ELSA FLORET

Kugler Bimétal est un cas d’écoled’une entreprise industrielle, quiétait en très grande difficulté fi-nancière et qui a réussi à recou-vrer les chiffres noirs. Une pé-riode de cinq ans a été nécessairepour permettre au nouveauCEO, Jérôme Chanton et seséquipes de redresser la barred’une activité très cyclique. Ku-gler Bimetal reste très exposé auxcycles économiques, de plus enplus courts et de forte amplitude.Aujourd’hui, Kugler Bimétal,une des dernières fonderies deGenève (hors horlogerie) est fièrede communiquer sur ses chiffres.Et pour cause: sur les 5 dernièreannées, le bénéfice par employéde Kugler Bimétal, a augmentéde 1233% et l’Ebitda par employéde plus de 140%, dans une pé-riode impactée par la force dufranc suisse.La fonderie familiale située à Ver-nier offre des solutions tribolo-giques à forte valeur ajoutée etréalise 80% de son chiffre d’af-faires à l’export, dont 60% dansla zone euro.Le portefeuille de clientèle est di-versifié avec 80% du chiffre d’af-

faires - compris entre 15 et 20millions de francs en 2016 - réa-lisé par une trentaine de clients.

Le sauvetage de Kugler BimétalIl est lié à une méthode du mana-gement, ADN de Kugler Bimé-tal, qui se focalise sur l’améliora-tion continue et l’agilité. JérômeChanton et son équipe ont miten place une organisation matri-

cielle responsabilisant les em-ployés, permettant ainsi des gainssubstantiels de productivité, sansdélocaliser, mais avec une dizainede licenciements.La pression déflationniste sur lesprix, a obligé l’entreprise àconstamment optimiser l’ensem-ble de ses processus. Une écono-mie de 1,3 million de francs surle P&L était impérative, suite àl’abandon du taux plancher, le 15janvier 2015.«Nous étions en mode survie etje devais montrer l’exemple. Jesuis alors allé à la rencontre demes collaborateurs en les infor-mant que j’avais diminué monsalaire de 10%. La réaction dechacun des cols bleus a été de tra-vailler 42,5 heures (au lieu de 40heures) par semaine sans aug-mentation salariale et les colsblancs ont accepté une diminu-tion de leur salaire allant de 5 à10% en fonction de leur niveausalarial», explique Jérôme Chan-ton, ex banquier privé, qui a re-

pris les commandes de l’entre-prise familiale en octobre 2011avec l’aide des deux investisseursprivés, qui possèdent un tiers ducapital (deux tiers en mains fa-miliales).L’idée du CEO, très sensible aubien-être au travail suite au burn-out de son frère, a créé une entre-prise dans laquelle il rêvait de tra-vailler. La culture de KuglerBimétal «troisième génération?»repose sur trois piliers: le sens(pour éviter le brown-out dontsouffre quantité d’employés), lasécurité et la liberté («la confiancerapporte plus que le contrôle»).«Chacun de nos collaborateursse sent investi, impliqué et four-nit un travail qu’il fournirait s’ilétait à la maison. Nos solutionstribologiques sont durables, dansla mesure où elles soutiennent lapréservation des ressources de laplanète. En évitant les frictionset les frottements, elles permet-tent une consommation d’éner-gie moindre», détaille JérômeChanton, qui rappelle qu’un tiersd’énergie est perdue par les seulsfrottements dans une voiture.Un de ses mentors est Steve Jobs,

qui se demandait pourquoi ilpaierait ses collaborateurs pourleur dire ce qu’ils devaient faire.Le management se concentredonc, avec son comité de pilo-tage, sur le pourquoi. Le com-ment est laissé aux collabora-teurs. La vision de KuglerBimétal est d’être la référence en

tribologie en offrant des solu-tions d’excellence et innovantes.

Communication et transparenceL’ensemble des résultats trimes-triels de l’entreprise est commu-niqué à tous les collaborateurs.Les bénéfices 2017 seront parta-gés avec l’ensemble des salariés àpart égale (1/3 pour les action-naires, 1/3 pour les investisse-ments et 1/3 pour les employés).Pour chacun des employés est dé-finie une sphère de compétences,sorte d’espace inviolable.Kugler Bimétal a été soutenu parle FAE (financer autrement lesentreprises, de l’Etat de Genève),qui s’est porté garant pour les in-vestissements de renouvellementde machines de l’entreprise en-dettée. Un prêt à taux zéro de100.000 francs par an pendant 5ans a aussi été proposé à l’entre-prise pour lui permettre de re-trouver une situation saine.L’enjeu aujourd’hui est de signerde nouveaux contrats avec desclients diversifiés. Les cycles deventes sont longs dans l’industriepointue de Kugler Bimétal, quifournit des pièces semi-finies auxsous-traitants des grands noms del’industrie aéronautique (Boeing,Airbus), militaire (Rafale), mi-nière (Rio Tinto, BHP Bilington).Kugler Bimétal est spécialiséedans la réalisation de pièces sur-mesure en acier et bronze contrel’usure, à destination de l’indus-trie, comme les pompes hydrau-liques (35% du chiffre d’affaires);l’aéronautique (15%); l’exploita-tion des mines (10%) ou encoreles boîtes de vitesse (12%).Kugler Bimétal fait partie du clus-ter aéronautique mis en place parl’OPI (office de production in-dustrielle) de l’Etat de Genève.n

Kugler Bimétal retrouve les chiffresnoirs après cinq ans de difficultésINDUSTRIE. Le bénéfice par employé de la dernière fonderie de Genève (hors horlogerie) a augmenté de 1233% et l’EBITDA de plus de 140%.

mardi 28 novembre 20176 ENTREPRISESPAGE

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JÉROME CHANTON. L’ensemble des résultats trimestriels

de l’entreprise est communiqué à tous les collaborateurs.

LA PRESSIONDÉFLATIONNISTE SUR LES

PRIX, A OBLIGÉ L’ENTREPRISEÀ CONSTAMMENT

OPTIMISER L’ENSEMBLEDE SES PROCESSUS.

La compagnie régionale DarwinAirline, dont le repreneur AdriaAirways a récemment annoncéla suspension des opérations de-puis sa base d’Agno à compter dedébut janvier, a déposé auprès duTribunal de district de Luganoune demande de sursis concor-dataire «en raison de sa situationéconomico-financière». Un plande sauvetage prévoit la suppres-sion de la moitié des emplois, leversement des salaires de décem-bre n’est pas garanti. Les opérations ne sont «pourl’heure» pas concernées par lamesure et le transporteur tessi-nois devrait être en mesure d’ef-fectuer ses vols normalement, in-dique Lugano Airport dans uncommuniqué. L’Office fédéral del’aviation civile (OFAC) a été in-formé. L’exploitant du tarmac luganaisa en outre confirmé être en pour-parlers avec d’autres compagnies,

«notamment Swiss et SkyWork»pour identifier au plus vite «dessolutions alternatives pour la liai-son Lugano-Genève, dans la me-sure où celle-ci ne serait plus des-servie par Darwin Airline pourle compte d’Adria Airways Swit-zerland». Dans la matinée, les salariés deDarwin Airline, convoqués parla direction d’Adria Airways, seseraient vu dire que les caisses del’entreprise sont à sec et que leursalaire de décembre ne peut pasêtre garanti, rapporte le portailtessinois Liberatv.

Un poste sur deux à la trappeSelon le même site, la directiondu repreneur slovène, lui-mêmedétenu par le fonds d’investisse-ment luxembourgeois 4K, éla-bore un plan de restructurationqui laisserait sur le carreau prèsde la moitié des quelque 200 sa-lariés actuels de l’entreprise.

«Nous sommes obligés d’adop-ter ces mesures qui permettrontde sauver Darwin», ont plaidéles responsables d’Adria Air-ways. Le plan prévoit une réorganisa-tion des activités de la compagnierégionale autour de trois piliers:le maintien de la licence de volactuelle, la réaffectation du per-sonnel de bord et des pilotes à descompagnies tierces, les servicesde manutention sur ses propresappareils et ceux de tiers. Jeudi dernier, Klaus Platzer, di-recteur général (CEO) d’AdriaAirways Switzerland avait indi-qué sur la RSI que Darwin ces-serait ses opérations de ligne àpartir de Lugano à la fin de l’an-née. Dans son argumentaire, il avaitfait valoir que leur maintien coû-terait plus d’un millions de francs,un investissement selon lui im-possible à rentabiliser.n

Darwin Airline demande le sursisconcordataire et s’ampute de moitiéTRANSPORT AÉRIEN. La compagnie cessera ses opérations de ligne à partir de Lugano.

Fortis estsur le pointde fermerHORLOGERIE. La manufacturehorlogère Fortis, sise à Granges(SO), est sur le point de fermer.En proie à des difficultés finan-cières, elle a demandé le sursisconcordataire définitif. Ce dernier a été accordé par le tri-bunal civil de Soleure-Lebern le20 novembre dernier, selon ladernière Feuille officielle suissedu commerce. Il court jusqu’au20 mai 2018. L’information a étédévoilée par le journal régionalArgovie/Soleure de SRF. Dans le cadre du sursis concor-dataire, un concordat peut êtrenégocié avec les créanciers pourassurer provisoirement l’exis-tence juridique ou économiquede l’entreprise. Au cours de la pro-cédure, la faillite ainsi que lapoursuite en saisie ou en réalisa-tion de gages sont possibles. Fortis a été fondé en 1912 àGranges par Walter Vogt. La so-ciété a toujours fabriqué des mon-tres depuis sa création. La pre-mière production en série demontres-bracelets a débuté en1926. Longtemps avant l’ère duquartz et des montres bon mar-ché, Fortis a lancé en 1969 la pre-mière montre-bracelet en plas-tique. L’entreprise est spécialiséedans les montres pour aviateurset spationautes. Le chronographeB-42 est le garde-temps officieldes cosmonautes russes. – (ats)