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MollyReed

HotCoutureÉpisode4:OrgueiletSentiments

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1

Nathan—Posetamain.Grand-pèreestfâché.Larèglefrappemesdoigtsunefois,deuxfois.Autroisièmecoup,ellesefige.

Je serre les dents pour ne pas pleurer. Grand-père ne supporte pas les larmes. Il dit que ce sont lesenfantsquipleurent,etmoijenesuisplusunbébé:j’aidixans.

Ilmerelève lementonavecsacannepourplongersonregarddans lemien. Jenedois surtoutpascraquer.Pasmaintenant.Pasdevantlui.

—Unhommedoitassumerseserreurs,mêmesilesconséquencessontdouloureuses.N’oubliejamaisça,Lionel.

Ilestsatisfait.Désormais,quandilmefrappe,jenecrieplus.—Tupeuxt’enaller,maintenant.J’étouffe.Ilfautquejequittecettemaisonleplusvitepossible!Jemerueverslaported’entrée.Je

manque de bousculer Anatole, le majordome de Grand-père, qui arrive en contresens. Il essaye dem’arrêter.Ilveutsavoirsi jevaisbien.Quellequestionidiote!Jepréfèrel’ignorer.AnatoleestgentilmaisilneferaounedirajamaisrienquipourraitmettreGrand-pèreencolère.

Enm’apercevantdansl’entrée,Henribonditdesamarche.Aveclavitrebrisée,ilatoutentendu.Iljetteuncoupd’œilinquietverslebureau,oùjesaisqu’onnousobserve.Quandilseretourne,jenesuispluslà.Ildoitcourirpourmerattraper.

—Tuauraisdûluidirequec’étaitmafaute!—Ils’enmoque.—Ilnet’auraitpaspuni!Henriatort.J’aijouéprèsdelamaison:pourGrand-père,jedoisenacceptertouslesrisques.Que

j’aietiréounondansleballonnechangepasgrand-chose:lavitrerestecassée.Je le déteste ! Je veux grandir plus vite, je veux partir d’ici, je veux qu’onme laisse tranquille !

Mamanmemanque.Papamemanque.EtjehaisGrand-père!Henrimeparle,maisjenel’écouteplus.Jepiqueunsprintpourmettreleplusdedistancepossible

entreluietmoi.Jeveuxqu’ilmelaissetranquille.—Nathan!Henrinem’appellejamaisLionel.Jeneleveuxpas.Lionel,c’estlepetit-filsqueGrand-pèreveut

quejesois.Maisilaurabeaufairetoutcequ’ilpeut,jerefusededevenircommelui:seuletdétesté!Henri crie à nouveau mon nom de toutes ses forces. Je fonce droit devant, sans chercher à me

retourner.Ilnepeutpascomprendrecequejeressens.Luiasonpapa,samaman,descadeauxàNoël,une fête à son anniversaire. Et des amis. Plein d’amis. Grand-père m’impose des cours parcorrespondance,commes’ilavaitpeurquejemefassetropdecopains.

Unjour,jem’enfuirai.Jepartirailoin,trèsloin!Etjenereviendraijamais.

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J’airapidementunpointdecôté.Jeralentisaprèsavoirvérifiéquejel’aidistancé.Soudain,desriresfusentsurmadroite.MaxCunighamettroisdesescopainssesontarrêtésdejouer

pourmeregarderlesdépasser.Jedétourneaussitôtlatête.Troptard.—MaisondiraitbienquelepetitLionelestentraindepleurercommeunefille!Monpoing lecogneavantqu’ilnecomprenneque jemesuis ruésur lui.J’ai frappéde toutesmes

forces.Jecroisquejeluiaicassélenez.Ilhurleetsescopainssejettentsurmoi.Ilssonttropnombreuxpourquejeleuréchappe.Deuxd’entreeuxmeflanquentparterrepuisletroisièmemebalanceungroscoupdepieddansleventre.

—Arrêtez,bandedelâches!—Merde,c’estKessy!Max,fautfilerd’ici!—MaxCunigham,TomHokkinsetSamuelNasher, jevousaivus!Jevais ledireàvosparents !

Vousallezvoir!Lescoupsontcessédepleuvoir.Maxestfurieuxd’avoirétédérangé.—Aidez-moiàmerelever,abrutis!T’aseudelachance,toi,laprochainefois,jetepéteraitoutes

lesdents!Ilsdécampent,aussirapidesquel’éclair.JemeforceàmeremettresurmespiedsavantqueKessy

n’arriveàmahauteur.—Nathan!Est-cequeçava?Sonnezseretroussetandisqu’ellefixelesarbresoùmesagresseursontprislafuite.—Laprochainefois,jeleurbotterailesfesses!Ilsneperdentrienpourattendre!Lesmainssurleshanches,elleasonairmalcommode.Avecsescouettesetsapoupée,personnene

sedouteraitqu’elleestcapabledemordre.Ellen’aquesixansmaisc’estdéjàunedureàcuire,soussesalluresdepetitefillemodèle.

Je fais comme si je ne l’avais pas entendue et poursuisma route.MaisKessy est butée. Ellemerattrapeetm’arrêteavecsonairboudeur.

—Tumefaislatête?—Non.—Si,tumefaislatête!—Jetedisquenon.—Jesaisquandtumemens.Etlà,tumemens!Jebaisse lesyeuxsurmonpantalondésormais saleet faisminede frotterune tache.En fait, jene

veuxpaslaregarder.Jemesensstupidedem’êtrefaitbattreparMaxetsescopains.Jeveuxêtrefortepour elle. Je ne veux pas qu’elleme prenne pour un faible.Un homme ne pleure pas.Un homme n’aaucunefaiblesse.Etpourtant,c’estlatroisièmefoisqu’ellemeportesecoursenmoinsdedeuxsemaines.

—Net’inquiètepas,jenedirairienàtongrand-père,merassure-t-elledesapetitevoixdouce.Jefroncelessourcilsenrelevantlatête.Ellemesourit.Unsourirequifaitbattremoncœurbeaucoup

plusvite.Elleestvraimentlaplusjoliefilledelaterre.—Jelesauraisbattus,répliqué-je,vexé.UnpeuplusetjelesmettaisKOtouslestrois!—Évidemment,c’esttoileplusfort!Cettefois,ellesemoque.Jeboudeetellerigole.J’adoresonrire.Enfait,j’adoretoutchezelle.Un

jour, j’oserai luidireque je l’aime.Maispasmaintenant. Jedoisdevenir fort.Beaucoupplus fort. Jecroisqu’ellem’aimebienelleaussi.C’estHenriquimel’adit.Plustard,jememarieraiavecelle,etons’enfuirad’ici.Peut-êtreenFrance.Mamanétaitfrançaise.

—Kessy,tuaimeraisvivreàParis?

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—Ohoui!Tum’emmèneraslà-bas,unjour,dis?Ellepiétinel’herbeenattendantmaréponse.J’éclatederire.Avecelle, toutestsisimple.Onsera

heureuxtouslesdeux,c’estsûr.—Jetelepromets.Ellesautedejoiepuissependàmoncou.—Tuesleplusgentildesgarçonsquejeconnaisse!Quandjeseraigrande,jet’épouserai!Jemesensrougirjusqu’auxorteils.Jerestemuetcommeunidiot,incapabledeluidirequemoiaussi

jelesouhaiterais.—Oh,tapoupée!m’exclamé-jetoutàcoupenfixantletissudéchirédelarobe.Qu’est-cequiluiest

arrivé?MissLizzienelaquittejamais;elleytienténormément.Jesuissurprisqu’ellesoitdansuntelétat.

C’estunejoliefilletteavecdesbouclettesanglaisesetleteintrose.—C’estmoncousin.Ill’ajetéedanslesrosiers.Quandj’aivoulularécupérer,elles’estaccrochéeà

desépines…—Tuastirédessus?deviné-je,avecundemi-sourire.Ellehochelatête,deslarmespleinlesyeux.Jedétestelavoirmalheureuse.—Montre-moi.Ellehésiteavantdemelatendre.Jepourraisessayerdelarafistolermaisçarisquedenepasêtre

trèsjoli.—Tusaisquoi?Moi, je trouvequeMissLizzieabesoind’unenouvelle robe.Elleportece truc

depuistroplongtemps.Unpeudechangementluiferaitdubien,tunecroispas?Ellemedévisagesanscomprendre,puisunsourireéblouissantilluminesonvisage.—Tuvasluienfaireuneautre?C’estvrai?—Situacceptesdemelaprêterquelquesheures.Je saisque lui demander ça est trèsdifficile.À lamort de sesparents, sononcle et sa tante l’ont

recueilliechezeux.Cettepoupée,c’estlederniercadeauquesamèreluiaoffert.Elleneparlejamaisd’euxetjeneposepasdequestion.Jecroisquec’estpourçaqu’onsecomprendsibien:finalement,aucundenousn’estvraimentànotreplaceici.

—Situlesouhaites,turesterasàcôtédemoi,d’accord?Unsouriredesoulagementilluminesonvisage.—Ohoui!Alors,jeveuxunegranderobeblanche!Commecelledesmariées!Jerigoledevantsonexigence.—Jenesuispasungrandcouturier!—Maissi,tueslemeilleur!Etunjour,tuserasleplusgrandcouturierdumonde!Etpuis,c’esttoi

quimedessinerasmarobedemariée!J’enveuxunegrande,commelesprincesses!Touteblancheavecdeladentelle!Elleseralaplusjolierobedetoutelagalaxie!Et…ohnon!

—Quoi?—Ben,lemarién’apasledroitdevoirlarobe,sinonçaportemalheur…Elleesteffondréeet,moi,j’éclatederire.—Alors,jet’enferaiaumoinsdix,commeçajenesauraipaslaquelletuauraschoisie.Masolutionluiconvient.Ellesautille,touteheureuse.J’aienviede laserrercontremoi,mais jen’yarrivepas.Kessyest laseuleàcroireenmonrêve.

C’est notre secret à tous les deux. Grand-père veut que je prenne sa suite à la tête de son cabinetd’avocats.C’estleplusréputédetoutl’Angleterre.Jen’aipasencoretrouvélecouragedeleluidire.IlcritiquaitMamanparcequ’elletravaillaitbeaucouppourpasgrand-chose.Ildittoutletempsquec’estsa

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faute si Papa est mort : s’il avait accepté d’épouser la femme que Grand-père lui avait proposée, iln’auraitjamaisprisl’avioncejour-làpourrejoindreMaman,etiln’yauraitjamaiseud’accident.Papaseraitriche,àlatêteducabinetd’avocatset,moi…moijen’existeraispas.Ilnemel’ajamaisdit,maisjesaisquec’estcequ’ilpense.

Jesuisunechargepourlui.Bientôt,jeneleseraiplus.—Dois-jecomprendrequetuastoutgérédansmondos?Grand-pèresemoquepasmaldemonmécontentement.Pourlui,ladiscussionestclose.—LaBPPUniversityLawSchoolestl’unedesmeilleuresécolesd’Angleterre.Tondossieradéjà

étévalidé.TuirasàManchester.J’aifait,lasemainedernière,unchèquededix-neufmillelivressterlingpourquetupuissessuivreleurscours,croisbienquejeferaitoutpourqueriennetedéconcentredetesétudesdedroit.Tuaslachanced’avoirunavenirenorquis’offreàtoi.Peudejeunesdetonâgeontdesparentsassezfortunéspourleurpermettrederentrerdanscetétablissement.

S’ilcroitquejevaisculpabiliserpourtoutl’argentqu’ildépensepourmoi,ilsetrompe!Jenesuispassachose!

—Lorsquetuaurasfaittespreuvesdanslestribunaux,jeteproposeraipourquetuprennesmarelèveà la tête du cabinet.Ainsi, cette affaire restera dans la famille. Ton père serait fier de toi.C’était unexcellentavocatetjenedoutepasquetusauraslesurpasser.

S’il savait !J’aiobtenuma licencededroitpar jenesaisquelmiracle : jepasseplusde tempsàm’entraînersurdespansdetissus,danslacabanequ’onacrééeHenri,Kessyetmoi,qu’àétudiermesbouquins.

Sonregardmetranspercejusqu’auplusprofonddemonâme.J’aivingtetunans,jen’aiplusl’âgedetaperdupiedcommeungamin.Qu’ilmènesabarquecommeillesouhaite,qu’ildépensedesfortunessiçaluichante!Jem’enfousroyalement.Jenesuispasmonpère,jenesuispasprêtàmelaisserdictermaconduite,niparGrand-pèreniparunautre.

—Lafamilleestsacrée,Lionel.Nel’oubliejamais.Quanddesdifficultéssurviennent,c’estsurelleseulequ’onpeutcompter.

Tuparles!—J’aiencoredesleçonsàréviser.—Alors,nelesfaispasattendre.Jetiensàcequetusoislemeilleur.Je tourne les talons pour me réfugier dans ma chambre. Je résiste à l’envie de claquer la porte

derrièremoi.Jenesupporteplusd’êtreici!Jesoulèvemonmatelaspourrécupérerl’enveloppeferméequiyestdissimulée.Deuxmilledeuxcent

cinquantelivressterling.C’esttoutcequej’aipuéconomiseraveclaventedemesmodèles.Jem’emparedubilletd’avion.UnallersimplepourParis.Ceneserapasfacilemaisjesuisprêtàmebattrepourmefairemaplace.Oui,jesuisprêtàretroussermesmanches,àcumulerlespetitsboulots,àfairelamanchemême,s’illefaut!

—Jem’endoutais!Jefaisvolte-face.Kessym’observe,laminefurieuse.Elleestsuperbe,commed’habitude.Duhautde

sesdix-septans,sabeautéestdéjàdignedesplusgrandsmannequins:unvisagemagnifique,desjambesinterminables,unventreplat,unepoitrinepleine...

Elles’avanceversmoi,undoigtaccusateurpointédansmadirection.—J’aibienvuque tuétaissouventailleursencemoment. Jenesuispas idiote ! Jesavaisque tu

tramaisquelquechose.Alors,tucomptesmelaisserderrièretoi,c’estça?

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Jefroncedessourcils.Jen’aipasenviequ’onsedispute.—Qu’est-cequetufaisici?—Làn’estpasleproblème.Jesaiscequetuasentête!Difficiledeprétendrequecen’estpascequ’ellecroitavecunbilletd’aviondanslesmains.—Ilesttempspourmoidepartird’ici.—Donc,tum’abandonnes?—Cen’estpasça…TusaisqueGrand-pèrenemelaisserajamaisfairecequejeveux.—Danscesconditions,jeviensavectoi.Jenesuispassurprisparcettedécision:Kessymesuivraitauboutdumondesijeleluidemandais.—Non,c’estimpossible.—Pourquoi?—J’aiàpeinedequoimepayerdeuxloyersàParis.Jerefusedetefairevivredanslamisère.Tune

méritespascettevie,jeveuxt’offrirplus.—Jememoquedel’argent,c’esttoiquejeveux!—Jereviendraitechercher,jetelepromets.—Quand?Dansdixans?Dansvingtans?Tum’aurasoubliéed’ici là!Etsi turéussis, tuseras

entourédesplusbellesfemmesdecemonde,jenet’intéresseraiplus!Des larmes coulent sur ses joues.Kessy est fière, belle et intelligente. Elle deviendra une actrice

formidable.Jem’approched’ellepourluicaresserlajoue.Ellefermeuninstantlesyeux.Monregardglissesur

seslèvresetj’ydéposeunbaiseraussilégerqu’uneplume.Unfrissonlaparcourt.Ellegémitdoucementpourenréclamerunsecond.

—Iln’yaquetoi,Kessy.Iln’yauratoujoursquetoi,tulesais.—Non,rétorque-t-elle,butée.Est-cequetum’aimes,Nathan?Situm’aimes,neparspas!Lesmotss’étranglentdansmagorge.Jen’arrivepasàlesprononcer.Kessyesttoutpourmoi,maisje

neveuxpasresterici.—Est-cequetum’aimes,Nathan?Dis-le-moi,jet’enprie…Je la soulève dans mes bras et la dépose délicatement sur mon lit, avant dem’allonger sur elle.

J’embrasseleboutdesonnez,sesjoues,soncou.Jeladébarrassedesarobeetjelajettederrièremoi.—Tuesmagnifique,Kessy.Tuserastoujourslaplusbellepourmoi.Unsourireeffleureseslèvres.—Jeferaitoutpourtoi,Nathan.Absolumenttout.Demande-moicequetuveux.Ellesaittrèsbiencequejeveux.Ellel’atoujourssu.Depuiscejouroùelles’estdéshabilléedevant

moipourenfilerundemesmodèles,j’airessentilebesoinviscéraldelaposséder.Aucuneautrefemmenepourralaconcurrencer.J’aisoifd’elle,desoncorps,desonrire.

Jeremontesarobe.Elleneportepasdeculotte.Nosregardssecroisentetellesefendd’undeuxièmesourirecomplice.Kessydonne l’allured’une jeune filledebonne famillemaiselle restera toujours lamême:indomptableetcoquineàsouhait.Malanguedescendlentementverssonnombriltandisqu’ellegémit de plaisir. J’attrape ses fesses pour la tirer encore plus versmonvisage et je dévore son sexe,tandisqu’ellesetorddanstouslessens.

—Oh!Nathan!Oui…Jesaiscequ’elleaimeetjem’appliqueàluifaireoubliertoutesatension.J’aspiresonclitoris,je

glissedeuxdoigtsdanssafenteet jelabranle.Sonsouffles’estaccéléré,ellemurmuremonnom.Sonbassinremueaurythmedesonexcitation.Jemeredresseetlaforceàsemettreàquatrepattes.J’écartesesfessesetrecommencemonmanège.

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—Encore!Vas-y!Mords-moileslèvres!Jem’exécute et elle a rapidement un premier orgasme.Mais je ne lui laisse pas le temps de s’en

remettre. Je fais tombermon pantalon sur le sol et j’attrape une de sesmains pour la poser surmonérection. Je n’ai pas besoin de lui dire quoi que ce soit,Kessy se jette surmaverge pour l’engloutircommeuneaffamée.Quelquessecondesdecetraitementetjesuisdéjààdeuxdoigtsdeperdrelatête!Jeserre les dents pour réprimer mes gémissements. Ses mains se sont crispées sur mes fesses. Ellem’enfoncedanssabouchechaudeetsalanguem’entoureetmecaressedansunrythmequivabientôtmefaireéjaculer.Ellemesuceavecuneardeurdécuplée.Jesouffle,auborddel’explosion.

—Kessy…doucement…Ellenem’écoutepas,elles’active,elleveutmevoircraquer.Jel’arracheàmoi.—Baise-moi,Nathan.Jelabasculesurlelit,j’écartesesjambesaumaximumetjeplacemonglandcontrel’entréedeson

vagin.—Oh!Vas-y.Fort!J’attrape ses cuisses et je la tire brutalement contremoi pour la pénétrer d’une seule poussée. La

chaleurdesonsexemefaitpousserungémissementrauque.Jem’immobilisepoursavourercetinstant,maisKessyestdéjàimpatiente.Alors,jemeretirepourlapénétrerunenouvellefois.Etencoreunefois.

—Plusvite!Sur son ordre, j’accélère mes coups de reins et bientôt nos souffles excités se rejoignent. Je me

moquequeGrand-pèrepuissenousentendre.J’aipresqueenviedecrierpourqu’ilsachequejenesuispaslejeunehommequ’ilveutquejesois.

—Allonge-toi!Jem’exécuteetKessyseplaceàcalifourchonsurmoi.Jelalaisseprendresonrythmeetjelaregarde

s’empalersurmonsexedresséenpoussantdessoupirsheureux.Bientôt,lacadenceestinfernale.Elleafermélesyeux.Latêterenverséeenarrière,ellesemordles

lèvresengémissanttoutencontinuantdesedéhancher.Ellesecambreetmechevauchecommesic’étaitladernièrechosequ’elledevaitfairesurcetteterre.

Je presse ses seins, ses fesses. Son corps vibre. Ses traits se crispent tandis que je pressens sajouissance.Alors,je larepoussesauvagementet labasculeànouveauàquatrepattes.Jem’enfonceenelleet je lamartèledecoupsdeboutoirs, encouragépar sescrisétouffésdans l’oreiller. J’éjaculeaumomentoùundeuxièmeorgasmelatransporte.

—Nemequittepas,s’ilteplaît,murmure-t-elle.Jeretombemollementsurelleetmecontented’embrasseruneépaule.Jelaveux.Jen’aipluslechoix.Elleétouffeunsanglotetjemecontentedelalaisserpleurer.Je joue nerveusement avec les plumes demonmasque dans l’attente de l’arrivée des acteurs sur

scène. Jemeretiensdebondirdans lescoulisses. Jen’aipasenviede faireunesclandreniqu’onmereconnaisse.Jecommenceàmefairetoutjusteunnomdanslemilieudelamode,cen’estpaspourtoutgâcherbêtementàcaused’elle!Commenta-t-ellepuenarriverlà?!Qu’est-cequiluiapris?!

La scène s’éventre et deux hommes apparaissent. Jeme redresse surma chaise en apercevant unefemmeaucorpssplendideàquatrepattesentreeux.Lamusiqueest lancée, lenteetsuave.Jeserre lespoings pour ne pas arracher Kessy de la scène. Contrairement à ses compagnons, un masque dorérecouvrelapremièrepartiedesonvisage.Jemecrispesurmachaisequandleshommescommencentàla

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caresser.Prèsdemoi,desbruitsdesuccionetdesgémissementssefontdéjàentendre.Certainsn’ontpasréussiàattendreledébutdesfestivités.

Je bous littéralement de l’intérieur !Kessy sourit, accepte les attouchements, les caresses.Elle secambrequandl’undesescompagnonsfrottesonsexeentresesfessesjusqu’àobtenirunebelleérection.

—Veux-tuquejetesuce,montoutbeau?Unebellebrunesetientprèsdemoi.Jesuisseulàmatable.Elles’assoitàmescôtésetouvreson

peignoir pour dévoiler une poitrine pleine et un sexe entièrement épilé.Mais je suis trop agacé pourapprécieruntelcadeau.

—Non,merci.—Tuauraistortderefuser,minaude-t-elleenglissantsamainsousmonpeignoir.Tonamiesurscène

m’ademandédem’occuperdetoienattendantqu’elleterminesonpetitnuméro.Hein?Kessym’adoncaperçu…Alorspourquoin’arrête-t-ellepascecirque?!Lanouvellevenueprofitedemasurprisepourseglisserentremesjambesetécarterlespansdemon

peignoir.Samainmemasseavecinsistance.Rapidement,undébutd’érectionseprofile.—Écoutez,je…jenesuispasvenupourça.—Maistueslà,maintenant.Tuauraistortdenepasenprofiter.Laisse-moifaire,tuneleregretteras

pas.J’aiunehésitationquandmonregardcroiseceluideKessy.Mevoit-ellevraimentalorsquelasalle

estplongéedansunesemi-obscurité?Jenesaispas.Entoutcas,unlargesourirem’inviteàprofiterdel’instant.Plusparenviequepardéfi,jelafixedroitdanslesyeuxpendantquemanouvelleamiemesuceavecuneardeurdécuplée.

—Disdonc,tuestoutexcité,montoutbeau!Surscène,Kessyestl’objetdetouteslesattentions.Unecolèresourdemonteenmoiquandl’und’eux

glissesesdoigtsdanssonsexependantqu’unglandcaresseseslèvres.Jemefige.Non,ellenepeutpasfaire ça ! Pourtant, elle avale la verge qu’on lui tend sans aucune hésitation dans des gémissementspresqueexagérés.Mesdoigtssesontresserrésautourdelatêtedemasuceuse.Sansm’enrendrecompte,irrité,jeluidictelerythmedeKessy.Bientôt,j’enoublietouteraison.Quandl’hommeaccélère,jefaisdemême.Cen’estpluslabrunequimesucemaislafemmepourquijem’échinedepuispresqueunan.J’airetrouvésabouche,sachaleuretsalangue.Enfin,jesoupired’extaseenmelaissantallercontreledossierdemachaise.

Kessy, elle, gémit deplusbellequand son sexe et sabouche sontprisd’assaut.Lesdeuxhommess’épanchentenelle,sansqu’ellen’aiteulemoindreorgasme.Lacolèrem’inondeànouveau.Jeserrelespoingstandisquelamaindelabrunecaresseànouveaumonsexe.

—Oh!Tubandesencore…Tuveuxquejetechevauche?—Oùsontlescoulisses?Je lapresse tantet sibienqu’elle finitparmedonner les indicationsque j’attends. Je la repousse

presque sauvagement et jeme précipite dans les couloirs pour rejoindre les loges. Jemets plusieursminutespouratteindrecelledeKessy.EllesefaitsurnommerLaBelle.Jetournelapoignéeaumomentoùunhommeencostumeserueversmoipourm’eninterdirel’accès.Elleauneservietteautourducorpsetn’estfranchementpassurprisedemaprésence.Bienaucontraire.Elleremettoutefoisrapidementsonmasquequandl’agentdesécuritéessayedemefairereculer.

—Laissez-leentrer.Jel’aiinvité.—Vousentendez?sifflé-je.Jesuisuninvité.Jerefermepresquelaporteaunezdel’agent.Etjeluifaisface.Kessy est aussi belle que dans mes souvenirs. Son sourire s’agrandit quand elle aperçoit mon

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érection.—Tuasappréciémonpetitcadeau?Manonesttrèsdouéepoursucerdesqueues.Jemeruesurelleetjelaplaquecontrelemur.Elleaunsoupirraviquandmonérectionluibrutalise

leventre.—Tun’aspaseud’orgasme,grogné-je.Elle laisseglisser sa serviette au sol et, soudain, j’enoubliemonenviede luigueulerdessus.Ma

mainglisseverssonsexetrempé.Jelasoulèvebrutalementparlesfessesetl’empalesurmoi.Sonrireprécède ses gémissements rauques pendant que je la prends sauvagement contre le mur. Ses crisaccompagnentmarespirationlourdeetexcitée.J’aienviedelafairegueuler,deluifaireoubliertousleshommesquim’ontprécédé.Jenelaménagepasetellen’essayepasdem’arrêter.Jemeretirepourmieuxm’enfoncer.Sescrissefontdeplusenplusforts.Bientôtlajouissancel’emporteetjel’accompagnedansunlongrâle.

— Toi seul sais me baiser, me murmure-t-elle alors que nos souffles reprennent un rythme plusnormal.

—Jeneveuxplusquetutravaillesici.—J’aibesoind’unrevenu.Etcelui-cipayetrèsbien.Monmasquemeprotège.Personneneconnaît

monvisage.—Jerefusequ’unautrehommetetouche!—Maistuneseraispascontrel’idéequemescopineslefassent,decequej’aivu…Jetel’aidit,

Nathan,demande-moicequetuveux.Jesuisprêteàtoutpourresteravectoi.Mêmeàtepartager.Unpetitriresefaitentendrederrièremoi.Jetournelatêtepourdécouvrirunejeunefemme,porteuse

égalementd’unmasque,lesjambesbienécartéessurlesaccoudoirsd’unfauteuil.Elles’estcaresséeennousregardant…

—Manon,jeteprésentemoninvitéprivilégié.—Jesuisàvosordres,Monsieur.—Pourquoi?Parcequej’aivingt-cinqans,parcequejeveuxgardermaliberté,parcequejeveuxpouvoirchanger

deviedujouraulendemain.Quedesmensongestoutça,elleconnaîtlavérité!Jeneveuxpasd’enfantparceque je neme sens pas capable de l’aimer.De le protéger, oui,mais de lui prodiguer toutes lesattentionsqu’ilmérite,non.Alors,jem’agace,jem’énerve,jeluirépètequenousserionsdeuxégoïstesàlaissernotreprogénitureentrelesmainsd’unenourricepourvaquerlestroisquartsdenotretempsànosoccupations.

Jememoquequed’autresquenoussesoientlancésdansl’aventure.Elleinsiste;jeneveuxplusenparler.Elleclaquelaportederrièreelle.Qu’ellemedéteste,ceneserapaslapremièrefois!Jesaisqu’ellereviendra.Ellerevienttoujours.

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Nathan—Réveille-toi,fainéant!J’entrouvredifficilementunœilpourapercevoirHenri,quimetendunetassedecafé.J’aiunemigraineabominable,unehaleinedehyèneetlabouchepâteuse.Ilmefautunpeudetemps

pour comprendre que je suis avachi sur un canapé, dans son appartement.Qu’est-ce que je fous ici ?Rassembler mes souvenirs me demande un effort considérable. Je masse mes tempes douloureusescommesicelaallaitaidermoncerveauàmerappelerlesévènementsdelanuit.Bordel,j’aiunegueuledeboisépouvantable!Voilàbienlongtempsqueçanem’étaitpasarrivé…Onzeansdecontrôledesoiréduitànéantenunsimpleclaquementdedoigts.Ladernièrefois,c’étaitàl’époquedemaruptureavecKessy.

Jemesensvidé.—Satisfaitdetapetitereprésentationd’hier?J’avaleunegorgéede laboisson,quimebrûleaussitôt la langue.Jegrimacetandisqu’ils’installe

dansunfauteuilenfacedemoi.Jen’aipasenviedeparlerdecequis’estpassélaveille.Niaveclui,niavecunautre.Jeveuxqu’onmefoutelapaix.J’airêvédeKessy,etcessouvenirsmeperturbent.

—Évite-moitonsermon.—Jevois.Monsieurestdemauvaispoil.Jeluidécocheunregardnoir.—Jemepasseraisvolontiersdetessarcasmes.Si,àuneépoque,jeleconsidéraiscommeunfrère,aujourd’huisaseuleprésencemerappelleàquel

point jesuis loind’êtreceluique jeveuxtantmontrerauxautres :unroc inébranlable.Peuimporte lerôleque je tiensenpublic, ilmeverra toujourscomme legaminqui seprenaitdescoupsde règleoufinissaitenfermélanuitaugrenierpourunebêtiseoupouruneautre.

—Onpeutdirequetuassacrémentmerdéhiersoir.Jenesuispasd’humeuràentendresesreproches, jemelèvepourprendre ladirectionde laporte

d’entrée.Jeveuxrentrerchezmoi,prendreunedoucheetavaleruntubeentierd’aspirine.Henriestsurmestalons.—Tucomptesm’expliquercequisepasseoupas?—Jen’airienàdire.— Bon sang ! Quand vas-tu arrêter avec ton côté « je contrôle le monde et l’univers » ? Tu ne

contrôlesplusriendutoutetplusvitetuenaurasconscience,mieuxceserapourtoutlemonde!—Jegèrelasituation.Enfin,presque.—Arrête tesconneries!Tues tellementeffrayéà l’idéequecetenfantsoitde toique tun’asrien

trouvédemieuxàfairequetesaoulercommeuncochonpourtelesortirdelatête!

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Mes doigts se crispent sur la poignée. Il ne peut pas comprendre. Ce n’est pas lui qui vientd’apprendrequ’ilaungamindedixans,dontilignoraittotalementl’existence.

Jeneveuxpas êtrepère. Jen’ai jamaisvoulu ledevenir.AvecKessy, nous nous sommes séparésparcequ’ellemeharcelaitpourenavoirun.Ungosse.Cemotaunéchodésagréable.

—Pourquoinem’as-turiendit?Ainsi,c’estça.Monsieurestfâchédenepasavoireuleprivilègeduscoop.—Jen’étaispasaucourant.Ilmejaugepourvérifierquejenemenspas.Sonvisagereflètetoutesaperplexité.—Là,j’avouenepascomprendre…Kessyestprêteàutilisertouslesmoyenspourteséparerdetes

maîtresses,pourtantellen’ajamaischerchéàteparlerdevotrefils?Es-tuaumoinssûrqu’ilestdetoi?—Tul’asvutoi-même.Ilmeressembleetl’âgecorrespond.—Celan’expliquepaspourquoiellen’enapasfaitmentionavant.Bonnequestion.Unechoseestsûre:ellenevoulaitpasquej’apprennesonexistence.J’aidûforcer

lepassagepourpénétrerchezelle.Bonsang!Rienn’estlogiquedanssoncomportement!Elleauraitpuexigerquejelereconnaisseoutoutsimplementl’utilisercontremoidepuistrèslongtemps.Celaneluiressemblepas.

—Quecomptes-tufaire?Jen’aipasenvied’yréfléchir.—OùestSara?Ilsoupire,déçudeconstaterquejerefused’endireplus.—ElleaappeléAmaury.Ilestvenularécupérer,hiersoir.AvecAméliaàl’hôpital,jedoutequ’ils

soientrentrésenFrance.ElleestprobablementencoreenAngleterreàl’heureoùnousparlons.Jenetecachepasqu’elle est chamboulée. Il fautdirequ’avec toi ellevade surprise en surprise.Toutesplusmauvaises les unes que les autres, d’ailleurs. C’est une femme forte, elle est capable d’encaisserbeaucoupdechoses,maisça…Elleétaitbouleversée.Elleteprendpourunmenteur,etfranchementjen’aipassulacontredire.

JemesouvienstrèsnettementdesonregardquandKessyluialâchécettebombe.Sara…J’auraisdûluidire toutde suitequecen’étaitpasvrai,mais…et sipourune foiscen’étaitpasunpiège?Monestomacsetordetjeluttecontrelanausée.

Commejerestesilencieux,Henrimepressepourquejel’appelle.Jelâcheunsoupirdépité.J’aifuicommesi j’avaisquelquechoseàcacher.Jem’enveux.Riendecequejepourraisluidiremaintenantn’arrangeralasituation.Detoutefaçon,elleestbutée,ellenem’écouterapas.Etmêmesiellem’écoute,ellen’entendrariendemesexplications.Elledoitmedétester.Ellepensequejel’aitrahie.Faitchier!Elleadéjàbiendumalàmefaireconfiance!Pourquoifaut-ilquetoutsoitcompliquéavecelle?

—Nathan,Saraesttafemme,désormais.Tunepeuxpasexigerd’ellequ’ellesetienneendehorsdetesaffaires.Quetuleveuillesounon,celalaconcerneaussi!Tuasdesobligationsenverselle.

—L’affaireestdéjàréglée:Kessys’occupetrèsbiendecetenfanttouteseule.Henriestsurlepointderépliquerquandjeluirappellequecettehistoireneleconcerneenrien.—Jesuisencoretonami,aucasoùtul’auraisoublié!Sijenet’avaispascherchépartout,tuserais

probablemententraindecuverdansuneruelleentredeuxclochardsoudansunecellulededégrisement!J’aisauvétaréputation,tupourraisaumoinsm’enremercier!

—Jepenseraiàt’envoyerdesfleurs.Ilseretientdem’encollerune.—Jenetereconnaisplus.LeNathanquejeconnaissaisn’auraitjamaisfuihiersoirlaqueueentreles

jambes!Bordel,tuastournélestalonsettuesparticommesituavaislediableauxfesses!

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Honnêtement, je neme souviens plus de grand-chosemis à part ce sentiment terrible d’avoir étémanipuléetviolépar la seule femmeenqui j’avaismis toutemaconfiance,etcedepuis l’enfance.Sinotre relations’estavéréecompliquée,c’estparcequ’elleaété fusionnelle.Destructrice.Nousavionslesmêmesrêvesetlesmêmesplaies.

—Tuaschangé.Tuesdevenuunpetitconégocentrique.Tunepensesqu’àtoi,età toiseul.Tutemoquesbiendefairesouffrirlesautres.

—Tunesaispasdequoituparles.Tunepeuxpascomprendre.—Nemefaispaslecoupdumélodrameavecmoi.Oui,tuassouffert.Oui,lavien’apasétéjuste

avectoi.Tongrand-pèren’étaitpasfacile,maistunedormaispasdanslesrues,tuavaisdelanourrituredanstonassiette,etilt’apayédegrandesétudes!Pleind’orphelinsn’ontpaseutachance!Aujourd’hui,tuesungrandcouturier,tuasdel’argentàneplussavoirquoienfaire!

—Jemesuisbattupourobtenirtoutça.Jemesuisfaitseul.—Parcequetuasrefusémonaide,àplusieursreprises.Ainsiquecelled’autrespersonnes.Depuis

desannées,tut’esrepliésurtoi-mêmecommesilemondeentiernecherchaitquelemomentidéalpourteplanteruncouteaudansledos.Tun’asconfianceenpersonne,mêmepasenmoi.Mêmepasenelle.

Furieux,ilplaquecontrelaporteetsousmonnezunmagazinepeopleoùSaraestenpetitetenue,danssesbras.Monsangnefaitqu’untourdansmesveines.Ilmefixesansaucunremords.

—Quecesoitclairentrenous,ilnes’estrienpasséentreelleetmoi.Jusque-là,jen’aijamaiseuderaisondet’envier,Nathan,cependant,jetiensàt’informerqueSarameplaît.Situestropaveuglepourterendrecomptequ’ellepeut terendreheureux,alorsc’estque tuesencoreplusconque jene lepense.Danscesconditions,jen’auraipasdescrupuleàtelaprendre.

—Elleestmafemme,sifflé-je.Net’avisepasdelatoucher!—Tutecomportesenmari jaloux,maintenant?Sepourrait-ilque legrandMervineait finalement

dessentimentspourelle?Ceseraitunepremière!Monpoingmedémangedeluimassacrersonvisagedédaigneux.—Allez,dis-moifranchementcequetupenses,Nathan!Qu’est-cequeturessenspourelle?Jen’aipasàmejustifier.Jeserrelespoingsàm’enfaireexploserlesjointures.Henrichercheenmoi

desréponsesquejeneconnaispasmoi-même.Jeveuxquecettefemmem’appartienne,c’esttoutcequejesais.Jenesupportepas l’idéequed’autrespuissent la toucher.Notrerelationabeauêtreunbordelmonumental, je refuse d’ymettre un terme. J’ai besoin de son sale caractère, de son intégrité, de sonhonnêtetéetdetoussesdéfautsquifontd’ellelapersonnequiarriveàmetenirtête.

Saraestlaseulequim’apaiseetmerendedingue.Henriaunhoquetméprisant.—Ellemérited’êtreheureuseetcen’estpasavecunhommecommetoiqu’elleyparviendra.Tues

unebouledenerfs,pleined’amertumesetderancœurs.Tutecachesderrièreunmasquedepuisquetuesgamin.Tumensàlaterreentière!Regarde-toi,Nathan,tun’espasunsuperhéros.

—Laséancedepsychanalyseestterminée?Nousnoustoisons.Henrin’apasditsonderniermot.—Tun’esjamaislàpourelle.Dèsquequelquechosetournemal,tudisparais!Elleavaitbesoinde

toi,hiersoir,etc’estmoiqu’ellea trouvéprèsd’elle,qui l’aiconsolée,qui l’aiaidéepour toutes lesdémarchesadministrativesdel’hôpital.Saras’estretrouvéeseule,dansunpaysqu’elleneconnaîtpas,faceàune languequ’ellenemaîtrisepas !Peux-tuseulement temettreàsaplaceuneseconde?C’estpourcetteraisonquejemesuisoccupéed’elle.

—J’aivuça,eneffet,raillé-je,excédépartoussesreproches.—Améliaaperdusonbébédansl’accident.Saras’enrendresponsable.Jesuisrestéeauprèsd’elle

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cartun’étaispaslà.Lanouvellemeclouelebec.—Negâchepastout,Nathan.Tunepeuxpasépouserunefemmeetluitournerledosdèsqu’ellea

besoindetoi.Tudétestestongrand-père,maisaufondtuessonportraitcraché.Laclaqueestviolente.—Net’avisepasdereposertesmainssurelle.Ilnecherchepasàmeretenir.Dans la rue, je suis sur le point d’appeler un taxi quand j’aperçois ma voiture garée en bas de

l’immeuble.Maclefestdansmapoche.Henrimel’aredonnéeaprèsm’avoiramenéchezlui.SaraJ’aivraimentunesalemine...Voilàpresquevingt-quatreheuresquejesuismariéeetj’ail’aird’une

dépressive!Ilestplusdeonzeheures.Nathannem’atoujourspasappelée.Maisoùest-il?Ilafuil’appartement

deKessysansmêmemeregarder.Allez,calme-toietrespireàfond.Tun’aspasledroitdecraquer.Pasmaintenant,etsurtoutpasici.

Je m’asperge une nouvelle fois le visage à l’eau froide. La lumière crue de cette salle de bainsd’hôpital accentue davantagemes poches sous les yeux etmonnez rouge. Impossible de nier que j’aipassélanuitàpleureretàmemorfondre.

Toutpartenvrille.Améliaetl’accident.Moi,mondivorceéclairetmonmariagebidon.Nathanetlefilsprodigequisortdenullepart…Jemeforceàrespirerencoreunefois.Améliavaseréveillerd’uneminuteàl’autreetjerefusequ’ellemevoieauborddeslarmes.Ellen’apasbesoindeça.

Montéléphonevibre.Jemeprécipitesurlui,maismoncorrespondantn’estpasNathan.C’estHenri.ToutenessayantdenepasalerterAmaury,quiguetteleréveild’Améliaderrièrelaporte,jeluiconfirmequesonamin’apasencorejugéutiledem’appeler.Jeleremercieànouveaupourlaréservationdelachambre d’hôtel. Se savoir à proximité de l’hôpital avait permis à Amaury de ne pas stresser pourrevenirauplusvitesurleslieuxcematin.Henriavaittoutprisàsachargeetrefusél’idéemêmequ’onpuissevouloirlerembourser,malgrénotreinsistance.

—Etvous,Sara,commentvoussentez-vous?Commeunecocotte-minutesurlepointd’exploser.—J’aiconnumieux.—Sivousavezbesoindemoi…— Je veux juste qu’on me dise que Kessy est derrière les barreaux, parce que j’ai besoin de

l’entendre.(Magorgeseserre.Jemetaisquelquessecondes.)J’auraisdûdonnerlaclefUSBàlapolice.Sijel’avaisfait,Amélian’auraitpasperdusonbébé.Jen’auraispasbriséunefamille…

—Neditespasça.Vousn’êtespasresponsabledelasituation.—J’avaislapossibilitédemettreKessyhorsd’étatdenuireetjenel’aipasfait.Elles’estvengéeà

causedumariage.Unmariagequin’aaucunsens,enplus…Unsilencelourdnousentoure.Nathannesaitpasaimer,ilsaitjustemanipuleretcontrôlerlesgens

qui l’entourentpourassouvir sesambitionset sespulsions. J’aiété idiotedecroireque jepourrais lechanger.

—Quittez-le.C’estaussisimplequeça.Jefixel’intérieurdulavaboensoupirant.Oui,jedevrais.Jen’auraismêmepasdûaccepter!Ilm’a

prisedecourtet j’aicruque…Jesuiscomplètementcinglée !Toutarrêter,oui,ceserait lameilleurechoseàfaire,maisjen’arrivepasàm’yrésoudre.J’yaipenséplusd’unefoiscettenuit.Partirloind’ici.Nepasregarderenarrière.Legrand-pèredeNathanseraitsatisfait,sanscomptercettediablesse.Mais

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j’aicethommedanslapeau.Jamaisjen’avaisressentiçapourquelqu’und’autreauparavant.MêmepaspourPeter.

C’en est carrément grotesque. Je ne suis plus une gamine. Je ne peux pas tomber amoureuse d’unhomme que j’ai rencontré il y a peu, que je ne connais pas, qui neme soutient pas et qui semoquetotalementdecequejepeuxressentir!N’importequisauraitquecetterelationestundésastre.

Pourtant…Ilmesuffiraitdepercersacarapace,qu’ilaccepteunpeudeselivrer…—Votrerelationestmalsaine,insiste-t-il.Etvoussouffrez.Cesmotssontautantdecoupsdecouteau.Jefermelesyeux,puisjetrouveenfinlaforcedeconfier

madécouverte:—Nathanm’areprislaclefUSB.Ellenesetrouveplusdansmonsac.D’unemanièreoud’uneautre,

jepensequ’ill’arécupéréequandj’étaischezlui.—Vousêtessûredevous?— J’ai fouillé toutesmes affaires plusieurs fois. Je ne l’ai plus. Elle se trouvait dans une petite

pochetteavecunefermetureEclair.Ellen’estpastombéetouteseule.Jedéglutis.—IlprotègeKessy.Ill’atoujoursprotégée.Etmaintenant,jesaispourquoi.—Sara,ilfautquejevousdiseque…Une agitation anormale se fait entendre derrière la porte, suivie des voix d’Amaury etAmélia. Je

préviensaussitôtHenriquejelecontacteraiplustard.Maviemaritalepitoyablen’estpourl’heurepasaussiimportantequel’étatdesantédemameilleureamie.

J’ouvredoucement laporte.Amauryestentraindedéposerunbaisersur lefrontdemonamie.Samainestcommegrefféesurlasienne.

Pourquoinesuis-jepastombéeamoureused’unhommecommelui?Pourquoia-t-ilfalluquejemeretrouve dans les bras du seul être allergique aux moindres sentiments ?Parce que c’est ce que turecherchais.Jebalayeaussitôtcettepenséed’unreversdelamain.C’étaitpeut-êtrevrai ilyaencorequelquessemaines,maisplusmaintenant.Commentai-jepucroirequejemecontenteraisd’unerelationbaséeuniquementsurlesexe?Jesuisunefemmerationnelle,quiatoujoursaimélescheminsbientracés.Qu’est-cequim’estpasséparlatête?!Àcausedemonentêtement,jemeretrouvemariéeàcethomme!

Jerefusedecontinuercommeça.QueNathanleveuilleounon,ilvadevoirl’entendre.Ladonneachangé.

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NathanJecoupelecontact.L’immensemanoirdestyleancienaétérénové.Toutestpresqueidentiqueàmon

souvenir : la façade en briques, les nombreuses fenêtres, le terrain arboré, la fontaine, le chai, lagrange…J’aibeauyavoirpassétreizeansdemavie,ellenem’inspirequerépulsionetdégoût.

MonregardglissesurlafenêtredubureaudeGrand-père.Jesaisqu’ilestlà.Jeclaquelaportièreetm’avancesousleporche.UnrideauremueetAnatole,levieuxmajordome,vientm’ouvrirentoutehâte.Jeneluilaissepasletempsdemesalueroudedireautrechose,jeleforceàreculerpourpénétrerdanslehalld’entrée.

LavoixdeGrand-pèremeconfirmesaprésencedanssonbureau.Commejefaisminedem’yrendre,Anatoleessayedem’endissuader.

—Tunepeuxpasrentrercommeça!Lionel,jet’enprie!En m’apercevant, Grand-père coupe court sa conversation téléphonique. Il a sa tête des mauvais

jours.—Laissez-nous,Anatole.Cedernierestvisiblementennuyéd’obéirmaiss’ils’empressedequitterleslieuxetderefermerles

portesderrièrelui.—Jesupposequejedoisteféliciter,Lionel.Tuasvoulun’enfairequ’àtatêteetvoilàlerésultat!Cinqmagazinesreposentsursonbureau.TousavecSaraetHenrienpremièrepage.—Depuis cematin, jepassedes coupsde fil aux siègesde tous lesmagazinespour exigerqu’ils

retirentcesclichés!Tunecomptesdoncrienépargnerànotrefamille!Soudain,ilsefigeenvoyantmonaccoutrementetmaminedéplorable.Jenemesuispaslavéavant

devenirici.J’aiunebarbedevingt-quatreheures,lachemisefroisséeetunemineàfairepâlird’envieuncadavre.

—Bonsang,Lionel!Peux-tum’expliquercequetoutçaveutdire?— Je ne suis pas venu solliciter ton aide pour ces torchons. Hier soir, un véhicule a essayé de

percutermafemme!Ilrestesilencieux,sansmontrerlamoindresurprise.Uncourantglacémetraverse.—Dis-moiquetun’asrienàvoiraveccetteaffaireoujetejurequejetetraîneraimoi-mêmedevant

lestribunaux!Ils’avanceverslafenêtreetmetourneledos.Sonsilenceestjusteinsupportable.—Dis-moilavérité!Monpoingfermés’estabattusursonbureau.—Jeteconseilledeprendreunautretonavecmoi.Jenet’aipaséduquécommejel’aifaitpourque

tumemanquesderespect.—Jeveuxlavérité!

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Unsilences’installeavantqu’ilnemeréponde.—Tun’enastoujoursfaitqu’àtatête.Tuneréfléchispas.Situavaisétéauboutdetesétudesde

droit,tuseraisaujourd’huiàlatêteduplusgrandcabinetdetoutel’Angleterre.Maisaulieudeça,tuasfuilâchementenFrancepourassouvirunepassionridicule.

Unecolèresourdemonteenmoi,lamêmequim’avaitenvahietellementdefoislorsquej’étaisplusjeune.

—Displutôtquetun’aspassupporténepluspouvoircontrôlermavie.Lacannefrappeviolemmentleplancher.Ilmetournetoujoursledos.—Tuasabandonnétafamille.Tum’asabandonné,alorsquejet’airecueilliàlamortdetonpère!Je

t’aitoutdonnépourquetunemanquesderien!—Descoupsetdesprivations,quellegénérosité!Ilmefaitface,àprésent.—Quandjet’airecueilli,tuavaisàpeinelapeausurlesos.Tuétaisunenfantagitéetindiscipliné.

Tamèret’avaitlaissétropdeliberté,ilafalluquejereprennetoutetonéducation!PourNathalie,iln’yavaitquesacouturequiavaituneimportanceàsesyeux!

Encoredesreproches.Jemesouviensdetrèspeudechosesdemamère,sicen’estlesétoilesquibrillaientdanssesyeuxquandellemepromettaituneviemeilleure.Elles’étaitbattuechaquejourpouraccomplircerêve.Etcesalaudlarabaissedèsqu’ilenal’occasion.

—Ellem’élevaitseule,partafaute.Sesmainssecrispentautourdupommeaudesacanne.—Tupeuxm’envouloir,maissachequetoutcequej’aifait,jel’aiaccomplipourtonbien.—Dis-leàmafemme!— Je ne suis pas responsable de ce dont tu m’accuses.Mais oui, je suis au courant. Kessym’a

contactécematin.D’ailleurs,ellem’ainforméquetuavaisfaituneentréefracassantechezelle,hiersoir.Etquetuavaisvutonfils.Elleenestencoretoutebouleversée.

Monestomacsetordviolemment.—Tuétaisaucourant…pourlui?Ils’installedanssonfauteuilpuisrepousselesmagazinessurlecôté.Lementonsursesmainsjointes,

ilm’observeaveclaplusgrandeattention.—Déteste-moisituenasenvie,maistusaisaussibienquemoiquecetenfantnepeutpasgrandir

sanssonpère.Ildoitavoirsesdeuxparentsprèsdelui.Tudoisassumertonrôle,quecelateplaiseounon.

—Tufaisdanslerepentir,maintenant?Tuaseumoinsdescrupulesàordonneràmamèredequittertamaisonavecmoisouslebras!

—Tuasunfils,tunepeuxpasagircommesiderienn’était.—Rienneprouvequ’ilsoitdemoi.Kessyasufairepreuved’inventivitépourmepourrirlaviecesdernierstemps.Siçasetrouve,c’est

encoreundesesmensonges.—J’aiessayéplusd’unefoisdelaconvaincredet’enparler,elleatoujoursrefusé.Elleprétendait

quetunevoudraisplusd’elleenapprenantunetellenouvelle.—Tuesaucourantdepuisquand?—Celafaitbientôthuitmois.Jecomprendsmieuxàprésentpourquoi ildésirait tantvoircemariageavecKessyaboutir.Grand-

pèrenemequittepasdesyeux.—J’aiappeléunamiauConsulat.Apparemment,tonmariagen’estpasencorevalideenFrance.

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Avectoutcequis’estpassé,j’aioubliécettefoutueétape.Jen’aiencorerienenvoyé.—Cen’estqu’uneformalité.—Évite-toicettepeine.Noussavonstouslesdeuxquetuasforcécettejeunefemmeàt’épouser.—Àt’entendre,jeluiaimisuncouteausouslagorge,rigolé-je,amer.—FaisretranscrirecemariageenFranceetjeteprometsquejeremueraicieletterrepourquecette

unionsoitannulée.Tusaispeut-êtrementirtoutensouriant,maisjedoutequecesoitlamêmechosepourcettejeunefemme.Siuneenquêteestmenée–etcrois-moi,jeferaitoutpourquecesoitlecas–attends-toiàperdrelapartie.

—Toutn’estqu’unjeupourtoi…—Nous nous ressemblons beaucoup plus que tu ne veux bien l’admettre, Lionel. Je veux que tu

assumestesresponsabilités.Aujourd’hui,ilesttempsquetureviennesenAngleterre,accomplircepourquoitonpèreetmoiavonsinvestitantd’argent.ÉpouseKessy,reprendstaplacedepèreetoubliecetteFrançaise.Tuastapédupiedcommeungamincapricieuxpourt’amuseravecunfiletuneaiguille,etjet’ailaisséfaire…

—Tun’aspaseulechoix,surtout,lecoupé-je.—Détrompe-toi. Je t’ai accordé une parenthèse, ou appelle ça comme tu veux.Maintenant, je te

demandederéagirenadulteresponsable.Engros,ilmedemandederentreràlamaisonlaqueueentrelesjambes.Bordel!Jen’aiplushuit

ans!—Iln’estpasquestionquejefassecequetumedemandes.Saraestmafemmeetellelerestera.Je

n’ai aucun compte à te rendre. Quant à Kessy, elle a bien changé depuis l’époque où elle vivait enAngleterre…

—Tufaispeut-êtreréférenceàvosfrasquesdanscertainsclubsparisiens?Jeluttecontremoi-mêmepournepassourciller.Ilm’observecommeunaigleprêtàplongersursa

proie.Kessyestdoncdésespéréeaupointdetrahirnossecrets…Jedoutenéanmoinsqu’elleluiaitditqu’elles’étaitpavanéesurscènedevantunefouledecurieux.

—Aumoins,tuneniespas,c’estdéjàunebonnechose.—Tuferaismieuxdetemêlerdetesaffaires.Ladernièrefois,celaatuétonfils.Lapiqueestviolente.Grand-pèrerestedemarbre,bienquejesachequecen’estqu’unefaçade.Àce

jeu-là,iln’yapasdevainqueur.—Tuveuxmetraiterdemonstre,vas-y,jet’enprie.Entoutcas,unechoseestsûre:tamèren’aurait

jamaisacceptéquetutournesledosàcetenfant.Irrité,jem’avanceverslebureau,renverseunpotàcrayonsetcracheàl’intérieur.—Faisuntest,ettuverraspartoi-mêmequeKessys’estbienfoutuedetoi!Il s’apprêteà répliquerquelquechosequand la sonneriedu téléphone retentit.Lorsque j’étaisplus

jeune, cettemusique signifiait la fin de notre entretien : peu importe la raison dema venue dans sonbureau, jedevaisensortirdanslaseconde.Pourtantcettefois, ilnedécrochepas.Il laissesonnerunefois,deuxfois,troisfois.Àlaquatrièmesonnerie,Anatolefaitirruptiondanslapièce,blanccommeunlinge.Lasonnerieinsistetoujours.

—Monsieur…!Lorsqu’ilm’aperçoit,lafindesaphraserestecoincéedanssagorge.—Toutvabien,Anatole.Dites-luiquejelerappelled’iciquelquessecondes.—Monsieur,jenepensepasque…Enfin,vousdevriez…Leregardautoritaireleforceàsetaireetderebrousserchemin.Lasonneries’estarrêtée.—Lionel,tuesvenumedemandersij’étaisresponsabledel’accident,laréponseestnon.Quantà

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l’autreaffairequinouspréoccupe, jeconvaincraiKessydeseplieràunexamen.Lorsquelesrésultatsd’analyseserontconnus,jetelescommuniquerai.J’espèrequed’icilà,tuaurasprislabonnedécision.Lavienousimposedefairedeschoixsouventdifficiles.C’estnotrecroixàtous.

J’aibeaudétestercethomme,cen’estpasunmenteur.La sonnerie retentit à nouveau. Je décroche, avant qu’il n’ait le temps de m’en empêcher. Il y a

quelqu’unauboutdufil,j’entendsdesbruits.Intrigué,jelèvelesyeuxversGrand-père,quimescrute,tenduàl’extrême.Jeluitendslecombiné,sansunmot.Ilattendquejequittelapièce,maiscen’estpasmonintention.

—C’estMervine,annonce-t-il,àcontrecœur.Jemepenchepar-dessus lebureaupourmieuxentendre.Grand-pèresedéplaceaussitôt jusqu’à la

fenêtrepouréviterquejecaptelemoindremot.Cen’estpasunediscussion,ilrestesilencieux.Mêmededos, jesensqu’ilestcontrarié.Enfin, il raccrocheaprèsquelquessecondes interminables.Quandilsetourneànouveauversmoi,ilfaitcommesiderienn’était.

—Tudevraisdéjàavoirclaquélaportedecebureau.—Quiétait-ce?—Unclient.Sesappelsm’apportentplusdeproblèmesqu’autrechose,maisriendebiendramatique.IlappuiesurunboutonpourdemanderàAnatoledepréparer lavoiture.J’aipeut-êtreune têtequi

vibrecommeunmarteau-piqueur,maisjenesuispasdevenucomplètementdébile.—Qu’est-cequ’ilveut?—Cetteinformationestconfidentiellepourtoutepersonnen’appartenantpasaucabinet.Jenepense

pasdevoirterappelerunechoseaussiélémentaire.Jeneveuxpasentrerdanssonjeu,jevoisbienqu’ilessayedemedétournerdemaquestion.C’estcet

instant qu’Anatole choisit pour le prévenir que le chauffeur patiente devant la maison. Sans plusd’explications,Grand-pèremeplanteaumilieudesonbureauenmerappelantderéfléchirsérieusementàlasituation.

Ilsepassequelquechoseetjeveuxsavoirquoi!Jerattrape levieuxmajordomealorsqu’il fuitdans lacuisine.SiGrand-pèrerefusederépondreà

mes questions, je saurai tirer les vers du nez de cet homme.Contre toute attente, il ne cherche pas àm’éviter. Contrairement au propriétaire des lieux, il me suffit de le bousculer un peu pour que lemalheureuxs’écroulesurunechaise,lesjambestremblantes.

— Ton grand-père a reçu des menaces, finit-il par m’avouer après une hésitation. La semainedernière,uncolissuspectestarrivéaucabinet.Lesautoritésontétéprévenues,maisàl’intérieurellesn’ontdécouvertqu’unepoupéedontleplastiquedelatêteavaitfondu.Etdepuis,les«cadeaux»sesontmultipliés…Lesjouetsontétéremplacéspardepetitsanimaux.Dessouris,pourlaplupart.

Unfrissondésagréablemeparcourtdelatêteauxpieds.—Grand-pèreestsuruneaffaireimportanteencemoment?—Ehbien…commence-t-ilenbaissantlesyeux.—Anatole,jedoissavoir!Dites-moicequisepasse.Jelesais.Jeleressensdansmestripes.Ilyaforcémentunlienaveclesévénementsd’hier.Ilbafouilledeux-troismotspuis finitparm’avouerqueGrand-pèreétait intervenudansuneaffaire

criminelle,ilyaplusieursannées.— J’entends beaucoup de choses… et il se confie à moi… Enfin, il est seul dans cette grande

maison…Je coupe court, et j’ai enfin un nom. Ou plutôt deux. Marcus et Davis Aberline. Ils avaient pris

l’habituded’observerdesjeunesfemmesàleurinsudansdescabinesd’essayagependantplusieursmois.

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Cequiauraitpuêtreun jeustupideentre frèresavaitvite tournéaucauchemar,quand l’und’euxavaitbrutalement décidé de kidnapper plusieurs d’entre elles. La première victime avait été retrouvéeentièrementcalcinéesurunterrainvaguedeLiverpool,uneautreavaiteu lachancedes’enêtresortievivante, mais dans un état dramatique. Ses agresseurs l’avaient frappée avec une barre de fer, luiexplosantlesosdesdeuxjambes.

—Cesontdeuxchiensd’unpromeneurquilesontfaitfuir,ajoute-t-ildansunsouffle.Cetteaffairedated’ilyahuitansmaintenant.Ilssontsortisdeprisonvoilàunesemaine.

Iloseàpeinemeregarder.Ilestterrifié.—Àleursortie,àcausedetoutelapressionpopulaire, lesautoritésleurontaccordéunenouvelle

identité.Cesontaujourd’hui…desfantômes.—Grand-pèreaappelélapolice?Sielleadessoupçons,ellepeutobtenirdesinformationssurleurs

identités.—Non,murmure Anatole, comme s’il craignait que quelqu’un nous écoute. L’unique raison pour

laquelleilnel’apasfait,c’estpourteprotéger.Ceshommesl’ontprévenuqu’ilsteferaientdumals’ilneleurobéissaitpas.Tongrand-pèreatoujoursétéduravectoi,maisilt’aime,crois-moi.Ilenmourraits’ilt’arrivaitquelquechose.Ilnet’arienépargnélorsquetuétaisenfant,pourtantlorsquetuasquittélamaison,ilatoujoursgardéunœilsurtoi.Ilamêmefaitjouersesrelationspourt’aiderdanstonparcours.

Je nem’attendais pas à ça. Ces confidencesme perturbent. J’aurais préféré ne rien savoir. Jemeseraiscontentédedétestercethomme,sansaucunremords.

—Cesonteux…pourSara.Ilconfirme.—Queveulent-ils?—Del’argent.Ilssonttrèsgourmands.Etsurtoutdangereux.Jenevoispascequ’unvieillardpourraitfairecontrecesdeuxcriminels.—Oùest-ilparti?—Aupointderendez-vousfixé.Ilattendaitl’appeldepuiscematin.—Lescoupsdefilsontréguliers?—C’estletroisièmeenunesemaine.Jeretourneengrandesenjambéesdanslebureau.Anatoleestsurlepasdelaporte.—Quefais-tu?s’inquiète-t-il,enmevoyantdécrocherletéléphone.

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NathanSara,décroche,bordel!Merde!Excédé,jeraccrochepourlacinquièmefois,pourrappelertoutdesuitederrière.Lasonnerieretentit

unefois,deuxfois…Bonsang,maisoùest-elle? Je raccrocheen jurant. Jeveuxbiencroirequ’ellem’enveuille,toutefoiscen’estpaslemomentdejoueràl’épouseoffusquée!Jeluilaisseunmessagesursonrépondeurenluiordonnantdemerappelerimmédiatement.

Jejurequesi jemetslamainsurelle, je luiflanquerai lafesséedesavie!Elleestcomplètementinconsciente!

J’aiunehésitationavantdecomposerlenumérodetéléphoned’Henri.—Tuasdécidédem’appelerpourt’excuserdetonattitude?—Saraestavectoi?—Non.Elleneseréfugiepastoujoursdansmesbrasdèsquevousvousdisputez.—Elleaquittél’hôpitalpeuavantmidi.Elleamentiàsesamisenprétendantquejel’attendaissurle

parkingpourlaraccompagneràlamaison.Ilestquatorzeheures.Henrin’aplusenviedeplaisanter.—Tuasessayédel’appeler?—Ellenedécrochepas.JeluirappelleassezsèchementquenousensommesenAngleterreetqu’ellen’apasunsouenpoche.—Situluiaboiesdessuscommetumeparles,iln’yariend’étonnantàcequ’elleneterappellepas!Je serre lesmâchoires pour ne pas répliquer, car j’ai besoin de lui. Sara l’apprécie et il est très

probablequ’ilaitraison:ellemefiltre.Jememoquequ’ellesoitencolèrecontremoi,ellen’auraqu’àdéverser tout sonveninquandnousauronsquitté cepaysetque je la saurai en sécurité.Lapoliceestpeut-êtresurl’affaire,maisjenecomptepasattendrequelesfrèresAberlinedécidentbrutalementquel’argentneleursuffitplus.

Mesdoigtssecrispentsurlevolant.Décidément,riennesepassecommeprévuaveccettefemme!J’aurais dû la laisser s’en aller quand elle me l’a demandé. Pourquoi ai-je tant insisté pour qu’elleacceptemaproposition?Parcequ’elleteplaît.Parcequepluselleserefusaitàtoi,plustulavoulais.J’ai réagi comme un gamin capricieux qui pique sa crise pour avoir un jouet. Et maintenant ? Noussommesmariés.Jebaissemachinalementlesyeuxversmonalliance:unsimpleanneau.J’aicarrémentdéconné ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Dès qu’elle est dans les parages, je suis incapable de réfléchirposément.Cettedemandeenmariage…Ellem’avaitparucomme lameilleure solution sur lemoment.Queldébiletufais!Tevoilàmariéavecunefemmequitefuitcommelapeste!

Enmêmetemps,jenel’aipasvolé.Etmerde!Tuparlesd’unerelationsansprisedetête!

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Lasonneriedemontéléphonemeramèneàlaréalité.Henriacontactél’hôteloùAmauryetSaraontdormilanuitdernière.Selonlaréceptionniste,ellesetrouveraitencemomentmêmedanssachambre.Jepousseunprofondsoupirdesoulagement.Jemesuisfaitdumouronpourrien.Tantmieux.Ilmedonnel’adresseetlesindicationspourlerejoindre.

—Honnêtement,jenesaispaspourquoijet’aide…Situlablessesencore,jetejurequejetefousmonpoingdanslatronche!

Jenedoutepasqu’illeferait.—Jevaismerattraper.—TuasplutôtintérêtoujeferaiensortequeSarat’oubliedéfinitivement!Etnotreamitié,tupourras

telacarreroùjepense!—Jesaisquej’aimerdé,inutiledemelerappeler.—Contentdel’entendre.Moinsdevingtminutesplustard,jecognedoucementàsaportedechambre.Jemepasseunemain

danslescheveux,maisjesaisqueriennepourraréparerlesravagesdelanuit.Encoreunepremière:d’ordinaire, jemeprésente toujours impeccabledevantmesmaîtresses.Un simple coupd’œildans lemiroirducouloirmefaitgrimacer.Pasétonnantquelaréceptionnistenem’aitpasreconnu,personnenelepourrait...

Laportes’entrouvre.Saran’estpassurprisedemevoir.JesoupçonneHenridel’avoircontactéeetconvaincuedenepasmeclaquerlaporteaunez.

Bienquelafatigueselisesursonvisage,elleesttoujoursaussicharmantedansunerobeàbretelles.Devantsonsilence,jemeforceàparlerd’unevoixcalme:

—Nousdevonsdiscuter.Non,cen’estpascequejeveux.J’aimeraislabalancerdanslavoitureetfonceràl’aéroport,maisje

doutequedesmanièresd’hommedeCro-Magnonmefassentgagnerdespoints.Encoreunenouvelleligneàajoutersurmalistedeschosesinhabituelles.

Contretouteattente,ellerelèvelatêteets’écartepourmelaisserpasser.C’estplutôtbonsigne.Jem’attendais à des cris, des insultes et des vases en pleine tête…Je vérifie discrètement l’heure àmamontre. Il nous restemoins deux heures pour prendre notre vol. Je dois encore la convaincre demesuivre,etcen’estpasuneminceaffaire.

Soudain, un détailme frappe : il n’y a qu’un lit double.D’un coup d’œil circulaire, je vérifie laprésenced’uncanapé,d’unechauffeuseoud’unautremeublequiauraitpuservirdecouchage.Iln’yarien,etlelitestdéfait…Sarasuitmonregardetmedéfiedeposerlaquestionquipasseenboucledansmatête.Lajalousiemefaitbouillir,maislaraisonm’ordonnedemetaire.

—Jet’écoute.Jetique.Ellemetutoie.—Jesuistafemme,àprésent,pasunemaîtressequ’ilfautquetugardesàdistance.Enconséquence,

àpartirdemaintenant,plusdevouvoiemententrenous.Ellen’attendaucundébatsurcesujet.Jepréfèreautantnepasm’arrêterlà-dessus.Medisputeravec

ellenem’aiderapasàlamettredansmavoiture.—Trèsbien.Elleclignedesyeux,décontenancéeparcettevictoirerapide.Ellecroiselesbrassursapoitrinepour

sedonnerunecontenance.—Donc,jet’écoute,dequoiveux-tumeparler?Detonenfant,detarelationbizarreavecKessyou

tupréfèrescommencerparm’expliquerpourquoitum’asvolélaclefUSB?

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Ellemefixedroitdanslesyeux,sansciller.Elletientbonmaisjepressensqu’ellen’estpasloindelaisseréclatersacolère.Jemerevoisplusieurssemainesenarrièretandisqu’ellemetoisedanssapetiterobeblanche.Ellen’avaitpasmâchésesmotspourmeconfiercequ’ellepensaitdeshommesdansmongenre :desêtresarrogantset imbusd’eux-mêmes,des calculateurs et des égoïstesquimanipulent leurmondepourassouvirdesbesoinsqu’ilsnesontpascapablesdecombleravecleursdixdoigts.Jesensquejevaisyavoirdroitànouveau.

—«Voler»n’estpasletermequej’utiliserais...—Nejouepassurlesmots.TucherchesàprotégerKessy.Ceseratoujourselleenpremier.Encorecettehistoire!—Non.Sijetel’aiprise,c’estpourlamettreenlieusûr.Tuavouerasqu’iln’yariendeplusfacile

quedechaparderunsacàmain.J’aimislaclefdansuncoffreenattendantqu’onrentreenFrance.Ellen’arrivevisiblementpasàdéterminersijemensousijeluidislavérité.—J’admetsquej’auraisdût’enparler,maissijetel’avaisdemandée,tuauraisétésurladéfensive,

commemaintenant.Contrairementàcequetupeuxpenser,jen’aipascherchéàlaprotéger.—Vousavezunenfantensemble,c’estdéjàamplementsuffisammentpourpenserquetuveuillesla

protéger.Mettrelamèredesonfilsderrièrelesbarreaux,çarisquedefairetachedansunC.V.—D’une,rienneprouveencorequec’estbienmonfils.Elleaputoutmanigancer,ceneseraitpasla

premièrefois.J’aiété…surpris,maisleplussimpleestencored’attendrelesrésultatsd’analyse.Certes, je n’ai pas suivi le protocole de récolte, mais je suis persuadé que Grand-père saura se

débrouilleravecmonéchantillondesaliveaufonddupotàcrayons.—Dedeux…Quandvas-tudonctedécideràmefaireconfiance?—Quandtumeconsidérerascommeunêtrehumainàpartentière.Etpuis,queferas-tusilapolice

prouve que c’estKessy qui est derrière tout ça ? Je neme suis pas cachée pour leur dire qu’elle nem’appréciaitpas!Évidemment,quandj’aivoululeleurprouver,maclefavaitdisparu!

—Celane signifiepasquec’estellequiaprovoqué l’accident. Il seraitpréférabled’attendre lesrésultatsdel’enquête.Jen’aimeraispassavoirquej’aiséparéunemèredesonenfantpourunemauvaiseraison.

—L’accident est survenu juste après lemariage ! Il n’est pas question qu’elle s’en tire à si boncompte!Jecomptebienallervoirlapoliceaveclaclef.

Peuimportecequejedirais,ellen’endémordrapas.Laisse-lapensercequ’elleveut.Aprèstout,ilvautmieuxqu’ellediaboliseKessyplutôtqu’elleapprennequedeuxmeurtriersrécidivistessontdanslanature…

—Trèsbien.Sic’estcequetuveuxfaire,alorsallonschezmoilachercher.Unefoisdanslavoiture,jefonceàl’aéroport.Ellehésite.Jeluilaissequelquessecondesderéflexion.— D’accord, je veux bien te faire confiance… mais je veux savoir. Est-ce que tu l’as aimée…

Kessy?Laquestionmeprendtotalementaudépourvu.Elleetmoiavonsvécuquelquechosedefort,ilyade

nombreuses années, alors quenous étions encore très jeunes tous les deux.Cependant, la relationquenousavonsentretenueenFrance,quandnousnoussommesfinalementretrouvésàParis,n’avaitriendetrèsglamour.Dusexe,rienquedusexe.Partout.Souvent.Trèssouvent.Peuimportel’heure,peuimportel’endroit.J’avaisquittéunejeunefilleenpassededevenirmagnifique,j’avaisretrouvéunedéesse.Ellen’avaitpasdetaboupourmoi.Elleétaitprêteàmettredesfemmesdansmonlitpourmecombler.Nousavonsvécudesmomentsdifficilesàbâtirtouslesdeuxnoscarrières…Lesexeétaituneéchappatoire.Toutallaitbienentrenous.

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Avantqu’ellen’exigeungosse.Saranesaitpascommentinterprétermonsilence.—Est-cequetul’aimesencore?insiste-t-elle.Elleredoutemaréponse.—Non.Ilyauneépoqueoùj’aieudessentimentspourelle,maisc’estdel’histoireancienne.Ellem’observeintensément.Jedétestequandellefaitça.J’ail’impressionqu’elleestcapabledelire

enmoietd’ytrouver tousmessecretsenfouis.Elleaccuselanouvellesansunmot.Jeneveuxpasluimentirlà-dessus.EllesaitqueKessyaétéunefemmeàpartdansmavie,lenierneferaitquelaconforterdanslefaitquejen’aiaucunscrupuleàluimentir.

—Queferas-tusicetenfantestletien?—Honnêtement,jen’ensaisrien.—Tun’espastongrand-père…Nonc’estsûr,maiscelanechangerien.J’aibeautourneretretournerlaquestion,misàpartdonner

unepensionalimentaire,jenevoispascequejepourraisfairepourcepetit.Jenemevoispasnonplusrattraperletempsperduoum’intéresseràcequiluiarrive.Jenesuispaslegenredepèreàallerauxkermessesdel’école,àsympathiseravecd’autresparentsouorganiserdessortiesenfamille…Jen’airienconnude tout ça. Jene saispas faire.De toute façon,mon travailm’empêcherad’êtreprésent. Ilfiniraparmedétester,commej’aidétestéGrand-père.Ilvautpeut-êtremieuxqu’ilnemeconnaissepas.

—L’amourn’estqu’unsentimenttemporaire.Ildisparaîtàlamoindredéceptionoucontrariété.Ilnerestealorsquelesrancœursetl’amertume.Cegaminneserapasheureuxavecmoi.

J’aiparléàvoixhautesansm’enrendrecompte.Saraprenddoucementplacesurlelit.Jem’enveuxdeluiavoirmontrécettefacettedemapersonnalité.

—Finalement,tun’espasaussiinsensiblequeça…Unsilences’abatentrenous,avantqu’ellenelerompedemanièreunpeutropbrutale:—Jeveuxquenoushabitionsensemble.—Pardon?Ellealechicpourpasserducoqàl’âne.Jesecouelatête.—Nousenavonsdéjàparlé,ilmesemblaitquetoutétaitclairsurcepoint.—D’icipeu,jevaisdevoirprévenirmesparentsque,d’une,j’aidivorcéetque,dedeux,jemesuis

remariéedanslafouléeavecunhommequ’ilsneconnaissentpas.Sijedois,enplus,leurexpliquerquenousvivonsséparément,ilsrisquentd’avoirunecrisecardiaque.

—Tuesunegrandefille,tun’aspasàtejustifier.—Nathan, jenesuispasen traindemarchanderavec toi, et jene tedemandepasnonplusqu’on

dormedans lemêmelit. Jeveux justequ’onaitaumoins l’aird’uncouplenormalpourdespersonnesextérieures.

Changerunehabitude,c’estcommeaccepterquecettefemmeprenneuneplusgrandeplacedansmavie. L’effort me coûte mais j’accepte. J’ai une petite victoire en constatant son étonnement, elle nes’attendaitvisiblementpasàtriompheraussirapidementsurdeuxfronts.

—Nousparleronsdesautreschangementsplustard,unavionnousattend.J’aicommandédeuxbilletspourPalerme.Nouspartonsenlunedemielenfind’après-midi.

Elleesttropstupéfaitepourdirequoiquecesoit.—Tuplaisantes,j’espère?Tuveuxpartird’icialorsqu’Améliaestàl’hôpitaletqu’uneenquêteest

encourspourl’accident?— J’ai pris les dispositions nécessaires pour que tes amis soient rapatriés en France, quand les

autorisationsserontdélivrées.Quantàl’enquête,nousnepouvonspasfairegrand-chosedeplusdetoute

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façon. J’aieu le tempsde retenir lespremiersnumérosde laplaque. J’aidonnécette informationà lapolice,ellefaitactuellementdesrecherches.

—Jenepeuxpaspartir!Ceserait…malvenudemapart.Amélia…elle…aperdusonbébédansl’accident.

Ellen’oseplusmeregarder.—Jenepeuxpasl’abandonnerpourpartirenvoyage…Ilfautpourtantqu’onparte!—Amélian’estpastouteseule,elleaAmaury.Ellesaitquetun’yespourrienetelleneveutpasque

tuculpabilises.—Quelgenred’amieserais-jesijepartaisdansunmomentpareil?—Tuserasplusunpoidspoureux.Ilsontbesoind’êtreseulspourfairecedeuil.Tupourrastoujours

lesappelersurplace.—Jenesaispas…—Jelesaidéjàmisaucourant.Ilss’inquiètentpourtoi.Ilsm’ontdemandédetechangerlesidées.—C’estbienduAméliatoutcraché…Sonpieddroit s’agitenerveusement.Ellehésite toujours.Alors, je sorsmondernier argument : le

magazine que j’ai acheté dans une librairie en venant ici. La couverture m’irrite les yeux, mais jem’efforcedenerienmontrer.Saraestàmoietàpersonned’autre.Jeréagiscommeungaminquineveutpasprêtersapetitevoiturepréférée,etjem’enfousroyalement.Dèsqu’Henris’approched’elle,jenepeuxpasm’empêcherdemontrerlescrocs.

Quandjeleluitends,ellesemetàrougirviolemment.—Cen’estpascequetucrois.Ilnes’estrienpassé…Ilétaittrèstard,jevoulaismangerquelque

choseet…—Jetecrois.Mêmesi çamecoûtedenepas laharcelerdequestions, je compte jouer lesmaris confiants.Une

nouvelledisputenevapasréglernosproblèmes.Jejetteletorchonàlapoubelle.—Depuis des années, jem’efforce d’avoir une réputation sans faille et, quelques heures à peine

aprèsmonmariage,ma femmefaitdéjà launede lapresseà scandales. Je résistemalà l’enviede tebalancersurmesgenouxetdeclaquertonjolipetitcul.

Elleaunsouriremalgrélasituation.—Grand-pèrevafairedesbonds…Siellesavait!—Voilà pourquoi nous partons en lune demiel. Je compte bien faire oublier ces photos en leur

démontrantàtousquenousnageonsdanslebonheur.SiGrand-pèrem’entendait,ilriraitàgorgedéployée.Maisiln’estpaslà,etlessourcilsfroncésde

Saramerappellequ’ellen’ycroitpasvraiment.Or,sijen’arrivepasàlapersuaderqu’elleafaitlebonchoix,jenerisquepasdeconvaincrelerestedumonde.

Deplus,Henrin’attendqu’unefaiblessedemapartpourdéployertoutsonattiraildeséduction.Jen’aipasd’autrechoix,jevaisdevoirséduiremafemme.

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5

SaraLavache!J’écarquillelesyeuxdestupeurenfranchissantlabaievitrée,quidonneunaccèsdirectàuneterrasse

immense,quiellesetermineparunemagnifiquepiscineéquipéed’unbainàremous.Lanuitesttombéedepuisplusieursheuresmaisdeslumièresextérieureséclairentunterrainclôturéetarborédepalmiers.Autourdemoi, degrosses colonnes enpierre soutiennent la toiturede la terrasse, qui est plusgrandeencorequelerez-de-chausséedelamaisond’Amélia!Suruncôté,unetablerondeavecseschaisesenferforgéblancdonneunenoteparticulièrementromantiqueàl’ensemble.

Jeme tournepour admirerunenouvelle fois lavilla incroyablequi s’étale sousmesyeux.Nathanprendunmalinplaisiràmevoiraussiémerveillée.

—Alors,déçued’avoirépouséunhommeriche?Jeluitirelalanguecommeunegamineeffrontée.—J’admetsquecelaacertainsavantages.Elleestàtoi?—Oui.Payéeavecmespropresdeniers.Ilenesttoutfier.Jesourisdetoutesmesdents.J’aimeceNathan-là.Depuisplusieursheures,j’aile

sentimentqu’ilfaittoutpourmefaireoublierledramed’hiersoir.Ilestgentil,attentionné.Drôle.RienàvoiravecMonsieur-costume-trois-piècesquej’aieul’infimehonneurd’épouser.J’ignorelaraisondecechangement soudain,mais je nem’en plaindrai pas et je ne veux pas savoir. Chacun de ses sourires,chacundesesriresmerendentheureuse.Jenedemandepasplus,sicen’est…

Monventreanticipemaquestion.Durantletrajetenavion,jen’aipasoséavalerunmorceaudepeurdevomirsurmonvoisind’àcôté.Résultat,jemeurslittéralementdefaim!

Nathansemoquedemoi,puism’inviteàallerprendreunedouchepourmedétendreunpeu,letempsqu’il préparequelquechoseàgrignoter. J’écoute sesdirectivespourme rendre à la salledebains enfronçantlessourcils.Y’acombiendepiècesaujuste,ici?

—Tuveuxuneboussole?metaquine-t-il.—Jedevraispouvoirm’ensortir.Si tuvoisquejenesuispasrevenued’iciuneheure,appelle la

police.Maplaisanterietombeàplat:ilafroncélessourcils.—Heu…Ouais.Bon,jevaismelaver…Il attend mon départ, sans un mot. Pendant une seconde, je crains d’avoir brisé la magie de ces

dernièresheures.Décidément,Monsieur-costume-trois-piècesn’estjamaistrèsloin.Jeluiréclameunsac-poubelleetdesélastiquesafindeprotégermonplâtresousl’eau,etjeparsà

l’aventuredanscettegrandemaison.Jeme fige devant l’une des peintures qui décorent les murs. Encore un portrait de femme. Jolie,

évidemment.Cettefois-ci,elleestdeface.Unvisagerond,desyeuxrieurs,unebouchesensuelle…

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—Ellen’estpasdemoietjenelaconnaispas,mesusurreNathandansl’oreille.Sesbrasserefermentautourdemoietilmepoussecontrelui.Sisesbaisersdansmoncouontpour

butdemefaireoublierleportrait,celafonctionnetrèsbien.Jefrottemesfessescontreluijusqu’àcequeson érection soit palpable. Un grognement de satisfaction lui échappe et il plaque nos hanches l’unecontre l’autre. La sensation estmerveilleuse. Jeme presse un peu plus et je laisse sesmains partir àl’assautdemesseinspuisdemonentrejambe.Jesuiscolléeàluietilmecaressedelaplusdélicieusedesmanières.Ilsaitsibiens’yprendrequ’enmoinsdedeux,jesuisdéjàentraindegémirdeplaisir.

—Vienslà.Ilmetireversuncanapéetmeforceàm’asseoirsurlui.Ilm’écarteaumaximumlesjambesetjeme

laisseallercontresontorse, totalementofferteàsescaresses.Sesdoigtssefaufilentenmoiet titillentmonclitoris.

—Jeveuxt’entendrejouir.Fais-lepourmoi.Savoixchaudeetterriblementsensuellemelibèredemesdernièresréserves.Jenepenseplusàrien

d’autrequ’àsesdoigtsquimeprocurentduplaisir.Moncorpsestviteprisdesoubresauts.Jem’emparedesamainpourlafrotterplusfortementsurmonsexe.

—Plusfort!Plusfort!Nathanmemurmuresesquestions.Ilmedemandecequejeveux.Mon bassin se soulève avec frénésie. Je me frotte contre cette main qui me procure de violents

frissons.Jevoudraissentirsonsexeenmoi,qu’ilmemalmène,maisNathann’estpasdécidéàquittercefichucanapé!Cettefrustrationmefaitpousseruncri.Aulieuderépondreàmademande, ilajouteundoigt de plus dansmon vagin. Je suis ouverte aumaximum, la tête renversée en arrière, subissant lesassautsbrutauxd’unemaincapricieuse.

—Nathan!Nathan!Quandl’orgasmemesubmerge,jepousseuncrilibérateur.—Tues lapremière femmeàpénétrerdanscettemaison,m’informe-t-ilaprèsque j’ai reprismes

esprits.—Vraiment?C’estidiotmaisjesuisheureusedel’apprendre.—C’estmon îledéserte, si tupréfères. J’aimecetteville, ellem’inspire.Dèsque j’en ressens le

besoin,c’esticiquejeviensmeressourcer.—Alors,ilvafalloirinaugurertouteslespièces.C’estunprincipe!Son rire réchauffemon cœur.Nathan est terriblement sexy quand il accepte de retirer son air peu

commode.C’esttellementrarequejecomptebienfairetoutcequ’ilfautpourqu’ilnelereprennepasdetoutnotrepetitséjour.

—Jevaistelaisserquelquesminutes.JedoisprévenirBérénicequejeneseraipasprésentaubureaupendantquelquesjourssupplémentaires.Jetiensàluidonnermesdirectives.

Jefilesousladouchesansattendre.Jeregrettedéjàsonabsence.Jesuispersuadéequevul’étatdanslequeljel’ailaissé,ilm’auraitprisesouslejetd’eau.Cettepenséem’émoustille.Jetendsl’oreilledansl’espoirdel’entendrearrivermaisjedemeureseulequelquesminutesdeplus.Mince.Quandjereviensdans le salon,Nathann’est pas là.Savoixmeparvientd’unepièce adjacente. Il est assisderrièreunimmense bureau.Monsieur costume-trois-pièce est de retour… sans le costume.Quel visage sérieux !Rienàvoiravecceluiquimesouriaitquelquesminutesplustôt.

Apparemment,lesproposdeBérénicelecontrarient.Illarabrouedurement.Jesongeunesecondeàrebrousserchemin,puisuneautre idéemevienten tête.Jemebaisseetm’avanceàquatrepattespourpassersouslebureau.Lentement,jem’insèredessoustoutendéfaisantleboutondupantalondeNathan,

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puissafermetureÉclair.J’aiaumoinsréussiàcaptertoutesonattention.Ilouvrelabouchepourparler,maisseretientaumomentoùBérénicecontinuesesexplicationsquantàunproblèmedelivraison.Peum’importe, car d’où je suis, personne ne peut me voir. Je sors le sexe de Nathan de son antre et jecommenceàlemasturberdansunlentmouvementdeva-et-vient.Ilsetrémoussesursonsiègeetprofited’unedisparitiontemporairedeBérénicepourmegronder.

—Sara,lesrègles!—Tulesasenfreintesaumomentmêmeoùtuasfaitdéposermonstringautravail.Personnenepeut

mevoir.Etpuis,maintenantjesuistafemme,pasl’unedetesmaîtresses!Alors,tais-toietlaisse-moifaire!

Sasurpriseestàlahauteurdemadétermination.Bérénicen’estpartiequ’unedizainedesecondes.Jememordsles lèvrespournepasrigoleralors

quejelesenstendu,attentifànepasmontrerlemoindresignedefaiblesse.Pourtantsonexcitationsefaitsentir.Jelesucedoucement,endelonguescaresses.Sesmainssesontcrispéessurlesaccoudoirsdesonfauteuil.Ilessayetantbienquemaldepoursuivresadiscussionaveclapremièred’atelier.Ilcontrôlesarespiration.Fâchée,jem’activedavantagesursaverge,aspirantsonprépuceoulesuçotant.

—Qu’enpensez-vous,Nathan?—C’est…trèsbien.Continuezcommeça.Jesuissûrequecen’estpasvraimentàellequ’ils’adresse.Jemeretiensderire.SiBérénicesavait

quesonpatronestenpleinefellation,elleenseraitprobablementtrèschoquée.Heureusement,jecomptesurleself-controldemoncherépouxpournepasnoustrahir.

D’ailleurs,ilarapidementretrouvélamaîtrisedesavoix.Mince!Commentpeut-ilyparveniralorsque j’ai sa verge entre mes lèvres ?! Agacée, je recommence à le sucer pour bien lui rappeler maprésence.

—Nathan…?Vousm’avezentendue?Ilsursauteetjesourisdesatisfaction.Finalement,iln’estpasaussidouépourfeindrel’indifférence.

Ilmeplaqueunemainsurlatêtepourmeforceràneplusbouger.D’accord,matêteestbloquée,maisj’aitoujoursmalangue.Alors,j’entreprendsdelesucercommejesuceraisuneglaceàlavanille.

—Nathan,est-cequetoutvabien?Ilremuesursachaise.—Je…oui.L’avionm’aunpeuretournél’estomac,unpeudereposetçadevraitaller.—Trèsbien.Jevousrecontactedemain.—Oui,oui.Faisonsça.—Bonnesoirée.Il coupe la communicationprécipitamment avant de se laisser aller contre la chaise et de ramener

monvisageverssonsexedressé.Sonsourirem’inciteàreprendremasuccion.Aprèsquelquesminutes,je l’entends souffler, gémir.Mon prénom filtre entre ses lèvres,m’incitant à accélérer la cadence. Saverges’enfoncedansmaboucheetheurtemonpalais.Jemerepositionnepourmieuxl’avaler.Luiafermélesyeux,latêteenarrière;ilsoulèvesonbassindansdesmouvementsdeplusenplusrapides.

—Oh!Sara!Bonsang,n’arrêtepas!Je m’extirpe pourtant de ma cachette pour m’asseoir sur son bureau. Là, j’écarte les cuisses au

maximum,dansuneattitudedesplusprovocantes.Mespiedsreposentsursesaccoudoirs.Nonseulementjel’empêchedefuir,maisilaunevueimprenablesurmonsexeenfeu.

Son regard glisse surmoi, surma poitrine, surmon ventre dénudé. Je sais qu’ilme veut, et cettepenséemedonneenviedejouerunpeuplusaveclui.Jeglisseundoigtdansmafenteetjecommenceàmecaresser,enleregardantdroitdanslesyeux.Lespectacleluiplaît,samains’estposéesursavergeet

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ilsecaresseaussienmeregardantprendremonplaisir.N’y tenant plus, ilm’attrape les fesses et la seconde suivante, jeme retrouve empalée sur lui. Le

plaisirestintense.Jegémiscommeunefolle.—C’estçaquetuveux?medemande-t-il,avecunsourire.Je glissemes bras autour de son cou.Mon plâtre neme facilite pas les chosesmais j’y parviens

quandmême.—Pasexactement,minaudé-je.Avantqu’ilm’interroge, je lèvemonbassinet jem’enfonceplusprofondémentencoresursonsexe

érigé.Jefermelesyeux,enproieauxplusdélicieusesdessensations.Puis,jecommenceàlechevaucher,d’abordlentement,puisdeplusenplusvite.Sonsouffles’accélère.

—Oh,Sara!Cependant, il ne compte pas se contenter de ça. Ilme bouscule etm’ordonne deme rendre sur le

canapéencuirmarroninstalléàquelquespasdelà.—Mets-toiàquatrepattes.Jem’exécute, impatiente de le retrouver.Nathan se positionne derrièremoi, dépose unmillier de

baisers dansmon cou, pour enfin approcher son gland demon sexe offert.Dans unmouvement d’unelenteurorgasmique,ilmepénètre.Unpeu,avantdeseretirer.Partroisfois,ilfaitlemêmemanège.Mafrustrationestàsoncomble.

—Nathan,viens!Il ne m’écoute pas. Il continue ses lentes pénétrations en rigolant dans mon cou. Je comprends

rapidementcequ’ilaentête.Nathann’estpashommeàselaisserdominerparunefemme.Ilmelefaitsavoir en amplifiant mon désir à son paroxysme. Sa langue trace des sillons de feu sur ma peau etm’arrachedepetitscrisenjoués.

—Jeveuxt’entendre.Soudain, il s’enfonce en moi sans prévenir. Le plaisir m’envahit et je ne retiens pas mes

gémissements.Sesmainsremontentsurmesépaulesets’yaccrochent.Jebougemonbassin,l’invitantàrecommencer.Chaquecoupdereinsmanquedemefaireperdrel’équilibre.Bientôt, jenepenseplusàrien,subissantavecbonheursespénétrationsdeplusenplussauvages.Matêtebourdonne,jesuisprisedevertige.Leplaisirgrimpe,jegémisdeplusenplusfort.Alorsquel’orgasmen’estplustrèsloin,ilmesoulève,merallongeledossurlecanapéetmesoulèveleschevillessursesépaules.

Sespénétrationsreprennent,deplusenplusvite.Nossoufflessemêlent.Unrâlepuissants’échappedesagorgetandisqu’unevaguedechaleurm’emporteversl’orgasme.Nousjouissonsensemble.

Quandenfinnoscorpssesontapaisés,jel’embrassetendrement.Ilm’ébouriffelescheveuxavantdemetapoterunejoue.

—Tuesimpossible!Ilmeclaqueunefesseavantdelacaresser.Jemerelèvemaissesmainsmeramènentàlui.Ilsefrottecontremoietjesenspeuàpeusonsexese

dresserànouveau.—Jesuispeut-êtreimpossiblemaistoi,tuesinsatiable.Ilmepousseversunbuffetetmefaitm’ypencher.Jeluiobéis,avidedeconnaîtrecequ’iladerrière

latête.Ilécartemesfesses,installesavergeentreellesetlesresserreafinquejel’emprisonne.Dansdesmouvements lents, ilcommenceàsemasturbercontremoi.Cecontactme fait frémir. Je l’accompagneavecdelégersmouvementsdubassin.

—Tum’oublies…Ilmeplaquebrutalementcontrelui,mepénétrantparlamêmeoccasion.Lasurpriseetleplaisirme

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fontpousseruncriaigu.—Tuasvraimentuncorpsmagnifique.Ilmecaresse les seinspendantqu’il entameun lentmouvement de va-et-vient.Lesmains surmes

hanches, ilm’assaillebientôtdecoupsdeboutoirquim’écrasent contre lemeuble.Sesmainsglissentdansmescheveuxetlesagrippent.Sonérectionestsiénormeenmoiquejesuisincapabledefaireautrechosequedesubir.Etj’aimeça.J’aimeraisqu’ils’enfonceencoreplusloin,encoreplusfort,encoreplusvite!

Je crie et je perds pied. Au souffle de Nathan, je comprends qu’il va bientôt m’inonder. Aussi,j’essayedemelibérerdesonétreinteetjem’empalecommeunefollesursavergejusqu’àcequ’ilneseretienneplus.Sesdoigtss’enfoncentdansmeshanchesetilmetireunedernièrefoiscontrelui.Dansunrâlebruyant,ilestemportédansl’orgasme.Ilestsipuissantquejesenssonsexepulseràl’intérieurdemoi.J’enailesoufflecoupé.

Unrirenerveuxlesecoueetils’écroulesurmondos.—Sara…Bondieu…C’étaitdivin!Cesmotsmesurprennent.C’estlapremièrefoisqu’ilseconfie.

NathanSaramelanceunclind’œilcoquinpar-dessussonépauleavantdedisparaîtredanslecouloir.Jeme

laissetombersurmachaiseenretenantdifficilementunpetitrire.PourvuqueBérénicen’aitpascompriscequisepassait…

Mesrègles…Oui,c’estvrai,jelesaienfreintesavecunboutdedentelle.J’avaisbesoindesavoirquiétaitSara.Sa réactionm’aprouvéque jepouvais lui faireconfiance.Etmaintenant? Je suisdanscettemaison,avecelle,pourplusieursjours.Certes,jen’aipasenviequ’ellecreuseplusloinsousmacarapace,maisjenemevoispasnonpluslabaiservingt-quatreheuressurvingt-quatrepouréviterlesblancsoulesdiscussionsanodines.Detoutefaçon,j’aibeauavoirunebonnerésistancephysique,jenesuispasundieu.

Allez,faisuneffort,Mervine!Facileàdire.Rienqu’avoirunerelation«normale»medemandedeseffortssurhumains.Jen’aimepasparlerdemoi.Meconfier,c’estcommetendreunbâtonpoursefairebattre.Ilyenatoujoursunpours’ensaisiretlebrandirdèsquel’opportunitédeblesserseprésente…

Jejetteuncoupd’œilàmontéléphone.Ilyaunmessaged’Anatole.Grand-pèreestrentré,éprouvé,desonrendez-vous.Iln’apasgrand-choseàm’apprendredeplus,sicen’estquelaportedubureauresteobstinément ferméedepuisplusieursheures.Aumoins, il est vivant.Vu les hommes en face de lui, ilauraitaussibienpuneplusjamaisrevenir.

Jene sais plusquoi penserde lui. J’ai unmalde chien à l’imaginer en trainde s’intéresser àmacarrière oume filer deux-trois coups de pouce dans l’ombre en brandissant son chéquier.Quoique…Maintenantquej’ypense,celapourraitexpliquercommentj’airéussiàchaquefoisàgarderinextremisma misérable chambre de bonne, à me nourrir ou à payer mes factures. Kessy me mentait : l’argenttoujoursmiraculeuxdesescachetsavaitprobablementpourorigined’autrespochesplusremplies…

J’aitellementhaïcethommequ’ilestdurdepenserqu’ilpuisseenêtreautrementaujourd’hui.

SaraDenombreusesbougiessontalluméessurlaterrasse.Ellesn’yétaientpasavant.Jesuislesindices

pourdécouvrirquelatableestmiseetqu’ungrandchandelierl’ornemente.Nathans’estchangéluiaussi.

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Ilestàtomber.Lachemiseblanchecontrasteavecsonteintlégèrementhâlé.Danscedécorfabuleux,moncœurmanqueunbattement.J’aidumalàcroirequejesuisbienàmaplaceici.J’aipresquepeurque,d’uninstantàl’autre,touts’effondreetquejenemeréveilledanslachambred’hôtel…

Ilmefaitsigned’approcheretm’aideàm’asseoir.J’éclatederirequandj’aperçoisdesbiscuitssecsdansmonassiette.

—Lefrigoestvideouc’estunefaçonpeudélicatedemediredememettreaurégime?—Iln’yarienquejechangeraischeztoi.Cecomplimentmefaittaireetmeperturbequelquepeu:jenesaispascommentl’interpréter.Jeprendslepremiergâteaudansmesmainsetlereluque.—Ilestpérimé?—Passitulemangesmaintenant.Ilmeregardependantquejemordsdedans.Jereposefinalementmonrepaspouravalerunegorgée

d’eau.Lanuit dernière, j’ai passé plusieurs heures à fouiller unenouvelle fois leWeb à la recherched’informationssurlui.Ilyenapeu.Cellesqu’iladaignémedonnernemepermettentpasvraimentdelecomprendre.Pasquejememoquedeconnaîtresongroupedemusiquepréféréouledernierfilmqu’ilestallévoiraucinéma,maisj’aibesoindesavoirquiilest.Etjenepourrailesavoirques’ilacceptedemeparleràcœurouvert.

—Jen’aimeraispasêtreàlaplacedecebiscuit…Machinalement, jebaisse les yeuxversmonassiette.Tout àmespensées, je neme suis pas rendu

comptequejesuisentraindel’émietter.J’essuiemesmains,jen’aiplusvraimentfaim.Jen’aipasnonplusenviedegâcherunesoiréequis’annoncemeilleurequelesprécédentes.

Un silence pensant s’installe entre nous.Nathanme scrute avec attention, avant de se lever. Je leregardedéboutonnersachemiseetretirersonpantalon.Soncorpsestsplendide.Jenesaisvraimentpascommentilparvientàs’entretenirautantavecleshorairesqu’ilcumule.Niunenideux, ilplongedansl’eauavectoutelagrâced’unnageurconfirmé,pourrefairesurfaceplusieursmètresplusloin.

—Allez,viensdonc!—J’aiunplâtre,jetelerappelle.—Jenetedispasdepiquerunetête.Ilmedésignedumentonlazonedesmarchesoùjedevraisavoirpied.—Elleestchaude…Jem’approche à petits pas etme penche pour vérifier l’information.Nathan apparaît brusquement

devantmoi.Unbrasentourematailleetsoncorpsmassifsecolleaumien.—Tuestrempé!—Dois-jemefairepardonner?Sonsourireesttaquin.—Parcequetucroisqu’unbaiservachangerquoiquecesoit?répliqué-je,unbrinamusée.—Quiteditquejevaismecontenterd’unseulbaiser?Cesmotsmefontfrissonner.Cethommeestférocementsexy.Maisaulieudubaiserpromis,salangue

mecaresseleslèvres.Lasensationestdélicieuse.Avecunsoupirdebonheur,j’entrouvrelabouchepourm’abandonner.

—Tuessidouce…Ilenfouitunemaindansmescheveuxetsalangueselieàlamiennedansunedansedesplusintimes,

chaudeetsensuelle.Presqueamoureuse.Jemecrispeinvolontairement.Jedoischassercettepenséedematête!Nousavonsbeauêtreenlunedemiel,jedoisprendrelesjoursquiviennentpourcequ’ilssont:unejoliemiseenscène.

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Jelerepousse,touteexcitationretombée.—Jesuis…justeunpeufatiguée.Unnouveausilences’installeentrenous.Nathanmescruteavantde reculerd’unpas.Lamagiedu

momentadisparu,laissantplaceàunprofondmalaise.—Tudevraisallertereposer.Demain,nousdevonsêtreenformepourdonnerlechange.Tachambre

estauboutducouloirsurlagauche.Jem’extraisdelapiscinesansunregardenarrière.Seuleaufonddemonlit,jegardelongtempslesyeuxouvertsdansl’espoirqu’ilmerejoigne.Mais

maportenes’ouvrepas.Lecœurserré,jemelaisseemporterparlesommeil.

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6

Nathan—C’estuneplaisanterie?Ilvanoussuivresansarrêt?Maisjecroyaisqu’ilneprendraitquedeux

outroisphotos!J’enserresesdoigtsdans lesmienspour l’empêcherdefuir,puis je l’entraînevers lephotographe,

quinousattendsurlaplage.—Jeneveux rien laisser auhasard.Souris et n’oubliepasquenous sommes lesplusheureuxdu

monde.Un voile assombrit ses traits.Contrairement àKessy, elle n’est pas douée pour jouer la comédie.

Alors,j’essayedeluiparler,deluidireàquelpointelleestbelle,maiscesmotsnesemblentavoiraucuneffetcematin.Saran’estpasunefemmequisecontented’illusions.

AdamBangouranousaccueilleavecunsourireaimable.L’hommeàlapeauchocolatregroupetouteslesqualitésquej’apprécie:discretetpeubavard.Sapoignéedemainestfermeetilaladélicatessedenepasperdredu tempsenséductiondéplacéeenvers la femmequim’accompagne.Enprenantcontactavec lui cematin, j’aimis les choses au clair rapidement : je suis prêt à payer une très forte sommed’argent pour la séance photos qui suivra ainsi qu’une autre pour qu’il me remette toutes les cartes-mémoire,n’engardeaucunecopieetneparleàpersonnedecette séance.L’offreproposéeétait assezalléchantepourqu’iln’aitpashésitétrèslongtemps.Pourlui,jenesuisqu’unrichebonhommequiveutdessouvenirsdesalunedemiel.Àenjugersaréaction,iln’apaslamoindreidéedequijesuis.C’estl’avantagedenepasexposersavieprivéesansarrêtdanslesmédias.

Sara est crispée. Les premières minutes sont difficiles. Nous marchons sur le sable, nous nousasseyons,jelaprendsdansmesbras,maisrienneluifaitoublierl’objectifquiestbraquésurnous.

—Détends-toi.Faiscommesinousétionsseuls.Jelarassureenluidisantquenousneferonspastrente-sixséances.Unedizainedeclichés«volés»

suffirontpoursatisfairelacuriositédesgens.UnpremiersouriredétendsonvisagequandelledécouvrelescascadesoùAdamsouhaitepoursuivre

leshooting.—C’est…incroyable!Whoua!Ellerayonne.—Heureuxquelepaysageteplaise.J’aimelavoirainsi.—C’estimpossibledenepasaimer!Regardecetteeau,cettevégétation!C’est…—…magique?—Oui!Sijen’avaispasceplâtre,jeseraisdéjàentraindesauter!J’éclate de rire devant son air enfantin. Sara a tout l’air d’une enfant dans son parc d’attractions

préféré!Jelaregardesemordillerleslèvres,frustréedenepaspouvoirprofiterdecetteétendued’eau.

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Elleresplendit.Jemesurprendsàdétaillersonprofil,àapprécierchaquetraitdesonvisage.Nouspassonsunebonnepartiedelamatinéeàprendredespauses.Celafaitbienlongtempsquejene

m’étaispassentiaussidétendu.MêmeSaraenaoubliél’objectifpours’amuser.Ellesefaittouràtourcoquineetcâline,etsanslaprésenced’Adam,j’auraisvolontiersétéplusloindansmesbaisers…

Peuavantmidi,nousn’avonspasmoinsdetroiscentsphotosàtrier.Nouspassonsprendrequelquescoursesetnousrentrons.

J’ai six appels en absence d’un correspondant inconnu. La sonnerie retentit à nouveau. Le mêmenuméro.

—Leboulot,expliqué-je,sanslaisserletempsàSarademedirequoiquecesoit.Jepassesurlaterrasse,tandisqu’elleserenddanslasalledebainspourserafraîchir.—Mervine,j’écoute.—Commentas-tuosé?!Espècedesalaud!Tun’avaispasledroit!Kessy?Dequoiparle-t-elle?Elleesthystérique.—Calme-toi,etexplique-moicequisepasse.—Monfils!Jeveuxquetumerendesmonfils!Jeretiensmonsouffle.Putain.Jefermelesyeuxettâchedegardermonsang-froid,maismoncerveau

bouillonne.—Kessy,jetejurequ’iln’estpasavecmoi.Peut-êtreest-ilpartichezuncopainouunecopine.Peut-êtreavait-il justeenviedesortirunpeuet

qu’ilnevapastarderàrentrer.J’essayedeshypothèsesquitombentàl’eau.Sonfilsétaitentraindefaireduskatedansunparc,tandisquesanourricediscutaitunpeuplusloin.Seloncettedernière,ellen’avaittournélatêtequ’uneseulefois,maislelapsdetempsavaitétésuffisantpourlevoirdisparaître.Ellemeledécritcommeunenfantsage,obéissant,équilibréetpaslemoinsdumondefugueur.

Unfrissonglacémeremontel’échine.—Tuasessayédecontactermongrand-père?Ilestpeut-êtreaveclui.—Personnenerépond!Cen’estpasnormal.Anatoleauraitdûdécrocher.—As-tuessayésoncabinet?—Personnenel’avudepuispresquetroisjours!Ellepleure;ellenesimulepas.Etjesaisqu’elleatouteslesraisonsd’êtremortedepeur:jenepeux

pasécarterlapistedesfrèresAberline.EnécartantSara,j’aimissanslevouloirenpremièrelignecegamin.D’unemanièreoud’uneautre,ilsontdûapprendrel’existencedemonsoi-disantfils.

—Appelle lapolice immédiatementetenferme-toidans tonappartement.Verrouille-leetne laisseentrerpersonnejusqu’àl’arrivéedelapolice!Tum’asbiencompris?

—Nemelaissepastouteseule,jet’enprie!Jet’ensupplie!Jen’aipaslaforce…!—JevaisappelerHenripour…—Non!Jeveuxquetuviennes!Nathan,c’esttonfils!Tun’aspasledroitdel’abandonner!Tu

n’aspasledroitdenousabandonner!Jefermelesyeux,enproieàunsentimentviolentdeculpabilité.—Trèsbien,j’arrive.Jeraccroche,labouleauventre.—Oùvas-tu?SaraNathansetournebrusquementversmoi.Jeneluilaissepaslesoindeseremettredesasurprise.J’ai

entendulesintonationsdesavoix,sesmotset,surtout,j’aicomprisl’identitédelapersonneavecquiil

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parlait.Kessy,toujoursKessy.Mêmeàplusieursheuresdevoldenous,ellefaitdessiennes.EtNathanaccourt.

—JedoisrentrerenAngleterre.Lepetitadisparu.Bouchebée,jeleregardeconsulterlesprochainsvolsdisponiblespourLondres.—Alors…tut’envas?Tumelaissesicitouteseule?—Sara…s’ilteplaît.Necompliquepaslasituation.—«Compliquerlasituation»?Tutemoquesdemoi?Kessymanipulesonmonde,ettulesais!Si

çasetrouve,sonfils jouesagementdanssachambreàl’heurequ’ilest!Tunet’espasditquec’étaitpeut-êtreencoreunerusedesapart?

—Kessyabeaucoupdedéfautsmaisellenementiraitpasausujetde…—…votrefils?—Sara,arrêteça.Jen’aipasenviedemedisputeravectoi.—Sicetenfantadisparu,c’estàlapolicedegérerlasituation,pasàtoi!Tun’asrienàvoirdans

cettehistoire!Tunepeuxpasaccourirdèsqu’elleaunonglecassé!—Mongrand-pèreaégalementdisparu.—Çanefaitpasquarante-huitheuresqu’onaquittél’Angleterre,tongrand-pèreestunadulte,ils’est

peut-êtreoffertunejournéedesolitude.—Tuneleconnaispas.Lesvacancesnefontpaspartiedesonvocabulaire.Ilatoujoursvécupour

soncabinet.Lesimplefaitqu’iln’ysoitpasallédepuistroisjoursmeprouvequ’ilyaunproblème.Rienneleferachangerd’avis.—Alorsjeviensavectoi.—Non.Jeneveuxpastesavoirlà-bas.—Pourquoi?Tucrainsquejenevousdérangetouslesdeux?Detoutefaçon,jenesuispasàtes

ordres!Etjeneresteraipasseuleici!Ilnel’entendpasdecetteoreille.Ilsedirigeverslaported’entréeaprèsm’avoirinscritlecodede

l’alarmedesécuritésurunpapier.—Nesorspasdelamaisontantquejenesuispasrevenu.Jeferaiensortederentreraussiviteque

possible.Lesalaud!Jeluicoursaprès.—Quantàtoi,n’oubliepasdebaiserKessy,histoirequetunetesoispasdéplacépourrien!Ilfaitvolte-face,irrité.—Bonsang,maisc’estsidifficilequeçademefaireconfiance?!C’estquoitonproblème?Cen’est

pasparcequetonPeterabaiséuneautrefemmequejevaismeprécipiterpourfairelamêmechose!Lecoupafaitmouche.Jeserrelesdentspournepaslaissercoulermeslarmesetjerelèvebienhaut

lementon.—C’esttonfils,c’estça?—Jen’ensaisrien,etcen’estpaslemomentd’endiscuter,j’aiunavionàprendre.Jerefusedelelaisserpartiràsiboncompte.Jem’interposeentreluietlaporte.—Soitc’esttonfils,soittuesencoreamoureuxd’elle.C’estforcémentl’undesdeuxpourquetune

puissespastesortircettefemmedelatête!—Jet’aidéjàditcequ’ilenétait.—Tumens!J’ai crié.Mes larmes coulent sur mes joues. J’en ai assez d’être plantée à chaque fois pour que

l’hommequej’aimeailleenvoiruneautre!L’hommeque j’aime… Jemeficheraisdesbaffes tellement jesuisgrotesque !Celamependaitau

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nez.Aufonddemoi,jelesavaisdepuislongtempsetj’airefusédel’admettre.Jebaisselesyeuxsurlesol,incapabledesoutenirsonregardperçant.

—Cequejepeuxêtrestupide…Commentpuis-jeseulementrivaliseraveclafemmeauportrait?Ceseratoujourselle.Direquej’aicruque…Tunem’asépouséequepouravoirunebellerevanchesurunhommequetudétestesetdusexelégitime…Unebonneépouseserviablequiécartelescuissesdèsquetuenasenvie.Etcommeuneidiote,jesuistombéeamoureusedetoi.

Lesilences’abatsurnous,commeunechapedeplomb.Jeviensdecreusermatombe.Ilneluiresteplusqu’àmebalancerdansletrou.Nathannedit rien.Commed’habitude.Quandenfin ilouvre labouche,c’estpourexigerque jene

fasseentrerpersonne.Puis,laporteclaquederrièrelui.Jemelaissechoirsurlesolenéclatantensanglots.NathanFaitchier!Enquittantlavilla,j’appelleHenri.Jeluifaispartdesdisparitionsetdemonarrivéeprochaine.Il

medemandeaussitôtcommentvaSara.Jeravalemacolèreetmajalousiepourluirépondrequ’elleseporte àmerveille. Il n’apasbesoinde tout savoir. Jen’aipas enviede réfléchir à cequivientde sepasser.Pasmaintenant.

En atterrissant, je me jette sur mon téléphone. Mes soupçons sont confirmés. La police a unevidéosurveillancedel’enlèvementdemongrand-père.Onyvoituncyclomoteurcouchéentraversdelarue qui simule un accident. Le chauffeur s’arrête à proximité d’une fourgonnette garée et sortprécipitammentduvéhiculepours’enquérirdel’étatdumalheureux.L’instantd’après,lemotardluitiredessusetseruesurlavoiturepours’enemparer.Mongrand-pèren’aaucunmoyendefuite:ilestfrappé,menacéetbâillonné,puisenlevé.

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7

NathanKessy est assise sur le canapé, blanche comme un linge. Elle fixe le verre d’eau qu’Henri lui a

déposé sur la table basse, près du téléphone. Scotland Yard est déjà sur place et attend autour demultiplesappareilsd’écoutelecoupdetéléphonequidevraitannoncerlelieudelaremisedelarançon.

Enm’apercevant,Henrivientàmarencontre.Ilm’entraîneàl’écartpournepasdérangerlesautrespersonnesprésentesdanslapièce.

—Lapoliceaconfirmélapisted’undesdeuxfrèrespourl’accidentdel’autresoir.DavisAberline,l’aîné. Ses empreintes ont été retrouvées dans un véhicule de location, abandonné à une trentaine dekilomètresàpeinedetamaison.Laplaquepourraitcorrespondre.

—EtMarcus?— Difficile de dire s’il est impliqué dans cette histoire mais, vu leurs antécédents, tout laisse

supposerquecesoitlecas.AndyMiller,lechefdel’enquête,sembleenêtreconvaincu.Davisaappeléilyadeuxheures.Ilexigeseizemillionsdelivressterlingpourlalibérationdetongrand-pèreetdufilsdeKessy.

Putain.Jeconfirme,l’hommeesttrèsgourmand.—Quellessontlesdirectives?—Lapolicerefusequ’onpayelarançon.Unefoisl’argentencaissé,lesravisseurspourraientvouloir

sedébarrasserde leursotages. Ilsveulentmettreenplaceune rançon factice.Kessyamanquéde leurarracherlesyeuxenl’apprenant.

Je comprends. La tentation doit être grande d’éliminer ensuite les seuls obstacles qui pourraientramenercecriminelderrièrelesbarreaux.

Henrisepencheversmoipourmechuchoter:—Kessyestrestéesilencieusesurl’identitédupèredesonenfantaveclapolice.Maiselleesttrès

prochedetongrand-père,jeneseraispasétonnéqueDavis,enlesurveillant,aiteuventdecettehistoire.Logique.J’avaisdoncraison.Kessytremblecommeunefeuille.Unofficierluiproposedemangeroudeboirequelquechose,mais

elle ne l’entend même pas. L’homme lui dépose tout de même une assiette remplie d’un sandwichimprovisé.

Jen’aivuaucunvéhiculede laPressestationnédevant lamaison,preuveenestque lesmédiasnesont pas encore au courant de l’affaire. Henri me confirme l’information, puis m’apprend que cettedemande provient directement des ravisseurs : ils se débarrasseront de l’un de leurs otages dansl’éventualitéoùcettedemandeseraitignorée.

Unhommes’avanceversnous.Secauvisagesévère.D’uncoupd’œil,ilm’areconnu.Ilmetendlamain.

—MonsieurMervine,bonjour.JesuisAndyMiller.MadameEvansm’aprévenudevotrearrivée.

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Ellem’a informé que votre grand-père souffre d’une insuffisance cardiaque.Nous ferons lemaximumpourqu’ilrevienneauprèsdesafamilleleplusrapidementpossible.

J’opineduchef,sansriendire.J’ignoraisqu’ilavaitunemaladieaussigrave.Comment l’aurais-tusu?Tul’évitescommelapeste!

Millernesedoutederien.—Avez-vouseudesnouvellesdumajordomedemongrand-père?AnatoleHamilton.—Ilestà l’hôpitalStThomas.Ilaétéretrouvéaudomiciledevotregrand-pèredansunsaleétat.

Plusieurscôtescassées.Descontusionsmultiples.Daviss’enestprobablementprisàluipourobtenirdesinformationssurl’emploidutempsdesonpatron.Sonbureauaétéfouillé.Plusieursobjetsdevaleurontétédérobés,ainsiquesonagenda.

Unfrissonglacémeparcourt.—Seizemillions…Huitmillionspourchaquetête.Vouspensezqu’ilvautiliserchaqueotagepour

récupérerl’argent?—Ilyade forteschances.Maiscen’estpas tout. Il exigequece soitmadameEvansquidépose

l’argent.Jenesuispasfavorableàcetteidée.Moinonplus.Elletientàpeinedebout.Mêmesijenesuispasenmeilleureforme,jenesouhaitepas

lasavoirenpremièreligne.—Pourriez-vousleconvaincredemechoisiràsaplace?—Jenevouscachepasquej’espéraisquevousmeleproposiez.NousrejoignonsKessy,quiselèveenm’apercevant.Masimpleprésencelafaitcraquerànouveau.

Ellesejettedansmesbrastoutenmeremerciantàchaudeslarmesd’êtrevenu.Jelaserrecontremoi,tandisquej’échangeunregardavecHenri.

La sonnerie retentit aumêmemoment.Les doutes deMiller sont fondés.Davis exige huitmillionspour la libération de l’enfant. Miller lui renouvelle ses difficultés à rassembler une somme aussiimportanteenquelquesheures.Illuiexposesesoutils,seslimitesetsespossibilités.Lerendez-vousestfixéà18heures.Illuiprometdefairetoutsonpossiblepourraccourcirencorecedélai.Poureux,etpourlafamilledesotages. Ilessayede lefaireparler. Ilutilise intentionnellement ladeuxièmepersonneduplurieletglisseplusieursfoislenomdeMarcusafindesavoirsicedernierestégalementdanslecoup.Envain.Sansselaisserdémonter,ilenchaîneimmédiatementsursaproposition,àsavoirquecesoitmoietnonKessyquidéposelesac.Ilprétendquecettedernièreesttrèsaffaiblieetqu’ellerisqued’attirerl’attentionsielles’écrouleenpleinerue.L’argumentagaceDavis,pourtant il finitparse rangeràsonaviset,avide,exigeunecompensation.Millerlaluirefuseavectouteladiplomatiequilecaractérise.

Soudain,unmembredesonéquipeluitenduneenveloppe.Jemepencheverslui,maisilendissimulele contenu.Des photos, un rapport.Dans le téléphone,Davis s’énerve,maisMiller lui promet qu’unesolution sera vite trouvée. Cet homme m’impressionne par son sang-froid et sa patience. Ces deuxqualitésviennentàboutdel’agressivitédufrèreaîné.Quand,enfin,ilraccroche,ilétalelesdocumentssurlatablebasse.

—MarcusaétérepéréenFrance,ilyaunedizained’heures,dansunmagasinagroalimentaire.Unecaméradesurveillancel’afilméentraindepayersescourses.

Je prends un des clichés qui représente un homme quelconque vêtu d’un pull et d’un pantalon desurvêtement.Iln’apascherchéàcachersonvisage.

—Ilneseraitdoncpasimpliquédanscettehistoire?—Lesinvestigationscontinuent,maistoutlaissesupposerquelesdeuxfrèresnejouentplusdansla

mêmecourderécréation.Cen’estpasimprobable,iln’apaslemêmecaractèrequesonaîné.Celamechagrineunpeu.Davisestunhommeautoritaire,bagarreuretégoïste.Marcusétaitlemaillonfaibledu

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duo.Sonmanquedeconfianceenluietsapeurauraientpuservirdefiletdeprotectionpourl’enfantetvotregrand-père.

—Vousavezréussiàsavoirquelquechosesurl’identitédeshommesquiaccompagnentDavis?—Lesinformationsnesontpasencoreconfirmées.C’estpourquoivousallezfaireexactementceque

jevaisvousdire.Millermefaitlesdernièresrecommandationsenaparté,danslachambredeKessy.Ilmedemandede

gardermonsang-froid,etcepeu importecequisepassera.Plus facileàdirequ’àfaire.Lepirequ’ilpuisseluiarriver,c’estdesefairetapersurlesdoigtsparsahiérarchiedansl’éventualitéoùleschosestourneraientmal.Cen’estpasmoncas.Allez,netedégonflepas.Ilaexigéquejeporteunmicro,j’airefusé.SiDavis,oul’undesesgars,décidedemefouiller,j’aurail’airmalinaveccemachinsurmoi.Même siMiller a prétendu qu’ilm’aurait à l’œil dans ses jumelles, il nem’aidera pas pour autant àéviteruneballe.

J’inspire à fond tandis que jeme scrute dans lemiroir en pied. Je ressens le besoin viscéral decontacterSara,maisjen’arrivepasàappuyersurcefichuboutond’appel.Elleestfurieusecontretoi,Mervine.Etelleatouteslesraisonsdel’être.

Jefixel’écransanspouvoirmedécider.—Nathan?Kessys’estglisséedanslachambre.Elleparaîtdixansdeplusavecsonteintpâle,sesyeuxcernéset

l’absencedemaquillage.Ellem’observependantquejerangeletéléphone.—Ramène-le-moi,jet’enprie.Ilesttoutcequej’ai.Ilyatellementdedouleurdanssonregardquejemetsplusd’unesecondeàluipromettrequejeferai

toutcequ’ilfautpourqu’elleleretrouve.Jesuisencoreencolèrecontreelle,aussijenemeforcepasàfaireunpasdanssadirection.J’aimeraisqu’ellemelaisseseultoutefoisellenebougepas.Ellesouhaitevisiblementmeparlerdequelquechosemaisn’enapasencoretrouvélecourage.

—Tudevraisessayerdedormir,tuenasbesoin.Ouaumoinsmangerquelquechose.Àcerythme,toiaussituvasfiniràl’hôpital.

Elleacquiesce,bienquejesoispersuadéqu’ellenem’écouterapas.—Merci,murmure-t-elleenfin.—Jenelefaispaspourtoi.Mongrand-pèreestaveclepetitaussi.—Ilesttonfils,Nathan,quetul’acceptesounon.Mentir dans unmoment pareil serait franchement déplacé, pourtant je ne peuxm’empêcher deme

méfier.— Tu ne m’as jamais parlé de lui et tu me balances ça brusquement. Comment veux-tu que je

réagisse?Ellebaisselesyeux.—Quand jemesuis renducompteque j’étais enceinte,nousétions séparés.Et tu avais déjà cette

blondeàpetiteslunettes…Marjorie. Effectivement, je l’ai fréquentée peu de temps après notre rupture. J’avais besoin de

changerd’air,deneplusmeprendrelatêteavecunerelationclassique.Cettefemmeétaittombéeàpointnommé.Lapremièred’unesérie.

—Tuprétendsquecegamin…—William,mecoupe-t-elle.Ils’appelleWilliam.Montroisièmeprénom.—Jenet’enaipasparléparcequejevoulaisgardercetenfant.

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—Sicepetitestvraimentlemien,j’avaismonmotàdire.Tun’avaispasledroitdeprendrecettedécisionseule!

—Jen’aijamaisrienexigédetoi.Jemesuistoujoursdébrouillée!—Tuauraisdûmeledire!—Pourquoi?Pourquetutedétournesdemoiunenouvellefoisoumêmequetuexigesquej’avorte?Lesmotssontdurs,cruels,pourtantjelesauraissûrementprononcésàl’époque.Oui,jel’auraisfait.—J’étaissouscontraceptif.Iln’yavaitaucuneraisonquecelaarrive,maisc’estarrivé.Jenesuis

pastombéeenceinteintentionnellement!J’aifaitunepausedansmacarrièreetjemesuisoccupéedelui.J’aifaitensortequ’ilnemanquederien,qu’ilsoitdans lesmeilleuresécoles.J’aide l’argent, jepeuxluioffrirtoutcedontilrêve!

—Saufunpère!C’estsortisansquejeneleveuille.Kessyravalesaréplique.Elleconnaîtmesblessures.Ellesaittoutdemoi.—Tun’asjamaisvoulul’être,Nathan…sinonnousserionsencoreensembletouslesdeux.Etsitu

n’avaispasfaitirruptionchezmoi,tun’enauraisjamaisriensu.Elle s’avancepour s’asseoir sur le reborddu lit.Pendantuncourt instant, elleneme regardepas,

perduedanssespenséesoudansdessouvenirs.Puis,unsourirenostalgiqueétireseslèvres.—Quandj’étaisplusjeune,jet’avaisditquejet’épouseraisunjour.Jen’avaisquesixans,maisje

suistombéeamoureusedetoidèsquejet’aivu.J’avaisperdumesparents,jevenaisd’êtrerecueillieparmon oncle et ma tante. Tu étais gentil et doux avec moi… Pour cette petite fille, tu étais comme unchevalierenarmure.

Sessouvenirsnousplongentdanslesilence.C’estcommesiuneéternitéétaitderrièrenous.—Tuparlesd’unchevalier servant, ricané-je, tu faisaispluspeurquemoiavecdescouetteset ta

robeàfrous-frous.D’ailleurs,tun’hésitaispasàaffronterMaxCunighametsescopains.Tun’asjamaiseupeurdegrand-chose,enfait…

—Si.Jesuisterrifiéeàl’idéedeteperdredéfinitivement.Sonregardestbraquésurmoi.—Jet’aime,Nathan.Jet’aimeàunpointquej’ensuisvenueàcommettredesactesabominablespour

nepasqu’uneautretevoleàmoi.Jenesuispasfièredetoutcequej’aifait,maisnem’enveuxpasdedétesterSara.Ellem’aprisl’hommequej’aimeetlepèredemonfils.Etj’encrèvedejalousie…

Sonregardglissesursatabledechevetoùreposeunephotodugamin.—Williamestunenfantcurieux,sensible.Ilneferaitpasdemalàunemouche.Quandjeleregarde,

jesuisheureusedemedirequenousavonsdonnéàcetenfantlemeilleurdenous-mêmes.Ellelaremetdoucementàsaplace.—Jesaisquetumedétestes,Nathan,maissitumerendsmonfils,j’accepteraidedisparaîtredeta

vie.Àtoutjamais.

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8

Je longeBayswaterRoad jusqu’àThe Swan. Impossible de rater le pub anglais avec son énormecygneblanc sur fond rouge. Je vérifie l’heure avant depousser la porte derrière laquelle résonneunemusiqueentraînante.

J’ai quelques minutes d’avance. Dans ma main droite, le sac de sport supposé contenir les huitmillionsdelivressterlingsemblebrusquementpeserunetonne:sicetéchangenesedéroulepascommeprévu,Davisplanterauneballedanslatêtedemongrand-père.Oudemonfils.

Jem’installe à une table vide et je commandeunwhiskypour donner le change à la serveuse.Leverresouslesyeux,j’aibiendumalànepasl’avalerd’untrait.Jedoispourtantgarderlesidéesclaires;lamoindreerreurpourraitêtrefatale.Iln’yauraqu’unéchange.Unseul.MillermisetoutsurcetinstantpourmettrelegrappinsurAberlineetsescomplices.Lasommeesténorme.Selonlui,Davisneprendrapas le risque d’envoyer un autre que lui la récupérer. Quant à ses copains, qu’il s’agisse de petitesfrappesoudecriminels,ilslecollerontcommeunchewing-gumàunechaussurepournepasvoirl’argentleurpassersouslenez.Pourvuqu’ilnesetrompepas.

Lelieuestsurveilléparquatrepoliciersencivilprêtsàintervenirencasdebesoin.Jescruteavecattention les visages, les expressions, les gestes. Soudain, je vois l’homme derrière son comptoir quidécrocheuntéléphone.Avectoutlevacarme,d’oùjesuis,jen’airienentendu.Brusquement,ilcoupelamusiquepourdemander siunAlbertoManierieestdans la salle. Jen’ai riend’un Italienmais je faisbonnefigureetjemelève.Ilmepasselecombinésansplussesoucierdemoi.

—AlbertoManierie,j’écoute.—HydePark.DéposezlesacaupiedduMarbleArch.Lepubsetrouvesurlaruequilongel’énormeparc.Jepayemonverreetjemerendsimmédiatement

surplace.LeMarbleArchm’accueilledetoutesahauteur,avecsescolonnescorinthiennesetsestroisarches.

J’inspectelesalentours,lespromeneurs,lestouristes.Millerm’amontréunephotod’archivedeDavis.La coupe mi-longue, des cheveux châtains ondulés, un bouc mal taillé, des yeux enfoncés sous desarcadesproéminentes.Moinsd’unedizained’annéessesontécouléesdepuisson incarcération ;mêmes’ilachangé,jedoutequ’ilsesoittransforméaupointd’enêtreméconnaissable.

J’attendsdepuispresquevingtminutesquandj’aperçoismongrand-pères’approcher.Ilestépuiséetsonvisageesttuméfié.Quelquespasàpeinenousséparentlorsqu’uneviolentequintedetouxlesecoue.J’aileréflexedelerattraperavantqu’ilnes’écrouleausol.Iltousseencoreencrachantdesmucosités.Ilfautqu’ilsoittransportéauxurgencesleplusvitepossible!

—Lesac…Jedoisteprendrelesac…etleurrapporter.—N’ypensemêmepas!Pasdanstonétat!Tudoisalleràl’hôpital!SonregardexprimelamêmedétressequeKessy.—Pour…unefois…danstavie…fais…cequejetedis!Jenel’écoutepasetl’allongeàmêmelesol.Jeluidéboutonnelecoldesachemisepourl’aiderà

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mieuxrespirer.Ilfermelesyeux,àboutdesouffle.—Ilsonttonfilsenotage…Ilsn’hésiterontpasàletuer…—Situyretournes,jenedonnepascherdetapeau.Unegouttedesueurcouledesonfrontjusqu’àsonmenton.Iljureentresesdents.— Un homme n’abandonne jamais, Lionel. Je ne t’ai pas élevé avec cette éducation pour plier

l’échineàlamoindredifficulté.—Tonobstinationestridicule!Mort,tuneleurserasplusd’aucuneutilité!—Jen’aipaslechoix…Williamabesoindemoi.Il…ilapeur.Jenelelaisseraipas…seul.Latouxestsiviolentequejeledéplacesurlecôtédecraintequ’ilnes’étouffe.—Tun’irasnullepart.Jeprendstaplace.Et je priepourqueMiller nem’abandonnepas.Si jemepointe là-bas avec l’argent factice, nous

sommesmorts, legaminetmoi.Sesagentssont là,quelquepart, toutautourdenous. Ilsont forcémententendunotreconversation.Envoyantmongrand-père revenir seul, il adû réadapter sonplan.Miller,bonsang,nemedécevezpasoujesuisunhommemort!

—C’est…horsdequestion!J’aidéjàperdumonfils…jeneperdraipasmonpetit-fils…etmonarrière-petit-fils!

Sa détermination lui donne la force de se redresser… seulement à moitié. Épuisé, il s’écroule ànouveauenrespirantfaiblement.

—Pourunefoisdanstavie,toiaussituvasm’écouter!Crois-moi,jenecomptepasmourir.Lapositiondemongrand-pèrealerte rapidementquelquespassants. Je suis soulagéde reconnaître

deuxdespoliciersencivil,Milleradoncsuivil’échange.L’und’euxappelleaussitôtuneambulance.Jesuissur lepointdemereleverquandGrand-pèrem’agrippe lebras. Je lisdanssesyeuxqu’ilaenfinabandonnél’idéedeseprendrepourSuperman,maisaussiuneprofondeinquiétude.

—Jenesupporteraipas…qu’ilvousarrivequelquechose…àtoietàWilliam.Je t’ensupplie…faisattention!

—C’estbienmonintention.Je coupe court en lui demandant qu’il me décrive le chemin pour rejoindre ses ravisseurs. Il

m’apprendqu’ilaétédéposéàl’angledelarue.Leshommessontcagoulés.Ilssonttrois.Ilsl’attendent.Jeleremerciepourcesinformationsprécieusesquiserontvitetransmisesauxbonnesoreilles.

Moinsdetroissecondesplustard,lefroncementdesourcilsdel’undespoliciersm’informequ’ilyaunnouveauproblème.

—Lafourgonnetten’estpluslà.—Alors,jen’aipasd’autrechoixquedefairesortirdeforcelelapindesonterrier.Sur le qui-vive, je surveille tout et n’importe quoi. Tout à coup, une fourgonnette déboule à plein

régimepours’arrêterbrutalementprèsdemoi.Lesportess’ouvrentetdeuxhommescagoulésm’attrapentpourmejeteràl’arrièreduvéhicule.JepercutedepleinfouetWilliamrecroquevillésurlui-même.Untroisièmehomme–Davis–metlesgaz,maisseretrouveàfreinerviolemmentdansunebordéedejurons.LecrideWilliamseperddanslesinsultesduconducteuretlessirènesdelapolice:lafourgonnetteestcernéedetoutepart.

LavoixdeMillerrésonnerapidementdansunmégaphone.Illeurordonnedelibérerlesotagesetdeserendre.Aucunefuiten’estpossible.MaisDavisest troporgueilleuxpouraccepterunedéfaiteaussihonteuse.Contrairementàl’undesescompères.

—Onadéjàhuitmillions!Plusdedeuxmillionschacun!Proposons-leurlalibérationd’unotagepourqu’ilsnouslaissentpartir!

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Davispasseà l’arrière.Toutenmemenaçantdesonpistolet, il s’emparedusacpourvérifier soncontenu.JeneréfléchispasetmeplacedevantWilliam,quis’estremisàpleurer.

—Putaindeflicsdemerde!rugitDavis.Cesontdesfaux!Pendantquecescomplicesvérifientl’information,l’autremebraquelepistoletcontrelatempe.—Alors,jebutequienpremier:papaoulefiston?—Jevaisleurparler!Votrecopainaraison,vouspouvezessayerdemarchander!Sivousnoustuez,

ilsvousbuteront.Davisestmoinsbêtequ’iln’enal’air.—Tuvasleurparler.S’ilsrefusent,dis-leurqu’onbutelegamin.Ilentrouvrel’arrièreduvéhiculejusteassezpourquemavoixporteau-dehors.Williammeregarde

avecdesyeuxépouvantés.Desyeuxsisemblablesauxmiens…—Jenet’abandonnepas.Jerestelà,justelà.Netirezpas!crié-jeaussifortquepossible.Millerveuts’assurerquejevaisbien.Ilm’informequemongrand-pèreaététransportéàl’hôpital.

Jeluiexpliquelesexigences, ilauninstantdesilence.Unpetitcrimefait tournerlatêteversDavis:Williamafermélesyeux,uncanonestpressécontresatempe.Ilsanglote.Ilessayedesemontrerfort,maisdeslarmescoulentsursonmenton.

—Regardebienpapa,souritAberline.C’estpeut-êtreladernièrefoisquetuleverras.Parcequesicesvilainsméchantsnousprennentenchasse,alors,boom!PlusdeWilliam.

—Non!Neluifaitespasdemal.C’estmoiquivaisresteravecvous.—Tiensdonc,monsieurveuttellementmourir?Situytienstant,jepeuxréglerçatoutdesuite.Avec

unpeudechance,leflicaumicromeprendraunpeuplusausérieux.Sesdeuxcopainsbraquentleurcanonversmoi.— Si vous le tuez, ces flics n’auront aucune pitié pour vous. Vousmourrez vous aussi ! Je vous

promets que je vais discuter avec leur chef. Personne n’essayera de vous arrêter. Vous pouvez nousdéposerplusloin.C’estlaseulesolutionpourquetoutlemondes’ensortevivant.

Davisestbrutdedécoffragemaispasstupide.Ilmebalancelegarçondanslesbrasetmefaitsignedem’asseoirsurlecôté.Jeserrelegamincontremoi.Iltremblecommeunefeuille.Ilréclamesamère.Je lui promets qu’il la reverra, puis je lui demande de m’obéir sagement. Et d’être fort. Ces motsrésonnentenmoicommedessouvenirsdouloureux.C’estcequeGrand-pères’estévertuéàm’enseignertoutemonenfance.Nepasmontrer ses faiblesses, faire face à l’adversité, nepas laisser les épreuvesnousplongerdansl’abîme.

Williamhochelatêtedoucementetserresespoings.Jelefélicite,jeluidisquesamèreseraitfièredelui.Kessy…Jeluiaifaitlapromessedeluirendresonfilsvivant.Notrefils.

Après quelquesminutes d’agitation autour de nous,Miller a repris lemégaphone. Il nous apprendqu’unebrècheestentraind’êtreorganiséedanslesbarrièresdesécurité.Personnenetireratantquelasurviedesotagesseraconfirmée.Davisbraille,insultemaisaccepteévidemmentcetteproposition.

Jenevoisriendecequisepasse,pourtantjesaisqueMillerestsurlepieddeguerre.J’écouteavecattentiontouslesbruitsautourdenous.Descris,desordres,desmoteursquitournent.Enfin,lavoixdeMillersefaitentendre:labrècheestcréée.

Davismenacetoutlemonde.Sescomplicessontsurlesnerfs:—Fonce,bordel!Ilappuiesurlapédaled’accélérateurcommeunforcené.Undébats’ensuitpresqueaussitôtsurnotre

sort.Aberline refusedenous relâcher, ilprétendconnaître lesgarscommeMiller :desmenteurs, destraîtres.Desflics.L’undesescompèresestd’accordaveclui.Unpistoletselèveversnous.

—Nefaitespasça!Nouspouvonstousnousensortirvivants!

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L’homme a unmouvement de recul. J’en profite. Je fonce droit devant. Le coup de feu perfore lacarrosserieduplafond.L’échoestépouvantable.Jeparviensnonsansmalàluifaireuneclefdebrasetjedirigelecanonversledeuxièmetireur.

—Bute-le!hurleDavisàsonacolyte.L’autrelèvesonarmeaumomentoùlevéhiculefaituneviolenteembardée.Pendantplusieurssecondes,lemondeautourdemoiadisparu.Levéhiculefaitunroulé-boulé infernalavantdes’immobiliser.Davishurle.J’entrouvre lesyeuxà

tempspourvoirqu’ilestblesséàl’épaule.Sesdeuxcomplicesontouvertlesportesdelafourgonnettemais trois hommes armés les reçoivent et les ont mis en joue. Des ordres fusent, s’ensuivent desaltercationsviolentes.Lescoupsdefeurésonnent.Davisestarrachéàsonsiège.Puisplusrien.

Millerm’appelle.Williamestallongé,choqué.Maisvivantluiaussi.—Çava!Onvabien!—William!Kessysefrayeuncheminmalgrél’interdictionformellequiluiestdonnée.Ellen’écoutepersonne,et

cettefois,jelacomprends.Williamesttellementsoulagédevoirsamèrequ’ilsejettedanssesbrasenpleurant toutes les larmes de son corps. Je reste en retrait, incapable de faire autre chose que decontemplerl’amourquilesunit.

Lasolitudepèsebrusquementsurmesépaules.Jeregardeautourdemoi,maispersonnenevientàmarencontrepours’enquérirdemonétat.UneéquipemédicaleconvaincKessyderelâcherWilliametelleles suit, sansmême un regard en arrière. Je reste seul, debout aumilieu des hommes en uniforme. Jen’existepas,pouraucund’entreeux.

MêmeHenrin’estpaslà.—MonsieurMervine,vousdevriezlessuivrevousaussi.Vousdevezfairesoignervotrebras.Jemetsquelquessecondesàréagir.—MonsieurMervine,vousm’entendez?—Je…Oui.Non.Pasmaintenant.Je…jeveuxuntéléphone.Jeveuxappelermafemme.Même si je ne sais pasquoi lui dire.Même si ellemedéteste.En cet instant, je sais juste que je

ressenslebesoindeluiparler,d’entendresavoix.—Onvavoustrouverça.Ilm’aideàsortiretunmembredesonéquipemerapporterapidementl’objetconvoité.Jem’écarte

pourcomposerlenuméro.Décroche,jet’enprie…Maispersonnenerépond.Jetombesurlerépondeur.Moncœurbatplusviteenentendantsavoixchaudeetrieuse.

— Sara, c’est Nathan. S’il te plaît, réponds-moi… Je…Rappelle-moi dès que tu as cemessage.Écoute…je…

Jesuisdésolé.Maislesmotsnesortentpas.Unebouleseformeaufonddemagorge.Jemeficheraisdesclaques.LeriremauvaisdeDavismefaitmeretourner.Sesdeuxcomplicessontmorts,ilvaretournerdanssa

celluleetpourtantilmesouritdetoutessesdents.—Elleneterappellerapas.Quoi?—Ilesttroptardpourelle.Jefondssurluicommeunfou.Millerretientmonpoingdejustesse.—Qu’est-cequevousluiavezfait?!—Moi?Riendutout.Monsangseglacedansmesveines.

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Marcus!—MafemmeestàPalerme!Elleestseulecheznous!Miller a saisi sa radio. Il ordonne à ses agents de contacter immédiatement la police locale pour

qu’elleserendesurplace.Jeluidonnel’adressedelamaison.Davissemarre.—Gameover.Deuxofficierssejettentsurmoipourmeretenirunenouvellefois.Cen’estqu’àcemomentqueje

remarqueMillerquicourtversunhélicoptèresurlepointd’atterrirenpleinmilieudeHydePark.Jemelibèreviolemmentetmeprécipiteàsasuite.

L’hommeestsurlepointdemonteràl’intérieurquandjelerattrape.—Oùallez-vous?hurlé-jepourquemavoixcouvrelebruitinfernaldel’appareil.Ilmebarreaussitôtlaporte.—Restezici!Dèsquej’aidesnouvelles,jevouslesferaitransmettre!Jemefousdecequ’ildit,jelebousculesauvagementpourpénétreràl’intérieur.—Sortezd’icioujevousfaisarrêtersur-le-champ!—Vousnedécollerezpassansmoi!Nousnousaffrontons.Jesuisprêtàmebattresijedoisgagnermaplacedansl’hélicoptère.Millerpousseunsoupiragacéavantdemetendreuncasque.—Vousvenezmaisvousrestezàl’écart.Est-cequec’estbiencompris?J’acquiescerapidement.Tout,pourvuquejerestedanscefichuengin.Nousabandonnonsl’hélicoptèredansunaéroportmilitairepoursauterdansunavionprivéquinous

emmènera direction à Palerme. Le trajet est interminable. Pour la première fois de ma vie, je mesurprendsàprier.

Millerdemanderégulièrementdesnouvellesdelasituation.Lamaisonestencerclée.Saranerépondpas.Enrevanche,l’informationestconfirmée:Marcusestà

l’intérieur.Moncœurbat tellementvitequ’ilestsur lepointd’exploser.Sara, je t’ensupplie, tiens lecoup!

J’essayedemeconvaincrequ’ellevabien:elleestforte,elleestdébrouillarde.Jerefusel’idéemêmed’imaginerqu’ellesoitblessée.

Nouvelappelradio.Descoupsdefeusesontfaitentendreàl’intérieur.Pourl’heure,iln’arrivepasàsavoirs’ilyaunevictime.

Mondieu,faitesqu’elleaillebien!Sicethommetoucheunseuldesescheveux…Milleressayedemerassurer.J’écouteàpeinelediscoursqu’ildoitdonneràtouteslespersonnesqui

seretrouventdanscecauchemar.Jemefousdesavoirquelapolicefaittoutlenécessaire,jeveuxqu’onmedisequeSaraestvivante,enbonnesantéetenunseulmorceau!

Cetrajetvamerendrefou!Jemesenscommelediabledanssaboîteprêtàexploserlecouvercleàtoutmoment!

L’impuissancemeronge.DeuxheuresqueSaraestenferméeaveccethomme.Rendez-la-moi!

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Devantlamaison,ilyaplusd’unedizainedevéhiculesentoutgenre.Lapolice,desambulances…LesiègeaduréplusdetroisheuresavantqueMarcusnesoitenfinabattu,aprèsavoirtentéderiposterviolemment.

Jen’entendsplusrien.Dèsquel’hélicoptèresepose,jebousculetouslesgenssurmonpassagepourme ruer à l’intérieur.Despersonnes enuniforme font un va-et-vient incessant.La terrasse est vide, lesalonpleinàcraquer.Jebouscule,j’appelle.

—Sara!Enfin,jelavois.Elleestassisesurlecanapé.Ellealesyeuxrivésautapisdelatablebasse.Ses

yeuxsontgonflés,unecouvertureaétédéposéesursesépaules.J’aienviedel’arracheràcettepièceetdel’emmenerquelquepart,làoùpluspersonnenepourraluifairedemal.

Jemeprécipiteversellequanddeuxagentsmestoppentdeforce.—Lâchez-moi!Jesuischezmoi!C’estmafemme!JemedébatspourmelibérerquandjeconstatequeSaram’aentendu.Ellelèveversmoiunvisage

fatigué.Etilnesepasserien.Aucunsourire.Aucunelarme.Jemeursd’enviedelaserrerdansmesbrasmais son indifférenceme glace.Elle neme regarde déjà plus. Sur invitation d’une infirmière, elle selaisseentraînerverslaported’entrée.

—Sara!Elleneseretournepas.—Nevous inquiétezpas,elleest justesous lechoc,cen’estpasraredanscegenredesituations,

m’expliqueMillerenapparaissantàmescôtés.Heureusement,elleneportequedelégèrescontusions,Marcusn’estpasleplusbrutaldesdeuxfrères.

Jem’effondredansunfauteuil,latêteentrelesmains.Henriaraison:depuisledébut,j’aimerdé.J’aicomplètementmerdé.Jem’approchedulitd’hôpitalsansbruit.Commesielleavaitsentimaprésence,Saraouvrelesyeux

etmedévisage.Encoreunefois,jenesensaucunejoiedemeretrouver.—Pourquoies-tuvenu?Cen’estpasvraimentunequestion, c’est un reproche. Je savaisqu’ellenem’accueillerait pas les

brasouverts,maisj’espéraisaumoinspouvoirm’expliquer.—Sara,tuesmafemme.Ilestnormalquejem’inquiètepour…—Commetuvois,jesuisvivante.TupeuxretournerauprèsdeKessy.Etdetonfils.Jem’envoudrais

degâcherdemerveilleusesretrouvailles.Vousavezprobablementbeaucoupdechosesàrattraper.Elleestpiquantemaisjenel’aipasvolé.—Sara,laisse-moiaumoinst’expliquer.Jepensaisteprotégerentelaissant…—…seuledansunpaysquejeneconnaispas?C’estbizarre,çamerappellevaguementquelque

chose!Maisoui!Lafoisoùtuastrouvéamusantdemeplanteralorsqu’Amélias’étaitfaitrenverserpar

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unevoiture.LesfrèresAberlineapparemment,sij’encroislesbravespoliciersquim’onttoutexpliqué.—Jen’aijamaisvoulutementir.Jevoulaisjusteéviterdet’inquiéter.J’étaisconvaincuquetuétaisà

l’abriici.—Arrête,s’ilteplaît.Tusavaisquecestypesmevoulaientdumal,pourtanttum’asenferméedansta

villapourpartirretrouverKessyettonfils.—Nedispasdebêtises.Cen’estpasaussisimple…—C’estvrai.Avectoi,toutestcompliqué.Tuneparlesjamaisdetoioudecequeturessens.Tues

unvraimystèreambulant!Ellesecouelatêteetjepressensquelesmotsquivontsuivrenevontpasmeplaire.—Noussommestropdifférentstouslesdeux.J’aiétéstupideenacceptanttaproposition,maisonne

m’yreprendraplus.Cequeturecherches…jenepeuxpastel’offrir.Tuveuxjustedelabaise,maispasmoi.Jenesuispascegenredefemmes.Enfait,jenel’aijamaisété.Jeveuxqu’onm’aimepourcequejesuis. Je veux partager des moments joyeux, bavarder pendant des heures devant la télé, critiquer ledernierfilmàlamode,mangerentêteàtêtedansunrestaurant,et–surtout!–savoirquejepeuxcompterà tout instant sur l’homme qui partage ma vie. Malheureusement, tout ça, tu es incapable de me lepromettre.

Jeserrelesmâchoires.Jesaisoùcediscoursvamemener.—Jerefusededivorcer.Sansunmot,elleretiresonallianceetladéposesurlesdraps.— Je ne suis pas en train de faire un caprice, et ce n’est pas le résultat d’un quelconque choc

traumatique. Je suis prête à faire un communiqué si tu le souhaites pour la Presse. Tu pourrasmêmechoisirsoncontenu,jem’enmoque.Maisjet’enprie,àpartirdemaintenant,jeveuxquetusortesdemavie.Jeneveuxplustevoir.Plusjamais.

J’ail’impressiond’avoirreçuuncouteauenpleincœur.Pourtant,jenecillepas.Jenecomptepasl’implorerdemepardonner.J’aiessayédediscuter,maiselleneveutrienentendre.

—Tun’asrienàajouter?medemande-t-elle,endétournantlatête.Ellenesupportemêmeplusdemeregarder.—Qu’est-cequetuattendsdemoi?sifflé-je.Apparemment,tadécisionestprise.—C’estlameilleurechoseàfaire,Nathan.Nouslesavonstouslesdeux.Jecroyaist’aimer,maisje

mesuistrompée.Donc,jevaisnousfaciliterlavieentirantuntraitsurcemariagestupideetcecontratquin’aaucunsens.Tubaisesbien,maisças’arrêtelà.

J’aiunhoquetmoqueur.—Aumoinsunechosequetuaurasappréciéechezmoi!Gardelabagueetrevends-la.Tupourrasen

tirerunebellesomme.Considèreçacommeundédommagementdemapartpourt’avoirgâchélavie.JevaisprendretouteslesdispositionsnécessairespourquetusoisrapatriéeenFranceleplusrapidementpossible.

Jeneveuxpasresterunesecondedeplusdanscettepièce.J’étouffe.Unesemaineaprès lesévénements,Grand-pèrea reprisdescouleurs,mais il est toujoursalité.La

pose d’un pacemaker a été pratiquée afin de soulager son cœur. Cette mésaventure l’a profondémentmarqué.Jelereconnaisàpeine.Lerocn’estpluscequ’ilétait.Sonvisageestmarquéparlavieillesse,comme si lemasque qu’il arborait depuis toujours était enfin tombé pour laisser place à un être plushumainetplusvulnérable.Mêmesicenesontpaslesgrandesembrassadeslorsquejeluirendsvisite,nousessayonsàchaquefoisdefaireunpasdeplusdanscettenouvellerelation.

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Et aujourd’hui, ma présence n’est pas anodine. J’exhibe une enveloppe qu’il ne cherche pas às’approprier.Jelaposesursatabledechevet.

—Tuaseulesrésultatsd’analyse?—Eneffet.—Et?—Williamestbienmonfils.Kessyn’apasmenti.—Sanssurprise.Oui,sanssurprise.—Quecomptes-tufaire?—Jenesaispasencore.Ellem’aconfirméqu’ellenesouhaiteriendemapart.Elleveutcontinuerà

l’éleverseule.Làencore,jenesuispassurpris.C’estlapromessequ’ellem’afaite:sortirdemaviedéfinitivement.

CommeSara.—Ettafemme?As-tuessayéderenoueruncontactavecelle?—Jen’aiaucuneenviedeparlerd’elle.Ilmescrute,jemeforceàsoutenirsonregard,commesiderienn’était.Ilfinitparpousserunsoupir

exaspéré.—Tuasune famille,Lionel.Une femme,unenfant.Ne faispas lamêmebêtisequemoiou tu les

perdrastouslesdeux.Accuse-moidetouslesmauxdecemondesitulesouhaites,maistoiseulesmaîtredetondestin.Sij’avaispleinementréussitonéducation,tuseraisbarristeraujourd’hui,pascouturierderenom.Tun’enastoujoursfaitqu’àtatête,ettucontinues.

—Àt’entendre,toutestmafaute…Unplifâchébarresonfront.—Non, je sais aujourd’hui que j’aimes torts.Mais si tu continues sur cette voie, tu finiras seul.

Comme moi. Regarde où cela m’a mené. Je vis dans une grande maison, avec pour seul ami unmajordome.Etjelepaye.Tuparlesd’uneamitiésincère…

—Jenesaispascequ’iltetrouve,maisAnatoletientbeaucoupàtoi.Sinon,ilt’auraitquittédepuislongtemps.

Unrictusamerdéformesestraits.—C’estsurtoutqu’ilne trouverapasuneautreplacemieuxpayéequ’ici, jem’enassure.Tuvois,

pourgarderprèsdemoiladernièrepersonneàmesupporter,jesuisprêtàbrandirlechéquier.Jesuisunhommeinfluent,riche,maisunechoseestsûre:lorsquejedisparaîtrai,personnenemeregrettera.

Iln’attendaucuneconfirmationdemapart.—Cettechambre,regarde-la,Lionel,elleestvide.Mêmetoi,tun’asaucunplaisiràêtreici.Tume

détestes,pourtanttuescommemoi.—Non.Jenesuispascommetoi.—Rienquetonentêtementleprouve.Jet’aimodeléàmonimage.Toiaussi,tufinirastaviedansune

chambre vide. William… Kessy… et même cette femme. Tu as la chance d’avoir autour de toi despersonnes qui sont prêtes à t’aimer.Laisse-leur une chance.Brise cette carapace que tu t’es forgée etacceptedetemontrertelquetuesvraiment:unhommeavecdesfaiblesses.

Jefroncelessourcils,quelquepeusurprisparcebeaudiscours.—Jemesuisprisdescoupstoutemajeunessepourm’entendredirefinalementquej’ailedroitde

pleurersurmonsort?Grand-père ignoremes sarcasmes et aucune excuse ne franchit ses lèvres. Je nem’attendais pas à

autrechosedesapart.Ilestfieretlerestera.

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—Que tume comprennes ou non n’a jamais eu d’importance. Je t’ai donné les clefs pour que turéussisses.J’aifaitdetoiunhommefortquinereculedevantriennipersonne.Etpourtant,tufuisdevantunefemme.

Jemelève,peuenclinàdiscuterdecegenredechoseaveclui.—Repose-toi.Jesuisjustevenutedonnerlesrésultatsd’analyseett’apprendrequetuavaisunpetit-

fils.—Pourquoil’as-tuépousée,Lionel?—Onsevoitplustard.Jem’empressederegagnerlaporte,maislavoixdeGrand-pères’élèvederrièremondosavantque

jenel’atteigne:—Nousconnaissonstouslesdeuxlaréponse!

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ILYADEL’EAUDANSLEGAZCHEZLESMERVINE!Depuis deux mois, Lionel Mervine apparaît seul dans les grandes manifestations. Sonépouseestdésormaisauxabonnésabsents.Mêmesileconcernérefusetouteinterviewpourconfirmer la finde leur idylle,noussommesprêtsàparierquecelle-cine tarderapasàêtreofficialiséed’icipeu.

DIVORCEÉCLAIRPOURLIONELMERVINE!LarelationdugrandcouturieravecsastylisteSaraGarniern’auraduréquel’espaced’unbattementdecils.D’aprèsnossources,celle-ciarefuséparécritetparavocatsinterposéslemoindrecentimeproposéparsonex-mari.Cette jeune femme,dontnousavions fait laconnaissanceetdécouvertletalentlorsd’ungranddéfiléàParis,noussurprendunefoisdeplusdanssesdécisions.LionelMervinen’adonnéaucuneinterview,maisnouspouvonsallégrementsupposerquecetteséparationaunrapportavecuneéventuelleliaisonentrelapetite couturière et l’ami d’enfance du couturier, dont les photos avaient fait la une denombreuxmagazines…

NathanFoutusjournalistes!Uncoupfrappéàlaportedemonbureaumefaitleverlesyeux.Henriestadosséauchambranleetme

fixeavecunsourireamusé.—Tucomptesfairecettetêted’enterrementencorelongtemps?—Jenevoispasdequoituparles,jevaistrèsbien.Jejettelemagazineàlapoubellependantqu’ilselaissetomberdansunfauteuilenfacedemoi.Je

faisminedeme replongerdansdesesquissesqueMathildeLoignot, la stylisteofficiellede lamaisonStein,m’aexpédié.

—Quandvas-tuadmettrequeSaratemanque?Jenerelèvemêmepaslenez.—C’estdel’histoireancienne,tunelispaslesmagazines?Detoutefaçon,j’aidéjàtournélapage.—Menteur.Tupassestoutestesjournéesettesnuitsici.Etalors?Qu’est-cequecelapeutluifaire?—Tum’espionnes,maintenant?—Disonsquejesuisinquietpourtoi.Tun’espluslemêmedepuistondivorce.Tun’étaisdéjàpasun

gailuronavantdeconnaîtreSara,làtuastoutl’aird’undépressifdepuisqu’ellet’aquitté.

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—J’aijustebeaucoupdetravail,j’aiundéfiléàpréparer.—Noussommesdimanche.Henriselèvepourposerbrutalementsespaumessurmonbureau.—Cequetupeuxêtrebuté!Situtienstantàelle,valavoir!Dis-luicequetuassurlecœur!Jemereplongedanslacontemplationdesmodèles.Pourquoifaire?Elleneveutplusdemoi.Ellemel’afaitbiencomprendre.Ellemedéteste.Henrimelesarrachepourlesfairevolerpar-dessussonépaule.—Donc,tuabandonnes,c’estbiença?Elletejetteettuacceptessanstebattre?—Tudevraisêtresatisfait,tuaslechamplibrepouragir,àprésent.Unriredésabusélesecoue,avantqu’ilselaisseànouveautomberdanslefauteuil.—Qu’est-cequetucrois,j’aidéjàessayé!Maiscettefemmeneveutpasdemoi.Jenelacomprends

pas,d’ailleurs.Jesuis riche,sociable,etenplus jesuisplusbeauque toi.Jenevoisvraimentpascequ’elletetrouve.Maisellet’aimetoujours.

Moncœurmanqueunbattement.—C’estellequitel’adit?Ma question précipitée lui fait esquisser un demi-sourire victorieux. Je m’en veux d’être tombé

bêtementdanssonpiège.Jepousseunsoupiravantdemepasserlesmainsdanslescheveux.Àquoibonmentirencore?Jen’arrivepasàmesortircettefemmedelatête.Oui,ellememanque.Désespérément.J’aibienessayédediscuteravecAmélia,depuissonretouràl’atelier,maisparsolidaritépoursonamie,ellem’ademandéquenoséchangess’arrêtentaudomainedutravail.Jen’aipasinsisté.

—Ravaletonorgueiletappelle-la.—Ellerefusemesappels.—Alors,valavoir!—Ellenem’ouvrirapas.Elleneveutplus rien avoir affaire avecmoi, deprèsoude loin.Sonavocat a été très clair.Elle

refusetoutcontact,doncjenevoispascequejepourraisfaire.Jen’aipasl’intentiondeluichanterunesérénadesoussonbalconjusqu’àcequ’ellem’ouvrelafenêtre.

Henriselèveetsortdesonportefeuilleunecartedevisitequ’ilmeposesurlebureau.—Jenevoulaispasêtreaussibrutalavectoi,maisSaravoitquelqu’un.Quoi?Ledivorceestàpeineprononcé!—Qui?—UncertainManuel.UnamidesonamiAmaury.Jesupposequec’estunefaçonpourelledetourner

la page. SelonAmélia, elle semble l’apprécier. Ils ont déjà eu plusieurs rendez-vous ensemble. Je teconseilledebougertonjolip’titculsituveuxlarécupérer,carbientôtilseravraimenttroptard.

Jefixelacartedevisiteavantdelajeterelleaussiàlapoubelle.Elleneveutplusdetoi,Mervine!—Sara a fait des choix.Si elle est heureuse aujourd’hui, jen’ai pas l’intentionde lui gâcher son

bonheur.Jemereplongedansmontravailpourluisignifierqueladiscussionestclose.—Baisselemasque,Nathan.Etacceptel’idéequetuesaccroàcettefemme.Jet’appréciebeaucoup,

maistudeviensfranchementirascibledepuistondivorce.Voirecarrémentcon.Jen’aipasl’intentionderentrerdanscedébat.Jenerétorquerienninerelèvelesyeux.—Trèsbien,soupire-t-il.C’esttavie,aprèstout.Situasenviederuminertonmalheurpourlestrois

décenniesàvenir,c’esttoiqueçaregarde.Un appel sur mon portable me sauve d’un combat que je ne souhaite pas mener. Je décroche en

reconnaissant mon correspondant – Mathilde Loignot – et sans plus me soucier de la présence de

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l’enquiquineur.Jesuissoulagédeparlerd’autrechosequedeSara.Jel’informequej’aireçusestravauxet que je suis justement en train de les examiner. Je peux d’ores et déjà lui confirmer que quelquescorrections seront demandées. Au vu des délais serrés avant le prochain défilé, je lui fais biencomprendrequ’ilvafalloirmettrelesbouchéesdoubles.

—Quediriez-vousdediscuterdetoutçaautourd’unverre,disons…cesoir,21heures?Chezmoi,ceseraplussimple,j’yaimonatelier.Nouspourrions…

—Trèsbien,c’estentendu.Sors.Occupe-toil’esprit.—Parfait.Jenousferaiàdîner.JeraccrochesansregarderHenri.—Undîner?—Tuécouteslesconversationsmaintenant?—EtSara?—Quoi«etSara»?Saravitsavieetmoijecontinuemonchemin.Iln’yariend’autreàrajouter.Mathide Loignot est loin d’être vilaine. Unmètre soixante-dix, brune, élancée, le visage toujours

souriant,ellecorrespondsansproblèmeauxfemmesquej’appréciedemettredansmonlit.Etàenjugerles regardsappuyésqu’elleme lance, elleme trouve tout à fait à songoût elle aussi.Contrairement àSara, qui est sûrement avec ceManuel.Nepensepasà elle !Profite de ta soirée !Mais au bout dequelquesminutes,jemerendscomptequejefixebêtementlecontenudemonverre,bienenfoncédanslecanapé,sansavoirentendulemoindremot.Nousn’avonspasencoredînénimêmeregardésestravaux.

LamaindeMathildeseposesurmacuisse.—J’ail’impressionquetoutçavousennuie,Lionel…Jepréfèrementir.—Non,pasdutout.J’aisimplementlatêteailleurs,cesoir.—Jecomprends.Votredivorcefaitlaunedesjournaux.D’aprèscequej’ailu,votreex-femmeaurait

étévueplusieursfoisavecunhomme…Ehben,ellenefaitpasdansladentelle.— Vous voyez quelqu’un, en ce moment ? Quelqu’un qui pourrait éventuellement vous aider à

oublier…cettehistoire?Sesdoigts remontent lentement vers la fermetureÉclair demonpantalon.Aumoins, elle ne laisse

aucundoutesursesintentions.Ellesepencheversmoipourmesusurreràl’oreille:—Vousmeplaisez,Lionel.Nouspourrions trouver quelques arrangements qui nous conviennent à

touslesdeux.Vousavezlarenommée,lafortuneet,moi,jepourraismemontrerdisponiblequandvousledésirez.Vousneleregretterezpas.

Parcequej’aibaiséetépouséuneanciennestylistedelamaison,ellepensequejevaistoutesmelestaper?

Ellememordlelobedel’oreille,maisl’effetn’estpasceluiescompté.Jelarepoussefermement.—Jevousconseilledevousreprendre.Quantàcettesoirée,nousallonsenresterlà.Ellemedévisagesurprise,puisfâchée.—Qu’est-cequinevapas?Jenevousconvienspas?Vousnemetrouvezpasassezjolie,peut-être?

Je suis plus attirante que votre ex-femme. Et je suis sûre que je baise bienmieux qu’elle ! Tous leshommesmedisentquejesuisunexcellentcoup.

Jeserrelesmâchoires.— Alors retournez les voir. Je vous enverrai mes demandes de correction lundi matin. Je vous

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conseillevivementdechangerd’attitudeounotrecollaborationprendrafin.Jeprendslaportesansmeretourner.Jusqu’àladernièresecondedenotreunion,Sarasemoquaitbiendetoutcequim’entourait.Elleau

moinsn’étaitpasintéressée.C’étaitmoiqu’ellevoulait.Uniquementmoi.Etj’aitoutgâché.Ma chambre m’accueille dans un silence total. Cette maison a beau être immense et richement

décorée,elleestaussividequecelledeGrand-père.Jem’agenouilledevantmonsommieret j’extraiede sous le litune toiledont ledessinest àpeine

entamé.Etjelacasseendeux.

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UNNOUVELHÉRITIERCHEZLESMERVINE!LionelMervine, le talentueux grand couturier de lamaison Stein, a annoncé qu’il avaitreconnul’enfantdesonanciennecompagne, l’actriceKessyEvans.Lanouvelle familleaétéaperçueplusd’unefoisdansdeslieuxpublics,qui…

SaraFamille?J’aitoutjusteletempsdecachermonmagazinequ’Améliafranchitlaportedelaboutique,radieuse

etexcitée.—Dis-moiqu’elleestprête!Jeveuxlavoir!Elleesttellementexcitéequejesuisheureusedelavoirnagerenpleinbonheur.Avectoutcequis’est

passé,Amauryn’apasattendupourfairesademandeenmariage.Ilaeutellementpeurdelaperdrequ’ils’estdécidémoinsd’unesemaineaprèsnotreretourenFrance.SiAmélian’avaitpasinsistépourquecesoitmoiquiluifassesarobedemariée,ilsauraientconvoléenjustesnocesbienplustôt.

—Amauryn’estpasavectoi?—Ilarrive,ilgarelavoiture.Jepassedansl’arrière-boutiquepourrécupérerlapetitemerveilleensatinetdentelles.Ellen’apas

puattendre :soncrienthousiastemefairerigoler.L’instantd’après, jemeretrouvedanssesbras,à lalimitedel’asphyxie.

—Tuvasfroissertarobe!laréprimandé-jeenessayantdemelibérer.Elleenaleslarmesauxyeux.Pourlatenueetpourtouslessouvenirsquiaffluent.—Jenepensaispasquejemeremarieraiunjour...Je…suisheureuse!—Tantmieuxcarjeneveuxplusmettreunpieddanstessoiréesdenouveauxcélibataires!Jeluitirelalangueetjel’arrêteavantqu’ellenerecommenceavecseséternellesexcuses.Ellen’est

pasresponsabledemeschoixstupidesnidel’attitudedeNathan.—As-tuaumoinsessayédelerappeler,deluidirecequeturessenspourlui?—Çaneserviraitàrien.Nathan…resteNathan.Ilnem’aimepas.Ilnem’ajamaisaimée.Alors,à

quoibon?Jen’aiplusenviedesouffrir.L’expression compatissante d’Amélia me donne envie de me recroqueviller dans un coin pour

m’apitoyersurmonsort.— En tout cas, une chose est sûre : niveaumariage, j’ai assez donné ! Il n’est pas question que

j’épouseunautrehomme!Jevaisfinirparêtrecommetoutescesfemmesquiàquaranteanscumulentautantderidesquedemaris!

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Maplaisanterieneprendpas.Amélianem’aidepasvraimentàtournerlasituationendérision.—EtavecManuel,çava?—Ilestgentil.—Jevois…—Quoi?—TuescapabledemeparlerdeNathanpendantdesnuitsentières,maiscepauvreManueln’adroit

qu’àtroismots?—Jeneleconnaispasencore,c’esttout.Tuveuxessayertarobeavantqu’Amauryn’arrive?—Nenoiepaslepoisson,salegamine.—Donc,jelaremetsdanslahousse?souris-jedetoutesmesdents.Elle lève lesyeuxaucielmaisme suit, tandisque j’accroche la robeàunecabined’essayage. Je

l’aideàseglisseràl’intérieuretjel’observetandisquel’émotionlagagneànouveau.—Sara,y’aunpaquetdevanttaporte!Améliamanquedes’étranglerenreconnaissantlavoixdesonfiancé.Jetirebrusquementlerideauen

le réprimandant. Pour toute excuse, ilmedésigne ce qu’il a entre lesmains : unmachin rectangulaireemballé avec un soin minutieux. Un truc énorme : au moins un mètre cinquante sur quatre-vingtscentimètres.

—Y’aunecarte?demandeAmélia,dontseulelatêtedépassedederrièrelerideau.—Non,ajoute-t-ilenvérifiantunenouvellefois.Jeledébarrassedesatrouvaillepourladéposersurlecomptoir.Amaurymeprêtemain-fortepour

défairel’emballage.—Alors?s’impatiente-t-elle,derrièresonrideau.Amauryaunsifflementadmiratif.—C’estunportraitdenotreSara.Unsacrébeauportrait,d’ailleurs!Pourmapart,jesuisincapabledeparler.J’ailagorgenouée.Jesuissouslechoc.Jereconnaîtrais

cettepatteentretous…Contrairementauxautresfemmes,Nathannem’apaspeintenue.Jeportelarobequ’Améliam’aoffertepourlafêtedesnouveauxcélibataires.Cellequej’avaislapremièrefoisquejel’ai rencontré.Surcette toile, jeris,allongéesur leventre, lespiedsen l’airet leschevillescroisées.Mêmel’attitudeesttotalementdifférente.Jemevoisdessinermesmodèles.

Amélias’estchangéeenquatrièmevitessepournousrejoindre.—Nomd’unchien!Tuesmagnifique!Ilss’échangentunregardquejepréfèrenepasvoir.—Tusaispourquoiiltel’aenvoyé?s’enquitAmaury,enayantdevinél’identitédel’expéditeur.JelèvelesyeuxversAmélia,quimesouritgentiment.Jesensquejesuisàdeuxdoigtsdecraquer.

Sonregardglissesurunpointderrièremoietpresqueaussitôtellefaitsigneàsonfiancédes’éclipseravecelledansl’arrière-boutique.

J’aicesséderespirer.Jesais.Ilestlà.La clochette de l’entréem’annonce son arrivée. Il porte lamême tenue que lors de cette fameuse

soirée.Demême,iln’apascherchéàdisciplinersescheveux.Ilestirrésistible.Sauvagementsexy.J’ouvrelabouchepourparlermaisillèveunemainpourm’inviteràgarderlesilence.—Jesaisquetuneveuxplusmevoirnimêmemeparler,maisj’aimeraisvraimentquetum’écoutes.

Jen’enaipaspourlongtemps,aprèsjeteprometsquejenet’embêteraiplusjamais.Ilsepasseunemaindanslescheveuxpoursedonnerunecontenance.

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—Jesaisquetum’enveuxmaisilfautquetucomprennesque…enfin…toutça,c’estnouveaupourmoi.Cequejeveuxdire,c’estqued’habitudejeprendslesfemmesetjelesjettedèsquejen’enveuxplus.Maisavectoi,riennes’estpassécommeprévu.Tuasdébarquédansmaviecommeunetornadeettuas tout foutuen l’air :demes règlesàma façondevivre. J’aiconscienceque jemesuiscomportécommeledernierdessalauds,etj’ensuisdésolé.Vraiment.Jenevoulaispastefairesouffrir.Jenel’aijamaisvoulu.

—Nathan…—Non,laisse-moifinirsinonjenesuispascertaindetrouverlecouraged’allerjusqu’aubout.Ilprenduneprofonderespirationavantdepoursuivre:—Jesaisquetumedétestes.Ettuastoutàfaitraison.Jet’aipromisunerelationsansprisedetête,

et,aulieudeça,tuascruquejetetrompaisavecKessyetqu’ellepasseraittoujoursavanttoi,ellet’abrisélepoignet,ellet’aattachéeàunmeubledesalledebainstouteunenuit,tuasdémissionnéd’unjobquiauraitput’aiderdanstonrêveàcausedemoi…

Laclochettedelaported’entréenoussurprendtouslesdeux.Ilfaitaussitôtvolte-facepourrepousserlaclienteendehorsde laboutiqueetverrouiller laporte. Jememords les lèvrespournepas rigolerdevantsonairempoté,quineluiressembledécidémentpasdutout.

—…et,commesicelanesuffisaitpas,jet’aiforcéeàm’épouser!Jesecouelatête.—Tunem’aspasmisuncouteausouslagorge.Jesavaiscequejefaisais.—Nomdedieu,Sara,àcausedemoi,tuasfaillidetefairetuer!Jenem’envoudraijamaisassez!

J’aicrumourirdepeurpendantquel’avionmeramenaitverstoi!Jeneveuxplusjamaisvivreça!Jenesupporteplusquetusoisloindemoi!

Nathan…—Sara,tumemanques!Tumemanquesàunpointquejen’endorspaslanuit!—EtKessy?Àsonexpression,ilcomprendquejefaisréférenceauxarticlesdesjoursprécédents.—J’aisimplementreconnuWilliam,riendeplus.J’aigrandisansmesparentsprèsdemoi,ettuas

bienvucequecelaadonné.Jeneveuxpasquemonfilsdeviennecommemoi.SiKessyapparaîtsurlesphotos, c’est uniquement parce qu’il est encore trop tôt pour que je sois seul avec lui.Mais je veuxdevenirmeilleur.Pourlui.Pourtoi.Cequej’essayedésespérémentdetediredepuistoutàl’heure,c’estque…Sara,l’idéedeneplustevoirm’estinsupportable!Siseulementtumelaissaisunechance.Rienqu’unepetite…Jesaisquejepeuxterendreheureuse.Etmêmesicelapeutparaîtrecomplètementfou…

Jecessederespirerdevantlabaguemagnifiquequ’ilextraitd’unedesespoches.Elleestidentiqueàcellequifigureàmondoigtsurlapeinture.Nathann’apasvoulujustefairemonportrait,ilavoulumemontrer ce quema vie pourrait être. Des rires. Des discussions.Ma gorge se serre pendant que deslarmescoulentsurmesjoues.

—Sara,j’aiétéassezidiotpournepasmerendrecomptequej’étaistombéamoureuxdetoi.Assezidiot pour te laisser partir. Je refuse de commettre deux fois la même erreur. Cette fois-ci, je te leredemande,maisjeveuxquetuprennesletempsd’yréfléchir.

Ilmelèvelementonpourplongersonregarddroitdanslemien.—Épouse-moi.—Évidemmentqu’elleleveut!s’écrieAméliaensortantdel’arrière-boutique.—Amélia!m’indigné-je.—Écoute, ça fait des semaines que je te voismalheureuse ! Alors arrête de te voiler la face et

acceptesademande!

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Amauryaunegrimaced’excusepournepasavoirréussiàlaretenir.Unrirem’échappetandisqueNathanessayedeliresurmonvisagesielleplaisante.Ilestinquiet.

—Sara…?—Quecesoitclairentrenous:nemetspastongraindeseldansmaboutique.C’estmoiquilagère,

jeneveuxpasdetonargent.J’aibesoind’yarrivertouteseule.C’estmonrêve.Ilmesuffitjustedetrouverdesclientsfidèles.Unsouriresoulagéétireenfinseslèvres.—Toutcequetuveux.—Iln’yapasmatièreàdiscussion,insisté-jeenfronçantlessourcils.Sesbrasserefermentautourdemoi.—T’ai-jeditque j’avaisbesoindechanger tout lecontenudemondressing? Je sensque jevais

devoirpasseruneénormecommandecarmesvêtementscommencentàêtreusés.Jerésistemalàl’enviederiredevantsonsouriremalicieux.—Dis-moi«oui».Pourtoujours.Seslèvreseffleurentlesmiennes,douces,chaudes.—Oui.Pourtoujours.

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Dumêmeauteur,disponibleennumériquechezPandorica:

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2.Plaisirsetpetitssecrets3.Baisserlemasque

4.OrgueiletSentiments

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©Pandorica,2017Photographiedecouverture:©PavelRyzhenkovCeci est une œuvre de fiction. Les personnages et les situations décrits dans ce livresont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages ou desévénementsexistantouayantexisténeseraitquepurecoïncidence.L’œuvre présente sur le fichier que vous venez d’acquérir est protégée par le droitd’auteur.Toutecopieouutilisationautrequepersonnelleconstitueraunecontrefaçonetserasusceptibled’entraînerdespoursuitescivilesetpénales.ISBN:978-2-37689-003-4Pandorica10ruePenthievre75008ParisE-mail:[email protected]

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LEPRINCEMAUDIT

Archéologueséduisant,policiergayetmalédictionantique…

La découverte d’une cité antique a rendu Jeff Redfield célèbre. Séducteur, sexy,cultivé,avecsoncôtérebelleilestlacoqueluchedelagentféminine…sionpassesurson homosexualité, qu’il se garde bien de révéler… Jeff entretient en secret unerelation avec Sean, un inspecteur de police, et a craqué pour Taylor, l’un de sesétudiants… Sa vie bien cloisonnée se trouve bouleversée lorsqu’un esprit, enfermédepuisdessièclesdansunestatuette,selibère:déterminéàtrouveruncorpspourseréincarner,l’espritvaconclureunmarchéavecJeff…

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1.DISPARITION

Séducteur, sexy, cultivé, Jeff Redfield est l’archéologue star depuis qu’il a découvertune cité antique perdue… L’homme qui les fait toutes craquer… si ce n’est qu’ilentretient une liaison clandestine et honteuse avec Sean, un inspecteur de police. Savie bien cloisonnée va être bouleversée par l’esprit enfermé dans une statuetteantique…

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2.POSSESSION

Jeffconclutunmarché,avidedeconnaissances,etacceptedepartagersoncorpsavecl’espritde lastatuette.Seandoutequecettepossessionsoitbénéfiqueàsonamant,dontlesrelationsavecsesprochesnes’améliorentpas.JeffentretientalternativementsesrelationsavecSeanetavecundesesétudiants,quitombeamoureuxdel’hommepossédé…

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3.ALIÉNATION

Jeffadeplusenplusdemalàsupporterlaprésencedel’esprit.Danslemêmetemps,Jeff,Seanetl’espritsemettentsurlapistedelasecondestatuette.Elleadisparulorsdeladécouvertedelacitéantique.SeanaimeraitquesarelationavecJeffévolueversquelquechosedeplussérieux…

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4.INCARNATION

Les proches de Jeff vont le libérer de la possession du prince maudit… Au grandbonheurdeSean,puisqueJeffdécouvreéprouverderéelssentimentspoursonamantetaccepteenfinsonhomosexualité.Cequin’estpasdugoûtdel’étudiant…

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