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Se regrouper pour être plus forts, plus performants. Les réussites sont souvent basées sur un modèle économique simple. Le groupe reha team-ortho team en est un exemple. Un service de qualité pour aider à vivre avec un handicap : une idée en avance sur son temps.www.les-cahiers.com
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■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
le gRoUpe Reha team-oRtho teamSe regrouper pour être plus forts, plus performants.Les réussites sont souvent basées sur un modèle économiquesimple. Le groupe reha team-ortho team en est un exemple.Un service de qualité pour aider à vivre avec un handicap :une idée en avance sur son temps.
Paroles d’entrepreneur :Stéphane Biron, Reha Team
m. stéphane BiRon,vous êtes actuellement le gérantdu groupe reha team-ortho team,mais où sont vos racines ?
Je vais remonter à mon grand-père, né en
1883. Il était cordonnier-bottier, compagnon
du Tour de France. Il a eu sept enfants dont
quatre fils sont devenus cordonniers. Les
quatre frères travaillaient ensemble. Mon père,
le plus jeune, s’est formé à la botterie (chaus-
sure sur-mesure) à Romans puis, dans un
second temps, c’est à Paris qu’il s’est initié
à l’orthopédie et plus précisément à ce que
l’on appelait la « botterie orthopédique ».
Rapidement, cette activité a pris le pas sur
le reste. Le développement s’est fait naturel-
lement vers « l’orthopédie générale » devenue
« orthopédie-orthèse », et ensuite vers la
distribution et la location de matériel
médical.
et vous, comment avez-vous rejointle monde du dispositif médical ?
Ce n’était pas du tout vers ce secteur d’activité
que je me dirigeais. J’ai une formation pluri-
disciplinaire axée sur le monde de l’entreprise,
de la gestion et de la finance. Ensuite, j’ai
suivi une formation commerciale. Je suis entré
dans l’entreprise familiale en 1987. Au départ,
je suis venu pour prendre en charge le dépar-
tement du matériel médical et la gestion de
l’entreprise. Lors du départ en retraite de mon
père, je suis devenu PDG de la société.
Lorsque je suis arrivé dans cette affaire, je ne
connaissais rien à l’orthopédie. Je suis retourné
à l’école à Paris et à Marseille pour apprendre
ce métier. Ma chance est également d’avoir eu
autour de moi des gens qui connaissaient bien
ce domaine et qui m’ont transmis leur savoir.
Dans le même temps, je trouvais que nous
étions malmenés dans nos professions. >>>
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stéphane Biron 52 ans,gérant de reha Team(chiffre d’affaires 2011 : 50 millions d’euros).
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■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
>>> Nous étions isolés, nous communiquions
mal, nous avions une image vieillotte. Notre
formation continue était quasi-inexistante.
Ayant travaillé sur l’organisation du commerce
indépendant durant mes études, l’idée de
monter un groupement professionnel m’est
venue très vite. C’est à cette époque que nous
avons créé Symbiose Ortho International. Le
principe était simple : se regrouper pour
échanger, se former, communiquer et mieux
acheter. Au démarrage nous étions quatre.
L’idée a séduit un fournisseur puis deux, un
orthopédiste puis deux, trois... Pour l’anecdote,
la première année, j’avais souscrit un prêt
personnel pour financer un stand sur le salon
INTERMEDICA à Paris. Pari risqué mais
payant. Cela a été notre premier envol. Ceci
nous a permis de croître rapidement. La pre-
mière année en 1994, nous avons réalisé un
chiffre d’affaires de 180000 FF (27000 €) et
nous avons perdu 20000 FF (3000 €).
Comment avez-vous construitvotre développement ?
La philosophie de nos confrères (groupements
professionnels du matériel médical) n’était
pas tout à fait la même que la nôtre. Nous
étions plus orientés sur le handicap, la qualité
et sur la notion de prestations.
En 1996, nous avons rencontré des confrères
allemands qui avaient eu la même idée que
nous … mais 12 ans auparavant ! En Allemagne,
à partir d’une coopérative (Sanitashauss
Aktuell), ils avaient évolué vers des enseignes
et des savoir-faire adaptés par métier, par
pathologie. Ils avaient déjà créé Reha Team,
Ortho Team, Stoma Team, etc. Ils cherchaient
à se développer sur d’autres pays européens.
À l’époque, l’Europe se structurait. Nous avons
créé conjointement reha team France sur le
même modèle. Nous nous sommes développés
assez vite par croissance interne mais égale-
ment par croissance externe. C’est également
à ce moment que Symbiose Ortho a été repris
par reha team.
Votre groupement travaille doncsous deux enseignes différentes…
Nous avons une entité juridique : « reha team »
et deux enseignes : « reha team » (pour le
matériel médical) et « ortho team » (pour
l’orthopédie). Enfin nous avons quatre dépar-
tements d’activités selon le type de patientèle,
d’appareillage et les spécificités par métier.
Chaque membre peut adhérer à un ou plusieurs
départements d’activités selon qu’il réponde
ou pas aux critères qualitatifs que nous impo-
sons pour chaque domaine d’activité.
pour l’orthopédie,vous exigez de vos associésune technicité confirmée...
Pour l’orthopédie-orthèse, nous n’acceptons
que des professionnels diplômés, agréés, ayant
pignon sur rue avec des structures d’accueil
pour les patients, et surtout un réel savoir-faire.
Il en est de même en ortho-prothèse… Ces
professionnels doivent répondre à des critères
de qualité. Tous doivent apporter des garanties
quant à la bonne gestion de leur entreprise.
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>>>
Réagissez en ligne !Pour participer à la discussion autourde cet article, il suffit de vous rendreà l’adresse indiquée en bord de page. ›
actuellement, combien êtes-vousd’actionnaires ?Nous sommes 103 actionnaires pour 185 points
d’accueil-clientèle en France et en Belgique,
certains ayant plusieurs succursales. Parmi
ces 103 actionnaires, certains n’ont qu’une
activité, d’autres plusieurs. Ainsi, nous
comptons dans notre groupe 29 sociétés en
ortho-prothèse (un bon quart de la profession),
60 en orthopédie-orthèse, et environ 85 sur
le matériel médical.
Comment fonctionnez-vousavec vos partenaires ?Êtes-vous une centrale d’achat ?
Nous sommes une centrale de référencement,
une centrale de facturation, une centrale de
paiement mais en aucun cas une centrale
d’achat. Nous n’avons pas de plateforme, nous
ne gérons pas de stock, nous ne nous inter-
calons pas entre le fournisseur et l’adhérent.
Notre centrale est avant tout une société de
services à disposition de ses membres et des
fournisseurs. La fonction achat (ou plutôt
négociation) est importante. C’est une
composante de la réussite économique des
entreprises. Mais acheter n’est pas une finalité
en soi. Le plus important pour les membres
de notre réseau, c’est de vendre et de bien
vendre. Notre structure s’oriente plus vers
une aide à la vente qu’une aide aux achats.
Quant au fonctionnement avec nos partenaires,
je reprécise ici que tous nos adhérents sont
actionnaires. Ce sont les statuts qui régissent
nos relations. Nous avons développé de nom-
breux concepts au fil du temps.
Si nous devions faire une comparaison, nous
pourrions dire que nous nous approchons de
la franchise sans en avoir les travers : sur le
plan juridique, pas de clauses « purgatoires »,
sur le plan financier, pas de contraintes dra-
coniennes pour les franchisés.
Chez reha team, les sociétés qui adhèrent à
notre réseau achètent une action de la cen-
trale. Ils sont tous actionnaires égalitaires. Il
n’y a pas de droit d’entrée, pas de cotisation,
pas de redevance sur le chiffre d’affaires.
Nous proposons de nombreux services et
conseils pour chaque société du groupe. La
fonction achat reste très importante mais pas
essentielle. Nous mettons en relation les
fournisseurs et nos adhérents. Si les
commandes et les livraisons se traitent en
direct entre les adhérents et les fournisseurs,
les flux de facturation et de paiement tran-
sitent par notre société. Nous payons les
fournisseurs au comptant et nous leur offrons
une garantie financière totale (clause ducroire)
sur l’ensemble des achats du groupe.
où en êtes-vous en 2012 ?
Aujourd’hui, nous achetons pour 50 millions
d’euros de marchandises pour la France, ce
qui est encore à notre avis trop peu pour notre
marché. En comparaison, le groupement
allemand achète dans le même temps
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>>> pour 230 millions d’euros de marchan-
dises. Il nous faut donc encore progresser
au sein de notre réseau pour être plus
performants.
Sur ces 50 millions d’euros, nous avons 78 %
du chiffre d’affaires qui concerne l’enseigne
reha team et 22 % pour l’orthopédie dont la
compression médicale. Nous sommes avec
nos adhérents et nos fournisseurs dans une
relation gagnant-gagnant. Nous souhaitons
que nos fournisseurs gagnent de l’argent afin
qu’ils puissent financer leurs investissements
(recherche et développement, commercial,
communication et formation).
en dehors des prix avantageux,qu’apportez-vous à vos partenaires ?
Les motivations d’une entreprise à rejoindre
un groupement professionnel, quel qu’il soit,
sont toujours les mêmes : obtenir des prix,
avoir des catalogues et rompre l’isolement.
Pour nous, ceci ne suffit pas. C’est pour cela
que nous apportons beaucoup plus. Nous
apportons tous les moyens de communication
nécessaires au développement des entreprises
(communication de notoriété, de proximité,
catalogues, guide de l’appareillage et main-
tenant les fiches « patients » que nous appelons
les « Essentiels pour… »)…
Nous mutualisons nos efforts et réalisons des
supports à moindre coût pour nos adhérents.
Nous sommes également un organisme for-
mateur agréé. Nous mettons en place des
formations commerciales, techniques et
médicales (nous proposons des formations
sur les pathologies, à destination de l’ensemble
des équipes de nos adhérents). Nous four-
nissons également une aide à la gestion avec
des services dédiés au suivi budgétaire et
financier. Nous assurons également tout ce
qui est veille commerciale, administrative et
juridique. Nous accompagnons nos adhérents
vers les démarches ISO. Notre palette de
services est donc très large.
mais où gagnez-vous de l’argent ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, nous
sommes prestataires de services également
pour nos fournisseurs. Nous payons comptant
toutes les marchandises. Nous garantissons
financièrement l’ensemble des transactions
et nous nous rémunérons sur l’ensemble de
ces services.
imaginons que je soisun jeune orthopédiste diplômé avecune petite expérience du métier,un local bien placé et un agrémentauprès de la Cpam,puis-je vous rejoindre ?
À la présentation de ce jeune orthopédiste
que vous faites, je serais tenté de dire : « bien
sûr, vous pouvez nous rejoindre ». Mais comme
nous avons également des critères de chiffre
d’affaires et de volume d’achat, nous allons
travailler ensemble pour vous aider à répondre
à ces critères s’ils ne sont pas déjà acquis.
Nous allons fournir à ce jeune orthopédiste
des conditions d’approvisionnement et des
moyens de promotion. Nous allons le guider
dans son développement.
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et si je suis pharmacien-orthopédisteavec une « belle » surfaceà consacrer à une nouvelle activité ?Là encore, nous allons nous déplacer et étu-
dier ensemble le dossier. Nous verrons si
vous avez le nombre de salons d’essayage
nécessaires pour la compression, pour la
prothèse mammaire et pour la podologie.
Et également si vous êtes prêt à suivre nos
critères qualitatifs. Nous tenons à ce que
vos salariés qui œuvrent dans nos métiers
soient diplômés et agréés. Ainsi nous saurons
si nous pouvons travailler ensemble ou pas...
Chez reha team, il est plus difficile d’entrer
dans le groupe que d’en sortir, ce qui nous
a valu pendant un temps l’étiquette d’être
un peu élitiste.
Comment voyez-vous l’évolution devos métiers à moyen terme en 2015et à plus long terme en 2020 ?
Il y a un problème économique évident,
l’Assurance-Maladie et les restrictions bud-
gétaires peuvent venir « impacter » nos métiers.
Nous constatons sur l’orthopédie mais surtout
sur le matériel médical, une course au prix
bas, au « low cost ». Nous prenons cela à
contre-pied. Chez nous, le prix, c’est la conclu-
sion de la vente, cela n’a jamais été un argu-
ment de vente. La qualité du produit et la
qualité du service sont incompatibles avec
la notion de bas prix. Nous constatons que
ceux qui ne travaillent que le prix, ne travaillent
pas le service et que la délivrance et l’appli-
cation des produits ne se font pas correcte-
ment. Ces produits sont alors souvent mal
adaptés ou mal utilisés.
Une prévision sur 2020 me semble plus difficile
mais je reste fidèle à mon idée du service.
Vous avez entrepris une campagnede communication à la télévisionqui est très remarquée.Qu’en attendez-vous ?Nos professions et nos entreprises souffrent
d’un déficit d’image. Distributeurs de matériel
médical, prestataires de santé à domicile,
orthopédistes-orthésistes, ortho-prothésistes
sont des professionnels peu connus du grand
public, souvent mal considérés. Depuis 4 ans
maintenant, nous faisons tous les ans une
campagne de publicité télévisuelle en plus
de la communication de proximité habituelle.
Notre profession a besoin de notoriété. C’est
ce que nous recherchons par ce media.
Une entreprise seule ne peut avoir accès à ces
outils. Notre groupe en a les moyens parce que
nous en mutualisons les coûts. Nous souhaitons
faire connaître nos savoir-faire, nos activités.
Nous avons fait réaliser des spots de 30 secondes
sur des scènes de la vie quotidienne. On peut y
voirunappareilleur réalisantuncorsetsur-mesure,
un jeune amputé tibial faisant son jogging, un
papa en fauteuil roulant avec ses gamins et pour
qui la vie est belle… Et puis à la fin, la petite
touche finale avec le livreur, le service…
Nous faisons diffuser les spots publicitaires sur
France Télévisions lors d’émissions à fort taux
d’audience comme Télématin, Questions pour
un Champion, Vivement Dimanche et également
au cours d’émissions médicales (Allo Docteur).
Parallèlement, nous faisons de l’affichage
4 m × 3 m à proximité des points d’accueil de
la clientèle. Tout cela est très novateur dans
nos métiers. Nous avons d’excellents retours
et nous pensons contribuer au « dépoussiérage »
de nos professions… ■
Propos recueillispar Jean-Patrick Benigni