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TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX NÉMATOdES PARASiTES ou SOUPÇONNÉS dE PARASiTisME ENVERS LES PLANTES dE MAdAGASCAR Par Michel LUC, Mailre de Recherches OR.S.T.O.M. INTRODUCTION 89 A la demande du Haut-Commissariat une Mission de trais mois à nous avait été par M. le Directeur de 1O.R.S. T.O.M. Elle etait essentiellement motivée par l'apparition dans la région de Tuléar d'un flétrissement du Cotonnier ressemblant beau- coup au wilt à Fusarium vasinfectum. De grands espoirs sont mis dans la culture cotonnière pOur revaloriser les ré- gions assez pauvres du Sud-Ouest de l'Ile; le «wilt» étant une des plus graves affections du cotonnier, on s'alarma fort justement. Des nématodes ayant été découverts par M. Dadant dans les racines des cotonniers malades, il fut décidé de faire appel à un spécialiste de ce groupe de parasites pOUr déterminer quelles étaient leurs res- ponsabilités dans la menace qui pesait sUr la culture cotonnière malgache. Nous sommes arrivés à Tananarive le 23 Janvier 1957 Par suite de retards dans la végétation du cotonnier, " fut suggéré par M. Barat, Directeur du Laboratoire de Phytopathologie, d'élargir le cadre de cette mission et au lieu de la confiner exclusivement à l'étude des nématodes parasites du cotonnier, d'effectuer pluSIeurs tournées permettant de rapides coups de sonde dans le plus grand nombre de cultures possible afin de préciser si d'autres problèmes nématologiques ne se posaient pas à Madagascar. (1) C'est le résultat de ces dernières observations qui est donné ici, la question des nématodes parasites du coton- nier et de leurs relations avec le flétrissement observé dans la région de Tuléar ayant été traitée dans une autre publication (LUC, 1958). La première tournée, du 29 Janvier au 8 Février, en compagnie de /0.1. Barat, permit de prélever des échan tillons SUr les cultures suivantes : principalement canne à sucre (Ambilobe, Nossi-Be, Ambanja), caféier (Nossl- Be, Ambanja), pamplemoussier (Nossi-Be), ylang-ylang (Nassi-Be), poivrier (Nossi-Be, Ambanja), riz (Ambanja:, bananier (Nossi-Be), kapokier (Nossi-BeJ. Malheureu· sement cette tournée eut lieu au moment de pluies et le sol très détrempé, inondé même par endroits, n'était pas dans un état très favorable aux prélèvements. Les inondations autour de Majunga ne nous ont pas permis à ce moment d'examiner les cultures de cette région. Une courte tournée (14-15 Février) au Lac Alaotra, également en compagnie de M. Barat était sUrtout consacrée au manioc. Des échantillons de riz, de bananier et d'ananas fUrent également prélevés. Une tournée au Lac Itasy (18-19 Février), en compagnie de M. Brenière, Entomologiste des Services de l'Agri- culture, était destinée à l'étude des sols à Tabac. Ces sols n'étaient pas en culture à cette époque de l'année mais diverses méthodes ont permis cependant de recon- naitre la présence d'un nématode parasite grave. Au c.ours de notre voyage vers Tuléar nous nous sommes arrêtés à Antsirabe ; sous la conduite du Chef du Service d'Agriculture de cette région nous avons visité le Centre de Multiplication «Armor» de graves attaques de nématodes sur pomme de terre et autres cultures ont été constatées. Quelques champs autochtones ont été également A notre retour de Tuléar, quelques échantillons supplémentaires furent prèieves dans la pépinière de la Station d'Antsirabe. Le séjour dans la région de Tuléar fut essentiellement consacré au cotonnier. Enfin un bref voyage à Marovoay, en compagnie de M. Barat, avait pour but de vérifier si des introductions, non contrôlées, de riz en provenance des U.S.A. n'avaient pas en même temps introduit des nématodes parasites. (1) Il nous faut remercier ici taus ceux qui à un titre ou à un autre ont facilité notre mission : MM. Barat, Brenière et Caresche, du Service de l'Agriculture, et •.VlM. Delattre et Martin, de l'I.R.C.T. chez qui nous avons toujours rencontré une aide amicale et compé- tente; M. Bosser, Botaniste de l'I.R.S.M., à qui est due la détermination des plantes sauvages; Florentin Raza- findranaivo enfin qui nous seconda efficacement sur le terrain et au Laboratoi re. Une mention particulière est due au Dr Sein horst, de l'I.P.O. (Wageningen. Hollande) qui, en nous offrant les facilités de travail de son Laboratoire nous a permis de déterminer les échantillons ramenés.

Nématodes parasites ou soupçonnés de parasitisme envers les plantes de …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2015. 3. 25. · Les inondations autour de Majunga

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  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX

    NÉMATOdES PARASiTES ou SOUPÇONNÉS

    dE PARASiTisME

    ENVERS LES PLANTES dE MAdAGASCAR

    Par Michel LUC, Mailre de Recherches OR.S.T.O.M.

    INTRODUCTION

    89

    A la demande du Haut-Commissariat une Missionde trais mois à Madagasca~ nous avait été acco~déepar M. le Directeur de 1O.R.S. T.O.M. Elle etaitessentiellement motivée par l'apparition dans la région deTuléar d'un flétrissement du Cotonnier ressemblant beau-coup au wilt à Fusarium vasinfectum. De grands espoirssont mis dans la culture cotonnière pOur revaloriser les ré-gions assez pauvres du Sud-Ouest de l'Ile; le «wilt» étantune des plus graves affections du cotonnier, on s'alarmafort justement. Des nématodes ayant été découverts parM. Dadant dans les racines des cotonniers malades, ilfut décidé de faire appel à un spécialiste de ce groupede parasites pOUr déterminer quelles étaient leurs res-ponsabilités dans la menace qui pesait sUr la culturecotonnière malgache.

    Nous sommes arrivés à Tananarive le 23 Janvier 1957Par suite de retards dans la végétation du cotonnier," fut suggéré par M. Barat, Directeur du Laboratoirede Phytopathologie, d'élargir le cadre de cette missionet au lieu de la confiner exclusivement à l'étude desnématodes parasites du cotonnier, d'effectuer pluSIeurstournées permettant de rapides coups de sonde dans leplus grand nombre de cultures possible afin de précisersi d'autres problèmes nématologiques ne se posaient pasà Madagascar. (1)

    C'est le résultat de ces dernières observations qui estdonné ici, la question des nématodes parasites du coton-nier et de leurs relations avec le flétrissement observédans la région de Tuléar ayant été traitée dans uneautre publication (LUC, 1958).

    La première tournée, du 29 Janvier au 8 Février, encompagnie de /0.1. Barat, permit de prélever des échantillons SUr les cultures suivantes : principalement canneà sucre (Ambilobe, Nossi-Be, Ambanja), caféier (Nossl-Be, Ambanja), pamplemoussier (Nossi-Be), ylang-ylang(Nassi-Be), poivrier (Nossi-Be, Ambanja), riz (Ambanja:,bananier (Nossi-Be), kapokier (Nossi-BeJ. Malheureu·sement cette tournée eut lieu au moment de fOrte~pluies et le sol très détrempé, inondé même par endroits,n'était pas dans un état très favorable aux prélèvements.Les inondations autour de Majunga ne nous ont paspermis à ce moment d'examiner les cultures de cetterégion.

    Une courte tournée (14-15 Février) au Lac Alaotra,également en compagnie de M. Barat était sUrtoutconsacrée au manioc. Des échantillons de riz, de bananieret d'ananas fUrent également prélevés.

    Une tournée au Lac Itasy (18-19 Février), en compagniede M. Brenière, Entomologiste des Services de l'Agri-culture, était destinée à l'étude des sols à Tabac. Cessols n'étaient pas en culture à cette époque de l'annéemais diverses méthodes ont permis cependant de recon-naitre la présence d'un nématode parasite grave.

    Au c.ours de notre voyage vers Tuléar nous noussommes arrêtés à Antsirabe ; sous la conduite du Chefdu Service d'Agriculture de cette région nous avonsvisité le Centre de Multiplication «Armor» où de gravesattaques de nématodes sur pomme de terre et autrescultures ont été constatées. Quelques champs autochtonesont été également ~ndés. A notre retour de Tuléar,quelques échantillons supplémentaires furent prèievesdans la pépinière de la Station d'Antsirabe.

    Le séjour dans la région de Tuléar fut essentiellementconsacré au cotonnier.

    Enfin un bref voyage à Marovoay, en compagnie deM. Barat, avait pour but de vérifier si des introductions,non contrôlées, de riz en provenance des U.S.A. n'avaientpas en même temps introduit des nématodes parasites.

    (1) Il nous faut remercier ici taus ceux qui à un titreou à un autre ont facilité notre mission : MM. Barat,Brenière et Caresche, du Service de l'Agriculture, et

    •.VlM. Delattre et Martin, de l'I.R.C.T. chez qui nousavons toujours rencontré une aide amicale et compé-tente; M. Bosser, Botaniste de l'I.R.S.M., à qui est duela détermination des plantes sauvages; Florentin Raza-findranaivo enfin qui nous seconda efficacement sur leterrain et au Laboratoi re.

    Une mention particulière est due au Dr Sein horst,de l'I.P.O. (Wageningen. Hollande) qui, en nous offrantles facilités de travail de son Laboratoire nous a permisde déterminer les échantillons ramenés.

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    LES NÊMATODES PARASITES DES PLANTES

    C E,T article traiterait d'organismes phytapathogèn2s,tels les champignons ou les insectes, qu'aucuneIntroduction ne serait nècessaire, les agronomes

    étant depuis longtemps au fait de l'importance des dom-mages causés, de l'aspect général des dégâts et de labiologie de ces parasites; mais traitant des Nématodes,un chapitre relatif à la biologie et à l'importance écono-mique de ceux-ci est une stricte nécessité tant est grande!a méconnaissance de ce groupe de parasites invisiblespour le profane et souvent discrets dons les manifestationsextérieures des graves dégâts qu'ils occasionnent.

    LES NEMATODES.

    Les Nématodes constituent le groupe zoologique dontla variété d'adaptation semble la plus grande. On a pudire qu'à l'exception de l'adaptation au vol, ils avaientcolonisé tous les biotopes, encore certains d'entre euxse font-ils transporter par les insectes ou les oiseaux.On trouve, en effet, des nématodes marins vivant dansles premières couches de sédiments, depuis les sablescôtiers jusqu'aux profondeurs des grandes fosses marineset depuis l'équateur jusqu'aux côtes du Spitzberg et duContinent Antarctique.

    D'autres vivent dans les eaux douces, rivières et lacs;les sources chaudes même possèdent leurs espèces parti-culières. D'autres dans le sol dont il semble bien qu'aucuntype ne soit dépourvu; les sols suspendus des Broméliacéescontiennent même un bon nombre d'espèces. Des groupesdifférents enfin se sont adaptés au parasitisme desanimaux et des végétaux. Pour les premiers, parasitesdes animaux ou de j'homme (filaires, oxyures, asca-ris, etc. .. ), de nombreux travaux ont établi leur impor-tance; leur parasitisme s'étend à presque tous lesgroupes zoologiques et il est bien rare qu'à un vertébréne soit pas inféodées une ou plusieurs espèces (Je chaten possède 33, le cheval 691. Pour les seconds, plusieursmilliers de cas de parasitisme envers les plantes ont étérelevés et quelques centaines d'espèces décrites dont unebonne vingtaine constituent un véritable 'danger pourl'agricultuœ; danger malheureusement la plupart dutemps sous-estimé, comme nous le verrons plus loin.

    L'importance numérique même des nématodes dansles différents biotopes est remarquable. Ainsi pour lessables côtiers, ils constituent le groupe zoologique leplus abondamment représenté : on a pu estimer le nom-bre de nématodes contenus dans les 20 premierscentimètres, en profondeur, du sable d'une plage à400.000 par mètre carré. Dans les sols, des chiffres de10 millions pour les 30 premiers centimètres ne sontpas rares. Une seule galle de blé (la «nielle» dûe àAnguina tritici) peut contenir 90.000 individus; enfin,en a pu compter jusqu'à 5.544 oxyures expulsés par unhomme après traitement.

    On voit donc que les nématodes constituent un desgroupes les plus dignes d'attention à bien des égards.

    LES NEMATODES PHYTOPARASITES.

    Dans l'étude des nématodes phytoparasites, il nousfaudra distinguer le «parasitisme» de la «pathogénicité».Est parasite tout être qui vit aux dépens d'un autreêtœ vivant; par contre, la pathogénicité d'un organisme

    est le pouvoir qu'il a de léser le fonctionnement vitald'un autre être vivant, On voit que la distinction entreles deux termes n'est pas nettement limitée, tout parasitelésant quelque peu sont hôte. Mais ici nous entendronspor parasite «tout nématode vivant aux dépens d'uneplante» et par pathogène, dans une définition plusagronomique que biologique, «tout parasite causont desdégôts visibles, chiffrables sur les cultures.»

    Il est rare, en effet, qu'une plante quelconque nepossède pas un cortège de nématodes vivant à ses dépens,mais en général en petit nombre, la plante n'en souffrantapparemment pas (des infections légères de nématodesaugmentent mème parfois les rendements). Par contr~,lorsque le nombre de nématodes est très grand oul'espèce particulièrement virulente, la plante peut êtlesérieusement lésée.

    Quoique connus depuis fort longtemps (le genreAnguina a été décrit par Scopoli en 1777), les nématodesparasites des plantes ne sont l'objet de recherches suivieset d'une grande envergure que depuis une trentained'années. Encore l'étendue de leurs ravages est-elitconsidérablement sous-estimée. Cela provient de plusieursordres de faits la taille des parasites, petits vers de0,5 à l mm, leur mode de vie caché dans le sol ou lesfines radicelles; les techniques d'études assez particu-culières; le fait également que la nématologie agricolene soit pas enseignée ou soit traitée comme une questionsubsidiaire de l'entomologie, sans rapport avec sonimportance réelle. D'autre part, les dégàts dus ouxnématodes ne sont pas toujours évidents ou ne sont pascaractéristiques et peuvent fort bien être attribués àd'autres causes,

    En effet, si quelques espèces attaquent les graines(

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX 91

    repérage des parasites et la démonstration de leur noci-vité soient dél icats.

    Les racines attaquées par les némotodes présententrarement des symptômes nets; c'est le cas des attaquesde MeJoidogyne sp. (ex Heterodera marioni); les femel-les de ces espèces sont logées dans les racines quis'enfl.mt en des galles parfois énormes, très aisémentreconnaissables. Parfois les racines présentent des extré-mités gonflées, digitées (attaques de certains PratyJen-chus) ou de petites traces brunes, plus ou moins allongées.En cos d'attaques massives les racines finissent perdisparaître par suite de pourritures secondaires.

    Les symptômes sur les parties aériennes sont encorebeaucoup moins nets. Ces symptômes sont ceux corr8-latifs à un affaiblissement du système radiculaireprovoquant une déficience de l'alimentation en eau eten éléments minéraux, affaiblissement auquel s'ajoute,probablement une intoxication due aux substancessécretées par le némotode. Cette situation se traduiradonc extérieurement par un aspect de flétrissement, defonaison, de chlorose, ou simplement de rachitisme, etde ce fait l'action propre des nématodes peut fort bienpasser inaperçue et les dégâts observés attribués à unecarence, une «fatigue» du sol, une trop grande séche-resse, etc... Ainsi le «white-tip» du riz fut-il tenulongtemps pour une carence en divers éléments, malgréles résultats contradictoires des expériences à ce sujet,jusqu'à ce que l'on reconnaisse comme unique respon-sable le némotode ApheJencholdes besseyi. Ces cos sontparticulièrement nets dans les régions de monocultureoù après un certain nombre d'années un sol est dit«fatigué» de cette culture. Dans la majorité de ces cos,cette «fatigue» est due à l'action nocive d'un némotodespécialisé à la culture en question, nématode dontl'accroissement de population affecte de plus en plusla plante hôte. D'outre part, l'action nocive des néma-todes se superpose à celle des mauvaises conditions deculture ou de sol et ne devient souvent très apparenteque lorsque ces dernières dépassent un certain seuil.

    Une des caractéristiques rEmarquables des attaquesde nématodes est qu'elles sont rarement léthales pourla plante h5te. Il se crée, au con,'raire, une sorte d'équi-libre entre le parasite et l'hôte mais cet équilibre estobtenu aux dépens de la croissance et de la productionde la plante. Dans ce cas, si de telles infestations équili-brées sont uniformément répmties sur une région, ellespeuvent très bien passer inaperçues.

    On voit donc que la nocivité des nématodes est insi-dieuse, difficilement décelable, facilement confor.dableavec l'action des facteurs du milieu. Cependant dans lescas de baisses de rendement progressives après plusieurscampagnes, sans réponse aux engrais, dans ceux denanisme, de chlorose, de flétrissement, on devra toujourssoupçonner et rechercher les nématodes.

    Ceux-ci peuvent encore agir d'une manière indirectecomme introducteurs d'autres cgents pathogènes : dansle cas du «chou-fleur», du fraisier, diverses espèces intro-duisent des bactéries qui sont responsables des dégâtsobservés; les travaux sur le «will'» du Cotonnier, dû auchampignon Fusarium vasinfectum, furent longtempshandicapés par l'inconstance des infections expérimen-tales jusqu'au moment où il fut démontré que, pour lesU.S.A. tout au moins, diverses espèces de nématodesservaient d'introducteurs au champignon : le Fusariumpeut être présent dans le sol, si celui-ci ne contient pasde nématodes parasites du cotonnier, le wilt ne se

    produira pas; mais, inversement, les nématodes seulsne donnent aucun symptôme de wilt.

    Ainsi, également dans les cas de maladie due à unchampignon entrant par les racines et dont il est prouvéqu'il ne peut pénétrer seul dans celles-ci, il faudratoujours avoir présent à l'esprit le rôle possible desnématodes comme introducteurs du parasite principal.

    MOYENS DE LUTTE.

    Comme dans tous les cas de maladie des plantes,lBS moyens de lutte sont de deux ordres : les moyensdirects par l'action de produits chimiques contre leparasite lui-même et les moyens indirects visant à établirdes conditions de milieu plus favorables pour la plantehôte ou plus défavorables pour le parasite.

    LES MOYENS DIRECTS: NEMATICIDES.

    Les nématicides, actuellement en usage, sont desproduits chimiques liquides, volatils, que l'on injecte dansles sols infestés où leurs vapeurs toxiques, en saturantce sol, tuent les nématodes qui y vivent. Les premiersproduits employés furent le sulfure de carbone produitcher, très volatil, inflammable, abandonné aujourd'huiet la chloropicrine, efficace, mais très toxique pourl'homme, qui connait un regain d'actualité.

    Le premier nématicide employé sur une vaste échellefut le «D D» (dichloropropane - dichloropropylènel,mis au point en 1942 pour le traitement des sols àananas aux Hawa·l. Il s'agit d'un liquide lourd, volatil,non inflammable, corrosif pour les métaux usuels et lapeau, que l'on emploie par injection à 15-20 centimètresde profondeur et à raison environ de 10 trous aumètre carré; la dose à employer, variant suivant leterrain et la gravité de l'infestation, est de 250 à 600litres à l'hectare. Notons que seul le dichloropropylèneest nématicide; il s'agit donc d'un produit à 50 p. 100de matière active. Le «Dowfume N» est un produit demême formule.

    Un bon nombre de dérivés chlorés ou bromés descarbures de la série aliphatiqe sont nématicides; beau-coup ont été expérimentés positivement, mais peu ontété commercialisés. Citcns en dehors du «D Co» :

    - le «E D B» (dibromure d'éthylène), volatil, noninflammable, s'employant à une dose moindre; ce pro-duit est commercialisé à des doses variables de produitactif sous les noms de : Dibrométhane, E. D. B. 50,Bromofume 10, Bromofume 20, Bromofume 40, GardenDowfume, Iscobrome D, Soilfume 80-20, Soilfume 60-40,Dowfume W 40, etc...

    le «E. C. B.» ou chlorobromure d'éthylène donnede bons résultats;

    le «c. B. P.» ou 1,3 chlorobromopropène éga-kment.

    Tous ces produits sont injectables, c'est-à-dire quedéjà couteux par eux-mêmes, ils nécessitent des appareilsspéciaux (pals pour les petites surfaces, charrues légèresavec dispositifs d'injection derrière chaque soc pour lestraitements en champ), appareils coûteux, précis, d'unentretien délicat, la plupart de ces liquides corrodantassez rapidement les métaux usuels. De plus, ces pro-duits sont phytotoxiques et les traitements nématicidesdevront alors avoir lieu 2 à 3 semaines avant la planta-tian; aucun traitement ne pouvant avoir lieu p~ndant

  • 92 SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX TITRE III

    la croissance des plantes, an se trouvera désarmé dansle cas d'attaques de nématodes sur des plantes arbustives.Des exceptions sont passibles: ainsi an a pu, en Guinée(VILARDEBO 1957) traiter les bananiers en plantationavec du «0 0» ou de l'

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX 93

    du fait qu'il n'y a pas une mais plusieurs espèces denématodes en jeu et qu'il est difficile de trouver desplantes présentant les qualités agronomiques requises et,de plus, faiblement sensibles ou résistantes aux diffé-rentes espèces de nématodes.

    En résumé la lutte contre les nématodes devra porrersur trois points :

    - L'emploi de nématicides si l'affection est trèsgrave et si la rentabilité de la culture peut supporterle coût des traitements;

    - L'amélioration des conditions culturales visant,non à lutter directement contre le nématode, mais àdonner une plus grande vigueur à la plante;

    - Dans le cas de rotations de cultures, l'emploiexclusif de plantes résistantes entre les campagnes dela plante sensible.

    De nombreux cas de réussite prouvent que par cestrois moyens, souvent conjugués, la plupart des affectionsà nématodes des plantes annuelles peuvent être effica-cement et rentablement combattues.

    LES NEMATODES ASSOCIES AUX PLANTES EXAMINEES

    Ce qu'jl ne faudra surtout pas perdre de vue dans cechapitre c'est, qu'à l'exception du problème Me/oidogynesur pomme de terre et tabac qui semble bien caractériséet de celui des nématodes du cotonnier qui ont étéétudiés de près, les prélèvements effectués sur les autrescultures ne constituent que des coups de sonde rapides,localisés. De la présence d'une ou plusieurs espèces denématodes parasites sur telle ou telle plante il ne faudrapas toujours conclure à un danger plus ou moins graveà l'encontre de cette cuiure. Tout au plus dans certainscas, par référence à des recherches antérieures, avonsnous pu préciser le danger représenté par ces espèces,ou, ou contraire, leur inocuité probable. Mois ceci n'estpas absolu, car des conditions différentes de climat, devariétés culturales, de mode de cultures, de sol, etc ...peuvent entraîner des modifications de la pathagénécitédans un sens ou dans un outre.

    Il s'agit donc là d'une reconnaissance préliminaire qued'ultérieurs travaux devront préciser et compléter.

    On trouvera ci-dessous, classés par ordre alphabétiquedu nom commun de la plante, lorsqu'il existe, les résultatsdes différents prélèvements et examens réal isés.

    A/buti/on asiaticum G. Dan. Plusieurs pieds de cetteplante prélevés en bordure des champs cotonniers deBetanimena (Tuléar) étaient légèrement attaqués parMe/oidogyne javanica et Pratylenchus de/attrei.

    Acacia decurrens Will. Dans plusieurs champs depommes de terre aux environs d'Antsirabe, cette plantepartait sur ces racines des galles dues à Me/oidogynejavanica.

    Ambérique (Phaseo/us mungo L.) Au centre «Armor»non loin d'Antsirabe, cette plante est gravement atteintepar Me/aidogyne javanica.

    Ananas (Ananas sativus (Schult.) Deux séries de prélè-vements ont été faits: l'un à Ambahidray sur des ananasôgés de plus d'un an et appartenant à la variété Victoria,l'autre à Ambodirina-Mangoro sur des ananas d'environhuit mois, de variété inconnue. Les résultats furent lessuivants: à Ambohidray les ananas étaient attaqués parPratylenchus brachyurus et Helicoty/enchus nannus; àAmbadirina-Mangoro par Praty/enchus brachyurus etCriconemaides ferniae. Praty/enchus brachyurus est connunotamment aux Hawaï (Godfrey 1929), comme unporosite assez grave de l'ananas. Cette plante n'est pasactuellement cultivée à Madagascar sur une grandeéchelle. Mais il existe là un danger potentiel quïl ne

    faudrait pas négliger si un jour des cultures étenduesétaient envisagées.

    Aubergine (Solanum me/ongena L.!. Des auberginesde la variété «Longue Violette» cultivée à Ambatobe(Tananarive) sont attaquées par He/icoty/enchus nannuset Me/oidogyne javanica. Ces deux espèces sont pro-bablement la cause essentielle du wilt observé sur cetteplante.

    Bananier (Musa pClladisiaca L.!. Les deux seulsexamens eurent lieu sur des pieds de banane à cuire,l'un à Maralola, l'outre à Nossi-Be. Dans le premiercas les racines ne présentaient aucun symptôme particu-lier et seuls quelques He/icoty/enchus nannus furentrencontrés. Dans le deuxième cas, les racines montraientdes stries rougeôtres très allongées et des commencementsde pourriture: He/icoty/enchus multicinctus et Cncone-moides citri furent trouvés associés à ces lésions. Lapremière de ces espèces est un parasite grave desbananiers. De même que pour l'ananas, en cas d'extensiondes cultures, il y aurait là un porosite dont il faudraitattentivement surveiller l'extension.

    Brède Marelle (Solanum nigrum L.! .. A Tuléar dansdifférents jardins potagers cette plante présente denombreuses galles radiculaires dûes à .Meloidagynejavanica.

    Caféier (Coffea canephora Pierre Var. Kouilou) ABeambatry (Nossi-Be) d'as,9z nombreux caféiers pré-sentaient un aspect morbide : taille réduite et feuillesjaunôtres en sont les principaux symptômes. Quelquesindividus de Praty/enchus coffea2 furent récoltés dansles racines qui présentaient des extrémités pourries etdes déports de racines supplémentaires. P. coffea2rencontré en Indonésie et au Brésil, est considéré, notam-ment par Bally et Redon (1931) comme un parasiterelativement important des caféiers.

    Canne à sucre (Saccharum cfficinarum L.!. Une tren-taine de prélèvements eurent lieu en différentes régionsde Madagascar Ambilobe (SOSUMAV), Nassi-Be(SASNAB) et Ambanja (c. C. C. - Besofal. La moitiédes prélèvements furent effectués sur des cannes appa-remment saines, l'autre sur des cannes présentant unaspect anormal ; pieds plus touffus, entre-nœuds rac-courcis, tige plus mince et plus cassante, feuilles sauventplus étroites et parfois chlorosées. Un échantillon prove-nant de Namakia-Majunga nous fut envoyé plus tard.Il provenait de cannes en première repousse, de variétéH-37-1933 présentant un rabougrissement avec infectionde la souche par un champignon, Fusarium moni/iforme.

  • 94 SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX TITRE III

    Le tableau ci-dessous donne le détail des espèces rencontrées dans les racines ou au voisinage de celles-ci; a la ligne3 la lettre S signifie : aspect sain ; la lettre M : aspect malade.

    LOCALITE AMBILOBE NOSSI-BE AM BANJA NAMAKIA-----, ---_._---

    1

    VARIETE NCO 310 B-37-172 B-34-104 B - 34 - 104 H-37- 1933- ---- - -- --

    ASPECT S1

    M S M S 1 M S M----- ----- i

    Praty/enchus sp. -i- l +Praty/enchus scribneri + + +He/icoty/enchus nannus + + + -1- +++Scutellonema brachyurum +++ +++ +++He/icoty/enchus sp. (' ) 1 +TTy/enchorhynchus sp. (')Criconemoides citri -1- 1 -

    Sept espèces furent donc rencontrées parmi lesquellescinq sont signalées pour la première fois sur la canneà sucre : Praty/enchus scribneri, Scutellonema brachy-urum, Helicoty/enchus sp., Helicoty/enchus nannus etCriconemoides citri.

    Les individus appartenant à ces espèces n'étaientgénéralement pas nombreux dons les échantillons àl'exception de ceux apportenant à Scutellonema brachy-urum et à He/icoty/enchus nannus, mais pour cettedernière espèce uniquement dans l'échantillon provenantde Namakia-Majunga. Il est possible que S. brachyurumjoue un rôle dans le rabougrissement des cannesobservé à Ambilobe et à Nossy-Be où il n'a pas étérencontré sur les cannes saines. H. nonnus présent,lui, dans de nombreux échantillons aussi bien sains quemalades favorise peut-être par san grand nombre,l'introduction de Fusarium moni/iforme dans les cannesde Namakia.

    Bien qu'une douzaine d'espèces ait été rencontréeassociée aux racines de canne dans différentes partiesdu monde, la plupart des auteurs s'accordent pouraffirmer que si les nématodes peuvent jouer un rôlefavorisant la pourriture des racines, leur action propren'est généralement pas grave. Et cependant c'est surcanne à sucre que furent décrits deux des plus gravesparasites d'autres plantes : Me/oidogyne javanica parTreub en 1888, et Radopho/us similis par Cobb en1909 ; la première de ces deux espèces est trèsrépandue à Madagascar, mais nous ne l'avons pasobservée sur canne. Cependant récemment Birchfield(1953 et 1954), étudiant l'action parasite en Louisianede Praty/enchus sp. et Ty/enchorhynchus martini Fielding1956, démontre que ces deux espèces peuvent jouer unassez grave rôle parasitaire sur les racines qui, recou-vertes de petites lésions rougeâtres, finissent par pourrir.

    Notons que le Ty/enchorhynchus rencontré à Ambilobeest très proche de Ty/enchorhynchus martmi.

    Carotte IDaucus carota L.!. A Ambatobe-Tanananve.Anketraka (Tuléar) et Antsirabe, les carottes montrentdes déformations d2s racines dues à M=/oidogynejavanica.

    Celeri IApium du/ce Mill.!. A Ambotobe les racinesde céleri sont attaquées par Helicoty/enchus nannus,Praty/enchus sp. et Me/oidogyne javanica.

    Chicorée ICichorium intybus L.!. Tous les pieds aechicorée poussant dons les jardins d'Anketraka (Tuléar)sont attaqués par Me/oidogyne javanica.

    CorchorL/s acutangu/us Lamk. Cette plante adventice

    assez fréquemment rencontrée dans la région de Tuléarest atteinte par M. javanica et, plus légèrement, parPraty/enchus de/attrei.

    Cosmos IC. caudatus H.B.K.!. Au centre Armor,prè3 d'Antsirabe, cette plante est gravement attaquéepar M. javanica.

    Cotonnier IGossypium hirsutum L.J. Une autrepublication (Luc 1958) a été consacrée aux nématodesparasites du cotonnier dans le Sud-Ouest de Madagascaret à leur rôle éventuel d'introducteurs des différentsFusarium observés dans le flétrissement de cette plante.Notons seulement ici que les espèces de/attrei le plusfréquemment rencontrées sur le cotonnier sont : Praty-/enchus et Hop/o/aimus seinhorsti. Dans le solon trouveégalement : Criconemoides citri, Hemicycliophora mem-cranifer, He/icoty/enchus nanm's et Aphe/enchus aven

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX 95

    Maniac IManihot utilissima Pohl.!. Plusieurs sériesde prélèvements eurent lieu sur des Maniocs de lavariété Criolina à Ambodirina-Mangoro et à Marovitsika.Dans les deux endroits Pratylenchus brachyurus étaitprésent et Criconemoides citri à Maravitsika seulement.

    Pamplemaussier lCitrus decumana 1.). A Beambatry(Nossi-Be) des pamplemoussiers souffraient d'un dépé-rissement ressemblant fort à la gommose. L'examendu sol et des racines ne permet de relever que Aphelen-chus avenëe en tant qu'espèce de nématode parasite.Encore cette espèce est-elle généralement considéréecomme à la limite du parasitisme car elle n'attaqueque des cellules déjà lésées mais encore vivantes. C'estune espèce répandue dans le monde entier relevée 'urdes dizaines de plantes, et qui semble, plutôt qu'unparasite, venir en tête du cortège secondaire vivant SL'rles lésions radiculaires.

    Persil IPetroselinum crispum (Mill.) Airy Shaw). AAnketraka (Tuléar) les pieds de persil portent de nom-breuses galles radiculaires dues à Me/oidogyne javanica.

    Phyllanthus niruri L. Quelques pieds de cette plantesauvage furent à Betanimena (Tuléar) rencontrésporteurs de galles à M. javanica.

    Piment ICapsicum frutescens L.!. A Ambodihadrayplusieurs pieds de piment poussant dans un jardin potagersouffraient de rachitisme accompagné d'une décolorationet d'une perte partielle du feuillage. Dans les racinesfurent trouvés de nombreux individus de He/icotylenchusnannus et de Pratylenchus cf. pratensis.

    Paivrier IPiper nigrum Lol. Trois séries de prélèvementsfurent effectuées sur cett9 plante; deux à Nossi-Be(plantation Genesi à Voririky et à Beambatry), la dernièreà Ambanja (c. N. C. C. c.l. Dans la plantation Genesiaucun parasite ne fut relevé. A Beambatry les racinesde pOivrier examinées, ont révélé la présence de gonfle-ments, de galles terminales creuses avec commencementde pourriture, signes auxquels on peut reconnaître uneancienne attaque de Meloidogyne. A Ambanja furentextraits des racines un bon nombre d'individus appar-tenant à Helicotylenchus sp. et Pratylenchus sp.

    Malheureusement ces prélèvements, trop peu nom-breux, furent faits dans de très mauvaises conditions,sous une pluie battante qui délavait les échantillonsde sol ; la saison d'autre port ne devait pas être fa-vorable aux attaques de nématodes por suite del'imprégnation du sol en eau. Le fait que des attaquesanciennes de Meloidogyne aient été relevées sans quedes galles récentes soient présentes confirme cetteopinion. De nombreux prélèvements avant la saison despluies seraient nécessaires pour se faire une opinionvalable sur le danger que peuvent représenter lesnématodes envers le poivrier.

    Pamme de terre Iso/anum tuberosum L.!. Différentesvariétés de pommes de terre sont attaquées dans la régiond'Antsirabe par Meloidcgyne javanica et à un degrémoindre par Pratylenchus brachyurus. Cette questionsera traitée plus longuement plus loin.

    Riz IOryza sativa Lol. Trois séries de prélèvementsfurent effectuées sur le riz : à Mararana, à Ambanjaet à Marovoay. Dans les deux premières localités, leséchantillons de sol et de racines furent pris dans destaches où les pieds de riz présentaient une légère chloroseaccompagnée d'une diminution de la taille que nepouvaient expliquer ni les attaques d'insectes ni le man-

    que d'eau. Dans les deux cas Pratylenchus brachyurusfut rencontré dans les racines, accompagné, chezles échantillons provenant de Mararana, de quelquesindividus de Helicotylenchus nannus. Ces deux premièresséries de prélèvements procédaient du type même de«prélèvements pour voir», effectués au hasard desrencontres de zones d'affaiblissement suspectes dansles rizières. La troisième série au contraire répondaità un objectif précis ; l'attention de M. Barat avait eneffet été attirée sur des introductions de riz américainde la variété «Century patna» dans la région de Maro-vaay en 1952; cette introduction de l'ordre deplusieurs tonnes, sans mise en quarantaine préalablerisquait en même temps d'avair amené des parasites,entre autre l'agent du «white tip», ApheJenchoidesbesseyi Christie 1942, un nématode parfois connu sousle nom de Aphelenchoides orYZëe Yakoo 1948, qui causede graves désordres au Japon et qui a été reconnu auxU. S. A. en 1944 par Cralley et Adair. La variétéintroduite, Century patna, n'est plus cultivée dons larégion de Marovoay, mais on pouvait craindre que lesparasites éventuellement introduits ne se soient adaptésaux variétés actuellement utilisées.

    Dans les échantillons de sol récoltés aucun exemplairede Aphelenchoides besseyi ne fut trouvé. Toutefois lepetit nombre d'échantillons (sept), la submersion desrizières, l'absence de riz en place, font que les individusde cette espèce peuvent exister en très faible nombreseulement et avoir échappé ainsi à l'examen. Cette espèceest en effet beaucoup plus facile à observer dans lesracines ou dans les grains de riz que dans le sol surtoutsi celui-ci est à l'état de boue liquide. Des échantillonsde grains de riz, variété locale cultivée sur les zonesoù avait été introduit ie Century Patna ont été égalementobservés ; aucun Apheienchoides besseyi n'y fut ren-contré. Il y a donc une forte présomption pour que cetteespèce n'existe pas dans cette région de Madagascar.

    Par contre dans tous les échantillons de sol furentrencontrés des individus de Radopho/us orYZëe (VanBreda de Haan 1902) Thome 1949. Cette dernièreespèce est un parasite du riz très répandu en Indonésie;elle existe également au Japon où elle a été décritesous le nom de Tylenchus apapillatus Imamura 1931,et aux U. S. A. où elle a été trouvée par Atkins et al.(1955) dans 4 échantillons de sol sur 39 provenant derizières du Texas et dans 10 sur 37 provenant deLouisiane. Aux U. S. A. et au Japon cette espèce a étésimplement signalée sans que son importance économiquesoit évaluée. Mais à Java de nombreux travaux se sontsuccédés au sujet de l' «omo-menteb>, maladie du rizà laquelle est liée ce nématode. Les plus récents de cestravaux (Van Der Vecht et Bergman 1952. Van DerVecht 1953) ont démontré que si les nématodes sontbien liés à la maladie leur rôle et celui propre du milieusont difficiles à différencier. Aussi en étudiant leparasitisme de R. orYZëe à Madagascar sur des variétésde riz différentes, des sols différents et sous de toutautres conditions climatiques, pourra-t··on peut-êtreécloircir cette question de l' «omo-mentek» ; ceci endehors de l'intérêt immédiat qu'il y a à savoir si R.oryz

  • 96 SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX TITRE III

    piriculariose nodale et paniculaire. Les racines necontenaient aucun nématode phytoparasite et dans lesol seuls quelques individus de Hemicycliophora similisfurent rencontrés. Un autre échantillon de riz, lui aussiatteint de piriculariose, provenant de Ambohidrony-Ambatondrazaka ne contenait aucun nématode dansses racines; par contre le sol renfermait une quantitémoyenne de Helicoty/enchus nannus.

    Sarrasin IFagopyrum tat-:Jricum Gaernt.J. Le sarrasincultivé au centre Armor est attaqué par Me/oidogynejavanica.

    Sebaria pallidefusca Stapf. & Halb : différents piedsde cette plante poussant dans des champs de pommesde terre, dans la région d'Antsirabe, furent trouvésporteurs de galles à M. javanica.

    Sevabe ISo/anum auriculatum Ait.l. A Ambatoasana,en bordure de champs de tabac, et dans la régiond'Antsirabe, en bordure de champs de pommes de terre,des pieds de Sevabe portaient de nombreuses gallesradiculaires dues à M. javanica.

    Soja IGlycine soja Sieb & Zuce.). Le soja cultivétant au centre Armor que dans les pépinères du Servicede l'Agriculture d'Antsirabe sont très gravement attaquéspar M. javanica.

    Sorgho ISorghum vulgare Pers.!. Des pieds de sorghopoussant à Betanimena (Tuléar) au voisinage de maïstrès infestés par Proty/enchus de/attrei, contenaient, euxaussi, quelques individus de cette dernière espèce dansleurs racines, sans que cela pré,ente un danger pourcette plonte.

    Tabac (Nicotiana tabacum L.). Me/oidogyne javanicaattaque cette plante. Cette questicn sera détaillée plusloin.

    Tamate ILycopersicon escu/enturn Mill.l. Les tomatesaussi bien à Ambatobe (Tananarive) qu'à Anketraka(Tuléar) portent de nombreuses galles radiculaires duesà M. javanica. A Mangarivotra-Miandrivozo, M. javanicacombine ses attaques avec celles de Protylenchus sp.

    Vanillier IVani/ia planifolia And.). Une serie deprélèvements sur cette plante fut effectuée à Voririky(Nossi-Bel. Aucun nématode phytoparasite ne futrencontré; mais de même que pour le poivrier, cesprélèvements eurent lieu dans de mauvaises conditions.Par la suite nous furent envoyés deux échantillons deterre et de racines de vanillier provenant de zonesatteintes par la fusariose (due à Fusarium batatis Wall.,var. vanillœ Tuckerl : un échantillon originaire de laStation Agricole de l'ivolaina ne contenait aucunnématode phytoparasite. Por contre dans le second,venant de la plantation Beaulieu à Mahonoro, le solet les racines contenaient une très importante populationde He/icoty/enchus cf erythrinœ.

    Ylang-Ylang ICananga odorota Hook.). Deux seriesd'échantillons de sol furent prélévées : l'une à la S. P. P.M. à Tsimaramara (Nossi-Be) où aucun nématodephytoparasite ne fut rencontré; l'autre à Beambatry(Nossi-Be), au voisinage de racines d'arbres atteintspar une maladie du tronc supposée bactérienne : quel-ques rares Helicoty/enchus nannus furent observés.

    LE PROBLÈME MELOIDOGYNE

    Au cours du précédent chapître, le nématode le plussouvent cité est Me/oidogyne javanica. Aussi cette espècemérite-t-elle qu'on lui accorde un développement plusétendu.

    Me/oidogyne javonica (Treub 1885) Chitwood 1949est l'une des onze espèces ou variétés que comprendactuellement le genre Me/oidogyne Goeldi 1887, les-quelles formaient naguère l'unique espèce Heteroderomarioni (Cornu 1879) Goodey 1932 (= H. radicico/aMüller 1884l.

    Les Me/oidogyne sont sans doute les espèces parasitesles plus communes : en 1953 leur présence avait étérelevée sur 1865 plantes. Elles sont également parmi lesplus dangereuses : Steiner estime qu'elles prélèvent auxU. S. A. sur l'ensemble des cultures une véritable dîme ausens étymologique du terme (10 % ). Les Me/oidogynesont les nématodes phytoparasites dont il est le plus facilede repérer la présence (c'est là aussi une des raisons pourlesquelles leur parasitisme est reconnu si étendu) : ilsuffit d'arracher les plants suspects et d'observer les gon-flements de racine atteignant parfois 5 à 6 cm de dia-mètre ; en cas d'attaque récente ou légère ou suivantles réactions propres à la plante-hôte on aura intérêtà laver le système radiculaire et à examiner les jeunesracines ; c'est là que de petits renflements révèlentla présence de Me/oidogyne.

    A Madagascar la première mention foite de Me/oido-gyne semble être celle de François (1927) qUI signaie

    le parasite (sous le nom de Heterodera marioni) surpomme de terre dans la région de Betafo. Dans l'impor-tant ouvrage de Bouriquet (1946), Me/oidagyne estsignalé sur aubergine, dalhia, pois du Cap IPhaseo/uslunatus L.!, pomme de terre, patchouli IPogostemonheyneanus Benth.), pêcher et oseille. Un article ultérieurde Bauriquet (1954), faisant état de déterminationseffectuées par Reynolds aux U. S. A., précise que c'estl'espèce M. javanica qui attaque pêcher, dalhia, pommede terre, tomate et tabac, et que M. incognito var.acrita Chitwood 1949 est également rencontrée surtomate. Nous n'avons pas retrouvé cette dernière espèceau cours de notre mission ; il semble donc bien queMe/oidogyne javanica doive être considérée commel'espèce prépondérante à Madagascar.

    Nous avons rencontré M. javanica en trois principalesoccasions : les jardins potagers, les champs de pommesde terre de la région d'Antsirabe, enfin les champset pépinières de tabac du lac Itasy. Ces trois cas serontétudiés séparément.

    1) - JARDINS POTAGERS

    Les jardins potagers examinés étaient situés autourde Tananarive et de Tuléar; presque toutes les plantesrencontrées y étaient attaquées par M. javanica :tomate, aubergine, carotte, persil, épinard, brède morelle,chicorée, céleri. Les piments sont indemnes, car cetteplante est en- effet résistante à M. javanica.

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX 97

    Dans la plupart des cas les dégâts n'apparaissentpas extérieurement ; seules les racines par la présencede nombreuses galles révèlent le parasite. Cependantà Nanisana (Tananarive), les aubergines souffraientd'un wilt qui pourrait fort bien ne pas avoir d'autrecause que cette attaque de M. javanica conjuguée iciavec He/icoty/enchus nannus. Néanmoins l'affaiblissementdu système radiculaire causé sur les autres plantespar ce nématode réduit certainement les récoltes.

    Pour le moment ces jardins potagers étant petits,leur culture familiale, les attaques de Me/oidogyne sontde peu d'importance économique. Mais il faudrait yporter attention si l'an étendait la culture de telle outelle des plantes citées plus haut. De graves déboiresont eu lieu ainsi en Afrique du Nord et dans le Midide la France, ou moment où l'on est passé de la culturefamiliale de la tomate à la culture industrielle en vuede la conserverie.

    2) - MELO/DOGYNE JAVANICA SUR POMME DETERRE

    C'est sur cette plante que M. javanica fut pOur lapremière fois signalée à Madagascar. Ce n'est d'ailleurspar un problème neuf ; dans le Sud des U. S. A. etsurtout en Afrique du Sud (Van der Linde 1956) lesMe/oidagyne constituent un grave fléau de cette culture.Sur les tubercules les attaques de M. javanica produisentdes renflements, des verrues qui peuvent se craqueleret rappeler quelque peu l'aspect des lésions dues àSpongospora subterranre (Wallr'> Johnson, agent de lagalle poudreuse. Mais si l'on coupe les tubercules, onaperçoit, sous l'écorce des zones vitrifiées paraissantlégèrement verdâtres en comparaison des tissus sains ;ces zones représentent les cellules géantes induites parles femelles et les cellules périphériques dont le contenuamylacé est en voie d'hydrolyse; au centre de ces zonesse remarque une petite tache plus ou moins régulière,blanchâtre à aspect brillant de porcelaine : c'est lafemelle de M. javanica.

    Les pommes de terre sont non seulement d'un aspectanormal, ce qui nuit à leur vente, mais également d'unmauvais goût, pa.r suite de l'hydrolyse d'une partiede l'amidon. De plus le parasite présent sur les racinesqui portent de nombreuses galles, réduit la production.

    Les dégâts les plus graves que nous ayons vus surcette plante sont ceux que l'on peut observer au«Centre de Multiplicotion Armor» (ou C. M. Al. Cecentre dépendant des services de l'Agriculture, situé auvoisinage d'Antsirabe, est un organisme qui reçoit despommes de terre de semence d'Europe et les sélectionneensuite pour les multiplier et les livrer aux producteursmalgaches. Dans ce centre les pertes dues à M. javanicadoivent certainement atteindre 10 à 20 % de la pro-duction ; toutes les variétés dont nous avons examinéles tubercules dans les hangars de stockage sont atteintes,dans des proportions et avec des symptômes variables.Les variétés les plus sensibles semblent «Kerpondy»et «Rosa». D'après le Directeur du C. M. A, la variété«Institut de Beauvais» a pratiquement disparu quelquesannées après son introduction par suite des attaquesde M. javanica ; par contre une variété localementdénommée «c. M. A.» semble plus résistante, ceciprobablement lié à l'épaisseur de l'écorce des tubercules.

    M. javanica représente donc au C. M. A un doubledanger. Cette espèce en effet diminue les rendementsen semences sélectionnées et surtout la distribution detubercules aux planteurs risque d'étendre les ravages

    causés par cette espèce, un tri même minitieux laissanttoujours passer des tubercules atteints.

    Pour l'instant les champs de pomme de terre indigènesne semblent pas connaître d'attaques aussi graves. MaisM. javanica est cependant présent dans tous ceuxexaminés ; bien que certains ne fussent pas cultivés enpomme de terre au moment de notre passage on retrouveen effet cette espèce sur différentes plantes sauvagespoussant en jachère : Acacia decurrens Will., So/anumauricu/atum Ait. et Sebaria pal/idefusca Stapf. et Hall.notamment.

    Comment expliquer que les dégâts soient si importantsau C. M. A alors que les conditions de culture, lessoins qui entourent celle-ci y sont nettement supérieursà ceux de la culture indigène? Il s'agit là des déboiresque peut amener la succession sur un même terrainde plantes toutes sensibles au même nématode. Nousverrons d'ailleurs plus loin que cela était difficile àéviter. En effet, au Centre Armor, une culture de pommede terre est suivie d'une légumineuse puis d'une plantefourragère ; or toutes les plantes utilisées sont desplantes sensibles à M. javanica : lupin, sarrasin, cosmos,ambérique, soja portant tous des galles parfois énormes,le sarrasin de la variété «gris argent» semblant toutefoismoins sensible que la variété commune. Il se succèdeainsi continuellement sur le même terrain des plantes-hôtes de M. javanica ; aussi la pullulation de cette espècedans le sol atteint un taux élevé qu'en certains endroitsdes champs plus rien ne pousse, les pieds semés crevantaprès quelques semaines sous des attaques massives ;à ces endroits le sol reste presque nu, les champsprésentant ainsi un aspect lépreux, avec des tachesstériles entourées d'une végétation réduite, chlorotique,pauvre.

    Les mesures à prendre sont de plusieurs ordres :

    renforcement du contrôle, déjà très sérieux, avantla livraison des tubercules à l'extérieur.

    essai de traitement des champs de multiplicationavec un nématicide. De tels traitements appliquésà une culture comme la pomme de terre, mêmes'ils sont très efficaces, ne seront certainementpas financièrement rentables; mais ceci pour unestation de sélection doit être considéré commesecondaire.

    remplacement des plantes de rotation sensiblespar des plantes résistantes à M. javanica.

    Malheureusement nous nous heurtons ici, comme dansla plupart des affections à nématodes, au petit nombreconnu des plantes résistantes ; au regard des espècesou variétés sensibles à M. javanica, 19 espèces résis-tantes sont seulement relevées dans la littérature (1)et sur celles-ci, quelques unes seulement peuvent êtreretenues :

    Crota/aria sericea Retz (= c.spectabilis Roth)Crota/aria incana L.Crota/aria nubica Benth.Crota/aria /ongirostrata Hook. & Am.Crota/aria mucronata Desv. (= C. striata D. c.)Arachis hypogea L.Panicum maximum Jacq.Eragrostis curvu/a (Schrad.) Nees., souche Ermelo.

    (1) - On trouvera, en annexe, une 1iste des plantes-hôtes et des plantes non-hôtes de Me/oidogyne javanica.

  • 98 SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX TITRE III

    La plupart des Crotalaires sont d'excellentes plantesde rotation au point de vue des Me/oidogyne ; en effetnon seulement elles ne souffrent pas du parasite maiselles les combattent ainsi que nous l'avons vu plushaut. Il faudrait savoir si parmi les espèces de Crota-laires citées, certaines peuvent s'adapter à la régiond'Antsirabe et si l'espèce commune à Madagascar,Crota/aria fu/va, possède elle aussi cette remarquablepropriété anti-M2/oidcgyne.

    L'arachide, sans être une plante-piège, n'est passensible à cette espèce de Me/oidogyne. Mais sa cultureappauvrit le sol et ce végétal ne semble pas particulière-ment bien adapté à 10 région d'Antsirabe, tout au moinsla variété Valencia que nous avons pu observer dansles pépinières de la station d'agriculture. De plusl'arachide est assez sensible à Praty/enchus brachyuru~nématode très répandu à Madagascar, attaquant égaIe-ment la pomme de terre et que nous avons effectivementretrouvé sur certains tubercules provenant du C. M. A.S:ms que le danger représenté par ce parasite soit aussigrand que celui dû au Me/oidogyne il ne conviendraitpas de favoriser sa multiplication.

    En Afrique du Sud, Van Der Linde (1956) recommandede faire alterner la pomme de terre avec Eragrostiscurvu/a (souche Ermelo) ou Crota/aria spectabilis : pourla première espèce il ne faut utiliser que la soucheErmelo, provenant d'Afrique du Sud, certaines autressouches étant sensibles à M. javanica.

    Des échantillons de sol infestés par M. javanicaavaient été expédiés à notre laboratoire d'Adiopodoumé-Abidjan (Côte d'Ivoire). La souche isolée a été multipliéeet nOLIs sommes actuellement en train de tester lesdifférentes plantes de couvertures et de jachères pro-venant des collections de la station pOur leur sensibilitéou leur résistance à M. javanica.

    (3) - MELOIDOGYNE JAVAN/CA SUR TABAC

    Notre attention sur des attaque~ de Me/oidagyneenvers le tabac avait été attirée par M. Brenière quinous a montré des échantillons conservés sur lesquelsdes galles radiculaires extrêmement nombreuses, serrées,atteignant parfois 4 cm de diamètre, déforment com-plètement le système souterrain.

    Une tournée fut donc envisagée autour du Lac Itasyune des principales zones de culture du tabac. Bienqu'à cette épOque (18-19 Février) le tabac ne fut pasencore en culture, les examens des vieux plants restésen bordure des champs depuis la dernière campagneet des plantes sauvages sensibles à Me/oidogyne (notam-ment So/anum auricu/atum) repoussant sur ces champsont permis de reconnaître la présence de Me/oidogynejavanica dons 18 champs différents. Dans les 13 autreschomps rencontrés où n'existaient ni vieux pieds detabac ni plantes sensibles, du sol fut prélevé et ramenéau laboratoire de Tananarive-Ambatobe ; sur ce soldes graines de tomate, plante extrêmement sensible àtoutes les espèces de Me/aidagyne, furent semées le20 Février. Le 5 Avril les plants furent arrachés : sur13 échantillons 12 portaient des galles radiculairescaractéristiques dues à Me/oidogyne javanica.

    On peut donc affirmer que dans la région du LacItasy, et surtout dans le district d'Ampefy qui fut notreprincipal centre d'activité, les champs cultivés en tabacsont pratiquement tous infestés par Me/oidogyne javanica.

    Dans deux pépinières seulement ·sur les six examinées,les jeunes plants présentaient des galles radiculaires.Les pépinières sont d'ailleurs souvent établies sur sol

    neuf, ce qui évite l'infestation et d'autre part les plantsétaient très jeunes, ce qui permet plus difficilement dereconnaître la présence de M. javanica.

    Dans l'impossibilité où nous avons été d'observer lestabacs en champ, il nous est difficile de dire si cesinfestations à M. javanica doivent être considéréescomme graves. Cependant d'après M. Brenière, ilexisterait là un danger sérieux. Cela n'est pasétonnant si l'on se rappelle que les différents Me/oidogynesont un des obstacles majeurs à la culture du tabac enAfrique du Sud. (Van Der Linde 1956). D'autre pertLucas dans son récent ouvrage (1958) sur les maladiesdu tabac considère les nématodes et au premier chefles Me/oidogyne comme le principal fléau de cette culture.

    Les Me/oidogyne agissent d'ailleurs sur le tabac nonseulement par leur action parasite propre, mais égaie-ment comme introducteurs de différents champignons.Ils favorisent notamment la pénétration de Phytophthoraparasitica var. nicotianœ, agent du «black shank»(Moore et al. 1956) et très probablement celle deFusarium oxysporum var. nicotianê12 causant le «wilt»(Morgan 1957), maladie qui serait présente à Ma-dagascar (1).

    CONCLUSION

    La cou rte mission que nous avons effectuée àMadagascar a donc permis de relever 70 cas de parasi-tisme, prouvés ou probables, par des nématodes enversles végétaux cultivés ou sauvages. Dans la plupart deces cas, les données sont trop fragmentaires, les parasitestrop peu connus, pour qu'une évaluation de leurimportance économique puisse être avancée.

    Cependant certains problèmes parasitaires se trouventdès à présent posés que nous donnons ci-dessous dansl'ordre de leur importance décroissante, étant bienentendu que ce classement est tout à fait provisoireet que de nouvelles recherches amèneront certainementà le modifier :

    le problème le plus urgent à résoudre nous paraîtêtre celui de Me/oldogyne javanica sur pomme deterre.

    le parasitisme du Me/oidogyne sur tabac estégalement à surveiller, mais ici les donnéesprécises manquent.

    les nématodes parasites du cotonn ier jouent trèsprobablement un rôle dans le flétrissement observédans la région de Tuléar, mais c'est l'aspectmycologique de la question qui nous semble devoirêtre étudié en premier.

    la présence de Radopho/us oryzê12 sur riz peutfaire craindre l'apparition de l' «amo-mentek» ;des recherches sur l'étendue des zones contami-nées, l'incidence du parasite sur les récoltes devrontavoir lieu qui permettront peut-être en mêmetemps de mieux comprendre la nature de cettemaladie.

    (1) Note de la RédactionPhytophthora parasitica var. nicotianê12 et Fusarium

    oxysporum var, nicotianê12 n'ont jamais été observesà Madagascar. Toutefois un «will» dû à une forme deFusarium bu/bigenum sévit dans les cultures malgaches.L'extension de la maladie est favorisée par Me/oidagynejavanica.

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX 9?

    la liaison observée entre la présence de Scute/-lonema brachyurum sur les racines et l'aspectchétif de certaines cannes à sucre seront égalementà étudier, ainsi d'une façon générale le peuplementnématologique des champs de canne.

    la présence de tres fartes quantités de Helicoty-lenchus cf. erythrinœ dans les racines de vanilliersatteints de fusariose, celle de Praty/enchus coffeœsur certains caféiers à aspect maladif devrontsusciter des recherches plus complètes.

    le fait que les poivriers recèlent plusieurs néma-

    todes parasites ne devra pas être négligé dansl'étude de la pourriture de ce végétal.

    enfin les parasites relevés sur ananas et bananierrévèlent la présence d'un «danger d'avenir» encas d'extension de ces cultures.

    Cette liste peut en somme être considérée commel'ébauche d'un programme de recherches sur les néma-todes parasites de plantes de Madagascar ; nous nepouvions en quelques semaines faire plus dans un paysoù cette question était presque entièrement neuve.

    ANNEXE

    Liste des nématodes rencontrés à Madagascar et de leurs plantes-hôtes ou présumées hôtes.

    Aphelenchus avenœ Bastian 1865 : aubergine, coton-nier, pamplemoussier.

    Criconemoides citri Steiner 1949 : bananier, canne àsucre, cotonnier, manioc.

    Criconemoides ferniœ Luc 1959 : ananas.

    Helicoty/enchus cf. erythrinœ (Zimmermann 1904)Golden 1956 : vanillier.

    Helicoty/enchus multicinctus (Cobb 1893) Golden1956 bananier.

    Helicoty/enchus nannus Steiner 1945 : ananas, au-bergine, bananier, canne à sucre, céleri, cotonnier, pI-ment, riz, ylang-ylang.

    Helicoty/enchus spp. canne à sucre, poivrier.

    Hemicycliophora membranifer (Micoletzky 1925)Thome 1955 : cotonnier.

    Hemicycliophora similis Thome 1955 riz.

    Hoplo/aimus seinhorsti Luc 1958 : cotonnier, (maïs).

    Me/oidogyne incognito var. acrita Chitwood 1949tomate.

    Me/oidogyne javanica (Treub 1885) Chitwood 1949Abutilon asiaticum Acacia decurrens, ambériqut:,aubergine, carotte, céleri, chicorée, Corchorus aeutan-

    gulus, Cosmos caudatus, dalhia, épinard, grenadellier,kapokier, lupin, pêcher, persil, Phyllanthus niruri, pommede terre, sarrasin, Sebaria pallidefusca, Soja, Solanumnigrum, tabac, tomate,

    Meloidogyne sp. : oseille, patchouli, pois du cap,poivrier.

    Praty/enchus brachyurus (Godfrey 1929) Filipjev &Steckhoven 1941 : ananas, manioc, riz.

    Praty/enchus coffeœ (Zimmermann 1898) Filipjev &Steckhoven 194 l : caféier.

    Praty/enchus cf. pratensis (De Man 1880) Filipjev1936 : piment.

    Praty/enchus scribneri Steiner 1943 : canne à sucre.

    Praty/enchus spp. : canne à sucre, céleri, épinard,poivrier, tomate.

    Praty/enchus delatirei Luc 1958 : Abutilon asiaticum,cotonnier, Corchorus acutangulus, ma',s, sorgho.

    Radopholus oryzœ (Van Breda de Hann 1902) Thome1949 : riz.

    Scutellonema brachyurum (Steiner 1938) Andrassy1958 : canne à sucre, kapokier.

    Ty/enchorhynchus sp. : canne à sucre.

    ANNEXE Il

    Plantes hôtes et plantes non hôtes de méloidogyne javanica.

    A, - PLANTES HOTES

    Abutilon asiaticum G. DonAcacia decurrens Will.Agave victoriao-regiaoAllium ascalonicum L.Allium cepa L.Allium schœnoprasumAmaranthus caudatusAmaranthus retroflexus L.

    Amaranthus thunbergi Mog.Angelico archangelica L.Antirrhinum majus L.Apium dulce Mill.Apium graveoJens Mill.Armoriaca rustica Mill.Aspa ragus sprengeriAvena sativa L.

  • 100 SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX---~

    TITRE III

    Beta cielo L.Beta vulgo ris ssp. macrarhizaBeta vulgo ris ssp. vulgo risBidens biternata Merril!. & Sherff.Barreria ruelliiE (D C) K. Shum.Brassica oleracea L. var. botrytisBrassica aleracea L. var. gemmiferaBromus inermis Reyss.Buddleia variabilisCalendula sp.Carica papayaCeiba pentandra (L.) Gaertn.Celasia sp.Cereus sp.Chenopodium sp.Chia ris gayana (Kunth.1Chrysanthemum frutescensChrysanthemum leucanthemum - grandi flarumCichorium intybusCitrullus vulgans Schrad.Citrus aurantiifollus Var. dulcisCleome manaphylla L.Clltoria ternateaCochlearia armoriacaCaleus (barbatus Benth. ?)Corcharus acutangulusCosmos caudatus H. B. K.Cucumis mela Var. reticulatus Naud.Cucumis sativus L.Cucurbita pepo L.Cyphomandra betracea Sendt.Dalhia variabilisDaucus carota L. ssp. sativusDelphinium sp.Dianthus caryaphyllus L.Dichandra repensDigitaria smutsil Stent.Dimorphatheca pluvialis Moench.Echeveria sp.Ehrarta paniceaEleusine indica (L.) Gaertn.Eleusine tef (Suce.) T ratteEupharbia pulcherrimaFagapyrum tataricum Gaertn.Fragaria ananassaFraxinus syriacaGalinsoga parviflora Cav.Gerbera sp.Gladialus sp.Glycin2 hispida Max.Glycine javanica L.Glycine soja Sieb & lucc,Gomphrena sp.Helianthus annuus LHibiscus cannabinus L.Hibiscus esculentus L.Hibiscus sabdariffa L.Hordeum vulgare L.Impatiens balsa mina L.Ipamoea batatas (L.) Lam.Ipomaea sp.Iris sp.Lactuca sativaLagenaria vulgarisLavendula officinalisLathyrus odoratus L.Lespedeza stipulatea MaximLespedeza striata Hoak.Linum usitatissimum L.

    Labelia erinus L.Luffa iEgyptiacaLupinus angustifaliusLupinus sp.Lycapersicum esculentum Mill.Lycapersicum peruvianum (L.) Mill.Mammillaria sp.Medicago sativa L.'llusa nanaMusa sapientumNerium aleander L.Nicandra physalaides Gaertn.Nicotiana glutinosa L.Nicotiana sylvestris Speg. & CamesNicatiana tabacum L.N,catiana tab:Jcum x glauca Grah.Olea europ'ea L.Oryza sativa L.Passiflara edulis Sims.Pastinaca sativa L.Petraselinum crispum (Mill.) Airy-ShawPetunia hybrida Vilm.Phalaris tuberosa L.Phaseolus caccineus L.Phasealus \unatus L. var. macrocarpusPhaseoius munga L.Phaseolus vulgaris L.Phyllanthus niruri L.Pisum sativum L.Polvanthes tube rosaPapulus albaPortulaca oleracea L.Prunus amygdalus Batsch. var. amaraPrunus persica (LJ Bastch. var. LovellPrunus persica (LJ Bastch var. ShalilPrunus persica (LJ Bastch var. YunnanPunica granatumRaphanus sativus L.Ricinus communis L.Saccharum afficinarum L.Salix viminalisSalvio sp.Scabiosa sp.Scorzonera hispanicaSebaria pallide-fusca Stopf & HalbSecale cereaie L.Setaria sphacelata (Schumach.) Stopf.Solanum auricuiatum i"'it.Solanum melongena L.Salanurn nigrum L.Solanum tuberosum L.Solonum vi lIosumSorghum almum L.Sorghum vulgare Pers.Spartium sp.Spinacia oleracea L.Stillingia sebiferaStizolabium deeringianum Bort.Steptosolen sp.Triticum vulgare ViiI.T riticulT' iEstivum L.Verbascum thapsusVicia faba L.Vicia sativaVigna catjang Walp.Vigna sesquipedalisVigna sinensisVinca majorVitis vinifera L.lea mays L.

  • TITRE III SERVICE DE RECHERCHES APPLIQUEES A LA PROTECTION DES VEGETAUX

    B - PLANTES NON HOTES

    101

    Ambrosia artemisiifolia L.Arochis hypogea L.Capsicum annuum L.Capsicum frutescens L.Crotalaria incana L.Crotalaria longirostrata Hook. & Arn.Crotalaria mucronata Desv. (= C. striata D C)Crotalaria nubica Benth.Crotalaria sericea Retz (= C. spectabilis Roth)Cucumis angiria.

    Erogrostis curvula (Schrod.) Nees, Ermelo strainEragrostis lehmanniana NeesFragaria vesca L.Gossypium hi rsutum (L.) Merr.Panicum maximum Jacq.Pelargoni um sp.Pennisetum glaucum (L.)Rhododendron sp.Strophantus sarmentosus D. C.

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    (Travail du Laboratoire de Nématode de l'Institutd'Enseignement et de Recherches Tropicales d'AB ID-JAN. (Côte-d'Ivoire).

  • COMMUNAUTÉ

    REPUBLI.;lUE MALGACHE

    Fahafahana - Tanindrazana - Fandrosoana

    OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

    ET TECHNIQUE OUTRE~MER

    INSTITUT DE RECHERCHES

    AGRONOMIQUES

    DE MADAGASCAR

    BULLETIN l'Jo}

    _19~9 _