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Opinionc Technologie contraceptive: libération ou0 esclavage?

«À partir du cas vécu de Martine et de Jacques, l'auteure s'interrogesur les dangers physiques et les effets psychologiques liés à l'utilisa-tion des contraceptifs. Par Françoise Marois

ActualitéL'heure de sonner l'alarme«L'utilisation des nouvelles technologies de la reproduction humainepose des interrogations multiples et complexes sur lesquelles il fautréfléchir. Lise Latrémouille a participé en octobre dernier auForum international «La maternité au laboratoire» et nous fait partdes enjeux de ce débat.

Témoignage

11La «teranga» sénégalaise«Séjourner en terre africaine pour une Nord-Américaine est toujoursune expérience surprenante mais combien enrichissante. Marie-Claire Paulin qui s'y est rendue au printemps dernier partage avecnous quelques-uns de ses souvenirs chaleureux.

EntrevueJ'ai oublié mes lunettes, lis pour moi«Le problème de l'analphabétisme est un phénomène social que l'onne peut ignorer. Quelles en sont les causes? Quelles solutions sontappliquées en Ontario-français? Ginette Laganière, coordonnatricede la Magie des Lettres, répond aux questions de FEMMES D'AC-TION. Par Micheline Piché.

Reportage

36 Pour en finir avec le mythe d'ÉvangélineUn tour d'horizon de l'univers culturel et social des Acadiennes quiest bien plus riche et bien plus dynamique que l'on croit! ParMyriame El Yamani.

Création

35

15

Visages de femmesDeux artistes de l'Acadie, Corinne Galant et Dyane Léger ontuni leur talent respectif et présentent leurs visages de femmes.

Rumeurs de la Haute MaisonVoici, en primeur, un extrait du premier roman de Gisèle Ville-neuve qui vient d'être publié chez Québec/Amérique.

Critique

33 A l'écoute du passé«Jusqu'à présent, je croyais ne rien connaître aux légendes manito-baines»... mais elles sont «comme celles de mon coin de pays»raconte Mirelle Lavoie du Nouveau-Brunswick. Légendes manito-baines, une récente parution des Éditions des Plaines.

43 Le Boutte du boutte

16 Lettre à une amie

39 En deux mots

5 NDLR

31 Humour2 Femmes d'action DEC. 87 — JANIV. I

Page 3: Opinion - | CDÉACF

FCMMCÔ

Chère lectrice,

Vous recevez la revue FEMMES D'ACTION et vous l'aimez!

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FEMMES D'ACTION, c'est votre magazine .' Le seul au pays à être rédigé et conçu par et pour les femmesfrancophones en milieu minoritaire. Au cours des mois à venir nous continuerons de vous présenter desarticles d'actualité, des reportages, des entrevues, des textes de création en plus d'approfondir des thèmestout aussi intéressants que les précédents.

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Femmes d'action525-325 rue DalhousieOttawa (Ontario) K1N 7G2

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4 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. I

Page 4: Opinion - | CDÉACF

Sommaire

ThèmeUn temps incertain

Quelle est la situation actuelle de l'action volontaire? Appuyé parcertains groupes, dénoncé par d'autres le volontariat rend-t-il justice

aux femmes? Une analyse de Délie Gallien-Chiasson.

Quand le bénévolat se politiseL'action bénévole à l'intérieur d'un organisme d'engagement est une

activité assez récente pour l'ensemble des femmes. GhislaineLacerte raconte comment Réseau s'est peu à peu introduit dans le

paysage politique du Manitoba.

Retraitée... oui! inutile... non!L'action volontaire, on le fait par goût et par intérêt. C'est une excel-

lente thérapeutique contre le danger du stress, de l'ennui et de lasolitude. Par Gisèle Richard.

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19

25

Des antennes à soiComment et pourquoi s'incorporer, voici la petite histoire de l'incor-poration d'une radio communautaire francophone «Radio-Huronie»

à Penetang au sud de l'Ontario. Par France Picard.

Qui fait le café?Une réflexion sur les stéréotypes que l'on retrouve encore en milieu

bénévole... Question de réagir de part et d'autre.Par Madeleine Valois.

24

31

Un pied dans la porteLa Coalition des organisations nationales bénévoles se porte à la

défense de l'action volontaire au Canada depuis 1974 et vise lareconnaissance de celle-ci auprès du gouvernement, du milieu du

travail et de la population. Micheline Piché a rencontré à ce sujetAndy Cohen, président des ONV.

21

À l'intérieur de ce dossier on retrouvedivers témoignages de femmes enga-gées dans l'action volontaire

Mon expérience de vie a comptéHélène Vaillancourt

Fuir l'indifférenceRhéa Démoré

Pour une vraie sociétéGhislaine Martel

Un accomplissement de soiGisèle Desrosiers

Une question de fiertéÉlise Gallant

S'informer avant de s'engagerMargo Michaud

Les bénévoles, des exploitées!Raymonde Paradis

Le plaisir de se sentir utileClaire Mallet de Shippagan a reçu cet été le Prix bénévolat Canada.

Claire Lanteigne-Frigault nous trace le profil de cette dame quiau cours des ans n'a jamais compté les heures consacrées à l'action

volontaire.

D'où vient le bénévolatL'auteure de «S'occuper des autres» Léa Marcoux pose un regard sur

l'évolution du bénévolat. Un compte-rendu de Yvonne Morissette.

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29

Femmes d'action Vol.17 No 2 3

Page 5: Opinion - | CDÉACF

FCMMG5NDLR

Responsable de la revueet rédactrice en chef

Micheline Piché

CorrespondantesThérèse Boutin, Rhéa Démoré, Gisèle

Desrosiers, Myriame El Yamani, CorinneGallant, Élise Gallant, Délie Gallien-

Chiasson, Ghislaine Lacerte, LiseLatrémouille, Claire Lanteigne Frigault,

Mireille Lavoie, Ghislaine Martel, FrançoiseMarois. Claire Mazuhetli, Margo Michaud,Yvonne Morissette, Marie-Claire Paulin,

Raymonde Paradis, France Picard, GisèleRichard, Hélène Vaillancourt, Marthe

Valois, Gisèle Villeneuve

Publicité et abonnementMicheline Piché

Les indivictu-e-s peuvent se procurer larevue FEMMES D'ACTION en s'y abon-nant au coût de 12$ (1 an), 20$ (2 ans),

28$ (3 ans), ou 35$ (abonnement desoutien — 1 an). Les organismes peuventégalement recevoir la revue en s'abonnantau coût de 23$ par année. Le tarif interna-tional par voie de surface est de 20$/année

et par avion de 26$/année.

ProductionLes Illustrateurs de l'Outaouais Inc.

IllustrationsMichel Lavigne, p. 31 ;

Henri Lessard, pp. 6, 13,16, 17, 19, 24, 43;Stéphanie Pefot, couverture.

FEMMES D'ACTION est imprimée par:Imprimerie Mutual Press Ltd.

FEMMES D'ACTION est une revue d'infor-mation et d'opinion des femmes franco-phones vivant en milieu minoritaire; elle estpubliée cinq fois l'an par la Fédération natio-nale des femmes canadiennes-françaises(FNFCF),Le contenu de FEMMES D'ACTION peulêtrereproduit en indiquant «Texte tiré deFEMMES D'ACTION, la revue des femmesfrancophones vivant en milieu minoritairepubliée par (a Fédération nationale desfemmes canadiennes-françaises».Ni la FNFCF, ni la rédaction n'assument laresponsabilité des opinions émises dansFEMMES D'ACTION; elles tenteront toute-fois de publier des points de vue divergents,afin de susciter des débats, d'encourager, lepartage d'information et de créer une dyna-mique.Toutes sont invitéesà soumettre leurs écrits,en français, à FEMMES D'ACTION. Toute-fois, il s'avère important d'entrer d'abord encommunication avec la FNFCF, 325, rueDalhousie. pièce 525, Ottawa (Ontario) K1N7G2, téléphone (613) 232-5791. Toute de-mande de reproduction doit être envoyée àcette même adresse.La Fédération nationale des femmes cana-diennes-françaises (FNFCF) est un orga-nisme bénévole national qui se veut de plusen plus un outil de revendications pour lesFranco-Canadiennes.

Dépôt légal. Bibliothèque nationale,ISSN 0226-9902.

Courrier de deuxième classeEnregistrement no. 7242

Port payé à OttawaDécembre 1987 — Janvier 1988

(Date de parution — Décembre 1987)

UNE AFFAIREDE COEUR

L/est tout à faitje me suis retrouvéeder un nouveau téléro-garde qu'un (pour éviternie» des saisons froides) j'ai

par hasard que'' l'autre soir à regar-

man. Moi qui n'en re-d'attraper la «téléroma-

été surprise de voir que l'ac-tion volontaire s'était taillée une petite place à même le scénariod'un Robert et de. La soeur du personnage principal, infirmièredans un hôpital pour enfants, invitait celui-ci à consacrer de sontemps aux malades. « Deux heures par semaine pas plus » disait-elle,mais quand la mouche vous a piqué...

Je suppose que des exemples comme celui-ci demeurent assezrares dans le flot de romans-fleuves que l'on nous déverse chaqueautomne. Je n'ai pas retrouvé par exemple, d'indications me lais-sant croire qu'une des Dames de coeur (c'est celui-là) fera du bénévo-lat cette année. Pourtant, elles ne manquent pas d'initiative depuisle début de la saison.

Le malheur avec le bénévolat c'est qu'on le prend trop pouracquis, comme le lever du soleil a-t-on déjà dit. En réalité le travaildes bénévoles est peu connu, reconnu et même méconnu. C'est lepropre de l'oeuvre charitable à laquelle il est encore associé. Mais denos jours, le secteur volontaire dépasse cet aspect de la vie ensociété. Il est à la source de plusieurs transformations sociales. Enfait, il existe un vaste réseau d'organismes d'entraide et d'engage-ment créé pour répondre à des besoins précis issus de la commu-nauté. La lutte contre l'analphabétisme, l'aide aux femmes victimesde violence conjugale, le lobby pour l'obtention d'un système degarderies, la protection de notre environnement, l'hébergement auxsans-abris, l'organisation d'activités en milieux défavorisés en sontquelques exemples parmi des centaines. Si les causes sont multi-ples, elles ont cependant un dénominateur commun: l'améliorationde la qualité de la vie. Par l'action bénévole les gens orientent, plusqu'ils ne pensent, l'évolution de la société dans laquelle ils vivent.

De plus, les regroupements volontaires rendent au pays unecontribution économique essentielle (environ 6,4 milliards $ en1986). Imaginez un instant, comme le cite Claire Mazuhelli dans sontexte, que les bénévoles déclarent une grève d'un mois partout aupays! La situation deviendrait vite critique. Selon Andy Cohen,président des Organisations nationales volontaires, interviewépour ce dossier, même si une personne sur quatre au Canada fait dubénévolat, l'ensemble de la population ignore la valeur de cetapport. Et c'est pour la connaître un peu mieux que ce numéro s'yconsacre avec coeur. À propos de coeur, les «madames de coeur»comme dit ma fille, ne sont-elles pas quatre? Il y en a donc une qui enfait du bénévolat... incognito!

Femmes d'action Vol.17 No 2 5

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Opinion

LIBÉRATIONOU ESCLAVAGE?

La technologie contraceptive

par Françoise Parois

L'HISTOIRE DE JACQUES ET MARTINE:UN CAS VÉCU

Jacques ne voulait pas d'enfants. Martine en voulait aumoins un. Mais elle prenait des contraceptifs en espérantqu'il changerait d'idée avec le temps. Cela leur permettaitaussi de jouir d'une vie sexuelle plus normale puisqu'il refu-sait d'utiliser le préservatif.

Elle a commencé par prendre la pilule. Cela régularisaitson cycle menstruel mais lui causait aussi des pertes demémoire. De plus, elle avait tendance à engraisser. Au début,elle ne croyait pas que cela était dû à ces sacrées pilules. Elleles a mises à la poubelle et quelques mois plus tard, les effetssecondaires sont disparus: même plus d'état dépressif et sui-cidaire. Leur relation était plus tendue car il fallait s'abstenirou du moins faire preuve de plus de sagesse. Elle a en suiteopté pour l'utilisation du thermomètre puisque son cyclemenstruel était maintenant régulier. Quelques mois plustard, elle se retrouvait enceinte. Elle avait pourtant bien prissoin d'inscrire les données tous les matins. Elle s'est faitavorter: grossesse non désirée.

Il y a eu aussi le stérilet. Comme il avait pour effet de«déranger le flux normal du courant électromagnétique quicharge l'oeuf fertilisé tout en empêchant sa croissanceembryonnaire», * elle était souvent fatiguée et irritable sansraison. Elle dormait mal, elle était inutilement angoissée etsouffrait d'anorexie. Mais leur vie sexuelle allait relative-ment bien... techniquement parlant.

Après un curetage que lui a fait son gynécologue, il luienlève son stérilet sans le lui dire et sans lui en remettre unautre. Elle est tombée enceinte une deuxième fois. Jacquess'arrachait les cheveux et jusqu'à la fin la harcela pourqu'elle se fasse avorter. Le spécialiste en avortement théra-peutique a refusé d'interrompre la grossesse. Elle et l'enfantétaient en parfaite santé. Elle décide de le garder malgrétout. N'était-elle pas maîtresse de son propre corps ?

Après l'accouchement, on lui remet un autre stérilet. Unan et demi plus tard, pendant qu'elle nourrissait encore sonfils au sein, elle se rendit compte qu'elle avait de drôles de

6 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. 88

symptômes... ce n'était pas possible. C'était sa troisièmegrossesse. Mais l'ultrason révéla que le stérilet était accrochéà la tête de l'embryon de quatre mois. Le même spécialiste luigarantissait 10 p. cent des chances de mettre au monde unenfant normal. L'avortement thérapeutique s'avérait essen-tiel et urgent. Elle a fait une hémorragie et y a presque laissésa vie. Elle perdait ce troisième enfant.

Approche féministeQuand nous songeons à la panoplie de contraceptifs que

la technologie met à notre disposition pour nous faciliter lavie: stérilet, pilule anti-conceptionnelle, diaphragme, cône*,vasectomie, injections périodiques, préservatif masculin, onse rend vite compte que la plupart de ces contraceptifs conçuspour «libérer » la vie des femmes et des hommes, sont dans lamajorité des cas utilisés par les femmes. Mais est-ce unhasard si la majorité d'entre eux s'adresse ainsi au corpsféminin? Alors qu'ils devraient justement nous « libérer», nesont-ils pas plutôt une forme d'oppression et d'esclavage?Car ils peuvent aller jusqu'à mettre notre santé et mêmenotre vie en danger pendant nos années les plus fertiles!Quoi que l'on dise, «toutes ces méthodes auront des effetssecondaires, parce qu'elles ne sont pas naturelles et sontétrangères au métabolisme humain »2. Les femmes devien-nent et acceptent d'être les cobbayes d'une technologiecontraceptive dont l'efficacité est depuis le début remise enquestion. Et comme dernier recours, l'avortement laisse desséquelles psychologiques et physiques dont la femme n'estpas la seule victime.

Approche masculinistePourtant, pendant toutes les années où sa partenaire

doit se faire «stérile», l'homme, lui, consomme sans se sou-cier le moins du inonde des conséquences de son acte pro-créateur, car en cas d'accident... ELLE peut toujours trouverun moyen... jusqu'au prochain accident.

Il entretient même, dans beaucoup de cas à mon avis,son irresponsabilité en déshumanisant son approche amou-

SUITE À LA PAGE 38

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Actualité

par Lise LatrémouilleLES NOUVELLES TECHNOLOGIESde la reproduction humaine s'adres-sent-elles à l'infertilité ou sont-ellesmotivées par d'autres intérêts? Que si-gnifie cette sur-médicalisation de lamaternité? Le droit à l'enfant existe-t-il? Tel est le genre de questions soule-vées lors du forum «La maternité aulaboratoire» qui a eu lieu à Montréal les30 et 31 octobre dernier et auquel ontparticipé plus de 500 représentantesd'organismes et des personnes intéres-sées à la question. Autant les interroga-tions sont multiples et complexes, au-tant les réponses doivent être réfléchieset débattues.

Certaines des personnes rassem-blées au forum, tel le philosophe Jac-ques Dufresne, disent qu'il est plus quetemps que l'on pose des limites, descontrôles, pour que ne partent à ladérive ces moyens que se donnent lascience et l'industrie pour intervenirplus directement que jamais dans leprocessus de création de la vie hu-maine. D'autres, comme le Conseil dustatut de la femme du Québec (qu'il fautd'ailleurs féliciter pour cette initiative),demandent un moratoire de 5 ans surles NTR pour permettre une consulta-tion large et y associer les premièresconcernées: les femmes. D'autres en-core, comme le réseau internationalféministe FINRAGE, insistent pours'opposer de façon absolue aux techni-ques comme la fécondation in vitro(FIV) parce qu'elles y voient desmoyens sophistiqués pour la science,les gouvernements et l'industrie de con-trôler le corps des femmes en y asso-ciant des profits.

Si au début de ce forum, j'étais ins-tinctivement inquiète et je me deman-dais jusqu'où pouvaient mener lesNTR, à la fin du forum je n'en suis pasmoins troublée, mais plus informée etconvaincue que la seule position possi-ble en tant que féministe, est de m'op-poser à la médicalisation à outrance detout ce qui entoure la maternité et par-ticulièrement de ce désir d'enfanter àtout prix. Les témoignages, les anec-dotes, les exposés juridiques et philoso-phiques et les questions des femmesm'ont amenée à réfléchir à partir denouvelles données. Ils ont confirmé quela pratique des technologies est rendueplus loin qu'on ne le pense. Aux pre-mières inquiétudes soulevées lors del'introduction de l'échographie (aumoyen d'ultrasons) comme pratiquecourante de diagnostic prénatal, sesont ajoutées d'autres façons de déter-miner quel sexe, quel génotype aural'enfant désiré.

L'HEURE DESONNERL'ALARME

Les nouvelles technologies de la

reproduction humaine

Des ressourcesimportantes sont

consenties audéveloppement

des technologiesde la reproduction

alors que lessommes d'argent

consacrées à laprévention de l'in-

fertilité ou àl'étude de ses

causes, à l'amé-lioration des ser-

vices en périnata-lité et de l'aide

offerte à l'ensem-ble des femmesenceintes sontinsuffisantes.

Source: Enjeu,une publication

conjointe du CSFet Les Publica-

tions du Québec.

D'où vient l'infertilité?Les questions et interpellations

maintes fois lancées lors du forum auxdéfenseurs de ces pratiques, les méde-cins et les cliniciens, mais aussi lesfemmes et les hommes infertiles, ontprovoqué des réactions fortes d'émo-

tions. Les gens se sentent attaqués, malcompris. Diogène Cloutier, gynécolo-gue à la clinique de fertilité-reproduc-tion au Centre hospitalier de l'Univer-sité Laval, intervient en atelier, pourdire qu'il se fait porte-parole des grandsoubliés du forum, ces couples qui souf-

Femmes d'action Vol.17 No 2 7

Page 8: Opinion - | CDÉACF

frent et qu'il est heureux d'avoir puaider pour réaliser leur rêve le plusimportant. Pour M. Cloutier, il s'agitcomme dans toute autre chose de mesu-rer les risques contre les bénéfices etd'accepter d'utiliser la FIV de la façonla plus humaniste avec les règles d'é-thique strictes que suivent la plupartdes médecins.

C'est justement sur ces notions derisques et de bénéfices que la logiquepurement médicale, individuelle et im-médiate commence à s'effriter. D'abordd'où vient l'infertilité? Et comment les

NTR répondent-elles à ce problème?Les faits semblent indiquer que l'infer-tilité est à la hausse. Les causes sontmultiples et l'on considère que 40% descas d'infertilité sont dûs aux hommes et60% aux femmes. Chez les femmes, lesfacteurs d'infertilité sont liés à des ma-ladies transmises sexuellement, à l'uti-lisation antérieure de moyens contra-ceptifs (ligatures de trompes, stérilets,pilule, etc...), à des causes congénitaleset tout probablement à des facteursenvironnementaux (pollution, exposi-tion aux écrans cathodiques, condi-

LES NOUVELLES TECHNOLOGIESDE LA REPRODUCTION FONT

COULER DE L'ENCRE

tions de travail) ou aux styles de vie(stress, tabagisme, etc...). L'infertilitémasculine ne faisant pas l'objet d'é-tudes aussi prolongées est beaucoupmoins bien connue mais serait aussiliée aux maladies transmises sexuel-lement, à des causes congénitales, àl'environnement, à la vasectomie. Il

Des raisonsd'ordre économiqueet de prestigemotivent ledéveloppement desNTR...

La reproduction humaine industrialisée, Jacques Dufresne, Québec, ÉditionsDiagnostic, Institut québécois de recherche sur la culture, 1986, 125 p.

Maternité en mouvement — Les femmes, la reproduction et les Hommes descience, ouvrage collectif sous la direction d'Anne-Marie Vilaine, LaurenceGavarini et Michelle le Coadic, Grenoble, Presses universitaires, Montréal,Éditions Saint-Martin, 1986, 244 p.

Des motifs d'espérer? La procréation artificielle, grandes entrevues réaliséespar Emmanuel Hirsh, Paris, Les Éditions du Cerf, 1986,159 p.

L'un est l'autre: des relations entre hommes et femmes, Elisabeth Badinter,Paris, Éditions Odile Jacob, 1986, 361 p.

De l'éprouvette au bébé spectacle, Jacques Testart, Bruxelles, Éditions Com-plexe, 1984, 126 p.,

L'Oeuf transparent, Jacques Testart, Paris, Flammarion, 1986, 203 p.

L'enfant à tout prix — Essai sur la médicalisation du lien de filiation, Gene-viève Delaisi de Parceval, Paris, Éditions du Seuil, 1983, 282 p.

L'enfant derrière la vitre, Dominique Grange, Paris, Encre, 1985, 234 p.

Les enfants de la science, Robert Clarke, Paris, Stock, 1984, 275 p.

Un acte d'amour— Nous avons fait porter notre enfant, Guy et MoniqueLibaudière, Paris, Éditions de la Table Ronde, 1984, 319 p.

L'insémination artificielle humaine: un nouveau mode de filiation, DidierDavid et al. Paris, Éditions ESF, 1984,151 p.

L'insémination artificielle thérapeutique: aspects cliniques, psychologiques,juridiques, éthiques et philosophiques, Jacques-E. Rioux et al. Québec,Presses de l'Université Laval, 1983, 217 p.

La rage de donner la vie, Dr Roland Dàjoux, Paris, Encre, 1985,228 p. Fertilisa-tion en laboratoire d'ici à l'an 2000, Simon C. Davis coordonnateur,MarcelMelançon, Ronald Hamel, David J. Roy, collaborateurs, Montréal, LesÉditions Bellarmin. 1981, 114 p.

Actes du colloque «Génétique, procréation et droit», Paris, Actes Sud, 1985,569 p.

Droit et Science, Monique Ouellet, Montréal, Les Éditions Thémis, 1986,176 p.

Du contrôle de la fécondité au contrôle des femmes, Fédération du Québec pourle planning des naissances, Montréal, 1986, 7 p.

Source; Enjeux C.S.F., 1987.

8 Femmes d 'act ion DEC. 87 — JANV. 88

n'est pas surprenant donc que, puisqueles femmes font l'objet d'études et d'ex-périmentations en matière de contra-ception, qu'elles soient aussi lescobayes en matière de NTR. De plus, sil'on considère les facteurs d'infertilité,on peut se demander si on n'est pas entrain de trouver des solutions «mira-cles» plutôt que de s'attaquer auxvraies causes de l'infertilité.

Les couples qui se rendent à la cli-nique de fertilité doivent se soumettre àdes tests, beaucoup plus nombreux etexigeants chez les femmes que chez leshommes. Ils s'y rendent avec cet espoirencouragé par le milieu, qu'ils en sorti-ront avec la promesse de l'enfant.Lorsque les tests sont complétés et quel'on décide de passer à la FIV, l'hommefournit le sperme, la femme de son côtésubit des traitements hormonaux, leprélèvement des ovules, et l'implanta-tion de l'embryon (si c'est elle et nonune mère porteuse qui doit enfanter).Les risques à chaque étape ne sont pasminimes, sans compter la tension psy-chologique de l'attente et l'espoir tou-jours ravivé, malgré la répétition fré-quente des opérations. La promesse estforte même si les taux de succès sonttrès bas, à peu près 5%.

À travers le monde, on compte prèsde 2000 enfants conçus par la féconda-tion in vitro. Et comme l'affirme leConseil du Statut de la femme du Qué-bec, c'est peu quand on considère toutce que cette méthode exige en recher-che, en temps, en argent et en espoir.

Page 9: Opinion - | CDÉACF

C'est beaucoup si on considère que lasociété n'en a pas encore vraiment sou-pesé les avantages et les inconvénients.

Les féministes au forum affirmentpresque d'une seule voix que les raisonsqui motivent les scientifiques à déve-lopper les NTR sont plutôt d'ordre éco-nomique ou pour des raisons de pres-tige, que pour des raisons altruistes«d'aider les victimes». La commercia-lisation des services de FIV est à lahausse; on voit s'ouvrir aux États-Unisdes succursales d'entreprises qui pré-tendent toutes à des taux de succès trèsélevés. Les média aidant, la publicitéofferte gratuitement à ces « succès » créechez le public en général le sentimentque la science est capable d'accomplirde grandes choses pour l'humanité. Onfait face aussi au phénomène grandis-sant de la location d'utérus, par lesmères porteuses. Cette pratique, quicomporte elle aussi des risques sur leplan de la santé des femmes qui s'ysoumettent, pose un problème sur leplan juridique et social. Quel rapportexiste-il entre cette pratique et les rap-ports de domination entre classes ouentre races? Qu'adviendra-t-il des en-fants au milieu de ce contentieux?Quand un donneur de sperme devient-ilpère et peut-il réclamer ses droits? Oùcommence la vie? Beaucoup de ques-tions, peu de réponses.

À un autre niveau, mais de façonsimilaire, les pays du tiers monde, etplus spécifiquement les femmes de cespays, qui ont servi à l'expérimentationdes médicaments et des contraceptifs(Depo provera, Dalkon Shield), pour-

Fille ou garçon ?Le diagnostic prénatal peut servir à des

fins autres que médicales. Des étudessociologiques réalisées dans plusieurspays confirment que la majorité des

couples préféreraient un garçon commepremier enfant.

Source: Enjeux, une publication conjointedu CSF et Les Publications du Québec.

ront aussi servir dans le cas des NTR.Bien que ces technologies soient desti-nées aux femmes blanches de la classeaisée des pays du Nord, on pourrait voirl'émergence de l'exportation d'em-bryons ou l'exploitation des mères por-teuses. Les techniques pourraient aussi

servir au contrôle des populations, pourfavoriser la natalité au Nord et la res-treindre au Sud. La pratique d'élimina-tion des enfants de sexe féminin estdéjà présente dans certains pays etpourrait augmenter grâce aux nouvel-les technologies de la reproductionhumaine.

En conclusion, je retiens les pa-roles d'Isabelle Brabant qui lors d'uneintervention au forum disait à peu prèsceci: «Pourquoi et depuis quand consi-dérons-nous la naissance, la vie, com-me un problème à résoudre plutôt quecomme un mystère à approcher? Nedevrions-nous pas apprendre à nourrirla vie, à la laisser aller, à accepter derencontrer l ' inconnu». IsabelleBrabant soupçonne que le but visé parles nouvelles technologies de reproduc-tion est de conquérir le pouvoir de créa-tion aux dépens des femmes et de l'hu-manité. 9

Nous reviendrons à nouveau surcet important débat au cours des numé-ros à venir. Si vous désirez faire connaî-tre votre opinion sur le sujet écrivez-nous. Le Conseil du statut de la femmea publié récemment Enjeux, une bro-chure d'une quarantaine de pages quipropose un ensemble de données sur cesnouvelles technologies de la reproduc-tion, de même qu'une bibliographie desécrits sur le sujet reproduite ci-contre.On peut se procurer Enjeux au coût de3,95$ auprès de: Les Publications duQuébec, C.P. 1005, Québec (Québec)G1K 7B5.

L'ACCORD DU LAC M EEC HLa FNFCF répond!

LA FÉDÉRATION NATIONALE DES FEMMEScanadiennes françaises (FNFCF), porte-parole desfemmes de langue française vivant en milieu minori-taire, demande que le texte de l'accord soit modifié pourqu'on y respecte, sans ambiguïtés, le droit à l'égalité desfemmes et le droit à la reconnaissance juridique descommunautés culturelles de langue française qui exis-tent à l'extérieur du Québec.

La Fédération se rallie à plusieurs des points appor-tés par l'Association nationale de la femme et du droit, leComité canadien d'action sur le statut de la femme ainsique la Fédération des francophones hors Québec etdéplore le peu de temps laissé à la population pour réagiraux propositions de l'Accord.

La FNFCF souhaite une consultation large, où lesfemmes sauront présenter leurs intérêts. Dans cetteoptique, la Fédération met en branle une campagne d'in-formation et de sollicitation à l'action politique auprèsde ces membres affiliés.

L'Accord du lac MEECH touche l'ensemble de nosmembres tant dans leur condition de femme que dansleur situation de francophone (hors Québec). Par nosactions nous développerons notre solidarité autant ducôté des groupes de femmes que de celui des associationsactivement engagées dans la promotion du français.

Pour plus d'information veuillez communiquer avecDiane Vachon, agente politique de la FNFCF1-613-232-5791.

Femmes d'action Vol.17 No 2 9

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FEMMES D'ACTION SE COLLECTIONNE ETSE CONSERVE DANS UNE MAGNIFIQUE RELIURE,LE SAVIEZ-VOUS?

PROFITEZ D'UNE SOURCE D'INFORMATION INESTIMABLE EN COMPLÉTANTVOTRE COLLECTION DES NUMÉROS ENCORE DISPONIBLES DE LA REVUE.Vol H no 4 Violence faîte aux femmes

(printemps/été 1985)•violence / pornographie /

sexisme

Vol 15 no 1 Politique(sept., oct, nov. 1985)• lobbying / politique et santé

Vol 15 no 2 La peur(déc, janv., fév. 1986)• peur des féministes / peur

du pouvoir.

Vol 15 no 3 Équité en matière d'emploi(mars, avril 1986)•action positive / qualité de

vie au travail

Vol 15 no 4 Femmes d'hier etd'aujourd'hui(mai, juin 1986)• du début du siècle à nosjours:

portraits de femmes

Vol 15 no 5 Des miroirs et des femmes(juin, juil., août 1986)• un regard sur nous-mêmes

Vol 16 no 1 Moi, les 15-25 ans(sept., oct, nov. 1986)• une incursion chez les

adolescentes

Vol 16 no 2 L'autonomie financière(déc, janv. 1987)• Se prendre en main, les enjeux

Vol 16 no 3 Le pouvoir(fév, mars 1987)• ce qu'en pensent celles qui

le côtoient

Vol 16 no 4 Notre santé(avril, mai 1987)• une analyse de la santé

mentale des femmes

Vol 16 no 5 La créativité et les femmes(juin, juil., août 1987)• dix-neuf artistes se racontent

Vol 17 no 1 Les femmes et la foi(sept, oct., nov. 1987)• un lieu de remise en question

La reliure FEMMES D'ACTION permet de conserver jusqu'à dix numéros de la revue — nous l'offrons à 5,95$ frais de poste inclus, avec cecoupon, jusqu'au 31 janvier 1988 — un rabais de deux dollars.

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10 Femmes d'action DÉC. 87 — JANV. i

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Témoignage

LA TERANGASÉNÉGALAISE

par Marie-Claire Paulin

Impressions de voyage

LE

dernier, Marie ClairePaulin du Nouveau-

^rmmiMmS(ï,'r- / 111 casion de poser les4 pi'erfs en terre afri~- ^m?**̂ !/* """" caine et d'y découvrir

une culture très inté-ressante. Elle a fait

partie d'une délégation de quatre personnes qui s'est rendueà Dakar au Sénégal. Le but de ce voyage de trois semainesétait tout d'abord de connaître les aspects économiques, cul-turels et sociaux de la vie sénégalaise et de procéder à unjumelage entre l'Amicale des anciennes de l'école normaled'enseignement technique féminin (Sénégal) et le Comitéd'orientation sur le développement international de l'Asso-ciation du Nouveau-Brunswick pour l'économie familiale(CODI-ANBEF)1. Elle livre ici ses impressions personnellesface à ce voyage des plus fascinant.

Ma première impression du pays a été sans aucun doutel'accueil sans pareil que nous avons reçu. Les gens sont trèsaccueillants et la «teranga» (accueil) sénégalaise nous asuivi tout au long du voyage: réceptions officielles, visites decourtoisie à des personnalités sénégalaises, chauffeur privé,fêtes traditionnelles, cérémonie de jumelage à l'Hôtel deVille de Dakar, etc. Les Sénégalais-e-s sont doté-e-s d'unechaleur humaine remarquable qui caractérise les diversesactivités auxquelles nous avons eu à participer.

Les Sénégalais-e-s accordent beaucoup d'importanceaux repas. Deux fois par jour nous étions invitées à déjeuneret à dîner dans des familles sénégalaises. C'était trèsimpressionnant! Tout d'abord on nous convie à la salle àmanger où nous devons alors enlever nos sandales avantd'aller s'asseoir sur la natte où la nourriture sera servie.Comme nous devons manger avec nos doigts, on nous inviteà se laver les mains dans un bol autour de la natte. Le repasest offert dans un grand bol commun contenant les metsnationaux. Il est ordinairement composé de riz, de mil ou decouscous, de légumes (pommes de terre, patate douce, auber-gines, tomates, choux, navets, carottes, manioc, etc.) et deviande (poulet, mouton ou poisson). Comme dessert, nousavons droit à une salade de fruits juteuse composée de man-gue, fraises, bananes, ananas et papaye. Quel délice! Enfin

vient la préparation du thé traditionnel que l'on sert en troisétapes. La musique et la danse au son de Youssou N'Dour ouTouri Kunda, chanteurs de renommée internationale,accompagnaient très agréablement nos repas.

Une chaleur humaine remarquable en tout temps.

Les Sénégalaises m'ont aussi impressionnée par leurélégance toute naturelle. Les «boubous» et les «pagnes»(robes traditionnelles) nous offrent une panoplie de couleursvives. C'est à se demander s'il y a deux tissus semblables.Les Sénégalaises sont reconnues comme étant les femmesles plus élégantes de l'Afrique, ce que nous avons pu consta-ter. Le rôle de la femme est aussi très différent du nôtre. Lamythique polygamie qu'accepté la religion musulmane aquelque chose d'étonnant vue de mes yeux d'occidentale. Lesgens sont très attachés à la tradition religieuse et culturelle.

Femmes d'action Vol.17 No 2 11

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Dans notre prochain numéro

Moi et l'autre(les relations humaines)

Des sujets comme :• La communication mère/fille• Vivre un divorce• Former une nouvelle famille• Choisir de ne pas avoir d'enfant

De plus :• Les soeurs grises en Alberta,

250 ans d'histoire• Le silence des médias,

nouvelle parution• Irène Mahé, 25 ans de

théâtre au Manitoba

À surveiller : sortie fin février prochain

Le retour: un choc culturel !Nous avons pu aussi observer un autre genre de famille

au Sénégal, la famille «élastique». Plusieurs membres de lamême famille partagent le même toit, les tâches quoti-diennes et, pour ceux et celles qui travaillent, les responsabi-lités financières. Il se vit alors un sens du partage très excep-tionnel. Les gens sont dotés d'une joie de vivre qui resteralongtemps gravée dans ma mémoire. Ils ont aussi un certain«culte de l'étranger» que l'on se doit de respecter.

La beauté et l'élégance des Sénégalaises.

Ce voyage m'a permis d'apprendre à connaître une autreculture. On parle souvent de «choc culturel» lorsqu'on vavisiter les pays du sud. Eh bien moi, ce choc culturel, je l'aivécu de retour au Canada. Je vois maintenant notre façon devivre sous d'autres yeux.

Je ne la critique pas, bien au contraire, mais je me ques-tionne souvent du «pourquoi» de nos attitudes de pays dit« développé». Je sais maintenant qu'il y a des gens qui viventautrement et aussi pleinement que je peux le faire auCanada. Ç& m'a aussi donné le goût de voyager davantage etde redécouvrir d'autres cultures, d'autres façons de vivre.C'est pour moi une nouvelle vision du monde. J'espère avoirl'occasion d'y retourner car c'est un peu comme si j'y avaislaissé quelque chose de moi-même. Ç

1. CODI-ANBEF étant un comité multidisciplinaire, la délégationnéo-brunswickoise était formée de deux économistes familialesJolaine Thomas et Charline Vautour, d'une infirmière HuberteGautreau et de Marie-Claire Paulin travailleuse sociale.

Précisions sur le SénégalLe Sénégal est situé sur la côte extrême ouest du conti-nent africain, dans le Sahel. Le Sénégal a une popula-tion de 6,7 millions d'habitants (1985). Composé enmajorité par les Ouolofs, les Sérères et les Peuhls, leSénégal a reçu son indépendance de la France en 1960.75% à 85% de la population du Sénégal est de religionmusulmane. Au niveau du gouvernement, le pays estgéré par un régime pluraliste et est considéré comme lepays le plus démocratique de l'Afrique de l'Ouest.

Marie-Claire Paulin est agents de liaison aux dossiers interprovinciaux de laSociété nationale des Acadiens. Elle est diplômée de l'École de service social deMoncton. Elle s'intéresse aux questions touchant les jeunes, la santé, lesfamilles d'accueil, les femmes maltraitées.

12 Femmes d'action DEC. 87 —JANV. I

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Entrevuepar Micheline Piché

AVOIR 20 ANS AUJOURD'HUI ETêtre analphabète est une situation im-pensable pour plusieurs. Le dévelop-pement d'un système public d'enseigne-ment donnant accès à chacune et cha-cun à un niveau raisonnable de scola-rité rend les analphabètes responsa-bles de leur ignorance. Pourtant, lesont-ils vraiment? Plus d'un facteurentre en ligne de compte et en milieuminoritaire le défi de l'alphabétisationtient non seulement de l'importance del'autonomie personnelle mais aussid'une fierté de sa culture.

En novembre 1985, un centre d'al-phabétisation populaire La Magie deslettres a vu le jour à Ottawa. Commebon nombre d'entreprises sociales etcommunautaires, cet organisme à butnon lucratif est l'oeuvre d'un noyau depersonnes bénévoles qui y ont travailléavec énergie. Cette année grâce à unesubvention du Ministère des affairesciviques et culturelles, le centre peut àl'instar de dix-neuf autres centres fran-cophones en Ontario offrir aux anal-phabètes Franco-Ontarien-ne-s l'occa-sion de remédier à une situation quilimite l'expansion de leur propre poten-tiel. FEMMES D'ACTION s'est entre-tenue avec la coordonnatrice de laMagie des lettres, Ginette Laganière.

Pourquoi le problème de l'anal-phabétisme est-il plus grave chezles francophones en milieu minori-taire que chez les non-franco-phones?

Il y a deux causes qui expliquentcette situation. D'abord cela relève del'Histoire même des Canadien-ne-sfrançais-e-s, des effets du RapportDurham et de la Conquête. En Ontario,il y a eu le Règlement 17 qui a empêchéles francophones d'être éduqué-e-s dansleur langue. Ainsi, un bon nombre n'apu bien maîtriser ni le français, ni l'an-glais. C'est sûr que le développementdes écoles publiques par la suite a aidémais le processus d'assimilation étaitquand même assez avancé.

L'autre explication est de naturesociologique. C'est-à-dire qu'avectoutes les transformations que l'indus-trialisation a apportées, il y a eu uneespèce de division culturelle du travailqui fait que les francophones se sontretrouvé-e-s à exercer des occupationsmanuelles. L'accès à l'éducation étanttrès élitiste seule une minorité de fran-cophones a pu en profiter. De là, lesrépercussions sociologiques face àl'importance ou la non-importance ac-cordée aux études en milieu populaire.

«J'AI OUBLIÉMES LUNETTESLIS POUR MOI»

L'analphabétisme chez les francophones

Femmes d'action Vol.17 No 2 13

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À cause despréjugésl'analphabète doitêtre deux foismeilleur-e pourconserver sonposte

On utilise aujourd'hui l'indice descolarité de moins d'une 9ièmeannée pour estimer le nombred'analphabètes mais selon desétudes, de plus en plus de jeunes quiont complété une 9e et 10e ou même12e année n'ont pas développéleurs habilités à lire et à écrire,pourquoi ?

Il y a toutes les critiques tradition-nelles du système d'éducation, de sonfonctionnement, des valeurs que l'on yvéhicule et face auxquelles le ou lajeune de milieu défavorisé ne s'identifiepas. Il y a la qualité de l'enseignementqui doit être identique en françaiscomme en anglais. Dans le systèmeactuel on peut, par exemple, par diverséchappatoires contourner les difficul-tés que l'on éprouve au niveau de lalecture, de l'écriture même jusqu'en 12eannée. Lorsque les acquisitons sontfragiles et que l'on n'a pas l'occasion deles utiliser on risque de les perdre. Il y aun entraînement qu'il faut poursuivredans l'usage de la langue écrite etparlée.

Voyant leur difficulté à utiliser lalangue française comme outil decommunication, les francophonesn'ont-ils pas plus tendance à utili-ser la langue anglaise?

Je pense que cela fait partie du pro-cessus d'assimilation où la langue fran-çaise est perçue comme difficile et sur-tout non rentable au niveau économi-que. Beaucoup vont appeler ça de l'anal-phabétisme culturel: tu ne possèdesplus ta culture, tu ne possèdes plus talangue. C'est un phénomène quiexiste... Pourquoi c'est comme ça? His-toriquement, l'anglais est la langue desaffaires, de la réussite, du succès. C'estune idée préconçue contre laquelle ilfaut lutter.14 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. 88

Les personnes qui décident de ve-nir dans un centre d'alphabétisa-tion francophone comme le vôtredoivent donc être convaincuesqu'elles viennent y chercher quel-que chose d'important.

Au départ, elles sont motivées parl'aspect pratique de leur apprentissage:savoir lire, écrire, se débrouiller seul-e,être plus autonome. Ici, on le fait enfrançais parce qu'il y a un principepédagogique qui veut que l'alphabéti-sation dans la langue maternelle c'estvraiment la situation idéale. C'est cequ'on explique aux étudiant-e-s. Mêmesi ils ou elles ne possèdent à peu prèspas leur français, c'est tout de mêmeleur langue maternelle et culturelle-ment parlant la communication écritesera pour elles plus facile à maîtriser. Àcela s'ajoute toute la dimension de l'i-dentité et la fierté culturelle qu'on peutarriver à développer dans un projet àlong terme.

Le gouvernement de l'Ontario, parses subventions aux organismescomme la Magie des lettres et sacampagne de sensibilisation cetautomne semble être plus sensibi-lisé que d'autres aux problèmes del'analphabétisme, qu'en pensez-vous?

Les pays industrialisés ont besoind'une population qui soit éduquée. Ledéveloppement technologique faitqu'on a de plus en plus besoin de per-sonnes qui utilisent bien la langue par-lée et écrite. C'est sûr que le gouverne-ment, à cause des incidences que celapeut avoir sur la production et l'écono-mie ne peut pas négliger ce problème-là.Il y a aussi tout l'aspect politique quientre en ligne de compte. Jusqu'à quelpoint et pourquoi le gouvernement apriorisé cet aspect, je ne saurais répon-dre. Reste que le développement socialet le développement économique vontde pair et il faut arriver à concilier lesdeux.

Quelles sont les particularités del'enseignement dans un centre d'al-phabétisation?

Le système scolaire actuel, bienqu'essentiel, est un système qui ne peutconvenir à tout le monde et c'est à ceuxet celles à qui ça ne convient pas ques'adresse notre centre. On essaie de voirpourquoi, de leur faire une place alorsqu'ailleurs ils et elles n'en n'ont pas.Pour faire de l'alphabétisation com-munautaire, il faut avoir de bonnesconnaissances en français, c'est sûr.Mais c'est au niveau des aptitudes etdes attitudes que tout se joue. L'ani-matrice-teur doit être une personneauthentique avec laquelle le ou la parti-cipant-e se sent à l'aise. Elle met l'ac-cent sur l'échange et l'apprentissagecommun. C'est-à-dire ce que l'un-e etl'autre s'apportent mutuellement.

L'alphabétisation populaire com-porte deux volets. Le politique quiamène le ou la participant-e à prendreconscience de sa propre dépendance etle social qui vise à sensibiliser la com-munauté et à créer une demande pourque les gens arrivent à une réinsertionsociale.

Outre le dépistage des personnesqui ont besoin d'aide la sensibilisa-tion du milieu est aussi très impor-tante?

Oui, car reconnaître un problèmede cet ordre là, ce n'est pas facile àadmettre. On remarque par exempleque beaucoup de personnes ont hésité àvenir au centre par peur que leur milieude travail n'apprenne leur handicap. Ilfaut se dire que l'analphabète doit êtredeux fois meilleur pour conserver sonposte à cause des préjugés à son égard.Il y a là toute une mentalité à changer.Ce n'est pas parce que la personne n'estpas bonne en lecture et en écriturequ'elle ne peut pas bien faire son tra-vail. Cela limite les possibilités d'avan-cement mais l'obstacle n'est pas in-franchissable et les réussites obtenuesdans les centres d'alphabétisation leprouvent bien. 9

Selon L'UNESCO, l'analpha-bète est «une personne incapablede lire et écrire en le comprenant,un exposé simple et bref de faits enrapport avec sa vie quotidienne».

D'autre part, dans une étudeintitulée Analphabétisme chez lesfrancophones hors-Québec, on sou-ligne que: peut être considéré com-me analphabète fonctionnel, unepersonne incapable d'exercer lesactivités pour lesquelles l'alphabé-tisation est nécessaire, en vue deson propre développement, dansl'intérêt et le bon fonctionnementde son groupe et de la communauté.

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Fiction

RUMEURS DE LA HAUTEMAISON

Extrait du roman de Gisèle Villeneuve

TIRÉ DU CHAPITRE «LE PAYS DENULLE PART», l'extrait gui suit meten scène pour la première fois les deuxcousines, Rachel et Jeanne. Leur odys-sée commence à l'ombre de la hautemaison pour se poursuivre, des annéesplus tard, en plein coeur de l'Himalaya.

En cet après-midi de juillet, c'estdans un paysage aussi irréel et aussicruel qu'elle s'imagine rencontrant sacousine Jeanne pour la première fois.Flora aujourd'hui, Oscar en mai etmême Rolande dont elle avait une peurbleue étaient venus chez Pearl pour luiparler de Jeanne, de Colette, d'Albert.

Chaque fois, sa mère avait envoyéRachel jouer dehors, mais l'enfant étaitrestée cachée quelque part pour écouter.La haute maison était pleine de Chi-nois, d'Indiens, de bouddhistes, d'hin-dous, de fakirs, de danseuses, de magi-ciens, de vaches sacrées et de tigresaussi, elle en était certaine. Colette etAlbert... deux noms à jamais insépara-bles, l'une n'étant jamais mentionnéesans l'autre... Colette et Albert dont lacompagnie s'appelait Les ProductionsCol-Bert... Colette et Albert aussi liésdans son esprit que Roméo et Julietteou Adam et Eve. Était-il possible quecet Albert qu'elle connaissait à peinesoit vraiment son père, comme le luiavait souvent répété Pearl? Elle nesavait plus. Peut-être Jeanne venait-elle d'Albert. Est-ce que ces choses-làétaient possibles? Elle n'avait pas oséposer la question à sa mère. Mais Pearlavait compris ces interrogations muet-tes et s'était empressée de dissiper ledoute qui se formait dans l'esprit del'enfant face à ses origines.

Elle lui avait raconté que Jeanneétait une enfant de l'amour, une enfantnaturelle. Rachel n'avait rien opposé àcette révélation, mais déjà l'explicationqui aurait dû tout clarifier amenait unnouveau doute. Rachel, lui avait assurésa mère, était née dans les liens dumariage. Cela voulait-il dire qu'elleétait une enfant de la haine, une enfantartificielle? Rachel, qui connaissaitbien les antonymes, découvrait le mon-de à travers ses contraires. Elle passaitson temps à courir d'un bout à l'autre dela maison en chantonnant: beau-laid,blanc-noir, en haut-en bas, français-anglais. À partir de ce jour-là, elle avaitajouté: amour-haine, naturel-artificiel.

Et le personnage de Jeanne prenaitdes formes étranges. Avec son titre bienen place, comme ces anciens et illustrespersonnages qui s'appelaient Jeansans Terre, Pierre l'Ermite, Guillaumele Conquérant, Charles le Chauve, quiétait-elle? Jeanne la Bâtarde. Avec lesmots lancés en son absence et ceuxlaissés muets dès qu'elle se montrait lebout du nez, Rachel avait fait un col-lage incomplet d'une Jeanne qui avaitvécu au pays des bêtes, dans un endroitnommé la Pointe-au-Loup-Blanc.

La tête bourrée d'images dispara-tes, Rachel, avec une craie rosé, fait lespremiers contours d'un dessin sur leciment du trottoir en face de chez elle.Elle voit en Jeanne un être fabuleux, unmélange d'enfant et de sorcière, de fem-me et d'animal, un être venu du pays denulle part. L'image prend forme sur le

SUITE À LA PAGE 42

«Elle voit enJeanne un êtrefabuleux, unmélange d'enfantet de sorcière, defemme etd'animal...»

Femmes d'action Vol.17 No 2 15

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THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

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Thérèse Boulin est cheffe du bureau de Sudburydu Commissariat aux tangues officielles. Elle aune formation en sciences politiques et porte unintérêt particulier aux dossiers féministes.

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16 Femmes d'action DEC. 87 — J A N V . j

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par Délie Gallien-Chiasson

PARLER DE BÉNÉVOLAT DANS LE CONTEXTE SOCIO-économique actuel de notre pays semble très peu rassurantpour un très grand nombre de femmes qui aspirent, avecraison d'ailleurs, à l'autonomie financière.

Dans l'habituel concert de louanges, se font entendreaujourd'hui, des notes quelque peu discordantes à l'endroitdu bénévolat. On le qualifie parfois de piège pour les femmes.La crise économique aidant les femmes bénévoles se fonttraiter de voleuses d'emplois et se voient donner le qualifica-tif d'exploitées.

Il semble bien que l'expansion du bénévolat coïncideavec l'expansion des compressions budgétaires. Donc, il s'ensuit que dans certains secteurs les personnes bénévoles, sur-tout les femmes, sont accusées de perpétuer des conditionssociales dites inacceptables, que les syndicats veulent corri-ger en revendiquant des conditions de travail raisonnables.Selon certains syndicats, les femmes bénévoles bloquentl'avancement de la cause. Des regroupements féministesaussi, tel que le «National Organization of Women» auxÉtats-Unis, dénoncent le bénévolat féminin comme une desformes les plus subtiles de l'exploitation des femmes.

Et pourtant, il n'en est rien pour de nombreuses autresfemmes qui défendent la position du bénévolat féminin etnous disent qu'il ne faut pas minimiser les avantages qu'ap-porté aux femmes cette forme d'implication sociale. C'estsouvent une première occasion pour elles de sortir de la mai-son, une occasion d'exercer une initiative pour améliorer laqualité de vie dans leur communauté, ou encore, ce qui estloin d'être négligeable, une occasion d'acquérir une forma-tion dans un domaine particulier qui souvent sert de trem-plin vers le marché du travail.

D'autre part, on fait miroiter des indices de difficultésqui viseraient le bénévolat. Moins de jeunes, dit-on, désirents'impliquer dans les associations. Les membres vieillissent!Les jeunes seraient-ils moins généreux? Les femmes devien-draient-elles égoïstes? La réponse serait sans doute due auxchangements dans les idées et dans les moeurs d'un mondede bouleversements et en constante recherche d'identité.

Des chiffres qui en disent longQuoi qu'on dise, le bénévolat est des plus florissant au

pays. Si on regarde du côté des dernières statistiques de 1981,2,722,000 Canadiennes et Canadiens, sur près de 12 millions,ont travaillé bénévolement en 1979-80. Et s'ils avaient exigéd'être rémunérés seulement au salaire horaire minimum dutemps ($3,50 dans l'ensemble du Canada) leurs activités quireprésentaient 374 millions d'heures auraient augmenté lePNB du Canada de plus de $1,3 milliards. L'enquête adémontré que ce sont encore le nombre de femmes qui domi-nent dans ce travail soit 16,2% contre 14,2% d'hommes et,quelque soit le sexe, ce sont surtout les adultes de 25 à 44 ansqui pratiquent le volontariat. Les domaines d'activités où ona exercé ce travail sont les suivants: Bien-être social 31,5%,Oeuvres religieuses 25,5%, Loisirs 24,1%, Éducation 16,3%,Santé 7,9%, Politique 4,4%, Civique et communautaire 3,2%,Divers 9.1%. Toutes ces activités sont exercées sous deuxformes de bénévolat reconnues, soit le bénévolat de service etle bénévolat d'engagement social qui incluent le bénévolatde pression et de revendication. Aujourd'hui, ouvert à tous, levolontariat affiche une étonnante vitalité qui a tout de mêmede quoi surprendre.

THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

UN TEMPSINCERTAIN

Regard sur lasituation actuelle

de l'action volontaire

Femmes d'action Vol.17 No 2 17

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Pour ou contre

Pourquoi donc, cet emballement pour le travailbénévole?

C'est tout simplement le besoin d'être utile, ce besoinvital d'être partie prenante d'un projet qui fasse appel à cequ'il y a de meilleur en nous.

Rien de surprenant, puisqu'il est de la nature même de lafemme et de l'homme de se réaliser dans leurs relations avec

Pas de politique d'ensembledu bénévolat au Canada,pourquoi?

LES BÉNÉVOLES, DESEXPLOITÉ-E-S!

DÈS MON ARRIVÉE EN ONTARIO EN 1954 JE MEsuis engagée au sein de diverses associations. C'étaitpour moi une bonne façon de faire plus ample connais-sance avec les gens. C'était bénéfique et je m'y sentais àl'aise.

J'ai ralenti mes activités bénévoles lorsque j'airepris l'enseignement. Dix ans plus tard, j'ai recom-mencé à faire du bénévolat tranquillement pour en arri-ver aujourd'hui à y consacrer presque tout mon tempslibre.

Je suis présidente du club «Soleil» de l'Âge d'or quicompte 500 membres. C'est une tâche assez ardue. Jetravaille aussi au sein du Conseil des Arts. Le tempsqu'il me reste, je le consacre aux services à la commu-nauté et à la pastorale paroissiale.

Le bénévolat pour moi est un enrichissement, uneraison de vivre et je ne saurais m'en passer. C'est aussiun bon remède contre l'ennui. C'est une richesse quipasse et que beaucoup de gens ignorent.

Cependant, je trouve que le bénévolat devrait êtrereconnu à tous les niveaux car c'est un besoin. Il y auratoujours une partie de la société qui nécessitera des ser-vices bénévoles et qui en est reconnaissante. Mais lespaliers de gouvernements eux en profitent, les entre-prises aussi et ce n'est pas juste! Souvent les bénévolessont exploité-e-s car pour ces gens-là c'est devenu unechose normale que nous donnions nos services à lacommunauté, c'est un «dû». Ce n'est pas une critiquemais une simple constatation dont nous sommestémoins tous les jours.

Raymonde Paradis de Hearst, Ontario

les autres. C'est un avantage plus qu'appréciable dans unmonde où l'anonymat et la solitude prennent des proportionsalarmantes et cela dans toutes les sphères de la société.

Considérant ce besoin de la femme d'être présente dansl'action communautaire bénévole, ce n'est pas sans frustra-tion de constater, qu'en marge de l'économie canadienneofficielle, il existe une foule d'activités considérées souter-raines et informelles parmi lesquelles le travail domestique,des femmes et son bénévolat sont comptés. Ces deux activi-tés quoique légales sont malheureusement non réglementéespar l'État. Il s'agit pourtant d'activités réelles mais sanséchange économique2.

Le bénévolat de type engagement social attire nombred'individues dans différents secteurs y compris les regrou-pements féminins pour l'évolution et la promotion de lafemme et qui met en relief le fait que leur action bénévole estun excellent facteur de progrès social.

Il n'existe pas de politique d'ensembledu bénévolat au Canada

A partir du fait que le gouvernement accepte de financerles associations bénévoles, l'État reconnaît le bénévolat et sefie, dit-on, un peu trop sur lui pour suppléer dans diversservices. Le gouvernement fédéral reconnaît égalementd'une façon spéciale l'apport de certaines personnes qui ontréussi à apporter des changements pour une meilleure qua-lité de vie dans leur milieu.

Il s'agit de la Médaille du Bénévolat Canada, unerécompense créée en 1974 par le Ministère de la Santé natio-nale et du Bien-être social. C'est une reconnaissance indivi-duelle pour la personne qui a canalisé ses énergies en vued'un mieux-être pour ses semblables. Là-dessus, ce Ministèremérite le coup de chapeau! Mais l'État ne peut-il pas fairedavantage? À ce que je sache, il n'existe pas de politiqued'ensemble du bénévolat au Canada — une politique qui,tout en encourageant les citoyen-ne-s à s'impliquer dansl'action communautaire, pourrait corriger en même tempscertaines anomalies que l'on connaît au niveau de l'assu-rance-chômage face aux bénévoles. Pourquoi pas en mêmetemps comptabiliser le bénévolat pour pouvoir en rendrecompte dans le PNB et offrir des crédits d'impôts ou encoredes crédits permettant l'accès aux collèges et universités.Après tout, le travail bénévole n'est-il pas la complémenta-rité de l'action gouvernementale par rapport à celle descitoyens? 9

1. Statistiques Canada 1981.2. Lire à ce sujet l'article de Diane Martin « Le travail au noir» paru

en avril 1986 dans le magazine Femmes d'ici.

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UNE FOIS DE TROP LES MEMBRES DU CLUB DES HOMMES D'AFFAIRESde Saint-Boniface ont dit NON à la présence des femmes au sein de LEUR club.C'est ainsi qu'est né Réseau en 1980.

À ses débuts Réseau s'adressait surtout aux femmes franco-manitobainess'intéressant aux affaires et à celles déjà actives dans ce domaine. Les membres sesont rencontrées d'abord pour partager leurs expériences et ainsi s'offrir le soutienmutuel que les hommes leur refusaient. Mais bientôt elles se soucient de formation.Par le truchement d'ateliers et de dîners-rencontres, elles cherchent à se renseignerdavantage en fait d'économie, de politique et de droit. Elles décident «d'aller versun avenir plus positif comme femmes dans la communauté franco-manitobaine»(La Liberté, sept. 1981).

Un an plus tard Réseau se donne ses premiers statuts et règlements. On yprécise le but de l'organisme qui est de rassembler toutes les femmes intéressées « àla condition de la femme et à son épanouissement personnel». On se propose de« sensibiliser les membres à la question politique non-partisane soit sur la scènenationale ou internationale» et «d'encourager les membres à donner une confé-rence sur leur profession, travail ou commerce». Les cadres s'élargissent graduel-lement. L'orientation féministe et politique se dessine aussi.

Tout en poursuivant sa programmation habituelle Réseau s'engage en plusavec d'autres groupes. Ainsi pour célébrer la journée internationale de la femme(1983) Réseau collabore avec Plurielles et la Ligue des femmes catholiques dansl'organisation d'un dîner-vigile au riz, au pain et à l'eau comme geste de sororalitéavec nos soeurs du Tiers-monde. La fête se poursuit le dimanche suivant dans unprogramme où l'événement le plus marquant est une marche dans les rues deSaint-Boniface, seconde manifestation de solidarité. C'est alors qu'au cours d'unrepas végétarien, notre invitée spéciale la Sénatrice Renaude Lapointe nous inviteà l'action au sein des mouvements des femmes francophones. Ce fut ma premièreparticipation à «notre» mouvement féministe.

L'année 1983-84 oriente Réseau vers l'action communautaire et l'action politi-que. L'organisme s'engage dans la revendication des droits de la femme à l'instardu Manitoba Action Committee on the Status of Women. De fait, Réseau étudie lapossibilité de modeler sa structure sur cet organisme anglophone. Cependant leconseil suivant, dont je suis membre, juge que la femme franco- manitobaine n'estpas la femme anglophone de Winnipeg et décide de rester avec une structure mieuxadaptée aux femmes « du côté français de la rivière ». Ce groupe opte aussi pour une

THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

QUANDLE BÉNÉ-VOLATSEPOLITISE

L'évolution d'un

organisme

d'engagement socialsensibilisation plus poussée, la sensibi-lisation étant un pré-requis à l'actionpolitique. Quand on demande desdroits il faut parler au nom d'un publicaverti et à l'appui.

C'est depuis cette période que Ré-seau revient continuellement à lacharge sur les dossiers brûlants de

par Ghislaine Lacerte

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Quand le bénévolat se politisel'heure: la violence contre la femme etsa cause trop fréquente: la pornogra-phie; le pouvoir politique; la femme enmilieu rural; l'équité salariale; la paix;la santé; les services de garde à l'en-fance; les femmes sur le marché du tra-

Au début, lerecrutement estlent... le seul mot«politique»effrayait.

vail; les objectifs et critères de finan-cement du programme de la promotionde la femme; l'éducation familiale etsexuelle. Enfin tout ce qui touche à lavie féminine mérite étude et action.

Donc, on prépare un dossier pré-électoral sur la situation de la femme.On écrit des mémoires, des lettres et desarticles. On reçoit les femmes des cen-tres ruraux à nos rencontres et collo-ques pour ensuite nous rendre chez-elles y semer de petits Réseaux. Notreprésidente actuelle, Cécile Rémillard-Beaudry, siège au Conseil consultatifcanadien sur la situation de la femmed'où elle nous rapporte les connais-sances acquises. Participantes à desconférences et congrès, les membresdéveloppent une certaine expertise etplus de confiance en elles-mêmes. Nousintervenons en faveur de femmes sou-mises à l'injustice... et nous gagnonscause! Nous rencontrons nos politi-ciens et nos chefs de file... et heureuse-ment il s'y trouve quelques femmes.Nous publions notre envoi trois ou qua-tre fois l'an. L'une des nôtres, directriceà l'O.N.F., nous file des films du studioD.; le théâtre Parminou joue chez-nous.Depuis ses débuts nous participons ac-tivement au Manitoba Women's Agendaqui regroupe des représentantes dequarante à cinquante organismes pro-vinciaux pour exercer un lobby auprèsdu gouvernement provincial en faveurdes femmes. Et j'en passe...

Pour abattre tout ce bouleau d'or-ganisation, d'action et de communica-tion, Réseau a dû faire ce que font tous

les organismes féminins: frapper à laporte du Secrétariat d'État. Le premieroctroi de 2 930$ a été accordé il y a 5ans; l'octroi de 1987 est de 38 000$.Grâce à cette subvention, depuis mars1985 Réseau bénéficie des services d'unecoordonnatrice, Gisèle Champagne,qui est aidée à temps partiel par desemployées contractuelles embauchéessurtout dans le cadre de divers pro-grammes d'emploi. En plus, à titrevolontaire, plusieurs membres appor-tent leur généreuse dose de temps,d'idées et d'effort.

Je voudrais souligner que les dé-buts de Réseau ont été lents, non entermes d'activité, ni d'action, mais enterme de recrutement des membres.C'est que le seul mot «POLITIQUE»effrayait. Ce domaine appartenait aux

UNE QUESTIONDE FIERTÉ

J'AI PRÈS DE QUINZE ANS DEbénévolat derrière moi, c'est ça quime fait vivre. Au cours des années,je me suis engagée dans différentssecteurs; l'éducation avec le projetFoyer/École, le communautaireavec des cours aux adultes, le Fes-tival Acadien, la condition fémi-nine avec l'Association des Aca-diennes de la région Évangéline etautres. Ces divers engagementsont été pour moi l'occasion d'ap-prendre, de rencontrer des gens,d'augmenter ma confiance en moi.Je retire beaucoup de fierté d'untravail réussi et lorsqu'il ne l'estpas, c'est le moment d'apprendre etde faire mieux par la suite.

J'ai deux enfants de 11 et 13ans et je travaille à temps plein. Jeconsacre environ trois soirs parsemaine au bénévolat et commemon conjoint aussi fait de l'actionbénévole, on s'organise. D'ailleursl'esprit communautaire est fortdans notre paroisse il existe plu-sieurs coopératives où les gens fontdu bénévolat. Mes seuls regretssont que les jeunes ne s'y intéres-sent pas assez et que le gouverne-ment ne reconnaisse pas suffisam-ment l'action volontaire.

Élise Gallant de l'Ile duPrince-Edouard

hommes. Il y avait les connotationspéjoratives possibles. Il semblait sug-gérer de la difficulté: s'adresser à desgros bonnets, se mettre à blanc, parleren public,... si bien que pour un tempson a évité ce mot ou quand on devaitl'employer on parlait de politique avecun «p» minuscule, de politique quoti-dienne... ce qui est tout de même impor-tant dans la pratique. Cependant, àforce d'explication et de sensibilisationde toutes parts, le mot a perdu de samenace et nous sommes présentement50 membres avec en plus beaucoup departicipantes aux activités, donc plu-sieurs intéressées. Le fait est que plusnous recevons de collaboration volon-taire plus il se fait de travail.

À part la crainte du terme « politi-que» il nous a fallu réagir à certainespressions. Notre journal hebdomadairea adopté un ton négatif dans ses repor-tages du début: «Le réseau de femmesse cherche encore », « La solidarité soro-rale n'a pas marché», «C'était aussiune occasion ratée». Ces boutades ontpoussé les femmes à prendre la plume...et éventuellement le journaliste s'estreplacé et les femmes ont pris leurplace... dans le journal. Un mal pour unbien sans doute!

Et puis il faut revenir au Secréta-riat d'État. Au cours des dernièresannées une pression s'est fait sentir dece côté pour l'amalgamation de Plu-rielles et de Réseau. Plurielles a le man-dat d'offrir des services aux femmesfranco-manitobaines alors que Réseauest chargé du lobby. Nos conseilsd'administration ontdes ordres du jourbien différents. Comme l'amalgama-tion semblait surtout une questiond'argent et que les femmes ne font quecommencer à recevoir leur petit mor-ceau du gâteau «finance», comme nosdeux organismes féministes font le pen-dant d'environ une centaine d'organis-mes anglophones chacun avec son butparticulier et son budget particulier,Réseau tout en continuant à collaboreravec tous les organismes féminins a crubon de garder son identité pour mieuxaccomplir la tâche qui lui est propre. Etcette tâche nous la voyons toujoursdans l'action politique (c'est le moyen)en vue de justice sociale (c'est le but).Dans cette poursuite nous avons adop-té une devise positive: «RÉSEAU ESTPOUR». Nous sommes pour le mieux-être de la femme, donc pour l'enfant,pour l'homme, pour la famille, pour lasociété en général. 9

Ghislaine Lacerte est la 1ère vice-présidente deRéseau.

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«LE SECTEUR VOLONTAIRE EST D'UNE IMPORTANCEsi fondamentale pour les Canadiennes et les Canadiens quesa présence, comme le lever du soleil, semble souvent aller desoi. » } II est à ce point inscrit dans nos moeurs que beaucoupd'entre nous avons conservé une idée très conservatrice del'action volontaire et de celles et ceux qui l'exercent dans cepays. Pourtant ce secteur d'activité n'a cessé d'évoluer et setrouve aujourd'hui à un point tournant. Il se dit prêt à«assumer un rôle encore plus influent dans la société».2

Andy Cohen est président de la Coalition des organisa-tions nationales bénévoles (ONV) qui a été mise sur pied en1974, entre autres, pour exercer des pressions auprès du gou-vernement afin que soit reconnue, à sa juste valeur, l'actionvolontaire. Les ONV regroupent aujourd'hui plus de 130organismes qui oeuvrent dans des secteurs tels : la santé, lacondition féminine, le développement, l'éducation, etc.

Le volontariat: un budget de six milliards $Dans un mémoire présenté à la Commission parlemen-

taire MacDonald en 1984, la Coalition des ONV soulignaitl'importance du rôle joué par le secteur volontaire dans ledéveloppement économique et social du Canada. Cette assu-rance, de dire M. Cohen, provient du secteur lui-même.«Celui-ci est convaincu de son apport à l'économie. Il y apresque six milliards de dollars qui passent par le volonta-riat chaque année. Tout près de 400,000 employé-e-s travail-lent pour des organismes bénévoles, en plus de l'apport desbénévoles eux-mêmes.» Au point de vue économique uni-quement cette contribution est de grande valeur pour le pays.Cependant, bien que les ONV tentent de promouvoir depuisleur fondation des politiques gouvernementales cohérenteset positives à l'égard de ce secteur, vu de l'extérieur on al'impression que les résultats sont minimes ou peu percepti-bles. Cela tient, semble-t-il, de la complexité de l'appareilgouvernemental et probablement du caractère inovateur desdémarches entreprises par les ONV. «Le gouvernementactuel est sympathique envers nos demandes,» d'ajoutermon interlocuteur, «malheureusement pour que le gouver-nement réagisse et agisse, il faut des ajustements aux pro-grammes de différents ministères fédéraux. Par exemple, il ya tous les programmes des ministères mis de l'avant enfonction de l'industrie, ces programmes ne sont pas disponi-bles au secteur volontaire. Il nous faut donc discuter projetpar projet afin d'analyser les moyens par lesquels nous pour-rions être éligibles.» Ce sont des démarches très compli-quées, chacun étant régi par différentes lois et règlements».

Des changements aux politiquesde Revenu Canada

De son côté les organismes bénévoles s'affirment-ilsavec assez de force pour faire reconnaître le bien fondé deleurs actions et des causes qu'ils défendent en dehors ou àl'intérieur de la coalition. Pour Andy Cohen, le succès obtenujustifie l'effort. «Il est difficile, dit-il, de mesurer le poidsnécessaire pour qu'un changement soit effectué. Il faut ytravailler longtemps alors lorsqu'il y a une réussite on se ditqu'on y a mis assez d'efforts. Mais c'est sûr, ajoute-t-il, qu'il ya des craintes face à l'engagement politique de la part desorganismes parce que les règlements de Revenu Canada,jusqu'à ce moment en tout cas, sont très forts là-dessus. Il y ades organisations qui ont peur de poser des gestes à teneurpolitique ou vu comme tel.

On a cependant travaillé avec Revenu Canada sur cesujet et on a pu faire changer certains règlements. Mainte-nant les organismes de charité enregistrés ont le droit d'agir

—•THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

UN PIEDDANS LA

PORTELe lobby de la coalition des

ONV (Organisations

Nationales Volontaires)

par Micheline Piché

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Un pied dans la portepolitiquement si leurs actions vont dans le même sens queleur but officiel. C'est un fait qui n'est pas encore bien connuet qui a nécessité de longues discussions ». Une réussite dontles ONV peuvent être fières et qui est un exemple de lacomplexité du travail qu'ils exercent auprès du gouverne-ment. Car de nos jours un organisme de charité ne se vouepas nécessairement aux bonnes oeuvres, il travaille souventà transformer les structures pour qu'on en arrive à un sys-tème social et économique plus juste pour l'ensemble de lacollectivité. «Reste», de souligner Andy Cohen, « qu'il existetoujours un problème avec la définition de fins charitablespour ce qui est des organismes bénévoles qui ne sont pasenregistrés. Nous travaillons depuis cinq ans sur ce sujet, aucours des trois premières années, nous nous sommes occupésde convaincre le gouvernement et depuis, un comité consul-tatif discute avec le gouvernement dans le but de régler lesquestions techniques.»

100 millions $ en subventionsaux organismes bénévoles, c'est bien peu!

L'idée d'atteindre une certaine autonomie financièrepour les organismes volontaires est devenue, ces dernièresannées, une préoccupation majeure. Diversifier ses fondspour éviter l'effondrement en période de compressions bud-gétaires gouvernementales est, pour beaucoup, une lame àdeux tranchants. Car cela encourage l'esprit d'entreprise etreçoit l'appui du gouvernement, mais les organismes necourent-ils pas le risque de se voir réduire d'autant leurssubventions? Andy Cohen y voit aussi un danger: «Lors-qu'on suggère aux organisations d'être plus indépendantes,cela donne une excuse au gouvernement pour baisser le mon-tant des subventions mais d'un autre côté, le niveau desoctrois n'est pas très haut. L'argent qui est investi par legouvernement, en tout, est à peu près 100 millions $ parannée dans un budget global des organisations de 6 mil-liards $, alors il y a une grande différence! Si on se dit100 millions $ ce n'est pas beaucoup, on ne veut pas que çabaisse. D'un autre côté, ça ne montera pas à 6 milliards $ nonplus. Le problème, c'est plutôt de savoir où trouver le reste.C'est un risque que de travailler avec le gouvernement afinde développer un plus grand esprit d'entreprise mais il y aaussi un danger de ne pas le faire. Il faut trouver un équilibreentre les deux. Même si ce gouvernement est un peu plusorienté vers le secteur privé, il faut être très vigilant. Il nefaut pas ré-orienter une organisation vers des gains finan-ciers qui sont différents de son propre état: être à but nonlucratif. On ne veut pas faire un secteur privé du secteurbénévole. Pour moi le coeur du secteur volontaire ce n'est pasla philanthropie mais le travail fait par les bénévoles.»

Les personnes volontairesenlèvent-elles des emplois?

Certain-e-s bénévoles qui oeuvrent dans des domainestels la santé et les services sociaux se retrouvent ces der-nières années au coeur d'une situation assez délicate. Dû auxcoupures budgétaires les administrations publiques privati-sent ou remettent au secteur volontaire des services aupara-vant fournis par des travailleurs et des travailleuses. LaCoalition s'est aussi penchée sur cette question mais il sem-ble que le débat soit toujours ouvert. « C'est une situation quichange de jour en jour» d'annoncer Andy Cohen, «parexemple, des provinces encouragent le secteur bénévole àprendre des contrats pour donner des services. Dans ces cason se demande: Qui sont les clients de l'organisation, legouvernement ou les gens qui reçoivent le service? Quel est lerôle des employé-e-s, des syndicats?» Ces questions sont à

l'étude. Comme le phénomène est assez récent, il faut voirdans quels cas cela cause un problème et dans quelles situa-tions cela s'est avéré un succès. Pour les ONV il s'agit d'unepart d'améliorer la relation de confiance entre le dirigeantsdes syndicats et le secteur bénévole et d'autre part de regar-der de quelle façon on peut arriver à solutionner les pro-blèmes. Pour l'instant le Comité permanent des servicessociaux du Congrès du Travail du Canada étudie ce dossier.

Chercher un appui plus vaste du publicDe toutes les démarches effectuées par les Organisa-

tions nationales volontaires, une est considérée comme pré-dominante et constitue la vision d'avenir de la Coalition:élargir considérablement la base de la philanthropie. À ceteffet, l'un des moyens proposés est l'amélioration des encou-ragements fiscaux car la loi actuelle d'impôt sur le revenun'incite pas les petits et moyens salarié-e-s à donner. LesONV font, depuis dix ans, la même proposition au gouver-nement fédéral. Celle-ci vise à modifier la loi pour que lescontribuables puissent avoir un crédit de taxe plutôt qu'unedéduction et ce peu importe l'organisme bénévole, enregistréà des fins de charité ou non. Mais Andy Cohen est optimisteet semble-t-il, le ministre Michael Wilson a proposé deschangements au système d'impôt qui vont dans le sens deceux proposés par les ONV. « C'est une grande étape dans labonne direction, me dit-il, mais ce n'est pas fini encore... et leslois ne sont pas là.»

Pour aller chercher un appui plus vaste de la part de lapopulation, il faut aussi que le secteur bénévole connaisseses forces et ses faiblesses. En ce sens, les enquêtes effectuéespar Statistique Canada pour le compte du Secrétariat d'Étatseront une aide vitale pour les ONV. « On a beaucoup insistépour que ce soit fait. C'est un début qui nous permettrad'obtenir un portrait de base à propos des bénévoles. On n'ajamais fait d'études de la sorte jusqu'à présent. Saviez-vous,par exemple, que le taux de chômage était de 15% parmi lesgens intéressés à faire du bénévolat mais que l'on ne sollicitepas ? »

S'il y a près de 3 millions de personnes bénévoles auCanada peu de Canadiennes et Canadiens le savent. « C'estvrai», me répond Andy Cohen, «je crois que ce n'est pas trèsbien connu du tout. Nous travaillons conjointement avecCentraide et le Centre canadien de philanthropie à un projetpour mieux faire connaître l'action volontaire. Mieux ce seraconnu, plus de gens soutiendront les organismes de façonmonétaire ou en donnant de leur temps.» 9

Pour plus d'information au sujet des ONV, on peut écrire au 275rue Bay, Ottawa, KIR 5Z5. (613) 238-4079.

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ACTIONVOLONTAIRE

POUR BIEN FAIRESA PART

S'informer avant de s'engager

par Margo Mi chaudL'ISOLEMENT CULTUREL QUE JEvivais dans ma région m'a amené àm'engager socialement. J'ai alorstrouvé appui auprès de diverses asso-ciations francophones. Les nombreu-ses heures que j'ai offertes au bénévolatm'ont apporté un épanouissement per-sonnel dépareillé. Je me sens valorisée,ma confiance en moi s'est accrue et j'aipu acquérir des compétences dans plu-sieurs domaines. J'ai reçu, par exem-

POUR UNEVRAIE SOCIÉTÉUNE SOCIÉTÉ SANS BÉNÉVO-lat deviendrait une société déshu-manisée. C'est une action néces-saire car sans elle, il n'y a pas devraie société.

Je fais du bénévolat depuisplusieurs années déjà. Je me suisjointe au comité liturgique de notreparoisse, je chante dans la choralede l'Église et j'ai travaillé aucomité paroissial de même qu'àtitre de secrétaire au comité dedanse folklorique. Le bénévolat mevalorise et c'est pour moi une expé-rience très enrichissante puisqu'ona toujours à apprendre de la vie.

Ghislaine Martel de St-lsidoreen Alberta

Le support etl'encouragementdes siens estimportant

pie, de la formation sur la façon d'ani-mer une réunion, la préparation dedemandes de subventions, l'organisa-tion et l'animation d'activités socio-culturelles, le pourquoi et le commentde la revendication, etc.

Si le bénévolat exige un engage-ment personne], il exige aussi un enga-gement familial. Comme il m'est arrivéde détenir un poste où les responsabili-tés étaient directement liées à la réali-sation des objectifs de l'associationdont j'étais membre, ces responsabili-tés demandaient beaucoup de temps depréparation. Elles nécessitaient aussil'encouragement de la part de monconjoint, mes consoeurs et mes con-frères. Du côté de la famille et du foyer,il y avait souvent des conflits d'horaireavec mon conjoint ce qui me causait denombreuses inquiétudes et un senti-ment de culpabilité surtout en ce quiconcerne le soin des enfants.

Un autre élément qu'il est impor-tant de connaître et que mon expériencem'a appris, est la connaissance du fonc-tionnement de l'organisme dans lequelon désire oeuvrer.

Quelle est sa philosophie, sa raisond'être? Existe-t-il une constitution oudes règlements? Quel en est le pland'action, les objectifs? Quelle en est lahiérarchie? Quelles sont les tâches desemployé-e-s? Quelles sont les respon-sabilités du poste que je comble ? Quelleest la fréquence des réunions? À l'aidede ces renseignements, il est ensuiteplus facile de prendre une décision etd'accepter ou de refuser de s'engager.

En acceptant de siéger au seind'une association, on assume la res-ponsabilité d'assurer la réalisation desobjectifs et le bon fonctionnement decelle-ci. Il ne faut pas hésiter à s'infor-mer au sujet de la formation qu'offrel'association pour aider la bénévole àeffectuer ses tâches. Il est utile aussi deconnaître les politiques de rembourse-ment des dépenses de l'organisme.

On adhère à une association pourdiverses raisons, qu'on s'y sente obligé-een raison de nos enfants, du manqued'activités culturelles, de loisirs ou au-tres ou qu'on le fasse par soucis d'amé-liorer notre qualité de vie, toutes les rai-sons positives sont valables. Les orga-nismes ont besoin de personnes quipeuvent offrir de leur temps et de leurexpérience. Avec moins de 20% de lapopulation canadienne engagée dansl'action volontaire, c'est évident qu'ilexiste un besoin réel et urgent de «fairesa part».9

Margo Michaud occupe le poste de coordonnatrice aucentre culturel Maillard de Gravelbourg en Saskat-chewan. Elle est infirmière de profession, et fait del'action volontaire depuis plusieurs années.

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ACTIONVOLONTAIRE

DESANTENNES

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SE REGROUPER EST UNE CHOSE, SE STRUCTURERen est une autre. Cela fait partie de l'évolution de tout groupeet aide à faire valoir auprès de bailleurs de fonds, le sérieuxde son action auprès de la communauté. À première vue lachose peut sembler complexe et onéreuse mais si l'on yregarde plus attentivement on se rend compte que l'incorpo-ration c'est plus simple qu'on le croit ou qu'on nous faitcroire. France Picard siège au Conseil d'administration de«Radio-Huronie» et raconte l'expérience qu'elle et ses con-soeurs et confrères ont vécu au cours des derniers mois.

La petite histoire d'uneincorporation

par France Picard

L'idée d'une radio communautaire à Penetanguishene agermé il y a déjà quelques années lorsqu'un groupe de gensintéressés se sont réunis afin de planifier ce qu'allait êtreRadio-Huronie FM communautaire inc. Au début, on s'estattardé à procéder à une étude des besoins existants et par lasuite à une étude de faisabilité. Ces démarches ont pris plu-sieurs mois et les résultats ont démontré qu'il y avait effecti-vement un intérêt pour une radio francophone en Huronie. Àce moment la radio était un projet de l'ACFO régional et parla suite du «Centre d'activités françaises» un organismeincorporé. Les communications avec l'extérieur, auprès desorganismes gouvernementaux ou autres se faisaient par leurintermédiaire.

La naissance de Radio-Huronie passait par l'obtentionde temps d'antenne de Radio-Canada. Lors de ces négocia-tions, la société d'État exigeait qu'on lui démontre le sérieuxde notre intention et la stabilité du groupe. Une nouvelleétape vers la réalisation du projet s'imposait: l'incorpora-tion. Elle avait pour but principal de donner de la crédibilitéà notre plan auprès de la communauté, des gouvernements etdes autres intervenants. Fait non négligeable, cette démar-che facilitait le fonctionnement du comité en lui fournissantun encadrement.

Le chemin emprunté pour incorporer notre radio a étésinueux. Au départ nous avons consulté des avocats de Pene-tanguishene sans grand succès. Ils ne semblaient pas accor-der d'importance à notre dossier pour des raisons que nousn'avons pas bien comprises. Nous avons donc décidé deconsulter un avocat francophone à Toronto. Il accepta d'en-treprendre les démarches moyennant des honoraires va-riant de 600$ à 800$. Choquées de ce coût élevé, nous avonsdécidé de poursuivre ces démarches nous-mêmes en consul-tant le ministère de la Consommation et des Corporations.Le Ministère nous a fait parvenir la procédure à suivre et lesformulaires appropriés. Il fallait tout d'abord s'assurer del'originalité du nom. Les coûts de la recherche s'élevait à 50$.Cela fait, il fallait remplir le formulaire en respectant la loisur les corporations qui définissait le nombre de responsa-bles, les objets etc. et le faire parvenir au Ministère accompa-gné d'un chèque de 110$ Nous avons reçu notre incorpora-tion quelques semaines plus tard, en février 1987.

Depuis lors, nous diffusons quelques heures par semainevia le réémetteur régional de Radio-Canada. Le Conseild'administration a soumis une demande d'un permis d'ex-ploitation d'une station indépendante. Nous pouvons main-tenant bénéficier des programmes et des subventions dediverses institutions gouvernementales.

L'incorporation s'est avérée une étape décisive dansl'implantation de la première radio-communautaire franco-phone hors Québec. 9

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ACTIONVOLONTAIRE

RETRAITEE... OUI!INUTILE... NON!

Faire bénéficier les autres de son expérience

par Gisèle RichardPARTOUT ON ENTEND PARLERde bénévoles, de décorations donnéespar des organismes ou des gouverne-ments à des personnes ayant oeuvré 10,15 ans en bénévolat. Il y a des cours deformation pour bénévoles, des initia-tions de bénévoles, des certificats enanimation de bénévoles. Les mots«bénévole» et «bénévolat», sinon le faitlui-même, sont partout à la mode... celafait nouveau... cela fait chic!

Pourtant le principe est vieux com-me le monde. Dans mon temps quandune grange brûlait on organisait une«bée» et pendant que les hommesreconstruisaient, les femmes cuisi-naient... Vous souvenez-vous de ceréseau d'entraide qui se mettait enbranle dès que l'on annonçait une nais-sance, un décès ou encore une catas-trophe? L'on savait s'organiser, la cha-rité chrétienne nous dictait quoi faire etcomment faire...

Le besoin d'être aimées, accep-tées, utiles:

«Le bénévolat quossa donne?»dirait Deschamps. Pour les retraitées etles personnes âgées, le bénévolat —geste libre et gratuit posé par choix, pargoût et par intérêt — est une excellentethérapeutique contre le danger dustress, de l'ennui et de la solitude. Jouerau bingo et aux cartes, regarder la T. V.,voyager c'est bon mais personne nepeut y employer le reste de sa vie. Nousavons toutes besoin d'être aimées, ac-ceptées, de nous sentir utiles. Le béné-volat apporte cette valeur de gratuité etde liberté.

L'action volontaire développe aus-si le sentiment d'appartenance à lacommunauté. Une grande tentation dela retraite c'est de se retirer de l'actionet chercher le confort. «J'ai bien asseztravaillé pour mériter maintenant deme reposer» «J'ai élevé toute ma fa-mille, maintenant je pense à moi et jeme gâte.»

Il y a certes beaucoup de vrai dansces dictons mais ce qui est non moinsvrai c'est que si je m'arrête trop vite, sij'accroche trop tôt mon tablier, je risque

•tu»

À la retraite on a le tempsd'offrir et de recevoir.

de tomber dans l'isolement et la sensa-tion d'inutilité qu'elle engendre. Dansnotre société de consommation, il esttrès facile de sauter aux conclusions: jene suis plus productive, donc je suisinutile. Dans une société capitaliste, neplus rapporter, ne plus gagner c'est êtreinutile.

La personne d'âge mûr de par sonexpérience, sa disponibilité et sa gé-nérosité est tout indiquée pour assumercette vocation spéciale qu'est le bénévo-lat. Se sentir utile est une des richesses

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Retraitée... oui! Inutile... non!

Être à la retraitene signifie pas«mis augarage»... Nousavons tant dechoses à appor-ter aux autres.

que l'on peut se permettre de développerà cet âge. N'étant plus attachée auxdevoirs qu'engendrent la famille, lapersonne à la retraite peut se payer leluxe d'être bénévole. Parce qu'elle peutêtre utile à l'autre sans être obligée depenser à ses besoins immédiats, ellepeut servir en toute liberté.

L'amitié est un besoin fondamen-tal à tout âge mais peut être encore plusdurant la vieillesse car nous sommesalors plus vulnérables, plus portées àl'ennui. Après une vie mouvementée, sil'on ne comble pas le vide cela peutdevenir un vrai cauchemar.

Être actif et productif est un besoinprimordial de la personne. Être à la

retraite ne signifie pas «mis au ga-rage»... Nous avons tant de choses àapporter aux autres et le bénévolat peutcombler ce besoin d'activités. Il fautdemeurer actifs pour ne pas s'ankylo-ser, il y a tant d'endroits où il est possi-ble de s'aider en aidant les autres, des'épanouir dans le don gratuit.

Le luxe des retraité-e-sLe travail accompli après la re-

traite, c'est celui que l'on fait par goût etpour se faire plaisir. Je n'ai plus à cal-culer et à ménager mon temps et mesénergies, je puis les employer comme ilme plaît, où il me plaît et quand il meplaît. Je peux enfin me gâter et mepayer le luxe des retraitées: le bénévo-lat. Ce bénévolat sera une occasion deme satisfaire personnellement, de m'épa-nouir, de me réaliser. Je pourrai enfintravailler dans des domaines qui m'é-taient jusque là fermés et dans lesquelsj'avais toujours rêvé d'oeuvrer. Et celaje le ferai en me sentant utile et en mefaisant plaisir.

Se découvrir des talentsUne des plus belles et des plus

riches récompenses du bénévolat c'estjustement le fait de se découvrir tout àcoup des talents pour toutes sortes dechoses. Comme les bénévoles sont desdenrées rares (et précieuses) celles quioeuvrent se voient obligées par les cir-constances à assumer des tâches nou-

UN ACCOMPLISSEMENT DE SOIJ'AI PASSÉ PRÈS DE LA MOITIÉ DE MA VIE À FAIRE DU BÉNÉVOLATet je continue. Pendant mes études j'ai oeuvré auprès de divers organismesartistiques, culturels et d'éducation. Comme je suis enseignante, mon bénévo-lat est relié à ma carrière. Mon engagement se situe au niveau de regroupe-ments culturels, sociaux, religieux, politiques, de santé et d'éducation.

Cette participation à des activités volontaires m'apporte une grande satis-faction, celle de pouvoir aider à d'autres personnes et d'en connaître denouvelles.

Faire du bénévolat est une éducation en soi! J'apprends sans cesse! Letemps passé au bénévolat est le meilleur professeur possible. Toute l'expérienceque l'on y acquiert ne peut s'enseigner au collège ou à l'université. À mon aviscette expérience doit être prise en considération lors de l'embauche d'unepersonne.

Lorsque j'étais plus jeune, je me demandais pourquoi ma mère était enga-gée à tant de causes. Si je me suis intéressée au bénévolat pour faire comme elle,aujourd'hui je réalise que c'était un besoin d'accomplissement de soi.

Gisèle Desrosiers de North Bay en Ontario.

velles et variées et comme elles y met-tent tout leur coeur et tous leurs efforts,elles réussissent le tour de force d'excel-ler dans des fonctions pour lesquelleselles ne se savaient pas d'aptitudes.

Comment cela se fait-il? Ce sontparfois des talents enfouis «J'ai tou-jours voulu, j'ai toujours eu le goût... jeregardais les autres etc... faute detemps (ou d'argent) il m'a fallu renon-cer... D'autres fois ce sont des expé-riences indirectes: «J'étais intéresséedans... j'observais beaucoup, je lisaissur le sujet».

Pour certaines, c'est le fait d'êtredéchargées des responsabilités fami-liales. Enfin elles peuvent devenir unepersonne à plein temps sans avoir àtoujours penser d'abord aux enfants, àla maison. Il est bon d'avoir le temps depenser aussi à soi, de développer sestalents, ses aptitudes et de les fairefructifier en les mettant au service de lacommunauté.

Joie de l'entraide:Quand j'aide une aveugle à faire sesemplettes, j'apprécie mes yeux même siavec le temps ma vue diminue. Je n'ou-blierai jamais le soir où je participais àune danse pour handicappé-e-s physi-ques. Quel entrain! quelle joie! Et jeregardais cette jeune fille sourde etmuette qui faisait « danser» ce vieillarden chaise roulante, l'aveugle qui val-sait avec un manchot. L'orchestre secomposait entre autres d'une accordé-oniste souffrant d'arthrite, d'un pia-niste et d'un violoniste tous deux at-teints de cancer très avancé... Maisqu'à cela ne tienne grâce à l'entraide lajoie fusait de partout et tous oubliaient,pour un soir, leurs maux et leurs pro-blèmes...

Car c'est là le point fort du bénévo-lat, sa raison d'être la cause de son suc-cès: L'ENTRAIDE. Personne n'est tropvieux, trop malade pour donner un petitcoup de pouce, un conseil, un encoura-gement. Tous peuvent aider à leurmanière et selon leurs capacités...

Le bénévolat n'est certes pas lapierre philosophale ou une panacéemais c'est la meilleure découverte dusiècle... celle qui sortira l'humanité deson égoïsme et la tournera à nouveauvers l'idéal chrétien. 9

Gisèle Richard est religieuse de la CongrégationSainte-Croix. Bénévole à plein temps, elle est res-ponsable d'une maison de partage chrétien pourjeunes fi l les; membre de plusieurs C.A., présidentedu Conseil sur le vieillissement d'Ottawa-Carleton,animatrice communautaire et autres.

26 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. I

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Le prix bénévolat Canada — Madame Claire Mallet, à gauche, reçoit le certificat et lamédaille du prix bénévolat Canada qui lui sont remis par le ministre de la Santé et du

Bien-être social du Canada, l'Hon. Jake Epp.

SHIPPAGAN—LE 11 JUIN 1987, CLAIRE MALLET DE SHIPPAGAN RECE-vait le Prix bénévolat Canada, décerné par Santé et Bien-Être social Canada. C'estle Cercle des Dames d'Acadie de Shippagan qui avait soumis sa candidature pourrecevoir ce prix accordé simultanément à 33 autres Canadiennes et Canadiens.

«Lorsque j'ai reçu cette marque de reconnaissance, dit-elle, ça m'a touchée dufond du coeur. En mémoire j'ai alors revu toutes les personnes qui ont travaillé avecmoi au cours de ces années et c'est avec elles que j'aurais voulu partager mamédaille. J'aurais bien voulu les voir toutes auprès de moi, car c'est grâce à cespersonnes si je me suis rendue là.»

«J'ai été surprise, poursuit-elle, quand on m'a choisie comme récipiendaire dece prix parmi 250 mises en candidature. Quand on fait du bénévolat, ce n'est paspour les récompenses, c'est pour ce qu'on peut donner et recevoir de notre action etc'est aussi se sentir appuyée par les autres. C'est ça pour moi la récompense».

Si elle fut surprise de se voir décerner le Prix bénévolat Canada, elle futcertainement la seule. Toutes les personnes qui connaissent Claire savent très bienqu'elle le méritait et ce n'est pas seulement pour avoir oeuvré au sein des Damesd'Acadie. Elle travaille auprès d'un nombre impressionnant d'organismes et n'apas non plus pour seul objectif la promotion de la femme. Le Cercle des Damesd'Acadie de Shippagan doit beaucoup à Madame Mallet qui a contribué à sacréation grâce au rôle qu'elle a joué comme présidente du comité de l'Année interna-tionale de la femme.

Une bénévole exceptionnelleEssayer d'énumérer tous les organismes pour lesquels elle a travaillé et tra-

vaille encore bénévolement n'est certes pas chose facile. Cela fait plus de 25 ansqu'elle oeuvre pour la Croix-Rouge tant au niveau local que provincial.

Elle travaille aussi pour la Société canadienne du cancer dont elle assume laprésidence du comité local depuis plusieurs années et elle a été présidente pour ladivision du Nouveau-Brunswick. Elle siège maintenant au conseil d'administra-tion provincial et cela lui nécessite parfois jusqu'à trois voyages mensuels à l'exté-rieur de Shippagan.

Madame Mallet a de plus été active pour l'Association internationale de lafemme à la présidence et a fait deux mandats en tant que présidente du Cercle desDames d'Acadie en plus de siéger sur le conseil d'administration de la fédérationprovinciale.

THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

LEPLAISIRDE SESENTIRUTILE

par Claire Lanteigne Frigault

Profil de Claire Mallet,bénévole

Elle occupe la présidence de laJournée de la femme depuis quelquesannées et fut responsable des duches-ses du Festival provincial des Pêche-ries pendant dix ans. Elle est membrefondatrice du Réseau des femmes duN.-B. fondé en 1984, responsable ducomité d'hébergement des pee wee pen-dant huit ans; durant dix ans elle aorganisé des cours en éducation per-manente pour la région; elle s'est occu-pée longtemps des concours d'art ora-toire.

Elle a fait partie du Comité del'amitié (pour pensionnaires en rési-dence); elle a participé à l'achat de deuxpianos de concert, a occupé le poste deprésidente pour le Festival de musiquependant plusieurs années. Elle a aussiété vice-présidente pour les Jeunesses

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Le plaisir de se sentir utile

Musicales du Canada pendant huit ans;vice-présidente du Camp musical etartistique de Shippagan et a été mem-bre de la chorale pendant trente ans.

En plus d'être encore active dansles Dames d'Acadie, elle fait partie duCercle féminin des Chevaliers de Co-lomb depuis ses débuts et a siégé sur leconseil d'administration pendant 18ans.

Du temps pour les loisirs mal-gré tout

Avec toutes ses responsabilités, illui reste malgré tout des moments li-bres qu'elle utilise au maximum. Elleaime lire, tricoter, crocheter, faire de lamarche et jouer au bridge. Lorsque jel'ai rencontrée pour l'entrevue, elle ar-rivait de sa marche de plus de deuxkilomètres. «C'est bon pour le corps etl'esprit», dit-elle, «il faudrait que j'aie letemps de le faire tous les jours».

Artiste à ses heures, elle a déjà àson actif plus d'une soixantaine depeintures qu'elle se plaît à offrir encadeau.

Elle trouve le temps de monter despièces de théâtre amateur, seize à date.«J'aimerais dire là-dessus que je n'aipas de mérite. Le crédit revient tout auxcomédiens et comédiennes. Moi, tout ceque je fais, je les dirige».

Une retraite prématurée,pas vraiment...

Enseignante de profession, ClaireMallet a dû se retirer à 48 ans après 23

DES FAITS ÀRETENIR

• II existe au Canada environ90,000 organisations volon-taires.

• Une personne sur quatre est bé-névole soit près de trois millionsd'entre nous,

• La masse salariale du secteurvolontaire est de près de 2 mil-liards de dollars.

» L'activité économique des orga-nisations volontaires ajouteencore 5 milliards de dollars auPNB et fait travailler plus de400,000 personnes.

Source: Environnement du secteurvolontaire par la Coalition des ONV.Octobre 1986.

Un outil indispensable — le téléphonesonne régulièrement chez Madame Malletet on lui demande toutes sortes d'informa-

tions et des services bien entendu.

années de métier, à cause de maladie.«On peut dire en effet que j'ai eu uneretraite prématurée. Mais je n'ai jamaiseu le temps de m'ennuyer, j'ai beaucouptrop de choses à faire. Je n'ai pas letemps de faire tout ce que je voudrais».

« Lorsqu'on dit le mot retraite, je neréalise pas ce que c'est parce qu'à partde faire le travail que je faisais commeenseignante, j'ai continué à remplir cetemps-là avec des choses que je n'avaispas eu le temps de faire avant. »

On ne croirait pas qu'elle aura pro-chainement 66 ans. « J'ai eu 65 ans et jene m'en suis pas aperçue. Soixante-cinq ans pour moi, c'est merveilleux. Àcet âge on n'a plus la responsabilité dela famille et les responsabilités qu'on a,c'est parce qu'on le veut bien... on fait ceque l'on veut, lorsqu'on le veut. On peutaccomplir des choses que l'on avait pasle temps de faire avant et je trouve celamerveilleux.»

Elle dit ne pas compter les années.«Je n'ai pas le temps. La vie se conti-nue. Que tu aies 60, 61 ou 70 ans, c'estpareil, sauf que les capacités sont moin-dres.» Selon elle, la retraite ça se pré-pare à 25,30 ou 35 ans et on se forme ungenre de vie en s'impliquant dans desactivités. «Il ne faut pas attendre à 65ans pour commencer à s'occuper, quoi-qu'il n'est jamais trop tard.»

Madame Mallet est devenue veuveil y a quatre ans, lors du décès subit deson époux à la veille de prendre saretraite. Le couple a eu quatre filles quidemeurent à l'extérieur de leur villenatale et qu'elle visite assez réguliè-rement.

Sentir l'appui des gens,une nécessité

Madame Mallet aime beaucoupvoyager et à date elle a visité plusieurspays d'Europe, de l'Ouest canadien, laLouisiane, St-Pierre et Miquelon et laCalifornie.

Elle n'entend pas s'arrêter là,ayant encore bien des projets en tête.Elle voudrait trouver le temps de s'ins-crire à des cours. «À chaque automne jeme dis que je vais m'inscrire, ajoute-t-elle, mais lorsque je calcule le temps quim'est disponible, je recule. J'aurais letemps de suivre les cours, mais je netrouverais pas le temps de faire lesrecherches et les travaux demandés».

«J'ai la chance d'être en bonnesanté et j'ai vraiment besoin de mondeautour de moi. Il faut que je communi-que avec les gens. Participer à des acti-vités, pour moi c'est un besoin commemanger. On n'a pas été fait pour vivreseule. C'est un besoin pour tout le mon-de d'être entouré de gens. Je remercie leBon Dieu d'avoir été engagée commecela lorsque je me suis retrouvée seule àla maison. Je ne sais pas ce que j'auraisfait autrement.

«Si j'ai pu faire tout cela et êtreimpliquée comme je le suis encore, c'estparce que j'ai toujours senti l'appui dela population. Les gens ne m'ont ja-mais déçue. Mes projets ont toujours étébien accueillis et cela c'est important.Je dirais même que c'est primordialpour aller de l'avant.»

«La valeur de ce que tu reçois enfaisant du bénévolat est d'autant plusgrande que ce que tu donnes. Je nepourrais vivre seule, ce serait un terri-ble vide.»

Avec mélancolie et une pointe detristesse dans la voix, elle termine endisant: «Le jour où on arrêtera de medemander de faire quelque chose, lejour où on m'abandonnera, je serai trèsmalheureuse et ma vie sera toute au-tre.»

Mais elle ne doit rien craindre. Desfemmes dynamiques et disponiblescomme elle sont un apport importantdans une société où de plus en plusmême nos gouvernements comptentbeaucoup sur le bénévolat afin de com-bler des lacunes de leurs systèmes. 9

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((La dame patronesse d'hier: une bourgeoise désoeuvrée quivoulait se donner bonne conscience. »

D'OÙVIENT LEBÉNÉVOLAT

«S'occuper des autres»

de Léa Marcoux

THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

Un compte-rendu de Yvonne Morissette

VEUT-ON SE DONNER BONNE CONSCIENCE ENécrivant ou en parlant du bénévolat? Est-ce un besoin sub-conscient de réagir à la violence qui déferle sur l'univers?Une nécessité de communiquer les uns avec les autres dansce monde où la communication, qui prétend être le levier desrelations humaines, voisine effrontément avec cette solitudesans merci à laquelle sont confrontés tant de gens abandon-nés à eux-mêmes, sans ressource physique, matérielle etsouvent morale?

«Étonnant, déconcertant bénévolat— sans cesse renais-sant à l'heure même où on le croit définitivement relégué aumagasin des accessoires et sans cesse critiqué, controversé,remis en question comme si sa seule existence causait à biendes gens un indéfinissable malaise» écrit Léa Marcoux dansson livre «S'occuper des autres» publié chez Fayard dans lacollection «Le changement vécu».

L'auteure fait un tour d'horizon de l'évolution du béné-volat depuis la dame patronesse, ou dame de charité, qu'onse plaisait à définir, il n'y a pas encore bien longtemps,comme «une bourgeoise désoeuvrée qui voulait se donnerbonne conscience», jusqu'aux bénévoles de nos jours qui, aucours d'une enquête menée dans plusieurs milieux, n'hési-tent pas à dire qu'ils consacrent du temps au bénévolat car:«c'est une façon normale de vivre en société» — «il s'agit decréer un monde plus humain» — «on ne fait pas du bénévo-lat pour être en règle avec soi-même, ce n'est pas l'article 423d'un code» etc. etc.

Les témoignages nombreux que l'auteure nous proposenous démontrent que cet engagement social sous forme d'en-traide est fort ancien dans l'histoire de l'humanité — chez lesHébreux le « tsedaka» (acte de solidarité) n'est-il pas déjà unevertu suprême?

Le bénévolat n'est pas un geste spontané, il nait d'unbesoin individuel ou collectif, il a engendré tous les servicessociaux, les organismes d'entraide mutuelle, qu'il s'agisse deculture, d'éducation, de sport, de politique, etc.

Pendant des siècles, c'est à l'instigation des institutionsreligieuses que naîtront les «bonnes oeuvres». C'est la révo-lution française qui dans ses lois des 19 mars et 28 juinsusbtituera la notion moderne de droit à l'assistance à cellesde charité ou de bienfaisance. Mais il faudra attendre lesgrands courants idéologiques, les effets de l'industrialisa-tion et de l'urbanisation des XIXe et XXe siècles pour que lalégislation s'élabore progressivement. Peu à peu, prenantconscience de ce devoir social, le volontariat moderne prendforme.

C'est un Américain, le docteur Cabot, qui le premierdécide, en 1903, d'adjoindre à son cabinet une assistante quise penchera sur l'aspect économique et psychologique de lasituation de chaque malade, son exemple sera bientôt suiviet les premiers services sociaux ouvriront leur porte. On sedemande alors si la professionnalisation ne va pas rempla-cer le bénévolat? Il n'en est rien, bien au contraire. La légis-lation sociale devient de plus en plus complexe, les tâches des

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services sociaux plus étendues, plus diversifiées, plus lour-des. L'initiative privée a toujours sa place mieux structuréesans doute car le professionnel n'est pas indulgent pour lebénévole-amateur : le bénévolat va devenir, au contact de cesstructures, plus efficace, plus compétent. De nos jours, beau-coup de services sociaux ne peuvent se développer sans faireappel à lui. Au cours de séminiaires internationaux organi-sés par la division des Affaires Sociales des Nations-Unieson tracera le profil du nouveau volontaire, on amènera lesassociations à se préoccuper de la sélection de l'orientation etde la formation des bénévoles; ceux-ci doivent comprendreque «la bonne volonté ne suffit plus».

Léa Marcoux énumère dans son écrit la naissance deplusieurs grandes oeuvres grâce au bénévolat. La plus célè-bre est sans doute la Croix-Rouge fondée spontanément parle genevois Henry Durrant, bouleversé par ce qu'il voyait surle champ de bataille de Solferino — il forme un «Comité decinq» et parcourt l'Europe pour sensibiliser ses contempo-rains «pour soigner les blessés»—on sait le reste, cent ansplus tard, la Croix-Rouge compte de par le monde deux cent

quarante mille de membres! Combien d'autres associations,lancées bénévolement jouent ce rôle? Elles sont incalcula-bles et tous les témoignages de bénévoles relatés dans « S'oc-cuper des autres» font foi de leur efficacité.

Bénévolat? volontariat? engagement social? qu'importéle vocabulaire? « L'État ne doit pas tout faire. Il se glisseratoujours l'individu ou la famille qui n'entre dans aucunecatégorie, la solitude par exemple, n'est pas une donnéeadministrative, elle n'entre ni dans la réglementation nidans les équations. La qualité matérielle d'une retraite nesaurait suffir à la personne âgée, elle restera sensible aumessage de sympathie du monde extérieur. Dans un mondeoù l'individu est de plus en plus découpé en tranches, où lesrelations humaines se passent de plus en plus de l'autre côfêdu guichet, ou du bureau, le bénévole s'affirme comme unêtre sans étiquette. Le client est bien souvent plus à l'aiseavec le bénévole «une personne comme lui» qu'avec le fonc-tionnaire, on ne facture pas l'heure d'amitié. 9

1. S'occuper des autres, Léa Marcoux, éditions Fayard, collection«Le changement vécu».

FUIR L'INDIFFÉRENCEDANS MA JEUNESSE NOUS AVONS EU LE BON-heur de recevoir de l'aide de nos voisins alors que nousétions nous-mêmes dans le besoin. En partageant nousavons donc appris à apprécier. C'est ainsi que très jeunej'ai appris de mes parents à aider les malheureux.

Aujourd'hui, je viens en aide aux personnes âgées etdémunies. Je jase avec les gens, je les écoute, je leur portedes repas chauds et je fais du travail pour eux. J'ai aussifait du travail à l'hôpital Laurentien et j'en fais dans lesécoles et auprès d'organisations paroissiales et com-munautaires.

L'action bénévole m'enrichit, cela m'aide à com-prendre les autres, à soulager la misère. Si je restaisindifférente devant les besoins des autres, je me senti-rais incomplète. Il faut s'ouvrir devant la misère desautres. Trop de personnes ne réalisent pas que demain,elles pourraient avoir besoin à leur tour!

fihéa Démoré de Hanmer en Ontario.

MON EXPÉRIENCE DEVIE A COMPTÉ!

J'AVAIS 14 ANS LORSQUE JE ME SUIS ENGAGÉEdans l'action bénévole soit auprès des Fermières puis du«Junior Farmer Club» de ma région. Plus tard, j'aioeuvré au sein de plusieurs groupes de femmes tels lesFilles d'Isabelle et les Dames de Ste-Anne. Étant mère desept enfants, j'ai donné beaucoup de mon temps àl'A-P.!., aux Jeannettes et aux Scouts.

Grâce à mon habileté manuelle et aux cours que j'aisuivis dans ce domaine, j'ai enseigné bénévolement letricot, la couture et l'artisanat en général. Par la suite,j'ai suivi les ateliers Nouveau Départ. Cette formationm'a permis de devenir animatrice, puis ensuite coordon-natrice de ce programme. Aujourd'hui, je suis présidenterégionale de l'Union culturelle des Franco-Ontarienneset vice-présidente provinciale de cet organisme. Je faispartie aussi du Comité aviseur du Centre d'emploi etImmigration pour la population francophone deWindsor.

Il y a deux ans et demi une librairie francophone dema ville (La librairie du Sud-ouest) était à la recherche depersonnes pour travailler à un projet. On demandait à cemoment une formation universitaire ou l'équivalent. Jem'y suis tout de même présentée avec mon C.V. Le pro-priétaire m'a questionnée à propos de mon expérience etmes activités et m'a engagée. À la fin du projet, il m'aoffert un emploi à la librairie. Aujourd'hui, je m'occupeaussi des expositions dans les écoles de la ville et ducomté.

Je n'aurais jamais pensé décrocher un emploi avecseulement une huitième année de scolarité mais grâce anbénévolat c'est mon expérience de vie qui a compté.

Je suggère fortement à toutes les mères de familled'encourager leurs enfants au bénévolat. C'est une belleexpérience et les gens en ont besoin.

Hélène Vaillancourt de Windsor en Ontario.645. rue Edwards, C.P. 1215, Rockland (Ont) KOA 3AO Tél.: (613) 446-5431

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DES ORGANISMES DE TOUT GENRE FONT APPELaux bénévoles dans une foule de domaines, à partir desorganismes d'aide ou de services, en passant par les organi-sations sportives et culturelles, jusqu'aux organisationspolitiques et au militantisme idéologique. Et la gamme desactivités n'est pas moins imposante: cueillette de fonds,secrétariat, expédition, accueil, organisation d'activités, en-traînement et arbitrage sportif, corvée, visites d'amitié, par-ticipation aux conseils d'administration, aux comités detoute sorte et combien d'autres! Le bénévolat est une sorted'engagement social. Il permet aux individu-e-s d'une collec-tivité de se sentir solidaires, inter-dépendant-e-s, utiles , detrouver parfois des motifs de fierté individuelle et collective,d'enrichissement mutuel, d'épanouissement personnel.

Il mérite d'être encouragé. Mais, car il y a un mais quis'impose à notre réflexion! Là encore nous avons transposéles attitudes et les comportements liés à nos conceptionssexistes dans la répartitions des rôles et des tâches. La défi-nition bien ancrée qu'on prête aux qualités féminines oumasculines demeurent dans notre esprit applicables à tellesou telles fonctions.

Pourquoi les femmes sont-elles souvent secrétaires d'or-ganismes, mais rarement présidentes?

Pourquoi, dans les équipes sportives, sont-elles prépo-sées aux soins des joueurs, mais rarement entraîneuses ouarbitres?

Pourquoi sont-elles chargées du porte à porte dans lescampagnes électorales, mais rarement oratrices ou prési-dentes de réunion ou présentatrices?

Pourquoi font-elles les copies, l'impression, même larecherche, mais signent rarement les textes?

Pourquoi sont-elles chargées du café et des gâteaux, ouencore de divertir les épouses de ces messieurs, mais les

THÈME

ACTIONVOLONTAIRE

QUI FAITLE CAFÉ ?

Le bénévolat)Un lieu

d'épanouissement

dont on doit profiter

par Madeleine Valois

C'ESTAUdODRDUOl

OU. ,JAMAIS/

J'AI BESOINDE DÉFi

D'ACCOMPLISSEMENT/

ÇA SUFFÎT/ \>}EK)e VEUX PLUS )

COLLER DE TIMBRES /ET PRÉPARER LE /

CAFÉ. J

Femmes d'action Vol.17 No 2 31

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voit-on rarement déléguées, conférencières ou participantesaux décisions? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Parce que, même lorsqu'elles travaillent sans obliga-tion, volontairement sans rémunération, les femmes choi-sissent encore ou se laissent encore imposer les rôles desecond plan, les tâches les moins intéressantes, la routine,l'organisation matérielle, la cuisine. Et les hommes se gar-dent ou se voient assigner les fonctions de prestige, les rôlesdécisionnels, l'élaboration de la pensée?

Et si l'on inversait les rôles, si dans ce domaine du béné-volat, où pour une fois la concurrence est moins forte, laquestion financière n'intervenant pour personne, on es-sayait vraiment d'être égaux? Si on n'acceptait pas unetâche parce qu'on est une femme ou un homme, parce qu'iln'y a pas d'homme ou pas de femme pour l'accomplir, maisvraiment parce que moi, femme,ou moi, homme, j'ai le goût etje me sens capable d'être à tel endroit et d'exécuter telle

chose. Est-ce que, dans l'ensemble, les résultats ne seraientpas meilleurs?

Chacun a sa place pour donner ce qu'il a de mieux.L'enrichissement par le partage des expériences et des com-pétences. Plus d'homme obligé de se forcer pour paraîtrecapable ou de se créer un personnage pour imposer son lea-dership; plus de femme obligée de se taire pour ne pas se fairerabrouer, ou d'être agressive, pour enfin être écoutée. Plus dedécision arbitraire, à cause d'un éclairage unilatéral, plusd'insatisfaction profonde, de sentiment d'inutilité ou de peurd'inefficacité!

Ce serait plus paisible, plus réconfortant et plus efficaceaussi.

Le bénévolat est un domaine qui s'y prête. Si, pour unefois, on essayait d'être égaux? 9

Extrait de « La Gazette des Femmes » volume 1, numéro 4, mars 1980.

UN DOMAINEEN PLEINE ÉVOLUTION

Le bénévolat des employé-e-s

LE CONFERENCE BOARD DU CANADA VIENT DEpublier les résultats d'une enquête effectuée auprès de 1,000cadres d'entreprises canadiennes. Le rapport tiré de cetterecherche est destiné à faire le point sur les réactions desemployeurs « à la participation croissante de leurs employé-e-s aux activités de bénévolat et sur les avantages qu'ils enretirent». Voici quelques extraits de ce rapport intitulé: Lebénévolat des employés: Pratiques et politiques des em-ployeurs. M. Piché

«Les employeurs canadiens s'intéressent de plus en plusaux activités bénévoles de leurs employés, et beaucoup ontdéjà élaboré des politiques et procédures destinées à facilitercette contribution sociale de leurs employés tout en préser-vant la productivité et l'efficience de leurs entreprises.

Résultats globaux— Le bénévolat des employés constitue une nouvelle forceimportante de la société canadienne.— Depuis quelques temps déjà, les employeurs canadienss'efforcent de relever les nouveaux défis posés par la partici-pation bénévole des employés aux activités communau-taires, ce qui les amène à aborder dans un esprit positifl'élaboration de nouvelles politiques et pratiques dans cedomaine.— Divers problèmes relatifs au bénévolat des employésdevront être résolus au cours des prochaines années, àmesure qu'employeurs et employés adaptent leurs pratiquesde bénévolat aux besoins de leurs organisations.— Les rapports entre employeurs, employés bénévoles etorganismes de bénévolat ne cessent de se développer demanière très fructueuse pour la société canadienne.

Parmi les résultats spécifiques de cette recherche, souli-gnons les observations suivantes.— 72% des répondants déclarent que certains de leursemployés participent, sur leur lieu de travail, à des activitésde bénévolat de portée générale.— 69 % de tous les répondants ont pour attitude généraled'encourager et d'appuyer ceux de leurs employés qui parti-cipent à des activités de bénévolat.— Pour 66% des répondants qui adoptent une attitude posi-tive à l'égard du bénévolat, cela répond à des objectifs derelations publiques. Pour 28%, il s'agit d'objectifs reliés à lagestion des ressources humaines.— Plus de 70% des répondants disent ne pas tenir compte desactivités de bénévolat lorsqu'ils évaluent le rendement deleurs employés.— Un peu plus de la moitié des répondants déclarent qu'ilstiennent compte de l'expérience acquise auprès d'organis-mes de bénévolat, lorsqu'ils examinent des candidats àl'embauche.

Rôle de l'ÉtatLe rôle de l'État en matière d'activités communautaires

suscite actuellement de nombreux débats. Bien que la plu-part des analystes doutent que les réseaux de bénévolatpuissent jamais avoir la capacité voulue pour satisfaire tousles besoins communautaires, il existe des possibilités de col-laboration vraiment exceptionnelles entre le secteur privé etles agences de bénévolat pour satisfaire certains de cesbesoins. ?

Source: Kenneth D. Hart, Le bénévolat des employés: Pratiques etpolitiques des employeurs, Le Conference Board du Canada, 255,chemin Smyth, Ottawa K1H 8M7.

32 Femmes d'action DEC. 87 - JANV. (

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Critique

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À L'ÉCOUTEDU PASSÉ

Légendes manitobaines

par Mireille Lavoie

JUSQU'À MAINTENANT, JE CROYAIS NE RIENconnaître aux légendes manitobaines. Je me suis renduecompte qu'elles sont comme celles de mon coin de pays!C'est-à-dire qu'elles sont fantastiques et qu'elles finissentmal, pour la plupart.

Partout, on y raconte et on y rencontre la mort, la jalou-sie, l'orgueil, le désillusionnement. Que ce soit la légende « Lecheval blanc», dans laquelle les deux jeunes amoureux sontassassinés, la légende « Le vent», dans laquelle un homme sesert de la nature pour arriver à ses fins, ou celle de «La villesans soleil», dans laquelle les hommes sont motivés parl'appât du gain, la situation est la même. En effet, l'hommecherche à atteindre le bonheur qui reste hors d'atteinte dansla majorité des cas.

On retrouve aussi la légende «Instrument» qui sert àexpliquer l'inexplicable de même que « La nuit des clairons»,«Les trois soeurs», «Les farfadets de Killarney» et «Le mani-tou». Cette utilisation de la légende reste la plus satisfai-sante à mon avis parce qu'elle donne une raison d'être à lalégende. Elle n'est pas que le support d'une histoire fantasti-que. Elle explique.

Les «Légendes manitobaines» se lisent rapidement.Elles permettent d'entrevoir des paysages immenses, diver-sifiés et qui ont dû changer beaucoup depuis! En effet, leslégendes dont il est question se situent au siècle dernier en

majorité. Elles mettent en scène pour la plupart les Indiens,la nature et quelques unes, des Français nouveaux colons duManitoba.

Comment ces légendes se sont-elles transmises jusqu'ànous? Grâce aux conteurs qui les ont enrichies au fur et àmesure qu'elles passaient d'un conteur à l'autre. Ce sont desajouts qui ont transformé des histoires en légendes.

Cependant, il faut noter que le récit de quelques légendesporte à confusion. Les auteures auraient pu, et peut-être dû,apporter des éclaircissements à certaines légendes. Parexemple, une des légendes raconte le trajet qu'ont dû suivre«Les trois cloches» avant de se retrouver à leur point d'arri-vée. Ce trajet est tellement compliqué, que la lectrice ne saitplus où sont rendues les cloches.

Les illustrations de « Légendes manitobaines » sont del'artiste manitobain Real Bérard. Elles sont très belles etcorrespondent beaucoup aux légendes qu'elles illustrent.

Dans l'introduction, l'éditrice Annette Saint-Pierre sou-haite que «les légendes de Louisa Picou et d'Edwige Groletainsi que les créations artistiques de Real Bérard, puissentstimuler la mémoire de ceux qui « pourraient encore se sou-venir». On ne peut qu'abonder dans le même sens. 9

Edwidge Grolet et Louisa Picoux, Légendes manitobaines, Saint-Boniface, Éditions des plaines, 1987, 129 p.

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PHOTO: C. GALLANT

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Création

DANS 28 MIN. 32 SEC., J'AURAI 70ans. Il me semble que c'était hier, jepromenais des landaus devant les re-gards muets des vieillards qui, lisantleurs journaux, regardaient ostensible-ment les petits voiliers voguer sur le lac.Je me souviens de ces voiles bleu ciel, deces mâts blanc de cygne. Que sont-ilsdevenus ? Tout passe vite, tellementvite. On dirait qu'on n'a pas le temps decrier: «Coucou, me voilà!» que déjà...J'ai encore tellement à apprendre, àvoir. J'espère que j'aurai le temps. Par-fois en regardant les enfants, il m ar-rive dépenser que je touche au terme demon existence.

Bientôt, au lieu de faire des gali-pettes à travers le monde, au lieu d'ap-privoiser le sphinx qui veille au bord del'éternité sur tout ce qui fut et sur tout cequi sera, je me retrouverai là, où., il étaitune fois, dans un vieux châteaux, aumilieu d'une belle et grande forêt...

Dyane LégerVaradéro, le 18 décembre

VISAGESDE FEMMES

LJeux artistes de l'Acadie, CorinneGallant philosophe-photographe etDyane Léger poétesse, ont uni leur ta-lent respectif pour nous offrir un recueiloriginal de textes et de photographies.Chacune nous présente son regard surdes femmes d'âges et de milieux diffé-rents. Chacune a suivi son inspirationet s'est laissée toucher à sa façon par les

fées de l'enfance, les rêves du quotidienet la sagesse du vécu. Ainsi les imagescréées par Corinne Gallant au contactde celles évoquées par Dyane Légerprennent une autre dimension et vice-versa.

Visages de femmes dont voici unaperçu est publié cet automne aux Édi-tions d'Acadie.

par Corinne Gallant et Dyane Léger

IL EST ABJECT D'IMAGINER QUE DEPUIS LA GENÈSE, IL N'Y A PAS UNEseule nuit où je ne suis pas galvaudée par Tertullien qui ne cesse de répéter:«Ignores-tu que tu es Eve? La sentence de Dieu subsiste encore sur ton sexe.Comment peux-tu dormir tout en sachant que tu es responsable pour le Mal infligeal'Homme?» Je ne sais comment je suis parvenue à faire taire le sang qui, depuis lafaute d'origine, bout dans mes veines. Mais aujourd'hui, j'ai une envie que je nepeux réprimer. Nez à nez avec Tertullien, j'avoue d'un seul souffle: «Je suis issue dela côte d'Adam, d'argile prise au nombril du monde, mais je ne suis ni Homme niImage de Dieu-le-Père,je suis femme, fautive et incomprise, mais résolue à apporterune véritable humanité au monde que je crée.»

Dyane Léger

Femmes d'action Vol.17 No 2 35

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Reportage

POUR EN FINIRAVEC LE

MYTHE D'ÉVANGËLINE

Un tour d'horizon

de l'univers

culturel et social

des Acadiennes

par Myriame El Yamani

QUE CONNAÎT-ON DE L'ACADIE,si ce n'est Antonine Maillet et sa sa-gouine, Edith Butler et ses cuillères,toutes deux vivant à... Montréal? Lemythe d'Évangéline en quête de sonGabriel, commencé par le poète améri-cain Henry W. Longfellow en 1847, seperpétue par d'autres. Et si l'on détrui-sait un peu ce mythe, si l'on trouvaitd'autres images que celles d'une Aca-die, folklorique, pauvre, indivisible, à la

... il n'existe pas une Acadie, homogène etindivisible... elles se fondent sans seconfondre, n'ayant d'égales que l'immen-sité de la mer qui les entoure.

remorque des grands centres? Lesmythes sont toujours difficiles à briser,encore faut-il essayer!

M. Crosbie, ministre des transports,affirmait récemment que les provincesde l'Atlantique étaient le Tiers-Mondedu Canada. On a bien ri ici, surtout ensachant que M. Crosbie vient de...Terre-Neuve! Certain-e-s «Sous-déve-

loppé-e-s» de l'Atlantique lui ont mêmedemandé quelle forme d'aide (nourri-ture, aide technique, armements) despays plus «développés», comme leCanada, pouvaient leur offrir. C'estvrai que ces provinces sont économi-quement plus pauvres que les autres,que le taux de chômage y est élevé (enmoyenne près de 15% pour les trois pro-vinces), que les garderies existantes auNouveau-Brunswick ne peuvent pren-dre que 3 000 enfants sur 60 000 d'âgepré-scolaire, qu'il existe seulement troismaisons de transition pour les femmesviolentées, toutes concentrées dans lesud du Nouveau-Brunswick, que sur17 000 familles monoparentales, avecune femme comme responsable, plus de10 000 vivent sur l'assistance socialedans cette province, que plus de 27% dela population adulte, âgée de 15 ans etplus, au N.-B. ne sait ni lire ni écrire... Ilfait bon se rafraîchir la mémoire pardes statistiques, il ne faut pas les ou-blier, seulement la richesse d'une pro-vince ne se mesure pas qu'avec des chif-fres, des dollars ou des biens économi-ques.

Française d'origine, j'ai immigréeau Nouveau-Brunswick, il y a deux ans,avec, comme tout le monde, mes préju-gés et mes stéréotypes sur le Canada etplus particulièrement sur l'Acadie. Jetravaille ici pour un mensuel, le Ven'd'est, et un regroupement des femmesNéo-Brunswickoises, le Réseau. J'aiappris à comprendre ce que signifievivre en milieu minoritaire (Les Aca-dien-ne-s représentent un tiers de lapopulation néo-brunswickoise, soit en-viron 230 000 personnes). J'ai essayéde comprendre qu'il n'existe pas uneAcadie, homogène et indivisible, maisau contraire que les Acadies, au pluriel,sont difficiles à cerner, chacune expri-

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mant sa propre acadianité, sans se sou-cier forcément de l'autre, que les riches-ses de l'une se fondent avec celles del'autre, sans se confondre, n'ayantd'égales que l'immensité de la mer quiles entoure.

Ces Acadies plurielles, éparpilléessur trois provinces1, je les ai surtoutsenties par la littérature, le théâtre, lecinéma, à travers des regroupements defemmes. À chaque fois, j'ai été surprisede constater que les femmes, majori-taires au Nouveau-Brunswick, ne sontplus à la recherche d'une réponse col-lective à leur identité, comme cela pou-vait être le cas durant la dernière dé-cennie avec le parti Acadien. Les pro-jets collectifs de cette époque se ba-saient sur une identité de survie, cellede l'oppression du peuple acadien de-puis la date fatidique du «grand déran-gement» de 1755 jusqu'à celle, plus sub-tile et plus récente, de l'assimilation.

Comment expliquer que certain-e-sAcadien-ne-s, ne parlant plus le fran-çais, se considèrent encore comme desAcadien-ne-s? La langue et la culturejouent sûrement un grand rôle de sup-port de l'identité, mais elles ne sont pastout. Actuellement les femmes ne reven-diquent plus le fait d'être Acadienne,elles le vivent et l'expriment, chacunedans son secteur d'activité. On est ar-rivé à une identité pratique, qui nonseulement utilise, modifie, transformeles traditions, mais encore «met en pra-tique» les acquis, individuellement, etlaisse la porte grande ouverte à la créa-tion, l'imagination et les revendica-tions personnelles.

Je suis encore très étonnée de voir àquel point, ici, on vous écoute, on vousparle, on vous laisse parler, tout encontinuant son petit bonhomme dechemin. C'est comme si on se laissaitimprégner de votre différence. Les tem-pêtes de neige se succèdent, s'ampli-fient, diminuent mais continuerontd'exister. Comme le fait remarquerFrance Daigle2:

« Vivre sur le bord de l'assimilation(voire précipice, falaise)

Comme d'autres la folie dangereuse(la corde raide)

La qualité indiscutable de nospalpitations. Tous les funambulesne sont pitoyables ou malheureux

tout de même»

Art se conjugue aussi avec...Acadies

La littérature et plus particulière-ment la poésie, le cinéma, le théâtre,sont devenus durant la dernière décen-nie le lieu d'expression de nombreusesAcadiennes. Elles inscrivent l'oralitéde cette culture par des mots, images ouparoles, prenant pied dans cette réalité,

Les Acadiennes inscriventl'oralité de leur culture par des

mots, images ou paroles, pre-nant pied dans cette réalité,

secouée par la mer et le vent.

secouée par la mer et le vent. Parfoisdes mots anglais traversent le décor,mais ici on s'exprime comme on vit.C'est peut-être d'ailleurs là que résidel'originalité de la langue acadienne,cette osmose entre l'américanité etl'acadianité.

La poésie acadienne ne fait plusd'allusions locales, géographiques oupolitiques, mais nous renvoie à l'ex-pression d'un désir féminin, qui de saforce «diluvienne veut tout recouvrir»(les rumeurs de l'amour à'HuguetteBourgeois), au feu dévastateur et à lamort (Histoire de la maison qui brûle deFrance Daigle), à une révolte et unerecherche de la lumière et de l'absolu(Requiem en saule pleureur de RoséDesprés). D'autres poètes, commeDyane Léger, Lina Madore et tant d'au-tres, entremêlent les mots à la re-cherche d'une intimité, d'un imaginai-re individuel et pourtant collectif.L'évocation de la nature dans cespoèmes est remarquable, tout commedans les romans à'Huguette Légaré,Germaine Comeau, ou Jeanine Landry-Thériault.

Les mots s'écrivent, mais se disentaussi. Viola Léger, qui a longtempstravaillé avec le théâtre du Rideau Vertà Montréal, est revenue au pays et afondé sa propre compagnie de théâtre.Tout l'été dernier, elle a présenté dansla province du Nouveau-Brunswick uneinterprétation d'Harold et Maude.J'avais vu le film, mais l'interprétationde cette grande comédienne acadienne,à la voix tour à tour enjouée et grave, àla sensibilité à fleur de peau, nouslaisse le goût d'un théâtre à inventer età créer.

Les cinéastes acadiennes ne sontpas absentes de ce panorama artisti-que. Anna Girouard retrace dans«Abandounée» (1977) la difficultéd'être Acadienne dans les années 30 etnous offre un drame psychologique, où(les) émotions et (les) sentiments refou-lés débouchent sur un cri de révolte.Claudette Lajoie-Chiasson a commen-cé par faire quatre vidéos sur l'agro-alimentaire (1981) pour ensuite se pen-cher sur la vie d'Edith Pinet, sage-femme qui a présidé à la naissance depresque toute la population de Paquet-ville, dans «une sagesse ordinaire»(1983). «Une faim qui vient de loin»(1985), son deuxième documentaire,pose avec doigté et humour le problèmede l'obésité, du comment vivre avec lesgens autour de soi, les «pas gros». Elletermine actuellement le montage d'untroisième documentaire sur les condi-tions de vie des femmes travaillantdans les usines de transformation dupoisson.

Images de femmes poignantes, dif-férentes, sensibles, on en retrouve aussidans une série de vidéos, réalisés par leseul groupe de femmes d'interventionvidéo dans les Maritimes, Femmes enfocus. À l'origine du projet, il y avaittrois Acadiennes, dont Betty Arse-neault, qui a remporté une mentionspéciale du jury au festival internatio-nal du film sur l'art à Montréal en 1985pour son film «bateau bleu, maisonverte». Elle raconte comment les gensici ont la palette capricieuse quand ils'agit de peindre leurs maisons. Lespremiers vidéos de ce groupe essayaientde sensibiliser la population du Nou-veau-Brunswick à la condition des

Femmes d 'ac t ion Vol ,17 No 2 37

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femmes et à leurs problèmes, commel'accès aux métiers non-traditionnels,la surmédicalisation, l'éducation sexis-te, les familles monoparentales, pourensuite devenir plus commerciaux (pro-motion de la Société des Acadiens duN.-B., satire de nos habitudes télé-visées).

Regroupements, recherches etréalités

Les Acadiennes n'ont pas seule-ment tenté d'investir leur espace cultu-rel, mais aussi la sphère plus large dusocial et du politique. Contrairement auQuébec, le mouvement des femmes n'estpas aussi visible ici. Il y a bien sûr leféminisme d'État, institutionnalisé,avec le Conseil consultatif sur la condi-

La poésie acadienne évoque la nature defaçon remarquable.

tion des femmes du N.-B. et le pro-gramme de la femme du Secrétariatd'État. Pourtant, sans Rosella Melan-son au CCCFNB, peut-être que le gou-vernement provincial aurait toujourspu faire la sourde oreille aux « femmesbattues» (1979), à «l'histoire desfemmes du N.-B.» (1986), à «la santédes adolescentes» (1986) etc.

D'autres Acadiennes préfèrent seregrouper, même si ces groupes de fem-mes ne travaillent pas forcément en-semble. La Fédération des Damesd'Acadie, créée en 1974 et composée de1 000 membres, s'intéresse actuelle-ment à la santé des femmes, à la paix,aux femmes collaboratrices etc. L'orien-tation de la fédération devient quelquepeu féminsite, même si au départ ils'agissait plutôt d'un regroupement defemmes de cadres supérieurs de la so-ciété. Le Réseau des femmes du Nou-veau-Brunswick, créé en 1984, veut deson côté chapeauter les revendicationsde près de 23 000 Acadiennes, auto-chtones, anglophones et servir de38 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. 88

groupe de pression auprès du gouver-nement. Utopie ou défi? En tout cas, latâche est immense, surtout si l'on penseque ces femmes n'ont pratiquementjamais eu l'occasion de travailler en-semble et de se connaître.

Il est surprenant de voir que leféminisme radical est peu présent ici,ou en tout cas se fait peu entendre.Pourtant, un sous-comité de femmeslesbiennes s'est créé pour répondre auxlacunes du G.L.M. (Gays et lesbiennesde Moncton) et renforcer la culture les-bienne. En dehors de ces trois regrou-pements, il existe des prises de positionféministes dans presque tous les sec-teurs d'activités: centre d'auto-santédes femmes Centrelles, comité d'étu-diantes sur la condition des femmes àl'université de Moncton, La PasserElle,centre de support pour les mères céliba-taires, maisons de transition pour lesfemmes battues etc. Le milieu universi-taire s'est aussi mis de la partie: Cata-lina Ferrer et Simone Leblanc-Rainvilleont établi un guide pédagogique pour lacréation d'une école non-sexiste et denouveaux rapports femmes-hommes«vers un nouveau paradigme»,Corinne Gallant a passé au crible lesgrands philosophes pour dénoncer leursthéories discriminatoires vis-à-vis desfemmes dans «la philosophie... auféminin», Huguette Clavette et Isa-belle McKee-Allain ont commencé un« portrait socio-économique des femmesdu Nouveau-Brunswick» et Lyse Bes-sette et Bernadette Landry travaillentsur la santé mentale des femmes auN.-B.

Plus j'écris sur ce que j'ai découvertdes Acadiennes depuis deux ans, plusj'ai l'impression que les images de cesfemmes, sûrement partielles, ressem-blent aux méandres de la rivière Petit-codiac, parfois invisibles, toujours pré-sentes. Il est difficile de les dévoiler, carl'Acadie, au pluriel, émouvante, active,parfois résignée, est de plus en pluslasse des grandes théories sur son doset de cette Évangéline qui n'en finit pasde ressurgir. Elle préférerait sûrementlaisser agir et parler les femmes aca-diennes plus souvent, mais le passémythique est plus coriace et n'est peut-être pas prêt à se laisser dépasser! 9

1. Nouveau-Brunswick: région du Nord-ouest, de la Baie des Chaleurs, de lapéninsule acadienne, du Sud-Est. Nou-velle-Ecosse: Baie Sainte-Marie, L'îleMadame, Chéticamp. Ile du Prince-Edouard: région Évangéline.

2. in «Les cent lignes de notre américanité»,Éditions Perce-Neige, Moncton, juin 1984,p. 61.

3. Créé en 1981, ce groupe a une entente dediffusion réciproque avec le G.I.V. auQuébec.

Libération ou esclavage ?SUITE DE LA PAGE 6

reuse. Au détriment de sa santé affec-tive et émotive, il dévalorise l'acteamoureux parce que gratuit et facile-ment accessible. L'homme garde sa«fertilité» intacte sans mettre sa vie endanger, croit-on. Mais ce qui est toutaussi pire, en mettant la «vie» de sapartenaire en danger dans certains cas.Bien sûr, les deux en profitent et lesdeux y perdent aussi.

ConséquencesLes contraceptifs ne seraient-ils

pas une forme subtile d'asservissementde la femme, par le miroir d'une prise depouvoir illusoire et transitoire? Oul'homme ne paie-t-il pas le prix de sonassouvissement génital par une sexua-lité dégénérée et avilissante? Bientriste dépendance dans les deux cas !

Tout compte fait, les contraceptifstout en mettant en danger la santé desfemmes, ne règlent pas les problèmesde grossesses non désirées. Il est à sedemander si le nombre de grossesses(fausses couches, avortements, nais-sances) n'a pas augmenté de façonpyramidale depuis la découverte et l'u-tilisation massive des contraceptifs.Est-ce cela que l'on appelle le «contrôledes naissances» ou n'est-ce pas plutôtun holocauste contraceptif collectif,mesdames? 9

1. KUSHI, Michio; Le livre de la macro-biotique, Éditions de la Maisnie, Paris,1980, p. 119.

2. Idem, p. 121.Cet ouvrage traite de la santé en généralet porte quelques remarques très intéres-s a n t e s s u r l e s c o n s é q u e n c e sgraves des contraceptifs sur la santé desfemmes.

* Cône: contraceptif dur de forme conique,que l'on insère dans le canal vaginalavant une relation sexuelle.

À consulterSHORTER, Edward; Le corps des femmes,

Éditions du Seuil, oct. 1984. Un ouvragesur l'avènement du féminisme par le droità la santé.

La Gazette des femmes, Le droit à l'enfantparfait existe-t-il? mai-juin 1987.Cet article traite du développement destechniques de diagnostic prénatal.

La Gazette des femmes, «La maternité aulaboratoire», septembre-octobre 1987.Cet article présente le forum organisé parle Conseil du Statut de la femme les 29,30et 31 octobre à l'Université Concordia àMontréal sur les nouvelles technologiesde la reproduction (NTR).

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En deux mots

J'AI SU QUELes femmes, le travail etl'argentParticipation et intégration est un re-cueil d'essais commandés par le Con-seil consultatif canadien sur la situa-tion de la femme à propos de la situa-tion globale de la population féminine.Les textes portent avant tout sur l'ar-gent et le travail, tant au foyer qu'ausein de la population active, ainsi quesur les effets de ces réalités sur le coursde la vie des femmes. Les auteures sepenchent, par exemple, sur le mariageet le divorce, les conditions de travail, lechômage, la santé et la sécurité, la syn-dicalisation et les pensions. Dix chapi-tres d'un intérêt absolu, intéressants etinstructifs, qui informent à partird'exemples vécus de l'état actuel denotre société à l'égard des femmes etqui proposent des solutions de rechan-ge. On peut se procurer gratuitementParticipation et intégration, lesfemmes, le travail et l'argent auprès duC.C.C.S.F., O.P. 1541, Suce. B., Ottawa(Ont.) KIP 5R5. M.P.

Une série télévisée sur lebénévolat

TV Ontario diffusera au début del'année 1988 une série de treize émis-sions d'une demi-heure sur l'action vo-lontaire. Le bénévolat selon les respon-sables de la série est un secteur «enplein évolution. Le nombre d'organis-mes ne cesse d'augmenter; les béné-voles s'engagent constamment dans denouveaux champs d'activités et cher-chent à maximiser leur action». Cha-que émission sera composée de témoi-gnages et de discussions qui facilite-ront la participation de l'auditoire. Àtitre d'exemple voici quelques-uns desthèmes qui seront abordés: Ma partici-pation? bien sûr voyons... Nos béné-voles, on les trouve et on les garde; ça yest, je suis au conseil; je planifie tout deA à Z; ah! si on avait des sous...; moi, jegère mon stress; je fais du lobbyingsans le savoir. Ces émissions sur lebénévolat francophone en Ontario fontle tour de la question et répondent à un

besoin de revalorisation du bénévolattel qu'éprouvé par de nombreux orga-nismes volontaires et par des bénévolesde tous les milieux. Cette série est uneréalisation de Pierre Leblanc et estanimée par Jacques Danis. LuceLapierre en a assuré la recherche etDanièle Caloz a agi comme conseillère.À ne pas manquer au cours des pre-mières semaines de 1988. M.P.

20 ans d'avenir de femmes»en Saskatchewan-Sud

La Fédération des femmes canadiennes-françaises du sud de la Saskatchewanfêtait en septembre dernier son ving-tième anniversaire de fondation. Cetterencontre régionale qui s'est tenue àGravelbourg a remporté un vif succès.C'est sous le thème « 20 ans d'avenir defemmes» que les participantes ont ré-fléchi et échangé sur l'orientation fu-ture de leur association.

Les ateliers de la rencontre ont étéconçus afin de répondre aux besoinsspécifiques des femmes. Dans le pre-mier, les nouvelles membres de la Fédé-ration ont été invitées à imaginer lamise sur pied et le fonctionnementd'une association de femmes franco-phones. Elles ont déterminé l'orienta-

tion et le plan d'action qu'elles dési-raient réaliser. À l'intérieur du second,les vétéran tes (membres depuis plus decinq ans) se sont penchées sur la réalitéactuelle de l'association, c'est-à-direcomment elles envisageaient leur rôleet celui des nouvelles membres.

Lors de la présentation de la syn-thèse des ateliers on a mis en évidenceles points communs et les divergencesquant aux attentes de chacun des deuxgroupes. On s'est entendu sur la clien-tèle à rejoindre soit les femmes franco-phones d'âges variés et les besoinscommuns: l'appui, l'épanouissement,la revalorisation, la communication,l'information, la revendication, l'assu-rance d'une relève. Diverses idées d'or-dre général ont été émises sur la façonde répondre à ces besoins.

Cependant, il est à noter que l'as-pect religieux de l'association demeurelitigieux. Certaines perçoivent la reli-gion comme faisant partie intégrantede l'association, d'autres la voientcomme parallèle. Pour certaines mem-bres, l'association doit s'orienter versl'épanouissement du «moi» plutôt quele service aux autres comme dans lepassé. Enfin, les nouvelles membresont souligné le fait que la structureformelle actuelle oblige plusieurs às'engager à long terme aux responsabi-lités qu'entraînent divers postes. Entenant compte de leurs besoins spécifi-ques, chaque groupe pourrait assouplirsa structure de fonctionnement.

Il reste donc aux différents groupeslocaux de porter une réflexion sur lesmoyens concrets à prendre afin demieux vivre ce point tournant de l'évo-lution de l'association. Chacun utili-sera une grille de travail et pourra éta-blir ses priorités au niveau local etrégional. Une compilation des priorités

La sénateursYvette Rousseauen compagnie deLouisa Laçasse,présidente régio-nale (Sask.-sud).

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ALLIANCE.TROC1SSE D'INFORMATION À L'INTENTION DES

FEMMES COLLABORATRICES DANS L'ENTREPRISEFAMILIALE DE MILIEU MINORITAIRE

Cette publication est disponible au Canadaau prix de 7 $ pour les membres de la FNFCF

et de 10$ pour les non-membres.

',',?£«-'

Commandez à la :Fédération nationale des femmes

canadiennes françaises (FNFCF)525-325, rue Dalhousie

Ottawa (Ontario)KIN 7G2

servira, par la suite, d'outil dans l'o-rientation de l'association pour les qua-tre années à venir. Un bon départ pourun autre... 20 ans d'avenir de femmes!

Margo MichaudBarbara Basel-BedfordRosemarie Geoffrion-Brown

Pop-ClubC'est dans le but de «faciliter à la fran-cophonie hors-Québec l'accès au disqueet au livre français» que Serge Fleyfel,auparavant journaliste-animateur àRadio-Canada, a eu l'idée de fonder sapropre compagnie de communications.La première initiative de Fleyfel-Com-munications se présente sous formed'un projet dans le domaine musical.Portant le nom de Pop-Club, le projetconsiste à mettre à la disposition desfamilles, des cassettes de musique enprovenance de l'Europe francophone,du Québec et du Canada français. Letout sous forme d'une émission de radiod'une durée de 90 minutes contenantd'un côté des pièces populaires rock etde l'autre des chansons plus douces. Ilsera possible de se procurer à chaquemois une nouvelle cassette des nou-veautés sur le marché pour un prixcompétitif. Fleyfel communicationsdoit annoncer au cours des prochainessemaines la façon de procéder pourdevenir membre de Pop-Club. Pourinformation: 1-800-267-3369. M.P.

MATCH - 10 ansLe Centre international MATCH

fête cette année son dixième anniver-saire. En fait l'idée de fonder uneagence basée sur l'aide et l'échangeentre les femmes du Canada et cellesdes pays en voie de développement estnée lors de la première conférence in-ternationale de l'Année de la femme auMexique en 1975. À cette époque lesfemmes n'étaient pas reconnues com-me étant un secteur spécifique des di-vers programmes d'organismes recon-nus tels l'ACDI, les Églises, les orga-nisations non-gouvernementales. Lesdébuts ont été difficiles mais aujour-d'hui le Centre peut être fier de ses réa-lisations. En plus d'être un lieu d'ai-guillage des projets de soutien et d'édu-cation pour les femmes, c'est un centred'information et une banque de talents.Pour obtenir de plus amples rensei-gnements au sujet du Centre interna-tional Match, on peut communiqueravec le Centre au 205, 200 rue Elgin,Ottawa, (Ont.) K2P 1L5. M.P.

40 Femmes d'action DEC. 87 — JANV. I

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Création du palier ontariende la FFCF

De Hearst, Niagara, Nipissing,Oshawa, Ottawa, Timmins, Sudbury,Toronto et Windsor, la FFCF a doréna-vant son porte-parole provincial: laFFCF DE L'ONTARIO. Réunies enAssemblée extraordinaire, la fin de se-maine dernière (9-10 novembre) à Sud-bury, près de cent cinquante (150) par-ticipantes ont unanimement appuyé leprojet longuement mûri.

En 1985, la FFCF devenait unefédération nationale au service des fem-mes francophones de milieu minoritaireau Canada. Une bonne nouvelle quiallait par contre déstabiliser le mandatoriginal et le rôle de l'organisme. De parson statut nouveau, la FNFCF devaitse restreindre à des groupes-membres.Conséquence: les membres individuel-les de l'Ontario, la Saskatchewan et1'Alberta se retrouvaient «orphelines»mais non moins avides de réinventerleur regroupement. Femmes de paroleet d'action, les membres des anciennessections ontariennes de la FFCF se ral-lient aujourd'hui à leur nouvelle asso-ciation: la FFCF DE L'ONTARIO.

Tributaires de l'expérience du pas-sé, les 1 500 membres de la FFCF DEL'ONTARIO ont choisi d'entourer dedignité le 3e âge des femmes franco-phones. «Malgré notre qualificatif defemmes dans la force de l'âge, nousnous retrouvons souvent affaiblies parde mauvaises conditions de vie dont lessymptômes se nomment solitude et pau-vreté», commentait une participante àl'issue de la rencontre. Elle ajoutaitcependant : « II n'en reste pas moins queje repars avec l'espoir au coeur puisquenotre nouvelle association se veut ga-rante de lendemains plus justes pourles femmes d'âge mûr en Ontario.

Au cours de la prochaine année,l'ardeur du Conseil d'administration dela FFCF DE L'ONTARIO se tourneravers les besoins les plus urgents expri-més en ateliers, entre autres:• une meilleure distribution des pen-

sions ;• des ressources pour les femmes vic-

times d'abus;• des centres d'accueil pour les femmes

francophones des régions éloignées.Soucieuses de l'expansion de la cul-

ture et de la langue française en Onta-rio ainsi que de la promotion de l'égalitépour les femmes, la FFCF DE L'ON-TARIO a foi en l'avenir. 9

Source: Bibiane Matte, coordonnatrice ducomité de travail de la FFCF DE L'ONTA-RIO. Pour renseignements supplémentaires(705) 969-5457.

LES ÉCRITSRESTENT

Hommage aux héroïnesPoétesse, historienne, moraliste sur-

tout, l'auteure de La Cité des Dames estnée à Venise au 14e siècle. Pour les tra-ducteurs Thérèse Moreau et Eric Hicksqui ont entrepris de présenter l'oeuvrede Christine de Pizan, féministe de sonépoque, l'entreprise était de faire pren-

dre conscience au public d'aujourd'hui« de ce qui nous rapproche de celles et deceux qui nous ont précédés, mais ausside ce qui nous en sépare».

Il faut donc, à la lecture des textes,conserver en mémoire le contexte etl'environnement dans lequel évoluaitl'auteure. Christine par ses écrits a eu lecourage d'affronter «l'hérésie, la bar-barie qu'était à ses yeux le sort réservéaux femmes... elle leurs donnera lesmoyens de désarmer leurs adversaireset faire triompher leur bon droit» enluttant contre l'ignorance. Si elle remeten question la culture misogyne de sontemps et la dénonce, elle ne peut queproposer l'unique alternative possible àses yeux soit que la femme doit « rester àsa place, tout en chantant les vertus dela paix et parfois de l'abnégation».

La raison, la justice et la droituresont les pierres d'accise de la Cité desDames. C'est par le récit des faits de lavie des grandes dames du temps jadisqu'elle illustre ces vertus. Elle démon-tre par exemple, que les préjugés àl'égard de l'incapacité des femmes às'occuper du politique et des affaires estfaux en citant le comportement de cer-taines reines de France; que la faiblessede caractère des femmes est une trom-perie, elle souligne l'attitude de person-nages au caractère exemplaire tel Flo-rence de Rome et ainsi de suite.

Le volume contient près d'une cen-taine de courts récits et d'entretiens. Onpeut trouver le discours parfois redon-dant, tant Christine s'applique à met-tre en évidence les qualités, les proues-ses et l'apport à l'évolution de l'huma-

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Femmes d'action Vol.17 No 2 41

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nité de toutes et chacune: de la déesse àla reine, de la vierge à la veuve, de l'ar-tisane à l'artiste qu'elle soit d'hier ou deson temps. Malgré cela l'ouvrage a saplace au coeur de celles que l'Histoireintéresse ou tout simplement pour con-naître toute la valeur de ces héroïnesqui ont traversé les siècles grâce aucourage de Christine de Pizan et à l'ini-tiative de Thérèse Moreau et EricHicks. Christine de Pizan, La Cité desDames, Paris, Éditions Stock/MoyenAge 1986, 290 pp. M.P.

Chez Prise de ParoleLa maison d'édition Prise de

Parole profite de cette année de la fran-cophonie d'Amérique pour faire con-naître ses écrivaines et écrivainsfranco-ontarien-e-s sous la forme d'unrépertoire. Il s'agit d'auteur-e-s de fic-tion: romancier-e-s, dramaturges, poè-tes et poétesses, conteur-e-s qui viventou travaillent en Ontario et s'intéres-sent à l'Ontario français.

Plus d'une quarantaine d'écrivainset d'écrivaines ont donc le plaisir de seretrouver entre les pages de ce réper-toire. On y retrouve des noms telsHélène Brodeur romancière, CécileCloutier et Mireille Desjarlais poétes-ses, Brigitte Haentjens dramaturge. Lacourte biographie permet de mettrel'accent sur les moments importants deleur évolution et de nous les faire mieuxconnaître. La recherche a été exécutéepar Paul-François Sylvestre. Le Réper-toire des écrivains franco-ontariens estdisponible auprès des Éditions Prise deParole, C.P. 550, Succursale B, Sudbury(Ontario) P3E 4R2. 9 M.P.

Rumeurs de la Haute MaisonSUITE DE LA PAGE 15

trottoir; une tête d'enfant avec unequeue de sirène et des ailes de chauve-souris.

Au bout de son dessin apparaissentdeux souliers blancs à talons hauts, legenre qui la fait pouffer de rire, avec untrou au bout où l'on voit un ou deuxorteils, des souliers comme ceux queporte Georgette, la grande soeur d'une

... comme si ellesortait d'un conteancien.

compagne. Aussi a-t-elle baptisé cessouliers des georgettes. Rachel lève latête.— Quel étrange dessin! Qu'est-ce que çareprésente? demande la femme auxgeorgettes qui n'est pas Georgette.— C'est ma cousine, dit Rachel en semordant l'intérieur des joues.—Oh, réplique la femme qui s'éloigneen claquant des talons et en murmu-rant. Ah, l'imagination des enfants!— Rachel! Combien de fois t'ai-je dit dene pas dessiner sur le trottoir? lancePearl depuis le balcon. Efface ça tout desuite et viens souper.

Une semaine plus tard, juste com-me l'été venait de basculer dans le moisd'août (un mois tissé de nostalgie et devague panique qui saisissent Rachel àla poitrine: l'école reprendra bientôt),les événements allaient se précipiter etchambarder sa vie.

Le jour s'est levé en catimini der-rière la couche uniforme des nuages quilaissent stagner sur la terre l'humiditédes dernières semaines.

Dans la lourdeur sous cette clochede verre, le klaxon d'une auto résonneen sourdine. Pearl lève les yeux de sontravail de traduction.— Ah, ça doit être Oscar et Jeanne.Rachel laisse tomber le livre qu'ellefeuillette avec nonchalance.— Jeanne! Qu'est-ce qu'elle vient faireici?Pearl hésite, embarrassée.— Écoute, Rachel. J'ai été tellementoccupée que j'ai oublié de te dire quej'avais invité Jeanne à rester avec nousquelques jours.

— Quelques jours? Tu veux dire jusqu'àla fin de semaine?— Euh, pas tout à fait. Au moins jus-qu'au début de l'école.— Maman! T'as pas le droit! Tu medemandes toujours mon avis. C'est pasjuste!— Rachel, je ne veux pas d'histoires, tum'entends? Jeanne se fait assez char-rier comme c'est là. Est-ce que tu mepromets d'être gentille avec elle?

Rachel regarde obstinément le boutde ses sandales. On frappe à la ported'entrée.— Rachel, promets-moi.

— O.K., je promets. Mais elle ne cou-chera pas dans ma chambre!

Pearl se précipite vers la porte, sortet la ferme aussitôt derrière elle. Rachelse plante devant la fenêtre du salon etsuit la scène à travers les rideaux demousseline. Elle ne peut pas détacherses yeux de cette fameuse cousine. Bienqu'elle ait le même âge qu'elle, elle estplus grande. Une crinière rouge formeune auréole en coup de vent autour desa tête. À chacun de ses mouvements,les cheveux laissent un sillon de flam-mes rouges, comme un éclair.

Elle porte une invraisemblable ro-be de gros lin qui lui bat inégalementles mollets, comme si elle sortait d'unconte ancien, un conte de la Forêt-Noire, pense Rachel.

Elle monte les marches du perron,droite et fière, arrogante aussi. Dansses yeux noirs, Rachel détecte une gra-vité placée là par des expériences terri-bles ainsi qu'une sorte d'éclat de rireperpétuel qui vibre derrière le sérieuxdu regard. Puis, à travers les rideaux,elle aperçoit Rachel et pose ses yeux surles siens.

D'instinct, Rachel recule vers lemilieu de la pièce. Mais Jeanne conti-nue de fixer l'endroit que sa cousinevient de quitter et toute la moquerie dumonde s'inscrit sur son visage. Instan-tanément, Rachel a peur d'elle et se metà la haïr de toutes ses forces. Elle s'en-fuit à l'arrière de la maison et trouverefuge dans la balançoire à deux bancs.

Extrait de Rumeurs de la Haute Maison deGisèle Villeneuve, Montréal, Éd. Québec/Amérique, 1987, p. 56 à 59. Femmes d'Actionremercie l'auteure et la maison Québec/Amérique de lui avoir accordé le droit depublier ces pages.

Rumeurs de la Haute Maison est le premier roman deGisèle Villeneuve. Écrivaine pigiste depuis 10 ans,elle partage son temps entre la rédaction de scéna-rios pour la radio éducative de l'Alberta, le journa-lisme et l'écriture de nouvelles et de poésie. Elle apublié un essai intitulé De mot à image dans le vol 16no 5 de FEMMES D'ACTION. Gisèle Villeneuve estnée à Montréal et habite Calgary depuis 1978.

42 Femmes d'action DEC. 87 —JANV.

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Le boutte du boutte

AU CANADA FRANÇAIS, UNE BONNE PARTIE DEl'histoire du bénévolat est directement liée à l'Église et sesactivités. De nos jours c'est différent mais je me demande s'ilne reste pas quelques «reliquats» de perception qui rendentau bénévolat un sens presque péjoratif; un passe-temps pourles riches alors que les autres sont occupées à survivre.

Je vis face au bénévolat une certaine ambiguïté. Enbonne gémeau que je suis, je me trouve comme qui diraitassise entre deux chaises. Je reconnais la nécessité du béné-volat mais je me demande qui en profite le plus; les bénévoleset la clientèle qu'elles desservent ou les gouvernements?C'est une excuse que j'ai entendue souvent; pourquoi lessubventionner alors qu'elles fonctionnent depuis des annéesde façon bénévole. S'il n'y avait pas tant de femmes impli-quées bénévolement à la mise sur pied et à la gestion desservices de garde, je parie que le gouvernement réagiraitconcrètement plutôt que de créer un comité-d'étude-bidondont la seule mission est de ralentir les choses.

Si on lisait à la une des journaux: «LE PAYS PARA-LYSE: LES BÉNÉVOLES CANADIENNES DÉCRÈTENTUN MOIS DE GRÈVE GÉNÉRALE». Voilà qui servirait àrendre compte de la valeur et de l'ampleur du travailnon-rémunéré!

Les hommes savent, mieux que nous, utiliser le bénévo-lat pour mousser leur carrière: faut dire qu'ils occupent despostes à haute visibilité, des postes de prestige, qui augmen-tent leur crédibilité. On entendra beaucoup plus parler dumari qui préside une campagne de financement que de safemme qui effectue son tour mensuel à la garderie coopéra-tive. Et puis, un président à la table d'honneur d'un souper-bénéfice ça fait une plus belle photo qu'une femme quichange des couches, même si elle sourit!

Dis-moi pour qui tu travailles sans salaire et je te diraiqui tu es. Le bénévolat que l'on fait est très souvent reflet delà où on en est dans sa vie. On donne notre temps et nos

énergies parce qu'on veut faire avancer une cause, parcequ'on veut mettre en pratique des talents que l'on avait missur la glace, faute de temps, parce qu'on nous a sollicitées etqu'on offre des conseils «d'experte»... Bref, les raisons quimotivent notre implication bénévole sont aussi nombreusesqu'il y a d'individues. Le dénominateur commun, c'est qu'iln'y a pas de salaire au bout du compte et dans notre compte...

On acquiert aussi de nouvelles connaissances ; on se metà fignoler des budgets (même si on haït les chiffres), on écritdes articles, on dessine des affiches avec une créativitédéboutonnée qu'on ne se connaissait pas... Quand on est

LE BÉNÉVOLAT...

PAYÉE,PAS PAYÉEJ'Y «VA»

par Claire Mazuhelli

bénévole, y'a moins de descriptions de tâches que de tâches àpartager, par quiconque s'en sent le goût et l'énergie; çadonne libre cours à toutes sortes d'expériences enrichis-santes et surprenantes. On peut s'en servir pour se redonnerconfiance, quand on a oublié à quoi on est bonne, quand onveut se réorienter ou que l'on veut réintégrer le marché dutravail...

En marge de la frénésie de nos jobs respectives, il y a lebénévolat qui ressource, lieu privilégié par beaucoup defemmes pour partager et faire le point; le comité bénévole,c'est souvent « la» sortie du mois, où on laisse le quotidien decôté pour se regarder le nombril, là où c'est permis. Le pro-blème c'est qu'on oublie quand s'arrêter et que le bénévolatcoûte parfois très cher; on fait soudain partie de quatre comi-tés, on n'a plus une seconde à soi, on se trouve mêlée à desconflits entre les bénévoles et les employées... On s'y perd...Je crois qu'il faut que les femmes soient vigilantes; le bénévo-lat a sa place mais pas toute la place. Il faut savoir créer unedistance, se réajuster ou carrément se retirer pour aller gran-dir ailleurs. Si je ne suis plus prête à vendre mon âme, je suisencore moins prête à la donner, même si c'est plus « pur»... Sion ne se sent plus valorisée par le bénévolat que l'on fait, ilfaut le reconnaître même s'il est parfois difficile de laisseraller «le bébé» que l'on a créé.

J'aimerais que les employeurs et les institutions du«haut-savoir» (collèges et universités), s'ouvrent les yeux ouchangent de lunettes... Le bénévolat que l'on fait vaut bienquelques années d'expérience ou quelques crédits... Il estgrand temps que l'on fasse valoir nos expériences, rémuné-rées ou non. Je trouve injuste qu'une femme qui a administréun projet pendant des années, mais bénévolement, soit obli-gée de faire un cours de comptabilité 001, quand elle retourneaux études... Franchement, c'est d'un ridicule évident; c'estce qui fait que les femmes se tannent des bancs d'école oùelles s'emmerdent et perdent temps et argent. Alors, ellesprennent des jobs de «waitress», payantes... Les femmessont réalistes, elles...

Bénévolons mais bénévolons judicieusement! Et puis, sion reparlait de cette grève générale... 9

Femmes d'action Vol.17 No 2 43

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