Poésie réformée sur le thème du mariage

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  • POSIE RFORME SUR LE THME DU MARIAGE

    Le prsent document contient trois pomes : ! Les vertus de la femme fidle, par Thodore de Bze, 15561. ! Extrait de La Judith, par Guillaume de Salluste du Bartas, 15742. ! Stances chrtiennes des louanges du saint mariage, par Yves Rouspeau, 15863.

    Lorthographe des trois pomes a t modernise par lauteur du prsent document. Parfois, le vocabulaire archaque a t maintenu pour prserver les rimes.

    LES VERTUS DE LA FEMME FIDLE par THODORE DE BZE

    Thodore de Bze (1519-1605) fut un rformateur protestant, juriste, professeur de grec lAcadmie de Lausanne, historien, proche collaborateur & successeur de Jean Calvin Genve. Les vertus de la femme fidle est une paraphrase du Psaume 31, bien connu. Ce pome tait chant sur la musique sur Psaume 15.

    1 Thodore de Bze, Les vertus de la femme fidle et bonne mnagre, Lausanne, Jean Riveray, 1556, reproduit dans Collectif, Le miroir des femmes : Moralistes et polmistes au XVIe sicle, Lille, Presses universitaires de Lille, 1983, p. 21-22 sur 235. 2 Guillaume de Salluste du Bartas, La Judith, Toulouse, Publications de la Facult des lettres et des sciences humaines de Toulouse, 1971, Livre Quatrime, lignes 180-238, p. 53-54 sur 319. 3 Yves Rouspeau, Stances chrtiennes des louanges du s. mariage , Universit de Victoria, http://mariage.uvic.ca/anth_doc.htm?id=stances_chrestiennes, consult le 20 dcembre 2014.

  • Qui est celui qui trouvera Femme constante et vertueuse ? Qui telle rencontre fera Plus grand trsor rencontrera Que nulle perle prcieuse. Un tel mari confiance aura [...] bon droit sassurera Que jamais contraint [il] ne sera De drober par indigence4. Aussi longtemps quelle durera5 Elle lui cherchera son aise Et si bien se gouvernera Que jamais [elle] ne sadonnera faire rien qui [ne] lui dplaise. Laine et filature amassera Pour entretenir son mnage Puis elle-mme filera Et de ses mains besognera Franchement de bon courage. Avant le jour [elle] se lvera Pour voir sa maison ordonne sa famille [elle] pourvoira Aux servantes [elle] ordonnera Les ouvrages de leur journe. Des terres [elle] considrera Qui seront par elle achetes Et de ses mains tant gagnera Quavec son gain elle acquerra Des vignes dj toutes plantes. 4 Un homme bien mari ne convoite pas la femme dautrui, et vice-versa. 5 Aussi longtemps quelle (lpouse) sera en vie ou en sant.

    Au travail [elle] ne spargnera Mais plutt de toute sa force Dessus ses reins [elle] se relvera Et de ses bras [elle] sefforcera Plus la peine se renforce. Elle-mme regardera Combien son labeur lui rapporte Et quand la nuit arrivera Avec sa lampe elle sclairera Pour besogner de quelque sorte. un navire [elle] semblera Partie dune rgion lointaine Qui tout un pays fournira Quant au port elle arrivera De marchandise toute pleine. Sa main volontiers [elle] tendra Vers celui qui vit en dtresse Sa main librale elle tendra tous ceux dont elle entendra Que quelque indigence les presse. Que lhiver vienne quand il voudra Elle ne craint ni le froid ni la gele De bonne heure elle sarmera Et de chacun des siens [elle] munira Dune bonne robe bien double. Tapis laiguille ouvrera6 Pour en voir sa maison pare De lin elle se garnira Et proprement [elle] se montrera De fine carlate accoutre 6 Elle fabriquera des tapis avec des aiguilles.

  • Quand les pasteurs on verra Sassembler pour la rpublique Son mari parmi tous apparatra Lorsque mains hommes sassera7 Parmi lassemble publique. Cependant point [elle] ne dlaissera De son mnage la conduite Ainsi elle y regardera Et son pain point ne mangera Avec oisivet maudite. Les mains enfants quelle produira Lui porteront grande rvrence Et bienheureuse la diront ; Son mari mme en parlera Louant ainsi son excellence. Car il est vrai quon trouvera Plus dune femme mnagre [...] Mais entre toutes on saura Je dis que tu es la premire. De fines toiles [elle] tissera [Elle] saura bien les vendre [...] Aux marchands mme [elle] donnera Cordons et rubans revendre Les robes quelle vtira Luiront sa gloire et sa puissance Lorsquenfin [elle] se reposera Ses derniers jours se passeront Avec toute rjouissance 7 Lorsque mains hommes sassoiront.

    Jamais sa bouche ne souvrira Quavec une sagesse exquise Et sur sa langue on jugera Alors que parler on laura La douceur mme tre assise8 La bonne grce prira Beaut est chose peu durable Mais celle-l que Dieu craindra Voil la femme quil faudra Sur toutes estimer louable. Telle femme rapportera De ses faits rcompense telle Que l o on sassemblera Sa vie elle-mme prchera Partout sa louange immortelle.

    8 Ceux qui discuteront avec la femme fidle jugeront que sa faon de converser est empreinte de douceur.

  • LA JUDITH par DU BARTAS Guillaume de Salluste, seigneur du Bartas (1544-1590), est un juriste, homme de guerre et

    pote huguenot du XVIe sicle. La Judith est commande Du Bartas par Jeanne dAlbret (1528-1572), reine calviniste du Royaume de Navarre et Dame de la Souverainet de

    Barn, en 1564. Luvre est termine en 1574 et est ddie Marguerite de Valois (1553-1615), premire pouse dHenri de Navarre (1553-1610), mais ne lui est remise quen 1579,

    loccasion de larrive de celle-ci la cour de Nrac.

    Le pome La Judith est inspir du Livre de Judith, un document apocryphe juif, rdig en Jude la fin du IIe ou au dbut du Ier sicle av. J.-C. Lauteur ne prtend nullement

    lhistoricit de son rcit, qui se veut une leon thologique qui expose comment le peuple juif, faible et peu nombreux en face de la puissante arme assyrienne de

    Nabuchodonosor [assigeant une ville inexistante, Bthulie], triomphera grce la ruse d'une jeune veuve [Judith]. Celle-ci, belle, sage et pieuse, devient l'instrument de Dieu en

    sduisant, puis en assassinant le gnral assyrien Holopherne. La figure de l'hrone brandissant la tte coupe de l'ennemi exprime en un tableau saisissant le triomphe

    d'Isral, peuple lu et sr de son salut9.

    Bien que non-canonique, donc non-autoritatif, Du Bartas a jug le Livre de Judith dassez bon got pour accepter den produire une adaptation franaise, non sans une indniable

    allusion aux vnements de la seconde moiti XVIe sicle qui secouent la France : dsormais, le peuple de lAlliance, ce sont les protestants, les ennemis du peuple de

    lAlliance, se sont les forces de la Contre-Rforme, et lhrone qui dfends le peuple de lAlliance, cest la courageuse reine Jeanne dAlbret, qui offre refuge, ressources et

    soutien aux rforms. Une brve srie de sept strophes de La Judith est consacre lamour conjugal. Les voici. Non si saine pour nous, que celui-l que pche la ligne et [au] filet, ces mignardes10 [qui] se font Beaucoup plus damoureux que les filles qui vont De modeste faon ; mais leur flamme impudique Ne brle que le sot, le lger, le lubrique. 9 Marie Guillet, Livre de Judith , Encyclopdia Universalis, en ligne, consult le 20 dcembre 2014. 10 Mignarde : chose ou personne dune dlicatesse extrme, voire excessive. Femme qui fait la belle.

  • Cest la vertu seule qui engendre et conoit

    Une amiti parfaite et, bien quelle ne soit Si promptement que lautre en nos curs allume

    Aussi certes si tt nest-elle consomme : La paille tt sallume et steint vitement

    Le fer sallume tard, mais il ard [brle] longuement Cest pourquoi de Judith la sainte renomme

    Par les cits dIsaac heureusement seme Fit maints ddaigner les visages fards

    Les dots11 presque royaux, les cheveux mignards Pour servir sa vertu. Mais lamoureuse flamme

    Ne pouvait chauffer les glaons de son me Car comme au dur marteau rsiste un diamant

    Dure, elle rsistt maints fidles amants Ayant dlibr de passer solitaire

    Le reste de ses ans avec prs de son aim pre. Mais, vaincue la fin des importuns propos De ses proches parents, soigneux de son repos Elle prend Manass, homme de noble race Homme riche, beau tant desprit que de face.

    Leur mariage ne fut donc pas contract Par secrets messagers, mais par la volont

    De leurs communs parents Le dsastreux veuvage

    De Dina rend encore fidle tmoignage Quune noce secrte et [quun] baiser clandestin

    Ne guident les amants jamais la bonne fin. Et que nous navons pas de nos corps la puissance Mais ceux dont ils ont pris nourriture et naissance12.

    11 Dot : don, qualit. Le contexte ne suggre par une rfrence la dote de mariage, dautant plus quen Isral antique ce ntait pas lpouse qui apportait la dote, mais lpoux. 12 Ce vers et le prcdent sont un peu exagrs, et ne refltent pas le droit rform en matire de mariage, qui insiste sur limpratif du consentement mutuel des poux comme condition absolue de la validit dun mariage, cf. John Witte et Robert Kingdon, Sex, Marriage and Family in John Calvins Geneva, Vol. I : Courtship, Engagement and Marriage, Grand Rapids, Eerdmans, 2005, p. 119 163 sur 512.

  • Voil comment un amour commenc saintement Et saintement conduit lie si fermement Ce chaste jouvenceau et cette chaste dame Que leurs deux corps ntaient anims que dune [mme] me : Lun ne voulait sinon ce que lautre voulait Par un mme tuyau [!] lun et lautre parlaient Et comme un coup donn sur la partie droite Y rpond la gauche, ainsi par sympathie Les douleurs de lpoux, Judith, triste, les ressentaient Les douleurs de Judith, lpoux, triste, les portaient.

    Le prudent Manass commandait sur sa femme Non point comme un tyran, mais tout-ainsi que lme

    Domine sur le corps non pour le corps grever13 Mais plutt pour le corps sain et sauf conserver

    Judith son Manass chrissait plus que frre Craignait comme seigneur, lhonorait comme pre.

    Dans leur sacr logis on servait si bien Dieu Quil semblait tre un temple et non un priv lieu L par gestes vilains, la chambrire lubrique Nattirait [pas] dans ses bras le jouvenceau pudique L livrogne valet, contre le Roy des roys Nadressait [pas] impuni sa blasphmante voix L le plaisant bouffon, le menteur ordinaire Le prodigue joueur, le brigand sanguinaire Ne faisaient [pas] leur demeure, mais tous les serviteurs Tchaient de leurs saints chefs suivre les saintes murs.

    STANCES CHRTIENNES DES LOUANGES DU SAINT MARIAGE par YVES ROUSPEAU

    Yves Rouspeau tait un pasteur rform natif de Pons en Saintonge, o il exera son ministre aprs sa formation Genve. Il a peut-tre connu et ctoy Dugua de Mons (1564-1628) un collaborateur de Samuel de Champlain (1574-1635) qui fut gouverneur de Pons de 1610 1617. Il est aussi lauteur des Sonnets de lhonnte amour (1594), non-reproduits ici. 13 Grever : alourdir.

  • De toutes les faveurs, dont Dieu le Crateur De tous biens et trsors riche dispensateur A voulu de sa grce orner lhumain lignage De tout plaisir rempli dhonnte volupt De tout[e] aise et repos joint [la] flicit Rien napproche en douceur la Loi du Mariage.

    Douce et courtoise Loi, nos plaisirs nourrissant Qui, fertile, produis comme un champ florissant

    Une belle moisson de rires, de courtoisie De baisers, de soulas14, et d'enfants bien appris15

    Tu es la libert des corps et des esprits Une source de bonheur, le miel de ntre vie.

    On lit que ce grand Dieu, qui [ partir] de rien a tout fait Ayant par sa parole accompli et parfait16 En six jours l'univers cr pour notre usage Ne se contenta pas d'avoir l'homme exalt Sur toute crature, et de mal exempt Mais voulut, libral, l'enrichir d'avantage.

    Il lui fit un prsent riche et plein de beaut D'une femme d'honneur prise de son cot

    Afin que de beaux enfants elle devienne fconde Son esprit, et son corps, sa grce, et [son] beau maintien

    Montrt qu'en elle tait le comble de tout bien Et qu'elle avait pour dot tout le bonheur du monde.

    Sur son front de cristal l'amour saint se mirait L'loquence au parler sa faconde17 admirait La foi guidait son cur, la charit sa grce Bref, la faveur de Dieu tant la favorisa Qu'Adam, la regardant, aussitt l'pousa Pour plonger en bonheur toute l'humaine race. 14 Soulas : consolation, apaisement. 15 Denfants bien instruits, bien levs. 16 Parfaire : achever, peaufiner, bien complter. 17 Faconde : grande facilit de parole, aisance oratoire.

  • De l le Mariage a pris commencement Pre trs gracieux, qui traite doucement

    Ses fils assujettis son joug dbonnaire18 Plaisante est l'origine [du mariage], et le progrs aussi

    De sa vraie libert, de sa grce, et [de sa] merci Si ferme, que seule la mort peut [le] dfaire.

    Il [le mariage] tient sous ses pieds la discorde abattue Le dsir de la chair, monstre horrible et ttu Est par lui surmont [...] la peur [et] la crainte Le travail est par lui rendu moindre et plus doux La ferme loyaut l'exempt d'tre jaloux Et d'un tard repentir chasse au loin la complainte.

    La joie, et le soulas19 de prs le vont suivant Le deuil et le courroux fuient face au vent.

    Et n'osent approcher de sa douce harmonie : Les monarques puissants, les empereurs, les rois

    [Qui] sont sujets ses lois [du mariage] Et de toute sa cour la tristesse est bannie20.

    Pre Crateur de la terre, et des cieux, Tu [ne] pouvais tu montrer plus doux et gracieux Envers le genre humain, quen faisant lordonnance Du mariage heureux, afin que rjouissance soit accorde Aux honntes amants, qui veulent demeurer Fermement associs ta sainte Alliance.

    On parle des tats [situations] qui sont par Dieu bnis Accompagns de joie et de biens infinis

    On parle des plaisirs destins pour l'usage Des grands princes et rois au monde ddis

    Mais ce n'est rien compar lallgresse des maris Vu qu'il n'y a [de] plaisir aussi grand que [le] mariage.

    18 Dbonnaire : qui se caractrise par une grande bont. 19 Soulas : consolation, apaisement. 20 La tristesse est bannie de la cour du mariage : le mariage est ici personnifi, le mariage est tellement grandiose et superbe quil a une cour, o la tristesse na pas droit de cit.

  • tre deux en un corps, tre une mme chair Avoir tous biens communs sans rien se reprocher S'entre-aimer ardemment d'un mme cur et zle Avoir une mme volont et pense et dsir En la conjonction prendre un mme plaisir Y a il quelque joie en ce monde [qui soit] pareille ?

    Je [le mariage] drobe les ennuis Tant de joyeux Soleils, tant de joyeuses nuits

    Tant d'amis, tant d'affinits [amitis] acquises par alliance : [Celui qui souhaite en faire le dcompte] Aura plus tt compt le sablon de la mer

    O les glaons d'hiver, ou d't la chevance21. Parmi tant de biens [ayons] des yeux Pour voir la grande bont et clmence des Cieux Qui s'est par le mariage nous manifest. Mais, las, en paillardant22, nous allons nous ruer Au fort de tout pril pour nous perdre, [nous] tuer ; Nous buvons le poison par nos mains apprtes.

    Si au devant des yeux nous navions un bandeau Nous verrions quel malheur nous apporte un bourdeau23

    Quelle damnation, quel dshonneur apporte la convoitise Des esclaves de Cupidon : ce feu dont ils sont ards24

    Nest-ce un prsage sr du feu dont les paillards25 Brleront en enfer [en] sentant sa flamme prise ?

    Entendez ma parole, amants fourvoys26 Et pour vivre en ce monde heureusement, voyez Quelle femme il vous faut en mariage lire : Si vous l'lisez riche et de bonne maison Bien nourrie et vtue en tout temps et saison27

    21 Chevance : abondants produits agricoles de lt. 22 Paillarder : forniquer, commettre le pch dadultre. 23 Bourdeau : bordel. 24 Dont ils sont ards : dont ils sont ardents, dont ils brlent, dont ils se consument. 25 Paillard : paillardeur, quelquun qui commet linfidlit conjugale. 26 Fourvoyer : dtourner du droit chemin.

  • Vous aurez un destin favorable et loign le martyre28.

    Tous vos sens seront d'aise, et de joie ravis En parlant avec elle, et parmi les devis29

    Contant tout loisir ses cus sur la table : D'autre part, vous voyant muni de ses parents

    Et ligne, et honneur, et crdit apparents combien vous sera ce support dlectable.

    Si vous la prenez pauvre, ayant pour seul objet De l'amour chaste et saint de vertu le sujet De son me pour dot vous aurez la sagesse Qu'on doit plus que les biens de ce monde priser La femme qui craint Dieu n'est pas mpriser Encore qu'elle soit pauvre, et vide de richesse.

    Si vous l'pousez belle, et vertueuse aussi Vous aurez tant plus d'aise, et tant moins de souci

    La beaut rend l'amour content et perdurable Quand pour compagne elle a la ferme loyaut

    La femme vertueuse [et] excellente en beaut Est sur toutes la plus prise, et dsirable.

    Si vous la prenez laide ayant de belles murs L'esprit rcompensant de son corps les humeurs Vous ravira tant plus : sans nulle hypocrisie Elle vous aimera chaste d'me et de corps Et vous de son amour trs fidle recors30 Ne serez donc [pas] pris du mal de jalousie.

    Celui qui na jamais mariage prouv Ou qui est adultre, ou paillard rprouv

    Condamne tort des humains la racine honorable Comme si pour har il fallait pouser

    27 Lauteur oppose ici la femme de bonne maison celle de femme de maison de dbauche. Cest sans doute plus la qualit morale de lentourage de la femme que son aisance matrielle qui motive le propos de lauteur. 28 Figuratif. Lauteur voque un martyr social et sentimental que sattirerait lhomme qui pouserait une mauvaise femme. 29 Devis : conversation familire. 30 Recors : tmoin.

  • Une femme, lamant lequel peut embrasser Ce quil aime plus fort le trouve tre amiable31.

    Est mille fois fol, et mal averti, Et fut-ce un Jupiter [?], celui qui pouse un parti Pour le har aprs : lamour [la femme] bien pouse Est durable toujours, elle ne peut changer Par aucun accident, infortune ou danger Et ne rend jamais sa partie abuse.

    Cest un trange cas, que le grand Roy des cieux Qui den-haut est venu pandre en ces bas lieux La paix entre son Pre et tout lhumain lignage

    Ait voulu [en] se vtissant de notre humanit Apparatre en ce monde en toute humilit

    Sous le voile et [la] couleur du noble mariage. La noce est un lien si doux et si plaisant Que l'homme pour s'adjoindre sa femme consent Suivant la volont de Dieu, de laisser pre et mre Et trouve en ce lien, quand il en peut jouir Tant d'aise et de repos, tant de quoi se rjouir Qu'il ne peut puiser son aise, et [sa] bonne chre.

    l'exemple des saints trpasss, qui jadis En suivant du Grand Dieu l'ordonnance et les dcrets,

    Se sont heureusement maris, et sans regret, Chacun de nous lit un parti vertueux :

    L'homme est cent fois sur terre bienheureux Qui en se mariant trouve une honnte femme.

    Dieu, du paradis de mariage lauteur Qui de la bonne femme es le seul donateur Dispensant la justice en cette basse terre Aux hommes vertueux donne-l en pur don Mais donne la mauvaise aux mauvais pour rtribution Et sur tout adultre lance ton tonnerre.

    31 Le sens exact de cette strophe mchappe.