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www.trends.be ÉCONOMIE ET FINANCES • 39 E ANNÉE • N°36 • 5,90 • P509559 • 4 SEPTEMBRE 2014 qui feront la Belgique de demain NOTRE FORCE , CEST NOTRE ÉNORME PORTEFEUILLE D’ABONNÉS ROULARTA MEDIA GROUP FÊTE SES 60 ANS 60 TALENTS RIK DE NOLF, CEO > PressBanking

Nicolas Baygert, La reconfiguration du logiciel politique belge ?

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Article prospectif paru dans Trends Tendances (numéro spécial : 60 talents qui feront la Belgique de demain), le 4 septembre 2014.

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Page 1: Nicolas Baygert, La reconfiguration du logiciel politique belge ?

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ÉCONOMIE ET FINANCES • 39E ANNÉE • N°36 • € 5,90 • P509559 • 4 SEPTEMBRE 2014

qui feront la Belgique de demain

NOTRE FORCE, C’EST NOTRE ÉNORMEPORTEFEUILLE D’ABONNÉS

ROULARTA MEDIA GROUP FÊTE SES 60 ANS

60TALENTS

RIK DE NOLF, CEO

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Page 2: Nicolas Baygert, La reconfiguration du logiciel politique belge ?

«Peu importe le sujetde la recherche. Ce que j’aime,

c’est chercher.» Deux petitesphrases qui en disent long surla personnalité de François-Xavier Standaert, ingénieur ci-vil électricien de formation, ar-rivé dans la cryptographie — l’art de rendre des messagesinintelligibles à tout autre queleur destinataire — un peu par hasard. «La cryptographiepermettait de faire le lien entrel’électronique et les maths,d’où ce choix pour la réalisationde mon travail de fin d’études,qui a donné lieu ensuite à unethèse de doctorat.»

« Dans les 10 années à venir, lecontexte politique ne fera queconfirmer des tendances déjàperceptibles aujourd’hui. Affi-

chant une perplexité teintée de défiance,on peut ainsi imaginer que l’électeur, à l’ave-nir, n’exigera plus du politique le déroule-ment d’un chapelet d’idéaux partisans etla récitation de formules incantatoires, maisbien un management providentiel du pré-sent. La dérive des pôles idéologiques finirad’anéantir l’ancien et d’ores et déjà cos-métique clivage gauche-droite. L’«offre»subsistante hésitant dorénavant entre sis-mothérapie (traitement par électrochocs)d’une part, prodiguée par des gestionnairesliquidateurs dotés d’un volontarisme tra-gique et mué par les ‘réformes nécessaires’,et d’autre part, les promesses d’un conser-vatisme maternant, une ‘politique du sur-sis’ ou le recours aux barricades en bottesde paille autour d’acquis sociaux en dan-ger.

Le métier d’élu évoluera. Autrefoishomme d’appareil, le politicien jouera deplus en plus sa partition en soliste, boostépar un éphémère état de grâce fondant

Cette redramatisation croissante desrelations entre partis, autrement ditla findu pacte de non-agression symbolisant lecélèbre ‘consensus à la belge’, aurait plu-sieurs effets,dont certains se vérifient déjà.Finie L’école des fans, cette absence de réelperdant. Fini le repêchage d’infortunéscaciques par un savant jeu de chaises musi-cales. Conséquences: une politique en modeCDD et une brusque précarité économiquepour des formations ayant connu une décu-lottée électorale.

Cette gestion de la défaite amplifiée parle choix de majorités excluantes impliqueune alternance réelle. L’alternance, cet«oxygène de la démocratie» dont parlaitFrançois Mitterrand, un concept inéditpour une génération entière d’élus, unesituation à même de revivifier le débat par-lementaire, responsabilisant les majoritésquant à leurs choix.

comme neige au soleil. Il devra encoredavantage prouver ses compétences à lafois d’aumônier’ et de communicant decrise. Le transfert accru de compétencesvers les instances supranationales (euro-péennes) ou privées d’un côté, et régio-nales de l’autre feront plus que jamais delui un élu de proximité; un lobbyiste. Ilfaudra donc continuer à jongler entre res-ponsabilisation collective et gestion del’émotion en temps réel, médiatiquemententretenue à coup de micro-trottoirs.

Du côté des partis, on songera à la for-mation de grands cartels reflétant les incli-naisons socioéconomiques. Des partis toutentiers dévoués à l’action de leader-marques, leurs figures de proue ‘média-géniques’. A la clé: une personnalisationet une bipolarisation accrue du paysagepolitique. De plus, la synchronisation desrécentes élections (régionales et fédérales)et les discussions autour d’une coalitionasymétrique présage le bouleversement àvenir des équilibres politiques et rapportsde forces existants. Une véritable catas-trophe naturelle au sein du biotope parti-cratique belge, jusqu’ici si bien préservé.

L’intérêt pour la discipline ne faiblit pas et le jeune cher-cheur décroche ensuite une bourse qui lui permet de peaufiner ses connais-sances à Columbia et au MIT,

aux Etats-Unis. De la cryptographie classique— celle qui étudie la protectionde l’information au niveaualgorithmique, il passe alors àl’étude de la cryptographiephysique — qui cherche àinclure les objets par lesquelstransitent les données à proté-ger (cartes à puces, ordina-teurs, etc.) dans les modèlesde sécurité. «C’est en particu-lier le problème des canauxcachés d’information qui m’aintéressé, précise François-Xavier Standaert. Imaginonsque l’on crypte une conversa-tion entre deux personnes. En tant qu’observateur, je suis

incapable de comprendre ce qui se dit entre eux, mais sije constate qu’un interlocuteurrit, je peux déduire que lecontenu du message était pro-bablement une blague.

Un électro-encéphalogrammedes interlocuteurs me donne-rait des informations encoreplus précises. C’est la mêmechose avec les systèmes élec-troniques que l’on pourrait

20 4 SEPTEMBRE 2014 | WWW.TRENDS.BE

NICOLAS BAYGERT,34 ANS, PROFESSEUR À L’UCL ET À L’IHECS

60 ANSROULARTA

LA RECONFIGURATION,

,DU LOGICIEL POLITIQUE,

,BELGE ?,

36 ANS, DOCTEUR EN SCIENCES

APPLIQUÉES ET CHERCHEUR EN CRYPTOGRAPHIE (UCL)

FRANÇOIS-XAVIER STANDAERT

SYSTÈMES D’INFORMATION ::SÉCURITÉ = SIMPLICITÉ::+ TRANSPARENCE:

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WWW.TRENDS.BE | 4 SEPTEMBRE 2014 21

Davy Kestens a quitté sonLimbourg natal pour la SiliconValley afin d’y lever 5,6 millionsde dollars pour sa start-up. Lesuccès de Davy Kestens reposesur la popularité de Twitter. Voici trois ans, il a conçuTwitspark. C’est un outil quipermet aux entreprises et autresorganismes de savoir trèsrapidement ce qu’on dit d’eux sur ce réseau social. Dans un premier temps, il a levé

1,125 million de dollars, essentiel-lement auprès d’investisseursbelges et d’entrepreneurs de la sphère internet appréciantl’audace de ce gamin qui n’avaitmême pas fini ses études. En plusde leur argent, ils ont donné à Davy Kestens un conseil : go west ! Il ne lui en fallait pas plus.Il voulait faire de Twitspark un partenaire des plus grandesentreprises mondiales qui l’utiliseraient pour mieuxdialoguer avec leurs clients sur les médias sociaux. Il y a deux ans,il a définitivement déménagé à San Francisco et a levé quelque4,5 millions de dollars auprès d’in-vestisseurs américains. Twitsparka été rebaptisée Sparkcentral à l’arrivée d’un cofondateur, Matt Finneran. Même mission,même ambition. «Nous voulons modifier radicale-ment la relation entre la société et le client, assure-t-il. Précédem-ment, lorsqu’un client effectuaitune demande ou une réclamation,il s’entendait dire : vous pouveznous joindre durant les heures de bureau à ce numéro ou via ce site web. Lorsque le consom-mateur d’aujourd’hui se pose

une question, il l’envoie au mondeentier sur les réseaux sociaux et s’attend à une réponseimmédiate. Le changement estradical : ce n’est plus l’entreprisequi dicte quand et comment se passe la communication, c’est le consommateur lui-même.Les entreprises sont priées de réagir vite et bien.»Dans sa clientèle, Sparkcentralcompte des entreprises commeBrussels Airlines et Mobile

Vikings mais aussi Delta Airlines,Netflix et Sears. Le Limbourgeoisattribue son succès à sonignorance. «Je ne savais rien des call-centers et des manièrestraditionnelles de gérer la clientèle. J’ai pu développer une approche nouvelle etdécomplexée. Ignorance is bliss(l’ignorance est une bénédiction,Ndlr)», conclut-il.

z S.F.

Autre conséquence vertueuse envisa-geable: une fois vérifiée et mise en pratique,l’alternance politique serait à même decontrevenir à l’inéluctabilité de toute poli-tisation structurelle. Elle apposerait unedate de péremption quant à la mainmisedes partis sur certaines structures et garan-tirait l’éclosion d’un pluralisme apolitique.Certains organismes ‘dépolitisés’ retour-neraient ainsi à la vie civile, libérés des allé-geances et logiques partisanes, favorisant— rêvons un peu — un redéploiement prag-matique et objectif au service du bien com-mun. We will see.»

DAVY KESTENS,26 ANS, COFONDATEUR DE SPARKCENTRAL

comparer à de petits cerveaux: on peutdéduire de l’information, par exempleà partir de leur temps de calcul ou durayonnement électromagnétique qu’ilsémettent.» Ces fuites physiques d’infor-mations apparaissent ainsi comme un problème de plus dans la multitude de questions de sécurité de l’informationqui se posent actuellement. «De manière générale, garantir qu’un sys-tème fait ce qu’il doit et rien d’autre est unproblème difficile, et ce d’autant plus quel’on conçoit des infrastructures informa-tiques toujours plus complexes, sans se poser a priori la question de la sécuritéou du respect de la vie privée. Y arriver de façon transparente, avec des systèmesouverts et auditables par leurs utilisateursserait un must!».

z C.V.V.

�«C’est le consommateur qui dicte sa loi.»

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