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N I 27, jd.atUd75 3francs. Deuxième série - Troisième ·année. Mensuel - Responsable de la publication: Jean LAPEYRIE - Matricule 164 904, La Santé Aveo la collaboration de tous les détenus et de leurs familles. - Editeur: Comité d'Action des Prisonniers 15, rue des Trois-Frères 75018 PARIS - DIJpôt IIJgBI: Deuxième trimestre 1975 - N° de commission paritaire: 53 507 - Composition Bssur{JepaT : Le ûomitë d'Action des Prisonniers - Impression: Imprimeurs Libres 14/16, passage des Soupirs 75020 PARIS. Tirage : 5000 exemplaires. CETTE ANNEE ENCORE, CERTAINS D'ENTRE NOUS NE PRENDRONS PAS DE VACAN~ CES. LE rROCHAIN NUMERO ÇA DIMINUE,MAIS ÇA CONTINUE! 1 1 SORTIRA A LA MI-AOUT. 1 «LE MONDE.: 1 FRA:NC.:;, «LE CAP,. : 7000 FRANCS. C'EST LA TOUTE LA :Û'f:FFERENCE. C'EST LE PRIX D'UN ASSASSINAT: CELUI DU C.A.P. UN OUVRIER MEURT DANS SA CELLULE. «LE CAP» DENON- CE: «LE CAP» EST CONDAMNE. DEGUEULASSE? NON. C'EST LA JUSTICE. ET, COMME CHACUN SAIT, ELLE NE SAURAIT ETRE POURRIE. NOEL OLAGNER, D~LINQUANT PRIMAIRE, MAIS MILITANT DU C.A.P., RESTE EN rlETENTION PROVISOIRE EN DEPIT DE LA LOI. JUSTE? NON. JUSTICE. ET TOUT LE MONDE S.\IT QUE LA JUSTICE N'EST PAS ... JACQUES DOMEN. «SUJET. BELGE, COUPABLE DE NE PAS SE TAIRE ET DE MILfTE'R AU C.A.P .. EXPULSE EN BELGIQUE. MICHEL BEJAT, NOEL OLAGNER ISOLES DANS LEURS CEL- LULES COMME TOUS LES MILITANTS DU C.A.P. EMPRISONNES. INHUMANITE? NON. JUSTICE. ET CHACUN SAIT QUE LA JUS- TICE N'EST PAS INHUMAINE. C'EST EN TOUT CAS LA JUSTICE QUI EST RESPONSABLE DE TOOT CELA ET DE' TOUT CE QUE NOUS DENONCONS DANS CE JOURNAL. IL FAUDRA BIEN QU'ELLE CHANGE OU DISPA- RAISSE UN JOUR DE GRE OU DE FORCE. LE TEMPS DE LA POURRITURE DURE DEPUIS TROP LONG- TEMPS. ET LA JUSTICE EN EST LE BASTION CHAQUE JOUR RENFORCE.

NI27, jd.atUd75 · 2014. 12. 22. · NI27,jd.atUd75 3francs. Deuxième série - Troisième ·année. Mensuel - Responsable de la publication: Jean LAPEYRIE - Matricule 164 904, La

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  • NI27, jd.atUd753francs.Deuxième série - Troisième ·année.

    Mensuel

    - Responsable de la publication:

    Jean LAPEYRIE - Matricule 164 904, La Santé

    Aveo la collaboration de tous les détenus et de leursfamilles.

    - Editeur: Comité d'Action des Prisonniers15, rue des Trois-Frères 75018 PARIS

    - DIJpôt IIJgBI: Deuxième trimestre 1975

    - N° de commission paritaire: 53507- Composition Bssur{JepaT :

    Le ûomitë d'Action des Prisonniers

    - Impression: Imprimeurs Libres14/16, passage des Soupirs 75020 PARIS.

    Tirage : 5000 exemplaires.

    CETTE ANNEE ENCORE,CERTAINS D'ENTRE NOUS NEPRENDRONS PAS DE VACAN~CES.

    LE rROCHAIN NUMERO

    ÇA DIMINUE,MAIS ÇA CONTINUE! 1 1 SORTIRA A LA MI-AOUT. 1

    «LE MONDE.: 1 FRA:NC.:;, «LE CAP,. : 7000 FRANCS.C'EST LA TOUTE LA :Û'f:FFERENCE.C'EST LE PRIX D'UN ASSASSINAT: CELUI DU C.A.P.UN OUVRIER MEURT DANS SA CELLULE. «LE CAP» DENON-CE: «LE CAP» EST CONDAMNE. DEGUEULASSE? NON. C'ESTLA JUSTICE. ET, COMME CHACUN SAIT, ELLE NE SAURAITETRE POURRIE.NOEL OLAGNER, D~LINQUANT PRIMAIRE, MAIS MILITANT DUC.A.P., RESTE EN rlETENTION PROVISOIRE EN DEPIT DE LALOI. JUSTE? NON. JUSTICE. ET TOUT LE MONDE S.\IT QUELA JUSTICE N'EST PAS ...JACQUES DOMEN. «SUJET. BELGE, COUPABLE DE NE PAS SE

    TAIRE ET DE MILfTE'R AU C.A.P .. EXPULSE EN BELGIQUE.MICHEL BEJAT, NOEL OLAGNER ISOLES DANS LEURS CEL-LULES COMME TOUS LES MILITANTS DU C.A.P. EMPRISONNES.INHUMANITE? NON. JUSTICE. ET CHACUN SAIT QUE LA JUS-TICE N'EST PAS INHUMAINE.C'EST EN TOUT CAS LA JUSTICE QUI EST RESPONSABLE DETOOT CELA ET DE' TOUT CE QUE NOUS DENONCONS DANSCE JOURNAL. IL FAUDRA BIEN QU'ELLE CHANGE OU DISPA-RAISSE UN JOUR DE GRE OU DE FORCE.LE TEMPS DE LA POURRITURE DURE DEPUIS TROP LONG-TEMPS. ET LA JUSTICE EN EST LE BASTION CHAQUE JOURRENFORCE.

  • 2. lE CAP, journal des prisonniers, juillet/aoOt 1915

    un procès d' inte ntion

    Le 21 janvier, à Albi, une voitureexplosait. Le conducteur, Jean-ClaudeDriant, un électricien supérieur de 28 ans,dans le coma, était transporté parhélicoptère à l'hôpital Purpan de Toulou-se. La passagère et propriétaire de lavoiture, Dominique Monti, étudiante enlettres de Montpellier, 24 ans, jambescriblées d'éclats, cheville fracturée ettympans crevés était hospitalisée surplace.

    L'expert-artificier de la police judiciairequi examina l'épave de la voiture, précisaqu'un engin doté d'un mécanisme d'hor-logerie pour la mise à feu, était la cause del'explosion.

    Avant même que l'enquête ne débute,au vu du dossier politique de DominiqueMonti, la conviction des policiers duSRPJ de Toulouse, était faite: il s'agissaitde deux gauchistes qui préparaient unattentat. Ils allaient même jusqu'à préciserque le monument aux morts ou le palaisde justice, proches du lieu de l'explosion,étaient visés.

    Le lendemain, au mépris de l'inter-diction des médecins, le commissaireJalby du SRPJ de Toulouse, procédait àl'interrogatoire de Dominique Monti sur

    • son lit d'hôpital. Fiévreuse, choquée, lestympans lancinants, la jeune étudianteniait toute appartenance à quelque orga-nisation que ce soit. Elle s'indignait d'êtreaccusée d'avoir couru le risque de blesserdes passants en préparant un attentat.Mais le commissaire Jalby poursuivait soninterrogatoire sans tenir compte ni del'état de Dominique Monti, ni de ses déné-gations.

    Exaspérée par la douleur, la tatique etl'indignation, la jeune étudiante se révoltaet le traira de « bourreau». Ses crisfinirent par attirer le personnel hospitalier.Un médecin, enfin alerté, intervint et jetale policier dehors.

    Le commissaire Jalby est coutumier dufait. Il est sous le coup d'une plainte pourcoups et blessures à un prévenu.

    Quelques jours après l'accident, Jean-Claude Driant sortait du coma. L'amputa-tion des jambes était envisagée. Couvertde blessures, les doigts de la main droiteet plusieurs phalanges de la main gauchearrachées, un talon emporté, les jambesdéchiquetées et brûlées, les rétines décol-lées, alimenté artificiellement, son étatétait dramatique. Ses quatre membres àvif suspendus sur des appareils dans unechambre stérile, l'écartelaient.

    C'est ce crucifié pantelant de souffran-ce que Melle Baudron, juge d'instructionn'hésita pas à interroger au mépris de laplus élémentaire humanité - ce que n'a-vaient pas osé faire les policiers du SRPJde Toulouse pourtant réputés pour leurbrutalité.

    Le juge d'instruction d'Albi est unevieille fille de 31 ans, bien connue dans larégion pour sa dureté et pour ses idéesréactionnaires.

    Jean-Claude Driant tantôt à moitiélucide, tantôt hébété par des analgé-siques, reconnut transporter des explosifspour la résistance intérieure espagnole. Ilprécisa que sa compagne, DominiqueMonti, n'était que vaguement au courantde sa mission. Il nia toute préparation à unattentat. Dans son état de semi-Iucidité,tout mensonge semblait exclu.

    Plusieurs jours plus tard, Me Furbery dubarreau de Toulouse, rendait visite à sonclient. J.C. Driant. A la vue des musclesdéchiquetés de cet écorché vif, ce solideavocat de 40 ans, faillit avoir un malaise. Ils'indigna qu'on ait osé interroger un grandblessé à peine sorti du coma et aussigravement atteint. Il alerta le bâtonnier.

    Lq 3USTiCf

    Le juge d'instruction d'Abi déployait unzèle digne d'une meilleure cause que cetteaffaire toute simple. Melle Baudron tenaitlà l'affaire de sa vie: J.C. Driant etDominique Monti devaient être de re-doutables terroristes. Pour le prouver ellemultipliait les commissions rogatoires auxquatre coins de la France. Elle n'hésita pasà maintenir J.C. Oriant au secret plus dedeux mois, et à interdire à ce grand blesséque les médecins envisageaient toujoursd'amputer, même la visite de ses parents.

    Dominique Monti, également placéesous mandat de dépôt, une jambe dans leplâtre, était, elle aussi, gardée jour et nuitcar deux policiers. Les chirurgiens ex-trayaient une douzaine d'éclats de sesjambes et de sa cheville brisée, enattendant son transfert à la prison deToulouse et l'opération de ses deuxtympans crevés.

    Tandis que J.C. Driant faisait l'admi-ration du personnel hospitalier et despoliciers qui le gardaient, par son couragedevant la souffrance, sous l'impulsion dujuge d'instruction, perquisitions et inter-rogatoires se multipliaient dans toutl'hexagone, mais sans le moindre résultat.

    Enfin, magistrat et policiers se réjoui-rent : il tenaient une piste qui confirmaitleurs suppositions. A Montpellier, la PJvenait de perquisitionner chez un ami ducouple, Jacques Garcin. Apprenant qu'unvoisin avait prété sa voiture à Garcin, sansautre forme de procès, les policiersperquisitionnaient à tout hasard, chez le

    voisin, Rémy Berger, un jeune étudiantaux Beaux-Arts.

    Deux bouteilles remplies d'un liquidehuileux et noirâtre étaient saisies dans lacuisine: pour étayer la thèse de l'appar-tenance de J.C.Driant et de D.Monti à uneorganisation terroriste, ces deux bouteillesdevaient être des cocktails-Molotov.

    se prépare à

    composition: un tiers d'acide, un tiersd'huile de vidange, un tiers d'essence devoiture. Ses aveux étaient complets,solides inattaquables el accablants. Alorsqu'il attendait en prison son jugement,l'ami qui lui avait procuré l'acide à usacedomestique, ën informa son avocat et luidemanda d'exiger l'analyse du contenudes deux bouteilles, ce que personnen'avait eu l'idée de faire.

    L'analyse révéla qu'il s'agissait d'undétergent à usage ménager. Rémy Bergerfut acquitté et sortit de prison.

    Dans la France de M. Poniatowski,quand on est jeune et sans défense, il estdangereux d'être le voisin d'un ami d'ungauchiste suspecté de terrorisme par unmagistrat ambitieux et par des policiersimaginatifs.

    Malgré le débordement de zèle de MelleBaudron et des inspecteurs de la PJ, lesdossiers de J.C. Driant et de DominiqueMonti restent vides de tout fait, après plusde quatre mois d'enquête. La justice népeut reprocher au premier que d'avoirdétenu et transporté, sans autorisation,des explosifs. Quant à la seconde quiignorait la nature du matériel transporté, ilfaut tout l'acharnement d'un magistraitbraqué et buté pour retenir contre elle, aumépris de la logique, le chef d'inculpationde détention et de transport d'explosif.Son rôle très secondaire aurait dû la fairerelaxer.

    Mais Melle Baudron n'est pas unmagistrat comme les autres. Et puis ellen'aime pas les gens de gauche. Aussi,malgré la bénignité du délit et de l'état de

    L'enquête débouchait sur quelque cho-se : que le voisin d'un ami des inculpés eûtdeux engins incendiaires en sa posses-sions, apportait un peu de consistance àun dossier désespérement vide.

    Le nouvel inculpé, Rémy Berger, recon-naissait avoir rencontré une ou deux foisles deux accusés mais il prétendait que lesbouteilles suspectes ne contenaient quede l'acide destiné à nettoyer les dalles deson appartement.

    Au terme d'un interrogatoire conduitavec les méthodes que certains policiersn'hésitent pas à utiliser encore couram-ment de nos jours, Rémy Berger avouaitenfin. Il reconnaissait avoir préparé lescoktails-Molotov, et sous ta dictée despoliciers, il allait jusqu'à détailler leur

    santé des deux détenus qui nécessitentdes soins particuliers et plusieurs opéra-tions, vient-elle de refuser leur mise enliberté provisoire. De plus, elle n'a pascaché sa volonté de maintenir les deuxinculpés en prison jusqu'à leur juç;ement.

    AI' évidence, le délit, bénin pourJean-Claude Driant, et pratiquementinexistant pour Dominique Monti, nejustifie en rien une mesure aussi sévère.

    Les avocats s'étonnent et s'indignent.Le bâtonnier intervient, rien n'y fait, lavieille fille d'Albi maintient sa décision, aumépris de toute raison et de toutehumanité.

    J.C. Driant et D. Monti vont bientôtavoir fait cinq mois de prison pour un délitqui, de l'avis unanime; ne devrait valoirqu'une peine légère assortie du sursis

    Albi

    pour le premier et l'acquittement pour laseconde. Mais, il yale dossier des Rensei-gnements Généraux, J.C. Driant et D.Monti sont fichés comme gauchistes.Dominique Monti a déclaré être sympa-thisante socialiste (elle est la nièce dePierre Commin qui fut secrétaire généralde la SFIO), mais pour policiers ermagistrat, ses sympathies anarchis: ~)smises en fiche, la classent parmi leséléments dangereux contre qui 10U5 lescoups sont permis et tous les soupçonsjustifiés.

    La police a reçu des instructionsimpératives en ce qui concerne la chasseaux gauchistes. Il est bien meilleur pourl'avancement du commissaire Jalby d'a-voir arrêté des terroristes anarchistes quedes antifranquistes qui accomplissaient unacte généreux de solidarité active pour larésistance espagnole. Aussi, il importepeu qu'aucun fait ne soit venu confirmerla thèse imaginée par les policiers. Adéfaut de faits, policiers et juge d'ins-truction nourriront le dossier d'hypothè-ses.

    On fera un procès d'intention à J.C.Driant et à D. Monti.

    Et un magistrat réactionr. _Ire, au zèleabusif, maintient en prison deux jeunesantifascistes pour délit d'opinion, et tentede transformer un incident mineur enaffaire d'Etat, pour des raisons qui n'ontrien à voir avec la justice.

    Dominique Monti est actuellement in-carcérée dans une cellule de la prison deToulouse d'où on l'extrait une fois parsemaine pour subir des soins et desopérations. J .C. Driant est toujours hospi-talisé à l'hôpital Purpan à Toulouse, gardénuit et jour par deux policiers. Il subit denombreuses greffes, et les médecinsespèrent lui éviter l'amputation. Mais dufait de son incarcération et faute d'unesurveillance médicale suivie, la premièregreffe du tympan subie par D. Monti aéchoué.

    Quant à J.C. Driant, l'emprisonnementqui l'attend, l'empêchera de recevoir letraitement de rééducation dans un éta-blissement spécialisé, qui est indispen-sable pour qu'il retrouve l'usage de sesmembres.

    la justice va-t-elle faire deux infirmes àvie de deux jeunes antifascistes qui n'ontcommis qu'un acte généreux et coura-geux?

    A présent, seule l'opinion publique peutfaire cesser ce scandale, et empêcher unmagistrat réactionnaire et ambitieux de sesubstituer plus longtemps à la justice.

    Jean-Claude Driant et Dominique Montidoivent être jugés sur des faits et non surdes suppositions policières dont chacunsait ce qu'elles valent, mais que le juged'instruction a fait siennes.

    le Comité de Soutien àJ.C. Oriant et O. Monti

    Tous ces faits peuvent être corre-borés par les avocats et par lesfamilles des deux victimes:

    - Me Etelin, 8 Grande-Rue St-Michel, 31000Toulouse, tél. 52 49 52

    - Me Furbery, 9, rue Saint-Antoine,31000Toulouse, tél 21 03 68

    - M. Cavanhié, 20, rue des Grives,Juvignac, 34 Montpellier, tél 75 43 36

    - M. Oriant,7, rue de Poissy 93240Stains, Tél 82225 32

    NB : Le scénario entièrement imaginé parla police (appartenance aux G.A.R./. etpréparation d'un attentat) repose uni-quement sur le fait que les deux jeunesgens antifascistes sont fichés per les R.G.comme sympathisants libertaires.

  • lE CAP, journal des prisonniers, juiliet/aoOt 1975. 3

    [)UDe l'eau à

    La réinsertion sociale? Ca c estle grancl projet, la carotte cles pri-sons, le beau baratin cles granclsclu ministère, à la télé, clans lesbons journaux, etc. Nous, on saitque c'est clu bluff, mais monsieurtout-le-mond« peut y croire. Or,une fois cle plus, nous mon;rons,preuves en main, que le pouvoirse fout cles tau/arcls quancl il leurparle cle « réinsertion sociale» com-me but et justification cle l'incar-cération. Le cas de Jacques Do-men était justement un « ccs » fa-cile pour le pouvoir qui aurait putirer gloire cle cet exemple ... Mai~les tau/arcls sont tellement le cler-nier cle leur souci quancl il s'agitcle leur avenir, et ceux qui parlentcles taules comme ils les ont vé-cues, tellement inclésirables, qu'on les escamote facilement. Ni vu,ni connu. Qui en parlera, les gau-chistes? Bof... Chacun sait quec'est toujours les mêmes qui lesécoutent. Le C.A.P. ? Bof, on les1iquiclera eux et leur journal. ..Bref, en attenclant on continue àgueuler notre révolte.

    Voi/à: Jacques Domen est belgecl'origine, mais il vivait en Franceclepuis près cle 20 ons. A 20 balais,il est ·incarcéré et conclamné à 15ans cle prison pour hom icicle pas-sionnel. Au bout cle huit ans, ilsort avec cleux ans cle remise clepeine pour examens (bac, maitrisecle maths, institut cle préparationaux affaires) passés en taule etcinq ons cle libération conclition-nelle. Il sort clonc libre croiriez-vous ? .. Quelle chouette liberté ...Primo, il a un arrêté 'd' expul sionsur le clos. Sa famille, ses amissont en France, mais on s'en fout ...Mois, comme il a fait cles étucles,il a clroit à un surs is pour conti-nuer son cloctorat. Deuxio, ce sur-sis, ce n'est pas un cacleau, enéchange, il est assigné à résiclencesur Toulouse; et surtout, il a inté-rêt à trouver clu boulot et à fermersa gueule sur ses iclées. Hein, untau/arcl n'a pas le clroit cl'avoir clesidées sur le système. Puis quoiencore! Déjà beau qu'on le laissese balacler au mil ieu d~s « honnê·tes gens»! ...

    Bon, Jacques Domen continueses étucles, se met en ménage avecune fille « bien» (elle est pharma-cienne! Un comble, peut pas res-ter avec les ratés ... ). En plus mal-gré le chômage sur la région, iltrouve une place d'animateur enformation continue pour ac/ultes àla foc. Bref, c'est la belle réin-sertion, la promotion sociale. quoi.Déjà, ça dérange un brin qu'un tau-lard se p.rmette cl'enseigner donsdons le cadre de l'éducation na-tionale. J'insiste sur tout ça cortout ceci lui sera reproché!

    Malgré ce « stancling )}, JacquesDomen ne coche f1(Îs son aversion

    T()UL()U§~notre moulin

    pour le système carcéral. Au con-traire, il crie bien haut, bien fortmonte le C.A.P. sur Toulouse etrejoignant tous les taulards dansleur lutte se met à dénoncer, par-Ier, se battre... Evidemment, ilest vite repéré. Ainsi - quel ha-sard- ou bout de cleux mois de bou"lot, on lui demande bien gentimentde donner sa démission sans quoion sera obligé cle le congédier. Onjoue sur les sentiments, on lui pro-met que ce n'est rien, qu'on vas'arranger pour un outre boulot.Bref, tout pour éviter les bavures.Et quelle surprise, lorsqu'un beaumatin, fin février, un bon flic clucoin vient lui signifier son expul-slon ; 1/ cloit avoir clébarrassé lepays clans les trois ;ours. Bon, ons' y attenclait un peu cor les pro-messes, les silences •.• on connatt,A/~rs branle-bas de combat, oncontacte cles représentants clu PS,PC, CFDT, CGT, RAD, G, et ciel' acaclémie, qui se présentent deuxfois chez le préfet pour demanclerl'annulation de l'arrêté. Voilà lesmotifs de cette sanction annoncés

    ••• à ventturalisation. Tout ça en échangede quoi, Jacques Domen devra lais-ser toute activité politique, menerune vie sans histoire, sans quoi,à la moindre incartacle, il y a l'é·pée de Damoclès: cinq ons cieconclitionnelle ou l'expulsion. Lechoix quoi! .•• On est sympa ou onne l' est pas ...

    Qu'est-ce que vous feriez, vousavec cinq ons cle taule ou la pseucloliberté à côté de ses omis? Et bienà moins cle vouloir être un héros(sûrement silencieux) cle la révolu-tion, il n'y a pas grand'chose àfoire, sinon d'écraser. Ce que Jac-ques Domen fit. On le comprencl ...Peine perclue, ces trois mois clesilence et d'attente (c'est beaula confiance en son bourreau) fu-rent un beau cacleau pour des pru-nes ou système; il s'y entencl ce-lui-là pour savoir démobiliser lesmilitants: c'est facile, c'est dé-gueulasse, c'est bas, c'est vil,pouah! jouer avec les sentimentset la vie cles gens. Le 23 moi onfit comprendre à Jacques Domenqu' il avait intérêt à débarras ser

    cc DUPONT .LAJOIE ~~A TOULOUSE:ENCORE UN CRIME RACISTE

    A la suite du meurtrede Belkacem Aouamri,un comité s'est créépour faire la vérité surcet assassinat, et il con-tinuera son action con-tre les crimes racistes ettoutes les formes deracisme.

    Ce comité est soutenu

    par: Mouvement destravailleurs arabes, Pers-pective tunisienne, leMRAP, Comité d'actiondes prisonniers, Liguecommuniste révolution-naire, Lutte ouvrière,Mouvement d'action ju-diciaire, PLC - GDP,D.C. Révolution, PSU.

    par le préfet:- Milite à mouvais escient! (com<

    me si, comme le clit si bien le« Canarcl Encharné, clu 11 juin,on pouvait militer à bon escient)!

    - Responsable des révoltes clansles prisons (ben voyons! les dé-tenus seront-ils responsables unjour ?)•.•

    Instable professionnellemeni(bien sûr la crise du chômage n'yest pour rien •.. )

    - 'nfiltré dans l'éclucation na-tionale pour menée subversive •.•(les faits exacts: avoir essayerde laire passer le Iilm Attica etorgdnis·é un clébat: pourtant Attica,hein! C'est pas chez nous! Non?)

    - Présent à Mende (alors que lejour même il renclait visite à sonjuge d'application des peines).

    Malgré cela, le préfet, bonneâme semble tenir compte des ar-guments cle la délégation, accordetrois mois pour réfléchir et laissemême miroiter la possibilité de no-

    le sol français clans les huit jours,toujours le silence, sans esclandreet sons bavure •.. On joue au plusfin. Juste le temps pour JacquesDomen cle faire ses valoches.

    Cinq ans cle taule, vous en vou-driez vous? même pour la bonnecause ? .. Bon, voilà l'histoire deJacques Domen. Rien d'extraor-dinaire, n 'est-ce pas. Des expul-sions, il y en a à la pelle, et onne les connaN pas toutes. Com-bien' de camarades subissent lemême sort dans le silence et plientsans pouvoir rien faire sous lechantage (comme ce détenu deFleury qui s 'est suicidé plutôt qued'être expulsé). Brel, un exemplede plus. Après ça la liberté de sesidées ca ex ;ste en France ••• Il n·y aqu'à constater au C.A.P., la répres.sion qui' s'abat systématiquement:les copains incarcérés ces cler-niers temps comme un lait exprèspresque fous les uns après les au-tres, le procès clu C.A,P., etc,

    Mois bien svr, ce n'est qu'unhasard. On n'intéresse pas le mi-nistère de la Justice, encore moinscelui de f/ntéri-eur, on ne dérangepas le système! ,,. Bon, alors,puisque c'est comme ça et bien oncontinuera. Ce n'est pas parce queJacques Domen sera en Belgiquequ9il ne relèvera pas la tête, etque nous on laissera tomber lestaulards. Qu'on se le dise!

    C.A.P. Toulouse

    BADINDans le dernier numéro du «Cap.

    nous expliquions pourquoi les m i-litants du C.A.P. Toulouse reioi-gn irent les grévistes de Bad in-industrie dans le conf! it les oppo-sant à la direction.

    Badin, c'est une petite entrepri-se (qui a du mal à survivre à la cri-se J comptant quarante ouvriers.Mais l'annonce des licenciementscommence à dure ir les positions decertains ouvriers qui décident dese mettre en grève (77 d'entre eux J.Evidemment, le capital n'aime pasque l'on se révolte, car commencerà comprendre, c'est commencer àdésobéir: sois esc/ove et tais·toi.Les grévistes ne l'entendent pas decette manière, ils défendent leursdroits: piquets de gréve, occupa·tion de l'usine. Evidemment, on nereste pas inactif de l'autre côté: re-pression du pouvoir par l'envoid'huiss ier (assignation en iusticepour vol, effraction J, des comman·dos de choc de Ponia (bons pèresde famille qu'ils se prétendent).

    Après cinq mois de grève, le con-flit est tou;ours aussi dur, D'autres actions ont été faites, derniè-rement les grévistes ont décidé deparalyser la production par l'en-lèvement des pièces maitresses desmachines, chose relativement peufréquente. Enfin, cela rappelle Lipà la grosse différence prés que lesgrévistes de Badin ne sont ni con-nus, ni soutenus (aucune organisa-tion syndicale n'a man ifesté desoutien effectif à cette lutte quisort des schémas traditionnels) etqu'ils ont d'énormes difficultés fi-nancières (ils n'ont pas les moyensde revendre leur production J, cequi est très important pour conti-nuer la lutte.

    La iustice poursuit les grévistespour vol, sabotage, et bien sûr, ce-la gêne que cette lutte aille ji loinc'est pour cela que le pouvoir veutque le ;ugement garde son caractèn:de droit commun, et non qu'il soitreplacé dans son contexte politi-tique.

    pour les grévistes de Badin.- Envoyez vos chèque sjau CA PToulouse, 16 rue Pharaon quitransmettra, en mentionnantpour Badin. CCP Toulouse3 2dQ 67 s.

  • 4. lE CAP, journal des prisonniers.juillet/aoOt 1975

    POURRITURE DE JUSTICEjustice? non! répression? oui!

    t.a justice doit condamner, sans preu-ves? Qu'importe, ce sont des tètes qu'ilfaut, à la répression •..

    IJn sordide procès a été expédié le 24avril 1975 à Bobigny, par le présidentSonglet, le notre· Mon ami et co-inculpé,Liparoti Lucien que l'on envoie devant lacour d'assises pour faire la preuve de corn"plicité dl assassinat dans le meurtre d'unproxénète. Aucune preuve ne sera faite(év idemment car il est totalement inne-cent). !=>ourtant le tribunal de Paris lui ainfligé douze ans de réclusion criminelle.

    Quant à moi, Brie Michel, dit «Thom-som» (quand je demanderai aux différentstémoins pourquoi on ml appelait ({Thom-som», ceux-ci répondront qu'ils l'igne-raient, . qu'ils l'ont appris de la bouchedes pol iciers, tiens, tiens ... ). Viennentensuite les témoins (féminins) toutes amiestrès intimes de la victime (d'après l'en-quête) et toutes, même la concubine dela victime, prostituée. Une seule m'a con-nu à l'époque, elle était vendeuse, elleparle de moi comme un garçon poli, timide,réservé. Pourtant le président tout au longprocès affirmera que je suis un souteneurPas de preuve, qu'importe!

    Vien t . ensuite le témoignage de monépouse. Elle affirmera à la barre Que lavictime et d'autres personnes l'ont me-nacée, battue, torturée et séquestrée, elle

    et sa fi IIette âgée de quelques mois, jus-qu'à ce qu'elle accepte de se livrer à laprostitution ..• mais le président, qui a fortbrillé par sa partialité, repousse ce témoi-gnage. Pu i s vient le témoin de la fusi 1>lade ...

    - Le président: « Qu'avez-vous vu? ».• Le témoin: « Tout, dans ma déposi-

    tion, j'ai donné le signalemen: formel etprécis. De plus, j'ai ajouté que si l'on memettait en présence du tireur je le re-connaîtrais. il

    - Le président: ({Le reconnaissez-vous?Levez-vous, Brie».

    • Le témoin: «J'ai déjà déclaré en 1973devant le juge d'instruction que ce n'étaitpas cet homme ... ».Là commencent les mystères de la justiceet de la pol ice (même moi qui me sui s con-tenté de sourire à l'annonce des 16 ansde réclusion criminelle).

    Mais rappelons que Lucien Liparoti apris 17 ans de réclusion criminelle alorsqu'il n'a jamais été question qu'il soitcompl ice en quoi que ce soit, cela estécrit noir sur blanc dans le dossier. Ilm'a hébergé à Villiers'sur-Marne, à sondomicile, cela suffisait-il à briser la vied'un homme? Peut-être de deux? Car jeme suis contenté de dire: «Ce n'est pasmoi qui ai tué cet homme, la police et lajustice le savent, je pourrais prouver mon

    Innocence mais Quand je serai dehors et,ce jour-là, 'a carotte sera pour la justice.En attendant, c'est nous qui faisons laprison. Et Liparoti est totalement inno-cent. ».

    Entre autre, le président Bonglet n'apas présenté les pièces à conviction,pourquoi? L'instruction ainsi que les té-moins sont plus que douteux. Ne fallait-ilpas laisser planer des doutes pour avoi rces condamnations?

    Quand mon avocat, Me Callandreau dubarreau de Pontoise, a voulu déposer lesconclusions à la suite d'un vice de for-me, il a été pris à partie par la cour et leprocureur, pourquoi? (les témoins s'étaientconcertés dans leur salle, ce qui est in-terdit).

    Après 15 heures de procès, un des ju-rés a été pris d'un malaise et la séancenia pas été remise au lendemain. Pour-quoi?

    Moi je dis qu'après 15 heures de débatstumultueux, les jurés n'étaient plus assezluc ides pour prononcer les condamnat_ions.

    J'affirme que nous sommes victimes desméthodes judiciaires et qu'on a condamnédes hommes qui sont totalement inne-cents.

    Fleury-Mérogi s, le 8 mai 1975

    BRI E Michel, nO 41734 03 M3 26

    Delllain le feu?RAUL T Ange (C.A.P.)2, rue Véron/N° 494140 - ALFORTVILLE

    Aitortville. le 5 mai 1975

    - Lettre ouverte à Lecanuet ministrede la Justice -

    Il est des feux que l'on ranime, que l'onrallume, sur lesquels l'on souffle jusqu'àextinction des mauvaises haleines de lapublicité gouvernementale: Loos-les-Lilleentre autres parmi ceux des feux de larévolte, de la révolution dans les prisons !

    Mais il est des feux que l'on s'empressed'étouffer, d'éteindre avec tout autant dedétermination et bien plus vite que celui quia brûlé les corps vivants de mes compa-gnons (pourquoi dirais-je « ex-compa-gnons » ?) d'Ensisheim: Saki, Jacques,Gérard, Roger. Des noms comme autant delambeaux de ma propre chair déchirée,arrachée par les mains criminelles de votrepourriture de justice, Lecanuet et autres!

    Tajustice n'est pas la mienne, pas lanôtre : notre justice ne brûle pas desgens enfermés!

    Ensisheim, l'un de ces pourrissoirs dontj'ai pu sortir vivant, marqué par les fers de tapropre infamie, Lecanuet (un nom) : celuide ton « faministère », où l'on vend à basprix la peau du détenu, grâce à tes vendeursDorlhac, Troisier ... ton chef de rayon, Poniaet ton PDG, Giscard!

    '" Dont j'ai pu sortir brûlant aussi, mais deces flammes de la révolte qui en ont tuéstant et tant... qui en ont assassinés tantd'autres comme ces disparus! et d'autresencore à venir sans doute que tes mainstachées de sang commencent à étrangler àl'abri de tes murs!

    ... Et brûlant aujourd'hui de l'espoirinsensé que tu puisses t'appeler Jeanned'Arc!

    Tu souffres, mais d'un manque decrédits, Lecanuet, oui! Car cela t'empêchede construire de nouvelles murailles et denouveaux barreaux derrière lesquels tupourrais mieux faire périr des êtreshumains!

    J'apporte mon témoignage vécu égaIe-ment à mes compagnons détenus et à laconnaissance publique: celui d'un jour de1972, lors d'un autre incendie dans cetombeau d'Ensisheim où un autre toi-mêmevoulait et nous ordonnait de rentrer dansnos cellules complètemen t enfumées, souspeine de nous foutre au mitard pourrebellion ! Je fus l'un de ces rebellesrefusant de participer à cette tentatived'homicide volontaire, mais aussi l'un deces rebelles à se porter présent pourmeîtriser ce feu et par là-même à empêcherta « bourreaucratie » de tuer mes cama-rades enfermés !

    Une fois encore ce jour-là, avant lescasernes de pompiers, c'étaient les chenilsdes chiens d'une autre Ponia qui venaient« assurer la sécurité des prisonniers» !Salauds!

    Non, Lecanuet, tu n'éteindras pas tout!Il est des feux dont tu ne parviendras

    jamais à bout, toi et tes sapeurs: des feuxque nous activerons sans cesse et quibrûleront dans "os cœurs et dans nostripes!

    Tant que ma salive ne se transformerapas en essence pour te cracher dessus !

    La balance de ta justice, Lecanuet? Ellepenchera un jour en faveur de la nôtre« morte ou vive ) !

    Ex-matricule d'Ensisheim: 1923Nouv6BUmatricule: 1 48 08 56 (J(J7 164

    PantomineLe système judiciaire actuel ne se

    base que sur 1e passé (les antécé-dants) et sur des hypothèses plus oumoins fumeuses (capable de). On con-damne non pour ce que vous avez taitmais pour ce que vous auriez pu ~alreou dans l '~tat d'esprit ou vous l'avezfait. On l'a vu au jugement de JeanLapeyri e à Nanterre et personnel! e-ment au mien, j'en al encore une bon-ne preuve. Pour la justice. il faut con-server la loi des bonnes moeurs, ilfaut travai Il er. Le travai 1 n'est pas en-core obi igatoi re en France comme Ill'est en Russie ou l'était du tempsd'Hitler. Mais vis-à-vis du systèmejudiciaire il l'est. La première ques-tion que l'on vous pose et que l'onvous rabache après quand vous avezaffaire à la justice: « Travaillez-vous-C'est le grand critère. si votre réponseest oui alors vous avez peut-être unechance à l'Indulgel1ce. vous êtesrécupérable; mals si c'est non alorsattention, vous êtes Irrécupérable etla peine sera trés trés lourde. A l'épo-que du chômage le délinquant ou fu-tur délinquant doit travailler s'II veutavoir une chance d'avoir une pseudojustice. On ne se pose pas 1a questionde savoir si ce n'est pas le chômagequi pousse à la délinquance. Vous netravaillez pa~ pour une raison ou uneautre vous etes un futur délinquant.C'est de cause à effet. Mal s personnene s'intéresse au fait que s'II n'y avaitpas de chômage. de misère. d'explol-

    tation. il n'y aurait pas de délinquanceLa justice n'a pas évol ué depul s Na-poléon et dans la société actuelleelle n'est pas près de changer.

    Nous sommes dans une société derépression pour que ies gens acceptentde rester passifs dans cette sociétéil faut qu' i 1 Y ai t répression. On pous-se done à la délinquance pour fortifiercette répressi on. Gr~ce à l'Informa-tion. on matraque les nouvelles devol s, d'attaque à mai n armée et deprises d'otages, on dramatise les faitson appuie sur les ri sques pour le pu-bl ic « Innocent», en oubl i ant bien sûrde préciser que souvent cela vient dela manière pol ieière que les faits de-viennent Irrémédiables, alors on monteles faits en épingle pour que le pIJ-blie prenne peur. Ce qui permet dedurcir le système policier et la répres-sion pénitentiaire. Le chemin est en-core long pour atteindre le dernierpoint du Comité d'action des prison-niers, 1a suppression total e de 1a prl-son. Nous sommes encore si loin dé-jà des premiers points récl amé s, Lesréformes mervei lieuses ou pl utôt « pré-sentées» comme telles lors des ré-vol tes et des manifestations des pri-sons en 74 n'ont été que des bouchesd'Incendie pour éteindre le feu quiprenait aux poudres et dont ils aval entpeur que cel a fasse tout sauter. Si ona oublié de faire les réformes. on n'apas oubl ié les événements et on joueencore dessus. L'autre jour au pal ai sà un jugement n'avons-nous pas en-tendu • Il veut se racneter t il a eu unebonne tenue pendant les événementsde 74. alors on peut lui donner l'in-dulgeance _. Cette pantomlne appeléejustice qui vit par la misère et la souf-france des hommes est loin d'l!treéteinte et de s'humaniser. Pour s'enrendre compte il suffi t d'ail er au pa-lais et d'écouter les verdicts et on atout de suite compris que les parolesprononcées pendant les révoltes n'é-taient que des serments de politicienspour endormir ceux que l'on voulaientaprès mieux garottés. Oui nous avonsà faire à forte partie; cette sociétéest bien montée même si les bases sont .vétustes et fausses. Mals l'enchevê-''trement est bien agencé: le systemepolicier. judiciaire et pénitentiairen'est qu'un parallèle de cet enchevë-trement mal s Il en est une des prin-cipales et le jour 01) celui-ci s'écrou-tera le reste suivra.

    Christian LEJEUNEex-détenu 173555 en provisoire

  • lE CAP, journal d,_sprisonniers, juillet/aoOt 1975,5.

    Les .eneurs onl bon dosUne fois encore, il va être fait pro-

    cès à quelques-un de nos camara-des de la Maison d'Arrêt de Melun,qui se sont révoltés contre la non-application des réformes, pourtantclaironnées à l'opinion publique surtous les tons du lyrisme bourgeois.

    Ne pouvant inculper tous lesdétenus, la répression prétend frap-per quelques uns d'entre eux en les« baptisant », pour les besoins de lacause réactionnaire, les « instiga-teurs )) ou les « meneurs )).

    le procédé est bien connu. No-tons que, selon les circonstances,ce sont les mêmes vieilles idées,chères à l'administration péniten-tiaire, qui réapparaissent alternati-vement, soit considérant la res-ponsabilité comme « collective ».soit le pÔleopposé de la même idée,prise opportunément, désigne quel-ques « têtes de Turcs )) qui serentfrappéS à titre d'exemple (sic).

    On pense tout de suite auxfusillés « pour l'exemple) de laCommune, à 14/18, aux guillotinésdémocratiquement condamnés par

    la fameuse « section spéciale », etmille autres saloperies procédantdu même esprit.

    En fait « d'exemplarité )), nousaffirmons notre entière solidaritéavec nos camarades qui vont com-paraître prochainement. Et, certes,qu'on sache bien que cette con-damnation, autre titre de cette loiscélérate, ne saura que nous déter-miner un peu plus, et à organiseravec plus de conséquence notrelutte contre la répression qui oseencore user et abuser d'une loiinique, de l'avis même de quelquesmagistrats progressistes (que noussaluons au passage 1).

    De plus qu'on prenne garde àcondamner sans cesse nos cama-rades, nous nous en souviendrons lejour où le rapport des forcespermettra une nouvelle offensivecontre le système pénitentiaire ré-pressif 1 QueUesque soient les diffi-cultés, nous sommes déterminés àlutter par tous les moyens, nonseulement jusqu'à ce que les misé-rables promesses soient enfin te-

    nues (parloirs libres, libertés condi-tionnelles systématiquement accor-dées, comme le permettraient déjàles textes en vigueur et le S.M.I.C.pour tous les détenus-travailleurs,etc.).

    Mais encore jusqu'au m.oment oùles conditions de détention répon-dront au mot échappé à Giscardd'Estaing (qui devait, décidément,se croire en démocratie 1) à savoir:« Laprison, n'est que la privation deliberté ... Un point c'est tout ».

    l'administration pénitentiaire etla justice de classe qui la pourvoieet la soutient, auront les lendemainsqu'ils se préparent 1

    Tous solidaires ... ne laissons pascondamner nos camarades 1

    la lutte continue 1 Brisons noschaînes!

    P. NOULET, C 319,REILLE C 310,MOISAN, C 323,MANSOUR, C 317Philippe La SantéC. LEGUAy, 746,A. BEOTHY, 7660.J. LAPEYRIE,42269 Fleury

    J. DEMAISON, 645654Fresnes

    P.S. : Ce texte circule actuellementà l'intérieur de la prison de la Santé.

    Pour mémoire. Scène toujours J' octuol ité.

    Témoignage sur la révolte de ClairvauxVersion plus précise des faits par

    un gars de CIalrvaux:

    Rommel, malade, non soigné, a cas·sé deux cellules dans des crises d'épi·lepsie.

    150 gars du bâtiment A tapent dansles portes pour le faire hospitaliser,ce qui est fait immédiatement.

    Le lendemain, vendredi, deux garsdu quartier, Normondin et Decrossacprennent 15 [oare de mitard pour levacarme de la veille.

    Tout le bâtiment B demande c.' voirle directeur pour les faire sortir; une

    délégation de quatre du bâtiment Bet cinq du bâtiment A.

    Ferrand, directeur de Clairvaux,réfléchit un moment, mais Scriva, chef·odi oint qui remplace Villar en vacan-ces dit: «No«, pas question qu'onlache~. Alors les gars du bâtiment Bvont au A avec masses, pioches, bar·res de fer, marteaux, etc.

    Samedi entre 2 et 4 heures du matin,au bâtiment B, réglement de comptesentre deux Arabes, Boudiema et Akou·che: deux morts.

    Cadic (bombe lacrymogène) et Baara(tête éclatée por grenade OF) sont

    tués par grenades jetées de l'hélicop-tère sur les toits.

    Bouazza et Rossi (?) sont blessésgrièvement lors de l'assaut au PetitCloftre qui pourtant n'avait pas bou-gé. Bouaz z« a dû mourir à l'hôpitalet l'autre amputé d'une iambe et desparties.

    Le C.A. P. est peu connu à Clair-vaux.

    Les paquetages des détenus ontété honteusement pi liés par les sur·vei liants ••. pour être revendus et payerle milliard de dégâts.

    JEROME

    Août 74à Fleury

    Août 1974... le soleil brille, maisun peu partout en France, l'agitationdans les maisons centrales, s'aggra~ve! Clairvaux, Nfmes, Loos, Melun,etc.

    Mécontents des mauvaises condi-tions de détention, des brimades inu»tiles et répétées de leurs droits mé-prisés! et désireux de ne plus êtreconsidérés comme des matricules ....afin de retrouver leur dignité fouléepar l'administration pénitentiaire, lesdétenus .passent aux actes! lassésdes promesses réitérés, [amal s. te.nues ...

    Par solidarité, les prisonniers detoutes les prisons de France se joi-gnent au mouvement.

    Fleury-Mérogis, tripale 04... Pro-menade des jeunes détenus un après-midi sous une chaleur étouffante •••une vingta·ine d'entre eux escaladentle couloir reliant la détention aux

    ateliers et réclament les autoritéscompétentes pour sQumettre leurs re-vendications... ceci sans hurlements,ni heurts de leur part. La directionrefuse le dialogue et fait entrer enlice les forces de répression bardéeset casquées de cuir aux matraquesmeurtrières et efficaces! Grenadeslacrymogènes tombant en pluie ser-rée... quolibets insultants à l'appui.les CRS chargent.

    Les détenl,Js se rende_nt sanS réac-tion de violence et s'allongent surle béton des cours ••• les matraques selèvent et d'Qlbaissent en un rythmeparfait, les accompagnant jusqu'auxcachots.

    Le lendemain, en signe de protes-tation, ou le traitement infligé à leurscamarades, quelques détenus grim-pent, cette fois, sur le toit de la pri-son! ils y restent du matin au lende-main après-midi, les forces de l'ordrfl!font irruption sur le toit à leurs tour•••tapant à tour de bras armés de ma-traques les détenus, les obligent en-suite à se dévêtir, de même qu'à s'al-longer sur le toit, les quolibets me-naçant pleuvent: «Les travestis, onva les jeter du tolt», Menacé par lesCRS: «On va te foutre le bout de ne-tre fusil dans le •..• un jeune détenutravesti (R. T.), apeuré se réfugie surl'extrême bord du toit et menace de ~ejeter dans le vide si les CRS appro-chent... matraques levées. ces der-niers approchent, le détenu se jettedons le vide.

    Tandis que des prisonniers du ha-timent 02 se mutinent et que poursui-vis par les CRS... ils se réfugientdans la cour de promenade du Bt. 03à l'heure où les détenus de cette tri-pale se promenaient dans le calme •••

    Sans distinction, la valse 'des ma-traques recommen cen t! C'est l'achar·nement pur et simple où se mêlent lahaine et la sauvagerie, qu: pleut sursur ces hommes sans défense.

    C.A.P. Intérieur FLEURY

    (R. T.): Roudon Thif'oifY

  • '6: LE CAP, journal des prisonniers, juillet/.oOt 1975

    PAR-DESSUS LES MURSBRISONS LE MUR DU SILENCE

    Jean-Louis l.ewandowskv. qui avait faitune grève de la faim de plus de 30 jourspour appuyer sa demande de libérationconditionnelle : transféré à la Centralede Poissy.

    Notre camarade Fuzaro, dit Tony, enpréventive depuis deux ans, demande àpasser en instruction, pour cela monte surle toit du bâtiment D 5, les 12,13, 14, 15mai 1975, affirme sa solidarité avecd'autres détenus isolés, est transféré,pour ces raisons-là, au D.4 et mis enobservation psychiatrique.

    Lucien Liparodi qui, par voie d'affiche,cornnosée avec des co-détenus, appelleles matons et les détenus à dépasser ladivision et la haine que veut leur imposerl'administration pénitentiaire, à propos del'affaire du surveillant tué à Brives:transféré au D.4 où il ne reçoit plus nicourrier, ni cantine.

    Patrick Noulet· avait accompli unegrève de la faim de plus d'un mOIS, sa luttecourageuse avait pour but d'obtenir .pourtous les détenus la liberté d'information etd'expression totale, conformément à lacirculaire Lecanuet du 24 août.

    Jean Philippe, solidaire de Patrick aélé transféré de la prison de la Santé,afin d'être séparé de Patrick Noulet, àFleury au D 5 mis à l'isolement pUIS,comme les détenus du D 5 l'avaientappris, transféré au D 4.

    Catherine Leguay - Fleury Femmes etJacques Demaison à Fresnes - isolésparce que militants du C.A.P.

    Mohammed Souli, jeune Tunisien quirefusait l'expulsion après huit mois detaule au 0 5 pour un vol de'180 F, et avaitannoncé à toutes les autorités qu'il setuerait en cas d'expulsion - il demandaitle libre choix des frontières: découvertmourant le 26 mars au matin,à 7 heures,mort faute de soins à 8 h 30.

    Jean-Luc Labsolu, 19 ans, pendu endécembre 1974 au D 4 parce que le jugeCucq refusait à ses éducateurs la seulefamille qu'il avait le droit d'aller le voir, etqu'i' n'avait plus personne.

    A.lain Khettib, 23 ans, de Nanterre, pèrealgérien, mère 'française, embarqué levendredi 25 avril 1975 parce qu'il avaitété témoin du tabassage de ses camara-des au commissariat de Nanterre, l'un desjeunes a 16 ans, tout I~ groupe de copainsenfermé à Fleury le samedi 16, lui, Khettib,parce qu'il en savait trop sur les flics deNanterre et sur la taule de Fleury, il y avaitdéjà passé 10 mois, et parce qu'il essayaitde remonter le moral aux plus jeunes etavait une « tête de meneur» séparédes autres, isolé au D 1, pendant leweek-end du 26 au 28 avril. De l'aveumême de l'Administration, pendant ceweek-end, il n'y avait personne de« responsable » pour témoigner de ce quis'est passé. Mais, ce que nous savons,nous les amis de Khettib et de sa famille,c'est qu'au moment de son arrestation -le commissaire de Nanterre l'a reconnu, ilavait très bon moral, car il se savaitinnocent, effectivement, son juge d'ins-truction avait bien affirmé qu'aucunecharge n'était retenue contre Khettib, quece n'était qu'une simple formalité admi-nistrative, qu'il serait relâché dans lasemaine, d'ailleurs tout le groupe a étérelâché dans la semaine, comment ne passoupçonner un lien de cause à effet entrela personnalité sympathique et rayonnan-te de Khettib à Nanterre, sa présencesécurisante auprès des jeunes immigrés, laconnaissance qu'il avait de la police et dela prison de Fleury, et l'influence qu'ilrisquait d'avoir auprès d'autres détenus.Son isolement n'était pas un hasard. AlainKhettib n'avait aucune raison de sesuicider. Il n'y avait aucune charge contrelui. Il avait un emploi régulier auxetablissements Pinteau; la seule raison deson arrestation est qu'il avait été témoinde graves sévices policiers sur des plusjeunes au commissariat de Nanterre; et sion l'a isolé à Fleury au D 1 durant leweek-end du 26/28 avril, c'est parce qu'ildonnait trop de courage aux plus jeunes,qui ne connaissaient pas encore cettetaule et qu'il risquait d'y devenir un« meneur», or, il devait normalementressortir dans la semaine. Ne laissons pas

    étouffer sans protester la mort plus quesuspecte d'Alain Khettib le 28 avril dansune' cellule du D 1. Sa famille exige quetoute la vérité soit faite sur ce « trou » de48 heures du week-end 26/28 avril, surlequel « l'administration» ne veut riennous dire. Ce qui est arrivé à Alain celapeut arriver à chacun de nous, parce quenous en savons trop sur les agissementsde la police envers les jeunes, les immigrésou plus simplement parce que nous neplaisons pas aux flics.

    Nous, familles et amis de détenusbrisons le mur du silence sur ce qui sepasse à l'intérieur de la taule; exigeons,dès oue l'un des nôtres est détenu, le droitde connaître, à tout moment, l'état desanté, physique et moral, de tout détenu,le droit de correspondre à tout momentavec nos parents ou camarades enfer-més!

    Il y va de la sécurité de ceux qui noussont chers, parce que le silence etl'absence d'information sont les armesprincipales de ces « Messieurs» de lapénitentiaire, et s'ils savent qu'il n'y a quele silence et l'oubli, ils peuvent tout sepermettre.

    Il y a chaque jour, parmi les 3000détenus de Fleury Hommes (et plusdepuis la crise de chômage), deuxtentatives de suicide, quant aux « suici-des» réussis, nous n'en sommes informésque lorsque des familles ou amis donnentl'alerte; de même pour les morts « suspec-tes », et, trop souvent, plus que suspec-tes.

    C'est notre peur et notre silence quisont l'arme principale de la justice et del'administration pénitentiaire. Ne soyonspas des complices passifs du bon vouloirde ces chiens de garde !

    Intervenons sans arrêt, à tout moment,auprès des juges, des directeurs deprisons des assistantes sociales, etc., ilfaut talonner sans arrêt ces chiens degarde, c'est le seul moyen de lutter contrel'arbitraire; pour chaque irrégularité, n'hé-sitons pas à alerter les journaux, la radio,les responsables politiques. C'est le seulmoyen pour nous qui avons encore lachance d'être dehors, d'aider nos frères etsœurs détenus à survivre et à en sortir.

    A tout moment, téléphonez au905 46 50, demandez Delanoy, le direc-teur, ou Barrier, le directeur-adjoint, oul'assistante sociale-chef, pour exiger detout savoir sur l'état de santé de celui quevous connaissez là dedans.

    N'hésitons pas à emmerder ... ces gensqui se disent responsables.

    Exigeons de nos élus qu'ils obtiennentle droit d'enquêter à tout moment, en toutlieu de la prison, y compris au mitard etdans les lieux d'isolement, sur le cas detout détenu, quel qu'il soit, et sans aucuntruquage.

    La vie de nos parents et camaradesdétenus est en jeu, la vie des prisonniersdépend de notre vigilance et de notreassiduité à tout savoir sur leur sort, à toutmoment.

    Le Comité d'Action Prisonniers deFleury-Mérogis

    Les familles de détenus de Fleurv-Mérogis

    Qui sont lesyoleurs?

    Samedi 12 avril 1975

    J'ai réussi à savoir (car c'est un secret)que l'Administration pénitentiaire allait metransférer dans une autre Maison d'Arrêt ouune autre Maison Centrale, où exactement,je n'ai pas pu le savoir. Ayant obtenu cerenseignement à temps, cela me permet,pour la dernière fois peut-être de vousécrire. Ce transfèrement annule tous lesefforts que j'ai fait pour obtenir l'assuranced'une 7ibération conditionnelle jl!stifiée.

    En effet, muté dans un autre endroit, il mefaudra tout recommencer à zéro, puisquedans ce nouveau lieu on ne connettre pasmon comportement, sur lequel J'Adminis-tration pénitentiaire se base pour attribuerou non a ttribuerla libération conditionnelle.

    Cette « gentillesse» je la dois audirecteurde Fleury-Mérogis: M. Delaunay.On ne me pardonne pas d'avoir été encorrespondance avec vous. Aussi sedébarrasse-t-on de moi d'une Maisond'Arrêt où je devins compromettant.

    A cela vient s'ajouter le fait que jetravaillais à la comptabilité, évidemmentdans cet emploi j'y ai vu des pratiques queje n'aurais pas dû voir. Aussi à la suite d'unmotif sans fondement s'est-on empressé dem'éliminer de cet emploi. Le directeur m'amis, ce qu'on appelle hypocritement ici en« Chômage ». Je tiens à signaler qu'il n'y apas plus « anti-détenu » que le directeur,M. Delaunay.

    Les faits pour lesquels je dois subir ce« chômage »sont les suivants, je vais vousles résumer sous forme de questions:

    - Trouvez-vous logique qu'un détenuqui achète un objet coûtant un prix donné ettrouvant que ce prix est excessif, après enavoir référé au chef de service (lesous-directeur, M. Gesson) par écrit, cechef de service lui réponde n'avoir pas reçusa lettre.

    Ce détenu, pour utilité, rachète exacte-ment le même objet et miraculeusement leprix de l'objet a considérablement baissé. Anoter que le détenu possède un catalogueavec numéros de référence des objets etleurs prix (catalogue qui est en cours àl'extérieur, dans le civü).

    Ce qui se passe en réalité (j'étais bienplacé pour le savoir) est que les surveillan tschargés de la comptabilité (surveillantWanbre et surveillan t JuheJ) interceptent lecourrier du secrétariat, courrier concernantles demandes d'achat d'objets à l'extérieur,et destiné au chef de service, le sous-direc-teur Gesson. Voyant qu'il y a plainte d'undétenu, l'objet est remis à son prix réel, etmême vendu à un prix inférieur à son prixréel (pour quele détenu ne poursuive pas saplainte). La conclusion de cet exemple(parmi d'autres) est que manifestement il ya escroquerie à un certain niveau.

    Jean-Louis LEWAND 0WSKIN°35981Fleury-M~rogis

    Fortunet, combien tu gagnes à ne rien foutre?

    «Le juge d'instruction Fortunet.récidive dans le flagrant délit de pa-resse. d'incohérence et d' illégal ité,envers deux détenus de Fleury-Mèro-gis:

    - Serge Petit, 46 .. s, diabétique,père de quatre enfants en bas-Age, quiavait entrepris en avril une grève de lafaim. attend depuis 14 mols que lejuge Fortunet veuille bien terminer soninstruction; l'état de santé de SergePetit s'aggrave.

    - Michel Femelat, dont le « Cap»avait publié dans son nO 24 un poèmede prison et un texte sur le droit devoir ses gosses, attend deputs deuxans que le juge Fortunet s'occuœ deson instruction.

    - Le juge Fonunet refuse le ticketde visite à une amie de Michel Fe-melat, ceci de façon complètement ar-bitraire. ».

    C.A.P. FLEURY-MEROGIS

    PAR-DES~

    Les taularelesdénoncent

    Au mois de juillet 7974 dès le numéro19 du CAP commençait une offensive dedénonciation de la prison des femmes deFleury-Mérogis et de sa sous-directrice,Madame Pauco, y exerçant magistra-lement et en toute impunité sa dictature.

    Seule, Catherine Leguay s'y adonnaitalors puisque seule libre à cette période. Ilest bien évident que l'administrationpénitentiaire avait alors beau jeu face àune seule personne dénonçant l'enfer derépression psychologique qui règne danscette prison. Une seule personne face àcette machine perfectionnée, au cul bienassis sur sa conscience et sur les forcesqui l'épaulent, rien n'était plus aisé pourelle Que de tenter de ieter le discrédit surson action.La vérité avait beau être nue,cen'est pas pour autant qu'elle pouvaits'imposer seule, en tant que réalité.

    Pourtant, cette dernière ne passaitnullement par une seule personne. C'étaituniquement une question de conjoncture.Et nous voilà maintenant plusieurs an-ciennes détenues à nous retrouver au seindu C.A.P. pour dénoncer, dénoncer tou-jours et plus fort encore ce que nous,femmes,devrons subir en prison. Plus queles hommes, de par l'idéologie dominantequi règne en propriétaire dans ce système,nous sommes en butte à une répressionféroce qui a déjà fait des ravages chezbeaucoup d'entre nous; Et pas des moinscombatives pourtant !

    Il n'est plus question que cela continue.Nçus ne laisserons plus les femmesdétenues se faire anéantir, détruire par lesforces carcérales en place qui estimentqu'une femme en taule n'a qu'un devoir:être réduite à l'infantilisme et fermer sagueule!

    Nous qui sommes libres, nous nesommes pas prêtes à la fermer, notregueule ! Et que ceux et celles qui nouscroient incapables de marcher, unies, aucombat cessent de se leurrer s'ils neveulent pas un jour. en crever de dépit.C'estensemble que nous luttons à présentcontre les prisons, pour foutre en l'air cesystème, c'est ensemble que nous vain-crons.

    Agnès OUIN - 629 Fleury-MérogisNelly OELAMARCHE

    Catherine lEGUAY - 9320 Fleury-Mérogis

    Nous tenons à remer-cier très sincèrementnos camarades de laprison de Fleury-Méro-gis qui ont tenu à mani-fester leur soutien poli-tique et matériel au CAPen nous faisant parvenirune collecte de timbres-poste.

    Cette marque de soli-darité nous a beaucouptouchés et nous renfor-ce encore dans notre dé-termination.

  • LE CAP, Journal des prisonniers, Julllet/aoOt 197&. 7

    IS LIS MURS PAR-DESSUS LES MURSJustice et police : l'arbitraire légalisé!

    M. GENDRE Jean-Claude ,·ô.163576-2/14142, rue de la Santé75674 PARIS CEDEX

    En ce 25 avril 1975

    à Monsieur le Président,Messieurs les ConseillersComposant la Chambre d'accusation deParis.

    Messieurs,

    Ce mémoire estle double d'une lettre quej'adresse ce jourà Monsieur le ministre de laJustice et Procureur général de Paris. Cettelettre a un caractère public, toutes lesinformations qui y sont données peuventdonc être publiées.

    En réponse à mon mémoire du 24 février1975, M. Philippe Sa uza y, chef de cabinetde Monsieur le Président de la République,parlettredu21 avril 1975, n0046917, me faitsavoir que Monsieur le Président a prisconnaissance des faits d'injustice, ettransmets à Monsieur le Garde des Sceaux,ministre de la Justice, chargé d'examen etd'in tervention.

    Je remercie cette prise de position etl'aide à me sortir de cette situation quechacun comprend certainement tout ledrame.

    Je me permets de préciser quelquesdétails importants. Par lettre du 9 avril 1975,j'avertissais Monsieur le Président Sacotteque j'avais reçu le 7 avril 1975 une lettre deMonsieur Lebihan, prouvant que la polices'était moquée de ce magistrat. En rapportdu dernier complément d'information,nous verrons le rôle non négligeablequ'a joué la police, accepté par certainsmagIstrats qui à leur tour feront des« erreurs purement matérielles ». Je citeque Monsieurle patron syndical de la policea déclaré publiquement :

    « La police travaille souvent dansl'illégalité et les magistrats l'acceptent ».

    OutrelalettredeM. Lebihan, unelettreenma possession de Me Nicole Milhaud endate du 17 mars 1:1/5, confirme unchantage ... dela police sur Mme Sanchez ...Tout magistrat connaissant le dossier auraitpu depuis longtemps établir ces faits. MeMilhaud fera une demande à son batonnierpour témoigner. En outre, des agents de lacompagnie de circulation du Val de Marneavec une voiture de dotation Renault 4L, enrespectant scrupuleusement les règles de lacirculation, ontfait une expérience par deuxitinéraires différents. Le jeudi 31 octobre1974, à partir de 16 h 35, heure de départsmassifs de véhicules à l'occasion duweek-end prolongé de la Toussaint: 1er:33kmpour46mn = environ 1 mn 4Opourune Renault 4L !La firme Renault donne1 mn 67 au Km, sur piste à sa voiture, bref,le plus dur à comprendre est comment unevoiture R4 peut partir de différents endroitsle même jour? même heure? mêmedestination ? Sans choquer Monsieur lePrésident Sacotte et Monsieur le ProcureurCornardeau de la 2e Chambre d'accusationde Paris.

    Je comprends qu'après temps de rejet deliberté incontrôlé, plus fantaisistes les unsque les autres, que certains magistratspréfèrent agrandirle préjudice causé, plutôtque d'avoir l'honneur de reconneître leurserreurs. Dans le mémoire du 16mars 1975,jesignalais déjà plusieurs faux, inexactitudes,erreurs de la police, plus les pressions que letémoin Dehon a subies, avouées par elle aumagistrat instructeur, inscrit au dossier.Toutes ces malfaçons ont été signalées àplusieurs reprises tant en cours d'ins-truction qu'à la Chambre d'accusation.Cette dernière a du reste commis plusieurs« erreurs purement matérielles ». J'ajouteque rien n'empêche la Chambre des misesen accusation de me rendre ma liberté. Eneffet, le législateur a prévu une loi le 17juillet1970, renforçant les libertés individuelles.

    '." Pour quel motif la Chambre viole cetteloi? Alors qu'elle est consciente de lamauvaise instruction subie et des « erreurspurement matérielles » Qu'elle a faites.

    La Chambre se substitut au législateurrefusant depuis 34 mois à un innocent saliberté prévue par la loi du 17 juillet 1970.

    Le refus de liberté est dû à la fierté et àl'orgueil de magistrats ayant fait tellementd'erreurs, ne permettant pas à un détenuqui en plus a un passé judiciaire, de leur faireprendre conscience des violations de loi enplus de leurs erreurs ? - Ces magistratspréfèrent garder un innocent en prison,plutôt que respecter les lois du législateur.Pourtant lajustice possède tous les moyensde maintenir autrement qu'en prison uninnocent affligé de 34 mois de prison« dëtention provisoire ». Je citerai unephrase de M. Pleven, ex-ministre de laJustice: « Les magistrats prennent pourcoupables toutes personnes entrant dansleur cabinet ». Je joins à cette demande deliberté, l'enveloppe de M. Lebihan Michelmanuscrite avec l'adresse de ses parents oùil se trouve actuellement, date du cachetPTT 17 h, le 7 avril 1975, et l'enveloppe deMe Nicole Milhaud datée du 18 mars 1975.

    Chacun comprendreque je ne tienne pasà me défaire des lettres. Prouvant lesturpitudes faites tant par la police que parles magistrats, je ferai publier ces deuxdocuments.

    J'envisage une prise à partie contre leChambre d'accusation, qui aurait pu obte-nir ces documents et accepter les confron-tations demandées comme elle l'avait pro-mis, et non se laisser moquer d'elle- oufermer les yeux, afin de couvrir leur collègueLassus, et maintenir un innocent, d'ins-truction primaire, aucune phrase ne peutêtre considérée comme une insulte nem'abaissant pas à cela.

    Recevez, Messieurs, mon profond res-pect.

    J.C. GENDRE

    UNE FLEURY

    Cinq bâtiments dans la prison, cinqrèglements, cinq chef. de service.

    Au D3, commandé par M. Chauvet,jeune chef de service, qui ne veutprendre ni le parti des surveillants,ni celui des détenus, rien ne marche.

    " a été pondu dans les hauts bu-reaux qu'il fallait instruire les déte·nus ... quelle blague ••• Une dizaine deprisonniers suivent des cours, pour leBE PC par un instituteur venant de l'ex-térieur. En arrivant dans la classe (2cellules car les salles prévues pour,étant trop bien, servent ci autre cho-se), si le prof veut un peu de propre·té on lui apporte un balai en lui di·sant de se débrouiller. Une ampouleétant défectueuse on lui en a apportéune autre, toujours en lui disant de sedébroui lier, le globe étant coincé, lecours s'est passé sans ampoule.

    Comme les cours sont la faveulsuprême, ils tombent ci la place despromenades neuf fois sur dix, il est ditaux détenus que c'est le cours ou lapromenade et que récupérer la prome·nade avec un autre étage c'.st lmpen-sable'

    Depuis plusieurs mois, d'autresbâtiments ont la possibilité .J'achet.,.un lecteur enregistreur pour le. coursscolaires de radio France. Cette pra·tique est toujours refusé au 03 oùle chef de service a déclaré ci un dé·tenu qu'II y avait dtis Anglais dansla cour s'II voulait 'perfectionner lesien'

    Le vendredi 9, jour de la cantinealimentaire (certains acceptant d'êtreexploités dans les ateliers dans le

    PRISON-MODELE ••seul but de pouvoir améliorer leur or.dinaire), il était prévu des yaourts,mais ceux·ci se trouvant périmés cemême jour, la solution a été vite trou·vée, la cantine a été avancée de deuxjours. Donc ceux qui commandent desyaourts pour leur semaine, ont étéobligés de les manger en deux jours.Payant la marchandise au prt« fort ilserait logique, il nous semble, de nepas avoir les rebus de certains four·nisseurs •••

    Pour toutes protestations dans cebâtiment, la réponse qui vous est faiteest: si vous n'êtes pas contents vousallez aller au 4e, le 4e étage étantle mitard de Fleury-Mérogis.

    Les surveillants ne comprenant pasque les détenus puissent suivre riescours, car eux ci demi illettrés pour la

    LA VlEDEŒATEAU!

    plupart, avaient bien un métier, re-gardaient d'un sale oeil les Institu·teurs. Mais depuis quelques joursc'est la guerre car un instituteur etun surveillant se son.t disputés sur leparking pour une histoire d'emplace.ment. Depuis les surveillants se sontpassés le mot el comme c'est eux quicommandent dons la tripale ••• '

    Ca a été la croix et la bannièrepour obtenir «Libération t en cantineet nous ne pouvons toujours pas ache·ter, '10US abonner au journal du «Cap t.H 'y aura/t·iI q!/e ces journaux ci direque la vér ité... Cefte vérité qu 1 dé.range beaucoup de monde.

    Pour les promenades la tripale 03 a5 ou 70 minutes de moins que les au.tres bâtiments car les braves sur.veillants ont estimé que nous met.tlons plus de temps que les autres ciremonter. Ceci parm) pas mal de briemaJ.. peur montrer: ",'ou 03 le ma·ton est roi. Il nous a été laissé en·tendre que les survei liants refuse·raient de distribuer le journal «leCap t si celui-ci éta..lt vendu. On s'a·perçoit que l'abolition de la censuren'e.t m,..m. ".,. ".",.If.",... etl'on "",., ....... Jer , •• , rôlejoue un clt., fl, .,''',,. d.ft' un bâ.t/ment com.... 1. n"".

    Cette lettre e" un. partie de cequi ne va pa. ou D3 et a été laite encommunauté.

    LES 3 ETÂGES DU D3

    L~s . libéralismedes réformes

    M. GENDRE Jean-Claude2/14175674 PARIS-CEDEX

    Ce 6 juin 1975

    àMonsieur le Président,Palais de l'E/ysée75 - PARIS

    Monsieur le Président,Je me permets de solliciter de votre

    bienveillance, en toute simplicité, croyantà l'attention que vous porterez à ce fait. Jene le fais à ma cause propre, puisque cetétat de fait s'avère déjà vécu, mais jetenais à vous en témoigner, pour d'autrescas futurs qui pourraient, malheureuse-ment se dérouler identiquement

    Le 23 mai 1975, ma mère décédait àl'hôpital de Corbeil. Le 27 mai j'apprenaisla triste nouvelle par ma sœur venant merendre visite.

    Après trois demandes de oermissionrefusées, j'obtenais tout de m'me d'alleraux obsèques de ma mere, accompagnéde trois inspecteurs, à la conditiond'accepter les menottes. Sinon c'était lerefus. Une très forte révolte s'empereitalors de moi, j'acceptais cependant lesmenottes, proclamant toutefois t'rrespon-sabilité de mes actes.

    Mademoiselle l'assistante sociale mecroisant au départ s'est aussi révoltéecontre la démocratie française.

    Ma révolte, mon silence durant le tempsdu trajet ont malgré tout déclanché « ungeste humain » de ces inspecteurs, qui à500 m. de l'église m'ôtaient les menottessous la promesse de ma tranquillité.Pendant deux heures trente environ,cérémonie église, cimetière, je ne les aiplus revu 1Je suis retourné à eux pour rentrer... Sans ce geste des inspecteursprenant eux-mêmes la responsabilité, ladouleur, la révolte auraient poussé unevive réaction. Quelqu'un aurait-il crié à quila faute?

    Mademoiselle l'assistante sociale mefaisant appeler par la suite a trouvé grandel'hypocrisie de ces méthodes.

    En effet, ne aouveit-on me lâcher plust6t Que je puisse une dernière foisembrasser ma mere ? Au mteux m'accom-pagner à l'hôpital du temps de son vivant,où elle me réclamait? Ayant à cettepériode fourni des certificats médiceux. lapermission me fut refusée.

    J'estime qu'un simple appel téléphoni-que n'aurait guère dérangé un secrétairedu Parquet.

    Etant en détention provisoire, innocent,voilà les gestes humaines nue le Parquetaccorde 1 Je ne pleure pas mon cas,d'autres en sont aussi affli.Q(Js.

    Vous comprendrez ce qu'un fils /leutressenur oe n avoir pu emoresser sa mereune dernière fois. Faute d'hommes ancrésdans l'inertie ne cherchant qu'à enli-ser - pris dans une mécanique, tralfSfor-més, usés par elle.

    Depuis le 23 octobre 1973, je n'ai pasété entendu au Palais, malgr(J mesmémoires, grève de la faim, cris d'inno-cence:

    C'ât pourquoi je vous demanderaid.'intervenir, afin que d'autres ne subiSStlntpoint ces faits d(Jmoralisants, aviliss.nts,tuants.

    Par a"'t du 20 dkembre 1974, onreconnaissait que mes nom et p,wnométaient « un« erreur purement T'nIIMtieI-le ». Par a"'t du 30 mai 1975 on reconmift« une présomption JI. Trente-cinq moisque l'on joue au c"'t et j III souris.

    Ce refus de permi~-sion est indignej'homme de notre 4~ -que. Bien hum-blement, votr justice que vous dilsirezhumaine vou poignerde dans le dos.

    Croyez en ms sincilriM, Monsieur lePrësident. et veuillez agrler j messentiments. nSpectuflux et profonds, lIinsiqu'j tous mes remerciements.

  • 8. lE CAP. journal des prisonniers. juillet/aoOt 1975

    A qui le pouvoir sur les détenus?Entre la magistrature et l'administration péniten-

    ti ai re 1a guerre est déc 1arée.Le motif: le contrôle de l'exécution des peines.Là encore, nous assi stons à la dual i té du pou-

    voir giscardien: M. Lecanuet penchant plutôt pourles magistrats et affichant un air 1lbéral , réformettesà l'appui.

    Il «semblerait» que M. Poniatowski, le ministred'Etat passe partout, représente, lui, la patrie dureet cherche, de ce fait, à tenir les rennes de l'admi-nistration pénitentiaire, puisque la magistrature quise veut 1 i bre 1 u i échappe franchement et à des po-si tions trés fermes contre ses propos.

    Aussi a-t-il décidé de faire pencher la balance dede son côté et d'ôter le contrôle des peines à la ma-gi strature donnant tous pouvoi rs aux di recteurs d'éta-bl i ssements.

    Ceci pour démontrer le. caractère 1ibéral de sonrégime ne pouvait se faire violemment sans provo-quer une levée de boucl iers chez les magistrats.

    Aussi a-t-on oeuvré dans l'ombre. Depuis toujours,il exi ste une querelle entre directeurs de prison etmagistrats chargés de l'application des peines, cesderniers ayant tout pouvoir.

    Il était donc évident que le projet de voir enfinles directeurs maîtres de leurs .décisions chez eux,ne pouvait que les ravir en les payant de leurs luttescontre une magistrature qu'ils détestent très ouver-tement.

    Depui s quel ques jours nous assi stons à un défer-lement de proclamations sur les ondes de diversesradios.

    M. Hubert Bonaldl que l'on présente faussementcomme le directeur de la Santé alors qu'il n'est quedi recteur-adjoi nt, se répend sur «les perml ssionsque l'on accorde à n'importe qui et l'on a vu de dan-gereux gangsters en profiter pour rejoi ndre les fa-mi Iles du mil leu, etc,»

    ••• «Que bien sûr il faudrait que les directeurs deprison aient plus de pouvoirs au lieu des juges d'ap-

    pl ication des peines, alors on verrait de vraies en-Quêtes familiales et seuls les gentils détenus sor-tiraient en permlsston,»

    Pour les besoins de la cause, on n'a pas hésitéà proposer n'importe qui pour mettre les juges d'ap-pl ication des peines en rnauval se posture.

    Et qui a-t-on chargé de cette vilaine besogne?Le directeur de la Santé? Non pas M. Hubert Bonaldi,secrétaire général F.O., que ceux qui y voient unsigne de manigances se considèrent comme de mau-esprits.

    Vous pensez bien que ce sont les personnel s pé-ni tent i ai res qu i ont dû demander à 1 eur secrétai regénéral qu'ils voulaient que ce soit lui qui contrôleles détenus! Eux que personne n'écoute, qui sonttraités comme des chiens et n'arrivent même pasà avoir une augmentation, ils se foutent pas mal deces querelles et ne pensent Qu'à se tirer après leurs6 heures dans cet enfer ••• et à toucher leur paye pasvolée.

    Alors nous on préfère une magistrature à moitiélibre pour nous aider •••. que le totalitarisme de lapénitentiaire, on a eu déjà des camarades qui sontmorts trop curieusement alors que la justice peutavoir un oeil dedans, que serait-ce 51 elle n'avaitpl us volx au chapitre?

    Patrick Mirval mort dans un ascenseur lorsqu'IIétait accompagné de deux surveillants, et Vldeiraau mitard de Fresnes

  • lE CAP, [ournal'des prisonniers, juillet aoOt 1975. 9

    Une société sans prison ...la révolte des prisonniers dans

    diverses maisons d'arrêt, centrales,nous posent le problème d'unesociété sans barreaux, sans prisons ...

    Même à notre époque de grandestribulations, nous avons tendance à réagir,en fonction d'idées recues et de crainte del'imprévu, et, nous nous accordons faci-lement de la maxime suivante :

    « Les prisonniers en prison, les bonnesgens en liberté, et, les vaches seront biengardées )J.

    La limite est souvent plus fragile quenous le pensons entre ce que nous dési-gnons d'honnête ou de malhonnête.

    Oui est voleur dans notre société? Lesouvriers de Lip qui défendent leur outil detravail ou les actionnaires qui ont dilapidéles biens de l'usine (la répression policièrene s'est exercée qu'envers les premiers).

    Oui est responsable de la misère?L'ouvrier qui se laisse parfois tenter pardes travaux au « noir» ou les patrons quidisposent du droit illimité de renvoi de leurpersonnel, sans se préoccuper desproblèmes sociaux et familiaux que Celapose? (essai non transformé à l'usineRateau).

    Notre instinct de défense a tendance ànous faire réagir passionnellement. nouscachant la vérité de la situation, en nous

    en montrant que les excès, paralysantainsi notre générosité.

    Le qoût morbide de la sensation guidecertaines personnes intéressées qui, profi-tant d'une tendance émotionnelle pourconditionner l'ensemble de la sociétécontre ce qui la trouble en l'occurenceles prisonniers.

    Dans notre France du XXe siècle,sommes-nous vraiment éloignés du mon-de des Misérables, et restons-nous pastrop souvent insensibles devant la con-damnation d'un voleur de pain ou detomates qui a eu la seule faiblesse d'avoirfaim? Je ne cherche pas à présenter tousles prisonniers, comme des saints, mais jene veux pas non plus hurler avec lesloups, avec ceux qui noircissent letableau, à dessin, car les gens irrécupé-rables ne sont pas forcément ceux qu'unecertaine société a déclaré comme tels, etles truands ne sont pas forcément enprison, mais passent, au contraire, àl'extérieur pour des personnes très respec-tables.

    A quoi servent les prisons? Selon ungardien interrogé à la télévision, ellesservent à rendre les prisonniers plusmauvais. Mais direz-vous, la société doit

    se défendre contre les abus de certains oualors, où irions-nous?

    Malheureusement, nous avons unesociété, faussement libérale, entretenantl'illusion, par un matraquage publicitaireoutrancier, suscitant l'envie et créant descomplexes d'infériorité (vêtements, voitu-re, maison) qui conduisent à une interpré-tation abusive, le défaut de jouissanceaidant, à utiliser tous les moyens pourobtenir le niveau de vie de la personnestandardisée.

    La société devrait être éducative et ellefavorise le désespoir, l'échec, condamneles crimes civils, glorifie les militaires et laforce de frappe, et enferment ceux quirefusent, pour des raisons de moralediverses, d'effectuer leur service militaire.

    Est-ce une façon éducative d'aider les

    prisonniers récalcitrants en les attachantparfois, avec des ceintures de contention

    qui paralysent tous leurs membres ou enles mettant au cachot, de 30 à 90 jours,avec seul univers, une planche pourdormir et, la vision du gardien, une fois parjour qui lui apporte sa pitance, une cruched'eau et un morceau de pain.

    N'oublions pas que le nazisme est né del'indifférence généralisée, et, nous savonsoù celà a conduit.

    Les appelés au service militaire, lesmalades mentaux, les prisonniers fontpartie intégrante de notre société et nousdevons l'assumer en hommes responsa-bles et non en régissant occasionnel-lement, quand la misère cachée se dévoileau grand jour ... et qu'elle provoque notreconscience, car tous les êtres humains,aussi corrompus soient-ils n'ont-ils pasdroit au respect de leur dignité, il ne fautpas mener la politique de l'autruche etpratiquer la politique d'un certain pays quine possédait pas de loqueteux, ni demalades, car ceux-ci étaient enfermésdans d'énormes souterrains pour ne pasgêner la pensée des braves gens. N'avons-nous pas une attitude similaire?

    Pourquoi, au lieu de prisons vétustes,sans hygiène, bien souvent, ne construi-rait-on pas des camps de prisonniers où se-raient conciliés la défense des uns et la pré-paration à la réintégration sociale desautres*

    Permettre au prisonnier de se réadapter,cela veut dire, créer des conditions qui netransforment pas un maraudeur occasion-nel en assassin. En conséquence, il faudradévelopper la formation professionnelle, lapossibilité d'étudier ou de travailler à des

    llî li IJ:::JL 1. t

    (1))tâches, en rapport avec ses possibilités,et, surtout préparer les gens de l'extérieurà faciliter sa réinsertion sociale.

    Les appelés au service militaire. lesmalades mentaux, les prisonniers serejoignent, dans l'habitude du mépris danslequel ils se trouvent confinés, car, à tous,il est pris un temps de leur existence quipermet de les exploiter financièrement, enleur faisant effectuer, soit des tâchesinutiles ou dégradantes, ou de favoriserdes sociétés capitalistes, qui trouvent,dans des endroits, un réservoir de maind' œuvre à bon marché (au-dessous duSMIC).

    La considération est nécessaire, autantque l'amour et la nourriture, pour qu'unêtre humain soit et devienne socialementresponsable. »

    En conclusion, méditons cette pensée,parue sur I~ mensuel du C.A.P. : « Lescheînes des prisonniers sont les mêmesque celles de tous les hommes, sanspouvoir sur leur vie : elles sont simple-ment plus visibles. ». Les détenus faceaux tentatives du pouvoir pour les isolerdans leurs luttes, ont besoin du soutien detous les révoltés. Leur colère est la nôtre.

    J.C. AUBERGERLe C .A.P. tient à souligner que,

    malgré l'intérêt cie l' ensembl e ciel'article, il ne saurait être cl' ac-corcl pour ;'éclification cie campsplutôt que cie prisons.

    " soul igne en outre: que le cc-ractère coercitif cie l'enfermementne provient point cles murs ou clesbarreaux, mais bien clu seul failcI'être garclé.

    Justice?Lettre ouverte au pouvoir de

    la justice.

    Le mardi 6 août 7974, avec mafemme et mon gosse de 4 ans, jesortais du magasin d'ol imentatio»,rue St. Thiébaut à Metz. C'est làque les flics m 'ont arrêté.

    Depuis, je suis à la maison d'ar-rêt de Metz et ma femme, après 7mois et demi de prison, a été placéà l'hôpital psychiatrique de Juryprès de Metz. Heureusement que mafamille est derrière et qu'elle s'est chargée du gosse!

    J'en ai marre, je n'a i rien fait.Un gars 1 Muller, qui est de la zoneest venu chez moi le jeudi 7 er août1974. 11 s'est reposé un peu et ilest reparti vers 11 h. 30. Le di-manche 4 août, je le rencontre denouveau; il me dit qu'il était dansune drôle d'affaire, qu'il avait tuéquelqu'un. Comme il est menteuret que j'en ai entendu parIer, je nele crois pas. En plus c'est le bou-lot des flics s'il y a du vrai là-dessous. Je lui dis que je ne leveux pas chez moi avec ce qu'ilava it fa it , sic' é ta it vra i . Qu' ils edébrouille, je n'y peux rien.

    Muller est arrêté: il raconte à lapolice que j'étais au courant! Lesdeux meurtres ont été découvertsle mardi 6 août, le jour de mon ar-restation. C'est là que j'ai com-pris ce qu'avaient fait Muller et sesdeux compagnons. L'enquête etl'instruction confirment mes dires.Pourtant, depuis on m'accuse, je'1'0 i pas de papier, de non dénon·ciation de malfaiteurs, alors queje ne savais pas forme lIement s'ily avait crime et victime!

    o 'après le juge d'instruction,M. Nauroy, après la première ex-pertise mentale, très larges c ircons-tances atténuantes, je devrais avoirla liberté provisoire. Mais monavocat, Me F iegel, du barreau deMetz, demande, malgré mon dé-saccord, une contre expertise.J'écris au juge Nauroy, quelquesjours après, pour lui dire que cen 'éta it pas uti le de faire une contreexpertise. Le juge dit qu'il étaittrop tard: la demande était partieCe juge n'a pas cessé de me pro-mettre la liberté ainsi qu'à ma fem-me: .à chaque fois c'était faux.

    J'ai tenté de me suicider en sep-tembre 1974; une nouvelle fois ennovembre. A chaque fois des pro-messes non tenue·s! Sons pitiéils continuent! 1/ y a un mois etdemi, ils ont place ma femme àl'hôpital psychiatrique.

    Le 12 mai 1975, le iuge Nauroym'appelle pour me demander sij'avais passé la contre-expertiseet me promet la liberté. Je m'ou-vre de nouveau les veines: i 'enai assez de cette prison où, à troissur 8 m2 on pourrit sur place. J'enai assez des mensonges de leursbaratin. Ils me mettent des agra-

    fes. Le 20 mai, je commence hgrève de la faim pour une duréeiIl im itée : ; 'arrêterai pour ma sor'tie.

    Le directeur de la maison d'or-rêt dit que ça ne le regarde pas,'qu' i1 ne s'occupe pas des affa iresdes détenus. L'avocat baratine etdemande de l'argent à ma famillealors que c'est bien avec sa de'mande de contre-expertise que iesuis encore là, car il faudrait, se"Ion le juge, terminer ça pour sor-tir.

    Un expert psychiatre est venu levendredi 23 mai. Le juge lui avaittéléphoné deux jours auparavant ...depuis octobre 1974 que; 'attends.

    Maintenant i 'en ai ras le bol. Cafait 10 mois qu'on me fait des pro'messes de liberté! Je n'ai rien ga'gné durant ce temps là et il fautpayer deux avocats pour ma femmeet pour moi. Et en prime, ie suistraité comme un chien! Il n 'y apas de justice en France.

    Léon GRANMASSONM.A. Maurice Barrès cie Metz

    Commentaire d'un tract distribué aumeeting du C.A.P. du 17 novembre1973 à Lyon; ce commentaire, ano-nyme, a été envoyé par la poste!

    Révolte en prison: la police auraitdû faire marcher la mitraillette.

    Ceux qui vont en prison: c'est ceuxqui n'ont pas d'honnêteté, pas de mo-rale, des fainéants, c'est les para-sites de la société.

    C'est ceux qui ont volé le biend'autrui, qui attaquent les vieillespersonnes, volent les voitures, quituent pour voler. ceux qui commettentdes escroqueries, des abus de con-fiance. Toute une catégorie de gensqui ne doivent pas aimer trav ai 11er.N'est-ce pas?

    Si la prison était mauvaise, pour-quoi les récidivistes, et ils sont nom-breux, ils l'ont connue mais ils re-commencent à fai re du mal auxhonnêtes gens. Moi, je voudrai sunejustice plus sévère car ils savent bience qu'i 1 s font.

    C'est souvent les mêmes gens quirecommencent, alors les fusi 11er çadébarrasserait la population, et per-sonne ne les pl alndralt, Ca c'est sûr.Apprenez donc l'honnêteté, la mora-l ité et comme moi le traval 1 dur, etvous n'irez pas en pri son. Il est re-grettable que la guillotine serve paspl us souvent.

  • 10. lE CAP, journal des prisonniers, juiliet/aoOt 1975

    A PROPOS DE LA MORT D'UN SURVEILLANT

    A la prison de Brive, le 7 mai, un (1)détenu a accidentellement tué un maton.

    Depuis toujours les prisons tuent: as~sassinats, suicides, assassinats déguisésen suicides. Exceptionnellement cette foisla victime est un gardien. La France s'âneuts'etmne, se scandalise. La mort d'un dé-tenu p-end quelques lignes dans la presse.Cslle d'un gardien devient une affaire na~tionale.

    Au C.A.P., on ne s'etonne pas. Dansnotre société, le vol, l'assassinat sontpartout. Le patron vole à l'ouvrier unébenne partie de ce que son rJ:jvai1 lui rap-porte. Le promoteur immobilier tue le vieuxqu'il oblige à quitter son appartement poury construire une tour de 30 étages. La vio-le.ce est partout où se manifeste l'exploi-tation: dans le travai l, dans les cites-dortoi rs, dan s 1a fam i Ile. Pour ceux desprolétaires qui refusent lës lois de cettesociété, il y a la prison et d'autre pro-létaires pour les y surveiller. Comments'étomer que la violence ne soit pas par-ticulièrement grave dans les prisons?

    Chaque fois qu'un gardien a assassinéun détenu, nous avons, au C.A.P. dit quece n'était pas le gardien qui était coupa-ble mais le système qui l'utilisait.

    Nous affirmons aujourd'hui que le détenude Brive n'est pas le responsable de lamort du gardien.

    ***l.es causes de cet acte, il faudrait d'a-

    bord les chercher dans la vie personnelledu détenu. Sur ce sujet nous ne savons rien.Qu'est-ce qui a amené cet homme en priason? Quel a été son passé, son originesociale? Dans la presse, les films à suc-cv::" le criminel est toujours présenté com-me un être sans passé, détaché de toutcontexte social, affectif, professionnel. Ilapparaît, commet son crime' puis soit dis-parait, soit entre dans la machine judiciai-re qui lui fabrique une personnalité surmesure. «On vous met sur la gueule un mas-que qui n'est pas votre personnalité ».(extrait d'une lettre d'un détenu à sonavocat).

    Mais les causes de la mort du gardiensont aussi dans la vie en prison. «On nerentre pas dangereux en prison, on le de-vient par la force de la répression et desdéception face aux promesses non • te-nuess (les détenus du C.A.P. Fleury-Inté-rieur). f)ue se passait-il à Brive? Troisgrèves de la faim, l'un des grévistes ayantdû être hospitalisé, une tentative de suici-de par pendaison. Le médecin n'avait étéprévenu de rien. Entassement dans lescellules en raison d'une arrivée récente detaulards de Tulle. Et les prisonniers deBrive auraient sans doute encore bien des

    (1) - Un? deux? plusieurs? nous ne sa-V\JOS pas exactement. Mais quelle impor-tance?

    choses à nous raconter sur ce qUI se pas-sait à la Taule les jours qui, ont précédéles faits.

    •••Face à ces événements comment réagis-

    sent le gouvernement, la presque totalitéde la presse et des Français informés de

    Sainte Dorlhac . priez pour eux.

    Hier une infirmière, aujourd'hui, en-core un surveillant. Mais depuis tou-jours jusqu'à toujours des prison-niers, tous des êtres humains qui meu- 'rent tous les jours en prison, assas-sinés par votre inconscience.

    D Assassinats physiques: infirmièrede Clairvaux, le surveillant étouffépar accident, mais, reparlon« du déte-nu découvert dans l'ascenseur, bos-tonné à mort, reparlons du détenu pen~du mais mort d'une fracture du crâneet combien d'autres, tous sont condi-tionnés pour tuer, les surveillants parpeur des gradés, les détenus par peurde la justice ou pour ne plus la su-bir passivement car ils n'ont plus rienà perdre, en clair les Buffet Bontemsles actes désespérés, vous en êtes(vous soi-disant justiciers, mais rienque bourreaux) les seuls responsables

    o Assassinats psychologiques: telBourrely René dont vous avez ordonnél'autopsie (pour prouver quoi ?), mêmes'il s'est réellement pendu ce n'estrien d'aut.re qu'un assassinat car sivous aviez tenu vos promesses, Bour-rel/y serait sorti pour aller s'occuperde sa mère tres malade dont vous ve-nez d'abréger les jours en assassi-nant le fils. D'outre part Bourrelly, iele connaissais et j'affirme que c'étaitun homme parfaitement équilibré noncandidat au suicide, en outre il étaitprimaire, trés malade 'ui-même et samère, je le répète, condamnée à mou-rir d'ici peu. Alors Madame Dorlhac,les grâces pour les non casseurs, laliberté médicale et tout simplement laliberté conditionnelle, tout ce quel'on nous reproche à longueur de jour-née, mais malgré tout ce que vous nousavez promis envers et contre tous,tout cela c'est du vent, ou alors c'estréservé spécialement aux délateurs.

    En attendant une réponse, je ne voussalue pas Madame. Dorlhac.

    Michel BRIE 47734 D3 M326Fleury-Mérogis

    façon tronquée et à sens unique?Il y a un coupable, on va s'acharner sur

    lui. On s'attaquera d'abord à sa personnephysique. N'en doutons pas, il a été etsera encore battu, maltraité, tabassé, af-famé. Qui disait que la justice privée n'existait plus dans un pays civilisé? Mais lajustice bourgeoise et libérale a besoin delui vivant pour un procès au cours duquelun jury le condamnera «au nom du peupletraiçaisj et «sans avoir subi aucune pres-sion extérieure s, Or, Mme Dorlhac promet-fait, le lendemain des faits, aux gardiensque tout serait fait pour Que la punitionsoit exemplaire.

    On invoquera ensuite la «libéralisation 1)dans les prisons. Cette «libéralisation»dont les taulards n'ont rien vu mais qui nefait aucun doute pour les lecteurs du «Pa'risien Libéré» ou autres journaux pourris.C'est elle qui serait la cause du drame.

    Tout cela arrange bien notre ministrede la Justice qui, après avoir promis 'desréformes lors des révoltes de l'été derniercherche un moyen de ne rien changer touten satisfaisant tout le monde et en ne ter-nissant pas l'image d'un régime qui se pré-tend libéral. Un décret est sur le pointd'être publié qui peut se résumer ainsi:pour 10 pour cent des prisonniers le régi-me sera un peu plus libéral, pour 90 pourcent, il sera bien pire. Un seul chiffre: ily avait jusqu'à présent un seul centre denaute surveillance: Mende, de sinistre mé-moi re, où 30 détenus pouvaient être pla'cés, il yen aura désormais 7 avec 229 pla-ces. Sur quel critère seront choisis lesbons et les mauvais détenus? La réponseà cette question, à elle seule, en diraitlong sur le sens de ce décret.

    Le 9 mai un responsable syndical desgardiens de pn son affirmait la nécessitéde séparer dans les prisons les bons déte-nus de ceux Qui sont dangereux. On avaittrouvé la solution! Si plus de moyens ma-tériels avaient été donnés à l'administra-tion pénitentiaire, si ce décret avait étépublié plus tôt, on aurait pu isoler les«fortes têtes» et le drame n'aurait pas eulieu.

    ••••Eh bien, nous dis ms non! La solution

    n'est ni dans une pseudo-réforme péniten-tiai re, ni dans l'acharnement contre un seulhomme.

    La mort du maton ae tsrtve a ete le plusprésentée comme un assassinat alors qu'elle n'était, c'est évident, qu'un accident.Lorsqu'un maton tue un détenu on invo-que toujours l'accident. Pourquoi ne pasen faire autant lorsque c'est le détenu quitue?

    Et puis, quoi qu'il en soit, par cet acte

    le détenu de Brive a manifesté sa révol-tt~ contre l'injustice, contre la prison, con-tre un système qui l'avait brimé, élimi-né, fait taire, révolte contre des mursderrière lesquel s peuvent se commettreles pires des violences sans ~e personnen'en sache rien lorsque la victime es Iunprisonnier. Mais la mort d'un homme nerésoud rien car en supprimant un gardienon ne supprime pas les gardiens et encoremoins les prisons.

    Mais ce n'est pas non ~Ius en mettantface à face un accusé et quelques jurés eten condamnant un soi-disant coupable quel'on évitera de nouvelles violences, de

    nouvelles morts.Le responsable ce n'est pas le prison-

    nier de Brive. Le responsable c'est une so-ciété qui, par sa violence omn iprésenteet quotidienne, opprime la majorité et en-prisonne ceux qui ne supportent pas cetteoppression.

    Françoise HOFFET

    Un gardien tué à Brive un mercredi, cemême jour comme tous les autres jourscinq ouvriers du bâtiment se tuaient surleur lieu de travail, de nombreux mineurstombaient victimes de la silicose. LeC.A.P. s'incline devant toutes ces victimesde l'exploitation capitaliste.

    'Je même que les patrons ne risquentpas leur vie sur les échatfaudages dan-gereux et dans les mines mortelles, MmeDorlhac qui préconise la sévérité ne vien-dra pas fermer les portes des prisons surdes hommes qu'elle aura rendus furieux enn'appliquant pas les réformes promises eten admettant les détentions abusives deplus en plus nombreuses. Elle laisse cesrisques aux prolétaires gardiens.

    Non! Mme Dorlhac! Non! Messieurs deF.O., on ne rentre p