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1 DOSSIER N°2a Un produit mondialisé, l’automobile Mondialisation : la mondialisation est l’extension à l’espace mondial d’un phénomène géographique. Plus précisément, c’est l’intégration croissante des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des moyens de transport. L’automobile est une invention allemande (Daimler et Maybach inventent le moteur à essence en 1884, Daimler et Benz inventent l’automobile avec moteur à explosion en 1886, Diesel invente un moteur utilisant les sous-produits lourds du pétrole en 1892), complétée par des innovations américaines et françaises (Dunlop invente les pneumatiques en 1888, Michelin invente l’enveloppe pneumatique en 1891), dont le succès s’est étendu tardivement au monde entier après que le prix en soit devenu abordable (premier salon de l’automobile à Paris en 1898, première Ford T en 1908 aux Etats-Unis, mais 30% des ménages seulement possédaient une automobile en France en 1960). En quoi l’automobile est-elle un produit représentatif de la mondialisation ? Pour y répondre, nous aborderons successivement les aspects du marché de l’automobile (la production et la consommation), puis les fondements économiques de ce marché (les principaux acteurs et leurs stratégies), avant d’analyser les conséquences géographiques de la mondialisation de l’automobile (les pôles et les flux d’un marché en pleine mutation depuis la crise de 2008). I) Un processus : la mondialisation de la production et de la consommation d’automobiles : documents pp. 78-79. 1h Répondre aux questions 1 à 3 p. 79. I.1) Un produit mondialisé. Quels éléments montrent que l’automobile est un produit mondialisé ? L’automobile est un produit mondialisé, comme le montrent les documents 1 (une

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DOSSIER N°2a

Un produit mondialisé, l’automobile

Mondialisation : la mondialisation est l’extension à l’espace mondial d’un phénomène géographique. Plus précisément, c’est l’intégration croissante des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des moyens de transport.

L’automobile est une invention allemande (Daimler et Maybach inventent le moteur à essence en 1884, Daimler et Benz inventent l’automobile avec moteur à explosion en 1886, Diesel invente un moteur utilisant les sous-produits lourds du pétrole en 1892), complétée par des innovations américaines et françaises (Dunlop invente les pneumatiques en 1888, Michelin invente l’enveloppe pneumatique en 1891), dont le succès s’est étendu tardivement au monde entier après que le prix en soit devenu abordable (premier salon de l’automobile à Paris en 1898, première Ford T en 1908 aux Etats-Unis, mais 30% des ménages seulement possédaient une automobile en France en 1960).

En quoi l’automobile est-elle un produit représentatif de la mondialisation ?

Pour y répondre, nous aborderons successivement les aspects du marché de l’automobile (la production et la consommation), puis les fondements économiques de ce marché (les principaux acteurs et leurs stratégies), avant d’analyser les conséquences géographiques de la mondialisation de l’automobile (les pôles et les flux d’un marché en pleine mutation depuis la crise de 2008).

I) Un processus   : la mondialisation de la production et de la consommation d’automobiles : documents pp. 78-79. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 79.

I.1) Un produit mondialisé. Quels éléments montrent que l’automobile est un produit mondialisé ? L’automobile est un produit mondialisé, comme le montrent les documents 1 (une photographie récente montrant un embouteillage qualifié d’habituel au Caire, métropole de l’Egypte peuplée de 11Mh), 2 (un graphique d’évolution de la production automobile de 1950 à 2010 en M de véhicules et sa répartition par continents), et 4 (un graphique circulaire de répartition par zones géographiques des ventes de véhicules neufs en 2010, précisant l’évolution des ventes depuis la crise de 2008). Le document 1 montre l’usage généralisé de l’automobile dans une mégapole du Sud dont nous savons par ailleurs qu’elle souffre de la pollution engendrée par les véhicules et d’une circulation anarchique en l’absence de feux tricolores aux carrefours). La légende précise que le nombre d’automobiles y a été multiplié par 20 dans les 40 dernières années. Le graphique 2 illustre la croissance de la production automobile mondiale multipliée par 7 dans les 60 dernières années malgré le coup d’arrêt de 2008. Le graphique circulaire montre que les ventes de véhicules neufs se répartissent dans le monde entier et sont en croissance depuis 2008 (+ 9,5%).

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I.2) Une diffusion dynamique dans certaines parties du monde. Dans quelles parties du monde la diffusion de l’automobile est-elle dynamique ? La croissance du marché de l’automobile est particulièrement marquée en Asie et Océanie d’après le graphique 2 (53% de la production mondiale en 2010, alors que sa part dans le marché mondial était insignifiante en 1950) et le graphique 4 (les ventes de véhicules neufs connaissent une croissance très forte en Chine, supérieure à 26%, forte en Corée du Sud et dans le reste de l’Asie et de l’Océanie, moyenne en Amérique du Sud). La Chine est le premier marché mondial de l’automobile avec 24,5% soit ¼ des ventes de véhicules neufs, ce que confirme le document 5, une photographie montrant deux stands du salon Autochina 2010 de Beijing. La firme BYD dont un véhicule de luxe apparaît au premier plan est une entreprise fondée en 2003. Depuis 2006 la Constitution chinoise reconnaît la propriété privée. Depuis cette date, les entreprises privées chinoises connaissent une croissance très rapide, avec le soutien du gouvernement chinois. L’homme d’affaires qui a créé BYD s’appelle Wang Chuanfu. : né en 1966 dans une famille paysanne de 8 enfants, cet homme est représentatif de la nouvelle élite chinoise. En 1995 il crée un atelier de fabrication de batteries pour téléphones portables (il contrôle actuellement la moitié du marché mondial), BYD industries, à Shenzhen (une zone franche située près de Hong Kong, devenue le symbole de la réussite économique chinoise), et en 2003 il rachète une entreprise automobile Qinchuan Auto. Il a réalisé en 2008 la première voiture chinoise hybride électrique et ambitionne de faire de la marque BYD le numéro un mondial de l’automobile en 2025. Le PDG de cette entreprise siège au Congrès du Peuple de la ville de Shenzhen où se trouve le siège de BYD automobile. Sa devise : « Pour battre les Barbares il faut s’inspirer de leur savoir ». La Chine est devenue à la fois le premier marché automobile du monde avec 18M de véhicules vendus dans le pays en 2010, mais aussi le premier pays producteur mondial (1/4 de la production mondiale et l’ambition de dominer les marchés porteurs de véhicules non polluants). A contrario, l’Amérique et l’Europe voient leur part diminuer dans la production automobile mondiale. Le stand Ford apparaît tout au fond du salon Autochina. Symbolique est la faillite de General Motors le 1er juin 2009 (entreprise nationalisée par les USA après démantèlement), qui reste cependant n°1 mondial depuis plus d’un demi-siècle.

I.3) Mais une mondialisation inachevée. En quoi la mondialisation automobile est-elle inachevée ? L’Afrique est presque absente du graphique 2 (avec 1% de la production automobile mondiale en 2010) et du graphique 4 (avec 1,8% des ventes de véhicules neufs en 2010). Le document 3, carte de répartition des véhicules automobiles pour mille habitants à l’échelle mondiale, montre le sous-équipement en Afrique subsaharienne (sauf Afrique australe), en Asie du Sud et de du Sud-Est (sauf Malaisie et Indonésie), mais aussi en Chine (le niveau de revenus moyen en Chine est encore trop faible). Exemple : en Ethiopie, 3 véhicules pour 1000h.

II) Des acteurs multiples, mais un marché dominé par quelques FTN : documents pp. 80-81. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 81.

II.1) Les consommateurs : des évolutions économiques et sociales qui favorisent la mondialisation. Quelles évolutions économiques et sociales favorisent

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la diffusion de l’automobile ? Le graphique en nuages de points n°7 montre un lien étroit entre la proportion de véhicules automobiles pour 100h et le revenu par h : les USA sont largement dominants dans ce domaine, suivis par l’Europe occidentale, le Canada et le Japon. Le texte 8, extrait d’un article du magazine Alternatives économiques, établit un lien avec l’avènement de la société de consommation et l’étalement urbain qui ont fait naître les hypermarchés et les mouvements de migrants pendulaires vivant en périphérie des agglomérations (voir PUB R4 en 1961, Carrefour crée le 1er hypermarché à Ste Geneviève des Bois en 1963). Le texte 9, extrait d’un article de L’Express, rappelle à travers l’exemple chinois que l’automobile est d’abord un marqueur social révélant le niveau de fortune et affirmant une identité sociale dans un pays où veut émerger une classe moyenne, et aussi un bien culturel exprimant le désir de liberté individuelle (mais aussi de cohésion de la famille en Chine).

II.2) Les producteurs et les Etats : les stratégies des constructeurs pour élargir les marchés. Quelles stratégies les constructeurs mettent-ils en œuvre pour élargir les marchés automobiles ? La carte 6 d’échelle mondiale révèle la stratégie de la firme automobile japonaise Toyota. Le document montre qu’il s’agit d’une FTN (firme transnationale) solidement implantée dans les trois aires de puissance dominant le monde (le siège social au Japon, le centre financier à Londres, les 4 coordinations régionales en Europe, Asie du Sud-Est et USA, centres de RD en Europe, Asie, Australie et USA), dont les ventes sont principalement orientées vers l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe, mais dont les ateliers de production sont implantés, outre les espaces déjà cités, en Amérique latine dans quelques pays africains. Trois stratégies successives expliquent cette répartition : trouver une main-d’œuvre bon marché, pénétrer les marchés les plus développés, être présent dans les marchés émergents (la Chine répond au premier et troisième objectif, pour le second voir usine Toyota à Valenciennes en 1997). Le texte 9 précise que les industriels construisent aujourd’hui des véhicules spécialement adaptés pour la clientèle du pays convoité et vendus exclusivement dans ce pays (PSA a créé la 408 pour la Chine en 2010, Renault la Duster pour l’Inde en 2012, 400m véhicules prévus). Le document 10, une publicité pour la Logan Renault, premier véhicule à bas coût destiné aux classes moyennes des pays émergents lancé en 2004, montre que cette stratégie repose sur la recherche des coûts de production les plus faibles à destination des marchés émergents (en Inde la Duster veut faire concurrence à Tata qui a voulu vendre en 2009 la voiture la moins chère du monde à 2.000€, échec total avec seulement 130m véhicules vendus dans le monde). Le texte 10 extrait du magazine L’Expansion rappelle les avantages que présente la délocalisation des ateliers de production dans un pays du Sud à travers l’exemple de Renault au Maroc : faibles coûts salariaux (5€/h soit 240€/mois), absence de taxes (zone franche), absence de droits de douane à l’entrée dans l’UE, pas d’impôt sur les bénéfices pendant 5 ans. L’usine inaugurée à Tanger en février 2012 constitue une menace pour la survie des ateliers de productions existant en France selon les syndicats ouvriers (usine géante de 314ha, un investissement de 1.100.000€ pour une production de 400m véhicules par an).

II.3) Les organisations internationales et les ONG soulignent des problèmes de développement durable. Quelles questions de développement durable sont posées par la mondialisation de l’automobile ? Le dessin de Chappatte paru en 2007 veut montrer que la croissance du marché de l’automobile est une

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menace pour l’environnement (augmentation des émissions de CO²). Ce dessin est aussi une critique des pays riches qui nous avertissent des risques alors qu’ils sont les principaux pollueurs. L’affaire Volkswagen a révélé que cette FTN a triché sur les tests des véhicules à moteur Diesel de 2009 à 2015.

III) Des flux asymétriques à l’échelle mondiale : documents pp. 82-83. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 82. Mise en réseau des données.

III.1) La carte des principaux flux. Quels sont les principaux flux ? Quelles sont les caractéristiques des principaux pôles du commerce automobile ? La carte 13 d’échelle mondiale montre que les principaux flux de véhicules vendus sur le marché mondial relient les trois grandes aires de puissance du monde (Amérique du Nord, Europe, Asie). L’Amérique du Nord est essentiellement importatrice en 2010, alors que l’Europe et surtout l’Asie exportent majoritairement leurs véhicules (Chine 1er

exportateur mondial).

III.2) Un secteur révélateur des interdépendances liées à la mondialisation. En quoi le secteur de l’automobile est-il révélateur des interdépendances liées à la mondialisation ? Le texte 14 extrait du blog du Parisien montre l’interdépendance des entreprises liées au marché de l’automobile à travers l’exemple des perturbations dues à l’accident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011. Cet accident a entrainé des ruptures de stocks en Suède et aux Pays-Bas (Volvo), aux USA (GM), en Corée du Sud (Samsung).

III.3) Des investissements caractéristiques de la mondialisation en cours. En quoi les investissements sont-ils caractéristiques de la mondialisation de l’automobile en cours ? Le graphique circulaire de répartition n°15 montre que les investissements mondiaux dans la production automobile sont principalement orientés vers les BRIC (Brésil Russie Inde Chine) qui sont à la fois des pays à faible coûts de main-d’œuvre et des pays émergents dont le marché devrait connaître une croissance très rapide. La Chine, premier marché mondial et déjà premier producteur mondial, se taille la part du lion avec 37% des investissements (27Mds$). Wang Chuanfu gagnera-t-il son pari ?

Conclusion : l’automobile est donc un produit révélateur de la mondialisation par sa diffusion, par ses acteurs et par l’organisation des flux internationaux, mais ce produit est tout autant révélateur des limites de la mondialisation et du caractère hautement conjoncturel de l’évolution du marché.

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DOSSIER N°2b

La mondialisation en fonctionnement : processus et acteurs, mobilités et flux, débats.

En 2006 le réalisateur mexicain Alejandro González INARRITU réalisait le film « Babel » : on y voit un couple de touristes américains au Maroc, deux jeunes bergers marocains, une nourrice mexicaine avec deux enfants nord-américains, une adolescente japonaise vivant à Tokyo avec son père. Tous ces personnages, si éloignés géographiquement, sont en réalité liés sans le savoir par un objet : un fusil que le père japonais en vacances au Maroc avait offert au père des deux bergers marocains, qui en l’utilisant ont interrompu les vacances du couple nord-américain, dont les enfants se trouvaient auprès de la nourrice mexicaine, sans nouvelle des parents, et qui décide d’amener au Mexique les enfants pour un mariage, mais elle sera arrêtée à la frontière… C’est cela la mondialisation !

Définition : la mondialisation est l’extension à l’espace mondial d’un phénomène géographique. Plus précisément, c’est l’intégration croissante des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des moyens de transport.

En quoi consiste le processus de mondialisation et qui sont ses principaux acteurs ? Comment la mondialisation fonctionne-t-elle ? Pourquoi la mondialisation est-elle en débat ?

Pour répondre à ces questions, nous aborderons successivement le processus de la mondialisation et ses principaux acteurs, l’explosion des mobilités et des flux mondiaux qui en résulte, et enfin les débats que les limites du processus ont fait naitre.

I) Processus et acteurs de la mondialisation : 2h

I.1) Le processus de mondialisation : 1h

I.1.1) Un processus ancien de diffusion du capitalisme :

Définition : la mondialisation est l’extension à l’espace mondial d’un phénomène géographique. Plus précisément, c’est l’intégration croissante des différentes parties du monde sous l’effet de l’accélération des échanges, de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des moyens de transport. Ce processus pluriséculaire s’est développé en trois phases successives : 1) la Renaissance qui a permis l’extension des échanges capitalistes au monde entier (période des Grandes Découvertes), 2) l’âge industriel qui a vu les grandes puissances européennes se partager le monde (période de la colonisation), 3) le monde actuel qui a vu les entreprises multinationales puis transnationales imposer leur stratégie de développement après 1945, selon le principe de l’avantage comparatif (loi de Ricardo). Le fait a précédé le mot : en 1962, Marshall Mac Luhan inventait l’expression « village global » pour désigner le monde unifié par la circulation de l’information durant la guerre du Viêt-Nam. Dans les années 1980 le japonais Kenichi Ohmae inventait les expressions Triade et globalisation pour

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désigner les centres d’impulsion de l’économie mondiale et la mondialisation financière qui a débuté en 1971 (fin de la convertibilité en or du dollar).

I.1.2) Un processus de mise en relation des territoires :

Les Grandes Découvertes ont mis en contact des peuples qui s’ignoraient, et cela a contribué à des phénomènes d’acculturation (échange réciproque entre deux cultures, dont l’une est dominante et l’autre dominée) et à un métissage des populations déplacées volontairement ou non (Traite des esclaves africains). L’âge industriel a vu émerger huit grandes puissances (dont six européennes) qui ont utilisé leur capacité de domination pour s’imposer militairement dans le cadre de la colonisation, ce qui a contribué à augmenter les mobilités de populations d’une part vers les pays neufs (Etats-Unis, Argentine, Australie), et d’autre part vers ou en provenance des colonies et des pays asservis. L’essor des moyens de transport, surtout après la Seconde Guerre mondiale qui a vu se développer le transport aérien, a rapproché les continents et permis de séparer les activités d’une chaîne de production (siège social et laboratoires de recherche dans un pays riche et développé), ateliers de production dans des pays en développement. Enfin, les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) ont effacé les distances et favorisé l’émergence d’une culture mondialisée.

I.1.3) Un processus d’uniformisation et de standardisation culturelle :

Le politologue américain Joseph NYE (doyen de l’université de Harvard) distingue le hard power, « puissance dure » (qui comprend les éléments objectifs de la puissance tels que le rayonnement financier, commercial, militaire) et le soft power, « puissance douce » (influence culturelle sur le monde, capacité à persuader le monde du caractère universel du mode de vie américain). Il pense que seuls les Etats-Unis possèdent les deux pouvoirs. 80% des serveurs Internet dans le monde sont US, l’organisme régulateur de la toile est un des bureaux du ministère du commerce US, Google et Microsoft sont des symboles de la mondialisation). Les entreprises étatsuniennes ont été les premières à comprendre le pouvoir considérable de l’entertainment, littéralement « divertissement » (production culturelle de masse). Mais la mondialisation, étendue à tous les domaines (même la culture : voir Harry Potter, Da Vinci Code, la série Games of Thrones), est aujourd’hui dominée par quelques acteurs, parmi lesquels les FTN.

I.2) Les acteurs de la mondialisation : 1h

I.2.1) Les firmes transnationales (FTN) : acteurs que la mondialisation favorise.

Les firmes transnationales (FTN) : entreprises géantes qui ne tiennent pas compte des frontières dans leur stratégie de développement.

Les FTN ont imposé leur stratégie mondiale en trois phases successives : 1. D’abord en installant des ateliers de production dans des pays offrant une main-d’œuvre qualifiée mais bon marché, pour réduire les coûts de production (années 1960-70) 2. Ensuite en investissant dans les marchés de la Triade, afin de développer les ventes dans les pays les plus développés (années 1980-90) 3. Enfin en plaçant des capitaux dans les pays émergents (Europe orientale, Asie du Sud, et

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surtout Asie orientale dont la Chine), afin de bénéficier à la fois de la main-d’œuvre et de marchés en expansion (années 2000), contribuant ainsi à la NDIT (nouvelle division internationale du travail). Toutes les branches d’activités industrielles sont concernées, en particulier les constructions mécaniques (industrie automobile : Renault-Nissan, nouveau modèle de berline destiné uniquement au marché des PED la « Logan » commercialisée en Roumanie en septembre 2004, ou la « Sandero » destinée au marché latino-américain en mai 2008, ou « Duster » en Inde en 2012) et l’électronique.

Les FTN dominent le jeu économique mondial, sont 103.786 firmes contrôlant plus de 892.114 filiales à l’étranger, emploient 75M de salariés environ, produisent 30% du PIB mondial et 57% des échanges internationaux (source CNUCED 2011). Ces entreprises, dont le capital est souvent supérieur au PNB d’un Etat moyen, sont à l’origine de l’explosion des flux d’IDE (investissements directs à l’étranger, multipliés par 60 entre 1960 et 2002). Wal-Mart, première firme mondiale de distribution (contrôle 50% du marché mondial) avait en 2014 un chiffre d’affaires qui dépassait le PNB (produit national brut, somme des richesses produites par les entreprises du pays, y compris celles à l’étranger) de l’Iran.

I.2.2) Les organisations internationales et les ONG : acteurs qui tentent de réguler la mondialisation.

Les échanges commerciaux entre pays capitalistes ont été organisés par le GATT, né en 1945 et devenu l’OMC, Organisation mondiale du commerce en 1995(siège à Genève). Cette organisation a permis la réduction des droits de douane entre les pays membres, par des négociations appelées Rounds. C’est essentiel, car les pays membres de l’OMC contrôlent plus de 90% des échanges mondiaux (la Chine vient d’adhérer à l’OMC en 2002, sommet de Hong Kong décembre 2005). L’objectif de cette organisation est d’établir à terme le libre-échange dans le monde et de faire disparaître toute forme de protectionnisme.

La Banque mondiale et le FMI sont des relais de cette politique. La Banque mondiale, qui comprend la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) et l’AID (Association Internationale du Développement), est née en décembre 1945 et a son siège à Washington. Sa mission est d’assurer des prêts aux Etats (le premier bénéficiaire fut la France en 1947). Le FMI (Fonds Monétaire International) est né en juillet 1944 lors de la conférence de Bretton-Woods. Son siège est également à Washington. Cette organisation, qui réunit 187 Etats du monde, a pour mission de veiller à la stabilité de l’économie mondiale en orientant les prêts aux Etats en difficultés en échange de plans de relance économique très contraignants (réduction des dépenses publiques et des charges pesant sur les entreprises). Le directeur de cette organisation, la française Christine LAGARDE, est donc une personne très influente dans le monde. Les organisations spécialisées de l’ONU ont pour leur part une place très limitée (PNUD, CNUCED, OIT).

D’autres organisations interviennent dans le processus de mondialisation : les ONG (organisations non gouvernementales) comme Greenpeace, Médecins du Monde, Amnesty International, WWF, qui prétendent exprimer une « opinion internationale » sur les grands problèmes de la planète (droits de l’homme, environnement, etc.) ; les groupes de pression ou lobbies (partis politiques, syndicats, organisations religieuses, lobby pétrolier) jouent aussi un rôle non négligeable, de même que les réseaux clandestins du trafic d’armes, du trafic de drogue.

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I.2.3) Les Etats : des acteurs qui composent avec la mondialisation.

Les gouvernements des grands Etats ont essayé de s’adapter à la mondialisation en réduisant leur poids dans l’économie (diminution des dépenses publiques, retraites par capitalisation), en créant des mesures favorisant le dynamisme des entreprises et attirant les capitaux étrangers (dumping fiscal ou social). L’Irlande, pays européen qui a pratiqué le dumping fiscal, a vu son PIB/h dépasser celui des Etats les plus riches d’Europe occidentale, avant de s’effondrer en 2008 avec la crise économique mondiale. L’Islande, plus au nord, a mené une politique comparable, qui a conduit le pays entier au bord de la faillite (chute du PIB de -6,5% en 2009, chute de la formation de capital de -50%). Mais ce sont encore les Etats qui ont pris en charge la lutte contre la crise mondiale : les sommets du G201 de Londres (avril 2009) et de Pittsburgh (septembre 2009) ont décidé d’une action concertée dans le domaine financier. Les Etats ont racheté ou accordé des crédits aux banques en difficulté, les capitaux étant fournis par les fonds souverains (avoirs financiers de l’Etat) de pays émergeants tels que la Chine (qui a sauvé la banque américaine Morgan), la Russie, les Emirats Arabes Unis (prêts à taux zéro). En ce qui concerne les flux de populations, les pays riches ont une politique de fermeture sélective des frontières (accueil de techniciens et ingénieurs, répression de l’immigration clandestine) qui conduit à une sanctuarisation du territoire (Etats-Unis, Royaume-Uni). Par contre, certains Etats organisent l’émigration de leurs compatriotes (comme les Philippines). La Chine est à la fois le pays le mieux intégré dans le processus de mondialisation et celui où l’Etat joue le rôle le plus important dans les choix de développement économique. Le FEM de Davos (Suisse) réunit les représentants des grandes entreprises et quelques chefs d’Etats ou de gouvernements (François Hollande en janvier 2015).

II) Mobilités et flux de la mondialisation : 3h

II.1) De plus en plus de déplacements de populations : 1h

L’accroissement des inégalités entre les PED et les PID a généré des flux de travailleurs migrants internationaux (180 millions de personnes en 2008 dont 40 millions de clandestins), grossis de ceux des réfugiés (20M personnes) provenant des pays touchés par des conflits armés (75% des émigrants proviennent des PED : les flux de migrants sont Sud-Nord). Les principaux foyers de départ sont les pays d’Amérique latine, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, les PECO (pays d’Europe centrale et orientale), l’Asie du Sud et du Sud-Est, la Chine. Les principaux pays d’accueil sont les Etats-Unis (pourtant soumis à des lois de quotas et ayant fermé en partie la frontière avec le Mexique par une barrière métallique infranchissable depuis 2006), l’Union européenne, l’Australie et le Moyen-Orient. La Russie est à la fois pays d’accueil et de départ. La progression récente du trafic des aéroports traduit l’intensification des flux de voyageurs, mais des réseaux clandestins se sont constitués pour passer les frontières des pays les plus fermés qui sont aussi les plus riches (les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le centre de Calais fermé en 2009). Les diasporas ont souvent une grande importance économique et culturelle

1 Le G20 comprend 11 représentants des Etats du Nord (Allemagne, Australie, Canada, Corée Sud, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie, Union européenne) et 9 du Sud (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie).

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pour leur pays d’origine auquel elles envoient des revenus et permettent la mise en place de programmes d’investissement (diaspora : mouvement de dispersion d’une population hors du pays d’origine, et par extension la communauté elle-même lorsqu’elle a gardé un lien avec le pays d’origine), mais elles sont aussi très importantes pour le pays d’accueil en y apportant des savoirs et en aidant les entreprises à investir à l’étranger (l’Inde fournit des ingénieurs électroniciens aux pays occidentaux, la diaspora indienne aide au financement de projets dans les PED).

Les flux touristiques (900M de touristes internationaux) sont saisonniers et inverses des précédents : les pays d’origine sont les PID et certains NPI (la Chine, première destination touristique en Asie), les bassins touristiques sont surtout littoraux et proches des PID (les trois Méditerranées : le bassin méditerranéen, les Caraïbes, l’Asie du Sud-Est, auxquelles s’ajoute le Golfe persique avec Dubaï, gigantesque ensemble résidentiel accueillant plus de six millions de touristes en 2006 et où l’on peut trouver une station de ski, des îles artificielles représentant un palmier ou les continents, ainsi que la plus haute tour du monde, Burj Khalifa, haute de 828 mètres et comprenant 160 étages).

II.2) Des échanges de biens et de services en progression rapide : 1h

Depuis 1945, le commerce international de marchandises a connu une croissance rapide. Entre 1990 et 2008, le PIB mondial a augmenté de 3% par an en moyenne, tandis que les exportations ont augmenté en valeur de 6%. Les échanges de marchandises ont stagné en 2008, diminué en 2009, mais sont de nouveau en croissance depuis 2010. Les échanges de produits agricoles, de sources d’énergie et de matières premières sont importants à cause de leur valeur stratégique (flux de produits pétroliers en provenance du Moyen Orient, qui déterminent en grande partie les stratégies des grands Etats : contrôle des sources d’approvisionnement du Moyen-Orient, des détroits pour le trafic maritime) et de leurs cours fluctuants qui ont des conséquences sur l’évolution économique des pays rentiers (vivant de l’exportation d’un de ces biens). Mais les échanges internationaux sont aujourd’hui dominés par le commerce des produits manufacturés (qui représentent près des ¾ des exportations mondiales). Depuis les années 1980, l’Asie est devenue le second pôle des échanges commerciaux, passant ainsi devant l’Amérique du Nord, tandis que l’Europe occidentale domine les échanges internationaux avec 40% du total (l’Allemagne est n°2 mondial).

Les échanges de marchandises par voie maritime se sont considérablement développés (ils assurent aujourd’hui 71% du fret mondial en volume) : la conteneurisation en est en partie la cause, et les conteneurs (caisses de 20, 30 ou 40 pieds de long, chargements mesurés en EVP : équivalent 20 pieds2) sont devenus le symbole de la standardisation des modes de chargement et de déchargement des bâtiments, nécessitant des aménagements portuaires que seuls les plus grands ports du monde possèdent (Singapour, Hong Kong). Le transport des marchandises par conteneurs est dominé par la compagnie danoise APM Maersk qui possède les plus gros porte-conteneurs du monde (17 niveaux en hauteur, 22 rangées en largeur, et seulement 13 membres d’équipage). Mais les plus grands ports du monde se trouvent en Asie orientale. En 2013, six des sept premiers ports du monde étaient chinois, les trois premiers avec un trafic supérieur à 400 millions de tonnes). La même année, six des huit premiers ports de conteneurs étaient chinois, les quatre

2 1 pied = 30,5 cm.

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premiers avec plus de 20 millions d’EVP. La Chine est aujourd’hui le pays le mieux intégré dans le commerce mondial de marchandises. Mais qu’en est-il des flux financiers et des réseaux immatériels ?

II.3) Des flux immatériels en croissance exponentielle : 1h

En 2007, les échanges financiers dans le monde s’élevaient en moyenne à plus de 5.500 milliards de dollars par jour, soit plus de 50 fois le volume du PIB (la valeur des biens et services produits dans le monde). En dix ans, la capitalisation boursière a augmenté de 33% et les échanges d’actions de 61%. On comprend que des « traders » peu scrupuleux aient réussi à détourner des sommes considérables, à l’insu (?) des dirigeants de leurs banques.

La « nouvelle économie » est marquée par la globalisation financière dans laquelle les bourses des valeurs jouent un rôle stratégique majeur : le monde avance au rythme de la ronde des bourses de valeurs les plus importantes du monde, NYSE + NASDAQ à New York, Kabuto Cho à Tokyo, Euronext qui réunit les bourses électroniques européennes, et qui est associé au NYSE, la City à Londres (qui est passée en deux ans de la 2e à la 5e place). La capitalisation boursière devient un élément essentiel de la puissance. A noter la place prise par les bourses de valeurs chinoises : Shanghai et Hong Kong sont classées 6e et 7e. Mais il ne faut pas oublier le Brésil (Sao Paulo 9e) et l’Inde (Bombay 10e). Les paradis fiscaux sont de petits Etats sans ressources particulières (comme Monaco, Andorre, Vatican) qui s’efforcent d’attirer les flux financiers par des mesures fiscales avantageuses et le secret bancaire. Ils sont aujourd’hui accusés d’avoir contribué au désordre financier mondial.

ExchangeUSD bn USD bn % change

2009 2008 In USD1 NYSE Euronext US 17 521 27 651 -36.6%2 NASDAQ OMX US 13 608 23 845 -42.9%3 Shanghai Stock Exchange 5 056 2 584 95.7%4 Tokyo Stock Exchange Group 3 704 5 243 -29.4%5 Shenzhen Stock Exchange 2 772 1 242 123.2%6 NYSE Euronext Europe 1 935 3 837 -49.6%7 London Stock Exchange 1 772 3 844 -53.9%8 Korea Exchange 1 570 1 435 9.4%9 Deutsche Börse 1 516 3 148 -51.8%10 Hong Kong Exchanges 1 416 1 562 -9.3%

Volume des échanges de titres en Mds$ (actions, obligations)

ExchangeUSD bn USD bn % change % change

end-2009 end-2008 in USD in local currency

1 NYSE Euronext (US) 11 838 9 209 28.5% 28.5%2 Tokyo Stock Exchange Group 3 306 3 116 6.1% 8.6%3 NASDAQ OMX (US) 3 239 2 249 44.0% 44.0%4 NYSE Euronext (Europe) 2 869 2 102 36.5% 32.6%5 London Stock Exchange 2 796 1 868 49.7% 34.4%6 Shanghai Stock Exchange 2 705 1 425 89.8% 89.9%7 Hong Kong Exchanges 2 305 1 329 73.5% 73.6%8 TMX Group 1 608 1 033 55.6% 34.2%9 BM&FBOVESPA 1 337 592 125.9% 69.7%

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10 Bombay SE 1 306 647 101.9% 93.3%Capitalisation boursière (Mds$)

Les investissements directs à l’étranger (IDE) augmentent en volume depuis les années 1970, mais ne sont pas entièrement détournés vers les paradis fiscaux. Les principaux bénéficiaires des flux d’IDE sont l’Europe, l’Amérique du Nord, la Chine, le Brésil et les autres pays d’Amérique du Sud, l’Australie, Singapour et les pays d’Asie orientale, l’Afrique du Sud et l’Inde. Les flux d’IDE dessinent donc un monde multipolaire, qui n’est plus dominé par les pays du Nord, mais qui laisse dans l’oubli de vastes espaces tels que la majeure partie de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Asie centrale, de l’Europe orientale, pour lesquels les investissements sont jugés trop risqués.

Tout cela est lié aux progrès accomplis dans les domaines des télécommunications et de la télématique qui ont réduit les distances dans le monde (téléphones portables, réseau Internet mis en place en 1969 et qui compte actuellement plus de 1.300 millions d’utilisateurs). Les TIC réduisent les distances (la globalisation entraîne la glocalisation selon le PDG de Sony, c’est-à-dire l’emboîtement des échelles : articulation de plus en plus étroite entre les événements mondiaux et locaux, avec effet papillon), en laissant dans l’oubli ceux qui ne s’adaptent pas assez vite (fracture numérique). Les décisions étant prises en temps réel, le contrôle de l’information devient un enjeu stratégique : les grands médias ont donc un pouvoir important (CNN, Al Jazeera).

III) La mondialisation en débat : 1h

Photographie : une manifestation altermondialiste (c’est-à-dire pour une autre mondialisation, avec le slogan « Allo le G 20 ? Ici le reste du monde ! »). Cette manifestation s’est tenue pacifiquement à Nice lors du sommet du G20 à Cannes en novembre 2011. Les manifestants voulaient dénoncer une gouvernance mondiale accaparée par une poignée d’Etats et mettant en œuvre une politique de capitalisme libéral qui nuit aux intérêts de la majorité des habitants de la planète. Pourquoi la mondialisation est-elle contestée ? Quelles solutions sont envisagées par les altermondialistes ?

III.1) La remise en cause du paradigme libéral :

Le combat altermondialiste est mené contre les organismes dirigeants de la planète, tels que le FMI et la Banque mondiale, l’OMC (où s’affrontent les pays du Nord, qui veulent plus de libre-échange, et les pays du Sud qui réclament moins de subventions aux agriculteurs du Nord), le G20, accusés de servir les intérêts des FTN au détriment des sociétés civiles. L’unilatéralisme pratiqué par les dirigeants des FTN est flagrant lors du sommet annuel de Davos (Suisse). Les lobbies y sont très présents (stratégie mondialiste). La mondialisation est, pour les altermondialistes, responsable de l’aggravation des inégalités entre riches et pauvres à différentes échelles (mondiale, nationale, locale). L’aide au développement accordée par les pays riches aux PED a fortement diminué. Depuis 2001 (sommet du FSM de Porto Alegre) les altermondialistes réclament de nouvelles règles pour organiser les marchés. Voir carte 3 p. 129 : les grandes manifestations altermondialistes sont complétées par les FSM et les sommets de la Terre. Le FSM a pour but de permettre à des organisations internationales (comme le BIT, Bureau

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International Du Travail) et à des ONG de se rencontrer afin de proposer une alternative sociale aux décisions du Forum Economique Mondial qui se tient tous les ans en janvier à Davos (Suisse). Voir photo 1 p. 128 : les 10 ans du FSM de Porto Alegre. Le 11e FSM s’est tenu à Dakar du 6 au 11 février 2011. Le prochain FSM devrait avoir lieu à Tunis en mars 2013. Un forum social départemental a eu lieu à Nice du 19 au 25 septembre 2010. Les sommets de la Terre sont organisés par l’ONU afin de trouver des solutions aux problèmes environnementaux à l’échelle mondiale. Le dernier sommet de la Terre s’est tenu à Rio de Janeiro en juin 2012 (conférence de Rio sur le développement durable). De grandes associations de type ONG sont présentes en Amérique, Europe et Asie. Leur action a permis par exemple d’inscrire le « droit à la nourriture » dans la Constitution de plusieurs pays en développement (Brésil, Inde, Afrique du Sud, etc.).

III.2) Les solutions envisagées :

Une des solutions envisagée est le développement du commerce équitable : en 1988 est né aux Pays-Bas le label Max Havelaar, du nom d’un roman du XIXe siècle qui se déroulait dans les Indes néerlandais et décrivait l’exploitation des indigènes dans les plantations, qui garantit aux producteurs de denrées alimentaires un revenu convenable. Les produits du commerce équitable sont le café, le chocolat, le thé, le riz, le sucre, les jus de fruits. La différence vient de la part réservée au conditionnement et à la distribution qui est plus faible. Les cafés Malongo, dont le siège social est à Carros, répondent à la même logique depuis 1992.

Une autre solution envisagée est le développement du microcrédit. Le 13 octobre 2006 le prix Nobel de la paix a été attribué à Muhammad YUNUS, surnommé le « banquier des pauvres » au Bangladesh. Son entreprise, la Grameen Bank fondée en 1976, a été le premier établissement du monde à proposer des microcrédits. L’objectif était de proposer de très petites sommes à des entreprises ou des personnes trop pauvres pour emprunter auprès d’une banque traditionnelle. Les prêts sont accordés à un groupe d’individus qui se portent garants les uns des autres selon le principe de la responsabilité collective. Le succès a été immédiat, malgré les taux d’intérêt élevés (autour de 35%) et les délais de remboursement (une semaine), car beaucoup d’entreprises ne pouvaient pas naître dans le système traditionnel.

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Ainsi, la mondialisation apparaît comme un processus irréversible, dont les acteurs sont multiples, et les conséquences sur l’organisation de l’espace très marquées. Mais, c’est aussi un processus fragile. En juillet 2007 la finance internationale était ébranlée par la crise des subprimes aux Etats-Unis (faillite de la banque Bear Stearns le 18/07/2007), qui précéda la crise économique mondiale (faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008).

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DOSSIER N°2b ESL

Shanghai, ville mondiale

Image inaugurale PP. 98-99, carte et DIAPORAMA. Le document est une photographie en vue au sol de Shanghai, 3e mégapole mondiale selon l’ONU avec 24Mh (source WUP 2014), qui ambitionne de devenir le premier centre d’impulsion de l’économie mondiale dès 2020. Au premier plan, nous voyons le Bund, une partie de Puxi, ville du commerce et des grands magasins de luxe, mais aussi lieu de promenade pour les habitants de l’agglomération. Au second plan nous voyons la rivière Huangpu qui sépare la ville ancienne de Puxi de la ville nouvelle de Pudong (reliée à Puxi par deux ponts à haubans). Pudong [mot qui veut dire à l’est de la rivière] fut aménagé en 1989/1990 sur des terrains jusqu’alors inutilisés : ce quartier est devenu le CBD ou centre des affaires de l’agglomération, reconnaissable à ses gratte-ciel qui abritent des hôtels de luxe ou des sièges d’entreprises. Nous voyons à gauche la Tour Perle de l’Orient surmontée de son antenne TV qui atteint 468m et se trouve environnée de bureaux dont ceux de la Bank of China, puis au centre de la photographie la bourse des valeurs de Shanghai avec ses paraboles sur le toit, qui est devenue la 6e du monde par le volume des capitaux échangés (et 3e par le nombre et la valeur des actions), entourée des sièges sociaux des principales banques d’affaires chinoises China D. Bank et World Finance Tower, au centre également la tour Jin Mao de 88 étages élevée en 1999 atteint 420m et se caractérise par un toit en pagode oriental (derrière HSBC). Derrière cette tour se remarque le SWFC ou nouveau centre des affaires achevé en 2008 et qui s’élève à 492m. Par contre, le document ne montre pas le Shanghai Center en construction, qui s’élève à 632m (soit le deuxième gratte-ciel du monde après celui de Dubaï).

La notion de « ville globale » a été mise au point par la sociologue américaine Saskia SASSEN en 1991. Les plus importantes villes mondiales sont t situées dans des espaces appelés aires de puissance et dominant le monde : l’Amérique du Nord (NYC, Chicago et Los Angeles), l’UE (Londres et Paris), l’Asie orientale (Tokyo, Hong Kong, Singapour, Beijing et Shanghai). Les villes mondiales possèdent plusieurs atouts de puissance qui leur permettent de rayonner sur le monde : 1. La concentration des fonctions de commandement économique (sièges sociaux des FMN et FTN, sièges des institutions internationales chargées de la gouvernance mondiale, gouvernements ou institutions d’Etat ayant une influence sur l’économie mondiale) ; 2. La capacité à polariser les flux financiers et commerciaux (bourses des valeurs, marchés internationaux) ; 3. Une organisation des transports permettant de rayonner sur le monde, et facilitant les déplacements urbains ; 4. La concentration d’activités intellectuelles (centres de recherche et entreprises innovantes, universités réputées, lieux de création artistique ou littéraire, grands groupes de médias, nœuds de communication Internet).

Quels sont les caractères qui font de Shanghai une des plus importantes et une des plus dynamiques villes mondiales ?

Pour y répondre, nous aborderons successivement les aspects de la puissance de Shanghai, puis les fondements de cette puissance expliquant son rayonnement, avant d’analyser les fragilités et les faiblesses d’une croissance inégalement maîtrisée.

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I) Shanghai, une métropole mondiale dynamique : documents pp. 100-101. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 101.

I.1) Shanghai, une ville mondiale récente :

Le document 2 est un texte extrait d’un dossier de la revue Sciences Humaines datant de 2010. La métropole chinoise devient véritablement une ville mondiale avec la création de la ZES (zone économique spéciale) et du CBD (centre des affaires) de Pudong en 1990. Cette réalisation est le fruit de la politique d’ouverture souhaitée par Deng Xiaoping, mais aussi un souhait des investisseurs venus de Hong Kong, Taiwan et de la diaspora, soucieux de placer des IDE dans un espace urbain possédant un énorme potentiel inexploité de 1949 à 1990 (méfiance des dirigeants communistes). La ZES a été agrandie en 2009 vers le sud-est, et trois zones pilotes de libre-échange ont été établies en 2013.

I.2) Shanghai, une métropole qui se modernise rapidement :

Le document 1 est une image de synthèse montrant ce que devait être en 2014 le CBD de Lujiazui, avec ses gratte-ciel regroupant les activités commerciales et financières, dont la tour Jin Mao et ses 88 étages avec patio, et la tour Shanghai qui atteint 632m et est devenue le 2e gratte-ciel au monde. A partir de 1990, la ville se dote d’un centre financier (Lujiazui), de 5 zones industrielles accueillant des ateliers de production appartenant à des FTN, d’un aéroport international et d’un grand port de commerce, complété par celui de Yangshan, situé en eau profonde. S’y ajoutent des musées, de grands hôtels de luxe (comme la tour Jin Mao), et un parc de loisirs Disneyland inauguré en 2016.

I.3) Shanghai, une métropole insérée dans l’archipel mégalopolitain mondial (AMM) :

La métropole est bien intégrée dans l’oligopole mondial, puisqu’elle fait partie du réseau des grandes bourses de valeurs (voir cours mondialisation), qu’elle accueille des FTN nord-américaines, européennes et asiatiques (documents 2 et 5), que ses liaisons aériennes sont denses avec les trois pôles de la Triade et toute l’Asie orientale. Pour renforcer son intégration, la métropole accueille divers salons (notamment le salon Intertextile, le plus important au monde), un festival international du cinéma (qui a primé Oliver Stone en 2013), un grand prix de formule 1 (depuis 2004). L’exposition universelle de 2010 a permis de renforcer les liens entre Shanghai et l’espace mondialisé en accueillant les pavillons d’un grand nombre de pays venus exposer leurs réalisations les plus prestigieuses.

II) Shanghai, une métropole au cœur des échanges internationaux : documents pp. 102-103. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 103.

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II.1) Shanghai, hub majeur de la première façade maritime du monde :

Le document 7 est une photo en vue aérienne oblique montrant l’importance du port de Yangshan, premier port mondial par le trafic de marchandises (en fait le premier est Ningbo, au sud de Shanghai, et Shanghai est le 2e port mondial) et premier port de conteneurs du monde (source IEM 2015). Le document illustre cette puissance par l’alignement des appareils de levage à gauche et par la surface couverte par l’aire de stockage des conteneurs qui s’étend jusqu’à l’horizon à droite de la photo. Le tableau comparatif 10 permet de préciser la domination mondiale du port de Shanghai : 506Mt de marchandises en 2009 (810Mt en 2013 pour Ningbo et 776Mt en 2013 pour Shanghai) et 29M EVP (34M EVP en 2013) pour les conteneurs. Seul le port de Singapour semble en mesure de rivaliser avec Shanghai. DIAS 30/31. Le nouveau port de Yangshan (relié à la ville par le pont de Donghai de 32 km de long depuis 2005) permet à Shanghai de revendiquer le titre de premier ensemble portuaire mondial et premier port de conteneurs du monde, installé sur la première façade maritime mondiale. Yangshan est un port en eau profonde capable d’accueillir les plus gros navires porte-conteneurs, et qui bénéficie d’infrastructures modernes misant sur l’essor de ce mode de transport. Cette politique est soutenue par le gouvernement chinois, la Chine étant une puissance maritime (elle possède trois des dix premiers armateurs mondiaux). Shanghai constitue le plus vaste hub portuaire asiatique. Hub : nœud de correspondance d’un réseau de transport international, qui concentre et redistribue les voyageurs, les marchandises et les informations dans de nombreuses directions, en passant aisément d’une échelle à une autre.

II.2) Shanghai, ville majeure du réseau mondial des métropoles :

DIAS 20/24. Ce paysage illustre le pouvoir décisionnel de cette métropole, dont l’aéroport international connait une forte croissance (20e aéroport mondial de passagers mais 3e rang mondial pour le fret en 2013, source IEM), dont la bourse des valeurs est devenue majeure (« Shanghai éternue et tous les marchés s’enrhument », Courrier international n°853, 8 mars 2007), mais qui conserve des activités industrielles (automobiles SAIC) et semble en mesure de rivaliser avec New York pour la première place des métropoles mondiales dès 2020 (selon les autorités chinoises). Shanghai étant aussi une ville industrielle, le transport maritime se nourrit des exportations de produits manufacturés de la ville, mais aussi de l’ensemble du delta du Yangzi qui constitue une région économique majeure jusqu’à Nankin, le long de la première façade maritime du monde.

II.3) Shanghai, métropole qui rayonne à différentes échelles :

A l’échelle mondiale, Shanghai rayonne par son activité portuaire, ses deux aéroports internationaux et sa bourse des valeurs. Cet espace offre aux grandes compagnies maritimes, comme la CSCL (9e armateur mondial), une interface majeure entre la Chine et le reste du monde (carte 8). Les deux aéroports internationaux relient Shanghai à tous les continents (20e rang mondial pour les passagers mais 3e rang mondial pour le fret en 2013, source IEM). La bourse de Shanghai s’est hissée à la 6e place mondiale pour la capitalisation boursière. Shanghai est aussi une ville majeure à l’échelle régionale, premier espace portuaire de l’Asie orientale, second hub aéroportuaire de ce même espace après Hong Kong

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pour le fret. Enfin, Shanghai est la métropole de la Chine communiste, même si Hong Kong garde une place majeure dans le domaine financier et touristique, et même si Beijing continue à accaparer le pouvoir politique, essentiel dans ce pays. La création de trois zones pilotes de libre-échange en 2013 a pour but de rivaliser avec Hong Kong afin d’attirer les IDE vers Shanghai prioritairement, tout en renforçant le rôle de la ville dans l’espace régional de la « Golden Waterway » (delta du Yangzi du littoral jusqu’au barrage des Trois Gorges qui alimente la ville en énergie hydroélectrique).

III) Les fragilités de la métropole chinoise : documents pp. 82-83. 1h

Répondre aux questions 1 à 3 p. 104.

III.1) Un espace urbain en voie de transformation rapide :

Pour les habitants de Shanghai, la mondialisation se traduit par la destruction des vieux quartiers et le déménagement forcé des habitants vers la périphérie, tandis que l’on voit apparaitre dans les villes nouvelles des résidences fermées (gated communities) réservées aux milieux aisés, signe d’une aggravation des contrastes sociaux dans la Chine communiste. Des boutiques telles que l’Apple Store, le plus grand d’Asie, ou le Disneyland ouvert en 2016, constituent un facteur d’acculturation des populations.

III.2) Des problèmes d’aménagement qui persistent :

Les problèmes sont à la fois politiques (l’Etat chinois veut contrôler la société à travers les moyens d’information et de communication), sociaux (aggravation des inégalités sociales dans le pays du communisme), environnementaux (pollution de l’air dépassant les limites des normes de l’OMS en raison du chauffage au charbon, des centrales thermiques, des grandes autoroutes urbaines qui traversent la ville à 45m de haut entre les ponts à haubans, le projet de ville écologique de Dongtan a été abandonné, ce devait être la plus grande ville durable du monde).

III.3) Une évolution sociale contrastée et des tensions :

Les contrastes sociaux sont accentués dans une ville où le niveau de vie moyen augmente fortement mais où la gentrification du centre chasse les populations modestes vers la périphérie. Elles y rencontrent les migrants venus de l’intérieur de la Chine (300.000 nouveaux habitants migrants par an, les Mingong, « paysans ouvriers ») à la recherche d’un emploi. Tandis que les populations aisées se rassemblent dans des résidences fermées, une « classe moyenne » de salariés aisés, cadres, ingénieurs et techniciens, accède progressivement à un niveau de vie meilleur que celui des générations précédentes, ce qui permet d’accepter le contrôle pesant des autorités dans un pays privé des libertés essentielles.

Ainsi, Shanghai est devenue en 26 ans une des plus importantes villes mondiales, dont le rayonnement est assuré par l’affirmation de la puissance économique, financière et culturelle. Cependant, la rapidité de la montée en puissance de Shanghai n’efface pas les fragilités. Les autorités locales gagneront-elles leur pari de faire de Shanghai la première ville mondiale en 2020 ?

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Faire le schéma n°11 p. 143 : reproduire les contours, faire la légende puis le schéma avec sa nomenclature.

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DOSSIER N°2c

Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation

Le quartier de Pudong, aménagé en 1990, est le centre des affaires de Shanghai, métropole de la Chine dont les dirigeants chinois veulent faire le premier centre d’impulsion de l’économie mondiale dès 2020.

Quel est l’impact du processus de mondialisation sur l’organisation des territoires à l’échelle mondiale ?

Pour répondre à cette question, nous aborderons successivement les pôles et espaces moteurs de la mondialisation, les territoires intégrés à la mondialisation, et enfin les territoires en marge de la mondialisation.

I) Les pôles et espaces moteurs de la mondialisation  : 1h

Voir carte 2 p. 109.

I.1) Un espace dominant multipolaire :

Trois grandes aires de puissance rassemblent l’essentiel du pouvoir décisionnel dans le monde : l’Amérique du Nord (Etats-Unis, 1ère puissance économique mondiale, et Canada), l’UE (27 Etats dont Allemagne 4e puissance économique mondiale, France 5e puissance économique mondiale, Royaume-Uni 7e

puissance économique mondiale, Italie 8e puissance économique mondiale), l’Asie orientale (Japon 3e puissance économique mondiale, Corée du Sud, Taiwan, et Singapour). Dans les années 1980 le japonais Kenichi Ohmae inventait l’expression Triade pour désigner les centres d’impulsion de l’économie mondiale. La Triade réunit les espaces cités plus haut, mais en restreignant l’espace asiatique au Japon. Notre vision de cet espace a donc évolué, l’Amérique du Nord étant l’aire dominante, l’UE l’aire en restructuration, et l’Asie orientale l’aire en croissance.

I.2) Des métropoles au cœur de la mondialisation :

La notion de « ville globale » a été mise au point par la sociologue américaine Saskia SASSEN en 1991. Les plus importantes villes mondiales de niveau 1 sont toutes situées dans des espaces appelés aires de puissance et dominant le monde : l’Amérique du Nord (NYC, Chicago et Los Angeles), l’UE (Londres et Paris), l’Asie orientale (Tokyo, Hong Kong, Singapour, auxquelles il faut ajouter Pékin et Shanghai d’après le classement 2008). S’y ajoute Sydney en 2008, en Australie, qui fait partie des pays développés à haut niveau de vie. Le classement de l’université de Loughborough (Royaume-Uni) établi en 2011 est le suivant :

1. Londres2. NYC3. Chicago4. Dubaï5. Hong Kong6. Paris7. Shanghai

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8. Singapour9. Sydney10.TokyoLes villes mondiales possèdent plusieurs atouts de puissance qui leur

permettent de rayonner sur le monde : 1. La concentration des fonctions de commandement économique (sièges sociaux des FMN et FTN, sièges des institutions internationales chargées de la gouvernance mondiale, gouvernements ou institutions d’Etat ayant une influence sur l’économie mondiale) ; 2. La capacité à polariser les flux financiers et commerciaux (bourses des valeurs, marchés internationaux) ; 3. Une organisation des transports permettant de rayonner sur le monde, et facilitant les déplacements urbains ; 4. La concentration d’activités intellectuelles (centres de recherche et entreprises innovantes, universités réputées, lieux de création artistique ou littéraire, grands groupes de médias, nœuds de communication Internet).

Des villes mondiales sont également visibles hors des trois aires de puissance citées : Sao Paulo (Brésil), Johannesburg (Afrique du Sud), Bombay et Delhi (Inde). C’est une conséquence de la métropolisation. Qu’est-ce que la métropolisation ? C’est la concentration de la population dans des villes de plus en plus grandes. Ce sont de grandes mégapoles (agglomérations géantes comptant plus de 10Mh), à ne pas confondre avec les mégalopoles (vastes territoires comprenant des agglomérations qui concentrent de la puissance et ont des relations étroites entre elles). Les villes mondiales sont organisées en réseau, appelé par le géographe français Olivier DOLLFUS « l’archipel mégalopolitain mondial », ou archipel métropolitain mondial, composé de trois ensembles. Le premier est la Mégalopolis (qui comprend NYC). Le second est la Mégalopole européenne (de Londres à Milan), à laquelle s’ajoute Paris. Le troisième est la Mégalopole japonaise. Les flux financiers et commerciaux majeurs relient ces trois ensembles, mais aussi les autres villes mondiales des trois aires de puissance déjà citées. D’autres mégalopoles sont en formation : la Main Street America (mégalopole des grands lacs autour de Chicago), la mégalopole du Pacifique autour de Los Angeles, etc.

I.3) Des façades maritimes, interfaces de la mondialisation :

Carte n°2 p. 107. Des façades maritimes, vastes régions regroupant de grands ports liés par les échanges, contribuent au dynamisme des villes mondiales. Une façade maritime est un espace géographique caractérisé par d’intenses relations entre des villes portuaires, et qui comprend un littoral, le grand large océanique (avant-pays maritime, avec présence d’une interface maritime majeure) et les territoires sur lesquels rayonnent les ports du littoral (arrière-pays continental assez vaste pour dynamiser les activités du littoral, ou hinterland, zone de chalandise assez difficile à délimiter). Trois grandes façades maritimes dominent les échanges mondiaux : la façade asiatique, la façade atlantique des Etats-Unis, la façade nord-européenne du Havre à Hambourg.

Les espaces moteurs de la mondialisation participent à la gouvernance mondiale par la coopération entre Etats et entreprises (voir FEM de Davos), ainsi que par la mise en place d’organisations régionales (ALENA, UE, ASEAN, Mercosur, OCS). Les territoires intégrés à la mondialisation s’inscrivent donc dans un espace multipolaire comprenant la Triade et de nombreux pays du Sud.

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II) Les territoires intégrés à la mondialisation  : 1h

Voir carte 2 p. 109.

II.1) Les pays développés à haut niveau de vie :

Les cartes du PIBPPA/h (indicateur de richesse) et de l’IDH (indicateur de niveau de développement) mettent en avant les pays de la Triade (Amérique du Nord, Union européenne, Japon et « dragons » d’Asie orientale (Corée Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour), auxquels s’ajoutent Australie et Nouvelle-Zélande, ainsi que quelques pays du golfe arabo-persique. Ce sont les principaux bénéficiaires du processus de mondialisation, par la concentration d’un grand nombre de sièges sociaux de FTN, de bourses des valeurs, et de villes mondiales. Nous y trouvons également les sièges des principales organisations internationales (FMI, Banque mondiale, OMC, ONU, etc.).

II.2) Les pays émergents ou réémergents et les pays rentiers :

Ce sont tout d’abord les BRICS (Brésil 6e puissance économique mondiale, Russie 9e puissance économique mondiale, Inde 10e puissance économique mondiale, Chine 2e puissance économique mondiale et Afrique du Sud). Ces pays sont qualifiés d’émergents (ou émergés selon certains géographes, réémergent pour la Russie qui est une ancienne puissance du Nord qui tente de retrouver sa place internationale) car ils ont pris une place importante dans les échanges internationaux récemment. S’y ajoutent les pays et territoires bénéficiant de délocalisations industrielles dans le cadre de la stratégie de développement des FTN (Toyota en Asie du Sud-Est, Renault au Maroc et en Algérie). Les pays rentiers sont des Etats dont la croissance économique dépend essentiellement de l’exportation d’un bien (source d’énergie telle que pétrole ou gaz naturel, matières premières, produits agricoles).

II.3) Les politiques d’intégration dans la mondialisation et la gouvernance mondiale :

Tous ces territoires s’insèrent dans la mondialisation par une politique volontariste destinée à attirer les flux d’IDE (dumping fiscal ou social). Nous savons que la Chine, 2e puissance économique mondiale depuis 2010, pratique une politique d’ouverture depuis 1978/79, avec la création de ZES de 1980 à 1984, puis de ZEO, avant de créer la ZES et le CBD de Pudong à Shanghai en 1990, puis de mettre en place dans la même ville des zones expérimentales de libre-échange en 2013. Tout cela a permis une croissance très rapide de l’économie chinoise, qui a été surtout profitable aux provinces littorales. Mumbai, métropole de l’Union indienne, est un autre exemple de ville mondiale de pays émergent organisée autour d’un CBD.

Les pays émergents contestent le poids de la Triade dans la gouvernance mondiale, d’où la création récente du G20 (11 pays du Nord dont UE + 9 pays du Sud) qui est l’expression d’un oligopole mondial chargé de la gestion de l’économie mondiale, tandis que le G8 réunit seulement les pays du Nord. Schéma p. 19. Mais cette gestion par les grands Etats est contestée par les pays et les territoires que la mondialisation a oubliés ou qui ont été marginalisés.

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III) Des territoires en marge de la mondialisation : 1h

III.1) Les contraintes de la distance et de l’enclavement :

Des territoires échappent à la mondialisation parce qu’ils sont éloignés des centres décisionnels et dépourvus d’infrastructures de transports ou de communication à distance. C’est notamment le cas de nombreux espaces insulaires isolés, particulièrement en Océanie.

D’autres territoires sont enclavés pour des raisons politiques. C’est le cas de la Corée du Nord, dernier pays de régime totalitaire en Asie orientale. Malgré le développement des échanges internationaux, les frontières sont loin d’avoir disparu. La limite théorique entre Nord riche et développé, et Sud en développement correspond encore à une réalité entre les Etats-Unis et le Mexique, entre les PSEM (pays du Sud et de l’Est méditerranéen) et l’UE.

III.2) Des territoires mal insérés dans la mondialisation : les PMA.

Les flux d’IDE oublient encore de vastes ensembles géographiques. Les PMA (pays les moins avancés, groupe de pays défini par l’ONU à partir de 3 critères revenu par habitant, part du secondaire dans le RNB, taux d’alphabétisation) semblent oubliés par la mondialisation, bien qu’ils contribuent aux échanges internationaux. Les 48 PMA souffrent d’un développement mal équilibré, et sont fragilisés par la prédominance de l’activité agricole, du manque d’IDE et surtout par l’instabilité politique comme c’est le cas au Mali en 2012. Les agences de notation financière déconseillent d’investir dans ces Etats.

III.3) Les « zones grises » de la mondialisation :

Les « zones grises » sont les espaces qui échappent au contrôle de l’Etat, comme au Sahel ou en Somalie. Le secteur informel y prend une place essentielle dans l’activité économique, ce qui freine la croissance (trafics de produits illicites, contrefaçons et contrebande, piraterie ou enlèvements). Les grandes puissances tentent de contenir ces espaces de non-droit sans chercher toujours à résoudre les problèmes des populations concernées. L’instabilité est développée dans l’arc des crises de la Mauritanie à l’Afghanistan et dans certaines zones maritimes (Somalie).

Ainsi, la mondialisation est un processus déjà ancien qui explique le poids des espaces centraux dominants, les pays développés à haut niveau de vie. La croissance des pays émergents conduit à un espace mondial multipolaire, possédant des métropoles puissantes et rivales, dans lequel la Chine parvient à s’imposer.

Mais la rapidité des transformations engendrées a laissé de nombreux espaces en marge de la mondialisation, créant une instabilité politique croissante. Le défi majeur reste la création d’une véritable gouvernance mondiale capable de réduire les disparités nées d’une croissance mal contrôlée.

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DOSSIER N°2d

Les espaces maritimes : approche géostratégique

Les espaces maritimes, étendues d’eau salée en communication libre et naturelle, occupent 361M km², soit 71% de la surface terrestre. Cette surface gigantesque a toujours été un milieu hostile à l’homme (peuplée d’animaux monstrueux que l’on peut voir sur les atlas et les portulans, domaine des dieux et des géants depuis Ulysse). Pourtant, les espaces maritimes ont joué un grand rôle dans l’histoire des sociétés humaines depuis Athènes (la première des thalassocraties, puissances maritimes), et ils tiennent une place essentielle dans la mondialisation. Les stratèges étaient à Athènes les magistrats élus qui commandaient les armées et qui déterminaient la politique de la cité. Une approche géostratégique privilégie les aspects géographiques de la maîtrise des territoires par les puissances.

Quels sont les éléments qui font des espaces maritimes des territoires inégalement maîtrisés et hautement stratégiques ?

Pour y répondre, nous aborderons successivement les enjeux géoéconomiques qui expliquent l’importance des espaces maritimes, puis les convoitises et les rivalités entre Etats qui en résultent, avant de terminer par l’étude d’une militarisation prévisible des espaces maritimes au cours du XXIe siècle.

I) Les enjeux géoéconomiques des espaces maritimes : croquis p. 141. 1h.

I.1) Des espaces essentiels à l’économie mondiale :

Les espaces maritimes couvrent 361M km², soit 71% de la surface terrestre. Nous savons que les échanges par voie maritime sont dominants (71% du fret mondial et 90% des transports intercontinentaux). Graphique 9 p. 115 : en 40 ans de 1970 à 2009 le trafic maritime en Mds t est X 3 de 2,5 à 7,5 et la flotte mondiale en Mt de 1970 à 2009 est aussi X 3 de 400 à 1200. Le trafic maritime et la flotte mondiale sont en constante augmentation : la conteneurisation en est en partie la cause, et les conteneurs (caisses de 20, 30 ou 40 pieds de long, chargements mesurés en EVP : équivalent 20 pieds3) sont devenus le symbole de la standardisation des modes de chargement et de déchargement des bâtiments, nécessitant des aménagements portuaires que seuls les plus grands ports du monde possèdent (Singapour, Hong Kong). Le transport des marchandises par conteneurs est dominé par la compagnie danoise APM Maersk qui possède les plus gros porte-conteneurs du monde (17 niveaux en hauteur, 22 rangées en largeur, et seulement 13 membres d’équipage).

I.2) Des espaces aux ressources surexploitées :

Les océans fournissent d’importantes ressources halieutiques : les captures des pêcheurs X 5 en 60 ans, ce qui conduit à une situation de surexploitation pour de

3 1 pied = 30,5 cm.

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nombreuses espèces. Au large du Canada, les remontées d’eaux froides du Labrador (upwelling) expliquent la présence d’une intense activité halieutique (pêche de haute mer) qui génère un marché important (morue et homard vendus dans le monde entier). La France conserve depuis 1763 la collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon pour bénéficier de ces zones de pêche privilégiées. Le golfe du Mexique était également riche en crevettes, thons et langoustes, mais la catastrophe écologique du 22 avril 2010 (explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP à 80km de la Louisiane) a réduit les pêcheurs au chômage (ils sont aujourd’hui indemnisés par BP). Les hydrocarbures tiennent en effet une place majeure dans le golfe du Mexique où ils sont exploités off-shore (en pleine mer) au large du Texas et de la Louisiane (25% de la production des Etats-Unis), et aussi du Mexique (Campêche). Le sous-sol marin recèle d’importantes réserves de minerais et de sources d’énergie fossiles. Le pétrole et le gaz naturel sont exploités dans des gisements off-shore qui fournissent 1/3 de la production mondiale d’hydrocarbures (les gisements non encore exploités pourraient abriter ¼ des réserves mondiales).

II) Les enjeux géopolitiques, des espaces maritimes très convoités : 1h.

II.1) La notion de thalassocratie et la théorie du « sea power » :

Les Etats possédant un littoral se sont lancés dans une « course à la mer » afin de s’approprier les espaces maritimes il y a de cela 3.000 ans. L’athénien Thémistocle avait constitué une flotte de galères qui fit d’Athènes la première thalassocratie du monde antique (bataille de Salamine, 480 av. JC). La bataille de Lépante (7 octobre 1571) mit fin à la puissance ottomane en Méditerranée. Mais ce sont les Britanniques qui affirmèrent les premiers leur domination sur les océans aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’amiral Alfred T. MAHAN (1840-1914) devint le théoricien de la puissance navale en affirmant la supériorité des puissances navales sur les puissances terrestres. Document 11 p. 115.

II.2) La conférence de Montego Bay et ses conséquences :

Pour limiter les conflits portant sur l’exploitation des ressources maritimes, la conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, qui a débuté en 1973, aboutit à la Convention de Montego Bay (Jamaïque, 1982) ou Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), ratifiée par 117 pays (133 pays en 2011), mais qui n’est entrée ne vigueur qu’en 1994. Ce texte essentiel pour le droit maritime distingue la mer territoriale (12 milles du littoral, un mille marin fait 1.852m), la zone contigüe (24 milles du littoral), la ZEE (zone économique exclusive jusqu’à 200 milles du littoral à l’intérieur de laquelle chaque Etat est souverain pour l’exploitation des ressources mais ne peut empêcher la libre circulation des navires). La haute mer et la zone internationale des grands fonds marins réputée « patrimoine commun de l’Humanité » s’étendent au-delà et couvrent 64% de la surface des océans.

II.3) Un espace maritime mondial, mais des zones de tensions :

L’exploitation des ressources minières et énergétiques conduit à la multiplication des conflits frontaliers (environ 70 actuellement comme en mer de Chine méridionale avec l’exemple des îles Spratly ou Paracelse), et de nombreux

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Etats étendent unilatéralement leur ZEE au-delà des 200 milles marins, car la Convention de Montego Bay le permet (comme la Russie qui a planté un drapeau sous la banquise à l’emplacement du pôle Nord géographique le 2 août 2007). En effet, la ZEE peut être étendue jusqu’à 350 milles marins du littoral, lorsque les hauts fonds du plateau continental dépassent la ligne des 200 milles marins (il est possible alors d’étendre la ZEE jusqu’à 100 milles marins au-delà de la ligne des 2.500m de profondeur). D’autre part, le réchauffement climatique permet d’envisager dans un proche avenir la disparition de la banquise dans l’Arctique et donc l’exploitation des ressources abondantes des fonds marins (notamment hydrocarbures mais aussi les métaux rares présents sous la forme de nodules polymétalliques), ce qui conduit à des tensions entre les pays riverains, Canada, Etats-Unis et Russie.

III) Vers une militarisation des espaces maritimes : 1h

III.1) Les espaces maritimes, zones d’insécurité et de non-droit :

Document n° 10 p. 115. Les espaces maritimes ont toujours été des zones d’insécurité et de non-droit. Les compagnies maritimes ont souvent recours à des « pavillons de complaisance » (Liberia, Panama) pour échapper aux législations des Etats. Les canaux et les détroits sont des espaces particulièrement vulnérables, qui constituent des verrous stratégiques majeurs, comme l’a démontré la fermeture du canal de Suez de 1967 à 1975 (les pétroliers devaient contourner l’Afrique par le détroit de Bonne Espérance). L’augmentation de la piraterie au large de la Somalie a démontré la nécessité d’une surveillance des grandes routes maritimes (opération Atalante menée depuis 2008 par les navires de l’Union européenne). D’autre part, l’OMI (Organisation maritime internationale, agence des Nations Unies) est chargée de la sécurité et de la prévention de la pollution en mer depuis 1958, mais ses moyens sont insuffisants. Cette organisation s’efforce d’imposer aux 165 Etats membres une réglementation internationale difficile à faire appliquer.

III.2) Des puissances navales qui rivalisent pour dominer les mers :

La présence de navires de guerre (2.000 navires dans le monde) reflète la hiérarchie des puissances militaires du monde. Une dizaine d’Etats seulement possèdent de véritables flottes de guerre. Les Etats-Unis sont de loin la première puissance maritime du monde avec 40% du tonnage des flottes de guerre du monde, avec 11 à 12 porte-avions (sur 16 dans le monde dont un français), 18 SNS (sous-marins lanceurs de missiles stratégiques) et 250.000 marins. Les Etats-Unis sont les « gendarmes maritimes » du monde, et ils bénéficient de 45 bases nationales et 154 bases à l’étranger. Mais d’autres puissances souhaitent dominer les mers (la Chine et ses quatre porte-avions, dont deux achetés et deux en construction), le Japon (lancement de l’IZUMO porte-hélicoptères de 19.500 t en 2015).

Ainsi, les espaces maritimes tiennent une place essentielle dans la mondialisation par leurs ressources, mais les convoitises et les tensions engendrées conduisent à une militarisation progressive des mers et océans. L’hyperpuissance maritime des Etats-Unis est aujourd’hui contestée par les puissances émergentes, en particulier la Chine qui ambitionne de dominer les mers avant la fin du XXIe siècle. Vers un nouveau conflit mondial ?