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1 PAUL-EMILE VICTOR -28 juin 1907--7 mars 1995- A la Martinique de décembre 1940 à juillet 1941 (Antan Wobè) Etonnante histoire locale d’un « homme du froid » réfugié quelques temps dans un village tropical du bout du monde, Paul-Emile Victor a séjourné six semaines à Grand-Rivière, petit village de pécheurs situé à l’extrême Nord de la Martinique, entre février et mars 1941, dans l’attente d’un visa pour les États-Unis où il partait poursuivre ses missions dans le Grand Nord arctique. Un « homme du froid » débarque en Martinique Le 29 décembre 1940, Paul-Emile Victor accoste à Fort-de-France. D’abord, il donne plusieurs conférences dans le cercle de la marine et des officiels, puis, à sa demande au grand public. Courant janvier 1941, il part pour Sainte-Anne où il reste pendant quatre jours, logé par Maurice HAYOT. Il y étudie l’art d’une poterie faite par les femmes, dont la technique si caractéristique s’apparente à celle des Incas et des Mayas. Aidé sur place par un archéologue, un céramiste, un historien, Paul-Emile Victor rédigera un mémoire, illustré de près de 150 desseins, qui reste à ce jour la référence pionnière sur ce sujet. 11 février 1941/fin mars 1941, le séjour à Grand-Rivière Le 11 février 1941, Paul-Emile Victor part au Nord de l’île, là « où la route de Grand-Rivière s’arrête épuisée, le nez dans l’océan ». Il s’installe au premier étage d’une maison de deux pièces avec un grand balcon donnant sur une plage de sable noir volcanique. Là, pendant six semaines, dix heures par jour, il est à sa table, il lit, il travaille, il écrit, il dessine. Le reste du temps, il se baigne, pêche au lancer ou fait des ballades dans des paysages magnifiques. A la fin du mois de mars, Paul Emile Victor doit regagner Fort-de-France dans le cadre d’une mission d’études des organisations de jeunesse et d’éducation physique. 08 juillet 1941, départ de la Martinique pour les États-Unis Le 8 juillet 1941, son Visa pour les États-Unis en poche. Paul-Emile Victor quitte la Martinique à bord du paquebot transatlantique Guadeloupe pour poursuivre sa carrière entamée comme ethnographe au Groenland entre 1934 et 1937 et en Laponie en1939.

PAUL-EMILE VICTOR -28 juin 1907--7 mars 1995- A la

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Page 1: PAUL-EMILE VICTOR -28 juin 1907--7 mars 1995- A la

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PAUL-EMILE VICTOR -28 juin 1907--7 mars 1995-

A la Martinique de décembre 1940 à juillet 1941

(Antan Wobè) Etonnante histoire locale d’un « homme du froid » réfugié quelques

temps dans un village tropical du bout du monde,

Paul-Emile Victor a séjourné six semaines à Grand-Rivière, petit village de

pécheurs situé à l’extrême Nord de la Martinique, entre février et mars 1941,

dans l’attente d’un visa pour les États-Unis où il partait poursuivre ses missions

dans le Grand Nord arctique.

Un « homme du froid » débarque en Martinique

Le 29 décembre 1940, Paul-Emile Victor accoste à Fort-de-France. D’abord, il

donne plusieurs conférences dans le cercle de la marine et des officiels, puis, à

sa demande au grand public. Courant janvier 1941, il part pour Sainte-Anne où

il reste pendant quatre jours, logé par Maurice HAYOT. Il y étudie l’art d’une

poterie faite par les femmes, dont la technique si caractéristique s’apparente à

celle des Incas et des Mayas. Aidé sur place par un archéologue, un céramiste,

un historien, Paul-Emile Victor rédigera un mémoire, illustré de près de 150

desseins, qui reste à ce jour la référence pionnière sur ce sujet.

11 février 1941/fin mars 1941, le séjour à Grand-Rivière

Le 11 février 1941, Paul-Emile Victor part au Nord de l’île, là « où la route de

Grand-Rivière s’arrête épuisée, le nez dans l’océan ». Il s’installe au premier

étage d’une maison de deux pièces avec un grand balcon donnant sur une

plage de sable noir volcanique. Là, pendant six semaines, dix heures par jour, il

est à sa table, il lit, il travaille, il écrit, il dessine. Le reste du temps, il se baigne,

pêche au lancer ou fait des ballades dans des paysages magnifiques.

A la fin du mois de mars, Paul Emile Victor doit regagner Fort-de-France dans

le cadre d’une mission d’études des organisations de jeunesse et d’éducation

physique.

08 juillet 1941, départ de la Martinique pour les États-Unis

Le 8 juillet 1941, son Visa pour les États-Unis en poche. Paul-Emile Victor

quitte la Martinique à bord du paquebot transatlantique Guadeloupe pour

poursuivre sa carrière entamée comme ethnographe au Groenland entre 1934

et 1937 et en Laponie en1939.

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A la une du Courrier des Antilles du 3 février 1941, on pouvait lire un mois et

demi en retard, l’annonce de la venue de Paul-Emile Victor pour une série de

conférences.

L’Explorateur P. E. Victor

fera une seconde conférence

sur les Esquimaux le lundi

3 février

M. Paul-Emile VICTOR, le jeune explorateur qui fut chef de l’expédition

française du Groenland en 1934-1936 et qui repartit en Mars 1936 vivre un

hiver entier chez les Esquimaux, est de passage parmi nous.

Chargé de conférences au Collège de France, chargé de la section arctique du

Musée de l’Homme, Enseigne de vaisseau de réserve et scout depuis 20 ans, M.

Paul-Emile VICTOR a bien voulu donner une conférence pour le public

martiniquais. Elle a eu lieu mardi dernier à la Salle Paroissiale. C’est une chance

rare pour l’élite intellectuelle de notre pays que d’écouter, dans une de nos

salles, un vrai conférencier. C’est une chance inespérée quand c’est dans la

bouche même d’un explorateur, il est donné d’entendre le récit d’une expédition

lointaine et difficile.

M. Paul-Emile VICTOR, savant notoire, a narré, en se mettant à la portée de son

public, son voyage et ses études fines et savantes, dans les terres polaires

arctiques, agrémentant ses enseignements sur le Groenland et ses habitants. La

conférence étant illustrée par la projection de photographies qui sont des

documents de grande valeur.

L’Amiral ROBERT et le Gouverneur NICOL* L’honoraient de leur présence.

Le Colonel ACHILLE présenta le conférencier qui fut remercié, après les

applaudissements enthousiastes par M. Jean de LAGUARIGUE**.

Beaucoup de personnes désireuses d’entendre cette conférence n’ayant pu

trouver de places, M. P-E VICTOR a bien voulu consentir à la renouveler lundi 3

février prochain.

Les cartes d’entrée, aux prix de 10 francs – 5 francs pour les écoliers – sont

distribuées à la Salle Paroissiale et dans les librairies.

*Yves Marie Nicol, Gouverneur de la Martinique 1940-1943

**Jean de LAGUARIGUE, Maire de Fort-de-France 1941-1943, administration de l’Amiral ROBERT.

Sources : « Paul-Emile VICTOR en Martinique » Amaeph.

« Capitaine » Adrien BOSC p : 227-229 éditions Stock