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Presses Universitaires du Mirail Le Chili contemporain. Quelle démocratie ? by José DEL POZO Review by: Pierre VAYSSIERE Caravelle (1988-), No. 79, PAYSANNERIES LATINO-AMÉRICAINES : MYTHES ET RÉALITÉS: Hommage à Romain Gaignard (Décembre 2002), pp. 314-318 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854036 . Accessed: 15/06/2014 08:29 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.73.17 on Sun, 15 Jun 2014 08:29:13 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Le Chili contemporain. Quelle démocratie ? by José DEL POZOReview by: Pierre VAYSSIERECaravelle (1988-), No. 79, PAYSANNERIES LATINO-AMÉRICAINES : MYTHES ET RÉALITÉS:Hommage à Romain Gaignard (Décembre 2002), pp. 314-318Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854036 .

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El libro contiene varios gráficos y mapas bastante útiles así como una sugerencia bibliográfica para los que quieran profundizar los temas. Pues he aquí una obra interesante, con una visión diferente sobre la historia de México, a la cual vale la pena echarle un vistazo para coincidir con las ideas o abrir la discusión.

Laura MACHUCA UNAM/Université de Toulouse-Le Mirati

Rocío OVIEDO (ed.).- México en la encrucijada. Octavio Paz y la cultura hispánica en el fin de siglo. (Homenaje a Giuseppe Bellini y Luis Sâinz de Medrano).- Madrid, Ediciones Gondo, 2000.- 382 p.

Le beau volume des Actes du colloque organisé à Madrid en avril 1999 - en hommage conjoint à Giuseppe Bellini et à Luis Sâinz de Medrano - rend compte d'une démarche originale : à partir de la grande figure littéraire qui a marqué son siècle, «estudiar las directrices de la literatura de un país que [...] se analizaba como paradigma de lo ocurrido en el plano literario durante todo un siglo» («Introducción», p. 9).

Une autre de ses caractéristiques est de s'adresser particulièrement à un public d'étudiants : «Nuestra preocupación son fundamentalmente los estudiantes, como potencial lector «ilustrado» que puede llegar a concordar con el escritor de la página en blanco. [...] Por lo que se había de suavizar el «tecnicismo», a favor de una panorámica más extensa en los temas tratados así como se favorecía la difusión, la claridad, y la perspectiva de futuro» (ibid., p- io).

Outre les sections consacrées à Octavio Paz : «El magisterio poético de O. Paz» (on s'étonne cependant, à côté de Gerardo Deniz, José Emilio Pacheco et Jaime Terrés, et quelques noms des jeunes générations, de ne voir aucune mention d'un poète proche de Paz et aussi marquant que Marco Antonio Montes de Oca), et «El magisterio crítico», on trouvera donc des études qui portent plus largement sur le Mexique : «...como punto de mira», «...como narración», ainsi que sur les prosateurs mexicains. Quelques aspects des relations privilégiées entre le Mexique et l'Espagne sont également évoqués : «México- España: una relación», et l'ensemble s'élargit enfin à «La literatura hispanoamericana ante el fin de siglo». Giuseppe Bellini avait ouvert le colloque avec la vision d'une histoire de la destruction du monde d'après les narrations d'Homero Aridjis : «De un mundo a otro» ; Luis Sâinz de Medrano pour conclure donne la parole aux poètes : «De Paz, Neruda y el fin de siglo».

Le lecteur - et pas seulement estudiantin - trouvera dans ce livre matière abondamment documentée.

Claire PAILLER Université de Toulouse-Le Mirail

José DEL POZO.- Le Chili contemporain. Quelle démocratie ?.- Québec, Editions Nota bene, 2000.- 259 p.

Depuis près de trente ans, le Chili occupe une place à part dans les médias européens, particulièrement en France où il n'a cessé de soulever les passions politiques. Mais c'est un professeur chilien vivant au Québec depuis 1974 qui

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nous livre ce premier essai en langue française de l'histoire contemporaine du Chili. Dès l'introduction, l'auteur précise qu'il s'est appuyé exclusivement sur des sources secondaires et qu'il prétend s'adresser à un public de non-spécialistes. Il a, par ailleurs, bien conscience de ne pas rester neutre face à cette histoire dramatique, mais s'il expose longuement les arguments des gauches chiliennes, il ne cherche jamais à occulter les motivations du camp adverse. En suivant un plan chronologique, il nous conduit, en cinq chapitres, de l'indépendance jusqu'à l'an 2000, en insistant surtout sur les trente dernières années qui ont bouleversé l'histoire de ce pays du bout du monde.

Le premier chapitre, qui court de 1810 à 1970, s'emploie à restituer ce que l'auteur appelle « le poids de l'histoire », et tout d'abord la longue tradition chilienne d'une république « oligarchique », dominée par quelques grandes familles. La participation politique était faible, la corruption électorale (le « cohecho ») importante et les élites sociales réputées « blanches » méprisaient les autres races fortement métissées. La société chilienne était encore profondément rurale, et l'économie dominée par quelques grosses industries minières : le salpêtre jusqu'en 1920, le cuivre jusque dans les années 1970. Le pays donnait alors une image fortement inégalitaire, aussi bien à la campagne que dans les villes ou dans les zones minières. Cette tension sociale est perceptible à travers plusieurs révoltes populaires au début du XIXe siècle, ou encore dans les interventions militaires de 1924 et de 1931. Entre 1964 et 1970, la démocratie chrétienne avait essayé de réformer la société chilienne dans trois directions : une plus grande participation électorale, une réforme agraire substantielle et la « chilénisation » des entreprises du cuivre. Mais ce faisant, elle n'avait fait qu'aggraver les tensions entre les extrêmes.

Le chapitre 2 expose en une quarantaine de pages l'expérience de l'Unité populaire. Après sa victoire étriquée, en octobre 1970, le président socialiste Salvador Allende affichait une grande ambition : conduire son pays vers le socialisme, dans le pluralisme et la liberté. Mais l'Unité populaire manquait de référence théorique quant au modèle à construire. Comment faire une révolution légaliste avec seulement 36.6 % des voix, alors que l'Unité populaire restait divisée, avec à son extrême gauche, le MIR et la gauche chrétienne ? Cette gauche radicale soutenait les expropriations illégales de terres et participait aux nombreux affrontements de rues. Malgré les premières mesures de relance keynésienne, malgré la distribution de lait et de médicaments, malgré des efforts réels dans l'éducation et la culture populaire, l'opinion ne suivait pas toujours : la classe moyenne avait l'impression d'être sacrifiée aux intérêts du prolétariat, et ce dernier subissait de fortes campagnes de radicalisation idéologique dans le cadre du « pouvoir populaire » et des « cordons » industriels ou communaux, qui exigeaient le contrôle du commerce et l'extension de la réforme agraire jusqu'aux propriétés de 40 ha. Autre défaillance de la UP : sa gestion (ou plutôt son manque de gestion) de la petite propriété agricole et industrielle, qui représentait à elle seule près d'un million et demi de personnes. . .

Un autre facteur est à prendre en compte: l'hostilité des Etats-Unis... Depuis le milieu des années 1960, Washington se méfiait de la force du marxisme dans la société chilienne. La CIA avait tenté, en vain, de s'opposer à la proclamation d'Allende, et Nixon et Kissinger firent bloquer les crédits de la Banque mondiale et de la BID ; les banques des Etats-Unis refusaient de renégocier la dette chilienne. Les sociétés minières américaines, lésées par la

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nationalisation du cuivre, entreprirent des actions juridiques. Bref, le Chili devenait un enjeu de la guerre froide, soutenu par Cuba et (plus mollement) par rURSS. L'aide européenne fut non moins substantielle, avec près de 300 millions de dollars, ce qui compensa l'embargo financier américain. Le mérite de José del Pozo est de signaler ces pressions sans en faire le facteur unique et déclenchant de la contre-révolution. Car S. Allende se voyait confronté aux contre-performances économiques, en particulier à une spirale inflationniste qui atteindra 323 % en juillet 1973. Le ravitaillement devenait difficile et la gestion des entreprises publiques de plus en plus chaotique. Précédé par l'assassinat du général Schneider, le 22 octobre 1972, le coup d'Etat fut longuement préparé, en particulier par la grève des camionneurs, des commerçants et des médecins. Après les élections législatives de mars 73 (plutôt favorables à la UP, avec 44 % des voix), la situation devient très tendue. La droite craignait un « coup de Prague ». La Démocratie chrétienne demandait l'arrêt des expropriations et la fin du pouvoir populaire. En août 73, le Parlement déclarait que le gouvernement menaçait les institutions et le général Prats démissionnait en faveur de Pinochet. José del Pozo décrit brièvement les épisodes du coup d'Etat du 1 1 septembre tout en proposant une interprétation qui paraîtra à d'aucuns « révisionniste » : l'intervention américaine est secondaire par rapport aux facteurs internes ; l'échec de la gauche correspond à une erreur stratégique, celle d'avoir sous-évalué I' « institutionnalité » chilienne et d'avoir voulu accélérer le cours de l'Histoire sans tenir compte du rapport de forces. . .

Le chapitre 3 pose d'emblée la question de la nature du régime militaire qui s'empare du pouvoir en septembre 1973, et qui manifeste, d'emblée, son caractère répressif par des exécutions sommaires, par l'ouverture des camps de prisonniers - Chacabuco, Tejas Verdes, Quinquina, Dawson, et même la Colonie allemande Dignidad - et par les assassinats de Carlos Prats à Buenos Aires, de Bernardo Leighton à Rome et d'Orlando Letellier à Washington. Combien de victimes au total ? 2279 selon le Rapport Raúl Rettig, ou 3100 (dont 1002 disparus) ? La répression frappa la moitié des victimes durant la première année, souvent à la suite d'exécutions sommaires ou de tortures. Plusieurs centaines de milliers de Chiliens préférèrent s'exiler, en Argentine, au Canada, aux Etats-Unis, au Venezuela et dans plusieurs pays d'Europe.

La nature autoritaire du régime se traduisit immédiatement par l'interdiction ou par la suspension des partis politiques. Exceptionnellement, l'armée chilienne annonçait la couleur en déclarant qu'elle allait rester longtemps au pouvoir. Les militaires gouvernent par décrets, deviennent ministres d'Etat, intendants, recteurs. L'armée s'appuie sur la Justice, qui défend l'état d'exception, et sur un corps diplomatique quasi inchangé - mais l'Eglise sut prendre assez rapidement ses distances, avant de passer dans l'opposition. Au nom de la lutte contre le communisme international, les militaires prônaient une « démocratie protégée » et un gouvernement « fort ». Après avoir assez longtemps hésité, Augusto Pinochet, devenu président en juin 1974, finit par faire adopter par référendum une nouvelle constitution, approuvée par 67 % des votants en mai 1980. Pinochet resterait au pouvoir au moins jusqu'en 1988. Durant toutes ces années, le régime souffrit d'une mauvaise image, y compris aux Etats-Unis à partir de 1976. Mais la pression internationale ne changea pas grand-chose à la politique chilienne. Pour autant, peut-on assimiler la dictature militaire à un régime fasciste ? Selon del Pozo, le « mythe » du fascisme a surtout servi à fédérer les

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opposants, car on ne retrouve au Chili ni un mouvement « pinochétiste » de masse, ni d'utopie corporatiste ni d'endoctrinement ; les deux slogans qui reviennent le plus souvent, « famille » et « patrie », ne suffisent pas à définir un fascisme. Et surtout, le Chili a gardé, durant toutes ces années, une économie ouverte, contraire à l'esprit fasciste. Après avoir massivement dénationalisé et démantelé la réforme agraire, la Junte accorda au secteur privé une place essentielle. Les entreprises nationales purent emprunter directement en dollars à l'étranger, le change fut unifié, le taux d'importation ramené à 10 %, l'éducation privatisée depuis l'école primaire jusqu'à l'université. L'économie chilienne s'envolait avec des taux de croissance supérieurs à 10 %, sous l'impulsion des intellectuels organiques de la Junte qu'étaient les Chicago boys, convaincus de réaliser une véritable « révolution capitaliste », au service de la liberté d'entreprendre. Plus de contraintes, non plus, dans la classe ouvrière, libre de ne plus adhérer à un syndicat, mais dont le droit de grève était encadré... Seule ombre au tableau : la grave crise financière qui frappa le pays en 1982 et qui poussa l'Etat à soutenir des groupes financiers menacés par la faillite : une belle entorse à la foi libérale. . .

La « sortie de dictature » fait l'objet du chapitre 4 : phase essentielle, qui n'a rien d'une rupture et qui permet de mieux comprendre le Chili d'aujourd'hui. Il faudra plus de dix années pour que les anciens partis de l'Unité populaire cessent de se renvoyer mutuellement la responsabilité de l'échec collectif. A titre d'exemple, le Parti socialiste restait encore déchiré en 1979 entre ses leaders Almeyda et Altamirano, ce dernier étant réfugié en France. En mai 1983 était organisée la première protesta^ décidée par les travailleurs du cuivre, et qui sera suivie par de nombreuses autres jusqu'en 1986. Celle d'octobre 1984 prit la forme d'une grève générale. Puis Pinochet perdait le plébiscite de 1988, et les élections présidentielles de 1989 donnaient la victoire au démocrate-chrétien Patricio Aylwin, qui l'emportait largement avec 55,1 %, contre 29,8 % seulement à Hernán Buchi, le candidat de la droite et des militaires.

Avec le dernier chapitre, nous entrons dans l'histoire immédiate de la dernière décennie : c'est le Chili de la « Concertation » démocratique, une démocratie incomplète, mais qui peut mettre en avant une grande réussite économique jusqu'à la récession de 1997. L'auteur insiste sur les limites de cette nouvelle démocratie, largement confisquée par les « professionnels » de la politique et par les partis traditionnels, plus particulièrement par le parti démocrate-chrétien, qui fait élire Eduardo Frei junior en 1993, et par le parti socialiste, qui porte au pouvoir son leader, Ricardo Lagos, en 1999. Quelques progrès ont été réalisés dans la réhabilitation des droits de l'homme, malgré la résistance de l'armée. Plus de 40.000 Chiliens exilés seraient rentrés au Chili, mais ces retornados restent une minorité par rapport à la diaspora, sans doute plus de 700.000, dont une grande partie sont des exilés économiques.

Les performances économiques du nouveau Chili sont bien réelles, et le « jaguar » sud-américain est devenu un gros exportateur de biens et, chose nouvelle, de capitaux, grâce à un fort taux d'épargne. Mais la productivité devrait encore être améliorée et les exportations plus sophistiquées si le pays veut acquérir une certaine élasticité de ses marchés extérieurs. Par ailleurs, la nouvelle démocratie n'a pas su s'attaquer aux profondes inégalités sociales qui perdurent : « L'écart de richesses entre les groupes extrêmes est de 40 : c'est la pire distribution du revenu dans toute l'Amérique latine »(p. 188). Il existe de gros

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écarts en matière de santé, les 67 universités sont payantes, le droit des indiens mapuches n'est pas toujours respecté, et la condition féminine encore négligée - le Chili est Tun des rares pays au monde où le divorce n'est pas reconnu. Mais il est vrai aussi que le pays est globalement satisfait de ses performances, manifestant parfois une certaine arrogance à l'égard de ses voisins moins développés...

Dans les dernières pages, l'auteur aborde l'Affaire Pinochet. L'arrestation imprévue de l'ancien dictateur à Londres, le 16 octobre 1998, devient embarrassante pour le président Frei qui doit aussi gérer les effets de la crise asiatique, de la baisse des cours du cuivre et les conséquences d'une forte sécheresse. Son successeur, le socialiste Lagos fera en sorte que l'Affaire reste dans le domaine strictement juridique, pour ne pas fragiliser politiquement la Concertación.

En conclusion, José del Pozo reprend quelques-unes des réflexions égrenées au fil du texte : partagé entre une tradition autoritaire et des aspirations révolutionnaires venues de la révolution cubaine, le Chili d'Allende a voulu accélérer l'Histoire sans en avoir les moyens. Par ailleurs, si la démocratie mise en place après 1989 reste « inachevée[et] qualitativement pauvre » (Manuel A. Garretón ), « pour une bonne partie du pays, la stabilité compte plus que la démocratie » (p. 225).

Au total, l'ouvrage présente de grandes qualités par la rigueur de son enquête et sa clarté pédagogique. La précision de son information et la formulation modérée de ses jugements stimulent la lecture d'un ouvrage qui sort des sentiers battus. L'échec de Salvador Allende n'est pas dû principalement à la CIA et aux méchants Américains, mais elle doit être d'abord recherchée dans les contradictions internes de l'Unité populaire, incapable de trouver un consensus dans la conduite de ses réformes. La dictature de Pinochet n'avait rien d'un régime fascisant ; il s'apparentait plutôt à un régime autoritaire et, au début, répressif. C'est cette dictature militaire qui a permis au Chili d'entamer vingt ans avant les autres sa « révolution capitaliste » (les fonds de pension existent au Chili depuis 1981). Autre «vérité» forte du livre: la nouvelle démocratie chilienne n'a rien changé au modèle économique, qu'elle s'efforce de développer tout en améliorant les rapports sociaux. Si l'on doit regretter une lacune dans ce livre, c'est sans doute dans l'analyse de la dictature : pas le moindre portrait d'Augusto Pinochet, ni d'explications sur son entrée tardive dans le complot, sur son sens politique, bien réel. Cette carence est d'autant plus regrettable que la figure de Pinochet est devenue dans les démocraties européennes le symbole repoussant du dictateur insensible et cruel. . .

Pierre VAYSSIERE Université de Toulouse-Le Mirail

Anabel TORRES.- Poemas de la guerra.- Barcelona, Ediciones Árbol de Papel, 2000.-165 p.

Anabel Torres est colombienne et vit aux rays-Bas, dans un exil douloureux dont son livre est le témoignage.

Le titre «Poemas de la guerra» est, en fait, celui d'un bref ensemble de treize poèmes, qui ouvre le recueil. Vient ensuite un choix de poèmes tirés du livre Poemas, publié en 1987, puis de Medias nonas, publié en 1992. La trace de l'exil

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