NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES ET CORRESPONDANCE

NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES ET CORRESPONDANCEAuthor(s): A. DumontSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 19 (Janvier à Juin 1869), pp. 384-388Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734995 .

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NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES

ET CORRESPONDANCE

On nous communique les renseignements suivants, tirés des procès- verbaux de l'Académie du Gard, sur la grotte de Durfort, récemment signalée à l'attention des savants.

Nîmes, le 16 mars 1869. « A la fin de la séance, M. Aurès rend compte à l'Académie d'une visite

qu'il a faite, la semaine dernière, à la Grotte des Morts de Durfort. « Cette grotte, quoique déjà signalée depuis longtemps, dans les écrits

de M. le docteur Viguier (i)et de M. d'Hombres-Firmas (2), n'était pour- tant pas suffisamment connue.

« Mais une exploration récente de M. Teissier vient d'en révéler toute l'importance. Il en a déjà retiré, indépendamment d'une quantité consi- dérable d'ossements humains, une collection très-intéressante d'objets en silex, en os travaillés et en poteries celtiques dont il se propose de faire faire des photographies et qu'il a promis de porter, par ce procédé, à la connaissance de l'Académie.

« Après, avoir entendu cette communication, la Compagnie charge une commission, composée de MM de prendre de plus amples renseignements sur celte affaire et de se concerter avec le propriétaire de la grotte pour assurer, mieux que par le passé, la conservation des objets qui pourront être recueillis encore.

« Depuis cette époque, j'ai visité, une seconde fois, la grotte de Dur- fort, avec les membres de la commission.

« C'est une caverne sépulcrale des temps antéhistoriques, dans laquelle on n'a encore trouvé qu'une très-minime proportion d'objets en bronze, correspondant sans doute aux derniers ensevelissements. » « Aurès. »

Au mois de novembre 1869, M. Reinhold a fait à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux une communication relative

(1) Notice sur la ville d'Anduze et ses environs, par A.-L.-G. Viguier. - Paris, 1823. in-8°»

(2) Recueil de mémoires et d'observations de physique , de météorologie , ďagri~ culture et ď histoire naturelle , par le baron L.-A. d'Hombres-Firmas. - ■ Nîmes, 1838-44; Bali vet et Favre; Alais, 1844-51, Veuve Veyrun, 6 parties en 3 vol. io-8*.



NOUVELLES ARCHÉOLOGIQUES. 385 à la Villula d'Ausone; il croit en avoir retrouvé remplacement et les dé- bris aux lieux dits Rotje et Saint-Romain , dans la commune de Loupiac, canton de Cadillac, arrondissement de Bordeaux. Un fragment d'inscription, où on reconnaît le caractère graphique des inscriptions de la déca- dence, a été découvert au môme endroit, et M. Dezeimeris pense y recon- naître le nom d'un cerlain Leontius, professeur et lettré, un des amis d'Ausone, célébré dans une des pièces des Professores. La description dé- taillée que M. Dezeimeris prépare de ces ruines ne peut manquer d'offrir un réel intérêt.

Nous sommes heureux d'apprendre que les fouilles ďHerculanum ont été reprises, après un siècle d'interruption. La nouvelle campagne a été inaugurée par une visite de Victor-Emmanuel aux restes souterrains du grand théâtre. Le ministre de la maison du roi a prononcé un discours trop long pour que nous le reproduisions ici, et adonné lecture du décret, daté d'Herculanum, le 8 février 1869, par lequel le roi accorde, comme première mise de fonds, une somme de 30,000 francs, prise sur sa liste civile. Espérons que, conduites par l'habile et actif M. Fiorelli, ces fouilles ne tarderont pas à enrichir le musée de Naples de nouveaux objets pré- cieux.

On nous annonce l'apparition prochaine d'une Revue celtique tri- mestrielle, dirigée par notre collaborateur M. Gaidoz. Nous ne pouvons que souhaiter de voir ce projet se réaliser ; entre les mains de M. Gaidoz, initié aux sévères méthodes de la philologie comparée, un pareil recueil contribuera sans aucun doute à nous débarrasser des rêveries des celto- manes et à faire entrer les études celtiques dans une voie vraiment scien- tifique.

Nous avons reçu le quatrième et dernier cahier du volume qui commence la nouvelle série de Y Archœologische Zeitung , continuée, depuis la mort de Gerhard, par M. E. Hubner, assisté de E. Curtius et C. Friede- richs. Il contient deux dissertations accompagnées de planches; l'une est de M. H. Jordan, et a pour titre : « La côte de Pouzzoles, sur un vase en verre romain, avec quelques bas-reliefs de Capoue. » L'autre est consacrée au vase d'onyx de Saint-Maurice en Valais, vase dont la description et l'explication tiennent une très-grande place dans le mémoire, relatif au trésor de cette abbaye, que M. Aubert a lu pendant le cours de l'année 1868 à la Société des antiquaires de France, mémoire qui figurera dans le tome trente et unième de son recueil. Les dessins exécutés tout à loisir et avec autant d'habileté que de patience, qui accompagnaient le mémoire de M. Aubert et qui ont été mis sous les yeux de la Société, satisferaient, nous avons lieu de le croire, M. Adler, qui regrette de ne pouvoir présenter de ce vase qu'une esquisse imparfaite et tracée d'après des photographies de trop petite dimensiou. M. Adler ne tente pas, pour le moment, d'expli- quer le bas-relief. Viennent ensuite, sous le titre de Mélanges et Nouvelles , un certain nombre de petits articles dont nous traduisons les titres : Sur



388 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. le Diptychon Quirinianum à Brescia. Encore une fois les vases de Mégare . Con- tinuation des fouilles à Rome. Remarques sur les nouvelles fouilles de Rome. Sur le bouclier ďAthéné Parthénos. Acquisitions du Musée du Vatican. Anti- quités de Cadix et de Séville. A propos de la découverte d'argenterie faite à Hildesheim * Postscriptum sur la statue ď Auguste du Musée de Berlin. Additions et Corrections . Viennent ensuite le résumé des séances de la Société archéo- logique de Berlin, la Chronique de la fête de Winckelmann en Allemagne et à Rome. Le volume se termine par un riche répertoire bibliographique où se trouvent rappelées toutes les découvertes et indiqués tous les tra- vaux qui, depuis le mois de mars 1867, ont pu ajouter quelque chose à nos connaissances sur l'antiquité.

Bulletin de VEcole française d'Athènes, V et VI (on s'abonne chez Durand et chez Maisonneuve).

Monnaie byzantine inédite (Paul Vidal-Lablache). De la valeur de quelques monnaies byzantines de Maurice Tibère et Constantine (P. Lampros). Faunes du théâtre de Bacchus à Athènes (Eugène Piot). 'AcrcpoSsXoc (Em. Burnouf). Inscriptions inédites de Leucade tirées de VEphêméris ton Philo- mathôné Chants populaires du Rhodope. Lettre de M. Dozon donnant l'ana- lyse détaillée du poëme bulgare en 859 vers qui a pour titre : Le Mariage ďOrfen avec la fille du roi d'Arabie. Nouvelles et notices.

Nous persistons à demander que toutes les fois au moins qu'il s'agira d'inscriptions archaïques ou présentant des particularités intéressantes, le Bulletin les reproduise en caractères épigraphiques. Nous signalons parti- culièrement dans ce numéro, comme importante pour l'histoire de l'art grec, la note de M. Eugène Piot.

Bulletin de V Institut de correspondance archéologique , I et II, janvier et février (2 feuilles). Réunions des 11 et 18 décembre 1868 et des 8 et 15 janvier 1869. Inscriptions de la Turquie d'Europe, lettre de M. Ernest Des- jardins à M. Henzen. Borne milliaire de Grignan, lettre de M. A. Allmer à M. Henzen. Un morceau antique d'asphalte. Antiquités à Naples. Avis de la direction.

Le discours prononcé par M. De Rossi, à l'occasion dela fête anniversaire de Winckelmann, lui a servi à réunir, à propos d'une récente découverte, toutes les données que nous possédons sur le temple consacré par M. Fulvius Nobilior, le consul de 563, aux Muses et à Hercule; il en a dé- terminé remplacement; il a cherché à donner une idée du groupe célèbre que renfermait l'édifice, et a commenté à ce propos une belle inscription archaïque, récemment retrouvée, qu'il croit contemporaine de la dédicace du temple, et qui est ainsi conçue :

M • FOLVI V S • M • F SER* N • NOBILIOR COS • AMBRACIA

CERIT



NOUVELLES ARCHEOLOGIQUES. 387 - Bulletin de V Institut de correspondance archéologique, n. 3, mars 1869.

Séances des 22 et 29 janvier et du 5 février : Cimetière antique découvert à Syracuse. Inscription des Antonins et d'Apollon Pythien. Miroir étrusque. Antiquités à Naples. Nécropole albaine.

Vingt sous- officiers français prisonniers en Thrace . - Au milieu des ruines de la vaste citadelle de Démotika (Dimétouka des Turcs, - Didymon-Teichos des anciens), au confluent du Kizildéli et de la Maritza, on trouve un hypogée que les Grecs du pays appellent prison du roi Charles , tou paaiXéwç KapoXou, un souvenir de kCharles XII, dont la légende est encore vivante dans ces contrées. Cette prison est une chambre de douze pas de long sur quatre de large et d'une hauteur moyenne de deux métrés; elle est creusée dans un terrain calcaire; l'humidité suinte de tous les côtés; le sol est détrempé; l'obscurité serait complète s'il n'en- trait quelques rayons de lumière par une étroite ouverture qui donne seule accès dans ce cachot et qui devait autrefois être fermée par une porte. Les parois sont couvertes d'inscriptions pour la plupart illisibles; on y voit aussi quelques dessins à la pointe, parmi lesquels quatre écussons évidemment occidentaux et qui m'ont paru dignes d'être copiés; mais ce qui attire tout d'abord l'attention, c'est un texte étendu, tracé à l'aide d'une matière noire; il occupe une seule ligne qui n'a pas moins de quatre mètres quarante de longueur. Les lettres mesurent en hauteur cinq centimètres. Ce texte a été écrit, ou plutôt peint, avec un soin remarquable; on y reconnaît une œuvre de longue patience, faite tout à loisir par une main habile. L'humidité l'a, il est vrai, endommagée en grande partie. Voici la reproduction exacte de toutes les lettres ou frag- ments de lettres encore lisibles :

VINGT SOUS OFFICIERS DE LA SI XI EM/// DE///I BRI///A///E (lacune d'un décimètre et demi) SONT EN (lacune d'un mètre vingt cen- timètres) Y /////NT RESTE (lacune d'un décimètre) MOIS. c'est-à-dire

Vingt sous-officiers de la sixiê[me] de[m]i [b]ri[g]a[d'e . ... sont en'fermès] (dans ce cachot??) [î7s] y [so]nt resté[s] . . . [m]ois.

Le nombre des mois a été effacé par le temps. Il est probable aussi que l'inscription était datée et que cette date se lisait dans la partie du texte où nous ne trouvons plus qu'une lacune de plus d'un mètre. Quoi qu'il en soit, le sens général est évident et la restitution certaine.

Le six messidor, an x (25 juin 1802, 24 Safer-ul-haïr 1217), Talleyrand et Essed-Mohamed-Saïd effendi, rapporteur actuel, secrétaire intime et direc- teur des affaires étrangères, signèrent à Paris un traité qui rétablissait les relations de bonne amitié entre la Républiqu e française et la Porte ottomane. L'article 8 de ce traité est ainsi conçu : a S'il existe encore des prisonniers qui soient détenus par suite de la guerre dans les deux États , ils seront immé- diatement mis en liberté . » Les vingt sous-officiers enfermés à Démotika



388 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. avaient sans doute été pris par les Turcs pendant la guerre d'Égypte et ne furent délivrés qu'au milieu de Tannée 1802.

M. Barré de Lency, secrétaire- archiviste de notre ambassade à Constan- tinople, veut bien me dire qu'on trouve dans nos archives, au palais de France, à Péra, de curieux détails sur les soldats de la République exilés parla Porte au centre de l'Asie Mineure. Ces quelques malheureux don- nèrent beaucoup d'ennuis au gouvernement turc, qui les fit à plusieurs reprises changer de résidence. Toutefois, je n'ai pour le moment aucun autre renseignement que ceux fournis par l'inscription qu'on vient de lire, sur les prisonniers envoyés en Thrace. Renfermés dans l'étroite prison de Démotika, loin de la mer, assez loin d'Andrinople, dans un pays à moitié bulgare, ils ne durent pas causer beaucoup d'inquiétudes aux Ottomans. On s'étonne seulement qu'ils aient pu vivre dans un cachot aussi malsain.

Démotika est un des points de la Thrace où le voyageur a le plus de plaisir à s'arrêter. Sa citadelle est un des beaux spécimens de l'archi- tecture militaire du Bas-Empire; par son étendue, par les moyens de dé- fense que les Comnènes y ont multipliés; par les inscriptions du moyen âge et surtout par les monogrammes, au nombre de plus de dix, qu'on y trouve encore, elle mérite un examen détaillé. On y voit dés restes romains qui prouvent sur ce point l'existence d'un château fortifié dès le temps des Antonius, et même des restes cyclopéens. Une rapide inspection du terrain permet de rectifier deux erreurs de Sprüner, qui place Didymo-Tei- chos sur la rive gauche du fleuve et fait tomber sur celte même rive un affluent qui n'a jamais existé; car le Kizildéli coule de l'ouest à l'est; enfin les souvenirs de Charles XII donnent à celte ville un dernier genre d'intérêt.

Malgré tous ces sujets d'étude, une inscription du commencement dece siècle nous a paru digne d'être recueillie. Ce souvenir laissé au fond de ces contrées reculées par vingt de nos compatriotes trouvera place à côté des beaux monuments épigraphiques laissés en Thrace par les chefs mad- gyares forcés de quitter leur pays après la paix de Carlovitz, à côté de Quelques textes intéressants consacrés à des Occidentaux morts dans cette partie de la Turquie d'Europe. A. Dumont.



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