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Plotin et les mystères d'Éleusis / F. Picavet Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Plotin Et Les Mystères d'Eleusis - François Picavet

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Plotin et les mystèresd'Éleusis / F. Picavet

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Picavet, François (1851-1921). Plotin et les mystères d'Éleusis / F. Picavet. 1903.

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ANNALHS DU MUSEE GUtMET

REVUEV P'

1.L'RI8f;OIÎE 'DES .IEUG InNS

t'CBt.)ERtOMLJt[«)tMTtOXM[If.

At. J EAN RÉVILLE¡.

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))M. K. AA!'ÈL)!<~U. At<. AtJMLLEXT, A. BARTH. H. t'ASSËT. A. BULCtfE-LECLU'FQ. J.-B. CHAHOT, R. COAYAXKES, P. DECt!Am)E. E ot: FA\E,A.tOtJCHEH.CMTK GOBLET h'ALMKLLA, ).GULDX)t)En, L. LHGEH;f~tt. LRVt, STLVA<\ LÉV). G. MASPEHO, Ef. MOXTKT, K. RtCAVËT.C. t')t:fE\f}H)KG. A'eRRTi !!E\)LLK. J. TOUTAtX, KT.

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PLO'HNET LES MYSTKHES D'ELEUSIS

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1903

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'~LOTIN

ET'LES~STÈRESD'ELEUSIS

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!:1: r-v

PLOTÏN

)'ET

~S MYSTÈRES D'ELEUStSu.~h~~Les articles fort intéressants que M. Goblet d'Alviella a

publiés récemment dans la Revue de /'Z7M/<wc (les -~c/07~complètent heureusement les travaux de Lenormant etPottier,comme ceux de Foucart

Avec M. Jean Réville', M. Goblet d'Alviella estime que leshiérophantes retrouvaient,dans les Mystèresd'Éleusis,

« cequi était considéré de leur temps comme la sagesse suprêmepar la philosophie la mieux accréditée ». Puis il dit, en s'ap-puyant sur les témoignages de Chrysippe, de CIcéron, deSénèque, de Plutarque, de saint Augustin et de Varron, quele stoïcisme y succéda au pythagorisme, plus ou moins mo-difié par les doctrines de l'Académie, dans le siècle qui pré-céda la conquête romaine.

Enfin il signale la substitution du néo-platonisme au stoï-cisme « En dehors même des œuvres orphiques de cettepériode, qui reflètent les idées et les tendances des Alexan-drins, les écrits de Porphyre et de Proclusattestent suffisam-ment que le néo-platonisme était devenu la philosophie desMystères. Maxime, Ëunapo, Julien, sans aucun doute Proclus

1) Lenormant a écrit J'article B<ct<S)'ma du dictionnaireDaremberg etSaglio;Pottier t'a revu. Foucart a donné deux études Recherches sur fon~t'M et lanature des Mystères d'Éleusis (M~m. de l'Acad. des Inscriptions, t. XXXV,2' partie, Klincksieck, 1895); Les Grands A/yjMrM f('~fet~)' personnel,c~'cmo-nies (même collection et môme éditeur, 1900). Les articles de M. Gobletd'Alviella ont paru en septembre-octobre, novembre-décembrei9')2, janvier-février, mars-avril i903.

2) j~ Religion « nome sous les S~o~rM, p, t78.

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étaient des initiés d'Éleusis, et la charge d'hiérophante, aum" et au IVe siècle de notre ère, fut occupée plus d'une fois

par des philosopher néo-platoniciens. Jamais peut-être l'ac-cord ne fut plus étroit entre la religion et la philosophie ».

Je voudrais indiquer brièvement comment Plotin, dont le

nom et les œuvres n'ont pas été rappelés, à notre connais-sance, par ceux qui ontle mieux étudié les mystères d'Eleusis,

a substitué à l'interprétation stoïcienne celle qui a été ac-ceptée par son école et par les partisansde l'hellénisme, puisen tirer quelques conséquences qui ne semblent pas sansvaleur pour éclairer l'histoire du christianisme lui-même.

it

La philosophie néo-platonicienne se présente d'abordcomme une initiation réservée à ceux qu'on en a jugésdignes

< Hérennius, Origène et Plotin, écrit Porphyre dans la Vie de Plotin,étaientconvenusde tenir secrète la doctrine qu'ils avaient reçue d'Am-monius. Plotin observa cette convention. Hérennius fut le premier quila viola, ce qui fut imité par Origène. Ça dernier se borna à écrire unlivre -Sxf les /~HO))~; et sous le règne de Gallien, il en fit un autrepour prouverque Le Roi M<<e!</c!'<?afeHr(ouy)o~e).Plotin fut longtempssans rien écrire. Il se contentait d'enseigner de vive voix ce qu'il avaitappris d'Ammonius. Il passa de la sorte dix années entières à instruirequelques disciples, sans rien mettre par écrit; mais comme il permet-tait qu'on lui fit des questions, il arrivait souvent que l'ordre manquaitdans son école et qu'il y avait des discussions oiseuses, ainsi que je l'aisu d'AméHus.Plotin commença, la première annéedeGat)ien,à à écriresur quelques questions qui se présentèrent

Lors même que Plotin écrit, il ne s'adresse pas à tous; ilfait un choixentreceuxqui souhaiteraientdevenirses lecteurs,commeentre ceux qui se présententpour être ses auditeurs

« La dixième année de Galien, dit Porphyre, qui est celle où je lefréquentai pour la première fois, il avait écrit 21 livres <« n'avaientété commt<n:~M<'< ~«'A un <rM petit MO?H~'e <fe ~e~otinM; on t)e lesdonnait pas /act<emet)< e< n'était pas aisé d~M ~'M~t'e connaissance;

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OH ne /e~ cotnmt<ttt~Mo<< ~x'auec ~'<fc<!t<<!0)t et après ~<re assuré du~M~eMMH<de CCM.E qui /M recevaient'

Enfin Plotin annonce par les jugements mêmes qu'il portedans son école, l'estime qu'il fait des Mystèreset l'importancequ'il leur attache

« Un jour, écrit Porphyre, qu'à la fête de Platon je lisais un poème

sur te ~ar/a~c sacré, quelqu'un dit que j'étais fou, parce qu'il y avait,dans cet ouvrage, de l'enthousiasme et du mysticisme.Plotin prit alorsla parole et me dit d'une façon à être entendu de tout le monde « Vous

« venez de nous prouver que vous êtes en même temps poète, philo-« sophe et /<;J)'o~/<aH/e' s.

L'étude de l'oeuvre révèle, chez Plotin, les mêmes préoc-cupations et nous explique comment, en prenant pour pointde départ les cérémonies, les pratiques et les formules desMystères, il y a fait entrer sa philosophie tout entière. Mais

pour que cela apparaisse nettement, il faut la parcourir, ensuivantl'ordre chronolo~iqucdelacomposition et non l'ordrearbitraire que lui a imposé Porphyre'.

Dans le livre sur le Beau, que Plotin écrivit le premier etqui est, pour les éditions porphyriennes, le sixième de la pre-mière Ënnéadc,se trouvent, pour ainsi dire, le plan et le butde l'œuvre tout entière. Plotin entreprend de montrer com-ment, par la vue du Beau, on peut purifier l'âme, la séparerdu corps, puis s'élever du monde sensible au monde intelli-

1) Fp~X; !(<p!'TXETX! Et'XtTt X~ ~6~:0' 5 X~ X~TEt).T;?X ~xMo;t~X O~'Ot;t'~ y~P 'f ?:< ') tx~t~t; o'~s cu':uvst!iqtM;~Y~t;TO o' an)M{ xaix To!' p~tou,am ij~x B~< x~h~M; tt;~ ).Tt~x~vTN~ (de ~'<<' P/o()nf, § 4). L~ traduction.française est prise à Bouillet et à Eugène Lévêque, Les ~t)t<'«c<M de Plotin,3 vol. Paris, Hachette, dont on ne saurait trop recommanderla lecture aux his-toriens des religions comme des philosophies.

2) 'Hx~O; E!t ~~XTtY K~tMV K:t~; <;i00 X~t TM n~t~y X~'t T0'< ~t).6os-

tov x~ Mv !:p')?'<vt'iv (~c ~t'ta f/oUtu, § 15).3) Porphyre (Vt'e <<c Plotin, §§ 4, 5, 6) donne la liste chronoto~iquc des 5i

livres dans son édition; il (§ 24) les a partagés en six Hnneades, en l'honneurdes nombres parfaits et ncx/l H a réuni dans chaque Hnneade les livres quitraitent de la même matière, mettant toujours en tête ceux qui sont les moinsimportants. Kirchhoff a édité (Leipzig, Teubner, t85G) les livres dans l'ordrechronologique.

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gible et contempler le Bien qui est le principe du Beau. Parle vice, par l'ignorance, l'âme s'éloigne de son essence ettombe dans la fange de la matière; par la vertu, par lascience,ellese purifie des souillures qu'elle avait contractéesdans son alliance avec le corps et elle s'élève à l'intelligencedivine, de laquelle elle tient toute sa beauté.

Dès ce premier livre, Plotin fait intervenir à trois reprisesles Mystèrespour en expliquer l'institution, les rites, les pra-tiques et en esquisser l'interprétation

< Ainsi (!) 6), comme le dit une antique maxime, le courage,la tem-pérance, toutes les vertus, la prudence même ne sont qu'une purifica-tion. C'est donc avec sagesse qu'on enseigne, dans les Mystères, quel'homme qui n'aura pas été puriCé séjournera, dans les enfers, au fondd'un bourbier, parce que tout ce qui n'est pas pur se comptait dans lafange par sa perversitémême c'est ainsi que nous voyons les pourceauximmondesse vautrer dans la fange avec délices* o.

Qu'il s'agisse bien, dans ce passage, des Mystèresd'Eleusis,c'est ce que prouve le texte de Platon auquel Plotin ~b faitallusion « Musée et son fils Eumolpe, dit Platon, attribuentaux justes de magnifiques récompenses. Ils les conduisent,après la mort, dans la demeure d'Hadès et les font asseoir,couronnés de fleurs, au banquet des hommes vertueux, oùils passent leur temps dans une éternelle ivresse. Quant auxméchants et aux impies, ils les croient relégués aux enfers,plongés dans un bourbier et condamnés à porter l'eau dansun crible ))'.

Dans le paragraphe suivant (§ 7), Plotin continuant à dé-velopper sa pensée, dit que, pour atteindre le Bien et s'unirà lui, l'àmedoit se dépouiller du corps, comme dans les Mys-tères s'avancent entièrement nus ceux qui, purifiés, sontadmis à pénétrer dans le sanctuaire

1) "R~tt yàp o~, M{ & tM).a<o; ).4yo;,xatT) oM,.po~q xa~ T) a~Spsfcf xa~ tt~ox ap6T~

xa'hpst: xxl T, ~f.6~on a'~ ~to xat at tc).ETa't oj,9&{ a!vhTO~Tat TM (t~ xexa9«p-(t~OV XC<\ t!: ~O'J XEt<Jt<t9xt EV Pop66pM, Stt T& ti~ XC(9]tpOV {i0ji6o;i<it StK XNX)]V ~f)LOV

(f. 6. p. 55).2) n')~tTst:t{ p' p. 363, C. D. tej{ a~M!o'j{ <t~xct\ ~ito'j{ 6!{ ttt,~ wa xa'

M~tTouc~ E'< *AtE<i'~ x~ x<«!x!«;' CoMp a~Y't~o'jct ~~ps[v.

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« Il nous reste maintenant à remonter au Bien auquel toute âme as-pire'. Quiconque l'a vu, connatt ce qui me reste à dire, sait quelle estla beauté du Bien. En effet le Bienest désirable par tui même il est lebut de nos désirs. Pour l'atteindre, il faut nous élever vers les régionssupérieures, nous tourner vers elles et nous dépouiller du vêtementquenous avons revêtu en descendant ici-bas, comme, dans les mystèresceux qui sont admis à pénétrer au fond du sanctuaire, après s'être pu-rifiés, dépouillenttout vêtement et s'avancentcomplètementnus. »

Au paragraphe suivant, Plotin substitue son idéal del'homme sage et heureux à celui des Stoïciens et indiqueplus clairement encore son intention de remplacer leur inter-prétation allégorique des Mystères par celle qu'il puiseradans sa propre doctrine. Celui qui est malheureux, dit-ild'abord, ce n'est pas celui qui ne possède ni de belles cou-leurs, ni de beaux corps, ni la puissance, ni la domination,ni la royauté, mais celui-là seul qui se voit exclu uniquementde la possession de la Beauté, possession au prix de laquelleil faut dédaigner les royautés, la domination de la terre en-tière, de la mer, du ciel même, si l'on peut, en abandonnantet en méprisant tout cela, contempler la Beauté face à face.Puis il ajoute

« Comment faut-il s'y prendre, que faut-il faire pourarriverà contem-pler cette Beauté ineffable qui, comme la divinité dans les Mystères,

nous reste cachée au fond d'un sanctuaire et ne se montre pas au dehors,

pour ne pas être aperçue des profanes? Qu'il s'avance dans ce sanc-tuaire, qu'il y pénètre celui qui en a la force, en fermant les yeux auspectacle des choses terrestreset sans jeter un regard en arrière sur les

corps dont les grâces le charmaientjadis*. »

Le livre que Plotin a écrit le 9' et qui porte sur le Bien et

1) I< 6, § 7. 'A~ëat~ o~v xa~~ c)t\ to' «v~v, o'L ~p{YC~' 'X~ ~'<o~~ cMeo aJT4 oH:v 5 ).~M, SttM! x~).~ {~EM~ (i~ vap M: «Ya9!<v x~ ~Mtt ~po;Muïo, te!tt auTOO avaëa~ouTt ~po< to X~M xa't ~nt<TTp~E!<u xa\ om<uo(t~ou(,axaTa6a!vo'<TE< T~t~E~ o!ov Ta aym tûv tepMY ToT< ~'eOot xa9xpsst< tE xa~

<)t9~!NV tmo9~Et(, TM~ ~{)\v xa't t!< Yu)tvot{ a~ihat2) 6, § 8. T{t O~V 0 T~OttO;; t!t )Jt)]/ <tM; Tt; 0!MET!t( X~Uo; a[t},/ttK5K o!')Y

~Bo'< &Y!o<t !tpo~ (t~ow o-{ np')tbv t!< To ï!M, ?~x Tt{ xa't pM~o; Mît; i'TM !})

X~\ OUVmMM c!t tO tt<TM 0 !'J-<pt~'); ~M Xtt~.Ht~ 0(t~!ttN~ (tï; CntTTp~M'<

Ct~~M E!< TX; T:p')T!p'!f; ttY~X~; <JM[t!!TMV.

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l'Un, a paru d'une importance extrême a Porphyre, qui l'aplacé le 9' dans la Vf Ennéade, c'est-à-dire le dernier detoute son édition. En fait c'est un de ceux qu'on étudie avecle plus grand profit, quand on cherche à saisir rapidement.dans ses traits essentiels, la philosophie néoplatonicienne,Plotin y traite d'abord de l'Un qu'il distingue de l'Intelligenceet de l'Être qu'on ne saisit, ni par la science, ni par lapensée qui est le principe parfaitement simple de tous lesêtres, indivisible, infini, absolu, le Bien considéré d'une ma-nière tout a fait transcendante. Puis Plotin affirme que nouspouvons nous unir à l'Un et que cette union, momentanéedans notre existence actuelle, est appelée a être perma-nente, peut-être définitive. Être uni a Dieu, c'est notre vievéritable. Et nous sommes en état de nous unir a lui, d'uncôté, parce qu'il est présent a tous les êtres, de l'autre, parcequ'il nous suffit pour cela de faire disparattre en nous toutedifférence. Cette union, qui est la vie des dieux, des hommesdivins et bienheureux, constitue un état ineffable, extase,simplification, don de soi, etc. Si l'âme ne peut la maintenir,c'est qu'elle n'est pas encore tout a fait détachée des chosesd'ici-bas, qu'elle ne s'est pas encore identifiée à l'Un.

En somme, ce livre est bien caractéristique de l'époquethéologique ou médiévale puisqu'il est tout entier employé

a déterminer ce qu'est la première hypostase ou le Dieu su-prême, et de quelle manière nous arrivons a nous attacher àlui et à atteindre ainsi la vie bienheureuse.

Or Plotin y fait deux choses également significatives aupoint de vue qui nous occupe. On sait que la formule célèbreattribuée a saint Paul c'est en Dieu que nousvivons, que noussommes et que nous nous mouvons rattachée par l'apôtrelui-même aux doctrines stoïciennes, a trouvé dans ce livrede Plotin, une interprétation toute spiritualistequi, parsaintAugustin et ses successeurs médiévistes, est passée a Bos-

1) Voir le Moyen-Age dans En<)'e C<MMrof<M, Paris, Alcan, et dans les Jté-moires de l'Académie des sciences morales et politiques, 1901.

2) Actes, ïv)), 27,28; ~«MM, Vf, 9, § 9. Voyez /}0!«/~<, t!f, p. 557 sqq.

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suet, a Malebranche et a Fénelon. Par ce côte, Plotin a doncgrandement contribué a l'élaboration de la théologie chré-tienne. Mais il a aussi, en cela même, travaillé a introduiresa philosophie dans les Mystères dont il curait une explica-tion moins matérialiste et plus satisfaisante pour les ten-dances religieuses de ses contemporains que celle de sesprédécesseursles Stoïciens.

il faut citer, en son entier, le § tqui termine l'éditionde Porphyre et qui, en raison même des principes qui l'ontdirigé, lui paraît tenir une place considérable dans le sys-terne:

< Cer~M c'M<ce/a.~Me veut montrer l'ordre des mystères, de ceux ot'<

il y a défense de produire <ïMd~or~)ourles hommes qui ~'OM< pas étéinitiés, ce qui y est enseigné commele divin n'est pas de nature à êtredivulgué, il a été interdit de le montrer à celui à qui n'est pas échue labonne fortune de le voir lui-même. Or puisqu'il n'y avait pas deuxêtres, mais qu'il y en avait un, le voyant identique au vu, de façon qu'iln'y eût pas un être vu, mais un être unifié, celui qui serait devenu tel,s'il se souvenait du temps où il était uni au Bien, aurait en lui-mêmeune image du Bien. Et il était un et n'avait en lui aucune différence,ni relativementà lui-même, ni relativement aux autres. Car rien de luin'était mû; en lui, revenu en haut. n'étaientprésents ni appétit ni désird'autre chose; en lui, il n'y avait ni raison, ni pensée, quelle qu'ellesoit, ni lui-même absolument, s'il faut dire aussi cela. Mais commeayant été ravi ou porté en Dieu, il était constitué tranquillement dans

une installation solitaire, ne s'écartant en aucune façon de son essence,qui est sans tremblement, ne se tournant pas vers lui-même, se tenantde toute façon en repos et étant devenu pour ainsi dire stabilité'. Il nes'occupe plus des c/i(Me~Ae</e~,s'e/eM)t< déjà aussi at4-dessits du &e<!)<,

ayant dépassé dë/~ aussi le c~œur des vertus, comme </t<e/</x'MH ~)«,

ayant pénétré dans l'intérieur de /')m/)ene<m&/e (du ~anc<Matt'e), lais-sant }Mt' derrière les statues qui sont dans le 't, statues ~Kt, ~ox)'celui qui sort du ~anctuatt'c, sont de nouveau les p)'em<erc~, après lespectacle du dedans e< la commuH<ca~oM qu'il a eue /M, HOtt avec des

statues ou des images, mais avec lui. Spectacles ce)'<c< 'yt<t sont les se-

i) L'emploi de ce mot oTa'n< est à noter chez Plotin. Il désigne une des cinqcatégories du monde intelligible, c'est t'o~ à l'état <ie repos. Illotin en tired'autres mots qui reviennent souvent et dont le sens n'est clair que si on lesrapproche du simple, 'tt4~T~T!<, an~omu;, ~xoT~t!.

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conds. Et peut-être n'était-ce pas là un spectacle, mais un autre modede vision, une extase et une simplification et un don de soi, et un désirde toucher et une stabilité et une pensée tout entière tournéevers l'har-monisation, si toutefois on contemple ce qui est dans le sanctuaire'.Mais s'il regarde autrement, rien ne lui est présent. ~'un co~ donc,

ces images ont été dites « mots couverts par les sages cer/c~ d'entre lespro~A~tex poxr tn~t~xcr de -quelle HXMt~'e ce Dieu est vu. /)c l'atitre,le sage A)~t'op/<aH<e,ayant pénétré l'énigme, ferait, étant venu, la con-templation r~r~a~/e du MHC~xau'e.F< n'y étant pas venu, mais ayantpensé que le sanctuaire, cc~tft-M qui est en ~uM<ton, est une chose in-visible et Mne source et Mn pr<nc<pe, M«)'a qu'il voit «n principecomme principe (ou le pr<!)c<pe par excellence) et lorsqu'il y est venuavec lui, il sait qu'il voit aussi le semblable par le semblable, ne lais-sant en dehors de sa vue, rien des choses divines, de toutes celles quel'âme peut avoir. Et avant la contemplation,elle réclame ce qui reste àvoir de la contemplation.

Mais ce qui reste, pour celui qui s'est élevé au-dessus de toutes choses,c'est ce qui est avant toutes choses. Car certes, ce n'est pas au non-êtreabsolument qu'ira la nature de l'âme mais, d'un côté, étant allée enbas, elle viendra dans le mal et ainsi vers le non-être, non toutefois

vers le non-être qui le serait d'une façon achevée. De l'autre, ayant par-couru la voie contraire, elle viendra non à autre chose, mais à elle-même et ainsi n'étant pas dans autre chose, il n'en résulte pas qu'ellen'est dans aucune chose, mais qu'elle est en elle-même.Et celui qui esten elle-même seule, non dans l'être, est dans celui-là. Car it devientainsi lui-même non quelque essence, mais supérieur à l'essence dansla mesure où il a commerce avec celui-là. Si donc quelqu'un se voitdevenu cela, il a lui-même une image de celui-làet s'il passe au-dessusde lui-même, comme une image allant vers son archétype, il atteindrala fin de sa marche. Mais tombant et perdant cette vue, il éveillera denouveau la vertu, celle qui est en lui-même, il s'observera lui-même, misen ordre de toute façon; il sera de nouveau attégé et il ira par la vertuvers l'Intelligence, par la sagesse vers Lui (le Bien ou t'Un). Et telle estla vie des Dieux, telle est la vie des hommes divins et ayant en eux unbon démon, détachement des autres choses, celles d'ici, vie non rendue

<) Tous ces termes employés pour désigner la vision de Dieu et l'union aveclui sont caractéristiques:ou O~iix, a).)~ a).).a; Tp<no{toO ~t~t;x~ an).M?t{:nI Ë1tÍ~oalç aucor xal £t'.IJIÇ 1':pO; &¡v xxl GTr.tIJIÇ xxl 1t.plv6'1jGI; 1tp¡'ç l.~PlLoyr;v.Les cnt!oii< a~M') siècles suivants, chrétiens ou musulmans, ont ~~)JL')Y~v.L';s mystiques des siectes suivants, chrétiens ou musuimans. ont choisi l'unou l'autre de ces termes, qui impliquent des procédés différents tous relèventainsi de Plotin et de son école.

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agréab)e par les choses d'ici, fuite de celui qui est seulvers~etui qui est

seul't.

Ainsi Plotin débute par rappeler la défense qui est faitedans les Mystères d'en dévoiler le secret aux hommes quin'ont pas été initiés. On sait qu'il y a interdiction absolue,quoi qu'en ait pensé M. Alfred Maury, de révéler aux pro-fanes les actes ou les paroles qui constituaient les secrets(-M ct~opp~a) de l'initiation. Lenormant et Pottier, Foucart etGoblet d'Alviella sont absolument d'accord sur ce point*.Mais Plotin explique cette défense par une raison philoso-phique c'est que le divin n'est pas de nature à être divul-gué, c'est, comme le disait déjà Platon dans un passage duTimée souventreproduitpar Plotin, « que si c'est une grandeaffaire de découvrir l'auteur et le père de cet univers, il estimpossible, après l'avoir découvert, de le faire connaître àtous (Timée, 28 C.). Et sur cette explicationrepose, outrel'in-terprétation des Mystères d'Éleusis, la constitution de la théo-logie négative qui,avec le Pseudo-Denysl'Aréopagite,prendraune place si grande dans le christianisme.

1) Nous avons essayé de traduire ce texte aussi tittératement que possible,la traduction de Bouillet ne nous ayant pas toujours paru suffisammentexacte.On peut consulter la traduction anglaise de Th. Taylor, Select WorAx o~P~oft-nus, p. 468 et suivantes. Nous ne donnons du texte grec que les passages re-!atifsauxMysteresetdont)atraductionest soulignée. -coOM ~c9!).tv :T;).o~ ToTMV p'J~tt;p!M< TM~! ~TaY(tt, TO ji)) ~Xt.<p!tt C~ [t~) {tEji'J~tO-J;, M{ OUX ifx~OptV<XEÏM aneim E~).w< ~po; a~).o~ Ta Mo~, StM (i~ xa't a'~M !~v E'ïiTat. oJSE

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2) Les uns rappellent )a peine de mort portée contre toute profanation desmystères et la condamnation à mort, par contumace, d'Alcibiade. Le dernierécrit (<" article, p. 171, n* t) « Les Grecs eux-mêmes font venir in't~pt~ de~M (clore la touche). En réalité, la célébration des mystères pouvait com-prendre certaines cérémonies publiques, mais leur élément essentieln'en restaitpas moins le secret, avec sa conséquence nécessaire, l'initiation »,

Page 14: Plotin Et Les Mystères d'Eleusis - François Picavet

Plotin rappelle ensuite le rôle du hiérophante, en ce qui

concerne la communication aux initiés des objets touchantde très près aux divinités des Mystères, probablement mêmeleurs effigies (~§s;x~~). Ces statues ou attributs diucraientdes attributs et des représentations exposées en dehors dupéribole elles étaient enfermées dans un sanctuaire(~Y~o/,~Jt~o~) ou le hiérophante pénétrait seul. Elles en sortaientpour la fête des Mystères sous la garde des Eumolpides,elles étaient transportées à Athènes, mais voilées et cachéesaux regards des profanes. Pendant l'une des nuits de l'initia-tion, les portes du sanctuaire s'ouvraient et le hiérophante,en grand costume, montrait aux mystes assemblés dans le-~TT<;=!~ les :~x éclairés par une lumière éclatante. De lamême venait son nom d'hiérophante (s ~M~). Pour Plo-tin, ce sanctuaire qui rappellepeut-être aussi le Saint dosSaints des Hébreux* et ce qu'il contient figurent l'Un oule Bien, l'hypostase suprême avec laquelle nous devons cher-cher à nous unir; les statues qui sont dans le '~s? représen-tent, comme il l'indiqueraailleurs, l'Ame et l'Intelligence, latroisième et la seconde hypostase, avec lesquelles il fauts'unir pour atteindre le Bien. Enfin, pour lui, celui qui arrive

aux sanctuaires a dépassé le chœur des vertus, idéal desStoïciens, comme son interprétation dépasse celle qui parles Stoïciens avait été longtemps acceptée pour les Mystères.

BouiUet dit (t. III, p. 564) que ce magnifique morceau dePlotin est assurément ceque l'antiquité nous a laissé de plusbeau sur les vérités religieuses enseignées dans les Mystèresd'Éleusis. Il convientde modifier cette formule; nous voyons,dans ce passage, la manière dont l'école néo-platonicienne

propage sa doctrine parmi les partisans des Mystères etcomment, lorsque les Mystères ont disparu, elle l'a laissée aceux mêmes qui l'avaient combattue, parce qu'elle restait, en

1) f) faut se souvenir que Philon, par Numénius, comme le signale Porphyredans Ja Vie (<e f<o<u!, a agi sur Plotin, tout en se gardant de ne voir en lui

qu'un disciple fidèle de l'un et de l'autre.

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plus d'un point, l'expression la plus parfaite des conceptionschères à toute la période théologique, qui s'étend de Philonà Galilée et à Descartes.

Le livre qui traite des trois hypostases principales, ledixième dans l'ordre chronologique, le premier de la cin-quième Ennéade chez Porphyre, développe ou complète lesdoctrines que nous avons signalées dans le livre sur l'Un oule Bien. L'âme voit qu'elle a une affinité étroite avec leschoses divines elle se représente d'abord la grande âme,toujours entière et indivisible, pénétrant intimement le

corps immense dont sa présence vivifie et embellit toutes lesparties. Ensuite l'intelligence divine, parfaite, immuable,éternelle, qui renferme toutes les idées, et constitue l'ar-chétype du monde sensible. Enfin, l'Un absolu, Ie<principe

suprôme, le Père de l'Intelligence qui est son verbe, son acteet son image. C'est par la puissance que l'Intelligence reçoitde son principe, qu'elle possède en elle-même toutes lesidées, comme le font entendre les Mystères et les mythes

<[ Invoquons d'abord Dieu môme, dit Plotin (§ 6), non en pronon-çant des paroles, mais en élevant notre âme jusqu'à lui par la prière;or la seule manière de te prier, c'est de nous avancer solitairement versl'Un, qui est solitaire. Pour contempler t'Un, it faut se recueillir dans

son for intérieur comme dans un temple et y demeurer tranquille, enextase, puis, considérer les statues qui sont pour ainsi dire placéesdehors (t'Ameet l'Intelligence)et avant tout la statuequi brille au pre-mier rang (l'Un),en la contemplantde ia manièreque sa natureexige 1. t

Ainsi Plotin, parlant de l'âme du monde, en termes quisont stoïciens et qui transforment le stoïcisme, montre com-ment il en fait une partie constitutive et, en une certaine

mesure, secondaire, de son système. Puis il continue soninterprétation des mystères, en identifiant avec l'âme et avecl'intelligence, les statues qui sont en dehors du sanctuaire.

t) V, 1, 6. ~Û!s o'~ )Ey~M 6~v a'~Tov ~txx)s<mit~o:; ~~y* V~Y~M, aMxàir, '{'y!) ixT~xot'< ~yjto~; c~X~ ~po; ex~o-y, :Eo6xt T~v Tj-~nov M'jtM 8jv~-)1~&U; (t~&'J; ~p!<< [JtV<<< '5!t TOiVUV O~TTf'< ~XEtVtt'J €V TM si~M o!o< YSM, e~' ~9'JI'iO

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Page 16: Plotin Et Les Mystères d'Eleusis - François Picavet

On pourrait retrouver, dans la plupartdes livres importantsde Plotin, des allusions, directes ou indirectes, aux Mystèresd'Eleusis. Il nous suffira d'en mentionner quelques-unes,puisque nous avons, dans les citations précédentes, uneinterprétationcomplète.

Le second livre sur l'Ame, le 28' dans l'ordre chronolo-gique, le 4" de la 4" Enneadc dans l'éditionde Porphyre, traitedes âmes qui font usage de la mémoire et de l'imagination,des choses dont elles se souviennent. Il se demande si lesâmes des astres et l'âme universelle ont besoin de la mé-moire et du raisonnement ou si elles se bornent à contem-pler l'intelligence suprême. Il cherche quelles sont les diffé-

rences intellectuelles entre l'âme universelle, les âmes desastres, l'âme de la terre et les âmes humaines, quelle est l'in-fluence exercée par les astres et en quoi consiste la puis-

sance de la magie. Bouillet signale, avec raison, un beaupassage qui se termine par ces lignes: « Avant de sortir de lavie, l'homme sage connait quel séjour l'attend nécessaire-ment et l'espérance d'habiter un jour avec les dieux vientremplir sa vie de bonheur

M (IV, 4, § 45). C'est, dit-il, ledéveloppement d'une pensée de Pindare « Heureux qui a vules mystères d'Eleusis, avant d'être mis sous terre Il connatlles fins de la vie et le commencement donné de Dieu ».

Ainsi dans son explication synthétique, Plotin fait entrerles poètes et les philosophes, tous ceux qui, avant lui, four-nissent des éléments propres à figurer dans les constructionseschatologiques. Et comme le P. Thomassin a encore auxvn" siècle, commenté ce paragraphe de Plotin, avec biend'autres paragraphes d'ailleurs, nous pouvons conclure queles théories du néo-platonisme ont continué à inspirer leschrétiens.

Enfin dans le livre, qui est le 30" par l'ordre chronologiqueet le 8' de la 5° Ennéade, Plotin s'occupe de la beauté intel-ligible et fait figurer « toutes les essences dans le moudc

1) /)«'/M< p/o~opAtc", t, p. 81. Voir Bot<t~ H, p. 405.

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intelligible, comme autant de statues qui sont visibles parelles-mêmes et dont le spectacle donne aux spectateurs uneineffable félicité M.

En résumé Plotin, dans les divers passagesque nous avonsrappelés, superpose sa philosophie à toutes les parties cons-titutives et essentielles des Mystères, de façon que tousceux qui, préoccupés du divin, placent un monde intelligibleau-dessus du monde sensible, substituent le principe de per-fection aux principes de causalité et de contradiction,serontconduits à accepter son interprétation, s'ils conservent lesMystères; à prendre pour eux ses doctrines, s'ils renoncentà tout ce qui rappelle la rellgion antique. Et il faut noter quePlotinse met, à cet égard, dans une position unique. Il

pense bien moins à défendre les anciennes croyances qu'àfaire accepter son système. S'il invoque les mythes, lesMystères ou même les croyances populaires, c'est surtoutpour montrerqu'il les complète, et qu'il en donnel'explicationla plus satisfaisante. Comme l'écrit Olympiodore, dans sonC'<w:Mc~<Hrcsur le Phédon, Plotin, Porphyre(celaest moinsvrai pour celui-cique pour son maitre) attribuent le premierrang à la philosophie. Et il ajoute que d'autres, commeJamblique, Syrianus et en général tous les hiératiquesplacent la religion avant la philosophie'.

On peut dire en effet qu'après Plotin, les tendances sontreligieuses, bien plus encore que théologiques et philoso-phiques la lutte se poursuit, ardente, implacable entre lespartisans de la religion hellénique et ceux du christianisme.Sauf Synésius, le Pseudo-Denys l'Aréopagite et Boèce, dontles doctrines philosophiquessont très nettementplotinienneset néo-platoniciennes, tandis que leurs croyances ont pu lesfaire rattacher tantôt à l'une, tantôt à l'autre des deux reli-gions, les philosophesde cette époque se prononcent pour lechristianisme ou pour l'hellénisme. Aussi l'interprétationdes Mystères sert-elle surtout à défendre, chez Jamblique et

<) Cousin, Ft'(t~mMtsJep/'t<Mop/t(t'ancienne, p. 4H*.

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ses successeurs, la religion pour laquelle ils ont résolu decombattre. C'est ce qui apparaît manifestement chez le com-mentateur Thcmistius, mort après 387, chez Olympiodorelejeune, le contemporain de Simplicius, comme chez Jam-blique, Proclus ou l'auteur des ~p~f/MB'ey~

« La sagesse, écrit Thémistius, fruit do son génie et de son travail,Aristote l'avait recouverte d'obscurité et enveloppée de ténèbres, nevoulant ni en priver les bons, ni )a jeter dans les carrefours; toi (monpère) tu as pris à part ceux qui en étaient dignes et pour eux tu as dis-sipé les ténèbres et mis à nu les statues. Le néophyte, qui venait des'approcher des lieux saints, était saisi de vertige et frissonnait; tristeet dénué de secours, il ne savait ni suivre la trace de ceux qui l'avaientprécédé, ni s'attacher à rien qui pût le guider et le conduire dans l'in-térieur tu vins alors t'offrir commehiérophante, tu ouvris la porte duvestibule du temple, tu disposas les draperies de la statue, tu l'ornas,tu la polis de toutes parts, et tu la montras à l'initié toute brillante ettoute resplendissanted'un éclat divin, et le nuage épais qui couvrait sesyeux se dissipa; et du sein des profondeurs sortit l'intelligence, toutepleine d'éclat et de splendeur, après avoir été enveloppée d'obscurité;et Aphrodite a~at x< à la clarté de la fo~'c~e que <M<!<< <o~<!)!<c,et les 6MCM p?'<reH< ;Mf< M /n!<ta/<OH

« Dans les cérémonies saintes, dit de son côté Otympiodore, on com-mençait par les lustrations publiques; ensuite venaient les purificationsplus secrètes à celles-ci succédaient les réunions puis les initiationsettes-mémes enfin les intuitions. Les vertus morales et politiques cor-respondent aux lustrations publiques; les vertus purificatives, qui nous

~dégagent du monde extérieur, aux purificationssecrètes; les vertus con-templatives, aux réunions; les mêmes vertus, dirigées vers l'unité, auxinitiations; enfin l'intuition pure des idées à l'intuition mystique. Lebut des mystères est de ramener les âmes à leur principe, à leur étatprimitif et {inal, c'est-à-dire /n vie en Zeus dont e~M M~ ~Mec~t!)~,

avec /~oH't<M qui les y ram~tc. ~t<Mt /'<nt~ habite avec les dieux,~p/oM la por/~e des divinités qui ~(!<'M< à l'initiation. H y a deuxsortes d'initiations les initiations de ce monde, qui sont pour ainsidire préparatoires; et celles de l'autre, qui achèvent les premières*

At. GoMet d'Alviella, après avoir écrit, n proposde l'intro-

1) Themistius, M~co«~, XX; ~/o'/e </<*<ott pA'c, ch. )v; Not<t~<'<. Ht, p. C09.2) Cousin, fra')M<<~ </e j)/t)'~OM~/<M ancienne Otympiodorc, Cot?)mett<a)re

.s«t- /c fA<?J<M), p. 4<S.

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duction du néo-platonisme dans les Mystères, que « jamaispeut-être l'accord ne fut plus étroit entre la religion et laphilosophie » ajoute « Mais ce fut le chant du cygne desMystères comme du paganisme lui-même M. M. Jean Révillc

a, de son côte, pensé que les Mystères, en inculquant desdoctrines peut-êtreaussi élevées que cellesdu Christianisme,ne firent ainsi que précipiter leur défaite, que travailler pourl'Ëvaugile. « Du jour, dit en terminant M. Goblet d'Aviella,où à Alexandrie,une fraction des néo-platoniciens passa avecarmes et bagages dans le camp de l'Églisenaissante,la chutedu paganisme ne fut plus qu'une question d'années ').

Il faut distinguer, ce semble, entre le plotinisme et lareligion hellénique. La 'ruine de celle-ci semble avoir étéavant tout la conséquence de luttes politiques où la violenceeut infinimentplusdepart que lesconvictions philosophiques.Ainsi Constantin place la croix sur le labarum, permet auxchrétiens d'exercer librement leur culte par l'édit de Ililanen 3i3, les favorise ouvertement, préside un concile, cons-truit une église chrétienne a Constantinople et porte a soncasque un clou de la vraie croix; mais il reste Grand Pontife,il laisse représenter le Dieu-Soleil sur les monnaies, édifie aConstantinopleun temple de la Victoire et ne se fait baptiserqu'au moment de sa mort. De même en ce qui concerne lesanctuaire d'Eleusis. M. Gohlet d'Alviella écrit « En 396,les Goths reparurent en Afrique, conduits par Alaric; lesmoines qui avaient acquis assez d'influence sur l'envahisseurpour lui faire épargner Athènes, durent lui persuader aisé-ment de se dédommager sur le sanctuaire des Bonnes Déesses,qui fut livré au pillage et à l'incendie ». Enfin, quand le maride Théodora, Justinien, fermait en 529 les écoles d'Athènesoù Simplicius et ses amis défendaient encore, avec le néo-platonisme, la religion hellénique, il semble bien qu'il nesongeait guère a faire triompher les « doctrines les plusélevées M.

Le néo-platonisme survécut a l'hellénisme.M. Goblet d'Al-viella a montré l'influence des Mystères sur les gnostiques,

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sur les chrétiens qui font des emprunts à leur terminologie,qui distinguent des catéchumènes et des ndèles qui insti-tuent des rites et des formules dont on ne doit pas donnerconnaissance aux non initiés qui ont des degrés d'initiationet qui utilisent, dans toutes les communautés fondées enterre païenne, comme on le voit par l'art des catacombes,les applications du symbolisme des Mystères qui s'en ins-pirent pour la cène et pour la messe, comme pour le déve-loppement de l'idée sacerdotale. Si donc l'interprétation dePlotin s'est jointe aux Mystères et si Plotin s'est attaché àdévelopper une théologie, plutôt métaphysique que liée à lareligion antique, il en résulte que son système fut transmis

aux chrétiens en même temps que les Mystères.En outre M. Goblet d'Alviella est d'accord avec Edwin

Hatch, pour qui l'organisation et les rites des communautéschrétiennes en terre hellénique, avec Harnack, pour qui lesdogmes dans leur conception et leur structure, sont l'oeuvrede l'esprit grec sur le terrain de l'Évangile. Je crois qu'il estpossible d'aller plus loin et d'être plus précis. Le Ploti-nisme a été la synthèse, d'un point de vue théologique etmystique, de la philosophie et de la pensée grecques, decelle même qui, avec Philon, tenta de concilier les Grecset les Hébreux. Il constitue, pour cette raison et aussi à

cause du génie de son auteur, la doctrine la plus complète,la mieux liée, la plus extensive et la plus exacte dans les dé-tails qu'on puisse souhaiter quand ou admet l'existenced'unmonde intelligible, tiré par abstraction de l'analysede l'âme,quand on prend pour règle de sa pensée et pour règle aussides choses existantes, le principe de perfection, tout ens'efforçantde laisser aux principes de contradiction et decausalité, une place aussi grande que possibledans le mondesensible. Aussi a-t-il été la source où ont le plus souventpuisé tous les métaphysiciens et tous les théologiens qui ontplacé, au premier rang de leurs préoccupations, l'existence,la nature de Dieu et l'immortalitéde l'âme humaine. Mais

comme la doctrine philosophique des néoplatoniciens qui

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continueront Plotin fut souvent unie à des croyances oppo-sées au christianisme, comme elle suivit celle du maître, etn'en fut pas toujours distinguée, elle fut plus d'une foismise à contribution par les hétérodoxes. De telle sorte quele néo-platonisme a alimenté toute la spéculationdes dogma-tiques et des mystiquesdu moyen âge. qu'ils se réclament ounon de l'orthodoxie. Il faudrait plusieurs volumes pour l'éta-blir, pour montrer qu'il constitue, bien plus que l'aristoté-lisme, le facteur le plus important, on dehors de l'Ancien etdu Nouveau Testament, au sens large du mot, comme duCoran lui-même, auquel il convient de rapporter l'institu-tion des doctrines médiévales. Qu'il nous suffise de rappelerles noms d'Origène, qui semble bien avoir été le condisciplede Plotin, des trois lumières de l'Église de Cappadoce, saintBasile, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze,de saint Cyrille, l'adversaire d'Hypatie, qui combat Julienavec Plotin, de saint Augustin',du pseudo-Dcnysl'Aréopagiteet de Roèce, de Jean Scot Hrigëne et de saint Anselme, desVictorins et d'Avicebron, de Maimonide et d'Averroès, desAmauriciens, de saint Thomas et des mystiques allemands,de Descartes, de Spinoza, de Malebranche, de Bossuet, deThomassin, de Fénelon et de Leibnitx. L'examen des textes,empruntés à la plupart d'entre eux, que Bouillet rapprochede ceux de Plotin et de ses continuateurs,nous permettrait,sans même procéder à une recension exacte, de conclureune fois de plus que l'on ne peut comprendre la spéculationthéologico-métaphysique et mystique du moyen-âge, si l'onn'y fait rentrer Plotin et son école*.

i) Voir le travail préparé à notre conférence des Hautes Études par M. Grand-george sur Saint Augustin et le A'~o-~afon~me(Bibliothèque des Hautes Études,section des sciences religieuses).

2) Voir le Moyen-Age, Caractéristique theotogico-métaphysiquedans Bnft'<C~mafa~cs, Paris, Alean, t90t. et dans Mémoires de fAM~mte des se. m. etpo< 190i. Voir aussi La Mfeur de <a scolastiquedans Bibliothèquedu Congreinternational de Philosophie, IV, Paris, Colin.

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