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1 OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE. Ecole de Biodanza de bourgogne Formation de mars 2007 à février 2010 Monographie présentée le 15 septembre 2010

OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

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OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE.

Ecole de Biodanza de bourgogne

Formation de mars 2007 à février 2010

Monographie présentée le 15 septembre 2010

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Sommaire PRESENTATION p 3 INTRODUCTION p 5 Schémas p 8

Première partie : perception et intégration

I) Perception et expression de soi p 10 II) A partir de la lumière p 14 III) Sentir avant de penser p 17 IV) Perception de la vie p 22 V) Perception du temps : ici et maintenant p 24 VI) Expression par la créativité p 26

Deuxième partie : relation et intégration

I) Vivre et aimer p 28 II) De la peur à l’amitié p 30 III) Contact, Caresse et soin p 33 IV) Les neurones de l’amour p 36

Troisième partie : un art de vivre

I) Danser et vivre intensément p 38 II) Question de santé p 40 III) Les chemins du plaisir p 41 IV) Expression des émotions p 43 V) Vers le changement p 43

Conclusion p 49

Remerciements p 50

Bibliographie p 52

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Présentation Qu’est-ce que la Biodanza apporte ?

Un lieu où l’on danse et se fait du bien une fois par semaine ?

Un groupe où l’on crée des liens qui au fil du temps deviennent forts et nous nourrissent ?

Deux heures par semaine et un week-end de temps en temps pendant lesquels nous pouvons

vivre « l’extraordinaire », des sensations de bien-être incroyables, des émotions fortes ?

Et le cours s’arrête… Que se passe-t-il alors ?

« Je me suis senti bien le lendemain toute la journée. » « Je me suis senti bien pendant les trois jours suivants. » « Je traverse une épreuve importante dans ma vie, j’ai eu beaucoup d’émotion de tristesse pendant la séance. » Et que fait-on de tout cela ?

Comment la Biodanza permet-elle à « l’être » de s’épanouir et d’assumer sa condition

humaine ?

Comment au-delà des sensations corporelles et de l’expression d’émotions fortes la

Biodanza agit-elle sur l’individu, sur la vie réelle et quotidienne ?

Devient-il différent ? Dans quelle mesure, à quels niveaux ?

Comment la pratique de la Biodanza vient-elle modifier l’être, le relationnel et la façon

d’être au monde de chacun ?

Voilà toutes les questions qui ont motivé cette recherche et l’écriture de cette

monographie, parce que ce qui me passionne avant tout, c’est la vie et les gens, mais aussi

parce qu’entre le moment où j’ai commencé la Biodanza et cet instant où j’écris ces mots,

avec quatre ans de pratique de la Biodanza, trois ans de formation, neuf mois de

facilitation ainsi que deux deuils et non des moindres dans ma vie de femme, le chemin

parcouru pour moi est considérable. Bien sûr, les effets de la Biodanza et les effets de

mon expérience récente de vie se mélangent et participent dans une proportion qu’il m’est

difficile de définir à la profonde transformation qui s’opère en moi. Je ne peux cependant

dissocier les deux.

Cette monographie est vivencielle au travers d’extraits de témoignages que j’ai collectés,

pendant plusieurs années, de personnes pratiquant la Biodanza, pour certains depuis

quelques mois et, pour d’autres depuis des années, parfois nombreuses. Certains sont de

simples participants à un groupe hebdomadaire, d’autres sont élèves d’une école de

Biodanza, facilitateurs ou didactes. J’ai aussi grandement nourri cet écrit de l’expérience

de mon propre cheminement en tant que simple biodanseuse, élève en formation et jeune

facilitatrice et bien sûr en tant qu’être humain avec, comme tout un chacun, son parcours

de vie. Cela dit, la tourmente dans laquelle j’ai été durant ces quatre dernières années

m’amène à donner un « éclairage », si je puis dire, qui est teinté de l’ensemble des

composantes de la condition humaine, du bonheur au malheur. Dans un premier jet de cette

monographie, j’ai été tentée de ne parler que de la lumière qu’apporte la Biodanza et je

reste bien sûr déterminée à montrer cet objectif principal. Cependant je ne peux

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aujourd’hui leurrer mes lecteurs (et donc ceux pour lesquels, je mets mon énergie et mon

amour à montrer un chemin d’intensité de la danse et de la vie en tant que facilitatrice) et

leur mettre d’entrée des lunettes roses pour lire mon écrit et voir le monde. Je veux

parler de la vie avec tous ses aspects, négatifs et positifs. Je ne peux me mentir, ni vous

mentir. Une seule chose importe aujourd’hui pour moi : être moi-même, être au plus près de

moi-même et c’est le message principal que j’espère pouvoir faire passer en tant que

facilitatrice en Biodanza. Je crois être fidèle à Rolando en agissant ainsi. Par ailleurs, des

lectures qui parlent de l’humain, que j’ai parcourues pendant des années, qui m’ont aidée à

me comprendre et à comprendre mes compagnons de route sur cette terre, viennent aussi

alimenter mes réflexions.

Les témoignages recueillis, auprès de mes amis danseurs et danseuses, ainsi que ma

propre expérience viennent soutenir les apports théoriques sélectionnés pour développer

cette réflexion sur les bienfaits de la Biodanza. Ses bienfaits semblent évidents pour la

grande majorité des personnes avec qui j’ai pu échanger. Elle est un formidable outil

générateur de bonheur. Mais au-delà de cela, ce à quoi je suis très attachée à présent que

ma formation est terminée et que j’ai commencé à faciliter en créant un groupe

hebdomadaire avec mon amie Fabienne, ce que je souhaite souligner ici, c’est que la

Biodanza ne peut être transmise sans beaucoup de soin, de réflexion, d’attention et ceci

est ma conviction profonde.

Par ailleurs, je crois sincèrement que la Biodanza amène des messages puissants et que

l’aspect « projection existentielle » que nous tentons de transmettre dans nos séances est

fondamental. Il est selon moi un enjeu, un défi majeur pour le facilitateur, qui est celui

d’être à la fois dans son authenticité d’être humain et en même temps dans l’intégration

réelle sur le chemin qu’il parcourt lui-même. Quand la musique de la dernière ronde

s’arrête, alors oui la Biodanza commence. Un message très important pour moi, en tant que

jeune facilitatrice est que, c’est le temps où nous retournons dans nos vies plus encore que

le temps de la séance qui est essentiel afin de tirer tous les fruits de la Biodanza pour

faire de sa vie sa plus belle création.

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Introduction

Il me tient à cœur de parler de la vie parce que j’aime la vie. Mais il me tient à cœur

aussi, de parler de la transformation et de l’épanouissement de l’être parce que c’est ce qui

pour moi donne sens à la vie. Je mesure à la fois tout le chemin que j’ai parcouru et celui qui

est devant moi. Mon projet de répondre à cette question « Comment biodanser peut

transformer l’être ? » est ambitieux justement parce que je me sens encore au tout début

de ma propre transformation, cependant je sens combien ce chemin sera riche encore. Je

ne peux faire le reproche à la vie de ne pas être riche, elle l’est avec ses traversées

parfois tumultueuses où alternent des passages dans la lumière et des passages dans

l’ombre. Il est essentiel de toujours garder à l’esprit que nous sommes riches quand nous

avons la santé. J’ai récemment dit dans une séance que j’animais que nous ne sommes jamais

pauvres lorsque nous sommes vivants et plus encore sur nos deux pieds pour marcher et

danser la vie. Et bien sûr vivre, c’est accepter l’inconnu, le mystère et le risque de la

souffrance.

La rencontre avec la Biodanza, a été pour moi une formidable vivencia par son intensité

d’une part et aussi parce qu’elle est entrée dans ma

vie à un moment très difficile. Nous sortions d’un

été terrible où nous avions accompagné notre fille

Flora âgé de 17 ans dans sa lutte pour conserver la

vie. Flora est née très prématurément au terme de

6 mois de grossesse. Sa survie nécessita un long

combat et des traitements lourds dont le prix fut

des séquelles graves au niveau de ses poumons. Elle

devait vivre avec cette étiquette de « très grande

insuffisante respiratoire » toute sa vie. A ce stade, c’est-à dire à 17 ans, elle ne pouvait

continuer à vivre avec ses poumons. Devant nous, s’est alors ouverte une attente

terrifiante pour elle et pour nous d’une éventuelle greffe des poumons… Je me sentais

alors plongée dans la nuit… Et la Biodanza est venue à moi comme le soleil lorsqu’il se

lève lentement et puissamment derrière l’horizon pour éclairer mon chemin. Je ne

savais pas encore que la mort de ma maman suivie de celle de ma fille, pendant ma

formation, allait me plonger dans une nuit encore plus noire. Alors encore, un chemin de

douleur a commencé, la voie du deuil et de la transformation sur laquelle je chemine

encore à ce jour, remplie de méandres avec au détour d’un virage parfois le retour de

la souffrance qui violemment m’assaille de manière imprévisible, mais avec toujours ce

soleil qu’est la Biodanza qui se lève à nouveau puissamment en permettant, malgré le

séisme qui a effondré ma vie, que mon être se relève comme une petite plante qui

pousse dans un champ de ruines et se fraye un chemin dans les décombres de la mort

pour revenir à la vie par la danse et la facilitation.

Lorsque je suis entrée à l’école de Biodanza de Bourgogne, j’avais réglé, depuis déjà

quelques années, son compte à mon passé par un travail thérapeutique et fait en sorte que

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mes pensées se libèrent de sa présence. Je suis heureuse de sentir combien cela est

intégré pour moi et partage totalement avec Thierry Janssen, cette conception qui

consiste à penser que le passé est un temps achevé dont on ne conserve que la mémoire

souvent déformée. Je crois pouvoir me classer dans les résilients par rapport à mon vécu

de la petite enfance, de l’adolescence et même de la période jeune adulte, ce qui n’est pas

rien car je suis née dans une famille très pathologique avec un père psychologiquement

malade et une maman dominée par ce mari tyrannique. J’ai fait un long chemin de

transformation par rapport aux aspects difficiles de mon enfance et aux traces

traumatiques qu’ils ont laissées. A ce jour, je suis heureuse de dire que ce n’est plus

souffrant.

Il y a quatre ans quand la Biodanza est entrée dans ma vie, à ce moment précis,

l’apprentissage important et difficile dans lequel je devais entrer, était celui de parvenir à

vivre dans l’instant présent le plus possible en évitant de me poser la question qui

empoisonne tout : « Combien de temps reste-t-il à ma fille si jeune ? ». Aucune prise sur

l’avenir ! Juste la possibilité de profiter intensément de ce présent et de sa présence.

Après cet été difficile, elle s’en était sortie, elle était revenue à la vie et cela au-delà des

pronostics des médecins qui avaient annoncé qu’elle devrait vivre sous oxygène 24 heures

sur 24… Vivre à 20 ans, attachée à son piquet (tuyau à oxygène dans les narines relié à un

appareil à oxygène) avec quelques mètres pour bouger comme ces pauvres chiens à qui l’on

inflige ce régime… Ils se sont trompés ! Flora a repris une vie normale, enfin presque… Nous sommes tous sursitaires et ne savons rien de ce que sera la fin de notre vie, ni du

moment où elle surviendra, ni même de ce que sera l’après… Ses jours étaient comptés et

Flora, ma fille, l’avait compris. Alors, elle s’est mise à dévorer la vie, à faire ce qu’elle avait

envie, à sortir, bouger, danser, rire et même fumer… Elle voulait vivre intensément ! Sans

le savoir, elle biodansait sa vie, sauf qu’elle ne parvenait pas à réguler et prendre soin de

ses si petites réserves. Je l’ai regardé faire… essayant de gérer mon inquiétude tout en

respectant ses choix…

Nous sommes tous sursitaires, n’est-ce pas ? Elle, vous, moi… C’est un des rares points

devant lequel nous sommes égaux. Nous n’avons aucun pouvoir là-dessus, sinon celui

d’accepter ce mystère. De cette acceptation peut surgir une vraie tranquillité, peut-être

même un art de vivre.

Par ailleurs, la projection que nous faisons sur le futur reste irréaliste puisqu’elle est le

fruit de notre imagination, de nos aspirations parfois si chimériques. Notre futur n’existe

pas et nous n’avons aucun moyen d’action sur lui ou si peu. La seule réalité tangible est ici et

maintenant, c’est celle du présent, le seul instant où nous pouvons exercer un pouvoir

concret sur le déroulement de notre existence. Parce que la Biodanza m’a permis

d’intégrer l’importance de vivre ici, maintenant et intensément, elle a transformé ma vie.

Parce qu’elle m’a permis de contacter cette conviction fondamentale que le plus important

dans la vie était d’être intensément soi, profondément en contact avec soi, elle a

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transformé mon être. Mon objectif à présent est de vivre sans regrets et sans attentes

autant que faire se peut, d’être là dans la pleine potentialité de l’instant où tous les

possibles sont là et ce au-delà de mon immense peine car ma fille Flora a quitté cette vie le

2 avril 2009. Ma maman Yvette l’avait précédée de deux mois dans la mort. Je suis donc

doublement héritière, logiquement de ma mère et incroyablement de ma fille. Elles m’ont

tant appris !

Continuer à vivre, parvenir à me retrouver, à me remettre sur mes deux pieds pour

marcher et danser encore après leur départ est le plus grand défi de mon existence ! Il me

faut transformer mon expérience douloureuse en ferment de vie. Le sens de la vie est pour

moi dans le donner et le recevoir. Je crois que chacun de nous vient dans cette vie avec des

orientations, des missions, des aspirations qui nous sont propres et donc différentes. Nous

les construisons, chemin faisant. Certains sont des bâtisseurs, d’autres des soignants ou

des créateurs (comme Rolando), d’autres encore des transmetteurs. Cette liste n’est pas

exhaustive. Je crois être dans la dernière catégorie. J’aime transmettre. Avec la Biodanza,

c’est la Vie que je veux transmettre.

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ROUE D’EVOLUTION ROUE DE VIE

TRANSFORMATION

TRANSMISSION TRANSFERABILITE

Etymologiquement le préfixe trans- signifie « passer d’ici à là". Le principe du vivant est que tout est continuellement en mouvement. La vie est une transformation perpétuelle. Chaque relation nous fait entrer dans le processus de transmission mutuelle. Chaque chose apprise peut être transférée dans chacun de nos espaces de vie.

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La Biodanza, une rééducation à l’art de vivre

Identité

Intégration

Le bonheur

La joie

Le bien-être

L’harmonie

Le plaisir…

Le malheur

Le chaos

La souffrance

La tristesse

La …

Le levier de

la Biodanza

La détresse

apprise et

la tentation

victimaire.

La conception

du guerrier de

lumière et sa

capacité de

transformation

EROS

THANATOS

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Première partie : perception et intégration

I) Perception et expression de soi

Parler de perception et d’expression de soi m’emmène de manière incontournable sur le

terrain de l’IDENTITE. Il faut au moins deux personnes et la

relation pour parler d’identité. Sans la présence d’un autre, les

échanges et l’affectivité, nous ne pouvons devenir nous-mêmes,

notre cerveau même s’en trouve modifié comme le révèlent au

scanner les atrophies cérébrales des enfants privés de

relations et d’affection. Les neurosciences ont démontré cela

clairement, à présent. L’identité, c’est l’être que nous sommes,

ou plutôt que nous devenons à chaque instant, au travers de

nos mises en relation avec les personnes qui nous entourent et ce dès les premières

minutes de notre vie jusqu’aux dernières. L’identité, c’est l’être vivant et réel que nous

sommes, ou plutôt que nous pouvons être, avec la totalité de nos potentialités. Ce n’est pas

seulement ce qui ne change pas, même si cette base là est fondamentale, mais c’est aussi

ce qui change sans cesse et nous permet à chaque instant de devenir un peu plus nous

même, unique et différent. La Biodanza est un formidable outil de renforcement de

l’identité grâce à la mise en relation à l’autre. Je me dis souvent : « Que serais-je sans

vous, hommes, femmes et enfants que je rencontre ? »

Très souvent après une vivencia, j’ai appris quelque chose de

nouveau sur moi-même. Au fil du temps, je construis ma maison

pierre par pierre et même si les éléments et les événements

bouleversent et bousculent ma patiente construction depuis que

j’ai trouvé ce formidable outil qu’est la Biodanza, je me relève et

me nourris de l’expérience. Je n’ai pas fini la traversée la plus difficile, mais j’avance. Ce

qui m’est le plus difficile actuellement, c’est de voir arriver régulièrement ma vulnérabilité

de mère « désenfantée » qui souffre. Récemment j’ai reçu une proposition qui était de

« danser la fluidité de sa force ». J’ai vécu dans mon corps l’unité de ma force et de ma

vulnérabilité. Depuis j’ai intégré le fait que l’une et l’autre sont un tout, qu’il n’y a pas de

réelle rupture quand je passe de l’une à l’autre. J’ai senti dans mon corps la continuité qui

unit l’une et l’autre et même comment ma vulnérabilité vient nourrir ma force. J’ai le

sentiment que cela donne corps à présent à mon être profond. Je me sens plus callée, plus

unifiée. Je crois que cela touche à la cicatrisation de mon identité blessée. Sergio Cruz dit

que la vulnérabilité permet la perméabilité, que cela est un moment métabolique normal qui

permet de trouver les clés, les solutions, donc la force.

« Lors de la deuxième vivencia que j’ai faite, c’était mon anniversaire. J’ai du courir en criant mon prénom et j’ai été reçue par le groupe qui m’a portée. Entrer dans la Biodanza,

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c’était entrer dans un prolongement de moi-même. La Biodanza était ce qu’il me fallait, à ce moment là. Ce groupe là était comme tombé du ciel pour moi, comme un don. Les gens autour de moi m’ont vue me métamorphoser. C’était une découverte naturelle, évidente, dans le prolongement de mon chemin après le passage dans un long tunnel, l’arrivée dans la lumière. » Lydie, biodanseuse depuis 1 ans.

La perception de soi est une construction de toute une vie. L’enfant qui nait ne se perçoit

pas comme être différencié. Il est dans le tout, il est d’abord

profondément dans l’indifférencié avec sa mère. Chaque seconde, chaque

minute qui s’écoule va le conduire vers la perception de lui en tant qu’être

différencié. L’enjeu est alors énorme : il s’agit pour lui de se construire,

de construire sa perception de lui-même en s’appuyant sur les fonctions

primordiales de connexion à la vie sans lesquelles il lui sera difficile de

s’intégrer à lui-même et d’exprimer sa véritable identité, son essence profonde.

L’identité se manifeste non seulement au niveau cellulaire et viscéral, mais aussi

psychologique et existentiel. Une grande partie de notre identité est incontrôlable parce

qu’elle a des composantes héréditaires et biologiques qui constituent notre potentiel

génétique. Il s’agit de l’inné qui est la base qui fonde l’identité, formée de toutes nos

potentialités. Dès le début de notre existence, commence la genèse de notre identité qui

s’opère de façon constante jusqu’à notre dernier souffle et malgré la forte détermination

du code génétique, l’individu se crée lui-même à chaque moment. C’est pour cela aussi que

l’autre partie, celle de l’acquis, nous fait évoluer toute la vie. Nous savons avec le processus

de résilience qu’il est possible de dépasser même les traumatismes graves si tant est que

nous puissions trouver cette voie qui consiste à vouloir transformer. « Accepte qui tu es

dans l’instant. Tu n’es pas ta souffrance : ne t’attache pas à celle-ci, laisse-la derrière toi.

Exprime qui tu es, réalise qui tu es sans compromis. » Thierry Janssen

« J’ai appris à m’accepter tel que j’étais et pleinement. La Biodanza m’a remis dans la vie. A partir du moment où je retrouvais une énergie vitale, il était plus simple pour moi d’accepter mon identité telle qu’elle était. La Biodanza est une machine puissante pour développer et intégrer sa propre identité. Par rapport aux autres, je me sens encore très fragile, je suis bien sûr encore en chemin... » Charles, facilitateur depuis plusieurs années. L’expérience existentielle, le chemin de chacun est singulier. Les témoignages de

parcours de vie quels qu’ils soient montrent combien l’éducation, les relations, les

traumatismes aussi déterminent l’évolution de l’individu et mettent en évidence des

souffrances diverses qui s’expriment parfois fortement dans le quotidien des uns et des

autres et les empêchent tout simplement de se sentir pleinement vivant. Or, se sentir

pleinement vivant, n’est-ce pas la condition essentielle pour pouvoir ouvrir régulièrement la

porte de la joie au-delà des difficultés de l’existence ? Vivre, c’est se réinventer à chaque

seconde au-delà des tempêtes, c’est nourrir sa motivation à être et à évoluer.

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Notre identité est toujours en construction, en évolution comme je l’ai souligné plus haut.

La part du vécu dans cette évolution est, me semble-t-il, aussi importante que celle de

l’inné. Elles se conjuguent toute la vie. Je souhaite revenir à l’expérience de la mort, celle

de la perte d’un être cher pour en faire témoignage. Quand nous perdons un être cher,

nous perdons aussi notre ancien « moi ». Ce que nous étions avant le drame ne sera jamais

plus. Les chagrins antérieurs n’ont aucune commune mesure avec celui-là. Nous ressentons

alors que notre « moi » est broyé, brisé, irréparable… Nous ne sommes rien d’autre qu’un

îlot de tristesse. L’image de soi est alors terrifiante. Le deuil est un long processus de

réparation et de guérison. Pour pouvoir aller chercher les ressources intérieures, le soutien

des autres est absolument nécessaire, même si au bout du compte l’endeuillé se sent

souvent seul sur ce chemin que personne ne peut imaginer sinon ceux qui l’on déjà traversé.

Alors, la Biodanza amène les conditions extraordinaires pour permettre cette

reconstruction de l’identité broyée et même peut-être de l’accélérer. Pour la construction de l’identité, les deux axes importants sont l’ESTIME DE SOI et

l’IMAGE DE SOI. D’une part, l’estime de soi se structure sur la base de la confirmation

affective provenant de l’entourage proche : parents, amis, êtres chers. D’autre part, le

regard que l’individu porte sur lui-même est fortement marqué par le regard que l’on porte

sur lui, ainsi que par ses propres représentations et interprétations de ce regard. Le

groupe en Biodanza offre un moyen de réparer l’identité de chacun par une requalification

positive des participants, au travers des regards bienveillants

des autres. Le monde de la Biodanza développe chez chacun

cette capacité à donner à l’autre des signes de reconnaissance

par les regards et les caresses pendant les séances, mais aussi

par les paroles qualifiantes en dehors de la séance, dans la vie

tout simplement. Il s’agit là de transférer cette façon d’être à

l’autre dans sa vie réelle.

« La Biodanza a provoqué un changement complet et même un bouleversement par rapport à mon identité. Je peux dire qu’il y a un « avant la Biodanza » et un « après la Biodanza ». Je me suis réapproprié mon identité et j’ai redécouvert mon corps de femme grâce à une formatrice qui m’a permis une restauration extraordinaire au niveau de ma féminité. J’ai entamé une refonte complète de moi-même d’abord par une prise de confiance en moi, une refonte qui n’est pas achevée, mais qui a déjà été énorme car avant j’étais dans la non vie, dans quelque chose de mortifère, dans la négation, la dépression. La Biodanza m’a ramenée à la vie. Elle était faite pour moi. » Lisa, facilitatrice depuis plusieurs années.

La perception de soi passe naturellement par la perception de notre CORPS. La pratique

régulière de la Biodanza permet aux personnes de renforcer l’estime de soi et les oriente

vers l’intégration que leur corps peut être autre chose qu’une source de douleur et de

souffrance, c'est-à-dire, en fait, une source de plaisir et par là même donne la possibilité à

chacun de porter un regard aimant sur ce corps tel qu’il est, ce corps qui est le notre pour

toute la vie.

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Depuis un an, j’ai pris grand soin de moi. Dans les jours qui ont suivi le décès de Flora, j’ai

perdu plusieurs kilos et je me suis rapidement dit que je ne voulais pas infliger cela à mon

corps, que c’était l’exposer au pire c'est-à-dire à plus ou moins long terme à la maladie.

Alors j’ai décidé de m’alimenter le plus normalement possible pour prendre soin de moi. Si

j’ai fait le choix de la vie, c’est en partie grâce à la Biodanza et bien sûr pour l’homme que

j’aime. Aujourd’hui, il m’est impossible de maltraiter mon corps, de me maltraiter. Je mets

plus de conscience sur cela.

En Biodanza, le concept d’identité regroupe le corps, l’âme, l’esprit et le cœur. La

séparation de l’âme et du corps véhiculé depuis des siècles, dans notre culture occidentale

et dans de nombreuses cultures orientales, est à l’origine de bien des souffrances et de

dissociations multiples qui deviennent lisibles sur le corps. L’un des premiers effets de la

pratique de la Biodanza est la reconnexion avec son corps et ses sensations. C’est donc

directement une reconnexion à l’identité.

« La Biodanza m’a permis d’entrer en connexion avec mon corps sous une forme affective, je me suis mis d’avantage à le respecter, à tenir compte de lui. J’ai pratiqué le rugby pendant longtemps et dans cette pratique, il y avait une préparation physique importante mais sans respect du corps, l’objectif n’était situé qu’au niveau de la compétition. J’ai donc appris grâce à la Biodanza à entendre mon corps » Marc Facilitateur depuis quelques années

Pendant les exercices de Biodanza, le participant est, plus que jamais lui-même,

respecté, valorisé, aimé et accepté. Il sent son corps comme source de plaisir et, en même

temps, comme potentiel d’expression créative. Ouvrir des espaces où l’expression créatrice

est permise, encouragée et valorisée, permet le renforcement et le développement de

l’identité. L’utilisation de la musique et la danse comme outils d’expression participent

hautement à ce phénomène parce que d’une part la musique est un langage universel,

compréhensible immédiatement par tous et que d’autre part le mouvement et donc la danse

peuvent surgir de la profondeur de l’être.

« La danse est pour moi indissociable de la musique. Sans la musique, je ne crois pas que j’aurais le même plaisir. Elle est le moteur, c’est elle qui me fait danser et j’ai beaucoup de plaisir à associer mon mouvement à la musique. Quand je danse, je me sens vivant. » Lionel élève facilitateur

La vie s’exprime dans le mouvement. Quand je danse, j’établis un

contact pur avec ma réalité vivante. Selon Rolando Toro, la musique

est le vecteur par excellence par lequel la conscience se transforme

en vivencia et la vivencia retourne à la conscience. La danse active le noyau central de

l’identité qui est la sensation émouvante d’être vivant. La Biodanza invite à suivre tous les

signaux qui viennent de notre propre corps. C’est en quelque sorte une médecine de l’auto-

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régulation. La vivencia est avant tout une démarche corporelle. L’invitation est de faire du

corps une priorité, afin de connaître et sentir la vie, sa vie au travers du corps.

« Je ne m’aimais pas physiquement pendant longtemps. Pendant de longues années, je pense avoir violenté mon corps dans des sports. On n’avait pas valorisé mon corps, il n’était pas dans la lumière, je n’avais pas conscience de mon physique et par conséquent je ne m’aimais pas. La Biodanza m’a permis l’expression par mon corps. Au moment, où je l’ai découverte, j’étais avec un ami qui m’a permis de changer mon regard sur moi. La rivalité entre hommes ne m’avait pas permis cela. J’ai pu aussi me rendre compte que les femmes aussi pouvaient porter un regard aimant ou en tous les cas intéressé sur moi, ce qui était quelque chose de nouveau pour moi. » Fabrice, élève facilitateur

II) A partir de la lumière

Travailler à partir de la PARTIE SAINE de la personne est une des propositions de la

Biodanza qui m’a le plus touchée. Je ressens cette idée comme une idée merveilleuse par sa

justesse. Partir des ressources de chacun pour l’amener à développer son potentiel de vie

et de santé, me semble une orientation d’avenir pour l’humanité et ce n’est pas peu dire car

comme un certain nombre des personnes que j’entends ou que je lis, je ressens

profondément l’absolue nécessité pour l’homme de changer, il en va de la survie de

l’humanité.

La perception du monde s’enracine dans nos sensations. L’ombre et la lumière vont

ensemble, il est important de dépasser cette dualité pour vivre ce que l’on est et

d’accepter le fait que parfois l’éloignement et l’errance font partie du chemin. Je suis

convaincue aujourd’hui que la bipolarité est systématique et observable en tout : l’ombre et

la lumière comme la joie et la tristesse, le bonheur et le malheur, la peur et le courage… Je

pourrais allonger indéfiniment cette liste… Ces paires sont indissociables et un élément de

chacune ne peut exister sans l’autre. Comment pourrions-nous connaître le bonheur sans

avoir touché le malheur ? Cette idée est fondamentale. Je ne crois pas que Rolando Toro

soit un doux rêveur, ou du moins pas seulement. Bien sûr, il est important d’avoir des rêves.

Ce que j’ai compris de sa proposition est juste l’importance d’apprendre à rééquilibrer pour

toujours profiter pleinement de la vie. Aller vers la LUMIERE et

nourrir notre lumière, afin que même l’OMBRE de la vie et nos

propres ombres existent, là-dessus nous n’avons pas le choix,

c’est inhérent à la vie et à la condition humaine. Qu’elle existe

donc cette ombre, mais que la lumière toujours illumine notre

paysage et nos cœurs, car là où sont tapis des dragons sont

dissimulés des trésors ! On ne peut éradiquer nos zones

incontrôlables, mais on peut développer les plus merveilleuses.

« La vie chemine, elle m’a demandé de transformer des choses qui ont émergées, qui étaient enfouies. J’ai du nettoyer au sens d’être capable de faire coexister cette ombre et

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cette lumière car je pense que notre part d’ombre est à accueillir et non à évacuer. Si j’ai de la lumière à l’intérieur, à partir de cette lumière je peux faire reculer l’ombre, je peux accepter les parts de moi que je n’aime pas, les choses qui ont procuré de la culpabilité, de la honte ou faire reculer mes limites, mes peurs. J’ai le sentiment d’avoir grandi grâce à la Biodanza et d’être plus capable d’’intègrer en moi les deux parts. » Louise, biodanseuse depuis 11ans.

La lumière que nous avons en nous, englobe l’ensemble de nos potentialités. La Biodanza

aide la personne à aller chercher en elle ses ressources les meilleures, pour traverser la vie

avec tout ce qu’elle comporte. « Quand j’ai découvert la Biodanza, cela correspondait à une période de grand dérapage vital, je glissais vers quelque chose de fatal, vers la fin, j’étais très mal, dans un mal-être profond et sombre. La première chose que j’ai réussi à faire alors en dansant, c’est mettre de la vie dans ma vie, arrêter de me défoncer seul dans mon coin. Cela m’a amené du dynamisme et de la créativité. J’ai pu éprouver et déterminer ce qui était bon pour moi, ce que j’avais envie de faire et avec qui j’avais envie de le faire. Cela est annoncé en Biodanza et c’est vraiment ce que j’ai vécu. » Thomas , facilitateur depuis quelques années

Dans la vie, l’être humain moderne dérape parfois de son propre fait, parce qu’il ne sait

pas toujours que faire pour avancer et tirer parti des événements. Parfois aussi, ces

événements sont si déstabilisant, déroutant voire même puissamment terrassant que

trouver les réponses adaptées peut être très difficile et inaccessible. Des périodes

d’errance jalonnent nos vies. Il est alors essentiel d’accueillir ce qui est. La peur, la honte,

la colère, les incertitudes, l’amertume...Dans mon parcours de deuil, parce que la société

réprime les sentiments et les émotions dites « négatives » je ne me suis pas toujours

donné le droit d’exprimer ma douleur. Ce n’est pas parce que l’objectif de la Biodanza est

d’amener les participants vers la lumière et la joie que pour autant, il ne faut pas laisser la

place à l’ombre et son cortège d’émotions noires et si

humaines. Il est essentiel que soit donnée la permission de

vivre et d’exprimer ces émotions noires. Ce qui est « est »,

cela est pour moi le message de la Biodanza, la permission de

vivre ce qui est, car pour évoluer il est nécessaire de

reconnaître d’abord ce que nous sommes et où nous en

sommes avec notre part belle, comme notre part noire.

La force de la Biodanza reste bien sûr, cette merveilleuse recette, où à partir du

mélange ingénieux de tous les ingrédients de la vie, on fabrique le meilleur repas de fête

possible. Je remercie Silvia Machal, amie de la première session de l’école de Biodanza de

Bourgogne, pour sa belle monographie sur la FÊTE. J’ai assisté à sa soutenance en mai 2010.

Cette présentation de l’aspect festif de la séance de Biodanza m’a beaucoup éclairée. Elle a

élargi encore ma perception du champ d’action de la Biodanza. J’ai mesuré combien il était

important de ne négliger aucun espace de l’humain. La fête est merveilleuse, elle permet

d’exulter la vie, elle régule la vie. Elle a été inventée par l’homme pour lui permettre de

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supporter sa condition d’humain. Elle ne vient pas masquer la réalité, elle nous permet de

déplacer le curseur sur la palette totale des émotions humaines. La Biodanza offre cette

possibilité. Elle est un formidable outil de régulation des émotions, de toutes les émotions !

Elle me permet de ne plus avoir peur. Je ressens cela profondément. Je n’ai plus peur

d’être ce que je suis, je n’ai pas peur de vivre.

Nous sommes, quoi qu’il en soit, des êtres vulnérables et imparfaits. Alors nous subissons

des blessures et faisons parfois subir des blessures à notre entourage. Grandir

consisterait donc à savoir reconnaître toujours l’humanité en l’autre pour donner, autant

que faire se peut, le meilleur de soi dans la relation. La force du message de la Biodanza

est dans l’incitation à comprendre que tout ce que nous ne mettons pas au monde de

gratitude et de célébration n’y sera pas. Il serait possible d’offrir et de recevoir la

quintessence du vivant…

« Ce matin je me suis réveillée et je me suis sentie meilleure !» Justine, au lendemain de sa première vivencia

L’autre volet essentiel dans la vie est de trouver le ressort pour transformer les

traumatismes que nous avons vécus. Il est possible de découvrir en soi et autour de soi

quelques moyens qui permettent de revenir à la vie et de

reprendre notre développement constant, tout en gardant la

blessure dans notre mémoire. On parle alors de RESILIENCE.

La blessure ne devient pas maîtresse parce que je ne la laisse

pas le devenir. Avec la Biodanza, j’apprends à me reconnecter

à mon élan vital profondément pour que le soleil brille à

nouveau à l’intérieur et à l’extérieur, même après un tsunami

existentiel.

Ce que la Biodanza vient développer, ce n’est pas seulement la perception de sa propre

LUMIERE, mais aussi la capacité de percevoir celle DE L’AUTRE. Cela change radicalement

l’approche et la relation avec l’autre. Je ressens fortement que la Biodanza a le pouvoir de

développer le respect de l’autre. Cela passe par la capacité à perdre progressivement cette

tendance très répandue à juger l’autre. Peut-être est-il possible alors d’entrer dans un

autre fonctionnement, qui consiste à commencer par chercher à comprendre l’autre et aller

à sa rencontre pour entrer dans la perception fine de ce qu’il est avant de le juger et peut-

être alors s’apercevoir que cette compréhension, que ce début de connaissance, me permet

d’éviter le jugement qui perd alors tout intérêt. C’est en fait, en finir avec cette approche

transmise de pointer d’abord ce qui ne va pas. De plus, par réaction, un être qui se sent

compris peut, me semble-t-il, parvenir à donner aussi, plus spontanément, ce qu’il a de

meilleur. La Biodanza nous apprend à sortir de la critique pour entrer dans le système de la

qualification. En devenant qualifiant, les uns envers les autres, nous stimulons mutuellement

nos systèmes immunitaires.

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« Je dirige une crèche, je manage une équipe, et la Biodanza m’a permis de trouver beaucoup de fluidité dans la façon de vivre ma fonction. Nous fonctionnons beaucoup par objectifs dans ce travail. Je me suis aperçue que j’avais trouvé un espace à l’intérieur de moi pour accueillir l’émotionnel des personnes que je dirige. Dans ce milieu professionnel, il est coutume de dire que nous sommes des professionnels et que nous nous devons de laisser l’émotion à la porte ! Cependant nous accompagnons des enfants et des parents et nous travaillons donc avec nos émotions. C’est indispensable et parfois cela déborde. Avant de pratiquer la Biodanza, j’étais donc, parfois trop énergique et cadrante. Cela produisait peut-être une dynamique, mais avec les personnes un peu vulnérables de l’équipe, il y avait des signes de démotivation. Maintenant je m’oriente plus vers les ressources de chacun dans mes demandes. Je vais donc renforcer le côté positif comme en Biodanza. Je vais alors renvoyer des paroles gratifiantes de type : « Là, vous avez été à l’écoute de l’enfant, vous avez senti comment l’accompagner, vous avez trouvé votre place… ». Je vais alors taire ce qui me dérange et cela a des effets magiques, car cela crée une motivation qui part moins dans l’énergie, mais plus dans l’affectivité. C’est plus productif au niveau de l’accompagnement des familles, dans quelque chose qui va plus vers l’acceptation de l’autre et vers l’affectif, en mettant le cœur en avant, mais sans entrer dans une fusion qui empêcherait l’enfant de prendre sa place et de se développer. » Agathe facilitatrice

III) Sentir avant de penser

Lorsqu’on observe notre civilisation actuelle, on peut

parler d’une sorte de pathologie de l’ego, caractérisée

par la scission entre la nature et la culture, avec une

valorisation excessive de la culture aux dépens de la

nature, et d’une prédominance exacerbée de la raison sur

les instincts. Chez l’homme moderne occidental, on

observe des coupures entre le mental, l’émotionnel et les

instincts. Ces coupures sont sources de déséquilibres

physiques, organiques et psychiques. Ainsi, les personnes

sont amenées à faire des choses qui ne leur conviennent pas sans s’en rendre compte et

souvent même à faire des choses qui ne leur conviennent pas alors qu’elles ont conscience

que cela n’est pas bon pour elles. C’est ce que l’on nomme les dissociations. La Biodanza

permet d’inverser nos habitudes, c'est-à-dire SENTIR et penser ensuite.

J’ai appris à sentir avant de penser et cela a été pour moi un saut quantique que

d’apprendre à me mettre à l’écoute des messages de mon corps. Je peux dire que ma

connaissance de moi-même et du monde a commencé à changer. C’est une transformation

importante. Notre corps humain est une formidable machine. La sagesse est dans notre

physiologie. Notre corps parle, encore faut-il se mettre à son écoute. A présent, de plus en

plus, j’entends mon corps me dire et même parfois me montrer le chemin. J’ai récemment

vécu un retour de souffrance sur mon chemin de deuil, j’ai perdu alors totalement le

contrôle. La guerrière que je suis s’est retrouvée à nu, sans boucliers. C’est mon corps qui

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me l’a imposé. Il m’a imposé d’entrer dans une phase de repos. Les symptômes de type

dépressif se sont manifestés avec intensité : baisse de vigilance, difficulté de

concentration et de mémoire, sensation de grande fatigue, très grande tristesse, problème

d’organisation, perte de sommeil… Mon corps m’a imposé de lâcher prise. J’ai pensé que ce

qui s’imposait à moi était de me laisser enfin traverser totalement par mon immense

tristesse. Je me suis arrêtée de travailler et j’ai pleuré pendant 2 jours en accueillant

totalement mes larmes. J’ai enchaîné avec un stage à l’école de Biodanza à l’école de

Bourgogne, pensant que j’allais continuer dans cette voie de libération par les larmes, et

curieusement, au cours des trois premières vivencias du vendredi et du samedi, aucune

larme n’est montée, à mon grand étonnement. Cependant, un mal de ventre lancinant

m’envoyait des messages depuis 24 heures. Quelque chose en moi se préparait et l’univers

conspirait car le tonnerre à l’extérieur grondait fortement. J’avais décidé de lire un texte

sur la mort et le deuil à MPV (soirée musique/parole/voix instaurée à l’école de Biodanza de

Bourgogne par Raùl notre directeur pour permettre l’expression des élèves devant un

auditoire). Lire cette histoire était un choix difficile du fait de son sujet et de ma peur

par rapport à comment cette « énergie lourde » pouvait être reçue et accueillie. L’être

humain préfère rire, n’est-ce-pas ? Mais cet acte participait pour moi de mon processus de

deuil d’une part et je ressentais l’importance de témoigner de mon vécu cruel à mes amis,

d’autre part. Après ma lecture, je me suis sentie bien. Je ne

saurais dire si mes maux de ventre étaient encore actifs. Je

me suis rendue alors dans notre chambre et Rémy mon

compagnon et Amour m’a dit cette phrase : « C’était du

lourd, ce que tu as lu. » Moi j’ai compris alors: « C’était lourd,

ce que tu as lu. » Il n’y avait pas de la part de Rémy de

reproche ou de jugement bien sûr, loin de lui cette pensée.

Mais cette simple phrase a fait remonter une énorme colère

qui était en moi. Pendant la nuit, j’ai du me lever, j’avais très mal au ventre, je suis allée

vider mes intestins. Le volcan en fusion au fond de mon ventre crachait sa lave, me

montrant un chemin d’expulsion de cette colère qui était en moi depuis des mois, de

l’intérieur vers l’extérieur. Au matin, sous la douche, mes larmes se sont mises à couler à

nouveau, j’ai compris que ma monographie ne pourrait pas rester telle qu’elle était alors,

que je devais aller plus loin encore dans l’expression de mon témoignage par rapport à la vie

et la Biodanza. Pendant toutes les heures qui ont suivi, je me suis efforcée de garder

l’énergie de colère, ce qui allait bien à l’encontre de mes habitudes. « La colère… quelle

horreur ! » me disait ma raison. Pendant ce temps mes boyaux continuaient de m’envoyer le

bon message : « Ta colère est ta force, fais-là sortir, elle va entraîner ta tristesse et ta

douleur vers l’extérieur. » J’ai pu exprimer ma colère, dire combien j’avais mal, combien

cela fait mal de perdre 2 êtres chers presque en même temps, combien il était important

de permettre aux gens qui souffrent d’un deuil de dire leur souffrance pour qu’ils puissent

guérir. Voilà ! Je remercie mon corps d’avoir su me montrer ce chemin de la sagesse, à mon

être d’avoir pu l’entendre et à Jorge Terren de nous avoir donné la permission de crier et

de laisser sortir ce qui était là pendant une danse de transe, d’y entrer avec nos peurs et

nos certitudes. C’est cette Biodanza là, que je veux transmettre. Permettre aux hommes et

aux femmes qui me feront confiance en venant danser avec moi de sentir ce qui est bon et

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juste pour eux au-delà des préjugés environnants et envahissants, des croyances

inculquées, des pressions diffusées en cortège par ce monde qui pense et qui a oublié

l’essentiel. La vie est plus fragile encore que les pétales d’un coquelicot, pourtant dans son

parfum, sa couleur et la texture de ses pétales tout le message est contenu : la vie est

précieuse.

« Si je fais quelque chose qui ne me convient pas, cela ne dure pas longtemps à présent, mon mental pense et m’entraîne dans quelque chose qui ne me convient pas vraiment, alors mon corps somatise et très rapidement, parfois dans l’heure ou la journée qui suit, je peux amener de la conscience sur cela, surtout quand je peux danser. Chaque fonction reprend sa place, tout s’intègre et s’aligne, sans qu’il y ait domination de l’un sur l’autre. Et je change mes choix. Bien sûr je reste humaine et j’ai encore mes fragilités parfois. Cela ne marche pas toujours. (Rires)» Maya facilitatrice depuis des années

La base de notre difficulté à vivre repose sur la difficulté à intégrer le sacré et le

profane. A partir de Platon et Socrate qui représentent une sorte de tsunami rationaliste,

le logos a voulu dominer et codifier tout, au point de manger la magie de la vie. La priorité

a été donnée au monde des idées séparant l’esprit et la matière. Je me souviens d’un

homme qui était un ami que j’ai perdu de vue depuis quinze ans. Cet homme était brillant,

complètement engagé dans le monde des idées, de la pensée, du savoir. Il me parlait de son

corps comme d’une enveloppe qu’il ne parvenait pas à aimer et sentir. J’ai appris par une

connaissance commune qu’il avait développé un diabète et qu’il était insulinodépendant à

présent… « Il y a des années maintenant, j’ai été plus « intellectuelle ». Et puis j’ai reçu comme un retour de balancier…Je suis tombée malade. A présent pour moi, le cœur, le corps, la tête tout est bon et rien ne doit prendre le dessus. S’il y a trop de cœur, cela fait trop

d’émotionnel, s’il y a trop de corps, il n’y a plus de place pour la sensibilité et je suis dans le faire et dans l’action. S’il ya trop de tête, il n’y plus de place pour les 2 autres domaines. Cette pratique régulière de quelque chose de très vivenciel et profond m’a permis de ramener ce rééquilibrage. En revenant à mon ressenti, le rééquilibrage se fait naturellement sans effort. C’est la Biodanza qui favorise cela. » Marcelline élève facilitatrice.

Le corps et l’âme, la matière et l’esprit sont les aspects d’une seule et même réalité. La

Biodanza va rechercher l’intégration, par la stimulation de la connexion profonde à la vie qui

va permettre à chaque individu de se diriger, avec une force sélective intense vers des

formes d’action qui renforcent son développement. Il s’agit de parvenir à sentir, penser et

faire plus ou moins la même chose. J’aime à dire que c’est parvenir à aligner nos trois voix :

celle de notre nature profonde et instinctuelle, celle de l’expression de nos émotions et

celle de notre pensée. On parle en Biodanza d’écofacteurs positifs ou négatifs. Les

écofacteurs positifs sont les facteurs environnementaux qui favorisent le développement

et l’expression des potentialités génétiques. Lorsque je suis intégré, je vais sentir et savoir

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également accueillir les écofacteurs qui renforcent mon unité et rejeter ceux qui le

mettent en danger. Le corps parle, encore faut-il avoir le courage d’écouter ses viscères.

Le corps est un meilleur guide pour vivre que la raison.

« Je donne une place plus grande à ce qui est de l’ordre de l’instant, le mental prend moins de place. J’ai fait des études universitaires et l’université est un lieu où le mental a beaucoup de place, les rencontres se font à ce niveau là. La Biodanza m’a permis de devenir plus capable de faire des choix. Avant, je subissais beaucoup plus les choses et les relations. Maintenant, si je ressens une relation comme toxique grâce à cette capacité instinctive et corporelle je parviens à la sentir comme telle, ensuite le mental me le dit et je m’éloigne. Je pensais que les gens capables de ne pas entrer dans les émotions étaient des personnes abouties car complètement dans leur tête. La Biodanza m’a autorisé à être dans mes instincts, dans mes émotions et dans son ressenti. J’ai pu dire à ma compagne avec mon corps et pas forcément avec ma tête : « J’ai envie de faire l’amour avec toi. » J’ai appris tout aussi bien à exprimer mon yang, qu’à pleurer en l’absence de contrôle. C’est parce que la Biodanza repose sur des bases physiologiques, neuro-anatomiques et qu’elle émane d’un universitaire que je me suis laissé aller. Pour moi, le mental est toujours présent, les échanges d’idées et le plan analytique restent importants, mais j’apprécie plus encore maintenant les plaisirs basiques de la vie : manger, dormir, faire l’amour car je sais qu’ils sont les meilleurs remèdes contre la dépression. » Laurent facilitateur depuis quelques années

La Biodanza permet d’éveiller sa CONSCIENCE PHYSIQUE ET EMOTIONNELLE. Une

des premières choses que l’on explique aux participants qui découvrent la Biodanza est,

qu’on ne parle pas pendant une séance et qu’après la séance on ne parle pas non plus de ce

qui vient de se passer parce que la force de ce système qu’est la Biodanza, est qu’il permet

l’intégration par le corps. Les ostéopathes disent : « Seuls les tissus savent. »

Descartes a écrit : « Je pense donc je suis. » Pardon Monsieur Descartes, mais quand je

danse, je me sens bien plus en vie que quand je pense. En Biodanza, nous allons plutôt dire :

« Je suis parce que je ressens et que je perçois ». C’est la condition qui peut me permettre

d’élargir ma conscience. Je me dis souvent que plus je vieillis, plus

je danse et moins je sais. Mon chemin de vie et la Biodanza sont à

l’origine de cette sensation. Cela ne veut pas dire que je perds mes

capacités intellectuelles. Je me sens juste parfois dans une

compréhension différente des événements. Je n’ai plus besoin

forcément de mettre des mots sur tout. Il me vient de plus en plus

quelque chose comme des « MOTS DU CORPS». Comme si, avant de

comprendre et de savoir avec ma tête, un phénomène de filtration

par mes cellules s’opérait. (Inconscient vital) Il ne s’agit pas bien

sûr de dévaloriser la pensée et la mise en mots, nous sommes des êtres pensant et la mise

en mots permet l’intégration des expériences et ressentis corporels et émotionnels. Les

temps de « ronde d’intimité verbale » (formidable expression pour remplacer celle de

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« parole émue » amenée par Jorge Terren lors d’un stage de formation) proposés au début

de chaque séance d’un cours hebdomadaire ont cette fonction incontournable.

« Développer mon « savoir être » me semble aujourd’hui bien plus essentiel que de développer mon savoir et je ressens que le « savoir être » passe par ma connexion à mon corps et aux messages qui trouvent leur origine dans mes instincts profonds car c’est par eux que je me sens reliée à la vie et à ce qui est plus grand que moi. J’aime toujours apprendre avec ma tête, mais apprendre avec mon corps tient la même place dans mes objectifs. » Léna jeune facilitatrice

J’ai assisté à une conférence au symposium 2009 de Thierry Janssen, qui je crois va

bien dans le sens de ce que la Biodanza amène. Sa démonstration part du constat que nous

nous sommes déconnectés de notre corps au profit de notre intellect. Il avance

l’importance de « RETROUVER LE BON SENS». Il décrit le fonctionnement de l’être

humain occidental ainsi : nous partons de notre cortex, de nos pensées. Dans le meilleur des

cas, nous sentons nos émotions, bien souvent nous ne percevons pas réellement ce qu’elles

produisent sur notre corps. Retrouver le bon sens est de se mettre d’abord à l’écoute de

notre corps pour identifier ensuite nos émotions et éventuellement de mettre des mots

dessus. En choisissant de dompter notre intellect qui tente sans cesse de prendre le

pouvoir sur notre vie, nous nous permettons d’accéder à un quatrième niveau de la

conscience, celui où, conscience physico-instinctuelle, émotionnelle et intellectuelle peuvent

agir en harmonie pour nous mettre en contact avec nous mêmes et les autres. Notre intellect est un véritable miracle de la technologie neurologique qui, pour se

développer, a dû se protéger d’un afflux trop important d’informations en provenance des

zones inférieures et utiliser un des mécanismes fondamentaux de la nature : le

refoulement. La pensée peut mentir, mais les émotions, elles, ne trichent jamais. Partant du

principe que la tête ment souvent, nous avons intérêt à écouter notre corps, il traduira

toujours fidèlement notre état émotionnel.

« Le fait d’avoir des émotions pendant les vivencias, je le vis avec beaucoup de joie. La plupart du temps, j’ai des émotions de joie et parfois je n’identifie pas vraiment si l’émotion est dans la tristesse, mais c’est la sensation d’être profondément touchée et de me sentir vivante à travers ces émotions. Maintenant, dans la vie, je suis plus en contact avec mes émotions et cela est positif, car j’ai longtemps été dans ma tête. » Laura facilitatrice

Il y a une conception très négative des INSTINCTS encore

très répandue qui consiste à penser que les instincts sont

dangereux et que se laisser guider par eux est en fait se livrer à

quelque chose d’incontrôlable qui peut nous amener à des actes de

violence par exemple. Or tous les instincts sont orientés vers la

conservation, la protection et la promotion de la vie.

L’autorégulation des instincts a une base organique, c’est pour cette raison qu’il n’y a pas de

danger dans leur libération, bien au contraire. Si des jeunes adolescents se livrent parfois

à des actes barbares en torturant un autre adolescent ou un couple de personnes âgées

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inoffensifs jusqu’à les assassiner pour quelques euros, leurs actes ne sont en aucun cas

l’expression de leurs instincts débridés, mais la perte totale de repères, d’identité et donc

d’humanité. Ces jeunes ne tuent pas pour survivre, ils tuent parce qu’ils sont coupés de

leurs émotions et de leurs instincts de base que sont par exemple l’instinct de solidarité.

Le milieu sensoriel, dans lequel ils ont évolué et grandi, était sans nul doute terriblement

appauvri, au point qu’ils n’ont pu apprendre l’empathie. Nous savons que le processus

empathique est déclenché par le phénomène des neurones miroirs, sujet sur lequel je

reviendrai plus loin.

IV) Perception de la vie

La réalité du contexte de vie de chacun peut être difficile pour

de multiples raisons. La vie est ainsi faite que nous traversons des

événements plus ou moins agréables, pouvant aller jusqu’au

traumatisme parfois. Tout comme le bonheur, la souffrance est

inhérente à la condition humaine. Une des possibilités qui se

présentent à nous est de rester centré sur la difficulté et le

malheur. C’est là que les ECO-FACTEURS POSITIFS prennent toute leur importance. De

même que dans un milieu favorable l’entourage familial invite l’enfant à se décentrer en

découvrant d’autres histoires de vie ou d’autres cultures, la Biodanza propose une

multitude d’autres possibles ou des expériences qui « resignifient » les choses, c’est-à-dire

qui redonnent sens ou initialisent un autre sens aux événements, permettant aussi

d’atténuer l’impact des vécus traumatiques, alors un processus de RESILIENCE se met en

place et la mémoire identitaire se recompose peu à peu de rituels heureux et d’événements

agréables.

Pratiquer la Biodanza de manière régulière permet une connexion, pour ne pas dire parfois

une reconnexion à soi, aux autres et à tout ce qui nous entoure. Lorsque

je parle de tout ce qui nous entoure, il s’agit bien sûr de l’essentiel,

c'est-à-dire la Vie. Au-delà de cette invitation, la Biodanza nous entraîne

dans un réapprentissage du rapport à la vie. Elle nous permet de

développer la connexion sans préjugé à tout ce qui vit, et non aux objets

inanimés. L’homme occidental est conditionné depuis tout petit à acquérir

et s’attacher aux objets. Et il se perd dans cette quête insensée. Avoir

lui permet de satisfaire son ego. Le concept de Transcendance, en

Biodanza représente la capacité à surmonter la force de l’ego et d’aller au-delà de l’auto-

perception. Avoir est-il vivre ? Quand la mort arrive nous perdons toutes les possessions

matérielles, jusque même notre corps physique. On dit de ce passage qu’il nous permet

d’accéder à un autre niveau de réalité. Nous ne savons rien de cela… Nous supposons

seulement… En attendant cette expérience, il y a la Vie. Et sentir la vie, au-delà de sa

propre vie, la sentir sous toutes ses formes procure une joie plus intense que celle d’avoir,

cette joie-là est celle de l’être.

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Albert Schweitzer disait : « En méditant sur la vie, je me sens obligé de respecter toute

forme, toute volonté de vie autour de moi car elle a la même valeur que la mienne. Ni plus

importante, ni moins importante ». La Biodanza partage cette pensée visionnaire et cela

fonde le principe biocentrique dont l’idée fondamentale est que le Bien est la capacité de

percevoir la VIE où qu’elle se manifeste, de la soutenir et de la conduire à son plus haut

niveau d’expression, que le Mal est tout ce qui anéantit la vie, la malmène, la dévalorise et

en piétine les fruits.

Depuis quelques années, je me sens réellement plus en lien avec la nature. Je vois et je

m’arrête plus sur ces moments de perception de la nature qui m’entoure, je les recherche :

vues, odeurs, bruits… Je crois qu’à présent, je regarde vraiment les fleurs, les arbres, la

mer, les collines, les petites bêtes… J’ai aussi pris conscience récemment que ma phobie

des araignées qui me tenait depuis l’enfance s’était évanouie. Cela ne veut pas dire que je

vais aller au devant de ces mignonnes créatures, mais je n’en ai plus peur, s’il y en a une

dans la pièce où je me trouve, je vais accepter sa présence.

Lorsque j’ai abordé le thème de l’intégration, je n’ai parlé que de l’intégration par rapport

à soi-même, mais il n’y a pas d’intégration isolée et réduite à notre personne. L’intégration

ne peut être effective que par rapport à son environnement. La vivencia transforme les

hommes dans le sens ETHIQUE et du respect de la vie. La transcendance se rapporte à

une fonction naturelle et organique qui est celle de se sentir en lien et d’entretenir ce lien

avec tout ce qui existe. Nombreux sont les hommes qui se comportent en sujet, qui voient

et utilisent le monde en tant qu’objet. C’est là une grave erreur car le monde est, entre

autre, constitué de nous et nous sommes donc une partie de ce grand ensemble. En le

blessant, ou même en le détruisant, c’est nous que nous blessons et que nous détruisons.

L’expérience de l’élargissement de conscience peut nous éloigner des valeurs egocentriques

et nous ramener vers les valeurs qui nous permettent une constante révérence à la vie.

« A présent, je ne me sens plus dans les doléances face à un monde qui détruit. Je me sens dans une autre démarche, c’est là, je peux semer, rayonner et quitter le sentiment d’impuissance pour accueillir les ronces et les épines, les bourreaux et les prédateurs qui agissent plus par ignorance. Je nourris autre chose que les ronces mais je ne les écrase pas. » Juline élève facilitatrice

Le règne de la vie englobe beaucoup plus que les végétaux, les animaux et l’homme. Tout

ce qui existe, des neutrinos aux quasars, de la pierre aux pensées les plus subtiles, fait

partie de ce système vivant prodigieux. Selon le principe biocentrique, l’univers existe

parce que la vie existe, et non le contraire. « Le SACRE n’est pas seulement dans les

entités supérieures, on peut le voir dans l’enfant, le vieillard, dans la mère qui allaite son

enfant, ou dans un chien. Dieu nous crie sa présence dans la petite fleur. » Rolando Toro

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« Un matin, récemment, je suis sortie de ma voiture pour aller à mon travail. Je venais de la garer juste à côté d’un espace boisé, rempli de très grands arbres qui doivent être très vieux. Je me gare là depuis des années plusieurs fois par semaine. Mais ce matin là, j’ai entendu des dizaines d’oiseaux qui chantaient. C’était comme un concert merveilleux, c’était si beau ! Je me suis émue de leurs chants, mais aussi de ma capacité à les avoir entendus. J’étais heureuse ! » Emilie élève facilitatrice

La vivencia amène l’expérience d’être en lien avec la totalité, avec l’essence de la vie. Elle

modifie l’existence et l’idée que tu as de toi-même parce qu’elle te connecte avec la vie, et

donc au sacré. Par l’expérience de l’expansion de conscience, le biodanseur parvient à avoir

une perception amplifiée de l’essence des choses qui l’entourent. Alors être, n’est plus se

voir dans un miroir au réveil. « Etre, c’est être vivant et en lien gratifiant avec la vie. C’est

appartenir à une famille, à une tribu, à la terre, à l’univers, à une histoire qui a du sens. » Bruno Guiliani

V) Perception du temps : ici et maintenant

Ce fonctionnement qui consiste à être très souvent

relié à son passé en pensée est très répandu dans nos

civilisations. Certains sont même envahis par leur PASSE

qui les hante. Vivre trop dans le passé nous plonge bien

souvent dans le regret, la culpabilité, le ressentiment,

l’amertume, la tristesse, la difficulté de pardonner ou

tout simplement la nostalgie. Nous ne pouvons changer le passé, ce temps révolu dont

d’ailleurs nos souvenirs ne sont pas forcément très fiables, car nous transformons notre

passé dans notre mémoire. « Je suis plus à même de profiter de l’instant présent. J’accepte plus les choses qui se passent. Je suis moins dans le regret de ce que j’aurais pu faire. Cela va aussi dans le sens de la réduction du jugement de moi-même et donc de l’acceptation de ce qui est là. » Aude facilitatrice débutante

« Je prends maintenant plus de temps pour moi, avant j’étais toujours dans le travail et les projections, les programmations. Je me laisse plus d’espace pour vivre des choses pour moi-même ici et maintenant. Je sens que j’ai moins de stress. Cela a changé mes priorités et je suis plus disponible et plus présent auprès des êtres qui me sont chers.» Paul élève facilitateur

Par ailleurs, trop de FUTUR crée en nous du malaise, de l’anxiété, des tensions, du stress,

de l’inquiétude, de la peur. Somme toute, pour arrêter de souffrir, il faut accepter de vivre

dans le présent, en profond contact avec soi-même, au-delà des illusions du passé et du

futur, dans la pleine potentialité de l’instant.

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25

Je voudrais amener un bémol à cette théorie. Lorsque dans la vie survient un événement

grave, alors le présent peut devenir très difficile à vivre. Un deuil, une séparation, un

accident de la route survenu à un proche, la maladie ou la disparition incompréhensible d’un

enfant enlevé par un ou des ravisseurs (ce dernier exemple étant certainement le pire car

le deuil est quasiment impossible) sont des événements où la souffrance s’exprime très

fortement, une souffrance qui est alors physique et (ou) psychique. L’annonce de la mort

d’un proche rend chaque seconde qui s’écoule extrêmement difficile. Et là, ce n’est pas le

passé que nous ne pouvons changer, mais le présent qui fait mal et que nous devons vivre. Il

faut alors aller chercher toutes nos ressources vitales pour avancer avec ce présent

douloureux et patiemment parcourir ce long tunnel pour en sortir. Alors la Biodanza est

d’une grande aide. J’en témoigne ici, parce que le groupe des amis biodanseurs vous porte

avec beaucoup d’amour, parce que la danse permet d’évacuer plus vite toutes ces émotions

de peine et de tristesse, mais aussi parce qu’elle permet de garder le contact avec la joie

et le plaisir. La Biodanza permet de faire son deuil et d’en ressortir avec une impulsion de

vie forte encore. Ceci est mon expérience.

« Perdre des parents, c’est la perte du passé. La mort d’un enfant, c’est la perte de

l’avenir » Elliot Luby. Je n’oublierais jamais cette merveilleuse vivencia de femmes au

symposium de Boulouris. Après la ronde, les premiers mots, dont je n’ai à présent aucun

souvenir, prononcés par l’une des trois facilitatrices qui animait, m’ont plongée dans une

énorme émotion de désespoir, mon corps était secoué par le chagrin et je ne pouvais plus

faire un pas. La proposition suivante était de marcher à trois, femmes en l’occurrence. Je

me suis retrouvée soutenue à ma droite et à ma gauche par deux

femmes et amies. Je n’avais plus de passé, plus d’avenir et le présent

n’était que souffrance. Elles m’ont permis de faire les premiers pas,

presque portée. Parfois la Biodanza fait plus que « resignifier »

quelque chose du passé, elle permet de traverser, « l’intraversable ».

Ces premiers pas hors du temps que j’ai pu faire grâce à mes amies

m’engagèrent sur la passerelle qui mène vers le rivage. Depuis plus d’un

an, je ne peux chiffrer les mains tendues vers moi qui m’ont permis de

prendre les passerelles et non de sombrer. C’est la force de la

Biodanza.

Dans un cadre normal de vie, en vivant dans l’instant, nous nous offrons la possibilité de

ressentir la liberté et d’abandonner les ingrédients du malheur, nous pouvons alors

ressentir en nous une paix et une unité intérieure car nous sommes en contact avec ce qui

nous anime profondément : notre essence qui est spontanéité, elle est notre élan vital, le

noyau de notre être, la source de notre créativité. Ici et maintenant, j’entre en contact

avec mon âme et je me donne la possibilité de transformer la vie. La domination de la

rationalité et du langage a inhibé en l’être humain la capacité à être dans le moment

émotionnel, sensible et affectif de la vie. Pour pouvoir s’émerveiller, il est nécessaire de se

rendre disponible réellement à ce qui est là, sentir la chaleur du soleil sur sa peau, se

délecter du miel sur la langue, jouir de la caresse de l’être aimé sur notre corps, percevoir

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l’immense beauté de la nature qui se réveille au printemps, vivre chaque sensation à chaque

seconde en conscience de l’intensité du plaisir et du bonheur qu’elle procure. « J’étais beaucoup dans le temps de l’imaginaire, la Biodanza m’a ramenée dans le corps, la terre, la présence. J’habite intensément ma maison. » Manon biodanseuse depuis de nombreuses années

Le temps de la vivencia est en dehors du temps chronos. C’est une merveilleuse sensation

que celle de pouvoir lâcher la perception du temps, de sentir qu’il est possible de ne plus

prendre en compte cette notion, alors par le jeu de la régression nous découvrons le chemin

qui va de l’existence vers l’essence.

VI) Expression par la créativité

La créativité est une FONCTION NATURELLE qui consiste d’abord à s’approprier la

matière de sa vie encore et encore pour la transformer, parce qu’elle est une pulsion à

innover dans son rapport à la réalité, une sorte de langage unique et singulier. Parfois la vie

vous plante, par des événements qui pétrifient et figent votre

énergie et tout ce qui est autour de vous. Il faut réveiller

alors l’impulsion à innover, à transformer et à se mettre en

mouvement. L’acte de vivre est une des manifestations

subtiles du mouvement en constante « création actuelle ». Je

ressens que dans l’acte créateur, il n’y a pas toujours une

volonté de faire, mais tout simplement UNE EXPRESSION

SPONTANEE DE L’ÊTRE qui déjà est créatrice de beauté. Il

est important de dire que dans l’acte créateur, peu importe le

résultat, c’est le processus qui compte. La Biodanza propose

le développement naturel de la fonction créatrice, par une

conception qui se rapproche du concept de l’innocence créatrice qui permet l’apparition et

l’expression, à un niveau individuel, du génie de l’espèce. Il s’agit de faciliter, et non pas

d’enseigner ou de réprimer l’acte de fructifier. Grâce à des concepts tels que la légèreté

et la liberté, le biodanseur est toujours inviter à déployer ses ailes, parce que créer est

une extension du processus de l’acte de vivre, alors créer peut être source de grands

bonheurs.

Ce que j’apprécie le plus depuis que je fais de la Biodanza, c’est de retrouver ma joie et ma

spontanéité, mon essence créatrice, celle qui me permettait lorsque j’étais enfant de

chanter et de danser sans retenue dans le couloir de notre maison parce que ma voix

résonnait et qu’il y avait l’espace pour que je puisse m’exprimer avec mon corps. Mon plaisir

était immense. La Biodanza m’a permis de remettre les mécanismes de ma créativité en

marche, notamment par l’écriture poétique. J’écrivais des poèmes quand j’étais adolescente

et je n’avais plus écrit depuis lors. J’ai écrit vingt-et-un poèmes depuis quelques années que

je danse. Cette écriture m’a permis d’exprimer mon amour de la vie, mais elle a été aussi un

moyen d’exorciser mes peurs, de mettre en mots poétiques la traversée des différentes

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étapes du processus de mon deuil. Pouvoir aussi présenter mon clown à MPV à l’école a été

pour moi une source de grand plaisir. Réussir à la faire 2 mois après la mort de ma fille m’a

permis de constater que mon élan de vie n’était pas éteint. C’était un vrai cadeau, même si à

ce moment « ma Ciboulette » (nom de mon clown) était loin d’avoir son énergie naturelle.

Dans tous les cas, se montrer, montrer une création comporte toujours un RISQUE, celui

d’être ridicule ou mal juger. Il faut donc du courage pour oser le faire. La créativité

nécessite du COURAGE et de l’audace. L’idée est de savoir mettre un peu de folie dans

notre vie et sortir de notre contrôle, savoir jouer la vie. La Biodanza offre la possibilité de

dépasser nos peurs pour exprimer notre créativité

et pouvoir connaître l’exaltation créatrice car là

aussi nous trouvons la force de vie. Créer est une

façon de se donner aux autres et à la vie. D’ailleurs

voir la créativité de l’autre est à la fois une source

de bonheur et des portes qui s’ouvrent sur notre

propre créativité qui se trouve éveillée à la vue de

celle des autres. Là aussi, les neurones miroirs

s’activent et relancent l’expression de la Vie.

Beaucoup d’êtres humains possèdent un potentiel extraordinaire, ils ont des capacités

inexploitées, des dons, des talents qui leur permettraient de se réaliser. Malheureusement,

leur environnement ne leur a pas permis de s’épanouir, de trouver l’estime de soi nécessaire

à l’expression de soi. Ils ont même parfois reçu des messages qui ont inhibé l’amour qu’ils

auraient pu avoir pour eux-mêmes et la confiance qu’ils auraient pu trouver, qui est le

moteur de la créativité. Je me sens ce fort désir de faire tout pour que les participants

aux vivencias que j’anime et que j’animerai, puissent trouver la voie de l’estime de soi

source de la joie de vivre et de la créativité.

Ma conviction est que la créativité a quelque chose à voir aussi avec la

TRANSFORMATION et se trouve reliée totalement avec l’élan vital. Dans la période de

grand chaos, que représente le deuil, le processus de destruction et reconstruction passe

obligatoirement par la capacité créative. Si je peux croire aujourd’hui que mes deuils

porteront leurs fruits même dans le grand chaos émotionnel qui est le mien actuellement,

c’est grâce à la Biodanza que je pratique et que je donne. Elle est un grand message

d’espoir. Dans la danse du chaos, ou cette merveilleuse danse du phénix proposée par

Veronica Toro, notre chère directrice, il est possible de vivencier le processus créateur de

la renaissance après l’enfer. De sentir que la pulsation entre la

vie et la mort n’est pas qu’un aller, qu’il est possible de prendre

un billet retour. J’ai appris que la grande difficulté dans le deuil

n’est pas d’en sortir, mais d’y entrer, en acceptant la souffrance

que cela comporte car c’est la condition sine qua none pour

émerger du profond désespoir dans lequel nous sommes plongés,

est d’accepter que celui-ci nous traverse totalement.

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Au-delà de la créativité dans les domaines artistiques, la Biodanza avance l’acte de vivre

comme un acte créatif de chaque jour qui ne va pas sans le courage existentiel. Le simple

fait de marcher, c’est déjà s’approprier son mouvement et sa vie. C’est entrer dans sa

maison, s’approprier ce moi qui sent, qui respire, alors je commence à choisir, à être acteur

et créateur de ma vie. Je suis en chemin à chaque pas vers quelque chose de nouveau. Je

pourrais prendre chaque exercice de Biodanza et explorer ce qu’il amène de ferment pour

créer, mais cela est un autre sujet de monographie…

Deuxième partie : relation et intégration

I) Vivre et aimer

« Que faisons-nous sur cette terre ? Quelqu’un peut-il répondre à cette question ? » Question de Raùl Terren à son auditoire au symposium de Boulouris juin 2009 au début de sa conférence : spiritualité et mystique biocentriques.

Un grand silence a suivi cette question essentielle sur la recherche du sens de la vie. Au-

delà du mystère de la vie, il y a le cadeau précieux qui nous est

donné, celui d’être vivant. La Biodanza nous invite à sentir

profondément la vie qui nous anime. Etre relié à soi, aux autres et à

ce qui nous entoure donne tout son sens à la vie. J’avais envie de me

lever cependant et de dire la réponse qui me venait immédiatement

à l’esprit : « Nous sommes là, sur cette terre pour une seule chose :

l’AMOUR ! » L’affectivité est profondément enracinée dans la structure identitaire de

l’individu. Parmi les facteurs environnementaux qui participent à la structuration de

l’identité, l’affectivité occupe une place très importante, elle détermine l’évolution

complète de l’être humain, de l’étape intra-utérine à la maturité. C’est elle aussi, qui

constitue la base de développement des capacités d’adaptation à l’environnement et la

construction des représentations du monde, il s’agit bien là de l’élaboration de

l’INTELLIGENCE EMOTIONNELLE. Au bout du compte, quand on se retrouve en face du

mystère de la vie que reste-t-il ? Les gains matériels, les victoires sur l’autre, le cynisme,

les vengeances ou l’amour donné et reçu ? Qu’est-ce qui en vaut le jeu et la chandelle ? « Quand je danse, je ressens une joie indescriptible, je me sens entière. Mais c’est surtout dans le contact visuel et dans la communication affective. Je sens que cela s’ouvre à l’intérieur. » Gina facilitatrice depuis peu

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Je ressens, comme Rolando le dit, combien notre monde est en

crise. Il suffit d’écouter et de regarder pour voir combien la

violence a gagné du terrain, au niveau de la famille, tout près de

nous dans nos villes et entre les nations et les peuples. Oui, la

difficulté d’aimer et d’être aimé est ostensible. En France, le

nombre de personnes qui vivent seules et sans une relation d’amour

augmente d’année en année. La solitude, le stress, la dépression sont

les états les plus fréquents de l’homme civilisé. Pourtant l’homme est fait pour créer, rire,

échanger, être avec ses congénères, faire l’amour… Merci Rolando d’avoir eu cette idée

magnifique de redonner la PERMISSION aux hommes et femmes d’aimer et d’être aimés. La vie ne trouve son sens que dans la relation car l’être humain est un être de relation.

« …être pleinement là, vivant et ému, relié aux autres par un sentiment de solidarité,

d’appartenance, de fraternité, de respect et de vénération, ressentant les sentiments de

base de l’éthique, la tendresse, la gratitude, la vénération et la compassion. » Bruno Guliani

Les méthodes thérapeutiques et méditatives apportent beaucoup à ceux qui y ont

recours. Mais le corps et les sentiments ont été les grands absents des thérapies de type

verbal pour leur grande majorité et pendant de nombreuses années. Ceux-ci n’ont été

réintégrés que récemment, longtemps, l’être humain n’était qu’un cerveau qui pense.

Rolando Toro avait eu cette intuition très tôt dans sa vie que pour soigner l’homme civilisé

malade, il fallait passer par le corps et le lien, donc par une technique qui permette aux

êtres humains de se rencontrer à nouveau et réellement, c’est-à-dire en se touchant, en

s’étreignant.

Schopenhauer dit que l’homme est un compagnon d’infortune pour ses pairs. Grâce à la

Biodanza, je ressens bien autre chose. Mes compagnons sont pour moi des compagnons de

persévérance. Les deuils que je vis auraient pu réduire à néant mes illusions, mais il n’en est

rien. A la fin de chaque vivencia, que je sois participante ou animatrice, je repars avec des

batteries rechargées. Même si j’ai fait le deuil de ma vision fantasmée de la vie, même si je

sais la précarité de celle-ci, les regards remplis de compassion, les mains tendues, les

étreintes, les caresses, les paroles gratifiantes, les témoignages d’amour que je reçois

dans les deux cas sont un baume qui lentement cicatrice ma blessure.

« Au début, ce n’était pas évident de toucher les autres, du fait que c’était avec des gens que je ne connaissais pas. Cela donne une autre perspective du contact grâce à la musique et la relation. Cela m’aide dans la conscience de moi-même, de mon corps. A présent je vais plus facilement poser ma main sur l’épaule d’une amie pour dire que je suis là, qu’elle peut compter sur moi. » Pauline biodanseuse depuis quelques mois

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L’homme contemporain perd le réflexe de la relation jusqu’à même parfois développer

une pathologie de la communication gestuelle. Il est essentiellement dans l’action. Toujours

affairé, informé, agissant, il passe à côté de l’autre sans même le voir, quand je dis l’autre,

hélas cela peut être ses plus proches. Nous sommes trop seuls au milieu du chaos collectif.

Le sourire et le regard constituent les éléments clés qui préparent le lien futur. Il y a une

façon d’être absent avec toute notre présence. Dans l’acte de ne pas

regarder, de ne pas écouter, de ne pas toucher l’autre, nous le dépouillons

subtilement de son identité ; nous sommes avec l’autre mais nous l’ignorons.

L’objectif central de la Biodanza est le lien entre les humains. Rolando a eu

ce rêve d’humaniser le monde. Cet homme était un fou et j’aime sa folie !

Voir émerger un monde meilleur… « Une utopie ! » : diront certains. Peut-

être, si le cynisme l’emporte, non si l’homme décide d’évoluer et de grandir. « La Biodanza m’a permis de parler, même si on ne parle pas en Biodanza. Par exemple, elle m’a permis de retrouver ma fille, de trouver des gestes tendres, la câliner, l’embrasser, lui dire que je l’aime, j’ai pu lui donner des paroles fortes : « Tu es formidable, je crois en toi, je t’aime. » Je me suis senti boosté pour aller avec courage dans la vie et pouvoir exprimer mes sentiments et libérer mes émotions parce que j’étais un homme de contrôle. Pouvoir m’autoriser à exprimer mes émotions et mes sentiments sans pudeur est un grand cadeau de la Biodanza. » Pierre élève facilitateur

Le génie de l’espèce n’est pas ce que nous nommons l’intelligence, mais l’AFFECTIVITE

tournée vers la tolérance, la compassion, l’amitié et l’amour. Dans le parcours de chacun se

trouvent ce que l’on pourrait nommer des « accidents » de construction de l’affect. Il est

très important de pouvoir agir et transformer les schémas installés depuis très longtemps

car ils engendrent parfois des troubles profonds de l’affectivité. Ces troubles sont à

l’origine de comportements pathologiques qui altèrent la vie

relationnelle des personnes. Ils souffrent alors et font souffrir leur

entourage parce qu’ils ne se sentent pas dignes d’être aimés ou parce

qu’ils rejettent l’autre et ne sont pas en capacité d’aimer réellement.

Développer l’affectivité par la Biodanza c’est agir, avec la musique et la

danse, à la racine même de la vie, porteuse de la nourriture essentielle.

La Biodanza crée des conditions favorables pour que l’ensemble des

écofacteurs humains puissent atteindre un niveau optimal grâce

notamment à l’affectivité parce qu’elle est le NOYAU INTEGRATEUR

DE L’HUMANITE. Un point qui n’est pas soulevé dans la théorie est :

que la Biodanza agit aussi parfois sur le regard que les hommes portent sur les femmes et

vice et versa. Parce qu’elle renforce le féminin et le masculin, mais aussi le yin et le yang,

elle permet certainement le rapprochement et la rencontre des hommes et des femmes.

« L’empreinte de mon éducation et de mon enfance et le fait d’avoir nourri entre femmes pendant longtemps une image négative des hommes a joué dans le regard que je portais sur les hommes. J’ai surtout changé ce regard sur les hommes. J’ai pris conscience de combien

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ils font de leur mieux, je les vois tels qu’ils sont avec moins de filtres et d’aprioris. » Ilona facilitatrice

II) De la peur à l’amitié

Au plus profond de tout être, soit-il privé de beauté physique,

infirme ou blessé par la haine et la frustration, existe un

ENFANT DIVIN qui attend. Le racisme est l’expression de la

peur de la différence voire de la terreur de la différence. Cette

dissociation prend de l’ampleur, c’est la banalisation de la

violence. La paix est une affaire d’essence et non de personnalité.

Notre personnalité est constituée de défenses créées en réaction à nos peurs. Notre

essence ne connaît pas la peur, elle n’a pas besoin de se défendre, elle n’exprime que de

l’amour. Tous les êtres humains se différencient par leur personnalité et se ressemblent

par leur essence. Il s’agit uniquement de trouver la CLE DU COEUR en neutralisant nos

peurs. « Petit à petit, j’ai pu voir plus l’essence de la personne, être moins dans le jugement et être plus dans l’empathie et l’acceptation des différences, plutôt que d’aller à la recherche de quelqu’un qui me ressemble avec qui je me sente plus à l’aise. Il s’est créé une ouverture. Ce processus est toujours en cours. Je peux encore revenir sur le jugement, mais d’une façon différente, plus consciente. » Ida facilitatrice débutante

« Un homme malade est un homme qui n’a pas d’amis »

Ronald Laing Pourquoi ne serait-il pas possible pour l’homme

d’écouter ce qui se passe en l’autre, sans émettre de

jugement à son égard ? Qu’est-ce qui peut empêcher

cela ? Le gonflement démesuré de son égo peut-être,

qui viendrait opacifier le miroir essentiel qu’est l’autre.

Premièrement, une des caractéristiques de l’identité

saine est la perception du semblable comme unique, différent et doté d’une valeur

intrinsèque. De plus la possibilité de comprendre ce qui nous est étranger, de se relier,

d’entrer en contact et de fusionner avec l’étranger est source de richesse car les racines

de l’identité se nourrissent de la sève de l’autre. Par le phénomène de transe et régression

la Biodanza nous permet de dissoudre l’ego, nous ne sommes plus alors « Isabelle » ou

« Rémy », nous ne sommes plus qu’un être humain, alors la peur et nos résistances

s’évanouissent. En fermant les yeux, je commence à voir avec les yeux du cœur et je peux

recevoir et donner les caresses réparatrices.

Daniel Goleman un psychologue américain qui a écrit « Cultiver l’INTELLIGENCE

RELATIONNELLE » dit que l’enjeu crucial du XXIème siècle sera d’élargir le cercle de

ceux que nous considérons comme Nous et de réduire le nombre de ceux qui nous

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apparaissent comme Eux. Le câblage de notre cerveau social nous relie

tous au noyau de notre humanité commune. L’enjeu est de comprendre

et sentir qu’être connecté à l’autre, c’est être connecté à soi. La

Biodanza cherche à développer une structure affective saine, la bonté

et la conscience éthique, cette conscience qui nous pousse à agir, non

selon une morale établie, mais dans une autonomie de pensée parce

qu’effectivement je suis dans un processus évolutif individuel mais que

par ailleurs, j’agis pour le bien de tout ce qui m’entoure. Ce niveau de

CONSCIENCE ETHIQUE se construit sur le niveau sain et saint de la relation

interhumaine : la compassion et la tendresse.

Les personnes dont l’identité se trouve altérée, ne parviennent pas à s’identifier à

l’autre, leur attitude est défensive, intolérante ou destructrice. Les expériences de la

petite enfance constituent des facteurs déterminants dans les tendances affectives

d’amour et de haine chez l’adulte. L’homme est le seul animal capable de s’organiser dans le

but de détruire avec férocité des membres de sa propre espèce.

Le GROUPE en Biodanza est un élément essentiel dans

le processus de changement car il permet

d’expérimenter de nouvelles formes de communication

et de lien affectif, il est une matrice de renaissance car

il offre la possibilité de trouver l’accompagnement, le

soutien affectif et l’autorisation qui facilite le

processus de changement. Il n’y a pas de possibilité

réelle d’évolution dans l’isolement et en dehors de la

relation. C’est la renaissance de l’homme écologique. La présence du semblable affecte

l’être à tous les niveaux, tant organiques qu’existentiels. Notre identité même se révèle

dans la présence de l’autre, en se mirant dans le reflet des autres identités. « A présent, j’ai trouvé une porte de sortie, par rapport à mon enfermement. J’ai maintenant un endroit où je peux aller à la rencontre des autres. Je sais que je peux trouver sur internet un endroit pour danser avec les autres, d’être avec les autres. C’est un grand message d’espoir. Il faudrait dire cela aux personnes âgées. Plus personne ne devrait rester seul. » Aurore biodanseuse depuis quelques mois

La Biodanza invite à mettre de la poésie dans les relations. Il n’y a pas de vérité, car

chacun a la sienne, mettre de la poésie, c’est donner cette ouverture. Il faut développer un

autre regard, pas celui de la critique négative, mais voir ce qui est bien, beau, bon dans

l’autre. Pour se découvrir et se comprendre, il suffit de regarder les liens que l’on a, que

l’on crée et la qualité de ces liens que nous engageons. Tout être humain a un bon fond. Ni mauvais, ni méchant, il n’y a que des êtres blessés, qui

souffrent et qui ont peur. Thierry Janssen

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« Avec la pratique de la Biodanza j’ai beaucoup changé. Je suis devenue énormément plus souple avec mon entourage, donc plus patiente, J’utilise plus facilement l’humour pour gérer une situation, notamment avec mon fils. Les autres bénéficient du fait que je suis globalement plus joyeuse. Je suis aussi plus tolérante, je me focalise moins sur ce que je n’aime pas chez l’autre. Je ne vais plus dans la médisance ou le jugement. Je n’ai d’ailleurs plus forcément envie de parler des autres. J’ai surtout besoin d’exprimer ce que je suis, même si je ne suis pas en forme ou au top, d’exprimer même un état de colère. Je recherche des relations authentiques où on parle de nous et pas des autres. » Blanche jeune facilitatrice

« La Biodanza a concouru grandement à me faire cheminer de manière très forte dans la rencontre avec l’autre, dans la bienveillance. J’ai grandi, je me cache moins derrière mes mots. Je me suis caché pendant longtemps, en me protégeant avec mes mots, en étant dans la communication qui était une clé facile pour moi, mais sans dire vraiment qui j’étais. La Biodanza m’a amené à rechercher la vérité et l’authenticité. Je n’y suis pas forcement tout le temps, mais l’essentiel pour moi c’est d’être en chemin et cela a changé beaucoup de chose dans mon rapport avec les autres. Par exemple, dans mes relations professionnelles, je suis entré dans l’empathie et je suis parvenu à me mettre à l’écoute de mes proches collaborateurs pour créer un groupe un peu plus vivenciel au travail. J’ai pu accepter d’être imparfait et vulnérable, trouver plus l’humilité par rapport à des projets et faire que les idées émergent du groupe.» Sylvain élève facilitateur

C’est l’autre qui te permet d’être toi-même. Le système de Biodanza est ouvert à la

communauté : la notion de « système ouvert » implique des formes de lien avec le monde

extérieur qui se caractérisent par la TOLERANCE face à la

diversité, elle inclut donc l’humanité comme telle, sans

discrimination de race, sexe, âge, état de santé, culture ou

niveau économique. « La Biodanza a été pour moi, la fin de l’isolement. Je suis solitaire et me sens intérieurement très isolée même si je suis très sociable. Maintenant je sens que la confiance est revenue. En Biodanza, on ne peut pas rester dans son isolement, il y a toujours quelqu’un pour vous sortir de cela, quelqu’un qui vient vous chercher. Pour moi cela est une vraie leçon de vie, c’était prêt en moi, mais là, je le pose en acte. » Jeanne biodanseuse depuis quelques mois

III) Contact, caresse et soin

« La peau n’est pas plus séparée du cerveau que la surface d’un lac n’est séparée de ses

profondeurs. Toucher la surface, c’est éveiller la profondeur. » Dean Juhan

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Au commencement était la caresse…La SECURITE affective est le

point de départ d’une vie de plénitude. Et c’est de cette seule

sécurité affective que peut naître le courage existentiel

indispensable pour explorer et affronter le monde. Quand on mesure

la cohérence cardiaque chez une personne, on constate que la façon la

plus simple et la plus rapide pour que le corps entre en cohérence est

de faire l’expérience du sentiment de gratitude et de tendresse vis-à vis d’autrui. Lorsque

nous nous sentons viscéralement, émotionnellement, en rapport avec ceux qui nous

entourent, notre physiologie entre spontanément en cohérence. Simultanément, lorsque

nous aidons notre physiologie à entrer en cohérence, nous ouvrons la porte à de nouvelles

manières de percevoir le monde autour de nous. C’est le cercle vertueux qu’évoquait

Maslow.

« Au moment où j’ai démarré la Biodanza, je venais de perdre ma maman et dès les premières séances certaines musiques ont été facteurs déclenchant d’émotions et de larmes. J’étais quelqu’un qui se protégeait et ne montrait pas ses émotions. Au début, j’étais très réticente par rapport au toucher, aux étreintes, aux embrassades et même aux regards. J’avais peur du jugement car je me sentais coincée au niveau de mon corps. Malgré mes difficultés, je suis restée car petit à petit j’ai pris confiance en moi et en les autres aussi. Les propositions d’exercices me convenaient, je me suis aperçue que je pouvais exprimer et lâcher des choses sans le jugement des autres et rencontrer les personnes dans la douceur et l’affectivité. » Chloé biodanseuse depuis quatre ans

L’étreinte donne la possibilité de nous soutenir dans notre humanité, c’est un acte subtil

de fusion réciproque et la caresse correspond à un BESOIN PRIMORDIAL autant chez les

animaux supérieurs de l’échelle zoologique que chez les êtres humains. C’est par le contact

des mains qui le soignent, qui le touchent que le bébé perçoit tout de l’état et des

intentions de la personne qui s’occupe de lui.

Des études très sérieuses ont montré que le simple fait d’étreindre un autre humain

équivaut à prendre une dose thérapeutique de Prozac. Thierry Janssen

« Les caresses m’apportent de la vie, de la chaleur, de l’amour, de la valeur. C’est comme

si j’étais reconnue en tant que trésor et que je pouvais reconnaître l’autre en tant que trésor que je chéris. Dans mon travail, je suis accompagnatrice et de plus en plus je laisse mon corps libre dans le contact avec les personnes que j’accompagne. J’ai des gestes reconnaissants et ressourçants comme caresser la joue, le visage avec tout l’amour qui passe par là, c’est reconnaître l’être, la consistance de l’autre. » Tamara biodanseuse depuis quatre ans

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La caresse relance la source du désir et favorise l’expression de l’identité en stimulant

l’élan et la motivation à vivre. Nous savons que les motivations existentielles se nourrissent

de la force de l’éros et du désir de donner et recevoir de l’amour. Un des besoins très

importants de l’être humain est la confiance en soi, celle-ci passe par la reconnaissance et

la caresse est un acte de reconnaissance intime. Le contact et la caresse ont un impact sur

notre corps tout entier, à la fois au niveau émotionnel et viscéral. La caresse renforce

l’estime de soi et contribue à la valorisation du corps. Sur le plan neuro-hormonal, elle

contribue à élever le tonus vital. Elle est aussi très importante pour la formation de l’image

corporelle, d’ailleurs le manque de caresse produit de sérieuses altérations de celle-ci. Les

répressions inculquées dans la petite enfance tendent à produire des « zones aveugles » ou

« zones insensibles » dans le schéma corporel.

« La pratique de la Biodanza a changé ma façon d’habiter mon corps et je l’ai retrouvé. J’ai renoué avec le toucher de mon propre corps avec quelque chose d’innocent et sauvage et des conditionnements ont sauté. La permission m’était redonnée. » Louise élève facilitatrice

« Je suis persuadée du pouvoir nourrissant et même guérisseur de la caresse. J’ai conscience de combien nous en avons tous besoin, de combien j’en ai besoin, combien j’en ai manqué, et donc comment cela ne m’était pas naturel. Cela m’a aidé dans ma vie au niveau de mes enfants et mes amis. » Blanche jeune facilitatrice

La peau n’est pas superflue, c’est certainement notre lien le plus profond. Nous savons

que la première chose qui se crée dans l’embryon est l’ectoderme avec la couche extérieure

qui est la peau et la couche intérieure qui est le système nerveux. Ces cellules sont reliées

entre elles et donc lorsqu’on touche la peau, on touche aussi la profondeur. Les premiers

instants de la vie se passent dans le berceau protecteur et

enveloppant du ventre de la mère. Nous avons tous cette empreinte de

la vie intra-utérine associée à la nostalgie du désir de fusion car in

utero le contact est permanent et la peau du bébé expérimente

uniquement ce contact direct. Au moment de la naissance, par le

passage dans le vagin, il va encore vivre ce contact enveloppant, puis il

vient à la vie et se retrouve privé de cette protection enveloppante.

On peut comprendre alors combien les caresses seront importantes

pour ce petit être dépendant. La caresse correspond à un besoin

primordial. Elle est donc la vie, elle initie, elle met en mouvement. Et c’est tout le génie de

Rolando Toro que d’avoir donné cette place à la caresse, car pour être un homme ou une

femme vraiment debout, il faut avoir trouvé ce contact. La Biodanza, en proposant des

exercices de contact, permet de réparer des souffrances produites par des manques dans

la petite enfance.

Page 36: OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

36

Le contact est une SOURCE DE SANTE, une source de vie même. Ma

fille Flora est née, après six mois dans mon ventre. Elle a été extraite

prématurément par césarienne et par nécessité médicale. Elle était née,

elle était là… mais considérée comme non viable ! Privée de trois mois de

la chaleur, de la douceur et de la sécurité de mon ventre, sortie sans le

grand passage dans le tunnel qui mène à l’air et à la vie, agressée par le

tuyau passé dans sa si petite narine pour lui insuffler l’air qu’elle ne

savait prendre, placée immédiatement dans une boîte en plastique, les mains attachées afin

qu’elle n’arrache pas instinctivement la sonde nasale qui la maintenait en vie… Elle était là,

suspendue entre la vie et la mort annoncée, au cinquième étage et moi j’étais au deuxième

étage, clouée dans mon lit du fait que j’étais très affaiblie par la césarienne…

Je voudrais remercier profondément ce médecin qui est venu, au lendemain de la

naissance de Flora, me chercher et me transporter dans mon lit avec ma perfusion, pour me

faire entrer dans ce service néonatal par une petite porte prévue à cet effet par ses bons

soins, pour déposer ma fille dans mes bras. A ce moment, je n’ai pas parlé, pas prononcé un

seul mot, car aucun mot n’est venu. J’ai juste caressé mon enfant : un moment d’éternité,

gravé, engrammé. Flora est restée sept mois à l’hôpital dont 4 mois intubée dans la

couveuse. Son corps était nu et pendant ces 4 mois, tous les jours je lui ai parlé, je lui ai

chanté des chansons, raconté la vie et surtout je l’ai touchée, caressée et massée…

L’enfant non viable a vécu 20 ans ! « La caresse m’a fait entrer dans la fusion. J’ai ressenti que l’humanité de l’autre m’était plus accessible par la caresse et que cela venait progressivement. Au début, c’est toujours précautionneux et craintif, mais ensuite cela produit quelque chose d’extraordinaire : la fusion, l’autre est comme moi. J’aime aussi ressentir le plaisir de l’autre. » Anna jeune facilitatrice

« Dans mon travail, je touche beaucoup les gens, mais à présent, je suis devenu plus enveloppant avec les personnes âgées avec lesquelles je travaille. J’ai des gestes tendres qui me rapprochent davantage d’elles. » Théo élève facilitateur

IV) Les neurones de l’amour

D’une part, chaque interaction avec un autre est l’occasion de découvrir qui nous sommes

et chaque personne rencontrée peut devenir un éclaireur essentiel qui nous montre une

partie de ce tout que nous aimerions bien reconstituer, d’autre part la générosité ouvre le

canal cosmique de l’abondance, c’est en donnant que l’on reçoit. La chose la plus utile pour

nous et pour la vie que nous puissions faire, c’est entrer en relation généreuse avec l’autre.

De toute façon nous sommes faits pour cela, notre cerveau est fait pour cela et les

avancées dans le domaine des neurosciences le prouvent aujourd’hui.

Page 37: OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

37

Notre CERVEAU est « NEURO-SOCIAL ». Cela signifie que nos

neurones sont sans arrêt en résonance avec ceux des autres, c’est

ainsi qu’il se structurent. Actuellement des articles paraissent

dans des revues et nous permettent d’avoir accès aux dernières

avancées des neurosciences. Il est intéressant de constater que

ces avancées viennent renforcer les fondements de la Biodanza

qui s’appuient déjà largement sur les sciences humaines. Nous assistons à la naissance d’une

nouvelle discipline : la neuroscience sociale. Elle nous indique déjà que nos neurones ont

absolument besoin de la présence physique des autres et d’une résonance empathique avec

eux. Nous attrapons les émotions des autres comme des virus. Sitôt que nous entrons en

relation avec quelqu’un, des millions de nos neurones cherchent, littéralement à « se

brancher sur la même longueur d’onde » que les siens.

Sur le chemin de guérison de mon deuil, être et danser avec les autres me permet de ne

pas perdre le sens, alors les neurones de l’amour deviennent pour moi les neurones du sens,

ils me raccrochent à la vie, me permettent de percevoir les ressources d’amour et

d’énergie que j’ai à ma disposition au-delà de mes pertes. Cela me donne de l’espoir en ma

capacité à consacrer mes ressources à la relation aux autres et à investir à nouveau dans le

monde des vivants. A l’heure du bilan, au bout du chemin de reconstruction je commence à

évaluer que certes mes pertes sont considérables, mais dans vos yeux, quand vos corps

viennent étreindre le mien, mon être recommence à croître, mes neurones perdus ou

désorganisés par l’immense peine sont replacés et remplacés. « Pour moi, le premier cours a été très étonnant. Je voyais tout le monde se prendre dans les bras. Je me suis dit « Je ne fais pas partie du groupe ! » Cela va encore être tout un apprentissage d’appartenance. Le fait de devoir mettre toute ma sociabilité en marche, m’inquiétait. Quelques personnes sont venues vers moi, elles se sont présentées, m’ont embrassée. J’ai trouvé cela sympa et j’ai décidé de jouer le jeu. Je me suis dit que ces gens étaient chez eux, dans leur fonctionnement. J’arrivais pour découvrir, donc j’ai laissé tomber mon jugement et mon appréhension. Si cela doit marcher, c’est à eux de me montrer le chemin. » Jeanne biodanseuse depuis quelques mois

La nouvelle vedette des neurosciences qui est à la base de tout cela est le neurone

miroir découvert par le neurologue italien Giacomo Rizzolati (1996). Dès la naissance, notre

cerveau mime les actions qu’il voit accomplir par l’autre. Nous pouvons être immobiles et

silencieux alors qu’à l’intérieur, nos neurones « dansent ». En lisant cela récemment dans un

article d’une revue scientifique, j’ai immédiatement pensé aux démonstrations en Biodanza

faite par le facilitateur. Personnellement, je me sens entrer en vivencia en regardant la

personne qui anime la séance. J’en mesurais déjà toute l’importance en le constatant, mais

lire ces explications sur les neurones miroirs m’a permis de comprendre mieux encore ce

phénomène. L’autre nom que les neurologues donnent à ces neurones en fuseaux est

« neurones de l’amour ».

Page 38: OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

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Notre cerveau est un organe neurosocial et selon le type de relations que nous avons

l’habitude de vivre, nos réseaux de neurones ne sont pas structurés de la même façon.

Nous avons donc grand intérêt à développer notre intelligence relationnelle. Je dis

toujours à des gens qui viennent découvrir la Biodanza que c’est un moyen d’épanouissement

personnel mais avant tout relationnel. J’ai appris en discutant avec un québécois, que dans

son pays on disait un moyen de croissance personnelle, on peut donc dire aussi un moyen de

croissance collective. Beau programme !

Des neuropsychiatres américains ont étudié des couples ou des mères

avec leur enfant. Ils ont démontré des effets positifs profonds

provoqués par un long baiser amoureux ou les échanges tendres entre

la mère et son enfant comme la montée en flèche des anticorps

gardiens du système immunitaire. Des effets positifs sont observés juste par l’échange de

regards aussi. Gageons que des échanges entre deux individus qui

ressentent de l’amitié, de l’empathie dans un lien authentique avec

les personnes de leur groupe hebdomadaire de Biodanza font

augmenter les anticorps de leur système. Rolando Toro l’affirme et

les neurosciences le confirment.

Troisième partie : un art de vivre

I) Danser et vivre intensément

La Biodanza : « C’est une formidable technique d’épanouissement et une

REEDUCATION à l’art de vivre, une sorte de culture intensive de la

pulsion de vie. C’est une invitation à plonger pleinement dans la vie à

faire l’expérience de la condition humaine, avec tout ce que cela

comporte de joie, de souffrance, d’attachement, de passion, de chaos,

d’émotion et d’expression. La Biodanza se propose de renforcer

l’identité, afin que nous puissions traverser la souffrance inhérente à

la vie sans être détruit par elle. Son génie est d’aller puiser à la source

même du désir : l’amour de la vie. Elle nous amène à jouir de cette

mystérieuse, tragique et absolue merveille : la vie et nous invite à

habiter le monde comme un poète. » Voici les mots de Rolando, ils font

totalement échos en moi. Je peux témoigner combien la Biodanza m’a

apporté pendant ces mois de souffrance que je viens de traverser. Si

je suis debout aujourd’hui, je le dois à mon compagnon d’Amour Rémy qui m’a rejoint sur la

route de la facilitation en entrant à l’école de Biodanza, je le dois aussi aux dizaines d’amis

de la Biodanza qui m’ont soutenue avec tout leur cœur, ouvert au lien par la Biodanse.

Page 39: OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

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Durant le dernier stage de ma formation de facilitatrice, je suis passée dans deux

tunnels avec grand bonheur : le tunnel de qualification et celui qui mène dans le monde des

facilitateurs. J’ai été accueillie et portée en triomphe par quatre facilitatrices qui sont des

femmes que j’apprécie beaucoup et j’ai contacté une émotion énorme de bonheur. J’ai été

en joie pendant tout ce week-end et reconnecter cela était si bon pour moi, surtout à ce

moment important de fin de formation. Là encore est la force de la Biodanza. Je le répète,

je ne crois pas au hasard et si la Biodanza est entrée dans ma vie, puis ensuite l’école de

Bourgogne, c’est parce qu’il me fallait cela. Cette rencontre s’est faite à la plus grande

bifurcation de ma destinée. Sans la Biodanza, je me serais peut-être perdue. Je ne peux

l’affirmer, mais j’ai cependant ce sentiment profond que je lui dois beaucoup, qu’elle m'a

permis de sortir de ce premier tunnel celui du désespoir provoqué par cette perte cruelle.

Cet événement est le déclencheur de la plus grosse fracture identitaire que j’ai vécue. Dix

mois plus tard je suis là, vivante et facilitatrice. Et je témoigne que la Biodanza m’a permis

de colmater autant que faire se peut, l’hémorragie provoquée au cœur de mon identité. Je

suis bien sûr convalescente encore, mais je sais aujourd’hui que la souffrance ne me

détruira pas.

Parce que des dizaines de femmes et d’hommes m’ont soutenue dans mon cours

hebdomadaire et dans le groupe de l’école, j’ai pu vivre des VIVENCIAS INTEGRANTES. Il

y a des vivencias qui produisent des désorganisations et, par conséquent, des troubles au

niveau organique ou psychique, il y a au contraire des vivencias

d’intégration qui favorisent une élévation du niveau de santé et de

vitalité. La méthodologie de la Biodanza consiste à induire des

vivencias intégrantes par la musique, le chant, le mouvement et des

situations de rencontre en groupe. Le cadre affectif et respectueux

est nécessaire. « La première séance a été difficile, j’étais perturbée par les regards et la proximité avec les gens. La séance a remué plein de choses, mais je me suis dit que cela devait pouvoir m’apporter de choses positives et très vite la confiance qui s’est installée dans le groupe m’a permis de décider de rester, Après, dans ma vie de tous les jours j’ai pu regarder les gens vraiment dans la rue et pour moi, c’était de petites victoires. Quand je sors d’une séance je me sens mieux. J’aime les relations qui s’installent et le fait de rencontrer de nouvelles situations à chaque fois. Ce que j’apprécie, c’est un tout : les partages du début, certaines danses qui me permettent d’avancer. A chaque fois j’avance et j’ai l’impression d’ouvrir des portes, même si parfois c’est perturbant. » Gaëlle biodanseuse depuis quelques mois

II) Une question de santé Les troubles et maladies modernes très répandus dans nos

civilisations occidentales, telles que la dépression, s’enracinent

très fréquemment dans des traumatismes anciens d’ordre

émotionnel. Nous savons, à présent, que le cerveau émotionnel

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fonctionne souvent indépendamment du néocortex. Le langage et la cognition n’ont sur lui

qu’une influence limitée. La seule façon de soulager les personnes de ces maux est la

REPROGRAMMATION du cerveau émotionnel en sorte qu’il soit adapté au présent au lieu

de réagir à des situations passées. A cette fin, il est souvent plus efficace d’utiliser des

méthodes qui passent par le corps et influent directement sur le cerveau émotionnel plutôt

que compter sur le langage et la raison auxquels il est assez peu perméable. La Biodanza

est une technique non verbale et totalement corporelle qui répond à cette nécessité de

reprogrammation dont le point de départ est le corps. « J’ai senti des changements énormes sur mon corps et ma relation à mon corps. J’ai gagné en souplesse et me suis réconcilié avec mon corps, cela m’a permis de trouver l’estime et d’accorder de la valeur à mon corps. Depuis deux à trois ans, je suis en meilleure santé et j’ai une sensation de bien-être, d’ouverture et un sentiment de plaisir. Ce qui est un gros morceau pour moi. C’était très important pour moi de pouvoir m’exprimer avec mon corps. » Jean biodanseur depuis 9ans C’est aussi l’aspect tactile de la Biodanza qui en fait une technique

innovante dans ses effets thérapeutiques, parce qu’elle utilise le

contact et surtout la caresse. Des études récentes ont montré que la

caresse active le système cardio-vasculaire et le système respiratoire,

qu’elle contribue à dissoudre les tensions motrices chroniques de

défense, et renforce l’action du système immunitaire. « Pendant longtemps j’avais beaucoup d’allergies, à présent j’en ai moins et cela depuis que je danse... Par ailleurs, la poussée de psoriasis que je vivais régulièrement n’est revenue qu’une seule fois et de manière réduite. Peut-être que si je n’avais pas fait de Biodanza, cela se serait développé. Pour les allergies de type rhinite, quand je suis contrariée, je peux avoir 3 éternuements et cela s’arrête. Avant cela durait la journée sans que je sache quelle était l’origine. Maintenant cela dure peu de temps et j’identifie ce qui l’a déclenché. » Marlène facilitatrice depuis quelques mois

Il est intéressant d’illustrer les effets de la Biodanza sur la santé, non pas seulement sur

l’amélioration possible de la santé, mais sur la conservation de la santé après un stress

violent. Chaque personne côtoyée vient marquer son empreinte dans notre mémoire

biologique et les personnes chères avec qui nous avons partagé des moments essentiels

pour notre construction identitaire laissent une empreinte très importante. Si nous

perdons cette personne, notre monde sensoriel est bouleversé par sa disparition, parce que

nous ne l’entendons plus, ne la touchons plus. La biologie de la personne endeuillée se trouve

donc modifiée. On peut donc dire qu’avec la disparition de l’être cher, c’est une partie de

soi qui est arrachée et emportée avec la mort. Notre monde sensoriel est vidé d’une

présence. Mais lorsqu’on est affectivement entouré, le côtoiement des autres colmate la

brèche. Je peux témoigner de cela et dire combien mes amis biodanseurs m’ont apporté en

m’étreignant, me caressant et me soutenant jour après jour, semaine après semaine et mois

Page 41: OU COMMENT LA BIODANZA PEUT TRANSFORMER L’ÊTRE

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après mois. La perte est individuelle, mais le deuil est collectif. Il exige

le soutien affectif qui stimule sensoriellement l’endeuillé. Les idées ci-

dessus sont tirées du livre « De chair et d’âme » de Boris Cyrulnik. Je

peux témoigner aussi ici, du fait qu’après plus d’un an de deuil, je n’ai eu

aucun problème de santé, pas même un rhume. Cela illustre

probablement la puissance des effets de la Biodanza sur le système

immunitaire, même sur une personne qui est logiquement dans un état

d‘immunodépression suite à une très grosse source de stress. « J’ai retrouvé le plaisir de mon corps en mouvement. J’ai été longtemps malade et avec la Biodanza j’ai récupéré des fonctions corporelles, J’ai la sensation d’avoir récupérer ma puissance et beaucoup d’énergie. » Solange élève facilitatrice

Parfois je ressens durement l’importance de toutes ces perturbations. Cela dit je constate

aussi régulièrement quand je danse combien mes réserves se réapprovisionnent. Et cela me

donne l’espoir que je pourrai dépasser cette épreuve sans dégâts graves, sans perdre la

santé et donc sans laisser la maladie me gagner. C’est un challenge ! Récemment j’ai sautillé

sur « La vie en rose » de Grâce Jones pendant plusieurs minutes à

l’occasion d’un stage de Biodanza. C’était une belle proposition

pour mesurer mon niveau de vitalité. J’ai pu évaluer mon énergie,

trouver l’air et le plaisir presque la grâce et donc la confiance. J’ai

tant besoin de contacter la confiance ! Merci Sergio.

III) Les chemins du plaisir Apprendre à jouir des petits et grands plaisirs que la vie nous offre est le plus important

de tous les apprentissages. D’ailleurs l’acte de vivre est en soi une jouissance. Le nombre de

personnes qui souffrent d’un manque de motivation à vivre est grandissant sur notre

planète et paradoxalement dans les pays où les besoins sont totalement satisfaits, voire

même à l’excès. La PERTE DU DESIR n’est alors pas rare, on observe une incapacité à

pouvoir percevoir les signaux les plus basiques de notre corps comme la faim ou le besoin

de repos. Quant au plaisir, il est encore très souvent rangé dans les placards de la honte. Il

est temps de le valoriser en tant que FORCE ORGANISATRICE. Sur le plan organique, en

même temps que le désir et le plaisir des caresses, une série de processus sont déclenchés

sur le plan neuro-hormonal qui contribuent à élever le tonus vital. La Biodanza nous

réapprend à sentir que le corps est bon, qu’il est plein de tendresse, qu’il est doué d’une

merveilleuse harmonie. Le corps est volupté et beauté intrinsèques. Par la danse, je

contacte le plaisir.

« Je suis devenue un papillon, avant j’étais dans une chrysalide. Il y a une armure qui s’est fissurée. Tout à coup, j’ai pu déployer mes ailes. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas dansé, donc j’ai éprouvé beaucoup de plaisir, avec une grande joie, comme si je devenais un papillon. Cela m’a redonné confiance. Avant j’avais l’impression que je ne pouvais plus

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bouger, que j’avais grossi. Cela m’a aussi vraiment redonné confiance en ma séduction. » Flavy, biodanseuse depuis quelques mois

Nous accédons à la connaissance de la réalité par l’information

émotionnelle et cénesthésique. Le plaisir est une des sensations

positives les plus fondamentales pour l’équilibre de l’homme.

L’apprentissage ne se situe pas qu’au niveau cognitif. Le plaisir est avant

tout une sensation corporelle et son apprentissage, son renforcement

passe donc essentiellement par le corps. Il n’est aucunement nécessaire

d’avoir recours à l’intelligence conceptuelle pour élaborer la vivencia dans laquelle il n’y a

pas de conflit, et la force de la Biodanza est d’offrir à l’homme la possibilité de vivre des

vivencias de joie, de paix, de tendresse, d’érotisme, de transcendance, d’élan vital, et

d’enthousiasme et ce, SANS JUGEMENT. Elle permet, elle autorise à se faire du bien.

C’est tout le génie de la Biodanza : donner l’autorisation d’accéder au plaisir et même au

bonheur. La sexualité et la vie sont unies par des liens indissolubles. Elle est la force

secrète qui opère au cœur de nos motivations à vivre. Eros, au sens premier, signifie Lien,

relier la Vie à la vie. Thanatos est la force de séparation : dissociation et rupture du lien.

« Je constate que mon corps est érotisé sans censure et sans jugement. La Biodanza a amplifié mes sensations d’érotisation avec la nature, avec sa beauté. J’ai aussi réussi à dédramatiser mes ressentis, mes sensations et faire la distinction entre la sensation d’érotisation et mes désirs d’engagement. Je peux avoir envie, mon désir est attisé et je m’autorise cela. Dans ma vie sexuelle je sens mon corps plus libre, plus vivant et plus orgasmique qu’avant. Je le sens plus plein dans la sensation de plaisir. Mon plaisir est moins concentré dans les parties génitales. Je sens l’énergie de vie qui circule partout et au-delà dans la connexion avec l’autre. » Nadège, biodanseuse depuis quelques années

Je voudrais une fois de plus témoigner de ma propre expérience. Au

moment où j’ai perdu ma fille, deux chemins se sont ouverts à moi : celui du

désespoir, de la dépression, de la culpabilité, du renoncement et celui de la

vie. Rémy mon compagnon et moi-même avons fait le choix de la vie. Nous

avions probablement des ressources en nous, mais la Biodanza nous a

grandement aidés. Boris Cyrulnik dit que 75% des couples qui ont perdu un

enfant se séparent dans les 18 mois qui suivent le décès de leur enfant parce que l’un et

l’autre ne s’autorisent plus le plaisir, parce que l’image de la souffrance de l’autre nourrit

celle de chacun et que cela devient insupportable. Rémy et moi, grâce à la Biodanza, nous

sommes autorisés le plaisir, le rire, la joie, la vie au-delà de la peine immense qui nous

traverse encore aujourd’hui. La vie va vers la vie. Depuis qu’elle est partie, je danse et cela

me permet de ne pas perdre le contact avec ma vie, d’affirmer ma vitalité, de nourrir mon

désir de vivre. Pour toutes ces raisons Rolando, tu es parvenu à illuminer mon destin. Au

moment où j’écris ces mots, tu viens de t’envoler pour danser avec les étoiles. Je t’envoie

toute ma gratitude.

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« La première chose qui m’a attirée dans la Biodanza, c’est le côté festif, qui m’a manqué et l’aspect grégaire, parce j’ai connu cela en étant enfant et que cela a un peu disparu de ma vie. Cet aspect de la séance où on est ensemble, on a de la joie à être ensemble, on communique et on danse, c’est la communion par la danse et le plaisir. » Céline jeune facilitatrice

La Biodanza nous permet d’accéder à toutes sortes de plaisirs et elle donne la permission

de s’abandonner à ces plaisirs sans se juger. J’ai parfois peur de perdre ma lumière dans

ma tristesse. Parfois je me sens diminuée et régulièrement j’entre dans une danse et je

trouve le plaisir dans mon mouvement dans mon corps, alors je sens toute ma féminité, ou

mon agilité, ou ma sensualité ou l’expression de ma vitalité ou parfois même tout cela à la

fois, alors j’éprouve un plaisir immense, sans aucune retenue, je me sens libre et je déploie

mes ailes. C’est cela la magie de la Biodanza ! S’autoriser à jouir, à être dans ce que l’on a

de meilleur !

VI) Expression des émotions

Aujourd’hui, l’idée que toute maladie est liée à l’émotionnel évolue de plus en plus même

dans les courants de médecine conventionnelle. Exprimer ses émotions est très important.

Les émotions ne sont pas dangereuses, mais ne pas les exprimer, les contenir ou les

réprimer est un facteur de déclenchement de maladies, car tout ce que nous inhibons peut

se manifester autrement. La maladie est un message du corps, elle est le chemin que trouve

le corps pour « dire ».

Je suis convaincue que toutes les émotions sont positives et

défend l’idée qu’il est absurde de dire qu’il en est de négatives.

Elles sont un REGULATEUR très important pour le corps, le

psychisme et l’être, elles sont toutes, une réponse adaptée pour

traverser les événements de la vie. Dans notre société certaines

sont inacceptables car elles sont considérées comme une preuve

de faiblesse. Par exemple, dans le cas d’un deuil la tristesse est

la réponse adaptée, parce qu’elle met le corps au ralenti et permet à la personne de faire le

point et de traverser le drame qui lui arrive. Nous avons désappris à ressentir car les

histoires humaines demeurent secrètes. Les hommes ne se racontent plus leurs

expériences et ne permettent plus aux plus jeunes de connaître et trouver les balises qui

permettent de traverser les événements qui peuvent surgir dans une vie humaine. Les

hommes cheminent les uns à côté des autres et ne savent plus s’accompagner. La Biodanza

permet d’exprimer et de partager à nouveau nos émotions. Alors oui, la Biodanza va

privilégier l’accès aux émotions telles que la joie et le plaisir. Cependant, il y a absolue

nécessité que l’espace soit donné à toutes les autres aussi. Une croyance répandue est que

lorsqu’on exprime la colère, la culpabilité ou la tristesse, elles s’accentuent. C’est bien tout

le contraire qui se passe, car si elles sont contenues, refoulées elles ne s’évanouissent pas,

leur énergie reste et empoisonne sournoisement le corps et la psyché. Nous entrons dans le

déni de ce qui est, alors le mécanisme qui se met en place est souterrain et l’émotion

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refoulée réapparait sous une forme parfois différente et de toute façon beaucoup plus

forte. Nous passons alors du déni à l’envahissement de l’émotion. La Biodanza nous apprend

à reconnaître, accueillir et exprimer nos émotions. Je crois qu’il est important dans sa vie

quotidienne d’apprendre à déjouer cette croyance qui consiste à penser que nous sommes

notre émotion. Nous ne sommes pas la tristesse par exemple. Il s’agit d’apprendre plutôt à

« être avec notre émotion », alors elle nous traverse, elle repart, sans s’installer et sans

devenir petit à petit maîtresse en se transformant en sentiment permanent.

Je veux encore témoigner que la reconnaissance, l’acceptation et

l’expression des émotions qui traversent l’endeuillé est la tâche la plus

importante du travail de deuil, car la reconstruction commence par

l’évacuation lente et régulière de ce mal puissant qui, s’il n’est pas exprimé,

ronge le corps et l’être. Il est essentiel que la communauté reconnaisse et

accepte cette image de la douleur, inhérente à la condition humaine, alors

seulement l’espoir que la lumière puisse revenir pourra

s’enclencher. Du chaos surgit la lumière. Les larmes sont le

symbole de la vie qui reprend, avec elles la souffrance fait le

chemin de l’intérieur vers l’extérieur sans quoi c’est la mort

qui s’installe. De cet exemple extrême, nous pouvons

appliquer la démarche pour toute émotion qui se présente

dans le cadre des événements difficiles de la vie tels que la

perte, le manque, l’échec et le deuil. Il est évident que pour

les émotions comme la joie et le bien-être, apprendre à aller

les chercher, les alimenter et les maintenir reste un objectif

essentiel en Biodanza et cela fonctionne !

« En Biodanza, j’ai appris à enlever les protections qui masquaient mes émotions volontairement par le mental, parce que j’avais appris à réprimer mes émotions. A présent, j’arrive à être touché, j’accepte de voir les larmes monter, pas forcément dans une émotion de tristesse, juste parce que je suis touché. Ce lâcher prise et le fait de contacter mes émotions, me permet de sentir, d’identifier, d’être dans l’écoute et de savoir nommer ce que je ressens, ce qui est pour moi une difficulté sur laquelle j’ai envie de travailler. » Julien élève facilitateur

Grâce aux travaux d’Arthur Jorès, nous savons que parmi les maladies que l’espèce

humaine développe, les plus nombreuses observées ne sont ni virales, ni bactériennes ou

microbiennes. Ces maladies ne sont d’ailleurs pas partagées avec les animaux. Il les nomme

maladies de civilisation. C’est parce que les émotions sont des impulsions d’origine

instinctive qui enclenchent des attitudes de rapprochement, dans les cas d’événements

perçus comme agréables, ou de rejet, dans des cas de situations perçues comme

désagréables, qu’il est vital de pouvoir les exprimer. La Biodanza permet de désactiver les

mécanismes de défense par un état général de détente qui permet aux émotions de

survenir. L’émotion de tristesse peut survenir comme celle de la joie, elle est accueillie de

la même manière. Ce qui importe alors, c’est que le participant puisse laisser son émotion

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s’écouler, que le contenant silencieux lui soit donné afin qu’il puisse sentir le soulagement et

que son identité désolée rencontre du réconfort. L’objectif est de stimuler la production

globale d’émotions de tout type dans une expression cohérente et non artificielle, en

relation et donc dans des circonstances réelles. Cependant, ce sont les émotions salutaires

de plénitude et d’affectivité qui sont principalement renforcées, bien sûr !

« En Biodanza, on ne focalise pas sur l’émotion, on la laisse passer, elle continue son chemin, on ne sait pas forcément ce qu’elle devient. Mon travail étant l’inverse, c'est-à-dire l’accompagnement de personnes dans l’identification des émotions, cela me fait beaucoup de bien de vivre cela différemment dans un contexte où on ne focalise pas là-dessus. C’est léger. » Clarisse biodanseuse depuis 4 ans

Les émotions que la Biodanza amène, sont globalement positives et

elles s’inscrivent en nous comme un germe, comme un petit soleil qui

peut illuminer la grisaille des difficultés quotidiennes. L’émotion est un

fil d’or qui nous relie au sens caché des êtres et de nous-mêmes. Au fil

des vivencias, on en saisit la fragilité et l’évanescence. Le propre de

l’émotion est de laisser une trace, d’enfouir en nous un sédiment, un

ferment qui pourra renaître et resurgir à un moment donné. La

Biodanza nous apprend à les accueillir, à les laisser nous traverser, à

faire leur œuvre de construction.

« Dans mon groupe j’ai vécu une vivencia dont le thème était « accueillir pour accepter ». Cette séance a été très importante. J’ai appris beaucoup. A présent je m’efforce dans ma vie à être moins dans la réaction spontanée et impulsive et prendre le temps d’accueillir ce qui se produit et ce qui se passe en moi aussi. Je crois que j’ai des réactions plus pacifiées. » Adeline biodanseuse depuis 5 mois

« Quand je vais à une séance de Biodanza, je ressens le sens. J’ai longtemps nourri le côté intellectuel, une façon de fuir les émotions, d’aller dans le sens habituel du schéma familial. A présent, je me pose beaucoup moins de questions et j’agis plus dans le sens de mon intuition. J’écoute plus mon âme. Je sens qu’il y a plus d’immédiateté entre ce que je ressens qui est bon et mes actions. » Clarisse biodanseuse depuis 4 ans

Les modalités d’expression de nos émotions sont différentes

d’une personne à l’autre et dépendent de l’environnement dans

lequel nous avons évolué dans l’enfance. L’expression de

l’émotion était-elle favorisée ou limitée ? Les injonctions reçues

dans l’enfance colorent notre modalité d’expression à l’âge

adulte. Dans les cas extrêmes, des personnes peuvent avoir

verrouillé fortement les manifestations émotionnelles et se couper ainsi de leur corps. La

Biodanza amène avec progressivité à dénouer ces mécanismes installés et au

réapprentissage de l’expression des émotions qui est salutaire pour maintenir l’équilibre

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interne et établir une relation cohérente avec le monde environnant. Là encore, c’est le

climat de confiance et le sentiment de sécurité que le groupe et le facilitateur amènent qui

permet aux participants de lâcher prise.

Dans la vie quotidienne nous contactons les émotions classiques telles que la peur, la joie,

la tristesse et la colère. Il est une émotion que nous ne sommes pas habitués à contacter

et qu’il est difficile de nommer, qui relève ni de la tristesse ni de la joie, mais d’une

sensation d’émerveillement qui vient nous toucher par la beauté de

quelque chose, qui repose sur quelque chose d’indéfinissable. La

Biodanza nous permet de contacter cela. Cette émotion là, nous met

en contact avec le divin, le dieu ou les dieux cachés qui nous habitent

ou nous protègent. Le rôle de l’émotion est de nous conduire un peu

plus près, tout près de l’éveil à l’amour universel. Ce chemin des

émotions peut donc nous conduire encore plus loin, jusqu’à l’extase,

c'est-à-dire la connexion avec la beauté du monde. Le véritable

chemin de l’extase est celui de l’amour en développant notre

perception afin de parvenir à voir l’âme de l’autre, c’est l’enjeu de la connexion, jusque dans

l’acte sexuel car l’amour a à voir avec la transcendance.

V) Vers le changement

Un point important du changement possible se situe au niveau de notre manière de gérer

le stress qui est une des grandes causes des maladies psychosomatiques. Le stress n’est

pas que mauvais bien sûr, il est aussi ce qui nous stimule et nous fait avancer. Cependant

des situations de grand chaos se présentent dans la vie de chacun et peuvent être ensuite

suivies de périodes de reconstruction positive. Ce qui est déterminant c’est alors la façon

dont on va gérer la situation émotionnelle que nous traversons. La Biodanza nous amène sur

le chemin des « GUERRIERS DE LUMIERE » parce qu’elle nous permet de renforcer notre

identité en développant notre créativité, notre impulsion de vie et notre estime de soi. Elle

nous réapprend à être acteur de notre vie. Elle peut progressivement permettre à des

personnes de désapprendre la détresse apprise qui consiste à penser qu’on ne peut rien sur

son environnement et que nous sommes des victimes impuissantes des événements de la vie.

Ce que nous ressentons nous sommes seuls à le produire et à l’entretenir ou à le

transformer. La souffrance que nous éprouvons parfois est produite à

l’intérieur de nous même, même si elle est générée par une violence reçue

de l’extérieur. Ce n’est donc pas tant ce qui nous arrive ou ce qui nous est

arrivé qui est important, c’est surtout et avant tout ce que nous en

faisons, comment nous laissons les événements nous atteindre. Ils nous

atteignent bien sûr, mais nous avons en nous des ressources pour lutter,

pour transformer même ce qui est le plus violent. Ce qui se produit en

nous, n’est pas dû à l’action de dieu, ni à l’effet du hasard.

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La proposition de la Biodanza est aussi de réparer notre identité quand les

enseignements appris et intégrés nous empêchent d’être heureux et autonomes. Les

objectifs visés, en tous les cas pour moi-même et dans le message que j’ai très envie de

faire passer en tant que facilitatrice sont les suivants : on ne peut éviter la peur mais on

peut alimenter son courage existentiel et développer sa capacité à la fluidité et à la

distanciation. Il est possible de rouvrir la porte aux rêves sans perdre la réalité, de

renforcer sa légèreté et sa force sans perdre l’humilité et la simplicité et de développer sa

capacité à se diriger vers ce qui est bon pour soi, pour son entourage

et pour son environnement et enfin d’être en capacité d’accepter le

mystère de la vie.

Cependant l’enjeu n’est pas un enjeu de développement personnel. Je n’accepte plus cette

expression, il n’y pas de développement personnel, il n’y a qu’une croissance collective

possible. Nous sommes tous liés les uns aux autres et notre développement ne peut être

que relationnel. Certains pensent que notre monde est malade, que l’être humain est devenu

fou, lui qui appartient à « l’espèce la plus développée »…a perdu le sens de l’essentiel, sa

nature profonde… certains même disent qu’il est en voie de disparition par sa propre folie…

Il nous faudrait donc rapidement trouver la voie de la guérison. La guérison est une

transformation, elle implique des changements dans le corps au niveau émotionnel, mais elle

est avant tout affaire d’ETAT D’ESPRIT, cet état d’esprit dans lequel nous percevons les

choses, la façon dont nous abordons la vie et dont nous percevons le monde. Changer le

monde, c’est peut-être d’abord se changer soi, en s’efforçant de se positionner dans un

rapport fécond à l’existence. Je crois beaucoup en la valeur de l’exemple, et la découverte

des neurones miroirs vient alimenter cette conception. La Biodanza est un moyen

merveilleux pour développer ce rapport fécond à l’existence. Mais n’y a-t-il pas urgence ?

« J’ai plus d’espoir en l’humanité. Avant de pratiquer la Biodanza, je m’arrêtais plus aux événements dramatiques dans le monde et j’étais vite découragée par rapport à la nature humaine. La Biodanza m’a aidée à voir la capacité d’amour qu’il y a en l’homme. Avant, j’étais plus dans la lutte, le militantisme et l’action, à présent je suis plus dans le lâcher-prise et la confiance. J’ai été réfugiée politique, j’appartenais à une génération qui voulait changer le monde. A présent, je pense qu’il faut commencer par se changer soi-même. » Méline facilitatrice

La santé est un terme qui englobe pour moi bien plus que la

santé du corps matériel. Elle concerne tout l’être, l’âme et

l’esprit. Plus des hommes et des femmes marcheront sur le

chemin de cette SANTE GLOBALE, plus notre terre pourra

elle aussi retourner sur le chemin de la santé et remplir à

nouveau son rôle de mère féconde de vie. C’est une absolue

nécessité pour l’avenir de toute forme de vie que de prendre

conscience des enjeux actuels de nos fonctionnements et donc

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des conséquences gravissimes qui peuvent en découler. « Et si l’aventure humaine devait

échouer ! » Théodore Monod

Je veux croire que l’homme peut retrouver la santé, en se

reconnectant à sa nature profonde, à son corps et à son

être, puis pour finir à son cortex, je sens combien ce

chemin de connexion lui permettra de comprendre que

prendre soin de lui commence par prendre soin de la

planète qui le nourrit. C’est pour cela que la Biodanza m’a

prise toute entière dans sa ronde. Puissent la NATURE et

la VIE redevenir nos GUIDES !

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Conclusion

J’ai fait un merveilleux parcours dans cette belle école de Biodanza de Bourgogne. Je suis

en chemin de construction de mon identité de facilitatrice qui est bien loin d’être achevée…

Le sera-t-elle un jour ? C’est cela qui me réjouit. J’ai soif et faim d’apprendre,

d’expérimenter, de créer, d’inventer et d’explorer. Je me sens VIVANTE !

Il ne suffit pas que le soleil se lève,

Encore faut-il transformer l’aube

En un jour nouveau…

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Remerciements

Merci à toi Rolando Dijon le 21 février 2010

Comment trouver les mots Rolando pour te dire toute ma

gratitude ?

Il y a seulement quelques jours, tu viens de t‘envoler pour

danser avec les étoiles et je me sens comme ta fille parce

qu’héritière de toi, héritière de ce merveilleux cadeau

d’humanité que tu nous laisses avec tout ton amour. Tu m’as

transmis des trésors. Je m’engage à les transmettre à mon

tour avec le plus grand soin et le meilleur de moi.

Révérence à toi maître et père.

Merci à vous Raùl Terrén et Véronica Toro pour tout l’amour que vous m’avez donné, pour

l’attention que vous m’avez prodiguée durant tout mon parcours de formation et ma vie

personnelle.

Merci à toi Carole Rivière pour ta discrétion associée à ta présence attentive et sans

failles, ton regard bienveillant et tes paroles gratifiantes.

Merci à vous Blandine Pillet et Yves Gendrot pour m’avoir accompagnée et guidée dans ce

bel apprentissage.

Merci à Ambre pour sa présence merveilleuse, solaire et épanouie qui me touche au plus

profond de mon âme de femme.

Merci à toi Bernard Hammond mon grand frère qui m’a montré et ouvert ce beau chemin,

pour ton accompagnement généreux, ta spontanéité et tes retours toujours si positifs et

gratifiants.

Merci à tous les biodanseurs et biodanseuses anonymes qui ont accepté de répondre à mes

questions et de livrer leur intimité afin que je puisse étayer ma monographie de leurs

témoignages précieux.

Merci à vous tous mes compagnons de formation pour nos partages nourrissants et pour

votre merveilleux soutien dans mes épreuves.

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Merci à vous mes amis de mon groupe hebdomadaire pour tous les partages, pour votre

soutien et votre présence dans ma vie.

Merci à vous mes amis de notre groupe du jeudi que nous animons Fabienne est moi, merci

pour votre confiance, votre engagement et tout ce que m’avez appris.

Merci à toi Marie-Noëlle Faure pour ta présence généreuse et chaleureuse à Dijon, ton

soutien et tes conseils nombreux et généreux.

Merci à toi Eveline Alaume pour ton accompagnement et tes retours bienveillants,

généreux et tendres sur mes écrits (compte rendus et monographie).

Merci à toi Fabienne Albert pour m’avoir offert ta main tendue au pire moment de ma vie.

Sans toi, je n’aurais probablement pas eu la force de me lancer dans l’aventure d’ouvrir un

groupe hebdomadaire. Ensemble, nous avons créé, nous nous sommes ajustés pour que notre

beau groupe naisse, vive et croisse. J’ai un immense bonheur à vivre cela et ma gratitude

envers toi est égale à ce bonheur.

Merci à vous mes superviseurs attentifs pour vos conseils prodigués avec bienveillance :

Eveline Alaume, Marie- Noëlle Faure, Christine Joussain, Zoune Fischbach, Paula Roulin et

Alain Lauwaert.

Merci vous tous les facilitateurs qui sont venus régulièrement à l’école pour nous

accompagner et nous montrer les différentes facettes de la facilitation : Eveline Alaume,

Marie- Noëlle Faure, Christine Joussain, Isabelle Jacob, Florence Vasseur, Véronique

Granier, Claudine Soulier, Valérie Richard, Marguarita Suarez Vargas, Zoune Fischbach et

Philippe Guibert.

Merci à l’humanité et à la terre qui me donne le sens.

Merci à toi Rémy mon Amour pour m’avoir regardée me lancer dans cette aventure avec

amour, pour avoir accepté de venir un jour danser avec moi, puis un autre jour et un autre

encore et pour avoir décidé à ton tour d’entrer sur ce chemin. Nous partageons bien des

choses depuis 16 ans, l’Amour, le bonheur et le malheur. Tu es l’un des plus cadeaux de ma

vie. Un jour prochain nous danserons au centre tous les deux. Cela aussi l’univers le sait…

Merci à vous tous les miens qui m’ont accompagnée dans la peine. Puissent-ils tous danser

leur vie et la fleurir à l’aube d’un jour nouveau !

Merci à toi, mon père que je pardonne pour toute ta misère.

Merci à ma mère chérie Yvette et à ma fille chérie Flora pour tout l’amour, le courage, la

tendresse que vous m’avez transmis. Je vous aime du plus profond de moi.

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Bibliographie

- « Biodanza » de Rolando Toro

- « L’homme qui parlait aux roses. » de Rolando Toro

- L’ensemble des fascicules de la formation d’école des facilitateurs.

- « L’éveil du cœur » Bruno Giuliani

- « parler d’amour au bord du gouffre » de Boris Cyrulnick

- « De chair et d’âme » de Boris Cyrulnick

- « Le travail d’une vie » de Thierry Janssen

- « Vivre en paix » de Thierry Janssen

- « Le courage d’être soi » Jacques Salomé

- « Guérir » de David Servan-Schreiber

- « Parents en deuil » de Harriet Sarnoff Schiff

- « Sur le chagrin et le deuil. » d’Elisabeth Kübler-Ross et David Kessler

- « De l’autre côté des larmes. » Suzanne Pinard

- « Introduction à la psychologie positive » de Jaques Lecomte