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UNIVERSITE MOHAMMED V- SOUISSI FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE -RABAT- ANNEE : 2008 THESE N° : 95 Place de l’anti-CCP dans le diagnostic de la Polyarthrite rhumatoïde THESE Présentée et soutenue publiquement le 05/12/2008 PAR Mr. LAWAL Abdelaziz Olakédji le 11 MAi 1981 à Bopa (Bénin) Pour l'obtention du Doctorat en Pharmacie MOTS CLES : Anti-CCP -Diagnostic - PR. JURY Mr. Y. CHERRAH PRESIDENT Professeur de Pharmacologie Mme. C. BENABDALLAH RAPPORTEUR Professeur d’Hématologie Mr. M. ADNAOUI Professeur de Médecine interne Mme. K. BENBOUAZZA JURY Professeur de Rhumatologie Mme. K. ESSAKALLI Professeur d’Immunologie

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UNIVERSITE MOHAMMED V- SOUISSI

FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE -RABAT-

ANNEE : 2008 THESE N° : 95

Place de l’anti-CCP dans le diagnostic de

la Polyarthrite rhumatoïde

THESE

Présentée et soutenue publiquement le 05/12/2008

PAR

Mr. LAWAL Abdelaziz Olakédji

Né le 11 MAi 1981 à Bopa (Bénin)

Pour l'obtention du Doctorat en Pharmacie

MOTS CLES : Anti-CCP -Diagnostic - PR.

JURY

Mr. Y. CHERRAH PRESIDENT

Professeur de Pharmacologie

Mme. C. BENABDALLAH RAPPORTEUR

Professeur d’Hématologie

Mr. M. ADNAOUI

Professeur de Médecine interne

Mme. K. BENBOUAZZA JURY

Professeur de Rhumatologie

Mme. K. ESSAKALLI

Professeur d’Immunologie

Dédicaces

Je dédie cette thèse :

A l’éternel mon Créateur, mon Dieu

Pour tout ce qu’il a fait dans ma vie. Les mots ne pourront

jamais suffir pour remercier Dieu et lui montrer toute ma

gratitude.

A ma très chère maman

Que ce travail soit pour vous le fruit de la première semence. Et que

l’éternel Dieu des armés vous garde et vous accorde la longévité afin

que vous puissiez récolter les fruits des semences à venir. J’ai cherché

un peu partout minmin, j’ai creusé sous la terre, j’ai nagé sous

l’océan, j’ai volé dans l’air tout ça à la recherche de quelqu’un qui

pourrait juste, je dis bien juste ne serait ce qu’un petit peu vous

ressemblez, mais personne sur cette terre n’a été trouvé. Seulement

Dieu.

A toute ma famille

A mon grand frère Anastase pour tous ces bienfaits, pour toutes ses

nombreuses sacrifices que l’éternel notre Dieu vous bénisse, vous et

toute votre famille. Sisa, trouve ici le sentiment du travail accomplit

au souvenir de toutes tes punitions qui ont aujourd’hui porté leurs

fruits, que l’éternel que nous adorons tous te bénisse et te comble toi

et ton enfant de tous ses bienfaits. China, que Dieu te bénisse

également et te rends heureux et épanoui dans cette vie.

A tous mes amis

En l’occurrence, Sangaré, benjamin, bobo, Sardou, que Dieu vous

bénisse.

Spécial dédicace à toute la promotion

Nouhoum sangaré (Mali),Ndayirajigé benjamin (Burundie),

Taminou younoussa (Niger) Abdoulaye baye (Niger), Hadiza

(Niger), AG issa (Mali), Mac N’gor faye (Sénégal), Fouad

(Djiboutie), Tata Adama (Caméroun), gabrielle (Caméroune),

Maiga Djeneba (burkina-Faso), Ouedraogo Paulette (Burkina-

Faso), Ouedraogo samiratou (Burkina-Faso), Yara Sandrine

(Burkina-Faso)

Remerciements

J’adresse mes sincères remerciements :

A notre Maître et Rapporteur de thèse

Madame C. Benabdellah

Professeur d’hématologie

Je suis très heureux de pouvoir vous exprimer ma reconnaissance et ma

profonde gratitude pour tous les efforts que vous avez déployés afin que ce

travail puisse aboutir. Vos précieux conseils ont grandement contribué à

l’élaboration de ce travail. Que Dieu vous bénisse.

A notre Maître et Président de thèse

Monsieur Y. Cherrah

Professeur de pharmacologie

Vous m’accordez un immense honneur en acceptant de présider le Jury de ma

soutenance de thèse. Je vous en remercie. Je profite aussi de l’occasion pour

vous remercier d’avoir grandement contribué par votre enseignement de la

Pharmacologie, à l’épanouissement de mes collègues et moi. Veuillez agréer

mon plus profond respect et ma sincère reconnaissance.

A notre Maître et Juge de thèse,

Madame K. Benbouazza

Professeur de rhumatologie

Vous m’accordez un immense honneur en acceptant de siéger dans le Jury de

ma soutenance de thèse. Je vous en remercie. Je profite aussi de l’occasion pour

vous remercier d’avoir accepté nous aider pour l’élaboration de ce travail.

Veuillez agréer mon plus profond respect et ma sincère reconnaissance.

A notre Maître et Juge de thèse,

Monsieur Adnaoui

Professeur de Médecine interne

Vous m’accordez un immense honneur en acceptant de siéger dans le Jury de

ma soutenance de thèse. Je vous en remercie. Je profite aussi de l’occasion pour

vous remercier d’avoir grandement contribué par votre enseignement de la

sémiologie, à mon épanouissement. Veuillez agréer mon plus profond respect et

ma sincère reconnaissance.

A notre Maître et Juge de thèse,

Madame Essakalli

Professeur d’immunologie

Vous m’accordez un immense honneur en acceptant de siéger dans le Jury de

ma soutenance de thèse. Je vous en remercie. Je profite aussi de l’occasion pour

vous remercier d’avoir grandement contribué par votre enseignement

d’immunologie, à l’épanouissement de mes collègues et moi. Veuillez agréer

mon plus profond respect et ma sincère reconnaissance.

A Madame TAHIRI. Votre disponibilité et vos conseils m’ont été d’une

grande aide dans la réalisation de ce travail. Je ne trouve pas les mots pour

vous témoigner ma reconnaissance. Je demande à DIEU de vous bénir avec

toute votre famille. Merci.

A Monsieurs Benjamin N’dayiragijé, Taminou Younoussa et tout ceux qui

ont de près ou de loin contribué à l’élaboration de ce travail. Je vous remercie

pour tout que Dieu vous bénisse.

A Monsieur, le responsable de Masterlab pour avoir bien

voulu nous aider, en nous offrant les réactifs utilisés au cours de cette étude.

A Monsieur Nourredine et à toute l’équipe du laboratoire d’hématologie de

l’hôpital Cheikh Zayed. Je vous remercie très sincèrement de m’avoir accueilli

dans votre laboratoire. Veuillez agréer mon profond respect et ma sincère

reconnaissance.

A tous mes Frères et Sœurs MAROCAINS qui m’ont soutenu pendant

toutes ces années de formation au Maroc. Je vous remercie pour votre

hospitalité.

A toute la Communauté béninoise au Maroc. Je vous remercie tous pour votre

soutien.

A l’Ambassade du BENIN au Maroc. Je vous remercie tous pour votre

soutien.

A tous mes Frères et Sœurs ETRANGERS au Maroc. Je vous remercie

pour votre soutien pendant toutes ces années de formation au Maroc.

A l’Agence Marocaine de Coopération Internationale. Je vous remercie de

m’avoir soutenu pendant toutes ces années d’études au Maroc

LISTE DES ABREVIATIONS

PR : Polyarthrite rhumatoïde

FR : Facteur rhumatoïde

Anti-TNF-α: Anticorps du tumor necrosis factor α

IL: Interleukin

Anti-CCP: Anticorps antipeptides cycliques citrullinés

HLA: Human leukocyte antigen

CMH: Complexe majeur d’histocompatiblité

MCP : Métacarpophalangienne

IPP : Interphalagienne

MTP:Métatarsophalangienne

Ig (M,A, G) : Immunoglobine type M,A,G

Fc: Fragment c des immunoglobines

SGS: Syndrome de gougerot sjögren

MEIA : Méthode immunoenzymatique de type microparticulaire.

Liste des figures

Figure 1: Diagramme sectoriel de la population selon le sexe. ........................................................31

Figure 2 : Répartition de la population en fonction de la tranche d’âge ..........................................32

Figure 3: Répartition de la population de PR selon la durée d’évolution de la maladie ..................33

Figure 4: Sensibilité et spécificité du test de deuxième génération AxSYM Anti-CCP® et des tests de

détection du FR ................................................................................................................................37

Liste des Tableaux

Tableau 1 : Tableau des résultats ......................................................................................................27

Tableau 2 : Répartition en fonction du sexe de la population de PR ................................................31

Tableau 3 : Répartition en fonction de la tranche d’âge ...................................................................32

Tableau 4: Répartition en fonction de la durée de la maladie ..........................................................33

Tableau 5: Comparaison des taux de positivité ou de négativité de l’Anti-CCP et du FR entre les

patients et les témoins. .....................................................................................................................34

Tableau 6: Comparaison des valeurs de l’Anti-CCP entre patients et témoins ................................35

Tableau 7 : Tableau récapitulatif des résultats en termes de sensibilité, spécificité, VPP, VPN ......36

Tableau 8 : Comparaison des valeurs obtenues par rapport aux valeurs de la littérature ...............38

Tableau 9 : Valeurs évaluées par rapport à des sujets témoins........................................................41

Tableau 10 : Valeurs de l’Anti-CCP évaluées chez les patients atteints de PR évoluant depuis moins

de 6 ans et depuis plus de 6mois. .....................................................................................................42

Tableau 11 : Anti-CCP et Pronostic de la PR débutante: Détérioration structurale…………………………….52

Tableau 12 : Anti-CCP et Pronostic de la PR débutante : Evolutivité inflammatoire…………………………..53

Sommaire

Introduction générale ......................................................................................................................... 1

Chapitre I : Matériel et méthodes ........................................................................................................ 6

I-POPULATION ETUDIEE ..................................................................................................................... 7

1-Patients ........................................................................................................................................... 7

2-Témoins ........................................................................................................................................... 7

II- METHODES D’ETUDE....................................................................................................................... 8

1.Recrutement .................................................................................................................................... 8

2. Echantillonnage et Conservation ..................................................................................................10

3. Analyses biologiques .....................................................................................................................11

3.1- Paramètres dosées .................................................................................................................... 11

3.2- Techniques de dosages ............................................................................................................. 11

3.2.1-Dosage de l’anti-CCP .............................................................................................................11

3.2.1.1-Mode opératoire du dosage ..................................................................................11

3.2.2-Dosage des facteurs rhumatoïdes (FR) .................................................................................13

3.2.2.1-Test au latex sur lame ............................................................................................14

3.2.2.2-REACTION TYPE Waaler-Rose ................................................................................16

4. Analyse Statistique………………………………………………………………………………………………………………….22

4.1-Rappels de quelques notions de biostatistique utilisés au cours de l'étude………………………….23

Chapitre II : Résultats et Discussion ...................................................................................................26

2 - DESCRIPTION DE LA POPULATION ETUDIEE ................................................................................ 31

2.1-Caractéristiques épidémiologiques ..........................................................................................31

2.1.1-Sexe ...........................................................................................................................31

2.1.2-Age ………………………………………………………………………………………………………………………32

2.1.3- Durée de la pathologie (PR) .....................................................................................33

3-COMPARAISON DES MARQUEURS ENTRE PATIENTS ET LES TEMOINS ........................................ 34

3.1-Comparaison des pourcentages de présence ou d’absence des marqueurs entre les

patients et les témoins ................................................................................................................ 34

3.2-Test de Mann-Whitney ............................................................................................................35

4-COMPARAISON DE LA SENSIBLITE, SPCECIFICITE, VALEUR PREDICTIVE POSITIVE ET VALEUR

PREDICTIVE NEGATIVE DES DIFFERENTS MARQUEURS ................................................................... 36

4.1-Entre l’Anti-CCP et FR ...............................................................................................................36

4.2-Comparaison des courbes ROC (Receiver Operator Characteristic.) des deux marqueurs……39

5-Etude des performances de l’Anti-CCP ......................................................................................... 40

Chapitre III : DISCUSSION ...................................................................................................................43

1-Du point de vue épidémiologique .................................................................................................44

1.1-Sexe .......................................................................................................................................... 44

1.2- Age ........................................................................................................................................... 44

2-Du point de vue biologique .......................................................................................................... 45

3-Limites méthodologiques…………………………………………………………………………………………………………..55

4-Perspectives………………………………………………………………………………………………………………………………55

CONCLUSION GENERALE ...................................................................................................................56

RESUME .............................................................................................................................................58

Références bibliographiques………………………………………………………………………………………………………….62

ANNEXES ………………………………………………………………………………………………………………………………………68

Introduction générale

Introduction

La polyarthrite rhumatoïde (PR), chef de file des rhumatismes inflammatoires

chroniques [1] est une maladie qui se caractérise par une atteinte inflammatoire

à la fois systémique et articulaire et qui évolue par poussées successives.

Autrefois appelée « Polyarthrite chronique évolutive », elle est classée parmi les

maladies dites systémiques (en raison de l’existence de manifestions extra-

articulaires) et les maladies auto-immunes (en raison de la présence d’auto-

anticorps comme le facteur rhumatoïde). A terme, elle provoque une atteinte

structurale du cartilage et de l’os sous jacent aboutissant finalement à la

destruction articulaire [2]. La PR est une maladie invalidante, notamment dans

les formes sévères, et qui peut également mettre en jeu le pronostic vital. Certes

la PR cause une altération des capacités physiques, mais elle est aussi

responsable de grandes pertes économiques tant pour le malade que pour son

entourage et la société. Au Maroc, les pertes économiques sont estimées en

moyenne à 510 DIRHAMS par mois rien que pour les coûts directs [3].

L’impact socioéconomique de la PR, requiert de plus en plus l’attention de

l’ensemble des recherches et explique par la même occasion la tendance actuelle

des études et travaux scientifiques menés à ce sujet.

Son expression clinique est polymorphe pouvant associer à n’importe quel stade

des signes articulaires et des signes extra-articulaires (d’où l’appellation parfois

de « maladie rhumatoïde») [4]. La PR est une maladie relativement fréquente

puisque sa prévalence est estimée à 1% de la population générale ; en France

elle est estimée entre 0,25 et 0,50% ; au Maroc, la prévalence est estimée à 1%

de la population. Elle est 3 à 4 fois plus fréquente chez la femme que l’homme.

Toutefois, lorsqu’elle débute tardivement (après 60 à 65 ans), le sex-ratio a

tendance à se rapprocher de 1. La PR débute le plus souvent entre 35 et 55 ans

(périménopausique). Elle peut s’observer à tous les âges [4].

La PR est une maladie d’étiologie inconnue et comme beaucoup de maladies

auto-immunes, c’est une affection polyfactorielle relevant de facteurs

psychologiques, endocriniens, d’environnements (intervention d’antigènes dont

la nature est inconnue), génétiques et immunologiques. Les facteurs génétiques

de susceptibilité n’ont pas d’intérêt pour le diagnostic mais semblent être le

marqueur de formes plus sévères.

Le diagnostic doit donc être aussi précoce que possible afin de mettre en œuvre

le traitement. De récents travaux montrent que l’efficacité thérapeutique est

d’autant meilleure que le traitement est institué tôt [5]. Au stade de début, où il

n’existe aucune déformation, le diagnostic est difficile. IL repose avant tout sur

les données de l’interrogatoire et de l’examen clinique. A ce stade, les examens

complémentaires radiologiques ou même biologiques apportent rarement des

éléments permettant d’affirmer sans réserve le diagnostic. En revanche, à la

phase de début, il faut éliminer de nombreuses affections d’origine infectieuse,

inflammatoire ou microcristalline.

Depuis quelques années, les progrès faits dans la connaissance de

l’immunopathologie de la polyarthrite rhumatoïde et des facteurs pronostiques

permettent de mieux fixer la stratégie thérapeutique [5]. En effet, il importe

d’adapter le traitement proposé à la sévérité actuelle et éventuellement prévisible

de la polyarthrite rhumatoïde, c’est dire l’importance des facteurs pronostiques

cliniques, biologiques, radiologiques dont on peut disposer d’emblée. La prise

en compte de ces facteurs est essentielle dans la mise en place d’une véritable

stratégie thérapeutique gérée, dans les formes sévères, par une équipe soignante

pluridisciplinaire dans le cadre d’une prise en charge globale.

Le traitement de la PR est assez complexe et doit être institué très tôt au début

de la pathologie. IL nécessite bien entendu une information détaillée du malade,

une approche médico-psychologique particulièrement importante dans cette

maladie chronique, des traitements médicamenteux généraux et locaux, une

réadaptation fonctionnelle appropriée et parfois des traitements chirurgicaux.

L’éventail des possibilités thérapeutiques s’est considérablement élargi ces

dernières années, avec l’arrivée non seulement des biothérapies (anti-TNFα,

antagoniste du récepteur de l’IL-1, molécule CTLA-4 chimérique…) mais aussi

de nouveaux immunosuppresseurs (comme le léflunomide) aux actions

beaucoup plus ciblées et, en conséquence, aux effets indésirables bien mieux

contrôlés. Le problème actuel n’est donc plus la prise en charge thérapeutique de

la PR, mais un diagnostic précoce. Il n’est plus permis d’attendre l’apparition

des érosions osseuses radiographiques (pourtant un des signes cardinaux de la

PR) pour étiqueter la maladie et envisager un traitement. Les critères

biologiques ont donc naturellement pris une place prépondérante pour aider le

clinicien dans la mise en place diagnostique de la PR.

L’objectif de notre travail est donc, de définir la place des Anticorps

antipeptides cycliques citrullinés (Anti-CCP) pour le diagnostic de la PR.

Pour ce faire, une étude comparative de spécificité et de sensibilité des

marqueurs sérologiques s’avère indispensable.

Chapitre I : MATERIEL & METHODES

I-POPULATION ETUDIEE

1-Patients

Il s’agit d’une étude prospective débutée au mois de mai 2008. La population

étudiée était composée d’une cohorte de 40 patients hospitalisés ou suivis en

consultation à l’hôpital de rhumatologie El Ayachi de Rabat-Salé pour PR

(diagnostic retenu selon les critères de l’ACR 1987). Pour chacun de ces

patients, des prélèvements veineux ont été réalisés sur place et directement

envoyés au laboratoire d’hématologie de l’hôpital Cheikh Zayed de Rabat pour

le dosage de l’Anti-CCP et du FR.

2-Témoins

Pour la comparaison de nos résultats, nous avons recruté une série de témoins.

Les témoins peuvent être classés en deux groupes :

1- Groupe de 26 patients dont la symptomatologie présentée est variable mais

généralement orientée vers des pathologies connues pour être fréquemment

accompagnées de FR : affections rhumatismales (inflammatoires ou non),

hématologiques ou infectieuses chroniques.

Dans le cadre des rhumatismes inflammatoires (n=11), on trouve six lupus,

un SGS (syndrome de Gougerot Sjogren) primitif, une vascularite, une

polymiosite, une connectivite mixte, une sclérodermie.

Parmi les affections non rhumatismales (n=15), certaines sont connues pour être

volontiers accompagnées de facteurs rhumatoïdes. Ce sont essentiellement les

infections telles que la tuberculose et l’hépatite C, mais aussi le diabète, la

goutte, la thyroïdite, la fibrose pulmonaire, l’insuffisance rénale,

l’hypercholestérolémie encéphalopathie et enfin la coronaropathie.

2- Groupe de sujets sains ou normaux (n=14).

Le groupe de sujets sains est constitué essentiellement de techniciens du

laboratoire d’hématologie de l’hôpital Cheikh zayed, mais aussi d’étudiants.

II- METHODES D’ETUDE

II.1-Recrutement

Patients

Le recrutement des patients atteints de la PR a été réalisé après étude de leurs

dossiers médicaux. Ceci est réalisé à l’aide d’une fiche dite de renseignements

cliniques établie à cet effet. (Fiche de renseignements cliniques ci-dessous).

ETUDE COMPARATIVE DE LA SPECIFICITE ET DE LA SENSIBILITE DES FACTEURS RHUMATOIDES ET DES ACCP POUR LE DIAGNOSTIC

DE LA PR AU SEIN DE LA POPULATION MAROCAINE

FICHE DE RECUEIL DES DONNEES CLINIQUES

Nom et prénom du patient :……………………………………………………………………………………Dossier N° :………………………………….

A-CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DU PATIENT :

Sexe Homme Femme Age :

B-CARACTERISTIQUES DE LA PR :

- Date de début de la maladie :

- Raideur matinale > 30mns : oui non

- Arthrite touchant au moins 3 articulations oui non

- Arthrite touchant les poignets ou les métacarpophalangiennes (MCP) et les interphalangiennes proximales (IPP) des mains

- Atteinte symétrique : oui non

C- BILAN BIOLOGIQUE :

- Anti-CCP : U/ml

- FR : * Latex : UI/ml

*Walérose : UI/ml

-VS…………………………………………………………………………....mm/1hr

-Protéine C réactive…………………………………………………..mg/l

D-BILAN D’IMAGERIE :

-Destruction articulaire : oui non

E-AUTRES DONNEES CLINIQUES :

- Manifestations extra-articulaires oui non si oui, préciser :

-NAG (nombre d’articulations gonflées)/ 28 articulations :…………………..

-NAD (nombre d’articulations douloureuses)/ 28 articulations :…………..

-DAS 28 :…………………………………………………………………………….. …………

-Traitement en cours oui non si oui, préciser :

Témoins

La cohorte de sujets témoins comportant des sujets atteints d’une maladie autre

que la PR, et des sujets sains. Pour les premiers, il est important de souligner que

leur recrutement a été fait sur la base de l’étude de leurs dossiers médicaux. Par

contre, les sujets sains ont été recrutés sur la base de l’interrogatoire.

II.2-Echantillonnage et Conservation

Patients

Les prélèvements des sujets atteints de la PR ont été réalisés à l’hôpital de

rhumatologie EL AYACHI de Rabat Salé. Aussitôt prélevés, ils ont été

convoyés au laboratoire d’hématologie de l’hôpital Cheikh Zayed. Au

laboratoire, ces prises de sang veineux recueillis sur tube sec ont été

centrifugées à 3000 tours par minute pendant 10 minutes. Par la suite et après

réalisation des dosages, les sérums ont été aliquotés, puis conservés à -20°C

pour un éventuel contrôle.

Témoins

Les prélèvements des témoins ont été réalisés sur place au laboratoire

d’hématologie de l’hôpital Cheick Zayed. Ils ont ensuite été traités et les sérums

ont été congelés selon le même protocole.

3- Analyses biologiques

3.1- Paramètres dosées

Compte tenu de l’objectif de notre étude, nous nous sommes intéressés aux

dosages de l’anti-CCP et des FR. Le dosage de l’anti-CCP est de type immuno-

enzymatique micro-particulaire (MEIA), réalisé sur l’autoanalyseur AxSYM.

Celui des FR, est basé sur des réactions d’agglutination et est réalisé

manuellement via l’usage de deux tests à savoir, le test au Latex et le test de

Waaler-Rose.

3.2- Techniques de dosages

3.2.1-Dosage de l’anti-CCP

Le test employé pour la recherche des anticorps antipeptides cycliques

citrullinés est la trousse commercialisée AxSYM Anti-CCP® de la société Axis-

Shield Diagnostics Ltd et distribué par Abbott Laboratories. Il repose sur la

technologie immuno-enzymatique microparticulaire (MEIA). La trousse est

étalonnée à l’aide d’un pool de plasmas humains positifs pour les anti-CCP.

Etant donné qu’il n’existe pas d’étalon international pour exprimer les titres en

anti-CCP, les résultats du dosage sont exprimés en unités arbitraires. La gamme

d’étalonnage va de 0 à 200 unités/ml. Le cut-off est fixé à 5U/ml.

3.2.1.1-Mode opératoire du dosage

Unité d’échantillonnage

L’échantillon et tous les réactifs AxSYM Anti-CCP nécessaires pour un

dosage sont pipetés par l’aiguille d’échantillonnage dans les différents puits

de la cartouche de réaction (CR).

Le diluant AxSYM et l’échantillon sont pipetés dans le puits d’incubation de

la CR.

Le diluant échantillon AxSYM Anti-CCP et l’échantillon dilué sont pipetés

dans le puits-échantillon de la CR.

Le bloqueur de matrice AxSYM Anti-CCP est pipeté dans le puits-tampon de

la CR.

Le conjugué d’anticorps anti-IgG humaines (souris) AxSYM Anti-CCP :

phosphatase alcaline est pipetée dans le puits- réactifs 3 de la CR.

Le diluant AxSYM et les microparticules diluées recouvertes de CCP sont

pipetés dans le puits- réactifs 2 de la CR.

Un mélange réactionnel se forme lors de la mise en présence de l’échantillon

dilué et des microparticules diluées recouvertes de CCP dans le puits-réactifs

1 de la CR.

Si l’anticorps anti-CCP est présent dans l’échantillon, il se lie aux

microparticules recouvertes de CCP pour former des complexes antigène-

anticorps sur les microparticules.

La CR est immédiatement transférée dans l’unité de traitement, où le pipetage

continue à l’aide de l’aiguille de traitement

Unité de traitement

Une partie aliquote du bloqueur de matrice est transférée sur la matrice.

Une partie aliquote du mélange réactionnel contenant des complexes

antigènes-anticorps liés aux microparticules est transférée sur la matrice. Les

microparticules se lient irréversiblement à la matrice en fibres de verre.

La matrice est lavée afin d’éliminer tout matériel non lié aux microparticules.

Le conjugué d’anticorps anti-IgG humaines (souris) AxSYM anti-CCP :

phosphatase alcaline est distribué sur la matrice et se lie aux complexes

antigènes-anticorps.

La matrice est lavée afin d’éliminer le conjugué non lié aux microparticules.

Le substrat, du phosphate de méthyl-4-ombelliféryl, est ajouté sur la matrice.

Le conjugué marqué à la phosphatase alcaline catalyse la séparation d’un

groupement phosphate du substrat, conduisant à l’obtention d’un produit

fluorescent, le méthyl-4-ombelliférone. Ce dernier est mesuré par le système

optique MEIA. Les résultats sont obtenus à l’aide de la courbe de calibration.

3.2.2-Dosage des facteurs rhumatoïdes (FR)

La recherche des facteurs rhumatoïdes repose sur l’utilisation conjointe d’une

technique d’agglutination de billes de latex sensibilisées par des

immunoglobulines humaines (Rhumalatex® de Fumouze) et d’une technique

d’hémagglutination d’hématies sensibilisées par des IgG animales (Polyart-test®

et Polyartitre® de Fumouze).

Il est indispensable de souligner ici que seuls les FR de types IgM ont fait l’objet

de notre étude. Les isotypes IgA, IgG, IgD, IgE n’ont pas été traités.

3.2.2.1-Test au latex sur lame

Principe : Est basé sur les propriétés agglutinantes spécifiques du Facteur

Rhumatoïde qui réagit avec les particules de latex sensibilisées par des

gammaglobulines humaines.

La présence du FR sérique entraîne l’apparition d’une agglutination massive,

visible à l’œil nu, des particules de latex. En l’absence de Facteur Rhumatoïde,

on n’observe aucune agglutination.

La manipulation est simple et rapide. Les résultats sont obtenus en 2 minutes.

Mode opératoire :

Avant toute utilisation des réactifs et sérums à analyser, il est impératif de veiller

à ce que leur température revienne à la température ambiante.

Technique qualitative

Dans un premier temps, on procède à une dilution au 1/21 du sérum à analyser

en distribuant et en mélangeant 50µl de sérum et 1ml de tampon de glycocolle.

Puis, à l’aide d’une micropipette, on dépose 50µl du sérum dilué sur une des

cases de la lame.

Ensuite, on agite soigneusement le réactif latex et on en dépose une goutte à

l’aide du compte-gouttes fourni dans le coffret.

Après, on mélange les deux gouttes à l’aide d’un agitateur à usage unique.

Enfin, on applique un lent mouvement de rotation, pendant deux minutes, et on

observe la présence ou l’absence d’agglutination.

Technique semi-quantitative

En cas de résultat positif sur sérum dilué au 1/21, il est possible d’évaluer le taux

de FR en testant des dilutions croissantes du sérum à analyser en tampon

glycocolle, jusqu’à obtention d’une réaction négative.

Préparations de dilutions croissantes

Tube 1 50µL

d’échantillon

1mL de tampon glycocolle Dilution1/21

Tube 2 0,5mL du Tube 1 0,5mL de tampon glycocolle Dilution1/42

Tube 3 0,5mL du Tube 2 0,5mL de tampon glycocolle Dilution1/84

Tube 4 0,5ml du Tube 3 0,5mL de tampon glycocolle Dilution1/168.

Après cette préparation de dilutions croissantes, on effectue un test sur lame

avec chaque dilution en suivant le protocole décrit au paragraphe « Technique

Qualitative ».

Interprétation des résultats

Réaction positive : agglutination visible à l’œil nu avec éclaircissement du

milieu : présence du FR

Réaction négative : pas d’agglutination : absence du FR.

Remarque : Le titre est donné par la plus haute dilution donnant une

agglutination nette, visible à l’œil nu. Le titre en UI/mL est égal à l’inverse de

cette dilution limite multiplié par le seuil de sensibilité du réactif indiqué sur le

coffret. Le seuil de sensibilité du réactif utilisé est de 1UI/mL ; par conséquent si

un sérum est positif jusqu’à la dilution 1/84, le titre de ce sérum sera alors de

84X 1= 84 UI/mL.

3.2.2.2-REACTION TYPE Waaler-Rose

Test d’hémagglutination sur lame pour la détection du FR sérique

(POLYARTEST FUMOUZE®)

But du test : Il s’agit d’un test d’hémagglutination sur lame permettant la

détection rapide du FR de type IgM présent dans la plupart des sérums de

malades atteints de PR.

Principe : Le principe est basé sur les propriétés hémagglutinantes spécifiques

du FR, utilisées dans les réactions type Waaler-Rose.

Le réactif révélateur est constitué d’hématies de mouton sensibilisées par une

fraction de gamma-globulines d’un sérum de lapin anti-hématies de mouton.

Le réactif témoin, constitué d’une suspension d’hématies de mouton non

sensibilisées, assure la spécificité de la réaction et permet d’éliminer les

interférences dues aux agglutinines naturelles anti-mouton (hétéroanticorps de

Forssman, anticorps de la mononucléose infectieuse et autres macroglobulines).

En France, une variante de ce test utilise des hématies humaines O Rhésus

négatif sensibilisées par un sérum de lapin antiglobules rouges humaines O

Rhésus négatif [6].

Mode opératoire :

a. On laisse les réactifs et les sérums à analyser revenir à température

ambiante avant utilisation.

b. A l’aide d’une micropipette, on dépose 50µL du sérum à analyser sur les

cases « T » et « R ».

c. Ensuite, on agite soigneusement les suspensions d’hématies.

d. Puis on dépose une goutte de réactif témoin sur la case « T » et une goutte

de réactif révélateur sur la case « R » (flacons distributeurs).

e. Enfin, sur chaque case, on mélange les deux gouttes (sérum+ réactif) à

l’aide d’un agitateur à usage unique.

Interprétation des résultats :

CASE

« T »

CASE

«R »

INTERPRETATION

_ _ REACTIONN NEGATIVE

ABSENCE de Facteur Rhumatoïde.

_

+

REACTION POSITIVE

PRESENCE de Facteur Rhumatoïde.

+ _ REACTION NEGATIVE

PRESENCE d’agglutinines naturelles anti-mouton. + +/_

+

+

Dans la grande majorité des cas, REACTION NEGATIVE

due à des agglutinines naturelles anti-mouton. Pour s’en

assurer, on effectue un nouvel examen en diluant le sérum au

¼.

Légende : + : Présence d’hémagglutination visible à l’œil nu avec

éclaircissement du milieu.

- : Absence d’hémagglutination.

En cas de réaction positive, autrement dit en cas de présence de FR, on passe à

la détermination quantitative du FR sérique par test d’hémagglutination

indirecte.

Détermination quantitative du FR sérique par hémagglutination

indirecte (POLYARTITRE FUMOUZE®)

But du test :

C’est la détermination du titre ou du taux des FR sériques de type IgM par

hémagglutination indirecte à l’aide de POLYARTITRE FUMOUZE®.

Principe :

POLYARTITRE FUMOUZE® est basé sur les propriétés hémagglutinantes

spécifiques du FR, utilisées dans les réactions type Waaler-Rose. Le réactif

révélateur est constitué d’hématies de mouton sensibilisées par une fraction de

gammaglobulines d’un sérum de lapin anti-hématies de mouton.

La présence de FR sérique entraîne une hémagglutination du réactif révélateur

qui se traduit par un voile rouge/ marron tapissant la cupule. En l’absence du

FR, ces hématies sédimentent au fond de la cupule sous forme d’un bouton

punctiforme.

Le réactif témoin, constitué d’une suspension d’hématies de mouton non

sensibilisées, assure la spécificité anticorps de la mononucléose infectieuse et

autres macroglobulines).

La réaction s’effectue en microplaque à fond en V.

La manipulation est simple et rapide. Les résultats sont obtenus en 2 heures.

Mode opératoire :

Toujours laisser, les réactifs et sérums revenir à température ambiante avant

manipulation.

1. Préparation d’une dilution mère du sérum à analyser (1/20)

On distribue dans un tube à hémolyse et on mélange :

50µL de sérum à analyser ;

950µL de tampon phosphate.

2. Réalisation du test sur microplaque

a. A l’aide d’une micropipette multicanaux, on distribue 50µL de tampon

phosphate dans 12 cupules de la microplaque.

b. On mélange avec le tampon et on reporte, de préférence à l’aide d’une

micropipette, 50µL de la 1ère

cupule dans la 2ème

dans la 3ème

, et ainsi de

suite jusqu’à la 10ème

cupule, en rejetant 50µL de la 10ème

cupule.

On obtient les dilutions suivantes :

N° cupule 1ème

cupule

2ème

cupule

3ème

cupule

4ème

cupule

5ème

cupule

Dilution 1/40 1/80 1/160 1/320 1/640

N° cupule 6ème

cupule

7ème

cupule

8ème

cupule

9ème

cupule

10ème

cupule

Dilution 1/1280 1/2560 1/5120 1/10240 1/20480

c. Puis, on distribue 50µL de la solution mère du sérum dans la 11ème

cupule.

On mélange avec le tampon et on rejète 50µL.

Cette dilution (1/40) constitue le témoin sérum, dont le rôle est de détecter les

agglutinines naturelles anti-mouton que peuvent contenir certains sérums.

d. On agite soigneusement les suspensions d’hématies.

Dépôt d’une goutte de réactif révélateur dans les 10 premières

cupules.

Dépôt d’une goutte de réactif témoin dans la 11ème

cupule (témoin

sérum).

Dépôt d’une goutte de réactif révélateur dans la 12ème

cupule

(témoin réactif) dont le rôle est de contrôler la validité du tampon

et du réactif révélateur.

Remarque : on ne réalise qu’un seul témoin réactif par série de tests.

e. Très soigneusement, on homogénéise manuellement le contenu des cupules

par tapotements latéraux sur les cotés de la microplaque, posée à plat. Puis

on laissera la plaque immobile, à l’abri de toute vibration.

f. En fin, la réaction est lue deux heures plus tard.

3-Interprétation des résultats :

Remarque : Le titre est donné par la dernière dilution présentant une

hémagglutination.

Le titre en UI/mL est égal à l’inverse de cette dilution limite multiplié par le

seuil de sensibilité du réactif indiqué sur le coffret.

Absence d’hémagglutination

Présence d’un bouton punctiforme au fond de

la cupule

REACTION NEGATIVE

Absence du FR

Présence d’hémagglutination

Présence d’un voile rouge/ marron tapissant

la cupule

REACTION POSITIVE

Présence du FR

II.4- ANALYSE STATISTIQUE

Afin de bien mener notre étude, nous avons adopté une démarche en plusieurs

étapes :

Nous avons commencé par une étude descriptive de la population à

étudier.

Puis nous avons déterminé le pourcentage des marqueurs respectivement

par rapport aux malades atteints de PR et par rapport aux témoins.

Ensuite nous avons étudié la comparaison de la moyenne des différents

marqueurs sérologiques (Anti-CCP et FR) entre patients et témoins.

Par la suite, à fin de déterminer les performances des tests, on a comparé

les deux marqueurs (Anti-CCP et FR) en termes de sensibilité, spécificité,

valeur prédictive positive (VPP), valeur prédictive négative (VPN) et les

courbes ROC respectives.

Pour l’évaluation des données, nous avons utilisé l’analyse de la variance, le

test de Mann Whitney et l’analyse de la courbe ROC. Les différences ont été

considérées comme statistiquement significatives lorsque les valeurs de p

étaient inférieures à 0,005.

Tous les tests statistiques ont été réalisés à l’aide du logiciel SPSS 10.0.

II.4.1-Rappels de quelques notions de biostatistique utilisés au cours de

l’étude

L’objectif de notre étude est de définir la place de certains marqueurs

sérologiques (Anti-CCP et FR) dans le diagnostic de la polyarthrite. Pour cela

une étude des performances respectives de ces derniers s’avère indispensable.

Il nous semble par conséquent important de définir et d’expliquer le mode de

calcul des indices utilisés pour cette étude ; à savoir la sensibilité, la spécificité,

les VPP et VPN.

Sensibilité :

Ou encore la fréquence des vrais positifs, est définie comme étant le

nombre des malades ayant un test positif.

Sensibilité =a /a+c

Spécificité :

Ou encore la fréquence des vrais négatifs, est définie comme étant le

nombre des témoins ayant un test négatif.

Spécificité =d/ b+d

PR Présente

PR Absente

TOTAL

Anti-CCP

Ou

FR

Positifs

A

Vrais positifs

B

Faux positifs

a+b

Tous les tests positifs

Négatifs C

Faux négatifs

D

Vrais négatifs

c+d

Tous les tests négatifs

TOTAL

a+c

Tous les patients

(PR)

b+d

Tous les témoins

a+b+c+d

Toutes les personnes

Testées

Valeur prédictive positive (VPP):

Est le nombre des tests vrais positifs sur tous les positifs.

VPP = a/a+b

Valeur prédictive négative (VPN) :

Est le nombre des tests vrais négatifs sur tous les négatifs.

VPN =d/c+d

Courbe ROC et ses caractéristiques

Courbe ROC ou Receiver Operator Characteristic permet de déterminer de

façon fiable le seuil de positivité d’un test. Ces courbes, qui indiquent le taux de

vrais positifs en fonction de la proportion de faux positifs pour une gamme de

valeurs seuils, offrent le meilleur compromis entre sensibilité et spécificité.

CHAPITRE II : RESULTATS

Liste des résultats de toutes les analyses réalisées au cours de notre étude

Tableau des résultats des analyses/ Tableau 1

Age(ans) Sexe

Durée

Maladie(ans)

Anti-

CCP

FR -

Latex(UI/ml)

FR-

Waaler/Rose(UI/mL) Pathologie

1 43 F >6ans 200 21 <8 PR

2 50 F >6ans 35,2 21 <8 PR

3 50 F <6ans 9,7 84 <8 PR

4 45 F >6ans >200 <21 <8 PR

5 26 F >6ans >200 84 <8 PR

6 65 M <6ans 167,2 168 8 PR

7 32 F >6ans 0,2 <21 <8 PR

8 55 F >6ans 5,6 84 8 PR

9 65 F <6ans 59,4 <21 <8 PR

10 53 F >6ans 148,6 672 <8 PR

11 55 F >6ans 1,8 84 8 PR

12 38 F ≥6ans >200 1344 16 PR

13 80 F >6ans 10,6 168 <8 PR

14 38 F <6ans 4,8 <21 <8 PR

15 56 F >6ans >200 168 <8 PR

16 24 F <6ans 6,7 168 <8 PR

17 73 F <6ans 30,3 168 <8 PR

18 48 F <2ans 1,1 <21 <8 PR

19 48 M 22ans 0,5 <21 <8 PR

20 28 F <6ans 12,4 <21 <8 PR

21 31 F <6ans 137,1 168 <8 PR

22 60 F <6ans 7 336 8 PR

23 42 F <6ans 0,9 <21 <8 PR

24 49 F ≥6ans 0,2 <21 <8 PR

25 52 F <2ans 112,9 168 8 PR

26 50 F <6ans 114,6 672 16 PR

27 68 F <6ans 0,5 <21 <8 PR

28 54 F ≥6ans 177,6 21 <8 PR

29 57 F >2ans 13,3 21 <8 PR

30 32 F <2ans 1,8 <21 <8 PR

31 65 M 4ans 2 <21 <8 PR

32 70 M 13ans 100 84 <8 PR

33 44 F 9ans 100 168 64 PR

34 35 F 2ans 100 <21 <8 PR

35 57 F >2ans >200 84 16 PR

36 50 M >2ans 57,5 21 <8 PR

37 45 M >6ans >200 42 <8 PR

38 60 M >6ans >200 42 <8 PR

39 40 F >2ans 11 42 <8 PR

40 50 F >2ans >200 672 16 PR

1 53 F 0,8 336 256 connectivites mixtes

2 35 M 5,8 <21 <8 Polymiosite

3 45 F 0,8 168 32 Vascularite

4 50 M 100 42 <8 SGS + PR

5 45 F 2,5 <21 <8 Lupus

6 60 F 1,6 <21 <8 Lupus

7 35 F 9,8 <21 <8 Lupus+PR

8 65 M 0,4 <21 <8 Lupus

9 70 F 0,4 21 <8 Lupus

10 72 F 0,5 <21 <8 Diabète

11 46 F 1,1 <21 <8 Encéphalopathie

12 63 F 1 84 <8 Fibrose pulmonaire

13 50 F 0,4 21 <8 Sclérodermie

14 60 F 0,9 21 <8 Thyroidite

15 57 F 0,2 <21 <8 Hypercholestérolémie

16

70 F 0,5 84 <8

embolie pulmonaire et

Alzhaimer

17 67 F 0,4 84 <8 Goutte

18 53 M 0,6 42 <8 HTA et insf rénal

19 68 M >200 672 8 Coronaropathie

20 60 F 0,9 <21 <8 Lupus

21

48 F 0,5 <21 <8

Carcinone vésiculaire

de la thyroide

22 81 M 2,6 5376 <8 Hépatite C

23

86 M 0,5 42 <8

Altération de l'état

général

24 59 M 0,5 336 <8 Tuberculose

25 73 M 0,3 336 8 Cancer de la prostate

26 43 F 0,4 42 <8 Cancer du sein

27 36 F 0,4 <21 <8 sujet sain

28 26 M 0,5 <21 <8 sujet sain

29 24 M 0,2 <21 <8 sujet sain

30 26 M 0 <21 <8 sujet sain

31 45 F 0,6 42 <8 sujet sain

32 46 F 0,2 664 <8 sujet sain

33 31 F 0,1 <21 <8 sujet sain

34 62 F 0,2 42 <8 sujet sain

35 58 F 0,1 21 <8 sujet sain

36 23 F 3,6 <21 <8 sujet sain

37 33 F 0,3 <21 <8 sujet sain

38 68 F 0,1 332 <8 sujet sain

39 14 M 0,1 <21 <8 sujet sain

40 32 F 0,8 <21 <8 sujet sain

2- DESCRIPTION DE LA POPULATION ETUDIEE

2.1-Caractéristiques épidémiologiques

2.1.1-Sexe

Les sujets étudiés sont en majorités des femmes, puisque sur les 40 individus

ou patients inclus, seulement 7 sont des hommes, soit 18% de la population

de PR étudiée. Le tableau 2 représente la répartition de la population en

fonction du sexe.

Tableau 2 : Répartition selon le sexe de la population de PR.

Sexe Effectif (n) %

Féminin 33 82

Masculin 7

18

Figure 1 : Diagramme sectoriel de la population selon le sexe.

82%

18%

Répartition de la population selon le sexe

sexe féminin

sexe masculin

2.1.2-Age

La moyenne d’âge des patients recrutés est de 49,58 ans (13,24) [24-80].

(Patients recrutés se situent dans la fourchette d’âge allant de 24 ans à 80 ans

avec un écart type de 13,24) (Cf. Tableau 1). La répartition de la population de

PR étudiée en fonction de la tranche d’âge est détaillée dans le tableau ci-après.

Tableau 3 : Répartition en fonction de la tranche d’âge

Figure 2 : Répartition de la population suivant la tranche d’âge.

15%

62,50%

22,50%

Effectifs

[10-34]

[35-59]

[60-85]

Tranches d'âge (ans) Effectif (n) Pourcentage (%)

[10-34] 6 15

[35-59] 25 62,5

[60-85] 9 22,5

2.1.3- Durée de la pathologie (PR)

Parmi les 40 patients souffrant de PR, 15 individus avaient une maladie qui

évoluait depuis plus de 6ans au moment du prélèvement sanguin, alors que pour

21 autres, la maladie évoluait depuis moins de 6ans, voire moins de 2ans pour 4

d’entre eux.

Tableau 4: Répartition selon la durée de la maladie.

PR Effectif (n) pourcentage (n)

PR>6ans 15 37,50%

PR]2 ,6[ 21 52,50%

PR≤ 2 ans 4 10%

Figure 3: Répartition de la population de PR selon la durée d’évolution de

la maladie

37,50%

52,50%

10%

PR> 6ans

PR ]2, 6]

PR≤ 2ans

3-COMPARAISON DES MARQUEURS ENTRE PATIENTS ET

TEMOINS

3.1-Comparaison des taux de positivité ou de négativité des marqueurs

entre les patients et les témoins

Tableau 5: Comparaison des taux de positivité ou de négativité de l’Anti-

CCP et du FR entre les patients et les témoins.

Remarque : Lorsque p est inférieur à 0,005, la différence statistique entre les

deux groupes sont considérées comme étant significative.

La comparaison des taux de positivité et de négativité des marqueurs

sérologiques dosés, a montré une différence statistiquement significative entre

PR Témoins Significations

asymptotiques

Anti CCP Présence 75% 10,00% P<0,0001

Absence 25% 90,00%

FR Présence 67,50% 52,50% P=0,70

Absence 32,50% 47,50%

FR-LATEX Présence 67,50% 52,50% p=0,171

Absence 32,50% 47,50%

FR-WALEER-

ROSE

Présence 25% 10,00% p=0,77

Absence 75% 90,00%

patients et témoins, seulement pour l’Anti-CCP. Pour le reste, la différence n’est

pas significative ; puisque p est largement supérieur à 0,005.Au vue de ces

résultats, le premier constat fait porte sur l’excellente spécificité des anti-CPP et

du FR détecté par le test de Waaler-Rose (absents chez 90% des témoins).

3.2-Test de Mann-Whitney

Tableau 6: Comparaison des valeurs de l’Anti-CCP entre patients et

témoins

Effectif

Somme

des rangs

Rang

moyen

Signification

asymptomatique

L’Anti-CCP

Patients

40

3230,5

80,76

P<0,0001

Témoins

40

340,6

8,51

Ici, on aurait bien souhaité comparer tous les marqueurs entre patients et

témoins via le test de Mann-Whitney. Seulement, les tests utilisés pour la

détection des FR, ne nous offrent pas cette possibilité. Car tout résultat négatif

pour ces tests, n’est pas quantifié (Tableau des résultats).

On a p<0,0001très loin de la valeur seuil (0,005) au dessous de laquelle la

différence entre PR et témoins pour l’anti-CCP sera considérée comme

significative, ce qui confirme l’excellente performance (spécificité) de ce test

pour le diagnostic de la PR.

4-COMPARAISON DE LA SENSIBLITE, SPCECIFICITE, VALEUR

PREDICTIVE POSITIVE ET VALEUR PREDICTIVE NEGATIVE DES

DIFFERENTS MARQUEURS

4.1-Entre l’Anti-CCP et FR

Tableau 7 : Tableau récapitulatif des résultats en termes de sensibilité,

spécificité, VPP, VPN

Toute la cohorte de patients atteints de PR

Marqueurs

Sensibilité

Spécificité

VPP

VPN

L’Anti-CCP

75%

90%

88%

78,26%

FR-IgM

67,5%

47,5%

59%

61,8%

Anti-CCP et

IgM-FR

65%

95%

92%

73%

Figure 4: Sensibilité et spécificité du test de deuxième génération AxSYM

Anti-CCP® et des tests de détection du FR

Ce diagramme traduit la comparaison de la spécificité et de la sensibilité entre

les deux marqueurs. Les sensibilités des deux tests sont presque comparables,

par contre la spécificité du test à l’anti-CCP est largement supérieure à celui

des tests recherchant les FR (Latex et Waaler/Rose).

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

Sensibilité Spécificité

Anti-CCP

FR

Tableau 8 : Comparaison des valeurs obtenues par rapport aux valeurs

de la littérature

Valeurs obtenues Valeurs de la littérature

Anti-CCP

Sensibilité

75% >70%

Spécificité 90% (95-98)%

VPP 88% (84-99)%

VPN 79% (81-98)%

FR

Sensibilité 65% 75%

Spécificité 47,5% (85-90)%

VPP 59% (64-74)%

VPN 62% (81-96)%

Remarques : Les remarques faites concernent surtout les FR. Il est également

important de souligner ici que les valeurs de VPP et de VPN sont d’après la

littérature variable selon la région ou le type de population considéré.

Les valeurs des indices de sensibilité, de spécificité, de VPP et de VPN que nous

avons obtenus au cours de notre étude pour les FR sont inférieures aux valeurs

décrites dans la littérature. Les valeurs de sensibilité et de VPP obtenues pour les

tests recherchant les FR sont inférieures à celles décrites dans la littérature

(75%). Ceci pourrait s’expliquer soit par la nature de la population de PR

recrutée (PR séronégative) ou soit par le type de réaction utilisée (test

d’agglutination) ; avec possibilité de phénomène de zone qui se produit en cas

de titre très élevé en FR ; ou encore par le traitement de fond auquel sont

soumis ces patients.

Les valeurs de la spécificité et de VPN obtenues s’expliquent par la nature de la

cohorte témoin recrutée pour l’étude. On a noté chez ces témoins, un

pourcentage non négligeable de faux positifs qui pourrait s’expliquer par

l’existence de réactions croisées.

4.2-Comparaison des courbes ROC (Receiver Operator Characteristic.) des

deux marqueurs

1. Anti-CCP 2. FR

Variable de résultats des tests : Anti-CCP Variable des résultats des tests : FR

Courbe ROC

Les segments diagonaux sont générés par des liaisons.

1 - Spécificité

1,00,75,50,250,00

Se

nsitivité

1,00

,75

,50

,25

0,00

Courbe ROC

Les segments diagonaux sont générés par des liaisons.

1 - Spécificité

1,00,75,50,250,00

Se

nsitivité

1,00

,75

,50

,25

0,00

Remarque : Seule, la courbe ROC de FR- latex a été tracée, car parmi les deux

tests utilisés (Latex-Waaler/Rose) dans notre étude pour la recherche des

facteurs rhumatoïdes de type IgM, seul le test au latex nous offre des possibilités

de tracés. Tout simplement à cause de son taux de positivité très élevés (60%) ;

les valeurs correspondantes aux autres 40% restants ont été modélisées de telles

sortes à avoir des variables. Par contre le taux de positivité des FR-Waaler/Rose

est très faible, de l’ordre de 17%. L’analyse des courbes ROC figurant ci-dessus

ont déterminé que l’air sous les courbes (AUC) des dosages AxSYM Anti-CCP

et Rhumalatex® de Fumouze est respectivement 0,879 et 0,625. Cette analyse

indique que les deux dosages ne sont pas comparables en ce qui concerne leurs

valeurs de sensibilité et de spécificité.

Zone

P value

Intervalle de confiance

95% asymptotique

Borne

inférieur

Borne

supérieur

87,9%

<0,0001

0,799

0,959

Zone

P value

Intervalle de confiance

95% asymptotique

Borne

inférieur

Borne

supérieur

62,5%

0,054

0,50

0,75

5-Etude des performances de l’Anti-CCP

5.1-Valeurs de sensibilité, spécificité, VPP, VPN de l’Anti-CCP

Tableau 9 : Valeurs évaluées par rapport à des sujets témoins

Anti-CCP

Sensibilité

Spécificité

VPP

VPN

Sujets sains

75%

100%

100%

58,8%

Sujets atteints

de maladies

autres que PR

75%

84,61%

88,23%

68,75%

La sensibilité du test AxSyM anti-CCP déterminée par rapport aux deux

cohortes de sujets (sujets sains et sujets atteints de maladies autres que PR) est la

même. Ceci se comprend aisément d’autant plus que la sensibilité est définie

comme étant le nombre de malades ayant un test positif. Il va donc de soit que

cette valeur reste inchangée. Par contre les valeurs de spécificité, de VPP et de

VPN varient en fonction du groupe de sujets par rapport auquel elles ont été

déterminées. Ainsi donc, la spécificité, la VPP et la VPN ont respectivement été

évaluées à 100%, 100%, 58,8% par rapport aux sujets sains et à 84,61%,

88,23%, 68,75% par rapport aux sujets atteints de maladies autres que la PR. La

baisse des valeurs de spécificité et de VPP notée chez les sujets atteints de

pathologie autres que la PR s’expliquerait par l’existence d’un faible

pourcentage de faux positifs . Les faibles valeurs de VPN obtenues s’expliquent

surtout par la taille des échantillons considérée (tableaux des résultats).

Tableau 10 : Valeurs de l’Anti-CCP évaluées chez les patients atteints de PR

évoluant depuis moins de 6 ans et depuis plus de 6mois.

Sensibilité

Spécificité

VPP

VPN

Anti-CCP

PR>6 ans

80%

90%

75%

92,3%

Anti-CCP

PR<6 ans

72%

90%

90%

83%

Au vue de ces résultats, il n’existe pas de différence notable entre les

performances de notre test pour la détermination de l’anti-CCP pour les deux

populations définies de PR (PR>6ans et PR<6ans). On aurait surtout souhaité

inclure d’avantage de PR récentes, de durée inférieure à 3 mois afin de

déterminer les performances du test AxSYM anti-CCP dans le cadre d’un

diagnostic précoce de la PR.

L’augmentation de la sensibilité du test anti-CCP suivant la durée

d’évolution de la maladie est compatible avec le rôle des lymphocytes B qui

secrètent des immunoglobines IgG de type anti-CCP qui s’accumulent avec le

temps, ce qui par la même occasion augmente le seuil de détection de ces auto-

anticorps.

CHAPITRE III : DISCUSSION

III.1-Du point de vue épidémiologique

III.1.1-Sexe

Dans notre étude, les sujets de sexe féminin représentent 82% de notre

population de patients contre seulement 18% pour les sujets de sexe masculin.

Le sex-ratio est donc de 4,5 en faveur des femmes (Figure 16).

Différentes études réalisées montrent la même tendance à la prédominance

féminine. Notre étude vient donc de ce fait confirmer cette valeur du sex-ratio

décrit dans la littérature variant entre 3 et 4 [7].

III.1.2- Age

L’âge moyen des patients est de 49,58 ans (13,24) [24-80]. 62,5% des patients

recrutés pour notre étude, se trouvent dans la tranche d’âge de 35 à 59 ans.

D’après la littérature, la PR débute principalement entre 35 et 55 ans

(périménopausique) [8]; or la majorité des patients recrutés selon un mode tout à

faire aléatoire mais bien sûr fondé sur l’étude de leurs dossiers médicaux se

retrouve dans cette fourchette d’âge.

Notre étude est donc en accord avec ces résultats publiés. Le reste de la

répartition est détaillée dans le diagramme sectoriel ci-dessous.

15%

62,50%

22,50%

Effectifs

[10-34]

[35-59]

[60-85]

III.2-Du point de vue biologique

Les outils généralement utilisés pour le diagnostic biologique de la PR ne sont

pas parfaits:

*les facteurs rhumatoïdes sont présents dans le sérum de seulement 80%

des patients ayant une PR (67,5% pour notre étude réalisée) tableau 5. Ils

sont généralement absents au début de la maladie et il existe d’authentique

PR évoluées « séronégatives » même si celles-ci sont plutôt moins agressives

sur le plan articulaire [9].

D’un autre côté, des FR sont retrouvés dans les connectivites [10] (tableau

des résultats) et particulièrement celles avec atteinte articulaire ce qui peut

poser des problèmes de diagnostic différentiel. En dehors des pathologies

rhumatismales, les FR peuvent aussi apparaître au cours de certaines

maladies infectieuses ou inflammatoires (tableau 6). Les titres sont

généralement faibles et la réactivité se manifeste surtout par le test au latex.

La spécificité des FR est très variable et leur hétérogénéité est grande.

Certains sont hétérospécifiques et réagissent avec des IgG animales (par

exemple lapin dans la réaction de Waaler-Rose), d’autres sont

homospécifiques réagissant avec des IgG humaines (test de latex) ou

autospécifiques réagissant alors avec les allotypes des IgG du malade lui-

même. La spécificité des FR pour la PR est augmentée si les deux techniques

sont positives et montrent des titres élevés.

En revanche, chez les patients ayant des arthropathies non inflammatoires, la

séroprévalence des FR n’excède pas celle de la population générale à savoir

2% ;

*les anticorps antistratum corneum (antikératine) quoique très spécifique

de la maladie, sont caractérisés par une assez faible sensibilité de l’ordre de

40% ;

*la recherche des facteurs antipérinucléaires est réservée aux laboratoires

spécialisés car de réalisation et d’interprétation délicates ;

*d’autres techniques (recherche des anticorps antifilaggrine par Elisa ou

immunotransfert) ne sont pas de réalisation courante.

Or si l’on considère le potentiel évolutif de la PR et la difficulté diagnostique

des formes débutantes (ne répondant pas aux critères de l’ACR) (critères ACR

cf. annexe), de nouveaux outils diagnostiques s’avèrent indispensables d’autant

plus que des nouvelles thérapeutiques (Biothérapies) sont désormais accessibles

au patient. En ce sens, de solides espoirs sont fondés sur la recherche des

anticorps dirigés contre les peptides cycliques citrullinés. La citrulline est un

acide aminé non standard, puisqu’elle n’est pas incorporée dans les protéines

durant la synthèse protéique. Elle résulte d’une transformation post-

traductionnelle de l’arginine, médiée par la peptidylarginine désiminase (PAD)

dont l’activité est fortement dépendante de Ca2+

[10].

Figure10: La citrullination, processus médié par les peptidyl-arginine

désiminases (PAD) [10].

Ce test est apparu dans sa première version à la fin des années 1990. Les

premières évaluations ont mis en avant ses meilleures spécificités (>90%) [11]

et VPP (84%) par rapport à celles des FR (respectivement 85% et 75%). En

revanche une des limites de ce test était sa sensibilité relativement faible puisque

comprise entre 40 et 65% [12]. Cela a conduit le fabricant à optimiser ses

réactifs pour commercialiser un test de 2ème

génération (CCP2) qui comprenaient

non plus un mais plusieurs peptides citrullinés, utilisé pour notre étude.

Actuellement, on dispose des tests ELISA de troisième génération (CCP3 Inova)

de sensibilité meilleure que les tests de deuxième génération.

Dans notre population, la sensibilité du test AxSYM Anti-CCP® est évaluée à

75%, meilleure que celle des FR (67,5%) (Figure 4 ou tableau 7). La

modification du choix des peptides synthétiques utilisés pour le test semble

effectivement avoir amélioré les performances de détection des anticorps. Van

Venrooij a sur une série de 390 polyarthrites rhumatoïdes, évalué la sensibilité

de ce test à 80% environ et constaté que près de 35% des PR sans FR avaient

des anti-CCP [13]. Plusieurs études publiées lors de ces dernières années

confirment cette sensibilité supérieure à 70%.

Une des difficultés dans la prise en charge des PR vient du diagnostic souvent

difficile des formes débutantes, variables dans leur présentation et leur modalité

de survenue. Une caractéristique des anti-CCP est d’être présents à un stade très

précoce de la maladie. Ils peuvent précéder l’installation clinique de la PR de

plusieurs années [13,14] .En effet, Nielen et coll ont réalisé des séries de

dosages de FR et anti-CCP chez 79 patients qui présentaient une PR mais

surtout qui étaient des donneurs de sang réguliers. Ils ont ainsi détecté des

anticorps anti-CCP chez 41% de ces patients jusqu’à 14 ans avant l’apparition

des premiers symptômes (temps moyen : 4,8 ans). Les FR eux, étaient détectés

chez 28% des patients 10 ans (temps moyen : 2 ans) avant l’apparition des

symptômes. En d’autres termes, près de la moitié des malades avaient un FR

positif et/ou des anticorps anti-CCP détectables 3 ans avant la première

apparition des symptômes [14]. Un patient de notre étude souffrant de

coronaropathie a des anticorps anti-CCP à un titre très significatif (>200 U/ml)

sans aucune symptomatologie articulaire (Tableau 1, ligne19). Ce résultat doit

inciter le clinicien à faire preuve de vigilance vis-à-vis de l’apparition de

douleurs chez ce patient notamment au niveau des mains.

S’il est important d’établir un diagnostic suffisamment tôt de façon à

instaurer un traitement précoce, il est nécessaire que le test biologique utilisé

soit suffisamment spécifique. Or il semble que ce soit un atout majeur de la

recherche des anticorps antipeptides cycliques citrullinés.

La spécificité du test de première génération est supérieure à 90%. Celle de la

deuxième génération est estimée à 98% [11,15]. Elle est de 90% pour le test de

deuxième génération utilisée pour notre étude (AxSYM anti-CCP®). Ceci

s’explique par un faible pourcentage de faux positifs obtenu, qui serait dû à

l’état pathologique de ces patients. Ces patients pour la plupart (2/4) sont

atteints d’un syndrome de chevauchement (PR+SGS, PR+Lupus), les deux

autres restants sont atteints de polymiosite et de coronaropathie (tableau des

résultats). Donc si on reconsidère ce paramètre, la spécificité du test pourrait

être estimée à 99%. D’autres études plus vastes ont mis en évidence l’existence

de réactions faussement positives parmi les sujets présentant des connectivites

mais celles-ci restent très rares (<3%) [13]. Ces auteurs ont estimé la spécificité

du test de 2ème

génération à 98% (88% pour les FR-IgM). A travers donc ces

résultats, il apparait donc claire que ces auto-anticorps (Anti-CCP) ne sont donc

pas pathognomoniques de la PR. Une attention particulière doit toutefois être

réservée au syndrome de Sjögren primitif et au rhumatisme psoriasique ou la

positivité des anti-CCP (due à l’existence d’épitope partagé) ne doit pas exclure

le diagnostic [16]. D’autres faux positifs peuvent se voir au cours des

thyroïdites, maladie de Lyme, gammapathie monoclonale et hépatite C [17].

Mais parfois on ne peut exclure l’association à une PR. Les cas d’hépatite C, et

de thyroïdites inclus dans l’étude n’ont pas donné de résultats positifs pour le

test à l’anti-CCP (Tableau 1).

Dans notre étude, la spécificité du test AxSYM anti-CCP® obtenue (90%) est

largement supérieure à celle des facteurs rhumatoïdes de type IgM déterminés

par les tests d’agglutination (47,5%) (Figure 4 ou tableau 7). Cette spécificité

remarquable s’accompagne d’une bonne valeur prédictive positive à 88%

(Tableau 7). Si l’on considère uniquement les sujets atteints de pathologies

rhumatismales inflammatoires ou non (26), la valeur de VPP est évaluée à

88,23%, voire même 100% si l’on considère uniquement les sujets sains (n=14)

(Tableau 9), contre 59% pour les FR en Latex et Waaler-Rose (Tableau 7).

L’excellente VPP de la recherche des anti-CCP constitue une aide pour le

clinicien confronté parfois à des diagnostics différentiels difficiles. En effet,

ceux-ci sont nombreux qu’il s’agisse d’une forme débutante polyarticulaire

(rhumatisme articulaire aigu, polyarthrite virale…), d’une forme monoarticulaire

(goutte, chondrocalcinose…) ou enfin d’une polyarthrite évoluée (syndrome de

sjögren, lupus, rhumatisme psoriasique…).

Tout récemment, Raza et coll. [18] ont étudié la valeur prédictive des anti-

CCP chez 124 patients qui présentaient une arthrite inflammatoire très précoce

(d’une durée <3mois). Ils ont ainsi démontré que la combinaison des anti-CCP

et du FR avait chez ces malades une spécificité, une valeur prédictive positive

(VPP), une sensibilité et une valeur prédictive négative (VPN) pour le diagnostic

de la PR de 100%, 100%, 58%,88%. La présence d’anti-CCP seuls donnait les

valeurs suivantes : 99%,94%,63% et 63% respectivement.

La recherche des anti-CCP peut parfois redresser un diagnostic. En effet, parmi

les 16 sujets présentant un test positif au latex, la recherche des anti-CCP s’est

avérée négative chez 14 (connectivites mixtes, vascularite, lupus, fibrose

pulmonaire, sclérodermie, thyroïdite, embolie pulmonaire, Goutte, Insuffisance

rénale, hépatite C, Tuberculose, Cancer du sein, Cancer de la prostate, Altération

de l’état général). Ceci pourrait plaider en faveur de réactions faussement

positives pour la technique Latex comme cela a été décrit [19] (tableau 1).

Ces dernières années ont été riches en travaux visant à définir la valeur

pronostique des anticorps anti-CCP dans la PR [20, 21,22]. Ces études

démontrent une corrélation entre la présence des anti-CCP et la sévérité des

érosions osseuses, ainsi qu’avec une activité de la maladie plus importante.

La première étude a été réalisée en 2000 par deux équipes de l’université de

Nimègue et de l’université de Groningue (Pays-Bas) [23]. Elle a démontré que,

chez des sujets atteints d’une PR depuis moins d’un an, les anticorps anti-CCP1

sont associés à une évolution vers une atteinte structurale marquée au bout de

six ans, mais que la valeur prédictive de ce critère est moindre que celle d’un

facteur rhumatoïde de type IgM [24].

En 2005, le groupe d’Elisabet Lindqvist (Département de rhumatologie, hôpital

universitaire de lund, suède) a mis en évidence quatre paramètres pronostiques

de l’atteinte structurale : la vitesse de sédimentation des érytrocytes, la

production de FR de classe IgA, le taux sérique de la protéine COMP (cartilage

oligomeric matrix protein), et les Anti-CCP sont associés à une atteinte

structurale marquée au bout de 5 ans ; seuls le taux de protéine C réactive (CRP)

et le taux d’anti-CCP prédisent bien une atteinte sévère à long terme, au bout de

10 ans[25].Une autre étude suédoise, l’étude Barfot (Better anti-rheumatic

farmacotherapy), avait confirmé l’année précédente la valeur prédictive des

anticorps anti-CCP2 pour l’atteinte structurale et son aggravation en montrant

que cette valeur était indépendante des autres facteurs prédictifs [26].

Un travail récent, l’étude prospective d’O. Meyer (comportant 191 cas de

polyarthrite récente et répondant aux critères de l’ACR1987) a évalué la

corrélation entre les anticorps anticitrulline et les destructions radiologiques à

cinq ans d’évolution.

Enfin, les travaux de chercheurs de l’Institut de rhumatologie de Prague

(République tchèque) ont permis de conclure que la combinaison de la détection

des FR de type IgM est la plus précise pour établir un pronostic structural [27].

Parmi 104 patients atteints de PR, 83% de ceux qui souffraient d’au moins une

érosion articulaire et 76% de ceux dont l’atteinte structurale s’aggravait

présentaient des taux significatifs d’anti-CCP et d’IgM.

Différents études publiées, évaluant les performances pronostiques des Anti-

CCP (en termes de détérioration articulaire et de l’évolutivité inflammatoire)

sont regroupées dans les tableaux ci-dessous.

Tableau 11: Anti-CCP et Pronostic de la PR débutante : Détérioration structurale [30].

Etude Test Cohorte ACCP+ au

début (%)

Durée suivi

(années)

Remarques

Kroot CCP1 273 PR débutantes 66 6 Valeur pronostique de destruction

articulaire

Meyer CCP1 145 PR débutantes 57 5 Prédiction de destruction radiologique

(OR 2,5)

Vencovsky CCP1 104 PR debutantes 42 2 Prédiction des erosions

Saraux CCP1 253 PR débutantes 47 2-4 Bonne prédiction d’évolution erosive

Forslind CCP2 379 PR débutantes 55 2 Prédictif des destructions (OR 3,6) et

de leur aggravation (OR 2,9)

Van Gaalen CCP2 268 PR débutantes 53 4 Prédictif avec HLA DRB1*04 d’évolution

sévère

Lindqvist CCP2 183 PR débutantes 80 5-10 Corrélations avec des lésions

radiographiques plus sévères

Tableau 12: Anti-CCP et Pronostic de la PR débutante : Evolutivité inflammatoire

[30]

D’autre part, la présence précoce des anti-CCP est significativement associée à

des signes radiologiques dans le suivi de la maladie.

Les Anti-CCP sont considérés comme marqueurs de l’activité de la maladie

et de réponse aux traitements.

Les données dont on dispose ne sont pas suffisamment claire concernant le rôle

de ces anticorps en tant que marqueurs de l’activité de la maladie. Il existe à

l’heure actuelle une seule véritable étude qui a étudié la relation Anti-CCP et

activité de la maladie et qui a noté une association entre les malades qui avaient

un fort taux d’Anticorps et les paramètres d’activité de la maladie que ce soit la

VS, la CRP, le DAS28, l’évaluation clinique de la maladie que ce soit par le

malade ou le médecin. Au final, une seule étude qui montre que les malades qui

Etude Test Cohorte ACCP+ au

début (%)

Durée suivi

(années)

Remarques

Katsbom CCP2 242 PR débutantes 64 3 Prédictif d’une évolution inflammatoire

Bas CCP1 27 PR débutantes 30 8 Corrélation avec sévérité

Jansen CCP1 282 PR débutantes 32 2 Corrélation avec progression clinique

(OR 21)

ont un taux d’Anti-CCP ont vraisemblablement une PR plus active évaluée sur

l’ensemble de ces facteurs.

Pour ce qui est de la variabilité des Anti-CCP sous traitement, les données

sont actuellement une fois encore conflictuelles. Ils peuvent aller dans le sens

d’une diminution ou d’une stabilisation du taux d’Anti-CCP sous traitement et

actuellement il n’y a pas d’association claire entre la baisse du taux d’Anti-CCP

sous traitement et l’amélioration clinique.

Tout d’abord, l’étude récente de CHEN HA et al, publiée (en 2006) sur les

malades traités par étanercept trouvait une tendance à la diminution du taux

d’Anti-CCP sous traitement, mais sans association avec une amélioration

clinique des malades.

Une autre étude sur Infliximab publiée en 2005, montrait une absence de

diminution du taux des Anti-CCP sous traitement alors que les taux de FR

avaient diminué significativement et le taux de CRP sous traitement anti-TNF-α

avait également diminué significativement.

De nombreuses questions restent encore en suspens concernant ces anticorps.

Leur présence très précoce voire avant même l’apparition des premiers

symptômes est compatible avec le rôle de plus en plus évoqué des lymphocytes

B dans la physiopathologie de la maladie. Des protéines citrullinées ont été

mises en évidence dans la synoviale rhumatoïde et des anti-CCP sont produits

localement, leur signification et leur rôle dans le déclenchement de la maladie

restent un sujet très controversé [28,29]. Le titre de ces anticorps anti-CCP

pourrait être également un élément important pour évaluer les patients à haut

risque (maladie très agressive). Divers travaux étudient la modulation du titre de

ces anticorps en réponse au traitement.

III.3-Limites méthodologiques

Des études longitudinales incluant un nombre plus important de patients

auraient été plus représentatives. La durée de notre étude, qui a été de cinq mois,

est aussi une insuffisance qui pourrait être évoquée.

Nous n’avons pas pu étudier les autres isotypes des facteurs rhumatoïdes à

savoir les IgA, IgE. Seuls le facteur rhumatoïde de type IgM a fait l’objet de

notre étude et a été identifié par des techniques d’agglutination (technique peu

fiable).

III.4- Perspectives

-Une étude incluant un nombre élevé de population de polyarthrite rhumatoïde

précoce (durée d’évolution inférieure à 3mois) peut être envisagée et

permettrait de mieux cerner les performances du test à l’anti-CCP dans le cadre

d’un diagnostic précoce de la PR.

-De même, une étude visant à déterminer ou à démontrer l’intérêt pronostic des

anti-CCP en tant que marqueurs de sévérité est également envisageable.

CHAPITRE IV : CONCLUSION GENERALE

IV-CONCLUSION

La PR est le plus fréquent et le plus sévère des rhumatismes inflammatoires

chroniques pouvant mettre en jeu le pronostic vital des patients.

Le diagnostic doit être fait aussi précocement que possible car, au stade de début

où il n’y a pas encore des lésions irréversibles, les traitements ont plus de chance

d’être efficace.

En ce sens, les anticorps antipeptides cycliques citrullinés constituent un

nouveau marqueur diagnostique de la polyarthrite rhumatoïde surtout des

formes récentes. De nombreux travaux récents se font l’écho de la bonne

sensibilité (notamment dans les formes précoces) et de l’excellente spécificité de

cet outil diagnostique. Au vue des résultats obtenus au cours de notre étude,

(sensibilité>75%, spécificité > 90%, VPP 88%), il est claire, évident que les

anti-CCP sont des marqueurs de haute suspicion de la polyarthrite rhumatoïde,

par conséquent sa recherche, doit être systématique devant toute polyarthrite

inflammatoire, surtout si l’on suspecte une PR.

Enfin, vue les performances du test Anti-CCP pour le diagnostic de la PR à tous

les stades d’évolution de la maladie par rapport aux facteurs rhumatoïdes, il

apparait donc incompréhensible que ce marqueur n’ait pas été intégré plus tôt

parmi les critères de classification (critères de l’ACR) de cette maladie.

RESUME

Résumé :

La PR est une maladie d’étiologie inconnue et comme beaucoup de maladies auto-immunes,

c’est une affection polyfactorielle relevant de facteurs psychologiques, endocriniens,

d’environnements, génétiques et immunologiques. Le diagnostic de la PR est basé à la fois sur

des critères cliniques, radiologiques et biologiques. L’évolution de la maladie se caractérise

par l’apparition d’érosions osseuses et de déformations articulaires, limitant leur mobilité

fonctionnelle. Seul le facteur rhumatoïde est repris actuellement comme facteur biologique

parmi les critères diagnostiques reconnus, malgré ses faibles taux de sensibilité et de

spécificité. Les anticorps antipeptides cycliques citrullinés (anti-CCP) sont dirigés contre les

isoformes citrullinées de certains épitopes de la filaggrine et semble être un marqueur très

performant doté d’une excellente spécificité pour le diagnostic de la PR.

Nous avons mené une étude prospective chez une population à prédominance féminine

(82%) atteinte de polyarthrite rhumatoïde dans le but d’évaluer les performances du test

AxSYM Anti-CCP®.

Nous avons utilisé pour notre étude, un test MEIA de deuxième génération (AxSYM Anti-

CCP®) chez 80 sujets. Parmi ces 80 sujets, 40 présentent la PR, 26 des pathologies

rhumatismales et des affections connues pour être fréquemment accompagnées de facteurs

rhumatoïdes, et les 14 sujets restant ne présentent aucune pathologie. Les facteurs

rhumatoïdes de type IgM ont été recherchés en parallèle par des techniques d’agglutination

(Latex et Waaler-Rose). Les isotypes IgG, IgA, IgD, IgE n’ont pas fait l’objet de notre étude.

Les anticorps antipeptides cycliques citrullinés sont doués d’une bonne sensibilité (>70%) et

d’une excellente spécificité (>90%). La valeur prédictive positive du test AxSYM anti-CCP®

est évaluée à 88% pour notre population et même supérieure si l’on considère que les patients

ne présentant aucune pathologie.

La recherche des anticorps antipeptides cycliques citrullinés semble être, pour le clinicien,

d’une aide diagnostique sans doute largement supérieure à celle qu’apportent les facteurs

rhumatoïdes, au vue de l’ensemble des résultats obtenus.

ملخص:

و رهى ػجبسح ػ يشع (Polyarthrite rhumatoïde ou PR)نتهبة انفبطم انشحىا ا

ه يشع يتؼذد انؼىايم و يهب انفسخ ، إسجت يجهىل يخم انؼذذ ي األيشاع انبػخ انزاتخ،

ػهى يؼبش سششخ، نتهبة انفبطم انشحىاا ؼتذ تشخضانهشيىخ ، انجئخ ، انىساحخ وانبػخ.

بنؼظبو وتشىهبد نهفبطم، يب حذ ي إشؼبػخ وثىنىجخ. تض تطىس انشع ثظهىس تقشحبد ث

ؼتجش حبنب انؼبيم انشويبتضي انؼبيم انجىنىج انىحذ ف قبئخ انؼىايم حشكتهى انىظفخ.

انتشخظخ انؼتشف ثهب، ػهى انشغى ي اخفبع حسبسته وخظىطته. تتؼشف يؼبداد

épitopes de la)اد انىاقغ انىجىدح ػهى ثؼغ يىنذاد انؼبد (Anti-CCP)األجسبو

filaggrine) انتهبة انفبطم انشحىا.و خظىطخ يتبصح ف تشخض روجذو ػهى أهب ػاليخ يخبنخ

( يظبث ثبنتهبة 28%أجشب دساسخ يستقجهخ ػهى ػخ ي األشخبص أكخشهى ي اإلبث )

AxSYM Anti-CCPانفبطم انشحىا ي أجم تقى إيكببد االختجبس انؼتذ ػهى ®

.

AxSYM Anti-CCP) ي انجم انخب MEIA، اختجبس استخذيب ي أجم دساستب®)

ؼبى ي األيشاع 82، انتهبة انفبطم انشحىاي ؼبى 08، شخظب. ي ػ هؤالء 28ػهى

. األشخبص ال (FR)انشويبتضيخ واالػطشاثبد انت غبنجب يب تكى يظحىثخ ثبنؼىايم انشويبتضيخ

ثبنتىاصي IgMانتجقى ال ؼبى ي أي يشع. تى انجحج ػ انؼىايم انشويبتضيخ ي ىع 40

IgG ،IgA ، IgD. نى جحج ف دساستب ػهى انؼىايم(Latex et Waaler-Rose)ثتقبد االنتظبق

يتبصح ( و خظىطخ %08ثحسبسخ جذح )< (Anti-CCP). تتض يؼبداد األجسبو IgE و

ػتجشب اوك أ تؼهى إرا يب ،٪ ثبنسجخ إنى ػتب 22انقخ انتجؤخ االجبثخ نالختجبس (. تجهغ08%)<

األشخبص انز ال ؼبى ي أخ أيشاع.

ػبخ أهى نألؽجبء إ (Anti-CCP)جذو ثذو شك أ نهتشخض ثبنجحج ػ يؼبداد األجسبو

حست يجم انتبئج انحظم ػههب ف ، وهزاانشويبتضيخ(FR) يقبسخ يغ انجحج ػهى انؼىايم

دساستب.

Abstract:

Rheumatoid arthritis is a disease of unknown etiology; and like much of autoimmune

diseases, it is a poly-factorial disorder related to psychological, endocrine, of environments,

genetics and immunological factors. The diagnosis of rheumatoid arthritis is based, at the

same time on clinical, radiological and biological criteria. The evolution of the disease is

characterized by the appearance of osseous erosions and articular deformations, limiting their

functional mobility. Only the rheumatoid factor is currently considered as biological factor

among the recognized diagnostic criterions, in spite of its low rates of sensitivity and

specificity. The CCP antibodies (anti-CCP) are directed against citrullinated isoforms of some

epitopes of filaggrin and show a great promise as a diagnostic marker (anti-CCP) of

rheumatoid arthritis.

We led an exploratory study at a population female prevalence (82%) suffering from

rheumatoid arthritis to evaluate the performance characteristics of the AxSYM Anti-CCP

assay.

We used for our study, a second generation test, MEIA (Anti-CCP® AxSYM) in 80 subjects.

Among these 80 subjects, 40 had rheumatoid arthritis, 26 rheumatic pathologies and

affections known to be frequently accompanied by rheumatoid factors, and 14 remaining

subjects did not have any pathology. The rheumatoid factors, IgM type were investigated by

two techniques of agglutination simultaneously (Latex and Waaler-Rose). The isotypic IgG,

IgA, IgD, IgE were not studied. The CCP antibodies are showed a good sensitivity (>70%)

and an excellent specificity (>90%). The positive predictive value of AxSYM anti-CCP®

assay is estimated at 88% for our population and even higher if it is considered that the

patients do not present any pathology.

The detection of the CCP antibodies seems to be, for the clinician, of an important diagnostic

help, largely important than rheumatoid factors, as our results show it.

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[31]-B.Combe. Polyarthrite rhumatoïde : Clinique et diagnostic 14-220-A-10

ANNEXE

Tableau 1 : Critères de classification de la PR proposées par l’American

College of rheumatology en 1987. [31]

Critère 1 Raideur articulaire matinale de durée supérieure à 1 heure

durant un minimum de 6 semaines

Critère 2 Gonflement des parties molles, touchant au moins trois

articulations simultanément

Critère 3 Gonflement d’au moins une articulation des mains (poignet,

MCP ou IPP) durant un minimum de 6 semaines, observé par

un médecin

Critère 4 Atteinte articulaire simultanée symétrique (une atteinte

bilatérale sans symétrie absolue des MCP, IPP ou MTP

est acceptée)

Critère 5 Atteinte radiologique typique de PR des mains (IPP, MCP

et poignets) avec présence nécessaire d’érosions ou de

déminéralisation touchant les articulations atteintes de

façon exclusive et prédominance

Critère 6 Nodules sous-cutanés rhumatoïdes observés par un médecin

(saillies osseuses sur les faces d’extension, régions juxta-

articulaires)

Critère 7 Sérologie rhumatoïde positive (taux anormal par toute

méthode pour laquelle la positivité n’existe que chez moins

de 5% d’une population témoin normale)

Quatre critères sur sept présents permettent un diagnostic de PR. Pour les critères 1

à 4, une durée minimale de 6 semaines est exigée.

Serment de Galien

Je jure devant les maîtres de cette faculté :

D’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur

témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur engagement.

D’exercer ma profession avec conscience dans l’intérêt de la santé publique,

sanss jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa

dignité humaine.

D’être fidèle dans l’exercice de la pharmacie, à la législation en vigueur, aux

règles de l’honneur, de la probité et du désintéressement.

De ne dévoiler à personne les secrets qui m’auraient été confiés ou dont

j’aurai eu connaissance dans l’exercice de ma profession, de ne jamais

consentir à utiliser mes connaissances et mon état pour corrompre les

mœurs et favoriser des actes criminels.

Que les Hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses,

que je sois méprisé de mes confrères si je manquais à mes engagements.