2

Click here to load reader

Pose d’une endoprothèse oesophagienne par voie rétrograde

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Pose d’une endoprothèse oesophagienne par voie rétrograde

CAS CLINIQUE / CASE REPORT

Pose d’une endoprothèse œsophagienne par voie rétrograde

Retrograde insertion of an oesophageal stent

J. Branche · A. Bouthors · P. Bulois · V. Maunoury

© Springer-Verlag France 2012

Résumé Nous rapportons la mise en place d’une endopro-thèse œsophagienne par voie rétrograde transgastrique (gas-trostomie) chez un patient avec une obstruction complète del’œsophage cervical.

Mots clés Sténose œsophagienne cervicale · Prothèseœsophagienne · Insertion rétrograde

Abstract We are reporting on the transgastric retrogradeinsertion of an oesophageal stent (gastrostomy) in a patientwith a complete obstruction of the cervical oesophagus.

Keywords Cervical oesophageal stenosis · Esophagealprosthesis · Retrograde insertion

Un homme de 32 ans était pris en charge pour une aphagieavec sialorrhée. Il avait pour antécédents un lymphome dif-fus à grandes cellules B diagnostiqué en 1997, pour lequel ilavait bénéficié de plusieurs lignes de chimiothérapie, d’uneradiothérapie en 1999 et d’une allogreffe en 2004 ; unerechute sous-diaphragmatique en 2010 bénéficiait d’uneradio-immunothérapie… En 2008, il avait eu un mélanomede la fosse nasale gauche traité par exérèse.

Depuis le printemps 2011, il se plaignait d’une dysphagied’aggravation progressive en rapport avec un cancer épider-moïde probablement radio-induit T3N+ du tiers supérieur del’œsophage traité par radiochimiothérapie avec une nutritionentérale par gastrostomie. La réévaluation à l’issue témoi-gnait d’une rémission locorégionale partielle avec apparitionde nodules pulmonaires. Il restait totalement aphagique,incapable d’avaler la salive. Après nous être assurés de l’in-tégrité de l’arbre respiratoire, la mise en place d’une endo-

prothèse métallique était proposée…mais il s’avérait impos-sible de passer un fil-guide !

On décidait alors d’aborder cette sténose dure et infran-chissable par voie rétrograde avec un nasofibroscope passépar le trajet de la gastrostomie et poussé au travers du cardiapour glisser un fil-guide (Jagwire 0,35) dans la sténose : ilétait récupéré par la bouche (Fig. 1). Impossible pour autantde glisser l’endoprothèse dans le thorax par voie antégrade ;on y parvenait sous scopie par voie rétrograde pour ouvrirl’extrémité distale de la prothèse (Life Europe, 20 mm dediamètre et 17 cm de long) sous contrôle endoscopique, justesous le Killian, à 16 cm des arcades dentaires (Fig. 2). Untraitement antalgique était requis pendant quelques heurespuis la sortie était autorisée : le patient pouvait avaler sasalive et quelques liquides, plus difficilement des aliments

semi-solides en raison de la persistance d’une sténose nonréduite par la prothèse. Pour autant, cette prise en chargepalliative un peu extrême n’empêchait pas une récidiveaphagique quatre semaines plus tard par envahissement néo-plasique de l’hypopharynx. La prothèse pouvait être retirée« normalement » par voie haute.

Fig. 1 Issue par la bouche du fil-guide passé par la gastrostomie

J. Branche · A. Bouthors · V. Maunoury (*)Service des maladies de l’appareil digestif et de la nutrition,CHRU, université Lille Nord de France, F-59000 Lille, Francee-mail : [email protected]

P. BuloisDépartement d’hépatogastroentérologie, hôpital Saint-Philibert,F-59160 Lomme, France

Acta Endosc. (2012) 42:132-133DOI 10.1007/s10190-012-0255-3

Page 2: Pose d’une endoprothèse oesophagienne par voie rétrograde

Cette approche rétrograde des sténoses œsophagiennes,non cathétérisables par voie antégrade, pour dilatation, a déjàété rapportée, en particulier pour les sténoses post-radiquesdu tiers supérieur de l’œsophage et de la bouche de Killian[1]. Elle est une illustration de la technique du « rendez-vous » [2,3]. Elle exposerait à un moindre risque de perfo-ration qu’une dilatation antégrade « forcée » [4]. Mettreensuite en place une prothèse a été plus rarement réalisé

[5]. Accessoirement, cela donne l’avantage de pouvoircontrôler endoscopiquement l’ouverture œsophagienneproximale de l’extrémité distale de la prothèse [6]. Reste àsavoir, et sans doute à discuter au cas par cas, la légitimitéd’un tel « acharnement » thérapeutique au regard d’une évo-lution rapidement défavorable.

Conflit d’intérêt : les auteurs déclarent ne pas avoir deconflit d’intérêt.

Références

1. Bueno R, Swanson SJ, Jaklitsch MT, Lukanich JM, Mentzer SJ,Sugarbaker DJ. Combined antegrade and retrograde dilation: anew endoscopic technique in the management of complex esopha-geal stricture. Gastrointest Endosc 2001;54:368–72.

2. Macher E, Michaud L, Guimber D, Bonnevalle M, Turck D, Got-trand F. Retrograde dilatation via gastrostomy of a proximal eso-phagoileal anastomotic stricture in an infant with esophageal atre-sia. Endoscopy 2009;41(Suppl 2):E10.

3. Bulois P, Riva F, Truant S, Maunoury V. Traitement endoscopiquepar « rendez-vous » de l’obstruction complète d’une anastomoseiléorectale. Acta Endoscopica 2011;41:220–1.

4. Kos MP, David EF, Mahieu HF. Anterograde-retrograde rendez-vous approach for radiation-induced complete upper oesophagealsphincter stenosis: case report and literature review. J LaryngolOtol 2011;125:761–4.

5. Inaba Y, Kamata M, Arai Y, Matsueda K, Aramaki T, Takaki H.Cervical oesophageal stent placement via a retrograde transgastricroute. Br J Radiol 2004;77:787–9.

6. Schembre D, Dever JB, Glenn M, Bayles S, Brandabur J, KozarekR. Esophageal reconstitution by simultaneous antegrade/retrogradeendoscopy: re-establishing patency of the completely obstructedesophagus. Endoscopy 2011;43:434–7.

Fig. 2 Positionnement thoracocervical par voie rétrograde

de l’endoprothèse

Acta Endosc. (2012) 42:132-133 133