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JUDO POUR UN AMENAGEMENT OPTIMAL DE L'OPPOSITION PAR F. LAVIE ET Ph. MEULEY Les notions de duo et de duel sont au coeur du problème de renseignement du judo en EPS. Les auteurs montrent qu'il est possible d'aborder des objectifs de gestion de l'adversité dans des conditions de sécurité suffisantes. Ils précisent les variables qui permettent d'obtenir un aménagement optimal de l'opposition. JUDO EN EPS : DUO OU DUEL ? La pratique du judo en EPS présente des risques que les enseignants ont du mal à appréhender. Deux conduites pédagogiques sont couramment employées pour garantir la sécurité des élèves : • L'une, à dominante duo. mettant l'accent sur la maîtrise des chutes et des projections dans une « opposition coopérative » l'adversaire n'op- pose aucune résistance. L'enseignant attend alors que les élèves disposent de pré-requis suf- fisants pour les confronter à une véritable situa- tion de combat. Toutefois ce type de démarche ne permet pas l'accès à un niveau de conduite supérieur sauf peut-être dans une durée de pra- tique que la scolarité n'offre pas. D'autre part, ne pas restaurer assez vite une réelle opposition, risque d'assimiler le judo à une activité de pro- duction de formes corporelles (1). qui occulte la gestion de l'opposition car on ne peut pas apprendre à gérer l'adversité à travers des situa- tions d'étude en duo. • L'autre, à dominante duelle. ayant pour thème central la gestion du rapport de force mais qui se traduit : - soit par l'utilisation quasi exclusive du judo au sol afin de diminuer les risques liés aux chutes ; cette modalité de pratique se rapproche plutôt de la logique interne de la lutte car, en judo, le tra- vail au sol est la conséquence d'un échec relatif de la projection, le ippon (projection de l'adver- saire largement sur le dos avec force et vitesse) pouvant mettre un terme au combat ; - soit par la mise en place de situations en oppo- sition au cours desquelles les élèves doivent modérer leur résistance. L'obstacle majeur réside alors dans la modulation du degré d'oppo- sition. L'intensité des actions étant difficilement quantifiable donc évaluable, le risque est grand d'obtenir une inflation progressive et inéluctable de l'opposition devenant alors dangereuse et peu gérable. Maintenir une opposition modérée, suf- fisamment dosée et constante, ne semble pas à la portée d'élèves débutants. encore, il semble difficile d'apprendre à gérer l'opposition en fai- sant semblant. ENJEU ÉDUCATIF L'enjeu éducatif de l'enseignement du judo en EPS. comme celui des autres APS du même domaine d'action, réside, selon nous, dans la gestion intentionnelle et raisonnée de l'opposi- tion. Cependant le stade de « l'opposition force- née » (2) est difficile à dépasser car la mise enjeu de sa propre intégrité physique relègue au second plan toute démarche d'analyse, de compréhen- sion et donc de gestion de l'adversité. Comment faire donc, pour que l'investissement des élèves soit total et que l'opposition reste exploitable tout en garantissant une sécurité suf- fisante ? PHOTO : AUTEURS 74 Revue EP.S n°256 Novembre-Décembre 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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J U D O

POUR UN AMENAGEMENT

OPTIMAL DE L'OPPOSITION

PAR F. LAVIE ET Ph. MEULEY

Les notions de duo et de duel sont au cœur du problème de renseignement du judo en EPS. Les auteurs montrent qu'il est possible d'aborder des objectifs de gestion de l'adversité dans des conditions de sécurité suffisantes. Ils précisent les variables qui permettent d'obtenir un aménagement optimal de l'opposition.

JUDO EN EPS : DUO OU DUEL ?

La pratique du judo en EPS présente des risques que les enseignants ont du mal à appréhender. Deux conduites pédagogiques sont couramment employées pour garantir la sécurité des élèves : • L'une, à dominante duo. mettant l'accent sur la maîtrise des chutes et des projections dans une « opposition coopérative » où l'adversaire n'op­pose aucune résistance. L'enseignant attend alors que les élèves disposent de pré-requis suf­fisants pour les confronter à une véritable situa­tion de combat. Toutefois ce type de démarche ne permet pas l'accès à un niveau de conduite supérieur sauf peut-être dans une durée de pra­tique que la scolarité n'offre pas. D'autre part, ne pas restaurer assez vite une réelle opposition, risque d'assimiler le judo à une activité de pro­duction de formes corporelles (1). qui occulte la gestion de l'opposition car on ne peut pas apprendre à gérer l'adversité à travers des situa­tions d'étude en duo. • L'autre, à dominante duelle. ayant pour thème central la gestion du rapport de force mais qui se traduit : - soit par l'utilisation quasi exclusive du judo au sol afin de diminuer les risques liés aux chutes ; cette modalité de pratique se rapproche plutôt de la logique interne de la lutte car, en judo, le tra­vail au sol est la conséquence d'un échec relatif de la projection, le ippon (projection de l'adver­saire largement sur le dos avec force et vitesse) pouvant mettre un terme au combat ; - soit par la mise en place de situations en oppo­sition au cours desquelles les élèves doivent modérer leur résistance. L'obstacle majeur réside alors dans la modulation du degré d'oppo­sition. L'intensité des actions étant difficilement quantifiable donc évaluable, le risque est grand d'obtenir une inflation progressive et inéluctable de l'opposition devenant alors dangereuse et peu gérable. Maintenir une opposition modérée, suf­fisamment dosée et constante, ne semble pas à la portée d'élèves débutants. Là encore, il semble difficile d'apprendre à gérer l'opposition en fai­sant semblant.

ENJEU ÉDUCATIF

L'enjeu éducatif de l'enseignement du judo en EPS. comme celui des autres APS du même domaine d'action, réside, selon nous, dans la gestion intentionnelle et raisonnée de l'opposi­tion. Cependant le stade de « l'opposition force­née » (2) est difficile à dépasser car la mise enjeu de sa propre intégrité physique relègue au second plan toute démarche d'analyse, de compréhen­sion et donc de gestion de l'adversité. Comment faire donc, pour que l'investissement des élèves soit total et que l'opposition reste exploitable tout en garantissant une sécurité suf­fisante ?

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Revue EP.S n°256 Novembre-Décembre 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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AMÉNAGER L'OPPOSITION

Nous proposons de l'aménager en jouant sur la complexité et la difficulté.

La complexité Nous pensons que la complexité de l'activité judo rend l'opposition difficile à aménager par l'enseignant et donc difficile à gérer par l'élève. La question centrale est donc de savoir comment décomplexifier sans dénaturer afin de confronter assez rapidement les élèves au principe directeur suivant : créer et/ou exploiter le déséquilibre de l'adversaire (3). La complexité peut dépendre (4) : - du nombre de connaissances à utiliser et donc à combiner : - du nombre de procédures à mettre en jeu ; - du nombre d'apprentissages que la maîtrise de ces procédures a nécessité ; - de l'absence ou de la présence de guidage. Il est donc théoriquement possible de réduire la complexité en jouant sur une ou plusieurs de ces variables. Les connaissances essentielles en judo se satelli­sent autour de « la création et l'exploitation du déséquilibre de l'adversaire ». Il est possible de diminuer le nombre de connaissances à utiliser en réduisant ce « noyau dur » à la seule « exploi­tation du déséquilibre » et donc en supprimant, provisoirement, les connaissances liées à la « création ». Pour cela nous aménageons l'oppo­sition en utilisant une des règles fondamentales du sumo qui est de faire sortir l'adversaire de la surface de combat, ce qui a pour conséquence de faire apparaître presque continuellement un déséquilibre potentiel chez l'un ou l'autre. On peut encore décomplexifier la situation pré­cédente en supprimant, dans les premiers temps de pratique, la règle qui prévoit de faire tomber l'adversaire. Ceci nous amène à choisir trois situations de référence de complexité croissante.

Situation 1 : duel sans chute Problème : exploiter le déséquilibre de l'adver­saire pour le faire sortir d'une surface. But : faire sortir l'adversaire d'une surface. Aménagement - 2 élèves, avec vestes de kimono et ceintures ; - un cercle de 3 m de diamètre tracé à la craie sur le tatami. Règlement : temps de combat 1 mn - d'abord faire sortir ( 1 point) ; - puis différencier, faire sortir en poussant (1 point) et faire sortir en utilisant la force de l'adversaire (3 points). Commentaire : l'aménagement réglementaire (faire sortir) crée les conditions d'un déséqui­libre potentiel qu'il faut identifier et utiliser. Thème d'étude : utiliser la force de l'adversaire pour le faire sortir.

Situation 2 : duel avec chutes Problème : exploiter le déséquilibre de l'adver­saire pour le projeter. But : faire sortir l'adversaire de la surface de combat ou le faire tomber. Aménagement : identique à la situation 1. Règlement : temps de combat 1 mn 30 - attaques main(s) sur jambe(s) interdite(s) ; - faire sortir en force ou en utilisant la force de l'autre : 1 point ;

- faire tomber à l'intérieur ou à l'extérieur du cercle : 5 points. Commentaire : les conditions incitent à utiliser la force adverse pour projeter. Thème d'étude : exploiter le déséquilibre pour projeter. Remarque : indicateur pour passer à la situation suivante : les élèves ne poussent plus car « la sanction » (projection) est immédiate.

Situation 3 : le « premier » randori Problème : créer et/ou exploiter le déséquilibre de l'adversaire pour le projeter. But : faire tomber dans la surface de combat. Aménagement : disparition du cercle ; cepen­dant il faut prévoir une surface suffisante pour garantir la sécurité (4 m x 4 m). Règlement : temps de combat 2 mn ou 2 ippon - faire tomber sur les fesses ou sur le côté : 1 point ; - faire tomber largement sur le dos (ippon) : 5 points. Commentaire : la suppression de la règle « faire sortir » impose aux combattants de recréer les conditions d'un déséquilibre. Thèmes d'étude - créer et exploiter un déséquilibre pour projeter (attaque directe) ; - créer et utiliser la réaction adverse (enchaîne­ment d'attaque) ; - utiliser en réaction l'action adverse (enchaîne­ment de défense). On peut, pour chacune de ces situations de réfé­rence, diminuer encore la complexité en jouant sur d'autres variables comme la différenciation des rôles, les moyens techniques, la distance d'affrontement.

La difficulté C'est l'adversaire qui crée les conditions de dif­ficulté pour l'apprenant. Si celui-ci est attaquant, il faut jouer sur le niveau du défenseur ; si c'est la défense que l'on veut privilégier, c'est alors sur le niveau de l'attaque qu'il faut faire varier. « L'attaque ne progresse que si la défense existe et, à l'inverse, la défense ne s'élabore qu'en

fonction de l'attaque » (5) à la condition toute­fois que le niveau de l'adversité ne soit pas trop important afin d'autoriser des progrès. La qualité du déséquilibre et le degré d'incertitude sont des variables qui permettent de diminuer ou d'aug­menter le degré d'opposition. Notons au passage que, dans notre logique, le duo représente le degré zéro de difficulté.

SITUATIONS D'APPRENTISSAGE Par rapport à la situation 1 A l'échauffement. il est important d'apprendre à s'opposer à la poussée adverse dans un couloir étroit (0.50 m) en reculant les appuis, en abais­sant le centre de gravité et ceci à partir d'une « saisie judo » (main droite au col à hauteur de la clavicule, main gauche à la manche sous le coude, pour une garde à droite). Situation d'apprentissage n° 1 (dessin 1 ) Différenciation des rôles - X doit faire sortir Y de son territoire en le pous­sant hors du cercle. - Y doit aller complètement dans le territoire adverse. Objectif: s'écarter de l'axe de poussée.

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Situation d'apprentissage n° 2 (dessin 2) Différenciation des rôles - X doit faire sortir Y du couloir, en le poussant : - Y doit faire sortir X dans la zone déterminée en utilisant la force adverse, donc en s'écartant et en tirant. Objectif : utiliser le déséquilibre potentiel de l'adversaire tout en s'écartant de l'axe de pous­sée. Remarque : Y doit s'écarter de l'axe de poussée du côté où il tient le revers, afin de pouvoir rete­nir X par la manche en cas de chute. Situation d'apprentissage n° 3 (dessin 3) Différenciation des rôles : aucune - partir du milieu du couloir : - faire sortir au bout du couloir, en poussant ( 1 point), en utilisant la force adverse (3 points). Objectif: identique à la situation précédente. Par rapport à la situation 2 Les moyens techniques d'exploiter le déséqui­libre de l'adversaire peuvent eux aussi trouver une simplification. • Dans la forme de projection (6). Les techniques réalisées de dos par rapport à uke (celui qui chute), en double appui jambes écartées (forme barrage) sont abordées prioritairement. Nous proposons de commencer par une forme de tai otoshi qui peut s'effectuer avec la main dans le dos. en tenant ou non la ceinture (photo titre). On peut aussi fonctionner avec une forme de ippon seoi nage en barrage qui se pratique en plaçant la saignée du coude droit sous l'aisselle droite de uke (photo ci-contre). • Dans la réduction de la distance d'affrontement car le fait de donner le contact au départ de l'ac­tion réduit le nombre de procédures à utiliser. Ainsi on va du simple au complexe en utilisant successivement un placement de dos (dessin 4). de profil (dessin 5) et de face (dessin 6). Situation d'apprentissage n° 1 Différenciation des rôles - un défenseur qui pousse (jambe droite en avant si l'attaquant est droitier) et qui ne doit pas tom­ber : - un attaquant qui doit résister et projeter. Contrôle : rapproché ; technique complètement engagée (1/2 tour déjà effectué, comme sur le dessin 4). Objectifs - fléchir les jambes pour passer sous le centre de gravité adverse ; - garder le contact donné :

- synchroniser l'action des différents membres pour faire chuter uke par enroulement. Situation d'apprentissage n° 2 Différenciation des rôles : comme pour la situa­tion précédente. Contrôle : à mi-distance ; technique semi-engagée ( 1/4 de tour déjà effectué, comme sur le dessin 5). Objectif: finir en 1/2 tour pour se placer - soit en avançant le pied droit ; - soit en reculant le pied gauche ; - coordonner placement / projection. Situation d'apprentissage n° 3 Différenciation des rôles : un attaquant et un défenseur puis aucune différenciation.

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Contrôle : à distance en saisie judo (comme sur le dessin 6). Objectifs - rechercher un contrôle étroit ; - coordonner contrôle / placement / projection : - accentuer le déséquilibre en tirant uke avec les deux mains vers le haut (« pêcher »). Situation d'apprentissage n° 4 Identique à la situation précédente mais avec une variable plus complexe : l'attaquant doit provo­quer une réaction afin de l'utiliser pour projeter en avant.

Objectif : créer en réaction un déséquilibre.

Par rapport à la situation 3 On se rapproche ici d'un enseignement plus tra­ditionnel. Variables de difficulté Pour l'ensemble des situations précédentes, le déséquilibre est plus facile à exploiter si : - le défenseur pousse sur la pointe des pieds ; - le couloir est étroit (0.50 m) ; - le sens de poussée est connu dès le départ. Ceci est plus difficile si : - le défenseur pousse normalement : - le couloir est plus large ; - la surface est un cercle. Remarque : pour les situations en couloir le ter­rain perdu par l'attaquant l'est définitivement.

DÉMARCHE

A partir de la situation la plus simple et la plus facile (déséquilibre important), la démarche consiste à élever le niveau de difficulté chaque fois que tori (celui qui projette) réussit son contrat avec au moins deux adversaires sur trois. Lorsque le degré maximal de difficulté est réussi, on recommence la même opération avec une situation d'apprentissage de complexité supé­rieure et de difficulté minimale et ainsi de suite.

ARTICULATION DUO-DUEL

Les situations d'étude en duo sont nécessaires tout au long de l'apprentissage aussi bien pour celui qui chute que pour celui qui projette (7) (8).

Situation de référence n° 1 Le duel sans chute entretient la motivation des élèves en leur proposant un véritable affronte­ment qui permet de comprendre l'utilisation du déséquilibre de l'adversaire. Ceci donne du

temps à l'enseignant pour leur faire pratiquer les chutes sans duel car seule la suppression de l'ap­préhension de tomber permet un investissement suffisant des élèves en duel avec chutes. A ce niveau, le travail en duo est indispensable pour un apprentissage sans risque. Apprendre à chuter et à faire chuter Dans un premier temps, il s'agit d'accepter la chute et d'éliminer les mauvais réflexes de réception dont les principaux sont : le bras mis en porte-à-faux, la tête non retenue qui tape au sol, se retenir à celui qui projette (tori) et l'entraîner avec soi. Parallèlement, il faut insister sur le fait que tori est aussi responsable de la sécurité de celui qui chute (uke). Il faut donc lui apprendre à projeter : - sans lâcher la manche droite, si la technique est exécutée à droite (dessin 7) ; - en restant equilibre afin de ne pas retomber sur celui qui chute. Pour celui qui chute, il est important de lui apprendre le « brise-chute ». qui consiste à frap­per violemment le tatami avec la paume de la main et la face interne de l'avant-bras juste avant que le reste du corps ne touche le sol. Cet artifice a pour effet de créer une onde de choc déphasée qui diminue l'intensité du contact avec le sol.

Situations de référence n° 2 et n° 3 Ces situations ainsi que celles d'apprentissage qui leur sont associées donnent du sens au travail en duo. Ceci permet notamment raffinement et l'ajustement du geste technique grâce à ses nom­breuses variables d'évolution : en statique, en déplacement, dans diverses directions, avec ou sans combinaison, etc. Le travail en duo est considéré ici comme « un moyen de faire au ser­vice d'une raison de faire ».

CONCLUSION

Pratiquer le judo avec une véritable opposition est, selon nous, une nécessité éducative en EPS. Nous avons montré qu'il était possible de lever quelques obstacles liés : - à la gestion de l'affrontement, en augmentant progressivement la complexité et en précisant les variables didactiques qui permettent, à chaque étape, un aménagement optimal de l'opposition ; - à la sécurité et à l'apprentissage technique, en assurant une meilleure articulation duo - duel à tout moment de l'apprentissage.

François Lavie Professeur agrégé d'EPS (CAER),

Brevet d'Etat 1er degré judo. Collège privé Franc-Rosier, Clermont-Ferrand.

Philippe Meuley Professeur d'EPS.

Brevet d'Etat 2e degré judo. Collège La Tour d'Auvergne.

Bibliographie (1) Revue Spirale n° 1. centre de recherche des UFR APS de Lyon-Grenoble. (2) J. Augé et F. Lavie, « L'étape fonctionnelle en judo au sol : de l'activité ludique à la pensée technique » in Ensei­gner l'Education Physique et Sportive, G. Bui-Xuan et J. Gleyse, AFRAPS, 1993. (3) G. Bui-Xuan. « Une modélisation du procès pédago­gique » in Enseigner l'Education Physique et Sportive, G. Bui-Xuan et J. Gleyse. AFRAPS, 1993. (4) G. Nunziati, « Construire un dispositif d'évaluation nor­mative » in Les Cahiers Pédagogiques n° 280. 1990. (5) P. Albertini, « Pour une pratique et une pédagogie de l'opposition codifiée », Revue judo n" 59. 1983. (6) M. Brousse, « La technique ou l'ordre du combat » in Techniques Sportives et Education Physique. Dossier EPS n° 19 (Editions Revue EP.S). 1994. (7) M. Brousse, « Enseignement du judo et EPS », Revue EP.S n° 228, 1991. (8) FFJDA. « Méthode française d'enseignement du judo-ju-jitsu », 1990.

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EPS № 256 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1995 77 Revue EP.S n°256 Novembre-Décembre 1995 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé