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Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Avril 2017, n°36 [ Culture/Médias « L'EXPERIENCE ENTREPRENEURIALE EN ALGERIE : COURAGE, RISQUE ET SACRIFICE » Mémoire Société Droit ANSEJ : 2 000 jeunes bénéficiaires poursuivis en justice Mohamed Nassim RETRAITÉS À 50 ANS ET MOINS, HAUTS FONCTIONNAIRES À 80 ANS ET PLUS…LE GRAND PARADOXE Rachid Kihel Le théâtre du dramaturge était une prise de position réelle Algérie: 2.000 ans d’histoire révélés

NRP Avril n°36 - CDEScdesoran.org/document/NRP36.pdfl’entreprenariat, B.Habib, p.9 Face à l’austérité, la grogne sociale monte en Algérie, Amine Kadi,p.9 [email protected]

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Avril 2017, n°36

[

Culture/Médias

« L'EXPERIENCE ENTREPRENEURIALE EN ALGERIE: COURAGE, RISQUE ET SACRIFICE »

Mémoire

 

Société

DroitANSEJ :

2 000 jeunes bénéficiaires poursuivis en justiceMohamed Nassim

RETRAITÉS À 50 ANS ET MOINS, HAUTS FONCTIONNAIRESÀ 80 ANS ET PLUS…LE GRAND PARADOXE

Rachid Kihel

Le théâtre du dramaturge

était une prise de position réelle

Algérie: 2.000 ans d’histoire révélés

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Société

Algérie : retraités à 50 ans et moins, hauts fonctionnaires à80 ans et plus…Le grand paradoxe, RACHID KIHEL,p.11

Culture/Médias

Métlili : Les traditions équestres et camelines célébrées,D.R,p.12

Le théâtre du dramaturge était une prise de position réelle,p.12-13

L’ALGÉRIE PROFONDE

Festival national de la chanson et de la musique Amazighes :Mouloud Fertouni nouveau commissaire,Rabah Kareche,p13

Touggourt : «Les mathématiques et la musique poétique» endébat,Ammar Dafeur,p13

Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou : Un Doctorat«honoris causa» pour Aït Menguellet,p14

Mémoire

Vallée du M’Zab : Une vingtaine de monuments historiquesréhabilités,p.15

Algérie: 2.000 ans d’histoire révélés,p.16

Evenements

Bibliographie

Dossier

« L'EXPERIENCE ENTREPRENEURIALE EN ALGERIE :COURAGE, RISQUE ET SACRIFICE »

Politique économique de l’Algérie 2016/2030 : propositions augouvernement d’un nouveau Ré-Engineering,AbderahmaneMEBTOUL, p.4-6

L’entrepreneuriat en Algérie : de courage et d’abnégation, Fran-çois Normandin, p.6

Les femmes chefs d’entreprise peu nombreuses en Algérie : Ledéveloppement de l’entrepreneuriat à l’épreuve du genre, SafiaBerkouk , p.7

Le bilan de l’économie algérienne en 2016 (document OBG)Oxford Business Group ,p.8

Elles sont 143.010 qui ont choisi de s’orienter versl’entreprenariat, B.Habib, p.9

Face à l’austérité, la grogne sociale monte en Algérie, AmineKadi,p.9

[email protected]

N° 36, Avril 2017

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NRP, Avril 2017, n°36

Droit

ANSEJ : 2 000 jeunes bénéficiaires poursuivis enjustice,Mohamed Nassim,p.10

«Il faut nettoyer le code de la famille»,Bouredji Fella,p.10

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

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Editorial

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NRP, Avril 2017, n°36

DOUAR Ghalem

En 2017, l’Algérie importe presque tout et n’exporte presque rien sinon les hydrocarbures

à l’état brut ou semi brut. Face à la chute des cours de ces derniers,cela représente un

sérieux malaise pour le pays. Mais avant de se heurter à la dure réalité des circonstances

présentes, les autorités algériennes ont dû engager un bon nombre de réformes

socioéconomiques, sans s’éloigner beaucoup du modèle socialiste qu’on a prôné jusqu’aux

années 80. Plus récemment, dans le cadre de ce qu’on appelle» l’ouverture économique

du pays» d’autres initiatives on été menées afin d’apporter une sorte de» réanimation »

à l’économie d’un pays plongé dans les crises des années 90. Citons par exemple les plans

de privatisation partielle ou totale, les Investissements Directs Etrangers (IDE) et plus

récemment la règle des 49/ 51% qui, par rapport aux dispositifs engagés, ont montré

leurs limites. Bien évidemment, ces échecs ne seraient massifs sans la contribution d’autres

facteurs qui font partie malheureusement du climat des affaires (lenteurs administratives,

insuffisance de formation, comportements hérités de l’ère du monopole économique de

l’Etat...). Comme l’indique le FMI dans ses consultations de 2016 au titre de l’Article IV,

« l’ampleur de la bureaucratie et la lourdeur des procédures administratives » continuent

de nuire à l’environnement commercial algérien.

Il est clair qu’aujourd’hui on assiste à une réorientation des priorités de l’état vers

d’autres plans, d’où l’émergence de «nouveaux» thèmes sur lascène nationale, tel que le

concept «d’entrepreneuriat». Le nombre de mesures mises en place par l’état algérien

ces dernières années en attestent. Des formations en entrepreneuriat voient le jour dans

l’enseignement supérieur, des dispositifs d’aide à la création d’entreprises comme l’Ansej,

(Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes) la CNAC. De nombreuxdébats furent

engagés sur le rôle de l’entreprise privée dans le développement économique.

Désormais, la création d’entreprise constitue le mot d’ordre en matière de

développement.

« L'EXPERIENCE ENTREPRENEURIALE EN ALGERIE :

COURAGE, RISQUE ET SACRIFICE »

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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Politique économique de l’Algérie 2016/2030 : propositionsau gouvernement d’un nouveau Ré-Engineering

Abderahmane MEBTOUL Nous  proposons  dans  cettemodeste  contribution  opérationnelleloin de toute théorie abstraite, de poserun problème stratégiquedéterminant  pour  l’avenir de  l’Algérieà savoir l’urgence d’un Re-Engineeringpour l’Algérie, tenant compte desacteurs externes et internes, ensix  axes directeurs 

1/ Quel bilan tirez-vous de l’actiongouvernementale de la dernière

décennie?

 Il faut partir de la situation antérieurepuis évaluer celle d’aujourd’hui.Nous  dirons  d’abord que l’Algérie n’estpas à l’abri des périls qui la guettaientavant et n’a pas trouvé à ce jour la voiede sortie d’une crisemultidimensionnelle aigüe. Lesproblèmes majeurs demeurent, la crise

de confiance persiste à l’intérieur et àl’extérieur de l’Algérie, accentuée parcertains scandales f inanciers. Lesconditions critiques demeurent, lesfrustrations persistent, les perspectivesde la rente des hydrocarburess’assombrissent et enfin les fondementsd’un développement durable du pays nesont toujours pas réalisés. […]La mannepétrolière a permis à l’Algérie d’effacerune énorme dette de consommationanarchique et d’engager des dépensesd’infrastructures jamais égalées. C’est unacquis pour le pays il faut lereconnaitre. Mais ce modèle a atteint seslimites  comme  par  le  passé  leprogramme d’industrialisation toutazimut des années 70 qui aurait dûpermettre à l’Algérie de sortir du sous-développement. Que sont devenues cesusines clé en main et tous ces complexesintégrés ? […]Si l’Algérie investit dansles biens durables et les techniquesmodernes, ceux-ci doivents’accompagner par des investissementstout aussi importants dans l’éducation-

qualif ication, la démocratie-liberté etl’environnement-préservation. C’est làque le bas blesse ! C’est l’investissementimmatériel qui manque aujourd’huicruellement à ce pays. […]On construitune économie d’abord sur les valeursmorales d’une société (l’éducationcivique, le code de l’honneur, lepatriotisme authentique, la tolérance, ladiscipline, la rigueur, la performance, lesens du devoir, l’ordre de mérite, laloyauté, le gout de l’effort, la promotionsociale, la déontologie, la connaissance,le sens de la responsabilité, le challenge,la citoyenneté, l’honneur, la solidarité, lafamille, la patrie…).

2/ Quelles sont les actions urgentespour mener l’Algérie vers une sortie de

crise ?

 En quelques mots, c’est d’abord, œuvrerpour bâtir une démocratie dynamiqueassise sur une justice indépendante,compétente et diligente. C’est ensuitede sortir d’un système de Gouvernancearchaïque pour un système participatifet qui appelle aux compétencesalgériennes locales et celles établies àl’étranger.  C’est  en d’autres  termes,donner aux algériens l’envie deconstruire ensemble leur pays et d’yvivre dignement et harmonieusement.C’est enfin, rétablir la confiance entreles citoyens et les institutions de larépublique, de préserver les libertésindividuelles et consolider la cohésionsociale. […] Tant de questions nousinterpellent aujourd’hui : commentfreiner la dégradation de notre santépublique et notre système éducatif ? Est-ce normal que nous soyons encore en2016 contraints d’acheter des soins àl’étranger tandis que nos éminentsmédecins spécialistes se vendent surplusieurs continents ? Même chose pourl’éducation, quand allons nous arrêter la

baisse du niveau de notrebaccalauréat et de nos diplômesuniversitaires. Pourquoi les classesMaths-Elémentaires sont-ellesdésertées ?  Pourquoi les diplômeset la compétition ne suscitent plusaucun engouement à nosétudiants ?    […]Commeégalement ne pas signaler cetteabsence d’un débat sur l’utilisationdes réserves de change et de ladestination   la gestion de la rentedes hydrocarbures et dela  réforme  du système financierlieu de distribution de cetterente.  […]

 3/ Quels axes dedéveloppement  comme

prioritaires ?

 […]Il faut visiter l’Inde, le Brésil,la Chine, l’Argentine, le Vietnam etles USA pour comprendre lesenjeux de l’agro-business. Tous cespays nous vendent les denrées quenous ne produisons pas et eux ontdepuis longtemps placé laproduction agricole au centre deleur développement économique.[…]La santé, dans les années 70nous avions une avanceconsidérable sur nos pays voisinsvoire ceux du continent. Lamédecine s’exporte très bien et lesproduits pharmaceutiques sont undes enjeux de domination etsouveraineté desnations. […]Aujourd’hui, nousobservons  avec  tristesse,  notredépendance accrue en matière desoins chirurgicaux et produitspharmaceutiques.  L’industriechimique et gazière algérienne araté le grand virage des années 80,pour se restreindre simplement àl’approvisionnement en gaz naturelde l’Europe et des USA. La chimiedu gaz judicieusement déployéeaurait donné à l’Algérie une placedominante dans le monde parl’exportation d’une multitude deproduits chimiques à très hautesvaleurs ajoutées. […] , plusrécemment dans les années 80,l’Inde, le Brésil, la Turquie où, soitles régions soit l ’état centraloffraient d’importantes facilitésaux PMI pour leur assurer unecroissance rapide et une intégrationdans les processusd’industrialisation . […]Depuis1969, nous parlons de transfert detechnologies, qu’avons-nousréellement transférer et quem a i t r i s e n tparfaitement aujourd’hui,  nosingénieurs, nos techniciens et nosentreprises ? Sérieusement,

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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pouvons-nous éluder une tellequestion ?  […]

 4/  Le  grand défi l’Algérie   n’est-ilpas  le défi à la mondialisation   et  dans

l’après  hydrocarbures ?

 […]En premier lieu, l’administration estprogressivement devenue un pole demédiocrité et de toutes les dérives.Il  s’agit d’abord de réunir les conditionspour attirer les meilleurs cadres de lanation pour transformer notreadministration en moteur dudéveloppement.  La formation continuedoit être généralisée à tous les niveauxet l’ordre de mérite devenir le levier dela promotion sociale. Aucungouvernement n’a affiché comme ultimepriorité :  la  qualif ication  etl’intégration. C’est le moyen le plus sûrde prévenir la chute. Dès 1969, l’Algériea formé, tout azimut, des dizaines demilliers de techniciens en URSS, USA etEurope mais ne s’était pas penchersérieusement sur leur intégration dansle pays et leur placement aux postes clés.En définitive, ce potentiel est allé, engrande partie, renforcer l’élite de cesmêmes pays. Ce cycle persiste à ce jouret personne ne tire la sonnette d’alarme.[…] devant éviter de le vivreéternellement de l’illusion de la renteéternelle reposant sur un modèle deconsommation linéaire,(les énergiesrenouvelables représenteront 70% de laconsommation en 2030 en Europe et 40%aux USA selon Bloomberg, idem pour laChine ) , devant assister entre 2020/204à de profonde mutations énergétiquesmondiales. Eh bien, après-demain,comment allons-nous vivre ou survivre ?Quelles ressources de devises trouverpour que l’Algérie puisse équilibrer sabalance commerciale ? […]

5/  Qu’est ce  que le  Ré-Engineering ?

 Faut-il le rappeler qu’aprèsl’indépendance, il s’agissait de recouvrernos ressources naturelles et construireune économie algérienne prospère etdurable. Le système économique colonialne pouvait se poursuivre dans une Algérieindépendante.  Les  fameux  plans(quadriennal et quinquennal) basés surles exportations de pétrole et gaz ontpermis certes à l’Algérie de dégager desressources f inancières appréciablespermettant de lancer un programmeétatique volontariste d’industrialisationtout azimut. Mais après ? L’Algérie s’est-elle industrialisée ? Le schéma directeurdes industries industrialisantes  desannées 70 est mort. Le schéma directeurde la production en substitution auximportations est frappé de désuétude.Plus récemment, les autres schémas dela Privatisation totale ou partielle, , desInvestissements Directs Etrangers (IDE)qui ne viennent pas faute d’une visionclaire et de la contrainte du climat desaffaires  et  la règle des 49/ 51% instauréedepuis 2009, dans un contexte particulier

de la crise économique mondiale de2008, […] Le Ré-Engineering est unenotion du BCG (Boston ConsultingGroup) qui préconise pour les sociétésqui n’ont pas su se transformer dans lacontinuité face aux changementsextérieurs doivent alors faire une muefranche, totale et dans des délais limitésou disparaître. L’observation de quatrepays, L’Inde, le Brésil, la Corée et la RPde Chine permet de « mettre enéquation »  les  fondements  dudéveloppement de l’activitéindustrielle dans ces pays nouvellementdéveloppé : Formation-Education FE,Bonne Gouvernance BG, PartenariatPublic-Privé PPP, Veil leTechnologique VT, Implication des Non-Résidents INR, Niches d’excellence NE,Sous Traitance Internationale STI. Nouspouvons ainsi bâtir pour l’Algérie unematrice avec nos données spécifiques(FE, BG, PPP, VT, INR, NE, STI) et produireun master plan, associant les principauxpôles économiques et qui puisse engagernotre pays dans une dynamique ded é v e l o p p e m e n t / a c c u m u l a t i o ntechnologique par objectifs et c’est ainsiqu’on pourrait enfin entrevoir l’esquisseréelle de l’Algérie de l’aprèshydrocarbures.  […]

 6/ Comment réformerl’actuelle  gouvernance ?

 Nous observons qu’en matière de choixdes dirigeants, nous puisons dans unmême jeu de dominos les pièces pourjouer une partie puis on les mélangepour engager une nouvellepartie.  Serions nous   plus  perspicaceque d’aucuns qui ont déjà aff irméqu’aucun changement ne viendra sansune modification radicale du mode degouvernance qui a traversésuccessivement quatre décennies, d’unsystème qui paralyse l’initiative et quireproduit inéluctablement les mêmesschémas. Nos intellectuels croientfortement qu’aucune réforme n’aboutirasans changements profonds de l’Etat, dusystème et des organes quil’articulent. Nous sommes tousconvaincus aussi que la bonnegouvernance devra accompagner ceschangements sans précipitation, certesmais surement en associant desalgériens de diverses sensibilités etcompétences, y compris les nonrésidents.  L’Algérie sera sauvée par legénie des algériens  et tant qu’onn’adhérera pas à ce principe de base nousvivrons une errance économique etpolitique avec le risque d’un statut quoqui risque de conduire droit le pays auFMI entre 2018/2019 avec l’épuisementinéluctable des réserves de changeestimées à fin mai 2016 à 135 milliards dedollars contre 192 milliards au 31/12/2014. Mais évitons également  tant  lasinistrose que l’autosatisfaction, , legouvernement devant accepter lescritiques  productives, personne n’ayantle monopole du nationalisme, […], de

développer une stratégieéconomique basée sur noscapacités propres, d’opérer leschoix judicieux avec nospartenaires étrangers et enf ind’utiliser nos richesses pour undéveloppement durable. Il s’agitdonc  de  préparer  l’avenir  desgénérations futures et donc dedonner un espoir à la jeunesse.  […]Pour cela nous devonsprocéder sans complaisance à unexamen très lucide de la situationet dresser le cas échéant un constatd’échec pour mieux réagir dansplusieurs segments de la vieéconomique et sociale tels:éducation-formation, santé,stratégie industrielle,modernisation de l’agriculture,culture f inancière des acteurséconomiques, eff icacité del’administration, relance etcroissance des entreprises,réduction des déséquilibresrégionaux et inégalités sociales,formation civique et politique dela jeunesse et tant d’autresdomaine.  Nous croyons  que  lepeuple algérien a d’énormesressources en lui-même et seraitcapable de réagir à l’instar d’autrespeuples  qui ont  su conjuguer  lamodernité, l’émancipation par letravail et la mise à niveau maissouvent après un changementradicale de type deg o u v e r n a n c e .       N o u sosons  imaginer une Algérie où lesnouvelles générations vivraientconfiantes et heureuses dans leurpays et où nous assisterons à unretour volontaire progressif descadres expatriés. […]Pour finir,nous retenons ce que nous a dit unancien ambassadeur accrédité enAlgérie :  « Savez-vous  ce  quej’envie le plus à votre pays ? Non cen’ai pas vos ressourcesénergétiques mais le dynamismede votre jeunesse et donc vosressources humaines ». Avec celadit, nous ne pouvons qu’y croire.

(*) Abderrahmane Mebtoul estdocteur d’Etat Es SciencesEconomiques (1974) , membre deplusieurs institutionsinternationales, est professeur desUniversités et expert international-Directeur d’Etudes MinistèreEnergie Sonatrach 1974/1979-19908/1995-200/2007- directeurgénéral et premier conseiller à laCour des Comptes, Président duConseil national des privatisationsavec rang de ministre délégué, adirigé plusieurs audits d’intérêtnational, en tant qu’expertindépendant    auprès  de  laprésidence  de la république et desgouvernements successifs  entre1974/2016, auteur de 20 ouvrageset de plus de 500 contributionsnationales et internationales

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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L’entrepreneuriat en Algérie : de courage et d’abnégationTrois chefs d’entreprises témoignent des défis de mener une affaire dans ce pays du Maghreb.

François NormandinPlongés dans notre réalité occidentaleet nord-américaine, nous perdons parfoisde vue à quel point il peut être difficilede mener les destinées d’une affaire dansun contexte où la liberté d’entreprendreet la situation économique générale nesont pas optimales. Grâce lui soit rendue,le professeur TaïebHafsi, professeurtitulaire au Département demanagement de HEC Montréal ettitulaire de la Chaire Walter J. Somersde management stratégiqueinternational, a voulu combler cettelacune en proposant une rencontre, levendredi 9 septembre dernier, avec troisentrepreneurs venus tout droit d’Algérie,question de faire comprendre àl’auditoire une parcelle de la réalité del’entrepreneuriat dans ce pays baigné desoleil et d’espoir. Rien n’est simple enAlgérie. Vaste pays, jeune pays¹ aupotentiel social et économique énorme,l’Algérie est toutefois plombée par unesérie de problèmes structurels etconjoncturels d’importance : uneéconomie au ralenti, reposantessentiellement sur l’extraction deshydrocarbures; un chômage élevé,surtout chez les jeunes; une bureaucratielourde au sein de laquelle on perçoit desrelents de corruption… Qu’à cela netienne, Dalila Nadjem, Brahim Hasnaouiet Slim Othmani ont su, à leur manière,relever les défis qui se sont dressésdevant eux, et de belle manière.Aujourd’hui à la tête d’entreprises bienportantes, quel constat établissent-ils ducontexte entrepreneurial algérien?

L’INCONTOURNABLE QUESTION DEL’ÉTAT

Il flotte au-dessus de l’assemblée sansqu’on ne le voie, et il est toujours en toilede fond même s’il n’est pas au cœur desdiscussions : il s’agit bien de l’État. Dansla perspective de nos entrepreneurs,quelle doit-être sa place dans ledéveloppement économique del’Algérie? Brahim Hasnaoui, à la tête dugroupe Hasnaoui, spécialiséprincipalement dans la construction, yest allé, à ce sujet précis, d’une analyseaiguisée : « La chute des prix du pétroleest une excellente opportunité pourl’Algérie. Aujourd’hui, tout ledéveloppement du pays se fait par ladépense publique. Même si l’État n’a plusles moyens, il est dans l’obligationtoutefois de poursuivre en ce sens. Maisil devra faire autrement. Comment? C’esten impliquant le secteur privé. C’est decontinuer à assurer le développement,mais sans la dépense publique. Et là, il y a

des opportunités à n’en plus f inir »,conclut-il. On comprendra donc que lechef d’entreprise souhaite que l’État jouedavantage un rôle de régulateur dusystème économique et de garant dansle cadre de programmes, par exemple,d’accès à la propriété au bénéfice des 40millions d’Algériennes et d’Algériens.Mais nous n’en sommes pas encore là…

LA REPRISE DE L’ENTREPRISEFAMILIALE, UNE PROBLEMATIQUE

AUSSI ALGERIENNE?

Pour Slim Othmani, à la tête del’entreprise familiale de jus de fruits etde boissons Rouiba, le défi de la repriseet de la succession se pose à la fois enOccident et en Algérie, mais en destermes bien différents. « Que fait-on deces entreprises qui sont tenues par deschefs de famille dans lesquelles il y a

quinze, parfois vingt, successeurspotentiels? », demande-t-il. L’hommed’affaires signale qu’au chapitre des outils,financiers s’entend, essentiels à la repriseet à la succession des entreprises : « Onest dans un désert d’instrumentsf inanciers », pour emprunter unemétaphore toute algérienne. Et puis, laculture algérienne est aussi en cause,ajoute M. Othmani. « Le patriarche d’uneentreprise familiale considère qu’il estéternel. Vous ne pouvez pas aborder laquestion de la mort de manière frontale,même en cercle très privé. […] Et deplus, on est dans une logique où lesenfants considèrent que ce qui a été bâtiet construit par le père, c’est un bienacquis. Ils ne sont pas prêts, du moinsintellectuellement, à payer pourracheter ce qu’a créé le père. » Durconstat à l’égard d’un problème criant…

L’ALGERIE, PAYS ENTREPRENEURIAL?

Dans un pays où l’État occupe uneplace prépondérante à bien deségards, quelle est l’intensité de laflamme entrepreneuriale enAlgérie? Certes, les mentalitésévoluent, constate Slim Othmani.Alors que la perspectiveprofessionnelle ultime pour bonnombre d’Algériennes etd’Algériens se résumait autrefois àl’embauche au sein d’une sociétéd’État, de plus en plus de jeunessouhaitent aujourd’hui démarrerleur entreprise. Dans le contexteéconomique difficile, nécessité faitloi, dit en substance Dalila Nadjem,fondatrice des Éditions Dalimen : «L’entrepreneuriat algérien estsurtout motivé par le défi. Le défide ne pas tomber, de ne pas céderà la crise et prouver qu’avec leprivé, on peut participer àl’évolution de l’économiealgérienne. En tout cas, c’est ce queje ressens. »

UN ENTREPRENEURIATRESOLUMENT SOCIAL

En affaires au cœur d’un pays envoie de développement, jeconstate en terminant que nosentrepreneurs combinent leurpassion entrepreneuriale avec unvif désir de voir la nation algérienneatteindre son plein potentiel.Comme l’a si bien résumé SlimOthmani : « Je ne suis pas sur cetteTerre pour faire de l’argent.L’argent ne m’intéresse pas. […]Le bonheur de la sociétém’intéresse davantage. Le «bonheur national brut »m’intéresse davantage que leproduit national brut », précisel’homme d’affaires. Un discours, audemeurant, repris et partagé aussipar Mme Nadjem et M. Hasnaoui,pour qui le développement de leurentreprise est indissociable de celuide la nation. Les entrepreneursoccidentaux peuvent-ils en direautant? Saluons le courage etl’abnégation de ces femmes et deces hommes d’affaires, filles et filsd’Algérie, pour mener à la fois leursentreprises et la nation vers desjours plus heureux.

  Lies  Goumiri  est  docteur  d’Etat  ès-sciences physique de l’Institut NationalPolytechnique de Grenoble (France) etdiplômé de Sciences Po Paris. Il a occupéd’importants postes dans

l’administration centrale, CEO dansplusieurs entreprises publiques et privéeset institutions internationales. Il a étéassocié à plusieurs missions de l’ONUDIet enfin consultant pour divers

organismes et sociétés étrangèresasiatiques

26 Juin 2016

photo le professeur Taïeb Hafsi

15 Septembre 2016

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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23 Janvier 2017

Les femmes chefs d’entreprise peu nombreuses en AlgérieLe développement de l’entrepreneuriat à l’épreuve du genre

Le problème se pose avec encore plus d’acuité s’agissantdes femmes. Les trois quarts de la population occupéeféminine sont salariés (dont 50% ont un emploipermanent) contre les deux tiers chez les hommes, selonl’Office national des statistiques (ONS). Alors qu’ellessont deux fois plus touchées par le chômage que leshommes, les femmes sont pourtant 7 fois moinsnombreuses à prendre le risque de l’aventureentrepreneuriale. Leur part dans l’auto-emploi dépasseà peine les 10%. […]«La femme participe très peu à la vieéconomique, alors qu’elle représente plus de 50% de lapopulation», déplore YasminaTaya, chef d’entreprise. Doit-onpour autant appréhender laquestion de l’entrepreneuriatféminin comme uneproblématique à part ? Si leshommes ont déjà du mal à prendrele risque d’entreprendre, que direalors des femmes, serait-on tentéde penser. «Investir est unparcours du combattant. C’estdiff icile pour un homme et nel’est pas moins pour une femme»,souligne ZaimBensaci, présidentdu conseil consultatif depromotion de la PME. Selon leschiffres du CNRC, le nombre defemmes gérantes d’entreprise estpassé de 4451 en 2010, à 8754 en2015, soit à peine 10% du nombred’entreprises (personnesmorales) enregistrées, selon lerecensement économique de2011. […] Les résultats desenquêtes de l’ONS et lesrecherches sur les intentionsentrepreneuriales des étudiantsprésentent «l’entrepreneurmotivé par la nécessité de créerune entreprise parce qu’iln’existe pas d’autres opportunitésd’emplois rémunérés viables. Onest donc en présence d’unentrepreneuriat de nécessité qui émerge des faveursdu contexte», explique Aziz Nafaa, chercheur au Cread.Ce type d’entrepreneuriat a souvent peu de perspectivesde croissance et ses processus de production sontcaducs, nous explique-t-il. L’entrepreneur motivé par lesopportunités est, lui, davantage dans une optique de«positionnement stratégique». La logique de rente qui alongtemps prévalu au détriment d’une économieproductive a pesé sur le développement del’entrepreneuriat. Certes, il y a eu des dispositifs d’aide àl’investissement type Ansej, CNAC, etc., […], mais lesentreprises créées sont restées confinées dans dessecteurs «non productifs (cyber, transport...)» […]précise Nafaa.

Particularité

Entreprendre est de ce point de vue une question denécessité avant d’être une question de genre, même si

l’entrepreneuriat reste foncièrement une affaired’hommes. Certains acteurs du monde del’entreprise refusent d’ailleurs d’aborder laquestion de l’entrepreneuriat féminin comme uneproblématique à part. «Je suis contre ce distinguo.Quand on parle de l’entreprise, on en parle dans saglobalité, qu’elle soit gérée par un homme ou parune femme», s’exclame Zaïm Bensaci. D’ailleurs,dans les textes, les avantages accordés dans lecadre des dispositifs d’aide à l’investissements’adressent à tout le monde et ne présentent pas

de discrimination envers lesfemmes.Pourtant, si onrefuse de traiterl’entrepreneuriat féminincomme une particularité, laréalité l’ impose quandmême.«Oui, il y a unespécif icité appeléeentrepreneuriat féminintant que les préjugésexistent et pèsent sur lafemme entrepreneur»,reconnaît Samira HadjDjilani. «Certes, on partageles mêmes problèmes avecnos homologues hommesd’affaires, mais il fautrajouter le poids culturel etde la société». Les femmesentrepreneurs sont uneparticularité, car «elle sont àla merci de l’administration.Souvent, elles n’ont pasenvie de s’engager dans cetenvironnement et d’allercavaler pour le foncier, pourle crédit… Certainespeuvent être découragées»,explique Zaïm Bensaci.

Encouragement

Dans cet environnementpeu favorable, des initiatives émergent pourtantet certaines sont portées par les jeunes. C’estnotamment le cas de l’AWEP. Son objectif estsimple : «Donner les mêmes chances de réussiteaux femmes qu’aux hommes», selon Lamine Zellag,membre de Sidra. Cette dernière se propose dejouer le rôle d’intermédiaire entre les jeunesfemmes porteuses de projets et les institutions encharge des dispositifs d’aide à l’investissement. Laformation, l’information et l’inspiration sont soncredo. «On ne les finance pas. On les informe, onles forme et on les pousse vers les dispositifsd’investissement existants», explique MeriemChakirou.[…]

A voir le taux de création d’entreprises par rapport à la norme mondiale, il est clair quel’entrepreneuriat n’est pas le choix de prédilection des chercheurs d’emploi en Algérie. Face au confortdu salariat et de la Fonction publique et aux multiples entraves à l’investissement, l’acte d’investir peut

difficilement faire le poids.

Safia Berkouk

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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Le bilan de l’économie algérienne en 2016(Document OBG) Oxford Business Group

Si les hydrocarbures constituent depuis longtemps la cléde voûte de l’économie algérienne, le ralentissementdes exportations et de la production dû au vieillissementdes champs pétroliers et à un contexte de prix bas dupétrole, a entraîné en 2016 une intensif ication desinitiatives de diversification de l’économie du pays ainsique l’adoption de mesures destinées à améliorer le climatdes affaires. Le pétrole et le gaz ayant représenté 47%des recettes de l’Etat en 2016, le budget de cette annéeprévoit une baisse des dépenses publiques de 9%, unehausse des recettes fiscales de 4% et une réduction dessubventions. […]

 Diversification économique

 En  juillet,  le  gouvernement  a  annoncé un nouveaumodèle de croissance économique dont les différentesphases d’exécution s’étaleront sur les quatre prochainesannées et dont l’objectif est de générer des recettesf iscales supplémentaires grâce à davantaged’investissements dans les secteurs à forte valeurajoutée, tels que le secteur agro-industriel, les énergiesrenouvelables, les services ainsi que l’économienumérique et l’économie de la connaissance. Lanouvelle stratégie s’appuie sur le plan quinquennal 2015-2019 actuellement en vigueur qui vise également àintensif ier la production nationale et à réduire ladépendance de l’économie algérienne auxhydrocarbures.

Doper les activités commerciales

Selon le FMI dans ses consultations de 2016 au titre del’Article IV, « l’ampleur de la bureaucratie et la lourdeurdes procédures administratives » continuent de nuire àl’environnement commercial algérien. Pour tenter deremédier à ces problèmes et appuyer les efforts dediversification de l’économie, les autorités ont modifiémi-juillet le code de l’investissement. La nouvelle loisimplif ie les démarches administratives pour lesinvestisseurs, réduisant ainsi le poids de la bureaucratiesur les projets. Une règlementation selon laquelle lamajorité du capital des sociétés étrangères basées enAlgérie doit être détenue par la partie algérienne –connue sous le nom de règle 51-49% - a été extraite ducode de l’investissement et est désormais inscrite dansla loi des finances. Cette dernière fixe le budget et estmodif iée tous les ans, ce qui a conduit certainsobservateurs à interpréter ce nouvel emplacementcomme étant annonciateur d’un possibleassouplissement de la règle qui autoriserait uneparticipation majoritaire des compagnies étrangères, enparticulier dans les secteurs non-stratégiques. Enoctobre, la Banque Mondiale a classé l’Algérie à la156ème place sur 190 pays dans son rapport « DoingBusiness 2017 », soit une amélioration de sept places parrapport au classement de l’an dernier. Le rapportexplique ce meilleur score de l’Algérie par la réductiondu capital minimal exigé pour le lancement d’uneentreprise, le raccourcissement des délais nécessaires àl’obtention d’un permis de construire, davantage detransparence dans les tarifs de l’électricité ainsi qu’uneréduction de la taxe sur l’activité professionnelle.

Renforcer les PME

Les autorités algériennes se tournent vers les petites etmoyennes entreprises (PME) afin de contribuer à doper

l’économie, avec l’adoption d’une série deréformes législatives encourageant la croissancedes PME. Dans le cadre de la nouvelle loi, la limitedu chiffre d’affaires annuel a été portée à 4 milliardsde dinars (34,5 millions d’euros) contre 2 milliardsde dinars (17,2 millions d’euros) auparavant, et celledu bilan annuel a également été augmentée,passant de 500 millions de dinars (4,3 millionsd’euros) à 1 milliard de dinars (8,6 millions d’euros).La loi algérienne sur les PME fait suite à d’autresinitiatives destinées à améliorer les perspectives desPME algériennes. Le projet de Loi de Finances 2016,adopté en novembre 2015, comporte des mesuresfiscales incitatives pour les PME créées en 2016 etaccorde des exonérations fiscales pour une périodeallant jusqu’à cinq ans aux entreprises dont le chiffred’affaires annuel brut ne dépasse pas 600 000 dinars(5168 euros), ainsi qu’aux chômeurs titulaires d’undiplôme universitaire exerçant des activités non-commerciales et qui ne dépassent pas les 300 000dinars (2586 euros) de chiffre d’affaires annuel.

Perspectives d’avenir

En octobre dernier, le Conseil des Ministres aapprouvé le projet de loi de f inances 2017 quiprésente  une réduction des dépenses publiquesde l’ordre de 14% et vise à ramener le déf icitbudgétaire à 8% du PIB. Les autorités comptentégalement augmenter la TVA de deux points en2017, espérant ainsi entrainer une hausse desrecettes de 14,4%. Ces coupes budgétairesdevraient permettre un ralentissement del’accumulation de la dette ; L’Algérie s’attèletoutefois à trouver de nouveaux moyens definancer ses dettes, un phénomène relativementrécent pour le pays, par exemple par le biais dulancement d’un emprunt national en avril 2016. Ennovembre, le Ministre des Finances Hadj BabaAmmi a déclaré dans la presse locale que lessouscriptions avaient atteint 568 milliards de dinars(4,9 milliards d’euros). Farid Bourennani, expertfinancier et conseiller privé, s’attend également àun retour de l’Etat sur les marchés internationauxde la dette, observant cependant que son absenceces dernières années ferait grimper le coûtd’emprunt. « L’Algérie aurait dû continuer àemprunter de petits montants au cours desdernières années af in de maintenir sa notesouveraine et ses benchmarks, car sans cesderniers, lever des fonds sur les marchésinternationaux se révèlera plus coûteux, » a-t-ildéclaré à OBG. Outre son activité sur lesmarchés financiers, le pays a également faitappel à des bailleurs de fonds extérieurs pourla première fois depuis des années, recevantun prêt de 900 millions d’euros de la BanqueAfricaine de Développement en novembre2016. Ce prêt d’appui budgétaire, le premierque l’Algérie reçoit de la part de l’institution,devrait servir à compenser en partie la chutedes prix du pétrole et contribuer audéveloppement des secteurs industriel eténergétique du pays.

19 Janvier 2017

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NRP, Avril 2017, n°36

DOSSIER

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ELLES SONT 143.010 QUI ONT CHOISIDE S’ORIENTER VERS L’ENTREPRENARIAT

L’entreprenariat au féminin, voilà un filon d’or jadis fermé maisqui sourit peu à peu à la gente féminine. Plus de 143.000 fem-mes en Algérie ont investi le domaine des affaires et plus de6700 sont des chefs d’entreprises. Quelle meilleure preuvepour illustrer la montée de la femme dans le secteur économi-que productif national ! Quel défi pour ces femmes dans unpays qui compte 1,9 million d’opérateurs économiques ? C’estla sempiternelle question. Incontestablement, la femme, cepilier de la société, est en train de rivaliser avec l’homme dansplusieurs secteurs stratégiques et pas seulement dans les affai-res. Ainsi le nombre de femmes entrepreneurs a augmenté deprès de 23% sur les quatre dernières années en Algérie selonles dernières études. Ce qui, soit dit en passant, signifie uneévolution certes timide mais, au demeurant, qui révèle que lagent féminine du pays est progressivement attirée parl’entreprenariat et plus encline à conquérir d’autres créneauxde l’économie. Lire en page 03Qui sait ? Il ne faut pourtant pasêtre clerc pour deviner que le créneau des affaires et del’entreprenariat réussit plutôt bien aux femmes. On dit mêmeque les affaires et le commerce sont « innés » chez les femmes.Ce créneau a vraisemblablement ouvert de nouvelles perspec-tives à la femme algérienne. Pas seulement, il lui a permis de seformer, de contribuer au développement et à œuvrer à la luttecontre le chômage en recrutant la main d’œuvre. Force est dereconnaître que ce créneau (les exemples sont légion) per-met éventuellement à la femme entrepreneur de se perfec-tionner à l’étranger ou de se représenter dans les assembléesélues nationales ou locales. Les chiffres sont là pour témoignerde l’ascension fulgurante des femmes dans le domaine del’entreprenariat. Jusqu’à fin février 2017, l’Algérie comptait143.010 femmes d’affaires contre 116.474 à fin 2012, selon lesdonnées du Centre national du registre du commerce (CNRC).A noter que cette population active englobe les femmes com-merçantes inscrites en tant que gérantes d’entreprise (per-sonnes morales). Celle-ci représentent ainsi 6% du nombre to-tal des gérants d’entreprises (hommes et femmes). De mêmeque le chiffre des 143.010 femmes d’affaires, représente égale-ment les femmes commerçantes, personnes physiques, dontle nombre correspond à 8% du total des opérateurs économi-ques-personnes physiques. Ainsi en cinq ans, le nombre de fem-mes gérantes d’entreprise a augmenté en passant de 6.703 àfin 2012 à 10.444 à fin février 2017. Ce qui constitue une haussede près de 56%. Quant aux femmes commerçantes-personnesphysiques, elles étaient à 132.566 à fin février dernier contre116.474 en 2012 soit une augmentation de près de 14%. Surl’ensemble des opérateurs économiques que compte le paysqui sont au nombre de 1,9 million, les femmes commerçantesn’en représentent que 7,5%. Par secteur d’activité, les femmescommerçantes-personnes physiques exercent notammentdans la distribution en détail (49% de la totalité des commer-çantes inscrites en tant que personnes physiques), les services(37,9%), la production de biens (9,4%), la distribution en gros(3,4%), la production artisanale (0,26%) et l’exportation (0,01%).Les femmes commerçantes-personnes morales, exercent sur-tout dans les services (39,4% du total des sociétés dirigées parles femmes). La production de biens représente 25,3%. L’im-portation pour la revente en l’état est de 16,8%. La distributionen gros est de 10,2%. La distribution en détail est de 6,6%. Laproduction artisanale en est à 1,1%. De même que l’exportationn’est pas en reste, elle représente 0,6%. Par tranches d’âge, ilest constaté que les femmes commerçantes (personnes physi-ques) âgées entre 39 et 48 ans sont les plus nombreuses (26,21%)suivies de celles âgées entre 49 et 58 ans (23,7%). S’agissant dela répartition par wilaya, les femmes commerçantes sont pré-sentes dans toutes les wilayas mais avec une prépondérance àAlger qui vient en tête avec un nombre de 15.488 femmes(10,83% du total national des femmes d’affaires), suivie d’Oranavec 9.363 (6,45%), de Tlemcen avec 5.547 (3,9%), de Sidi BelAbbes avec 5.317 (3,7%) et de Constantine avec 5.222 (3,6%). Leswilayas les moins nanties en femmes d’affaires sont Illizi (365

femmes), Tindouf (662) et Tissemsilt (1.171). En moyennenationale, il existe près de 2.980 femmes commerçantespar wilaya. Par rapport à la population totale nationale(41,2 millions d’habitants), il y a une (1) femme commer-çante inscrite au registre du commerce pour 288 habi-tants.

Face à l’austérité, la grognesociale monte en Algérie

Avec la chute durable des prix des hydrocarbures,l’Algérie est contrainte d’entrer en ce début d’annéedans une phase d’austérité au risque de faire exploser lacolère dans la rue. Les années de large distribution de larente pétrolière avaient jusqu’alors permis de contenirle mécontentement de la population. ZOOM À El Achour,sur les collines ouest d’Alger, Zineddine, 37 ans, jette unregard sombre sur les étalages à moitié vide de lasupérette qu’il gère avec son frère. « Je suis en liquidation.Je ferme le mois prochain, s’inquiète-t-il. Avant, notrechiffre d’affaires nous permettait juste de nous payer unpetit salaire. Maintenant, les clients se font plus rares etceux qui viennent n’arrivent plus à acheter les produitsimportés », sur lesquels il faisait ses marges. « On m’aproposé de lancer une agence de voyages, mais je ne saispas trop… », Hésite-t-il, évoquant une reconversion dansun domaine qui lui est inconnu. En plein centre d’Alger,près du palais du gouvernement, Hannafi, 42 ans, fait luiaussi grise mine dans son garage concessionnairePeugeot. Le rutilant cabriolet a disparu de sa salled’exposition faute de voitures neuves à vendre. Pourra-t-il poursuivre son activité ? « On  verra, répond-il. Jemaintiens un peu de travail avec l’entretien des voituresde nos anciens clients. Je pense aussi à la location devéhicule. » C’est que la faillite a également touché lesdistributeurs de voitures après une chute de 60 % desimportations en une année. L’an dernier, face à la pertede plus de la moitié de ses revenus extérieurs, la banqued’Algérie a déprécié le dinar et le gouvernement dupremier ministre Abdelmalek Sellal a contingenté lesimportations de nombreux produits. À mesure ques’empilent les mesures d’austérité, et que les prixaugmentent – off iciellement en hausse de 6,2 % ennovembre 2016 – le quotidien des Algériens s’assombrit.Et beaucoup sont menacés dans leur emploi.

De la grève générale à l’émeute

Rachid Bakhti, entrepreneur en bâtiment, a licenciéquinze de ses vingt-cinq employés à la fin de l’été 2016. «L’organisme public auquel j’ai livré 148 logements en 2014dans la wilaya (région) de Blida n’arrive toujours pas à mepayer la dernière tranche de 40 %, explique-t-il. Je finis undernier chantier, mais l’avenir devient si sombre dans cesecteur d’activité que je pense en sortir. » À la fin de 2016,la grogne s’est d’abord propagée dans la fonctionpublique. Collèges, lycées, et une partie des structuresde santé publiques ont débrayé pour contester lasuppression du droit à la retraite proportionnelle sanscondition d’âge. Les mouvements de protestation ontrepris dimanche dernier dans plusieurs wilayas, après levote de cette réforme par le parlement.

B.Habib07 Mars 2017

01 Février 2017

Amine Kadi

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NRP, Avril 2017, n°36

[DROIT]

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ANSEJ : 2 000 jeunes bénéficiaires poursuivis en justice

Un total de 2 000 jeunes bénéficiaires des crédits del’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes(ANSEJ) ayant disparu dans la nature sont poursuivis enjustice, selon le directeur général de l’ANSEJ, MouradZemali.Ces jeunes entrepreneurs n’ont pas donné signede vie et n’ont pas remboursé les crédits contractésauprès de l’ANSEJ d’où les actions en justice engagés àleur encontre. Il s’agit, selon le DG de l’ANSEJ d’un chiffrerelativement bas comparativement aux 360 000bénéficiaires des prêt de l’Agence depuis plus de 10 ans,certains d’entre ayant réussi dans leur entreprise.

Les 2 000 bénéficiaires fraudeurs ont changé d’activitéou ont carrément abandonné leurs projets sans avoirremboursé les prêts contractés. Ces fraudeurs ne seront

pas lâchés par l’ANSEJ. Il est reproché à ces bénéficiairesindélicats de ne pas avoir saisi l ’ANSEJ pour lerééchelonnement de leurs dettes ou l’établissement d’uncalendrier à même de trouver un arrangement, s’estplaint Zemali.

En ce sens, les jeunes bénéficiaires qui connaissent desdifficultés financières seront toujours accompagnés parl’ANSEJ af in qu’ils puissent dépasser les périodesdifficiles qu’ils traversent, a rassuré Zemali. Il a rappeléque le ministre des F inances avait déjà appelé lesbanques à mettre en place un mécanisme à même depermettre le rééchelonnement des dettes des jeunesentrepreneurs en difficulté.

En revanche, pour ce qui est des bénéficiaires décédéset dont les familles n’ont pas les moyens de rembourserles dettes, l’ANSEJ saisira leurs biens pour les revendreaux enchères, a expliqué le DG de l’Agence, précisantqu’au cas où les fonds récupérés dépasseraient lemontant du prêt, la différence sera remise aux famillesdes défunts.

«Il faut nettoyer le code de la famille»A l’occasion de la célébration de la Journéeinternationale de lutte pour les droits des femmes,deux juristes qui suivent de près les injusticeset les discriminations que subissent les femmes, sousle couvert de la loi, livrent à El Watan leurs visions de laréalité juridique et sociale qui maintient la femme dansune situation d’infériorité consacrée. - Quels sont, à votre avis, les textes juridiques les plusdiscriminatoires envers les femmes qu’il est urgent demodifier pour protéger ces dernières ?

Le code de la famille en lui-même consacre ladiscrimination à l’égard des femmes. Ce qui poseproblème, c’est qu’il est élevé au rang de la Constitution.Il en devient même supérieur. Il faut nettoyer le code dela famille de toutes les dispositions, de tous les mots etles concepts archaïques et les adapter à notre temps. Ledroit musulman est une œuvre humaine, ce n’est pas leCoran, il peut être revu et adapté à notre époque, à partirdu moment où on réalise qu’il contient des règlesjuridiques qui ne sont plus valables. Nous avons entaméun travail de modification du code de la famille, il y a plusde dix ans, il faut impérativement continuer poursupprimer les inégalités.

- Quels sont, précisément, les articles qui consacrentl’inégalité ?

La présence du tuteur matrimonial pour la femmemajeure réduit le consentement à la conclusion dumariage. Il y a également, l’article 53 du code de la familleconcernant le divorce «tatlik» qui prévoit les dix motifspour lesquels l’épouse a le droit de demander le divorce.Mais il faut qu’elle en apporte la preuve. La difficultéd’apporter des preuves la limite dans ses droits. Alorsque l’homme a le droit de demander le divorce par

volonté unilatérale et sans motif.Il faut impérativementsupprimer l’article 7 bis, qui prévoit une autorisation dujuge permettant le mariage des mineures, mais aussi dansle code pénal, l’article qui permet au violeur d’épousersa victime pour s’absoudre. Il y a également le droit àl’héritage qui doit être modifié dans l’urgence, parce qu’ilconstitue une inégalité flagrante, surtout concernant lesveuves et les héritières. C’est tout l’esprit et la substancemême du code de la famille qui sont à revoir. Il estaberrant que la liberté de se mouvoir, se marier, dedivorcer soit conditionnée. Il est aberrant qu’une femmene puisse pas témoigner.

- Pensez-vous qu’il est possible de voir tous ces articlesmodifiés, voire supprimés ?La volonté politique existe, mais elle est freinée par lescourants islamistes et conservateurs. Mais le systèmeau pouvoir pourrait y résister et construire un arsenaljuridique pour protéger le droit de la femme. Les loisdoivent être accompagnées, leur adoption ne suffit pas.Il faut modifier les comportements, en profondeur.

Mohamed Nassim

27 Février 2017

Bouredji Fella08 Mars 2017

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NRP, Avril 2017, n°36

[SOCIÉTÉ]

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ALGÉRIE : RETRAITÉS À 50 ANS ET MOINS,HAUTS FONCTIONNAIRES À 80 ANS ET PLUS…LE GRAND PARADOXEEn Algérie, hélas, le travail est loinde représenter un culte. Au fil desans s’est développée une mentalitéqui ne met pas en valeur l’effort etne semble pas s’embarrasser parl’ennui et le désœuvrementqu’apporte la retraite. Les loisrenforcent cette tendance. Lesgens s’empressent à prendre leurretraite pour, pensent-ils, pouvoir lasavourer royalement. On croise desretraités âgés d’à peine 50 ans quipassent leur journée, un chapelet àla main, trainant les pieds pourjoindre la mosquée, …. Ils croientqu’ils profitent de la vie alors qu’ils lagâchent bêtement et ne fontqu’attendre le passage du temps.Dans la plupart des pays du monde,on plaide pour le prolongement del’âge de la retraite au-delà de 65 anspour des raisons économiques,démographiques, sociales, etc. EnAlgérie, on plaide le contraire. Lafacture sera salée pour les futuresgénérations. Malheureusement,personne n’a l’air de s’en inquiéter.Au contraire, on se plait bien danscette oisiveté et on enprofite. Moralité : plus jeune on prendsa retraite, plus on estheureux…. Sauf pour les hautsfonctionnaires.

Qu’en est-il de nos vénérables hautscadres de la nation (président,ministres, ambassadeurs, off icierssupérieurs, etc.)? Quelle est leurmoyenne d’âge? Sont-ils des jeunesdans la fleur de l’âge et dans uneforme qui respire la santé, capablesde passer des heures et des heuresà travailler et à sillonner le pays à

l’écoute du peuple et en quête desolutions pour améliorer sonquotidien? Malheureusement, non.La plupart d’entre eux avoisinent les80 ans. Certains sont toujours enposte alors que d’autres ont quittérécemment les affaires…. La hautefonction est généralementexigeante et fatigante ...Qu’on mecomprenne bien; l’âge n’est pas unobstacle à l’avancement. Bien aucontraire, l’expérience, la maturité,la sagesse, etc. sont des avantagesqu’il faut exploiter. Mais avec l’âge,nos responsables n’ont rienappris…Le contraste est flagrant.On a une société où la culture, leslois, l’ambiance générale, etc.encouragent les gens à prendre leurretraite à 50 ans et parfois moins,mais comble de l’ironie… Poussonsle raisonnement plus loin : Avec leprolongement de l’âge de la vie, on

pourrait se retrouver avec des hautsfonctionnaires âgés de 100 ans, alorsautant faire un cadeau à ce peupletellement attaché à sesresponsables en baissant l’âge dudépart à la retraite à 30 ans. Pourquoipas!...., le président américainReagan était en poste jusqu’à prèsde 80 ans, de même pour lesprésidents français Mitterrand etChirac.., ces responsables sont à latête de véritables démocraties,évoluent avec l’âge et s’adaptentfacilement... Dans ces pays, l’âge dudépart à la retraite dépasse souventles 65 ans….

Chose qui nous fait défaut en Algérieoù les jeunes fonctionnaires sontinvités à prendre leur retraite alorsque les vieux hauts fonctionnaires semaintiennent à leurs postes pour «lepouvoir et pour le pire». Le grandparadoxe.

D’autres diront que la nouvellegénération est résignée, nes’implique pas et a démissionné deson rôle. Dans une certaine mesure,je leur concède cette remarque.Quelle triste situation : ceux qui sontaux commandes ne peuvent rienfaire et ceux qui peuvent ne veulentrien faire. Pauvre Algérie.

05 Juin 2014

RACHID KIHEL

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NRP, Avril 2017, n°36

[CULTURE/MÉDIAS]Métlili :Les traditions équestres et camelines célébrées

La fête locale du Méhari s’est ouvertevendredi dernier, en fin d’après-midià Metlili, (45 km au sud de Ghardaïa),dans une ambiance célébrant lafantasia et les traditions équestres etcamelines de la région.Initiée parl’association locale de fantasia deMetlili en collaboration avecl’Assemblée populairecommunale (APC), cettemanifestation culturelle dedeux jours vise la préservationdes traditions de méhari etéquestre et permettre laréhabilitation de plusieurscoutumes mettant en valeurle talent des cavaliers etméharistes.Cette fête a pourobjectif également lavalorisation et la promotion duriche patrimoine matériel etimmatériel locale pour l’ériger en unlevier de développement durable,ont indiqué les organisateurs. Cetévénement culturel vise aussi àpréserver l’art séculaire d’être «chevalier, cavalier et méhariste » touten le mettant au service dudéveloppement social et àtransmettre aux générations futuresles valeurs de respect, de courageet d’honneur, véhiculées par cenoble art d’apprivoiser le cheval etle dromadaire, a-t-on ajouté.

« Le cheval, le méhari et la fantasiaont en effet toujours fait partie dupatrimoine culturel ancestrale desdifférentes régions du pays etcontinue aujourd’hui à occuper uneplace phare lors des grandes fêtesfamiliales ou nationales, a expliqué

un sociologue de la région. Le chevalet le dromadaire occupent une placeprépondérante dans le vécu etl’imaginaire des algériens vivant aunord comme au sud, a-t-il précisé,ajoutant qu’une importanceparticulière est donnée aux objetsd’ornement des chevaux et méharis(dromadaires) ainsi que lescostumes et tenues des cavaliers etautres méharistes. Ce rendez-vousest porteur de signes annonciateursd’une volonté de développerl’élevage équin et camelin afin de

Le théâtre du dramaturgeétait une prise de position réelle

préserver ce précieux patrimoine dela région de Ghardaïa, une région quirecèle d’importantes richesseshistoriques, culturelles, agricoles etindustrielles, selon les organisateurs.

Le programme de cet événementprévoit des spectacles defantasia et desdémonstrations témérairesdes cavaliers et méharistessur des espaces aménagésdans le l ieuditChaabateOueld Sidi ElCheikh à Metlil i et dessoirées artistiques animéespar des troupes folkloriqueslocales. Le public nombreuxa admiré les spectacles decourses de chevaux et

dromadaires ponctuées par lebaroud d’honneur où la maîtriseirréprochable des cavaliers etméharistes est conjuguée à la beautédes animaux nobles (cheval etchameau).

Les participants à une journéed’étude sur le défunt dramaturgeAbdelkader Alloula, clôturéesamedi dans la ville des Issers(Boumerdès), se sont accordés surle fait que «le théâtre chez Alloulan’était pas qu’un simple spectacle,et une profession, mais allait bienau-delà en représentant une visiondu monde et une prise de positionréelle».

«Alloua était une véritableinstitution d’idées sur la société,un militant engagé et unréformateur social», ont soulignéles intervenants à cetterencontre, qui a vu la participationde nombreux écrivains et critiquesdu 4ème art. Dans sacommunication intitulée«Abdelkader Alloula : l’homme, leparcours, le projet», le chercheur

universitaire et dramaturgemarocain Berached Abdelkrim aestimé que l’expérience d’Allouladans le théâtre traditionnel dit «AlHalka», inspiré de son legs culturel,vise l’ancrage de «nouvelles valeurs,

dans un pays nouvellementindépendant et vivant une étape

transitoire». Il a par ailleurs soulignéque «Alloula était très conscient del’importance de la mission duthéâtre». «C’est pourquoi il s’estattelé à fonder le théâtre de laHalka», a-t-il poursuivi, en partant du«principe que chaque époque,chaque lieu et chaque humain ontleur théâtre qui diffère des autres»,expliquant par là l’«action d’Alloulacontre tous les stéréotypesthéâtraux étrangers». A leur tour,l’universitaire Abdelkrim Bengherbide Mostaganem, et le journalistealgérien HmidaAyachi ont soutenuque le défunt «Alloula étaitconvaincu de la mission du théâtre,en tant que service publique destinéà consacrer une autre forme sociale,sur la base de nouvelles idées etprincipes». Pour l’universitaire

Abdelkrim Bengherbi «Alloula a pusurtout se l ibérer des jeux

09 Avril 2017

D.R

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NRP, Avril 2017, n°36

[CULTURE/MÉDIAS]stéréotypés, dont particulièrementle modèle italien très répandu enEurope et dans le tiers monde», etce en adoptant un «théâtre duvécu», qui a consacré le théâtre dela Halka. «Un théâtre(Halka), qui vavers les gens et en fait un partenaire,dans un sorte de bain de foulepersonnifié par le «Hakaouati», dansune scène sans décor ni fioriture»,a-t-il aff irmé. La manifestationouverte, vendredi, à la salle desexpositions de la ville des Issers (ex-salle Afrique), a été inaugurée par laprésentation de nombreuses piècesthéâtrales. La journée de samedi aenglobé l’animation decommunications par l’universitaireAbdelkrim Bengherbi deMostaganem, et le chercheuruniversitaire et dramaturgemarocain Berached Abdelkrim, outrela projection de documentaires surle défunt Alloula et son oeuvre,réalisés par l’homme de théâtre Ali

Aissaoui, en plus d’un film vidéo surla pièce «El-Aaleg» (Les Sangsues),écrite et mise en scène par Alloulaluimême. La manifestation a étéorganisée par la coopérativethéâtrale Cirta, en collaboration avecla direction de la culture, l’Officenational de culture et d’informationet l’Off ice national des droitsd’auteur et des droits voisins. Natifde Ghazaouet où il a vu le jour le 8juillet 1939, Abdelkader Alloula agrandi et vécu à Oran. Ses débutsdans le 4e art remontent à 1956,lorsqu’il intègre la troupe Echababaprès la f in de ses étudessecondaires à Oran. En 1963, il rejointle Théâtre National Algérien (TNA)et prend part à divers spectacles.Entre 1964 et 1968, il met en scèneplusieurs textes d’auteurscontemporains dont Tewfik El Hakimou Gorki. En 1965, il participe à lacréation de l’Institut national d’artdramatique et chorégraphique

(INADC) de Bordj El Kiffan, puis,entre 1972 et 1975, il dirige le ThéâtreRégional d’Oran (TRO) qui porteaujourd’hui son nom, où il défend unthéâtre amateur et des créationscollectives. En 1990, il adapte, pourla télévision, de nombreusesnouvelles dont «Lila MaâMajnoun»,«Es SoltaneOualGuerbane», «ElWissam», «EchaâbFak», «El Wajeb elWatani» (réalisateur Bachir Bérichi),et est également l’auteur de deuxscénarios réalisés par MohamedIfticène, Gorinne en 1972 et Djalti en1980. Abdelkader Alloula estassassiné le 10 mars 1994 à Oran, à lasortie de son domicile, rue deMostaganem.

L’ALGÉRIE PROFONDEFestival national de la chanson et dela musique Amazighes : MouloudFertouni nouveau commissaire

Le nouveau commissaire du festivalnational de la musique et de lachanson amazighes a étéofficiellement nommé par le ministrede la Culture, AzzeddineMihoubi, enremplacement de l’ex-directeur de la culture deTamanrasset, Karim Arib. Ils’agit de l’écrivain MouloudFertouni, qui occupait jusque-là le poste de conseiller à ladirection de la culture deTamanrasset, qui estégalement président dubureau local de la promotionde l’art et de la créativitéculturelle. En attendant laf inalisation des procéduresrelatives à la passation deconsignes, Mouloud Fertouni,qui est aussi président de lasection locale des écrivains etde la l igue nationale delittérature populaire, se ditprêt à mettre son capitalexpérience à la disposition ducommissariat avec pour objectif depromouvoir la culture amazighe.

Rabah Kareche

Touggourt : «Les mathématiques etla musique poétique» en débat

Existe-t-il vraiment une relation entrela poésie et les mathématiques ?

C’était la question à laquelle a essayéde répondre Dr T iar Nadir,enseignant à l’université Mentouride Constantine, lors d’uneconférence animée samedi dernierà la maison de jeunes Kheireddine deTouggourt, autour du thème «Lesmathématiques et la musiquepoétique». Le conférencier a

expliqué que «la poésie est unemusique, la musique est un rythmeet le rythme scientifiquement est unson cadencé. C’est-à-dire un son quise répète à chaque intervalle detemps». Et de s’interroger : «Existe-t-il une science autre que lesmathématiques qui puisse mobilisercette uniformité, cette continuité oucette répétition ?» Tout enargumentant : «Je pense tant qu’il y

a le rythme, il y a la musique, il y aune suite, une fonction et uneéquation mathématique qui se cachederrière et qui nécessite de larecherche pour la découvrir.» Letravail de ce chercheur consiste àchaque fois de prendre un thèmemathématique en relation avec lamusique, tout en tentant de

l’expérimenter. À rappeler queDr Tiar est le premier à avoirpublié un ouvrage sur lemathématicien El-KhalilAhmed El-Farahali, qui ad é c o u v e r tmathématiquement les basesde la musique poétique arabe.À propos de la musique baséesur les arrangements, Dr Tiara expliqué comment cemathématicien a utilisé desarrangements pour compter lenombre des mots arabes qu’onpeut construire avec 28lettres. En outre, leconférencier a longuementétalé les résultats obtenus parle mathématicien algérienMustapha Harkat qui a édité

plusieurs livres sur la théorie de lapoésie, du rythme et de la rime(elqafia).

Ammar Dafeur

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NRP, Avril 2017, n°36

[CULTURE/MÉDIAS]Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou

Un Doctorat «honoris causa» pour Aït Menguellet

L’artiste Lounis Aït Menguellet seranommé docteur honoris causa courantdu premier semestre 2017, a annoncélundi le recteur de l’université MouloudMammeri de Tizi Ouzou lors du colloqueinternational consacré aux 50 ans decarrière du chanteur. S’exprimant àl’ouverture des travaux du colloque quis’étalera sur trois jours, Ahmed Tessa aprécisé avoir convoqué le conseilscientifique pour jeudi 15 mars prochainen vue de proposer au département de

langue et culture amazighes de la facultédes lettres et langues de choisirannuellement deux grandes figures dela culture algérienne pour leur décernerce titre honorifique. «Pour cette année,nous proposerons pour ce premiersemestre Lounis Aït Menguellet, puis, àtitre posthume, LounèsMatoub quiobtiendra la distinction honorif iquedurant la deuxième moitié de l’année encours. Deux hommes qui méritentamplement d’être honorés en signe dereconnaissance à leur oeuvres, à leurparcours et leur engagement», a-t-ildéclaré. Une date de décernement dudoctorat qui fait suite au colloqueinternational consacré au cinquantenaired’Aït Menguellet par le laboratoired’aménagement et d’enseignement dela langue amazighe que préside NoraTigziri, sera f ixée après le conseilscientif ique qui découlera sur unepréparation effective de la remise du

trophée qui aura lieu au plus tard au moisde juin prochain, a-t-il aff irmé. «Lounisest le symbole d’une kabylité retrouvée.Il a porté la voix de la jeunesse qui se batpour la liberté et pour les droits. Il est leporte-parole de la femme opprimée etdu montagnard pauvre et digne. AïtMenguellet tout comme LounèsMatoubnourrissent notre culture, notrepatrimoine et leurs £uvres sont unesource d’inspiration pour plusieursgénérations», a-t-il déclaré.

Lounis Aït Menguellet «profondémenthonoré»

Présent au colloque, Lounis AïtMenguellet a déclaré à la presse qu’il est«profondément honoré» par l’intérêtque portent l’élite scientif ique et lacommunauté universitaire à son oeuvre.«Le plus important, ce n’est pas mapersonne en tant qu’individu mais plutôtle bénéfice qu’en tire notre culture etnotre identité qui a besoin de tellesinitiatives. Que nos élites intellectuellesfassent avancer de cette façon notreculture ne peut que nous faire chaud aucoeur». Le poète philosophe a estiméque tous les travaux scientif iquesconsacrés à son oeuvre artistiqueconstituent un apport de plus pour lalangue et la culture amazighe, soutenantqu’un homme de culture n’est plus lepropriétaire de sa création après l’avoirpublié, puisqu’elle devient un héritagecommun qui contribue au renforcement

des valeurs sociales. Abordant sesprojets, Aït Menguellet a déclaré qu’il esten train de préparer des galas aussi bienà Tizi Ouzou qu’à travers d’autres wilayassauf que le programme n’est pas encoreoff iciellement arrêté. Sa premièrerencontre avec le public est attenduepour le 24 mars prochain à la coupoled’Alger, une manière, selon le chanteur,«de contrebalancer le gala du zénith deParis puisque la coupole estpratiquement de la même envergure etde la même importance». L’auteur de

«Djamila», «TejraIllili», «AbridTemzi»,«Chaâletaghtafat», «Afennan»,«Taqbaylit», «Ameddah» et des centainesd’autres titres prépare également unnouvel album dont la sortie est attendupour le mois d’avril prochain. Les travauxdu colloque qui poursuivront jusqu’àjeudi connaît la participationd’universitaires venus du Maroc,d’Espagne, de France et du Canada ainsique de plusieurs wilayas du pays, a-t-onfait savoir. Une vingtaine decommunications sont au programme dece rendez-vous scientifique dans lequelles débats porteront sur l’£uvre de LounisAït Menguellet dans toutes sesdimensions, notamment la thématique,la poésie ou le texte, la musique, latraduction et l’adaptation.

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[MÉMOIRE]

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Vallée du M’Zab Une vingtaine de monuments historiques réhabilités

Pas moins de dix-huit monumentshistoriques ancestraux, affectés parles aléas du temps, ont été restau-rés, réhabilités et revalorisés dans lavallée du M’zab (Ghardaïa), a-t-onappris de l’Office de protection et depromotion de la vallée (OPVM).Cetteopération de revitalisation du patri-moine architectural atypique duM’zab a été lancée fin 2015, aprèsélaboration d’études spécialiséespour la réhabilitation de ces biensculturels et pour redonner à ce richepatrimoine architectural à forte sym-bolique historique son éclat d’antanet améliorer par conséquent les con-ditions de vie de ses habitants, a ex-pliqué à l’APS le directeur de l’OPVM.

Cette action a touché des monu-ments des cinq ksour de la vallée duM’zab (Beni Izgen, Bounoura, El-Ateuf, Melika et Ghardaïa), construitsselon les techniques ancestrales enterre sèche et qui ont connu un pro-cessus de dégradation affectant leurcadre architectural, a détaillé YounesBabanedjar.Concernant le ksar deBeni Izgen, fondé en 1347, l’opéra-tion a ciblé l’ensemble de ses ouvra-ges «défensifs» avec sa muraille de 1525 mètres, ses petites ouverturessur l’extérieur, ses tours de guet etles deux portes principales, Bab El-Gharbi et Bab El-Charki, ainsi que l’es-pace de prière à ciel ouvert cheikhBa El Hadj.

S’agissant du ksar d’El-Ateuf, fondéen 1012, les travaux de restaurationont ciblé les espaces de prières Sidi-Brahim et Oukheira, ainsi que la porteBab Sidi-Brahim, la mosquée El-Atik,

l’espace de prière du mausolée decheikh Badahmène et les portes BabChergui (Est) avec ses remparts etBab El-Bazar du ksar de Bounoura,réalisé en 1046, ainsi que les portesBab Amidoul, Bab Ben-Trache, BabEl-Argoub et le mausolée de HadjMessaoud du ksar de Melika, créé en1350. Ces actions de réhabilitation etde revalorisation du patrimoine cul-turel et architectural ont égalementconcerné, pour le Ksar de Ghardaïa,crée en 1048, les espaces de prièrede Ami Saïd El-Djerbi, BabaOuldjemma et la mosquée de Beni -Merzoug , ainsi que les portes BabSalmou-Isaa et Bab Houacha, a-t-ilfait savoir. Ces monuments histori-ques, qui témoignent du rôle socialet économique que jouait ce patri-moine culturel depuis des siècles,ont été restaurés par des maîtres ar-tisans locaux, détenteurs d’un savoir-

faire légué de génération en géné-ration en matière de restauration dupatrimoine, en utilisant des maté-riaux de construction traditionnelsconfectionnés suivant des méthodeset techniques ancestrales alliantmortier de chaux, plâtre fabriqué tra-ditionnellement, pierres, argile ainsique les troncs de palmiers, utiliséscomme poutrelles.Cette opération apermis de redonner à ces monu-ments leur beauté, ternie par l’usuredu temps et de renforcer la vocationtouristique nationale et internatio-nale de la pentapole du M’zab, célè-bre par l’harmonie de son architec-ture authentique, a indiqué M.Babanedjar.La pentapole du M’zab,composée de cinq ksour, villes-for-teresses qui regorgent de splen-deurs et de trésors avec des bâtis tra-ditionnels considérés comme deschefs-d’œuvres architecturaux uni-ques, ingénieusement construits parles premiers habitants de la régionet serpentant à travers une vallée, aété classé patrimoine mondial parl’Unesco en 1982 avant d’être érigéen «secteur sauvegarde» en 2005.

Un plan de sauvegarde, en confor-mité avec la loi sur le patrimoine, esten cours d’élaboration par un bureaud’études, a-t-on signalé de mêmesource.

16 Janvier 2017

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[MÉMOIRE]

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Algérie: 2.000 ans d’histoire révélés

«C’était spectaculaire! D’un seul regard,on pouvait embrasser deux millénairesde l’histoire d’Alger», raconte la voixempreinte d’émotion, l’archéologueKamel Stiti en se remémorant la décou-verte en 2009 de vestiges en plein cœurde la capitale algérienne.L’histoire de laplus importante découverte archéologi-que d’Algérie a commencé avec des son-dages exploratoires sur le tracé du mé-tro d’Alger.Ces trouvailles ont ensuitemené à des fouilles, lancées en 2013, quiont permis d’exhumer des vestigess’étendant de l’ère romaine à la fin duIer siècle avant J.-C., quand Alger s’appe-lait Icosium à celle de la colonisation fran-çaise, en passant par les époques byzan-tine et ottomane.Un édifice public pavéde mosaïques du Ve siècle et une vastenécropole byzantine du VIIe siècle ren-fermant plusieurs dizaines de tombesont ainsi émergé de ce chantier de 3000mètres carrés.Un grand nombre de ves-tiges et de matériaux, souvent fragmen-tés, ont été récupérés, notamment unensemble de 385 pièces de monnaies etdes outils de défense comme des «bou-les catapultiques».Dans cette stratifica-tion de l’histoire, des parties de la mos-quée Es Sayida, construite par les Otto-mans, ont également été découvertes.Cette mosquée avait été rasée en 1831,au tout début de la colonisation française,

afin, selon l’archéologue, de réaliser unegrande place: la place du Roi, devenueultérieurement place du Gouvernement,

et rebaptisée place des Martyrs après l’in-dépendance du pays en 1962.L’Algérierecèle des ruines romaines (en plein air)qui comptent parmi les plus importan-tes au monde, mais beaucoup pensaientqu’il ne subsistait rien de ces temps loin-tains à Alger même.Menées par un grou-pement constitué du Centre national derecherches archéologiques (CNRA) et del’Institut national des recherches archéo-logiques préventives (INRAP, français),ces fouilles ont montré au contraire que

les sites dans la capitale ont été bien con-servés.

Les résultats complets sont actuelle-ment en phase d’analyse et d’interpré-tation. Un rapport est attendu en f ind’année.La mise au jour des vestiges ar-chéologiques place des Martyrs a en-traîné une modification du chantier dumétro.Le projet a pu être adapté sansêtre supprimé, signe que l’archéologieet le développement ne sont pasincompatibles.»C’est une plus-value», l’ar-chéologie accompagne le développe-ment «sans le freiner», en regrettant queles archéologues soient souvent vuscomme des empêcheurs deconstruire.Afin de préserver le patri-moine historique de la ville, la station demétro ne fera que 3.250 m2 au lieu des8.000 m2 prévus initialement, et le tun-

nel du métro devra passer à 35 mètressous terre.»Pour ne pas accuser un re-tard, facteur de surcoûts pour le projetdu métro, les archéologues ont travailléd’arrache-pied, y compris les joursfériés».Plus de 150 personnes de différen-tes nationalités et spécialités ont parti-cipé aux fouilles, une aubaine pour lesjeunes archéologues algériens.Place desMartyrs, la future station-musée qui doitêtre inaugurée en novembre s’inspirerade musées italiens et grecs.»Mais à Romeou à Athènes, le musée présente des sé-quences particulières alors qu’ici, le visi-teur pourra embrasser toute l’histoired’Alger sur 2.000 ans.Une partie des ob-jets mis au jour sera ainsi exposée dansun musée classique, à l’extérieur, dotéd’une ou plusieurs salles. Mais les vesti-ges immobiliers seront eux présentésdans un musée in situ, pour certains àplus de 7 mètres sous terre, et sur 1200m2.

13 Mars 2017

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EVENEMENTSIl s’est passé entre le mois de mars et avril :

- Le 18/03 Méga projet solaire SH.ENI pose de premièrepierre à Ouargla .

- Le 22/03 Une ligne ferroviaire pour l’Afrique « le PDG deCévital a présenté un méga projet de chemin de fer quirelierait tout le continent africain du Nord au sud .

- « Women in Tech », la parité : un besoin économique, salonde l’étudiant. Importante participation internationale.

- Le 04/04 « expo. photos de José manuel navia à Oran sur lestraces de Miguel Cervantès.

- Le 07/04 « Algérie. France : des accords signés dansl’enseignement supérieur et l’Agroalimentaire ».

- Chers députés on ne vous connait pas !

- Le 10/04 « Evénement musical Naturatek, une rave partydans les bois ».

- Le 11/04 Campagne électorale : la bataille de Face book.

- Le 15/04 Patrimoine : La restauration de la mosquée duPacha et du palais du Bey confié au turc Tosyali.

- Le 20/04 « 37eme Anniversaire du printemps Amazigh, 37 ansaprès, la mobilisation toujours intacte.

- Le 22/04 Une présidentielle sous tension

- Le 23/04 Présidentielle France : L’avenir de la France sedessine aujourd’hui

- L’agrobusiness s’installe dans le grand sud.

- Le 23/04 « Macron aux portes de l’Elysée ».

- Élections législatives: 38.25 % de participation , FLN et RND entête.

NRP, Avril 2017, n°36

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

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[BIBLIOGRAPHIE]

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Le 1er août 1996, Mgr Pierre Claverie, dominicain, évê-que d’Oran, était assassiné. Tout au long de sa vie, il abeaucoup prêché, parlé, écrit. Vingt ans après, qu’enest-il de sa pensée ? C’est la question que nous noussommes posée au cours des deux journées de cecolloque.Invitation nous est faite à redécouvrir, généra-tion après génération, et quelles que soient nos convic-tions religieuses, cette pensée d’une étonnante actua-lité.

L'actualité de l'oeuvre de Pierre Claverievingt ans après sa mort

Bernard Janicot

Editions CERF, 2017

Le promeneur d'Alep

Niroz Malek

Editeur LE SERPENT À PLUMES 2015

[FILM]

Le Promeneur d'Alep est le témoignage poétique et étour-dissant d'un écrivain plongé dans la guerre. La voix de NirozMalek nous parvient à travers les déflagrations et les rafa-les d'armes automatiques.

Pourtant elle nous parle de choses simples, d'amis qui seretrouvent dans un café, de cœurs gravés dans les arbres,de promenades dans cette ancienne cité fabuleuse sur laRoute de la Soie

Confluences Méditerranée n°100

PRINTEMPS PERDUS DE MÉDITERRANÉE(1991-2017)

[REVUE]

LES PORTES DU SOLEIL - ALGÉRIE POURTOUJOURS

Réalisatrice : Jean-Marc Minéo 2014

25 ans après la sortie de son premier numéro, la revueConfluences Méditerranée, fête son 100è numéro, con-sacré au bilan de cette période. Si au début de cette èrenombre de commentateurs et politologues purent ima-giner l'avenir en des termes favorables, l'espoir né dequelques promesses semble avoir malheureusementlaissé la place à l'amertume.

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer dela parution du N° 1 de la NRP en Arabe