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1 Dossier de presse Exposition du 27 novembre 2014 au 23 février 2015 Aile Sully, 2 e étage, Salles 20 à 23 Philippe Djian Voyages Sommaire Communiqué de presse page 2 Un week-end avec Philippe Djian page 3 À l’auditorium du Louvre Préface de Jean-Luc Martinez page 5 Voyages. Itinéraires d’une exposition page 6 par Pascal Torres Le voyage en quelques textes page 7 Regards sur quelques œuvres page 12 Publication page 15 Liste des œuvres exposées page 16 Visuels disponibles pour la presse page 24

Philippe Djian Voyages - Le Louvre · Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, consacrée à la Cartographie littéraire de Guy Debord. Une sculpture de Martin Salazar, artiste

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Page 1: Philippe Djian Voyages - Le Louvre · Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, consacrée à la Cartographie littéraire de Guy Debord. Une sculpture de Martin Salazar, artiste

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Dossier de presse Exposition du 27 novembre 2014 au 23 février 2015 Aile Sully, 2e étage, Salles 20 à 23

Philippe Djian Voyages

Sommaire

Communiqué de presse page 2 Un week-end avec Philippe Djian page 3 À l’auditorium du Louvre Préface de Jean-Luc Martinez page 5 Voyages. Itinéraires d’une exposition page 6 par Pascal Torres Le voyage en quelques textes page 7 Regards sur quelques œuvres page 12 Publication page 15 Liste des œuvres exposées page 16 Visuels disponibles pour la presse page 24

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Communiqué de presse Exposition

27 novembre 2014 - 23 février 2015

Aile Sully, 2e étage, salles 20-23

Direction des Relations extérieures Contact presse Anne-Laure Béatrix, directrice Céline Dauvergne Adel Ziane, sous-directeur de la communication [email protected] - Tél. 01 40 20 84 66 Sophie Grange, chef du service de presse

Philippe Djian Voyages

Philippe Djian propose un voyage onirique dans les arts et la littérature. Si le goût pour l’Ailleurs, le désir de passer au-delà des frontières, a marqué la civilisation occidentale, dont l’un des premiers grands textes littéraires – L’Odyssée – est illustré par des antiques grecs choisis dans les collections du musée, des textes plus anciens illustrent un désir universel de découvrir de nouvelles terres. Carnets de voyages, notes dessinées ou écrites, peintures, antiques et sculptures jalonnent le parcours de l’exposition et nous invitent à une confrontation avec des œuvres souvent issues de l’art sacré dans lesquelles la notion de voyage cède le pas à celle de la transhumance des âmes. Car la curiosité pour l’au-delà des frontières du monde connu trahit souvent de façon symptomatique une universelle interrogation humaine sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce. Et peut-être bien que la littérature, conçue comme le laboratoire d’un voyage intérieur, perpétue l’une des plus profondes pulsions de l’humanité qui est d’interroger son destin.

Commissaire de l’exposition : Pascal Torres, conservateur en chef, directeur scientifique de Louvre Conseil. Publication Voyages. Philippe Djian. Coédition Gallimard / musée du Louvre éditions 162 pages, 70 illustrations, prix de vente : 29 €, dimensions 185 x 235 mm A l’auditorium du Louvre Un week-end avec Philippe Djian Entouré de quelques invités, Philippe Djian prolongera les 16, 17 et 18 janvier 2015 ses Voyages dans les domaines de la musique, de la littérature et du cinéma (détails en page 3). Dans la salle audiovisuelle Le vendredi de 10h à 20h / Accueil des groupes

Dans le sillage d’Ulysse. De Jean Baronnet.. 56 min, 1997.

Voyages Exquis. Œuvre collective sous la coordination de Loic Djian, par Année 15, Virginie Despentes, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Valérie Mréjen, Jean-Philippe Toussaint… 8 min, 2014.

Albrecht Dürer, Costume de dame ou Dame de Livonie. Plume, encre brune, aquarelle. Musée du Louvre © RMN (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Cette exposition bénéficie du généreux soutien de Louis Vuitton.

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Le goût pour l’Ailleurs (salle 20) Pour évoquer le désir de connaître un au-delà des frontières, la première salle accueille le Panorama de Constantinople de Prévost (1818), le Cratère des Prétendants du Peintre d’Ixion et l’Œnochoé à figures noires d’Ulysse et Polyphème du Peintre du Vatican. L’Odyssée offre le point de départ de la relation entre voyage et littérature. Au centre de la salle est présentée, sous vitrine, une accumulation de livres qui sont des relations de voyages (en Syrie, en Terre Sainte – par Jacques Callot – en Italie, en Egypte). Le thème du voyageur occidental est évoqué sous maints aspects par des estampes de Schongauer, un dessin de Dürer, des œuvres italiennes du XVe siècle montrant l’importance de la thématique du voyageur (ou du pèlerin) et son essor à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Deux tablettes babyloniennes exceptionnelles apportent deux témoignages antiques inédits, l'un consacré à des conseils donnés à un roi voyageur en char, l'autre est sans doute l'un des premiers paysages littéraires (anonyme) d'un individu souhaitant monter aux cieux pour se rendre immortel et qui prend plaisir lors de son ascension à dresser un paysage aérien de Babylone et de l'Euphrate. Le voyage comme transhumance des âmes (salle 21) Y sont rassemblés des carnets de voyages d’artistes occidentaux des XVIIIe et XIXe siècles (Gros en Italie, Delacroix au Maroc, Gauguin à Tahiti), ainsi que des ouvrages renaissants qui ouvrent la perspective vers le voyage pris comme thème de culte ou de croyance liée ou non à la transhumance des âmes : le premier ouvrage illustré de la Comédie de Dante par Baccio Baldini et Sandro Botticelli, l’Hypnerotomachia Poliphili de Colonna, etc. Cette même salle accueille aussi un Livre des Morts de l’Ancienne Egypte tel le Livre des Morts anonyme (N 3073) ainsi qu’un modèle de bateau du Moyen Empire. Le voyage intérieur. Le voyage forcé (salle 22) Cette salle envisage le voyage non plus comme vue de l’ailleurs, non plus comme voyage cultuel ou mystique mais comme création littéraire, « voyage dans une chambre » pourrions-nous dire, ou dans une œuvre (nous présentons en trois planches la transformation du chef-d’œuvre d’Hercule Seghers – Tobie et l’ange – en un nouveau chef-d’œuvre gravé par Rembrandt : la Fuite en Egypte). Ici prennent place plusieurs registres de la création littéraire et artistique, autour de dessins de Victor Hugo, d’estampes d’Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une grande encre d'Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine, du Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, consacrée à la Cartographie littéraire de Guy Debord.

Une sculpture de Martin Salazar, artiste franco-péruvien contemporain, intitulée Exil, aborde le voyage forcé, en quelque sorte, venant faire écho au voyage mental de Victor Hugo, d’Allen Ginsberg ou de Michaux. Nous présentons aussi dans cette salle un cadavre-exquis vidéo d’une durée de 5 minutes tournant en boucle sur moniteur – moment de création libre par des cinéastes et artistes vidéo souhaitant mettre en scène la relation entre la feuille, la route, le voyage et la littérature. Une installation vidéo de Bill Viola conclut l’exposition Voyages dans la salle 23.

Œnochoé à figures noires. Ulysse et Polyphème, musée du Louvre © RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Informations pratiques

Lieu Aile Sully, 2e étage, salles 20 à 23

Horaires Tous les jours de 9h à 17h30, sauf le mardi. Nocturne les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30.

Tarifs Accès avec le billet d’entrée au musée : 12 €. Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’U.E., les enseignants titulaires du pass education, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre familles, Louvre jeunes, Louvre professionnels et Amis du Louvre, ainsi que le premier dimanche du mois pour tous.

Renseignements www.louvre.fr

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Un week-end avec Philippe Djian A l’auditorium du Louvre 16-17-18 janvier 2015 Vendredi 16 janvier à 20h30 On the road again : un voyage musical avec Philippe Djian Séance Clip & Clap animée par Philippe Djian et mise en musique par Nicolas Repac La musique est une invitation au voyage, elle accompagne l’errance de ceux qui explorent les marges ; elle favorise aussi les voyages intérieurs et le dépassement de nos propres frontières. Schubert, Dylan, Springsteen et bien d’autres ont mis en musique ces transgressions, commentées ici par Philippe Djian, avec des documents audiovisuels et des séquences live de Nicolas Repac, musicien multi-instrumentiste connu notamment pour ses collaborations avec Arthur H. Samedi 17 janvier à 20h30 Philippe Djian : portrait de l’artiste en voyageur Lectures, discussions, projections et concerts avec Philippe Djian, Mathieu Amalric, Pascal Torres, Frédéric Bonnaud, Professeur Inlassable et John Greaves Ouvrir un roman de Philippe Djian, c’est faire route vers l’inconnu. Cette logique d’incertitude s’applique également à cette soirée protéiforme qui réunit autour de l’écrivain voyageur et mélomane des personnalités issues de différents horizons culturels. Bien sûr, il sera question de littérature, de musique et de son exposition au Louvre… mais le voyage réserve quelques surprises ! Dimanche18 janvier à 16h Caravaggio joue L'Amour est un crime parfait d’Arnaud & Jean-Marie Larrieu Ciné-concert avec Bruno Chevillon (basse, contrebasse), Eric Echampard (batterie, percussions), Benjamin de la Fuente (violon, guitare électrique), Samuel Sighicelli (orgue Hammond, synthétiseurs) et les frères Larrieu (mixage en direct des dialogues du film). Le groupe Caravaggio a collaboré avec les frères Larrieu pour composer la musique de L'Amour est un crime parfait (2014) – thriller fantasmagorique réalisé d’après le roman Incidences de Philippe Djian. Ensemble ils prolongent l’aventure sur scène en proposant une expérience musicale et cinématographique aussi inédite que passionnante.

Philippe Djian © C. Hélie Gallimard

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Préface par Jean-Luc Martinez,

président-directeur du musée du Louvre

Convoquer l’imaginaire, réunir dans un espace consacré aux arts visuels la littérature et les arts plastiques, proposer au public un parcours singulier au travers d’un thème choisi par l’un des écrivains français contemporains les plus populaires, tels sont les défis de l’exposition « Philippe Djian. Voyages ». Réunies par la seule force de leurs correspondances, les œuvres présentées acquièrent une identité nouvelle, reposant sur la pérennité d’un thème – le voyage – qui a marqué la civilisation depuis la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours. On ne sera pas surpris que Philippe Djian, dont l’une des sources d’inspiration demeure l’immense liberté créatrice défendue par la Beat Generation, ait tenu à accorder une place primordiale à l’évocation de la route, du voyage, du déplacement du sujet – tant réel que métaphorique. Mais la surprise demeure entière dans l’extrême complexité de ses choix qui s’impose au regard dans une évidence onirique. De l’ancienne Assyrie aux créations vidéo contemporaines, une voix se fait entendre : celle de la littérature vécue comme l’une des expressions les plus sincères de l’aspiration de l’homme à mener sa mission civilisatrice. Mais par-delà cette nécessité d’essence, la voix de la liberté s’impose au spectateur tel le propre hasard de l’errance, manifestation immémoriale du désir. Je remercie Philippe Djian de nous inviter à suivre ce parcours inattendu où l’érudition ne cède en rien à la puissance de l’imagination. Je tiens enfin à souligner l’importance du travail réalisé par le commissaire de l’exposition, Pascal Torres, en collaboration avec l’équipe de la collection Edmond de Rothschild au département des Arts graphiques ; l’acuité du regard des conservateurs des départements des Antiquités orientales, des Antiquités égyptiennes, des Antiquités grecque étrusque et romaine ainsi que le département des Peintures. Puisse le public prendre un plaisir rénové à découvrir sous un jour nouveau des œuvres du musée du Louvre qu’il aura parfois admirées dans des contextes bien différents.

Sauf mention contraire, les textes sont extraits de Philippe Djian. Voyages. Coédition Gallimard / musée du Louvre éditions

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Voyages. Itinéraire d’une exposition par Pascal Torres

Texte introductif du catalogue

L’exposition Voyages propose un choix d’œuvres hétéroclite réalisé par Philippe Djian à partir des collections de plusieurs départements du musée du Louvre. Il s’agit d’une confrontation d’œuvres dont le choix repose sur quelques thèmes récurrents, sources de réflexion, parfois d’inspiration, pour l’écrivain. Nombreuses sont les manières d’aborder l’œuvre d’art. Ici, les formes, les techniques, l’antiquité ou la contemporanéité des pièces ont été appréhendées – par-delà les différences des contextes, des époques et de la volonté créatrice des artistes qui en sont les auteurs – au seul regard d’un ensemble cohérent qui interroge, plus qu’il n’analyse, une relation de l’homme, de l’écrivain et de l’artiste au voyage. Suivre, dans la plus grande liberté, l’itinéraire que propose Philippe Djian dans les méandres labyrinthiques des collections du musée du Louvre – tel est le propos. Les arts plastiques se trouvent ici célébrés dans une étroite union avec le texte littéraire : des fragments de lecture y scandent à dessein de surprenants fragments du visible. L’exposition Voyages s’inscrira peut-être, bien que de façon détournée, dans la tradition du livre illustré.

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« Je suis sorti de ma maison ; mon bac me fait traverser, Thot me fait aborder comme il fait aborder l’œil d’Horus qui était sans bac ; il n’existe pas d’œil d’Horus sans bac, aussi n’existe-t-il pas non plus que je sois sans bac.

Ô celui qui descend et remonte le Nil tandis que je suis sans bac, amène-le moi, afin que je puisse aborder ! Je viens avec cette châsse des dieux ; ce coffret des dieux fut ouvert quand je descendis à Dep ; alors mon bac fut préparé à Héliopolis, mes cordages furent noués à Busiris. Amène-le-moi, car je suis sans rien.

Si maintenant tu me l’amènes, et que les rames de la barque divine n’ont pas été brisées, que son gréement n’a pas été cassé, que la drisse n’a pas été brisée, que le câble n’a pas été coupé chez les deux équipages de Rê, le gouvernail étant Nout, je le conduirai avec vous, le gouvernail étant Isis. Je suis celui à qui a été amenée cette barque, pour qui a été enfoncé le piquet d’amarrage, pour qui a été mise en place la passerelle. Car je suis vraiment l’héritier de son père, qui m’a amené à cet abri, absolument seul. Ô ce dieu, amène-le moi. »

Textes des sarcophages égyptiens du Moyen Empire, formule

(spell) 182. Traduction de Paul Barguet, les éditions du Cerf, 1986. « Je parcourus de nouveaux royaumes, de nouveaux empires. Au cours de l’automne 1066, je combattis au pont de Stamford ; je ne me souviens pas maintenant si ce fut dans l’armée d’Harold, lequel ne tarda pas à trouver son destin, ou dans celle de l’infortuné Harald Hardrada qui conquit six pieds de terre anglaise, ou un peu plus. Au VIIe siècle de l’Hégire, dans le faubourg de Būlāq, je transcrivis avec une calligraphie pausée, en une langue que j’ai oubliée, dans un alphabet que j’ignore, les sept voyages de Sindbad et l’histoire de la Cité de Bronze. Dans une cour de la prison de Samarcande, j’ai beaucoup joué aux échecs. A Bikanir, j’ai professé l’astrologie ; et aussi en Bohême. En 1638, j’étais à Kolozsvar, puis à Leipzig. A Aberdeen, en 1714, je souscrivis aux six volumes de L’Illiade de Pope ; je sais que je les fréquentais avec délices. […] Quand s’approche la fin, il ne reste plus d’images du souvenir ; il ne reste que des mots. Il n’est pas étrange que le temps ait confondu ceux qui furent symboles du sort de l’homme qui m’accompagna tant de siècles. J’ai été Homère ; bientôt je serai Personne, comme Ulysse ; bientôt je serai tout le monde : je serai mort. »

Jorge Luis Borges, L’Aleph, « L’immortel ». (trad. Roger Caillois, Gallimard)

Le voyage en quelques textes Une sélection de Philippe Djian et Pascal Torres

Textes des panneaux de l’exposition

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« C’est l’homme aux mille tour, Muse, qu’il faut me raconter, Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte, Celui qui visita les cités de tant d’hommes et connut leur esprit, Celui qui, sur les mers, passa par tant d’angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. Hélas ! même à ce prix, tout son désir ne put sauver son équipage : ils ne durent la mort qu’à leur propre sottise, ces fous qui, du soleil, avaient mangé les bœufs ; c’est lui, le fils d’en haut, qui raya de leur vie la journée du retour. Viens, ô fille de Zeus, nous dire, à nous aussi, quelqu’un de ses exploits ».

Homère, Odyssée, I, vers 1-10.

« Nous avions déjà visité Milan et Gênes. Nous étions à Pise depuis deux jours lorsque je décidai de partir pour Florence. Jacqueline était d’accord. Elle était d’ailleurs toujours d’accord.

C’était la deuxième année de la paix. Il n’y avait pas de place dans les trains. A toutes les heures, sur tous les trajets, les trains étaient pleins. Voyager était devenu un sport comme un autre et nous le pratiquions de mieux en mieux. Mais cette fois, à Pise, lorsque nous arrivâmes à la gare, les guichets étaient fermés, on ne délivrait même plus de billets pour aucun des trains en partance. Nous pensâmes aux cars. Mais pour les cars non plus on ne délivrait plus de billets. Malgré ces empêchements je me jurai de gagner Florence dans la journée. Quand je voyageais j’avais toujours de ces acharnements-là, il me fallait toujours voyager davantage, et ce jour-là, la seule idée d’attendre au lendemain pour voir Florence m’était insupportable. Je n’aurais sans doute pas su dire pourquoi, ce que j’attendais de cette ville, quelle révélation, quel répit j’en espérais. »

Marguerite Duras, Le Marin de Gibraltar, Première partie

Gallimard, Paris, 1952 « Quand tu aimes il faut partir Quitte ta femme quitte ton enfant Quitte ton ami quitte ton amie Quitte ton amante quitte ton amant Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses Des femmes des hommes des hommes des femmes Regarde les beaux magasins Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre Et toutes les belles marchandises

II y a l'air il y a le vent Les montagnes l'eau le ciel la terre Les enfants les animaux Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir Chanter courir manger boire Siffler Et apprendre à travailler

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Quand tu aimes il faut partir Ne larmoie pas en souriant Ne te niche pas entre deux seins Respire marche pars va-t'en

Je prends mon bain et je regarde Je vois la bouche que je connais La main la jambe l'œil Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là La vie pleine de choses surprenantes Je sors de la pharmacie Je descends juste de la bascule Je pèse mes 80 kilos Je t'aime »

Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924 « Au milieu du chemin de notre vie, je me retrouvai dans une forêt obscure, car j’avais perdu la voie droite.

Ah combien il est dur de dire ce qu’elle était, cette forêt âpre et rude, dont le souvenir renouvelle ma peur !

Elle est si amère que la mort ne l’est guère davantage ; mais pour traiter du bien que j’y trouvai, je parlerai des autres choses que j’y ai découvertes.

Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai, tant j’étais plein de sommeil au moment où j’abandonnais la voie vraie. »

Dante, La Divine Comédie, L’Enfer, I, 1-12. Du sommeil qui prit à Poliphile et comme il lui sembla en dormant qu’il était en un pays désert, puis entrait en une forêt obscure

« Par un matin du mois d’avril, environ l’aube du jour, je, Poliphile, étais en mon lit, sans autre compagnie que de ma loyale garde Agrypnie, laquelle m’avait entretenu toute celle nuit en plusieurs propos et mis peine de me consoler : car je lui avais déclaré l’occasion de mes soupirs. (…) Ô Jupiter, souverain dieu, appellerai-je cette vision heureuse, merveilleuse ou terrible, qui est telle qu’en moi n’y a partie si petite qui ne tremble et arde en y pensant ? Il me sembla que j’étais en une plaine spacieuse, semée de fleurs et de verdure. Le temps était serein et atrempé, le soleil clair et adouci d’un vent gracieux : parquoi tout y était merveilleusement paisible et en silence : dont je fus saisis d’admiration craintive : car je n’apercevais aucun signe d’habitation d’hommes, ni même repaire de bêtes ; qui me fit bien hâter mes pas, regardant deçà et delà. Toutefois, je ne sus voir autre chose sinon feuilles et rameaux qui point ne se mouvaient. Mais enfin je cheminais tant que je me trouvais en une forêt grande et obscure, et ne me puis aviser ni souvenir en quelle manière je me pouvais être fourvoyé. »

Francesco Colonna, Hypnerotomachie ou discours du Songe de Poliphile déduisant comme Amour le combat à l’occasion de Polia, traduction de l’Hypnerotomachia Poliphili, par Jean Martin, Paris,

Edition de Jacques Keruer, 1546. Livre I, chapitre I.

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« J’ai rencontré rencontré [sic] Neal pas très longtemps après la mort de mon père… Je venais de me remettre d’une grave maladie que je ne raconterai pas en détail, sauf à dire qu’elle était liée à la mort de mon père, justement, et à ce sentiment affreux que tout était mort. Avec l’arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu’on pourrait appeler ma vie sur la route. Avant, j’avais toujours fait de vagues projets, mais sans jamais démarrer, quoi, ce qui s’appelle démarrer. Neal, c’était le type idéal, pour la route, parce que lui, il y est né, sur la route, en 1926, pendant que ses parents traversaient Salt Lake City en bagnole pour aller à Los Angeles… »

Jack Kerouac, Sur la route (traduction du rouleau original par Josée Kamoun, éd. Gallimard, folio 5388)

«Prologue, Déclaration du désabusé Alors nous crûmes que tout serait différent là-bas en andromède mais bien vite nous voulûmes nous en aller ailleurs vers une autre pièce de l’horloge planétaire d’où l’éternité jaillit à chaque seconde par exemple en bérénice qui se coiffe les siècles bissextiles ou plus loin encore plus loin que la terre orange bleue belle au-dessous du ciel aussi intacte que sa lune (on sait bien qu’elle est atroce) de pierre ponce beaucoup plus loin encore là où les généraux ne peuvent aller ces ânes à la mâchoire de Caïn pour écrire aussi la nouvelle histoire des constellations à coups de crosse comme dans l’autre monde afin que l’homme demeure leur ordonnance mais même ainsi il n’ y a pas de hasard même nous clowns d’aluminium et de scaphandre clowns qui changeons d’astre comme de masque parce que nous ne pûmes pas supprimer une seule souffrance nous savons qu’il n’y a pas d’audace dans l’aventure de l’oubli d’ailleurs il n’y a pas d’oubli sans adieux »

Jorgenrique Adoum

Curriculum mortis, 1973, in Poesía hasta hoy, tome II (1949-2008), Éditions Archipiélago, Quito, Équateur, 2008

Traduction de Pascal Torres

Musique de Nicolas de Pelken pour soprane, flûte, récitant et deux orquestres à cordes

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J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la Folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre, initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne, qui pauvreté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz, qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges d’Islam titubant illuminés sur les toits des taudis, qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant l’Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre, qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication d’odes obscènes sur les fenêtres du crâne, qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent dans des corbeilles à papier et écoutant la Terreur à travers le mur, qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de Laredo avec une ceinture de marihuana pour New York, qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent de la térébenthine dans Paradise Alley, la mort ou leurs torses purgatoirés nuit après nuit, avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars qui marchent, l’alcool la queue les baisades sans fin

Allen Ginsberg, Howl, traduction de Robert Cordier et Jean-

Jacques Lebel, Christian Bourgeois éditeur, 1977

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Regards sur quelques œuvres

Modèle de barque Ancien Empire ; fin de la 6e dynastie, vers 2140 av. J.-C. Bois peint H. 21 ; L. 135 ; L. 11 cm Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. E 32566 Ce modèle de barque appartenait au mobilier funéraire déposé auprès du sarcophage du défunt dans le caveau. La barque comporte un équipage de neuf rangs de rameurs. À sa proue, un personnage isolé est chargé de sonder la profondeur du fleuve. À l’arrière, le défunt est représenté sous une sorte de dais dont il manque la partie supérieure. Le barreur, le gouvernail et les rames sont manquants. Le modèle représente avec fidélité un transport fluvial. Le Nil, axe majeur de circulation pour l’Égypte, est le moyen le plus simple et le plus rapide pour gagner les différentes provinces du pays. Que l’on descende le courant, ou qu’on le remonte en hissant les voiles pour bénéficier du vent du nord, le fleuve reste durant les cinq mille années de la civilisation égyptienne synonyme de déplacement et de voyage. Même le dernier voyage est mis en rapport avec un déplacement nautique. « Mourir » en égyptien peut se dire « aborder », faisant référence à la traversée d’est en ouest du fleuve pour gagner les nécropoles situées dans les déserts occidentaux. Ce modèle, pour sa part, fait référence à un autre voyage que le défunt se devait d’accomplir : le pèlerinage symbolique vers les deux grands sanctuaires du dieu des morts Osiris, Busiris dans le delta au nord et Abydos dans le sud.

Anonyme vénitien XVe siècle Vaisseau voguant à gauche Vers 1470-1480 Burin Epreuve unique H. 22 cm ; L. 17,5 cm Musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 3710 LR Cette très rare estampe vénitienne, dont il existe seulement un exemplaire conservé à la collection du baron Edmond de Rothschild au musée du Louvre, représente une Cocca Veneta, ou « vaisseau rond », navire de petit tonnage le plus souvent utilisé par la flotte vénitienne pour le commerce avec le Levant. La très haute proue en forme de bec d’oiseau, la poupe très élevée, l’absence de canons ainsi que la grande maniabilité des voiles constituaient les principales caractéristiques de ces vaisseaux longs d’environ trente mètres et dotés d’un déplacement d’environ 200 tonneaux. L’importance du commerce maritime pour la République de

Venise explique assez aisément que les marines et les représentations de navires aient très tôt inspiré les graveurs vénitiens.

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Albrecht Dürer (1471-1528) Costume de dame de Livonie 1521 Plume et encre brune, aquarelle H. 28,1 ; L. 18,2 cm Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 19 DR La collection Edmond de Rothschild conserve trois dessins des « Dames de Livonie ». Il s’agit de dessins à caractère ethnographique réalisés par l’artiste lors de son voyage aux Pays-Bas (de juillet 1520 à juillet 1521). Le cosmopolitisme d’Anvers offrit d’autres modèles à Dürer, des « gens de guerre en Irlande derrière l’Angleterre », des « paysans irlandais » ou encore la « Négresse Catherine », servante du Portugais Bradao. Ces œuvres sont aujourd’hui conservées à Berlin et à Florence.

Pierre Alechinsky (1927) Le pinceau voyageur 1998 Eau-forte et aquatinte sur cuivre H. 55,1 ; L. 68,6 cm Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Chalcographie. 11134 C Commandée par la Chalcographie du musée du Louvre en 1998, cette estampe est une véritable invitation au voyage, et semble avoir été créée d’un seul trait. L’œil du spectateur chemine d’une case à l’autre – « remarques marginales » comme les appelle l’artiste –, autour de la composition centrale du bateau qui navigue au milieu de l’océan. Alechinsky est l’une des principales figures du mouvement Cobra. Il s’installe a Paris ou il étudia la gravure. Il découvrit la calligraphie lors de son premier séjour au Japon, en 1955, après une longue traversée en navire. Autant d’éléments biographiques qui, dans ce voyage du pinceau, dont la fumée du bateau n’est pas sans rappeler le parcours sinueux du calligraphe sur la feuille de papier, invitent encore et toujours au voyage.

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Martin Salazar (né à Callao, Pérou, 1964) Exil 2013-2014 Bois de chêne coloré, poutres anciennes

Sculpteur, Martin Salazar pratique la taille directe du bois. Son œuvre, le plus souvent onirique, puise aux sources de l’art classique qu’il métamorphose en une matière pleinement contemporaine où formes et couleurs subtilement se complètent. Exil appartient à un ensemble de pièces en bois polychromes réalisées par Salazar à Paris en 2013-2014, faisant écho à l’ensemble monumental réalisé et présenté à la Galerie Xin Dong Chen à Pékin en juin 2010 sous le titre de Mythologies. Au sujet de son oeuvre intitulée Exil, Martin Salazar, qui vit et travaille à Paris et à Pékin exposait : « L’une (la fille) part vite, très vite, elle s’enfuit ; l’autre – un garçon solide, bien planté – s’apprête à rentrer, revenir. J’ai voulu, en sculptant une paire de personnages représentés à mi-corps signaler la dualité qui souvent est celle de l’exilé : partir/rentrer, changer/demeurer… Le travail de création est peut-être, en un sens, une forme d’exil intérieur : on revient sans cesse sur le sujet, sur la forme… Quant à la contrainte inhérente à l’exil, elle persiste. Elle n’est plus cette dynamique extérieure à soi, mais s’intériorise. On se force à l’isolement. Changer sans (se) briser, est inhérent au travail sur une matière organique comme le bois. Organique et historique : j’ai utilisé des poutres d’un vieil immeuble de Paris pour les jambes du garçon, des poutres d’un manoir bourguignon pour celles de la jeune fille. »

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Philippe Djian

Voyages

Gallimard

n Descriptif

Au musée du Louvre, Philippe Djian propose, le temps d’une exposition, un voyage onirique dans les arts et la littérature. Goût pour l’ailleurs, désir de passer au-delà des frontières, le voyage se découvre aussi comme une universelle interrogation humaine sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce, une transhumance des âmes, un exil intérieur, une forme de la création littéraire.Le texte de Philippe Djian, écrit pour le livre qui accompagne l’exposition, ne sera pas un commentaire des œuvres qu’il a choisies mais un ensemble autonome qui pourrait être lu seul. Il précède les reproductions des œuvres présentées, puisées par l'auteur dans le fonds de la collection Edmond de Rothschild conservé au musée du Louvre. De nombreux dessins et estampes de Dürer, Rembrandt, Seghers et bien d’autres, des livres, des carnets de voyages d’artistes occidentaux des xviiie et xixe siècles, seront accompagnés de dessins de Victor Hugo, d’estampes de Pierre Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une vidéo de Bill Viola, une grande encre d'Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine consacrée, par le Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, à la Cartographie littéraire de Guy Debord. Sera également présentée une œuvre spécialement créée pour cette occasion, un cadavre-exquis vidéo d’une durée de 5 minutes tournant en boucle sur moniteur - moment de création libre par des cinéastes et artistes vidéo souhaitant mettre en scène la relation entre la feuille, la route, le voyage et la littérature.Du 16 au 18 janvier 2015, à l’auditorium du Louvre, Philippe Djian, entouré de quelques invités, prolongera ses « Voyages » dans les domaines de la musique, de la littérature et du cinéma.

expositionMusée du Louvre, paris

du 27 novembre 2014au 23 février 2015

format

185 x 235 mm

nombre de pages

192

nombre d'illustrations

80

prix

29 €

Date de parution

5 décembre 2014

n Du même auteur :

Philippe DjianLove SongISBn 978-2-07-012215-8 / 18,90 e

Philippe DjianChéri-ChériISBn 978-2-07-014318-4 / 18,50 €

Philippe Djian"Oh..."ISBn 978-2-07-076650-5 / 6,80 e

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Liste des œuvres exposées

Albert Dürer Saint-Christophe 1511 Bois Saint Christophe, patron des voyageurs fut fréquemment représenté par les graveurs. Dürer en réalisa quatre interprétations distinctes, sur bois mais aussi au burin. La figure du passeur, béni par le Christ qu’il porte sur les épaules, trouve sa source dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. L36 LR folio 193 Hercules Pietersz Seghers (1589/1590 - vers 1638) Tobie et l’Ange 1511 Eau-forte, impression en brun-verdâtre. Filigrane : Folie Cette représentation de Tobie et l’archange Raphaël reprend une gravure de Hendrick Goudt réalisée d’après une peinture d’Adam Elsheimer aujourd’hui perdue. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 2368 LR Rembrandt Harmensz van Rijn (1606 -1669) La Fuite en Egypte, effet de nuit 1651 Eau-forte avec des retouches au burin et à la pointe sèche Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 2367 LR Rembrandt Harmensz van Rijn (1606 -1669) d’après Hercules Pietersz Seghers La Fuite en Egypte Vers 1653 Épreuve du 6e état. Eau-forte avec des retouches au burin et pointe sèche. Dans le sixième état de la planche de Rembrandt, le paysage apparaît dans une plus grande lumière. Rembrandt a éclairci l’œuvre au brunissoir. Paris, musée du Louvre, Département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 2369 LR Anonyme vénitien XVe siècle Vaisseau voguant à gauche Vers 1470-1480 Burin. Épreuve unique Cette très rare estampe vénitienne, dont il n’existe qu’un exemplaire unique conservé à la collection du baron Edmond de Rothschild au musée du Louvre, représente une Cocca Veneta, ou « vaisseau rond », navire de petit tonnage le plus souvent utilisé par la flotte vénitienne pour le commerce avec le Levant. La proue très haute en forme de bec d’oiseau, la poupe très élevée, l’absence de canons ainsi que la grande maniabilité des voiles constituaient les principales caractéristiques de ces vaisseaux longs d’environ trente mètres et dotés d’un déplacement d’environ 200 tonneaux.

L’importance du commerce maritime pour la République de Venise explique assez aisément que les marines et les représentations de navires aient très tôt inspiré les graveurs vénitiens. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 3710 LR Agostino dei Musi (vers 1490- vers 1540) Portrait de Soliman Ier, dit « le Magnifique » 1535 Burin. Signé du monogramme ‘A. V.’ et daté de 1535 Dans ce portrait au burin de Soliman Ier, dit le Magnifique (1494-1566), le sultan, rival de Charles Quint et du pape Clément VII, porte une inusuelle tiare en or à quatre couronnes rehaussée d’une plume et parsemée de rubis, d’émeraudes, de turquoises, de diamants et de perles. Offerte par l’ambassadeur français Antoine de Rincon en 1532, la couronne est l’œuvre d’un orfèvre vénitien. Elle rappelle le goût de Soliman pour les joyaux. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 4285 LR Jost Amman (1539-1591) d’après Albrecht Dürer (1471- 1528) Femmes de Livonie 1521 Bois Jost Amman grava plusieurs bois d’après les dessins exécutés par Albrecht Dürer lors de son séjour anversois de 1521. Ces planches furent publiées par Hans Weigel à Nuremberg en 1577, sous le titre Habitus praecipuorum popularum tam vivorum, quam foeminarum singulari arte depicti. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 234 LR, folio 56 Albrecht Dürer (1471- 1528) Costume d’une dame de Livonie 1521 Plume et encre brune, aquarelle La collection Edmond de Rothschild conserve 3 dessins des « Dames de Livonie ». Il s’agit de dessins à caractère ethnographique réalisés par l’artiste lors de son voyage aux Pays-Bas (de juillet 1520 à juillet 1521). Le cosmopolitisme d’Anvers offrit d’autres modèles à Dürer, des « gens de guerre en Irlande derrière l’Angleterre », des « paysans irlandais » ou encore la « Négresse Catherine », servante du Portugais Bradao. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 19 DR

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Pieter Bruegel le Vieux (vers 1525-1569) Vue d’un village au bord d’une rivière Vers 1553-1555 Plume et encre brune sur papier beige Peter Bruegel le Vieux réalisa de nombreux dessins de paysages, le plus souvent représentant des vues en perspective depuis une barque, où les lignes des rives convergent et s’entrecoupent à l’arrière-plan. Il s’agit vraisemblablement d’une vue des environs de la ville de Dendermonde sur la rive sud du fleuve Scheldt en Flandres. Un superbe filigrane, une licorne, permet, quant à lui, de donner l’origine géographique du papier fabriqué dans un moulin dans le Bas-Rhin ainsi que sa datation vers 1553. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 3513 DR Jacob Isaacksz van Ruisdael (vers 1628-1682) Les Voyageurs Eau-forte. Épreuve unique du 2e état. L’œuvre gravé de Jacob van Ruisdael bien que réduit – l’artiste réalisa seulement 13 eaux fortes –, est empreinte d’une grande beauté et d’une liberté d’exécution remarquable, caractéristiques des œuvres de la maturité de l’artiste (exécutées à partir des années 1650). C’est à cette période qu’appartient cette feuille. Dans ce deuxième état (épreuve unique), l’artiste affine son travail par rapport au premier état de l’œuvre (3504 LR) en ajoutant des hachures sur l’étang et sur le grand chêne qui domine la composition. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 3505 LR Attribué à Jacob II de Gheyn (1565-1629) Trois voleurs pillant un cavalier Plume et encre brune Parmi les mésaventures du voyageur, les scènes de brigandage sont les plus souvent représentées. Dans cette encre délicate, l’artiste demeure fidèle à la manière de De Gheyn, qui marque une transition entre le maniérisme de son maître Goltzius et le premier naturalisme du XVIIe siècle. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 572 DR Claude Gellée, dit Le Lorrain (1600-1682) Scène de brigands 1633 Eau-forte Très populaires au XVIe et XVIIe siècles, les représentations des brigands attaquant des voyageurs sont nombreuses comme en attestent les estampes de Salvator Rosa, de Paul Bril ou de Pieter van Laer. Le Lorrain place sa Scène de brigands dans un paysage idéal et mélancolique, où le palmier qui y occupe une place importante sublime l’exotisme supposé de la scène. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 4980 LR

Jacques Callot (1592-1635) d’après Bernardino Amico Da Gallipoli Voyage en Terre Sainte, 36e planche : Plan de la ville de Jérusalem Eau-forte avec quelques reprises au burin La dédicace de l’ouvrage est adressée au grand-duc de Toscane, Cosme II de Médicis, et datée à Florence du 20 novembre 1619. Jacques Callot illustra par une suite de quarante-sept estampes (quarante-six vues et plans des « édifices sacrés de la Terre Sainte » plus une planche de frontispice et titre) les dessins que le frère Bernardino Amico da Gallipoli exécuta au cours de son voyage sur les Lieux saints. Réalisant un travail d’interprétation de dessins exécutés dans des lieux qu’il ne visita jamais, on peut apprécier Callot travaillant comme pur interprète de modèles sans doute parfois assez imprécis, et rectifiant, dans un art ferme et concis, les faiblesses d’exécution de Gallipoli. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L43 LR, folio 483 Charles Nicolas Cochin (1715-1790) inspiré d’Aignan Thomas Desfriches (1715-1800) 1. Deux hommes, l’un à dos d’âne, l’autre marchant près de son âne 2. Un homme aide un jeune homme à descendre d’une charrette 3. Scène dans une écurie 4. Jeune homme dégringolant au bas d’un talus Plume, encre noire et lavis gris sur esquisse à la mine de plomb Le peintre orléanais Aignan Thomas Desfriches traduisit par quatre dessins le poème de son neveu Pierre Honoré Robbé de Beauveset (1714-1794) Mon Odyssée ou Journal de mon retour de Saintonge. Poème à Chloé, publié en 1760. Charles Nicolas Cochin reprit à l’eau-forte les multiples péripéties de ce voyage à travers les provinces françaises, à la demande de son ami Desfriches. Ces quatre beaux lavis, respectivement préparatoires aux illustrations des chants I et IV, s’inspirent de compositions dessinées par le peintre. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, cabinet des Dessins. RF 14883, RF 14884, RF 14885 et RF14886. Charles Nicolas Cochin (1715-1790) et Jacques Philippe Lebas (1707-1783) L’Intérieur du port de Marseille Eau-forte et burin. Signée en bas de la composition à droite : « Peint par Joseph / Vernet à Marseille /en 1754 ». En septembre 1753, Louis XV commande au peintre Joseph Vernet des vues des ports de France. Philippe Lebas et Charles Nicolas Cochin ont la charge de diffuser par le moyen de l’estampe une série de quinze représentations très fidèles aux peintures. Certaines d’entre elles porteront une dédicace au marquis de Marigny, qui fut à l’origine de ce projet d’édition et à qui les graveurs présentèrent leur projet de souscription. Le Port de Marseille fera l’objet de deux vues distinctes, l’une prise du haut du pavillon de l’Horloge et la seconde depuis le promontoire de la Tête de More. Marseille était alors le plus important port de France. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 27508 LR

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Charles Nicolas Cochin (1715-1790) et Jacques Philippe Lebas (1707-1783) d’après Claude Joseph Vernet (1714-1789) Le Port d’Antibes, vu du côté de la terre Eau-forte pure. Signée en bas de la composition à droite « Peint par Joseph Vernet à Marseille en 1756 ». La collection E. de Rothschild conserve une trentaine d’épreuves des Ports de France, à divers états de leur réalisation, allant de l’eau-forte pure, tel ce premier état du Port d’Antibes, à des épreuves du troisième état, ornées aux armes de France. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 27517 LR Pierre Prévost (1764-1823) Panorama de Constantinople 1818 Huile sur toile Paris, musée du Louvre, département des Peintures. INV 20828

La technique du panorama fut mise au point par l’artiste britannique Robert Barker, qui en déposa le brevet en 1787. Les peintures étaient exécutées selon des mesures mathématiques, puis présentées dans des salles en rotonde afin d’offrir une vue approchant les 360°. Attractions du public, les panoramas suscitèrent rapidement un engouement remarqué. Pierre Prévost s’illustra avec la réalisation du Panorama de Tilsitt que Napoléon Ier admira en septembre 1808. Il réalisa des panoramas de Naples, Amsterdam, Boulogne, Wagram (peint à l’occasion du premier anniversaire de la bataille), Anvers, Calais. Après la chute de l’Empire, Prévost composa un Panorama de Londres qui fut exposé dans la rotonde du boulevard des Capucines en juin 1817. Ayant conquis le public européen, Prévost entreprit un tour d’Orient et rejoignit, accompagné de son neveu et collaborateur Léon Cochereau, l’expédition organisée par le comte de Forbin (1777-1841), peintre et ancien élève de David, alors directeur des Musées royaux, qui publiera à l’issue de ce tour d’Orient le Voyage dans le Levant, édité par l’Imprimerie royale. L’expédition de Forbin consistait en une mission archéologique et d’acquisition d’antiques au profit des collections du musée du Louvre. Prévost effectua des relevés de Jérusalem, du Caire, d’Alexandrie. En avril 1818, il embarqua, depuis Alexandrie, pour Smyrne puis Constantinople. Rentré en France, débarqué à Marseille le 10 septembre 1818, l’artiste inaugura à Paris, dès le 20 avril 1819 son Panorama de Jérusalem. Le succès fut immense, suivi par le Panorama d’Athènes qui enthousiasma les foules alors que la Grèce initiait sa Guerre d’indépendance. Ce Panorama de Constantinople, demeuré inachevé, fut la dernière œuvre de Prévost qui mourut le 9 janvier 1823 alors qu’il y travaillait encore d’après les relevés effectués lors de son expédition avec le comte de Forbin. Après la mort de l’artiste, son frère Jean Prévost et le peintre Guillaume Frédéric Ronmy achevèrent l’ouvrage, qui fut présenté au public parisien le 20 mars 1825.

Louis François Cassas (1756-1827) Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse Égypte Trois volumes C’est en voyageur averti que Louis François Cassas part de Toulon, en 1784, pour découvrir la Syrie et l’Égypte. Auparavant il avait prouvé ses talents de dessinateur lors de son séjour en Italie, en Istrie, en Grèce et en Dalmatie. Cette fois, le périple comportait les dangers de la traversée des contrées les plus reculées de l’Empire ottoman, qui lui firent modifier son parcours à plusieurs reprises. De retour à Constantinople, Cassas rapporta une série de portefeuilles contenant des dessins qu’il reprit ensuite à Rome où il travailla à l’ensemble des illustrations. Environ quatre-vingts artistes exécutèrent les 330 planches de ce Voyage pittoresque, commandé par le comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur auprès de la Sublime Porte. Les volumes furent publiés entre 1798 et 1804, mais l’ouvrage demeura inachevé. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 352 LR, L 353 LR, et L 354 LR Eugène Delacroix (1798-1863) Études d’après des figures orientales et des motifs décoratifs Crayon de graphite et rehauts d’aquarelle Cette aquarelle fait partie d’une série de figures copiées par Delacroix d’après des miniatures perses. Elle s’inscrit dans la période où l’artiste travailla aux Massacres de Scio puis à La Mort de Sardanapale. Delacroix s’inspira également d’illustrations qu’il aurait pu voir sur les estampes du Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine, et de la Basse Égypte d’après des dessins de Louis-François Cassas. Ce carnet préfigure, en quelque sorte, les célèbres carnets de voyage de l’artiste et trahit son goût pour l’orientalisme que les voyages du Maroc et d’Algérie allaient illustrer de façon spectaculaire. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, cabinet des Dessins. RF 23355, 34, folio 28 Antoine-Jean Gros (1771-1835) Paysage Vers 1793-1800 Plume et encre brune, lavis brun et gris, pierre noire Au cours des troubles révolutionnaires, Gros quitta Paris. Il trouva refuge en Italie lors d’un long séjour (1793-1800). Cette période italienne permit à Gros de s’émanciper du classicisme de son maître parisien David et de développer une voie plus personnelle après sa découverte de Rubens et des coloristes vénitiens. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, cabinet des Dessins. RF 29955, folio 16

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Voyage pittoresque ou Description des Royaumes de Naples et de Sicile Le Voyage pittoresque ou Description des Royaumes de Naples et de Sicile fut publié à Paris en cinq volumes de 1781 à 1786. La collection Edmond de Rothschild en conserve les quatre premiers tomes. L’abbé Saint-Non (Jean-Claude Richard de Saint-Non, 1727-1791), graveur, dessinateur et amateur d’art français entretint des relations très étroites avec Fragonard et Hubert Robert, avec lesquels il fit le voyage d’Italie. Dès son retour en France, il entreprit de publier les ouvrages. Il coordonna le travail des meilleurs graveurs du moment qui exécutèrent les 542 planches et vignettes d’après ses dessins et ceux de ses compagnons de voyage. Dans le premier volume, une longue dédicace à « Madame la Reine », Marie-Antoinette, prend place après le frontispice. L’ensemble de ces livres dresse un état des lieux des deux royaumes. L’artiste y privilégie la géographie et les particularités naturelles du sud de l’Italie – une large place est ainsi accordée au Vésuve – mais y traite également de l’histoire et de l’architecture. Les volumes de ce voyage pittoresque abordent également les usages et les mœurs de la population, en accordant enfin une importante place aux poètes, peintres et musiciens célèbres. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 465 LR, L 466LR, L 467LR et L 468LR Paul Gauguin (1848-1903) Noa Noa, voyage de Tahiti Plusieurs personnes dans une barque Aquarelle sur papier Noa Noa, « odorant » ou « embaumé » en langue maorie, relate le séjour de Paul Gauguin en Polynésie. Le manuscrit (enrichi de dessins, d’aquarelles, de bois imprimés en noir ou colorés, de photographies et d’estampes en taille-douce) accompagna l’artiste jusqu’à sa mort. De retour à Paris en 1893, Paul Gauguin inséra dessins, estampes et photographies dans l’album Noa Noa sans ordre apparent. Le fil conducteur qui relie ces inserts semble être toutefois la volonté de Gauguin de diffuser les traditions et le mode de vie du peuple polynésien auprès du public français. Les textes composant le manuscrit et relatant le séjour de l’artiste sont divisés en douze chapitres (écrits à l’encre noire ou bleue). Gauguin composa le Noa Noa en collaboration avec le poète Charles Morice qui en remania certains passages et qu’il publia dans La Revue Blanche (1897) puis dans La Plume (1901). Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre. RF 7259.56, folio 98 Paul Gauguin (1848-1903) Paysage avec bateau, deux voitures à chevaux, personnages et arbres Crayon noir Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre RF 29877,33 Paul Gauguin (1848-1903) Croquis de paysage Plume et encre brune Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre. RF 29877,5

Ces deux feuilles appartiennent à une série de dessins que Gauguin réalisa entre 1882 et sa période tahitienne. Les récentes recherches d’Andrew Guion sur cet ensemble indiquent qu’elles furent probablement données par le peintre lui-même à son ami Francisco Durrio (1868-1940), sculpteur espagnol résidant à Paris. Dante La Commedia Huitième édition de la Divine Comédie. Édité par Nicoló di Lorenzo. Commenté par Cristoforo Landin. Gravé par Baccio Baldini, d’après Sandro Botticelli. Burin en manière fine Florence, 30 août 1481 Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 58 LR, folio 15 Cristoforo Landino, professeur d’éloquence et de poésie à l’université de Florence, membre de l’Académie platonicienne fondée par Cosme de Médicis rédigea les commentaires de la huitième édition de la Divine Comédie par Nicoló di Lorenzo. Cette huitième édition du poème de Dante fut aussi la première illustrée. Il s’agit du troisième livre illustré par des gravures en taille-douce dans l’histoire de l’édition. Le livre est ouvert à la première page du texte de Dante : une miniature présente un portrait du poète et la gravure de Baldini illustre les premiers vers du chant I de l’Enfer : Dante dans la forêt obscure. La forêt signale les péchés. La grâce est symbolisée par la colline illuminée par le Soleil, prémisses de l’itinéraire dantesque dans l’inframonde. Trois bêtes féroces effraient le poète : la panthère (la luxure), le lion (l’orgueil) et la louve (l’avarice). Le poète Virgile apparaît à Dante, qu’il guidera dans la traversée de l’Enfer. Francesco Colonna Hypnerotomachia Poliphili Édition d’Alde Manuce, Trévise, 1499 Illustré par des bois gravés par un artiste anonyme vénitien (fin du XVIe siècle) Poliphile est conduit devant les portes du temple d’Eleuthère Bois Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 63 LR, folio 62 recto Hypnerotomachie ou Discours du songe de Poliphile, deduisant comme Amour le combat à l’occasion de Polia. Soubz la fiction de quoy l’aucteur monstrant que toutes choses terrestres ne sont que vanité, traicte de plusieurs matières profitables, et dignes de mémoire. Nouvellement traduit de langage italien en francois Édition de Jacques Kerver, Paris, 1546. Traduction de Jean Martin Illustré par des bois gravés par un artiste anonyme français (début XVIe siècle) Autel dédié au gardien des jardins Bois Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 124 LR, folio 75 recto Dans la traduction française de Jean Martin, qui adaptera également les éditions de Serlio, Alberti et Vitruve,

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l’Hypnerotomachia Poliphili devient le Discours du Songe de Poliphile. Le personnage se rend ainsi plus accessible et familier au lecteur – et le demeurera jusque dans l’édition de 1600. Presque cinquante ans après sa première parution, le texte fut donc adapté. Son influence dans les domaines de l’architecture, de l’interprétation de l’antique et des jardins fut notoire. Jean Martin remploya certaines gravures du Poliphile pour le décor de l’entrée de Henri II à Paris en 1549. Le songe de Poliphile ou Le tableau des riches inventions couvertes du voile des feintes Amoureuses, qui sont représentées dans le Songe de Poliphile Dévoilées des ombres du Songe, & subtilement exposéespar Beroalde De Verville Édition de Mathieu Guillemot, Paris, 1600 Traduction revue et corrigée par François Béroalde de Verville Gravé par un anonyme français au début XVIIe siècle Poliphile dans la forêt Bois Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. L 164 LR, folio 22 verso La version de l’Hypnerotomachia Poliphili publiée par François Béroalde de Verville (1556-1626) reprend l’édition de Jacques Kerver et l’oriente vers un ésotérisme plus aigu, quand même les illustrations insérées au fil du texte respectent la maquette de l’édition de 1546. Le livre publié par Verville s’apparente à un manuel de l’architecture des jardins, dévoyant quelque peu l’intention originale de Colonna. Le bois représente Poliphile dans la forêt et puise son inspiration dans l’estampe de Baccio Baldini d’après Botticelli, première illustration du Dante de Nicoló di Lorenzo. Federico Zuccaro (1542-1609) Le Passage de l’Achéron Pierre noire et sanguine Le Passage de l’Achéron prend place au chant III de l’Enfer. Les âmes des paresseux, des indifférents et des lâches viennent échouer sur les eaux marécageuses de la rivière. Dante et Virgile seront transportés sur l’autre rive par Charon. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Cabinet des Dessins. Inv. 4561 Federico Zuccaro (1542-1609) Dante et Virgile avec le chien Cerbère Pierre noire et sanguine Dante se réveille de son évanouissement dans le troisième cercle, celui des gourmands qui seront écrasés par une pluie violente, froide et intense. Cerbère les déchire avant d’être trompé par Virgile qui lui lance pour pâture des poignées de terre. « […] Cerbère, bête étrange et cruelle, Hurle avec trois gueules comme un chien Sur les morts qui sont là submergés. Ses yeux sont rouges, sa barbe grasse et noire, Son ventre large, ses mains onglées ; Il griffe les esprits, les écorche et dépèce. La pluie les fait hurler avec les chiens […] » Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques,

Cabinet des Dessins. Inv. 4569 Federico Zuccaro composa, entre 1585 et 1588, une suite de 87 dessins accompagnés de la transcription du texte de Dante et de commentaires. Dans la suite dessinée de Zuccaro, 29 dessins illustrent l’Enfer, 47 le Purgatoire et 11 seulement le Paradis. Charles Frédéric Soehnée (1789-1878) Voyage en Enfer Vers 1820 Aquarelle sur papier Charles Frédéric Soehnée, élève de Girodet, a souvent recours dans ses aquarelles aux animaux et aux architectures fantastiques tirés de l’univers de Jérôme Bosch ou bien de Giovanni Battista Piranesi. Sur cette feuille, une limace conduit un cortège de personnages vers un lent voyage en Enfer. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Cabinet des Dessins. RF 54425 Georges Clairin (1843-1919) Itinéraire d’un voyage de Copenhague à Bordighera Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier coloré en bleu Peintre et illustrateur, élève de Picot et de Pils à l’École des Beaux-Arts, Clairin fit ses débuts au Salon de 1866. Il réalisa le plafond du palais Garnier, Opéra de Paris. Grand voyageur, il parcourut l’Espagne et le Maroc en compagnie de Regnault, travailla à Paris, Monte-Carlo, Tours et Cherbourg. « Ce n’est pas le voyage projeté », écrit Clairin dans les commentaires de cette feuille humoristique, présentant son Voyage de Copenhague à Bordighera comme un long couloir d’embûches, lointain écho du parcours initiatique d’un voyage dantesque. Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre. RF 41923 Bill Viola (1951) Ancestors 2012 Vidéo Color High-Definition sur écran plasma mural, 21,41 min. Interprètes: Kwesi Dei, Sharon Ferguson. Photos: Kira Perov Louise Bourgeois (1911-2010) Lacs de montagne 1997 Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre, tirage réalisé pour le département des Arts graphiques du musée du Louvre, numéroté et signé. Femme libre et personnalité charismatique de l’art contemporain, Louise Bourgeois puise les thèmes de sa création dans son enfance, le couple, le corps ou encore la sexualité. Ce matériau autobiographique nourrit l’ensemble de son œuvre. Reprise de souvenirs anciens attestés par deux photographies (la première montre l’artiste petite fille donnant la main à son père, lors d’une promenade sur un sentier de montagne ; la seconde la montre sous les traits d’une jeune femme, photographiée sur un bateau navigant sur un lac, peut-être celui d’Annecy), cette estampe fait signe vers un voyage « intérieur ». Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Chalcographie 11083 C

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Pierre Alechinsky (1927) Le pinceau voyageur 1998 Eau-forte et aquatinte sur cuivre, tirage réalisé pour le département des Arts graphiques du musée du Louvre, numéroté et signé, exemplaire 4/9 Commandée par la Chalcographie du musée du Louvre en 1998, cette estampe est une véritable invitation au voyage. L’œil du spectateur chemine d’une case à l’autre – « remarques marginales » comme les appelle l’artiste –, autour de la composition centrale du bateau qui navigue au milieu de l’océan. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Chalcographie. 11134 C Raphaël Denis et Gabriel Leger En collaboration avec Aurélien Farina Corps 1 : Guy Debord En 1974, sur les deux feuillets d’un atlas anglais des années 1930, Guy Debord inscrivait et classait, en fonction de leur pays d’origine, les noms de soixante-dix auteurs ; connue sous le titre de Géographie littéraire et conservée à la Bibliothèque nationale de France, cette liste regroupe les écrivains et penseurs qu’il présentait comme les fondements de son œuvre. Corps 1 : Guy Debord, réalisé en collaboration par Raphaël Denis, Aurélien Farina et Gabriel Léger, regroupe en un seul livre, grâce à une réduction extrême de la typographie et à la suppression de toute tabulation, les œuvres complètes de ces soixante-dix auteurs. L’installation de l’ouvrage sur un socle de 33 000 feuilles A4 permet de matérialiser la masse et la richesse des sources revendiquées par Debord et met en avant son ancrage profond dans l’histoire de la culture européenne. Courtesy Collectif Anonyme Victor Hugo (1802-1885) Le Mirador Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de gouache blanche, crayon de graphite, fusain, réserves, sur papier beige Ce dessin est présenté dans son cadre original, sur lequel Victor Hugo a inscrit (au centre et en haut) « Jersey – Marine Terrace ». Il ne s’agit pas d’un poste de surveillance ou d’un mirador mais d’une pêcherie de l’île de Jersey, la plus grande des îles Anglo-Normandes. Hugo a inscrit ses initiales au cœur même de l’œuvre : la lettre V est écrite sur la gauche, dans l’espace étroit formé entre le mur de pierre et la baraque de bois, tandis que le H est constitué de morceaux de bois rajoutés sur le pan de la pêcherie. Le sujet Hugo, prisonnier de Jersey, devient ainsi symbole de l’exil politique. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Cabinet des Dessins. RF 34770 Martin Salazar (1964) Exil 2013-2014 Bois de chêne coloré, poutres anciennes Sculpteur, Martin Salazar pratique la taille directe du bois. Son œuvre, le plus souvent onirique, puise aux sources de l’art classique qu’il métamorphose en une matière pleinement contemporaine où formes et couleurs

subtilement se complètent. Exil appartient à un ensemble de pièces en bois polychromes réalisées par Salazar à Paris en 2013-2014, faisant écho à l’ensemble monumental réalisé et présenté à la Galerie Xin Dong Chen à Pékin en juin 2010 sous le titre Mythologies. Au sujet de son œuvre intitulée Exil, Martin Salazar, qui vit et travaille à Paris et à Pékin exposait : « L’une (la fille) s’enfuit ; l’autre – un garçon solide, bien planté – s’apprête à rentrer, revenir. J’ai voulu, en sculptant une paire de personnages représentés à mi-corps signaler la dualité qui souvent est celle de l’exilé : partir/rentrer, changer/demeurer… Le travail de création est peut-être, en un sens, une forme d’exil intérieur : on revient sans cesse sur le sujet, sur la forme… Quant à la contrainte inhérente à l’exil, elle persiste. Elle n’est plus cette dynamique extérieure à soi, mais s’intériorise. […] J’ai utilisé des poutres d’un vieil immeuble de Paris pour les jambes du garçon, des poutres d’un manoir bourguignon pour celles de la jeune fille. » Œuvre Collective par : Année 15, Patrick Dekeyser, Virginie Despentes, Delphine Hallis, Erika Irmler, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Thierry Le Nouvel, Valérie Mréjen, Grégoire Perrier et Jean-Philippe Toussaint, sous la coordination de Loïc Djian. Voyages Exquis Vidéo, format 16 : 9 (HD 1920x1080 - H264). couleur et noir et blanc, muet / durée : 8 min. Illustrant le thème du Voyage, des artistes contemporains, cinéastes et plasticiens, ont livré une brève séquence vidéo illustrée d’une citation d’un auteur de leur choix. Le montage en boucle de ces fragments disparates épouse la logique du cadavre exquis propre aux surréalistes. Rituel de protection pour le voyage en char Tablette fragmentaire, terre cuite, écrite en akkadien (babylonien) Époque séleucide, fin du Ier millénaire avant J.-C. (copie d’un original babylonien plus ancien). Uruk (Mésopotamie du sud) ; Acq. Dumani, 1918. Quelques autres exemplaires de ce rituel apotropaïque (namburbû) sont connus ; ils proviennent de la bibliothèque du roi Assurbanipal d’Assyrie qui chercha, au VIIe siècle avant J.-C., à rassembler dans sa capitale de Ninive (région de Mossoul), les textes les plus précieux de la littérature babylonienne. Ils furent eux-mêmes copiés sur un original remontant probablement à l’époque du roi Hammurabi de Babylone (XVIIIe siècle avant J.-C.). Dans l’ancienne Mésopotamie, voyager sur les routes pouvait se révéler dangereux, principalement lorsqu’il s’agissait d’une expédition militaire. Chaque année, le roi partait en campagne à la tête de ses troupes sur les chemins de son royaume et dans les contrées étrangères, le plus souvent hostiles. Il ne partait pas sans avoir pris les oracles et fait exécuter un rituel de protection par le prêtre exorciste. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales. AO 6471 Mythe d’ascension mésopotamien : Etana, le roi qui monta au ciel Tablette fragmentaire, argile Début du IIe millénaire avant J.-C. Mythe mésopotamien, version susienne écrite akkadien (babylonien) Suse (Iran du sud-ouest), fouilles R. de Mecquenem. Le mythe d’Etana était très populaire dans l’ancienne

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Mésopotamie. Le texte en fut diffusé dans tout l’Orient ancien parmi les chefs-d’œuvre de la grande littérature babylonienne et plusieurs copies nous en sont parvenues. La version susienne est la plus ancienne ; elle porte le début du texte. Le thème de l’ascension au ciel aura une longue fortune et ce poème inspira probablement le mythe grec d’Icare. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales. Sb 9469 Réplique (d’un original) de Babylone. Ecrit et revu conformément à l’original ancien. Tablette de Nabû-ušallim, de la famille Egibi, l’incantateur. Si un Grand [roi ou prince] monte en char et que, pendant qu’il est en route, le joug, le timon, la lance, ou quelque partie de (la caisse) du char se brise, si le maître du char le voit… un malaise persistant s’emparera de lui. Afin que le présage concernant ce Grand et son pays ne se produise pas, et pour faire passer son trouble, pour que… là où il ira, il atteigne son but et afin qu’il revienne sain et sauf dans son pays de l’expédition qu’il accomplit, aux grands dieux, à Nergal [dieu de la steppe aride et hostile et des Enfers] et aux dieux de la plaine, il offrira un sacrifice. Les grands dieux, Nergal et les dieux de la plaine prendront pitié du Grand qui voyage en char ; ils l’épargneront, lui feront grâce, le sauveront. Ce Grand, devant Shamash [le Soleil], prononcera une bénédiction ; puis il offrira un sacrifice et accomplira les rites de délivrance ; alors, il s’emparera de son ennemi. Le Grand, qui aura vu le malheur, connaîtra l’apaisement. Les grands dieux, Nergal et les dieux de la plaine lui seront favorables, puis une expédition sans trouble ni revers, à ce roi ils accorderont ; il s’emparera de son ennemi. [Instructions pour le prêtre, avant la description du rituel à accomplir :] A l’égard de ton devoir ne soit pas négligent. … Si le roi ou un prince monte en char, puis que de ce char, il tombe, afin d’accomplir les rites de délivrance, afin que le malheur n’atteigne pas roi ou le Grand et qu’il soit épargné, pendant trois jours, l’incantateur (et) le roi ou le grand personnage se purifieront ; [suivent divers rites à accomplir]. Puis le roi ou le grand personnage prendra la parole en ces termes : « O grands dieux, j’ai crié vers vous, faites attention à ma voix, prêtez-moi l’oreille. La faute que j’ai commise, dont je me suis rendu coupable par négligence ou légèreté, qu’on me la dise afin que je m’en garde. Sept fois il dira cela... Et alors les mauvais présages ne l’atteindront pas. Le IVe chant décrit le vol de l’Aigle et d’Etana dans leur aventureux voyage, tandis que le roi des oiseaux et le roi de Kish commentent le paysage qui devient de plus en plus petit, indistinct et lointain au fur et à mesure qu’ils prennent de l’altitude : « L’Aigle dit à Etana : “ Mon ami, splendides sont (les régions du ciel)”… Lorsqu’il l’eut fait monter à une double lieue, l’Aigle dit à Etana : «Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des hommes] ?

Embrasse des yeux la mer, et cherche ses rivages. _Le pays n’est plus qu’un sommet montagneux, La mer est devenue un cours d’eau !» Lorsqu’il l’eut fait monter à deux doubles lieues, l’Aigle dit à Etana : « Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des hommes] ? _ Le pays n’est plus qu’une colline !». Lorsqu’il l’eut fait monter à trois doubles lieues, l’Aigle dit à Etana : « Regarde, mon ami, comment est le pays [la terre des hommes] ? _ La mer est devenue la rigole d’un jardinier !» Après qu’ils eurent atteint les cieux d’Anu [le Ciel divinisé], Ils passèrent à travers la porte d’Anu, d’Enlil et d’Ea [la triade divine suprême], L’Aigle et Etana, ensemble se prosternèrent… ». Feuillet du papyrus funéraire d’Imenemsaouf Papyrus, pigments minéraux Troisième période intermédiaire, 21e dynastie vers 1000 av. J.-C. Les formules du Livre des Morts permettent au défunt d’aller et venir entre le monde des vivants et le monde des morts. À partir de 1000 avant J.-C ., on y adjoint des vignettes complexes où prédomine une iconographie à connotation solaire. Ce fragment présente le destin du défunt étroitement lié au voyage nocturne du soleil à travers le monde souterrain. La progression des vignettes se fait de la gauche vers la droite. Le défunt est représenté agenouillé adorant la barque du soleil. Au centre figurent des entités divines en rapport avec l’Au-delà et avec le ba du défunt, élément immatériel qui survit au corps. La grande vignette de la partie droite présente le défunt en compagnie d’autres divinités à bord d’une barque. À sa proue se trouve le dieu du savoir Thot à tête d’ibis. Derrière lui est figuré Khepri la forme renaissante du soleil figuré sous la forme d’un homme à tête de scarabée et aux bras ailés. La barque solaire est placée sur le signe hiéroglyphique du ciel au-dessus de l’image d’Apophis, serpent monstrueux qui cherche à la faire chavirer pour faire retourner le monde au chaos primordial. Lardé de couteaux, le reptile vaincu ne peut ainsi entraver le cours éternel du voyage du soleil et par conséquent la destinée immortelle du propriétaire qui y est associée. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. N 3292 Élément de sarcophage au nom du chef du sceau et juge Imenemipet dit Nakht-Khonsou-irou Bois peint Basse Epoque ; 25-26e dynasties vers le VIIe s av. J.-C. Cet élément de sarcophage se trouvait originellement à la partie inférieure de celui-ci et lui servait de semelle. Le taureau porte sur son dos une effigie momiforme recouverte d’un tissu. Il s’agit de la représentation d’un taureau divin, le taureau Apis réplique terrestre du dieu Ptah de Memphis dont il est l’animal sacré. Ce taureau est reconnaissable aux marques distinctives de son pelage et au cobra qu’il porte entre les cornes. L’iconographie retenue ici fait directement référence à certaines versions de la légende du dieu Osiris. Par assimilation le sarcophage représenté ici fait écho à celui du défunt identifié à Osiris dans son dernier voyage vers sa tombe.

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Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. E 5534 bis Élément de sarcophage Bois peint Époque ptolémaïque ; 330-30 av. J.-C. FACE A : cette face présente le soleil sous la forme d’un disque ailé pourvu d’ailes. Cette iconographie attestée depuis 3200 av J.-C. est celle du soleil à son zénith et par extension celle du soleil éclatant dans son trajet d’est en ouest durant le jour. L’un des symboles du dieu des morts Osiris, le pilier djed, est présente sous ce disque flanqué par l’image de deux chacals. FACE B : cette face représente un disque au milieu duquel est assis un enfant placé sur une barque accompagnée d’étoiles. Il s’agit de la lune, contrepartie nocturne du soleil et dont la croissance et la complétion ont été assimilées à la régénération du corps d’Osiris. Paris, musée du Louvre, département des antiquités égyptiennes. E 22342 Modèle de barque Bois peint Ancien Empire ; fin de la 6e dynastie vers 2140 av. J.-C. Ce modèle de barque appartenait au mobilier funéraire déposé auprès du sarcophage du défunt dans le caveau. La barque comporte un équipage de neuf rangs de rameurs. À sa proue un personnage isolé est chargé de sonder la profondeur du fleuve. À l’arrière le défunt est représenté sous une sorte de dais dont il manque la partie supérieure. Le barreur, le gouvernail et les rames sont manquants. Le modèle représente avec fidélité un transport fluvial. Le Nil axe majeur de circulation pour l’Égypte est le moyen le plus simple et le plus rapide pour gagner les différentes provinces du pays. Le dernier voyage est mis en rapport avec un déplacement nautique. « Mourir » en égyptien peut se dire « aborder » faisant référence à la traversée d’est en ouest du fleuve pour gagner les nécropoles situées dans les déserts occidentaux. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes. E 32566 Peintre d’Ixion Cratère en cloche à figures rouges Vers 330 av. J.C. Campanie (Capoue ?) Face A : Massacre des prétendants par Ulysse, Télémaque et Eumée. Face B : Deux jeunes gens et deux femmes. Le chant XXII de L’Odyssée expose le massacre des prétendants après le retour d’Ulysse dans son manoir d’Ithaque. Aidé de Télémaque, d’Eumée et de Philoetios, Ulysse exécute tous les prétendants « ainsi Ulysse et ses compagnons se précipitant frappaient de tous côtés ; affreuse était la plainte de ceux dont la tête éclatait sous les coups ; tout le pavé bouillonnait de sang ». Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. CA 7124 Peintre du Vatican Œnochoé à figures noires Vers 500-480 av. J.C. Provenance : Athènes Ulysse, attaché sous la toison du bélier de Polyphème, sort

de l’antre du cyclope. Cette composition illustre le chant IX de L’Odyssée, vers 440-480. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Inv. A. 482 Anonyme du nord de l’Italie. XVe siècle Voyage de trois pèlerins Burin, manière fine. Épreuve unique. Un jeune homme fut faussement accusé par un hôtelier et sa femme d’avoir séduit leur fille et d’avoir volé un vase d’argent que les délateurs avaient, par malice, caché dans son sac. Le jeune homme fut condamné à la pendaison. Ses parents vinrent trouver les juges qui placèrent deux poulets sur une table et déclarèrent que leur fils serait reconnu innocent si les poulets s’envolaient. Saint Jacques accomplit un miracle : les poulets prirent leur envol. Le fils fut arraché au gibet puis rendu en vie à ses parents. L’estampe montre aussi le châtiment infligé à l’hôtelier et son épouse : on y brûle leur maison, on y attache leur fille à un bûcher, on y pend l’hôtelier et sa femme. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 3686 LR Israël van Meckenem (vers 1440-45 – 1503) Le couple mal-assorti Burin Cette pièce célèbre de la fin de la carrière d’Israël van Meckenem appartient à une suite de 12 scènes de genre présentant différents couples dans leur vie quotidienne. Ici, Le couple mal assorti représente un vieil homme enlaçant une jeune femme. Le titre sous lequel André Blum catalogua cette pièce – Homme et Femme en habit de voyage – fait référence, non pas à la fable morale moquant l’inadéquation entre les âges de l’homme et de la femme, mais à l’étude attentive des mœurs et des costumes que la suite du graveur a abondamment nourrie. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Collection Edmond de Rothschild. 462 LR Suiveur de Martin Schongauer Le Voyageur Burin Collection Edmond de Rothschild, département des Arts graphiques, Paris, musée du Louvre. 279 LR

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Visuels pour la presse Philippe Djian. Voyages L’utilisation des visuels a été négociée par le musée du Louvre, ils peuvent être utilisés avant, pendant et jusqu’à la fin de l’exposition (27 novembre 2014 - 23 février 2015), et uniquement dans le cadre de la promotion de l’exposition. Toute reproduction des œuvres des artistes référencés à l’ADAGP doit faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable auprès de l’ADAGP : 01 43 59 09 79 et les droits d’auteur devront être acquittés auprès de cet organisme. Merci de mentionner le crédit photographique et de nous envoyer une copie de l’article à l’adresse [email protected]

Peintre du Vatican, Œnochoé à figures noires. Athènes, vers 500-480 av. J.-C. H. 18,5 ; d. 9,8 cm. Paris, musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines. A 482 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewan-dowski

Anonyme vénitien, Vaisseau voguant à gauche. Vers 1470-1480. Burin. Épreuve unique. H. 22 cm ; L. 17,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 3710 LR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Adrien Didierjean

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Albrecht Dürer (1471-1528), Costume de dame de Livonie. 1521. Plume et encre brune, aquarelle. H. 28,1 ; L. 18,2 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 19 DR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Pieter Bruegel le Vieux (vers 1525-1569), Vue d’un village au bord d’une rivière. Vers 1553-1555. Plume et encre brune sur papier beige. H. 22 ; L. 28,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild. 3513 DR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Jacob Isaacksz van Ruisdael (vers 1628-1682), Les Voyageurs. Vers 1649 ? Eau-forte. Épreuve unique du 2e état. H. 18,3 ; L. 27 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild 3505 LR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

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Louise Bourgeois (1911-2010), Lacs de montagne. 1997. Pointe sèche, burin, eau-forte et aquatinte sur cuivre. H. 45,5 ; L. 60,5 cm. Paris, musée du Louvre, départe-ment des Arts graphiques, Chalcographie. 11083 C © The Easton Foundation / ADAGP, Paris 2014

Pierre Alechinsky (1927), Le Pinceau voyageur. 1998. Eau-forte et aquatinte sur cuivre. H. 55,1 ; L. 68,6 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Chalcographie. 11134 C © Adagp, Paris 2014

Martin Salazar (1964), Exil, 2013-2014. Bois de chêne coloré, poutres anciennes © Martin Salazar