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INTERVENTION Energéticien de formation, Nicolas MAT a travaillé pendant plus de 3 ans chez Auxilia, structure de conseil et d'accompagnement de projets de développement durable, responsable du Pôle « Entreprise, Territoires et Innovation » et en charge de projets opérationnels et R&D en écologie industrielle, Bilan Carbone et Plans Energie Climat. Depuis 2006, il a contribué activement à la dynamique de réflexion de l’écologie industrielle en France en participant aux ateliers de réflexions prospectifs (ARPEGE) de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), consortiums de recherche ANR-COMETHE (travaux sur les outils SIG), ANR-CONFLUENT (étude de flux urbains et de nouvelles formes de gouvernance) et ADEME-DEPART (en tant que coordinateur). Il a également accompagné le lancement et la mise en œuvre opérationnelle, de plusieurs démarches d'écologie industrielle et territoriale en France sur des Zones d’activités Economiques (Marne & Gondoire, Le Pouzin, Plaine Commune…), des Zones Industrialo-Portuaires (Le Havre….) ou encore des territoires urbains ou ruraux (Ville de Lille, Communauté d’Agglomération de Vitré…). Depuis 2010, il intervient en tant que consultant indépendant et au sein de l’Ecole des Mines d’Alès en tant qu’ingénieur de recherche sur des projets français et européens d’écologie industrielle et territoriale initiés par des collectivités, des industriels ou des institutions. Il réalise actuellement un retour d’expériences international de démarches d’écologie industrielle menées dans des territoires portuaires pour le compte de l’ADEME, en collaboration avec l’Ecole des Mines d’Alès. Energy specialist, Nicolas MAT has worked for over three years with Auxilia, structure supporting sustainable development projects, as the head of the "Enterprise, Territories and Innovation" pole and in charge of operational and R&D projects in industrial ecology and climate projects. Since 2006, he has actively contributed to the dynamics of industrial ecology in France taking part in the national workshop ARPEGE funded by the National Research Agency (ANR), the ANR-research consortia COMETHE (work on GIS tools), the ANR-CONFLUENT consortia (study of urban flows and new forms of governance) and the ADEME-DEPART consortia (as coordinator). He also accompanied the launching and operational implementations of several industrial ecology initiatives in France within business parks (Marne & Gondoire, The Pouzin, Plaine Commune ...), industrial and port areas (Le Havre ....) and urban and rural territories (City of Lille, urban collectivity of Vitré ...). Since 2010, he performs as independent consultant as well as research engineer within the Ecole des Mines d'Ales on French and European projects of industrial ecology initiated by local authorities, industries and institutions. He currently performs an international experience feedback of industrial ecology initiatives led harbor territories, in collaboration with the Ecole des Mines d'Ales. Nicolas MAT Chef de projet Ecologie industrielle Coordinateur du projet DEPART M-ATOME / ECOLE DES MINES D'ALÈS France MISE EN OEUVRE DE LECOLOGIE INDUSTRIELLE DANS LES TERRITOIRES PORTUAIRES : RETOURS DEXPERIENCES ET ANALYSE CROISEE A LECHELLE INTERNATIONALE IMPLEMENTATION OF INDUSTRIAL ECOLOGY IN HARBOR AREAS: INTERNATIONAL FEEDBACK AND CROSS-ANALYSIS USOS DE ECOLOGÍA INDUSTRIAL EN LAS ZONAS PORTUARIAS: ANÁLISIS COMPARATIVO DE LAS EXPERIENCIAS LLEVARON A TODO EL MUNDO Dans un contexte mondial très compétitif, les territoires portuaires, espaces économiques stratégiques majeurs, renouvellent constamment leur dynamique propre de développement. De nouveaux modes de coopération, basés sur les principes de l’écologie industrielle et territoriale (économie circulaire) apparaissent ainsi, renouvelant et dynamisant les interactions entre autorités portuaires, gestionnaires aménageurs, collectivités d’ancrage et entreprises In a highly competitive global environment, the port areas, economic areas of major strategic, constantly renew their own dynamic of development. New modes of cooperation, based on the principles of industrial ecology and territorial (circular economy) thus appears to renewing and energizing interactions between port authorities, managers, developers, communities and anchor industrial or SME. Since the pragmatic implementation of En un contexto competitivo, los puertos, entidades de importancia estratégica fundamental para las principales áreas económicas, renuevan constantemente su dinámica de desarrollo. Nuevos modelos de cooperación, basados en los principios de la ecología industrial, aparecen y mejoran las interacciones entre las autoridades portuarias, los urbanizadores, las autoridades locales, las empresas y las PYME. Desde las iniciativas pragmáticas entre

NTERVENTION - aivp.org · Auxilia, structure de conseil et d'accompagnement de projets de développement durable, responsable du Pôle « Entreprise, Territoires et Innovation »

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INTERVENTION Energéticien de formation, Nicolas MAT a travaillé pendant plus de 3 ans chez Auxilia, structure de conseil et d'accompagnement de projets de développement durable, responsable du Pôle « Entreprise, Territoires et Innovation » et en charge de projets opérationnels et R&D en écologie industrielle, Bilan Carbone et Plans Energie Climat. Depuis 2006, il a contribué activement à la dynamique de réflexion de l’écologie industrielle en France en participant aux ateliers de réflexions prospectifs (ARPEGE) de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), consortiums de recherche ANR-COMETHE (travaux sur les outils SIG), ANR-CONFLUENT (étude de flux urbains et de nouvelles formes de gouvernance) et ADEME-DEPART (en tant que coordinateur). Il a également accompagné le lancement et la mise en œuvre opérationnelle, de plusieurs démarches d'écologie industrielle et territoriale en France sur des Zones d’activités Economiques (Marne & Gondoire, Le Pouzin, Plaine Commune…), des Zones Industrialo-Portuaires (Le Havre….) ou encore des territoires urbains ou ruraux (Ville de Lille, Communauté d’Agglomération de Vitré…). Depuis 2010, il intervient en tant que consultant indépendant et au sein de l’Ecole des Mines d’Alès en tant qu’ingénieur de recherche sur des projets français et européens d’écologie industrielle et territoriale initiés par des collectivités, des industriels ou des institutions. Il réalise actuellement un retour d’expériences international de démarches d’écologie industrielle menées dans des territoires portuaires pour le compte de l’ADEME, en collaboration avec l’Ecole des Mines d’Alès. Energy specialist, Nicolas MAT has worked for over three years with Auxilia, structure supporting sustainable development projects, as the head of the "Enterprise, Territories and Innovation" pole and in charge of operational and R&D projects in industrial ecology and climate projects. Since 2006, he has actively contributed to the dynamics of industrial ecology in France taking part in the national workshop ARPEGE funded by the National Research Agency (ANR), the ANR-research consortia COMETHE (work on GIS tools), the ANR-CONFLUENT consortia (study of urban flows and new forms of governance) and the ADEME-DEPART consortia (as coordinator). He also accompanied the launching and operational implementations of several industrial ecology initiatives in France within business parks (Marne & Gondoire, The Pouzin, Plaine Commune ...), industrial and port areas (Le Havre ....) and urban and rural territories (City of Lille, urban collectivity of Vitré ...). Since 2010, he performs as independent consultant as well as research engineer within the Ecole des Mines d'Ales on French and European projects of industrial ecology initiated by local authorities, industries and institutions. He currently performs an international experience feedback of industrial ecology initiatives led harbor territories, in collaboration with the Ecole des Mines d'Ales.

Nicolas MATChef de projet Ecologie industrielle

Coordinateur du projet DEPARTM-ATOME / ECOLE DES MINES D'ALÈS

France

MISE EN OEUVRE DE L’ECOLOGIE INDUSTRIELLE DANS LES TERRITOIRES PORTUAIRES : RETOURS D’EXPERIENCES ET ANALYSE CROISEE A L’ECHELLE INTERNATIONALE

IMPLEMENTATION OF INDUSTRIAL ECOLOGY IN HARBOR AREAS: INTERNATIONAL FEEDBACK AND CROSS-ANALYSIS

USOS DE ECOLOGÍA INDUSTRIAL EN LAS ZONAS PORTUARIAS: ANÁLISIS COMPARATIVO DE LAS EXPERIENCIAS LLEVARON A TODO EL MUNDO

Dans un contexte mondial très compétitif, les territoires portuaires, espaces économiques stratégiques majeurs, renouvellent constamment leur dynamique propre de développement. De nouveaux modes de coopération, basés sur les principes de l’écologie industrielle et territoriale (économie circulaire) apparaissent ainsi, renouvelant et dynamisant les interactions entre autorités portuaires, gestionnaires aménageurs, collectivités d’ancrage et entreprises

In a highly competitive global environment, the port areas, economic areas of major strategic, constantly renew their own dynamic of development. New modes of cooperation, based on the principles of industrial ecology and territorial (circular economy) thus appears to renewing and energizing interactions between port authorities, managers, developers, communities and anchor industrial or SME. Since the pragmatic implementation of

En un contexto competitivo, los puertos, entidades de importancia estratégica fundamental para las principales áreas económicas, renuevan constantemente su dinámica de desarrollo. Nuevos modelos de cooperación, basados en los principios de la ecología industrial, aparecen y mejoran las interacciones entre las autoridades portuarias, los urbanizadores, las autoridades locales, las empresas y las PYME. Desde las iniciativas pragmáticas entre

industrielles ou PME. Depuis l’approche pragmatique de mise en oeuvre de synergies entre industriels, à travers des échanges d’utilités thermiques ou la mutualisation de services et d’équipements jusqu’à l’intégration de ces principes d’écologie industrielle au sein des politiques stratégiques et prospectives des acteurs portuaires, le constat est avéré que de nouvelles visions et pratiques émergent au sein des territoires portuaires. Cette lecture croisée, à l’échelle internationale, des différentes démarches d’écologie industrielle déployées sur ces territoires, souligne le fait que ces sujets ne concernent pas exclusivement les plaques industrialo-portuaires de premier plan mais que des initiatives innovantes sont aussi relevées sur les territoires portuaires de plus petite envergure, avec des tissus industriels parfois moins marqués, mais dans lesquels les problématiques récurrentes de gestion optimisée des déchets et des flux de matières et d’énergie en général sont tout aussi prégnantes. A la lumière de cette analyse comparée des différentes expériences observées, quelles en sont les caractéristiques communes ? En quoi certaines démarches déployées se démarquent-elles par leur stratégie d’innovation et leur anticipation des enjeux à venir autour de la gestion des flux de ressources naturelles ? Quels sont les principaux freins et les leviers majeurs en vue d’optimiser et de généraliser leurs mises en œuvre ? Et en quoi ces démarches s’inscrivent-elles en cohérence avec le caractère entreprenant de ces territoires ?

synergies between manufacturers, through exchanges of heat or utilities pooling of services and facilities to integrate these principles of industrial ecology within Strategic Policy and prospective port actors, the finding is evidence that new visions and practices emerging in the port areas. This cross-reading, internationally, the different approaches of industrial ecology deployed on these territories, stresses that these topics are not exclusive plates industrial port leading innovative initiatives but are also found on territories smaller port, industrial fabrics, sometimes with less marked, but in which the recurring problems of optimal management of waste and material flows and energy in general are just as pervasively present. In light of this comparative analysis of different experiments observed, what are the common characteristics? How certain steps they deployed stand by their innovation strategies and their anticipation of future challenges around managing the flow of natural resources? What are the main barriers and main levers to optimize and generalize their implementation? And how these steps do they fit in line with the enterprising character of these territories?

empresas (intercambios térmicos, o servicios o equipos compartidos, por ejemplo) a la integración de la ecología industrial en las políticas estratégicas y de prospectiva, aparecen nuevas visiones y prácticas que se propagan en las zonas portuarias. Un análisis comparativo de las diversas iniciativas de ecología industrial en estos territorios se ha realizado a una escala internacional. Nuestras observaciones ilustran el hecho de que esta metodología no solo se aplica en grandes plataformas industriales, sino también en las zonas portuarias más pequeñas que comparten temas recurrentes relativos a la optimización de los residuos y la gestión de los recursos. Basándose en este análisis comparativo, ¿cuáles son las características comunes? ¿Cómo poner en relieve algunas de las iniciativas por sus estrategias innovadoras y sus capacidades de anticipación de prioridades en gestión de recursos? ¿Cuáles son las principales palancas y barreras para optimizar y generalizar estos enfoques? ¿Cómo encajan estas iniciativas con el carácter emprendedor de esos territorios?

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 1

Mise en œuvre de l’écologie industrielle dans les territoires portuaires :

Retours d’expériences et analyse croisée à l’échelle internationale

Nicolas Mat, Juliette Cerceau, Guillaume Junqua, Miguel Lopez-Ferber, Catherine Gonzalez

Résumé

Dans un contexte mondial très compétitif, les territoires portuaires, espaces économiques

stratégiques majeurs, renouvellent constamment leur dynamique propre de développement. De

nouveaux modes de coopération, basés sur les principes de l’écologie industrielle et territoriale

(économie circulaire) apparaissent ainsi, renouvelant et dynamisant les interactions entre autorités

portuaires, gestionnaires aménageurs, collectivités d’ancrage et entreprises industrielles ou PME.

Depuis l’approche pragmatique de mise en œuvre de synergies entre industriels, à travers des

échanges d’utilités thermiques ou la mutualisation de services et d’équipements jusqu’à l’intégration

de ces principes d’écologie industrielle au sein des politiques stratégiques et prospectives des acteurs

portuaires, le constat est avéré que de nouvelles visions et pratiques émergent au sein des territoires

portuaires. Cette lecture croisée, à l’échelle internationale, des différentes démarches d’écologie

industrielle déployées sur ces territoires, souligne le fait que ces sujets ne concernent pas

exclusivement les plaques industrialo-portuaires de premier plan mais que des initiatives innovantes

sont aussi relevées sur les territoires portuaires de plus petite envergure, avec des tissus industriels

parfois moins marqués, mais dans lesquels les problématiques récurrentes de gestion optimisée des

déchets et des flux de matières et d’énergie en général sont tout aussi prégnantes.

A la lumière de cette analyse comparée des différentes expériences observées, quelles en sont les

caractéristiques communes ? En quoi certaines démarches déployées se démarquent-elles par leur

stratégie d’innovation et leur anticipation des enjeux à venir autour de la gestion des flux de

ressources naturelles ? Quels sont les principaux freins et les leviers majeurs en vue d’optimiser et de

généraliser leurs mises en œuvre ? Et en quoi ces démarches s’inscrivent-elles en cohérence avec le

caractère entreprenant de ces territoires ?

Abstract

In a competitive context, ports, as major strategic economic areas, constantly renew their dynamic of

development. New patterns of cooperation, based on industrial ecology principles, emerge and

boost interactions between port authorities, land developer, local authorities, companies and SME.

From pragmatic initiatives between companies (thermal utilities exchanges or services/equipment

sharing, for instance) to the integration of industrial ecology in strategic and prospective policies, it

appears that new visions and practices emerge and spread within harbor areas. Performed at an

international scale, this cross analysis of various industrial ecology approaches implemented in these

territories enlighten the fact that these initiatives do not only concern industrial platforms but also

become known in smaller harbor areas which share recurrent issues concerning the optimization of

waste and resources management.

On the basis of this cross analysis, what are their common characteristics? How do some initiatives

distinguish from others by their innovative strategies and the anticipation of forthcoming issues

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 2

dealing with resources management? What are the main levers and barriers in order to optimize and

generalize these implementations? How do these initiatives fit with the enterprising character of

such territories?

Resumen

En un contexto competitivo, los puertos, entidades de importancia estratégica fundamental para las

principales áreas económicas, renuevan constantemente su dinámica de desarrollo. Nuevos modelos

de cooperación, basados en los principios de la ecología industrial, aparecen y mejoran las

interacciones entre las autoridades portuarias, los urbanizadores, las autoridades locales, las

empresas y las PYME.

Desde las iniciativas pragmáticas entre empresas (intercambios térmicos, o servicios o equipos

compartidos, por ejemplo) a la integración de la ecología industrial en las políticas estratégicas y de

prospectiva, aparecen nuevas visiones y prácticas que se propagan en las zonas portuarias. Un

análisis comparativo de las diversas iniciativas de ecología industrial en estos territorios se ha

realizado a una escala internacional. Nuestras observaciones ilustran el hecho de que esta

metodología no solo se aplica en grandes plataformas industriales, sino también en las zonas

portuarias más pequeñas que comparten temas recurrentes relativos a la optimización de los

residuos y la gestión de los recursos.

Basándose en este análisis comparativo, ¿cuáles son las características comunes? ¿Cómo poner en

relieve algunas de las iniciativas por sus estrategias innovadoras y sus capacidades de anticipación de

prioridades en gestión de recursos? ¿Cuáles son las principales palancas y barreras para optimizar y

generalizar estos enfoques? ¿Cómo encajan estas iniciativas con el carácter emprendedor de esos

territorios?

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 3

1. Introduction

1.1. Contexte

Dans un contexte mondial très compétitif, les territoires portuaires, espaces économiques

stratégiques majeurs, renouvellent constamment leur dynamique propre de développement. De

nouveaux modes de coopération, basés sur les principes de l’écologie industrielle et territoriale

(économie circulaire) apparaissent ainsi, renouvelant et dynamisant les interactions entre autorités

portuaires, gestionnaires aménageurs, collectivités d’ancrage et entreprises industrielles ou PME.

Depuis l’approche pragmatique de mise en œuvre de synergies entre industriels, à travers des

échanges d’utilités thermiques ou la mutualisation de services et d’équipements jusqu’à l’intégration

de ces principes d’écologie industrielle au sein des politiques stratégiques et prospectives des acteurs

portuaires, le constat est avéré que de nouvelles visions et pratiques émergent au sein des territoires

portuaires. L’éventail de ces contextes territoriaux, à l’échelle internationale, permet ainsi aux

autorités portuaires d’explorer une grande variété d’optimisation de la gestion de ces flux. Améliorer

la connaissance de ces pratiques locales encouragées ou contraintes par le contexte dans lequel elles

s’inscrivent permet de 1/ capitaliser sur des expériences acquises, 2/ de contribuer à faire évoluer de

manière globale la gestion de ces flux dans les territoires portuaires et ainsi 3/ d’apporter des

arguments pour une vision prospective de l’évolution du contexte stratégique et politique des

territoires portuaires en faveur de l’écologie industrielle.

Pour mieux appréhender ces enjeux, une équipe-projet constituée d’acteurs universitaires (Ecole des

Mines d’Alès) et opérationnels (M-Atome) de l’écologie industrielle et territoriale en France,

cofinancée par l’Agence française pour l’environnement (ADEME), réalise, de septembre 2011 à

septembre 2012, un premier recensement d’initiatives à l’échelle internationale et une analyse

croisée de ces démarches de coopération innovantes en matière de gestion des ressources dans des

territoires portuaires en Amérique du Nord, en Afrique, en Europe et en Asie-Pacifique.

1.2. Arrière-plan théorique

Selon les principes de l’écologie industrielle, les systèmes industriels doivent s’inspirer des

interactions biologiques des écosystèmes pour évoluer d’un stade « juvénile » énergétiquement

inefficient vers un stade « mature » dont le développement entraîne une optimisation de la gestion

des ressources par une densification des relations entre les entreprises (Allenby et Cooper, 1994).

L’écologie industrielle s’est principalement concentrée sur l’optimisation de la gestion des ressources

naturelles, en valorisant les déchets comme des ressources, en bouclant les cycles de matière et

minimisant les émissions dissipatives, en dématérialisant les produits et les activités économiques

ainsi qu’en décarbonisant l’énergie (Erkman, 2004). Pour autant, une telle optimisation de la gestion

des ressources naturelles ne peut se faire sans une circulation fluidifiée des informations entre les

parties prenantes d’un territoire. L’écologie industrielle peut et doit donc être également conçue

comme un processus collectif de création et de partage de connaissances, autrement dit comme le

développement d’une connaissance territoriale collective et comme le développement du collectif

par la connaissance (Cerceau et al, 2012).

L’enjeu de la collecte des données et de la production d’un système de gestion territoriale de

l’information apparaît alors fondamentale en vue d’améliorer la connaissance des flux circulant sur le

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 4

territoire et d’identifier les opportunités de collaboration permettant l’optimisation de leurs

utilisations. L’écologie industrielle, en tant que champ scientifique mais également pratique

opérationnelle, a donc beaucoup à attendre d’une articulation avec l’intelligence territoriale (Moine

et Junqua, 2007), conçue comme stratégie d’optimisation de la compétitivité territoriale par le

management de l’information (François, 2008).

L’articulation entre écologie industrielle et intelligence territoriale interpelle ainsi la notion de

territoire, et notamment celle des frontières propres à ce processus de création collective de

connaissances. S’affranchissant d’une écologie industrielle ancrée dans les présupposés techniques

et économiques d’un courant conventionnel dominant qui érige en norme un territoire dans son

unique dimension environnementale d’« objet » voire de « limite » et de « contrainte », de fait

fondamentalement déconnecté de et maîtrisé par l’homme, l’écologie territoriale met le « territoire

acteur » au cœur de sa réflexion en mettant l’accent sur sa dimension organisationnelle et

institutionnelle (Buclet, 2011). La problématique porte ainsi moins sur la définition des frontières du

système industriel que sur l’émergence d’un territoire commun capable de mobiliser les acteurs

autour d’une même gouvernance et d’un même projet de développement (Cerceau et al., 2012).

Si le management de l’information nécessaire à la mise en œuvre de l’écologie industrielle permet de

renouveler la gouvernance à une échelle locale, il questionne également la production de

connaissances dans un contexte de mondialisation (Mat et Cerceau, 2011). En élargissant les

frontières de ce processus de création de connaissances en matière d’écologie industrielle du local

au global, l’objectif est celui de l’interconnexion des territoires portuaires entre eux autour de la

question commune de l’optimisation de la gestion des ressources. Une telle interconnexion articule

ainsi les échelles locale (un processus collectif de définition des enjeux et objectifs territoriaux en

matière d’écologie industrielle) et globale (un processus collectif de définition des enjeux et objectifs

internationaux d’écologie industrielle) : par la diffusion de bonnes pratiques, l’échelle locale

contribue au processus global de création de connaissances ; par la prise de recul imposée par les

différentes pratiques locales, l’échelle globale informe le processus local de création de

connaissances et de définition d’un territoire commun.

Ce principe trouve une réalité opérationnelle dans la mise en perspectives des territoires portuaires

quant à leur mode de management des ressources. Les éléments de réponse apportés à de tels

questionnements scientifiques permettront d’alimenter les réflexions stratégiques et opérationnelles

des acteurs des territoires portuaires français mais aussi étrangers concernant les potentiels de mise

en œuvre de l’écologie industrielle et de coopération multi-acteurs.

1.3. Problématiques de recherche

Par la réalisation de retours d’expériences internationaux de démarches innovantes de gestion des

déchets dans le contexte particulier des territoires portuaires, ce projet de recherche cherche à

alimenter les réflexions scientifiques sur la définition de l’écologie industrielle, ses conditions de mise

en œuvre et son impact territorial réel. Il consiste donc à questionner le concept d'écologie

industrielle et sa perception réelle par les acteurs et ainsi à identifier les conditions favorables ou

défavorables à sa mise en œuvre à la lumière des retours d'expériences concrètes sur des modes de

gestion et de gouvernance des déchets dans les zones industrialo portuaires (ZIP) à l'étranger :

- Pertinence et spécificité des territoires portuaires au regard de l’écologie industrielle : en

quoi les territoires portuaires sont-ils des laboratoires pertinents pour la mise en œuvre et la

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 5

diffusion des pratiques d’écologie industrielle ? Quel lien entre la typologie des territoires

portuaires et l’émergence des démarches de coopération autour de la gestion des

ressources ? Quelles opportunités de synergies spécifiques et reproductibles au sein des

territoires portuaires ?

- Invariants des démarches d’écologie industrielle dans les territoires portuaires et enjeux de

duplication/diffusion : quelles caractéristiques communes à l’émergence des démarches de

coopération autour de la gestion des ressources propres aux territoires portuaires ? Quelles

pratiques et quelles contraintes liées à la duplication ou à la diffusion des bonnes pratiques à

d’autres contextes industrialo-portuaires ?

- Leviers et freins pour la mise en œuvre de telles coopérations dans les territoires portuaires :

Quels acteurs-clés pour la mise en œuvre de ces initiatives ? Quels positionnements efficaces

de l’autorité portuaire dans ces démarches ? Quelles opportunités de synergies propres aux

territoires portuaires ? Quelle gouvernance pour la mise en œuvre de l’écologie industrielle

dans ces territoires spécifiques ? Quels positionnements de l’autorité portuaire ? Quels

modes de financement pour leurs mises en œuvre ?

1.4. Méthodologie

La méthodologie d’analyse développée dans le cadre ce projet de retour d’expériences s’inscrit dans

la lignée des démarches comparatives développées par les sciences sociales visant à comparer des

phénomènes à travers un certain nombre de variables pour mettre en évidence des différences et

des invariants temporels et géographiques. Par nature transnationaux, les territoires portuaires se

confrontent à des problèmes globaux qui dépassent le seul périmètre européen. La recherche

comparative impose donc d’analyser, comprendre et expliquer l’ensemble du processus

d’émergence de démarches collaborative de gestion des déchets à une échelle internationale. Pour

autant, cette méthodologie d’analyse (Figure 1) se veut itérative en confrontant une méthodologie

« scientifique » élaborée sur la base d’une revue littéraire des méthodologies d’analyse comparative

développées pour le recensement de pratiques d’écologies industrielles avec les différents contextes

« opérationnels » dans lesquels elle pourra se décliner (connaissance et culture de l’écologie

industrielle, temps imparti par les entretiens, niveau de détails des informations recueillies, etc.)

Une première analyse, sur une base documentaire, a permis d’identifier une trentaine d’initiatives de

gestion des ressources pouvant s’apparenter à l’écologie industrielle. Elle a été complétée d’une

vingtaine de visites de territoires portuaires et d’entretiens auprès d’une cinquantaine de personnes

ressources sur place, de manière à confronter notre première vision de leur territoire (issue de

l’analyse documentaire) et d’actualiser l’état d’avancement des projets et démarches identifiées.

Pour mener à bien ces visites et entretiens, une grille de recueil des données a été élaborée. Elle

articule :

- Une approche qualitative : un conducteur d’entretien abordant les questionnements clés

de la problématique de recherche à travers la définition d’un certain nombre de critères

génériques permettant la définition du territoire portuaire, la compréhension historique

du projet et de son état d’avancement, l’évaluation des bénéfices environnementaux et

socioéconomiques du projet, la structuration de la gouvernance, etc.,

- Une approche semi-quantitative : une grille d’analyse des enjeux territoriaux de la

gestion des déchets permettant une exploitation quantitative des résultats.

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 6

Figure 1 - Approche méthodologique globale du projet de retour d'expériences à l'échelle internationale

L’éventail de responsabilité des personnes interrogées a permis d’appréhender autant la position des

territoires d’ancrage (collectivité), que celle des gestionnaires de zones (autorités portuaires) ou bien

encore des opérateurs de synergies (entreprises).

Les compétences et secteurs d’activités des personnes rencontrées varient d’un territoire à l’autre

mais ont permis dans la majorité des cas de recueillir à la fois des éléments d’ordre technique et

réglementaire et une vision stratégique liée à leur organisation :

- au sein d’autorités portuaires, ces personnes pouvaient être en charge de la communication

externe et des partenariats, de la gestion de l’environnement, du développement

économique et de l’aménagement foncier, ou bien encore en charge de la direction générale

de l’organisation ;

- au sein de collectivités rencontrées, les interlocuteurs pouvaient être en charge de la gestion

des aspects environnementaux sur le territoire, du développement économique et de la

relation avec les entreprises locales, des partenariats extérieurs et de la communication, ou

bien encore en charge d’Eco-centres (émanation directe de la collectivité et financée par

cette dernière) ;

- au sein des entreprises implantées sur le domaine portuaire, les acteurs rencontrés étaient

soit en charge de l’entreprise (direction générale) soit d’un service particulier (responsables

Hygiène Qualité Sécurité Environnement, responsable de la R&D ou de la gestion technique

des installations industrielles) ;

- au sein de réseaux universitaires et de recherche, des échanges constructifs ont été opérés

avec des chercheurs, professeurs, responsables de laboratoires de recherche, directement

ou non en charge de projets en lien avec les principes de l’écologie industrielle.

- - au de réseaux opérationnels des acteurs portuaires, des rencontres ont également été

réalisées avec des professionnels dans le champ de l’interconnexion entre parties prenantes

(animateurs de réseaux portuaires et/ou de recherche, animateurs de projets d’échanges

internationaux, etc.).

• 30 case studies

identified world-wide

Literature

review

• 20 on-site visits

• 50 persons

interviewed

On-site visit

and

interview

Inte

rna

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tho

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y

Analyze, understand

and explain the whole

process of emergence

of collaborative

approaches to waste

management on an

international scale

• What common characteristics to the emergence of cooperation actions around resource management in port territories?

Industrial ecology is it in line with the reality of the ports?

• What are the real territorial impacts of these practice ?

• What innovative partnerships and effective cooperation ?

• What evolution of governance to develop such approach?

Cross analysis

Collaborative construction of a definition of the

port industrial system and the main levers for its

optimization

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 7

L’ensemble des entretiens ont fait l’objet de l’approche qualitative et certains d’entre eux ont été

complétés des retours faits par ces acteurs sur la grille d’analyse semi-quantitative utilisée pour

appréhender leur vision (au titre de leur organisation et à titre personnel) concernant les enjeux de

gestion des ressources naturelles sur leur territoire.

L’analyse croisée de l’ensemble de ces données collectées consiste donc à construire une matrice

globale permettant de comparer les éléments recueillis à travers les différents questionnements et

les différents critères en vue de mettre en évidence des invariants, ou au contraire, des spécificités

socioéconomiques et culturelles, des initiatives d’écologie industrielle étudiées.

2. Des expériences portuaires d’écologie industrielle à travers le monde

2.1. Vers la constitution d’une base de données internationale (en cours de consolidation)

Les premiers résultats de la collecte de données (analyse bibliographique et entretiens) confirment

que des approches de type « écologie industrielle » font bel et bien l’objet d’initiatives stratégiques

et opérationnels au sein des territoires portuaires à l’échelle internationale. Elle témoigne en effet

que si la compétition entre ports et entre entreprises portuaires à l’échelle nationale et

internationale est une réalité, les enjeux de développement durable ouvrent la voie pour de

nouvelles collaborations. Autrement dit, la compétition port/port ou entreprise/entreprise se

cristallise autour d’enjeux territoriaux de court terme, là où la collaboration entre acteurs portuaires

devient nécessaire sur des enjeux globaux de long terme, permettant ainsi l’émergence de synergies

éco-industrielles.

Une trentaine d’initiatives ont ainsi été identifiées et analysées à l’échelle internationale et ont fait

l’objet d’une première étude documentaire (Figure 2, Figure 3). Cette liste ne prétend bien

évidemment pas être exhaustive par rapport à l’ensemble des démarches menées au sein des

territoires portuaires. Il convient de noter que la constitution de cette base internationale de

données est actuellement encore en construction, ce projet étant actuellement dans sa phase de

compilation/consolidation de données et d’analyse croisée.

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 8

Figure 2 - Démarches d'écologie industrielle dans les territoires portuaires à l'échelle internationale

Figure 3 - Démarches d'écologie industrielle dans les territoires portuaires à l'échelle européenne

Bien que l’étude se soit concentrée sur les plaques industrialo-portuaires d’envergure, ce

recensement international des différentes démarches d’écologie industrielle déployées sur ces

territoires souligne le fait que ces sujets concernent également les territoires portuaires de plus

petite envergure, avec des tissus industriels parfois moins marqués, mais dans lesquels les

problématiques récurrentes de gestion optimisée des déchets et des flux de matières et d’énergie en

général sont tout aussi prégnantes.

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Port of Long

Beach

Port of New

York / New

Jersey

EuropePort of

Montréal

Port of Map

Ta Phut

Port of

Tianjin

Port of Ningbo-

BeilunPorts in

Morocco

Ports in

South

Africa

Port of

Seattle

Ports in

Kenya

Ports in Japan

Port of

Bristol

Ports of

Marseille

Ports of Paris

Port of Le

Havre

Port of

Dunkerque

Port of

Rotterdam

Port of Anvers

Zeeland

Seaports

Port

Camargue

Port of

Immingham

Ports of

Galicia

Port of

Bruxelles

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 9

2.2. Des exemples d’initiatives portuaires d’écologie industrielle

2.2.1. Exemples européens.

Les réalisations et dynamiques en termes d’écologie industrielle sont relativement nombreuses et

bien ventilées en Europe au sein des territoires portuaires, des exemples ayant été recensés et

étudiés aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni et en France. Cette liste ne prétend encore une

fois pas à l’exhaustivité, des démarches étant également engagées ailleurs en Europe (Norvège,

Suède, Allemagne, Danemark, etc.).

Aux Pays-Bas, la dynamique de la zone Rotterdam-Amsterdam est particulièrement intéressante,

avec une intégration des principes de l’écologie industrielle allant bien au-delà de synergies

existantes entre acteurs (échanges d’utilités, partage d’équipements, etc.), en devenant un vrai outil

de prospective pour l’autorité portuaire, pour l’aménagement et le développement des zones

industrielles. Dans le cas du territoire portuaire de Terneuzen-Zeeland, ce type de dynamique

coopérative s’illustre par la mise en place d’un « multi-utility provider », objet d’un financement de

près de 200 M€, permettant des échanges denses entre acteurs industriels portuaires mais

également entre acteurs industriels et opérateurs agricoles (récupération et utilisation du CO2 pour

des cultures sous serre voisines).

Des sites portuaires belges, comme Bruxelles ou Anvers qui figurent parmi les plus grands sites

portuaires belges, sont également engagés dans des démarches en termes d’échanges de flux sur

leur zone industrialo-portuaire. Le Port d’Anvers en fait même un facteur d’attractivité quant à

l’implantation d’entreprises, présentant cet espace relationnel et ses possibilités d’échanges de flux

comme un réel vecteur de compétitivité et d’efficience pour les entreprises. Ce « marketing

territorial » intégrant les avantages liés aux démarches d’écologie industrielle en place sur le

territoire démontre le niveau d’intégration et d’appropriation assez poussé de ces principes au sein

des équipes de l’autorité portuaire, en charge de la gestion, de l’aménagement et du développement

de l’espace industrialo-portuaire.

Le Royaume-Uni a la particularité de faire l’objet d’une structuration, à une échelle nationale, de ce

type de concept. Le National Industrial Symbiosis Program (NISP) a été initié dans le début des

années 2000 et se décline aujourd’hui au sein des territoires au Royaume-Uni, notamment sur les

territoires portuaires, à l’instar de Immingham ou encore de Bristol, qui engendrent des coopérations

ou smart links entre industriels.

La France présente également des initiatives pertinentes autour d’une meilleure gestion des

ressources au sein des places portuaires. C’est le cas à Dunkerque avec une gestion optimisée des

sédiments de dragage sur le territoire portuaire ou bien encore la réalisation d’une toile industrielle à

l’échelle de la collectivité qui permet de mieux appréhender les échanges en présence et le risque

éventuel lié à la défection (cessation d’activité, délocalisation, etc.) ou la venue d’une des parties

prenantes de ce maillage local. D’autres territoires portuaires comme Marseille-Fos, Le Havre, Paris

voient des réalisations symbiotiques s’opérer sur leur espace, mais davantage de manière spontanée

entre acteurs que dans un cadre structuré et systématisé.

2.2.2. Exemples nord américains.

Les exemples étudiés en Amérique du Nord font moins référence systématiquement au concept de

l’écologie industrielle en tant que tel (si ce n’est dans l’environnement de la recherche où les

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 10

chercheurs travaillent activement dans cette thématique). Cependant, des coopérations pertinentes

au sens de l’écologie industrielle sont opérées entre autorités portuaires sur la Côté Ouest des Etats-

Unis concernant la massification de flux de sédiments dragués des différents ports de la Côte vers le

territoire de Long Beach, confronté à des besoins très importants de ressources minérales pour

l’extension de ses terminaux. Cet apport de sédiments dragués (déchets pour les autres ports) se

substitue ainsi à l’utilisation massive de ressources naturelles issues des carrières situées à l’intérieur

du pays.

Par ailleurs, une dynamique coopérative est constatée dans le Nord-Est des Etats-Unis entre les Etats

situés autour des grands lacs et les provinces canadiennes traversées par le fleuve du Saint-Laurent

et fortement concernées par la qualité des eaux de ce dernier. A l’initiative des industriels implantés

et/ou opérant sur ces territoires, un espace de dialogue a donc été lancé entre ces différents

territoires limitrophes ou traversés par ces lacs et ce fleuve, et prend forme à travers l’Alliance Verte,

qui vise à mieux gérer les impacts (notamment les rejets industriels et urbains) en amont sur ce

domaine aquatique (et préserver ainsi et/ou restaurer au mieux les fonctions écologiques de cet

espace sensible nord-américain. Le même type d’initiative collaborative (dans la stratégie et l’action)

avait d’ores et déjà été étudiée sur le bassin de New-York /New-Jersey, confronté à des problèmes

de pollution important ces dernières décennies (Boehme et al., 2009).

2.2.3. Exemples asiatiques.

Les exemples asiatiques en termes d’écologie industrielle ne manquent pas. En effet, la Chine, la

Corée du Sud et le Japon développent depuis plusieurs années des démarches d’écologie industrielle,

pouvant prendre ici également le terme plus usuel d’économie circulaire.

La Chine est un pays aujourd’hui connu dans le monde entier pour son inscription des principes de

l’écologie industrielle dans son plan de développement national, à travers la Loi sur l’économie

circulaire. Plusieurs initiatives sont en cours à l’échelle du pays et particulièrement sur les territoires

portuaires, vecteurs de flux importants et domaine d’implantation des principales industries du pays.

C’est le cas du Port de Ningbo-Beilun mais également du territoire de Tianjin dans le Nord de la

Chine. Le niveau de mise en œuvre des synergies y est très mature et structuré.

La Corée du Sud a initié un vaste programme d’expérimentation et de diffusion de l’écologie

industrielle au sein de ses zones d’activités, notamment portuaires. Concernant les places portuaires,

certaines telles que Ulsan ont développé un espace symbiotique particulièrement avancé et

performant, se traduisant par de nombreux échanges d’utilités et des mutualisations de moyens et

d’équipement, entrainant des réductions importantes d’impacts sur le milieu (eau, air, sol)

Le Japon a, quant à lui, lancé son « Eco-Town Program » au cours des années 90 qui vise à

développer le concept de « Zero-emission » sur 26 territoires, majoritairement portuaires à l’échelle

nationale. Ce projet d’envergure est directement piloté par les Ministères de l’environnement et de

l’Economie/Industrie, à travers un investissement dédié de plus de 200 millions d’Euros. La ville

portuaire de Kawasaki est l’un des exemples les plus aboutis, démarré en 1997 et permettant

aujourd’hui des synergies concrètes autour de la gestion des déchets, de l’énergie et de l’eau sur ce

territoire et une limitation significative des impacts sur l’environnement (rejets dans l’eau, émissions

gazeuses, etc.). Par ailleurs, des entreprises japonaises développent spontanément des échanges

d’utilités thermiques avec leurs homologues situées à proximité au sein des places portuaires (c’est

le cas par exemple à Osaka avec des échanges réduisant de plusieurs dizaines de milliers de tonnes

les émissions de CO2).

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 11

3. Conclusion et perspectives

L’écologie industrielle (ou économie circulaire) est aujourd’hui une réalité au sein des places

portuaires à une échelle internationale. Cette approche épouse un spectre important de

composantes liées à l’environnement (gestion des déchets, de l’eau, de l’énergie, etc.), aux jeux

d’acteurs locaux (prépondérants pour la mise en place de dynamiques coopératives pérennes) et au

développement économique (nouveaux modèles de développement, renouvellement des liens ports-

villes, etc.). La multiplicité des démarches semble une tendance récente (depuis la fin des années 90)

mais qui se confirme dans un contexte de prise en compte croissante des problématiques

environnementales par l’ensemble des parties prenantes au sein des territoires portuaires mais

également face à un impératif de renouveler le positionnement économique de ces territoires et

d’innover continuellement sur les technologies, les filières industrielles, les applications, etc.

En l’état actuel d’avancement des travaux d’analyse comparative, les éléments recueillis permettent

de formuler un certain nombre d’hypothèses, à consolider. Il apparaît notamment que certaines

caractéristiques communes (ou invariants) pourraient être identifiées entre projets et démarches

portuaires en faveur d’une meilleure utilisation des ressources naturelles :

- Des invariants thématiques ? La plupart des initiatives menées, que ce soit par une entreprise

ou une autorité locale, s’opère de manière privilégiée autour de la double problématique

énergie-climat, dans un contexte de tendance haussière des coûts des énergies fossiles

(encore largement utilisées par les activités industrielles implantée sur les territoires

portuaires) et de nécessaire développement de l’offre d’approvisionnement local en énergie.

Néanmoins, d’autres problématiques environnementales sont également couramment

observées, telles que la meilleure gestion des ressources en eau (potable, industrielle et de

forage), ou encore l’optimisation de la gestion des déchets industriels et urbains très souvent

gérés sur les emprises portuaires en raison des contraintes d’exploitation de ces sites de

traitement. Une autre problématique partagée notamment par les pays insulaires ou

disposant de caractéristiques géographiques particulières et contraignantes pour

l’implantation d’espaces économiques reste l’impérieuse nécessité de gérer le plus

efficacement possible l’espace foncier disponible.

- Des invariants typologiques ? Les projets pourraient être utilement classifiés selon leur degré

d’intégration du concept d’écologie industrielle, allant de la mise en œuvre de synergies

spontanées entre acteurs mais de façon autonomes et peu valorisées, à des systèmes

beaucoup plus structuré revêtant un véritable caractère stratégique voire prospectif pour les

parties prenantes en charge de l’aménagement et du développement de ces territoires.

Les premiers éléments d’analyse permettent également de dégager un certain nombre d’hypothèses

quant aux facteurs majeurs communs favorisant la mise en œuvre de synergies et plus globalement

l’adoption de modes de développement et de fonctionnement s’inspirant des principes de l’écologie

industrielle. Les leviers suivants semblent en effet revenir de manière récurrente dans les discours

des personnes rencontrées et s’inscrire en cohérence avec des leviers identifiés par ailleurs dans des

démarches d’écologie industrielle (Wang et Shi, 2011), à savoir :

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 12

- Le niveau de relation et de confiance établi entre parties prenantes du territoire portuaire

(collectivité d’ancrage, autorité portuaire, industriels), les instances de partage pouvant

alors apparaître comme des espaces de dialogue co-constructifs entre acteurs ayant leur

intérêt propre mais disposés à s’accorder dans un esprit de bien commun à gérer,

- La capacité d’intervention des pouvoirs publics permettant d’imposer un schéma de

développement propre à favoriser et systématiser les échanges de flux et d’informations

entre acteurs industriels mais également entre acteurs industriels et territoire d’ancrage. Ce

constat pourrait alors permettre de définir différents modes de gouvernance voire

d’organisation structurelle du pays considéré, allant :

o d’un modèle très « libéral » qui laisse une grande liberté d’actions aux entreprises,

dans les limites de la réglementation, mais qui de fait limite parfois un dialogue

transparent entre les différentes parties prenantes,

o à un modèle très « centralisé » qui opère ce genre de programme à une échelle

plutôt nationale, directement piloté par les ministères en charge de l’environnement

et du développement économique, en désignant des espaces d’expérimentation et

de mise en œuvre (EIP chinois ou coréens par exemple, ou bien encore le

programme Eco-Town japonais).

- La présence d’un tissu académique local ou national pro-actif sur ce type de sujet, pouvant

encourager le démarrage de telles démarches dans un cadre de recherche universitaire ou

privée, ou encore faciliter le transfert de technologies et de savoir-faire au sein des

territoires.

- Etc.

De manière plus diffuse, le « marketing territorial » qui vise à valoriser les places portuaires dans un

rude contexte de concurrence au niveau international favorise l’intérêt des acteurs portuaires

(notamment les autorités portuaires) pour l’écologie industrielle, en misant sur les conséquences de

tels espaces symbiotiques (plus value environnementale, mise à disposition d’infrastructures pour les

entreprises souhaitant s’implanter, gestion optimisée de l’espace entre dimension industrielle et

dimension récréative, etc.). A ce sujet, il était justement intéressant de noter lors des entretiens avec

les personnes rencontrées que les territoires les plus avancés étaient notamment ceux dans lesquels

ce message positif concernant la mise en œuvre d’un véritable espace symbiotique était directement

porté par les directeurs généraux d’autorités portuaires, et non pas seulement par les responsables

environnementaux de ces organisations.

De la même façon, les premiers éléments d’analyse permettent également de dégager un certain

nombre d’hypothèses quant à des limites communes à la mise en œuvre de ces démarches au sein

des territoires portuaires, à savoir :

- La dépendance au fonctionnement du marché (offre et demande) : en effet, le recours à des

modes coopératifs avancés semble d’autant plus systématique dans un contexte de pression

forte sur les ressources (donc de renchérissement des coûts des énergies et des matières).

Lorsque ces coûts restent bas (parfois artificiellement, car subventionnés par les

gouvernements locaux), les entreprises ont moins intérêts (ou même pas du tout au sens

économique) à s’échanger des matières premières secondaires, malgré l’intérêt économique

marqué.

- La culture entrepreneuriale des différents pays : dans certains pays, la nécessaire

transparence sur les flux de matières et d’énergie consommés par exemple ou bien encore

sur les niveaux de rejets dans l’environnement apparaît comme une évidence et un préalable

World Conference Cities and Ports – Proceeding – Mat and al, 2012 13

essentiel à la compréhension du métabolisme des zones étudiées et à la perspective

d’échanges entre acteurs ; là où d’autres contextes témoignent de la difficulté d’avoir accès à

ces informations par les opérateurs en charge de la recherche de pistes de synergies,. Par

ailleurs, la culture de coopération entre petites et grandes entreprises semble s’avérer un

facteur important pour la diffusion du concept dans les zones étudiées. Les grosses

entreprises, souvent à l’origine des premières initiatives encouragent à un degré divers selon

les territoires les plus petites entreprises (souvent sous-traitantes de leur activité) à

s’engager dans ce type de réflexion et d’actions mutualisées.

- Le niveau d’implication des pouvoirs publics en amont et en accompagnement (notamment

financier) des démarches, allant d’une approche par subvention (pouvant être confrontée à

des difficultés de pérennité dans un modèle évolutif sans subsides publics) à une approche

conjointe entreprise-public (sous forme de joint venture par exemple) plus structurante et

permettant de développer notamment des infrastructures sur les territoires, au-delà du

cadre méthodologique et organisationnel nécessaire à l’animation de ces démarches

La poursuite des travaux de recherche, d’exploitation et d’analyse des données recueillies

permettront de consolider ces premières hypothèses et de nourrir la réflexion sur les différents

questionnements de recherche qu’un tel projet soulève. L’enjeu est bien celui d’apporter des

éléments de préconisations et de recommandations quant aux potentialités de duplication et de

diffusion de ces bonnes pratiques à d’autres contextes industrialo-portuaires. Des partenariats à

l’échelle internationale s’opèrent d’ores et déjà, à différents niveaux (entre territoires, entre

gouvernements, entre chercheurs, entre instituts, entre entreprises, etc.) également à une échelle

internationale et augurent d’une diffusion des pratiques et d’une structuration croissante du concept

dans ces territoires, au niveau stratégique et prospectif.

IMPLEMENTATION OF INDUSTRIAL ECOLOGY IN HARBOR AREAS INTERNATIONAL FEEDBACK AND CROSS-ANALYSIS

Nicolas Mat, Juliette Cerceau, Guillaume Junqua,

Miguel Lopez-Ferber, Catherine Gonzalez

Un Laboratoire universitaire et un Centre de recherche

interdisciplinaires

Centre LGEI

(Equipe Eco’Diag)

Université

Toulouse II

(Equipe LISST – CIEU)

Des acteurs opérationnels de terrain

Recherche action

Développement d’outils

Développement éco. et approche multi-acteurs

Politique territoriale de développement durable

Développement

d’interfaces cartographiques

Ecologie industrielle Intelligence territoriale

Aménagement du

territoirePolitique publique (déchets)

M Atome

Source: Juliette Cerceau - 2011

Guidelines

2

1. Context: a growing interest for an international feedback focusing on symbiosis approaches in port areas

2. First results of the international feedback:

• Industrial ecology in port areas, concrete implementations at an international scale

• Cross analysis: main results (work in progress)

3. Perspectives for promoting these good practices and developing interactions between port areas

Context and interests

3

A shared understanding of Industrial Ecology

Change the linear nature of anthropogenic systems…

…Into non-linear anthropogenic ecosystems

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“The consumption of energy and

materials is optimized, waste generation is minimized and the effluents of one process whether they are spent catalysts from petroleum refining, fly and bottom ash from electric-power generation or discarded plastic containers from consumer products serve as the raw material for another process.

Frosch, Robert A. and Nicholas E. Gallopoulos.

1989. Strategies for Manufacturing. Scientific

American

Industrial ecology in France, the building of expertise and partnerships

A growing interest from institutions: projects are co-funded by the French Agency for Research (ANR), the French Agency of Environment and energy management, etc.

Concrete experimentations of industrial ecology in various areas: in 2012, nearly 40 projects in France (in industrial zones, urban zones, landscape areas, etc.)

A partnership dynamic among industrial ecology stakeholders: foundation, in 2012, of the French association for the promotion of industrial ecology (EI-Change)

5

A growing expertise on industrial ecology in harbor areas: since 2003, Ecole des Mines d’Alès and I are involved in research and applicant projects about sustainibility in industrial context, on: Waste and water management

Energy efficiency

Social approach in complex system

Etc.

Industrial ecology in progress within the biggest ports in France Port of Marseille-Fos (since 2003)

Port of Le Havre (since 2006)

Port of Paris (since 2008)

Port of Dunkerque

Etc.

6

A growing interest for the implementation of industrial ecology in harbor areas

Dunkerque

Le Havre

Paris

Lyon

Le Pouzin

Fos

DEPART

DEPART

DEPART

Harbor areas, relevant laboratories for industrial ecology (IE)

National doors for exchange and concentration of material flows and energy

Advantage for territorial competitiveness

Interface Harbour/City and cristallization of multiactors organizational issues

Inputs Outputs

Emissions

Land pressureNeighbors' enquiries and expectations

Air quality

Environmental impacts

Health impacts

Development of activities

Value creation

Risk issues

Need for a better understanding of the overseas port dynamics on IE Capitalize on limiting factors and facilitators (brakes / levers) Change the management of material flows and energy in the port areas, Feed a prospective vision (strategic and political sense) of evolution of port territories in favor of IE

Sou

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20

11

First results of the international feedback project

8

• 30 case studies identified world-wide

Literature review

• 20 on-site visits

• 50 persons interviewed

On-site visit and interview

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Analyze, understand and explain the whole process of emergence of collaborative approaches to waste management on an international scale

• What common characteristics to the emergence of cooperation actions around resource management in port territories? Industrial ecology is it in line with the reality of the ports?

• What are the real territorial impacts of these practice ?

• What innovative partnerships and effective cooperation ?

• What evolution of governance to develop such approach?

Cross analysis

Collaborative construction of a definition of the port industrial system and the main levers for its optimization

International feedback in port areas

Several examples of industrial ecology implemented in port areas

10

Port of Long Beach

Port of New York / New

Jersey

Europe Port of

Montréal

Port of Map Ta Phut

Port of Tianjin

Port of Ningbo-Beilun

Ports in Morocco

Ports in South Africa

Port of Seattle

Ports in Kenya

Ports in Japan

International feedback in port areas

Several examples of industrial ecology implemented in port areas (focus on Europe)

11

Port of Bristol

Ports of Marseille

Ports of Paris

Port of Le Havre

Port of Dunkerque

Port of Rotterdam

Port of Anvers

Zeeland Seaports

Port Camargue

Port of Immingham

Ports of Galicia

Port of Bruxelles

Circular economy as a factor of attractivity and efficiency

Low Carbon and resources savings are key issues for port areas that need: The building of new cooperation between stakeholders (industries, local authorities,

etc.) to improve the energy flow management on port areas, which are some important consumers and contributors of emissions (ex: Gênes, Dunkerque, Amsterdam, Osaka, Tianjin, etc.)

The development of news technologies for which port areas can contribute, having land capacities to welcome these kind of equipment (bio-raffineries, wind power, turbine à cycle combiné, etc.)

The development of decision-aid tools to legitimate strategies in local context and to assess and evaluate the real impacts in terms of GHG reduction, water savings, energy savings, etc.

A consensus among the persons interviewed: Industrial Ecology (thus not always named as such) appears as a real factor of competitivity.

12

Invariants of industrial ecology in port areas?

There are common aspects between the different case studies, even if contexts are really different and the capacity of duplication is not easy from a country to an other.

For port authorities (and local authority) : "Zero waste to landfill“: IE as a response to issues of waste management

"Zero emissions": IE as a response to climate change issues

"Sustainable development": IE as a tool for the attractiveness and development of territories

For port companies: "Zero waste to landfill“: IE as an alternative in a context of rising cost of waste

management (landfill, etc.).

"Environmental management": IE as a strategy for environmental management and anticipation of the trend of cost of fossil energies

13

Northern American feedbacks: port authorities initiatives, from « zero waste to landfill » to « zero emissions »

• Port of Long Beach: cooperation between California ports to optimize the management of dredged materials across the state

• New York/New Jersey Harbor: collaborative approach to identify strategies for pollution prevention to reduce the continuous input of pollutants and suspended solids from the watershed

14

Port of Long Beach

Port of Bristol

Ports of Marseille

Ports of Paris

Port of Le Havre

Port of Dunkerque

Port of New York / New

Jersey

Port of Rotterdam

Port of Anvers

ZeelandSeaports

“The Port of Long Beach's Pier T Marine

Terminal project presented an opportunity for region‐wide management of contaminated sediments from various sources.

Thomas D. Johnson , Manager of Environmental

Planning

15

LNG

TER

MIN

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ESS

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ICE

GA

SP

IPE

LNG imports7.679 million tons

Oil refinery

Petrochemicalplant

Purchasedelectricity

100 million kWh

Gas13 million Nm3

General and industrialwater

1 million m3

Sea water404 million m3

CO2 liquefaction

Butane chiller

Pure

water chiller

Power82 million kWh

Butane30-40°C

CO2

Cooled

butane

Liquefied

CO2Cooled

butane

LNG CRYOGENIC ENERGY CASCADE PROCESS

Pure wa

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Steam

LNG LNG+NG NG NG

CO2 emissions

98 000 tons-CO2

Xylene4 tons

Toluene0.06 tons COD

2 tons

Nox6 tons

General waste55 tons

Industrial

waste211 tons

Purchasedelectricity

38 million kWh

Gas7 million m3

General and industrial water

350 000m3

CO2 emissions47 000 tons-

CO2

General waste

775 tons

Industrialwaste3 tons

Cultivatedlands

Excavated soils80 000 tons

Excavated soils - 130 000 tons

Final disposal

PE pipes212 tons

Gas sales8.528 million m3

Excavation and

maintenance

Roadbed

construction

Excavated soils810 000 tons

Recycle units

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Indu

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Industrialwaste

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Reference year: 2011

Asian feedback: a port company initiative to optimize resource management

Osaka Gas company: Facilitate the effective use of energy and reduce the cost of gas by sharing the utilities with neighboring companies, and by further promoting the use of LNG cold Global efficiency on

energy around 80% Synergy on ethylen

plant (reduction of 38 000 t CO2/year)

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20

12

Industrial ecology maturity, different approaches?

Several levels of integration of industrial ecology in the territorial development strategy:

“Sporadic“ approach: spontaneous synergies, autonomous and independent,

weakly visible

“Pragmatic" approach: valorization and communication on best practices

“Strategic" approach: industrial ecology integrated in the development strategy of the port area

“Prospective“ approach: an appropriation of industrial ecology as prospective management of risks associated to the development of the port area

16

Mat

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European feedback: industrial ecology as a development strategy for a port authority

17

Zeeland seaports: multi-utility provider

From first synergies… …To the building of a whole infrastructure

“ A substantial greenhouse has been

constructed within the Canal Zone and waste hot water and CO2 are being brought by pipeline from adjacent industrial premises. Tomatoes and peppers are cultivated in the greenhouse and form a useful revenue earning business.

Howard Holt Seeports PATCH Project

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Zeeland Seaports

Provisional estimate of the investment cost: 120 millions € for the construction of the infrastructure

European feedack: industrial ecology as an economic tool for territorial development and prospective

Sou

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09

Dunkirk territory: “the industrial web” developed by AGUR Enhance the knowledge of potential impacts of economic ruptures (creation of new activities or closing of existing companies) on the global industrial network Promote the economic development of the whole territory and develop economic and industrial chains Identify potential synergies between existing companies

A useful for prospective and negociations

Asian feedback: industrial ecology as a strategy for harbor areas

19

A national program with a prospective vision for the EIP (in coastal areas in particular)

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Asian feedback: industrial ecology as a strategy for harbor areas

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Economics benefits (only running)

Investment: 20 M $

Profit:23 M $

Payback on actions between 1 month and 28 months

Environmental benefits (only running)

Reduction or recycle of 29 kt/year of waste

Recycle of wastewater: 8 kt/year

Reduction of CO2: 118 kt/year

Asian feedback: industrial ecology as a model for society

21

Eco-town program in Japan: construction a resource-recycling economic society through the development of industrial synergies by utilizing local industrial accumulations, prevention and promotion of recycling of wastes based on the uniqueness of local districts 26 Eco-Towns Projects in Japan, including the most important harbor areas

200 M € in terms of investissement

Sou

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5

Asian feedback: industrial ecology as a model for society (case of Kawasaki)

22

A major waterfront of Japan (Keihin) including the harbor areas of Kawasaki and Yokohama More of 200 research institutes on site

Facilities for waste management (plastics reuse: 140 kt/year, paper reuse: 81 kt/year), water reuse, energy exchange (steam, etc.), co-funded by joint-venture between local authorities and companies

Projects to develop and propose an energetic transition (capacities and expertise)

Solar (7 MW)

Gas power plant (850 MW) and biomass power plant (33 MW)

New generation of accumulators by lithium, etc.

Toward a “green” transition (Zero-Emission concept)

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20

11

Perspectives

23

Capacity of duplication of these practices

Even though common aspects can be identified between the different case studies, local context (role of central government, research capacity, culture of cooperation of companies, links between small and big companies, etc.) is a very important factor to enable the diffusion of these practices

Duplication could be performed:

In a same cultural context (Asia, Africa, Europe, etc.) : clustering between different port platforms within a same territorial context

Within a country, between several harbor areas, which are impacted by the same regulation context and share common issues in terms of sustainable development (for instance, in South Korea, in terms of land use and spatial organization between activities)

Into a specific and technical sector (for instance, in the GNL sector, to valorize utilities with the neighboring activities)

24

International cooperation has already begun !

Best practices exchanges (“package” including methodology, tools, governance organization, etc.):

National Industrial Symbiosis Program (UK) / Tianjin Economic Development Area (China)

Eco-Town Program (Japan) / China Government

The building of common frameworks to better manage impacts in a same region:

Green Alliance in North America (USA / Canada)

And there are a lot of new opportunities at an international and regional scale:

Between companies

Between governments and local authorities

Between research institute and laboratories

Between NGO

Etc.

THANK YOU VERY MUCH FOR YOUR ATTENTION !

Juliette CERCEAU – PhD student Guillaume JUNQUA

[email protected] [email protected]

Nicolas MAT (Coordinator)

[email protected] (+33)6 76 01 54 32

M Atome

For more information,

please contact :