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A l’Institut International d’Administration Publique, Paris, le 17 juin 2000 Or ganisée par : Afrique Solidarité - Banlieue du Monde - FAFRAD - Fédération des Associations Franco-Africaines de Développement A vec le parrainage de la Mission Interministérielle au Codéveloppement et aux Migrations Internationales Et le soutien de : Délégation Interministérielle à la Ville – DIV , Délégation Interministérielle à la l’Insertion des Jeunes – DIIJ, Ville de Vanves -SMJ,

FAFRAD · Note introductive S ’appuyant sur des dispositifs déjà mis en œuvre par la coopération classique menée pa l'État, les collectivités locales et les organisations

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Page 1: FAFRAD · Note introductive S ’appuyant sur des dispositifs déjà mis en œuvre par la coopération classique menée pa l'État, les collectivités locales et les organisations

A l’Institut International d’Administration Publique,Paris, le 17 juin 2000

Organisée par :

Afrique Solidarité -

Banlieue du Monde-

FAFRAD

- Fédération des Associations Franco-Africaines de Développement

Avec le parrainage de la Mission Interministérielle au Codéveloppement et aux Migrations Internationales

Et le soutien de :

Délégation Interministérielle à la Ville – DIV , Délégation Interministérielle à la l’Insertion des Jeunes – DIIJ, Ville de Vanves -SMJ,

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Sommaire Page

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Note introductive

S ’appuyant sur des dispositifs déjà mis en œuvre par la coopération classique menée pal'État, les collectivités locales et les organisations de solidarité internationale, la poli -

tique de codéveloppement vise à mieux valoriser les ressources issues de l’immigrationpour le développement des pays d’origine.

Venant enrichir les pays d’accueil, les flux migratoires génèrent en retour, divers apportsmatériels et financiers ainsi qu’en compétences et savoir-faire, en direction des sociétésd’origine. Mais le phénomène migratoire pose également le problème de l’intégration des immigrés etde l’insertion des jeunes issus de l’immigration qui sont des Français à part entière.

L’emploi de ces acteurs comme agents de codéveloppement pourrait contribuer à la luttecontre d’exclusion ici et au développement là-bas.

Il en est de même pour les jeunes des pays d’émigration dont l’insertion participe à la miseen valeur et au développement des ressources humaines disponibles sur place.

Cette journée d’étude poursuit les objectifs suivants :

Mobiliser des compétences pour développement au sud ;

Développer des activités ici tout en en renforçant les liens avec les pays d’origine ;

Evaluer le rôle des institutions et l’implication de la Société civile dans la pratique du Codéveloppement.

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Programme de la journée

09 h 00 : Accueil des participants

09 h 30 : Séance plénière : présentation de la journée d’étude et ouverture des travaux

Allocation de bienvenue par le Pasteur LONGO, Président d’Afrique Solidarité ;

Allocution par Coumba TRAORE, Présidente de la CASA

10 h 15 : Ateliers thématiques

12 h 45 : Pause repas

14 h 00 : Reprise des ateliers

14 h 00 : Pause café

15 h 45 : Séance plénière :

Allocution par Jean FREYSS, Chargé de Mission à la MICOMI

Restitution des travaux en Ateliers ;

Débat général ;

Conclusionpar Yéra DEMBELE,

Président de la FAFRAD17 h 30 : Clôture de la Journée d’étude

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Atelier – 1

Mobiliser des compétences pour le développement au sud

L’échange de compétences et de savoir-faire est l’un des axes stratégiques adoptés pour la miseen œuvre du codéveloopement. Les travaux de ce premier atelier seront axés sur des activitésmenées là-bas. Ils auront pour but d’identifier et d’évaluer les mécanismes de mobilisation etd’échange de compétences que le codéveloppement peut emprunter et renforcer. Une partie de laréflexion de l’atelier pourra porter sur la mise en œuvre de dispositifs de financement plus appro-priés.

Animateur : Boubacar CISSE,Rapporteur : Djinabou CONE,

Chargée de Mission à la FAFRAD

Avec la participation de :l Paul POUDIOUGO,

Président de FAFRAD - Mali ;l Louis Mohamed SEYE,

Président de la FNAFA (Fédération Nationale des ) et Secrétaire Général de la CASA ;l Antioumane DRAME,

Président d’AFIDRA (Association pour la Formation, l’Insertion et le Développement en Afrique);l Abdellatif EL HAKKAOUI,

Directeur de la Fédération des AIDE (Agences Internationales de Développement) ;l Stéphan MOULEM,

Programme COSAME (Coopération et soutien aux artisans et micro entreprises du sud)

Atelier – 2 : Développer des activités ici, tout en renforçant les liens avecles pays d’origine

Tout en contenant une dimension d’ouverture culturelle sur l’autre, le champ du codéveloppementouvre des perspectives certaines en matière de création d’activités. Celles-ci peuvent être uneopportunité pour les jeunes d’acquérir une expérience internationale en interaction avec la néces-sité d’insertion ici.

Animateur : Emmanuel BANG,Directeur de PROMOVIL ;

Rapporteur : Jean-Dominique DELAVEAU,Délégué Fédéral Léo Lagrange Solidarité Internationale.

Avec la participation de :l Anita ADJEODA

coordinatrice de programmes à Agir et Vivre ;l Anibal DE ALMEIDA

Vice-Président, Casa de Misericordia ; l Hamid HASSNAOUI

CAD Souss.5

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Atelier – 3

Rôle des Institutions et implications de la Société civile dans la pratiquedu codéveloppement

Les jeunes issus de l’Immigration ont un regard sur leur pays d’origine, réel ou fantasmé. L’enjeupour notre société est de les aider à se sentir à l’aise dans l’identité qui leur a été transmise.Nous pensons que le codéveloppement peut permettre précisément de favoriser un enrichisse-

ment de la communauté au sens le plus large, par le partage des acquis de chacun et par la recon-naissance des savoirs et savoirs être réciproques.

Comment peut-on optimiser cette approche ?

Présidente : Isabelle PASSETResponsable départemental Citoyenneté, Prévention, Sécurité Délégation Interministérielle à la Ville

Rapporteur : Eric GomisKilimandjaro Project

Introduction : Geneviève ANDREAdministrateur à la MICOMI

Sous-Thème 1 : Améliorer la synergie des différents acteurs : Etat-collectivités locales – associations – groupes de base

Animateur : Dominique GENSTONDélégation interministérielle à l’insertion des jeunes

Avec la participation :l Jean-Pierre COLLOS

« Le Monde réel » - Vaux en Velinl Grégory Kahaïla

CERCOP – Franche-Comté

Sous-Thème 2 : Favoriser la cohésion sociale

Animateur : Noël LufumaEvreux Plus

Avec la participation de :l Hanifa Cherifi

Haut Conseil à l’intégrationl Akli MELLOULI

Chef de Projet à PALAISEAUl Mohamed Malki

Accordagesl Ferdinand EZEMBE

Afrique Conseil

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M. Le représentant de la DélégationInterministérielle au codéveloppement etaux migrations internationales, M. LeDélégué Interministériel à l’Insertion desJeunes, Mesdames et Messieurs lesInstitutionnels, Honorables invités,Mesdames, Messieurs,

Je vous demande avant toute une minutede silence pour la mémoire de Monsieur GUI-DONI, Délégué Interministériel au Co-dévelop-pement qui nous a quitté ces jours-ci.

Au nom des associations : Fédération desAssociations Franco-Africaines duDéveloppement (FAFRAD), BANLIEUES DUMONDE et AFRIQUE SOLIDARITE organisa-trices de ces ateliers de réflexions, nous avonsle plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cettejournée dont le thème s’articule autour de : jeu-nesse et co-développement. Le choix de ce thème part des postulats sui-vants : l venant enrichir les pays d’accueil, les fluxmigratoires génèrent en retour, diverses res-sources en direction des sociétés d’origine. Cestransferts apporteront d’autant plus au dévelop-pement des pays concernés qu’ils s’accompa-gnent de flux bien appropriés de compétenceset savoir-faire.l la double culture des jeunes issus de l’immi-gration et les liens qu’ils entretiennent avec lespays d’origine des parents immigrés peuventêtres mieux valorisés à cet effet.l une telle démarche peut contribuer à luttercontre l’exclusion des jeunes ici et là-bas qui estde nature à tuer l’espoir.

Nous avons organisé cette journée avecl’appui de quelques institutions et un réseau par-tenariat associatif en vue d’évaluer la portéepratique de ces différents postulats.

Vous avez, résumés sur vos cartes d’invitations,les objectifs que nous nous sommes fixés pourcette journée. Il s’agit plus précisément : l de baliser certaines pistes basées sur desexpériences concrètes de la mobilisation descompétences pour le développement là-bas ;l de réfléchir à des propositions concrètes surles liens à établir entre codéveloppement etinsertion des jeunes ici et là-bas ;l d’étudier dans quelle mesure la politique decodéveloppement pourrait contribuer à la luttecontre la discrimination et l’exclusion de cesjeunes.

Ainsi, pourra t-on évaluer la pertinence et lanécessité de réfléchir à := des dispositifs permettant aux jeunes issus del’immigration de mieux contribuer à la réussitedes projets initiés par les parents ; = des dispositifs d’appui aux petites associa-tions de solidarité internationale.L’action de ces organisations intègre mieux lasolidarité internationale à la vie des quartiers etmobilise, par conséquent, davantage les habi-tants qu’ils soient d’origine étrangère ou non.Toutefois, elles se heurtent souvent à des diffi-cultés d’accès au cofinancement public ou para-public.Une partie de notre réflexion pourra por-ter sur la mise en œuvre de dispositifs de finan-cement plus appropriés.

Mesdames et Messieurs, Chers invitésnous remercions la délégation Interministérielleà l’insertion des jeunes, la ville de Vanves, là SM J, la PROMEVIL et tout particulièrement lesDélégations Interministérielles à la ville et laMission interministérielle au codéveloppementet aux Migrations internationales, pour leur sou-tien à cette journée d’étude. À vous tous quiavez répondu favorablement à cette invitation,nous vous souhaitons une bonne journée de tra-vail. Je vous remercie q

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Pasteur LONGO, Afrique Solidarité

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Mesdames, Messieurs, bonjour,

Je tiens à saluer les organisateurs de cettejournée au nom de tous les membres de notreCoordination. Nous ne pouvons que nous réjouird’une telle initiative aujourd’hui, car il y a urgen-ce : urgence à trouver des solutions aux pro-blèmes du développement des pays du Sud et,urgence à trouver des solutions quant à l’inser-tion sociale et professionnelle des jeunes. Le thème d’aujourd’hui : «Jeunesse et codéve -loppement» concerne les jeunes et plus particu-lièrement les enfants français, communémentappelés «jeunes français issus de l’immigration(JIM) de la deuxième ou troisième génération»et ceci à plus d’un titre : celui des rapports Nord-Sud via la coopération et la solidarité internatio-nale d’une part et celui de l’immigration d’autrepart.

LA DOUBLE APPARTENANCE CULTUREL-LE, UNE RICHESSE POUR LA FRANCE ET

POUR LES PAYS D’ÉMIGRATION

Pour poser le cadre, il est nécessaire de rappe-ler au préalable les points suivants. Concernant la thématique de la jeunesse, etparticulièrement celle issue de l’immigration, ilest important de rappeler qu’elle résulte de l’ar-rêt officiel de l’immigration de travail favorisantle regroupement familial. Les enfants issus del’immigration sont, par la suite, devenus unecomposante à part entière de la société françai-se. Celle-ci représente indéniablement unapport d’enrichissement socioculturel pour laFrance comme pour les pays d’origine de leursparents. Mais force est de constater qu’aujour-d’hui, plus que d’être vécue comme une force,cette double appartenance culturelle pose, auquotidien, d’énormes difficultés quant à leurinsertion sociale et professionnelle.Difficultés, comme chacun le sait, fondamenta-lement basées sur des discriminations du fait deleur origine ethnique.

PREPARER LES JEUNES ISSUS DE L’IMMI-GRATION À PRENDRE LA RELÈVESans m’étendre sur la thématique du codéve-loppement, il est de mon devoir de dire et deredire que depuis très longtemps, les actions de

développement que mènent les OSIM en direc-tion du village ou du pays d’origine, ont fait desmigrants des acteurs à part entière du dévelop-pement et de la coopération. Mais je vais juste rappeler les propos duMinistre Délégué à la Coopération, lors de laséance plénière de la Commission CoopérationDéveloppement du 21 mars 2000, pour marquerl’évolution dans les discours institutionnels :«Par l’ampleur de leurs actions, ces associa -tions ont d’ores et déjà une place spécifiquequ’il convient, ensemble et rapidement, de pré -ciser, notamment dans le dialogue institutionnelavec l’État». Et nous pensons que l’organisationd’une telle journée en partenariat avec des ins-titutions telles que la MICOMI, la DIV et la DIIJcontribue à consolider une réflexion globale.Le thème «Jeunesse et codéveloppement» : ilest important d’y réfléchir aujourd’hui. Car, mal-gré la forte mobilisation des parents migrantsdans le temps, nous devons avoir à l’esprit queces derniers traversent de véritables crisessociales et financières et que leur implicationdans les années à venir tendra inévitablement àdiminuer. D’où la nécessité de réfléchir dèsaujourd’hui par anticipation. Nous pensons quela cadre de la journée peut nous aider à antici-per sur ce phénomène en préparant les jeunesà prendre la relève. En conclusion, par la combinaison des deuxproblématiques : le développement local «ici» etdéveloppement global «là-bas», nous devonsviser l’objectif général pour les jeunes «d’ici» etde « là-bas» de reconstruire du lien social dansles villes et les quartiers en vue de leur insertionsociale et professionnelle afin qu’ils accèdent àdes meilleures conditions de vie.

Pour finir, il est aujourd’hui important et néces-saire de renouveler notre réflexion sur le sensde nos actions d’une manière générale et dansle cadre de notre domaine d’intervention demanière spécifique. Et ceci dans le contexted’une France multiculturelle socialement difficileet immergée dans une mondialisation écono-mique ou les rapports sont construits sur le libé-ralisme au détriment de valeurs humanistes quinous animent.

Merci pour votre attention, bons travaux etbonne journée ❑

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par CoumbaTRAORE, Banlieue du Monde

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Cette synthèse des travaux de l'atelier 1 : « Mobiliser des compétences pour le dévelop -pement au Sud» regroupe les principauxthèmes abordés sans systématiquement lesattribuer à des participants en particulier. Celaest lié au fait que l'ensemble des participants ontpris part aux discussions et que très nombreuxont été les échanges. Néanmoins, l'atelier étaitstructuré autour de quatre principales interven-tions dont chacune a abordé la problématiquesous un angle singulier, celui de l'expériencepropre de ces différents acteurs qui agissentdans le champs du développement au Nord etau Sud : l Louis Mohamed SEYE a présenté l'action de

l'association qu'il préside (la FédérationNationale des Associations Franco-africaines ouFNAFA) et, s'appuyant sur ce vécu, a soulevéles questions de la discrimination positive enfaveur des jeunes issus de l'immigration pourl'accès à l'emploi. Il a évoqué les problèmes definancements des projets de chantiers jeunes etla démobilisation conséquente pour ces mêmesjeunes;l Paul POUDIOUGO a tenu à illustrer par desexemples concrets (initiatives individuelles ouassociatives) la réalité de la relation de dévelop-pement Nord-Sud : c'est une dynamique àdouble sens, profitable au Nord comme au Sud;l Stéphane MOULEM du programme COSAME(Coopération et Soutien aux Artisans et Micro-Entreprises du Sud) a exposé les grandes orien-tations dans lesquelles s'inscrivent leséchanges d'artisans qui se multiplient par lebiais de ce programme;l Éric MAZOUNGOU est intervenu en tant quejeune entrepreneur et a témoigné de son par-cours qui l'a mené de la France, pays où sesparents ont immigré et où il a grandi, au Sénégalpour un chantier jeunes avec la FNAFA puis auMali où il a monté une petite entreprise.

Les travaux ont porté, dans un premier temps,sur l’identification et l’évaluation des méca-nismes de mobilisation de compétences desjeunes pour le développement au sud. Dans unsecond temps, les participants ont formulé despropositions concrètes susceptibles d’améliorerou de renforcer ce qui se fait en la matière.Sur l’ensemble de la journée, 29 personnes ontassisté à cet atelier.

Introduction : définition de la thématique a) « Jeunesse »

Qui sont ces jeunes mobilisés ou à mobiliserpour le développement au Sud? Quel est leurprofil socioprofessionnel et culturel?Les participants ont rappelé que tous les jeunesqui le veulent sont concernés par le développe-ment au Sud. Il n’y a pas d’exclusivité du pointde vue des niveaux de qualification (la notionde compétence débordant largement celle dequalification en intégrant l’expérience vécue del’individu); il n’y a pas non plus d’exclusivité entermes d’origine culturelle. Néanmoins, une attention particulière a été por-tée aux jeunes issus de l’immigration. D’unepart, il apparaît que nombre d’entre eux rencon-trent des problèmes d’insertion sociale : discri-mination à l’accès à l’emploi, difficultés sco-laires, ou habitent des quartiers défavorisés...D’autre part, ils sont détenteurs d’une “ bi-cultu-re ”. Ceci est un atout dans le cadre du co-déve-loppement qui peut se traduire en termes decompétence : maîtrise de langues parlée auSud, savoir-être, etc. Enfin, ils sont nombreux àgarder un intérêt pour le pays d’origine desparents. Pour beaucoup des jeunes issus del’immigration, la question du développement auSud peut donc se conjuguer avec celle de leurinsertion dans la société française.

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Atelier – 1 :

Synthèse par Djinabou CONÉ,Chargée de mission à la FAFRAD

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b) « Co-développement »La réciprocité des apports de compétences et

de ressources est un élément de définition de lanotion de co-développement. Le co-développe-ment, tel qu’il sera abordé dans cet atelier, signi-fie le développement au Nord et au Sud, ici et là-bas. Quatre cas de figures ont été illustrés aucours des travaux :

l des jeunes au Nord entreprennent desactions de développement au Sud,(des activités économiques ou humanitaires)

l des jeunes au Sud mènent des activités avecl’appui des compétences au Nord, (parexemple, un commercial peut aider à larecherche de débouchés d’un produit)

l Les structures locales ou internationales sedéveloppent au Sud grâce aux compétences quis’y trouvent : cela est pratiqué par les entre-prises et par les associations.

l l’ensemble des trajectoires individuelles quilient de façon plus complexe l’émigration et l’ap-port de compétences au Nord et au Sud.

1- Les mobilisations de compétences pour leSud

Les formes de mobilisations :a) Les mobilisations fondées sur des actionscommunesLes formes de mobilisation existantes sontmises en œuvre par des structures locales ouinternationales : des associations, des entre-prises ou des institutions. La mobilisation seconstruit autour d’un but précis à atteindre : éco-nomique, humanitaire, social, culturel. A i n s i ,selon la structure et le but, les profils recherchésdifférent. On recrutera dans un cas de véritablesprofessionnels avec des qualifications et dessavoir-faire (par exemple : un ingénieur, un ges-tionnaire…). Dans l’autre cas, on rechercherades volontaires en vue de mener une actionsans qualification particulière dans ce domaine.Les jeunes partant dans le cadre de chantiersillustrent ce deuxième cas. Ces diff é r e n t e sformes de mobilisation (professionnel/non-pro-fessionnel) répondent à des besoins réels etdonc ne sont pas en opposition.

Le rôle important joué par la génération desparents des enfants issus de l’immigration a étésouligné. Il leur appartient de responsabiliser etmobiliser les jeunes autour des projets portéspar leurs associations. Les jeunes ont des com-pétences qu’ils peuvent utiliser dans ce cadre.Par ailleurs, ils peuvent trouver des pistes d’in-sertion professionnelle auprès des structuresdes parents. Ce sont des formes de mobilisation« commune » ou basées sur un projet collectif.

b) Les mobilisations fondées sur desactions individuellesIl existe également des formes “individuelles ”de mobilisation. Le cas des jeunes, nés dans unpays du Sud, et qui choisissent d’y retourneraprès avoir vécu et travailler au Nord a été abor-dé. De même, le problème de la fuite des cer-veaux vers les pays du Nord a été soulevéautour de la question : comment favoriser leur participation à l’effort dedéveloppement au Sud ?

Par ailleurs, l’importance des réseaux commemoyen efficace de mobiliser des compétencesautour des projets de co-développement, étémentionnée.

2- L’évaluation des mécanismes de mobilisa-tion

a) les associations

Le bienfait des actions de type « c h a n t i e rj e u n e s » n’a pas été remis en cause. Desremarques ont été faites quant aux objectifsvéritables de telles actions. Ils concernentdavantage l’insertion des jeunes en France et lacohésion sociale que l’apport de compétencesau Sud. En ce sens, les résultats sont positifsmais difficilement quantifiables et visibles sur lelong terme. Ils se traduisent par un “ déclic ”,c’est-à-dire, par plus de dynamisme et un chan-gement de point de vue des jeunes sur leurpropre capacité à entreprendre. Ainsi, les réper-cussions sont culturelles et parfois écono-miques. A été cité l’exemple d’un groupe de jeunes deVitry, qui, après un chantier au Sénégal, a main-tenant un projet de création d’un centre devacances.

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Les associations présentes ont signalé desentraves au développement de ces actions : l le mode de financement actuel (empêche desperspectives sur le long terme et l’intérêt desjeunes diminue d’autant),l la constitution des dossiers (trop fastidieuse),l le parrainage prévu par le dispositif Ville-Vie-

Vacancesl les associations ne sont pas représentéesdans les instances de financement.

b) Les entreprisesLes difficultés du monde de l’entreprise au Sud,elles sont notamment liées aux lenteurs admi-nistratives. Globalement, il a été remarqué unmanque d’information concernant les difficultésque rencontrent les créateurs d’entreprises auSud, informations qui pourraient être très utilesaux promoteurs du Nord désireux de s’installerau Sud.

c) Une dynamique Nord/SudIl a longuement été question de l’émergencedes besoins réels des populations du Sud. C’estégalement à l’aune de la satisfaction de leursbesoins que peut être évaluée l’efficacité du tra-vail fait. Chaque projet de développement auSud doit, à son échelle, créer cette dynamiqueentre les bénéficiaires et les gens qui apportentdes compétences.

3- Les propositions Une partie des travaux de l’atelier a porté sur lespropositions qui pouvaient répondre aux pro-blèmes évoqués ensemble et faire émerger despossibilités d’action dans le cadre du co-déve-loppement.

Objectifs :Connaître précisément les « r e s s o u r c e shumaines » disponiblesPropositions :Recenser les volontaires et les compétences

Objectifs :Résoudre les problèmes d’accès au finance-ment que rencontrent les associations de jeunesPropositions :l Création de fonds spéciaux ;l Facilitation de l’accès aux fonds existants ;l Suppression de la pratique du parrainage etaccès à la représentation dans les instancesparitaire.

Objectifs :Améliorer le suivi des projets,améliorer le dialogue avec les partenaires auSud. Propositions :l Créer des emplois d’agents de développe-ment dans le cadre des contrats emploi-jeune ;l Favoriser l’emploi de jeunes issus de l’immi-gration

Objectifs :Apporter de réelles compétences au développe-ment au Sud, valoriser celles déjà acquises.Propositions :l Former les jeunes avant le départ ;l Avoir recours aux compétences acquises par

les jeunes issus de l’immigration ;l Offrir des stages au Sud à des jeunes du Nordl Renforcer l’expérience des lycées

professionnelsl Former des formateurs au Sud.

Objectifs :Assurer la bonne identification des besoins etdes partenaires du SudPropositions :Mise en place d’outils au Sud et au Nord per-mettant l’identification des besoins et des parte-naires ( « plateau technique » assurant :accueil-études de faisabilité-identification despartenaires )

Objectifs :Favoriser la mobilisation des cadres originairesdu Sud. Propositions :Mettre en place des dispositifs leur permettantde mener des missions dans le pays d’origine.

Conclusion

Il apparaît que les activités entreprises par lesjeunes ont besoin d’être davantage valorisées etsoutenues. Cela passe par l’adaptation desmoyens existants et par la mise en place denouvelles solutions.

Les propositions sont autant de pistes que lesdifférents outils déployés dans le cadre du codé-veloppement peuvent emprunter ou renforcer q

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Ma contribution est un simple témoignage.Ma particularité est que suis resté enFrance assez longtemps avant de partir

au Mali récemment où je représente laFAFRAD. (…) Mon intervention consiste àapporter des exemples concrets de ce qui se faitsur place, aussi à peut-être, ouvrir une fenêtresur la notion de codéveloppement qui me paraîtêtre une notion assez vague (…). Il semble que, jusqu'ici, les actions ont été sur-tout considérées du Nord vers le Sud. Cesactions sont tout à fait efficaces et porteusesmais il y a aussi des retours. S’il n’y a pas for-cement d’actions initiées du Sud vers le Nord, ily a au moins des effets en retour. Ce qui consti-tue de fait une sorte de codéveloppement. Jeprendrai quelques exemples pour illustrer unpeu mon propos. On distingue trois sortes d’actions. D'abord, les initiatives des jeunes qui s'orga-nisent au Mali en s'appuyant sur des compé-tences du Nord. Ces compétences peuventêtre des compétences de jeunes et de moinsjeunes. Les compétences du Nord seraient une sorte delevier dont se serviraient des jeunes là-bas pourgénérer des activités et créer des emploisLes initiatives des jeunes qui s'organisent icipour créer au Mali des emplois.Troisième source possible : les structureslocales ou internationales qui emploient desjeunes issus de l'immigration ou non et lesaident par la suite à créer leurs propres activi-tés.

Un exemple : le G.I.E. de jeunes diplômés deKATIBOUGOU. (Katibougou est une ville duMali où on forme des ingénieurs d’applicationen agriculture et en élevage). N’ayant pas trou-vé de travail à leur sortie, trois diplômés de cetteécole se sont associés à deux jeunes de Franceet de Russie pour créer un G.I.E. Ils se sontainsi réinsérés et ont créé une dizaine d’emploispour d’autres jeunes du Mali et ça fonctionnetrès bien. Ils s'appuient sur des correspondantsà l'extérieur, notamment des jeunes en France.

Un autre exemple est l’association desjeunes diplômés sans emplois.C'est une association qui fait un travail trèsimportant pour l'appui aux Organisations deSolidarité Internationale avec cellule d'appui.S’appuyant sur des compétences extérieures,ces initiatives permettent aussi à des structuresde l'Occident, de la France en autre de bénéfi-cier d’apports locaux notamment au niveau desmatières premières, au niveau de quelquesméthodes expérimentées en agriculture et enélevage qui peuvent servir en Europe. Il y adans cas un échange conséquent dans les deuxsens.

La deuxième forme d’action, ce sont les jeunesqui s'organisent en France pour développer desactivités au Mali. Là, les quelques exemples que j’ai en tête sont: une société informatique qui s'appelleMicro-bureautique créée par des jeunes ici quiont créé par la suite une autre entreprise équi-valente au Mali. L’entreprise située au Malidevrait contribuer aux bénéfices de celle deFrance. Là également on peut dire qu’il y a undéveloppement dans les deux sens et on peutparler de codéveloppement.

Enfin, troisième forme d’actions : celles menéespar des organisations de jeunes au Mali ou ici.Là, il y a de nombreux exemples.Banlieues du Monde-Mali est très active. Elle arécemment reçu plusieurs jeunes venant d’icipour travailler sur des projets très importants. Jepense qu'il y a des gens mieux placés que moipour en parler.

Il y a aussi Globe contact, une ONG qui fonc-tionne au Mali. Il y a également beaucoup d'ac-tions au Mali par rapport aux jeunes : animation,formation an animation, animation rurale etd'autres formes d'animation. Ces jeunes, qui sont formés, arrivent parexemple, à faire de l'alphabétisation, à écriredes livres, à les faire éditer. Ce sont des chosesintéressantes à faire.

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Concevoir le codéveloppement comme un développement dans les deux sens

par Paul POUDIOUGO, FAFRAD - MALI

Interventions en Atelier 1

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Voilà donc les trois sources dont je voulais par-ler. Les exemples sont nombreux. Bien sûr, lesfonds viennent généralement du Nord mais jepense que l'activité qui est générée est profi-table aussi bien au Nord qu'au Sud. L'autrepoint sur lequel je souhaiterais que nous puis-sions réfléchir ce sont les jeunes issus de l'im-migration qui ont, non seulement une doublenationalité mais qui retournent chez eux pours'investir. Parce qu'à un moment donné, on aparfois ce sentiment diffus de vouloir trouver saplace dans sa société d'origine. Quelle que soitl'intégration dont on a bénéficié en Europe, on aenvie d'y retourner. Cela a été mon cas - j'ai étéprofesseur- et puis j'ai eu envie de partir (…)pour des raisons purement subjectives. Donc, ily a plusieurs jeunes qui décident de rentrer. Il yen a, je pense de plus en plus actuellement. Ilme semble que les actions de développementpourraient aussi s'appuyer sur eux car ils ontnon seulement la double culture mais aussi unedouble expérience. Ils connaissent leur paysd'origine, ils connaissent aussi le Nord et qui enplus rentrent pour une certaine motivation quipermettrait de les utiliser vraiment commeagents de développement. On a parlé de ces agents de développement.On pourrait effectivement, sur place, avoir uneaction efficace qui consisterait à former desagents de développement en s'appuyant notam-ment sur ceux qui partent d'ici en particulier.Voilà, c'est le sens de mon intervention ❑

La FNAFA est une association agréée«Jeunesse-Éducation Populaire» par leMinistère de la Jeunesse et des Sports.

Elle est habilitée à ce titre à conduire desactions de formation en direction des jeunesainsi que des adultes. La Fédération encourageles échanges interculturels et crée des évène-ments pour la promotion des jeunes artistesfranco-africains et africains. Elle assure lamédiation sociale entre des familles et les insti-tutions et aux seins des familles.

Les chantiers de solidarité internationalesont d’une très grande utilité

Ils permettent aux jeunes franco-africains demieux s’approprier leur culture d’origine et seconstruire une identité biculturelle équilibréed’apporter un soutien au développement despays africains. À ce titre, les chantiers de solidarité internatio-nale sont d’une très grande utilité. La FNAFA enorganise 2 à 3 par an depuis sa création en1994. Ces actions ont touché près de 400jeunes qui ont réalisé des projets dans différentssecteurs d’activités : éducation, santé, reboise-ment etc.

Une véritable éducation au développementpour nos jeunes

Un soutien logistique et une formation appro-priée sont les pendants de toute action de soli-darité digne de ce nom. Il s’agit d’une véritableéducation au développement pour nos jeunes.Cela permet de réinsérer un bon nombre d’entreeux en leur redonnant la confiance en eux-mêmes. Cela permet aussi de relativiser leurspropres échecs (par rapport à la réalité du sous-développement)et de rebondir avec plus deforce vers d’autres cursus de formation ou desemplois. L’intérêt de nos actions, c’est, indépendammentde leur aspect citoyen, d’être conduites par desafricains ou des franco-africains qui connaissentbien les milieux dans lesquels ils agissent.

Le défi d’inventer des emplois nouveauxpeut permettre à de nombreux jeunes issus

de l’immigration d’exercer le métier d’Agent de développement

En général, les jeunes issus de l’immigrationsont très fortement mobilisés pour participer audéveloppement du continent Noir par le biaisdes chantiers de solidarité internationale. Pource qui concerne la FNAFA , nous sommes prêtsà engager immédiatement deux jeunes pour lesformer et répondre à la demande d’une véritablepolitique de codéveloppement. Au préalable,nous demandons la mise en œuvre d’une poli-tique de discrimination positive pour nous per-mettre de développer ces nouveaux emplois

sans dépendre de subventions aléatoires.13

Intégration et codéveloppementpar Louis Mohamed SEYE, Président de la FNAFA (Fédération

Nationale des Associations Franco-Africaines )

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Notre spécificité culturelle africaine notreconnaissance du terrain et la lutte contre lesexclusions, sont des données objectives queles pouvoirs publics devraient intégrer pourcréer un fonds spécial pour les actionsconduites par les jeunes issus de l’immigration.

Voir sur le long terme

Actuellement, des jeunes de Vi t r y - s u r - S e i n eavec lesquels nous avions fait un premier chan-tier en 1992, sont en train de créer leur projet dedéveloppement. Ils montent un projet de centrede vacances familiales. C’est parti de peu dechoses : un premier voyage pour renouer desliens avec la famille du pays. Ensuite, noussommes repartis avec des petits projets et puis,chemin faisant, ces jeunes sont maintenant cré-dibles auprès des pouvoirs locaux de la Ville deVitry-sur-Seine, du Conseil général et du minis-tère qui les appuient.

Il ne faut pas faire de calculs à court terme surun projet. Il faut voir sur le long terme ce quecela peut devenir. Vous faites une action aujour-d’hui avec les jeunes, vous les formez et après,le projet continue son chemin. Un projet ne s’ar-rête pas parce que les jeunes qui l’ont démarréne sont plus disponibles. Cela est très impor-tant.

Il y a aussi l’aspect exemplarité qui me semblecapital. Les jeunes se projettent sur nous. Sinous sommes éliminés de tous les dispositifs ouassisté ou encadré par des français de souche,les jeunes ne trouveront pas leur place. Il nes’agit pas de ne pas faire des équipes mixtes.Mais il faut tout de même des Franco-africainsdans les projets. Il faut que l’État et les pouvoirspublics ou les collectivités territoriales favorisentcette médiation que nous pouvons faire.

L’État doit favoriser la pérennisation de nosprojets

Et puis, il y a dans nos associations beaucoupde responsables formés dans tous lesdomaines. Il y a aussi beaucoup de révolte. Onne comprend pas pourquoi les projets passentune fois sur deux. C’est ce côté aléatoire quenous souhaitons éviter.

Nous voulons que l’État fasse une identificationdes associations qui font des projets de jeunes-se-éducation populaire et d’éducation dévelop-pement de sorte qu’il y ait une certaine pérenni-sation des projets. Les subventions actuelles nepermettent pas cette pérennisation.

C’est là où le bas blesse. Nous devons nousmontrer combatifs pour mener à bien nos pro-jets. Par exemple, cette année nous noussommes battus pour monter un projet pour leBurkina et finalement, nous allons partir au moisd’août mais cela a été une vraie «galère». Soit on ne nous fait pas confiance pour faire desprojets, soit les projets que nous élaborons sontmoins bons que ceux des autres. Nous ne com-prenons pas.

Que l’on nous explique les règles du jeu claire-ment. Et surtout, qu’on favorise la pérennisationde nos projets. Sans quoi, nous serions obligésde faire ce que nos parents ont fait dans leursassociations villageoises. Ils mènent desactions entre eux, et cela, ce n’est pas l’intégra-tion. Dans ce cas, on ne fait pas partie du pays.Si on veut que l’on fasse partie du pays, il fau-drait penser à la pérennisation de nos projets.

Pour conclure, un autre point qui me paraîtessentiel. Il y a une possibilité de créer desemplois pour les jeunes issus de l’immigration(qui possèdent une double culture). Ils pour-raient être formés pour être des Agents de déve-loppement. Je sais que les autorités se sontpenchées sur cette question. Nos associationsseraient prêtes à les accueillir et notre fédéra-tion également : nous en avons besoin. Nousavons besoin des gens qui peuvent suivre lesprojets or nous n’avons que quelques salariés etbeaucoup de bénévoles.

Dans ces conditions, nous ne pouvons guèrefaire du suivi. L’Etat peut nous aider à créer cesemplois d’Agents de développement. Cela serait très bien parce que les dossiersseront mieux suivis et il aura, en quelque sorte,une professionnalisation, et je pense qu’il faudray arriver. Cela sauverait aussi quelques jeunesqui en ont la volonté et qu’en épaulant, avec uncursus de formation adapté, on pourrait sortir delà ❑

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Le Programme de Coopération et Soutienaux Artisans et Micro-Entreprise du Sud(COSAME) est un tout nouveau program-

me qui a été initié par deux partenaires : un éta-blissement public national fédérant lesChambres de Métiers de France, représentantles artisans, l'APCM et une association d'appuiaux projets humanitaires et de développementla Guilde Européenne du Raid.Le programme a pour objectif de créer des liensentre les artisans du Nord et ceux du Sud afinde contribuer à l'essor des petites entreprisesartisanales et au renforcement de la formationprofessionnelle dans les pays en développe-ment. Le COSAME souhaite aider à la satisfac-tion de besoins réels et clairement identifiés.Pour cela, il n'intervient jamais seul dans uneaction de terrain, mais toujours en tant qu'acteurcomplémentaire.

Le programme COSAME s'articule autour detrois axes : =Système d'échange d'artisans «ArtisansSans Frontière»L'objectif de ce volet du programme est demobiliser les artisans au sein des Chambres deMétiers et les apprentis en fin d'études au seindes CFA afin d'organiser, suivant les besoinslocaux des missions de formation ou d'appuitechnique. Le but à atteindre étant d'appuyer lesorganismes des pays du Sud dans le dévelop-pement de leurs actions en faveur de l'artisanatet du secteur des métiers. Ces missions répon-dent aux besoins des ONG du Nord et du Sud,d'organismes internationaux ou des pouvoirspublics. Elles correspondent à des besoinsciblés. =Conseil et assistance technique Le COSAME a pour vocation d'intervenir auprèsdes organisations travaillant dans le secteur desmétiers et petites et micro-entreprises artisa-nales (ONG, institutions, Etats, Chambres demétiers), afin de les aider à se structurer et àmieux servir les intérêts de leurs membres.=Echange d'informationLe COSAME a pour ambition de recenser etfédérer les différentes organisations qui, auNord comme au Sud travaillent dans le secteur

de la formation professionnelle ou de l'appui auxmétiers et aux petites et micro-entreprises. Ce recensement devrait permettre aux diffé-rents acteurs de la coopération de mieux seconnaître et d'exploiter de nouvelles possibilitésde partenariats eux. Pour cela, nous constituonsun annuaire de différents organismes (…) àterme nous voulons également, sur internet,être animateurs d'un forum pour que les diffé-rents organismes puissent échanger, communi-quer.Ce volet a aussi pour objectif de sensibiliser lesartisans français, et surtout les jeunes artisans,aux questions du développement économiquedans les pays du Sud. La coopération et le codéveloppement sont uneaffaire de partenariat. Il faut que plusieurs éner-gies s'y engagent, plusieurs acteurs car c'estune question de complémentarité (…). Nousn'avons pas vocation à être les acteurs princi-paux du développement (je pense que la légiti-mité reviendrait à des personnes issues de l'im-migration ou à des locaux qui ont immigré, quiconnaissent bien le terrain, et qui ont envie defaire ce retour) mais nous voulons intervenircomme acteurs complémentaires. Nous voulonsêtre partenaires d'autres organismes quiseraient moteurs et qui feraient appel à nouspour un besoin précis, pour une compétencetechnique précise. Nous ne pensons pas qu'il yait un monopole de compétences mais qu'aucontraire, qu'il y a des échanges à faire et descompétences à transférer et cela, dans les deuxsens, (…) , même si, pour l'instant, il y a davan-tage un apport technique A terme, nous voulonsvraiment faire des échanges dans les deuxsens, Sud-Nord et Nord-Sud pour qu'il y ait vrai-ment un échange au niveau de l'artisanat.

ConclusionNous pensons que pour qu'une action de déve-loppement puisse aboutir, il faut plusieurs para-mètres et donc il faut différents partenaires. (…)Nous avons envie d'avoir une vision globale ducodéveloppement, voir où sont enclenchées lesdynamiques, comment elles fonctionnent, pourqu'à terme on puisse s'insérer dans ce proces-sus ❑

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Le programme de Coopération et Soutien aux Artisans etMicro-Entreprise du Sud (COSAME)par Stéphane Moulem

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Un atelier fort et tranquilleL’atelier fut long, cinq heures, chose rare dansles séminaires, avec une vingtaine de partici-pants plutôt stables. Il a permis à chacun des’exprimer autant qu’il l’a voulu. Peu de jeunes hélas, certains invités n’étant pasvenus et d’autres jeunes n’ayant pas été,semble-t-il, suffisamment prévenus. Autre expli-cation plus profonde et à méditer : la coopéra-tion avec les pays d’origine est plutôt le fait, pourl’instant, des parents migrants que de leursenfants nés ici. Traditionnellement aussi, biendes jeunes délaissent les centres d’intérêt et lesmodes de pensée et d’action de leurs parentspour se forger leurs propres vies, activités etvaleurs. Toutefois, de plus en plus d’associations de JIM(jeunes issus de l’immigration) se constituent,hors des parents, pour agir dans beaucoup dedomaines, dont ceux du codéveloppement et dela solidarité internationale.

Au cours des débats, des difficultés à rester surl’ ”ici ” et sur le terrain de la jeunesse et à ne pasdéborder du codéveloppement pour parler de lasolidarité internationale en général ; mais desefforts pour se centrer sur l’apport des migrantset des JIM aux processus de développement iciet là basUnanimité pour considérer que quand on parlede “ là-bas ”, il ne faut pas penser qu’à sonpropre pays d’origine, même s’il est légitime d’ypenser d’abord.

Il était prévu de réfléchir à partir de quatre pré-sentations d’expériences, mais, le temps et laqualité des participants aidant, sept ou huit ontété décortiquées. On a vogué ainsi des agent locaux de médiationsociale de Chanteloup-les-vignes aux chantiersde solidarité internationale impliquant des JIM,des interventions auprès des familles et enfants de migrants à la formation de cadres des paysdu Sud, de l’appui technique du Nord à des

filières économiques du Sud aux échanges cul-turels, en passant par l’action humanitaire, levolontariat, la vie associative des JIM, l’éduca-tion à la citoyenneté ici et la-bas, etc...

Au cœur du débat : la question de l’identitédes JIM.Dans notre société en crise et en mutation, tousles jeunes rencontrent un jour ou l’autre des pro-blèmes d’identité, de repères. Les JIM n’yéchappent pas et ont, de plus, souvent, des dif-ficultés spécifiques pour se situer par rapport àla culture d’accueil comme à celle de leurs ori-gines. Leurs familles, en outre, sont souventelles-mêmes porteuses de traumatismes qui nefacilitent pas les choses : éclatements, déraci-nements, chômage, habitudes religieuses, poly-gamie parfois, etc... Des participants à l’atelieront ainsi avancé que les difficultés rencontréespar certains JIM vis à vis de la norme, l’autoritéou la loi pouvaient s’expliquer par ces antécé-dents et les désarrois de leurs parents migrantsen général, des pères en particulier.

Autre fait important : pour des raisons d’éloi-gnement géographique, temporel ou, souvent,de manque de formation, les parent migrantsméconnaissent eux-mêmes, souvent, leur cultu-re d’origine ou l’ont oubliée, la déforment, la fan-tasment, l’idéalisent, ce qui ne contribue pas àpermettre à leurs enfants de se l’approprier sai-nement. D’où le besoin et le bien fondé, pour lesJIM, de s’organiser, loin des parents, pourdécouvrir par eux-mêmes, avec d’autres jeunes,souvent en empruntant les voies de la solidaritéet du codéveloppement, les réalités de leur cul-ture d’origine. C’est une attente forte, pour lecodéveloppement ici, que de permettre aux JIMde connaître, de vivre pleinement et d’enrichirainsi leurs doubles cultures.Le codéveloppement : d’abord une affaire dereprésentations et d’échanges culturels et édu-catifs.

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Atelier 2

Synthèse par Jean Dominique DELAVEAU,Délégué Fédéral Léo Lagrange Solidarité Internationale

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Au bout du compte, vivre dans plusieurs cul-tures est un atout et non un handicap. Il fautsouhaiter à tous les jeunes et à tous les citoyensdu monde de vivre dans un tel état d’ouvertureet de métissage. C’est un gage de tolérance, depaix et de développement qu’il faut contribuer àpromouvoir. Les JIM bien insérés dans leursdeux cultures peuvent éminemment y contri-buer. C’est ce qu’il font, par exemple, en deve-nant médiateurs sociaux, « grands frères » ,“messagers“ .... Mais prenons bien garde quederrière les fonctions éducatives qu’on leurconfie en apparence ne se cachent pas,d’abord, des attentes policières et ne prenonspas la très mauvaise habitude, celle du ghetto,d’employer massivement de « bons » JIM poursurveiller les « mauvais », c’est à dire ceux quimenacent l’ordre établi. C’est aussi l’ordre établiqui doit évoluer. Il porte une lourde responsabi-lité dans l’injustice du monde et les difficultésdes jeunes.Heureusement, les JIM montrent chaque jour,mais pas encore assez, qu’ils sont aussicapables d’être artistes, stars du sport, chefsd’entreprises, universitaires, députés...

Codévelopper pourquoi, comment ?

La solidarité internationale et le codéveloppe-ment ouvrent des pistes sérieuses pour l’inser-tion des jeunes dans la citoyenneté, la solidari-té, l’activité,l’emploi, ici comme là bas. Cespistes répondent, qui plus est, à une réelledemande de jeunes pour s’investir dans desactions qu’ils appellent souvent “ humanitaires ”,même si ce terme est connoté, ambigu etdemande souvent à être dépassé. Mais cesjeunes conviennent vite qu’il ne suffit pas dedonner aux populations du Sud, qu’on en reçoitplus encore et que c’est de bâtir l’avenirensemble, à égalité, qui est important et porteurd’espoir.

Non au simple assistanat.

Le codéveloppement peut et doit offrir desdébouchés à la générosité des jeunes et contri-buer à guider et qualifier leurs interventions,pour qu’elles s’exercent avec pertinence et effi-cience, ce qui est loin d’être toujours le cas en lamatière.

En ce sens le codéveloppement peut être unoutil politique de transformation sociale et cultu-relle, ici et là bas, non un énième pansement surune misère du monde sans cesse plus vive... auSud.

Certains participants ont toutefois affirmé assu-mer parfaitement bien le fait, loin des grandesthéories, de contribuer modestement au mieux-être et au développement, là où ils ont choisid’agir, sans prétendre changer le monde.Chacun s’est accordé à penser que les actionsde codéveloppement, comme les autres actionsde solidarité internationale, doivent veiller à nepas décalquer ou projeter des réponses et desmodèles du Nord sur les situations du Sud. Onl’a trop fait, par exemple dans l’agriculture. Lasubstitution de compétences du Nord à descompétences existantes mais sans emploi auSud est également une tradition à combattre.L’écoute des partenaires ainsi que la qualité dela réciprocité des apports immatériels doivent aucontraire servir de « mètre étalon » pour évaluerles actions de codéveloppement.

Le respect mutuel ne doit pas, toutefois, com-plexer les jeunes du Nord pour proposer inlas-sablement aux pays du Sud, qui en sont le plusdépourvus, les valeurs de la démocratie,d’abord locale, de la responsabilité, d’abord indi-viduelle et des Droits de l’Homme.

A l’intersection des échecs, des espoirs, desenjeux de la solidarité internationale et de lacoopération décentralisée, porteur de dévelop-pement local de proximité comme de dévelop-pement géopolitique global, le codéveloppe-ment existait déjà mais la promotion du conceptouvre plus grandes les portes de solidarités qui,bien conduites, peuvent redonner du sens àl’avenir des sociétés au Nord comme au Sud. Nil’un ni l’autre ne pourront durablement prospérerseuls.

Par intérêt, par raison et si possible par amour,le codéveloppement élargit les possibilités detravailler ensemble à bâtir un monde plus riche,plus juste et plus solidaire. Y associer lesmigrants, les jeunes et leurs organisations n’estpas une simple possibilité : c’est une nécessitéd’évidence.

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Dans une première intervention, GrégoryKAHAÏLA du CERCOOP Franche-Comté a défi-ni les objectifs de la coopération décentraliséequi implique les collectivités locales, les asso-ciations, les entreprises et les services décon-centrés de l’État. Il s’agit, ainsi, par le biais desaccords de coopération décentralisée, de recen-ser, mutualiser, développer les pratiques decoopération, en tentant d’établir un “consortium”d’associations partenaires.

La coopération décentralisée s’inscrit dans uneoptique de codéveloppement en ce qu’elle peutpermettre une articulation entre coopération etinsertion.Madame GALAZZO de l’Union des FamillesLaïques a, quant à elle, regretté le manque dedéfinition de la politique sur le thème du déve-loppement et du codéveloppement et souhaiteque l’atelier puisse soulever ce problème.Monsieur ANANOS de la Mairie d’Argenteuil amontré comment une municipalité peut aborderle codéveloppement, partant de l’objectif de lalutte contre l’exclusion.Dans cet esprit, un certain nombre d’opérationsont été mises en œuvre. C’est le BanquetRépublicain, organisé par la mairie et au coursduquel se retrouvaient des italiens, des espa-gnols, mais peu de maghrébins, qui a permis derévéler une chose : ces derniers ne se considé-raient pas comme de “vieux kabyles” maiscomme de « vieux travailleurs ».

A partir de ce constat, un travail sur la mémoirea été effectué, avec la production de compactsdisques, d’expositions et d’ouvrages.

Le symbole des « figuiers blancs » a permisd’avancer sur le thème de la transmission de lamémoire, du culte des ancêtres, de l’intergéné-rationnel et de l’interculturel.

David VINCENT de la Plate-forme Françaisedes O.N.G. auprès de l’U.E. a souligné que lesmédias sont des acteurs essentiels dans lecodéveloppement par la manière dont ils traitentl’information.Il y a une ignorance de la part des journalistes etil est nécessaire de faire un travail de fond de cecôté-là. Il serait intéressant de les associer àcertains débats, de leur apporter d’autres infor-mations que celles véhiculées par la rue ou le“café du commerce”.

Monsieur LAMOTTE de la Fédération Françaisedes Clubs UNESCO insiste sur le fait que l’Édu-cation Nationale est très isolée du monde asso-ciatif, qu’il existe un réel besoin de formationdes enseignants pour encadrer des élèves issusde l’immigration. La notion d’échange est fonda-mentale.

Cette idée est confirmée par Madame POITOUdu C.N.R.S. qui a réalisé une étude sur les diffi-cultés scolaires des jeunes africains auxMureaux et à Montreuil : il faut valoriser la cultu-re des enfants en formant les enseignants etéviter d’inverser les rôles, ce sont souvent lesenfants qui sont les intermédiaires avec lesparents.

Madame BARDET, conseillère en formation auC.L.P. rappelle que, statistiquement, les per-sonnes issues de l’immigration sont inexis-tantes. Seuls sont reconnus les étrangers ou lesfrançais mais pas les “ entre 2 cultures ”.Aujourd’hui, c’est le local qui se fait peu à peu lerapporteur de l’histoire de l’immigration. Il fautdonner l’envie à “ l’entre 2 cultures ” de faire deséchanges pays d’origine/pays d’accueil.

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ATELIER 3

SYNTHÈSE par Éric-Charles GOMISKilimandjaro Project

RÔLE DES INSTITUTIONS ET IMPLICATIONS DE LA SOCIÉTÉCIVILE DANS LA PRATIQUE DU CODÉVELOPPEMENT

SOUS-THÈME 1

Améliorer la synergie des différentsacteurs : État/Collectivités locales –Associations – Groupes de base

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Travaillant sur la médiation comme outil favori-sant la cohésion sociale, Noël LUFUMA a rap-pelé l’importance de la responsabilité collective: c’est tout un village qui éduque un enfant. Si onremet en cause l’éducation de telle ou telle per-sonne d’une autre culture, on défavorise lacohésion sociale. Ainsi la question ne pourrait-elle pas être : Comment rétablir le lien car le destin est com-mun ?

Il faut, pour cela, valoriser l’inter culturalité. Troisidées fortes sont affirmées par Noël LUFUMA :

l Respecter l’autre pour un destin commun.

l Suggérer une pédagogie de compréhensionen travaillant sur l’harmonie sociale.

l Favoriser la cohésion sociale par le dialogue.

Akli MELLOULI, chef de projet à Palaiseau,s’inscrit dans le même courant, insistant sur l’im-portance des jeunes dans le codéveloppement.Ces derniers ont un code commun : c’est dansle regard de l’autre que l’on peut exister, si onn’a rien à partager on se sent en échec.Une plus grande reconnaissance est indispen-sable : « Nous sommes considérés comme descitoyens de seconde zone », « On fait pournous, mais sans nous, donc contre nous » ditAkli.

Il n’est plus admissible par exemple qu’il faille seregrouper en mouvements fédéraux pour êtreconsidérés comme interlocuteurs à part entière.En évoquant le rôle des personnes âgées ausein de la société, Mohamed MALKId’Accordages a démontré que les différentespolitiques ou actions devaient les prendre encompte.

Il s’agit donc, et c’est en particulier la missiond’Accordages, de renforcer les liens entre lesgénérations et les cultures.

Il est important de rappeler également que lepublic retraité peut être un excellent acteur dansle codéveloppement par ses aller-retourFrance/Pays d’origine.

Reconnaissance de l’autre, de sa culture... telest aussi le sens du message de FerdinandEZEMBE, psychologue Afrique Conseil.

Beaucoup d’africains, dit-il, demandent qu’onleur explique comment vivre en France. Ce n’est pas l’interculturel qui pose problèmemais le regard porté sur la culture de tel ou telpays.

La culture africaine est synonyme de pauvreté.Ce n’est pas le cas de la culture des pays euro-péens, synonymes de richesse.

Pour intégrer les jeunes il faut leur donner avanttout une identité.

Ferdinand EZEMBE pose la question du codé-veloppement en ces termes : Codéveloppementde quoi ? d’usines ? d’écoles ? peut-être, maissurtout codéveloppement de l’Humain.Il faut travailler avec la personne humaine carc’est la perte de la dignité qui amène la violen-ce. Respecter l’autre dans sa différence et dans sadignité.

Ferdinand EZEMBE termine en citant ce prover-be Mossi : « L’échange ressemble à un don,alors que chacun garde son bien ».

CONTRIBUTION DE L’ATELIER N°3 POUR UNE DÉFINITION DUCODÉVELOPPEMENTAUTOUR DE 3 AXES :

PARTAGE, CODÉVELOPPEMENT HUMAIN ETCOHÉSION SOCIALE

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SOUS-THÈME 2

FAVORISER LA COHÉSION SOCIALE

Animateur : Noël LUFUMADirecteur EVREUX PLUS

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1. LE PARTAGE.

Pas de codéveloppement sans partage.

C’est tout d’abord le respect mutuel.

C’est ensuite le partage au sein d’un travail encommun impliquant tant les institutions que lesassociations et les intervenants de terrain. Pourcela, des outils doivent exister localement. Deslieux ressources pourraient être utilement crééset développés.

C’est enfin l’échange pour un enrichissementmutuel.

Tous les acteurs sociaux sont concernés. Il nes’agit pas seulement d’opérer des échangesentre les jeunes mais aussi entre profession-nels, afin que les différentes cultures soientmieux connues de tous (ex. : enseignants, tra-vailleurs sociaux).

L’interculturalité, l’intergénérationnel sont desvecteurs importants de cet échange.La valorisation des ressources et des compé-tences endogènes.

C’est seulement avec cette approche que lecodéveloppement peut exister.

2. LE CODÉVELOPPEMENT HUMAIN.

Il est important d’avoir cette notion de codéve-loppement humain car un certain discoursactuel tend à vouloir tout faire entrer dans undroit commun. Les inégalités sociales existent, ilfaut lutter contre.

C’est un travail autour de trois thèmes en parti-culier :

L’Éducation

Une démarche de sensibilisation doit être effec-tuée auprès de l’Éducation Nationale afin d’ou-vrir le chantier d’une véritable pédagogie del’éducation.

La notion d’échange doit être introduite auprèsdes enseignants.

Le travail avec les parents engagé par plusieursassociations ou structures (cf. Afrique Conseil -Evreux Plus) doit être soutenu et développé.

L’Insertion

Elle suppose un regard porté sur les jeunes«sans distinction d’origine».Elle peut être aidée par la mise en place de par-rainages intégrant la dimension culturelle. Onpeut créer des binômes comme l’a suggéré D.GENESTON (D.I.J.J.).

La Transmission

Le travail sur la mémoire est fondamental dansla construction de l’identité de chacun (Cf.Mairie d’Argenteuil).Le renforcement du lieu intergénérationnel parune valorisation des aînés (Cf. Accordages) etpar un travail avec les retraités ou les préretrai-tés considérés comme des acteurs potentiels decodéveloppement, doit aussi être considérécomme un outil important de transmission descultures.

3. UNE RECHERCHE DE cohésionSOCIALE.

a - C’est tout d’abord la reconnaissance d’unevéritable politique multiculturelle en France.

b - C’est aussi une meilleure connaissance del’immigration, du codéveloppement au sein desinstitutions.Un travail d’information, d’échanges doit êtreentrepris avec la Justice, l’Éducation Nationale,les travailleurs sociaux... Cette connaissancesuppose aussi un changement des représenta-tions, notamment par les médias en promouvantune autre information.(Cf. David VINCENT -Plate-forme des O.N.G.).

c - Et tout simplement une application de la loisans discrimination à l’égard de tous.Une étape importante vers la non-discriminationserait l’instauration d’une égalité des droits desassociations q--------------------------

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Vous savez pourquoi je n’étais pas là ce matinet j’ai appris que vous avez honoré la mémoirede notre délégué qui vient de décéder MonsieurJean GUIDONI. Je vous en remercie beaucoup,nous en sommes tous très touchés. Je vousdirai deux mots tout de même de ce nouveaudélégué qui était arrivé au mois de novembre,en fait concrètement au début de janvier avaitdonné une nouvelle impulsion à la Missionaprès une période de flottement qui était liée audépart de Sami NAIR et cet élan est brisé enplein vol. Cela ne veut pas dire que la Missions’arrête, loin de là, mais nous savons que nousallons subir quelques retards dans la poursuitede la mission que Lionel JOSPIN nous aconfiée.

Il y a mille façon d’essayer de présenter laMission Interministérielle, ses fonctions, sonobjectif. Pour être à la fois complet et rapide, jevais décrire notre « interministérialité ».

Pourquoi sommes-nous interministériel ?Je veux dire par-là, voir, à travers cette intermi-nistérialité, ce que nous avons pour mission demettre en œuvre du point de vue de l’action dela puissance publique. Première remarque : lamission interministérielle a été chargée parJOSPIN de proposer des mesures visant àtransformer la politique de l’immigration dans laperspective de faire que cette immigration, aulieu de desservir le développement des paysd’origine de la migration soit au service de cedéveloppement d’où le titre de la missionDéveloppement et Migration Internationales. Nous ne prétendons pas couvrir tous lesaspects du co-développement. Nous avonspour mission de proposer au gouvernement desmesures, c’est le terme du décret, visant à per-mettre cette politique.

Donc cela veut dire ce que nous sommes et ceque nous ne sommes pas. Nous ne sommespas le ministère de la Coopération, ou leMinistère de l’Intérieur ou le Ministère de ceci oude cela. Nous ne sommes pas des guichets,nous ne sommes pas en charge d’instruire desdossiers précisément, etc. Il y a des ministèresqui sont faits pour ça. En revanche, cette fonc-tion interministérielle est dû au caractère com-plètement transversal de la problématique duco-développement par rapport aux différentssecteurs ministériels, comme vous le savezdans nos institutions, il s’établit des fois desfrontières plus ou moins étanches.

NOUS SOMMES INTERMINISTÉRIELAVEC CINQ MINISTERES.

Je commencerai par le ministère de l’inté-rieur. Pourquoi est-il dans notre panel ?

L’un des premiers aspects fondamentaux de lapolitique de co-développement que Jospin nousa chargé de promouvoir, c’est de faciliter la cir-culation des personnes entre le Nord et le Sudet entre le Sud et le Nord. En résumé, on estpassé d’une politique dite d’immigration zéro1 àla mise en place d’instruments facilitant la circu-lation d’acteurs impliqués dans le co-développe-ment.

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Interventions en plénière

par Jean FREYSS, Chargé de Mission à la MICOMI

L A POLITIQUE DE CODÉVELOPPEMENTET LES MIGRATIONS INTERNATIONALESDe l’interministérialité à des actions impli-quant une diversité de partenaires

1 - qui n’était pas une politique d’immigration zéro mais une poli -

tique de fermeture des frontières juridiquement, mais une trans -formation de la migration traditionnelle des norias ou autre sys -tème de circulation à une migration plus ou moins clandestine etavec ce que j’appellerais un effet de nasse : quand on est ren -tré, c’est très difficile d’en ressortir et donc, au lieu d’avoir unelogique de circulation, on avait une logique d’entrée plus oumoins illégale des personnes avec tous les drames humains quecela peut représenter et aussi de difficultés à en ressortir parceque si on en ressort, on ne sait as si on va pouvoir y revenir ).

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La deuxième dimension c’est leMinistère des Affaires Étrangères

Le Ministère des Affaires Étrangères (…)pourquoi ? Parce que cette politique, du point de vue insti-tutionnel, est une politique qui vise à asseoir lesrelations sur un véritable partenariat entre l’Étatet les pays. Quand on dit partenariat, le mot esttrès galvaudé : tout le monde fait du partenariat,etc., mais disons qu’une réforme de la coopéra-tion2, c’est de faire en sorte que les actions quisont menées en solidarité ou en coopérationavec un pays partenaire ne soit pas des chosesqui rentrent par la fenêtre, on ne sait pas tropcomment, qui arrivent sur le territoire sans queles autorités, quelles qu’elles soient : au niveaunational, ou au niveau local3. Donc l’idée c’estque la mise en œuvre de cette politique decoopération doit s’inscrire dans un partenariatégalitaire avec les pays. Ça n’épuise pas lespartenaires. Il s’agit bien là, je le répète, du par-tenariat institutionnel. La deuxième composante du Ministère desAffaires Étrangères, c’est la coopération etlà, nous sommes au cœur du deuxième grandvolet de la politique de co-développement et desmigrations internationales : valoriser la migra-tion au service du développement du pays.Faire en sorte que le phénomène migratoire - labi-culturalité qu’offre la migration, les compé-tences qui sont acquises lors des échangeshumains, etc. - soit valorisé dans le cadre dudéveloppement du pays d’origine mais aussi dudéveloppement de la France : co-développe-ment c’est aussi ce que ça apporte à la France.Donc une partie de notre domaine d’actionconcerne la coopération mais pas toute lacoopération. Je vais donner un exemple que j’aibeaucoup utilisé avec nos partenaires malienspour dire ce qu’est la coopération classique etce qu’est la coopération de co-développement.Au Mali, une demande déjà très ancienne étaitde créer une route de désenclavement dans larégion de Kayes, entre Kayes et Yélimané. Lacoopération française à fiancer la constructionde cette route : 80 millions de francs - joliesomme.

Ce que nous disons à nos partenaires maliensc’est que ça, ce n’est pas du co-développement,c’est de la coopération. On fabrique un équipe-ment qui est nécessaire au développement dece territoire. En revanche, si on profite de l’appel d’air, desmarchés en fait que représente une routecomme celle-là, pour développer une entrepriselocale et qu’on mobilise les compétences desmigrants, éventuellement, l’épargne desmigrants pour cela, là on est dans du co-déve-loppement. Vous le voyez, à l’occasion d’unemême action : faire une route, on a de la coopé-ration classique et une action de co-développe-ment par la mobilisation des apports desmigrants.

Troisième ministère : l’Emploi et laSolidarité. Pourquoi ?Et bien parce que cette politique a comme par-tenariat principal et non exclusif les associationsde migrants en France. Ce n’est pas le partena-riat principal parce qu’effectivement, cette poli-tique concerne les migrants et leurs associa-tions mais ce ne sont pas des partenairesuniques en ce sens que d’autres partenairessont et doivent être impliqués dans cette action.Je pense aux entreprises du Nord qui peuventappuyer des compagnonnages, appuyer lacréation d’entreprise, des transferts de savoir-faire, etc. Et puis pour une deuxième raison,parce que, là, je me permettrais d’insister, cettepolitique de valorisation n’est pas seulement lavalorisation des migrants actuellement présentsen France.

Le rétablissement d’une mobilité des per-sonnes, c’est le rétablissement de la mobilitépermettant aux migrants actuellement présentsde circuler : retourner dans leur pays, revenir enFrance où ils sont intégrés, mais aussi de facili-ter la venue de nouveau flux migratoires dans lecadre d’action de co-développement, notam-ment, la formation. Là, les partenariats ne sontpas forcément de même nature, ce ne sont pasforcément les associations de migrants quiseront les partenaires principaux de ce type decirculation Sud-Nord pour la tenue d’un stageprofessionnel, pour la formation, pour deséchanges d’expériences etc.

2 - comme ça a été le titre de l’action menée dans les deux dernières années.

3 - Dans le cadre des conditions de la décentralisation au Mali, l’échelon local est extrêmement important au niveau partenariat.

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Quatrième ministère, l’Éducation Nationaleet les différents secteurs de formation4

Pourquoi ?Parce qu’au cœur de la politique de co-dévelop-pement, il y a la valorisation de la ressourcehumaine qu’est l’apport de la migration, et lavalorisation de cette ressource humaine est fon-damentalement liée aux capacités qui passententre autre par de la formation au sens trèslarge. Quand on dit formation, c’est toujours pardéduction, formation, échange d’expériences,capitalisation d’expériences, etc., tout ce quirenforce la capacité des hommes à faire faceaux défis, aux enjeux du développement dansleur société.

Cinquième ministère (…) c’est les Financesparce que rien de tout cela ne peut se faire sansgros sous et que le cordon de la bourse est tou-jours tenu plus ou moins par les Finances etqu’il faut qu’ils soient avec nous.

Il manque sans doute un ministère, c’est leMinistère de la Jeunesse et des Sports.Cela tient au fait que la thématique qui nousréunit ici aujourd'hui, la jeunesse, n'était paspremière au moment de la constitution et de ladéfinition de cette Mission par Jospin. (…) Cesont finalement les associations de migrants quinous ont alertés sur l'enjeu important desjeunes, notamment des jeunes issus de l'immi-gration, et de fait, depuis peu, des partenariatsinstitutionnels commencent à s'établir entre laMission Interministérielle et le Ministère de laJeunesse et des Sports. Mais, officiellement, ilsne font pas partie de la MissionInterministérielle.

Quelques mots sur les axes sur lesquelss’appuient nos objectifs, les axes d’actions.

L’appui au développement des activitésproductives et spécialement de la créationd’entreprise de taille moyenne, de PME-PMI.Le constat qui est acquis par tous c’est que ledéveloppement du tissu économique de beau-coup de ces pays africains : Mali, Sénégal etMaroc à moindre titre, c’est la fragilité ou laquasi-inexistence de PME-PMI. On est dans

des économies où il y a des très grandes entre-prises, souvent étrangères ou dépendant del’étranger et de la micro-activité, informelle, éco-nomie populaire…qui est une économie de sur-vie, pour les populations, directement producti-ve. Et l’expérience montre le caractère essen-tiel, incontournable du développement d’unréseau de PME-PMI. De ce point de vue, la res-source apportée par la migration, dans un sensou dans l’autre d’ailleurs est un atout. Il n’estpas le seul mais c’est un atout qu’il faut valori-ser, d’une part par la composante de l’épargne,c’est toute la problématique sur laquelle nosamis des Programme Solidarité Eau travaillentdepuis longtemps, qui est la transformationd’épargne des migrants en capacité d’investis-sement sachant que souvent l’épargne estd’abord une épargne consommée (transmise àla famille pour survivre). Puis elle est deuxième-ment une épargne pour réaliser des investisse-ments collectifs : des écoles, des centres desanté, des mosquées, et qu’elle est rarement,difficilement investie dans les activités produc-tives d’une certaine échelle. il y a donc tout untravail (…) qui est d’aller dans le sens d’unetransformation de l’épargne en investissement .

Le deuxième atout de la migration dans ledomaine du développement des PME-PMI,c’est la possibilité de montrer des compétencesqui sont de deux ordres : d’une part les compé-tences techniques5, d’autre part les gens qui ontdes diplômes peuvent apporter une aide à la for-mation professionnelle.

En sens inverse, les systèmes Sud-Nord, sousforme de stages professionnels qui sont un desdomaines importants sur lesquels on insiste.Par exemple, on peut avancer l’idée de conven-tion de stages entre la France et le Sénégal, laFrance et le Mali : permettre à des salariés duMali ou du Sénégal de venir en France pour unmois, deux mois, en stage professionnel pouracquérir des capacités supplémentaires. Mais iln’y a pas que l’aspect technique qui est fonda-mental.

4 - des secteurs qui peuvent être l’agriculture puisqu’il y a des forma -

tions en agriculture.

5 - Quelqu’un qui a été chef de chantier pendant des années, mêmes’il n’a pas de diplômes, peut être extrêmement utile pour une PME-PMI de travaux publics ; soit il va là-bas s’installer comme salariéd’une entreprise, soit parce qu’il va venir faire du transfert de compé -tences, au travers de mission temporaires d’appui à la création de cetteentreprise.

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Et là, encore une fois, le bi-culturalisme de lamigration est un élément essentiel du point devue de ce qui est hors qualification, qui est plu-tôt de l’ordre des savoirs faire et des comporte-ments. On sait que l’échec de beaucoup d’activités deproduction, est lié à des problèmes de maîtrisedu temps, d’organisation du travail, de rapport àl’économique etc.Alors, moi je ne dis pas qu’il faut que la cultureafricaine se calque sur notre culture. Mais onsait que pour qu’une entreprise marche, il aquelques règles à respecter et que ces règlespeuvent être transmises, je dirais, par des gensqui ont acquis souvent, en position non pas dechef d’entreprise mais de salarié, qui ont acquisce qu’on appelle la culture de l’entreprise.

Appui au domaine, au senslarge, du social Autre domaine, c’est l’appui ou la réponse àdes besoins beaucoup plus disparates,notamment les besoins dans le domaine ausens large du social : éducation, santé, jeu-nesse. Je disais dans l’atelier où j’ai fait un petit passa-ge, le Président du Mali est très demandeur, etlà, on rejoint le problème des jeunes, qu’onenvisage la mobilisation d’un certain nombre dejeunes, pas forcément d’ailleurs toujours issusde l’immigration, encore une fois, mais proba-blement que se sera des jeunes issus de l’immi-gration, ayant un niveau d’éducation de forma-tion minimum pour venir, le terme qu’on emploiactuellement comme « v o l o n t a i r e s », parexemple pour deux ans pour remplir des mis-sions d’appui dans l’éducation, dans la santé(notamment la sensibilisation sur le sida, l’édu-cation sanitaire et social etc., mais pas pour êtremédecin bien entendu), ou dans l’animation dela jeunesse.Donc un système de mobilisation des jeunes,pour répondre à des besoins, disons, à caractè-re social.

Vont de pair avec tout cela, les stages pro-fessionnels pour les entreprises au traversdes bourses de codéveloppement.On travaille aussi sur l’idée de bourse de co-développement, qui doit concerner pas mal dejeunes, mais des jeunes des pays d’origine. Ces bourses de co-développement peuvent

être conçues comme une extension du systèmeactuel de bourse à des catégories qui n’y ontpas droit actuellement. Grosso modo, des gensqui n’ont pas beaucoup de diplômes, mais beau-coup d’expériences et qui peuvent avoir besoin,en peu de temps (quelques mois), de capitalisa-tion, de validation d’expériences. Je suis moi-même enseignant au CollègeCoopératif et j’ai été amené à travailler avec despublics de ce genre. Les bonds sont colossaux,on a un rapport coût / avantage considérable eten plus, ce sont des systèmes qui sont plus oumoins en alternance, ce qui veut dire que lejeune n’est pas coupé de son territoire pendantde longues années. Il n’est pas question deremettre en cause des longues annéesd’études. Il est question d’ajouter quelque chosede plus au travers de ces bourses de co-déve-loppement.

Utiliser le dispositif desemplois - jeunes en FranceIl y a aussi l’idée d’appuyer un processus déjàengager dans les textes à propos des associa-tions. C’est le fait d’utiliser le dispositif desemplois - jeunes en France, pour recruter desjeunes en appuis, à des actions de co-dévelop-pement, qui peuvent être soit l’interne à desOSIM, associations de migrants ou des asso-ciations de solidarité non migrantes, soit dansles collectivités territoriales engagées dans lacoopération décentralisée. L’idée étant d’ame-ner des forces, pour améliorer la capacité, laprofessionnalisation de ces structures.

S’agissant des OSIM en particulier, la recon-naissance politique des OSIM par le gouverne-ment, par le fait d’être reconnu maintenant à parentière comme des ONG, est une excellentechose. Encore faut–il que ces organisationsaient les capacités, aient les moyens d’exercerpleinement ou d’utiliser pleinement cette espa-ce. Ce qui veut dire que les associations sou-vent anciennes, fondées sur le bénévolat, n’ontjamais eu beaucoup de moyens pour travaillersont en difficulté à se mettre au niveau quand ils’agit de négocier avec le ministère des contratset des projets etc. Il y a tout un savoir faire et en fait pour moi, cen’est pas seulement et principalement le problè-me de rédiger un projet, c’est la conception

même du projet. 24

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Formation destinées aux res-ponsables d’associations demigrantsPeuvent également aider des cessions de for-mation destinées aux responsables des asso-ciations de migrants, pour renforcer leurs capa-cités dans le domaine de la gestion de projet,dans le domaine de l’approche en terme dedéveloppement local de façon à ce que les pro-jets réalisés s’inscrivent dans des dynamiqueslocales, dans les pays.

Où en sommes-nous actuellement ? Le décès de Jean Guidoni va nous handicapémais, il y a trois semaines, nous avons signésune convention de co-développement avec leSénégal, qui définit donc le cadre légal à partirduquel nous pouvons maintenant enclencherdes actions. Ces actions seront des actionslabellisées, par un comité mixte franco-sénéga-lais et seront gérées ensuite par le ministère adoc. Ce n’est pas la mission interministérielle quiva gérer les dossiers. Par contre, nous avonsune fonction de labellisation : dire « ce projet,qui est présenté s’inscrit effectivement dans unelogique de co-développement ». Donc on ouvrela manette des moyens financiers, pour l’ac-cueillir ce projet. Donc voilà où ont en est auSénégal.

Au Mali, on a eu une réunion le 03 juillet. Enprincipe, on signe la convention, mais ça faitlongtemps qu’on traîne un peu, donc on verra.

Au Maroc, il y a eu un blocage politique, audébut, d’incompréhension complète entre lapolitique française et la politique marocainedans ce domaine, ce qui n’a pas permis d’avan-cer en terme institutionnel. Si on ne peut passerpar la porte, on passe par la fenêtre. Je veuxdire par là, si on ne peut pas passer par le haut,on passe par le bas. En ce sens, il s’agit dedévelopper des actions de partenariat et petit àpetit, faire la démonstration de ce qu’on veutdire par co-développement, puisqu’on n’ arrivepas à se comprendre au niveau des termes, desconcepts, qu’on se comprenne dans la pratiqueet qu’a partir de là, je pense que l’intérêt com-mun de la France et du Maroc dans ce domaineest évident, à partir de là, on sera en étatd’avancer, y compris institutionnellement q----------------------------------

Ousmane TERA,Bureau Afrique Consultation

Je voudrais parler sur l’atelier n°1. Par rapportaux jeunes là-bas ou aux entreprises créées là-bas, on a parlé de la commercialisation. Je suisallé dans l’atelier n° 2 et là le même problèmes’est posé. C’est vrai, nous avons des entre-prises informelles, nous avons beaucoup plusde commerçants que d’entrepreneurs réelsdans les PME-PMI. Je crois savoir que dans nosÉtats, beaucoup d’entreprises sont financéessoit par la Banque Mondiale, soit par la CaisseFrançaise de Développement ou d’autres orga-nismes bailleurs de fonds. Mais ce qui est leplus fréquent c’est que les entreprises n’ont pasla pérennisation tout simplement parce que lesproduits qu’elles fabriquent n’ont pas de débou-ché, parce que nous n’avons pas encore intégréle travail des commerciaux dans nos démarchesd’une manière générale. Ce qui a été dit danscet atelier et je crois qu’il faut appuyer, c’est laformation des jeunes qui peuvent aller vendreles produits. Je donne un exemple. Au Mali onmonté une usine de fabrique de tôles mais onn’avait personne pour commercialiser les tôlesfabriquées alors que des entreprises de BTPvenaient d’être mises en place, des projets del’État existaient. Il fallait, je crois embaucher descommerciaux (…). Cela manque chez nous.

En atelier 3, il a été question de la formation desenseignants. Mais les relations avec les ensei-gnants et l’école sont également à améliorer etpour les améliorer, il faut que les enseignantssachent exactement ce qui se passe, au niveaude la culture, comme au niveau des élèves.Aujourd’hui, les enfants passent plus de tempsà l’école. Mais l’éducation scolaire peut-elle suf-fire si certains parents baissent les bras. C’estpeut-être à eux aussi de faire une partie du tra-vail d’éducation : apporter quelques élémentssur les cultures d’origine des élèves peut éven-tuellement aider q

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Animé par Ibrahim Sorel Keita,Banlieues du Monde

Débat

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Dominique GENESTON, Chargé de mission à la DIIJ

(...) Il y a un problème de contact avec l'Éduca-tion Nationale qui semblerait-il a ses propresdispositifs, ses propres logiques. (…). La dimen-sion codéveloppement / éducation est un vec-teur très important. Le codéveloppement, cen'est pas seulement du Nord vers le Sud maisaussi à l'intérieur du Nord. On a l'impressionque tous les micro-projets sont marginalisés, neconnaissent pas les circuits. On espèrequ'après ce colloque, il y aura des outils pourpermettre aux partenaires de solutionner ce pro-blème. Par rapport aux médias, il y aurait un besoind’œuvrer à partir du terrain pour qu’ils ne pren-nent pas les positions qu'ils prennent sur lecodéveloppement. On a l'impression que lecodéveloppement est présenté sur le coté cha-ritable, judéo-chrétien. Tout cela pose problème.(…)Nous avons parlé de la CCD en demandant :comment entre-t-on dans les comités de pilo-tages ? Des opérations se font : FAFRADCASA. Mais quid à l'issu de ce colloque ? Unefois de plus, les idées sont intéressantes, la pas-sion est là, mais (...) comment transformer l'es-sai et arriver à faire en sorte que cette fusion,cette synergie des acteurs soit perçue ?

AKLI MELLOULIChef de Projet à PALAISEAU

Dominique a insisté sur ce que je voulais dire.C’est vrai que tout ce qu’on a développé defaçon philosophique ne peut avoir de sens quepolitique. La vraie question que je pose aux dif-férents acteurs c’est de savoir si le processusdont nous avons pu percevoir ce matin (…)d’une inversion ou d’une façon de faire différen-te, va-t-on le maintenir ? Est-ce qu’on va faire,pour une fois, avec nous, pour nous, ou va-t-oncontinuer à faire pour nous, sans nous ? La vraie question est là, fondamentale et poli-tique. A mon avis, il faut aussi poser la questiondu sens. Il est vrai que l’on manque d’espace deparole. Moi, personnellement, je n’y connais rienau co-développement. Le seul co-développe-ment sur lequel j’œuvre, c’est le mien, en inter-ne. Mais quand je me tourne autour de moi, jesais que c’est une donnée qui, si elle me

concerne, doit concerner l’ensemble des per-sonnes, y compris les personnes qui n’irontpeut-être jamais en Afrique ou ailleurs mais qui,dans la connaissance mutuelle seront confron-tées à un certain nombre de valeurs ou à laprise en compte de l’autre et notamment avec lamondialisation et des nouveautés technolo-giques qui accélèrent cette virtualité. Nousseront concernés et il faut qu’on y travaillepuisque c’est une nouvelle condition de la socié-té dans laquelle on vit (…).Ensuite, je trouve que cette journée est intéres-sante et c’est vrai qu’il faut penser à la pérenni-ser mais il faut essayer de croiser ces regards.On ne peut plus, et c’est pareil pour tout, jepense qu’on ne peut plus travailler qu’entre spé-cialistes, dans un petit bout de table. Il va falloiraussi rendre lisibles les politiques publiques et,je crois que s’il y en a une qu’il faut rendrelisible, c’est justement cette politique de co-développement q

Éliane PIERSON Banlieues du Monde

Je ne sais pas si je vais être dans la réalité decette journée car je viens d’arriver. J’ai tout demême entendu les trois rapporteurs (…) Je vou-lais simplement dire que nous avons réussi mal-gré tout à Banlieues du Monde à intéresser l’É-ducation Nationale d’une certaine façon, je nesais pas si c’est du co-développement, mais dumoins à s’intéresser à la jeunesse. Depuis un anmaintenant, nous avons fait en sorte qu'un cer-tain nombre d’élèves et lycées professionnels,pour l'instant, uniquement de la région parisien-ne, aillent dans le cadre de leur cursus scolai-re, faire leur stage professionnel au Mali, enGuinée et au Sénégal, plutôt que de le fairedans une entreprise en France. Il y a d'abord euune mission préparatoire avec un professeur quis'est rendu sur place. Il y a un lycée de forma-tion aux métiers de l’électricité, un lycée demécanique, un lycée de menuiserie. Les élèvessont contents et surtout il y a eu une rencontreculturelle extraordinaire. Vous savez que 70 %des jeunes des lycées professionnels sont issusde l'immigration. J'ai accompagné un groupe il ya 15 jours, je me suis aperçue qu'ils ne connais-saient rien des origines culturelles de leursparents.

Monsieur le Secrétaire d'État à l'Enseignement26

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Professionnel nous a demandé d'aller au-delàde la région parisienne, et donc j'ai des rendez-vous avec Marseille et Lyon pour la fin du moisde juin et la mi-juillet. J'espère que cette situa-tion va véritablement prendre forme. Il n'y avait-là que six établissements. J'espère qu'il y enaura davantage et que nous pourrons aller versd'autres pays et, en particulier avec le Maroc(…) ❑

Grégory KAHAÏLA, CERCOOP Franche-Comté

Simplement pour apporter un petit complémentpar rapport au compte rendu de l’atelier 3 (…).On a aussi largement discuté de la coopérationdécentralisée aujourd’hui, j’étais là pour ça. Jetenais à préciser que, dans l’atelier 3, a été dis-cutée l’articulation qui allait être faite entre cettenouvelle forme de coopération qui a émergé en1992 (la coopération des collectivités locales) etcette idée du co-développement toute récente,bien qu’aux origines assez lointaines. A été dis-cutée aussi la façon dont cette articulation favo-riserait une réflexion sur le développement quinous permettrait de passer d’une conception detype aide au développement (ce qui, tout àl’heure était nommée conception humanitaire dela coopération) à une conception qui me sembleplus moderne et qu’on avait appelée à cetteoccasion co-développement durable. De cette discussion avait découlé une proposi-tion que je transmets à M. Freyss, concernant lacréation de lieux ressources sur le co-dévelop-pement et sur la coopération décentraliséeaussi bien dans les régions françaises commeça existe, en Franche-Comté, (…) mais aussisur place, dans les pays partenaires q

Amid ASNAOUI,Coordination du Collectif des associa -tions du Sud du MarocJe voulais aller dans le sens de l'interventiond’Akli tout à l’heure. J’ai envie d’interpeller lesreprésentants des institutions, des pouvoirspublics qui sont présents aujourd’hui. Il est trèsrare qu’on les ait dans des débats comme celui-là et l'on en profite à chaque fois pour faire pas-ser un certain nombre de revendications. Ilserait dommage qu’on perde encore un certainnombre d’années, comme cela a été le cas

avec des associations de migrants : on a atten-du une douzaine d’années pour leur reconnaîtredes droits, alors que le développement du Sudest un terrain sur lequel, à priori, elles n’étaientpas destinées à travailler. Elles y sont amenéespar la force des choses, par la nécessité. Jen’aimerais pas qu’on perde encore une quinzai-ne d’années avant de voir reconnues les asso-ciations des Jeunes issus de l’immigration ;qu’on leur reconnaisse ce rôle d’acteur du déve-loppement. Ça nous ferait à peu près une tren-taine d’années de retard. Donc, je dis ça en par-tant de deux constats très précis : nous sommessouvent sollicités par des Collèges, des Lycées,des Maisons de Jeunes et des associationspour organiser des chantiers pour des jeunesd’ici dans le Sud du Maroc. On se rend compteque même quand on travaille avec les lycées, ilest souvent difficile d’organiser ces chantiers,même pour les instituteurs. Nous, nous insis-tons beaucoup sur la phase préparatoire, ce quisouvent n’intéresse pas les organisateurs quis’intéressent beaucoup plus au projet en lui-même. Nous aimerions d’abord informer lesgens sur les conditions culturelles et la réalitésocio-historique, faire tout un travail de mémoi-re aussi de la part de la France par rapport à sesanciennes colonies et ça, les collégiens, lycéensn’ont pas le temps de le faire et (…) on fait lesprojets dans la précipitation. On travaille aussisur l’après-projet. On insiste beaucoup sur laréciprocité des échanges et on se rend compteque ces jeunes qui partent sur les chantiers (…)l’année d’après, lorsqu’il s’agit de recevoir ceuxde l’autre côté, ces jeunes ne sont plus là : ilssont passés au lycée ou à l’Université ouailleurs. Là, il y a un problème réel et nousdisons que si on arrive à institutionnaliser unepédagogie de l’échange à l’intérieur des lycéeset qu’on reprenne les coquilles qui existent tou-jours, à savoir, par exemple, les jumelages entrelycées, on peut reprendre un échange sansimpliquer les jeunes qui étaient là au départ ;que cela soit une tradition d’échange avec unevraie pédagogie de connaissance de l’autre, quidoit se faire à mon sens avant tout dans lesCollèges et dans les Écoles, avant de se fairesur le terrain parce que les jeunes qui font de lasolidarité ont souvent plus de choses qui sontde l’ordre de l’urgence et ils n’ont pas souvent letemps de s’occuper de questions culturelles q

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M. SAOUDI A.D.Solidarité

Dans l’atelier 2, on a abordé aussi toute laphase de l’insertion de ces jeunes et la placedans ces actions de co-développement. Il seraitdommage, avec la reprise économique annon-cée que toute la dynamique aujourd’hui mise enplace ici et dans d’autres lieux, retombe. Je voulais remercier les organisateurs et j’espè-re que d’autres journées « jeunesse et co-déve -loppement » vont suivre.

Isabelle PASSETDélégation Interministérielle à la Ville.

Je pense qu’il y a deux choses que nous devonséviter. Le premier, c’est le côté effectivementréparateur quand on demande à des jeunesissus de l’immigration d’intervenir. Il faut que cesoit autrement que dans la réparation sociale etautrement que dans les projets spécifiques.D’où l’intérêt immédiat de travail sur le liensocial et quand on dit travail sur le lien social,c’est placer les hommes au centre du dispositifet quand on dit placer les hommes au centre dudispositif, ça veut dire travailler leur histoire, leurparcours, leur culture et moi j’aurais une propo-sition à faire. J’ai bien entendu l’ensemble desministères concernés par le co-développement.Je pense que ce soit le Ministère de la Ville, leMinistère de l’Éducation Nationale, de manièreplus vivante, doivent être associés car la cohé-sion sociale a à voir aussi et elle est centrée surl’humain.

Ibrahim Sorel Keita

Il y a eu des questions sur la formation, sur lebesoin de professionnaliser les interventionscommerciales notamment (…) et aussi il y a euinterpellation des institutions sur place que disaitAKLI sur le décalage qu’il observait entre la poli-tique des institutionnel et les acteurs de terrain.Qui veut répondre ?

M. Freyss

Il y a six ou sept points que j’ai noté qui meparaissent tous aussi importants les uns que lesautres.

Harmoniser les actions au Sud (…). Je penseque c’est un élément tout à fait fondamentaldans la question du rapport Nord-Sud. Je nevais pas redéballer tout ça. Ça fait très long-temps qu’on le dit, qu’on le critique et qu’on ditqu’il faut que ça change et que c’est très diffici-le à changer (...)Il y a deux éléments fondamentaux concernantle type de relation qu’on noue.

Le premier point est cette idée de partenariatégalitaire qui se décline à tous les niveaux.De ce point de vue-là, alors là je prends ma cas-quette d’institutionnel , des fois j’en ai marrequ’on me dise que les institutions ne sont pasdans la logique et que la société civile (…) auraitles mérites du partenariat [ égalitaire]. Il y a dela société civile qui en fait, et il y en a qui n’enfait pas. Donc là, il y a un travail de partenariatentre les deux pour savoir comment on fait dupartenariat. Je veux dire par là que nous allonsapprendre les uns des autres : institutions-associations, sur ce que c’est qu’un partenariatégalitaire.

Deuxième élément, cela a été dit dans l’atelier 1où je suis passé un moment : partir desbesoins et non pas de la liste de doléances,parce que la liste de doléances adressée à lacoopération, on sait ce que c’est. C’est quandmême d’abord la recherche de financement etpuis on voit après ce qu’on en fait. Un e véritableévaluation objective des besoins. Il me semblequ’il y a réellement tout un travail à faire. Le pro-blème, c’est qu’il ne dépend pas d’abord duNord. Il dépend de la capacité peut-être qu’a leNord à aider les partenaires du Sud à avoir cettecapacité de formulation des besoins. Mais ceschoses doivent être endogènes dirais-je. Cesont là les conditions pour qu’il y ait une harmo-nisation des actions. Parce que je ne crois pasbeaucoup à la cartellisation des acteurs qui vontfaire de l’harmonisation : on cartellise lesacteurs, on ré-cartellise les cartellisations et onn’en finit pas. Donc, je crois que c’est dans lecontenu et en respectant du contenu plutôt quedes structures qu’on peut aborder ces pro-blèmes.Deuxième question : il faut des sous pour fairedu co-développement. Oui, bien sûr. Je ne veuxpas vendre la peau de l’ours parce que ce n’est

pas encore acté, ça devrait l’être le 22 juin28

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(…) il est question qu’un Fonds de SolidaritéPrioritaire co-développement et migration appe-lé FSP, en remplacement des anciens FAC, soitcréé pour couvrir les besoins de financement dela phase expérimentale des actions de co-déve-loppement.Ils vont être inscrits dans les conventions de co-développement avec les pays (…) qu’il s’agissede bourses de formation, de formation profes-sionnelle, de volontaires…Les institutionnels sont parfois bornés, mais ilsne sont pas bêtes au point de ne pas savoirqu’une politique coûte de l’argent.

Croiser les regardsJe rappelle que la Mission Interministériellen’est pas le centre de gravité. Elle a pour fonc-tion de proposer au gouvernement mais nousessayons de le faire d’abord avec vous et mûrirça avec vous. Mais le cœur de la dynamique duco-développement va être les réseaux. Il enexiste déjà de toute sorte. Alors j’attire l’attentionsur un problème particulier qui est la questiondu monde associatif. Il y a un espace, la CCD,qui est un lieu de rencontre des organisationsissues de l’immigration et les pouvoirs publics.C’est un lieu important en tout cas. Il peut êtrecontesté par certains, il y a des problèmes dereprésentation, comme dans toute structure dece genre, mais -

[interrompu par M.AKLI dans la salle : « Cen’est pas qu’il peut être contesté, c’est qu’ill’est »]

Réponse : je ne sais pas. Moi, en tant qu’institu-tionnel, j’ai plutôt tendance à affirmer qu’il s’agitde faire fonctionner des structures qui sont desstructures de concertation. Je ne suis pas unresponsable de la CCD, je ne vais pas régler ceproblème, mais en tant que MissionInterministérielle, je veux aussi que ce soit unespace de type réseau dans lequel on avance.

Deuxième remarque : je crois beaucoup auxréseaux multi-acteurs, à des réseaux quiassocient les ONG françaises, les OSI, lesOSIM. Ce sont les associations institutions,associations, entreprises, structures de forma-tion, ceux qui aident à atteindre la complexité deproblèmes qui sont devant nous. (…)

Deuxième élément : ici et là-bas.Dans le travail que nous faisons à la Missioninterministérielle pour essayer de préciser lesobjectifs des actions (…), le problème est : Est-ce qu’il y a des partenaires fiables et dyna-miques ? Est-ce qu’il y a des partenaires là-bas ? Les partenaires sont-ils eux-mêmes suscep-tibles d’être en liens ? Avec des symétriques qui ne sont pas toujourséquilibrées, certaines actions ont des parte-naires forts ici et complémentaires là-bas etinversement, selon les actions. Dans tous les cas, le co-développement obligeà la co-responsabilité des acteurs ici et là-bas.Croiser les regards pour moi, c’est ça. C’est au-delà de l’attitude culturelle, avoir une réalité pra-tique.

Question sur les associations de jeunesissus de l’immigration. (...) Il y a eu un premier problème pour recon-naître les associations d’immigrés, les OSIM. Leproblème qu’on rencontre aujourd’hui sur lareconnaissance des jeunes issus de l’immigra-tion passe par la résolution de ces questions :Est-il légitime de parler d’une certaine spécifici-té des jeunes issus de l’immigration ? Est-ce que ça englobe tout ? Est-ce qu’on est jeune et issu de l’immigrationavec une spécificité ? Il y a là un problème que je ne vais pas réglermais c’est là une pierre d’achoppement impor-tante.Plus généralement, sur le renforcement desacteurs issus de l’immigration, on considère à laMission Interministérielle que des mesuresfinancières (et qui vont être prises grâce à laCCD qui a avancé sur un certain nombre deprojets pour l’appui aux associations demigrants) doivent permettre un travail de forma-tion des responsables associatifs. Nous pen-sons que ce travail de formation est absolumentfondamental (je n’ai pas le temps d’expliquer icice que nous entendons par formation).

Création de lieux ressources sur le co-déve-loppementLes réseaux doivent être une réponse à la ques-tion des lieux. Mais, au-delà des réseaux, donton peut dire : c’est flou, ça peut être informel,

etc., nous avons travaillé dès le départ, à la29

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Mission Interministérielle, à la mise en place dece qu’on a appelé les Comités Régionaux de co-développement. Il en existe formellement deuxsur le papier. Le premier en région PACA et unautre dans la région Pas-de-Calais. Installésofficiellement depuis fort longtemps (début 99),ces comités sont des espaces institutionnelsarticulés à la société civile - disons, pour allervite - permettant aux différents acteurs du co-développement qu’ils soient entreprises, struc-tures de formation, associations, de trouver unespace de rencontre et de mutualiser, de valori-ser des expériences, etc. C’est un espace videpour l’instant parce que les dynamiques se met-tent en place, mais l’espace est à occuper. Jepense que les espaces de liberté, on peut tou-jours les accorder. L’important c’est qu’il y aitdes gens pour les occuper, autrement, on faitdes gestes mais ça n’aboutit à rien. La balle estdans le camp des acteurs aussi.

Intervention de la salle : l'objet de ma questionc'est qu'il existe des structures de ce type dontle CERCOP a la responsabilité, qui sont deman-deuses (de développement) de projets de co-développement. Mais on a besoin de conseils.FREYSS : Tout à fait. Et bien la réponse institu-tionnelle va être de faire vivre ces espacesrégionaux. J'ajoute que par exemple, sur un dis-positif comme celui des réseaux des mobilisa-tions de compétences, sur lequel on travaille,l'idée c'est que ce sera un réseau à base régio-nale. Nous ne concevons pas le début du com-mencement d'une réponse au développementcomme étant une politique parisienne, surtouts'agissant du milieu de l'immigration qui est unmilieu d'accès difficile (…)

La pérennisationLa pérennisation du co-développement n'estpas la pérennisation de la MissionInterministérielle. La pérennisation du co-déve-loppement, c'est le fait que la Mission qui nousa été confiée est de proposer des innovationsdans l'action publique. Et, dans une phaseexpérimentale, de le tester sur des actionspilotes. Il ne suffit pas d'avoir les capacités deles tester. Mais la logique des choses c'estqu'une fois que le contenant est livré et aura ététrié, ça devient du droit commun dans l'action etla fonction des différents ministères concernés. Tout à l'heure, on nous a suggéré, à juste titre,d'en rajouter d'autres : Ministère de la Ville, de

la Culture, etc. parce que, je pense aussi quec'est une politique tellement transversale, quede nombreux ministères sont, à un titre ou à unautre, à un moment, concernés. Donc, la pérennisation, ce n'est pas celle de laMission Interministérielle, c'est la pérennisationdes instruments au travers des institutions,ministères, et pérennisation à travers desacteurs, entre autres, celle des réseaux.

Je suis très content de cette journée.La Mission a parrainé cette réunion mais n'a pasété organisatrice. Je remercie vraiment les orga-nisateurs d'avoir créé cette occasion fort inté-ressante qui, comme cela a été dit, doit avoirune continuation. Il y a encore des chosesfloues, c'est évident. On va vous dire : ce n'étaitpas bien cadré, (…) mais on verra.

MELLOULI

Juste un mot sur le réseau. C'est quand mêmenous qui œuvrons à la mise en place desréseaux. Le réseau est formel et informel. S'ilest formel, c'est du partenariat et c'est contrac-tualisé. Le réseau c'est une réponse justement àce souci de clarification que vous avez et qui aété créé par le système. Ensuite, c'est vrai quevous parlez de co-développement quand on estco-producteur, etc. Et c'est bien parce que nousavons gagné aussi en maturité et c'est là où onrevendique notre place. C'est pour ça que la question qui était poséeétait éminemment politique. Il faut faire avecnous. Aujourd'hui, on le revendique. Nous aussi nous avons des choses à nousreprocher etc. Mais justement, il faut sortir de lacartellisation aujourd'hui. Vous nous tendez uneperche, mais nous aussi , on vous tend uneperche et que, je crois qu'il faut saisir cetteopportunité pour construire. Parce qu'on sesecoue aussi de notre côté. On n'est pas àattendre que tout nous tombe de l'institution eton ne remet pas en cause uniquement l'institu-tion car nous sommes des citoyens de ce payset que nous contribuons à la mise en œuvre desinstitutions.

Keita : merci AKLI. Nous terminons par l'inter-vention de M. DEMBELE, Président de la

FAFRAD q30

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M. Le Délégué Interministériel au co-développe-ment,M. Le Délégué Interministériel à la D.I.J.G,Mesdames, Messieurs les représentants institu-tionnels,Honorables invités,Mesdames, Messieurs,

Nous voici au terme de notre journée, quide l’avis des initiateurs aura atteint sesobjectifs.

Aussi, permettez-moi une fois de plus, deremercier, vous tous qui avez participé tant auxtravaux des ateliers de ce matin, qu’à la séanceplénière de cet après-midi.

Le mot partenariat égalitaire avec les institution-nels a été beaucoup employé aujourd’hui. Ce futvraiment le cas. Dès le départ de l’organisationde cette journée, les OSIM ont vraiment travailléà égalité avec les partenaires institutionnels etdans les locaux de la MICOMI où elles ont béné-ficié de la même écoute que les autres parte-naires. Et la journée a bien réussi grâce à voustous qui avez bien voulu faire le déplacementaujourd’hui qui est une journée très chargée. Onsait par exemple, qu’il y a en ce moment lamarche des femmes. L’organisation de la journée a été égalementbasée sur un réseau mutli-acteurs comme çaété dit. On peut constater dans la salle, qu’il y apratiquement tous les types d’acteurs présentsaujourd’hui, que ça soit les OSIM, les OSI ou lespouvoirs publics. On peut même dire que l’en-semble des Ministères est présent à travers lestrois Missions interministérielles ici présentes.Ce fut aussi une journée d’ici et de là-bas car lehasard a fait que, sans avoir eu à débourser unsous, beaucoup de partenaires du Sud sontprésents et ont apporté une contribution assezappréciable aux travaux dont certains ont étéparmi les principaux animateurs.

Les recommandations et conclusion qui sontsorties de cette réflexion seront transmises auxresponsables indiqués pour une exploitationjudicieuse afin que le fruit attendu soit cueilli enson temps.

Comme vous le savez, chers invités et partici-pants, nous n’avons fait qu’un premier travail desuggestions, c’est-à-dire qu’aujourd’hui nousavons planté un arbre.Mais pour récolter ses fruits, d’autres actions etétapes seront indispensables, notamment lesuivi qui ne pourra se faire que par un maintiendes contacts. Il s’agit de pérenniser la journéepar la création d’un groupe de travail auquelpourront participer tous les partenaires intéres-ser.À ce propos, je voudrais citer Monsieur leministre Charles JOSSELIN qui déclarait lorsdes rencontres régionales de la coopérationdécentralisée du 6 novembre 1999. Je cite : «uncolloque ou un séminaire n’a de sens que s’il setraduit par un suivi, par une concentration desannonces et des chantiers ouverts». Fin decitation.

Le co-développement est un atout.

Comme nous l’avons entendu à travers les lec-tures des différentes conclusion des travaux desateliers, il ne contribue pas seulement au ren-forcement et à l’amélioration des échangesentre la France et nos pays d’origine, mais peutaussi favoriser, s’il est mis à contribution, unenrichissement de la communauté au sens pluslarge, par le partage des acquis de chacun etpar la connaissance des pouvoirs et savoirs êtreréciproques.

Mesdames, Messieurs,

Espérant que le fruit de cette réflexion ouvrirasûrement de nouveaux horizons, nous vou-drions dire ici notre joie de voir aboutir cettejournée qui a démontré aussi que les associa-tions issues de l’immigration peuvent réussirune action sur la base d’un sincère partenariat.

Une fois de plus, au nom de nos partenaires, jevous adresse nos sincères remerciements etdéclare close cette journée de réflexion.Merci ❑

Allocution de clôture

Par Yéra DEMBELE,Président de la FAFRAD

Une journée de partenariat égalitaire

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DECHEUREUX Anne ClaireService Technique Activité Jeunesse

EKOUE LéocadiePrésidente AHUEFA

MALKI Mohamed - Accordages

LE GOFF Julie Chargée de mission - FAS

NDAYE Oumar Président - ASIRIS

ABLE Michelle - ASIRIS

SYLLA Yamousso - ASIRIS

NDIAYE MalikSecrétaire général - FAFRAD

FAMB Fatou Marie - FAFRAD

SALL Ibrahima Abou, Historien

SANCHES RUIVO HermanoCAP MAGELLAN

JUIF Daniel - ORPAB

DE ALMEIDAAnibalCASA MISERICORDIA

DJOUMAL Solange - RIFEN - CA

SAOUDIADIS,PrésidentMission locale Marseille

KEHAILIAGrégoryCERCOOPFrance Comté

FERRAND Carmelle - ANPE Direction Régionale Île de France

MOULEM Stéphane - COSAME

BARDET Béatrice - CLP

AZZI ElhadiFédération des clubs CIGALE

MARIE JacquelineLes Amis du Bénin de Port Boue

FOPA RobertIntenational Culture Sans Frontière

FREYSS Jean - MICOMI

GALAZZO RolandeUnion des Familles Laïques

MBONG Emmanuel, PROMEVIL

HASSNAOUI HamidCAD SOUSSE-Coordinateur général

DRUONG LouisAgir et Vivre - Chargé de communication

ANDRE Genevièvre MICOMI

DIARRA MamadouPAS CAP, Président

BOUSSOURI Saïd ArmadaCoordination AssociationsComoriennes

MABADI Ahmed AliCoordination Associations Comoriennes

VEISBERG MireilleVal d’Yerres Sahel Solidarité

DELAVEAU Jean DominiqueLéo Lagrange Solidarité InternationaleDélégué général

KERKENI AbdelatifDirecteur - Fédération des AIDE

QUENUM Cosme - AHUEFA

LUFUMANoël - EVREUX PLUS

PASSET IsabelleDIV - Chef du département Citoyenneté, pré-vention et sécurité

DUPOND Eric - DIV

GENESTON Dominique DIIJ - Chargé de mission

GOMES EricKILIMANDJARO PROJECT

DEPOILLY SéverineSolidarité Jeunesse

REIX Marie Solidarité Jeunesse

EZEMBE FerdinandAfrique Conseil

ANANOS AlainServices Ville ArgenteuilDirecteur Adjoint

CHEDDAD Espace Franco-Berbère

BATTORIO Sabine - ADABIAS

BASSOLE Yasmine - ADABIAS

BADOLO - ADABIAS

DUPARCECTI

DUCHET Marie AngeARTIS

HUGHETTE Bruno - ARTIS

CONÉ DjinabouFAFRAD - Chargé de mission

PIACQUA GuyBanlieues Du Monde

HATCHY Cécile Banlieues Du Monde

CREPY EglantineBanlieues du Monde

TRAORE CoumbaBanlieues Du Monde- CASA

POUDIOUGO PaulPrésident FAFRAD - Mali

Pasteur LONGOAfrique Solidarité

SEYE Louis MohammedFNAFA/ CASA

DRAME AntioumanePrésident - AFIDRA

COLLOS Jean-Pierre, Le Monde Réel

CHERIFI HanifaHaut Conseil à l’Intégration

MELLOULI AkliChargé de mission Politique de la villePalaiseau

DEMBELE YéraFAFRAD -Président

SABARAOmarMission locale pour l’emploiMarne la Vallée

SOREL Ibrahima, Banlieues du Monde

NIANG Souleymane, Banlieues Du Monde

BOUBACARI CisséBanlieues Du Monde

EL-HAKKAOUIPrésident - Fédération AIDE

DIAKITE Adama

DIAKITE Mamadou SidikiAction Solidaire Nord/Sud

SISSOKO MoussaMali enjeux

TERA OusmaneBureau Afrique Consultation

ASNAOUI AmidCoordination du Collectif des associations duSud du Maroc

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Liste des participants