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Partie II La diversité des modèles d’entreprise et des systèmes industriels (6h)

Partie II La diversité des modèles dentreprise et des systèmes industriels (6h)

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Partie IILa diversité des modèles

d’entreprise et des systèmes industriels

(6h)

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Introduction• Objet de cette partie : la firme et l'industrie• Comprendre que :

• La firme est une organisation, un système et une institution qui s'inscrit elle-même dans un méta-système

• L'industrie (=secteur=marché) est une construction sociale et un système sectoriel

• Les écueils à éviter :• La firme boîte noire universelle : la firme

néoclassique• L’idiosyncrasie des firmes : la théorie

évolutionniste (Nelson, Winter)

• Le structure du marché comme fait de nature

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Introduction (suite)

• Une question de recherche : articulation micro-macro :• Les modèles de firmes et les capitalismes• L'articulation macro-méso-micro

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• Organisations et institutions : une définition : DC. North• Les institutions consistent en des règles formelles

(comme la loi, les contrats…) et des contraintes informelles (comme les normes, les conventions sociales, les habitudes…) qui constituent les règles du jeu du système économique.

• Les organisations de leur côté sont des groupes d’agents engagés dans une activité finalisée, et représentent les joueurs. Les entreprises sont un exemple de tels groupes organisés.

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• Institution et organisation chez Commons 3 types d'institutions :

– Coutumes : institutions informelles sanctionnant par l'opinion collective

– Légales ou juridiques : institutions formelles sanctionnées par la violence

– Going concern : les organisations 3 types de transactions :

– De marchandage : impliquant 2 vendeurs et acheteurs (réels et potentiels) ayant les mêmes droits et le juge; sanctionnés par la règle de rareté; fondées sur la liberté.

– De direction : transaction hiérarchique entre un supérieur et un inférieur en droit, sanctionnées par l'éthique

– De répartition : transaction entre un individu et la collectivité, sanctionnée par la violence politique (Etat)

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Going concern (« collectif dynamique organisé »):

– les acteurs aux intérêts opposés, mais intérêt commun à la reproduction de l'organisation

– Dynamique car vise à se reproduire, indépendamment de ses membres ; accumule des connaissances ; se transforme sous l’effet des conflits, de son environnement et de l’apprentissage

– Fondé juridiquement (« société »)

On distingue going concern économiques (visent aux gains pécuniaires : firmes, syndicats…), culturels (Eglises, associations…) et politiques (partis politiques, Etat…). Les going concern économiques sont aussi des :

– Going plant : « système productif »– Going business : c'est un capital (faire de l'argent)

Il y a un commun intérêt à la reproduction du going concern, car interdépendance des agents.

Mais cette interdépendance engendre aussi des conflits : pour assurer l’ordre et permettre la coopération efficace dans le going concern, nécessité d'une culture d'entreprise (éthique) et de routines (règles de l’organisations)

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• La firme structurée autour du rapport salarial et le dirigeant possède le pouvoir souverain au sein de l'entreprise par délégation (de droit et par les membres du going concern)

• Le rapport salarial couple une transaction de marchandage (achat de la force de travail) avec une transaction de direction (pouvoir et subordination hiérarchique pour produire)

• De plus, pour maintenir l'unité au sein de la firme par le dirigeant par la mise en oeuvre des transactions de répartition (primes, affectation des profits entre les filiales etc)

• Tout going concern est orienté vers sa reproduction : il est finalisé

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La formule élémentaire du going concernSource : Théret (2003)

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• Idée proche de la théorie behaviouriste de la firme de Simon, Cyert et March

• Théorie behaviouriste de la firme :– Rationalité limitée ou procédurale : optimisation

impossible, impossibilité de traiter l'ensemble des informations, recours au critère de satisficing et aux routines comme « économiseurs » de rationalité

– La rationalité procédurale explique la division du travail (notamment entre services) et suppose l’usage de routines (procédures) qui sont des règles sous-optimales mais satisfaisantes qui économisent la rationalité

– L’apprentissage améliore les routines : routines exploitatives et exploratives => l’organisation est dynamique et innovante, elle apprend et se transforme au gré des informations et connaissances

– Autonomisation de chaque service, qui va suivre ses intérêts principaux, et en fonction de ses intérêts, va négocier et essayer des construire des coalitions au sein des organisations => politique et culture commune dans l’organisation => les routines sont des « trêves » au conflit dans l’organisation

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Les routines = les compétences des entreprises

Les routines = à la fois cognitives et compromis politiques négociés collectivement

La sélection des routines :

- par le marché (faillite de certaines organisations)

- dans les organisations par la direction, en fonction des objectifs et compromis internes

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Chapitre 1 – La diversité des modèles d’entreprise : approches isomorphiques

et approches des modèles productifs

Lung, Y. (2008), “Modèles de firme et formes du capitalisme : Penser la diversité comme agenda de recherche pour la TR », Revue de la

Régulation, n°2, http://regulation.revues.org/index2052.html

Coris M., Frigant V., Lung Y, (2009), “Changements organisationnels et diversité des formes institutionnelles”, Cahier du GREThA, 2009-23,

http://ideas.repec.org/s/grt/wpegrt.html

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Introduction

• Impossibilité d'une variété de firmes dans un secteur selon les néoclassiques

• Or à l'évidence, ce n'est pas le cas : diversité durable des firmes

• Comment expliquer cette diversité sans tomber dans l'idiosyncrasie :– Rôle du contexte institutionnel macro et méso– Diversité des stratégies

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Plan• I. Les approches isomorphiques

– A. Définition de l'isomorphisme institutionnel

– B. Les approches de Aoki :• 1) Firme A vs J• 2) L'analyse institutionnelle comparée

• II. La diversité des modèles productifs– A. La question de la pertinence externe– B. La cohérence interne

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I. Les approches isomorphiques

• A. Définition de l'isomorphisme institutionnel

• Les approches isomorphiques : référence à une relation entre une forme de capitalisme et une forme d'entreprise (donc du macro au micro)

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• DI MAGGIO P., POWELL W. (1983), “The Iron Cage Revisited: Institutional Isomorphism and Collective Rationality in Organizational Fields”, American Sociological Review, Vol.48, n° 2, p. 147-160.

• Les entreprises convergent par le biais d’une soumission volontaires des dirigeants des entreprises à trois types de contraintes:• Coercitives: soumission cadres légaux

• Normatives: définition de bases cognitives, de méthodes et de pratiques similaires. Rôle clé: formation, clubs/associations…

• Mimétiques: copier les autres organisations jugées plus performantes.

Isomorphisme institutionnelIsomorphisme institutionnel

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• Acteurs porteurs: • L’Etat : lois• Les cabinets consultants/conseils qui disent comment

faut s’organiser• Les entreprises elles-mêmes du secteur (Imitation

des leaders du secteur)

• Trois approches :• Masahiko Aoki • CIA : Comparative Institutional Analysis• Variété du capitalisme : déjà vue

Isomorphisme institutionnel

Isomorphisme institutionnel

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B. Les approches de Masahiko Aoki

• Les travaux initiaux d’Aoki portaient sur la comparaison des firmes A(méricaines) et J(aponaises)

• Outil théorique : économie de l’informationStructure informationnelle (verticale vs horizontale)Structure d’incitation

• Démarche : faits stylisésModèle A (H)Modèle J

Cf. cours de Vincent Frigant

Récemment il a proposé une approche plus complexe

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L’Analyse Institutionnelle Comparée(Comparative Institutional Analysis- CIA)

• Masahiko Aoki, 2006, Fondements d’une analyse institutionnelle comparée, Albin Michel, Paris.

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Hypothèses et méthodologie

• Outil théorique : • théorie des jeux• Faits stylisés/idéaux-types

• Institutions comme des règles du jeu…… et systèmes de représentation partagée« un système autoentretenu de croyances partagées

sur un aspect saillant de la manière dont se déroule le jeu répété » p25

« ces règles sont crées de manière endogène au cours des interactions stratégiques entre les agents, elles sont dans l’esprit même des agents et que c’est pour cela qu’elles sont auto-entretenues »

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• Complémentarité institutionnelle…pluralité des arrangements institutionnels… différentes échelles spatiales• Nationale• Infra-nationale• Supra-nationale

• Firme : architecture organisationnelle assurer circulation efficace de l’information (incitation, circulation)

• La firme s’inscrit dans un environnement dans lequel son organisation doit être cohérente• Taxonomie analytique

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2.2. La diversité des modèles d’entreprise

• 3 modèles empiriques où isomorphisme est le principe de constitution des arrangements institutionnels :• A : Américaine (firme H) • J : Japonaise• D : Allemande

• Deux modèles non isomorphiques• SV : Silicon Valley : arrangements institutionnels au niveau

infranational : Californie• G ou GL : Firme Globale

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Modèle\Domaine Convention d’architecture organisationnelle

Gouvernement d’entrepriose

Institutions financières

Institutions des marchés et de l’emploi

Marché des produits et relations industrielles

Relations avec les fournisseurs

Relations de droits de propriété et mise en application

Enchassement social, normes et valeurs

Etat

W Boîte noire technologique

Contrôle entrepreneurial

Commissaires priseurs Déterminées et rendues exécutoires de manière endogène

Utilitarisme Libéralisme

HM Hiérarchie fonctionnelle

Contrôle par le propriétaire (Hart et Moore)

Marché des titres actifs

Salaire d’efficience

Intégration des actifs physiques complémentaires

Contrats incomplets/droits de contrôle résiduels

Libéralisme

A Hiérarchie fonctionnelle

Contrôle par les dirigeants

Titrisation (marché du contrôle)

Bureaucratie employante, syndicalisme de contrôle de l’emploi

Concurrence oligopolistique réglementée

Intégration verticale

Interprétées et rendues exécutoires par le tribunal

Communautés diverses

Démocratie représentati- -ve

D Hiérarchie de participation

Co-détermination

Engagement des actionnaires

Réglementations corporatistes

Associations professionnelles autorisées

Fournisseurs autonomes

Réglementations associatives

Citoyenneté industrielle

Corporatisme social- Compact

J Hiérarchie horizontale

Contrôle relationnel-contingent

Système de la banque principale

Contrôle du personnel à l’échelle de l’entreprise dans son ensemble

Associations industrielles

Fournisseurs keiretsu

Renégociation ex post

Stratification par le statut social

Pluralisme administratif

SV Diversité encapsulée

Contrôle par le capital-risque et par le tournoi

Financement échelonné par la société de capital-risque, introduction en Bourse

Forte mobilité due au court cycle de vie des jeunes entreprises

Regroupement et association de détermination des standards

Firmes dépourvues d’usines

Elaboration et rédaction des contrats par les avocats

Communautés professionnelles, tournoi entre les dirigeants

Favorable aux entrepreneurs

G Hiérarchies fonctionnelles intégrées en réseau

Contrôle dem arché

Marché des titres mondial

Concurrence internationale

Alliance stratégique, commerce électronique

A-D, commerce électronique interentreprises

« Contrats en tant que produits »

ONG variées Etats à plusieurs niveaux

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Conclusion Aoki 2

• Isomorphisme ne suffit pas

• Unicité intra-sectocielle

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II. La diversité des modèles productifs

Boyer R., Freyssenet M., 2000, Les modèles productifs, Repères, La Découverte, Paris.

Freyssenet M., Mair A., Shimizu K., Volpato G., 2000, Quel modèle productif?, La Découverte, Paris.

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• Fondements théoriques :– Macroéconomie : théorie de la régulation– Firme : institution

• Toute firme capitaliste doit faire face à 2 incertitudes :– Incertitude de marché : problème des

débouchés et de réaliser un profit suffisant– Incertitude du travail : problème productif et

de la mise au travail

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Articulation macro/micro

selon les MP

Sources : Boyer R.,

Freyssenet M. 2000

Compromis de gouvernement

d’entreprise

Stratégie de Profit

Mode de croissance et de distribution des revenus

Incertitude de marché des produits

Incertitude de marché du travail

Politique produit

Relation salariale

Orga. productiv

e

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• Mais ces incertitudes prennent une forme différente selon les modes de croissance et de distribution du revenu national

• Ils décrivent la source principale de croissance et la manière dont le revenu se répartit (=régime d'accumulation)

• Sources de croissance :– Consommation– Investissement– Exportations

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• Distribution du revenu :– Concurrentielle– pénurique– coordonnée et modérémment hiérarchisé– Inégalitaire

• On en déduit 8 modes de croissance

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• La firme peut exploiter plusieurs sources de profit :– Économie d'échelle (volume)– Économie de gamme (variété)– Flexibilité– Réduction des coûts à volume constant– Les rentes de monopole de l'innovation

• La firme peut combiner plusieurs sources profit compatibles entre elles : on parle de stratégies de profit

• En fonction des modes de croissance, certaines stratégies sont viables

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Tableau : les principaux modes de croissance et de distribution du revenu national Revenu national Modes Distribution Croissance

Marché Travail Dynamique Contradictions

Concurrentiel-concurrencé

-variable, dépendant de la compétitivité interne et externe des firmes nationales

-balkanisé -instable -des catégories sont exclues

-flexible -organisé sur des bases profession-nelles

-« drop » en prix réels -marché limité dû à l’incertitude du revenu

-difficultés à défendre les positions acquises -spéculation

Concurrentiel et orienté consommation

-tirée par la consommation

-Hétérogène -Variable

-flexible -organisé par les syndicats de branche

-« broadening » du marché -stimulation de l’investissement

-manque un cercle vertueux amenant à la consommation de masse

Concurrentiel et exportateur-prix

-Dépend des rapports de pouvoir locaux et de l’opportunisme financier

-tirée par l’exportation de produit standardisés

-Hétérogène -Instable -Des catégories sont exclues

-abondant -faiblement organisé

Industrialisa-tion rapide

-marché domestique limité, manque un cercle vertueux

Coordonné et consommateur

-Coordonné nationalement, modérément hiérarchisé, orienté vers la productivité

-tiré par la consommation

-orienté vers la masse -modérément hiérarchisé -prévisible

-organisé en syndicats -élément de la demande

L’ensemble de la population a accès à la consomma- tion de masse

-besoin de trouver de nouvelles économies d’échelle une fois le marché saturé

Coordonné et orienté vers les exportations spécialisées

_tiré par l’exportation de biens et services spécialisés

-orienté vers la masse -modérément hiérarchisé -haut de gamme

-organisé en syndicats -coopératif -stable

-L’ensemble de la population a accès à la consomma- tion de masse -Travaux à hauts salaires pour favoriser la qualité des produits

-risques d’être enfermé dans une spécialisation, pouvant devenir obsolète

Coordonné et exportateur-prix

-nationalement coordonné, modérément hiérarchisé, orienté vers la compétitivité à l’exportation

-tiré par l’exportation de produits compétitifs

-orienté vers la masse -hiérarchisé -prévisible

-organisé en syndicats -coopératif -stable

-l’ensemble de la population a accès à la consomma- tion de masse

-réactions des autres pays -augmentation des salaires et des taux de change

Inégalitaire et rentier

-Structurellement inégalitaire -…

-erratique, dépend du prix mondial des matières premières et des produits agricoles

-catégories de propriétaires cadres et … -contractions ou expansions soudaines

-flexible -faiblement organisé -dépendant

-enrichi ???? -le processus d’industrialisation se heurte à des barrières significatives

Pénurique et investisseur

-relativement égalitaire pour la

-dépend du taux

-très limité -administré

-mobilisé -assure le plein-

-ne peut se perpétuer

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Pour être viable, une firme doit sélectionner une stratégie de profit adaptée au mode de croissance, et utiliser des moyens adaptés pour mettre en oeuvre cette stratégie. Elle doit aussi trouver un compromis entre les différents acteurs pour permettre la mise en oeuvre de la stratégie. On parle alors de modèle productif

Les modèles productifs peuvent être définis comme des « compromis de gouvernement d’entreprise » qui permettent de mettre en œuvre durablement et avec profit une des stratégies de profit viables dans le cadre des modes de croissance des pays où les firmes organisent leurs activités, grâce à des moyens (politique-produit, organisation productive et relation salariale) cohérents et acceptables par les acteurs concernés »

(B&F, 2000, p.23).

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Conditions de pertinence Exigence de mise en œuvre Stratégie de profit

Caractéristiques marché travail Politique-produit Organisation

productive Relation salariale

Compromis de gouvernement d’entreprise

Diversité et flexibilité

Marges permises par -des produits abondants répondant spécifiquement à des demandes distinctes -un ajustement rapide des coûts aux variations de la demande

-hétérogène, voire balkanisé -de variable à instable

-main d’œuvre autonome, flexible et mobile

-modèles ayant peu de pièces communes-répondant à des catégories différentes de clients -prix le plus rémunérateur

-concevoir rapidement à moindre coût de nouveaux modèles -changer de production aussi souvent que nécessaire

-contreparties à la compétence et à la flexibilité nécessaires -incitation à la réalisation du travail en des temps compétitifs

-à construire entre des actionnaires qui entendent être rémunérés, des salariés et des fournisseurs qui se doivent d’être flexibles

Qualité Marges permises par -des produits considérés socialement comme « haut de gamme » ou de luxe -distribution commerciale d’emblée internationale

-clientèle aisée et fortunée -international

-qualifié, placé sous contrainte de maintenir la spécialisation de la production nationale sur le marché international

-offrir des modèles exprimant la position sociale et économique de la clientèle aisée et fortunée

-s’assurer de la qualité des fournitures et la maintenir tout au long de la production -savoir vendre du prestige

-conserver les compétences rares garantes de la qualité et du prestige -valoriser le professionnalisme et le travail bien fait

-à construire entre des propriétaires soucieux de la marque, des salariés professionnels et des fournisseurs sur qui repose la qualité

Volume -économies d’échelle en produisant un modèle standard en quantité croissante

-homogène, croissant, national puis international

-main d’œuvre abondante, peu qualifié et non-syndiquée

-offrir un produit répondant aux besoins basiques de transport individuel

-standardiser et fluidifier la production

-faire admettre un travail indifférencié, et se répétant à l’identique

-à construire principalement entre les dirigeants et la masse des salariés

Volume et diversité

-combinaison des économies d’échelle sur les parties invisibles, et des effets de variété sur les parties visibles

-modérément hiérarchisé, avec un passage d’un segment à l’autre au cours de la vie -national puis international

-main d’œuvre polyvalente et syndiquée

-offrir des modèles différents en surface mais ayant des plates-formes communes - sauf véhicules niches, très bas et très haut de gamme

-maîtriser la complexification dans tous les domaines due à la variété - éviter les sur- ou les sous- capacités simultanées

-obtenir la polyvalence -offrir des salaires modérément hiérarchisés -assurer une carrière

-à construire principalement entre des managers, des ingénieurs et techniciens en nombre croissants et des syndicats

Innovation et flexibilité

-marges permises par des modèles innovants répondant à des attentes nouvelles -exploitation de la rente en saturant la demande potentielle avant d’être copié -limitation des pertes par une reconversion rapide, si échec

-partiellement renouvelé par les attentes pratiques et symboliques de couches nouvelles de la population émergeant périodiquement

-salariés entreprenants et opportunistes

-offrir en temps voulu des modèles conceptuellement innovants correspondants aux attentes des couches nouvelles de la population assurées d’une certaine pérennité

-générer des capacités à innover de manière commercialement pertinente -construire une organisation très réactive dans tous les domaines

-valoriser l’innovation, l’expertise et la carrière

-être autonome financièrement pour pouvoir prendre les risques nécessaires -pacte entre dirigeants, innovateurs et salariés réactifs

Réduction permanente des coûts à volume constant

-réduire les coûts à volume constant en permanence et en toutes circonstances -exploiter les sources de profit dans la mesure où elles ne remettent pas en cause la réduction des coûts

-modérément hiérarchisé -privilégiant le prix, la fiabilité et l’élévation du niveau de base des équipements

-salariés semi-qualifiés, syndiqués, -placés sous la contrainte de compétitivité extérieure

-volume, diversité et qualité de l’offre « au plus juste » -éviter d’avoir à innover conceptuellement

-éviter les fortes variations de production -concevoir une organisation productive améliorable pas à pas

-rendre possible l’acceptation par les salariés de la réduction des coûts et ses effets sur l’emploi et le travail

-compromis à construire principalement entre les dirigeants, les salariés et les fournisseurs -être accepté socialement et politiquement, compte tenu d’une capacité concurrentielle ravageuse

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• Certaines stratégies de profits sont inadaptées à certains modes de croissance, d'autres y sont adaptés

• Mais plusieurs stratégies peuvent être compatibles pour un même mode de croissance

Ex : les modèles qualité (BMW) s’adressent à la clientèle fortunée tandis que les volumes et diversité aux autres (Volkswagen)

• On peut inventer plusieurs compromis de gouvernement d'entreprise soutenant la même stratégie

=> il existe une diversité de modèles productifs dans un même secteur et un même mode de croissance

• En général, l'invention d'un modèle productif est un processus d'essais-erreurs, largement inintentionnel

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• En général, lorsqu'un modèle essaye d'importer une pratique d'un autre, on observe un processus d'hybridation, càd qu'il n'y a pas adoption du modèle étranger, mais invention d'un nouveau modèle du fait des spécificités locales (compromis, mode de croissance différent…)

Ex : l'invention du modèle Toyota est la tentative d'importation du modèle fordien dans un environnement différent => invention du modèle toyotien

• Donc la convergence vers the one best way est improbable

• Cette approche globalement s'accorde avec les résultats des évolutionnistes, sans pour autant dire qu'il y a une diversité infinie de firmes

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Chapitre 2 :

Systèmes sectoriels et construction sociale des marchés

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Introduction• Traditionnellement :

- le marché et industrie = une donnée (économie standard), notamment sa structure (oligopole, monopole, concurrence parfaite, concurrence monopolistique etc...)

- étude des propriétés de l'équilibre (partiel)

• Or, la concurrence comme le marché sont encadrés par des institutions

• Et les marchés eux-mêmes ont des défaillances (market of lemons, imperfection)

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• Historiquement, marchés et Etat ont toujours fonctionné ensemble :– les marchés et les industries sont toujours

réglementés– C'est très souvent l'Etat qui construit le

marché (ex : rôle de l'Etat dans la Silicon Valley ; armement etc...)

• On peut considérer le secteur/l'industrie comme un méso-système

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Mais les frontières d’une industrie ne correspondent pas toujours avec les frontières des Etats

Cas 1 : industrie Cas 2 : les frontières de

nationalement encastrée l’industrie déborde le sys nationale

Pays B Mode de régulation y

Industrie i

Pays A Mode de régulation x

Pays A Mode de régulation x

Industrie i

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I. Les systèmes sectoriels d'innovation et les régimes technologiques

• Notions issues des travaux évolutionnistes

• Ses travaux sont des déclinaisons des travaux sur les paradigmes/trajectoires d'un côté (Dosi, 1982 & 1988) et les systèmes nationaux d'innovation (Lundvall, 1992)de l'autre

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• Dans l'évolutionnisme : la cumulativité des connaissances, puis l’enfermement dans un paradigme et le changement de paradigme => description du processus de changement dans l’industrie

• Le concept de régime technologique pour rendre compte de l’articulation et des invariants entre les changements technologiques et les changements de structures industrielles

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• Le régime technologique : ensemble de facteurs qui sont constitutifs et explicatifs de la dynamique d’une industrie :

– Des opportunités technologiques (influencées par les paradigmes, perception des agents, savoir-faire, institutions universitaires…)

– Les conditions d’appropriabilité des connaissances (brevets, secret, connaissances plutôt tacites ou non...)

– Cumulativité des connaissances

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• O n peut alors distinguer plusieurs r égim es technologiques :– L e rég ime entrepreneuria l : fo rtes oppo rtun ités e t fa ib les c onditions

d ’appropriab ilité e t de c umula tivité=> s tra tég ies exp lo ra to ires => d iffi c ultéà établir des ba rr iè res à l’entrée e t d’avo ir des avantages monopo lis tes =>fluid ité de la s truc ture (nombreus es entrées , fo rte morta lité des firmes… ) (S c humpete r 1)

– L e rég ime routin ie r: fo rtes oppo rtun ités , appropriab ilités e t c umula tivités=> les firmes ins ta llées de grandes ta ille jouent le rô le d’innova tr ic es , routines explo ita tives e t exp lo ra tr ic es pour s’approprie r l ’innova tion => barr iè res à l’entrée => s truc tures r ig ides e t o ligopo lis tiques (S c humpete r 2)

• Il est possible d ’avoir une lecture chronologique de l ’ industrie : on passe du régim e entrepreneurial au r égim e routinier

• O n peut distinguer ainsi une phase d ’é m ergence (ré gim e entrepreneurial) fondé sur un apprentissage de la diversit é avec de nom breux entrants, et une phase d ’apprentissage de la standardisation (dom inant design) qui m arque la m aturit é de l ’industrie. Les firm es hors standard disparaissent, les parts de m arch é se stabilise. O n évolue alors vers le r égim e routinier, qui se traduit par la concentration et potentiellem ent le d éclin

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• Taxonomie (empirique) Pavitt (1984) des industries = régimes technologiques différenciés :

– Suppliers dominated– Scale-intensive– Specialised equipment suppliers– Science-based

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Les systèmes sectoriels d'innovation et de production

• Enjeu :

- comprendre la co-évolution entre changement technique, structure industrielle et le rôle des institutions

- comprendre la diversité des secteurs et des formes d'innovation

• Malerba a alors proposé la notion de système sectoriel d’innovation

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« The concept sectoral system of innovation and production providesa multidimensional, integrated and dynamic view ofsectors . It is proposed that a sectoral system is a set of products and the set of agents carrying out market and non-market interactionsfor the creation, production and sale of those products. A sectoralsystems has a specific knowledge base, technologies,inputs and demand. Agents are individuals and organizations atvarious levels of aggregation. They interact through processesof communication, exchange, co -operation, competition and command, and these interactions are shaped by institutions.A sectoral system undergoes change and transformation through the co-evolution of its various elements. »

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• Les éléments essentiels du système sectoriels d'innovation :– Les produits

– Les connaissances et processus d'apprentissage

– Technologies de base, inputs, demande, complémentarités

– Mécanismes d'interactions intra et inter-firmes

– Mécanismes de concurrence et de sélection

– Institutions (ex donnés par Malerba : standard, droit du travail, réglementations, recherche publique...)

• Il y a co-évolution entre la technologie, la structure industrielle (concurrence, sélection, interactions…) et les institutions

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II. Les approches régulationnistes des industries

• En ce qui concerne l’analyse sectorielle, la TR souligne:

– C’est une construction sociale historiquement située ;

– Que le secteur est un espace de d’accumulation, de régulation et de conflit (DuTertre, 1995) : les institutions d’un secteur sont construites par le conflit ;

– Un secteur est à la fois articulé au macro et en partie autonome : il a ses lois propres (ibid.1995)

– Le secteur se construit autour de transactions, d’un ordre institutionnel constitué de dispositifs institutionnels sectorisés et une structure productive (Allaire, 2002)

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• Donc pour comprendre la dynamique sectorielle, il faut comprendre comment s’institutionnalise le secteur (sectorisation)

• Les dispositifs institutionnels définissent, régulent et orientent le procès d’accumulation et la concurrence

• Le secteur est marqué par un régime économique de fonctionnement, qui peut différer substantiellement du régime d’accumulation macro

• La dialectique entre autonomie/articulation des régimes économiques de fonctionnement avec le régime macro : la spécificité du secteur participe et s’articule au régime d’accumulation

• Les dispositifs institutionnels du secteur forment une médiation entre le macro et le méso, qui assure cette articulation et participe au fonctionnement du régime d’accumulation

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III. Fligstein : l’approche politico-culturelle des champs organisationnels

Neil F ligstein : sociologue (sociologie économ ique bourdieusienne )• P roblém atique sim ilaire à la T R : il part du problèm e de la reproductibilit é

des échanges et de la survie des entreprises• Deux instabilit és typiques: baisse des prix (concurrence) et conflits internes

à l’organisation • Les m arch és/industries/secteurs sont des cham ps (Bourdieu) structur és en

rapports firm es dom inantes/firm es dom in é es et des relations aux consom m ateurs, fournisseurs, actionnaires et salari és.

• L’objectif des firm es dom inantes est de contrôler les cham ps et laconcurrence

• Un m arch é ne peut exister s ’il n ’y a pas : – des dro its de propr i été (l’ens emble des règ les définis s ant le pa rtage du

profit dans la firme) ; – des règ les d ’éc hange (s tandards , c onventions de qua lité ) ;– des s truc tures de gouvernanc e (l’ens emble des règ les définis s ant avec

qui e t c omment les firmes peuvent c oopére r : lo is antitrus t) ;– e t des c onc eptions du c ontrô le , c àd représ enta tion du monde

c onc urrentie l pa rtagée e t des s o lutions pour gére r la firme .

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• Cette conception du contrôle (=convention) est le produit du conflit interne aux organisations entre les managers (ainsi que les actionnaires et salariés), l’Etat et les consommateurs et des compromis politiques entre les grandes entreprises

• Un marché se stabilise lorsqu’une conception du contrôle est adoptée dans par les firmes d’un même champ/marché/secteur, et qu’une hiérarchie entre firmes dominantes et dominées se met en place

• => la stabilité du marché suppose la construction de barrières à l’entrée et la stabilité des institutions, notamment régulant la concurrence(règles d’échange, structures de gouvernance, droits de propriété)

• Dès lors, le contrôle du marché passe presque nécessairement par le lobbying et la capture de l’Etat par les firmes dominantes. Le plus souvent, l’Etat est amené à suivre les recommandations des firmes dominantes de par leur poids

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• Changements dans les champs: – nouveaux entrants (firmes dominantes d’autres secteurs)– Intervention de l’Etat, modifiant les barrières à l’entrée

• L’approche souligne le rôle de la culture des dirigeants dans l’évolution de la stratégie des firmes (la conception du contrôle sert de culture d’entreprise qui cimente l’organisation et stabilise les conflits internes)

• Intérêt d’étudier la sociologie des dirigeants et l’évolution de la propriété (des entreprises) pour comprendre les choix stratégiques et les changements de conception du contrôle

• Montre comment la régulation étatique est susceptible de transformer le fonctionnement des marchés et l’organisation des firmes

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• Les différentes conceptions du contrôle aux USA :

– Au milieu du XIXème, conception du contrôle «sauvage» : concurrence par la guerre des prix...instabilité des marchés

– D'où la conception du contrôle des cartels : créer des grands trusts et cartels pour stabiliser les prix puis racheter et/ou détruire les fournisseurs des concurrents

– Réponse : Sherman Act, puis Clayton Act : interdiction des cartels, d'où conception du contrôle industrielle » : les entreprises se sont alors intégrées verticalement afin d'éviter d'avoir les approvisionnements rompus ; les ingénieurs dominent l'organisation

– Passage à la conception « marketing » du contrôle : début de la consommation de masse, on a besoin d'écouler les marchandises...les commerciaux dominent l'organisation : les entreprises se diversifient pour maximiser les ventes

– Puis Kefauver-Harris Act dans un contexte de guerre froide, on interdit certaines fusions et les conglomérats deviennent très grands ; pour les gérer, on considère la firme comme un portefeuille d'actifs financiers => conception financière du contrôle

– Puis développement des fonds de pension et de la théorie de l'agence ; les conglomérats sont alors considérés comme non rentables (crise du fordisme) : on passe à la valeur pour l'actionnaire, l'objectif devient la max. du cours de bourse via rachats d'actions, cessions, fusions, recentrage etc...