-il ? Qu’est-ce qu’un homme, qu’est-ce qu’une femme ? » Quelle réponse donnons-nous ? Sur internet elles peuvent être effrayantes : la pornographie montre une sexualité poubelle infantile, les musulmans le disent bien ! Donc un jeune sera séduit par un discours sectaire, magique, de sacrifice…Si on parle de mourir pour Dieu, tout adolescent croit qu’il vit après sa mort ! C’est donc un âge très compliqué. L’idée sacrificielle est très juvénile. Approche sociologique a été faite par Felice DASSETTO Professeur émérite UCL qui a

présenté le radicalisme face au djihadisme. Musulmans et non-musulmans, nous devons travailler ensemble, dans une co-inclusion réciproque ! On compte environ un pour mille de jeunes qui partent pour djihad, ce n’est pas énorme statistiquement, mais lourd de conséquences. Leur radicalisation est dû à un processus complexe fait de chômage, de discrimination, de situations familiales difficiles… Pourtant des jeunes bien intégrés partent au djihad ! Il y a un processus de construction du manque, d’où rupture et départ ! Des jeunes sont partis en Syrie par initiative individuelle et accueillis par des structures d’accueil es structures d’accueil mises en place par les djihadistes. Quelles sont les motivations des jeunes qui partent ?

Elles peuvent être d’un ordre mystique : « Donner un but à sa vie ; Le cœur doit être seulement à Allah ! Je quitte tout ce qui est interdit : je suis à Allah.

Les motivations héroïques existent aussi : « devenir un guerrier combattant. » Elles peuvent aussi être nihilistes, « Il n’y a qu’Allah, le reste ne compte pas, être acteur

protagoniste de ce monde, de la sunna djihadiste ». D’autres sont d’ordre moral, centrées sur les autres, altruistes, « les djihadistes vont aider les musul-

mans ». - les motivations peuvent être oppositionnelles : idéologiques, politiques…ou métaphysiques : Millénarisme, instaurer le califat en faisant la guerre contre les infidèles, une démarche n’est qu’amour. - notons encore le rôle des figures de références : prophètes, compagnons, martyrs, le leader qui a la force de donner sens à la réalité ! L’ensemble des motivations est donc très complexe !

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Au-delà de la radicalisation, il est urgent d’œuvrer pour une cité commune. Certes, lutter contre la radicalisation dans l’immédiat est indispensable sur le plan policier ! Mais, cette radicalisation n’est-elle pas le symptôme le plus profond entre musulmans et non-musulmans ? La tâche est ample qui est celle de faire cohabiter deux civilisations. Une nouveauté historique. Les obstacles à surmonter sont multiples. Citons-en quelques uns ! D’abord une faible connaissance réciproque. Il faut oser aller en profondeur dans les questions qui fâchent, ne pas s’enliser dans les controverses et tenter de sortir par le haut. Agir avec patience et garder espoir sont toujours d’actualité. Temps des questions-réponses Q. Les religions sont-elles à reléguer dans la sphère privée ? Avons-nous créé nous-mêmes un

mouvement djihadiste ?...

R. Philippe van Meerbeek Il nous faut revisiter nos erreurs historiques. Le christianisme a alimenté l’anti-sémitisme. En 45, personne ne voulait des juifs sortis des camps ! Il faut raconter l’histoire aux ados ! …Comment fait-on un tueur ? En trois mois il est fait ! Il s’agit de marteler tout le temps la même chose. On joue sur le tableau « Amour/Haine ». Or, la grande audace du chrétien est le pardon, et d’essayer d’aimer l’ennemi ! Qui dit cela aux jeunes ? R. Felice Dacetto : Il faut prendre conscience du passé positivement pour bâtir le présent.

Le monde scolaire : Témoignages, questions et pistes d’action Témoignage de Myriam Gesché, dans l’enseignement catholique responsable du secteur religion

FESeC/SeGEC

Le contexte est celui de l’Islam déchiré, de l’Islam qui désire une réforme ; les jeunes ne trouvent pas de repères ! Ils sont attirés par le salafisme (même famille que l’Etat Islamique), par Islam pur. Quel rôle du professeur de religion dans ce contexte ? Les accompagnateurs et les témoins peuvent aider à faciliter la réforme de l’Islam

Pour les cours « confessionnels » : il est important de voir comment l’enseignant est situé, est-il travaillé par la foi chrétienne ? Est-il un modèle adulte face à la religion ?

Pour les cours de « recherche de sens » : le questionnement philosophique et théologique est ouvert à tous les éléments de la culture, y compris les traditions, ouvertes aux services publics de citoyenneté.

Comment lutter contre la radicalisation ? La pertinence du cours de religion est plus grande que jamais : c’est un lieu où on peut décloisonner, passer les frontières, voir les problèmes sous un autre angle, se mettre en lutte contre les mécanismes sectaires ! Le cours de religion sort d’une pensée figée. On développe ainsi une capacité de penser, de rechercher la vérité. Au fond, dans les évangiles, le Christ questionne les religions. A sa suite on a su garder le souci de critiquer les religions quand elles deviennent déshumanisantes ! On apprend aussi à lire et analyser les textes bibliques (ex : exégèse historico-critique), ce qui peut amener les musulmans à lire le coran tout autrement ! Il est pertinent de faire la différence entre Foi, Religion, Croyance. Qu’ai-je comme représentation de Dieu, du Divin ? Et quelles en sont les conséquences ?

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L’école catholique n’a pas de représentant des autres traditions religieuses. Il faudrait faire entrer dans le cours une parole d’autre tradition, et faire des travaux montrant les convergences et les différences. Les attentes concernant les professeurs de religions sont énormes : une grande culture, une bonne assise personnelle, une formation continue. Certains élèves viennent de milieu où questionner la foi, c’est être mécréant !Iil faut beaucoup de délicatesse et une grande qualité de relation humaine pour aider à rectifier cette position. Et parfois l’endoctrinement a déjà fait son œuvre ! Q. S’il y a majorité d’élèves musulmans, ne faut-il pas un cours d’Islam en plus ? R. Oui, mais sur le plan pratique, c’est difficile ! On est dans un contexte d’an alphabétisation religieux : il y a une urgence théologique pour le monde catholique et musulman. Le cours de religion catholique offre un cadre pour sortir d’une pensée unique, sectaire, radicale, elle offre un cadre pour ouvrir. Témoignage de Hicham ABDEL GAWAD, chargé du cours de religion islamique dans l’ensei-

gnement officiel Le discours radical peut aller contre le bon sens, il peut être destructeur ! Exemple : une élève très douée confie : « Monsieur, plus tard, je voudrais être avocate ! » Mais en fin d’année, la mère et la fille viennent lui parler : « On nous a dit que le droit belge n’est pas musulman…je ne peux donc pas devenir avocate… ». Le professeur lui répond que Joseph a été au service de Pharaon… Nous voyons ici le professeur faire le travail des parents ! Les outils théologiques contre la radicalisation, on les a . La traduction de Djihad, c’est « effort » : l’encre des érudits est plus sacrée que le sang des martyrs !

Sœur Gaëtane osb - Liège

France :

L’Eglise et les religions du monde 50 ans de Nostra Aetate

Le mardi 19 mais 2015, journée d’études de l’ISTR- Paris et du Conseil pour les

relations interreligieuses et les nouveaux courants religieux.

Le mot d’accueil a été donné par Mgr Dubost, Evêque d’Evry-Corbeil-Essonnes, Président pour les relations interreligieuses. Il a évoqué la genèse et la rédaction difficile de ce décret du Concile Vatican II, approuvé le 28 octobre 1965 par l’Assemblée Conciliaire. Ce texte fondateur destiné à construire la paix mais voulu toujours comme religieux, fut débattu dans un contexte très fort de tension politique. Voulu d’abord par le Pape Jean XXIII comme un Décret sur les Juifs –les événements de la guerre 39-45 sont encore dans les mémoires- il s’avéra rapidement qu’il allait porter encore sur les autres religions à cause de tensions politiques arabo-juif. L’engagement du Pape Paul VI envers le dialogue permit de donner une conclusion aux discussions par le haut. Il faut aussi souligner l’influence et le travail du Cardinal Bea, rédacteur de ce Décret et qui demeure pour nous tous un modèle engagé dans le dialogue interreligieux tant sa foi était éclairée par une connaissance vivante de la Bible et portée par les rencontres œcuméniques et interculturelles. Il nous rappelle que le dialogue interreligieux est un dialogue entre les croyants et au cours de cette journée nous écouterons des témoignages de croyants.

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Nostra Aetate, texte fondateur, a ouvert des perspectives : la constitution du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CPDI), la première rencontre d’Assise en octobre 1996, et les engagements du Pape François. Il reste à bâtir sur les fondations et à l’étudier dans le contexte actuel, dans une herméneutique de la continuité pour que les théologiens nous aident à approfondir la place des autres religions dans le plan de Dieu aussi bien que les rapports entre la culture et les religions afin que l’Eglise soit dialogue à l’image de Dieu et de son Verbe. Il y a va de la paix dans le monde. Emmanuel Pisani OP., directeur de l’ISTR a présenté les grandes lignes de cette journée d’étude, reconnaissant une place notoire au contexte politique, culturel, religieux dans la définition d’une problématique théologique mais aussi dans la manière de faire de la théologie. Nostra Aetate a jeté un regard positif sur les religions du monde et a défini des éléments pour élaborer une théologie des religions. Le contexte actuel est caractérisé par la recrudescence des violences religieuses, des crispations identitaires, par une radicalisation religieuse. A quoi s’ajoute pour la France un retour virulent d’une laïcisation de combat et pour le Moyen-Orient l’exode massif des chrétiens à la suite des tragiques persécutions dont ils sont l’objet. Aujourd’hui, dans le contexte qui est le nôtre, Quelle théologie des religions peut-on faire émerger ? Quel souffle pour le dialogue interreligieux qui est un impératif de la foi chrétienne, pour promouvoir la paix et construire un monde plus juste ? Les injonctions d’Hans Kung demeurent d’une actualité indéniable dans un projet d’éthique planétaire : « Pas de paix entre les nations sans paix entre les religions ; Pas de paix entre les religions sans dialogue entre les religions. Pas de paix entre les religions sans dialogue entre les croyants. » La quatrième rencontre des Evêques pour les rapports avec les musulmans en Europe, en mai 2015 à St Maurice en Suisse nous y encourage : « Nous souhaitons renouveler notre engagement pour une rencontre dynamique avec les musulmans, aussi bien en matière intellectuelle-académique qu'en matière de vie quotidienne. Cela exige un examen personnel approfondi et une réflexion théologique sur notre foi et sur la pratique chrétienne, notamment à la lumière des défis posés par la sécularisation et par les mouvements populistes aussi bien pour le Christianisme que pour l'Islam. « Catherine Marin, historienne, directrice adjointe de l’ISTR A retracé un portrait détaillé de l’histoire mouvementée de l’élaboration de Nostra Aetate dont la rédaction colle à toute l’actualité géopolitique, intellectuelle, philosophique dans années 1950-1960. Le décret fut voté dans les derniers jours de la dernière session. Depuis lors, avec l’encyclique de Paul VI Ecclesiam Suam, le Décret Nostra Aetate est le socle sur lequel va se bâtir une nouvelle théologie chrétienne des religions. Catherine Marin s’est longuement arrêté sur le rôle éminent tenu par ses trois « auteurs ». Le Pape Jean XXIII qui en a été l’initiateur, marqué par sa douloureuse expérience durant la 2e guerre mondiale où comme délégué apostolique à Istanbul il est venu en aide à de nombreux juifs persécutés par les nazis. Dès son élection en 1958, il pose des gestes significatifs pour extirper toute forme d’antisémitisme dans la liturgie catholique. En 1960, il rencontre l’historien juif Jules Isaac, initiateur de la conférence de Seelisberg et qui deviendra un pionnier des amitiés judéo-chrétiennes.

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Le Pape Paul VI, élu en 1963, va être le Pape du dialogue. Il demandera l’élargissement du dialogue à l’ensemble des religions. Le 22 juin 1963, il aura ces paroles prophétiques : »…donner à l’Eglise des moyens, la mettre en relation et la lancer dans ce monde en mutation. » Lors du discours d’entrée à la 2e session du Concile le 29 septembre 1963, il ajoutera : « L'Eglise porte donc son regard au-delà de sa sphère propre. Elle considère les autres religions qui gardent le sens et la. notion du Dieu unique, suprême et transcendant, Créateur et Providence. Ces religions rendent à Dieu un culte par des actes de piété sincère et elles appuient sur leurs croyances et leurs pratiques les bases de la vie morale et sociale. L'Eglise catholique relève sans doute, non sans douleur, des lacunes, des insuffisances et des erreurs dans beaucoup de ces formes religieuses. Mais elle ne manque pas de se tourner vers elles et de leur rappeler que le catholicisme estime comme il se doit tout ce qu'elles possèdent de vrai, de bon et d'humain. L'Eglise leur répète que pour sauvegarder dans la société moderne le sens religieux et le culte de Dieu - obligation, et besoin de la vraie civilisation,- elle-même se tient en première ligne, comme le plus ferme défenseur des droits de Dieu sur l'humanité. » Le Cardinal Bea, Jésuite allemand, bibliste, spécialiste de l’exégèse de l’Ancien Testament a été recteur de l’Institut biblique pontifical ; très proche du Pape Pie XII, il a joué un rôle très important dans les travaux du Concile et Nostra Aetate va devenir « son » texte. La longue élaboration de Nostra Aetate La porte du dialogue ouverte sur la question des Juifs va entraîner vers celle des autres religions. La question des religions est nouvelle dans l’Eglise mais de nombreux membres de l’Assemblée conciliaire viennent des terres de mission au milieu d’autres religions et ont une approche nouvelle des religions. Les mentalités ont évolué et les religions ont fait l’objet d’étude scientifique ; leur connaissance s’est enrichie et surtout d’éminents théologiens, tels H. de Lubac, P.Cadière des MEP, Jq.Dourne ont approfondi l’aspect spirituel des religions. Geneviève Comeau, Xavière, enseignante au Centre Sévres s’est attaché à présenter le contenu de la Déclaration Nostra Aetate et à démontrer sa dynamique pour la promotion d’un monde fraternel : 1) Nostra Aetate Nostra Aetate « Notre époque », le titre renvoie au contexte et au regard d’espérance critique que le Concile portait alors sur le monde, cf. la Constitution Gaudium et Spes 23 . Aujourd’hui le contexte a bien changé, internet et les réseaux sociaux contribuent à la mondialisation de notre monde pour le meilleur et le pire. Pensons à la radicalisation de certains jeunes qui versent dans l’extrémisme islamiste par le moyen simplement de vidéos, site internet. Les problèmes économiques et géopolitiques de plusieurs régions sont inextricablement liés les uns aux autres. La violence s’exporte et se mondialise aussi. Aujourd’hui, nous avons un besoin urgent de retrouver le sens de l’unité du genre humain, non une unité qui serait uniformité et qui ne ferait qu’engendrer la violence, mais l’unité comme l’art de

vivre ensemble avec nos différences. Nostra Aetate 1 Le n° 1 s’ouvre sur l’unité du genre humain et situe la mission de l’Eglise : promouvoir l’unité et la charité entre les hommes. De même Lumen Gentium 1 présentait l’Eglise comme le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain.

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L’unité du genre humain tient à ce que les hommes ont une seul origine et une seule fin. Dans un regard de foi, le Concile dit qu’ils sont crées par Dieu, désirés, appelés par Dieu. Ils sont aussi habités par les mêmes questions existentielles que le Concile appelle « les énigmes cachées de la condition humaine qui aujourd’hui comme hier, troublent

profondément le cœur humain » : Qu’est-ce que l’homme ? Quel est le sens et le but de la vie ? Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le péché ? Quels sont le but et l’origine de la souffrance ? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur ? Qu’est-ce que la mort ? Le jugement ? La rétribution après la mort ? Qu’est-ce enfin le mystère dernier et ineffable qui entoure l’existence dont nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ?

Nostra Aetate 5 En forme d’inclusion avec le n°1, N.Ae 5 revient à l’unité du genre humain sous l’angle de la fraternité. « Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. » Il faut mesurer l’audace de cette assertion qui établit le lien entre l’image de Dieu et la filiation. La paternité divine et donc notre identité d’enfant de Dieu est universelle et un don de création. Ainsi l’alliance avec Dieu le Père et l’alliance fraternelle sont étroitement liées et reçoivent toutes deux une extension universelle. Le texte poursuit : « Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent. » Ce n° 5 se termine par une citation implicite du sermon sur la montagne : « vivre en paix, pour autant qu’il dépend d’eux, avec tous les hommes, de manière à être vraiment les fils du Père qui est dans les cieux. » En résumé les n° 1 et 5 de Nostra Aetate mettent l’accent sur notre commune humanité et les exigences de fraternité qui en découlent, en fondant cela sur la paternité universelle de Dieu . Nostra Aetate 2

Evoque l’hindouisme, le bouddhisme et les religions traditionnelles africaines Le cœur de ce n°2 réside dans la manière où le Concile voit les autres religions ; « L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses ». Elle indique pour les membres de l’Eglise respect et ouverture envers les autres religions et un engage-ment radical envers la foi chrétienne : »Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux. »

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Nostra Aetate 3 consacré à la religion musulmane, met d’abord en valeur les convergences avec le christianisme et reconnaît son caractère Abrahamique mais le prophète Mohamed n’est pas mentionné. Sobre, bref, irénique, N.Ae. 3 invite à la compréhension mutuelle. Aujourd’hui on est devenu davantage sensible à la diversité des relations islamo-chrétiennes selon les pays, cultures, contexte socio-économico-politique, et selon les courants de l’Islam que l’on ren-contre ; en effet l’Islam est pluriel et connaît de nos jours un fort débat interne. De plus la violence des groupes djidahiste divise les musulmans et certains chrétiens en viennent à doute du dialogue. A quoi il faut répondre que le but des extrémistes est de diviser et de séparer et que renoncer au dialogue serait leur donner raison. Les questions du vivre ensemble, de la paix, de la liberté religieuse sont désormais au premier plan de la rencontre.

Nostra Aetate 4 Parle de la religion juive qui est la matrice de la déclaration Nostra Aetate. La première phrase souligne le lien spirituel qui relie les chrétiens au peuple Juif et qui est constitutif de la foi chrétienne. L’Eglise le découvre en scrutant son propre mystère. Ce paragraphe 4 n’élude pas les conflits du 1er siècle mais il congédie la théorie de la substitution selon laquelle l’Eglise aurait pris la place du peuple d’Israël dans le projet de Dieu. Il encourage la connaissance et l’estime mutuelles qui naîtront de l’étude biblique et théologique ainsi que du dialogue fraternel. La postérité de ce texte a été grande. Cependant les questions géopolitiques oiées à la création de l’état d’Israël et à la situation d’injustice subie par les Palestiniens pèsent sur le dialogue judéo-chrétien. Par ailleurs, la lutte contre l’antisémitisme est toujours d’actualité.

2) la dynamique du texte nous oriente vers un monde fraternel. Les n° 1 et 5 sont plus que jamais d’actualité. Mettre l’accent sur notre commune humanité et sur les exigences de fraternité qui en découlent est une urgence aujourd’hui.

Les évolutions constatées depuis une décennie. A Assise en 1986, le Pape St Jean-Paul II avait rappelé à l’Eglise sa mission mise en valeur par Vatican II : la mission d’être signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humaine. C’est dire l’unité de l’humanité dont les chrétiens croient qu’elle a sa source dans le Visage de Dieu. Le dialogue interreligieux est une des formes du service de l’humanité. Jean-Paul II était habité par une véritable mystique de l’unité du genre humain : « Tous sont inclus dans le grand et unique dessein de Dieu en Jésus-Christ ». Or dans les décennies qui ont suivi la rencontre ‘Assise, c’est la pluralité qui s’est imposé à tous les niveaux : religieux, politique, sociétal, respect des différences et des spécificités. Mais aujourd’hui nous vivons dans un monde de plus en plus fragmenté avec de nouvelles formes de violence et de rejet de l’autre.

La tâche indiquée par Nostra Aetate est loin d’être terminée. Il nous faut à nouveau rechercher ce qui nous unit et qui va prendre les couleurs de la réconciliation et du vivre-ensemble. Ce n’est pas un repli par rapport à toute la réflexion théologique développée à partir de Nostra Aetate. Au contraire c’est travailler à la réconciliation de toute chose dans le Christ et qui le cœur du projet de Dieu selon la foi chrétienne.

Les questions de société sont bel et bien des questions théologiques. Toutes les questions du vivre-ensemble, de la paix, de la liberté religieuse, de la manière dont une société va traiter l’autre qui est différent, minoritaire ont un poids théologique et nous

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renvoient à une certaine vision de Dieu, de la relation de Dieu avec les hommes, à une certaine vision de ce à quoi la foi en Dieu engage les humains. On ne peut plus se démarquer du politique, - tout en évitant de se laisser manipuler par le politique- d’autant plus qu’il n’y pas de dialogue interreligieux fécond sans prise en charge des questions concrètes, des contextes socio-historico-politiques. Il s’agit en conséquence d’assumer les ambiguïtés multiples de nos situations et de discerner les chemins de paix qu’on veut y tracer. Ce réalisme veut dire, non pas cynisme, mais patience et espérance. Le 2 avril 2014, la Commission Justice et paix des Evêques catholiques de Terre Sainte déclarait : « Chrétiens et musulmans doivent lutter ensemble contre les nouvelles forces de l’extrémisme et de la destruction. Tous les chrétiens et de nombreux musulmans sont menacés par ces forces qui cherchent à créer une société dépourvue de chrétiens et où seulement quelques musulmans agiront en maîtres. Tous ceux qui cherchent la dignité, la démocratie, la liberté et la prospérité sont attaqués. Nous devons être solidaires et parler haut et fort en vérité et en liberté. » En conclusion : Dans un monde fragmenté, la foi chrétienne nous invite à aller plus loin que la cohérence et la coexistence. Elle nous oriente vers l’avenir d’un vivre-ensemble fraternel et réconcilié auquel il faut travailler en cultivant le style évangélique de la rencontre et du dialogue en toute occasion. La deuxième partie de cette matinée était consacrée à l’écoute de deux témoins engagés sur le front

et au quotidien dans le dialogue interreligieux dans des contextes particulièrement difficiles. Ils ont témoigné de leur manière de vivre le dialogue interreligieux qui est « un impératif de foi ». Le Père Jésuite Ziad Hilal, Syr ien, de passage à Par is vit à Homs en Syr ie. Le 7 avr il 2014 son compagnon, le Père Frans avait été enlevé par des hommes armés, battu puis exécuté devant la résidence jésuite à Homs. Ziad Hilal est responsable de la coordination de plusieurs centres destinés pas seulement pour l’accueil humanitaire mais aussi pour préparer un avenir de réconciliation. Donc c’est le dialogue au cœur de la violence que la Syrie connaît. Il a obtenu plusieurs prix pour cette action. « La question au cœur de notre discernement était la suivante : « Comme chrétien et comme

Jésuite, avons-nous à sauver notre Communauté chrétienne catholique ou orthodoxe ? Ou bien,

notre mission est-elle de sauver l’homme, sauver les Syriens ? Notre avons pris un temps pour discerner notre mission : comment appliquer la théologie théorique apprise en Europe et passer à la théologie pratique ? Nous avons pensé à plusieurs aides, d’abord l’humanitaire sans distinction, dans le domaine de l’alimentaire et du sanitaire. On ne peut parler aux personnes de dialogue sans secourir ceux qui ont besoin d’aide. 90% de ceux qui en bénéficient sont des musulmans et cela nous vaut beaucoup de critiques. En second lieu, il nous a paru urgent de rééduquer les enfants, de les accueillir dans les centres de catéchisme : 3000 enfants aujourd’hui. Le but étant de réconcilier le cœur des parents par le cœur des enfants. La confiance restaurée, nous avons commencé un travail avec les femmes, puis avec les hommes. Nous avons fait appel à des experts sur la manière d’ agir avec les enfants pour la paix et la réconciliation ? Ensuite nous avons constitué plusieurs comités de réconciliation au sein desquels un prêtre était toujours présent. Le Père Franz a vécu trois ans assiégé, transformant la résidence en lieu d’accueil pour tous car prier, manger, jouer ensemble est une sorte de dialogue. Sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage pour tous. Une question : sommes-nous devant un seul Islam ? Daech est-il l’Islam ?

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Le témoignage suivant était celui de Xavier Chavanne, prêtre du Diocèse de Versailles, maîtrise de théo-logie à l’ISTR et a exercé son ministère de prêtre dans des quartiers populaires. Que pouvons-nous vivre aujourd’hui de l’évangile de Jésus-Christ dans nos relations avec les

musulmans dans le contexte particulier des cités populaires ? Les cités populaires sont caractérisées par une population jeune, multiculturelle, un taux élevé de chômage, et par la présence majoritaire de l’Islam. D’où la difficulté pour les jeunes chrétiens d’être minoritaires face à un Islam très prosélyte et dominateur. C’est aussi une invitation pour les chrétiens à être pleinement chrétiens. Xavier Chavanne s’évertue à tisser des liens. Il constate des changements d’attitude, par exemple des messages hostiles aux chrétiens ont été effacés par des amis musulmans. La 2e partie de cette journée d’étude débutait par des atelier s autour d’un témoignage et échanges : Atelier 1 : le dialogue intereligieux et la réconciliation animée par Jane Stranz, déléguée pour le dialogue interreligieux dans la fédération protestante de France. Atelier 2 : les jeunes chrétiens dans un environnement musulman avec Xavier Chavanne, curé, Les Mureaux. Atelier 3 : la conjugaison de la solidarité et du dialogue par Pascal Gollnisch, directeur général de l’œuvre d’Orient. Atelier 4 : le dialogue interreligieux à l’école avec Bénédicte de Chaisemar tin, dir ectr ice d’école à Bobigny. Pour terminer, Emmanuel Pisani a animé « une table ronde ». Il résumait ainsi le propos de la journée d’étude en vue d’ouvrir des perspectives nouvelles : « Après l’étude de Nostra Aetate, après les témoignages incarnés de ce dialogue et des rencontres avec les autres religions, y compris dans un contexte difficile et de persécution ; ce n’est plus une théologie avec des beaux mots mais incarnée et vécue ; Après avoir échangé en atelier, à présent nous allons voir depuis cinquante ans les développements théologiques qui ont pu avoir lieu puisque Nostra Aetate a posé les bases d’une théologie du dialogue. Qu’en est-il depuis 50 ans dans l’élaboration de cette théologie et dans quelle mesure les rencontres qui ont pu avoir lieu avec différentes religions, les dialogues qui ont pu être noués ont suscité, permis l’élaboration de cette théologie du dialogue pouvant conduire à soutenir le service de la paix et la fraternité universelle ? En fait, nous nous sommes concentrés sur trois religions ; le dialogue avec le judaïsme présenté par Thérèse Andrevon, le dialogue avec le bouddhisme présenté par Thierry-Marie Coureau, le dialogue avec l’Islam présenté par Henri de la Hougue.

Sr Marie Pinlou – osb- Urt

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La rencontre interreligieuse annuelle au Centre Védantique de Gretz s’est déroulée

du 27 au 29 Juin 2015. Le thème en était : « Dieu, voici comment les différentes traditions Te prient. » Des membres de plusieurs traditions religieuses venus à cette rencontre ont présenté chacun à leur tour, leur manière de prier. Dès le vendredi, la prière du soir « l’Arati » nous rassemblait . Le samedi matin Swami Veetamohananda introduisait ces deux journées en nous faisant chanter par trois fois le chant du ôm, puis des chants védiques pour la paix. « Nous sommes ici ensemble pour pratiquer la prière comme une famille s’adressant à Dieu. Nous allons partager les valeurs qui nous sont très chères, parler avec Dieu et Dieu qui nous parle. Depuis vingt ans, avec les membres du DIM, nous partageons nos valeurs, aujourd’hui nous devons progresser. Par quel moyen ? le progrès dépend de chaque individu. Le respect est le seul moyen de vivre en harmonie ». Les sœurs de la maison de l’Inspir Sr Chân Giàc Nghiem (Authentique ornée d’éveil) et Sr Chân

Tràng Chyà Xuà (La lune de l’ancienne pagode) commençait ce temps de par tage par une cour te méditation assise pendant quelques minutes, attentive à notre respiration afin de retourner à soi-même et prier. Puis elles ont récité et chanté le sutra de l’Amour et le sutra « le cœur de la compréhension parfaite ». Philippe REHEL expose d’abord les grandes lignes de la foi Baha’ie : l’unicité de Dieu, l’unité des religions et l’unité de l’humanité et donc, chaque homme dans son unicité, sa spécificité, sa foi, sa culture propre, est uni aux autres par un même amour de l’humanité. Il n’y a qu’un seul Dieu, le Dieu d’Amour. La prière consiste à prier trois fois par jour ou une longue prière par jour. Philippe Rehel montre, à l’aide d’une projection, ce qu’ils appellent « les maisons d’adoration » : maisons à neuf portes, maisons sans image, sans musique autres que des voix humaines. Dans la deuxième partie de l’exposé, une jeune femme chante en arabe en hommage aux Bahaïes encore aujourd’hui emprisonnés et persécutés en Iran. Leur fondateur Bahá’u’lláh, un noble persan dont l’histoire débuta en Perse en 1844, a proclamé être le porteur d’une nouvelle révélation, un nouveau message divin, dont la finalité est d’établir l’unité des peuples de la terre. Lui-même persécuté et torturé il dut partir en exil et mourut à St Jean d’Acre en Israël où est son tombeau, devenu ensuite un haut lieu de pèlerinage. Dans ce même pays à Haïfa réside l'autorité législative de la Foi bahá'íe appelé le « siège de la Maison Universelle de Justice ». Le Père Christophe Levalois, prêtre orthodoxe (paroisse St Séraphin de Sarov –Paris) parle de la prière chrétienne sous sa forme communautaire à partir de textes puis de la prière personnelle qui, elle, s’appuie sur la prière de Jésus ou prière du Nom. Elle requiert de se mettre en présence de Celui que l’on nomme, de fixer son attention sur le nom, d’unir l’intellect avec le cœur : alors la prière va couler spontanément comme une rivière, comme une douce flamme. L’Esprit est entraîné dans la contemplation spirituelle. Chacun s’efforce en silence, de s’unir à la prière de Jésus, la prière de remerciement. Lama Neljorpa Guétcheu nous mène vers la tradition du bouddhisme himalayen et de la communication soit par des images ou directement et de la prière qui nous conduit à la source. La tradition des tantras réapprend à aller à la source. Père Stan Rougier, prêtre catholique, nous par le de la pr ière avec les psaumes et, inséparable de sa guitare, nous chante un négro spiritual « In the name of Jesus , I have the victory ».

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Les membres du DIM : Sr Solange Rault et Père Michel Saulnier propose la prière répétitive dans l’évangile de la Samaritaine ; Fr Daniel Pont fait par t de l’ expérience de la prière communautaire monastique, et Sr Marie Pinlou s’inspirant de la Bible affirme que prier c’est se tenir devant Dieu (voir dans documents). Soraya Ayouch, musulmane, soufie, nous explique Le dhikr qui est une évocation ; une mention, un rappel, une répétition rythmique du nom de Dieu, dans l'islam. Il désigne à la fois le souvenir de Dieu et la pratique qui avive ce souvenir. Il est au cœur de la pratique du soufisme. Il y devient la « voie d'accès » privilégiée. Le but est le renoncement au monde, en « vidant le cœur des préoccupations terrestres » pour mieux approcher Dieu et parvenir à l'anéantissement. Ainsi la pratique est-elle codifiée : le rythme de la respiration et l'attitude sont des éléments susceptibles de soutenir la répétition du nom de Dieu (Allah), ou le nom du Prophète ou « l'un des 99 plus beaux noms divins », voire les attributs du Prophète, etc.) qui est au cœur de la méthode. Puis elle chante une sourate et nous fait répéter des versets. Le Pasteur Frédéric Fournier, de l’Eglise Réformée Protestante unie de France à Massy nous entretient des deux chemins dans la prière (voir dans documents). Le dimanche l’après-midi débutera par la cérémonie du feu HOMA avec Swami Veetamohananda. A la suite, nous écouterons Mr Hoeseni, Président de la société islamique de Lahore Ahmadiyya qui parcourt le monde pour faire comprendre les aspects spirituels et pacifiques de sa foi. Jean Staune, philosophe des sciences, fondateur de l ‘Université Interdisciplinaire de Paris, nous parle des liens possibles entre science et religion. « Toutes les traditions disent qu’il y a un lien entre la réalité et un autre monde ». Il cite Jean Kovalevsky : « La religion c’est quelque chose qui vient d’un autre niveau de réalité et est confirmé par les humains ». Le Rabbin Gabriel Haggaï par le de l’expérience de la prière : « Pour moi, la prière est devenue un véritable plaisir, non une obligation, la grâce de Dieu est là, c’est toujours nouveau, il y a toujours un dévoilement. Dans la prière Dieu prie et nous nous prions, il y a ce lien entre le divin et l’humain. Chez nous la prière est chuchotée, parce Dieu est là tout près de nous. Nous devons prier pour les autres, si nous ne le faisons pas, notre prière est nulle. Nous devons avoir ce rendez-vous quotidien intime avec Dieu. Plus nous faisons silence, plus Dieu est avec nous ». Khaled Roumo, musulman soufi, nous dit sa joie de cette rencontre d’aujourd’hui : « pour moi des expériences de rencontre comme aujourd’hui c’est le paradis ! Comment le partager sinon dans le cœur ! ». Il nous montre les gestes de la prière, cinq fois par jour, plus la prière communautaire du vendredi. Nous terminons par une prière composée par Khaled et à chaque strophe nous répondons AMEN ! Parler de la prière est pour nous tous croyants, partager « le meilleur », ce qui nous tient le plus profondément à cœur. Aussi ces journées passées ensemble furent-elles pleines d’enrichissement mutuel par nos échanges. De plus, la bonne humeur, la fraternelle et accueillante ambiance sont toujours source de joie et non moins, la joie de nous retrouver chaque année pour un approfondissement toujours plus grand de nos traditions..

Sr Marie Pinlou- osb - Urt

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Colloque chrétiens -bouddhistes Meylan-Grenoble 9-12 Juillet 2015

Nous nous retrouvions cette année au Centre Théologique de Meylan-Grenoble pour le sixième

colloque chrétiens-bouddhistes, ayant pour thème : La mort un passage ?

Depuis son origine l’humanité se trouve confronté à la question de la mort, mais chrétiens et bouddhistes ont une manière différente d’aborder cette question.

L’introduction de Dennis GIRA donna le ton : « Il y a mort … et mort », qu’est-ce à dire si non qu’il n’y a pas une interprétation chrétienne ou bouddhiste de la mort, mais des interprétations. Si nous regardons successivement Jésus et le Bouddha, nous voyons que Jésus est né à Bethléem, d’une famille modeste et qu’il est inscrit dans une généalogie ; Jésus s’inscrit dans les lignées d’hommes comme nous : « Lui de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéanti lui-même, prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom … » (Phil. 2, 6-9). Rappelons qu’en christianisme, on ne meurt qu’une fois. Le Bouddha issu d’une famille princière, a une très longue vie de naissances successives, des jours innombrables, des kalpa mais il n’y a pas de lignées généalogiques. Le Bouddha lui est nirvané, il n’est pas mort ; tandis que Jésus a été crucifié et mort sur la croix. Mais tous deux ont vaincu la mort. Dans le christianisme, précisons que la mort ne faisait pas partie du plan de Dieu pour l’homme, la mort vient du péché (cf. Rm « par un seul homme la mort est entré dans le monde »). Jésus est Vivant ! C’est-à-dire qu’Il est ressuscité ! La victoire du Christ sur sa mort a été la victoire sur la mort de tous !

Le colloque s’est poursuivi sur trois jours avec successivement des interventions bouddhistes- chrétiens sur quatre aspects d’approche de la mort : La mort comme questionnement : Dans le christianisme, l’espérance doit habiter le chrétien : « Qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11,25). Il s’agit donc de vivre et de croire ! Dietrich BONHOFFER a cette formule forte : « Ce n’est qu’en aimant assez la vie et la terre pour que tout semble fini lors- qu’elles sont perdues, qu’on a le droit de croire à la résurrection des morts et à un monde nouveau ». La résurrection est la réalisation de la promesse après avoir vécu la vie, une vie vivante ! La résurrection n’est pas un dû, c’est un don.

Dans le bouddhisme, nous sommes confrontés à des notions telles que les deux niveaux de la réalité : niveau relatif et niveau absolu ; non-soi et interdépendance. L’autre n’est pas différent de moi, nous existons par l’interdépendance. Dans le bouddhisme tibétain (le plus présent en France), il y a des états de conscience après la mort, les « bardos » ; l’expérience même de la mort revêt, du point de vue bouddhiste, une grande importance. Bien que le lieu et la nature de la renaissance future soient généralement dépendant des forces karmiques (karma= actes posés), l’état d’esprit au moment de la mort peut influer sur la qualité de la prochaine renaissance.

L’art du bien mourir : Dans le bouddhisme, chaque acte (karma) chaque parole entraîne un devenir. Il faut être très

lucide sur les effets de la méditation pour « le bien mourir ». Selon la perspective du bouddhisme tibétain on divise l’existence entière en quatre réalités qui sont en corrélation constante : 1° la vie ;

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2° le processus de la mort et la mort elle-même ; 3° la période après la mort ; 4° la renaissance. On les appelle les quatre bardos : 1° le bardo naturel de cette vie ; 2° le bardo douloureux du moment de la mort ; 3° le bardo lumineux de la dharmata ; 4° le bardo karmique du devenir.

Pour le christianisme, on fit remarquer que « l’art » est un terme mal employé pour le fait de mourir … Mourir c’est quand la fin devient inéluctable et donc il s’agit de vivre le moins mal possible ce moment. Le « passage », ce mot du colloque, indique une continuité et une rupture. La mort échappe à tous nos concepts, à toutes nos catégories ; mourir n’est pas un acte, pas un événement, mourir est sans condition au sens ou on ne peut jamais dire qu’on va peut-être ne pas mourir, non ! C’est une nécessité absolue ; mourir est immaîtrisable. Une fois mort, on ne sait pas ce qu’il y a après ; il n’y aura plus le « je » d’avant. C’est une dépossession totale : non savoir, non vouloir, non pouvoir ; il reste le « croire », mais ce croire est aussi lesté de toutes les formules, et ce croire ouvre sur une alternative : espérer ou désespérer. Le choix chrétien est d’espérer ; le don de la foi et de l’espérance nous met sur le chemin viable ; suivre le Christ, vivre avec le Christ, être dans le Christ, « Allons-y nous aussi, et nous mourrons avec lui » (Jean 11,16). Ce qui spécifie le christianisme c’est que nous sommes sauvés par grâce au moyen de la foi.

Ce que nous croyons :

Dans le bouddhisme, l’individu est composé de cinq agrégats (skanda) et donc, au moment de la mort ce qui s’est assemblé se « dés-ensemble » mais cela ne veut pas dire que l’esprit disparaît. Tous les phénomènes conditionnés sont impermanents, il n’y a pas de substance dans le bouddhisme ; tout est processus, l’individu est en processus. L’individu est un phénomène composé de cinq skanda : la corporéité en relation avec le monde, les organes sensoriels, les perceptions, la volition, les consciences ; cet ensemble forme l’individu. Les trois racines du mal sont : l’amour (qui est attachement), la haine et l’erreur. Il s’agit de voir le monde tel qu’il est. Il y a toujours le choix entre notre pure nature et notre « faux moi » et le travail consiste à revenir à notre propre nature.

Dans le christianisme on se méfie de toute spéculation sur l’au-delà. Nous sommes appelés à mener une vie à la hauteur du don de Dieu. Le choc du tombeau vide est sans doute ce qui signifie le plus le désarroi et le scepticisme des apôtres ; le corps a disparu car le Père l’a relevé de la mort, mais les Apôtres ont eu du mal à le croire. Le chrétien va de la vie à la Vie ! Espérance et foi sont sa voie mais la mort reste incroyable, ce passage est incroyable, la vie humaine sera transformée et ce « corps spirituel » dont parle saint Paul est œuvre de l’Esprit. La résurrection du Christ nous ouvre notre propre résurrection. Dire que ma « chair », mon corps est promis à la résurrection, c’est dire que ce qui est ap-pelé à vivre en Dieu, c’est bien « moi » dans ma singularité la plus « spirituelle », mais tissée par tout un vaste réseau de relations à autrui, à une histoire, à l’univers tout entier. « Je crois à la résurrection de la chair » (symbole des Apôtres) indique la finalité de la vie humaine. Marquer le passage :

Dans le bouddhisme les rites autour de la mort sont très développés et complexes. Mais la mort est-elle un passage ? La réponse oscille entre le point de vue relatif (passage conditionné et conditionnant), et le point de vue ultime (le non-passage, la non-mort, la libération) et l’union des deux (tout est passage, rien n’est passage). Au moment même de la mort il y a une aide symbolique et spirituelle par les mots, les sons, les yantras, la visualisation, la concentration. Juste après l’arrêt de la respiration et pendant trois jours et demi on s’occupe du corps ; posture, astrologie lectures, rituels les jours qui suivent. Le corps est destiné à des traitements différents : crémation, immersion, inhumation, offrande aux vautours.

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Dans le christianisme, le rite des funérailles est simple. Le rituel constitue un ensemble de règles et de pratiques plus ou moins codifiées, de caractère sacré, qui permettent de revivre un événement, avec la distance nécessaire à son intégration par le groupe. Les rites de l’ensevelissement sont sobres ; ils sont porteurs, par eux-mêmes, de la force de la foi en la résurrection : la Parole de Dieu proclamée et écoutée ensemble, l’eau, et l’encens offerts au corps qui va être déposé dans la terre : c’est simple et plus consolant que des ajouts parfois bavards. Nous sommes en chemin, de passage, mais dans une mystérieuse continuité entre ce qui s’est inauguré lors de notre naissance sur terre, et ce qui trouve son achèvement dans l’au-delà. Passage, mais pas disparition.

La soirée du samedi fut le moment d’une démarche méditative et symbolique commune, un temps

de mémoire des initiateurs de ces colloques bouddhistes-chrétiens : Jean-Pierre SCHNETZLER et Henri BOURGEOIS tous deux décédés. Ce fut un temps d’intériorité partagée entre chrétiens et bouddhistes et de profonde joie de cette fraternité dans la « communion des saints ».

La Synthèse de Jacques SCHEUER SJ, permis de souligner que le thème de « l’au-delà » échappe à notre saisie et pourtant touche un essentiel de la Voie que nous suivons. La mort est incontournable, rebelle à toute justification. Est-ce qu’il y aurait la même qualité d’humanité sans cette mort ? Les Voies proposent des interprétations différentes et singulières ; les chemins chrétiens et bouddhistes ne se recoupent pas. Du côté chrétien il y a une urgence : une seule vie ! Un temps pour la conversion dans la foi et l’espérance. Dans le bouddhisme la rétribution des actes, le karma, oriente vers l’Eveil ou la renaissance ; nous sommes ici dans un monde sans Dieu. Le Bouddha a laissé des choses non tranchées ou dans le « Noble Silence » ; le silence peut avoir ses avantages. La Table Ronde finale fut, comme toujours la possibilité de préciser la pensée de chaque intervenants et de répondre à quelques questions du public. D’autant plus que dans les groupes de discussion les questions actuelles d’euthanasie, de suicide assisté, de Loi Leonetti et la question de la sédation comme soin, furent largement discutées. Ainsi s’acheva ce Colloque fort instructif sur une question qui concerne toute personne, tout individu : la mort, ce « passage » vers la Vie !

Sœur Samuel osb, Martigné-Briand

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Session organisée par le Dim-Francophone

MEDITATION ZEN ET RENCONTRE DU CHRIST Bernard Durel, op

Bernard Durel pratique et enseigne la méditation « dans l’esprit du zen » (élève de Karlfried Dürckheim) et l’expérience de la mystique rhénane (Maître Eckart, Tauler, Silésius, etc.)

Redécouvrir les trésors de la mystique occidentale… A travers des mystiques rhénans (Eckhart,Tauler…)

et quelques pionniers du dialogue (Merton, Lassale, Oshida, Panikkar…)

Du 5 au 9 octobre 2015 Au Monastère Bénédictin de Saint-Remacle

Wavreumont, 9 - B-4970 STAVELOT - Belgique

Programme de la session : Cette session se vivra au rythme des heures liturgiques du Monastère :

Laudes, Eucharistie, Vêpres. Chaque journée comprendra six demi-heures de méditation silencieuse, un exposé du Père Bernard et un temps pour les « questions-réponses ». Il vous sera demandé de respecter de façon stricte le silence entre participants afin d’approfondir au mieux notre expérience intérieure.

Organisation pratique et inscription :

La session commence le lundi 5 octobre 2015 à midi Possibilité d’arriver le dimanche 4 pour le repas du soir à 18h. Elle se termine le vendredi 9 octobre vers 11h.

Si vous n’êtes pas moine ou religieux, merci de prendre contact avec Sœur Gaëtane avant l’inscription.

PAF : A régler sur place (environ 150 euros) Location de draps moyennant un supplément

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Documentaire sur le DIMMID sortie le 3 octobre 2015 à 16h aux Bernardins (Paris)

Places limitées: Inscriptions nominatives [email protected] Le documentaire (52mn) met en scène des rencontres de moines chrétiens avec des moines bouddhistes Zen, des hindouistes, des musulmans chiites et des musulmans soufis. Après la projection, une table ronde réunissant des personnalités de différentes traditions, rendra compte des résonances de ce dialogue dans les religions. Intervenants à la table ronde : Dennis Gira pour l'animation. P. de Bethune osb, Swami Veetamohananda, Cheikh Bentounes ou un représentant, Marie-Stella Boussemart, présidente émérite de l'Union des Bouddhistes de France.

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PROJETS

La rencontre annuelle interreligieuse au Monastère des Bénédictines d’Urt aura lieu le 7 Novembre 2015. Le thème sera : Les religions nouvelles et minoritaires.

Cette journée sera animée par Bernadette Rigard-Cellard, spécialiste des religions contemporaines nord-américaines, professeur à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3.

Inscriptions auprès de la soeur hôtelière – Monastère des Bénédictines – 64240 Urt sœ[email protected]

Rencontre amicale bouddhistes- catholiques Le 24 Juin 2015 Saint-Père s'est adressé aux participants à la Rencontre bouddhistes catholiques des Etats-Unis, organisée à Castelgandolfo par le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux et le Mouvement Focolari. Sous la présidence du Cardinal Tauran, des délégués d'une cinquantaine de communautés catholiques et bouddhistes de diverses obédiences, ont réfléchi jusqu'au 27 juin autour des concepts de souffrance, libération et fraternité. Il a salué les participants en insistant sur la dimension fraternelle et amicale de la rencontre. "Dans un moment marqué par la violence et la haine, ce type de geste est une semence de paix et de fraternité malgré sa modestie". « La fatigue et la joie » du dialogue islamo-chrétien Réunis à l'initiative du CCEE, le Conseil des conférences épiscopales d'Europe, les évêques et délégués

pour les rapports avec les musulmans en Europe se sont réunis à l'abbaye de Saint-Maurice en Suisse, du 13 au 15 mai, pour évoquer la question délicate du dialogue avec l'islam dans le contexte de guerres multiples au Moyen-Orient et de risque terroriste.

En cette année du 50e anniversaire de Nostra Aetate, la Déclaration du Concile Vatican II sur les rapports entre l'Eglise et les autres religions, ils se sont déclarés « plus que jamais convaincus que le

dialogue interreligieux et, dans notre cas, le dialogue entre chrétiens et musulmans, n’est pas

seulement nécessaire pour construire la paix, mais c'est un impératif de notre foi ». Durant les trois journées de travail, les responsables pour le dialogue avec les communautés musulmanes du continent ont abordé le thème de l'origine et des causes du phénomène de radicalisation de certaines communautés musulmanes en Europe. Ils ont également présenté un certain nombre d'expériences de dialogue en cours, notamment en Espagne, en Suisse, en Allemagne, en France et en Bosnie-Herzégovine, pays qui sera visité par le Pape François le 6 juin prochain, 20 ans après la fin de la guerre. Parmi les experts qui ont participé à cette réunion figuraient Olivier Roy, de l'Institut Universitaire Européen de Florence, et Omero Marongiu-Perria, sociologue des religions, lui-même de confession

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INFORMATIONS ET NOUVELLES

musulmane, et membre du CISMOC, le Centre Interdisciplinaire d'études de l'Islam dans le Monde Contemporain rattaché à l'université de Louvain, Belgique. Les travaux ont été guidés par l'archevêque de Bordeaux, le Cardinal Jean-Pierre Ricard, et accompagnés par le Cardinal Jean-Louis Tauran, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux. Mgr Diego Causero, nonce apostolique en Suisse, a également pris part à la rencontre. Message adopté par les participants : « Cette année, alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de Nostra Aetate, nous sommes plus que jamais convaincus que le dialogue interreligieux et, dans notre cas, le dialogue entre chrétiens et musulmans, n’est pas seulement nécessaire pour construire la paix, mais c'est un impératif de notre foi. L'Islam est une religion riche et diversifiée dans sa tradition, avec plusieurs courants de pensée. Cependant, comme toutes les religions, il se trouve à aborder les défis de la radicalisation dans le contexte contemporain. Pour dépasser la radicalisation, nous avons besoin de la liberté de religion et de son principe fondamental: la liberté de conscience. L'éducation religieuse joue un rôle important dans le renforcement de l'identité religieuse, dans le respect le plus total des convictions religieuses des autres. Cela aide également à construire la solidarité avec les personnes marginalisées, persécutées, et avec les victimes de la radicalisation, indépendamment de leur credo. Le fruit de notre réflexion sur ces défis consiste à renouveler et approfondir notre engagement à l'égard du dialogue du point de vue religieux, culturel et social. Nous souhaitons renouveler notre engagement pour une rencontre dynamique avec les musulmans, aussi bien en matière intellectuelle-académique qu'en matière de vie quotidienne. Cela exige un examen personnel approfondi et une réflexion théologique sur notre foi et sur la pratique chrétienne, notamment à la lumière des défis posés par la sécularisation et par les mouvements populistes aussi bien pour le Christianisme que pour l'Islam. Un dialogue authentique exige que nos communautés chrétiennes continuent d’être les témoins vivants de la Parole de Dieu, communautés de prière et d'accueil de « l'autre » qui vit parmi nous. Le Jubilé de la Miséricorde nous offre une opportunité unique de montrer qu'il est possible de vivre ensemble et de partager des aspirations communes. La miséricorde ne domine pas. La miséricorde fait «place à la diversité et à l’acceptation de l’autre. »

Israël : “Le judaïsme qui brûle églises et mosquées n’est pas le nôtre”

Le directeur de l’Institut interreligieux Elie, le rabbin Alon Goshen-Gottstein, lance une collecte pour la restauration du sanctuaire de Tabgha. “Le judaïsme qui brûle des églises et des mosquées n’est pas le

nôtre”, déclare le rabbin Alon Goshen-Gottstein. Le patriarcat latin de Jérusalem salue une “belle initiative de solidarité” : celle de l’Elijah Interfaith Institute, un collectif réunissant plusieurs représentants de diverses confessions engagés dans le dialogue interreligieux, et fondé par le Rabbin Alon Goshen-Gottstein.

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C’est sous l’impulsion de ce dernier qu’une collecte a été lancée, pour recueillir des fonds pour la restauration du sanctuaire de Tabgha. La campagne, lancée il y a quelques jours, a recueilli la signature du porte-parole du Parlement israélien, la Knesset, Yuli Edelstein. Le promoteur de cette opération, le rabbin Alon Goshen-Gottstein déplore et condamne la recrudescence des actes de vandalisme anti-chrétiens en Terre Sainte, et il explique le sens de la collecte : “Cette

campagne ne vise pas seulement à restaurer l’église ; elle veut également délivrer un message au

monde. Le judaïsme qui brûle des églises et des mosquées n’est pas le nôtre”, affirme-t-il: “C’est une

manière d’exprimer notre soutien concret à l’amitié entre les religions”. Le 18 juin dernier, l’Eglise de la multiplication des pains de Tabgha, sur la rive nord-ouest du Lac de Tibériade a été visée par un incendie criminel ; une bonne partie du cloître a été endommagée. Les dégâts se chiffrent en millions de shekels. Un graffiti haineux en hébreu a été découvert à proximité sur un mur. Cet incendie a suscité une très vive émotion en Terre Sainte. Les Patriarches et chefs d’Eglises de Jérusalem ont dénoncé une profanation “inacceptable”, appelant les autorités israéliennes à agir avec diligence et sévérité contre les auteurs de tels actes, récurrents depuis quelques années. Quelques jours après l’incendie, quelque 3 000 personnes ont manifesté leur indignation devant le sanctuaire.

La communauté bouddhiste du centre de Dhagpo, à Saint-Léon-sur-Vézère en Dordogne a accueilli le Karmapa Trinley Thayé Dorjé, un haut dignitaire du bouddhisme en ce mois de Juillet. Près de 2000 personnes sont venues pour le rencontrer.

Une interview du Père Joseph Moingt, s.j

Aucune des trois religions monothéistes ne peut se prétendre universelle si elle se considère propriétaire de la vérité totale. Ton métier de théologien consiste à t’interroger sur la vérité révélée. Comment présenterais-tu la véri-

té que tu as découverte dans l’Evangile, dans l’Ecriture, dans la tradition, dans l’Eglise ? D’abord je ne l’ai pas découverte, je la découvre. Et quand je dis que je la découvre, cela signifie que je n’accepte pas telle quelle la vérité qui m’est présentée au nom de l’Ecriture, au nom de la tradition. Cependant, loin de moi la pensée d’opposer ma vérité à celle qui me vient des Ecritures et de la tradition. Simplement – est-ce un héritage cartésien, je ne sais pas – je demande un droit de regard. Pourquoi un droit de regard ? Parce que cette vérité ne me vient pas comme expression de la vérité universelle ; elle

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DOCUMENTS

me parvient comme une vérité qui m’est dite par le christianisme et qui ne représente quand même maintenant qu’une portion de la vérité totale, je veux dire une portion de l’humanité. Et donc, avant de dire que c’est LA vérité, j’ai besoin d’interroger toute la vérité qui est autour de moi et qui déjà pénètre également le monde chrétien. Tu dis que tu ne t’intéresses pas seulement à la vérité chrétienne mais à la vérité totale. Qu’entends-tu

par vérité totale ? Si je prends les concepts purement rationnels, la vérité totale ne peut être que la vérité de tous. Personne ne peut la mesurer à l’heure actuelle. Il y a dans le christianisme une dimension d’ouverture et d’ouverture universelle par définition. Donc il me demande d’écouter la vérité qui vient de partout. Je me souviens d’avoir lu jadis, chez le père Montchanin qui vécut longtemps en Inde, qu’on ne saurait recevoir la totalité de l’Evangile de Jean que lorsque cet évangile aurait été traduit, lu, assimilé par tout le peuple indien, disons donc par le peuple universel. Pour moi, la vérité chrétienne est une ouverture sur la vérité universelle. Elle me dit que, au nom de ma vérité chrétienne à laquelle j’adhère, je ne peux pas exclure la vérité de l’autre : d’autres religions, d’autres cultures ; disons simplement, la vérité de l’humanité quand elle sera parvenue à une unité – cette unité que l’Evangile de Jean nous fait miroiter : « Qu’ils soient tous un comme nous sommes un. » Veux-tu dire que la vérité est, pour toi, comme une sorte de mouvement de l’humanité vers une

certaine unité de tous ? Tout à fait… sauf que, en tant que chrétien, je veux bien que mon point de vue ne soit pas admis par tous. Le fondement pour moi de la vérité, c’est qu’elle s’est incarnée dans un événement et un homme de l’histoire. Par là, la vérité s’est humanisée. Elle a voulu s’exprimer dans toute l’humanité. Je suis chrétien, donc je prends la vérité chrétienne comme guide de ma pensée vers la vérité toute entière. Jésus a dit : « Je vous enverrai l’Esprit qui vous conduira vers la vérité tout entière. » La plénitude de la vérité de l’Evangile, de la vérité qui s’est incarnée en Jésus de Nazareth, ne peut nous être connue que dans son ouverture sur l’universel. C’est pourquoi nous ne pouvons frapper personne d’exclusion ni accuser quiconque de mensonge sauf quand une expression se présenterait qui justement fermerait la vérité. Alors nous pouvons dire : non, la vérité n’est pas là. Peux-tu décrire ce que signifie « fermer la vérité » ? Ce serait l’enfermer dans un livre, dans un dogme fût-il catholique, mais aussi bien dans une autre religion. On enferme la vérité lorsqu’on exclut les autres au nom de ce qui nous paraît être la force entière de la vérité. La vérité c’est toujours ce qui nous dépasse. Donc moi chrétien, je dirai que la vérité est chrétienne mais le christianisme est l’ouverture sur l’universel. C’est cela une pensée catholique. Donc je ne prétends pas même enfermer la vérité dans mon acte de foi, si ce n’est pour dire qu’elle est là mais que je ne l’ai pas enveloppée dans ma pensée.

Quand tu te trouves avec des musulmans qui te disent : «La vérité passe chez nous… il faut passer

par nous pour y accéder… », qu’entends-tu dans leurs propos ? Faut-il, pour accéder à la plénitude de la vérité du christianisme, que je passe par la vérité juive qui n’accepte pas d’être enfermée dans la vérité chrétienne ? Faut-il que je passe par la vérité musulmane ? Mais elle ne peut pas non plus se prétendre comme vérité universelle. La vérité universelle n’est pas la somme de toutes les vérités, c’est l’exclusion de toute exclusion. Je n’irai pas chercher la vérité universelle dans l’islam. J’écouterai la vérité de l’islam dans la mesure

21

22 où je peux la comprendre. Mais le puis-je vraiment ? Je n’appartiens pas à une tradition musulmane, pas plus qu’à une tradition juive. Je suis de tradition chrétienne : j’admets a priori que ma capacité de dire la vérité est limitée. Mais je ne dirai pas que la vérité universelle est la somme de la vérité, juive, chrétienne, musulmane, bouddhiste, etc. C’est ce qui fait éclater les frontières de toute vérité partielle. On trouve souvent, dans des textes officiels de l’Eglise, en particulier ceux de Vatican II, une sorte de

vision concentrique de la vérité : le christianisme est au centre, puis on trouve les monothéismes juifs

et musulmans, ensuite les bouddhistes et enfin les agnostiques ou les athées. Plus on s’éloigne du

centre plus on est étranger à la vérité. Que penses-tu de cette vision où le christianisme est au centre

mais où il y a quand même de l’estimable chez les autres ? Tu évoques la déclaration « Nostra aetate » de Vatican II. Il est vrai que cette vision ramène tout, au bout du compte, à la vérité chrétienne. Mais dans une vision historique, il faut aussi reconnaître que c’est la première fois que l’Eglise a reconnu qu’il y a aussi de la vérité ailleurs. Je prends cette déclaration comme un texte d’ouverture sur les religions. Je crois que beaucoup de cercles catholiques ont ressenti cette ouverture comme un grand pas fait en avant. Tu pourras me dire, avec raison, qu’ensuite il y a eu des textes qui disaient que la vérité est chez nous. Cependant on ne peut nier les textes d’ouverture sur l’universel, sur l’extérieur. Je crois qu’un texte du magistère doit être approché à partir de ce qu’il a dit de neuf. Tous les textes du Magistère répètent : « Comme l’ont dit nos prédécesseurs d’illustres mémoire… ». L’intérêt d’un document du magistère réside en ce qu’il a dit de neuf. La nouveauté de Nostra Aetate à Vatican II consiste dans l’ouverture sur les autres religions. Alors qu’avant on disait : « La vérité est chez nous et ailleurs il n’y a que du mensonge, » Vatican II a voulu tenir un langage différent. Je concède pleinement qu’il y a encore du chemin à faire et que bien des prises de positions aujourd’hui semblent revenir en arrière. Cependant je veux considérer d’abord l’ouverture permise par Vatican II. Comment retraduirais-tu la vérité du message de Jésus-Christ dans notre monde tel qu’il est

aujourd’hui, en particulier dans son pluralisme religieux et la présence de l’islam en Europe? Je n’ai pas la même sensibilité que toi parce que je ne rencontre pas, pour ma part, de musulmans. Cependant je dirais que je ressens cette impulsion à l’ouverture qui est donnée. Avant d’être une ouverture abstraite – sur des concepts –elle est une ouverture sur des individus. A partir de là et dans la mesure où eux-mêmes seront convertis à cette ouverture, alors on fera la vérité ensemble. Deux systèmes religieux –l’islam et le christianisme – se rencontrent sur une même terre. Ne sont-ils

pas convaincus de posséder quand même chacun la vérité ? Et si oui, comment ne pourraient-ils pas

s’affronter et la religion devenir source de guerre ? La vérité du christianisme consiste à s’ouvrir à l’autre. Il ne s’agit pas de vouloir convertir l’autre, ce qui est toujours une attitude violente. La charité fait la vérité. Il n’y a pas de vérité abstraite. La vérité c’est quand on se serre la main, quand on s’embrasse. Si un musulman me dit que la vérité est dans l’islam, dans la charia, je respecterai sa position. Mais je lui dirai que la vérité ne peut pas être inscrite seulement dans un code ; elle est au-delà. Je ne peux pas m’enfermer dans la Loi de l’autre, dans la charia. Je ne suis pas musulman ni arabe. Je suis foncièrement chrétien. Je dirai au musulman : j’essaye d’aller au-delà; s’il te plaît, fais, toi aussi, le même chemin; alors nous pourrons nous rencontrer.

23 Dirais-tu que la vérité est au travail lorsqu’un groupe de musulmans et de chrétiens se rencontrent

fraternellement ? Elle est dans l’échange, partagée entre musulmans et chrétiens. Les chrétiens ont une vérité incarnée en Jésus-Christ. Je ne le dis pas pour urger la foi en Jésus mais pour urger la réconciliation entre hommes. La vérité n’est pas dans l’Oumma musulman, pas plus que dans la « chrétienté ». Quand on voit tous les crimes, notamment contre l’islam, qui se sont fait dans la chrétienté ! La vérité de l’échange entre musulmans et chrétiens nous pousse précisément à désavouer la vérité qui a pu s’exprimer jadis dans un christianisme guerrier.

Joseph Moingt

Rencontre à Gretz- Juillet 2015

Contribution du Pasteur Frédéric Fournier

Le texte 1 Rois 19,4-12 relatant l’expérience du prophète Elie au Mont Horeb me semble résumer ce que peut être la vie de prière dans les moments difficiles. 1/ L’épreuve d’Elie : dans une situation vraiment très délicate, Envoyé par Dieu auprès de son peuple, il n’est pas écouté. La reine veut même le faire assassiner. Il est contraint de fuir. Elie traverse une période de désert. Il marche 40 jours dans le désert, un lieu aride, il n’y a rien à manger, un lieu d’épreuves, de détachement et purification. Elie va y rester 40 jours. Nombre symbolique qui signifie entre autre une longue période d’épreuve initiatique. Si on s’en sort, on devient plus grand et plus fort plus parfait comme la chenille qui abandonne son vieux corps de paillon pour devenir un magnifique papillon. D'ailleurs, en hébreu, la lettre Mem qui sert à écrire le nombre 40, représente une matrice. La matrice engendre. L'épreuve quand on s'en sort donne naissance quelque chose de beau. Ainsi le peuple hébreu a marché 40 ans dans le désert pour passer de l’esclavage et à l’absence de terre à la liberté et à la possession d’une patrie. Jésus après son baptême va subir 40 jours d’épreuves dans le désert avant de commencer sa magnifique mission d’enseignement et de guérison. Nous aussi, nous traversons aussi des périodes de désert, de sécheresse dans la vie courante comme dans la vie spirituelle. Pourtant, cette période de désert ne signifie nullement que nous régressons sur le plan spirituel. Bien au contraire, elle peut être le signe que nous allons passer un cap important dans la vie spirituelle. Que va faire Elie pour traverser cette période de désert ? 2/ La prière vocale et mentale : Elie va s’adresser à Dieu pour exprimer son désespoir qui se manifeste par le découragement et la plainte : « les Fils d’Israël ont abandonné ton alliance », sous-entendu : « tu m’as confié une mission : inviter les Fils d’Israël à respecter ton alliance, je n’en ai pas été capable » La culpabilité : « je ne vaux par mieux que mes pères. » Sous-entendu « je suis nul et bon à rien comme mes pères ». (v4) Des tendances morbides à la limites suicidaires : « Maintenant Seigneur, c’est est trop : reprend ma vie ». « Oui, j’en ai assez de vivre, je veux mourir » La réponse de Dieu est vraiment intéressante. Il ne répond pas à sa demande de mourir.

24 Sa réponse n’est pas d’ordre moral : « Comment Elie, tu veux mourir, mais ce n’est pas bien. Secoue-toi, sinon je vais te punir… » Elle n’est pas d’ordre théologique ou philosophique: « Elie, tu souffres, c’est normal, la condition humaine est fragile, seul moi suis infini… ». Non, Elie n’est pas en état d’entendre une leçon de théologie. Il prend soin de lui. : il lui donne du pain et de l’eau, c’est-à-dire ce qui est nécessaire pour qu’il puisse traverser cette période de désert et d’épreuve. Il lui dit « Lève-toi ». Dieu ne veut pas que l’homme soit humilié, à genoux : la gloire de Dieu c’est que l’homme soit digne et debout ! » Et ensuite, il lui demande de continuer sa route.

1er stade de la prière dans la vie spirituelle : la pr ière de demande, celle que nous avons pratiqué tout à l’heure. Prière à laquelle Dieu répond à sa façon pour que nous restions debout et puissions continuer notre route. 1/ Disponibilité Elie arrive à la fin de son parcours initiatique. Il monte sur une montagne : L’Horeb. La montagne est symboliquement le domaine des dieux, de Dieu, de l’ultime. Elle est au-dessus de l’homme. C’est sur cette montagne que Moïse est déjà monté pour communier avec Dieu et recevoir de lui les dix paroles, les dix commandements. C’est sur une montagne que Jésus s’isole pour prier et communier avec Dieu. D'ailleurs, c'est bien Dieu que recherche Elie : il exprime sa soif d’ultime : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi » oui, Seigneur tu es le but ultime de ma vie. Elie va aller dans une grotte, celle où Moïse a été avant de communier avec Dieu en recevant les 10 paroles (Exode 33,21-23). La grotte est un lieu à l’intérieur de la montagne, un abri, un lieu de repos. La grotte est ce lieu à l’intérieur de nous-mêmes. Ainsi pour trouver Dieu qui est au-dessus de nous, il faut entrer à l’intérieur de nous-mêmes, dans notre grotte, dans notre matrice. Mais comment le trouver ? Elie a simplement à être là, disponible, ouvert. Voilà la posture qui nous permet de communier avec l’ultime : être là simplement. 2/ L’expérience de l’Ultime Elie va faire plusieurs expériences : il va entendre un ouragan. Mais Dieu n’est pas en cela. Elie va assister à un tremblement de terre. Mais Dieu n’est pas là. Elie va voir un feu. Le feu détruit. Le feu est un dieu. Mais Dieu n’est pas là. Elie va entendre un fin silence : et Dieu se manifeste dans le silence. Eli est tellement impressionné par cette expérience divine qu’il se couvre le visage. Ainsi Dieu ne se manifeste ni dans le feu, l’orage, ou le vent… Dieu est au-delà Aujourd’hui, Dieu est au-delà des compréhensions que nous pouvons en avoir. Il est au-delà des expériences grossières. Il est au-delà des dogmes et des définitions. Il est au-delà des paroles. Dieu se manifeste dans le puissant silence. La véritable expérience de Dieu se fait dans l’indicible.

2ème stade : C’est au fond de soi, dans un état de disponibilité, dans le silence intérieur que se manifeste l’Ultime.

CONCLUSION 1er stade de la prière dans la vie spirituelle : la pr ière verbale ou mentale de remerciement ou de demande. 2ème stade : C’est au fond de soi, dans un état de disponibilité, dans le silence intérieur que nous communions à l’Ultime.

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Contribution de Sr Marie Pinlou :

Prier : se tenir en présence de Dieu : la pr ière chrétienne prend des formes diverses. Mais au-delà des expressions diverses, prier consiste à se tenir en présence de Dieu, le cœur ouvert, disponible et humble comme un tournesol...Cette fleur qui se tourne sans cesse vers le soleil symbolise bien, à mon sens, le croyant et la prière. Ainsi, dans la prière, l’homme de foi se tourne vers son Dieu pour se laisser éclairer et réchauffer par Lui, recevoir de Lui force et lumière. Qui donc est Dieu devant qui le croyant se tient ? Je ne peux par ler de Dieu qu’à partir de la tradition judéo-chrétienne qui est la mienne et de la foi chrétienne dans laquelle j’ai été baptisée. Le Dieu biblique me semble le plus universel et le plus ineffable, le plus inaccessible et le plus familier… En fait, Dieu « habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir » (1 Timothée 6, 16). L’évangile me révèle que Jésus Christ, le Fils de Dieu qui s’est fait homme parmi les hommes est Celui qui nous a fait connaître Dieu : « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14, 9). Le Christ, vrai Dieu et vrai homme, est parole de vie et visage de Dieu. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20) désormais le Seigneur Jésus est le compagnon de nos routes d’homme ; il l’est à la manière du mystérieux inconnu qui rejoignit les pèlerins d’Emmaüs : ceux-ci ne reconnurent pas le Christ ressuscité leur expliquant les Ecritures et au moment où leurs yeux s’ouvrirent, il disparut de leur regard sensible. Ainsi ma foi est et sera constamment à sa recherche. Le mystère de Dieu est toujours au-delà de ce que je peux en percevoir et comprendre. Je balbutie l’expérience que j’en fais dans ce qu’il y a de plus vivant en moi. Je ne sais pas vraiment qui il est, même si, avec l’Église, je le nomme Père, Fils et Esprit, Trinité d’amour. Je sais, dans la foi, qu’on ne peut se représenter Celui qui est « au-delà ». L’attitude juste devant l’Indicible, l’Infini de Dieu est celle de l’adoration et du silence… Qui suis-je en présence de Dieu ? : La question « qui est Dieu ? » renvoie à « qui je suis ». Pour moi, croyante et consacrée, Dieu est Quelqu’un de personnel qui m’aime et habite ma conscience depuis mon enfance. Mais comment rendre compte aujourd’hui de cette expérience trinitaire vécue à partir du cœur et qui a une influence sur ma vie ? Dieu est toujours là : la prière des baptisés « Notre Père qui es aux cieux » me rappelle qu’Il m’enveloppe de sa présence paternelle où que je sois, même dans les bas fonds de la solitude. Le psalmiste, croyant de l’Ancien Testament avait déjà expérimenté la réalité de la présence de Dieu : ps 138 « Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l'aurore et me pose au-delà des mers : même là, ta main me conduit, ta main droite me saisit. J'avais dit : « Les ténèbres m'écrasent ! » mais la nuit devient lumière autour de moi. Même la ténèbre pour toi n'est pas ténèbre, et la nuit comme le jour est lumière ! » Cet Être, autre et différent, est au centre de ma vie par la relation que je maintiens avec lui. Ainsi la difficulté consiste-t-elle à me rendre présente à sa Présence. Au 4e siècle, Saint Augustin l’a fort bien décrite : « tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi. » Comment se tenir en face du Dieu vivant ? : Le psaume 130 nous appelle à une attitude d’humilité devant la face du Dieu vivant : « Je tiens mon âme égale et silencieuse. Mon âme est en moi comme un enfant, Comme un petit enfant contre sa mère, Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais » La parabole du pharisien et du publicain dans l’évangile de Luc 18,9-14 illustre la disposition du cœur de l’homme agrée par Dieu : « Mon Dieu prends pitié du pécheur que je suis ». Prier c'est avant tout aimer et se laisser aimer dans une attitude d'ouverture à Quelqu'un qui nous

26 dépasse infiniment. Elle est une démarche de confiance filiale qui débouche sur un regard lucide et profond sur le sens de notre vie. Mais il arrive que l'on ne ressente pas la présence de Dieu. Mais l'amour de Dieu n'est pas que sentiment. Cette épreuve est un chemin de purification pour découvrir l'amour véritable. Il faut accepter de s'ennuyer par amour et apprendre à écouter le silence de Dieu. Nous tenir devant Dieu pour tous : Se tenir devant Dieu pour tous implique l’attention au prochain que Dieu aime et habite. Un récit du livre de la Genèse (18,20-32) nous raconte un dialogue entre Abraham intercédant pour les habitants de Sodome. L’audace et l’habileté d’Abraham relèveraient plutôt du marchandage mais sans doute voulait-il sonder l’étendue de la justice et de la miséricorde de Dieu. Depuis lors, la prière d’intercession en faveur du peuple sera le fait des prophètes que Dieu a choisis pour conduire et enseigner son peuple. Le Seigneur Jésus, vrai Dieu et vrai homme est désigné dans le Nouveau Testament comme l’Unique Médiateur entre Dieu et les hommes, l’intercesseur parfait, et à cause de cela, toute prière chrétienne devient une prière d’intercession puisqu’elle est offerte à Dieu par le Christ, dans l’Esprit. « Si bien que, sous la conduite de l’Esprit, le plus silencieux, le plus petit, le plus infirme, le plus malade, celui qui est au fond d’une cellule, d’un lit d’hôpital, d’un désert, peut être pour ses frères, pour le monde, une source jaillissante d’amour par l’abandon contemplatif, l’offrande de sa vie, comme un contrepoids d’amour pour tous les refus d’amour » (Maurice Zundel)

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DUNNE, Carinn : Quand Bouddha rencontre Jésus, six conver sations. Traduit de l’anglais (États-Unis) et présenté par Jacques Scheuer s.j.

Édition Lessius, Namur, 2015, 97 pages, 13 €

Ce livre a connu un grand succès aux États-Unis, parce qu’il présente d’une façon vivante la rencontre du Bouddhisme avec le Christianisme, non pas comme deux doctrines, mais, pour ce qu’ils sont vraiment : deux personnes fascinantes qui ont suscité deux traditions spirituelles. Le Père Jacques Scheuer a voulu que le public francophone puisse également bénéficier de ce dialogue imaginaire, mais pas du tout fantaisiste. On y voit comment, à six reprises, Gotama le Bouddha et Jésus le Christ se croisent, sur les routes de Galilée ou dans les murs de Jérusalem. La rencontre d’êtres libres suscite la liberté. Ce petit livre s’empare de cette liberté et en assume les risques. Après tant de confrontations voire d’affrontements entre doctrine, voici la voie simple et directe de la conversation. Différents par le tempérament, la vision du monde, le message de folle sagesse, Gotama et Jésus tour à tour s’attirent et se repoussent, se déconcertent l’un l’autre, se découvrent paradoxalement proches. Empreints de respect et d’amitié, jamais leurs échanges ne cèdent aux facilités d’une opposition agressive ou d’une conciliation de surface. Cette présentation en forme de dialogue semble, au départ, assez artificielle, mais le lecteur découvre peu à peu qu’il ne fait qu’expliciter son propre dialogue intérieur, un dialogue chrétien-bouddhiste si nécessaire aujourd’hui..

Eloge de la profondeur POMMEL Isabelle ;

Yves Raguin (1912-1998), L’expérience missionnaire et spirituelle d’un jésuite en Asie ;

Christus-Lessius ; 366 p. ; 29 euros. Yves Raguin, l’un des grand pionnier du dialogue intra-religieux, a désormais sa biographie. Précieux travail mené par Isabelle Pommel qui permet, au travers de très larges citations, de remettre en perspective l’œuvre du jésuite ainsi que les ressorts spirituels qui le guidèrent tout au long d’une vie contrastée. Comment en effet imaginer que celui qui reçu une éducation chrétienne très classique, à l’image de la France catholique d’avant-guerre, deviendrait bientôt un missionnaire aux intuitions avant-gardistes ? Certes, la formation jésuite de Fourvière à Lyon ou le Cercle Jean-Baptiste à Paris lui firent rencontrer de nombreuses figures caractéristiques de cet ensemble d’auteurs spirituels français de la seconde moitié du XXe siècle qui manifesteront, selon Benoît Vermander, préfacier de l’ouvrage, « un détachement progressif et même un refus décidé, des certitudes et des façons de dire héritées d’un milieu et d’une époque, une quête de ressources spirituelles alternatives pour reprendre autrement le chemin de l’expérience spirituelle, et partager avec leurs contemporains ce qui a été redonné comme neuf ». Une transformation des habitudes qui se fera essentiellement au contact de l’Asie où il débarque en 1949. Installé à Shanghai, il en sera expulsé en 1953 par les autorités communistes, et gagnera alors Taiwan, pays qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort, si ce n’est lors de missions universitaires au

RECENSIONS

28 Viêt-Nam, aux Philippines, au Japon, au Canada ou encore aux Etats-Unis, sans compter les tours du monde qu’il fera au gré des conférences et retraites dont il ne sera jamais avare… Dès son arrivée en Chine, l’expérience concrètement vécue de la rencontre avec des personnes et une civilisation tout autre sera le moteur de sa formation et de son évolution. L’intuition première ne le quittera plus : avant de prêcher, fut-ce de la plus heureuse façon, il faut écouter ! Un modèle missionnaire reçu de Matteo Ricci dont il revendiquera l’héritage tout au long de sa vie. Le grand ancêtre jésuite, maître d’une inculturation avant l’heure, discernait en effet trois chemins de rencontres privilégiés : l’écoute, l’humilité et l’amitié. Trois voies qui, loin d’être de simples techniques d’évangélisation, sont constitutives, selon Yves Raguin, d’une authentique démarche spirituelle de configuration au Christ : « Il faut que l’apôtre ait, par un long effort portant sur l’étude de la langue, des coutumes, de la mentalité, des manières de sentir, des habitudes de penser, découvert l’harmonie profonde de ce monde si différent du sien. Il aura au cours de cette recherche le sentiment de se perdre, car il se perd en effet (…) D’où ce sentiment de mort et de vide qu’il peut ressentir jusqu’à l’angoisse (…) A mesure qu’il avance, il voit ce vide qu’il crée en lui se transformer en plénitude, plénitude de la nouvelle culture qui l’envahit et plénitude du Christ qui se révèle dans le vide qu’il a fait en lui ». Nous sommes ici de plain-pied au cœur de sa vie spirituelle si bien caractérisée par le paradoxe du vide et de la plénitude envisagés et vécus de façon non duelle. On touche là à l’état de vide intérieur qu’il cultivera tout au long de sa vie « à la manière du Christ ». Un processus de kénose, de dépouillement de soi jusqu’à la corde, qui permet de tout donner et tout recevoir dans l’écoute. Cet état de vide intérieur agissant à la manière d’un vacuum se réalise en grande partie par la pratique de la méditation zazen que lui a enseigné un maître japonais. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière les apparences du calme et de la quiétude de la méditation se cache une expérience intérieure bouleversante qu’il relate très souvent en terme d’explosion ! Une discipline qui est aussi un tremplin de la rencontre interreligieuse : « Celui qui s’assied ainsi, soit à la manière taoïste pour le tso-wang (s’asseoir dans l’oubli), soit à la manière bouddhique pour le tso-ch’an (s’asseoir en médiation zen), le fait dans la conviction qu’au fond de son cœur il peut faire l’expérience de sa nature. Dans cette nature, le bouddhiste voit la nature de Bouddha, fondement de toutes choses ; le taoïste y voit le Tao présent en toutes choses et le chrétien l’image de Dieu qui fait de lui un homme ». On le comprend, l’expérience dont il s’agit se situe à une profondeur qui se situe bien au-delà des mots afin de pénétrer dans l’élan vital des religions qu’il cherche à rencon-trer. Au-delà des mots : un paradoxe pour ce lexicographe dont le Grand Œuvre consistera en la rédaction d’un dictionnaire, le Grand Ricci, durant 40 ans ! Et aussi un point de discorde avec ses confrères. C’est que là où on le pousse, compte tenu de son immense culture, à se consacrer à des recherches scientifiques sur les religions chinoises pour elles-mêmes, lui préfère se livrer à des travaux spirituels mettant en lumière la fécondation réciproque du christianisme et du monde asiatique. C’est que ses nombreuses ouvertures en direction des autres religions, loin de l’éloigner de sa propre tradition, le pousse au contraire à la redécouvrir toujours davantage avec des yeux ou plus exactement un cœur nouveau : « Dans le dialogue avec les religions, n’ayons pas cette attitude un peu trop fréquente je crois qui consiste à minimiser les richesses sans pareilles du christianisme pour exalter parfois sans mesure les beautés des autres religions. Si nous nous laissons séduire par les attraits des autres religions, c’est bien souvent parce que nous ne connaissons pas assez profondément notre christianisme, et surtout parce que nous le ne vivons pas assez intimement ». En définitive, il s’agit d’entrer mutuellement dans le mystère : « Le point de contact entre les chrétiens et les autres croyants n’est plus à chercher dans la formulation des doctrines, mais dans une même démarche d’humble recherche, attirée plus ou moins explicitement par le même Verbe de Dieu ». Ainsi

parvient-on à un enrichissement mutuel qui ranime la foi des auditeurs dans leur propre religion afin qu’ils y découvrent « la lumière spirituelle de leur existence ». On le comprend dès lors : plutôt qu’œuvre missionnaire classique ou exercice de religion comparée, la démarche spirituelle d’Yves Raguin vise prioritairement l’anthropologie pour l’avènement d’un humanisme universel. Il perçoit parfaitement les tendances lourdes de son temps et notamment ce processus d’universalisation que l’on ne nommait pas encore mondialisation mais qu’il appelle à créer et non à subir ! Et tout particulièrement le rôle grandissant que la Chine prendra dans ce processus : « Il m’est impossible de me figurer l’humanisme planétaire de demain sans que soit d’abord résolu le problème de l’entrée de la Chine dans les grands courants de la pensée mondiale. Le monde asiatique est en marche vers un grand carrefour où il rencontrera les peuples des autres parties du monde, venus chacun par son chemin ». Une rencontre en forme de révolution copernicienne qui transformera l’Eglise du Christ : il s’agit pour elle d’un changement aussi radical que lors des premiers siècles, quand elle cessa d’être une Eglise simplement judéo-chrétienne pour s’ouvrir aux croyants du monde gréco-romain, devenant ainsi vraiment catholique. Ne nous y trompons pas : ce processus d’universalisation est très exactement celui qu’est en train de vivre l’Eglise actuellement - non sans douleur - depuis qu’elle rencontre en profondeur l’Asie et ses religions. Tout cela pour l’avènement d’un Christ toujours plus vaste qui ne cesse de grandir au contact des différentes cultures qui l’enrichissent autant qu’il les transforme: « Continuellement, j’ai été amené à voir le Christ sous des aspects qui étaient moins familiers à ma formation première. Le Christ est maintenant beaucoup plus grand et beaucoup plus riche pour moi qu’il ne l’était quand je le voyais uniquement dans la perspective de la pensée occidentale. » En ce sens, Yves Raguin est bien un défricheur de chemins nouveaux.

Frère Irénée

CHRISTIANISME ET SAGESSES D’ORIENT Ces chrétiens qui boivent aux sources de l’Asie

COLETTE MESNAGE Editeur : Médiaspaul – 256 pages – 20 €

« La sagesse et la mystique de l’Orient ont beaucoup à nous apprendre » écrivait Carl G.Jung. Dès le 18ème siècle le Pape et le Dalaï Lama entretenaient une correspondance et, depuis le 19ème siècle, des traductions permettent d’aborder les sagesses de l’Inde et de l’Extrême-Orient. Ces trente dernières années, le phénomène s’est accéléré, n’échappant pas à la mode ni aux tentations syncrétistes. La méditation, le zen, font « tendance » ! Plus sérieusement, le bouddhisme connaît un essor étonnant en Occident. Devant cet engouement, des chrétiens, hommes et femmes, laïcs, moines, moniales, religieux cherchent à comprendre de l’intérieur les trésors spirituels de la vie, confortés par la volonté de dialogue interreligieux clairement affirmé par le Concile. Colette Mesnage s’intéresse depuis longtemps « aux ponts » possibles entre spiritualité chrétienne et mystique orientale et asiatique. Elle est persuadée qu’un enrichissement mutuel est possible. Elle connaît bien un certain nombre ces « pionniers » qui, tout en restant enracinés dans leur foi chrétienne, ont choisi de se mettre à l’écoute des » sagesses d’Orient ». On découvre des itinéraires d’une grande intensité spirituelle, on s’initie à des courants philosophiques, des sagesses, des arts de la méditation qui peuvent venir enrichir nos propres chemins de foi chrétienne. Des rencontres riches et passionnantes ! Cette réflexion s’adresse aux chrétiens qui souhaitent découvrir les différentes voies de méditation issues des sagesses d’Orient et au large public catholique qui s’intéresse au dialogue interreligieux.

Table des matières

Prière interreligieuse……………… Evènements-Rencontres ………….. Projets………………........................ Informations – Nouvelles………….. Documents ......................................... Recensions ………………………….

Nous vous invitons à consulter les deux sites du DIM :

pour l’Europe : www.dimmid.eu

bulletin international Dilatato Corde on line : www.dimmid.org

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Ce bulletin de liaison est publié deux fois par an par les Commissions Francophones pour le Dialogue Interreligieux Monastique.

Pour la Belgique, la France et la Suisse :

Sr. Marie Pinlou Monastère des Bénédictines F-64240 URT [email protected]