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    Apologie

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    Apologie

    dition tablie par

    Traduit de litalien par

    , , e

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    Apologia

    Le Caravage,Narcisse, . Electa / Leemage.

    Salerno Editrice, .

    ditions Allia, Paris, , , pour la traduction

    franaise.

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    javais justifier mes actes devant ceux quine savent pas ce que cest que libert outyrannie, je memploierais, quant moi, dmontrer et prouver par diverses raisons (caril y en a beaucoup) que les hommes ne doi-

    vent rien dsirer davantage que de vivre encitoyens, et par consquent en libert ; la viede citoyen tant plus rare et moins durabledans toute autre forme de gouvernement quedans la rpublique. Je dmontrerais encoreque, la tyrannie tant totalement contraire laparticipation des citoyens, ils ne peuvent ga-lement que la har par-dessus tout ; et que

    cette opinion a tellement prvalu, en dautresoccasions, que les tyrannicides librateursde leurs patries ont t rputs dignes des

    . vie de citoyenpolitia, emprunt direct au grecpoli-

    teia, dans le sens de droit de cit, droits du citoyen

    (.d.). (Toutes les autres notes sont directement traduites

    de ldition de F. Erspamer.)

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    douter que le duc Alexandre, qui se disait deMdicis, fut un tyran de notre patrie ; sinonceux qui, lui ayant donn leur faveur et ayantpris son parti, trouvaient ainsi senrichir ;eux-mmes pourtant ne pouvaient tre igno-rants ni aveugls par leur intrt au point dene pas reconnatre en lui un tyran, maiscomme cela tournait leur propre avantage,se souciant peu du bien public, ils suivaientcette fortune ces hommes qui, la vrit,taient peu estimables et peu nombreux, si

    bien quils ne peuvent aucunement fairecontrepoids au reste du monde, qui le rpu-tait tyran, et la vrit. Car la ville de Florenceappartenant, par antique et longue possession, son peuple, il sensuit que tous ceux qui ladirigent sans avoir t lus par le peuple cette fin, sont des tyrans. Ctait le cas de lamaison de Mdicis, qui a domin notre cit

    pendant de longues annes avec le consen-tement et la participation de la plus basse

    seconds honneurs, aprs les fondateurs decelles-ci. Mais puisque je madresse ceuxqui savent, et par raison et par exprience, quela libert est un bien, la tyrannie un mal,tenant donc pour acquis ce principe gnral,je parlerai de mon action en particulier, nonpour en rclamer rcompenses ou loges, maispour dmontrer que non seulement jai fait ce quoi est tenu tout bon citoyen, mais quejaurais manqu la patrie et moi-mme sije ne lavais fait.

    Et pour commencer par les choses les plusconnues, il ny a personne, je laffirme, pour

    . aprs les fondateurs de celles-ci : Lorenzino fait pro-

    bablement allusion un passage du clbre discours quen

    Iacopo Nardi (cf. p. , note et p. ) pronona

    devant Charles Quint (Lorenzino tait lui-mme prsent) :

    Si, aprs les ordonnateurs des religions, les premiers etles plus lous sont les fondateurs des royaumes et les insti-

    tuteurs des rpubliques [...] (in Orazioni scelte del Secolo

    XVI, dits par G. Lisio, Florence, Sansoni, , p.).

    . si je ne lavais : la longue priode de lexorde,

    thoriquement parfaite dans sa complexe architecture

    doppositions (ceux qui ne savent pas / ceux qui savent, bien / mal,

    principe gnral / en particulier), qui amplifie la dichotomie

    fondamentale libert/tyrannie, ne pouvait que se conclure

    sur une cadence reprenant en ngatif la formule douver-

    ture : Si javais.

    . Aux yeux de Lorenzino, comme on verra, Alexandre

    ntait pas un Mdicis : il le rputait le fils dune femme

    de la plus basse et plus vile condition et dun voiturier.

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    moins cruel que Phalaris , chercha surpassertoutes leurs sclratesses. En effet, outre lescruauts infliges aux citoyens, lesquelles nefurent point infrieures celles de ses devan-ciers, il surpassa, en faisant mourir sa mre,limpit de Nron : car Nron le fit parcrainte pour ltat et sa vie, et pour prvenirce quil redoutait quon lui ft ; Alexandre,lui, commit cette perfidie par pure cruaut etinhumanit, comme je dirai. Caligula il nefut infrieur non plus quant vilipender,

    bafouer et meurtrir les citoyens, par des adul-tres, des violences, des paroles injurieuses etdes menaces, qui sont, aux hommes tenant lhonneur, plus dures endurer que la mort,dont la fin il les frappait. Et il a de bien loinsurpass en cruaut Phalaris car, si celui-cipunit justement Perillo de sa cruelle inven-tion pour tourmenter les hommes et les faire

    mourir horriblement dans le taureau dairain,

    partie du peuple ; et encore neut-elle jamaisquune autorit limite, jusquau jour oaprs de nombreuses rvolutions et de nom-breux changements de gouvernement, le papeClment vint, avec le dploiement deviolence que lon sait, priver de libert sapropre patrie et lui imposer la tyrannie de cetAlexandre.

    Lequel, une fois dans Florence, pour quonnet douter sil tait un tyran, supprimatoute participation des citoyens aux affaires, et

    jusquaux traces et au nom de rpublique ; etcomme sil fallait, pour se montrer tyran, ntrepas moins impie que Nron, ni moins hasseurdes hommes et luxurieux que Caligula, ni

    . Avant Alexandre (et mme sous le gouvernement

    autoritaire de Laurent, duc dUrbino) la suprmatie des

    Mdicis tait lgitime par le consentement populaire.. Clment : Jules de Mdicis (-), lu pape

    en . Suivant certains il tait le pre naturel dAlexandre.

    propos de la violence de Clment, ces lignes de Iacopo

    Nardi : ce pape, qui de clment neut jamais que le nom

    [...] ne douta pas de tremper les mains sacres dans le

    sang des justes citoyens, leur infligeant des peines trs

    cruelles et des tourments tyranniques (Orazioni scelte etc.,

    op. cit., p. ).

    . Phalaris : tyran dAgrigente entre et av..-.

    (environ). Prototype du tyran sanguinaire, comme Nron

    et Caligula.

    . Il sagissait dun taureau de mtal que lon chauffait

    pour faire mourir dans les tourments ceux qui taient

    enferms dans son ventre ; de lextrieur, leurs hurlements

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    poursuivis et tus jusque dans leur exil ; quetant ont t dcapits sans procs et sans rai-son, sur la seule foi de vains soupons et pourdes paroles sans aucune importance ; et quetant dautres encore ont t empoisonns ettus de sa main ou par ses satellites , unique-ment pour que lui-mme net pas rougirdevant ceux qui lavaient vu dans la conditiono il naquit et fut lev ; enfin, lon dcouvriraquont t commises tant dextorsions et derapines, et perptrs tant dadultres et de vio-

    lences, non seulement dans les choses profanesmais mme dans les sacres, quil sembleradifficile de juger si le tyran a t plus sclratet impie que le peuple florentin ne fut patientet lche, en supportant tant dannes de sigraves calamits ; dautant quil est plus dan-gereux et ctait alors au plus haut point lecas datermoyer que de satteler avec quelque

    espoir librer la patrie et assurer sa propre viedans lavenir.Cest pourquoi ils se trompent, ceux qui

    hsiteraient qualifier Alexandre de tyran, en

    on peut croire quAlexandre, lui, lauraitrcompens sil avait exist son poque ;puisque lui-mme mditait et trouvait de nou-velles sortes de tourments et de morts, commede murer vifs des hommes en des lieux sitroits quils ne pouvaient ni se tourner nimme bouger, mais semblaient ne faire quunavec les pierres et les briques ; et, ainsi logs,leur faisait donner une nourriture misrable etprolongeait le plus possible leur agonie, cemonstre que ne rassasiait pas la simple mort

    de ses citoyens.Si bien quon peut comparer ses sept annes

    de principat, quant la luxure, lavarice, lesextorsions, les cruauts et impits, septannes de Nron, de Caligula, de Phalaris, enchoisissant les plus sclrates de toute leur vie, proportion, toutefois, de cit et dempire ; caron trouvera quen un temps si bref, tant de

    citoyens ont t chasss de leur patrie, puis

    de douleur semblaient un mugissement. Phalaris fit lessai

    de cet instrument de mort sur son inventeur, lAthnien

    Perillo. Lorenzino ne saisit pas la cruaut gratuite de ce

    geste ; au contraire il le considre comme un acte de jus-

    tice, suivant en cela, dailleurs, toute la tradition classique

    et mdivale, dOvide Pline, dOrose Dante.

    . La plus illustre de ces personnes mortes empoisonnes

    sur ordre dAlexandre (selon les soupons formuls

    lpoque), fut son cousin, le cardinal Hippolyte (cf. p., n. ).