16
JEUNESSE TUNISIENNE LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE #NUMÉRO SPÉCIAL

#NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

JEUNESSETUNISIENNE

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNEEN TUNISIE

#NUMÉRO SPÉCIAL

Page 2: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

ÉDITOresponsabilité incombe en démocratie aux gouvernants, mais aussi aux gouvernés. Que vaut le succès d'un jeune entrepreneur s'il ne génère pas l'impact social positif attendu pour les autres ? Que vaut une bourse Erasmus + si, pour certains, c'est encore l'option d'un voyage clandestin vers l'Europe qui s'impose ?

Ces défis et les choix éthiques qu'ils impli-quent traversent chacune de nos sociétés modernes, au Nord comme au Sud de la Méditerranée. Ce que je vois en Tunisie depuis plus d'un an désormais, me confirme chaque jour que la jeunesse a tout le courage et l'énergie qu'il faut pour les relever. Au-delà de son propre destin, elle a en main l'avenir du pays. Il faut lui faire confiance et l'encou-rager. L'encourager à ne pas douter d'elle-même et à s'engager pour les autres.

C'est le message délivré par le Président de la République, le 4 décembre, à Carthage. Et c'est ce message que je porterai ici, tout au long de mon mandat, avec et pour la Tunisie, au nom de l'Union européenne.

Voici un numéro spécial consacré à la jeunesse tunisienne et au partenariat conclu pour elle, il y a un an, par le Président de la République Beji Caïd Essebsi et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Les pages suivantes et les témoignages des jeunes Tunisiens, que je tiens ici à remercier très sincèrement, renseignent bien sur les défis et les engagements du moment. Les défis sont aussi immenses qu'exaltants; les engagements doivent donc être à la hauteur. Nul autre choix : la jeunesse de Tunisie porte tous les espoirs de la première démocratie de la région; elle démontre qu'il n'y a pas de fata-lité en Méditerranée; elle incarne le change-ment dont aucune société ne peut faire l'éco-nomie sans courir le risque du déclin.

Ce sont là de lourdes responsabilités qui reposent sur les enfants de la révolution de Jasmin. Comment les aider ? En mobilisant davantage de moyens financiers pour l'éducation et le bien-être. Evidemment. En leur offrant davantage d'opportunités pour découvrir le monde et faire découvrir au monde la Tunisie nouvelle. Naturellement. En faisant bouger les lignes sur des dossiers-clefs pour eux : le Start-up Act, la loi 52, les visas, etc. Bien sûr.

Peut-être aussi en veillant à ce qu'ils assument pleinement la part de liberté et de responsabilité qui est au cœur de toute démo-cratie. La liberté d'abord. La liberté d'être maître de son destin et d'être soi-même. C'est un privilège unique dans un monde boule-versé par trop de crises et menacé dans le même temps par l'uniformisation. La responsabilité ensuite. La responsabilité que tout individu a vis-à-vis des autres. Il n'y a pas de vraie démocratie sans volonté de chacun de rendre meilleur le vivre ensemble. Cette

Patrice Bergamini

#DÉLÉGATIONUETUNISIE

Ambassadeurde l'UE en Tunisie

Au-delà deson propre destin,la jeunesse aen main l'avenirdu pays. Il fautlui faire confianceet l'encourager

Page 3: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

SOM-MAIRE

ContactsBP 150 - 1053 Tunis - Tunisie Tél. : + 216 71 960 330 Fax : + 216 71 960 302 [email protected]

Les linkshttp://eeas.europa.eu/delegations/tunisia/https://twitter.com/pbergaminieu

Directeur de la publicationPatrice Bergamini

RédactionPatrice Budry et Rached Cherif

Conception graphiqueOlivier Donat

CRÉDITS PHOTOS / Couverture : © Marwan Ayari • Rencontre : © Présidence de la Ré-publique tunisienne • Portraits : Les photos des jeunes sont de Rached Chérif et Patrice Budry • Illustrations : Olivier Donat

"ne peut être vendu"

Nous suivre aussi sur

#OURS

Page 4: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

PARTENARIATUE + TUNISIE POUR LA JEUNESSE 1 AN

DÉJÀ !

Page 5: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

PARTENARIATUE + TUNISIE POUR LA JEUNESSE 1 AN

DÉJÀ !

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

cordait à cette question, voyant aussi dans la nouvelle génération "une priorité en tant qu'acteur clef dans la réalisation du progrès économique et social de l'Etat moderne". Lors de cette rencontre à la fois solennelle mais avant tout amicale, le Président tunisien a invité tous les jeunes tunisiens à mettre à profit l'ensemble des opportunités de ce dis-positif, soulignant que la jeunesse était et reste plus que jamais au cœur de la relation entre l'Union européenne et la Tunisie.

Pour l'Ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie Patrice Bergamini, ce premier an-niversaire est aussi l'occasion de constater que les engagements pris il y a un an lors du lancement du partenariat avaient été tenus, et de revenir sur ses résultats concrets : triple-ment des bourses Erasmus+, augmentation de l'accès aux microcrédits et à la microfi-nance, lancement du programme EMORI (éducation, mobilité, recherche et innova-tion), doté de 60 millions d'euros. Il fallait aussi maintenir le cap vers un approfondisse-ment de la coopération en faveur de la jeu-nesse dans les années à venir. 2018 et 2019 ver-ront ainsi le lancement d'initiatives "pour soutenir tous les jeunes, quelles que soient leurs activités, quelles que soient leurs origi-nes sociales ou géographiques ".

C'est au Palais présidentiel de Carthage que le premier anniversaire du Partenariat entre l'Union européenne et la Tunisie dédié à la Jeunesse a été célébré ce 4 décembre 2017. Ce Partenariat privilégié a été lancé lors de la rencontre hautement symbolique entre le Président de la République tunisienne, Béji Caïd Essebsi, et la Haute Représentante de l'UE, Federica Mogherini, le 1er décembre 2016. Objectif principal de cette collabora-tion unique au sud de la Méditerranée : mettre en lumière et soutenir l'action des jeunes tunisiens dans cette période où se construit la Tunisie nouvelle, et comme l'ex-plique l'Ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, "favoriser le changement, changement des mentalités qui est source de progrès, qui est source d'évolu-tion, ce qui fait que la jeunesse de la Tunisie porte aujourd'hui l'espoir en Méditerranée".

Le représentant de l'Union européenne et 14 jeunes tunisiens actifs dans les domaines de la culture, de l'entrepreneuriat, ainsi que de l'enseignement supérieur, ont été reçus par le Président de la République tunisienne, Béji Caïd Essebsi. Lors d'un échange avec le Prési-dent, les jeunes ont évoqué l'expérience ac-quise grâce à l'Union européenne et ses pro-grammes : une ancienne bénéficiaire du pro-gramme Erasmus + est revenue sur son expé-rience d'échange universitaire en Europe et un autre a témoigné du soutien reçu en tant qu'acteur associatif à Gafsa.

Des jeunes créateurs, artistes et entrepre-neurs d'horizons différents ont exposés leurs parcours, ainsi que les défis et écueils rencon-trés sur le chemin du succès. L'ensemble de ces témoignages porte l'espoir de la jeunesse tunisienne, et porte sa diversité ainsi que sa richesse.

Le Président de la République, qui a insisté sur l'importance du soutien à la jeunesse, "in-vestissement rentable car la jeunesse repré-sente l'avenir", a rappelé l'importance qu'il ac-

Lancé le 1er décembre 2016 lors de la visite du Président Béji Caïd Essebsi à Bruxelles, l'initiative « Partenariat pour la jeunesse Tunisie-UE » a pour objectif de mettre la jeunesse au centre de la relation UE-Tunisie et de sa coopération. Il s’agit d’une vision commune pour l'avenir de la Tunisie et de l'Europe. Cet espace permettra de promouvoir en particulier l’éducation, l’emploi, la croissance économique, le développement régional ainsi que la mobilité des jeunes.

L’engagement financier de l’Union européenne pour couvrir de telles actions s’élevait au moment du lancement du partenariat à environ 400M d'euros. Celui-ci pourrait atteindre jusqu’à600M d'euros supplémentaires pour la période 2017- 2020.

La mobilité des jeunes a une place spéciale dans les relations entre l'UE et la Tunisie. C'est pour cette raison que l’objectif a été fixé de permettre chaque année, d’ici à 2020, à environ 1 500 jeunes tunisiens -étudiants, jeunes, travailleurs de la jeunesse, chercheurs et le personnel des universités- de se rendre en Europe, en particulier à travers le programme Erasmus +, mais aussi dans le contexte de la mise en œuvre de l’adhésion de la Tunisie au pro-gramme Horizon 2020.

Lors du Conseil d’Association du 11 mai 2017, la Tunisie et l’UE ont établis les thèmes prioritaires de l'initiative : l'employabilité des jeunes, l'éduca-tion, la participation des jeunes à la vie publique et politique et le renforce-ment des liens entre les jeunes tunisiens et européens.

Tout naturellement, la mise en œuvre et le développement du partenariat UE-Tunisie pour la jeunesse s'inscrira dans le cadre de la mise en place de la stratégie tunisienne intégrée pour la jeunesse à l'horizon 2030. Des deux côtés de la Méditerranée, ce partena-riat d'un nouveau genre témoigne de la prise en compte d'un défi partagé : réussir l'inclusion de la jeunesse dans le monde de demain.

LE PARTENARIATUE + TUNISIEPOUR LA JEUNESSE :QUELLE AMBITION ?

soutenir tousles jeunes, quellesque soient leursactivités, quellesque soient leursorigines socialesou géographiques

REN-CONTRE

4 DÉCEMBRE 2017PALAIS DE CARTHAGE

Page 6: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

JEUNESSETUNISIENNE :RELEVERLES DÉFIS Selon les statistiques, être jeune en Tunisie en 2017 n’est pas facile, surtout si l’on vit dans l’intérieur du pays. Signe positif : l’adoption de la stratégie nationale jeunes marque une prise de conscience de l’importance des défis.

55 % des jeunes de 15 à 29 ans font de la réussite profession-nelle leur principal objectif. L’emploi est une préoccupation majeure des jeunes Tunisiens, dont un sur trois est sans travail (BIT - 2013). Le taux de chômage est très inquiétant dans les régions intérieures du pays et chez les femmes. Dans ces zones défavorisées, une jeune Tunis- ienne sur deux n’est ni employée ni inscrite dans l’enseignement, ni en formation. L'atonie de la croissance, ainsi que l’inadé- quation entre le système éduca-tif et un marché de l’emploi recrutant surtout à des niveaux de formation faibles ou moyens,

expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques et sociales, la situation reste difficile. La marginalisation d’une partie de la jeunesse et ses effets (inté- grisme, migration irrégulière) fragilisent la démocratie. Dans l'immédiat, la reprise du tou- risme constatée en 2017 a agi comme un ballon d'oxygène. Mais transformer l'essai passe par de nouveaux gisements d'emplois. Parmi les pistes à explorer : nouvelles technolo-gies, économie verte, dévelop-pement des services.

Trouver un emploi#EMPLOI

Lutter contre le chômage des jeunesLa qualité de la formation est la clé de voûte de tout progrès économique, social et démocra-tique. Depuis l'indépendance, la Tunisie a beaucoup investi dans son système éducatif au point d’atteindre près de 100 % d’ins- criptions dans l’enseignement primaire et plus de 90 % dans l’enseignement secondaire, se- lon l’UNESCO (2015). 35 % des jeunes entrent même à l’univer- sité ; ce taux dépasse les 40 % pour les jeunes Tunisiennes. Toutefois, au-delà des chiffres, le système éducatif tunisien pêche par sa qualité en baisse, conséquence de l’absence de volonté politique et de moyens,

notamment dans les années 1990 et 2000. Aujourd’hui, en- viron 100 000 élèves aban- donnent l’école chaque année, et le pays est en queue de peloton dans le classement PISA (65ème

sur 70 en 2016). Conscient de ces défis, le gouvernement tunisien, avec l'aide des partenaires internationaux, s’efforce de re- dresser la barre. Une Stratégie pour la Jeunesse a été adoptée en 2017. Elle vise l’amélio- ration de la qualité de l’en- seignement de base ainsi que le développement de la formation professionnelle, qui a fait ses preuves en matière d’insertion sur le marché du travail.

Réussir sa formation#FORMATION

Vers une formation de qualité

1. 2.

DOS-SIER

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Les images des jeunes Tunisiens bravant l'ancien régime en 2010-2011 ont fait le tour du monde, bouleversant le monde arabe. Après l’euphorie suscitée par les transformations dont elle a été le moteur, la jeunesse tunisienne a peu à peu été écar-tée du jeu politique. Le faible nombre de jeunes candidats aux premières élections libres tra-duit désintérêt et méfiance envers les partis politiques et la vie publique. S’ils ont déserté le champ électoral, les jeunes ont rejoint en nombre le milieu asso-ciatif. Avec l’ouverture, les ini-tiatives se sont multipliées, té-moignant de la volonté d’agir au

service de tous. Certaines orga-nisations (Bawsala, Mouraki-boun, Atide, ATFD…) sont deve-nues des garants de la démocra-tie. Leur action fait d'eux des ac-teurs du paysage politique, qua-trième pouvoir de l'ère numéri-que. Cette société civile, portée par la jeunesse, est le meilleur espoir de la Tunisie. L'enjeu pour cette jeunesse qui ne doit pas rester orpheline de sa révo- lution : maintenant, se structu-rer et faire entendre sa voix. Les défis sont nombreux : ascenseur social bloqué, droits individuels et libertés publiques à faire res-pecter, égalité femmes-hommes à assurer dans les faits…

Participer à la société#ACTIONSOCIALE

Vers une citoyenneté 2.0Les voyages forment la jeu- nesse, dit le dicton. Comme tant d’autres, les jeunes Tunisiens as-pirent à voyager et à découvrir le monde. Pour preuve : ils sont des milliers à postuler chaque année pour faire des études à l’étranger, en particulier en Europe. Plus préoccupant, 44 % des 15-24 ans expriment le souhait d’émigrer. Faute de perspectives, les moins favorisés tentent leur chance pour franchir la Méditerranée. Leur rêve européen se termine parfois en drame. Le départ des jeunes les mieux formés est à la fois un atout, s’ils font profiter leur pays des savoirs acquis à l’étranger, et une perte s’ils ne

reviennent pas. Permettre aux jeunes de s’épanouir et de gagner des compétences tout en contri-buant au développement du pays est l’un des grands enjeux de la concertation Tunisie - UE sur les migrations. Cela suppose que la Tunisie offre des perspectives incitant les jeunes diplômés à s’investir dans leur pays. Ainsi, l’Union européenne et la Tunisie doivent réussir la quadrature du cercle : face à un désir légitime d'émancipation et de décou-verte, il faut apporter une ré-ponse cohérente, permettant à la jeunesse de prendre son envol, de libérer son énergie et de la mettre au profit de tous.

Découvrir le monde#ERASMUS+

Une mobilité au service de tous

3. 4.

DE LA POPULATION TUNISIENNEA MOINS DE 35 ANS

MILLIONS DE TUNISIENSONT ENTRE 15 ET 34 ANS

DÉCROCHAGES SCOLAIRES/AN

CHÔMEURS (FÉV 2017)

QUELQUES CHIFFRES *

Source : stratégie opérationnelle du secteur de la jeunesse (mai 2017)*

Page 7: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Les images des jeunes Tunisiens bravant l'ancien régime en 2010-2011 ont fait le tour du monde, bouleversant le monde arabe. Après l’euphorie suscitée par les transformations dont elle a été le moteur, la jeunesse tunisienne a peu à peu été écar-tée du jeu politique. Le faible nombre de jeunes candidats aux premières élections libres tra-duit désintérêt et méfiance envers les partis politiques et la vie publique. S’ils ont déserté le champ électoral, les jeunes ont rejoint en nombre le milieu asso-ciatif. Avec l’ouverture, les ini-tiatives se sont multipliées, té-moignant de la volonté d’agir au

service de tous. Certaines orga-nisations (Bawsala, Mouraki-boun, Atide, ATFD…) sont deve-nues des garants de la démocra-tie. Leur action fait d'eux des ac-teurs du paysage politique, qua-trième pouvoir de l'ère numéri-que. Cette société civile, portée par la jeunesse, est le meilleur espoir de la Tunisie. L'enjeu pour cette jeunesse qui ne doit pas rester orpheline de sa révo- lution : maintenant, se structu-rer et faire entendre sa voix. Les défis sont nombreux : ascenseur social bloqué, droits individuels et libertés publiques à faire res-pecter, égalité femmes-hommes à assurer dans les faits…

Participer à la société#ACTIONSOCIALE

Vers une citoyenneté 2.0Les voyages forment la jeu- nesse, dit le dicton. Comme tant d’autres, les jeunes Tunisiens as-pirent à voyager et à découvrir le monde. Pour preuve : ils sont des milliers à postuler chaque année pour faire des études à l’étranger, en particulier en Europe. Plus préoccupant, 44 % des 15-24 ans expriment le souhait d’émigrer. Faute de perspectives, les moins favorisés tentent leur chance pour franchir la Méditerranée. Leur rêve européen se termine parfois en drame. Le départ des jeunes les mieux formés est à la fois un atout, s’ils font profiter leur pays des savoirs acquis à l’étranger, et une perte s’ils ne

reviennent pas. Permettre aux jeunes de s’épanouir et de gagner des compétences tout en contri-buant au développement du pays est l’un des grands enjeux de la concertation Tunisie - UE sur les migrations. Cela suppose que la Tunisie offre des perspectives incitant les jeunes diplômés à s’investir dans leur pays. Ainsi, l’Union européenne et la Tunisie doivent réussir la quadrature du cercle : face à un désir légitime d'émancipation et de décou-verte, il faut apporter une ré-ponse cohérente, permettant à la jeunesse de prendre son envol, de libérer son énergie et de la mettre au profit de tous.

Découvrir le monde#ERASMUS+

Une mobilité au service de tous

3. 4.

DE LA POPULATION TUNISIENNEA MOINS DE 35 ANS

MILLIONS DE TUNISIENSONT ENTRE 15 ET 34 ANS

DÉCROCHAGES SCOLAIRES/AN

CHÔMEURS (FÉV 2017)

QUELQUES CHIFFRES *

Source : stratégie opérationnelle du secteur de la jeunesse (mai 2017)*

Page 8: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

POR-TRAITSCES JEUNES

QUI FONTBOUGERLA TUNISIE... Filles, garçons, ils ont en commun d'avoir entre 20 et 30 ans,d'être tunisiens, d'avoir un rêve, et d'être prêts à se battre pour faire changer les choses ! Présentation de ces jeunesqui préparent aujourd'hui la Tunisie de demain.

Il y a moins d’un an que Nesrine a eu pour la première fois l’occa- sion de voyager hors de Tunisie. Déjà intéressée par la culture africaine pendant ses études de design graphique et audiovisuel à Tunis, son séjour à Ouagadougou (Burkina Faso) a été une ré-vélation. Elle se prend de passion pour la mode locale. À son retour, la jeune femme entame un mastère en design et mène en parallèle des recherches sur les tissus en wax, très répandus en Afrique subsaharienne. En 2016, elle décide de créer sa ligne de vêtements en wax, mais bute sur le manque de financement : ob- tenir un crédit reste difficile.

C’est « avec 10 dinars en poche » qu’elle décide malgré tout de lan- cer sa marque début 2017. 10 mois plus tard, elle finalise sa première collection et réalise son premier défilé. Pour l’avenir, elle ambi- tionne de poursuivre son activité de modéliste et de continuer à travailler pour « réaliser tous ses rêves, un à un, à force de persévé-rance ». Pour Nesrine, il faut non seulement améliorer le système universitaire tunisien, mais aussi mettre l’accent sur l’apprentis- sage et la formation profession-nelle. « C’est en travaillant tous plus que nous ferons avancer le pays ensemble », insiste la jeune styliste.

C’est en travaillanttous plus que nousferons avancerle pays ensemble »

Nesrine Makhlouf /25 ans

#DESIGN&CULTURE

Graphiste designer

«

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Fils d’un artiste célèbre, Moha-med Hédi Agherbi est, dès son plus jeune âge, plongé dans un univers de création musicale. D’abord auto- didacte, il entame un parcours universitaire dans la musique jusqu’en 2012. Tenté de composer ses propres œuvres, il commence par des reprises issues du patrimoine tunisien, en particulier des chants soufis, avant de s’attaquer à la composi-tion pure. Son ambition est alors de créer une musique d’ins- piration tunisienne, dont la portée serait universelle en y mêlant le jazz notamment, « la plus universelle des musiques » selon lui. Il travaille spécifique-

À 25 ans seulement, Sofien voit grand. En 2013, il a créé Incept, sa start-up spécialisée dans les technologies de réalité augmentée. L’idée de départ était de faire entrer cette dernière dans les musées pour leur donner un nouveau souffle en animant les objets et en recréant les personnages historiques pour les visiteurs. Les débou-chés dans le secteur culturel étant limités, la jeune entreprise se tourne en 2016 vers l’éducation, la santé et la formation et élargit son offre : hologrammes, intelli-gence artificielle, etc. Une première levée de fonds est alors réalisée, permettant à Incept de se lancer à l’international. La jeune équipe est ensuite revenue à la culture en créant une plateforme regroupant ce qu'elle avait développé pour plusieurs musées avec l’envie de créer à terme un musée virtuel géant. « J’espère que notre réussite inspirera d’autres jeunes et leur prouvera que l’on peut réussir en Tunisie avec peu de moyens », nous explique Sofien. Plus largement, c’est toute la Tunisie qu’il aimerait voir devenir « nation technologique qui exporte son savoir-faire ». Or, seule une politique culturelle volontariste en la matière sera à même de libérer l’énergie et la créativité de la jeunesse.

ment sur les textes du grand poète Mohamed Essghaier Ouled Ahmed. Avec une forma-tion de 15 musiciens, Mohamed Hedi monte « Harba » en 2016. Un spectacle qui entraîne le public dans un univers mystique ; « un temps musical d’une rare sensibilité », comme le décrit le festival des Journées musicales de Carthage pendant lesquelles il se produit en 2016. Par-dessus tout, l’artiste nous confie espèrer voir un jour le « monde en paix ». Peut-être un rêve empreint de « naïveté », concède le jeune compositeur ; mais que sa musique peut sans doute nous aider à atteindre.

Voir le mondeen paix »

Sofien Chaieb /25 ans

#NOUVELLES TECHNOLOGIES

Technopreneur

M. Hédi Agherbi /31 ans

#ART&MUSIQUE

Compositeur-interprète

J’espèreque notreréussiteinspirerad’autresjeuneset leurprouveraque l’onpeutréussiren Tunisieavec peude moyens »

«

«

www.incept.tn

Page 9: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Fils d’un artiste célèbre, Moha-med Hédi Agherbi est, dès son plus jeune âge, plongé dans un univers de création musicale. D’abord auto- didacte, il entame un parcours universitaire dans la musique jusqu’en 2012. Tenté de composer ses propres œuvres, il commence par des reprises issues du patrimoine tunisien, en particulier des chants soufis, avant de s’attaquer à la composi-tion pure. Son ambition est alors de créer une musique d’ins- piration tunisienne, dont la portée serait universelle en y mêlant le jazz notamment, « la plus universelle des musiques » selon lui. Il travaille spécifique-

À 25 ans seulement, Sofien voit grand. En 2013, il a créé Incept, sa start-up spécialisée dans les technologies de réalité augmentée. L’idée de départ était de faire entrer cette dernière dans les musées pour leur donner un nouveau souffle en animant les objets et en recréant les personnages historiques pour les visiteurs. Les débou-chés dans le secteur culturel étant limités, la jeune entreprise se tourne en 2016 vers l’éducation, la santé et la formation et élargit son offre : hologrammes, intelli-gence artificielle, etc. Une première levée de fonds est alors réalisée, permettant à Incept de se lancer à l’international. La jeune équipe est ensuite revenue à la culture en créant une plateforme regroupant ce qu'elle avait développé pour plusieurs musées avec l’envie de créer à terme un musée virtuel géant. « J’espère que notre réussite inspirera d’autres jeunes et leur prouvera que l’on peut réussir en Tunisie avec peu de moyens », nous explique Sofien. Plus largement, c’est toute la Tunisie qu’il aimerait voir devenir « nation technologique qui exporte son savoir-faire ». Or, seule une politique culturelle volontariste en la matière sera à même de libérer l’énergie et la créativité de la jeunesse.

ment sur les textes du grand poète Mohamed Essghaier Ouled Ahmed. Avec une forma-tion de 15 musiciens, Mohamed Hedi monte « Harba » en 2016. Un spectacle qui entraîne le public dans un univers mystique ; « un temps musical d’une rare sensibilité », comme le décrit le festival des Journées musicales de Carthage pendant lesquelles il se produit en 2016. Par-dessus tout, l’artiste nous confie espèrer voir un jour le « monde en paix ». Peut-être un rêve empreint de « naïveté », concède le jeune compositeur ; mais que sa musique peut sans doute nous aider à atteindre.

Voir le mondeen paix »

Sofien Chaieb /25 ans

#NOUVELLES TECHNOLOGIES

Technopreneur

M. Hédi Agherbi /31 ans

#ART&MUSIQUE

Compositeur-interprète

J’espèreque notreréussiteinspirerad’autresjeuneset leurprouveraque l’onpeutréussiren Tunisieavec peude moyens »

«

«

www.incept.tn

Page 10: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

L'UE APPUIELA JEUNESSETUNISIENNEFace à l'ampleur des défis rencontrés par les jeunes, l'Union européenne s'est résolument engagée pour accompagner la Tunisie. Objectifs : parer au plus pressé, mais surtout préparer l'avenir.

Au niveau de l'école, l'UE contribue à hauteur de 20 millions d'euros au programme de modernisation des établissements scolaires, dont le budget total est de 220 millions d'euros. Il s'agit de reconstruire 59 écoles, collèges et lycées, et de rénover un quart des établissements. Aujourd'hui, 43 chantiers de rénovation ont déjà démarré. De plus, 149 écoles et plus de 500 enseignants tunisiens prennent part au pro-gramme e-Twinning. Fait notable, la Tunisie est le seul pays de la rive sud de la Méditerranée à adhérer à cette plateforme d'échanges entre acteurs de l'éducation (enseignants, chefs d'établissements, éduca-teurs etc). L'accès et la promotion de la culture et des activités culturel-les sont aussi des enjeux importants.

Suite logique de la question scolaire, l'Union européenne met l'accent sur la formation professionnelle, au moyen de plusieurs appuis qui se renforcent mutuellement : avec 32 millions, l'Initiative régionale d'ap-pui au développement économique (IRADA) met l'accent sur la crois-sance et l'emploi dans 8 régions défavorisées, en se concentrant sur l'amélioration et la réforme du système de formation professionnelle. Le but : assurer que les nouveaux entrants sur le marché du travail aient des compétences et des qualifications correspondant aux besoins des entreprises. Ce travail approfondi sur le système lui-même s'accompagne d'efforts pour rendre plus efficace le dispositif de for-mation professionnelle. L'Agence française de développement (AFD) se concentre sur cette question, par le programme d'appui à la forma-tion et à l'insertion professionnelle (PAFIP), prêt de 28,4 millions d'euros rendu viable grâce à l'apport de l'UE, qui prend en charge les intérêts (3 millions d'euros). Un appui régional – le programme GEMM (gouvernance pour l'employabilité en Méditerranée), de 2 mil-lions d'euros – vient accompagner le ministère et les institutions en charge de la formation professionnelle, complétant ainsi le dispositif.

Parce que la qualité de vie et l'environnement immédiat sont des condi-tions de l'épanouissement des jeunes et de l'intégration dans la société, le programme de réhabilitation des quartiers populaires – doté de 60 millions d'euros – a pris en charge la construction de plus de 60 espa-ces pluridisciplinaires (salles de sport, espaces culturels et de jeunes-ses) ainsi que de 40 locaux industriels pour l'activité économique.

École, formationprofessionnelle,cadre de vie1.

Le chiffre est à manipuler avec précaution, mais est révélateur de l'effort fait par l'UE en faveur de la jeunesse tunisienne. Derrière ce montant, l'action de l'UE se déploie dans plusieurs directions.

MILLIONS D'EUROSD'ENGAGEMENTS

. . . . . . . . . . . .

ACT-IONS

Page 11: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

1 et 2 . Activitésdans le cadredu projetTfanen, à Sfaxet Médenine

3. Journéed’informationsur Tfanen

4 . Activitésdans le cadredu programmeE-twinning

Cependant tous les jeunes n'entrent pas directement dans la vie active mais éprouvent le besoin de prendre du recul. C'est pourquoi l'Union européenne a mis en place des instru-ments destinés à organiser la mobilité : méca-nisme le plus connu, Erasmus+ a permis 1781 mobilités en 2017 – dont 633 étudiants tuni-siens, le reste étant constitué d'étudiants européens ou d'enseignants – mais a aussi porté six projets associatifs dans des domai-nes tels que l'entreprenariat vert, l'inclusion sociale, la participation et les échanges, les-quels ont impliqué 348 jeunes. Enfin, on notera la montée en puissance des projets de renforcement des capacités d'universités, qui sont passés de 7 en 2016 à 12 actions en 2017.

Enfin, la participation de la Tunisie à des actions communautaires spécifiques prévues pour les Etats-membres apporte aussi un "plus" pour les jeunes : avec le programme Europe Creative, l'UE et la Tunisie montent le niveau d'ambition dans le domaine de la créa-tion culturelle et artistique, tandis que le pro-gramme de recherche et d'innovation Hori-zon 2020 – financé par l'Union européenne à hauteur de 3,5 millions d'euros – a d'ores et déjà permis à de nombreux jeunes ingénieurs et scientifiques tunisiens d'être associés à 27 différents projets de recherche scientifique ou technologique.

Effort surla mobilitéet opportunitésspécifiques

Dans la foulée de la communication du 29 septembre 2016 "renforcer le soutien de l'Union européenne à la Tunisie", l'UE a décidé d'accen-tuer encore davantage son appui à la jeunesse tunisienne. Dans cette démarche, le premier pas a été fait avec le programme d'appui à l'édu-cation, la mobilité, la recherche et l'innovation (EMORI) doté de 60 millions d'euros, dont 10 millions spécifiquement fléchés pour renfor-cer Erasmus+. En 2018, un nouvel élan sera franchi. La question de la jeunesse sera abordée de manière intégrée, par une stratégie globale traitée sous le triple prisme politique, économique et social.

Au menu, des questions essentielles telles que la participation des jeunes à la démocratie, la citoyenneté, à la vie associative et à la gouver-nance locale, mais aussi l'éducation formelle et informelle et leurs rela-tions avec l'employabilité, avec un soutien aux jeunes entrepreneurs (PME, start-up, incubateurs). L'enjeu cardinal que constitue la mobi-lité, à l'intérieur du pays mais aussi à l'international, ne sera pas oublié. Par ailleurs, les thèmes spécifiques que sont l'éducation, la culture, la création d'emploi, le soutien de la recherche seront consolidés, sur la base de l'expérience actuelle. Enfin, un effort spécifique sera fait vers les jeunes laissés pour compte, ceux qui n'ont ni emploi, ni éducation ni formation, pour les aider à retrouver le chemin de l'insertion dans la société, découvrir et déployer leurs talents.

Et demain ? Vers une stratégiejeunesse intégrée3.

2.

le programmede réhabilitationdes quartierspopulaires – dotéde 60 millionsd'euros – a prisen chargela constructionde plus de 60espaces pluri-disciplinaires

3 4

1 2

Page 12: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

ÉTU-DIERÉTUDIER

EN EUROPE :PROGRAMMEERASMUS +

Marwa Ben Chobba /27 ans

#ITALIE Università di Messina

Ingénieure en génie des matériaux et doctorante

Ouvert aux jeunes tunisiens, ERASMUS+ est un véritable sésame pour la mobilité, et assure la participation de 1500 échanges entre la Tunisie et l'Europe par an. Retour sur un grand succès de la construction européenne.

Popularisé par le film de Cédric Klapish L'Auberge espagnole, le programme Era- smus+ est surtout connu pour les échanges d'étudiants entre universités européennes. Aujourd'hui, cette action bénéficie aussi aux pays partenaires de l'Union européenne, à commencer par la Tunisie. Objectif : soutenir des actions dans les domaines de l’enseigne- ment, de la formation, de la jeunesse et du sport. Le programme donne aux étudiants, aux stagiaires, au personnel et aux volontai-res la possibilité de séjourner à l’étranger pour renforcer leurs compétences et leur em-ployabilité.

Fondés sur des accords et partenariats inter-nationaux entre universités, Erasmus+ com-porte une importante dimension de coopéra-tion avec les pays partenaires, dont la Tunisie est l'un des grands bénéficiaires, notamment dans le domaine de l'enseignement supé-rieur. Ce volet permet d'ouvrir le programme à des activités de coopération institution-nelle, de mobilité des jeunes et du personnel et ce, au niveau mondial. En effet, cette mobi-lité n'est pas "à sens unique", des pays parte-naires vers l'Europe au sens large – la Nor-vège, la Suisse et le Lichtenstein participent aussi au programme, tout comme la Turquie – mais des étudiants européens vers des pays partenaires, y compris la Tunisie.

En Tunisie, le nombre de bénéficiaires du programme est en augmentation constante,

« Cetteexpériencea été l’occasionde découvrir la microbiologied’apprendrel’italien,d’établir descontacts avecde nombreuxlaboratoireset de me fairedes amisd’horizons trèsdifférents »

Page 13: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Mohamed Hamdi /25 ans

#POLOGNE Lublin University of Technology

Mastère en Ingénierie des appareils

Sonia Salhi /24 ans

#NORVÈGEBergen University

Mastèreen étudesculturelles

l'objectif étant d'atteindre un régime de croi-sière annuel d'au moins 1500 participants, à compter de 2017. Le budget alloué à la Tunisie pour des opérations Erasmus+ s'élève à 20 millions d'euros pour 2017-2020.

Les étudiants tunisiens ayant bénéficié d'Erasmus+ ont des profils de haut niveau : qu'il s'agisse de Marwa, partie à Messine (Italie) travailler sur l’élaboration des cou-ches minces à base des nanoparticules de dioxyde de titane pour la préservation du pa-trimoine historique ou bien de Mohamed, parti en Pologne travailler sur des algorith-mes regroupant les pixels d'un même objet dans une image numérique, les jeunes héber-gés par les universités européennes ont dé-montré leur savoir-faire. Le parcours de Chadhe, partie en master de littérature an-glaise à Thessalonique (Grèce), ou encore celui de Sonia, en master "études culturelles" à Bergen (Norvège), reflètent la diversité des parcours et des talents tunisiens.

Ces exemples témoignent de l'ambition du programme, qui entend créer des liens dura-bles entre jeunes et les amener à partager le meilleur d'eux-mêmes. Le succès d'Eras- mus+ n'est plus à démontrer, et comme le dit Mohamed Hamdi, étudiant à l'Université de Lublin, en Pologne : "Erasmus +, just go for it" !

« Cetteexpérienceet les gensque l’onrencontrechangerontvotre manièrede voirle monde etouvrirontvotre esprit àde nouvellescultures etde nouvelleslangues »

« L’éducationest un moteurde compétitionet d’effort.Plus important,l’éducationlibère les gens,renforce lacompréhensionentre lescultureset fait avancerl’humanité »

[email protected]/fr/

Page 14: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

SOCIÉTÉCIVILE &JEUNESSE :JE T’AIME,MOI AUSSI

L'engagement des jeunespendant et après la révolution a été pour nombre d'entreeux un point de départ pours'intéresser aux affairespubliques. Le but : s’engager pour la réussite de la transition démocratique et faire naître aujourd’hui la Tunisie de demain.

L'élan révolutionnaire que le pays a connu durant la fin de 2010 et le début de 2011 a rapide-ment laissé place à un activisme organisé et structuré dans le cadre du travail associatif. Beaucoup de jeunes ont été les initiateurs de plusieurs associa-tions destinées à contribuer au développement du pays, de se mobiliser au service de leurs communautés, de défendre les droits des démunis ou encore de créer des espaces de dialogue, de créativité,d'expression...Les ONG présentent l’avantage de pouvoir, très vite, relayer les attentes des citoyens et refléter les grands courants de l’opinion.

Innovantes et novatrices, ces ONG forment ainsi une nouvelle société civile qui a investi pratiquement tous les champs publics : défense des libertés, droits de l'homme, gouver-nance, développement, environ-nement, éducation, culture, enfance. Le mode de fonctionne-ment et de gouvernance interne de la société civile tunisienne moderne porte l’empreinte de celles et ceux qui l’ont fait naître : rompant avec les ONG tradition-nelles, les jeunes sont avant tout dans le dialogue et le partage. Les réseaux sociaux et les nou- velles technologies sont le fer de lance de ces nouvelles formes d’engagement. Moyen de com- munication, de mobilisation, de concertation ou de dialogue, ces supports ont permis aux ONG de s'ouvrir davantage sur le monde extérieur et de partager leurs expériences.

Une société civile résolument moderne…

ENGA-GEMENT

Ci-contrePremière éditiondes Jamaity Awardsà l'hôtel CarthageThalassa de Gammarth

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Si l’UE et ses Etats-membres sont depuis longtemps convain-cus de l’apport de la société civile et du monde associatif dans la fa-brique sociale ici comme partout ailleurs, dans nombre de pays en développement ou en transition démocratique le rôle des ONG demeure à renforcer et à pro-mouvoir. Pour cela, l'UE a mis à la disposition de la société civile tu-nisienne une panoplie d'instru-ments destinée à l'accompagner dans son action. Objectif : ren-forcer le rôle des citoyens et des jeunes, en particulier, et les asso-cier dans la définition des politi-ques publiques. Chaque réunion entre l’Union européenne et le gouvernement tunisien organi-sée dans le cadre de l’Accord d’Association UE-Tunisie est précédée d’une consultation tri-partite, incluant la société civile et l’invitant à faire valoir ses points dans le débat. Des ONG

comme Al Bawsala ou I Watch, toutes les deux créées par des jeunes en 2011, sont aujourd'hui des partenaires incontourna-bles de l'UE et d'autres bailleurs de fonds chacune dans son champ d'action en matière de dialogue politique. Parallèle-ment, l’UE a mis en place des ac-tions de soutien spécifiques, à commencer par le Programme d’Appui à la Société Civile (PASC), doté de 7 millions d’eu- ros, qui avait justement pour ob-jectif de renforcer les capacités des organisations de la société civile pour qu'elles soient en mesure de jouer efficacement leur rôle dans le cadre de la tran-sition démocratique et du déve-loppement en Tunisie, tout en améliorant l'environnement institutionnel et légal dans lequel celles-ci sont appelées à évoluer. Grâce au PASC, plus de 4000 jeunes ont bénéficié de for-

mations diverses sur des théma-tiques allant de la gouvernance participative au décrochage sco-laire, du mécénat culturel à la gestion des déchets, au dialogue et à la défense des droits de l'homme à la participation publi-que de jeunes. Dans le même temps, à intervalles réguliers, l’UE lance des appels à proposi-tions destinés à sélectionner, en toute transparence, des projets portés par les organisations de la société civile tunisienne, sur des sujets liés à la transition ainsi qu’aux droits politiques, écono-miques et sociaux. Plusieurs projets ont été ainsi financés im-pliquant des jeunes tunisiens dans leur mise en œuvre ou encore bénéficiant à des milliers de jeunes à travers les services offerts par les associations béné-ficiaires. Depuis 2011, plus de 100 projets, couvrant tout le ter-ritoire tunisien, ont ainsi été fi-

nancés par l'UE, pour un mon-tant total estimé à près de 37 mil-lions d’euros. Aujourd’hui, re-joindre une association n’a jamais été aussi aisé. Le site jamaity.org, soutenu par l’UE, est une porte d’entrée idéale pour en savoir plus sur la société civile tunisienne et pour s’engager.

...dont l'Union européenne soutient l'effort

Depuis2011, plusde centprojetsont ainsi étéfinancéspar l'UE

S’ENGAGERAUJOURD’HUI :LA PLATEFORMEJAMAITY.ORGVOUS ORIENTELancée en 2014, la plateforme collaborative jamaity.org soutenue par l’Union européenne et le British Council a vocation à recenser l’ensemble des initiatives portées par des ONG à travers toute la Tunisie. Fin 2017, le site recense près de 2900 associations, 513 projets, et 186 partenaires techniques et financiers. Dernière nouveauté, parce que la valeur n’attend pas le nombre des années, le lancement d’une plate-forme proposant les compétences de jeunes experts, parce que les termes ne sont pas antinomiques, comme l’ont montré tous les profils mis en valeur dans ce numéro de Brèves d’Union.

www.jamaity.orgCi-contreForum aux opportunitésprojet SALEMM

Page 15: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

Si l’UE et ses Etats-membres sont depuis longtemps convain-cus de l’apport de la société civile et du monde associatif dans la fa-brique sociale ici comme partout ailleurs, dans nombre de pays en développement ou en transition démocratique le rôle des ONG demeure à renforcer et à pro-mouvoir. Pour cela, l'UE a mis à la disposition de la société civile tu-nisienne une panoplie d'instru-ments destinée à l'accompagner dans son action. Objectif : ren-forcer le rôle des citoyens et des jeunes, en particulier, et les asso-cier dans la définition des politi-ques publiques. Chaque réunion entre l’Union européenne et le gouvernement tunisien organi-sée dans le cadre de l’Accord d’Association UE-Tunisie est précédée d’une consultation tri-partite, incluant la société civile et l’invitant à faire valoir ses points dans le débat. Des ONG

comme Al Bawsala ou I Watch, toutes les deux créées par des jeunes en 2011, sont aujourd'hui des partenaires incontourna-bles de l'UE et d'autres bailleurs de fonds chacune dans son champ d'action en matière de dialogue politique. Parallèle-ment, l’UE a mis en place des ac-tions de soutien spécifiques, à commencer par le Programme d’Appui à la Société Civile (PASC), doté de 7 millions d’eu- ros, qui avait justement pour ob-jectif de renforcer les capacités des organisations de la société civile pour qu'elles soient en mesure de jouer efficacement leur rôle dans le cadre de la tran-sition démocratique et du déve-loppement en Tunisie, tout en améliorant l'environnement institutionnel et légal dans lequel celles-ci sont appelées à évoluer. Grâce au PASC, plus de 4000 jeunes ont bénéficié de for-

mations diverses sur des théma-tiques allant de la gouvernance participative au décrochage sco-laire, du mécénat culturel à la gestion des déchets, au dialogue et à la défense des droits de l'homme à la participation publi-que de jeunes. Dans le même temps, à intervalles réguliers, l’UE lance des appels à proposi-tions destinés à sélectionner, en toute transparence, des projets portés par les organisations de la société civile tunisienne, sur des sujets liés à la transition ainsi qu’aux droits politiques, écono-miques et sociaux. Plusieurs projets ont été ainsi financés im-pliquant des jeunes tunisiens dans leur mise en œuvre ou encore bénéficiant à des milliers de jeunes à travers les services offerts par les associations béné-ficiaires. Depuis 2011, plus de 100 projets, couvrant tout le ter-ritoire tunisien, ont ainsi été fi-

nancés par l'UE, pour un mon-tant total estimé à près de 37 mil-lions d’euros. Aujourd’hui, re-joindre une association n’a jamais été aussi aisé. Le site jamaity.org, soutenu par l’UE, est une porte d’entrée idéale pour en savoir plus sur la société civile tunisienne et pour s’engager.

...dont l'Union européenne soutient l'effort

Depuis2011, plusde centprojetsont ainsi étéfinancéspar l'UE

S’ENGAGERAUJOURD’HUI :LA PLATEFORMEJAMAITY.ORGVOUS ORIENTELancée en 2014, la plateforme collaborative jamaity.org soutenue par l’Union européenne et le British Council a vocation à recenser l’ensemble des initiatives portées par des ONG à travers toute la Tunisie. Fin 2017, le site recense près de 2900 associations, 513 projets, et 186 partenaires techniques et financiers. Dernière nouveauté, parce que la valeur n’attend pas le nombre des années, le lancement d’une plate-forme proposant les compétences de jeunes experts, parce que les termes ne sont pas antinomiques, comme l’ont montré tous les profils mis en valeur dans ce numéro de Brèves d’Union.

www.jamaity.orgCi-contreForum aux opportunitésprojet SALEMM

Page 16: #NUMÉRO SPÉCIAL JEUNESSE TUNISIENNE · expliquent cette situation. Sept ans après une Révolution lancée par les jeunes des régions intérieures sur des revendica-tions économiques

LETTRE D’INFORMATION DE LA DÉLÉGATION DE L’UNION EUROPÉENNE EN TUNISIE HORS-SÉRIE JEUNESSE TUNISIENNE

JEUNESSE EN TUNISIE : QUE FAIT L'UE ?

ON EN EST À BOURSES ERASMUS+, PROJETSDE RENFORCEMENT D'UNIVERSITÉS, ET 27 PROJETS DE RECHERCHEPOUR LES JEUNES INGÉNIEURS. CE N'EST QUE LE DÉBUT, ON VIENTDE METTRE MILLIONS POUR L' ÉDUCATION, LA MOBILITÉ,LA RECHERCHE ET L'INNOVATION

1781

63,4

12

ON TRAVAILLE SUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE, SURTOUTDANS LES RÉGIONS DE L'INTÉRIEUR. TOUT MIS ENSEMBLE, SI ONCOMPTE CE QUE L'ON MET AVEC NOTRE PARTENAIRE, L'AFD,

ÇA FAIT PRÈS DE MILLIONS D'EUROS68

60 SALLES DE SPORTS, ESPACES CULTURELSET DE JEUNESSE.ET LA MOBILITÉ, ÇA DONNE QUOI EN 2017 ?

SOIT PLUS DE

ET L'EMPLOI ? TU FAIS QUOI SUR L'EMPLOI ?

59 ÉCOLES À RECONSTRUIRE, UN QUART DU PARC DESÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES À RÉNOVER ! AVEC ETWINNING,ON A 171 ÉCOLES ET 549 ENSEIGNANTS CONNECTÉS !

MILLIONS D'EUROS POUR LES ÉCOLES, AVEC LA BEI,ÇA NOUS FAIT UN TOTAL DE MILLIONS !20

69 MILLIONS D'EUROS POUR LE DÉVELOPPEMENT DES QUARTIERSPOPULAIRES ET LES ZONES DÉFAVORISÉES

220

L'action de l'UE envers la jeunesse en Tunisie, c'est aussi un soutien à la justice des mineurs (1,8 million euros), un appui à la culture et à la création (projet Tfanen – 4 millions euros), la participation des femmes à la vie économique et publique (projet Moussawat – 2,8 millions d'euros) sans oublier le programme d'appui à la société civile (7 millions d'euros). Enfin, 44 associations de jeunesse sont soutenues par les actions régionales Net-Med Youth et Euromed Jeunesse. La jeunesse profitera également du programme de développement local intégré (60 millions d'euros).