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République Algérienne Démocratique et PopulaireMinistère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
* * *UNIVERSITE KASDI MERBAH -OUARGLA
Faculté des Lettres et LanguesDépartement des Lettes et des Langues Etrangères
N° de série/……………….
ECOLE DOCTORALE ALGERO-FRANCAISEAntenne de l'Université Kasdi Merbah –Ouargla
Mémoire
Pour l'obtention du diplôme de
MAGISTERE DE FRANÇAIS
Option: Didactique
Présenté et soutenu publiquement
Par Melle Djalila BOUCHEMAL
Titre:
Directeur de recherche: Dr. Med El Kamel METATHA
Les membres du jury :Dr. Salah KHANOUR. Maître de conférences "A", Université de Ouargla – PrésidentDr. Abdelouahab DAKHIA. Professeur, Université de Biskra – ExaminateurDr. Med El Kamel METATHA. Maître de conférences "A" Université de Batna – Rapporteur
Année universitaire : 2010-2011
Dédicace
Je dédie ce modeste travail aux personnes qui ont partagé le plus ma souffrance et
ma joie à un moment ou un autre de ma vie.
A la mémoire de ma grande mère Mamma.
A toi cœur d’or et à la fois courageux, bon et généreux.
Toi qui sais redessiner le sourire sur mon visage et sur mes lèvres.
Toi ma source d’affection et mon bonheur. Toi douce et adorable… Mama.
A toi qui ne m’a jamais refusé un souhait, un rêve, une volonté.
Je suis fière d’être ta fille… Papa.
A mon unique et adorable sœur Fahima : pour son soutien, sa présence et son
amour.
A vous mes frères : Mourad, Mounir, Chafik et adorable Souhil.
A tous ceux qui m’aiment…
Djalila
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de recherche Docteur Mohammed El-Kamel
METATHA, que, sans sa disponibilité, sa compréhension et ses conseils, ce
travail n’aurait pas vu le jour.
Je remercie Docteur Djamel KADIK pour sa disponibilité et sa rhétorique tout au
long de mon travail.
Je remercie les membres du jury d’avoir pris la peine de lire et de juger ce
travail.
Je remercie mon cousin Hassane et je salue en lui le lecteur intéressé.
Je remercie pareillement mon collègue Lahcene pour sa présence et sa
collaboration dans mon expérimentation.
Je remercie également les élèves de la troisième année secondaire du
technicum d’El-Méghaier pour leur contribution efficace dans la réalisation de
mon expérimentation.
Je remercie aussi ma petite famille de sa patience et de son soutien moral lors
de la réalisation de ce travail.
Ma gratitude va également à Docteur Foudil DAHOU, Docteur Aberrazek
GASSOUM, Docteur KHANOUR, à Docteur Abdelwahab DAKHIA, à notre imam
Chikh Ramdane ainsi que la famille Gassoum et la famille Cherayette pour leur
accueille et leur générosité.
Table des matières
Introduction ……………………………………………………………………. 9
Cadre théorique
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulierI.1- La lecture ………………………………………………………… 17
I.1.1- Qu’est-ce que la lecture ? ……………………………….. 17I.1.1.1- La lecture comme processus dynamique……….. 18I.1.1.2- La lecture comme processus de langue ………………. 19I.1.1.3- La lecture comme processus holistique.................. 19I.1.1.4- La lecture comme processus de construction de sens.. 20I.1.1.5- La lecture comme processus interactif…………………. 20
I.1.2- Les composantes de la lecture……………………………………….. 21I.1.2.1- La composante sémiotique…………………………………. 21
I.1.2.1.1- L’orientation………………………………………….. 21I.1.2.1.2- La compréhension locale…………………………. 22I.1.2.1.3- La compréhension globale……………………….. 22I.1.2.1.4- Les constructions…………………………………….. 23
I.1.2.2- La composante psychoaffective…………………………… 24I.1.2.3- La composante axiologique…………………………………. 24
I.1.3- Les théories de la lecture………………………………………………. 25I.1.3.1- Approches sémiotiques………………………………………. 25I.1.3.2- Approches esthétiques………………………………………… 26I.1.3.3- Approches sociologiques……………………………………… 26I.1.3.4- Approches psychologiques et psychanalytiques…… 26
I.2- La lecture littéraire………………………………………………………………….. 27I.2.1- Les conceptions de la lecture littéraire…………………………. 29
I.2.1.1- La lecture littéraire comme lecture des texteslittéraire……………………………………………………………..
29
I.2.1.2- La lecture littéraire comme distanciation…………….. 29I.2.1.3- La lecture littéraire comme participation…………….. 30I.2.1.4- La lecture littéraire comme va-et-vient dialectique 30
I.2.2- Les théories de la lecture littéraire………………………………… 31I.3- La lecture critique…………………………………………………………………… 31I.4- Lecture et relectures……………………………………………………………….. 33
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLEII.1- Les différents niveaux de lecture……………………………………………… 36
II.1.1- Le premier niveau………………………………………………………….. 37II.1.2- Le deuxième niveau………………………………………………………. 37II.1.3- Le troisième niveau……………………………………………………….. 37II.1.4- Le quatrième niveau……………………………………………………… 38
II.2- Les outils d’analyse des textes littéraires………………………………… 38II.2.1- La lecture d’un récit, roman, nouvelle, compte…………….. 38
Table des matières
II.2.1.1- Les structures du texte……………………………………….. 38II.2.1.1.1- Les personnages……………………………………… 38II.2.1.1.2- L’intrigue………………………………………………… 39II.2.1.1.3- L’espace………………………………………………... 39II.2.1.1.4- Le temps………………………………………………… 39II.2.1.1.5- La narration et le point de vue………………… 39II.2.1.1.6- L’écriture……………………………………………….. 39
II.2.1.2- Le genre, le thème, le message et le moded’énonciation……………………………………………………..
39
II.2.1.3- L’auteur et le contexte d’énonciation………………….. 40II.2.1.4- La réception du lecteur………………………………………… 40
II.2.2- La lecture d’un poème…………………………………………………… 40II.2.2.1- La forme et l’écriture…………………………………………… 40
II.2.2.1.1- Forme générale et strophes……………………. 40II.2.2.1.2- Le rythme……………………………………………….. 40II.2.2.1.3- La matière sonore…………………………………… 41II.2.2.1.4- Le style…………………………………………………… 41
II.2.2.2- Les effets de sens internes…………………………………… 41II.2.2.2.1- Le genre…………………………………………………. 41II.2.2.2.2- La structure thématique…………………………. 41II.2.2.2.3- La structure linéaire………………………………. 41
II.2.3- La lecture d’un texte de théâtre……………………………………. 42II.2.3.1- La lecture formelle du texte……………………………….. 42II.2.3.2- Le système spatio-temporel……………………………….. 42
II.2.3.2.1- L’espace……………………………………………….. 42II.2.3.2.2- Le temps………………………………………………. 42
II.2.3.3- L’action et la fable………………………………………………. 43II.2.3.4- Les personnages…………………………………………………. 43
II.2.4- La lecture d’un essai……………………………………………………… 43II.2.4.1- Les structures du texte……………………………………….. 43
II.2.4.1.1- Elaboration des informations…………………. 43II.2.4.1.2- Caractéristiques linguistiques et stylistiques.. 44
II.2.4.2- La mise en place d’un contrat de communication… 44II.2.4.3- La visée du texte………………………………………………… 44II.2.4.4- L’évaluation du texte………………………………………….. 44
II.3- Les difficultés de lecture…………………………………………………………. 44II.3.1- Les difficultés culturelles……………………………………………… 45II.3.2- Les difficultés techniques……………………………………………… 46II.3.3- Les difficultés pédagogiques………………………………………….. 46
II.4- Les préjugés de la lecture littéraire………………………………………….. 47II.4.1- La distanciation…………………………………………………………….. 47II.4.2- Le plaisir……………………………………………………………………… 48II.4.3- Lecture littéraire et lecture fonctionnelle……………………… 49II.4.4- Lecture littéraire et la réception audiovisuelle………………. 49II.4.5- Lecture littéraire et lecture des textes littéraires………….. 50
Table des matières
II.5- Le choix du corpus à lire………………………………………………………….. 50II.5.1- Le texte littéraire objet et outil…………………………………….. 51II.5.2- Critères du choix de corpus……………………………………………. 51
II.5.2.1- Le critère pédagogique………………………………………… 51II.5.2.2- Le critère subjectif………………………………………………. 51II.5.2.3- Le critère socioculturel……………………………………….. 52
II.6- Quelques principes didactiques de l’enseignement de lalecture littéraire……………………………………………………………………
52
II.6.1- Relations en classe……………………………………………………….. 52II.6.2- Projets…………………………………………………………………………… 53II.6.3- Adaptation…………………………………………………………………… 53
Cadre pratique
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des texteslittéraires au secondaire dans une classe du FLE
III.1- Analyse du programme et du manuel scolaire de la troisièmeannée secondaire…………………………………………………………………
57
III.1.1- Considérations terminologiques………………………………….. 57III.1.2- Le programme……………………………………………………………… 59III.1.3- Guide du professeur……………………………………………………… 61III.1.4- Le manuel…………………………………………………………………….. 61
III.1.4.1- Présentation……………………………………………………. 61III.1.4.1.1- Des supports…………………………………………… 62III.1.4.1.2- Des activités……………………………………………. 62III.1.4.1.3- Une conception de l’apprentissage…………… 62III.1.4.1.4- Des situations d’apprentissage…………………. 62III.1.4.1.5- L’évaluation…………………………………………….. 63
III.1.4.1.5.1- L’évaluation diagnostique………… 63III.1.4.1.5.2- L’évaluation formative……………… 63III.1.4.1.5.3- L’évaluation certificative…………… 64
III.1.4.2- Analyse…………………………………………………………….. 64III.1.5- Les textes littéraires dans le manuel du 3eme AS……………. 65
III.1.5.1- Présence du texte littéraire dans le manuel………. 65III.1.5.2- Statut du texte littéraire dans le manuel…………… 66III.1.5.3- Mode du traitement du texte littéraire dans le
manuel…………………………………………………………………..68
Chapitre IV : Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture enclasse de FLE
IV.1- Aspect d’exploitation du texte littéraire………………………………. 73IV.2- Lecture des textes littéraires et compétences………………………. 73IV.3- Les textes littéraires comme un espace de créativité…………….. 74IV.4- Identification de l’expérimentation………………………………………. 75
IV.4.1- Public soumis à l’expérimentation………………………………… 76
Table des matières
IV.4.2- La consigne de l’expérimentation…………………………………. 77IV.4.3- Description de l’expérimentation…………………………………. 77
IV.5- La grille d’évaluation……………………………………………………………. 78IV.5.1- Respect du plan……………………………………………………………. 79IV.5.2- Présentation du para texte…………………………………………… 79IV.5.3- Taille de résumé…………………………………………………………… 79IV.5.4- Ressortir l’intrigue principale……………………………………….. 80IV.5.5- Evocation des personnages principaux…………………………. 80IV.5.6- Développement des personnages secondaires……………… 80IV.5.7- Reformulation des idées………………………………………………. 80IV.5.8- Vocabulaire du fantastique…………………………………………… 81IV.5.9- L’emploi de la 3eme personne……………………………………….. 81IV.5.10- Cohérence……………………………………………………………………. 81IV.5.11- Cohésion……………………………………………………………………… 81IV.5.12- La critique……………………………………………………………………. 82IV.5.13- L’explicitement du thème…………………………………………….. 82
IV.6- Interprétation………………………………………………………………………. 82IV.7- Conclusion……………………………………………………………………………. 82IV.8- Propositions…………………………………………………………………………. 84
IV.8.1- Respect de la séquence didactique et liberté pédagogique…. 84IV.8.2- Des horaires suffisants………………………………………………….. 84
IV.9- Résultat……………………………………………………………………………….. 85
Conclusion ………………………………………………………………….. 87
Bibliographie ………………………………………………………………….. 92
Annexes ………………………………………………………………….. 97Tableau desannexes
……………………………………………………………………… 98
Introduction 9
La lecture n’est plus maintenant considérée comme un acte isolé, prenant juste
quelques heures de la semaine, avec des objectifs limités. Actuellement, cette
activité est placée dans un large contexte, elle est devenue partie intégrante de
la vie quotidienne, ce qui est absent dans nos classes, malgré le fait que nos
élèves soient sensés être capables de lire parfaitement après neuf années
d’apprentissage de la langue française.
Confrontés à des problèmes de plusieurs ordres, la lecture en tant que discipline
a accusé beaucoup de retard par rapport aux autres disciplines car les
programmes officiels précisent que les élèves qui arrivent en troisième année
secondaire doivent dépasser le stade du déchiffrage et de la lecture.
«Savoir lire, ce n’est pas seulement savoir substituer à des signes écrits,
des équivalents vocaux, parce qu’on peut alors sans connaître la langue,
lire de l’Anglais, de l’Allemand ou de l’Italien. Donc savoir lire, c’est en
même temps comprendre, c’est passé directement du signe écrit à la
signification pensée… »1
Parmi les approches et les méthodes dans l’enseignement/apprentissage de la
lecture dans le cas du FLE, nous citons celui de la lecture littéraire.
La didactique de la littérature en classe de français langue étrangère n’est pas
récente, mais les recherches spécialisées dans ce domaine ne se sont pas
développées qu’à partir de ces dernières décennies. En fait, ce travail essaye de
s’appuyer sur ces recherches.
Le présent travail consiste à investir la valeur accordée à la lecture d’une façon
générale et à la lecture littéraire d’une façon particulière dans
l’enseignement/apprentissage du FLE en classe de la troisième année
secondaire lettres et philosophie.
1 R.Torai et Alii. « Psychopédagogie pratique ». Ed. Istra. 1972. P290
Introduction 10
L’exploitation du texte littéraire permet aux apprenants de l’enseignement
secondaire en classe de FLE d’acquérir un mode de réflexion, de constituer des
références et d’enregistrer quelques données culturelles. A partir des
informations obtenues, l’apprenant est ainsi en mesure d’aller de l’explication à
l’interprétation, il doit faire appel aux intuitions, aux sentiments, à la
subjectivité et à la créativité. C’est au secondaire que l’apprenant découvre la
possibilité des niveaux de lectures différentes qui multiplient les typologies et
les références. « Lire c’est choisir, c’est avoir devant un texte un comportement actif de
sélection et d’exploration. »1
Si la lecture des textes littéraires en classe et en dehors de la classe peut
contribuer au développement des habitudes et des expériences de lecture des
apprenants au secondaire, que faire alors pour motiver le jeune apprenant à lire
des textes littéraires en français ? On doit d’un côté, le sensibiliser et l’inciter à
lire en langue étrangère et de l’autre côté, l’inviter aux différentes stratégies de
lecture.
Cette étude porte sur le problème : Comment faire prendre goût à la lecture
littéraire et comment pouvons-nous l’enseigner en classe de FLE ?
La séquence didactique imposée aux professeurs de l’enseignement secondaire
n’est pas suffisante pour apprendre à un apprenant à bien lire et bien écrire. Le
professeur dispose d’une liberté pédagogique, dans le respect des programmes
nationaux et des instructions du ministère.
Il convient d’en finir avec la mode du décloisonnement en restructurant
l’enseignement du français aussi bien dans ces composantes linguistiques que
dans ces composantes littéraires : les élèves d’aujourd’hui, très demandeurs de
repères et de clarté ont besoin d’être pris en charge d’une manière un peu
1 J. Fou Cambert. « La manière d’être lecteur » M.D.I. 1985. P36
Introduction 11
spéciale. L’enseignement en séquences, les perturbe et les égare en vaporisant
les connaissances et en balayant les activités. Il faut redonner une âme à
l’enseignement de la littérature dans son ensemble et ce renouveau d’âme
passe par le retour du sens, celui qui est contenu dans les textes littéraires.
« L’appréciation d’une œuvre littéraire n’est pas fondée sur le seul plaisir
de lire ; elle repose également sur la connaissance des procédés littéraires
auxquels recourt l’auteur. Il appartient à l’enseignant d’attirer l’attention
des élèves sur les éléments littéraires qui fondent l’appréciation d’un
texte. »1
Les cours de français doivent être centrés sur un apprentissage systématique,
progressif et construit de la langue, mais aussi sur l’étude de textes littéraires,
de textes étudiés pour eux-mêmes, pour leur sens et les interrogations
métaphysiques, morales, sociales, politiques et esthétiques qu’ils posent. Pour
cela, il faut revenir à des horaires suffisants pour l’apprentissage approfondi de
la langue et le développement d’une réflexion humaniste sur la littérature. Les
élèves de classes de lettre au secondaire ont quatre heures de français par
semaine ce qui est vraiment peu pour lire et étudier des textes littéraires.
Il faut donc de toute urgence redonner des heures de français aux élèves afin de
revenir à un contact direct avec le texte littéraire pour en étudier le sens et s’y
intéresser. Il faut aussi les sensibiliser à lire en dehors de la classe ou autrement
dit chez eux, c’est pour qu’ils prennent le temps de l’étude et cessent d’aller à
toute vitesse car l’étude des textes littéraires demande du temps, des analyses,
des réflexions et des interprétations.
C’est à partir de ces trois propositions que nous allons construire nos
hypothèses de départ.
1 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». De Boeck. Bruxelles. 2005. P302
Introduction 12
Nous prévoyons que le texte littéraire peut être exploité en premier lieu pour
des activités de lecture en français langue étrangère. Après cette tâche très
importante, l’élève pourrait par la suite accéder à des activités d’écriture
demandées par l’enseignant à partir des textes sources : résumé, réécriture,
reformulation, etc.
Pour ce travail, nous avons choisi comme corpus le manuel scolaire de la
troisième année secondaire, les livres parascolaires pour en récolter des
nouvelles fantastiques, et aussi les élèves de la troisième année lettre et
philosophie pour l’expérimentation. Cette dernière prendra en charge la lecture
littéraire.
Notre démarche s’inscrit dans une perspective didactique. Nous tenterons de
trouver des solutions à travers un travail expérimental et analytique qui cible la
lecture littéraire et son influence bénéfique sur la production d’un compte
rendu critique d’une nouvelle fantastique en classe de troisième année lettres
et philosophie.
En fait, le manuel se présente sans titre, à l’exception d’une détermination du
niveau destiné et la langue étrangère enseigné "Français, Troisième Année
Secondaire". Il s’inscrit dans le cadre de la réforme établie dans le système
éducatif au début de ce millénaire.
Le manuel scolaire de troisième année secondaire est composé de textes de
types différents, littéraires et non littéraires, de leçons et d’exercices ayant pour
but d’atteindre des objectifs visés par le programme et d’installer quelques
compétences chez l’élève.
L’exploitation des supports d’enseignement en troisième année secondaire,
spécialement des textes littéraires, est de deux types comme support de leçons
et comme support d’exercices. Notre but est de cerner sa présence au sein des
Introduction 13
textes non littéraires, les auteurs, les sources ainsi que leur champ
d’exploitation.
Afin de délimiter la valeur de la lecture littéraire en classe de la troisième année
lettres et philosophie du lycée technique de la daïra d’El-Méghaier wilaya d’El-
Oued et connaître son impact sur l’écriture et surtout le compte rendu critique,
nous avons scindé le groupe-classe en deux sous groupes. Groupe expérimental
que nous avons chargé de lire des nouvelles fantastiques chez eux et nous
avons laissé un groupe contrôle qui nous permettra de comparer les résultats
obtenus.
Pour soutenir nos hypothèses, nous avons clôturé l’expérience par une séance
d’expression écrite. L’objectif principal de la séance est la production par les
apprenants d’un compte rendu critique d’une nouvelle fantastique : Le veston
ensorcelé de Dino Buzzati.
Nous évoquerons l’impact sur l’expression écrite dans quatre chapitres :
Le premier s’intéresse à la lecture en général et à la lecture littéraire en
particulier. Il s’agit de montrer ce qu’est une lecture, ses composantes et ses
théories selon différentes approches. Puis nous allons définir la lecture
littéraire, ses conceptions et aussi ses théories. Enfin, nous allons parler de la
lecture critique et la nécessité de la relecture.
Le deuxième chapitre intitulé : La lecture littéraire en classe de FLE, provoque
les différents niveaux de cette lecture et propose quelques outils d’analyse qui
aident à évaluer un texte. Aussi, il précise les difficultés, les préjugés, le choix du
corpus à lire et quelques principes didactiques de l’enseignement de la lecture
littéraire
Introduction 14
Le troisième chapitre traite, Le statut et le mode de traitement de la lecture des
textes littéraires au secondaire dans une classe de FLE. Il s’intéressera à
l’analyse du programme et du manuel scolaire de la troisième année
secondaire, puis à la classification des textes littéraires et non littéraires et
encore au statut et mode de traitement du texte littéraire.
Le dernier chapitre, intitulé Perspective pour une meilleure appréhension de la
lecture en classe de FLE, décrit l’aspect d’exploitation du texte littéraire ainsi
que les étapes de l’expérimentation. Et portera aussi des suggestions, des
propositions et des remédiassions possibles.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 17
Dans ce chapitre, nous allons essayer de définir l’acte de lire selon différentes
approches théoriques. Pour cela, nous allons tenter de donner quelques
conceptions de la lecture et de ses composantes. Ensuite, nous allons aborder la
notion de la lecture littéraire ainsi que le processus de la lecture critique qui
nécessite plusieurs lectures à la fois. Et enfin, nous allons terminer ce chapitre
par ce qu’est une relecture et ses retombées sur l’appropriation et la
construction du savoir.
1- La lecture
1.1- Qu’est-ce que la lecture ?
Actuellement et à cause du développement scientifique et technologique, la
communication se fait par l’image et le son plus que par l’écrit. Pourtant, la
lecture et dans tous les cas peut être une source d’idées, de plaisir qui forme la
réflexion, l’esprit critique et éduque le goût car : « Lire, c’est conquérir des savoirs.
C’est aussi découvrir les plaisirs de la réflexion, de la curiosité, du rire… »1
« La lecture c’est l’action de déchiffrer un texte écrit. »2 La lecture c’est observer et
déchiffrer des signes puis en donner un sens. Dans ce cas, l’activité de lecture
peut se faire sur un tableau, une image, un paysage, un visage, une bande
dessinées, un texte …etc. Ce dernier qui est une série de mots peut avoir
plusieurs sens et interprétations, c’est en lisant qu’on peut donner un sens au
texte et le lecteur fait appel à ses connaissances intellectuelles, culturelles et
sociales.
Selon Giasson : « La lecture a longtemps été perçue uniquement comme un processus visuel
par lequel un lecteur déchiffre des mots présentés sous une forme écrite. »3 La lecture est à
la fois une série de signes visuels et la perception des signes sonores.
1 M.P.Schmit et A.Viala. « Savoir-Lire ». Les Editions. Paris. 1982. P32 Idem. P123 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». 2ème édition. Canada. 2003. P6
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 18
L’apprenant déchiffre les signes et les lit non un par un mais par paquet ce qui
peut le conduire à confondre les mots entre eux.
La lecture exige une bonne mémoire. Chaque mot dans le texte ne peut être
compris qu’à partir des mots qui le précèdent et bien sûr il va éclaircir et donner
plus de sens à ces mots. Une phrase ou un texte n’ont un sens que quand ils
sont achevés ce qui veut dire que la lecture est une activité de structuration qui
relie les signes les uns avec les autres. Elle demande une connaissance des
codes, de vocabulaire, de syntaxe, des idées et aussi des stratégies
d’interprétation.
La lecture est restée pendant longtemps classiquement définie mais ces
dernières années, on a élaboré de nouvelles conceptions de la lecture ; qui la
considère en tant qu’un processus plus cognitif que visuel, actif et interactif,
mais surtout une construction du sens et de la communication.
1.1.1-La lecture comme processus dynamique
« La lecture n’est pas un processus linéaire et statique ; elle est au contraire un processus
dynamique. »1 La lecture est un processus actif parce que le lecteur n’enregistre
pas les mots passivement les uns après les autres mais il traite le texte en
proposant des hypothèses et en essayant de les vérifier en cours de lecture.
La lecture active est une technique qui rend la lecture d’un texte efficace et
bénéfique c'est-à-dire annoter le texte en même temps que l’assimilation des
connaissances afin d’obtenir une compréhension approfondie. Contrairement à
la lecture ordinaire, la lecture active sollicite une concentration sur le texte et
une contribution à la discussion intellectuelle.
1 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». De Boeck. Bruxelles. 2005. P 6
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 19
1.1.2-La lecture comme processus de langue
La langue écrite et la langue orale, toutes les deux sont un processus de
langage. Celui qui a les capacités de s’exprimer dans une langue, peut mieux
déchiffrer sa forme écrite que l’autre car les mots et les règles utilisés à l’oral
pour donner un sens aux phrases sont les mêmes employés pour l’écrit.
Malgré que la langue orale et la langue écrite aient plusieurs aspects communs,
elles ne s’accumulent pas complètement. D’une part, à l’oral le mode de
réception est auditif par contre à l’écrit est visuel. L’oral se base sur les gestes,
l’intonation mais l’écrit repose sur la mise en page, les soulignements et les
retours en arrière. D’une autre part, à l’oral les phrases ne sont pas toujours
complètes contrairement à l’écrit où elles sont bien structurées et plus
complexes.
Un apprenant lecteur qui passe du langage oral au langage écrit, doit s’adapter
au caractère de décontextualisation de la lecture. Selon Giasson : « Les enfants qui
ont des expériences de langage oral plus décontextualisé […] ou à qui l’ont fait souvent la
lecture seront déjà plus sensibilisés aux différences entre l’oral et l’écrit.» 1
1.1.3-La lecture comme processus holistique
Le langage oral ou écrit ne peut pas être enseigné en petites unités car la
majorité des savoir-faire en lecture ne peuvent pas s’évaluer isolement, ils sont
interdépendants. Et même si on découvre des habiletés exploitées par les
lecteurs compétents, elles n’interviennent pas d’une manière séparée en
lecture. Il y a un embrouillement entre la fin et les moyens dans l’enseignement
de la lecture, ce qui veut dire qu’on a fait apprendre les composantes de la
lecture mais pas leur utilisation.
1 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». De Boeck. Bruxelles. 2005. P12
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 20
1.1.4-La lecture comme processus de construction de sens
« Percevoir "est donc lire", ce n’est pas trouvé le sens de, c’est apporter du sens à… »1 On a
toujours l’idée que l’auteur donne un sens à son œuvre et que le lecteur
découvre ce sens mais ce qui est juste, est que le lecteur est un constructeur de
sens. Plusieurs études ont prouvé que la compréhension d’un texte est reliée
aux représentations que le lecteur possède déjà sur le contenu de ce texte. La
même phrase peut être comprise et interprétée différemment d’un lecteur à un
autre. Mais avoir l’occasion de donner plusieurs interprétations à un texte, ne
donne pas l’occasion au lecteur d’accorder n’importe quel sens au texte. Si un
texte est bien écrit et interprète strictement l’idée de l’auteur, il est possible
que le lecteur arrive à lui donner une explication et une interprétation plus
proche de celles de son auteur.
Pour bien construire le sens du texte, il faut que le lecteur mette en relation le
texte avec ses connaissances intérieures. Socrate affirme que : « La lecture ne peut
qu’éclairer ce que le lecteur sait déjà. »2. Le lecteur qui sait tout et le lecteur qui ne
sait rien sur le texte ne peuvent pas retirer des informations du texte mais
l’auteur qui a quelques connaissances sur le sujet du texte peut apprendre
quelque chose de nouveau.
1.1.5-La lecture comme processus interactif
Nous venons d’expliquer précédemment, l’interaction entre les connaissances
du lecteur et le texte. Dans cette partie on va ajouter que l’interaction non
seulement entre ces deux mais aussi entre le lecteur, le texte et le contexte. Le
degré de la compréhension augmente selon le degré d’amalgame de ces trois
notions.
1 G. Vigner. Lire. « du texte au sens ». CLE international. 1980. P262 Socrate. Citée par Alberto Manguel. « Une histoire de la lecture ». Ed. J'ai lu et Actes sud. Coll. Babel.Paris.1998. P 110.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 21
1.2-Les composantes de la lecture
Après avoir parlé théoriquement de la lecture et ces processus, nous allons
étudier les trois constituants de cette activité: la composante sémiotique, la
composante psychoaffective et la composante axiologique.
1.2.1-La composante sémiotique
Nous avons déjà signalé que lire est surtout comprendre un texte. La
compréhension n’est pas une réception passive d’un sens mais la construction à
partir des connaissances déjà acquises. La construction d’un sens suppose
quatre niveaux de l’opération :
1.2.1.1-L’orientation
Avant de commencer sa lecture chaque lecteur passe par une étape de pré-
réception où il se prépare à lire en incitant sa mémoire et ses désirs à donner un
sens et une valeur au texte. Cette lecture qui précède la lecture se base sur
deux aspects :
Le premier, la finalisation; qui fait qu’un lecteur débute à piloter le texte selon
sa personnalité, ses attentes et ses intérêts; permet plusieurs modalités de
lecture différentes. Alors la finalisation accumule une projection antécédente
sur le texte, des significations et des valeurs.
Le second, le précadrage; qui se fait quand le lecteur croit qu’il a des
informations sur le texte avant de le lire. La lecture des autres œuvres du même
auteur influe sur ce qu’on lit car on a des préjugés sur la personnalité de
l’auteur, ses goûts et le courant ainsi que le genre au quel appartient le texte.
Mais pour l’élève en condition de lecture scolaire, le texte est le premier moyen
par lequel il entre en relation avec l’auteur ce qui veut dire que ses
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 22
connaissances sont très limitées. Pour cette raison, l’élève-lecteur trouve des
difficultés à trouver exactement les hypothèses du texte.
Du point de vue didactique, il faut prendre en compte ses influences qui pèsent
sur la lecture. L’enseignant doit expliciter les précadrages d’un texte afin d’aider
ses élèves à faire une lecture riche et par la suite arriver à comprendre leurs
lectures réelles.
1.2.1.2-La compréhension locale
Commence tout d’abord, par la connaissance des mots en balayant
visuellement l’objet à lire selon nos connaissances du langage écrit. Un lecteur
qui ignore la langue d’un texte sera incapable de le déchiffrer et de lui donner
un sens.
Mais la lecture ne se limite pas uniquement à la connaissance sémiotique, le
lecteur doit avoir aussi des connaissances sémantiques.
Pour qu’un lecteur arrive à former des unités significatives, il est nécessaire
d’intégrer dans des schémas syntaxiques conventionnels les combinaisons qu’ils
constituent. Parfois la construction des sens de phrases ne se fait pas
automatiquement à cause des ambigüités et des incertitudes qui apparaissent
et postulent la culture du lecteur.
Le lecteur, et après avoir bien saisi le sens des mots et des phrases, doit les
décoder pour en comprendre le sens profond. Ce qu’il vient d’expliquer
grammaticalement, doit être l’interpréter en relation avec le reste du texte.
1.2.1.3-La compréhension globale
Le lecteur intègre dans un schéma général, toute proposition assimilée et isolée.
Pour réussir cette opération, il doit faire appel à toutes les hypothèses
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 23
sémantiquement structurées qui existent déjà dans sa mémoire. Ces structure
et hypothèses peuvent être des intertextes connus comme les citations célèbres
par exemple.
Pour pouvoir donner un sens au texte, il faut connaître d’abord son genre,
l’intégrer dans un schéma global plus précis qui permettra de lui donner une
cohérence thématique et narrative. En effet, les éléments de sens compris par
le lecteur sont réunis selon différentes relations logiques : cause, conséquence,
coordination, opposition, etc. Après avoir intégré les diverses formations dans
un schéma global, le lecteur doit les combiner entre elles dans un nouveau
cadre de référence. Pour qu’une combinaison soit porteuse d’informations, il
faut que le lecteur éviter de traiter chaque énoncé en tant que succession
privée.
Le lecteur doit prendre en considération tous les processus porteurs de sens
dans le texte. Soit il les exploite ultérieurement, soit il les assume pour éviter
les doutes et les incertitudes qu’il suscite. Dans ce cas, nous pouvons dire que le
lecteur adapte une lecture suspensive soucieuse de respecter le mystère du
texte.
« La lecture devient alors une opération de traduction par laquelle on cherche à faire entrer le
texte dans un schéma qui ne lui correspond souvent que partiellement… » 1 Cela veut dire
que le lecteur est appelé à interpréter, à négliger et à inventer des éléments
pour en donner au texte une véritable transformation.
1.2.1.4-Les constructions
Si un lecteur ne réussit pas la compréhension de son texte, il n’arrive pas à
l’interpréter. Le lecteur doit contrôler son schéma sémantique et s’il remarque
des insuffisances, il doit approfondir la construction des hypothèses. Si les
1 Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition. De Boeck. 2005. P117
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 24
nouvelles hypothèses trouvées peuvent remplacer les précédentes alors on
retiendra une seconde compréhension. Avec le nouveau schéma que nous
venons de construire, nous pouvons refaire notre interprétation sans annuler la
première.
1.2.2-La composante psychoaffective
La lecture ne se limite pas uniquement à la construction des hypothèses de
sens. Ces hypothèses doivent se modaliser sur le plan psychoaffectif. Il existe
deux grandes modalisations de la lecture littéraire qui sont ; la participation et
la distanciation.
La première, favorise la fonction référentielle de Jakobson qui se base sur la
relation du texte avec le monde réel. La lecture est donc identificatoire et
émotionnelle car nous devons nous s’identifier à l’auteur et rapprocher sa
situation d’expériences à celles que nous avons déjà vécues.
La deuxième, favorise les référenciations internes et intertextuelles : la nature
du texte, sa fonction et son esthétique. La lecture dans ce cas là est objective,
elle commence par dépragmatiser le texte pour lui accorder une portée
fictionnelle. Dans ce type de perspective, le lecteur peut donner des hypothèses
de lecture autoréférencielles ainsi qu’une exploitation systématique de tous les
éléments éventuels dans le texte.
A travers la définition des deux modalisations de lecture, nous pouvons
constater que la participation et la distanciation sont deux temps de lecture qui
se complètent et le lecteur est censé à faire un va-et-vient entre les deux.
1.2.3-La composante axiologique
La lecture comporte une démarche évaluative. Quand on lit un texte, on lui
donne un sens, une fonction et un jugement de valeur. Le lecteur doit trancher
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 25
pour une des deux valeurs : ou bien la conformité qui est une valeur classique
par excellence ou la subversion qui est une valeur moderne. Mais dans les deux
cas, l’évaluation est comparative. Le groupe des classiques préfère la première
tandis que le groupe des modernes favorise la seconde. Pourtant, il n’existe pas
une conformité ou une subversion absolue car un lecteur classique peut
apprécier dans un texte des informations moderne et vis versa. « Evaluer un texte,
c’est apprécier dans quelle mesure il produit de bons clichés (moraux, référentiel, esthétique ou
autres) et s’écarte des mauvais. »1
L’évaluation d’un texte senti vrai, bon ou moral peut influencer son lecteur et
de cette façon comme le disait Paul Ricœur « le lecteur passe du texte à l’action »2.
1.3-Les théories de la lecture
Le texte qui est considéré comme un message virtuel, tout seul ne peut être
porteur de sens que s’il a un lecteur qui contribue activement pour en lui
donner des significations. Les théories de la lecture sont partagées en deux
groupes : le premier s’intéresse au texte et sa manière d’influence grâce à son
programme de lecture distinct. Le second groupe s’intéresse au lecteur et aux
activités qu’il accomplit lors de sa lecture.
1.3.1-Approches sémiotiques
La lecture programmée est une lecture qualifiée de sémiotiques et elle est
basée sur l’analyse structurale qui donne une grande part au vocabulaire. Dans
ce genre de lecture, le lecteur est en même temps libre et il est sous contrôle.
"Le Lector in fabula" d’Umberto Eco, nous propose des théories d’un type de
lecture : celui du texte narratif, qui se résume en trois points principaux.
D’abord, "le lecteur Modèle" qui permet au lecteur empirique d’interpréter le
1 Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition. De Boeck. 2005. P.1212 Paul Ricœur. « Du texte à l’action ». Essais d'herméneutique II. Le Seuil. Paris. 1986. P87
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 26
texte de façon coopérative. Ensuite, la distinction entre les textes fermés et les
textes ouverts. Enfin, la distinction entre l’interprétation du programme textuel
et la libre imagination.
1.3.2-Approches esthétiques
L’acte de lecture doit se faire sans communiquer au lecteur le sens du texte.
Mais il doit construire un sens lui-même. Pour chaque texte, il y a un lecteur et
une structure de texte d’où en découle "le lecteur implicite". Le lecteur doit
dégager les différentes perspectives du texte, les évaluer et assembler les
représentations et les interprétations pour en arriver à une nouvelle réalité
dont il a participé lui-même à sa réalisation : « […] au lieu de raffiner sur les techniques
d’analyse permettant de pousser toujours pus loin l’interprétation, il conviendrait de mieux
prendre en compte l’acte de lecture afin d’en assurer l’efficacité esthétique. »1
1.3.3-Approches sociologiques
Lorsque le lecteur est le reflet de l’idée dominante, il va se mobiliser vers la
plaisir de l’art et de l’esthétique. Le processus de la réception est liée à celui de
la production car chaque lecteur est conditionné par un model de récepteur
qu’a désigné l’auteur.
1.3.4-Approches psychologiques et psychanalytiques
Il ya un soulagement et une détente entre le lecteur et l’œuvre qu’il est censé
lire car il existe toujours un lien entre le fonctionnement de l’œuvre et le
comportement humain et un imaginaire inconscient qui se transforme en
significations conscientes. Lire permet alors au lecteur de découvrir les instincts
psychanalytiques de ses comportements.
1 Le français dans le monde –Recherches et Applications- février/mars. Littérature et enseignement-la perspective du lecteur-. P 66
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 27
2-La lecture littéraire
« La lecture littéraire qui échouerait à construire l’habileté lecturale nécessaire pour atteindre
l’excellence universitaire. »1 Les habiletés qui permettent de lire un journal ou un
magazine ne sont pas suffisantes pour lire un texte littéraire. La lecture de ce
genre de texte demande des conditions adéquates. La lecture littéraire signifie
un rapport à des textes scolaires littéraires. La compétence lettrée fait lire
n’importe quel écrit. La lecture s’exerce sur tous les textes mais la lecture
littéraire est scolairement valorisée et demande une compétence interprétative.
Les autres régimes de lecture sont référés à des catégories socioculturelles
dominées et sont appliqués sur les nouveaux lycéens qui posent un grand
problème à l’institution. La question qui se pose est la suivante : peut-on sauver
ses apprenants avant qu’il ne soit trop tard ?
La lecture littéraire est une approche des textes en respectant des constantes.
"Le lecteur savant" d’un texte littéraire doit avoir une stratégie de
consommation qui se résume en trois fonctions : La première est l’élection du
sens : « Le texte littéraire renvoie toujours à une pluralité de significations […]. Le lecteur
dispose ainsi d’une certaine latitude quant à son interprétation. ».2 La seconde est la
modélisation par une expérience d’une réalité: « Modéliser une situation, c’est
proposer au lecteur d’expérimenter sur le mode imaginaire une scène qu’il pourrait vivre dans
la réalité : la lecture, autrement dit, permet d’essayer des situations. »3 La dernière est la
subversion dans la conformité : « La lecture littéraire a donc le double intérêt de nous
plonger dans une culture et d’en faire éclater les limites. »4
L’activité de lecture exige une relativisation de la fonction référentielle,
actualisation de virtualités connotatives et manifestation archétypale mais la
1 Jean-Maurice Rosier. « La didactique du français ». Que sais-je ?. Paris. 2002. P562 Vincent Jouve. « La lecture ». France. 2004. P1033 Ibid. P1044 Vincent Jouve. « La lecture ». France. 2004. P103
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 28
réalité qui se passe en classe est loin de l’idéal qu’on demande, les apprenants
ne savent pas consommer un texte littéraire ce qui ne leur donne pas l’occasion
de choisir ni librement ni par amour leurs textes.
La littérature au sens le plus étroit désigne l’ensemble des textes écrits comme :
littérature scientifique, juridique, des textes de fiction…etc. Mais au sens large,
la littérature est assimilée aux grands et aux beaux textes. C'est-à-dire
l’ensemble des textes ayant une dimension esthétique. La littérature garde des
textes du passé malgré leur appartenance à des genres qui ne se pratiquent
plus maintenant parce que tout simplement ces genres restent lus et c’est le cas
des Fables de la Fontaine. C’est donc par la pratique de la lecture que ces textes
gardent leur place dans les textes littéraires qu’on étudie dans l’enseignement
du français langue étrangère.
Un texte peut être lu et considéré comme « littéraire » quand il est un objet de
plaisir, un réservoir d’idées et d’images et représente un savoir du réel. C’est
pourquoi un texte littéraire trouve un écho aussi large dans une époque et c’est
la raison pour laquelle plusieurs textes qui étaient marginalisés un certain
moment reprennent leur place et sont légitimés dans la littérature.
La lecture n’est donc pas une réception des textes mais une action faite sur eux
car elle construit le sens et les juge et c’est qu’on appelle la lecture passive.
Comme on peut distinguer aussi la lecture active qui conduit à l’écriture mais
cette activité demande la maîtrise des techniques de l’analyse et la
reconstitution des textes.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 29
2.1-Les conceptions de la lecture littéraire
2.1.1-La lecture littéraire comme lecture des textes littéraire
Cette conception fixe la lecture littéraire uniquement à la lecture des textes
littéraires. Elle s’intéresse au texte et à la façon dont il est lu et néglige les
reconnaissances du lecteur. Le texte est plein de sens et de valeur et c’est au
lecteur de les dévoiler et les découvrir. C’est la tâche la plus facile de la lecture
littéraire car elle ne fait aucun changement dans le programme traditionnel du
français. La littérature existe d’un coté et la lecture de l’autre côté. Mais il y a
comme une complémentarité entre la problématisation du fait littéraire et son
exploitation dans des activités de réception. Et pour réussir l’enseignement de
la littérature à l’école, il faut ne pas mélanger entre la lecture des textes
littéraires et la lecture littéraire.
2.1.2-La lecture littéraire comme distanciation
Cette conception se base sur la pratique et non pas sur l’objet. Elle a comme
but l’investissement des valeurs littéraires sur la lecture et elle n’a pas
uniquement le corpus des textes littéraires. Elle contient trois modélisations
différentes : la distanciation, la participation et le va-et-vient dialectique.
Le concept de littérarité décrit la manière dont la lecture littérariserait les textes
suivant ces étapes : suspension de la valeur référentielle du texte,
manifestations de ses valeurs symboliques et enfin activation de sa polysémie.
Bertrand Gervais est le premier qui a nommé cette manière de lire la lecture
littéraire et qui la définie en tant qu’un passage de la progression à la
compréhension. Avec cette méthode le lecteur peut accéder à la symbolisation,
la construction d’un sens et d’une culture commune.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 30
2.1.3-La lecture littéraire comme participation
La lecture littéraire à l’école valorise la lecture ordinaire, celle qui prend en
considération l’illusion et l’implication psychoaffective du lecteur. Cette
conception considère la lecture comme art et invention et se caractérise par la
réalité, la lisibilité, la cohérence, la conformité éthique. Ces enjeux didactiques
sont l’exploitation des ressources de l’émotion, de l’imagination, de la passion,
de la subjectivité et aussi la mise en relief de l’amalgame des règles de la
littérature avec celle de la lecture individuelle.
Cependant cette façon de lire a deux inconvénients : d’une part, elle est
beaucoup plus ordinaire que littéraire et d’une autre part, elle favorise le gout
de lire qui n’est pas toujours porteur d’apprentissage et de nouvelles
compétences.
2.1.4-La lecture littéraire comme va-et-vient dialectique
La définition de cette approche du point de vue de Picard est que la lecture est
d’abord un jeu. Il l’a résume en deux points : le premier, le lecteur est à la fois
liseur, lu et lectant. Le second, la lecture est littéraire quand on propose des
valeurs contraires à celui du lu et du lectant.
Les enjeux de cette lecture sont les suivants ; premièrement, elle force le
lecteur à penser de manière systématique où il doit faire le rapport entre le
l’ancrage et le désancrage du sens, entre les deux fonctions référentielle et
poétique, entre la subjectivité et l’intersubjectivité, les valeurs modernes et les
valeurs classiques, etc. elle intègre la lecture savante avec la lecture ordinaire.
Deuxièmement, cette conception peut être reliée dans trois moments
d’apprentissage dans la séquence didactique en faisant un balancement entre
l’ancrage, le désancrage et le réancrage de la lecture qui conviennent avec la
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 31
contextualisation, la décontextualisation et la recontextualisation des
apprentissages.
2.2-Les théories de la lecture littéraire
Après avoir défini la lecture littéraire, on va proposer quelques théories et
concepts pour pouvoir réussir cette lecture. Plusieurs travaux faits sur la lecture
ont conclu qu’elle se base sur trois perspectives principales : la première, du
point de vue des littéraires, pointée par les théories de la réception et la
sémiotique car l’œuvre littéraire n’existe qu’avec la complicité active de ses
lecteurs, quêteurs de sens, dès qu’ils sont en contact avec le monde du texte et
sans expérience esthétique, il n’y pas d’expérience littéraire. La seconde,
d’après les sociologues, basée sur les pratiques culturelles puisque le lecteur
reconstitue le sens à partir de ses sentiments, expériences personnelles et de
ses lectures antérieures. Et la dernière, selon l’approche cognitiviste, attire
l’attention sur les compétences et les habiletés de lecture ; en effet cette
dernière est une reconstitution car elle n’est jamais fidèle à l’œuvre. Ces
différentes perspectives se réalisent sur le principe de l’interaction lecteur-texte
ce qui suppose plusieurs lectures et interprétations.
3-La lecture critique
Le but d’un texte est d’intéresser, de convaincre et d’attirer l’attention de son
lecteur. Celui-ci peut s’évanouir dans le jeu et se laisser étouffer par le point de
vue de l’écrivain comme il peut s’informer et analyser en adoptant un esprit
critique.
La lecture critique vise à rendre la lecture plus vive c'est-à-dire lire avec plaisir,
avec goût et avec sensation. Elle se fait à partir de plusieurs opinions et de
différentes perspectives, c’est la raison pour laquelle un même signe textuel
peut avoir plusieurs sens et plusieurs interprétations.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 32
Pour lire un texte d’une façon critique, il faut respecter six perspectives: tout
d’abord, suivre l’action du texte, tel que les faits qu’il relate s’il s’agit d’un texte
narratif. Ensuite, repérer et analyser les éléments qui font le mouvement du
texte. De plus, la perspective psychologique qui fait appel aux données
esthétiques et intellectuelles d’un texte pour le rapprocher de son lecteur. La
perspective sociologique est aussi très importante puisque le lecteur doit
étudier les relations du texte avec les réalités sociales et historiques et enfin
deux perspectives qui se complètent, la structure et le style ; la première
dégage le mode d’organisation du texte, la deuxième c’est identifier, apprécier
et commenter son langage. Les six perspectives qu’on vient de citer ne sont que
des démarches pour une lecture correcte et aucune perspective ne peut donner
seule une signification au texte, c’est l’entrecroisement des six qui donne des
significations globales.
La diversification des perspectives aide le lecteur à découvrir les différentes
réalités d’un texte puisque chaque perspective nous donne une signification et
une interprétation distinctes. Mais chaque définition complète l’autre, elles ne
sont pas séparées les unes des autres, au contraire, on doit les réunir pour en
arriver à une interprétation et un jugement global car le texte forme un tout.
Une lecture riche bénéfique ou importante ne se compare pas avec le grand
nombre de textes présentés mais avec les idées pertinentes que contiennent le
texte et les interprétations faites. Il se peut aussi que des idées peu importantes
en les réunissant et les bien analysant peuvent être très utiles et très
bénéfiques. Dans l’analyse d’un texte, quand on a la capacité de donner
plusieurs significations à un même thème, on peut avoir des interprétations
diverses et l’information devient de plus en plus riche.
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 33
Le jugement critique est aussi objectif puis qu’il se base sur l’intérêt, le plaisir et
l’importance du texte mais le côté critique se manifeste le moment où chaque
lecteur fait ses interprétations selon sa sensibilité, sa culture et ses opinions
personnelles.
La critique n’a pas toujours un aspect positif d’une part, elle peut analyser,
interpréter et juger un texte déjà produit pour informer, orienter et convaincre
un lecteur mais ce qu’elle est incapable de faire c’est de produire ou créer elle
même un texte. D’une autre part, elle se met en conflit avec elle-même quand
elle annule le droit de la critique individuelle du lecteur.
Chaque lecteur a le droit d’interpréter et de juger le texte selon sa vision
personnelle, mais aussi il ne peut pas dépasser certaines limites ayant des
relations avec des pratiques sociales car il y a des gens spécialisés dans ce
domaine qui occupent la fonction de censeurs sur les critiques qui sont de plus
en plus nombreuses s’ils ne sont pas plus que les écrivains.
4-Lecture et relectures
« Le fait de relire le même texte donne de l’assurance au lecteur et améliore sa fluidité ; après
une deuxième ou une troisième lecture, le lecteur s’est familiarisé avec les mots et il s’est fait
une idée du contexte. »1
Pour bien comprendre un texte, il est évident de procéder plusieurs lectures
successives car « Une lecture critique ne peut être que plurielle, c’est-à-dire qu’elle considère
un texte depuis plusieurs " points de vue ". »2 Un texte peut apparaître dans un premier
temps difficile mais en adoptant une approche graduelle on dépasse toutes les
difficultés.
1 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». De Boeck. Bruxelles. 2005. P2062 M.P.Schmit et A.Viala. « Savoir-Lire ». Les Editions. Paris. 1982. P144
Chapitre I : De la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier 34
Dans une première lecture, on découvre la nature du texte (narratif, descriptif,
argumentatif, exhortatif…etc.). De plus, on fait une connaissance générale avec
le texte : son sujet, la nature des propos et ses grandes composantes. Aussi, on
cherche la signification des mots inconnus et difficiles.
Avec la lecture qui suit, on peut identifier correctement la problématique et les
hypothèses exposées dans le texte, et aussi préciser le contenu avec la reprise
de chaque section : « La succession n’est pas l’unique dimension du récit : le texte n’est pas
seulement "une surface", mais aussi "un volume" dont certaines connexions ne sont
perceptibles qu’à la seconde lecture. »1
Et là, on doit tenir compte de tous les éléments du texte et confirmer si on a
bien saisi ses idées et ses propos.
Les sensations, les représentations et les expériences du lecteur se manifestent
lors de la première lecture. Le lecteur mémorise et structure ce qu’il vient de
déchiffrer pour qu’il participe à la découverte et à la cohérence de toute
l’œuvre. Et quand la première lecture s’achève une représentation est faite
même si elle n’est pas claire et n’est pas stable. « Dans ce cas, la première lecture est
parfois peu productrice de sens, elle transforme à peine celui qui l’a pratiquée, elle n’en
conserve pas moins son importance… »2 C’est ce doute qui provoque le lecteur à relire
le texte pour pouvoir éclaircir les idées et avoir une opinion fixe. Cette relecture
est bénéfique et plus précise parce que le lecteur qui lit pour la première fois
peut s’égarer sur de fausses pistes et se laisser attiré par des idées trompeuses
et négliger les plus pertinentes mais celui qui a fait des retours au texte n’est
plus le même.
1 Vincent Jouve. « La lecture ». Collection n°81. Edition n°8. France. 2004. P182 Le français dans le monde –Recherches et Applications- février/mars. Littérature et enseignement
-la perspective du lecteur-. P 67
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 36
Dans le présent chapitre, notre but est de présenter les différents niveaux de
lecture et de proposer quelques outils d’analyse qui aident à évaluer un texte
littéraire. Aussi, nous précisons les difficultés, les préjugés, le choix du corpus à
lire et quelques principes didactiques de l’enseignement/apprentissage de la
lecture littéraire.
II.1- Les différents niveaux de lecture
Le professeur choisit la lecture du texte qu’il va étudier ; son rôle est de le lire et
de proposer un questionnaire qui l’aide à analyser et puis il s’assure s’il répond
aux problèmes posés par le texte. Mais le professeur ne peut jamais mettre un
dispositif didactique qui répond vraiment aux besoins et aux difficultés des
élèves pour cela il faut réétudier la construction de ces analyses selon des
critères qui prennent en considération la cohérence et la progressivité pour
développer les capacités et les connaissances ainsi que la clarification de
certains articulations et passages. Dans ce cas, le professeur différencie
plusieurs étapes de divisions cohérentes qui ont plusieurs niveaux et plusieurs
façons mais le plus important est de rendre compte à la totalité du texte. Ce
sont ces étapes qui forment les niveaux de lecture qui se définie selon
Jacqueline Biard et Frédérique Denis :
« Un niveau de lecture est donc la lecture de l’ensemble d’un texte,
portant sur l’ensemble de ses significations, mais une lecture qui s’en tient
à un certain degré de complexité. Le niveau de lecture permet au
professeur de transformer le texte en objet d’étude, traduisible en
objectifs. Il s’actualise, pour l’élève, sous la forme d’un parcours du
texte. »1
Il existe quatre niveaux de lecture ; les trois premiers sont accessibles aux élèves
du secondaire et aident le professeur ainsi que l’élève à former autour du texte
1Jacqueline Biard et Frédérique Denis. « Didactique du texte littéraire ». Edition Nathan. Paris. 1993.P31
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 37
un ensemble de cercles larges et compliqués pour en arriver au dernier niveau.
Tout au long de la lecture, ces trois niveaux sont censés suivre les mêmes
étapes et les mêmes opérations concernant l’observation, l’inventaire
d’informations, interprétations, connaissances et raisonnements. Le passage
d’un niveau à l’autre ne peut pas se faire par l’élève gratuitement mais c’est au
professeur qui doit l’inciter au niveau supérieur en éveillant chez lui le désir d’en
savoir plus.
II.1.1- Le premier niveau
C’est l’acte préliminaire de toute lecture et il bouleverse l’ordre probable du
texte où le lecteur commence par le rapprochement et la découverte. C'est-à-
dire que le premier niveau est une lecture textuelle résultant par prélèvement
de sections identiques et considérant le texte dans sa dimension sémantique,
référentielle et sémantique.
II.1.2- Le deuxième niveau
Dans ce niveau le texte n’est plus étudié seul comme le premier niveau mais il
est comme fonctionnement, à la métisse des types et de genres. Le texte dans
sa dimension linguistique et stylistique.
II.1.3- Le troisième niveau
Met le texte en perspective car il ne travaille plus sur des invariants
typologiques mais de faire la recherche des spécificités textuelles. Il est comme
pratique discursive, répondant à des déterminations externes. Le texte dans sa
dimension pragmatique, rhétorique et historique.
Le point de vue adopté pour examiner le texte et les opérations de
questionnements et de raisonnements changent d’un niveau à un autre mais les
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 38
significations données sont les mêmes dans tous les niveaux avec bien sûr des
degrés progressifs d’exploration.
II.1.4- Le quatrième niveau
Ce niveau couronne les trois premiers niveaux et il concerne les étudiants de la
première année universitaire qui sont motivés par des études supérieures
littéraires car il leur permet un retournement dialectique qui les aide à parvenir
leurs acquis précédents et à solliciter chez eux la conscience de la langue et la
compétence culturelle.
II.2- Les outils d’analyse des textes littéraires
Après avoir parlé de la lecture littéraire et ses différents niveaux, nous allons
proposer quelques outils d’analyse qui nous aident à évaluer un texte. Et
comme notre recherche s’intéresse aux textes littéraires, nous avons pris le cas
échéant des différents types de ce texte qui sont : le récit, le poème, le texte de
théâtre et l’essai. Ces outils peuvent aider l’élève, tout d’abord, entant qu’un
document de synthèse pour en faire des activités de lecture. De plus, ils peuvent
l’orienter dans la fabrication d’une fiche ou d’un commentaire. Enfin, ce sont
des moyens de contrôle lors de l’analyse du texte.
II.2.1- La lecture d’un récit, roman, nouvelle, compte…
II.2.1.1- Les structures du texte
II.2.1.1.1- Les personnages
Concernant les personnages, l’élève doit les citer et caractériser les principaux,
en décrivant leurs physiques et leurs caractères moraux et en ajustant leurs
rôles par rapport aux autres. Aussi, il doit indiquer les différents groupes de
personnages et les classer selon leurs degrés de parenté ou d’amitié et selon
leurs classes sociales en situant leurs rôles dans la progression de l’intrigue.
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 39
II.2.1.1.2- L’intrigue
Représente les différentes crises du texte tels que : méfait, manque, désir… etc.
puis les évolutions des quêtes initiales et les obstacles rencontrés et enfin, les
dénouements qui nous explique comment les crises se concluent.
II.2.1.1.3- L’espace
C’est le lieu où se passe l’action, en précisant le pays, la ville, la maison, la
pièce…etc. et s’il y a des oppositions de lieux, il faut les caractériser et préciser
ses fonctions.
II.2.1.1.4- Le temps
C’est le moment de l’histoire qu’il faut le préciser par des dattes ou des allusions
et le temps de la fiction présente le temps du récit. Aussi, il faut faire le rapport
entre le temps de la fiction et le temps de la narration pour en définir la
progression chronologique.
II.2.1.1.5- La narration et le point de vue
Caractériser le narrateur, en précisant s’il est à l’intérieur ou à l’extérieur du
récit et s’il donne des jugements ou non concernant les personnages ou pour
sensibiliser les lecteurs. Ainsi que le point de vue porté sur l’action : omniscient,
interne ou externe.
II.2.1.1.6- L’écriture
Les différentes techniques de l’auteur : narration, description, dialogue et
réflexion. Puis, caractériser le vocabulaire, la syntaxe et les registres langagiers
après bien sûr le repérage des stéréotypes langagiers.
II.2.1.2- Le genre, le thème, le message et le mode d’énonciation
Il faut définir le genre et justifier son choix, dégager les thèmes principaux de ce
récit, repérer des stéréotypes thématique, narratifs ou idéologiques, dégager le
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 40
message et sa valeur et finalement préciser si le sens est clair, tranché ou
univoque. Sans oublier de citer quelques exemples pour justifier les réponses.
II.2.1.3- L’auteur et le contexte d’énonciation
Après avoir se renseigné sur la vie de l’auteur et sur le contexte historique et
idéologique, il faut savoir s’il existe un certain rapport entre ces deux et le
contenu du récit. Puis situer le contexte littéraire de l’œuvre et son
rattachement à un courant, une tradition ou à une esthétique.
II.2.1.4- La réception du lecteur
Il faut préciser la manière dont l’auteur à lit ce récit ; lentement, vite,
passionnément, difficilement, avec ou sans plaisir. Et finalement, il faut donner
le point de vue et l’appréciation du récit et des messages et est ce qu’il a réussi
à convaincre le lecteur ou non.
II.2.2- La lecture d’un poème
II.2.2.1- La forme et l’écriture
II.2.2.1.1- Forme générale et strophes
Il faut dégager le type de poème, dire s’il est à forme fixe ou divisé en strophes
puis, donner le type de ces derniers ; dizains, octets, sizains, quatrains,
distiques…etc.
II.2.2.1.2- Le rythme
Voir si les vers sont réguliers, semi-réguliers ou libre. Du côté de la syntaxe,
vérifier le nombre et la longueur des phrases et les rapports entre phrases, vers
et strophes. Puis, parler des effets rythmiques particuliers et l’évolution du
schéma rythmique.
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 41
II.2.2.1.3- La matière sonore
S’il y a des rimes, il faut voir s’ils sont régulières, suivies, croisées ou
embrassées. Et l’alternance des rimes féminines ou masculines. Aussi, il faut voir
si les rimes sont riches, suffisantes ou pauvres et si elles sont intérieures,
paronomases, allitérations, parallélisme entre les vers et les strophes.
II.2.2.1.4- Le style
Repérage des figures de paraison comme : la métaphore, la métonymie,
l’antithèse, l’oxymore, l’hyperbole, l’euphémisme et la litote ; des figures de
construction tels que : l’ellipse, le zeugma, l’anacoluthe, le pléonasme, le
chiasme, l’anaphore, l’épiphore, la gradation, l’apostrophe et la symétrie et les
stéréotypes langagiers. Puis, donner le ton général du texte et son évolution et
le niveau du langage dominant.
II.2.2.2- Les effets de sens internes
II.2.2.2.1- Le genre
A partir du sens, nous pouvons rattacher le genre du texte s’il s’agit d’une
poésie épique, lyrique, didactique, satirique…etc.
II.2.2.2.2- La structure thématique
Définir les thèmes en relevant les champs lexicaux puis trouvant les rapports
entres ces champs et les parties rythmiques ainsi que les phénomènes sonores
particuliers. Puis, trouver le type de communication établi par le poète, le l’acte
de langage dominant, les personnages mises en scène et leurs rapports, le cadre
spatial, le cadre temporel et les stéréotypes thématiques.
II.2.2.2.3- La structure linéaire
La progression du sens est selon le type de logique : narratif, argumentatif,
descriptif, conversationnel, instructionnel ou poétique puis dégager le plan du
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 42
texte à partir de cette progression. Voir si la structure linéaire comporte des
stéréotypes et s’il y a des rapports entre la structure sémantique et la structure
rythmique. Et finalement, il faut tirer le message du poème quelque soit
implicite ou explicite.
Remarque
Concernant l’auteur et le contexte d’énonciation ainsi que la réception du
lecteur est du même titre que ce que nous venons de présenter dans la lecture
du récit.
II.2.3- La lecture d’un texte de théâtre
II.2.3.1- La lecture formelle du texte
Dégager le mode d’énonciation du texte ; s’il s’agit d’un dialogue ou un
monologue ou un amalgame entre les deux. Le texte est découpé en scènes, en
actes, en tableaux, en morceaux ou en mouvements. Les répliques sont en
proses ou en vers, longues, brèves ou inachevées.
II.2.3.2- Le système spatio-temporel
II.2.3.2.1- L’espace
Le schéma du décor peut être établi, si nous disposons d’indications suffisantes.
Il faut voir aussi si l’unité de lieu est respectée ou l’espace scénique est multiple.
Encore, l’usage des objets et éléments qui caractérisent le lieu est fonctionnel,
décoratif ou métaphorique.
II.2.3.2.2- Le temps
Localisation de l’action sur une ligne de temps et évaluation de la durée de
l’action de la pièce si c’est possible. Le rapport entre la durée de l’histoire
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 43
représentée et la durée de la représentation. Il faut voir aussi les temps verbaux
utilisés par les personnages et la justification du choix.
II.2.3.3- L’action et la fable
Il faut dégager les différents thèmes et les sujets abordés pour savoir si la pièce
raconte quelque chose ou la fable reste ambiguë. L’auteur respecte l’unité
d’action ou plusieurs sont combinées. Montrer si la scène d’exposition
renseigne le spectateur ou le lecteur sur l’identité des personnages et le
contexte de l’action ou non et comment cette dernière se progresse. Et il faut
situer le dénouement et comment se résout.
II.2.3.4- Les personnages
A travers ce qu’on dit des personnages, ce qu’ils font, ce qu’ils disent et ce qu’ils
veulent faire ; nous pouvons les identifier et découvrir les relations entre eux.
Quelques indices textuels programment un jeu naturaliste, spontané et d’autres
au contraire, un jeu distancié, épique, théâtralisé.
Remarque
Concernant l’auteur et le contexte d’énonciation ainsi que la réception du
lecteur est du même titre que ce que nous venons de présenter dans la lecture
du récit.
II.2.4- La lecture d’un essai
II.2.4.1- Les structures des textes
II.2.4.1.1- Elaboration des informations
Il faut donner le statut des informations dont il est fait état, dégager les thèmes
principaux ainsi que le type textuel employé, préciser le régime discursif du
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 44
texte et la progression de l’information, observer les segmentions du texte et
puis vérifier la présence des schémas non verbaux.
II.2.4.1.2- Caractéristiques linguistiques et stylistiques
Il faut expliquer comment les caractéristiques grammaticales et lexicales
assurent la cohésion du texte après, dégager les éléments stylistiques et
rhétoriques qui influencent la lecture.
II.2.4.2- La mise en place d’un contrat de communication
La présentation de l’émetteur et sa représentation à son interlocuteur. Son
point de vue des autres et l’importance et l’urgence du message qu’il veut
passer à travers son écrit puis discuter le rôle du contexte réel dans la mise en
place de ce contrat.
II.2.4.3- La visée du texte
Il faut démontrer la visée du texte : introspective, cognitive, expressive,
persuasive, assertive…etc. et comment est expliqué : implicitement,
explicitement ou par raisonnement.
II.2.4.4- L’évaluation du texte
La mise en scène réalisée par le texte est : crédible, séduisante ou efficace.
Donner l’importance des questions traitées et les valeurs des réponses
obtenues. Il faut aussi évaluer à quel point le récepteur est impliqué et la force
rhétorique du texte.
II.3- Les difficultés de lecture
L’apprentissage de la lecture est un processus de croissance intimement lié à
toutes les phases de la personnalité de l’apprenant. Il y a une interaction entre
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 45
le niveau culturel, technique et pédagogique et le développement de la capacité
de lecture.
II.3.1- Les difficultés culturelles
Beaucoup de lecteurs ne sont pas adaptés avec la pratique sociale de l’écrit. La
lecture exige une connaissance de la culture du livre. Cox et Waite affirment à
cet effet que :
« Le niveau socio-économique du foyer, l’intelligence et l’éducation des
parents, exercent une importante influence sur le développement de la
capacité en lecture de l’enfant. Un enfant qui provient d’un foyer où il y a
de nombreux livres traités avec respect et où on lit beaucoup, a des
chances de devenir lui-même un bon lecteur, souvent les enfants mauvais
lecteurs, viennent de foyer dont le niveau culturel général est faible. »1
Ces lecteurs en difficultés culturelles n’appartiennent pas à un cercle où les
lectures sont échangées et ne fréquentent même pas les bibliothèques ni les
librairies. Le lecteur doit nécessairement lire pour s’informer, apprendre, agir,
imaginer, cultiver, etc.
En situation scolaire, la tâche proposée par l’enseignant tient généralement lieu
de projet de lecture. Dans ce cas, il est clair de rencontrer des élèves aussi peu
motivés comme le signale André Gide, dans « Si le grain ne meurt » en
rapportant un incident scolaire dont il fut à la fois la victime et le héros :
« L’usage était de réciter indifféremment vers ou prose d’une voix blanche,
le plus vite possible, sur un ton qui enlevât au texte je ne dis pas seulement
tout attrait, mais tout sens même, de sorte que plus rien n’en demeurait
qui motivât le mal qu’on s’était donné pour l’apprendre. Rien n’était plus
1 Cox et Waite. Argennair. 1970.
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 46
affreux ni plus baroque ; on avait beau connaître le texte, on n’en
reconnaissait plus rien ; on doutait si l’on entendait du français. »1
Lire expressément c'est donner au texte sens et vie, c'est pour cela que l’activité
de la lecture demeure une pratique complexe, elle est à la fois une source de
communication et un pouvoir de perception. Lors de cette activité, les
apprenants rencontrent des difficultés.
II.3.2- Les difficultés techniques
Ces difficultés sont liées à la non- maitrise des processus de lecture : le
décodage, la mémorisation, l’interprétation, les hypothèses, etc. Plusieurs
lecteurs n’arrivent pas à identifier les mots, à les déchiffrer, ni à les assembler
pour pouvoir comprendre le sens, d’autres ne peuvent pas faire aucune
représentation mentale en lisant un texte ce qui handicape son
interprétation. Jean-Louis Dufays affirme qu’ : « Un manque d’entrainement à cette
pratique réflexive nous semble constituer un dernier obstacle technique à la compréhension. »2
II.3.3- Les difficultés pédagogiques
La démarche de l’enseignant influe sur le développement des compétences de
la lecture et provoque de difficultés de compréhension et d’interprétation chez
l’élève. Le premier obstacle qu’on peut citer est le corpus choisi par l’école ainsi
que le mode de lecture proposée. Les élèves adolescents aiment bien lire des
textes qui touchent leurs problèmes d’identité alors que le programme leur
impose des textes de distanciation.
Le deuxième obstacle qui s’impose c’est qu’on apprend aux élèves, dans l’âge
précoce, à lire sans interpréter et puis on leur demande en fin de parcours des
1 P. MENARD et R. DANIEL. « Lectures dialoguées ». Fernand Nathan.1957.P32 Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition. De Boeck. 2005. P137
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 47
interprétations, tâche impossible à compléter si l’enseignement ne leur a pas
appris cela par étapes. Selon Catherine Tauveron :
« Si tant d’élèves ont des difficultés à mobiliser des compétences
interprétatives, c’est peut-être parce qu’ils ont été confinés trop
longtemps dans un mode de lecture courante et qu’ils ne peuvent réaliser
le grand écart que l’on exige d’eux en fin de scolarité. »1
Le dernier obstacle dépend de l’attitude de l’enseignant qui spécifie sa propre
lecture. Il doit orienter et guider les élèves pour qu’ils puissent arriver tous seuls
au sens et à l’interprétation estimée du texte. « Dans cette activité, le rôle de
l’enseignant n’est pas de faire la lecture aux élèves, mais plutôt de les aider à comprendre le
texte qu’ils sont entrain de lire. Cette activité se caractérise par des interventions avant,
pendant et après la lecture. »2
Pour conclure, nous pouvons dire que la lecture courante est le résultat d’une
coordination parfaite de mécanismes complexes. Elle est extrêmement sensible
aux défauts de l’un de ses mécanismes, et peut perturber le développement de
l’apprentissage de la lecture.
II.4- Les préjugés de la lecture littéraire
Pour mieux saisir la nature de la lecture littéraire, il faut éclaircir cinq points qui
forment les malentendus que font beaucoup sur cette activité.
II.4.1- La distanciation
Le programme institutionnel adressé à l enseignant concernant la lecture se
base spécialement sur la compréhension et l’analyse plutôt que sur la critique.
La lecture en classe a donc permet l’instauration de l’habitude à mettre à
distance le texte et de ne pas toucher à ses codes, ses thèmes, ses messages et
1 Catherine Tauveron. Cité par. Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition. De Boeck.2005. P1382 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». 2ème édition. Canada. 2003. P92
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 48
sa langue. Malgré le fait que le jeune élève possède plusieurs propositions,
interprétations et imaginations que nous devons les prendre en considération.
Si nous, ne laissons pas l’occasion aux jeunes lecteurs de s’exprimer librement,
on tue l’envie de lire chez eux et par conséquent on leurs pousse à détester le
livre.
« Pour les élèves de l’enseignement secondaire, lire, c’est avant tout être
confronté à des personnages, des situations et des évènements ; le bon
livre est celui qui "passionne", qui plonge son lecteur dans les délices
prolongés de l’illusion référentielle. »1
Faire de la lecture littéraire une activité basée sur la distanciation, c’est la
désemplir de son corps.
II.4.2- Le plaisir
Avoir le plaisir de lire est un élément indispensable pour la réussite de
l’apprentissage de la littérature. On ne peut pas garantir l’accès des élèves au
plaisir de lire, tout résulte de leur entourage socioculturel et leurs enseignants.
Un élève qui est né dans un entourage qui ne s’intéresse pas à la lecture trouve
des difficultés pour avoir ce plaisir contrairement à celui qui a grandi dans une
famille cultivée. Aussi l’envie ou le plaisir est synonyme de liberté, et comme
l’élève ne s’est jamais senti libre dans la classe donc avoir ce sentiment en
situation d’apprentissage est difficile. Pour cette raison, nous estimons que
l’enseignant devrait différencier les lectures d’un même texte littéraire pour
donner l’occasion à ses élèves à participer à la construction du sens afin de les
motiver. La lecture plaisir est considérée comme un moment d’évasion pour
l’élève, il faut donc qu’elle soit une séance de magie.
1 Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition. De Boeck. 2005. P142
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 49
L’enseignant ne peut jamais atteindre ses objectifs ni transmettre son message
froidement, il est alors obligé pour accomplir sa mission, de susciter ce désir de
lire en motivant les élèves et en les incitant à agir avec gout et plaisir.
II.4.3- Lecture littéraire et lecture fonctionnelle
Quelle que soit la lecture d’un texte littéraire ou d’un texte fonctionnel, tout
deux sont des lectures et ont les mêmes processus généraux de compréhension.
Actuellement, la lecture fonctionnelle occupe une place importante car elle est
mieux valorisée à l’école mais cela ne lui donne pas le droit de négliger ou de
dissimuler la lecture littéraire. Il y a des rapports croisés entre les types de
textes et les différentes lectures. On peut donc faire une étude du littéraire sur
des textes fonctionnels et vise versa. Dans une lecture fonctionnelle des textes
non littéraires, on peut découvrir certains effets linguistiques littéraires, aussi,
les compétences d’observations objectives appliquées sur cette lecture, sont les
mêmes pour une explication littéraire. Finalement, plusieurs scénarios
imaginaires sont impliqués dans l’argumentation par exemple.
II.4.4- Lecture littéraire et la réception audiovisuelle
L’audiovisuel est très important pour une bonne réception textuelle et
particulièrement pour la réception d’un texte littéraire. La vision permet au
lecteur de capter et de mieux traiter les informations dans le minimum du
temps. Un grand nombre d’études attribuent la responsabilité de la mauvaise
lecture à des problèmes visuels tels que l’hypermétropie et l’hétérophorie.
Aussi, un défaut d’audition même léger peut contribuer à l’échec scolaire. Un
élève dont la perception sonore est indifférenciée et qui est incapable
d’identifier les différences dans les sons prononcés échouera souvent dans ces
tentatives d’apprendre à lire.
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 50
« Les résultats de recherche montrent que l’habilité auditive, telle que la
discrimination, la mémoire, l’intégration auditive, la coordination
audiovisuelle sont des éléments importants dans le complexe des facteurs
qui constituent l’aptitude à apprendre à lire. »1
Egalement, comme il y a la vision concrète, il ya la vision abstraite que demande
beaucoup plus un texte littéraire et que sans cette dernière nous ne pouvons
pas faire des jugements critiques. Les deux visions se complètent, pour cette
raison, il faut apprendre à nos élèves comment devenir des récepteurs habiles à
articuler lecture littéraire et réception audiovisuelle.
II.4.5- Lecture littéraire et lecture des textes littéraires
Nous venons de signaler que la lecture littéraire n’est pas applicable
uniquement sur les textes littéraires mais l’inverse est difficile à atteindre. Nous
pouvons repérer alors des caractéristiques littéraires de différents textes de
différents genres, nous pouvons aussi rapprocher des textes littéraires aux
autres qui ne les sont pas pour en faire une comparaison.
II.5- Le choix du corpus à lire
« Que faire lire aux élèves et quand faut-il les faire lire ? La réponse est simple : il faut tout lire
et tout le temps. (…) Il n’y a pas, dans ma pratique didactique, de bons ou de mauvais livres. Il
n’y a que des textes qui donnent envie de lire. »2 Nous venons d’expliquer
précédemment qu’on peut appliquer une lecture littéraire sur un texte
fonctionnel, comme on peut aussi appliquer une lecture fonctionnelle sur un
texte littéraire alors le professeur qui a pour but d’inciter et d’exercer les élèves
à lire, peut choisir différents types de textes ; narratif, historique, argumentatif,
poétique, soit littéraires ou non littéraires.
1 Mlmquist. « Les difficultés d’apprendre à lire ». Édition Arman colin. 1973. P1102 M. LITS. « Lire à quinze ans ». Citée par. Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ». 2ème édition.De Boeck. 2005. P151
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 51
Comme le texte littéraire est distingué par sa richesse des lectures diversifiées,
est le corpus le plus qualifié pour cette activité.
II.5.1- Le texte littéraire objet et outil
D’après les didacticiens, l’objectif principal de l’enseignement de la littérature
est de proposer aux élèves des textes qui peuvent améliorer leurs gouts, leurs
visions du monde et leurs cultures. Aussi, il ne faut pas enseigner aux élèves
uniquement des méthodes d’analyse mais des savoirs et des connaissances.
Les savoirs littéraires sont très importants pour la lecture des textes littéraires
et c’est uniquement avec ces textes qu’on peut les acquérir. La raison pour
laquelle, il faut établir une double relation avec le texte ; il faut faire une lecture
à la fois statique et dynamique, fermée et ouverte donc utiliser le texte en tant
qu’une fin et moyen. De cette façon, la littérature ne va pas être étudiée
uniquement pour sa valeur mais aussi pour enseigner d’autres savoirs.
II.5.2- Critères du choix de corpus
L’enseignant choisit son corpus selon trois critères complémentaires qui sont
vraiment agencés. Ces critères satisfont l’enseignant, l’élève et la société.
II.5.2.1- Le critère pédagogique
Pour réussir son enseignement de la lecture, il faut choisir des textes qui
répondent aux intérêts, aux soucis, aux besoins, aux attentes et aux ambitions
des élèves afin de les motiver et les inciter à aimer cette activité. Le corpus
littéraire choisi par les élèves a une influence positive sur eux.
II.5.2.2- Le critère subjectif
L’enseignant fait aussi le choix du texte selon sa pensée, sa vision du monde et
son goût, il doit être lui aussi motivé par le texte si non il lui sera difficile de le
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 52
communiquer à ses élèves. Aussi, les textes qui ont relation avec les sujets
d’actualités peuvent provoquer leurs plaisirs et leurs croyances et par la suite
des points de vue subjectifs soit du côté de l’enseignant ou des élèves.
II.5.2.3- Le critère socioculturel
Tout texte valorisant la culture ou la société de l’enseignant et de l’élève les
intéressent. Et notre société constitue un large univers de savoir et de moyens
de lire. Ce qui renforce l’attache sociale dans une classe c’est avoir une culture
littéraire commune au lieu d’une culture individuelle.
Malgré que le deuxième critère soit permis la subjectivité de l’enseignant, il est
nécessaire qu’il donne importance aux deux autres. Quelques fois, l’enseignant
se trouve devant des textes qui ne les intéressent pas mais il sera obligé de les
travailler en classe selon des instructions officielles.
II.6- Quelques principes didactiques de l’enseignement de la lecture littéraire
Après avoir présenté les difficultés, les préjugés ainsi que les différents critères
pour trancher dans le choix du corpus de l’enseignement de la lecture littéraire,
nous allons essayer d’exposer quelques principes didactiques de l’enseignement
de français en général et de la lecture littéraire en particulier.
II.6.1- Relations en classe
Un enseignement ne peut être réussi que s’il prend en considération les
différentes relations affectives et relationnelles dans la classe. Aussi, un
enseignant ne peut transmettre son savoir et atteindre ses objectifs que s’il
réussit à tisser un réseau capable de le relier avec ses élèves pour dialoguer et
avoir un climat positif au sein de la classe. L’enseignant a une grande influence
sur l’attitude de ses élèves concernant leurs relations avec la lecture littéraire,
non seulement en classe mais même en dehors de la classe. C’est lui l’élément
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 53
catalyseur responsable car c’est au secondaire que ces élèves se préparent
pour devenir des lecteurs adultes.
Evelyne Charmeux, insiste sur l’idée que le but de l’apprentissage de la lecture
est que l’élève doit « se sentir "chez soi" dans le monde du lire/écrire, c'est-à-dire dans un
certain environnement physique, fait de lieux et d’objets, et dans un certain environnement
langagier caractérisé par la diversité et la différence. »1
A partir de cette citation, nous pouvons conclure qu’il faut préparer le climat
affectif dans la classe et c’est à l’apprenant de nous démontrer ces capacités et
ces talents pour réussir sa lecture littéraire.
II.6.2- Projets
Chaque matière doit avoir un projet d’apprentissage qui vise des résultats bien
précis qui peuvent attirer l’attention des élèves et les intéresser si non nous
risquons d’être confrontés à un échec en lecture.
Pour la réalisation de ce projet, il faut, d’une part que le professeur précise ses
objectifs, planifie en balisant l’évolution de ses activités dans un processus
conforme aux attentes des apprenants. D’une autre part, les élèves doivent
exprimer leur envie de lire, leurs intérêts et leurs points de vue librement en
respectant la consigne donnée par leur professeur.
II.6.3- Adaptation
Pour consolider la réussite d’un apprentissage de lecture par projet, il faut
donner la liberté aux élèves pour produire des productions où ils essayent de
présenter ce qu’ils viennent d’acquérir en activité de lecture. Avec cette
méthode, l’élève va se sentir responsable de ce qu’il emmagasine et de ce qu’il
1 E. Charmeux. « Savoir lire au collège ». Citée par. Jean-Louis Dufays. « Pour une lecture littéraire ».2ème édition. De Boeck. 2005. P166
Chapitre II : La lecture littéraire en classe de FLE 54
interprète lors de la lecture et en plus il va prouver son intérêt envers tout le
texte.
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
57
Dans le présent chapitre, nous nous sommes intéressés plus particulièrement à
la façon dont l’enseignement de la lecture des textes littéraires est réalisé en
classe de troisième année secondaire. Il convient de délimiter le statut du texte
littéraire et son cadre d’étude.
Le texte littéraire est un support d’enseignement/apprentissage des langues
étrangères, il peut être utilisé comme un texte récréatif, ou comme un texte
support de leçon à des objectifs d’ordre esthétique ou encore, pour les
exercices de la langue telle que la grammaire ou la morphosyntaxe.
Notre souci se focalisera donc sur la description du programme et l’analyse du
manuel.
III.1- Analyse du programme et du manuel scolaire de la troisième année
secondaire
III.1.1- Considérations terminologiques
Nous tenterons d’utiliser au cours de ce chapitre certains termes, cela nécessite
quelques mises au point pour éviter les ambiguïtés malgré que les mots sont
souvent polysémiques : « Il n’existe pas pour le moment un terme plus précis pour désigner
la présence particulière du texte littéraire en milieu didactique. »1
- A travers le terme "texte" nous désignerons tout produit écrit et imprimé dans
le manuel, comme la nouvelle, la bande dessinée, le poème, le conte, la lettre,
l’extrait, le roman, etc. il peut être défini comme : « […] la forme concrète sous
laquelle se présente un discours. Il a un auteur et une structure l’organise comme un "tout de
signification". »2
- Le sens du terme "littérature" ou "littéraire" c’est la nomination connue
actuellement, vu les changements significatifs en diachronie. Nous allons
1 Djamel Kadik. Le texte littéraire dans la communication didactique en contexte algérien. P242 Document d’accompagnement du programme. 2005. P40
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
58
considérer littéraire tout texte présente le monde autrement et rend les choses
belles. Selon Jean-Pierre Cuq : « Le terme de littérature désigne l’ensemble des œuvres
écrites, qu’elles soient de fiction ou qu’elles s’inspirent de la réalité, qui portent dans leur
expression même la marque de préoccupations esthétiques. »1
- Le terme "genre" ne cesse d’évoluer à travers le temps, d’ailleurs il existe
même avant l’apparition de l’écriture sous forme des productions orales :
légendes, mythes, contes, etc.
Selon M-C. Albert et M. Souchon, il est difficile de trouver une définition stable
pour le terme genre mais il nous propose une des manières qui permettent à
l’apprenant une meilleure connaissance des genres littéraires : « C’est l’expérience
acquise au cours de la fréquentation de sa propre littérature qui permet à l’apprenant de
trouver son chemin dans les textes de langue étrangère. »2
- "La nouvelle fantastique" ou "le fantastique" désigne : « […] un scandale, une
déchirure, une irruption insolite, presque insupportable dans le monde réel. »3
Dans le fantastique, au contraire, une perturbation irrationnelle apparaît
soudain dans la réalité quotidienne, et le doute, l'inquiétude persiste tout au
long du récit quant à la nature de cette perturbation. Comme le voit Todorov:
« Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles
face à un événement en apparence surnaturel. »4
Concernant les auteurs des textes proposés dans le manuel scolaire, nous les
avons classifiés selon leur nationalité : les auteurs français d’expression
française tels que Victor Hugo et Guy de Maupassant, les auteurs algériens
d’expression française tels que Mouloud Feraoun et Mohammed Dib ainsi que
les autres écrivains universels comme Dino Buzzati.
1 Jean-Pierre Cuq. Dictionnaire de didactique du français. P1582 Albert-Marie Claude et M. Souchon. « Les textes littéraires en classe de langue ». Paris.2000. P1323 Caillois. R. « De la Féerie à la science-fiction ». Préface à l'Anthologie du fantastique. Gallimard. Paris.1966. P84 Todorov. T. « Introduction à la littérature fantastique ». Le Seuil. Paris. 1970. P29
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
59
III.1.2- Le programme
Dans le cadre de la réforme des programmes du système éducatif, le nouveau
manuel proposé diffère du précédent manuel de la 3eme AS par la typologie des
textes proposés, la démarche pédagogique suivie et aussi par les thèmes
abordés qui sont en relation avec les sujets d’actualité.
Par ailleurs, l’idée centrale de la pédagogie du projet est de mettre l’élève dans
une situation d’apprentissage en agissant à travers la mobilisation de ses savoirs
dans une situation de communication donnée et de le rendre aussi auteur de
son apprentissage.
La pédagogie du projet se fonde sur les théories cognitivistes qui mettent
l’accent sur le pôle apprenant comme étant le facteur le plus actif dans le
processus de l’apprentissage de cette langue étrangère.
D’une manière générale : « Le projet est le cadre intégrateur des activités de production
écrites et/ou orales. Il est la performance à travers laquelle se manifestent les compétences
développées et le lieu d’intégration des acquis. »1
Chaque projet prévu dans le programme est sous-tendu par une intention
communicative. Ces intentions communicatives ont déterminé, en dernière
instance le découpage en séquences. Le nombre de séquences a été déterminé
en fonction des critères suivants : La complexité de l’objectif visé et la
nouveauté des aspects du discours pour l’élève.
Il s’agit de mener l’élève vers une maîtrise progressive des mécanismes et des
structures de la langue et renforcer ses capacités à interroger les éléments
linguistiques contenus dans un discours pour déceler l’intention communicative
du locuteur en tant que destinataire d’un discours d’une part, et rendre
1 Guide du professeur.MEN. ONPS. 2007. P34
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
60
perceptible son intention communicative en tant que producteur de discours
d’autre part.
A l’intérieur de chaque séquence, quatre ou cinq textes ont été prévus pour
établir une progression dans le renforcement de la compétence et permettre,
en classe, des activités suffisantes pour mener l’élève vers une maitrise de
l’analyse ou de la production d’un discours.
Chaque support est choisi en fonction de l’aspect du discours à mettre en relief,
et matérialisé dans la rubrique "mettre le point". Cette rubrique met en
évidence ce qui caractérise le support sélectionné dans une logique de
progression vers l’objectif d’apprentissage visé. Elle intervient après une activité
de compréhension dans laquelle l’élève est orienté vers le système
d’énonciation, la situation de la communication et les pertinences linguistiques
caractérisant le discours en question.
Cette "mise au point" faite, c'est-à-dire une pertinence du discours relevée, l’on
passe à une activité de production écrite ou orale pour mettre l’élève devant
une situation-problème et lui permettre d’opérationnaliser les acquis en
compréhension.
L’enseignant fait de cette activité de production le moment où, collectivement,
en groupes ou individuellement, les élèves manipulent les éléments de la langue
pour élaborer un discours écrit ou oral marqué par une cohérence sémantique
et manifester une intention communicative précise énoncée dans la consigne.
Ces activités de compréhension et de production sont organisées et
hiérarchisées dans la perspective de soutien de la réalisation du projet de
l’élève. Certaines activités de production relèvent des techniques d’expression
comme le résumé, la synthèse, le compte rendu, etc.
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
61
III.1.3- Guide du professeur
Ce guide vise à expliciter la démarche adoptée dans le manuel de Français
3emeAS et son contenu. Il présente le manuel, son organisation et donnera des
explications quant à la progression et à la démarche adoptées.
C’est un outil qui explique avec exactitude le déroulement pédagogique du
projet et le contenu des apprentissages en classe de 3eme AS qui s’inscrit dans le
cadre de la réforme du système éducatif. C’est aussi un guide pour les
enseignants dans leurs pratiques d’enseignement sur le terrain afin d’aboutir
aux fins visées.
Mais il ne prétend pas se substituer à la préparation du professeur ou à la mise
en place d’activités qui restent à concevoir de manière adaptée à la classe et
aux besoins des élèves.
III.1.4- Le manuel
III.1.4.1- Présentation
Le manuel est défini par Jean-Pierre Cuq comme suit :
« Ce terme renvoie à l’ouvrage didactique (livre) qui sert couramment de
support de l’enseignement. Dans l’enseignement des langues vivantes, le
manuel peut être ou non accompagné d’un support audio (cassette ou
cédé audio), audiovisuel (cassette vidéo) ou informatique (cédérom) à
usage individuel ou collectif. »1
Ainsi que par F. Richaudeau : « est un matériel structuré, destiné à être utilisé dans un
processus d’apprentissage et de formation concerté »2
1 Jean-Pierre Cuq. Dictionnaire de didactique du français. P1612 Cité par Djamel Kadik. Le texte littéraire dans la communication didactique en contexte algérien. P27
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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Le manuel de Français de 3eme AS est un outil didactique adaptable, selon des
activités spécifiques issues de la restructuration de l’enseignement secondaire
général et technique à savoir les filières : Lettres et Langues Etrangères, Science
Expérimentales, Mathématiques et Gestion Economie. Le manuel de la 3eme AS
propose :
III.1.4.1.1- Des supports
Ces supports écrits en relation avec les objets d’étude inscrits au programme.
Ces supports se veulent aussi variés qu’adaptés aux objectifs d’apprentissage et
permettent de développer des activités dans différents domaines.
III.1.4.1.2- Des activités
Ces activités permettent de développer les compétences retenues dans le
programme dans les différents domaines d’apprentissage, à savoir : les
compétences de lecture et les compétences de production à l’écrit et à l’oral.
III.1.4.1.3- Une conception de l’apprentissage
Cette conception repose sur des situations-problèmes de recherche pour les
élèves et pour le professeur. C’est l’exemple de la deuxième séquence du
deuxième projet où l’élève doit "Prendre position dans un débat: concéder et
réfuter".
III.1.4.1.4- Des situations d’apprentissage
Ces situations favorisent la réalisation des projets individuels et/ou collectifs qui
se concrétisent à la fin de chaque projet didactique des programmes scolaires
de tous les niveaux.
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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III.1.4.1.5- L’évaluation
L’évaluation comme étape intégrée à l’apprentissage : une évaluation
diagnostique avant chaque projet, une évaluation formative, à la fin de chaque
séquence, pour réguler les actions pédagogiques et améliorer les performances
et une évaluation certificative à la fin du projet. Selon Jean-Pierre Cuq :
« L’évaluation des apprentissages est une démarche qui consiste à
recueillir des informations sur les apprentissages, à porter des jugements
sur les informations recueillies et à décider sur la poursuite des
apprentissages compte tenu de l’intention d’évaluation de départ. »1
III.1.4.1.5.1- L’évaluation diagnostique
Est un processus de mesure, de jugement et de décision qui trouve sa place
avant chaque projet sous forme d’activité de compréhension et/ou de
production et permet au professeur de contrôler les « prés requis » pour
organiser son action pédagogique en fonction du niveau de ses élèves. Elle
permettra aussi à l’enseignant d’identifier le niveau réel des apprenants afin
d’élaborer un plan de formation ou d’opérer les remédiations nécessaires avant
de se lancer dans un nouveau processus d’apprentissage.
III.1.4.1.5.2- L’évaluation formative
Intervient au fur et mesure que le processus d’apprentissage se déroule. Elle
permet de comparer les performances des apprenants par rapport aux objectifs
assignés afin d’apporter les régulations adéquates si cela s’avère nécessaire. Elle
facilite la gestion du projet et l’adéquation entre les visées et les stratégies
employées.
1 Jean-Pierre Cuq. Dictionnaire de didactique du français. P90
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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III.1.4.1.5.3- L’évaluation certificative
Permet de constater les acquis réels de l’apprenant. Elle met en évidence les
lacunes et les éléments positifs sur lesquels peut s’appuyer le professeur pour
adapter sa stratégie sur le plan des objectifs, des contenus et de la résolution
des "situations-problèmes" proposées.
III.1.4.2- Analyse
Le manuel comprend quatre projets didactiques devisés en plusieurs séquences.
Ces projets se composent à leur tour des intentions communicatives qui
peuvent être employées au même titre que les chapitres.
La démarche adoptée consiste à soumettre à l’analyse -l’activité de
compréhension- le texte proposé, choisi en fonction de la situation de
communication, du système d’énonciation qu’il présente et des pertinences,
aux plans discursif et linguistique qu’il contient pour permettre à l’élève de
percevoir les aspects du discours inscrits au programme et les structures qui en
rendent compte.
Cette analyse et la manipulation des données contenues dans le support
permettent de "faire le point" pour fixer les notions à retenir et à réinvestir dans
des activités de production écrite ou orale. Ces activités, proposées à la suite de
chaque texte, ont un double intérêt : Le premier, est qu’elles permettent à
l’élève un entraînement à la production du discours en fonction de l’intention
communicative énoncée dans la consigne. Cet entrainement facilite la
réalisation du projet dont il a la charge. Le second, est qu’elles permettent au
professeur de mettre en place des activités aussi variées que nécessaires au
plan lexical, phrastique, sémantique, organisationnel et discursif.
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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Ce manuel se présente sous forme de textes comme support de leçons ou
support d’exercices. Les supports proposés à la lecture ou à l’analyse se veulent
en adéquation avec le niveau attendu des élèves ayant eu une scolarité
normale. Pour les textes littéraires ; extraits de romans, nouvelles, des recueils
poétiques. Et pour les textes non littéraires, des textes historiques, exhortatifs,
des articles de presse.
Les élèves y trouvent des textes en rapport avec les objets d’étude inscrits au
programme, des activités de compréhension et de productions écrites et orales
qui les aideront à progresser dans la réalisation de leurs projets, cadres dans
lesquels se renforcent les compétences déjà mises en place les années
précédentes.
Le texte littéraire est inséré dans un genre de discours didactique, un discours
explicatif et autre interrogatif. Le discours dominant dans le manuel est
l’explicatif qui sert à l’explication de quelques notions lexicales, grammaticales,
méthodologiques ou autres. Le discours impératifs ou injonctif se manifeste
dans les questionnaires des leçons ou les consignes des exercices.
Dans le cadre de cette analyse, nous allons essayer de mettre la lumière sur le
statut de la lecture des textes littéraires au secondaire, sa valeur et son
exploitation dans une classe de FLE.
III.1.5- Les textes littéraires dans le manuel du 3eme AS
III.1.5.1- Présence du texte littéraire dans le manuel
Le manuel scolaire du secondaire mis à la disposition de nos lycéens n’est pas
un simple recueil de textes mais une série de dossiers de langue. Les
manipulations qui prennent appui sur des phrases isolées sont évitées, la
dominante reste le texte qu’on trouve à toutes les étapes dans les activités de
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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lecture ou d’écriture soit sous sa forme intégrale soit sous sa forme d’extrait, en
insistant sur les techniques d’investigation et de production des textes.
La présence des textes littéraires concurrence ceux non littéraires dans le
manuel. Ils se présentent parfois comme supports de leçons, supports
d’exercices et aussi comme des textes récréatifs. Ils sont présents même dans
les intentions communicatives sur objectifs scientifiques comme la vulgarisation
scientifique et l’interview, le cas du deuxième projet qui traite : "Organiser un
débat d'idées puis en faire un compte-rendu" dans le manuel de la troisième
année secondaire.
Djamel Kadik affirme aussi que : « Il est rare de trouver dans les manuels algériens des
chapitres exclusivement littéraires. »1 Sauf dans le manuel de la 3eme AS paru
récemment, où le quatrième chapitre traite la nouvelle fantastique.
Ce chapitre comprend trois séquences ; la première : Introduire le fantastique
dans un cadre réaliste. La deuxième : Les procédés dans l’écriture de la nouvelle
et la dernière : Comprendre l’enjeu de la nouvelle fantastique.
III.1.5.2- Statut du texte littéraire dans le manuel
Le texte littéraire fait son apparition comme texte support de leçon dans le
manuel du 3emeAS. Le graphique ci-dessous est donné pour montrer le
pourcentage approximatif des textes littéraires supports de leçons par rapport
aux textes non littéraires.
1 Djamel Kadik. Le texte littéraire dans la communication didactique en contexte algérien. P45
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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Nous pouvons dire que cette apparition est considérable, 46,03% des textes
sont littéraires. Cette apparition est présente tout au long du manuel, pour
l’évaluation diagnostique ou formative ou même pour des textes récréatifs.
C’est dans le dernier chapitre que le texte littéraire apparaît fortement et
dépasse le texte fonctionnel. Le graphique suivant illustre, à peu près, la
comparaison entre la représentativité des deux types de textes dans les quatre
projets didactiques du manuel.
Dans les trois premiers projets, les textes non littéraires sont d’une apparition
plus forte que les textes littéraires, car, comme nous l’avons expliqué, les textes
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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sont en relation avec les objets d’études des projets qui sont ; textes et
documents d’histoire, le débat d’idées et l’appel. Le dernier projet est consacré
essentiellement aux textes littéraires car il étudie la nouvelle fantastique.
Cependant, la présence des textes non littéraires occupe aussi une place
remarquable dans le manuel, l’exemple des textes historiques comme nous
l’avons dit. Cette présence peut être justifiée par deux raisons : d’un côté, les
thèmes et les objets d’études, les intentions communicatives et les séquences.
D’un autre côté, l’élève doit maîtriser quelques concepts et notions des
différents domaines de l’histoire, de la science et de la mondialisation.
Ce que nous pouvons dire à partir de cette représentativité, est que les textes
littéraires sont présentés sous forme d’extraits de romans, de poésie ou de
nouvelles.
III.1.5.3- Mode du traitement du texte littéraire dans le manuel
Tous les textes sont classés et étudiés en fonction de leur appartenance. Au
secondaire on étudie les caractéristiques du texte argumentatif, exhortatif,
expositif ou narratif et on néglige le sens du texte puisqu’on s’intéresse
uniquement à la typologie et non pas au genre. Les textes ne sont plus étudiés
pour eux-mêmes, pour leur culture, leur intérêt esthétique, leur intérêt moral
mais pour suivre des consignes ministérielles à la lettre et par conséquent
l’apprenant s’ennuie de plus en plus en cours de français. Jacqueline Biard et
Frédérique Denis affirment que l’enseignant de français:
« […] confronté aux nouvelles populations d’élèves qui lui sont confiées et
à l’aggravation de l’échec scolaire, sommé de justifier l’efficacité sociale
de son enseignement, il vit une sorte de crise d’identité qui le rend méfiant
face à la pédagogie et à l’innovation. »1
1 Jacqueline Biard et Frédérique Denis. « Didactique du texte littéraire ». Nathan. Paris. 1993. P9
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
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De nombreux apprenants de classes de l’enseignement secondaire ont des
difficultés d’expression et de compréhension liées à une mauvaise maîtrise de la
langue française. Ils sont incapables d’identifier les éléments d’une phrase, de
les nommer et de les comprendre. Alors, comment dans ces conditions peuvent-
ils se livrer à un commentaire de texte littéraire ?
Les apprenants ont du mal à passer du concret à l’abstrait, la plupart d’entre
eux n’éprouvent ni l’envie ni le besoin d’approfondir la lecture d’un texte et
surtout le texte littéraire et même si d’autres n’ont pas de problèmes de
compréhension des textes, ils ont des difficultés dans les démarches d’analyse
et de synthèse qui sont nécessaires pour réussir les méthodes du commentaire
et de la dissertation.
L’étude formelle des textes littéraires au secondaire ne propose pas de
méthodes de travail et surtout la capacité d’analyser puis de faire une synthèse.
Le lycée n’apprend plus aux élèves à structurer leur pensée, ce qui est très grave
pour leur avenir personnel.
La lecture littéraire doit reprendre sa place au secondaire afin de fournir aux
apprenants les repères nécessaires et aussi prendre le temps de l’étude et
cesser de lire à toute vitesse car le texte littéraire demande du temps, des
analyses et des réflexions.
La finalité didactique de la lecture d’un texte littéraire dans une classe de FLE
dans l’enseignement secondaire est d’encourager les apprenants à nouer un
rapport vivant avec le texte littéraire en le réhabilitant dans le but de mener
l’apprenant à lire n’ont pas pour la réussite mais de lire par plaisir et pour
s’enrichir ce qui le conduit naturellement et nécessairement à utiliser le français
pour s’informer, s’instruire et communiquer : lire, interroger, analyser et
interpréter librement.
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
70
L’enseignement de la littérature doit faire appel à la sensibilité de l’apprenant, à
ses connaissances et le texte doit être abordé de manière vivante. Il faut
épanouir l’esprit et stimuler la curiosité de l’apprenant pour l’aider à apprécier
la richesse et la beauté du texte littéraire.
Au lycée, le texte littéraire est appréhendé dans le cadre de la lecture d’une
œuvre intégrale ou à partir d’une problématique construite par le professeur et
à découvrir par l’élève. L’objectif est de munir l’élève d’une armure de savoir, de
concepts et de méthodes qui lui permettent de lire d’une façon autonome, une
page littéraire isolée.
D’après cette étude, nous avons constaté que chaque séquence du manuel fait
appel à des textes littéraires et non littéraires. Après avoir fait le recensement et
évoquer le statut des textes littéraires dans le manuel du 3eme AS, nous avons
remarqué que ces textes sont étudiés beaucoup plus en tant que support de
compréhension où l’élève est invité à répondre aux questions proposées sur le
texte. D’une manière générale, il est composé de trois phases : observation,
lecture analytique et expression écrite.
L’observation mène à une étude formelle du texte, l’élève doit observer le texte
puis répondre aux questions sur la ponctuation, le type de texte, sa disposition
graphique, l’imagination du contenu du texte à partir du titre, etc.
La lecture analytique porte en elle des questions sur l’étude systématique de la
langue, des questions de compréhension de texte et la situation de
communication.
Dans le but d’évaluer le savoir de l’apprenant, ses connaissances et sa
compréhension, cette partie comporte des questionnaires de types différents :
des items à réponses choisies, à choix multiple, des items à réponses construites
où l’élève est appelé à répondre sous forme d’une question directe à l’aide
Chapitre III : Le statut et le mode de traitement de la lecture des textes littérairesau secondaire dans une classe de FLE
71
d’une phrase ou d’un mot, une question fermée qui demande une seule
réponse, ou une question ouverte qu’il peut reformuler à sa manière.
L’expression écrite, elle comporte des activités sur l’écriture, la réécriture, la
reformulation, le transcodage, le résumé d’un texte, la synthèse de document et
surtout le compte rendu.
Le compte rendu fait partie des activités des techniques d’expression écrite ; il
est répandu dans le manuel et exigé par le programme. C’est une manière
d’évaluer les compétences discursive, lecturale et linguistique de l’élève : la
compréhension des textes, la maîtrise de la langue et aussi pour l’aider à
développer la présentation de l’essentiel du texte. C’est aussi une activité de
reformulation du discours du texte source sans tenir compte de l’avis personnel
de l’élève.
Ce que nous avons regretté dans le manuel, c’est l’insuffisance du volume
horaire consacré à la lecture littéraire si ce n’est pas la pénurie de cette activité
en classe. Par exemple le volume horaire des élèves de la troisième année
lettres et philosophie est de quatre heures mais aucune de ces séances n’est
consacré à la lecture des textes littéraires. Ainsi que l’absence des activités qui
encouragent à lire les textes littéraires en dehors de la classe.
Comme tout enseignement d’une discipline particulière, la didactique du texte
littéraire en classe de langue ne semble pas adaptée aux niveaux des élèves et
son exploitation en classe reste limitée. Pour ces lacunes et d’autres, nous allons
essayer de faire dans le dernier chapitre, une expérimentation où nous allons
voir l’influence de la lecture littéraire sur les productions des élèves.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 73
La démarche que nous avons suivie dans ce travail nous a permis de repérer la
jonction des dimensions didactiques du texte littéraire. Comme nous l’avons dit
dans les chapitres précédents, ce support d’enseignement, peut être exploité en
lecture et en écriture.
Ce chapitre proposera quelques pistes pour l’exploitation du texte littéraire en
classe de 3eme AS. Nous essayerons par la suite, de relater quelques aspects
relatifs à une séance expérimentale de préparation à la production écrite, le
support de cette production était le texte littéraire que nous avons exploité
avec les apprenants en classe de troisième année secondaire lettres et
philosophie.
IV.1- Aspect d’exploitation du texte littéraire
Le texte littéraire peut être exploité comme un support de leçon pour la lecture
des textes littéraires en classe, la compréhension de l’écrit ou comme un
support d’exercice de grammaire, de vocabulaire, de syntaxe, etc. Il peut être
également utilisé pour les activités d’écriture, de créativité et d’imagination.
La familiarisation de l’élève avec le texte littéraire dès la première rencontre
avec cette langue étrangère nous semble indispensable.
IV.2- Lecture des textes littéraires et compétences
En fait, l’apprenant peut s’approprier différentes compétences à partir de
l’enseignement de la lecture des textes littéraires, car c’est un réservoir de
compétences de types différents, langagières, communicatives, discursives,
sociolinguistiques, etc.
De plus, le programme se base sur l’installation, chez l’apprenant, de certaines
compétences au secondaire. La raison pour laquelle nous sommes d’accord avec
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 74
ceux qui considèrent le texte littéraire comme une source de compétences
diversifiées.
D’un point de vue pédagogique, la compétence peut être définie comme
l’ensemble des connaissances internes du système de la langue chez les
apprenants. Aussi elle peut être définie dans le cadre de notre travail comme :
« En didactique des langues, cette vision de la compétence amène inéluctablement à des
approches qui donnent priorité à la maitrise des stratégies illocutoires et discursives, des
pratiques et des genres : approches communicative […] »1
Dans la didactique du texte littéraire, la compétence est considérée comme un
guidage cohérent dans l’enseignement/apprentissage, en proposant une
programmation adaptée en fonction des besoins des apprenants.
IV.3- Les textes littéraires comme un espace de créativité
A l’apposé des méthodes traditionnelles qui se basent sur l’automatisme, les
exercices de substitution, à partir des années 1970, le BELC, a proposé
d’introduire les techniques de créativité et de motivation dans l’enseignement
du FLE. Cela permet un apprentissage plus autonome, en se basant sur les
besoins de l’apprenant et ses désirs.
Parmi les nombreuses formes adaptées dans cette perspective, nous trouvons le
fait littéraire, l’exemple de supports pour l’écriture de contes, des nouvelles, des
récits de voyage, des poèmes, etc.
Dans le cadre de l’enseignement/apprentissage du texte littéraire, ce support
d’enseignement est amené à être enseigné en classe de langue pour atteindre
divers objectifs. Il peut être exploité comme un meilleur représentant d’une
langue et de ses systèmes par les exercices grammaticaux ou encore comme
une source pour l’écriture littéraire à partir des textes étudiés. Compte tenu de
1 Jean-Pierre Cuq. Dictionnaire de didactique du français. P48
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 75
cette diversité créative que procure le texte, nous nous limiterons dans ce qui
suit à l’écriture.
Pour mener à bien notre travail, le compte rendu a vraiment attiré notre
attention dans le manuel de la 3emeAS. C’est pourquoi, nous avons fait une
expérimentation avec les élèves sur l’influence de la lecture littéraire sur la
production d’un compte rendu critique. Notons que cela n’est que l’une des
activités que permet le texte littéraire car il y en a d’autres.
IV.4- Identification de l’expérimentation
Avant de proposer aux élèves des séances de lecture et lors des premiers
contacts avec leurs écrits, ils croient que l’écriture n’est qu’un agencement
de noms et de verbes mais quand ils associent entre l’écriture et la lecture
peuvent découvrir le lien qui existe entre ce qu’on lit et ce qu’on écrit.
L’influence de la lecture sur l’écriture est positive mais l’inverse est moins
authentique puisqu’ on ne peut écrire sans lire alors la lecture constitue une
aide précieuse de l’écriture et les activités proposées à l’écriture induisent des
lectures diversifiées de textes et contribuent à améliorer les capacités des
élèves à la lecture de textes.
Actuellement, en Algérie, les moyens d’enseignement sont proposés sous forme
de séquences didactiques pour l’oral et pour l’écrit. Une séquence didactique
est un ensemble d’activités scolaires orales ou écrites qui étudie le même genre
de texte. La démarche proposée est donc d’une part l’interaction entre l’oral et
l’écrit et d’une autre part entre la lecture et l’écriture. Dans une séquence
didactique, on fournit aux élèves les outils langagiers nécessaires pour les
mener à des pratiques langagières nouvelles et par conséquent à une situation
de production. La mise en situation de cette séquence didactique constitue un
moment privilégié de l’enseignement /apprentissage pour faire découvrir aux
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 76
élèves des textes narratifs et les inciter à lire ce genre de textes et peu à peu ils
parviendront et avec l’aide de l’enseignant à comprendre et à rédiger un
compte rendu critique et on va découvrir par la suite que la lecture est une aide
indispensable à l’écriture.
La tâche proposée dans une séquence didactique est de conduire les élèves à
lire un ou plusieurs textes afin de les mener à rédiger un compte rendu critique.
Prenons l’exemple des élèves de la troisième année lettres et philosophie dans
la séquence : "La nouvelle fantastique".
Dans une première étape, les élèves doivent améliorer leur compréhension de
l’histoire et savoir qu’est ce qu’un compte rendu critique et quelles sont ces
étapes?
IV.4.1- Public soumis à l’expérimentation
L’expérimentation a été menée dans une classe de FLE avec les élèves de la
troisième année secondaire lettres et philosophie qui compte trente élèves dont
98% issus de familles d’une culture arabophone, et 2% sont de familles d’une
culture francophone mais tous de nationalité algérienne. C’est une classe au
technicum d’El-Méghaier willaya d’El-Oued situé au sud est de l’Algérie, jugée
moyenne au niveau des connaissances et performances disciplinaires, mais qui
fait beaucoup d’effort à l’oral, malgré un blocage vis-à-vis de l’écrit. Beaucoup
d’élèves ont du mal à se concentrer et à s’exprimer par écrit quand le travail de
l’expression écrite est entamé en classe : il s’agit de faire prendre conscience
aux élèves de la nécessité de la lecture pour réussir leur écriture, en les aidant à
développer une conscience de plus en plus claire de leurs carences.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 77
IV.4.2- La consigne de l’expérimentation
La consigne était claire : les élèves doivent faire le compte rendu critique de la
nouvelle distribuée par leur enseignant. Selon la démarche préconisée par
Jocelyne Giasson :
« L’enseignement doit rendre les élèves autonomes. Il est important de
faciliter le passage de l’intention proposée par l’enseignant à l’intention
formée de façon autonome par l’élève. Initialement, vous proposerez des
intentions, puis vous discuterez avec le groupe des différentes intentions
de lecture possibles. Enfin, vous laisserez aux élèves la responsabilité de
former leur propre intention de lecture. »1
IV.4.3- Description de l’expérimentation
Dans un premier temps, nous avons pris en charge la moitié des élèves pendant
un trimestre. Nous leur avons donné des nouvelles fantastiques à lire chez eux
à la maison et au fur et à mesure en faire le résumé. Chaque fois qu’ils
achèvent la lecture d’une nouvelle, nous nous réunissons dans une séance et
nous discutons l’intrigue principale, les personnages, le lieu, le temps et le
message que nous pouvons conclure pour savoir si les élèves ont vraiment lu et
compris la nouvelle.
Les élèves ont déjà étudié le compte rendu objectif au premier trimestre avec le
texte historique, le compte rendu critique au deuxième trimestre avec le texte
argumentatif. Durant la deuxième étape de notre expérimentation, nous avons
présenté un cours théorique sur le compte rendu critique d’une nouvelle
fantastique. Lors de cette séance, nous avons fait un rappel sur les points
suivants : qu’est-ce qu’un compte rendu critique et quelles sont ses étapes?
1 Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». 2ème édition. Canada. 2003. P94
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 78
Quelle est la démarche à suivre pour réussir le compte rendu critique d’une
nouvelle? Et finalement que doit-on faire dans la partie critique ?
Dans l’étape qui suit, nous avons fait une séance pratique sur le compte rendu
critique d’une nouvelle fantastique. Nous avons réuni tous les élèves de la classe
troisième année secondaire lettres et philosophie, nous les avons partagés en
deux groupes ; "les élèves-lecteurs" est le groupe des élèves pris en charge par
l’enseignant pendant trois mois et le deuxième groupe est constitué par "des
élèves non-lecteurs". Puis, nous avons partagé chaque groupe en trois sous
groupes de cinq élèves en nous référant à Jocelyne Giasson qui présume que :
« De plus, des études récentes ont montré que les classes qui réussissent le mieux en lecture
sont celles dans lesquelles les élèves passent plus de temps en petits groupes. »1 . Dans une
séance qui a duré une heure et demie, les six groupes ont préparé des compte
rendu critique de la nouvelle fantastique qu’ils avaient sous les yeux. En fin de
séance, nous avons collecté les productions faites par les élèves afin de les
analyser, les évaluer et les comparer.
Notre but n’est pas d’évaluer les productions des élèves en termes
d’adéquation à une norme mais d’essayer de prouver l’influence de la lecture
sur la qualité d’écriture.
IV.5- La grille d’évaluation
Afin d’évaluer les productions des élèves et faire une étude comparative entre
les groupes des élèves-lecteurs et ceux des élèves non-lecteurs. Nous avons
proposé une grille d’évaluation qui contient les critères suivants :
1 Juel et Minden-Cupp. Cité par Jocelyne Giasson. La lecture « De la théorie à la pratique ». 2ème édition.Canada. 2003. P76
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 79
IV.5.1- Respect du plan
Les apprenants doivent expliciter clairement une introduction, un
développement et une conclusion personnelle.
IV.5.2- Présentation du para texte
L’introduction indique sommairement le sujet du compte rendu, explique le but
recherché, la méthode suivie et les procédés employés pour réaliser une
enquête ou une expérience. De façon plus pratique, l’introduction du compte
rendu doit préciser :
Le nom de l’auteur et sa qualité (si le texte permet de le reconnaître).
Le genre du texte.
Le thème principal.
Les buts de l’auteur.
Le ton du texte (pessimiste, ironique, persuasif).
IV.5.3- Taille de résumé
Il faut que les productions des élèves ne dépassent pas le tiers du texte source.
Le résumé est jugé :
Court : si le volume du texte produit est inferieur au tiers du texte
source.
Moyen : si le volume du texte produit correspond au tiers du texte
source.
Long : si le volume du texte produit dépasse largement le un tiers du
texte source.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 80
IV.5.4- Ressortir l’intrigue principale
Le compte rendu élaboré doit faire ressortir clairement l’enchaînement des
idées, le lieu, le temps, les personnages, les enjeux, etc. de la nouvelle
fantastique. L’intrigue peut être :
Bien explicite : les élèves ont bien ciblé les points cités ci-dessus.
Peu explicite : l’intrigue est moyennement abordée dans les productions.
Non explicite : l’intrigue est mal saisie par les élèves (mauvaise
compréhension ou hors sujet).
IV.5.5- Evocation des personnages principaux
Les développements des comptes rendus doivent valoriser le ou les
personnages principaux de la nouvelle (le héros).
IV.5.6- Développement des personnages secondaires
Les productions ne se contentent de mettre en évidence que les personnages
secondaires. Les élèves peuvent les exploiter sans en abuser.
IV.5.7- Reformulation des idées
Les élèves réexpriment le contenu du texte source en utilisant des tournures
différentes telles que les synonymes, les paraphrases, les anaphores, les
substituts. La reformulation peut être :
Bonne : quand les élèves utilisent leurs propres vocabulaire et leurs
propos personnels.
Moyenne : la synonymie, les phrases paraphrasées et les substitutions
lexicales ou grammaticales sont peu exploitées.
Incorrecte : les élèves recopient intégralement les phrases du texte.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 81
IV.5.8- Vocabulaire du fantastique
Les nouvelles sont pimentées par un vocabulaire qui contribue à plonger le
lecteur dans un univers de fantastique. A titre d’exemples, le vampire, le loup
garou et d’autres fantômes sans lesquels, la nouvelle ne serait que peu de
choses. Aussi, le fantastique crée des sentiments d’angoisse, de peur,
d’inquiétude, de frisson, de hantise, d’épouvante, de terreur, de crainte,
d’affolement, etc. le vocabulaire du fantastique est :
Bien utilisé : lorsque les résumés explicitent le lexique de l’étrange,
l’angoisse et la peur.
Peu utilisé : le lexique dont on vient de parler est peu fréquent.
Non utilisé : le vocabulaire du fantastique n’est pas exploité dans les
productions.
IV.5.9- L’emploi de la 3eme personne
Dans les deux premières parties des comptes rendus (l’introduction et le
résumé), les élèves doivent les rédiger en utilisant la troisième personne.
IV.5.10- Cohérence
Une connexion est un rapport logique entre les idées d’un texte. Dans la
cohérence, les éléments linguistiques du contexte ne sont pas envisagés mais la
situation extralinguistique ainsi que la proportion des connaissances du monde
interviennent dans les enchaînements textuels.
IV.5.11- Cohésion
Un texte respectera les conditions de la cohésion si toutes les phrases qui le
composent sont chaque fois acceptées comme des suites possibles des
contextes précédents.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 82
IV.5.12- La critique
La conclusion résume les principales informations données par l’auteur et
introduit un ou des commentaires personnels sur l’intérêt du texte et sa portée.
IV.5.13- L’explicitement du thème
Rien n’est gratuit, chaque nouvelle transmet un message traitant un thème
moral où les élèves sont censés le découvrir afin de l’expliciter dans la partie
critique.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 83
IV.6- Grille d’évaluation pour un compte rendu critique d’un extrait de lanouvelle fantastique :
Le veston ensorcelé de Dino Buzzati
Classe de la 3ème année secondaire lettres et philosophie
Critères d’évaluation
Taille de résumé
Ressortirl’intrigue
principale
Reformulation
des idées
Vocabulaire du
FantastiqueRespect du plan
Présentation du para texte
Courte
Moyenne
Longue
Bien explicite
Peu explicite
Non explicite
Evocation des personnages principaux
Développement des personnages
secondaires
Bonne
Moyenne
Incorrecte
Bien utilisé
Peu utilisé
Non utilisé
L’emploi de la 3
eme P
Cohérence
CohésionLa critique
L’explicitement du thèm
e
Grou
pe 1 X X X X X X X X X X X X
Grou
pe 2 X X X X X X X X X X X XGroupe des lecteurs
Grou
pe 3 X X X X X X X X X X X X
Grou
pe 4 X X X X X X X X X X
Grou
pe 5 X X X X X X X X X X
Groupe des non -lecteurs Grou
pe 6 X X X X X X X X X X
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 84
IV.7- Interprétation
La première remarque qu’on peut constater que les groupes lecteurs et non-
lecteurs, ont tous deux respecté les critères suivant : le plan, la présentation du
para texte, le développement des personnages principaux, l’emploi de la
troisième personne et la critique.
Les groupes lecteurs ont bien respecté six critères ayant une grande importance
dans la production du compte rendu critique d’une nouvelle fantastique tels
que, l’intrigue principale, la reformulation des idées, le vocabulaire du
fantastique, la cohérence et la cohésion ainsi que l’explicitement du thème
traité par Dino Buzzati. Par contre les groupes des non-lecteurs ont totalement
négligé ces points évaluatifs et ont donné l’importance aux personnages
secondaires qui influent sur la taille de leurs productions.
IV.8- Conclusion
Les productions faites par les élèves permettent de distinguer ceux qui ont lu de
ceux qui n’ont pas lu. Les apprenants-lecteurs prenaient plus de temps que les
autres pour commencer à écrire la première phrase de leurs rédactions et ils
passaient plus de temps pour terminer leurs écrits par contre les élèves non-
lecteurs achevaient leurs productions assez rapidement. Les élèves-lecteurs
étaient moins rapides pour accéder au contenu du texte qu’ils avaient produit et
quand ils écrivent des textes, ils rappellent beaucoup d’informations qu’ils
refusent plus tard. Comparativement, les élèves non-lecteurs se souviennent
rapidement et avec une même précision des textes qu’ils ont écrits et les
pensées qui leurs viennent à l’esprit sont les mêmes quand ils reproduisent
leurs textes. A. Piolat et A. Pélissier affirme : « Devenir "meilleur" est associé au fait de
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 85
produire un plus grand nombre de mauvaises tournures et de révisions, de passer plus de
temps, de fournir plus d’efforts d’avoir plus de problème de rappel. »1
Ces observations pourraient suggérer que les rédacteurs-lecteurs sont
radicalement différents des rédacteurs non-lecteurs. Les rédacteurs-lecteurs se
caractérisent par un plus grand nombre de retours en arrière dans le texte pour
assembler les informations manquantes. Une lecture plus lente avec un grand
effort pour résumer le texte. Ce qui explique que ceux qui ont l’habitude de lire
s’imposent des tâches plus difficiles, une dure compréhension et une
assimilation d’informations anciennes et nouvelles. Ils reconnaissent les
problèmes de compréhension et essaient de les résoudre, par contre ceux qui
ne lisent pas les survolent sans les remarquer.
Grâce aux nouvelles fantastiques lues, quand les apprenants rédigent, n’en
connaissent pas vraiment plus, mais ils ont un meilleur accès à leurs
connaissances. Et en s’efforçant de produire une bonne construction, ils
s’obstinent afin d’exploiter soigneusement leurs ressources en connaissances.
Ces facteurs rendent la plupart des productions des apprenants-lecteurs non
seulement mieux exprimées, mais aussi d’un contenu plus riche.
IV.9- Propositions
IV.9.1- Respect de la séquence didactique et liberté pédagogique
Le professeur dispose d’une liberté pédagogique, dans le respect des
programmes nationaux et des instructions officielles. La séquence didactique
imposée aux professeurs de l’enseignement secondaire n’est pas suffisante
pour apprendre à un apprenant à bien lire et bien écrire.
1 A. Piolat et A. Pélissier. « La rédaction de textes ». Approche cognitive. Paris. 1998. P14
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 86
Il convient d’en finir avec la mode du décloisonnement en restructurant
l’enseignement du français aussi bien dans ces composantes linguistiques que
dans ces composantes littéraires : les élèves d’aujourd’hui, très demandeurs de
repères et de clarté ont besoin d’être pris en charge d’une manière un peu
spéciale. L’enseignement en séquences, tout seul, les perturbe et les égare en
vaporisant les connaissances et en balayant les activités. Il faut redonner une
âme à l’enseignement des lettres dans leur ensemble et ce renouveau d’âme
passe par le retour du sens, celui qui est contenu dans les textes littéraires.
IV.9.2- Des horaires suffisants
Les cours de français doivent être centrés sur un apprentissage systématique,
progressif et construit de la langue, mais aussi sur l’étude de textes littéraires,
de textes étudiés pour eux-mêmes, pour leur sens et les interrogations
métaphysiques, morales, sociales, politiques et esthétiques qu’ils posent. Pour
cela, il faut revenir à des horaires suffisants pour l’apprentissage approfondi de
la langue et le développement d’une réflexion humaniste sur la littérature. Les
élèves de classes de lettre au secondaire ont quatre heures de français par
semaine ce qui est vraiment peu pour lire et étudier des textes littéraires.
Il faut donc de toute urgence redonner des heures de français aux élèves afin de
revenir à un contact direct avec le texte littéraire pour en étudier le sens et s’y
intéresser. Il faut aussi prendre le temps de l’étude et cesser d’aller à toute
vitesse car l’étude des textes littéraires demande du temps, des analyses, des
réflexions et un dialogue constructif avec les élèves.
Toutes ces propositions n’ont de sens que si l’école secondaire retrouve sa
fonction qui est de fournir aux élèves les savoirs en matière de lecture,
d’écriture, de maîtrise orale et écrite de la langue française. Il faut que tout
élève arrivant à la classe de terminal maîtrise bien ces savoirs fondamentaux.
Chapitre IV: Perspective pour une meilleure appréhension de la lecture en classe de FLE 87
IV.10- Résultats
Il n’y a pas d’écriture sans lecture, alors il faut inciter les élèves à lire des
textes littéraires courts (petite nouvelle, extrait…) de complexité adaptée
à leur âge et à leurs cultures en s’efforçant de les comprendre en les
lisant et en s’appuyant sur un traitement correct des substituts, des
noms, des connecteurs, de la ponctuation…, et en faisant les inférences
nécessaires. Lire, en comprenant, en mettant en mémoire ce qui a été lu
et en mobilisant ses souvenirs lors des reprises.
Il y a certainement des insuffisances dans le programme, comment peut-
on alors demander à un élève de faire un compte rendu critique sans lui
apprendre à faire d’abord un compte rendu de lecture et par la suite lui
enseigner comment résumer et comment commenter.
Conclusion 89
La question de l’enseignement de la lecture littéraire en classe de langue est
très importante, elle nous a renvoyé tout au long de ce travail à une réflexion
plus originale du texte littéraire et non littéraire. Il s’agit d’exploiter les
spécificités de la lecture littéraire dans l’enseignement/apprentissage des
langues étrangères.
Ce travail posait le problème de la valorisation de la lecture littéraire et la
méthode de son enseignement en classe de FLE. Nous nous sommes intéressés
alors à l’importance accordée aux textes surtout littéraires, aux auteurs des
textes proposés ainsi que les contextes de son utilisation.
Certes, il existe une certaine réalité qui concerne le niveau de nos élèves, et les
moyens didactiques qui sont parfois modestes et d’autres obstacles tels que la
charge des classes et le programme à achever durant l’année scolaire et qui
peuvent désorienter le vouloir faire des enseignants.
Notre projet n’était pas de donner une image négative des démarches
d’enseignement, ni de faire l’éloge de l’enseignant dans sa classe, mais plutôt
de faire une étude objective descriptive et comparative des élèves lecteurs et
les autres non-lecteurs et la qualité des écrits "des comptes –rendu" produits
par les différents groupes.
Pour ce faire, nous sommes partis des hypothèses qui tournent autour de
l’exploitation des textes littéraires et non littéraires dans des activités de lecture
afin de réussir les activités d’écriture en classe de langue.
Tout d’abord, nous avons essayé de cerner quelques définitions et
caractéristiques de la lecture en général et de la lecture littéraire en particulier à
partir de quelques approches théoriques. Nous avons abouti à définir la lecture,
comme un moyen de vaincre des savoirs et aussi de distinguer les plaisirs de la
réflexion et de la curiosité.
Conclusion 90
Les raisons pour lesquelles nous avons cru utile d’insister sur l’importance de
cette activité dans l’enseignement/apprentissage des langues étrangères avant
de demander aux élèves des activités d’écriture.
Ces domaines d’exploitation nous ont ouvert le chemin vers une étude
analytique de notre corpus qui est constitue par les nouvelles fantastiques et
leurs façons d’exploitation dans le manuel scolaire de la troisième année
secondaire et quelques livres parascolaires ainsi qu’une expérimentation faite
sur les élèves de la troisième année lettres et philosophie qui vise le rendement
avantageux de la lecture littéraire sur les comptes rendus des élèves.
Par ailleurs, cela nous a orientés vers un ensemble de réponses à nos
interrogations de départ. Parmi les activités les plus répandues concernant le
texte littéraire dans le manuel portant sur l’écriture, le résumé, la mise en
ordre, la reformulation des passages ou des textes, la synthèse de documents et
le compte rendu quelques unes nous ont permis de familiariser l’élève avec
l’écriture en français langue étrangère et lui assurer un apprentissage plus
autonome de la langue et de ses systèmes.
A la différence des autres pratiques d’enseignement, nous croyons que cela lui
permettra une meilleure reconnaissance de : la lecture, la relecture, l’écriture,
la réécriture et la reformulation par acte individuel ou collectif à travers les
ateliers d’écriture.
En revanche, nous avons remarqué une absence des activités proposées dans le
dit manuel autour de la lecture des textes littéraires soit dans la classe ou en
dehors de la classe.
Ce modeste travail nous a permis d’affirmer que : le manuel et son contenu sont
insuffisants pour répondre aux besoins des élèves, ce qui oriente les
enseignants vers d’autres textes de leurs choix et surtout en adéquation avec le
Conclusion 91
niveau des élèves. En fait, ces textes ne sont pas en relation avec le degré de
compréhension des élèves, ne collent pas avec leur réel et occultent leur intérêt
d’adolescents. De plus, le texte littéraire est utilisé surtout pour découvrir les
différents types de textes, les exercices de langues et les activités d’écriture. Et
aussi, il y a des insuffisances dans le volume horaire consacré à la matière de
français.
Ces résultats nous ont dirigés en dernier lieu vers un aspect d’exploitation du
texte littéraire qui se manifeste par l’écrit. A partir d’une expérimentation faite
à ce propos, nous avons constaté que ce type d’activités motive l’élève, rend
son apprentissage plus autonome et fait apparaître quelques compétences en
FLE : discursive, linguistique, communicationnelles et autres.
A la fin de ce travail, nous espérons avoir contribué à caractériser certains
aspects de ce support d’enseignement, avoir réussi à montrer que parmi les
séances de français, la lecture littéraire est loin d’être négligée dans
l’enseignement/apprentissage des langues étrangères.
Alors, il faut en toute urgence revenir à un contact direct avec le texte pour en
étudier le sens et s’y intéresser. Dans les manuels scolaires du secondaire, les
outils d’exploration ne sont que des instruments et les textes que des supports
de la théorie et c’est pour cette raison que l’explication de texte doit être
réhabilitée. Il faut renouer avec l’étude des textes littéraires puisés dans la
production littéraire et les situer dans leur contexte historique afin que les
apprenants ne soient pas perdus comme ils le sont.
Qui mieux que la littérature dans toutes ses formes peut satisfaire ce besoin
insatiable qu’éprouve l’être humain à exprimer et à décrire tout ce qui se passe
dans son fort intérieur, tout ce qui traverse sa vie ? Ne dit-on pas que toute
œuvre littéraire est en quelque sorte le reflet de la personnalité de son auteur.
Conclusion 92
« Si j’avais écrit des choses simples je n’aurais jamais dit ce qu’il y a de profond en moi.»1
disait Kateb Yacine. C’est par la lecture qu’on s’enfonce dans les profondeurs du
texte pour dévoiler ses secrets. La lecture forme la réflexion et l’esprit critique
et donne au gout l’occasion de s’éduquer car tous les textes sont sources
d’idées et de plaisirs.
« Toi qui as faim, jette-toi sur le livre : c’est une arme. »2
1 Abdoun Mohammed-lsmàil. Kateb Yacine. SNED. Fernand Nathan. Coll. «Classiques du monde». Alger.Paris. 1983.2 Bertolt Brecht. «La mère ». Théâtre complet. Tome III. Ed. de l’Arche. 1957. P177.
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http://www.fabula.org/actualites/article14065.php
http://www.fabula.org/actualites/article24622.php#
http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/4_33_26.pdf
Tableau des annexes
Annexe 1 Le corpus : Le Manuel de la 3eme AS
Annexe 2 Recensement des textes du manuelde la troisième année secondaire
Annexe 3 Liste des élèves de la troisième annéesecondaire lettres et philosophie
Annexe 4 Cours théoriques surLe compte-rendu
Annexe 5 Les nouvelles fantastiques lues parles élèves-lecteurs
Annexe 6 Des activités d’écritures produites parles élèves-lecteurs
Annexe 7 La nouvelle : Le veston ensorcelé deDino Buzzati
Annexe 8 Les comptes-rendus produits par lesélèves de la 3eme AS
Annexe 2
Recensement des textes du manuel de la troisième année secondaire
N° Titres du texte Auteurs Sources LittérairesNon-
littéraires
Pages
1 Main J.Hamburger Dictionnaire promenade, Ed du seuil, 1989 X 8
2 Histoire de la Coupe duMonde
L’internaute Magazine, Histoire du football X 10
3 Brève histoire del’informatique
L’internaute Magazine, Histoire del’Informatique
X 11
4 La colonisation française Quelques repères de l’histoire de l’Algérie X 12
5 Histoire des Arabes : l’Islam etles conquêtes
Dominique SourdelHistoires des Arabes, presses universitaires
de France, 1980X 14-15
6 La société européenned’Algérie
Mahfoud kaddacheLa conquête et la résistance, Algérie, Ed
Nathan-Enal, 1988X 18
7 La population urbaine enAlgérie dans les années 1920
Mahfoud kaddacheHistoires du nationalisme algérien SNED,
Alger, 1981X 20
8 Chant populaire kabyleRapporté parM.Benbrahim
Femmes du Maghreb, 9/99 X 24
9 Delphine pour mémoire Didier Daeninckx Actualité de l’Emigration, Paris, 1987 X 27-28
10 Histoire du 8 mai 1945 M. Yousfi L’Algérie en marche, ENAL ED 1983 X 30-31
11 Le 1er Novembre 1954 àKhenchela
Salem BoubakeurRécits de feu, présentés par Mahfoud
kaddache, Ed. SNED, 1976X 33
12 Femmes algériennes dans lescamps
M.KaddacheRécits de feu, présentés par M.Kaddache,
SNED, 1976X 35-36
13 Dans la gueule du loup Kateb YacineEl Moudjahid, clandestin, N°81, du 4 juin
1961X 39
14 L’évasion M. Yousfi L’Algérie en marche, Ed. Enal, 1985 X 41
15 Une guerre sans merci Mahfoud KaddacheLa conquête coloniale et la résistance, in
Algérie, Ed Nathan-Enal, 1988X
43
16 Le bras de fer avec l’ordreimpérial
Réda Malek In l’Algérie,Ed ENAL,Nathan,1988 X 45-46
17 M. Yousfi L’Algérie en marche, tome 1, ENAL, 1985 X 48
18 Les Algériennes et la guerreKhoula Taleb
IbrahimiIn mémoire collective, de M.Harbi etB.Stora, Ed hachette littérature, 2004
X 50-51
19 Mathématiques et AstronomieLE MONDE ARABE, L’apport des Arabes à la
CivilisationInstitut du Monde Arabe, Paris.
X 55
20 Les OGM en question Catherine Vincent Le Monde, 23 Juin 1998. X 65-66
21 Hamid Serradj réunit lesfellahs Mohamed DIB
L’Incendie, éd. Le Seuil. 1954 X68-69
22 Comment reconnaître leracisme ?
Tahar Ben DjellounLe Racisme expliqué à ma fille.
Editions du Seuil, 1998X 72-73
23 Le racisme expliqué auxlecteurs du journal Le Monde.
Tahar Ben Djelloun« La xénophobie », Le Monde,
« Dossiers et documents », 1978X 74
24 Le « Titanic » et les OGM.J-C Membre
contribution au Forum citoyen sur lesOGM, site internet de l’Assemblée
Nationale, 7 septembre 1998.X 76-77
25Faut-il dire la vérité au
malade ?P.Viansson-Ponte etL. Schwartzenbeg,
Changer la mort, Albin Michel, Paris 1997X 80
Annexe 2
26 Victor Hugo Les contemplations. X 83
27 J. Caze neuveGuerre et Paix, 1995 Encyclopédieوdia
Universalise.X 85
28 La crise des certitudes. Paul VALERY« Discours au collège de Sète», Variétés
IV, Ed. GallimardX 90-91
29 Jean JacquesRousseau,
Les rêveries d’un promeneur solitaire,Bookking International, Paris, 1994
X 93
30 Guy de Maupassant Sur l’eau, 1888 X 95-96
31 La propriété privée, facteurd’inégalité.
J. J. RousseauDiscours sur l’origine de l’inégalité (1755).
X 100
32La propriété, facteurd’inégalité, réponse à
Rousseau.Voltaire
Questions sur l’Encyclopédie (1770).X 101
33 La naissance d’un géant.Jörg Rohleder &Joachim Hirzel
Focus- Munich. In Courrier International du19 au 25 octobre 2006.
X 104
34 Insatiable Google.Jörg Rohleder &Joachim Hirzel
Focus- Munich. In Courrier International du19 au 25 octobre 2006.
X 105-106
35 Votre vie privée n’a plus desecret.
Adam L. Penenberg& Mother Jones
San Francisco. in Courrier International du19 au 25 octobre 2006.
X 107-108
36 Par- delà le bien et le mal. Andrew Keen,
The Weekly Standard –Washington,In courrier International N°833, du 19 au
25 octobre 2007. X 109
37 La philanthropie version 2.0 Katie HafnerThe New York Times (extrait).
X 110
38Lettre de Voltaire au docteur
Jean-Jacques Pansophe1(1766).
VoltaireLettre au docteur Jean-Jacques Pansophe, AVRIL1766.
X 113
39 Le loup et l’agneau Jean de La FontaineFables, Livre I à VI, Bordas, 1967
X 124
40 Appel du Secours PopulaireAlgérien
X 127
41 Appel au peuple algérien.le Secrétariat
Général du Front deLibération Nationale
Extrait du premier appel adressé par leSecrétariat Général du Front de Libération
Nationale au peuple algérien, le 1erNovembre 1954. X 128
42 Protégeons notre planète. Jean ROSTANDInquiétudes d’un biologiste, éd. Stock,
1967. X 130
43 Appel du Directeur del’Unesco
Amadou MahtarM’BOW
Courrier de l’Unesco, février 1984.X 132
44Appel de l’Abbé Pierre du 1er
février 1954. Abbé Pierre Sur radio Luxembourg X 139-140
45 L’appel du 31 octobre 2000. Journal « l’humanité » du 31-10- 2000X 142-143
Annexe 2
46La recherche d’un vaccin
contre le sida: une priorité.Pr. Jean-François
Delfraissy,Directeur de l’ANRS. 2006 X 174
47La langue française : unepart ou une tare de notre
histoire.Slimane Bénaissa
Les fils de l’amertume. Edition Plon.Extrait paru dans Le Quotidien d’Oran
le 24-10-2002.X 150-151
48Appel lancé par tous lesprix Nobel de la Paix en
2001.
Les lauréats duPrix Nobel de la
paixX 152-153
49 Supplique d’un enfant à sesenseignants.
Jacques SALOME Psycho-sociologue français X 154
50 Le déserteurBoris Vian, 1953 X 160
51 Le nez N.Gogol,
le Nez (1835), trd. Française, Ed.Flammarion, coll. « GF Junior », 1995.
X 169-170
52 La mainGuy de
Maupassant,La main, 1883
X172-175-177-178-180-182
53 Pierre Mac Orlan,Sous la lumière froide, Ed. Gallimard,
1961 X183
54 Thierry JonquetLapoigne et l’ogre du métro, Ed.
Nathan, coll. « Lune noire », 2002.X 184
55 La ficelleGuy de
Maupassant
La ficelle. Texte publié dans Le Gauloisdu 25 novembre 1883.
X 185-187
56 A. MakineLe Testament français, Mercure de
France, 1995. X 188
57 Un homme d’action Alessandro BariccoSoie, Albin Michel, 1997.
X 189
58 Théophile GautierLe pied de Momie, Ed. Gallimard,
1981. X 191
59 Théophile Gautierle Chevalier double, 1840.
X 193-194
60 Suicide au parc Dino BUZZATISuicide au parc »Traduction Jacqueline
Remillet, Laffont, 1967X 197-202
61 Victor Hugo Les Quatre vents de l’esprit, 1881 X 203
62 La peurGuy de
Maupassant
La peur, Texte publié dans Le Gauloisdu 25 Juillet1884, puis publié dans lerecueil Contes du jour et de la nuit.
X 204-210
63 Jean LORRAINHistoires de masques, Ed. Ch. Pirot,
1987. X 211
Annexe 3
Liste des élèves de la troisième année secondaire lettres et philosophie
Groupe des élèves-lecteurs Groupe des élèves non-lecteurs
1. Aouadi Meftah2. Benamia Hafsia3. Berrouk Nadhir4. Bessahraoui Abdelhakim5. Bessalah Nouh6. Bouchemal Boubaker7. Bouhnik Mohammed Ali8. Dahnoun Djamaa9. Djellabi Abdennour10. Ghoul Imad11. Khalila Messadek12. Labouz Bilal13. Laimech Afaf14. Lalmi Zakaria15. Soufi Omar
1. Aouadi Zakaria2. Belbaki Séghir3. Belhachani Karima4. Ben Dalali Moussa5. Ben Gassoum Sara6. Bertima Kamilia7. Bouhanna kaouthar8. Boulif Dalal9. Fezai Saad10.Guergazi Khadidja11.Hamaouia Ali12.Lalmi Hana13.Lamouri Meriem14.Saim Nabila15.Talha Ramzi
Annexe 3
Les trois groupes des élèves-lecteurs
Groupe 1 Groupe 2
Groupe 3
Les trois groupes des élèves non-lecteurs
Groupe 4 Groupe 5
Groupe 6
1- Aouadi Meftah2- Bouchemal Boubaker3- Bouhnik Mohammed Ali4- Djellabi Abdennour5- Labouz Bilal
1- Berrouk Nadhir2- Bessahraoui Abdelhakim3- Ghoul Imad4- Lalmi Zakaria5- Soufi Omar
1- Benamia Hafsia2- Bessalah Nouh3- Dahnoun Djamaa4- Labouz Bilal5- Laimech Afaf
1- Aouadi Zakaria2- Ben Dalali Moussa3- Fezai Saad4- Hamaouia Ali5- Talha Ramzi
1- Belbaki Séghir2- Bertima Kamilia3- Bouhanna kaouthar4- Guergazi Khadidja5- Saim Nabila
1- Belhachani Karima2- Ben Gassoum Sara3- Boulif Dalal4- Lalmi Hana5- Lamouri Meriem
Annexe 4
Le compte-rendu
1- Définition
Réaliser ou demander un compte-rendu, c'est réaliser ou demander un rapport le plus objectifpossible sur un événement, une situation, un ouvrage, une conférence, une rencontre... C'estdemander ou réaliser le rapport, l'exposé de ce que l'on a fait, entendu, lu, ... etc. pour fairesavoir, expliquer, justifier.
Le compte rendu est un texte oral ou écrit destiné à transmettre à un destinataire censé nepas le connaître des informations sur un texte au sens étroit (article, discours, livre) ou au senslarge (réunion, spectacle) afin qu'il puisse s'en faire une représentation fidèle et la pluscomplète possible.
Lorsque l'auteur sélectionne et/ou évalue les informations qu'il rapporte, il produit un textedifférent, un commentaire (ou critique).
L'objet du compte rendu est une lecture, un spectacle, une réunion ou, plus généralement, unévénement. Puisqu'il intègre les circonstances de la communication, le compte rendu est plusvaste qu'un résumé dont il respecte toutefois les impératifs généraux (fidélité à l'original,sélection de l'essentiel, structuration) en outre, selon le type de texte qu'il vise, il s'attache àen relever les spécificités, c'est-à-dire la façon particulière dont celui ou ceux qui ont produit letexte de base ont traité les difficultés propres à ce type de texte. Ainsi, un compte rendu delecture de roman montre comment l'œuvre particulière se situe face aux enjeux de l'écritureromanesque; tandis qu'un compte rendu de spectacle insère les données propres à unereprésentation.
2- Pourquoi un compte-rendu ?
Parce qu'un supérieur hiérarchique le demande. Parce qu'il faut rendre compte à ceux qui nous ont mandatés: famille, groupe politique
ou industriels, groupes d'intérêts économiques et sociaux... Parce que le compte-rendu est utile et nécessaire dans la réussite des études scolaires
et universitaires. Préparer un examen: les lectures effectuées sont consignées et peuvent être utilisées à
la veille d'un examen. Réaliser un exposé/dossier: organisation thématique de C/R de lectures
complémentaires ou diverses à propos d'une problématique. Réaliser un mémoire de fin d'études. Problématisation d'un sujet grâce aux lectures de
différents ouvrages produits autour de la problématique centrale du sujet.
3- Comment réaliser le compte rendu ?
La taille d'un compte rendu diffère selon la demande, la possibilité, la nécessité... Un compterendu est détaillé ou concis selon la demande, son usage futur. Dans tous les cas, lorsqu'ils'agit de rendre compte d'un texte ou un ouvrage, les étapes à suivre sont les mêmes.
Annexe 4
Lecture première pour prendre connaissance du contenu, à l'issue de laquelle desquestions, des hypothèses de lecture sont à formuler.
Deuxième lecture pour répondre aux questions formulées dans la première lecture:globalement, l'objet d'étude du texte comme ses composantes (lecture analytique)
Troisième lecture: dégager les différentes composantes du texte avec un intitulénominal (plan)
Réaliser le résumé en fonction de la taille du compte rendu demandé. Lorsque lecompte rendu est détaillé, le résumé tiendra compte des détails qu'un résumé pour uncompte-rendu éliminera.
Elaboration du compte rendu sur la base du résumé en donnant la parole à l'auteur eten respectant sa logique, raisonnement, le déroulement des événements qu'ilrelate.
4- Comment composer un compte rendu ?
Cinq recommandations importantes :
Evoquer les circonstances de la communication
Le destinataire supposé ignorant doit pouvoir se représenter avec précision le support decommunication, lieu et moment, participants, contexte, etc.
Adapter le compte rendu à son objet
Le lecteur du compte rendu d'une réunion n'attend pas les mêmes informations que celui quilit un compte rendu de lecture. Une représentation théâtrale, un concert ou une conférencesont plus que de simples textes, d'autres éléments que les mots y entrent en jeu dont lerapporteur doit aussi témoigner.
Rester fidèle à l'objet du compte rendu
La valeur de ce type de texte tient avant tout à l'exactitude des faits rapportés. Donc pas decommentaire, de jugement, de contresens ou d'omission.
Structurer le texte
Respecter l'ordre de la communication rapportée n'est pas indispensable. La structure doitavant tout faciliter l'accès à l'information pour le lecteur.
Adapter le compte rendu à l'usage auquel il est destiné
Votre compte rendu, sauf exception, est rédigé à l'intention d'un vaste public, il détaillera lesinformations (non le détail des échanges ou des décisions, mais les circonstances de lacommunication : qui a dit quoi ?, quel est le titre de tel intervenant ? comment s'est dérouléela projection du film? quelle est l'attitude du public durant la conférence ? ...)
Annexe 4
5- Les étapes d’un compte-rendu
Observer le texte et le contexte (titre, sous-titres, source, documents annexes etc.)pour en déterminer la nature.
Répondre aux questions suivantes pour vérifier ses connaissances sur le texted’origine:
- par qui le texte a-t-il été écrit ?
- pour qui a-t-il été écrit ?
- sur quoi porte –t-il ?
- Comment a-t-il été écrit ?
Se poser des questions sur le type de texte, le thème traité et les points sur lesquelsl’auteur insiste.
Déterminer la structure du texte et son organisation, logique, chronologique,énumérative, pour en déterminer la progression.
Remarquer les titres et les sous-titres.
Prendre des notes à partir du texte, noter les mots et idées suggérés par les champslexicaux, les anaphoriques, les articulateurs logiques.
Résumer les paragraphes en quelques mots.
Rédiger le compte-rendu.
6- Qu'est-ce que le compte rendu critique?
Il est formé de deux parties : le résumé et la critique. Il évalue le fond (les idées) et/ou la forme (la façon dont les idées sont présentées). Il offre une étude du contexte de l'œuvre d'origine. Il est formé de quelques extraits ou exemples afin d'appuyer les jugements apportés.
7- Qu'est-ce que le compte rendu d'une nouvelle?
Il fait ressortir l'intrigue principale de l'œuvre. Il développe les personnages principaux (leurs rôles, leurs liens avec les autres, leurs
caractéristiques). Il évite de développer les personnages secondaires. Il discute des thèmes et des symboles.
Annexe 5
Les nouvelles fantastiques lues par les élèves-lecteurs
N° Titres de la nouvelle Auteurs Sources
1 Le NezNicolasGogol
trd. Française. Ed.Flammarion. coll. « GFJunior ». 1995.
2 La MainGuy deMaupassant
Texte publié dans LeGaulois du 23 décembre1883, puis publié dans lerecueil Contes du jour etde la nuit.
3Sous la lumièrefroide
Pierre MacOrlan
Ed. Gallimard. 1961
4La poigne et l’ogredu métro
ThierryJonquet
Ed. Nathan. Coll. « Lunenoire ». 2002.
5 La ficelleGuy deMaupassant
Texte publié dans LeGaulois du 25 novembre1883.
6Le Testamentfrançais
A. Makine Mercure de France. 1995.
7 Un homme d’actionAlessandroBaricco
Soie. Albin Michel. 1997
8 Le pied de MomieThéophileGautier
Ed. Gallimard. 1981.
9 le Chevalier doubleThéophileGautier
le Chevalier double.1840
10 Suicide au parcDinoBUZZATI
Traduction JacquelineRemillet, Laffont. 1967
11 La PeurGuy deMaupassant
Texte publié dans LeGaulois du 25 Juillet1884,puis publié dans le recueilContes du jour et de lanuit.
12Histoires demasques
JeanLORRAIN
Ed. Ch. Pirot, 1987
13 Le miroir déformantAntonTchékhov
in Récits de 1882-1883,trad. Durand, Radiguet.
14 Le DragonRayBradbury
Un remède à la mélancolie
Annexe 5
15 Le VisiteurVilliers del’Isle Adam
Contes Cruels, 1883.
16 L'Auberge du LarzacClaudeSeignolle
L'Auberge du Larzac.
17 La cafetièreThéophileGautier
Contes et nouvellesfantastiques, édition JoséCorti.
18 La Morte amoureuseThéophileGautier
Contes et récitsfantastiques.
19 La ParureGuy deMaupassant
Une partie de campagneet autres contes.Classiques. Hachette.
20 Le Journal d'un fouNicolasGogol
le manteau et autresnouvelles. Gallimard.1990.
21 Témoin à chargeAgathaChristie
Librairie des Champs-Elysées. 1975.
22 La Maison videArthurConan Doyle
Garnier-Flammarion.1997.
23La Maison du Chat-qui-pelote
Balzac Hachette. 2000.
24Les Manèges de lavie
AndréeChedid
Flammarion. 1989.
25Lettres de monmoulin
AlphonseDaudet
Gallimard. 1984.
26 les EpinglesGuy deMaupassant
Flammarion. 1978.
27La guerre estdéclarée
AnnieSaumont
Flammarion. 2005.
28Le Coffre et leRevenant
VaninaStendhal
Aventure espagnole.Flammarion. 1997.
29La Mort d'OlivierBécaille
Emile Zola J'ai lu. 2002.
30Les prodiges de lavie
Stefan Zweig Hachette. 1996.
Annexe 7
Le veston ensorcelé
Bien que j’apprécie l’élégance vestimentaire, je ne fais guère attention, habituellement, à laperfection plus ou moins grande avec laquelle sont coupés les complets de mes semblables.Un soir pourtant, lors d’une réception dans une maison de Milan, je fis la connaissance d’unhomme qui paraissait avoir la quarantaine et qui resplendissait littéralement à cause de labeauté linéaire, pure, absolue de son vêtement.
Je ne savais pas qui c’était, je le rencontrais pour la première fois et pendant la présentation,comme cela arrive toujours, il m’avait été impossible d’en comprendre le nom. Mais à uncertain moment de la soirée je me trouvai près de lui et nous commençâmes à bavarder. Ilsemblait être un homme poli et fort civil avec toutefois un soupçon de tristesse. Avec unefamiliarité peut-être exagérée - si seulement Dieu m’en avait préservé ! - je lui fis complimentspour son élégance ; et j’osai même lui demander qui était son tailleur.
L’homme eut un curieux petit sourire, comme s’il s’était attendu à cette question.« Presque personne ne le connaît, dit-il, et pourtant c’est un grand maître. Mais il ne travailleque lorsque ça lui chante. Pour quelques clients seulement.- De sorte que moi... ?- Oh ! vous pouvez essayer, vous pouvez toujours. Il s’appelle Corticella, Alfonso Corticella, rueFerrara au 17.- Il doit être très cher, j’imagine.- Je le pense, oui mais à vrai dire je n’en sais rien. Ce costume il me l’a fait il y a trois ans et il nem’a pas encore envoyé sa note.- Corticella ? rue Ferrara, au 17, vous avez dit ?- Exactement », répondit l’inconnu.Et il me planta là pour se mêler à un autre groupe.
Au 17 de la rue Ferrara je trouvai une maison comme tant d’autres, et le logis d’AlfonsoCorticella ressemblait à celui des autres tailleurs. Il vint en personne m’ouvrir la porte. C’étaitun petit vieillard aux cheveux noirs qui étaient sûrement teints.A ma grande surprise, il ne fit aucune difficulté. Au contraire il paraissait désireux de me voirdevenir son client. Je lui expliquai comment j’avais eu son adresse, je louai sa coupe et luidemandai de me faire un complet. Nous choisîmes un peigné gris puis il prit mes mesures ets’offrit de venir pour l’essayage chez moi. Je lui demandai son prix. Cela ne pressait pas, merépondit-il, nous nous mettrions toujours d’accord. Quel homme sympathique ! pensai-je toutd’abord. Et pourtant plus tard, comme je rentrai chez moi, je m’aperçus que le petit vieuxm’avait produit un malaise (peut-être à cause de ses sourires trop insistants et tropdoucereux). En somme je n’avais aucune envie de le revoir. Mais désormais le complet étaitcommandé. Et quelque vingt jours plus tard il était prêt.
Quand on me le livra, je l’essayai, pour quelques secondes, devant mon miroir. C’était un chef-d’œuvre. Mais je ne sais trop pourquoi, peut-être à cause du souvenir du déplaisant petitvieux, je n’avais aucune envie de le porter. Et des semaines passèrent avant que je me décide.Ce jour-là, je m’en souviendrai toujours. C’était un mardi d’avril et il pleuvait. Quand j’euspassé mon complet - pantalon, gilet et veston - je constatai avec plaisir qu’il ne me tiraillait paset ne me gênait pas aux entournures comme le font toujours les vêtements neufs. Et pourtantil tombait à la perfection.
Annexe 7
Par habitude je ne mets rien dans la poche droite de mon veston, mes papiers je les place dansla poche gauche. Ce qui explique pourquoi ce n’est que deux heures plus tard, au bureau, englissant par hasard ma main dans la poche droite, que je m’aperçus qu’il y avait un papierdedans. Peut-être la note au tailleur ?Non. C’était un billet de dix mille lires.
Je restai interdit. Ce n’était certes pas moi qui l’y avais mis. D’autre part il était absurde depenser à une plaisanterie du tailleur Corticella. Encore moins à un cadeau de ma femme deménage, la seule personne qui avait eu l’occasion de s’approcher du complet après le tailleur.Est-ce que ce serait un billet de la Sainte Farce ? Je le regardai à contre-jour, je le comparai àd’autres. Plus authentique que lui c’était impossible.
L’unique explication, une distraction de Corticella. Peut-être qu’un client était venu lui verserun acompte, à ce moment-là il n’avait pas son portefeuille et, pour ne pas laisser traîner lebillet, il l’avait glissé dans mon veston pendu à un cintre. Ce sont des choses qui peuventarriver.
J’écrasai la sonnette pour appeler ma secrétaire. J’allais écrire un mot à Corticella et luirestituer cet argent qui n’était pas à moi. Mais, à ce moment, et je ne saurais en expliquer laraison, je glissai de nouveau ma main dans ma poche.
« Qu’avez-vous, monsieur ? Vous ne vous sentez pas bien ? » me demanda la secrétaire quientrait alors.J’avais dû pâlir comme la mort. Dans la poche mes doigts avaient rencontré les bords d’unmorceau de papier qui n’y était pas quelques instants avant.« Non, non, ce n’est rien, dis-je, un léger vertige. Ça m’arrive parfois depuis quelque temps.Sans doute un peu de fatigue. Vous pouvez aller, mon petit, j’avais à vous dicter une lettremais nous le ferons plus tard. »Ce n’est qu’une fois la secrétaire sortie que j’osai extirper la feuille de ma poche. C’était unautre billet de dix mille lires. Alors, je fis une troisième tentative. Et un troisième billet sortit.Mon cœur se mit à battre la chamade. J’eus la sensation de me trouver entraîné, pour desraisons mystérieuses, dans la ronde d’un conte de fées comme ceux que l’on raconte auxenfants et que personne ne croit vrais.
Sous le prétexte que je ne me sentais pas bien, je quittai mon bureau et rentrai à la maison.J’avais besoin de rester seul. Heureusement la femme qui faisait mon ménage était déjà partie.Je fermai les portes, baissai les stores et commençai à extraire les billets l’un après l’autre aussivite que je le pouvais, de la poche qui semblait inépuisable.
Je travaillai avec une tension spasmodique des nerfs dans la crainte de voir cesser d’unmoment à l’autre le miracle. J’aurais voulu continuer toute la soirée, toute la nuit jusqu’àaccumuler des milliards. Mais à un certain moment les forces me manquèrent.
Devant moi il y avait un tas impressionnant de billets de banque. L’important maintenant étaitde les dissimuler, pour que personne n’en ait connaissance. Je vidai une vieille malle pleine detapis et, dans le fond, je déposai par liasses les billets que je comptai au fur et à mesure. Il y enavait largement pour cinquante millions.
Dino Buzzati, « Le veston ensorcelé », Le K, 1966
Résumé
La valorisation de la lecture littéraire et la méthode de son enseignement sontdevenues aujourd’hui nécessaires, les raisons pour lesquelles nous avons cruutile d’insister sur l’importance de cette activité dansl’enseignement/apprentissage des langues étrangères avant de demander auxélèves des activités d’écriture.
Dans ce travail, il est question de donner une importance particulière àl’enseignement de la lecture littéraire en classe de langue. Pour cette raison,nous nous sommes intéressés aux textes à caractère littéraire. L’objectif decette recherche est de familiariser l’exploitation des textes littéraires et nonlittéraires dans des activités de lecture à l’intention des élèves de la troisièmeannée secondaire afin de réussir les activités d’écriture.
Le corpus d’analyse est composé essentiellement des nouvelles fantastiques etleurs modes d’exploitation. Notre objectif est de faire une étude objectivedescriptive et comparative auprès des élèves-lecteurs et non-lecteurs etd’apprécier la qualité des écrits "des comptes–rendu" produits par lesdifférents groupes.
Nous avons aussi essayé de cerner quelques définitions et caractéristiques dela lecture en général et de la lecture littéraire en particulier afin que les élèvesprennent goût à la lecture et à la manière de l’enseigner en classe de FLE.
A la fin de ce travail et grâce aux résultats obtenus, nous avons prouvé que lalecture littéraire est loin d’être négligeable dans l’enseignement/apprentissagedes langues étrangères.
Summary
To give value to the literary reading and its teaching methods are becomingindispensable. So, we have to insist on the importance of this activity in thelearning and the teaching of foreign languages before we ask pupils to dowritten activities.
Therefore, in this project I want to show a particular importance to the literaryreading in language classes. So, we are more interested in literary texts. Theaim of this research is to familiarize the exploitation of both literary texts andnon literary ones through reading activities with 3rd year pupils in order toimprove their writing productions.
The essential part in our research is based on analyzing fantastic novels andtheir mode of exploitation. Our aim is to make an objective, descriptive andcomparative study based on two groups of readers and non readers thenevaluate their productions.
We have also tried to benefit from some definitions and characteristics of thereading in general and the literary reading in particular in order to make thereading task and the way it is taught tasteful for pupils of FFL classes.
In conclusion, at the end of our work and thanks to the obtained results, wehave proved that literary reading couldn’t be neglected in the learning and theteaching of foreign languages.