QUAND DAVID

S’INVITE CHEZ GOLIATH

Ile-St-Denis // 1954 // Willy Ronis

2 3

3

« Une maison doit être comme une petite ville si elle a pour ambition d’être une vraie maison, une ville doit être comme une

grande maison si elle a pour ambition d’être une vraie ville »

[Aldo van Eyck]

4 5

Constats

87%

millions

37

87%

millions

37

1 400 000 de logements individuel en Ile-de-France

87% des français aspirent à vivre dans un logement individuel

A ce rythme 70% du logement de 2050 est déja construit

37 millions de français vivent dans un logement individuel

rythme en 2014 de la construction de logement neuf en France

Données INSEE - 2014

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Une Ile en précurseur

Premier territoire de vie, le tissu périurbain est souvent abordé comme une forme d’urbanité se-condaire, dont les pratiques sont parfois qualifiées d’anti-urbaines, de non-durables, consuméristes et surtout individualistes. Tou-tefois, le foisonnement d’imagi-naires qu’il génère et l’attractivité qu’il engendre peut étonner au re-gard du rejet quasi-général dont il fait l’objet. Tout le monde y vit, mais personne n’ose le regarde de face.

Pourtant tenu responsable de l’étalement urbain de ces der-nières années, l’habitat individuel correspond à la forme d’habitat la plus enviée des français : 87% d’entre eux aspirent à vivre en maison individuelle. Il reste par ailleurs, la forme habitée la plus répandue en France (plus de 60% du parc immobilier et cette part ne cesse d’augmenter). La thématique de l’habitat de demain questionne donc profondément cette forme d’habitat où logeait

en 2014 plus de 37 millions de français ! Dans un contexte d’accroissement démographique indéniable, faut-il continuer d’op-poser désirs individuels et gestion environnementale de la société ?

«Quand David s’invite chez Go-liath» fait de cet antagonisme une opportunité pour réconcilier dé-sirs individuels et attentes collec-tives de la société. La métaphore met en exergue les rapports de force qui existent et montre que le logement individuel peut avoir sa place dans la ville de demain. De plus, nous sommes convaincus que l’étalement urbain ne pourra concilier ces deux enjeux et qu’un territoire dispose, par définition, de limites finies qu’il n’est pos-sible d’étendre. La régénération de la ville sur la ville est donc une orientation à privilégier.

Par ailleurs, la construction de logements neufs en 2014, repré-sentait à peine 1% du nombre total de logement en France. A

ce rythme, l’habitat de 2050 est à 70% déjà construit ! Il est donc impératif d’intégrer les structures existantes pour imaginer le loge-ment de demain!

Nous pensons qu’il ne peut y avoir de «durabilité autrement que dans la souplesse et la désirabilité à long terme de l’espace urbain. L’envie fait l’usage, l’usage fait la valeur, la valeur rend possible le changement». (RiO Architectes) Ce sont les usages qui sont la ma-tière première de notre réflexion autour de la pérennité urbaine. Il n’est plus possible aujourd’hui de se contenter de produire un loge-ment stéréotypé en pensant qu’il va convenir à tous et que tous n’auront qu’à se l’approprier, pire à s’y adapter...

Alors que pour la plupart des habitants les logements indivi-duels des banlieues révèlent des pensées optimistes portées sur le rêve, le désir et l’imagination.

@

Ile-st-denis

RER

D

T1 Saint-DenisCanal St D

enis

Activités / industries

Culture

Espaces verts

Enseignement / sport

Logement individuel

Logement collectif

Santé

N0 250100 500 m

6 7

Parc

@

ASNIÈRES-SUR-SEINE

ligne 13

SAINT-OUEN

SAINT-DENIS

AUBERVILLIERS

PARIS

GENNEVILLIERS

VILLETANEUSE

DEUIL-LA-BARRE

STAINS

VILLENEUVE-LA-GARENNE

A 15

A 1

A 86

ligne

13

T1

T5

RER

D

Parc des

Chanteraines

Parc de la Légion d’Honneur

Carrefour Pleyel

Stade de FranceSaint-Denis

Saint-Denis

La Seine

La Seine

Mairie de St Ouen

La Seine

Canal Saint Denis

Potentiels urbainsNotre proposition tend à réinvestir les principaux lieux de « vie » de la ville d’aujourd’hui pour initier la ville de demain. La ville des habitants. Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie du périurbain, ni d’en faire une condamnation définitive, mais de faire un plaidoyer pour la reconnaissance d’un système dont les pratiques sont riches, libres, et les possibilités d’optimisation nombreuses. Nous explorons des pistes permettant de répondre aux attentes et aux pratiques de la majorité des français, d’anticiper les nouveaux modes d’habiter et de développer une urbanité durable et pérenne.

La situation géographique de l’ile Saint-Denis permet de développer une approche emblématique du périurbain de demain. Les éléments caractéristiques de ces tissus semblent, ici plus qu’ailleurs, extrêmement présents : une influence palpable de la métropole, une pression foncière grandissante et une proximité avec de larges espaces naturels. Ajoutons aussi une diversité importante dans les constructions et dont le regroupement en séquences au travers de l’île ne va pas sans rappeler le zoning symptomatique des zones périurbaines. Le territoire de l’île

Saint Denis sera confronté dans les 50 prochaines années à une mutation profonde, aussi bien dans son aptitude à répondre aux enjeux globaux en lien avec l’évolution de la société que dans sa capacité à concilier les volontés locales et personnelles de ses habitants. En choisissant un territoire inextensible, nous souhaitons montrer qu’il est possible de régénérer la ville sur elle-même tout en préservant les grands espaces de nature. Faisons de l’île le socle témoin de l’habitat périurbain de demain.

Carte territoire Ile-St-DenisN

0 250 500 1000 m

7

Habiter l’agréable

Bassins de vie : Les textes juridiques d’aménagement du territoire reposent actuellement sur des découpages administratifs purement artificiels. Et le sol, véritable support et substrat en révèle aujourd’hui les incohérences à travers la superposition des limites (clôtures), des immenses surfaces imperméabilisées ou des dalles

qui abritent nos villes.Nous proposons d’approcher le territoire par des unités de paysage qui viendraient calquer les dynamiques biologiques des territoires : raisonner à partir de ce qui fait lien. A la logique des « périmètres » se substitue celle d’espaces connectés à l’échelle de l’Homme, ouverts, évolutifs, fonctionnels et plus agréables à

vivre. La richesse, l’histoire, les savoir-faires de chaque unité de paysage pourraient plus facilement être exploités localement. Ce modèle prospectif se doit avant tout, d’être un modèle accueillant pour des habitants. Habiter c’est s’inscrire et entretenir un rapport d’attachement, de proximité et d’affection avec le lieu où l’ont est, où l’on retourne

Durables lotis : Nous pensons qu’il ne peut y avoir de durabilité autrement que dans la souplesse et la désirabilité à long terme de l’espace urbain. L’envie fait l’usage, l’usage fait la valeur, la valeur rend possible le changement. Ce sont les usages qui sont la matière première de notre réflexion autour de la pérennité urbaine.

Il n’est plus possible aujourd’hui de se contenter de produire un logement stéréotypé en pensant qu’il va convenir à tous et que tous n’auront qu’à se l’approprier, pire à s’y adapter... La construction de logements neufs représente en 2015 à peine moins de 1% du nombre total de logement en France, à ce rythme, l’habitat de

2050 est à 70% déjà construit ! Il est donc impératif d’intégrer les structures existantes pour imaginer le logement de demain d’autant que les logements individuels des banlieues révèlent des pensées optimistes portées sur le rêve, le désir et l’imagination.

INDIVIDU

VILLESAGILES

NORMES

HABITAT HOMOGENE HABITAT HARMONISE

INTERET COLLECTIF

CO-BOX

STRATEGIESCONSTRUCTION DE

L’ HABITAT

POLITIQUES DU LOGEMENT

8 9

CO-bOxOutils de densification agile

CO-ÉNERGIE /RÉORGANISATION ÉNERGÉTIQUE

Réduction des consommations par la mise en commun de : murs entre logements systèmes de chauffage (chaudière, géothermie), en limite de parcelles récupération d’eaux de pluie

1

CO-RÉSIDENCE / PROPRIETE COLLECTIVE, USAGES PERSONNELS

Partager la propriété de certains biens ou espaces «fonctionels» (cuisine, buanderie, piscine...), en préservant l’individualité et l’intimité

2

CO-HABITATION / PARTAGE DES ESPACES DE VIE

Composition évolutive du foyerPartage d’un logement entre étudiants, inter-générations, familles recomposées...Optimisation de l’occupation et des usages

3

CO-ENVELOPPE / REDÉCOUPER L’INTERIEUR

Découpage vertical d’un bâti et de sa parcelleCréation d’entités indépendantesCaractéristiques du logement individuel conservées (rapport au sol et au ciel)Optimisation des surfaces bâties

4

9

CO-PARCELLE / BIMBY

Optimisation des surfaces parcellairesRedécoupage de la parcelleNouvelles constructions indépendantesex: accueil d’un proche âgé, indépendance d’un enfant

5

CO-ADJONCTION /PLUG

Espaces ajoutés, accrochés en façade, greffés, modulables, et transportables, réadaptables potentiellement végétalisésAgrandissement d’un foyer Extrème modularité et flexibilité

6

CO-PIGNON / GOLIATH CHEz DAVID

Animons les pignonsDensifier vert Rendre accessible les toitures adjacentes à une construction, à la fois aux humains et au développement de la natureTerrasses accessibles et fond de décor de qualité

7

CO-VISIBILITÉ / VUES PUBLIC – PRIVÉ

Retravailler les seuils entre espaces publics et privésTransitions adouciesPerception visuelle diffusePlaisir à pratiquer le territoireIntimité valoriséeL’habitant paysagiste

8

CO-JARDIN /PARTAGER SON JARDIN

Redéfinition des limites parcellairesMise en commun des jardinsUsage individuel et collectif simultanéPartage d’activités et de l’entretien des espaces extérieurs

9

10 11

Le travail par stratégies permet de conserver une grande liberté dans la réhabilitation de l’habitat. Nous sommes attachés à l’idée que les différentes étapes de la vie ne doivent pas contraindre les modes d’habiter, mais, bien au contraire, que l’habitat doit pouvoir s’adapter aux évolutions des modes de vie. La modularité des lieux est indispensable pour penser l’habitat de demain. Ces espaces réversibles permettent, par exemple, de ne pas être contraint de déménager si l’on est attaché à son quartier. L’habitat se chargera d’évoluer ; une pièce en plus, un espace de partage, ou encore une mise en commun des pièces fonctionnelles sont autant de propositions qui dotent de l’habitat de demain d’une grande flexibilité. Les 9 stratégies mises en place permettent de diversifier les typologies d’habitat

et d’élargir l’offre afin de permettre à tous de «trouver chaussure à son pied». Nous optimisons les surfaces et investissons les espaces disponibles de l’île pour retrouver une forme d’harmonie. Harmonia, en grec, caractérise le jointement entre des planches disparates, qui permet à une embarcation d’être étanche et de voguer. Nous nous attachons à la mise en oeuvre sur l’île de ce symbole de l’harmonie, à travers l’optimisation des surfaces et des interventions dans des espaces restés libres. Nous souhaitons ainsi provoquer une émulation individuelle, accompagnée d’une pratique quotidienne de l’espace et du désir de vivre ensemble. La finalité est d’arriver à construire une ville durable, dans un contexte évolutif, sous les aspects sociaux, économiques et environnementaux.

2050

ILOT ENTREED’ILE

0 CO

-EXIST

ER1

CO-EN

ERGIE

2 CO

-RESID

ENCE

3 CO

-HABIT

ATION

4 CO

-ENVEL

OPPE

5 CO

-PARC

ELLE

6 CO

-ADJON

CTION

7 CO

-PIGN

ONS

8 CO

-VISIB

ILITE

9 CO

-JARD

IN

ILOT INDUSTRIELATELIER

ILOT SEINE

ILOT SAULE FLEURI

ILOT MARINE

ILOT RUELLE

ILOT TRAM

+5

+3

+17

+8

+18

+5

2015 : 204 habitants 2050 : 268 habitantsCO-BOX

+31%

11

ESPACES

Sur l’ilot «Seine», la densification du tissu individuel s’opère au niveau de la structure existante du bâti, du parcellaire et des éléments paysagers. Nous procédons à des interventions ponctuelles : une acupuncture passant par la réunification de jardins au profit de plusieurs propriétaires l’investissement de dents creuses. La proximité du fleuve favorise une mise en scène optimale de l’outil co-visibilité, améliorant le rapport des habitants à l’eau.

SEUILS

Nos interventions ponctuelles invitent à penser les modes de vie futurs et leur formalisation et à caractériser l’interface entre les espaces privés et collectifs. La volonté de conciliation des désirs personnels et des intérêts collectifs requièrent une vigilance sur le traitement de leurs limites. Il nous a paru important de travailler sur la relation des espaces les uns avec les autres depuis ces interfaces. La démarche de co-visibilité a pour but de rendre agréable à la fois la pratique de l’espace public que celle de l’espace privé.

LOISIRS

L’habitat individuel partage un lien fort avec son contexte proche, et particulièrement avec les grands espaces ouverts qui l’entourent. La popularité de cet habitat ne peut s’expliquer sans évoquer leurs positionnement dans le territoire et la qualité des usages récréatifs qu’ils offrent. A l’île-Saint-Denis, la «nature» de proximité est la Seine et ses berges. La valeur du lieu n’existe que par la densité et la diversité des usages qu’il propose.

N0 2010 40 m

E14

Ile-St-Denis // 1956 // Willy Ronis