6
Dans le chapitre 10 de Bamidbar, la torah dit : כט/ יםִ עְ סֹ ה, נֶ שֹ ן מֵ תֹ י חִ נָ יְ דִ מַ ל הֵ עואְ ר- ןֶ ב בָ בֹ חְ ה, לֶ שֹ ר מֶ אמֹ יַ ו נוָ תִ ה אָ כְ ם; לֶ כָ ן לֵ תֶ תו אֹ ה, אָ הוְ ר יַ מ רֶ שֲ קום אָ מַ ה- לֶ נו אְ חַ נֲ א לֵ אָ רְ שִ י- לַ טוב ע- רֶ בִ ה דָ הוְ י- יִ ך, כָ נו לְ בַ טֵ הְ ו29/ Moshé dit à 'Hobvab, fils de Ré'ouel le Madianite, beau-père de Moshé: "Nous partons pour la contrée dont Hachem a dit: C'est celle-là que je vous donne. Viens avec nous, nous te rendrons heureux, puisque Hachem a promis du bonheur à Israël." ל/ ךֵ לֵ י, אִ תְ דַ מול- לֶ אְ י וִ צְ ר- לֶ א- םִ י אִ ך: כֵ לֵ יו, לא אָ לֵ ר אֶ אמֹ יַ ו30/ Il lui répondit: "Je n'irai point; c'est au contraire dans mon pays, au lieu de ma naissance, que je veux aller." לא/ נוֵ תֹ נֲ , חָ תְ עַ דָ ן יֵ כ- לַ י עִ נו: כָ תֹ ב אֹ זֲ עַ א תָ נ-ל , רֶ אמֹ יַ וםִ יָ ינֵ עְ נו, לָ לָ יתִ יָ הְ ר, וָ בְ דִ מַ ב31/ Moshé reprit: "Ne nous quitte point, de grâce! Car, en vérité, tu connais les lieux où nous campons dans ce désert, et tu nous serviras de guide. לב/הָ הוְ יב יִ יטֵ ר יֶ שֲ הוא, אַ טוב הַ ה הָ יָ הְ : ו נוָ מִ ך עֵ לֵ ת- יִ ה, כָ יָ הְ ו ךָ נו לְ בַ טֵ הְ ו-- נוָ מִ ע32/ Or, si tu nous accompagnes, ce même bonheur dont Hachem nous fera jouir, nous te le ferons partager." La paracha de Béha'alotékha débute par un rappel des règles concernant la ménorah ainsi que par l'investiture d e s L é v i s d a n s l e r ô l e s a i n t d'accompagnement des Cohanim dans leur fonction envers Hachem. La Torah relate ensuite le premier sacrifice de Pessa'h qui a lieu dans le désert, la deuxième année après la sortie d'Égypte, en précisant les règles que devra suivre la personne n'ayant pas pu offrir ce korban à temps. Par la suite, c’est l’organisation des différents déplacements des bné-Israël dans le désert qui est raconté par la Torah. La paracha raconte ensuite comment les bné-Israël ont commis la faute de s'éloigner d’Hachem et de réclamer ardemment de la viande. Les conséquences de ces fautes furent rapides. Hakadoch Baroukh Hou enflamme sa colère contre le peuple, en brûle une partie, et envoie des cailles en quantité incroyable! La paracha se conclut par la médisance émise par Myriam à l'encontre de son frère Moshé après qu'il ait divorcé de sa femme par nécessité pour le service d’Hachem. Suite à cette médisance, Myriam est frappée par la peste durant sept jours. Résumé de la Paracha בס״דPour la Réfoua Chéléma de David ben Messaouda, Rav Moshé ben Raziel, Chimone ben Messaouda V e r s e t s D e l a P a r a c h a V e r s e t s D e l a P a r a c h a Pour l'élévaton de l'âme de Yitshak Ben Chimone, Yéhouda Ben David, Chimone Ben Yitshak, Aaron Ben Chimone, 'Haïm ben David, David Ben yaakov, Yéhia ben Yaakov, Messaouda bat Guemra, et 'Hanna Bat Este 1 Parachat Béha'alotékha פרשת בהעלתך תשפ״אy יPour le zivoug de Sarah bat Avraham , Azriel ben Sarah et David ben Julie, Jenny Bat Étile

Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

  • Upload
    others

  • View
    6

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

Dans le chapitre 10 de Bamidbar, la torah dit :

ויאמר משה, לחבב בן-רעואל המדיני חתן משה, נסעים כט/ אנחנו אל-המקום אשר מר יהוה, אתו אתן לכם; לכה אתנו

והטבנו לך, כי-יהוה דבר-טוב על-ישראל29/ Moshé dit à 'Hobvab, fils de Ré'ouel leMadianite, beau-père de Moshé: "Nous partonspour la contrée dont Hachem a dit: C'est celle-làque je vous donne. Viens avec nous, nous terendrons heureux, puisque Hachem a promis dubonheur à Israël."

ויאמר אליו, לא אלך: כי אם-אל-רצי ואל-מולדתי, אלך ל/30/ Il lui répondit: "Je n'irai point; c'est aucontraire dans mon pays, au lieu de manaissance, que je veux aller."

ויאמר, ל-נא תעזב אתנו: כי על-כן ידעת, חנתנו לא/במדבר, והיית לנו, לעינים

31/ Moshé reprit: "Ne nous quitte point, degrâce! Car, en vérité, tu connais les lieux oùnous campons dans ce désert, et tu nous servirasde guide.

והיה, כי-תלך עמנו: והיה הטוב ההוא, אשר ייטיב יהוה לב/עמנו--והטבנו לך

32/ Or, si tu nous accompagnes, ce mêmebonheur dont Hachem nous fera jouir, nous te leferons partager."

La paracha de Béha'alotékha débutepar un rappel des règles concernantla ménorah ainsi que par l'investiture

d e s L é v i s d a n s l e r ô l e s a i n td'accompagnement des Cohanim dans leurfonction envers Hachem. La Torah relateensuite le premier sacrifice de Pessa'h qui alieu dans le désert, la deuxième année aprèsla sortie d'Égypte, en précisant les règlesque devra suivre la personne n'ayant pas puoffrir ce korban à temps. Par la suite, c’estl’organisation des différents déplacementsdes bné-Israël dans le désert qui est racontépar la Torah. La paracha raconte ensuitecomment les bné-Israël ont commis la fautede s'éloigner d’Hachem et de réclamerardemment de la viande. Les conséquencesde ces fautes furent rapides. HakadochBaroukh Hou enflamme sa colère contre lepeuple, en brûle une partie, et envoie descailles en quantité incroyable! La paracha seconclut par la médisance émise par Myriamà l'encontre de son frère Moshé après qu'ilait divorcé de sa femme par nécessité pourle service d’Hachem. Suite à cettemédisance, Myriam est frappée par la pestedurant sept jours.

Résumé de la Paracha

בס״ד

Pour la Réfoua Chéléma deDavid ben Messaouda, RavMoshé ben Raziel, Chimone

ben Messaouda

Verset s D

e la Parac h

aV

erset s De la P

arac ha

Pour l'élévaton de l'âme deYitshak Ben Chimone,Yéhouda Ben David,

Chimone Ben Yitshak, AaronBen Chimone, 'Haïm ben

David, David Ben yaakov,Yéhia ben Yaakov,

Messaouda bat Guemra, et'Hanna Bat Este

1

Parachat Béha'alotékha ⎮ פרשת בהעלתך תשפ״א

Pour le zivoug de Sarah batAvraham , Azriel ben Sarah et

David ben Julie, Jenny BatÉtile

Page 2: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

Rachi précise plus en détail la promesse queMoshé a faite à Yitro : « De quel bienfaits’agit-il ? On a enseigné : Quand Israël apartagé le pays, les terres fertiles entourantYéri'ho, qui s’étendaient sur une surface decinq cents coudées sur cinq cents coudées,n’ont pas été incluses dans ce partage. Ils ontdit qu’elles deviendraient la propriété de celuisur le territoire duquel serait construit leTemple et ils les ont données en attendant auxfils de Yithro, à Yonadav fils de Rékhav,comme il est écrit : '' Et les fils du Qéni, beau-père de Mochè, montèrent de la ville despalmiers… '' (Choftim, chapitre 6, verset 16) »

Il s'agit donc d'un cadeau temporairequ'obtiennent Yitro et sa descendance. Eneffet, plus de quatre siècles séparent l'entrée enIsraël et la construction du Beth Hamikdachpar le roi Chlomo. Durant tout ce temps,l'ensemble du territoire est réparti entre lesdouze tributs à l'exception de la ville deYéri'ho laissée entre les mains de ladescendance d'Yitro. Cette terre est mise decôté de façon temporaire en raison de

l'absence du Temple. À cette époque, tout lemonde ignorait l'endroit où Hachem allait placersa résidence. La répartition des territoires s'estdonc faite sans tenir compte de la localisation futurde Beth Hamikdach. L'endroit destiné à accueillirla présence divine, ne pouvait se limiter à lapropriété d'une seule tribu, c'est pourquoi il fallaiten faire un lieu commun à tout le peuple. Letemple appartient donc à l'ensemble des bné-Israël.Sa construction sera ensuite établie sur le territoirede Binyamin amené à céder une partie de sonhéritage, afin de le laisser à disposition de tous.Toutefois, il fallait rendre à cette tribu la perte deterrain occasionnée. C'est pour cela que les terresde Yéri'ho ont été mises de côté depuis leurconquête, afin justement de permettre l'échangeavec les détenteurs de la terre chargée d'accueillirle temple. Durant ces quatre siècles, Yéri'ho restedonc sans propriétaire réel et la descendanced'Yitro s'y est installée. C'est précisément cela queMoshé propose à Yitro pour le convaincre de lesaccompagner.

Comme le mentionne le Rachi, cette parcelle dete r re d i spose des mêmes mesures queYérouchalaïm et beaucoup de maîtres dévoilent le

lien étroit qui unit ces deux terres. Tout d'abord,tout le monde connait la conquête extraordinairede cette ville à l'époque de Yéhochou'a. Il s'agitd'ailleurs du premier lieu que les hébreux vontobtenir, d'où l'aspect miraculeux qui se greffe àl'évènement. Yéri'ho était connue pour sesmurailles infranchissables empêchant tout ennemisde pénétrer. Afin de franchir l'obstacle, les bné-Israël vont procéder à un rituel sur sept jours.Pendant les six premiers jours, les bné-Israëleffectuent un tour de la muraille accompagnés del'arche sainte en sonnant du chofar. Au septièmejour, ils répètent ce procédé sept fois consécutiveset alors la muraille effondre d'elle-même. Aprèsles batailles et la victoire du peuple juif,Yéhochou'a sanctifiera tout le butin pour le Maîtredu monde. Sur cela, le Raavad (au traité Tamid,chapitre 3) écrit : « Yéri'ho était commeYérouchalaïm car il s'agit du début de laconquête d'Israël. De même qu'il faut effectuer unprélèvement sur les récoltes, de même il faut agirconcernant la terre, expliquant pourquoiYéhochou'a l'a désignée comme sainte à l'imagede Yérouchalaïm »

Il est intéressant de souligner ici les propos duTséror Hamor (sur parachat Vézot Habérakha). Àla fin du livre de Dévarim, Hachem accordeà Moshé rabbénou le droit de contemplerl'intégralité de la terre d'Israël à distance àdéfaut de pouvoir y entrer. En plus de luipermettre d'observer la terre où il rêvaitd'entrer, cela a permis à Moshé d'apporter unsoutien important aux bné-Israël. Ainsi,chacun des endroits où Moshé a posé leregard a en quelque sorte, bénéficié de labénédiction d'une aide afin de favoriser lesévènements à venir. Moshé a donc orientéses yeux vers chaque conquête future dupeuple juif afin de mettre en place lesbesoins qui faciliteront les combats et lesépreuves du peuple juif. Plus encore, Moshéa observé tous les lieux où des difficultés,aussi bien spirituelles que matérielles,devaient survenir face aux hébreux. C'est enamont de ces situations que Moshé a priépour alléger les souffrances et les problèmesqu'allaient rencontrer les bné-Israël. Lorsquenous analysons les versets en question, nousconstatons qu'un endroit est doublementmentionné. D'une part la Torah rapporte

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

שההפר דבר תורה על

שההפר דבר תורה על

2

Page 3: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

(Dévarim, chapitre 34, verset 1) :

ויעל משה מערבת מוב, אל-הר נבו, ראש הפסגה, אשר; ויראהו יהוה את-כל-הרץ את-הגלעד, עד- ירחועל-פני

דןMoshé se dirigea des plaines de Moav vers lemont Névo, et monta au sommet du Pisga quiest en face de Yéri'ho. Et Hachem lui fitcontempler tout le pays: le Guil'ad jusqu'àDan.

Ce verset nous indique dores et déjà que Moshéobserve la ville de Yéri'ho qui lui fait face. Etpourtant, la torah réitère ensuite deux versetsplus loin :

עיר התמרים—עד-צער ירחוואת-הנגב, ואת-הככר בקעתPuis le midi, le bassin du Jourdain, la vallée deYéri'ho, ville des dattes, jusqu'à Tsoar.

Cette insistance que porte la Torah sur la villede Yéri'ho démontre le besoin particulier d'yintervenir. Plus qu'ailleurs, Moshé Rabbénoudoit prier pour permettre la victoire deshébreux dans cette terre et pour atteindre cet

objectif, il doit s'y mettre à deux reprises. C'estdire combien il s'agit d'une des clefs de laconquête d'Israël et de fait, combien les énergiesen question sont puissantes.

Avant d'approfondir le sujet, il convient d'insistersur le lien qui unit cette ville et celle deYérouchalaïm. Concernant le dernier verset quenous venons de citer traitant de la vision deYéri'ho par Moshé, Rachi écrit : « Il lui a montréChlomo faisant fondre les ustensiles du Temple,comme il est écrit : '' Le roi les fit fondre dans laplaine du Yardén, dans une terre grasse… ''(Melakhim 1, chapitre 7, Verset 46). » C'estprécisément à Yéri'ho que Chlomo Hamelekh afabriqué les ustensiles du Beth Hamikdach. Plusencore, le Talmud (Traité Tamid, page 30b) citedix sons résonnants depuis le temple deYérouchalaïm jusqu'à la ville de Yéri'ho. Il estévident que ces sons n'étaient pas audibles danstoutes les autres villes de la terre d'Israël. SeuleYéri'ho était en mesure de capter ces ondes malgréla distance, car les deux villes vibrentsimultanément de par le lien qui les unis. C'est direla valeur de cette ville et l'importance que la Torahlui accorde.

Cela nous amène naturellement à tenter decomprendre la particularité de cette ville maisaussi le lien qui l'unie avec Yitro pour que cedernier en hérite momentanément.

Pour aborder correctement le sujet, il nous fautapporter une analyse profonde du Rav TsadokHacohen (Dans son livre Dover Tsédek, à partirde la page 144). Le maître développe le rapportentre l'émission de la voix divine et sarépercussion dans les différentes stratesmatérielles. Comme chacun le sait, la paroleprophétique provient de la sphère divine et reposeuniquement sur la sainteté. Seulement, dans ladimension matérielle, la sainteté est limitée et setrouve bornée par les forces du mal qui cherchentà s'en approprier la substance. C'est pourquoi lessages versées dans la mystique parlent d'uneextrémité au son divin, il s'agit du son qu'il le suitou « le son à l'arrière », une sorte d'écho à la voixdivine. L'exemple pour illustrer ce propos est celuide la capacité pour les forces du mal de percevoirl'avenir au travers des sciences occultes. Commentle mal parvient-il à extraire des informations« vraies » alors qu'il se situe dans une réalitéincarnant le « faux » ?

En réalité le mal ne fait que profiter d'undévoilement divin qu'Hachem opère au traversd'un prophète auquel il se révèle. Cetteémanation divine se fait par le biais d'un son,d'une voix que les forces du mal parviennentà atteindre partiellement. Ce rapport entre ledivin et les forces du mal se fait à la limite duson. Une sorte de transition s'opère alors entrela source divine et son expansion qui finit pardevenir accessible aux forces du mal. De fait,lorsqu'un prophète reçoit un message divin,les forces du mal sont en mesure de décelerl'écho du message et accèdent de fait à desinformations provenant du ciel. D'où leurcapacité à traiter de l'avenir.

Cette transition dont nous parlons se fait deproche en proche pour atteindre lesdimensions les plus lointaines de la sainteté.À ce titre, le judaïsme évoque principalementdeux langages, il s'agit de la langue sainte, àsavoir l'hébreu et l'araméen. Les deuxlangages se ressemblent et nous trouvonsbeaucoup de textes comme celui de laGuémara où les deux langues cohabitent : le

שההפר דבר תורה על

שההפר דבר תורה על

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

3

Page 4: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

même support est tantôt exprimé en hébreu ettantôt en araméen. L'hébreu symbolise icil'origine divine qui en s'étendant se voitatteinte par des sources étrangères altérant sanature parfaite. À ce titre, l'araméen est prochedu langage divin mais se trouve parasité parles interférences conséquentes aux forces dumal. Il fait donc office de palier de transitionet constitue l'écho du langage saint. À son tourl'araméen constitue une source pour leslangages qui le suivent et de fait, l'informationdivine initiale se répercutent à chacun deslangages. En fonction de la distance entre lalangue en question et l'origine divine,l'information perd en clarté et devient de plusen plus difficile à cerner. À ce titre, le Talmudconstitue l'expression de la parole divinecachée dans un langage distant : Dieu parlemais nous ne percevons que l'extrémité de sonpropos d'où l'alternance de l'hébreu et del'araméen. C'est d'ailleurs précisément en exil,à Babel que le Talmud est rédigé carjustement, le peuple juif se trouve éloigné desa source, de la voix originelle issue deYérouchalaïm. Ce dont les bné-Israël sont en

mesure de capter n'est alors que « le son àl'arrière », celui qui est distant de la sainteté etauquel se sont entremêlées les forces du mal.

Ayant cela à l'esprit, il devient alors intéressantd'analyser cette jonction où se produit la transitionentre l'expression de la voix divine et sonexpansion dans des dimensions inférieures.Comme nous venons de le voir, l'araméen est lapremière étape du transfert. Mais plus encore,lorsque nous reprenons les propos du Talmud (citéprécedemment) et que nous suivons la trame desdifférentes sonorités capables d'atteindre Yéri'hodepuis Yérouchalaïm, nous remarquons que lessages parlent ensuite d'un dernier élément : il s'agitcette fois-ci d'une odeur. En effet, l'encens brulésur le Temple parvenait également jusque dans laville de Yéri'ho. D'un point de vue mystique,l'odeur est le sens le plus fin tant il est difficile dele cerner. En effet, contrairement à la vue ou àl'ouïe, l'odorat ne transmet que peu d'informations.Nos sages expliquent qu'il profite réellement àl'âme et très peu au corps. Nous nous apercevonsalors que les différentes sources émises depuisYérouchalaïm finissent elles-mêmes par différer :nous passons du son accessible au corps et à l'âmepour finir par l'odeur que seule l'âme décèle

réellement. À juste titre, la ville de « יריחו -Yéri'ho » tire sa racine du mot « ריח - odeur ».

Qu'est-ce que cela signifie ?

La ville de Yéri'ho est appelée la « ville desdattes » comme l'indique le dernier verset quenous avons cité. Il n'est pas anodin de noter queparmi les sept fruits d'Israël, la datte est la dernièrecitée (Devarim, chapitre 8, verset 8) : « Une terrede blé, d'orge, de vigne, de figue et de grenade, unpays d'olive huileuse et de miel (issu des dattes) ».En d'autres termes, la ville qui se trouve àl'extrémité d'Israël, en ce sens où il s'agit de lapremière conquête, est qualifiée par l'extrémité dessept fruits saints. Par ailleurs, le Talmud (traitéPessa'him, page 87a) rapporte un enseignementénigmatique : « 'Oula dit : (les bné-Israël ont étéexilés à Babel) afin d'y manger des dattes et d'yétudier la Torah ». Comme nous l'avons écrit, c'està Babel que le Talmud a vu le jour dans undialecte semi-hébreu, semi-araméen. La Torah s'yest donc manifestée dans un état où les forces dumal sont d’ores et déjà parvenues à atteindre sasainteté, à la voiler. En ce sens, un dynamiqueimportante se met en place entre Yéri'ho et Babel,toutes les deux comparées à la datte qui constituel'extrémité de la sainteté d'Israël : si Yéri'ho estl'extrémité de la sainteté, il s'avère que Babelest l'extrémité des premières forces du mal.Les deux dimensions sont en contact et untransit s'y opère. De même que l'araméen est« le son à l'arrière » du langage saint, demême Babel est « la ville à l'arrière » deYérouchalaïm. Nous comprenons alors lanature de la ville de Yéri'ho, elle est la zonede contact entre les deux dimensions, lastation de transit entre la sainteté et sonexpansion dans le monde au travers desforces du mal. C'est pour cela qu'elle tire saracine du mot « ריח - odeur », car dès lorsque la parole divine traverse la frontièred'Israël, elle est capté par le mal et perd desa consistance, elle devient plus difficile àsaisir et à appréhender. Il ne s'agit alors plusd'un son, mais d'un résidu, d'une traceolfactive difficile à saisir.

Cette notion nous permet d'aborder une idéeparticulièrement profonde. La guémararapporte (traité Pessa'him, page 87b) :« Rabbi Él'azar dit : Hakadoch Baroukh

4

שההפר דבר תורה על

שההפר דבר תורה על

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Page 5: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

Hou a exilé Israël parmi les nationsuniquement afin que des convertis s'ajoutent àeux. » Cet enseignement est difficile à cerner.Si Hachem souhaite réellement la présence desconvertis au point de juger utile d'exiler sonpeuple parmi eux, pourquoi alors la conversionsera-t-elle interdite à l'époque messianique ?

La réponse se trouve en fait dans le propos quenous venons de développer. Sachant que sesenfants d’Israël allaient malheur sèment fauter,Hachem leur prévoit un moyen de retournerauprès de lui. En effet, la terre d'Israël estincompatible avec la faute de par sa sainteté.De fait, il est évident que les hébreux nepourront rester sur cette terre lorsqu'ilss'égareront. C'est en ce sens que le Maître dumonde accepte le contact entre sa parole et lesforces du mal. En effet, nous pourrions trouverlogique de voir Hachem empêcher latransmission de la sainteté dans les forcesnégatives. Pourquoi le permet-Il ? Justementparce qu'en séparant totalement les deux, leshébreux perdraient tout accès à la sainteté unefois en dehors d'Israël. Afin de leur permettre

de ressentir sa présence même à distance, Hachemmet en place la ville de Yéri'ho permettant à saparole de filtrer dans le reste du monde où lesforces du mal sont présentes. Cette expression dudivin n'est plus aussi puissante que celle deYérouchalaïm, il ne s'agit plus d'un sonparfaitement audible, mais d'une simple odeur. Laville de Yéri'ho se charge donc de transmettre cerésidu de sainteté qu'elle cache au cœur des forcesdu mal, afin que malgré la distance, les hébreuxpuissent ressentir un tant soit peu la présencedivine. Ce procédé permet aux hébreux de resterau contact du Créateur, seulement, cette odeurrépandue dans les nations étrangères fini parfoispar imprégner certains individus qui au fil dutemps deviennent de plus en plus sensibles à lasainteté. En somme, la présence divine dissimuléedans le monde fini par entrer en contact avec desmembres des autres nations. Ces derniersdeviennent alors en mesure de saisir la vérité etcherchent son origine, les conduisant à laconversion. Seulement l'objectif réel est depermettre aux bné-Israël de bénéficier du maintienà proximité d'Hachem et tant que les hébreuxrestent distants, alors le Créateur diffuse sasainteté atténuée dans le monde. Cela ne profitedonc aux nations que durant la présence d'Israël

dans leur terre, leur offrant la possibilité deconnaître une connexion avec Hachem. Toutefois,à la fin des temps, la fameuse époque messianique,les bné-Israël retourneront dans leur terre et il n'yaura plus besoin de diffuser la sainteté dans lesforces négatives. Les nations seront alors privéesde cette possibilité de se lier avec l'odeur du divin.

Nous comprenons maintenant pourquoi les sonsi s s u s d e Y é r o u v h a l a ï m p a r v i e n n e n tprécisément jusqu'à Yéri'ho. Cette ville étantchargée d'effectuer le transfert de l'informationdivine vers le reste du monde, il convient quel'ensemble du message y soit exprimé. Lapremière conquête des hébreux canalise alorsl'intégralité du message divin et le diffuse versl'extérieur. Cette expansion lorsqu'elle estressentie, permet aux hébreux de rester liés auMaître du monde, et aux non-juifs d'espérer s'enapprocher. C'est en ce sens que Yitro, considérécomme le premier converti depuis le don de laTorah, se voit offrir par Moshé le droit d'y vivre,car son existence, à lui comme à tous les futursconvertis, tire sa source de cette ville !

De par la nature de cette ville, les forces du mal s'yétaient naturellement installées avant la conquêtedes bné-Israël. Puisqu'il s'agit d'une zone decontact, les énergies négatives tentent de s'yenraciner. Nous avions déjà vu (cf, parachatChémini 5781) que lors de la faute d'AdamHarichone, le serpent est parvenu à instiguersept forces négatives dans le monde. Ces forcesnégatives se sont manifestées dans la terred'Israël au travers des sept peuples qui yvivaient avant l'arrivée des hébreux. Ces septnations vont concentrer l'intégralité desénergies en question dans la ville de Yéri'hoqu'ils vont bâtir sur le moule de ces forces. À cetitre, ils vont organiser la défense de la ville autravers de sept murailles afin d'empêcherquiconque de s'approcher. (voir Zéra'Chimchone, parachat Vayélékh, sur le verset« Hinékha Chokhev », ainsi que le midrachTalpiot, Erekh Yérikho et le Ziv'hé Chélamimdu Ramak sur l'explication du moussaf « O'hilalaél »). C'est en ce sens que les maîtres parlentdu « verrou d'Israël » pour qualifier Yéri'ho. Ildevient maintenant aisé de comprendre leprocédé requis par Hachem, de tourner avec leAron Hakodech à sept reprises autours desmurailles. Ainsi, la sainteté repoussera les

5

שההפר דבר תורה על

שההפר דבר תורה על

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Dva

r T

orah

Sur

La P

arac

ha

Page 6: Parachat Béha'alotékha א״פשת ךתלעהב תשרפ

forces du mal et permettra l'effondrement desmurailles. Plus encore, afin d'inverser la tendance,Yéhochou'a offre cette ville en tant queprélèvement destiné au Maître du monde, il s'agitde la Térouma à laquelle s'adjoint tout le butinobtenu, intégralement consacré à Hachem.L'objectif est de transformer ce lieu d'impureté envecteur de sainteté permettant à Yéri'ho de jouer lerôle dont nous parlons et donc de diffuser la voixd'Hachem issue de Yérouchalaïm.

Un lien encore plus étroit se tisse alors avec Yitro.Rachi (chapitre 18, verset 1) rapporte : « Yitroportait sept noms : Ré'ouel, Yèthèr, Yitro, 'Hovav,'Hèvèr, Qeini et Poutiel (Mekhilta). Yèthèr, parcequ’il a ajouté (yathar) un paragraphe à la Torah :'' Et toi distingue d’entre tout le peuple… '' (verset21). Yitro, parce que, lorsqu’il s’est converti et aaccompli les mitsvot, on lui a ajouté une lettre àson nom. 'Hovav, parce qu’il chérissait ('havav) laTorah. Et ‘Hovav s’identifie à Yithro, comme il estécrit : « Parmi les enfants de 'Hovav, beau-pèrede Moshé… » (Choftim, chapitre 4, verset 11).D’aucuns disent que Ré'ouel était le père de Yitro.Comment se fait-il, alors, que le texte dise :'' Elles vinrent vers Ré'ouel leur père'' (supra2, 18) ? C’est parce que les jeunes enfantsappellent leur grand-père : papa ».

Sur cela, le Chem Michmouël (parachat Yitro)rapporte qu'Yitro disposait des sept niveaux du

mal incarnés en lui. C'est pourquoi, il a pratiquétoutes les idolâtries connues car sa nature réunitoutes les sources négatives. C'est en comprenantla nature mensongère des idoles qu'il est parvenu àtransformer ces sept sources négatives en forcespositives. D'où les sept noms qui lui sont attribués,chacun connotant un aspect positif de cet homme.D'où l'affiliation particulière avec la ville deYéri'ho dans laquelle étaient concentrées cesmêmes forces qui ont finalement étaient convertiesdans une expression sainte.

Ce développement nous indique notre rapport àl'exil. Pour reprendre une expression d'actualité :« nous sommes en distanciel ». La paroled'Hachem est bien présente, mais il ne s'agit qued'un écho légèrement audible, ce fameux « son àl'arrière ». Nous peinons à sentir sa présence tantelle est occultée par les forces négatives. C'estpourquoi, chaque juif doit avoir à cœur de serapprocher de la source, de sortir de l'emprise desforces du mal pour retourner à la sainteté d'origine.

Yéhi ratsone, qu'Hachem nous affranchissedéfinitivement de cet exil interminable pour nousconduire en Israël écouter le son de Sa voix, amenvéamen.

Chabbat Chalom.

Y.M. Charbit

6

Ce feuillet nécessite la guénizah. Ne pas porter durant chabbat !