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S170 Nutrition clinique et métabolisme 27 (2013) S57–S175 / Cahiers de nutrition et de diététique 48 (2013) S57–S175 intensifs de chirurgie digestive et hépatique nous nous sommes interrogés sur le délai nécessaire pour couvrir totalement les besoins nutritionnels des patients. En référence à la littérature scientifique, nous avons choisi un délai de 72 h et vérifier sa faisabilité. Matériel et méthodes. – 207 patients ont été inclus de façon rétrospective entre septembre 2012 et avril 2013, avec un ratio de 130 hommes pour 77 femmes. La moyenne d’âge est de 67 ans, avec extrêmes de 19 ans à 99 ans. La durée moyenne de séjour est de 7 jours. Nous détermi- nons la dépense énergétique de repos des patients en fonction des équations de Harris & Benedict. Nous obtenons le BE à l’aide des facteurs de corrections que sont l’agression et l’activité. Nous relevons les prescriptions médicales nutritionnelles (feuille de prescription), le poids (feuille de soins infirmiers), la traçabilité et le respect de la nutrition entérale et parentérale (feuille de soins infirmiers), la surveillance et la quantification des ingesta per os de chaque patient (feuille de surveillance alimentaire). Ces informations sont recueillies deux fois par semaine par une équipe de 3 diététiciens qui assistent au staff multidisciplinaire. Enfin, ces éléments sont retranscris dans un tableur accessible sur le réseau informatique par le personnel médical et paramédical. Dans celui-ci figurent également les remarques et propositions dié- tétiques en vue d’éventuels ajustements de prescription. Ces don- nées nous permettent de savoir si le BE est couvert ou non à 72 h. Résultats. – Tous les patients ont subi une chirurgie digestive : 38 % hépatique, 17 % colique, 16 % pancréatique, 16 % œsogas- trique et 13 % autre. Au total 67 % des patients opérés sont atteints d’un cancer. Selon les critères de l’HAS, 1/3 des patients sont dénutris bien que 2/3 soient sous nutrition artificielle en raison des facteurs de risque de dénutrition existants. 80 % de ces patients sont sous nutri- tion parentérale exclusive et 20 % sous nutrition entérale exclusive. Le BE n’est pas couvert pour plus de la moitié des patients à la 72 e heure (cf Fig 1). Conclusion. – D’une part la prescription médicale n’a pas suivi le calcul du BE, que ce soit pour des raisons médicales (patient en surcharge hydrique, dénutrition sévère avec le risque de syndrome de renutrition…) ou par un investissement médical peut être insuf- fisant dans la prise en charge nutritionnelle. D’autre part les prescriptions médicales ne sont pas respectées pour de multiples raisons : soit du fait du patient (mauvaise tolé- rance) soit liées à des paramètres externes (examens, jeûne intem- pestif ou pas…). Cette étude basée sur des cibles on/off ne permet pas d’évaluer le pourcentage de BE réellement atteint à la 72 e heure, ni de savoir en combien de temps le BE est finalement obtenu. Ce sera le thème d’une nouvelle étude. Référencesþ: Traité de nutrition artificielle de l’adulte SFNEP ed Springer 2010. Recommandations professionnelles de l’HAS, avril 2007. Facteurs de dénutrition péri-opératoire SFAR, SFNEP 2010. P232 Prescription d’Oral Impact ® et état nutritionnel en préopératoire des cancers digestifs : les recommandations des sociétés savantes sont-elles appliquées ? S. Verret 1,* , B. Verges 1 , P. Ortega-Deballon 2 , M.-C. Brindisi 1 1 Endocrinologie, 2 Chirurgie digestive, CHU de Dijon, Dijon, France Introduction et but de l’étude. – La dénutrition est fréquente chez les patients opérés pour un cancer digestif et s’associe à la mor- bidité postopératoire. Le concept de l’immunonutrition est apparu dans les 10 dernières années dans le monde de la chirurgie digestive cancérologique. Même en l’absence de dénutrition, il y a un intérêt prouvé à réaliser une immunonutrition préopératoire. En raison de preuves scientifiques solides, la Société Française de Chirurgie Digestive a réalisé des recommandations en 2005 qui ont été confir- mées en 2012 par la Société Française de Nutrition Entérale et Parentérale et la Société Française d’Anesthésie et Réanimation. Matériel et méthodes. – Ce travail consiste en une enquête de pratiques concernant le dépistage de la dénutrition et la prescription d’Oral Impact ® en préopératoire chez 240 patients porteurs d’un cancer digestif dans le service de cancérologie digestive du CHU de Dijon de mars 2010 à décembre 2011. Les données proviennent des dossiers des patients et de la CPAM de Bourgogne Franche-Comté. Résultats. – La prévalence de la dénutrition dans ce travail était de 37,6 %. Les données recueillies auprès de la CPAM faisaient état de 64,5 % de prescription préopératoire d’Oral Impact ® pour les patients ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour un cancer digestif entre mars 2010 et décembre 2011. Conclusion. – En 5 ans, le concept de l’immunonutrition s’est solidement affirmé en chirurgie cancérologique. La prescription préopératoire d’Oral Impact ® sur la période étudiée est encore suboptimale par rapport aux recommandations. Il est nécessaire de systématiser cette prescription dans chaque centre prenant en charge des cancers digestifs. Référencesþ: X. Hebuterne, E. Lemarié, M. Michallet, C. Beauvillain de Montreuil, F. Gold- wasser. La prévalence de la dénutrition est particulièrement élevée au cours des cancers digestifs : résultats d’une enquête nationale un jour donné. 2007 SNFGE. Haute Autorité de Santé – ORAL IMPACT – 13 juillet 2010 (2642) avis [Inter- net]. Available from: http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_973415/oral- impact-13-juillet-2010-2642-avis. Braga M, Gianotti L, Nespoli L, Radaelli G, Di Carlo V. Nutritional approach in malnourished surgical patients: a prospective randomized study. Arch Surg. 2002 Feb;137(2):174-80. Chambrier C, Sztark F. French clinical guidelines on perioperative nutrition. Up- date of the 1994 consensus conference on perioperative artificial nutrition for elective surgery in adults. Journal of Visceral Surgery. 2012 Oct;149(5):e325 – e336. P233 Évaluation de la pertinence de l’indication et de la qualité de prescription de la nutrition parentérale X. Malmezat 1,* , C. Castel 2 , V. Chedru-Legros 2 , T. Gautier 3 , A. Alves 3 , E. Vastel 1 , M. A. Piquet 1 , C. Joubert 1 1 Unité Transversale de Nutrition Clinique, 2 Pharmacie, 3 Chirugie digestive, CHU DE CAEN, Caen, France BE atteint à 72 h OUI NON Non exploitable Pancréatique 13 % 54 % 33 % Hépatique 7% 50 % 43 % Colique 9% 64 % 27 % Oeso +gastrique 0% 59 % 41 % Divers 6% 61 % 33 %

P232 Prescription d’Oral Impact® et état nutritionnel en préopératoire des cancers digestifs : les recommandations des sociétés savantes sont-elles appliquées ?

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S170 Nutrition clinique et métabolisme 27 (2013) S57–S175 / Cahiers de nutrition et de diététique 48 (2013) S57–S175

intensifs de chirurgie digestive et hépatique nous nous sommes

interrogés sur le délai nécessaire pour couvrir totalement les besoins

nutritionnels des patients.

En référence à la littérature scientifique, nous avons choisi un

délai de 72 h et vérifier sa faisabilité.

Matériel et méthodes. – 207 patients ont été inclus de façon

rétrospective entre septembre 2012 et avril 2013, avec un ratio de

130 hommes pour 77 femmes.

La moyenne d’âge est de 67 ans, avec extrêmes de 19 ans à

99 ans. La durée moyenne de séjour est de 7 jours. Nous détermi-

nons la dépense énergétique de repos des patients en fonction des

équations de Harris & Benedict. Nous obtenons le BE à l’aide des

facteurs de corrections que sont l’agression et l’activité.

Nous relevons les prescriptions médicales nutritionnelles (feuille

de prescription), le poids (feuille de soins infirmiers), la traçabilité

et le respect de la nutrition entérale et parentérale (feuille de soins

infirmiers), la surveillance et la quantification des ingesta per os de

chaque patient (feuille de surveillance alimentaire).

Ces informations sont recueillies deux fois par semaine par une

équipe de 3 diététiciens qui assistent au staff multidisciplinaire.

Enfin, ces éléments sont retranscris dans un tableur accessible

sur le réseau informatique par le personnel médical et paramédical.

Dans celui-ci figurent également les remarques et propositions dié-

tétiques en vue d’éventuels ajustements de prescription. Ces don-

nées nous permettent de savoir si le BE est couvert ou non à 72 h.

Résultats. – Tous les patients ont subi une chirurgie digestive :

38 % hépatique, 17 % colique, 16 % pancréatique, 16 % œsogas-

trique et 13 % autre. Au total 67 % des patients opérés sont atteints

d’un cancer.

Selon les critères de l’HAS, 1/3 des patients sont dénutris bien

que 2/3 soient sous nutrition artificielle en raison des facteurs de

risque de dénutrition existants. 80 % de ces patients sont sous nutri-

tion parentérale exclusive et 20 % sous nutrition entérale exclusive.

Le BE n’est pas couvert pour plus de la moitié des patients à la

72e heure (cf Fig 1).

Conclusion. – D’une part la prescription médicale n’a pas suivi

le calcul du BE, que ce soit pour des raisons médicales (patient en

surcharge hydrique, dénutrition sévère avec le risque de syndrome

de renutrition…) ou par un investissement médical peut être insuf-

fisant dans la prise en charge nutritionnelle.

D’autre part les prescriptions médicales ne sont pas respectées

pour de multiples raisons : soit du fait du patient (mauvaise tolé-

rance) soit liées à des paramètres externes (examens, jeûne intem-

pestif ou pas…). Cette étude basée sur des cibles on/off ne permet

pas d’évaluer le pourcentage de BE réellement atteint à la 72e heure,

ni de savoir en combien de temps le BE est finalement obtenu. Ce

sera le thème d’une nouvelle étude.

Référencesþ:Traité de nutrition artificielle de l’adulte SFNEP ed Springer 2010.

Recommandations professionnelles de l’HAS, avril 2007.

Facteurs de dénutrition péri-opératoire SFAR, SFNEP 2010.

P232Prescription d’Oral Impact® et état nutritionnel en préopératoire des cancers digestifs : les recommandationsdes sociétés savantes sont-elles appliquées ?S. Verret1,*, B. Verges1, P. Ortega-Deballon2, M.-C. Brindisi1

1Endocrinologie,2Chirurgie digestive, CHU de Dijon, Dijon, France

Introduction et but de l’étude. – La dénutrition est fréquente

chez les patients opérés pour un cancer digestif et s’associe à la mor-

bidité postopératoire. Le concept de l’immunonutrition est apparu

dans les 10 dernières années dans le monde de la chirurgie digestive

cancérologique. Même en l’absence de dénutrition, il y a un intérêt

prouvé à réaliser une immunonutrition préopératoire. En raison de

preuves scientifiques solides, la Société Française de Chirurgie

Digestive a réalisé des recommandations en 2005 qui ont été confir-

mées en 2012 par la Société Française de Nutrition Entérale et

Parentérale et la Société Française d’Anesthésie et Réanimation.

Matériel et méthodes. – Ce travail consiste en une enquête de

pratiques concernant le dépistage de la dénutrition et la prescription

d’Oral Impact® en préopératoire chez 240 patients porteurs d’un

cancer digestif dans le service de cancérologie digestive du CHU de

Dijon de mars 2010 à décembre 2011. Les données proviennent des

dossiers des patients et de la CPAM de Bourgogne Franche-Comté.

Résultats. – La prévalence de la dénutrition dans ce travail était

de 37,6 %. Les données recueillies auprès de la CPAM faisaient état

de 64,5 % de prescription préopératoire d’Oral Impact® pour les

patients ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour un cancer

digestif entre mars 2010 et décembre 2011.

Conclusion. – En 5 ans, le concept de l’immunonutrition s’est

solidement affirmé en chirurgie cancérologique. La prescription

préopératoire d’Oral Impact® sur la période étudiée est encore

suboptimale par rapport aux recommandations. Il est nécessaire de

systématiser cette prescription dans chaque centre prenant en charge

des cancers digestifs.

Référencesþ:X. Hebuterne, E. Lemarié, M. Michallet, C. Beauvillain de Montreuil, F. Gold-

wasser. La prévalence de la dénutrition est particulièrement élevée au cours

des cancers digestifs : résultats d’une enquête nationale un jour donné. 2007

SNFGE.

Haute Autorité de Santé – ORAL IMPACT – 13 juillet 2010 (2642) avis [Inter-

net]. Available from: http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_973415/oral-

impact-13-juillet-2010-2642-avis.

Braga M, Gianotti L, Nespoli L, Radaelli G, Di Carlo V. Nutritional approach in

malnourished surgical patients: a prospective randomized study. Arch Surg.

2002 Feb;137(2):174-80.

Chambrier C, Sztark F. French clinical guidelines on perioperative nutrition. Up-

date of the 1994 consensus conference on perioperative artificial nutrition for

elective surgery in adults. Journal of Visceral Surgery. 2012 Oct;149(5):e325

– e336.

P233Évaluation de la pertinence de l’indication et de la qualité de prescription de la nutrition parentéraleX. Malmezat1,*, C. Castel2, V. Chedru-Legros2, T. Gautier3, A. Alves3,

E. Vastel1, M. A. Piquet1, C. Joubert1

1Unité Transversale de Nutrition Clinique,2Pharmacie,3Chirugie digestive, CHU DE CAEN, Caen, France

BE atteint à 72 h OUI NON Non exploitable

Pancréatique 13 % 54 % 33 %

Hépatique 7 % 50 % 43 %

Colique 9 % 64 % 27 %

Oeso +gastrique 0 % 59 % 41 %

Divers 6 % 61 % 33 %